L`Esprit de confirmation - Pastorale des Jeunes de Genève

Transcription

L`Esprit de confirmation - Pastorale des Jeunes de Genève
Etudiant :
Conseillère d'étude :
Sébastien Baertschi
Federica Cogo
4ème Restitution - pneumatologie
Théologie des confirmations
protestante et catholique
Quels liens possibles ?
« L’adversité suscite la créativité »
Institut Romand de Formation aux Ministères
2
année
août 2009
ème
-1-
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET VOCABULAIRE
AJEG
Animation Jeunesse de l’EPG
COE
Conseil œcuménique des Eglises
Confirmation c.
Confirmation catholique
Confirmation p.
Confirmation protestante
ECAAL
Eglise de La Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine
ERAL
Eglise Réformée d'Alsace et de Lorraine
EPG
Eglise protestante de Genève (dite calviniste)
IFM
Institut Romand de Formation aux Ministères
S.
siècle
SNPLSService
National pour la Pastorale Liturgique et Sacramentelle (France)
VOCABULAIRE
Au cours de ce travail, nous serons confronté à un problème de vocabulaire au sujet du mot
confirmation ; en effet catholiques et protestants utilisent le même mot, mais la signification
n’est pas complètement la même – c’est le cœur même de cette étude.
Voici comment comprendre ce mot dans les lignes qui suivront.
Dans le chapitre 3 (vision catholique), le mot confirmation sans mention se rapportera à la
confirmation catholique ; de même, dans le chapitre 4 (vision protestante) il sera utilisé pour
la confirmation protestante.
Par ailleurs, nous différencierons les confirmations par sacrement (catholique) et rite
(protestant).
Enfin dans le chapitre 5 (les liens œcuméniques) nous utiliserons confirmation c. et
confirmation p. (cf abréviation).
Ce travail est focalisé sur le cas le plus répandu à Genève, à savoir la confirmation pour des
jeunes adultes (ou vieux adolescents). Ainsi nous utiliserons souvent le mot « jeune » qui
désignera cette tranche d’âge, mais il sera souvent applicable à des personnes adultes.
Dans la tradition catholique, la personne qui se prépare à la confirmation est appelée :
« confirmand » du latin confirmandus : « devant être confirmé » 1 . La tradition protestante ne
connaît pas ce vocabulaire : les jeunes qui se préparent sont des « catéchumènes » et l’on
dit d’eux qu’ils sont confirmants.
1
Confirmand, http://www.liturgiecatholique.fr/, 2009
-2-
PRÉAMBULE
« Dieu a de l’humour » m’a-t-on une fois témoigné. Pour découvrir la Parole dans les écrits
bibliques dont nous croyons qu’ils ont été inspirés par l’Esprit, il peut sembler logique de
demander à ce même Esprit de nous aider à découvrir ce qu’Il nous y révèle. Or lorsqu’on
cherche à comprendre qui est l’Esprit dans un texte biblique, il faut bien reconnaître que la
prière qui en découle devient circulaire et a quelque chose de cocasse : « Esprit-Saint, Toi
qui inspira les évangélistes pour nous faire connaître les mystères de Dieu et de sa création,
inspire-moi à comprendre ce que tu as a révélé pour comprendre qui tu es ».
1. INTRODUCTION
Un jour une pasteure m’interpelle 2 : « J’ai un groupe qui se prépare à la confirmation dans
lequel il y a des jeunes catholiques, ce serait beau si l’équipe de préparation comptait aussi
un catholique ». De là est née en moi la question : « est-il possible et pertinent d’avoir un
groupe œcuménique qui se prépare à la confirmation ? » Et aussi « est-ce qu’une
célébration des confirmations commune est faisable ? ».
Dans la présente étude, nous allons nous intéresser principalement à la deuxième question.
Elle est surtout l’occasion d’entrer quelque peu dans le mystère du sacrement de la
confirmation qui est proposé par l’Eglise catholique, de tenter de rassembler une théologie
de la confirmation telle qu’elle se vit dans l’Eglise protestante de Genève (EPG) et de
découvrir les liens qui sont possibles ou non.
1.1 PRÉSENTATION DES DIFFICULTÉS PASTORALES ET THÉOLOGIQUES
Dès le départ la question d’étudier la confirmation est vraiment importante tant,
pastoralement, les chrétiens catholiques et protestants sont démunis face à la question
« c’est quoi la confirmation ». Du côté catholique « nous balbutions quelque chose du SaintEsprit » et la plupart des personnes (confirmées ou non) n’ont pas une idée claire (et
souvent fausse) à propos dudit sacrement. Chez les réformés, l’importance de la
confirmation semble relative par rapport au catéchisme lui-même.
Au niveau théologique, l’approche catholique est difficile et la tentation est forte de confronter
baptême et confirmation. A tel point qu’on n’ose pas aborder le rapport entre ces deux
sacrements sans une approche historique. Dans l’Eglise réformée, il y a cette difficulté à
obtenir une théologie unifiée, particulièrement quand il s’agit d’un sujet tel que la
confirmation, elle qui n’est ni sacramentelle ni au cœur de la foi protestante.
2
Il est à préciser ici que ce jour fait référence à une discussion avec la pasteure I. Juillard-Dumoulin
lors d’une des dernières rencontres de préparation en paroisse à la rencontre européenne des jeunes
à Genève organisée par la communauté de Taizé en 2007.
-3-
1.2 UN CAS CONCRET
Suite à la discussion précitée, je me suis engagé à accompagner ce groupe de onze jeunes
(dix à mon arrivée) entre 15 et 17 ans dont trois sont catholiques et baptisés, cinq sont
protestants baptisés et trois jeunes qui demandaient le baptême auprès de l’Eglise
protestante. Je suis arrivé à mi-parcours, après qu’ils eurent cheminé ensemble pendant un
an au rythme d’une rencontre par semaine et ayant déjà passé une semaine à Taizé.
L’approche œcuménique concrète est la suivante : le groupe suit à la fois les enseignements
catholique et protestant, associés quand cela est possible, clairement dissociés quand cela
est nécessaire.
Lorsque nous ferons allusion à ce groupe, nous l’appellerons « groupe de préparation aux
confirmations de Versoix 2009 » ou « catéchumènes de Versoix 2009 ».
1.3 PLAN DE DÉVELOPPEMENT
Cette étude se décline en quatre phases. La première se constitue en la traversée de
péricopes traitant de l’Esprit dans les écrits de Luc. Au centre de ce travail nous aborderons
la question du sacrement de confirmation dans l’Eglise catholique pour elle-même et celle du
rite protestant pour lui-même. Enfin nous nous consacrerons à la mise en commun des
éléments des confirmations en essayant de voir ce qui est semblable, différent et/ou
contradictoire.
-4-
2. L’ESPRIT DANS LES ÉCRITS DE SAINT-LUC
Pour soutenir ce travail, quelques textes choisis parmi l’Evangile selon Saint-Luc et dans les
Actes des apôtres serviront de balises.
Par ces quelques lignes nous voulons commencer à comprendre l’action et l’être de l’Esprit
que révèle Luc. 3
2.1 ESPRIT CRÉATEUR
Luc 1, 26-38 : Annonciation : sous l’action de l’Esprit-Saint Marie enfantera le fils de Dieu
Dans le premier récit de la création, l’Esprit (souffle) de Dieu (Gn 1, 1-3) est présent dès le
commencement. Aussi Jésus est conçu en Marie sous l’action de l’Esprit. L’Esprit Saint
viendra sur toi et la puissance du Très Haut te prendra sous son ombre (Lc 1, 35). Nous
pouvons apprendre ici que l’Esprit est à l’oeuvre dès le commencement.
2.2 L’ESPRIT DESCEND ET LE PÈRE ENGENDRE
Luc 3, 21-22 : Baptême de Jésus, l’Esprit descend sur lui, ce jour-ci Jésus est engendré.
Jésus, en recevant le baptême de Jean, participe à la conversion avec son peuple. Or après
avoir été baptisé dans l’eau, l’Esprit Saint descend sur lui et une voix, celle du Père, dit que
c’est ce jour qu’Il l’a engendré. Et c’est à partir de ce moment que le ministère de Jésus
commence. De ce point de vue, l’Esprit qui était à l’origine de l’incarnation, nous l’avons vu
précédemment, était donc présent avant le commencement qu’Il vient de susciter en
descendant sur Jésus, qui est reconnu comme le Fils de Dieu.
Que Luc nous enseigne que le Père engendre son Fils ce jour-ci est troublant. La question
se pose : avant ce jour, ne l’était-il pas ? Notons pour commencer qu’il n’est pas dit que
Jésus ne l’était pas avant, mais peut-on être engendré plusieurs fois ? Gardons que l’Esprit
crée l’évènement de Jésus parmi les hommes et que cela ne l’empêche pas de descendre
sur lui et de l’engendrer comme Fils à un moment qui correspond à un temps particulier.
Cette phrase est une citation du Ps 2, 7 où l’on peut comprendre ce que Luc veut signifier
par engendrer. Le deuxième psaume est dit royal ; le sujet, appelé messie (Mashiah)
désigne un roi investi par onction d’huile 4 : l’oint du Seigneur. Lorsque Dieu engendre son
messie, c’est le moment où Il promet son soutien.
C’est à partir de son baptême d’eau et d’Esprit que Jésus, Fils de Dieu, va se révéler. Mais
avant de partir dans sa mission de prédication qui commence en Lc 4, 14 en Galilée, l’Esprit
va le fortifier par une épreuve : quarante jours dans le désert tenté par le diable. Jésus doit
donner sa réponse à toute tentation possible (Lc 4, 13) ; il sera victorieux ; son choix
confirme celui du Père.
3
4
Tous les textes étudiés dans ce chapitre sont en annexe.
TOB, note Ps 2, 2
-5-
2.3 ESPRIT QUI ENSEIGNE
Luc 12, 11-12 : Promesse de Jésus à ses disciples que le Saint-Esprit leur enseignera quoi
dire en temps voulu.
Jésus promet l’Esprit Saint à ses disciples. Il les réconforte, alors qu’ils n’ont pas la
connaissance de Jésus (ce qui est le propre du disciple). D’autre part Saint Luc s’adresse à
une communauté en proie à la persécution et il rappelle avec insistance que c’est Jésus
même qui a promis à ses disciples l’appui de l’Esprit au moment le plus difficile. Si je me
sens ignorant et que je suis dans la situation de devoir rendre compte de ma foi devant un
tribunal, quel réconfort j’ai de savoir que l’Esprit me guidera à l’heure même !
Retenons de ce passage que l’Esprit Saint est Celui qui enseigne quel témoignage donner
de Dieu et qu’Il le fait en temps voulu.
2.4 RECEVOIR L’ESPRIT-SAINT POUR TÉMOIGNER
Ac 1, 4-8 : Promesse du Christ ressuscité aux disciples : vous serez baptisés dans l’Esprit.
Par ces quelques versets rappelant une parole que Jésus a eue pour les disciples (qui
ressemble fort à Lc 24, 49), Jésus confirme ce que Jean-Baptiste annonçait en Lc 3, 16 : il
existe un baptême dans l’Esprit-Saint. Il ne s’agira plus désormais du même baptême qui
était jusque-là celui de Jean (v. 5), pour la conversion, mais un baptême au nom de Jésus
sous l’action de l’Esprit-Saint. Ce passage est la dernière promesse de l’Esprit du Christ
(émanant du Père) aux disciples dans les écrits de Luc parmi un nombre important 5 .
Le texte donne une vision assez claire de ce qu’apportera l’Esprit aux disciples au v.
8 : l’Esprit viendra sur vous, alors vous serez mes témoins à Jérusalem et par toute la terre.
Cela n’est pas sans rappeler la lettre de Paul aux corinthiens (1Co 12, 3), l’Esprit-Saint nous
fait proclamer le kérygme (Jésus est le Seigneur) et nous empêche de le contredire.
Deux choses essentielles sont donc révélées ici, l’une que l’événement de la Pentecôte
annoncée par Jésus est à la source du don de l’Esprit aux hommes, qu’il est un baptême ; la
seconde est que lorsqu’un disciple est empli par le Saint-Esprit, il devient témoin véritable.
5
Entre autres promesses de l’Esprit : Lc 3, 16 ; 12, 12 ; 24, 49 ; Ac 1, 5, 8.
-6-
2.5 LA PENTECÔTE : DON DE L’ESPRIT SAINT
Ac 2, 1-4 : Pentecôte : l’Esprit descend sur les disciples qui se mettent à parler.
Le jour promis arrive enfin et il est à la hauteur des espérances. D’une part, le livre des Actes
donne un ton grandiose : un bruit qui vient du ciel, le souffle d’un violent coup de vent, la
maison en est remplie, il y a des sortes de langues de feu ! (vv. 2-3) Ces éléments sont
typiques des théophanies racontées dans les récits vétérotestamentaires : à Moïse et son
peuple, Dieu se manifeste dans une épaisse nuée sur la montagne accompagnée d’un très
puissant son de trompe (Ex 19, 16-19). A Ezéchiel, la gloire de Dieu arrive accompagnée
d’un bruit semblable au bruit des eaux abondantes (Ez 43, 2).
Cette venue de l’Esprit Saint, aussi majestueuse soit-elle n’en est pas moins personnelle, les
langues se posent sur chacun d’entre eux (v.3). Immédiatement après avoir été emplis
d’Esprit Saint, les disciples se mettent à s’exprimer, eux qui étaient plutôt restés enfermés 6
depuis la crucifixion du Christ. C’est exactement comme Jésus le leur avait expliqué, l’Esprit
donne au disciple de dire les merveilles de Dieu (Ac 2, 11) et de les dire comme l’Esprit
l’entend.
6
Jn 20, 19 ; Ac 1, 13.
-7-
2.6 PAR LE TÉMOIGNAGE DE L’ESPRIT : LA CONVERSION
Ac 2, 37-38 : Ceux qui entendent le témoignage des disciples se convertissent. Pierre leur
propose le baptême pour le pardon des péchés et de recevoir le don de l’Esprit.
Ceux qui entendent le témoignage des disciples sous l’action de l’Esprit –dit exemplairement
(Ac 2, 14-36), ont le cœur bouleversé ! Au point de ne plus savoir quoi faire, ils demandent à
Pierre : que ferons-nous ?
Et l’Esprit guide Pierre à l’instant même 7 . Il répond à ces hommes de se faire baptiser pour
le pardon des péchés, et ils recevront le don de l’Esprit.
Arrêtons-nous quelques instant sur cette relation. Pierre dit du baptême nouveau, au nom de
Jésus-Christ, celui que les disciples donnent à partir de ce jour de la Pentecôte, qu’il est
intimement lié au pardon des péchés. Ceci sera largement repris et développé dans la
théologie de St-Paul qui dit du baptême qu’il nous lie au Christ par une plongée dans sa mort
et sa résurrection (Rm 6, 4), que sa mort fut une mort au péché, une fois pour toutes ; vivant,
c’est une vie à Dieu qu’il vit (Rm 6, 10). Ce faisant le Christ nous pardonne nos fautes et
nous libère du péché (Col 2, 13).
Et ils recevront l’Esprit… En quelques mots, nous découvrons toute la complexité de la
relation du don de l’Esprit et du baptême. D’une première façon, nous pouvons
comprendre que par le baptême le don de l’Esprit est conféré. La phrase peut se lire ainsi :
recevoir l’Esprit en se faisant baptiser. D’un autre point de vue, nous pouvons aussi
comprendre deux temps dans cette relation : recevez le baptême et puis vous recevrez
l’Esprit. Cette vision ouvre le champ à une séparation possible entre le baptême et le don de
l’Esprit sans toutefois les désunir.
Quoiqu’il en soit, ce passage nous enseigne qu’il y a un lien intime entre l’Esprit et le
baptême qu’il faut bien garder à l’esprit.
2.7 RECONNAÎTRE L’ACTION DE L’ESPRIT : LA LOUANGE
Ac 4, 27-31 : Après avoir dit leur foi en Jésus, l’oint du Seigneur, l’Esprit emplit Pierre, Jean
et leurs compagnons qui se mettent à proclamer la parole de Dieu.
Alors que Pierre et Jean s’en reviennent du Sanhédrin auprès des leurs, l’assemblée relit
alors son cheminement et les écritures, reconnaissent en Jésus celui que Dieu a oint 8 . Cette
relecture se transforme en prière (v. 29) dans laquelle les disciples demandent l’aide de Dieu
pour L’annoncer. C’est à ce moment que l’Esprit descend sur eux ; tous furent alors remplis
du Saint-Esprit (v. 31), alors une nouvelle fois, la communauté s’ouvre et annonce la parole
de Dieu –remarquons que Jean et Pierre, qui l’on déjà été ne sont pas épargnés par une
nouvelle effusion de l’Esprit.
7
Ce faisant, l’Esprit confirme et accrédite la promesse de Jésus faite en Lc 12, 12 : le Saint-Esprit
enseignera aux disciples ce qu’il faut dire en temps voulu.
8
L’oint du Seigneur était, au temps des Rois d’Israël, celui que Dieu avait choisi comme Roi pour son
peuple, il était marqué d’une onction par un prophète. Un exemple se trouve en 1 S 16, 12-13 où
Samuel oint David le sacrant ainsi Roi ; or, à ce moment, David n’est qu’un Berger, le plus jeune de sa
famille, celui qu’on n’attendait pas. Il reçoit une mission du Seigneur avant même qu’il puisse
s’imaginer ce qui l’attend.
-8-
2.8 RECEVOIR L’ESPRIT APRÈS LE BAPTÊME ?
Ac 8, 14-17 : En Samarie, Pierre et Jean confèrent l’Esprit-Saint par imposition des mains à
ceux qui avaient auparavant été baptisés au nom de Jésus mais sur qui l’Esprit n’était pas
encore tombé.
Voici un passage qui va troubler bien des pensées à propos du baptême chrétien 9 ! En Ac 2,
38, nous l’avons vu, Pierre dit : « faites-vous baptiser au nom de Jésus et vous recevrez
l’Esprit ». Ac 8 est la parfaite illustration qu’une séparation temporelle est possible. Pierre et
Jean sont envoyés en Samarie où ils rencontrent une communauté dont les croyants ont été
baptisés au nom de Jésus mais sur qui l’Esprit n’est encore pas tombé (v. 16). Pourtant le
texte, s’il offre à nouveau une différence entre le baptême et le don de l’Esprit, ne les sépare
pas pour autant. Les apôtres imposent alors les mains sur ces baptisés qui reçoivent les
dons de l’Esprit-Saint de cette manière.
Dans son analyse, J.-Ph. Revel souligne l’importance du verbe « tomber sur » (v. 16) et
évoque la situation de tension avec Simon le magicien. Les Samaritains baptisés pouvaient
parfaitement avoir reçu le Saint-Esprit à leur baptême, mais l’invocation de l’Esprit est en vue
des charismes : les disciples confèrent par l’imposition des mains les dons manifestes de
l’Esprit 10 . Actes 8 est aussi l’occasion de souligner la gratuité du don de l’Esprit Saint comme
le racontent les versets 18 à 20 où Simon se fait réprimander pour avoir voulu acheter le don
de Dieu (conférer l’Esprit).
2.9 L’ESPRIT QUI SOUFFLE OÙ BON LUI SEMBLE
Ac 10, 44-48 : L’Esprit-Saint tombe sur des païens (non baptisés) qui écoutent Pierre, ils
proclament les merveilles de Dieu, alors ils reçoivent le baptême.
Si Ac 8 peut faire tourner en bourrique des théologiens, en Ac 10, l’Esprit stupéfait les
apôtres ! D’abord parce que des non-juifs peuvent être emplis par l’Esprit Saint.
Reconnaissant que le choix de l’Esprit Saint surpasse les choix humains, Pierre fait baptiser
ces païens qui sous l’action de l’Esprit parlent en langues et magnifient Dieu.
Dans ce passage plusieurs choses peuvent interpeller. Nous venons d’apprendre par
d’autres passages (Ac 2, 38 ; 8, 16-17) que l’Esprit était donné suite au baptême ou du
moins sur des baptisés, que ce soit à la Pentecôte (baptême en soi) ou par la suite (Ac 4,
31). Ici au v. 44 l’Esprit tombe, sans qu’on ne lui ait rien demandé, sur ceux qui sont là.
Pierre, conduit par l’Esprit chez Corneille, annonce la bonne nouvelle de Jésus et parmi ceux
qui écoutent se trouvent des païens et des circoncis 11 . L’Esprit vient sur tous sans distinction
et son don est répandu sur chacun. C’est seulement après avoir été emplis du Saint-Esprit
que les païens sont baptisés.
9
En effet si l’on affirme que le baptême confère l’Esprit-Saint, alors ce passage pose bien des
questions : est-ce que la communauté de Samarie a vraiment reçu le baptême au nom de Jésus ? Ne
sont-ils pas emplis d’Esprit Saint et les apôtres ne le perçoivent pas ? Est-ce que le premier baptême
chrétien n’était pas complet ? Ac 8 nous oblige donc à bien mesurer les perspectives de nos théories
montrant qu’il n’y a pas un chemin unique à étapes répétées.
10
JEAN-PHILIPPE REVEL, Traité des sacrement, tome II. La confirmation, plénitude du don
baptismal de l’Esprit, Cerf, 2006, pp. 556-558.
11
Les circoncis étant les croyants d’origine juive
-9-
3. THÉOLOGIE CATHOLIQUE : LE DON DE L’ESPRIT
3.1 FONDEMENT THÉOLOGIQUE
3.1.1 INTRODUCTION
Nous allons nous intéresser ici à la théologie de la confirmation catholique dans un essai de
poser clairement et brièvement les enjeux.
La confirmation est l’un des sept sacrements de l’Eglise 12 . Avec le baptême et l’eucharistie,
elle fait partie des trois sacrements dits d’initiation ; ceux qui sont et qui font la catéchèse, qui
participent spécifiquement à l’éducation du chrétien. La confirmation est la marque de
l’Esprit-Saint.
Un sacrement est toute action qui scelle l’alliance entre Dieu et les hommes par le Christ,
dans l’Esprit. Il est fait d’un geste (avec de la matière) et d’une parole à l’instar de beaucoup
d’actions de Jésus.
3.1.2 UN SACREMENT QUI NAÎT DE L’ECRITURE : UNE PENTECÔTE
Si les célébrations de confirmation ont souvent lieu le jour même de la Pentecôte, ce n’est
pas anodin : en effet, elle est intimement liée à ce sacrement. Dans un sens la confirmation
est la Pentecôte de celui qui est confirmé. De même que la Pentecôte signifie la venue de
l’Esprit sur les disciples ; aussi la confirmation est-elle la venue de l’Esprit sur la personne.
Laissons-nous éclairer par l’étude biblique ci-dessus réalisée. L’Esprit ne nécessite pas une
action humaine pour agir, ainsi que le redécouvre Pierre en Ac 10 (chap. 2.9). Comme Jésus
est conçu du Saint-Esprit dans le sein de Marie, admettons que l’Esprit n’est pas étranger à
tout homme avant son baptême et Il peut parfaitement agir en une personne qui n’a reçu
aucun sacrement de l’Eglise. Si l’homme doit demander l’Esprit pour le recevoir, l’Esprit n’a
pas besoin de demander à l’homme pour l’investir.
Si Jésus est bien celui qui nous indique la voie, et il l’est (Jn 14, 6), alors son baptême nous
enseigne quelque chose du nôtre : après avoir été baptisé l’Esprit descendit sur lui (Lc 3, 22,
chap. 2.2), le baptême chrétien, nouveau, donne l’Esprit-Saint. Et comme le rappelle bien StAugustin : l’Esprit que Jésus donna à ses disciples par son souffle (Jn 20, 22) est bien le
même que celui dont Il parle en Mt 28, 19 : baptisez au nom du Père, du Fils et du SaintEsprit ; le même Esprit qui est donné à la Pentecôte en Ac 2 13 .
Nous découvrons ainsi que l’Esprit, qui était présent dès la conception de la personne et
donné lors du baptême, investit la personne qui est confirmée. A la lumière du chap. 2.2, une
analogie originale peut être faite entre le baptême de Jésus et la confirmation aujourd’hui. Le
Père confirme son choix de paternité en reconnaissant son Fils en Jésus : « aujourd’hui, je
t’ai engendré », aujourd’hui tu es oint.
Si le texte de la Pentecôte (Ac 2) est souvent utilisé comme référence au sacrement de la
confirmation, il semble nécessaire de clarifier ceci : la Pentecôte est fondamentale pour tous
les sacrements puisque tout sacrement se fait par l’action de l’Esprit-Saint. Ainsi si tout
sacrement a comme source la Pâque du Christ 14 , tous sont effectués par l’action de l’Esprit.
12
Défini clairement au concile de Trente (après la Réforme).
JEAN-PHILIPPE REVEL, op. cit., p. 615.
14
CLAUDE DUCARROZ, Les sacrements (notes de cours), IFM, Fribourg, 2009.
13
- 10 -
Ainsi, nous pourrons prendre comme enseignement sur la confirmation catholique toutes les
« petites » pentecôtes telles que celles étudiées aux chap.2.7, 2.8 et 2.9.
Nous y découvrons que la pratique des apôtres dans les premiers temps est très souple,
tantôt c’est l’Esprit qui les guide et se manifeste lorsque les disciples reconnaissent son
action (Ac 4, 27-31). Tantôt les apôtres confèrent l’Esprit à des baptisés par imposition des
mains (Ac 8, 14-17) ou alors le Saint-Esprit les guide, se manifeste et donne lieu au baptême
comme c’est le cas en Ac 10, 44-48.
3.1.3 BAPTÊME-CONFIRMATION, UN ESPRIT DEUX SACREMENTS 15
Avant tout, nous tenons à rappeler qu’à l’origine, la confirmation et le baptême se faisaient
lors d’une et même célébration telle que c’est encore le cas dans l’Eglise orthodoxe. La
séparation temporelle des deux sacrements s’est produite à la période où l’expansion du
christianisme a été telle que l’évêque qui célébrait ces sacrements n’avait plus la capacité
d’être présent partout où cela était nécessaire. En Orient, le choix a été de donner aux
prêtres la possibilité de donner ces sacrements. Ce faisant, l’évêque perdait le lien avec les
chrétiens nouvellement convertis. Les occidentaux ont préféré partager la célébration en
deux temps distincts afin de pouvoir conserver la rencontre entre l’évêque et le nouveau
chrétien au moment de sa confirmation. 16
Nous l’avons entamé dans l’introduction, un problème majeur se pose au théologien lorsqu’il
étudie la grâce spécifiquement donnée à la confirmation. En effet, n’oublions pas que
l’Esprit-Saint est donné au baptême et cela va poser un problème à trois branches insoluble
comme le démontre J-Ph. Revel dans son traité sur les sacrements 17 .
Trois propositions sont mises en parallèle pour définir la relation entre baptême et
confirmation :
1. Chaque sacrement a des grâces distinctes.
2. Le baptême et la confirmation sont des sacrements différents.
3. Le baptême et la confirmation ne sont pas ordonnés à des grâces distinctes.
Ainsi si deux propositions sont vraies la troisième est nécessairement fausse. Or la
deuxième est définie par le concile de Trente et la troisième semble vérifiée 18 . Ainsi, avec J.Ph. Revel, nous infirmons la première proposition considérant qu’il n’est pas nécessaire que
deux sacrements différents donnent des grâces pleinement distinctes.
A la lumière des écrits de St-Luc présentés au chap. 2, il apparaît que la grâce du don de
l’Esprit est donnée de manière réitérable, mais non répétitive. Parfois cette grâce est donnée
suite à un geste, une parole et d’autre fois l’Esprit tombe sur ceux qui sont là. Aussi, il nous
faut-il admettre que dans des temps différents, le même Esprit peut emplir plusieurs fois une
personne et la marquer à jamais de Son sceau. En se rapportant à la relation entre baptême
et confirmation, nous reprendrons volontiers l’expression de J.-Y. Lacoste en envisageant
ces deux sacrements comme « deux pôles dans la continuité dynamique de l’initiation
chrétienne » 19 .
Jésus a préparé ses disciples à recevoir l’Esprit-Saint par de multiples promesses et leur a
insufflé l’Esprit (Jn 20, 22). Ensuite, ceux-ci ont encore reçu l’Esprit à la Pentecôte (Ac 2, 3)
en outre, ils peuvent encore être remplis d’Esprit-Saint (Ac 4, 8 ; Ac 4, 25). Dirions-nous qu’à
15
Pour aller plus loin dans le développement de cette question au demeurant complexe et posant des
questions théologiques difficiles, consulter J.-H. NICOLAS, Synthèse dogmatique, Editions
Universitaires de Fribourg (CH), Fribourg, 19913, pp. 854-860 afin d’entrer dans la problématique ; et
J-PH. REVEL, op. cit., pp. 603-666 pour aller plus en profondeur et pour la recherche de solutions.
16
C. DUCARROZ, op. cit.
17
J-PH. REVEL, op. cit., p. 628.
18
Id.
19
J.-Y. LACOSTE (DIR.), Dictionnaire critique de théologie, Presses Universitaires de France, Paris,
20073, p. 304.
- 11 -
la Pentecôte, Pierre n’avait pas encore reçu l’Esprit en plénitude qu’Il ne doive encore venir
l’emplir pour le faire parler devant le Sanhédrin (Ac 4, 8) ? De même, acceptons que l’Esprit
se donne en plénitude au baptême et que cela ne L’empêche pas d’imprimer une nouvelle
marque indélébile 20 , inhérente à Lui-même, au moment de la confirmation.
Cette réflexion nous conduit inéluctablement à nous poser cette question : si donc la
confirmation est comparable à une effusion de l’Esprit qui peut être réitérable, pourquoi ce
sacrement est-il possible qu’une seule fois ? Bien que nous pourrions consacrer des livres
entiers à tenter de positionner la confirmation entre son identité, son caractère propre et ses
liens indissolubles avec le baptême et l’Ecriture, nous allons tenter de donner une piste pour
aider à comprendre. Nous l’avons vu, la chrismation se rapporte à l’onction des rois et du
Christ. Elle n’est faite qu’une fois et sacre définitivement la personne dans une mission. C’est
ce que nous apprend le premier livre de Samuel. Alors que David reçoit l’onction qui le fait
roi, il y en a déjà un autre : Saül. Ce dernier ne perd pas sa mission pour autant et David la
lui reconnaîtra constamment même lorsqu’il aura l’occasion de le remplacer 21 .
Ainsi, la confirmation peut se différencier du baptême par deux dons différents et uniques
d’un même Esprit.
3.2 LA CONFIRMATION AUJOURD’HUI À GENÈVE
L’introduction présente le cas concret d’un groupe œcuménique qui a cheminé pendant deux
ans. La situation des jeunes de confession catholique est la même que celle la plus
répandue dans la région : ils sont baptisés et ont déjà vécu leur première communion.
C’est ce cas qui nous intéresse dans cette étude car lorsqu’un (jeune) adulte n’est pas
encore baptisé, il sera accompagné par des personnes dans des parcours particuliers.
La préparation au sacrement est en fait une catéchèse assortie d’une expérience d’Eglise
(plus ou moins réussie). Le fait qu’une personne est baptisée à un très bas âge conduit à
renverser la situation historique dans laquelle le catéchumène adulte cheminait jusqu’au
baptême (qui était assortie d’une chrismation épiclétique) et à l’eucharistie 22 . Ainsi, la
catéchèse qui était donnée avant le baptême, est maintenant donnée à sa suite. Et le
parcours de préparation à la confirmation, s’appuyant sur la catéchèse de l’enfance, devient
l’occasion d’asseoir cette catéchèse et non seulement une préparation à recevoir un
sacrement.
« Mais à la confirmation, on confirme notre foi catholique ! 23 » Aucun élément de notre étude
jusqu’à présent ne permet de confirmer cette interpellation, puisque, nous l’avons vu, il s’agit
avant tout dans ce sacrement du don de la grâce de Dieu faite à l’un de ses enfants. En
relisant le chap. 2.2, qui nous fait entrer dans le baptême du Christ, nous découvrons que
lorsque l’Esprit descend sur Jésus, c’est le Père qui est confirmé dans sa paternité. Ce
faisant, il confirme Jésus, son Fils, dans sa mission d’oint du Seigneur.
Pourtant, il y a quelque chose de vrai dans cette phrase. Pour le comprendre, il faut chercher
du côté de la liberté. « C’est notre coopération, la disponibilité de notre liberté qui
prononcera ce "oui" qui rend l'action divine (du baptême) efficace 24 ». Ainsi, lors de la
célébration, le confirmand peut (à nouveau) prendre à son compte le baptême en professant
sa foi, manifestant sa volonté d’engager sa liberté.
20
CONCILE DE FLORENCE, Bulle Exsultate Deo, Décret pour les Arméniens, 1439.
Cf. 1Sm 24 et 1 Sm 26
22
J.-PH. REVEL, op. cit. pp. 101-356
23
Interpellation reçue de la part d’un membre de l’équipe pastorale de l’unité pastorale dans laquelle
se prépare le groupe présenté dans cette étude.
24
BENOÎT XVI, Homélie du 7 janvier 2007, www.vatican.va, chapelle Sixtine, 2007
21
- 12 -
3.3 TRADUCTION DANS LA LITURGIE
Le rite de la confirmation chez les catholiques prend place, en général, au sein
d’une messe. Après le rite de pénitence, la proclamation de la Parole et
l’homélie a lieu l’appel des confirmands qui répondent présent, ceux-ci
proclament leur foi. Puis l’évêque (ou son délégué) et les prêtres associés leur
imposent les mains en invoquant l’Esprit, enfin l’évêque oint du saint chrême
chaque jeune le marquant de l’Esprit-Saint. Après la confirmation, la célébration se poursuit
par le rite eucharistique 25 .
3.3.1 PROFESSER SA FOI OUVERTEMENT
Dans le texte des Actes 4, 27-31 (chap.2.7) nous lisons une proclamation de foi qui
engendre une épiphanie. Outre le fait que nul ne peut prier sans l’Esprit (1Co 12, 3), la prière
des disciples après que Pierre et Jean eurent combattu avec l’Esprit, semble monter en
apogée (v. 27 puis v. 29), alors que l’assemblée est au comble de la foi, le Saint-Esprit fond
sur eux et les imprègne (v. 31) de sa marque.
Nous avons vu précédemment l’importance de la liberté de la personne par laquelle l’Eglise
veut souligner que celui qui reçoit la confirmation s’engage librement et en pleine
conscience. C’est donc tout naturellement que le jeune professe sa foi chrétienne au cours
de la célébration. En outre, dans la situation actuelle, c’est l’occasion pour le confirmand de
prendre à son compte les engagements pris par son entourage (souvent par les parents)
concernant le cheminement chrétien qu’il a parcouru, dont son baptême. Comprenons bien
que c’est chaque jour pour nous l’occasion de confirmer et d’accepter notre baptême –
comme le développe P.-Y. DICK dans son essai de pneumatologie 26 . Nous voulons ici
souligner qu’à la célébration de la confirmation, le jeune proclame ouvertement et
publiquement ce oui du cœur vécu au jour le jour.
3.3.2 RECEVOIR L’ESPRIT PAR IMPOSITION DES MAINS
Après avoir dit leur foi, les confirmands reçoivent le geste de
l’imposition des mains. La confirmation sous la forme d’un geste
traditionnel post-baptismal n’apparaît pas avant le début du IIIème
siècle. L’onction d’huile est déjà présente, elle prendra petit à
petit plus d’importance par rapport à l’imposition des mains 27 .
Le geste de l’imposition des mains en invoquant l’Esprit-Saint
(épiclèse) nous semble d’une importance extrême dans la
mesure où il est le lien avec l’Ecriture. Or le Magistère et les
auteurs chrétiens sont unanimes sur ce point : l’origine du
sacrement de confirmation se situe dans ce geste 28 . Il est
présent deux fois dans les Actes, en Ac 19, 1-6 et Ac 8, 14-17 que nous avons étudié au
chap. 2.8. Et lorsque l’Eglise primitive impose les mains, c’est principalement pour
transmettre les charismes donnés par l’Esprit.
Rappelons ici que l’imposition des mains n’a rien de spécifique à la confirmation, elle est
pratiquée notamment pour tous les sacrements où elle occupe une place préliminaire
signifiant une demande adressée au Père d’envoyer son Esprit pour accomplir le
25
Le déroulement de la célébration de la confirmation, http://www.liturgiecatholique.fr, SNPLS, 2007.
PIERRE-YVES DICK, Le don de l’Esprit, Liberté et responsabilité, Essai de Christologie –
Pneumatologie IFM-Fribourg, St-Blaise, 2007, pp. 9-10.
27
J.-PH. REVEL, op. cit., pp. 102-158.
28
Ibid. p. 556.
26
- 13 -
sacrement. 29
L’évêque imposant les mains dit une prière demandant les dons de l’Eprit pour les
confirmands. Cette prière s’appuie sur Es 11, 2 où sont mentionnés sept dons de l’Esprit
(dans la traduction de la Septante ; le canon hébraïque n’en connaît que six) que sont l’esprit
de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance (et de
piété), esprit de crainte de Dieu 30 .
3.3.3 ETRE MARQUÉ DE L’ESPRIT PAR CHRISMATION
Dans la liturgie de la confirmation le geste central est la chrismation. Le
jeune, accompagné par son parrain, s’approche de l’évêque (ou du
prêtre délégué) qui lui oint le front avec le saint chrême : une huile
consacrée par l’évêque lors de la messe chrismale, le Jeudi
saint au matin ; il est composé d’huile d’olive, de baume et
d’autres substances odoriférantes 31 . Ce faisant il prononce
les paroles « untel, sois marqué de l’Esprit-Saint, le don de Dieu »,
puis, après avoir ajouté quelques mots personnels, il donne un geste
affectif au confirmé 32 .
Nous remarquerons déjà ici que ce rite accomplit parfaitement la
tradition qui veut qu’un sacrement s’appuie sur de la matière et une
parole.
S’il n’y a pas dans les textes du Nouveau Testament d’exemple d’onction 33 , nous l’avons
déjà sommairement évoqué dans l’analyse du texte Ac 4, 27-31 au chap. 2.7 les rois de
l’Ancien Testaments étaient consacrés par onction (1 Sm 10, 1 ; 13, 16 ; 2 R 11, 12…) et
reconnus comme « oints du Seigneur » (1 Sm 24, 11). En outre, comme nous l’avons vu au
chap. 2.7, les apôtres reconnaissent en Jésus Christ celui que Dieu a oint. Cela revient
également en Ac 10, 38 lorsque Pierre est chez Corneille (chap. 2.8) avec une formulation
particulièrement intéressante puisqu’il est écrit que Dieu l’a oint de l’Esprit Saint.
Ceci peut nous aider à entrer dans la lettre de Jean où ceux qui ont reçu l’onction sont des
chrétiens. Or cette onction vient du Saint et leur confère le don de science. Son onction
enseigne tout, ainsi ils demeurent en Lui (1 Jn 2, 20-27).
C’est tout naturellement que ces analogies si répandues se sont concrétisées dans un rite
pratiqué 34 tel que l’onction au cours de la confirmation. Et nous venons de le voir il y a une
signification très forte du don de l’Esprit par l’onction, aussi le Christ est-il celui que Dieu a
oint de l’Esprit Saint au jour de son baptême (chap.2.2).
29
Ibid. p. 599.
Pour aller plus loin dans la compréhension de ces termes issus de l’Ancien Testament, nous
proposons ici quelques personnages exemplaires. Pour découvrir que la sagesse vient de Dieu :
Salomon en 1 R 3 ; pour l’intelligence : Joseph en Gn 41, 1-49 ; pour le conseil : Jéthro en faveur de
Moïse en Ex 18, 13-27 ; pour la force (la confiance dans le dessein de Dieu) : David en 1 Sm 17 ;
pour la connaissance (discerner le bien du mal avec l’aide du Seigneur) : Joseph en Gn 45, 3-8 ; 50,
15-21 ; pour la piété : Judith en Jdt 8-9 (relever 9, 11 sur la force) ; pour la crainte de Dieu : les sagesfemmes Shiphra et Pua en Ex 1, 8-21, relever que lorsque quelqu’un craint Dieu, il n’a plus peur de
l’homme.
31
Chrême, http://www.liturgiecatholique.fr, SNPLS, 2007.
32
Historiquement le baiser chrétien.
33
La lettre de Jacques parle bien d’une onction (Jc 5, 14) mais celle-ci se rapporte clairement à la
guérison de maladie.
34
J.-PH. REVEL, op. cit., p. 548.
30
- 14 -
3.4 CE QU’IL FAUT RETENIR DE LA CONFIRMATION POUR LES CATHOLIQUES
Par ces quelque lignes, nous voudrions redire quelques points qui nous semblent essentiels
à retenir pour la suite de ce travail. Tout d’abord, rappelons que, pour l’Eglise catholique, le
sacrement de confirmation est une étape vitale de l’initiation chrétienne.
Il s’agit pour le confirmand de recevoir librement le don de l’Esprit Saint au cours d’une
célébration présidée par l’évêque ou son délégué au cours de laquelle il est appelé à
proclamer sa foi. L’évêque et les prêtres, en imposant les mains sur les confirmands
demandent au Père de répandre sur eux le don de l’Esprit. Enfin l’évêque (ou son délégué)
prononçant quelques paroles et appliquant le saint chrême sur le front du confirmand le
marque du Saint-Esprit. Le baptême fait polarité avec la confirmation 35 , l’un étant la
rémission des péchés et la renaissance au Christ dans l’Esprit, l’autre étant la vivification des
dons de l’Esprit.
Nous l’avons développé, il s’agit d’un don gratuit de Dieu, la part du confirmand 36 étant le
désir qui l’anime de participer à la mission que Dieu lui confie. Cependant, la préparation à
ce sacrement (dans le cas habituel) est également l’occasion de terminer une catéchèse
commencée pendant l’enfance, de faire une expérience d’Eglise avec le groupe et si
possible de s’intégrer à la vie paroissiale. C’est aussi le premier sacrement que le jeune
choisit par lui-même prenant à son compte devant la communauté ce qui avait été choisi
pour lui, en ce sens il confirme les choix précédents permettant à Dieu de confirmer le choix
de son enfant.
35
PIERRE GISEL, Sacrements et ritualité en christianisme : 125 propositions, Labor et Fides,
Genève, 2004, p. 35.
36
Pour aller plus loin dans la compréhension des chemins parcourus, lire Lc 15, 11-24.
- 15 -
4. THÉOLOGIE PROTESTANTE : ENTRE RITE DE PASSAGE ET
ENGAGEMENT BAPTISMAL
4.1 CADRE DE L’ÉTUDE
Nous l’avons vu dans l’introduction, rassembler une seule théologie protestante à propos
d’un sujet n’est pas aisé, a fortiori pour un sujet qui n’est pas constitutif de la foi des Eglises
issues de la Réforme. Ajoutons que cela ne serait pas particulièrement pertinent puisqu’il
existe des entités différentes souvent en accord les unes avec les autres, parfois en
désaccord. Ainsi, au sujet de la confirmation, nous trouverons des différences notoires entre
les sensibilités dites calvinistes, luthériennes, anglicanes, catholiques chrétiennes 37 et les
multiples Eglises évangéliques. Ici nous tâcherons de présenter la pensée de l’Eglise
protestante de la francophonie, en particulier de l’Eglise protestante de Genève 38 , qui a été
largement influencée par Jean Calvin au temps de la Réforme, et qui a bâti plus récemment
des ponts avec l’Eglise luthérienne 39 .
Comme sources de cette étude, nous nous baserons sur quelques ouvrages, notamment
ceux de Pierre Gisel, docteur en théologie et professeur de théologie systématique à la
faculté de théologie et de science des religions de l’Université de Lausanne depuis 1976, le
site de la fédération protestante de France (contenant des textes spécifiques à la
confirmation) et le dictionnaire historique de la Suisse de Werner Kramer. En plus de ces
ouvrages, nous ferons appel à l’expérience vécue par des pasteurs à Genève.
Je voudrais ici souligner ma volonté de ne pas positionner la confirmation protestante vis-àvis du sacrement catholique, mais de l’étudier pour elle-même. Une grande partie des
articles consultés le font, aussi il se peut que cela transparaisse au fil des lignes.
Rappelons qu’au cours de ce chapitre, sans mention particulière, le mot confirmation se
rapportera à la confirmation protestante 40 .
37
Dit également « vieux-catholiques »
Le canton de Vaud ne connaît plus de confirmation depuis la fin du XXème siècle, elle est remplacée
par deux rites : « fin de catéchisme » et « renouvellement de l’alliance » ; P. GISEL, Sacrements et
ritualité en christianisme, op. cit., p. 39.
39
Depuis la concorde de Leuenberg en 1973, les Eglises luthériennes, réformées et unies d'Europe
(et, depuis, méthodistes), affirment la pleine communion entre elles quant à la parole, les sacrements
et les ministères. http://www.leuenberg.net.
40
A ce propos, notons que l’anglais, l’allemand et l’italien connaissent deux expressions différentes
pour les confirmations catholique et protestante ainsi l’on dira respectivement en anglais
« confirmation » et « affirmation of baptism » (pour les luthériens du moins); en allemand « Firmung »
et « Konfirmation » ; en italien « cresima » et « confirmazione ».
38
- 16 -
4.2 THÉOLOGIE D’UN RITE
4.2.1 SITUATION HISTORIQUE 41
Au temps de la Réforme, Zwingli et Calvin ne reconnurent pas de sacrement de confirmation.
Toutefois ils introduisirent une formation postbaptismale des jeunes en vue de leur admission
à la Sainte Cène. La formation se terminait par un examen final avec le pasteur qui
confirmait la réception de l’enseignement. Cette confirmation est valorisée par Martin Bucer
qui souligne cinq aspects : confession de foi, imposition des mains et onction de l’Esprit,
acceptation de la discipline ecclésiale, première Cène et bénédiction 42 . Mais la confirmation
moderne s’ancre dans la philosophie des lumières. Elle est initiée par Philipp Jakob Spener,
pasteur luthérien à Frankfort – fondateur du piétisme qui centre la religion sur les vœux
personnels. Les paroisses du pays de Vaud introduisent le rite en 1725 et Genève en 1737 ;
la confirmation a alors lieu aux Rameaux.
Selon la doctrine officielle, le rite signifiait la confirmation du baptême et l’accueil à la Sainte
Cène, alors que dans le piétisme, la profession de foi était au premier plan. Au XIXème siècle
la confirmation, sous l’influence des Lumières, devint un rite festif de passage marquant pour
le jeune l’entrée dans la vie d’adulte.
Aujourd’hui la confirmation est largement ancrée dans la tradition protestante.
4.2.2 UNE PROFESSION DE FOI, ABOUTISSEMENT DE LA CATÉCHÈSE
« Pour les protestants, la confirmation est un acte solennel auquel aboutit l’enseignement
religieux communément appelé le catéchisme (…) ; c’est un acte par lequel le confirmant
s’engage publiquement à une vie chrétienne 43 ».
Nous le voyons ici, la confirmation prend tout son sens de par l’enseignement qui le précède.
Puisque l’un des éléments constitutifs de la confirmation est la déclaration fournie par le
jeune 44 , il s’agira de donner de la matière au confirmant : la catéchèse. Le Consistoire
supérieur des Eglises réformées d’Alsace et Lorraine (ERAL) affirme à ce sujet qu’il n’y a
pas de confirmation sans catéchèse et le règlement de l’Eglise protestante de Genève (EPG)
déclare que celle-ci sera d’une durée de deux ans et de 60 heures au minimum 45 .
Ceci qui est effectivement appliqué dans toutes les paroisses (à une exception près) de
Genève en 2009 46 . Dans l’exemple qu’il m’a été donné de découvrir, les jeunes du groupe
de préparation aux confirmations de Versoix 2009 ont cheminé pendant deux ans et un
mois ; il leur a été donné de vivre une catéchèse très biblique, nonobstant riche en apport
culturel et historique.
Cette période de découverte, tant pour l’animateur que pour le jeune sera la base de la
confirmation, ou plutôt révélera la base du rite : la foi chrétienne. Par le cheminement, le
jeune est amené à relire quelles sont ses valeurs, à apprendre à puiser dans cette source
41
Ce paragraphe a pour source : WERNER KRAMER, Dictionnaire historique de Suisse,
Confirmation, http://www.hls-dhs-dss.ch, 2007.
42
PIERRE GISEL, LUCIE KAENNEL, Encyclopédie du protestantisme, Presses universitaires de
France ; Labor et Fides, Paris; Genève, 1995, p.258.
43
SAMUEL MAHLER, La confirmation et la communion ou Sainte Cène, http://huguenotsweb.free.fr,
2009 (©Protestants En Réseau).
44
ECAAL, La Confirmation, Texte adopté par le Consistoire Supérieur, www.protestant.org, 1989, §
II.2.
45
EPG, Règlement de l’Eglise Protestante de Genève, 1970, article 254. En vigueur en 2009.
46
AJEG, Fonctionnement des groupes de catéchismes (15-17 ans) année scolaire 2008-09, Extrait
des statistiques, Genève, 2009.
- 17 -
intarissable qu’est la Parole de Dieu et est invité à se situer par rapport à ce qu’elle dit.
Puisque la profession de foi est un élément constitutif de la confirmation, alors la catéchèse
doit préparer le jeune à dire sa foi personnelle (et à dire si celle-ci n’est pas celle de l’Eglise)
et la lui révéler à lui-même.
Par la profession de foi du jeune, l’Eglise met en valeur sa liberté, ainsi que sa
responsabilité. L’engagement personnel est la réponse à ce que le baptême offre : « mon oui
au oui de Dieu » 47 .
4.2.3 UN BAPTÊME REAFFIRMÉ
Nous venons de le voir, à la confirmation le jeune engage sa foi en réponse à ce qu’il a reçu
à son baptême : là est le cœur du rite. Il s’agit d’un double mouvement : d’une part il s’agit
pour l’Eglise de « confirmer à cette occasion au jeune les promesses de Dieu dans le
baptême 48 », d’autre part de « l’engagement du jeune au service de Dieu et de son
prochain 49 ».
La confirmation naît du questionnement théologique qu’est le pédobaptisme. En effet, le
sacrement n’est pas considéré comme valide lorsqu’il s’oppose à la volonté de la personne.
Si Dieu nous a créés libres de ne pas le rencontrer, l’Eglise n’a pas à aller contre cette liberté
ontologique. Or un enfant nouveau-né n’a pas la capacité de manifester le désir du baptême
et s’il est baptisé, l’engagement baptismal est celui d’un parent, d’un parrain ou marraine.
Dans un sens, nul n’affirme que ce soit contre la volonté de l’enfant, cependant le nouveau
baptisé ne reçoit pas ce sacrement en pleine conscience 50 . Où se situe la limite ? Certains
mouvements évangéliques ne reconnaissent pas ce baptême (les anabaptistes), mais les
Eglises protestantes principales dans nos régions (réformées, luthérienne) oui.
De ce questionnement découle le rite de la confirmation formant un couple avec le baptême ;
ainsi, selon Schleiermacher : « le baptême n’est (…) complet que si l’on considère la
profession de foi prononcée après l’instruction, comme dernier acte qui lui appartient
encore » 51 . Par cette citation, nous ne présumons pas que tous les pasteurs seront
pleinement en accord avec Schleiermacher, mais il nous aide à comprendre le lien direct que
la confirmation entretient avec le baptême. Ainsi une personne baptisée adulte n’aura pas
besoin de faire cette confirmation.
Le document de « Foi et constitution » intitulé Baptême, Eucharistie et Ministère, définit le
baptême ainsi : « à la fois le don de Dieu et notre réponse humaine à ce don 52 ». La
confirmation relève de la réponse humaine, et si c’est chaque jour pour nous de répondre à
notre baptême, la ritualiser et la prononcer ne peut qu’être bénéfique pour la personne et la
communauté.
47
Ibid., §§ I.G, III.
SYNODE ERAL, Catéchèse et confirmation : décision n°8, Bischwiller, 1988, § II.
49
Id.
50
On peut dire avec une note d’humour qu’il reçoit le baptême à l’insu de son plein gré.
51
P. GISEL, Sacrements et ritualité en christianisme, op. cit., p. 38.
52
COE, Baptême, Eucharistie, Ministère, Conseil œcuménique des Eglises, Genève, 1982, III.8
48
- 18 -
4.2.4 PREMIER ACCÈS À LA SAINTE CÈNE
Historiquement, nous l’avons vu, la confirmation était également le jour de la première
communion. Et si cela n’est plus le cas 53 , c’est parce que l’Eglise protestante ne voit pas de
raison de priver un enfant de la grâce de la communion.
Dans la pratique, « c’est généralement dans un certain isolement que se vit la première
communion qui ne requiert aucune obligation de base; il est cependant souhaitable que
l’enfant soit baptisé et, idéalement, qu’il comprenne l’acte 54 ».
Parmi le groupe des catéchumènes de Versoix, l’une des participantes, baptisée, attendra le
jour de la confirmation pour communier à la Sainte Cène pour la première fois ainsi que sa
grand-mère le lui a recommandé.
4.2.5 UN RITE DE PASSAGE
Si la confirmation est théologiquement liée au baptême (en ce sens, elle a quelque chose de
sacramentel), elle a lieu à un âge particulier (16-18 ans) qui correspond à celui du passage à
l’âge adulte. Comme me le faisait remarquer Nicolas, étudiant à la faculté de théologie de
Genève, « l’Eglise protestante redécouvre peu à peu l’importance des rites dans la vie d’une
personne 55 ». Et il faut reconnaître que le passage à la vie adulte est d’une grande
importance, à tel point que les jeunes trouvent des rites par eux-mêmes 56 ; ils en sont
demandeurs.
Ainsi, la confirmation proposée par l’Eglise catholique qui avait été supprimée pour des
raisons théologiques, a réapparu pour des raisons culturelles liées à la subjectivité et à
l’identité personnelle. 57 Et nous comprenons que P. Gisel s’insurge contre la suppression de
la confirmation dans le canton de Vaud tant la confirmation est un rite qui a du sens et un
fondement théologique et qui de plus a une pertinence dans notre société.
La relation intime que la confirmation entretient avec le baptême ainsi que sa signification du
passage à l’âge adulte et de la fin du catéchisme rappelle de manière analogue la Bar
mitsvah juive qui marque la fin de l’enseignement de la Torah et du Talmud et qui fait couple
avec la Brith milah (circoncision). Cette dernière étant l’ancêtre du baptême (Col 2, 11-12) et
signifiant l’entrée de l’enfant dans le peuple de l’Alliance (Gn 17, 11). Cependant la
confirmation n’est pas une Bar mitsvah à la sauce chrétienne ; il ne s’agit pas que d’un rite
marquant l’acquisition de connaissances mais plutôt d’un engagement mûri d’une relation à
Dieu qui se traduit par un témoignage évangélique porté au monde.
53
EPG, Règlement de l’Eglise Protestante de Genève, op. cit., article 256. Cet article permet aux
catéchumènes l’accès à la Cène pour les baptisés ayant suivi une catéchèse spécifique. Il est en
cours de révision.
54
ALEXANDRA URFER JUNGEN, Première communion à la sauce catholique ou protestante, La Vie
Protestante de Genève, rubrique Dossier, 16.01.2002
55
A titre d’exemple, Emmanuelle, une amie, eut l’idée géniale de marquer le sevrage de son enfant
Loïc par la « journée du lait » où elle invita ses amis et leurs enfants qui chacun amenèrent un
élément symbolique au lait.
56
Souvent ces rites auto-suscités ne sont pas des plus sains : bizutage, alcool, sexe en sont souvent
l’apanage. Offrir aux jeunes des moyens de combler ce besoin de rites, de satisfaire spirituellement
un besoin ontologique, c’est aussi reconnaître l’être humain tel que Dieu l’a créé.
57
DE CLERK, La confirmation : vers un consensus œcuménique ?, La Maison-Dieu, 211, Cerf, Paris,
1997, p. 91.
- 19 -
4.3 EXPRESSION LITURGIQUE
Nous allons ici nous contenter de rapporter ce qui se fait à Versoix, puisqu’à Genève chaque
pasteur est libre d’aménager la liturgie de la confirmation comme il l’entend. Ce que la
célébration de la confirmation a en commun dans les Eglises réformées sont la profession de
foi, en général le symbole des apôtres 58 , un geste rappelant le baptême et la célébration de
la Cène.
Voici le cas habituel de Versoix où la pasteure Isabelle J.-D. prépare une journée de
confirmation. Rappelons que dans le groupe des catéchumènes, une partie significative se
prépare au baptême (et donc n’a pas besoin d’une nouvelle confirmation). Le dimanche, à la
première heure, la communauté se rend au lac et les jeunes qui l’ont demandé sont baptisés
par immersion. Puis, il y a le culte au temple et la célébration se déroule en plusieurs temps.
Après l’ouverture, les jeunes et leurs accompagnants partagent à l’assemblée le vécu du
groupe ; ils auront préparés un court texte exprimant leur foi, leur parcours personnel : les
paroles de foi 59 . Ils s’engagent en répondant à la question suivante : « Vous, les
catéchumènes, qui demandez l’alliance de votre baptême (les noms), ou qui voulez
confirmer l’alliance du baptême demandé autrefois par vos parents, parrain et marraine (les
noms), croyez-vous en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, et vous engagez-vous à participer à
la vie de l’Eglise et au témoignage chrétien dans le monde ? » Alors le groupe répond : « oui,
nous croyons malgré nos doutes. Oui, nous nous engageons ! »
Ensuite prend place la liturgie de la Parole où la pasteure prêche un message qui s’ancre sur
les découvertes du groupe lors des temps de préparation. Et l’assemblée confesse sa foi,
faisant le lien avec une tradition millénaire.
Alors a lieu le baptême de ceux qui ne désiraient pas l’immersion (institution du baptême et
prière, baptême et bénédiction). Puis les confirmants marquent le signe de l’eau : le jeune
prend de l’eau et le met sur son cœur. Il reçoit de la part de la pasteure (et/ou de l’animateur)
un verset biblique 60 ; puis le célébrant prononce une bénédiction. Une fois que tous ont
confirmé, un membre du bureau de région adresse un mot d’accueil aux jeunes et une prière
d’intercession est dite.
Enfin, l’assemblée et les jeunes (y compris les nouveaux baptisés) célèbrent et communient
à la Sainte Cène et une dernière bénédiction est prononcée sur l’assemblée avant l’envoi.
4.4 DE L’ESPRIT-SAINT À LA CONFIRMATION ?
Si notre étude biblique porte essentiellement sur l’Esprit parmi les hommes, il faut
reconnaître que ce dernier n’est pas désigné comme étant le centre spécifique de la
confirmation protestante. Nous allons tenter ici de présenter la place de l’Esprit-Saint dans
une célébration qui, a priori, est avant tout un acte de reconnaissance d’un jeune et de sa
communauté.
Tout d’abord, relevons qu’il a existé au XVIème siècle un rite de confirmation exposé par
Martin Bucer (cf. chap. 4.2.1) qui comprend une imposition des mains et onction de l’Esprit.
Or, aujourd’hui « presque toutes les principales Eglises protestantes ont revu leurs rites
58
RHODA SCHULER, The encyclopedia of protestantism, vol I, Hans J. Hillerbrabd editor, Routledg,
New York, 2004, p.503.
59
A l’attention du lecteur intéressé, ces phrases sont d’une richesse et d’une authenticité qui traduit
l’intensité de la foi chez les jeunes ; cette pratique est à mon sens à conserver précieusement là où
elle est appliquée et à instaurer là où elle n’existe pas. En sus, elle est l’occasion de donner une place
aux jeunes qui ont suivi le parcours mais qui ne désirent pas la confirmation. En annexe, les paroles
de foi dites par le groupe ici présenté.
60
Dans les premières confirmations issues du piétisme, la citation de la Bible donnée au confirmant
lui servait de règle pour la vie. W. KRAMER, op. cit.
- 20 -
baptismaux pour inclure une onction d’huile et/ou imposition des mains post-baptismale avec
prière à l’Esprit-Saint 61 » d’après R. Schuler. Cependant, ce n’est pas le cas à Genève et je
n’avais pas entendu parler d’une telle pratique dans l’Eglise réformée auparavant.
Bien que ce ne soit pas explicitement mis en avant dans le rite de la confirmation, l’Eglise
déclare que « Dieu répand sur chaque baptisé l'onction du Saint Esprit promis. (…) Le SaintEsprit nourrit la vie de la foi dans leur coeur, jusqu'à la délivrance finale 62 ».
Toute prière se joint à celle du Christ à son Père par l’Esprit ; aussi la prière de l’assemblée
ne peut se faire sans l’Esprit-Saint. Nul ne peut dire que Jésus est Seigneur sans l’Esprit
(1 Co 12, 3), Celui-là même qui nous fait crier Abba, Père ! (Rm 8, 15) Cela est, évidemment,
valable pour tous les cultes et prières de la communauté, mais il est bon de toujours garder à
l’esprit que rien ne se fait sans le Saint-Esprit. Ainsi, à la confirmation, il est présent et
renouvelle la grâce baptismale sur le confirmant puisqu’il le demande sincèrement avec son
Eglise.
4.5 CE QU’IL FAUT RETENIR DE LA CONFIRMATION POUR LES PROTESTANTS
La confirmation s’adresse à une personne qui a été baptisée avant l’âge de raison. En effet,
elle est l’occasion d’un engagement explicite de la part du jeune qui signifie sa réponse
positive au don que Dieu lui fait dans le baptême. C’est la question posée par ceux qui
entendent le témoignage de Pierre (Ac 2, 37-38, cf. chap. 2.6). Mais la situation étant
renversée, c’est une confirmation des engagements du baptême ; l’Eglise confirme au jeune
l’alliance offerte par le Seigneur (Mt 18, 18).
Ainsi la confirmation rappelle la grâce liée au baptême, le rattachement au corps de l’Eglise
et le don de l’Esprit.
Elle est historiquement la fin de l’enseignement, « l’examen », mais tend aujourd’hui à être
surtout le signe de l’engagement libre d’un jeune dans sa foi 63 .
61
RHODA SCHULER, op.cit.. Ce n’est pas le cas à Genève, l’encyclopédie mentionnée étant
américaine doit se référer à la pratique plutôt vécue outre-atlantique.
62
COE, Baptême, Eucharistie, Ministère, op. cit., II.c
63
EPG, Règlement de l’Eglise Protestante de Genève, op. cit., article 257.
- 21 -
5. QUEL PERTINENCE À CÉLEBRER ENSEMBLE ?
5.1
DU POINT DE VUE THÉOLOGIQUE ET TRADITIONEL
DIFFÉRENT
: DU COMMUN ET DU
Si du côté catholique, nous pouvons voir une continuité globale depuis le IIIème s. et que le
sacrement de confirmation est identifiable à des passages bibliques précis (les pentecôtes
des actes), du côté protestant, il y a clairement un changement. Certains verront dans la
Réforme un changement dans la confirmation mais dans le prolongement de ce qui ce faisait
ajustant la pratique et la théologie, d’autres voient dans le rite de confirmation quelque chose
de nouveau et qui correspond au sacrement de par sa similitude du point de vue du passage
à la vie adulte.
De notre point de vue, nous sommes mis devant l’évidence de deux théologies différentes,
mais ayant des points communs qui peuvent être mis en valeur.
5.1.1 NOYAU COMMUN
Tout d’abord, voyons ce qui est commun. Dans les deux visions, la préparation à la
confirmation est primordiale. Du point de vue pratique, elle représente la majorité écrasante
en temps et offre des possibilités quasi illimitées d’unification (ou de division). Le groupe de
préparation aux confirmations de Versoix en 2009 aura suivi les enseignements protestant et
catholique, offrant à la fois une préparation spécifique approfondie, permettant aussi de
découvrir une autre approche possible qui éclaire notre propre identité. L’expérience a
montré que les différentes affinités vécues dans la communion nous obligent à toujours
garder près de nous l’essentiel : un Dieu d’amour qui se donne personnellement et parle à
chacun dans son propre langage (Ac 2, 8).
La profession de foi constitue, dans les deux confessions, une part essentielle. Dans le
sacrement, elle est issue de la tradition et prépare l’accueil du don de l’Esprit. Elle confirme
notre baptême comme à chaque fois que nous la disons. Dans le rite protestant, la
profession de foi est centrale et élaborée par le jeune ; elle est ainsi parfois moins complète
voire pas toujours en accord complet avec l’Eglise, mais elle est authentique 64 .
Nous voyons ici un point commun fort ; la préférence pastorale me semble aller à la pratique
protestante qui permet de mettre en valeur la préparation, la personne, elle valorise
l’authenticité du vécu dans un moment fort et émotionnel. Elle permet aussi de donner une
place participative aux personnes qui ne sont pas prêtes à la confirmation.
Cela peu paraître évident mais la confirmation est une célébration festive chez les
protestants et les catholiques. Pour les uns, on fête en communauté la décision du jeune
d’accepter le don qu’il a reçu au baptême ; pour les autres, on fête en communauté le don de
l’Esprit fait à un jeune qui vivifie son baptême.
La confirmation est un rite de passage pour tous, les uns auront vu dans la confirmation le
passage à la vie d’adulte dans la foi et dans la société, les autres l’accès à la vie d’adulte
dans la foi par le sacrement. Pour les catholiques et les réformés, le rite de passage est
souligné, mais n’est pas le cœur de la confirmation. Il est vrai que dans la foi, on ne peut
cesser de croître, il me semble. La confirmation marque une étape de vie dans la foi
importante, voire essentielle et il est bon de le comprendre lorsqu’il faut aborder la
confirmation dans la pratique.
64
Est-il nécessaire de préciser ici que l’authenticité ne trouvera aucun contre-argument. Une
profession de foi qui ne serait pas authentique serait mensongère. Si donc l’on croit que le confirmand
qui dit le credo est authentique, on n’a pas à craindre qu’il dise sa foi avec ses mots. En annexe, deux
professions de foi écrites par les jeunes du groupe de Versoix 2009.
- 22 -
5.1.2 SPÉCIFIQUEMENT CATHOLIQUE : LE DON DE L’ESPRIT
Nous l’avons développé au chapitre 3, le sacrement de confirmation est avant tout le don de
l’Esprit. Et tout est construit autour de ce don. Toutefois le don de l’Esprit à la confirmation a
quelque chose de particulier puisque l’Esprit-Saint est déjà donné au baptême. Donc l’Esprit
est donné à la personne en vue de la mission, des charismes ; par l’imposition des mains,
l’Esprit et la chrismation, le jeune est marqué de l’Esprit et devient « oint du Seigneur »
fortifié pour le combat chrétien. Voici le joyau que les catholiques ont découvert. La
confirmation c. formant une unité avec le baptême dans le don de l’Esprit, l’un étant la
naissance de l’Esprit (Jn 3, 5), l’autre l’envoi par l’Esprit (Lc 12, 12-13, chap. 2.3).
Les protestants, quant à eux, ne distinguent pas de pôles des dons de l’Esprit. La
confirmation p. étant un acte finalisant le baptême par l’engagement personnel. Manifester le
don du Saint-Esprit n’est pas contradictoire en soi. De plus, nous l’avons vu, le sacrement se
base sur le texte de la Pentecôte (Ac 2, 1-4) dont Jésus nous enseigne qu’il est le baptême
des disciples (Ac 1, 5).
5.1.3 SPÉCIFIQUEMENT PROTESTANT : CONFIRMER LE BAPTÊME
Le trésor découvert par l’Eglise réformée est la manifestation de l’engagement baptismal
personnel et la foi qui s’y rapporte. Parmi les catéchumènes de Versoix 2009, au moment de
commencer, certains ne savaient pas s’ils étaient baptisés ou non. Et nous devinons qu’il ne
s’agit pas là d’une exception. Ainsi la confirmation permet au jeune de s’interroger sur son
propre baptême et de se positionner après avoir mûri une réflexion et cheminé avec un
groupe faisant une expérience d’Eglise.
Que le jeune doive dire sa foi en quelques phrases, le pourquoi de sa demande de
confirmation, lui permet lors de la fin de la préparation d’entrer au cœur de son cœur.
Lors de la célébration catholique de la confirmation, la profession de foi ouvre la liturgie de la
confirmation : elle est en général proclamée en réponse à l’évêque sur la base du symbole
des apôtres (le rite baptismal). Elle peut parfaitement être valorisée et personnalisée tant
qu’elle reste conforme à la foi de l’Eglise (ce qui avec une préparation correcte doit être le
cas 65 ). Avoir un geste qui rappelle le baptême n’est a priori pas au programme d’une
célébration catholique ; or, nous avons vu que la confirmation c. était liée au baptême. Aussi
un tel geste pourrait bien être pertinent.
65
Comprendre par là que les jeunes sont libres de demander la confirmation, et que s’ils en font la
demande, c’est qu’ils partagent la foi de l’Eglise. Si ce n’est pas le cas, c’est aux accompagnants
d’aider le jeune à discerner ce qui est le mieux pour lui. Les confirmands sont amenés à découvrir et
comprendre ce qui fait le credo. Certes tous ne sont pas capables à ce moment de comprendre, mais
le désir peut y être. Comme l’a dit Frère Roger : « le simple désir de Dieu est déjà le commencement
de la foi » (www.taize.fr).
- 23 -
5.1.4 LA COMMUNION EUCHARISTIQUE
Bien que cela fasse mal, la communion est la seule occasion de division à la confirmation 66 .
Elle n’est pas constitutive de la confirmation et, de ce point de vue, il est possible à la fois
pour les catholiques et pour les protestants de vivre les confirmations au cours d’une
célébration de la Parole. Cependant, notre travail a démontré que pour l’Eglise réformée, la
Sainte Cène après la confirmation prenait un sens tant théologique qu’historique. Quant à
l’Eglise catholique, elle ne cesse de dire et redire la beauté de l’Eucharistie comme sommet
de la vie chrétienne.
5.2 QUELLE(S) CÉLÉBRATION(S) POSSIBLE(S) ?
A ce stade nous voyons deux possibilités dans le cas d’un groupe œcuménique s’étant
préparé aux confirmations.
5.2.1 DEUX CÉLÉBRATIONS VÉCUES PAR TOUS
Cette solution présente plusieurs avantages certains. D’abord, il n’est pas nécessaire
d’aménager particulièrement les liturgies respectives. Aucune personne ne sera choquée par
une célébration qui peut sonner faux à ses oreilles. Il est assez aisé d’expliquer aux
confirmands et à leurs parents les dissensions qui entravent l’unité lors des confirmations.
Elles permettent de faire comprendre que l’œcuménisme n’est pas un chemin terminé et qu’il
reste des questions importantes à exprimer dont les réponses sont à travailler. Deux
célébrations offrent l’avantage d’être une ultime occasion de catéchèse pour se découvrir
l’un l’autre.
En revanche, elle révèle l’unité pas encore advenue, et dans la situation de communion que
peut vivre le groupe, la séparation des célébrations peut être vécue comme un déchirement.
Que tous soit un afin que le monde croie (Jn 17, 21) ; le jour de la fête, la prière de Jésus
n’est pas réalisée.
5.2.2 UNE CÉLÉBRATION DES CONFIRMATIONS
Après le développement que nous avons vu, il nous semble possible de vivre une
célébration des confirmations. Elle pourrait s’articuler ainsi : après l’accueil et la table de la
Parole, la profession de foi sous la forme protestante (cf chap. 4.2.2, 5.1.1 et 5.1.3). Puis une
imposition des mains de l’évêque (ou du prêtre délégué) sur tous les jeunes. Enfin, la
chrismation pour les catholiques et un geste rappelant le baptême pour les protestants (à la
suite si le nombre de jeunes est restreint, en parallèle si leur nombre est trop élevé).
Sachant que la communion n’est pas nécessaire, nous laisserons le soin à d’autres de traiter
les possibilités d’Eucharistie après les confirmations. Le fait de ne pas célébrer la table
eucharistique offre un avantage pratique : le temps. Avec le gain de temps, nous pouvons
envisager plus d’espace pour mettre en valeur les gestes proposés.
66
L’Eucharistie dans l’œcuménisme n’est pas le propos de ce travail, même si elle apparaît ici comme
une clé du problème. A l’heure actuelle l’Eglise catholique dit des confessions protestantes qu’« elles
n'ont pas conservé la substance propre et intégrale du mystère eucharistique » et ce « en raison
surtout de l'absence du sacrement de l'ordre » (Unitatis Redintegratio, n° 22). Du côté protestant, sont
accueillis à la Sainte Cène ceux qui se sentent en conscience de venir (catholique ou autre).
- 24 -
5.3 OCCASION PASTORALE
Nous l’avons peu évoqué dans ce travail, mais l’œcuménisme dans la confirmation naît
souvent d’une nécessité pastorale et se révèle être en réalité une occasion. Dans le cas des
confirmands de Versoix 2009, nous pourrions relire la formation du groupe comme une
faiblesse. Du côté du groupe initial de catéchumènes se trouvaient seulement sept filles avec
la pasteure. Recherchant des garçons, elles ont appelé deux amis qui se sont révélés être
catholiques. Du point de vue de la paroisse catholique, elle n’avait rien à proposer à ces
deux jeunes qui désiraient commencer une préparation à la confirmation. La pasteure et la
responsable catholique se sont accordées pour que ce groupe commence ensemble sous la
seule direction de la pasteure.
C’est grâce à ces faiblesses, ces manques que s’est développé un groupe qui allait vivre une
communion œcuménique capable de témoigner des merveilles de Dieu dans leurs vies,
réalisant la parole de Paul « la puissance du Seigneur se déploie dans la faiblesse » (2 Co
11, 9).
Cheminer de manière œcuménique vers la confirmation est une occasion de rassembler des
forces et, à l’évidence, ni les paroisses protestantes ni les paroisses catholiques ne croulent
sous le nombre de personnes ayant le charisme, l’envie et la disponibilité d’accompagner
des groupes de jeunes. Par ailleurs, découvrir l’autre permet de mieux se connaître et se
comprendre soi-même, voilà une conviction acquise au cours de cette année vécue dans le
groupe de catéchumènes de Versoix 2009.
- 25 -
6. PROPOSITIONS PASTORALES
Bien que l’objectif de ce travail ne soit pas de trouver des solutions à des problèmes
rencontrés en pastorale, il nous semble approprié d’évoquer quelques propositions qui
naissent des découvertes faites au cours de cette étude.
Nous l’avons vu au chapitre 5.1.3, une richesse de la confirmation protestante est la parole
personnelle de foi. Celle-ci naît du vécu de la personne et débouche sur sa foi.
Concrètement, le jeune en fin de parcours rédige un paragraphe (qui peut aller d’une phrase
à un petit texte) qui exprime d’où il vient, ce qui l’amène à croire ce qu’il croit à ce jour. Ce
petit exercice peut paraître anodin, mais au terme d’un parcours et précédant un moment
important pour le jeune, rédiger cette parole dans l’optique de la proclamer lui permet de se
situer. L’accompagnant l’amènera à savoir ce en quoi il croit et ce qu’il est prêt à partager.
Ainsi, à cette période cela permet de se centrer sur le cœur de la question chrétienne et lors
des échanges en groupe de se découvrir les uns les autres. Proclamer une parole de foi
donne l’occasion au jeune qui a cheminé avec les autres, mais décidé à ne pas confirmer,
d’avoir une place lors de la célébration. Pour l’Eglise, c’est donner une place à un jeune qui
est encore en recherche sur sa foi.
Cette proposition peut paraître trop simple, pourtant elle n’en est pas moins pertinente :
s’engager à préparer ensemble (protestants et catholiques) la confirmation. Dans la mesure
où les jeunes sont de la même tranche d’âge, former un groupe œcuménique de préparation
aux confirmations offre plusieurs avantages, le plus évident étant de rassembler les forces
pastorales. Une telle optique provoque bien sûr les confrontations plus ou moins classiques
de l’œcuménisme, mais pour des animateurs recherchant tous le bien du groupe et le
développement des jeunes dans la foi, la dynamique œcuménique est positive. Elle oblige
chaque partie à approfondir son approche bien souvent éclairée par l’autre partie ; ce faisant,
elle révèle quelles sont les réelles dissensions et par leur compréhension, réconcilie bien des
situations.
En cheminant ensemble, nous découvrons la richesse d’une Eglise qui comprend
différemment de la nôtre le cheminement de l’Evangile dans une vie. Et nous découvrons
également les richesses qui se trouvent dans notre propre Eglise et, parfois, nous rêvons de
pouvoir les offrir à l’autre.
Bien conscient de la difficulté que cette proposition représente, due notamment aux
différences de rythmes de préparation 67 , avoir régulièrement des temps forts en commun
semble être une bonne solution pour commencer et sentir le terrain et les personnes.
S’il est bien une chose qu’il ne faut omettre de considérer dans ces propositions, c’est bien
celle des charismes. En effet, parmi les paroisses se trouvent des personnes avec des
talents différents et des caractères propres. Aussi, comme c’est si souvent le cas,
l’œcuménisme est avant tout une question d’affinité personnelle. C’est pourquoi nous
aimerions attirer l’attention sur ce point, que pour entreprendre une démarche œcuménique
de préparation aux confirmations, il faudra commencer avec des personnes qui s’entendent,
s’estiment et soient animées d’un désir de communion.
67
A Genève, les catéchumènes protestants se rencontrent une fois par semaine pendant deux ans
alors que les confirmands catholiques se réunissent une à deux fois par mois pendant un an et demi.
- 26 -
7. APPROPRIATION
Tout est lié.
Si j’ai fait ce travail, c’est parce qu’a émergé en moi les questionnements que suscitent une
préparation œcuménique et que j’ai ressenti le besoin d’y répondre. C’est aussi parce que le
contexte genevois est marqué par l’œcuménisme. C’est également parce qu’au cours de ma
formation est apparu le désir de découvrir et connaître la théologie de l’Eglise protestante. Si
je me suis engagé à co-animer ce groupe de Versoix qui se préparait aux confirmations,
c’est pour découvrir la théologie et la pratique qui s’y rapportent. Si j’en ai eu l’opportunité,
c’est parce que j’était déjà engagé à la réconciliation chrétienne : en l’occurrence par la
rencontre européenne de Genève organisée par la communauté de Taizé.
Ce travail est une chance pour moi. J’y ai découvert tant de choses, mais il faut bien
reconnaître que si beaucoup de réponses m’ont été révélées, le nombre de questionnements
qu’il soulève en moi est à la mesure des découvertes, en voici trois.
La confirmation est présentée à la fois chez les protestants et les catholiques comme l’accès
à la vie adulte, l’un par le dernier stade de son baptême, l’autre par la force donnée au
confirmé. Il me semble que dans la foi, nous ne sommes jamais adultes, puisque l’adulte,
précisément, c’est celui qui a fini de croître. Or, je ne veux pas croire que ma petite foi doit
en rester au stade où elle est parce que je suis confirmé. Au contraire, cela me donne à
penser que cette vie est une vie de croissance que seule la mort arrêtera et que si cette vie
est l’occasion pour nous d’apprendre à faire des choix, de faire le choix de Dieu, celui de
l’Amour, alors nous demeurons des enfants jusqu’à ce que le Seigneur nous appelle auprès
de Lui. Aussi j’envisage la confirmation comme un rite de passage, une étape de croissance
marquée par l’Esprit-Saint.
Parler de confirmation entre protestants et catholiques soulève à chaque fois la question des
sacrements. En préambule, nous évoquions l’humour de Dieu. Le voilà qui fait à nouveau
des siennes à ce propos. Voici le prototype de la teneur de la discussion : « chez nous la
confirmation n’est pas un sacrement, on m’en à que deux (ou trois) parce que c’est Jésus qui
les a institués ». « Oui, mais les sacrements font advenir le salut… » et voilà deux
bonhommes partis pour une nuit de disputatio à savoir ce qui fait un sacrement. Pour les
catholiques, historiquement, au moment de fixer les sept sacrements, la question s’est posée
en terme de nécessité au salut. Mais peut-on parler d’une nécessité d’actes de l’Eglise pour
que Dieu sauve un homme ? Au vu de la base de réflexion pour ces sacrements, il n’est pas
pertinent de relier la quantité des sacrements aux directives de Jésus. Et quand bien même
nous essayerions de le faire, nous devrions nous accorder sur ce qu’est une injonction
concrète de Jésus que l’Eglise en fasse un sacrement. Il a bien dit que nous devions nous
laver les pieds les uns les autres sans pour autant que l’Eglise n’y voie là un sacrement. Et
quand on sait que les Evangiles ont été écrits pendant la période de la première Eglise, on
peut souvent y lire le reflet de sa pratique plutôt que les paroles historiques du Christ.
Alors,avant qu’on se pose la question « qu’est-ce qui fait un sacrement ? », posons-nous
d’abord la question de base : « un sacrement, c’est quoi ? »
- 27 -
Enfin, au cours de l’élaboration de ce travail, j’ai découvert toute la question de qui confirme
qui ou quoi. L’approche standard catholique (n’en déplaise à certaines personnes) est de
dire : Dieu confirme son enfant. Ici nous avons découvert que nous pouvons même dire que
Dieu se confirme dans son choix de Père et dans son choix d’envoyer ce croyant. Côté
protestant, nous envisageons plutôt la confirmation comme « je confirme mon baptême »,
voire « je désire me confirmer ». Et nous avons vu que l’Eglise confirmait au jeune les
promesses de Dieu dans le baptême.
Dieu se confirme Père.
Dieu confirme son enfant.
L’Eglise confirme un croyant.
Un baptisé confirme son engagement.
Un baptisé se confirme chrétien et enfant de Dieu.
Plutôt que se disputer pour savoir qui a raison de toutes ces approches, je me laisse
interpeller par la réflexion de Philippe Matthey lors de sa rencontre avec le groupe.
Confirmer, c’est comme aimer, cela va dans les deux sens, l’un aime, l’autre aime en retour,
on dit d’eux qu’ « ils s’aiment », de même on pourrait dire « ils se confirment ». Il s’agirait
donc d’un sacrement (ou rite) des confirmations.
- 28 -
8. CONCLUSION
Le questionnement de départ qui m’a lancé dans ce travail était de savoir si un groupe
œcuménique qui se prépare aux confirmations était possible et pertinent, et le quid de la
célébration. Nous avons traversé la théologie catholique où nous avons relevé que la
confirmation était avant tout le don de l’Esprit fait au jeune en vue de la mission et des
charismes. En étudiant la théologie protestante, nous avons découvert que la confirmation
était l’acte final d’une personne baptisée enfant qui affirmait les engagements de son
baptême.
Dans la confrontation de ces deux confirmations, nous avons trouvé bien des points
communs tant sur le plan théologique que pastoral et bien qu’elles soient d’une teneur
différentes, elles sont toutes deux en lien étroit avec le baptême et ne présentent pas de
contradiction.
Ainsi nous découvrons que cheminer de manière œcuménique est possible et présente des
avantages certains. Quant à la pertinence d’un parcours commun, elle dépend avant tout du
contexte de chaque paroisse et des personnes qui y sont engagées. La division n’est donc
pas dans la confirmation mais dans les personnes et dans la vision qu’ils en ont. 68
Par ce travail, nous avons parcouru, voire survolé, les problématiques des confirmations ; or,
pour aller plus loin, il y aurait encore bien des pistes à creuser. Nous l’avons dit, la
confirmation est liée au baptême, et puisque catholiques et protestants reconnaissent
mutuellement leur baptême, il y a là matière à chercher et développer. Il serait aussi
intéressant d’étudier la théologie orthodoxe de la confirmation, celle-ci étant reconnue par
l’Eglise catholique ; un éclairage nouveau pourrait être apporté. Nous pourrions aussi élargir
l’étude de la confirmation protestante dans un contexte plus large et ouvrir de nouveaux
horizons.
68
« Le problème des problèmes : c’est l’homme. Il n’y a de problèmes que parce que l’homme est à
lui-même un problème » MAURICE ZUNDEL, La pierre vivante, Cerf, Paris, 1993, p. 13.
- 29 -
9. REMERCIEMENTS
Par ces quelques lignes je tiens à remercier plusieurs personnes qui font que cette étude est
née, a pu se développer et s’achever dans un climat de fraternité et d’amour.
A Isabelle, pasteure de Versoix qui m’a entraîné dans ce groupe œcuménique qui aura
confirmé en septembre 2009 et m’a fait découvrir d’une part la pensée théologique de la
confirmation protestante et de l’autre la situation pastorale, toujours avec un respect, une
attention hors du commun pour les sensibilités confessionnelles des uns et des autres.
Merci aussi à Federica qui m’accompagne patiemment et corrige inlassablement mes
travaux, à Béatrice pour avoir corrigé la forme, au pasteur Nicolas G. pour sa disponibilité et
son aide, à Nicolas L. étudiant en faculté de théologie protestante de Genève, à Philippe M.,
délégué épiscopal à Genève, pour ses explications et ses encouragements, aux enseignants
de l’IFM pour le savoir qu’ils m’ont transmis.
Enfin je remercie tout spécialement chacun des membres du groupe de catéchumènes –
confirmands de Versoix, Anne-Laure, Timothy, Charlotte, Sandra, Lucile, Aurélien, Malika,
Clarisse, Charlotte, Laetitia et Estelle pour m’avoir adopté à mi-parcours, pour leur
authenticité et tout ce qui a été vécu et partagé. Merci à tous.
Et finalement, s’il est quelqu’Un à qui je rends grâce, c’est bien à l’Esprit lui-même, puisque
c’est Lui qui m’inspire, qui inspira tous ceux qui m’ont précédé et qui met dans votre cœur Sa
compréhension. En effet, toute sagesse vient du Seigneur, elle est près de Lui à jamais (Si 1,
1). Alors je Lui rends, non sans l’avoir remercié de me l’avoir soufflé au creux de l’oreille du
cœur de mon cœur, ce qui au cours de ces lignes pourrait avoir un trait de sagesse, à toi
Esprit-Saint, merci.
10.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages et articles ordinaires
DICK PIERRE-YVES, Le don de l’Esprit, Liberté et responsabilité, Essai de Christologie –
Pneumatologie IFM-Fribourg, St-Blaise, 2007
DUCARROZ CLAUDE, Les sacrements (notes de cours), IFM, Fribourg, 2009.
GISEL PIERRE, Sacrements et ritualité en christianisme : 125 propositions, Labor et Fides,
Genève, 2004.
GISEL PIERRE, KAENNEL LUCIE, Encyclopédie du protestantisme, Presses universitaires
de France ; Labor et Fides, Paris; Genève, 1995.
LACOSTE J.-Y. (DIR.), Dictionnaire critique de théologie, Presses Universitaires de France,
Paris, 20073.
MAURICE ZUNDEL, La pierre vivante, Cerf, Paris, 1993
NICOLAS J.-H., Synthèse dogmatique, Editions Universitaires de Fribourg (CH), Fribourg,
19913.
REVEL JEAN-PHILIPPE, Traité des sacrements, tome II. La confirmation, plénitude du don
baptismal de l’Esprit, Cerf, 2006.
SCHULER RHODA IN COLLECTIVE AUTHORS, The encyclopedia of protestantism, vol I,
- 30 -
Hans J. Hillerbrabd editor, Routledg, New York, 2004.
URFER JUNGEN ALEXANDRA, Première communion à la sauce catholique ou protestante,
La Vie Protestante de Genève, rubrique Dossier, 16.01.2002.
Bibles
La Bible de Jérusalem, Cerf, Paris, 1996.
Traduction œcuménique de la Bible, édition intégrale, Cerf, Paris, 19988.
Magistère et textes constitutifs des Eglises
AJEG (Animation Jeunesse de l’Eglise Protestante de Genève), Fonctionnement des
groupes de catéchismes (15-17 ans) année scolaire 2008-09, Extrait des statistiques,
Genève, 2009, non édité.
COE (CONSEIL OECUMENIQUE DES EGLISES), Baptême, Eucharistie, Ministère, Conseil
œcuménique des Eglises, Genève, 1982
CONCILE DE FLORENCE, Bulle Exsultate Deo, Décret pour les Arméniens, 1439
Décret sur l'œcuménisme (Unitatis Redintegratio), 1965, n°22
EPG (EGLISE PROTESTANTE DE GENEVE), Règlement de l’Eglise Protestante de
Genève, 1970
SYNODE ERAL (Eglise Réformée d'Alsace et de Lorraine), Catéchèse et confirmation :
décision n°8, Bischwiller, 1988
Articles tirés d’Internet
BENOÎT XVI, Homélie du 7 janvier 2007, www.vatican.va, chapelle Sixtine, 2007.
Concorde de Leuenberg, http://www.leuenberg.net, Leuenberg, 1973.
Confirmation, http://en.wikipedia.org, 2009.
Chrême, http://www.liturgiecatholique.fr, SNPLS, 2007.
ECAAL (Eglise de La Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine), La Confirmation,
Texte adopté par le Consistoire Supérieur, www.protestant.org, 1989.
KRAMER WERNER, Dictionnaire historique de Suisse, Confirmation, http://www.hls-dhsdss.ch, 2007.
Le déroulement de la célébration de la confirmation, http://www.liturgiecatholique.fr, SNPLS
(Service National pour la Pastorale Liturgique et Sacramentelle), 2007.
MAHLER SAMUEL, La confirmation et la communion ou Sainte Cène,
http://huguenotsweb.free.fr, 2009.
- 31 -
TABLE DES MATIÈRES
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET VOCABULAIRE............................................................................. - 2 VOCABULAIRE ................................................................................................................................... - 2 PRÉAMBULE...................................................................................................................................... - 3 PRÉAMBULE...................................................................................................................................... - 3 1.
INTRODUCTION ........................................................................................................................ - 3 1.1
1.2
1.3
2.
L’ESPRIT DANS LES ÉCRITS DE SAINT-LUC ........................................................................ - 5 2.1
2.2
2.3
2.4
2.5
2.6
2.7
2.8
2.9
3.
PRÉSENTATION DES DIFFICULTÉS PASTORALES ET THÉOLOGIQUES ........................................... - 3 UN CAS CONCRET ................................................................................................................. - 4 PLAN DE DÉVELOPPEMENT .................................................................................................... - 4 -
ESPRIT CRÉATEUR ................................................................................................................ - 5 L’ESPRIT DESCEND ET LE PÈRE ENGENDRE ............................................................................ - 5 ESPRIT QUI ENSEIGNE ........................................................................................................... - 6 RECEVOIR L’ESPRIT-SAINT POUR TÉMOIGNER ........................................................................ - 6 LA PENTECÔTE : DON DE L’ESPRIT SAINT ............................................................................... - 7 PAR LE TÉMOIGNAGE DE L’ESPRIT : LA CONVERSION ............................................................... - 8 RECONNAÎTRE L’ACTION DE L’ESPRIT : LA LOUANGE ................................................................ - 8 RECEVOIR L’ESPRIT APRÈS LE BAPTÊME ? ............................................................................. - 9 L’ESPRIT QUI SOUFFLE OÙ BON LUI SEMBLE ............................................................................ - 9 -
THÉOLOGIE CATHOLIQUE : LE DON DE L’ESPRIT ............................................................ - 10 3.1
FONDEMENT THÉOLOGIQUE ................................................................................................. - 10 3.1.1 Introduction ..................................................................................................................- 10 3.1.2 Un sacrement qui naît de l’Ecriture : une Pentecôte ...................................................- 10 3.1.3 Baptême-Confirmation, un Esprit deux sacrements.................................................... - 11 3.2
LA CONFIRMATION AUJOURD’HUI À GENÈVE .......................................................................... - 12 3.3
TRADUCTION DANS LA LITURGIE ........................................................................................... - 13 3.3.1 Professer sa foi ouvertement.......................................................................................- 13 3.3.2 Recevoir l’Esprit par imposition des mains..................................................................- 13 3.3.3 Etre marqué de l’Esprit par chrismation ......................................................................- 14 3.4
CE QU’IL FAUT RETENIR DE LA CONFIRMATION POUR LES CATHOLIQUES .................................. - 15 -
4.
THÉOLOGIE PROTESTANTE : ENTRE RITE DE PASSAGE ET ENGAGEMENT
BAPTISMAL...................................................................................................................................... - 16 4.1
CADRE DE L’ÉTUDE ............................................................................................................. - 16 4.2
THÉOLOGIE D’UN RITE ......................................................................................................... - 17 4.2.1 Situation historique ......................................................................................................- 17 4.2.2 Une profession de foi, aboutissement de la catéchèse...............................................- 17 4.2.3 Un baptême reaffirmé ..................................................................................................- 18 4.2.4 Premier accès à la Sainte Cène ..................................................................................- 19 4.2.5 Un rite de passage.......................................................................................................- 19 4.3
EXPRESSION LITURGIQUE .................................................................................................... - 20 4.4
DE L’ESPRIT-SAINT À LA CONFIRMATION ? ............................................................................ - 20 4.5
CE QU’IL FAUT RETENIR DE LA CONFIRMATION POUR LES PROTESTANTS .................................. - 21 5.
QUEL PERTINENCE À CÉLEBRER ENSEMBLE ?............................................................... - 22 5.1
DU POINT DE VUE THÉOLOGIQUE ET TRADITIONEL : DU COMMUN ET DU DIFFÉRENT .................. - 22 5.1.1 Noyau commun............................................................................................................- 22 5.1.2 Spécifiquement catholique : le don de l’Esprit.............................................................- 23 5.1.3 Spécifiquement protestant : confirmer le baptême ......................................................- 23 5.1.4 La communion eucharistique.......................................................................................- 24 5.2
QUELLE(S) CÉLÉBRATION(S) POSSIBLE(S) ? ......................................................................... - 24 5.2.1 Deux célébrations vécues par tous .............................................................................- 24 -
- 32 -
5.2.2 Une célébration des confirmations ..............................................................................- 24 5.3
OCCASION PASTORALE........................................................................................................ - 25 6.
PROPOSITIONS PASTORALES ............................................................................................. - 26 -
7.
APPROPRIATION .................................................................................................................... - 27 -
8.
CONCLUSION.......................................................................................................................... - 29 -
9.
REMERCIEMENTS .................................................................................................................. - 30 -
10.
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................... - 30 -
TABLE DES MATIÈRES ................................................................................................................... - 32 ANNEXES ......................................................................................................................................... - 34 LES TEXTES BIBLIQUES ÉTUDIÉS ....................................................................................................... - 34 LES PAROLES DE FOI DU GROUPE DE PRÉPARATION AUX CONFIRMATIONS DE VERSOIX 2009 ................ - 36 LES PROFESSIONS DE FOI DU GROUPE DE PRÉPARATION AUX CONFIRMATIONS DE VERSOIX 2009 ......... - 41 -
- 33 -
ANNEXES
LES TEXTES BIBLIQUES ÉTUDIÉS
Luc 1 - Annonce de la naissance de Jésus
26
Le sixième mois, l'ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de
Nazareth, 27à une jeune fille accordée en mariage à un homme nommé Joseph, de la famille
de David ; cette jeune fille s'appelait Marie. 28L'ange entra auprès d'elle et lui dit : « Sois
joyeuse, toi qui as la faveur de Dieu, le Seigneur est avec toi. » 29A ces mots, elle fut très
troublée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. 30L'ange lui dit : « Sois
sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. 31Voici que tu vas être enceinte,
tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. 32Il sera grand et sera appelé Fils du
Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; 33il régnera pour
toujours sur la famille de Jacob, et son règne n'aura pas de fin. » 34Marie dit à l'ange :
« Comment cela se fera-t-il puisque je n'ai pas de relations conjugales ? » 35L'ange lui
répondit :
« L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ;
c'est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu.36Et voici que
Elisabeth, ta parente, est elle aussi enceinte d'un fils dans sa vieillesse et elle en est à son
sixième mois, elle qu'on appelait la stérile, 37car rien n'est impossible à Dieu. » 38Marie dit
alors : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l'as
dit ! » Et l'ange la quitta.
Luc 3 - Baptême de Jésus
21
Or comme tout le peuple était baptisé, Jésus, baptisé lui aussi, priait ; alors le ciel s'ouvrit ;
l'Esprit Saint descendit sur Jésus sous une apparence corporelle, comme une colombe, et
une voix vint du ciel : « Tu es mon fils, moi, aujourd'hui, je t'ai engendré. »
22
Luc 12 – L’Esprit-Saint enseigne
11
Lorsqu'on vous amènera devant les synagogues, les chefs et les autorités, ne vous
inquiétez pas de savoir comment vous défendre et que dire. 12Car le Saint Esprit vous
enseignera à l'heure même ce qu'il faut dire. »
Luc 24 – dernière apparition du ressuscité
44
Puis il leur dit : « Voici les paroles que je vous ai adressées quand j'étais encore avec
vous : il faut que s'accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la Loi de Moïse, les
Prophètes et les Psaumes. » 45Alors il leur ouvrit l'intelligence pour comprendre les Ecritures,
46
et il leur dit : « C'est comme il a été écrit : le Christ souffrira et ressuscitera des morts le
troisième jour, 47et on prêchera en son nom la conversion et le pardon des péchés à toutes
les nations, à commencer par Jérusalem. 48C'est vous qui en êtes les témoins. 49Et moi, je
vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Pour vous, demeurez dans la ville jusqu'à
ce que vous soyez, d'en haut, revêtus de puissance. »
50
Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. 51Or, comme il les
bénissait, il se sépara d'eux et fut emporté au ciel. 52Eux, après s'être prosternés devant lui,
retournèrent à Jérusalem pleins de joie, 53et ils étaient sans cesse dans le temple à bénir
Dieu.
- 34 -
Actes 1 – promesse de l’Esprit
4
Au cours d'un repas avec eux, il leur recommanda de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y
attendre la promesse du Père, « celle, dit-il, que vous avez entendue de ma bouche : 5Jean
a bien donné le baptême d'eau, mais vous, c'est dans l'Esprit Saint que vous serez baptisés
d'ici quelques jours. » 6Ils étaient donc réunis et lui avaient posé cette question : « Seigneur,
est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le Royaume pour Israël ? » 7Il leur dit : « Vous
n'avez pas à connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité ;
8
mais vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous
serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux
extrémités de la terre. »
Actes 2 – la Pentecôte
1
Quand le jour de la Pentecôte arriva, ils se trouvaient réunis tous ensemble. 2Tout à coup il
y eut un bruit qui venait du ciel comme le souffle d'un violent coup de vent : la maison où ils
se tenaient en fut toute remplie ; 3alors leur apparurent comme des langues de feu qui se
partageaient et il s'en posa sur chacun d'eux. 4Ils furent tous remplis d'Esprit Saint et se
mirent à parler d'autres langues, comme l'Esprit leur donnait de s'exprimer.
37
Le cœur bouleversé d'entendre ces paroles, ils dirent à Pierre et aux autres apôtres :
« Que ferons-nous, frères ? » 38Pierre leur répondit : « Convertissez-vous : que chacun de
vous reçoive le baptême au nom de Jésus Christ pour le pardon de ses péchés, et vous
recevrez le don du Saint Esprit.
Actes 4 - Pierre et Jean du retour du Sanhédrin
27
« Oui, ils se sont vraiment assemblés en cette ville, Hérode et Ponce Pilate, avec les
nations et les peuples d'Israël, contre Jésus, ton saint serviteur, que tu avais oint. 28Ils ont
ainsi réalisé tous les desseins que ta main et ta volonté avaient établis. 29Et maintenant,
Seigneur, sois attentif à leurs menaces et accorde à tes serviteurs de dire ta Parole avec une
entière assurance. 30Etends donc la main pour que se produisent des guérisons, des signes
et des prodiges par le nom de Jésus, ton saint serviteur. » 31A la fin de leur prière, le local où
ils se trouvaient réunis fut ébranlé : ils furent tous remplis du Saint Esprit et disaient avec
assurance la parole de Dieu.
Actes 8 – Imposition des mains en Samarie
14
Apprenant que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu, les apôtres qui étaient à
Jérusalem y envoyèrent Pierre et Jean. 15Une fois arrivés, ces derniers prièrent pour les
Samaritains afin qu'ils reçoivent l'Esprit Saint. 16En effet, l'Esprit n'était encore tombé sur
aucun d'eux ; ils avaient seulement reçu le baptême au nom du Seigneur Jésus. 17Pierre et
Jean se mirent donc à leur imposer les mains, et les Samaritains recevaient l'Esprit Saint.
Actes 10 - La venue de l'Esprit sur les païens
44
Pierre exposait encore ces événements quand l'Esprit Saint tomba sur tous ceux qui
avaient écouté la Parole. 45Ce fut de la stupeur parmi les croyants circoncis qui avaient
accompagné Pierre : ainsi, jusque sur les nations païennes, le don de l'Esprit Saint était
maintenant répandu ! 46Ils entendaient ces gens, en effet, parler en langues et célébrer la
grandeur de Dieu. Pierre reprit alors la parole : 47« Quelqu'un pourrait-il empêcher de
baptiser par l'eau ces gens qui, tout comme nous, ont reçu l'Esprit Saint ? » 48Il donna l'ordre
de les baptiser au nom de Jésus Christ, et ils lui demandèrent alors de rester encore
quelques jours.
- 35 -
LES PAROLES DE FOI DU GROUPE DE PRÉPARATION AUX CONFIRMATIONS DE
VERSOIX 2009
Clarisse
Aujourd’hui, je désire faire ma confirmation car c’est pour moi un engagement très important
tant dans ma vie de chrétienne que dans ma vie quotidienne.
J’ai toujours ressenti la présence de Dieu à mes côtés et son soutien dans les moments
difficiles. Dans mon enfance et mon adolescence, j’ai participé à de nombreux
rassemblements catholiques qui m’ont permis de me pencher sur ma foi.
En même temps que cela, j’ai suivi les cours de caté qui m’ont énormément appris sur la
religion et sur Dieu. Mais le chemin est encore long…
Toutes ces choses m’ont cependant permis d’approfondir ma foi et de renforcer ma
confiance en Jésus.
C’est pourquoi me faire confirmer est pour moi un choix de vie que je désire suivre en toute
confiance, tout au long de mon parcours, en tant que témoin du Christ.
Que ce pas supplémentaire vers Dieu puisse m’éclairer toujours plus dans ma vie catholique
afin de faire grandir ma foi.
Timothy
Aujourd’hui je confirme enfin ce pourquoi je suis venu 2 ans auparavant : Ma croyance
envers le Père le Fils et le Saint-Esprit. Durant mes voyages avec mon groupe de
catéchisme et bien sûr Isabelle et Séb, une seule question m’est toujours venue à l’esprit :
Qui est pour moi le Seigneur ? Après plusieurs rencontres à Taizé, Rome, ainsi qu’aux
Cévennes, j’ai pu écouter les nombreuses réflexions de ces personnes toutes attachées à
leur religion. Malheureusement pour moi, ma principale question m’était toujours inconnue.
Jusqu’au moment de ma retraite à Romainmôtier, c’était un vendredi soir, alors que je
pensais à ma confirmation les réponses à ma question m’est enfin apparue. Je sais
maintenant que le Seigneur est mon confident, un ami dans les moments de prière et de joie
ou bien même une chaleur de réconfort dans les moments de solitude et de pleur.
Donc voilà me voici aujourd’hui devant vous en train de confirmer ma croyance envers le
Seigneur ainsi que mon baptême et ma foi. Je sais aussi que, en l’espace d’un instant, notre
Seigneur fut à nos côté à tendre son oreille afin d’entendre ma confession et celle de mes
amis ici présents. Et il nous accueille tous, bras ouverts, dans son amour titanesque.
Amen.
- 36 -
Aurélien
Aujourd'hui, je confirme le choix que mes parents ont fait de me baptiser dans la foi
catholique. Malgré mes incertitudes, je choisis de vivre cette foi.
J'ai conscience de ma faible condition humaine, et donc de mon incapacité à saisir
l'insaisissable. Alors, lorsque mes questions ne trouvent pas tout de suite de réponse, je me
rappelle de l'enseignement du Petit Prince aux grandes personnes, et je prends mon mal en
patience en me disant qu' "on ne voit bien qu'avec le cœur et que l'essentiel est invisible
pour les yeux".
Charlotte B.
J’ai demandé ce matin mon baptême par immersion car j’ai foi en Dieu, un Dieu d’amour,
confident généreux et près de chacun. Mes parents et mes grands-parents m’ont mise
depuis toute petite sur le chemin du Seigneur.
Par la suite, ce fut mon propre choix et aujourd’hui je peux dire que ma foi occupe une place
importante dans ma vie. Dieu est pour moi une présence à mes côtés qui me guide dans ma
vie, qui m’aide à faire les bons choix, qui ne me juge pas et Il est toujours là pour m’écouter.
Ma grand-mère m’a, depuis toute petite, raconté des histoires de la Bible et c’était d’ailleurs
ma catéchète à l’éveil à la foi. Cela fait maintenant 13 ans que je fais du caté ! Ces deux
dernières années de caté m’ont énormément apporté et m’ont permis de réfléchir sur mon
existence. J’ai vécu des moments magnifiques pendant ces voyages et toutes ces
rencontres du mercredi soir. L’œcuménisme dans notre groupe m’a permis d’ouvrir mon
esprit et j’ai ainsi découvert d’autres pensées et pratiques du christianisme.
Voici un verset de la Bible qui me parle particulièrement et que je souhaitais partager avec
vous en ce jour de mon baptême. Epître de Paul aux Hébreux, chapitre 11, verset 1. « Mettre
sa foi en Dieu, c’est être sûr de ce que l’on espère, c’est être convaincu de la réalité de ce
que l’on ne voit pas. »
Malika
A peu près à cette époque, il y a dix ans, je commençais le caté. Sans vraiment savoir
pourquoi si ce n’est parce qu’il y avait du pain et du chocolat ! Mais Jésus a dit « ce que je
fais tu ne peux le savoir à présent, mais par la suite tu comprendras ». Et maintenant je peux
dire que je comprends pourquoi, durant dix ans je suis allée au caté. D’abord j’y ai fait de
magnifiques rencontres. Et aujourd’hui en résultent de belles amitiés. Souvent j’ai pensé tout
arrêter, mais elles ont toujours été là pour me pousser à ne pas abandonner. Et je ne
regrette pas une seconde d’avoir continué. Merci. Ces dix ans m’ont aussi permis d’enrichir
ma pensée, de la confronter à d’autres, d’en discuter, de l’approfondir et surtout d’essayer de
comprendre à quoi, en qui et pourquoi je crois. Et au bout de ces dix ans, je pense pouvoir
dire que je crois en certaines valeurs telles que le partage, la confiance et surtout l’amour.
Ces deux dernières années furent remplies de merveilleux moments autant lors des voyages
à Taizé, Rome ou les Cévennes que chaque mercredi soir. Je garderai de très beaux
souvenirs de notre groupe. Alors si aujourd’hui j’ai décidé de demander le baptême c’est
parce que je crois en un Dieu d’amour, toujours là pour chacun de nous, à tout moment.
Peut-être aussi pour garder un lien avec une personne qui m’est chère, qui me manque
beaucoup et que je regrette de ne pas avoir mieux connue, pour qu’il soit fier de moi peu
importe où il se trouve.
- 37 -
Charlotte W.
Je souhaite demander le baptême aujourd'hui tout d'abord parce qu'après ces années de
catéchisme, j'ai pris conscience de ma foi en Dieu et j'ai décidé de l'exprimer.
Mes parents m'ont laissé le choix du baptême ce qui m'a encouragée à réfléchir sur moimême et la place que prend Dieu dans ma vie.
Pour moi, le baptême est un pas important dans ma vie spirituelle et ma relation avec Dieu
mais aussi un moyen d'affirmer cette décision devant ma famille, mes amis et tous les jeunes
de notre groupe avec qui je partage ce moment incroyable.
J'ai choisi de me faire baptiser par immersion dans le Lac, car tout d'abord, recevoir le
baptême en étant immergée par l'élément de l'eau, signe de vie m'enchantait. Toutefois, le
Lac était aussi un lieu rempli de tristesse et me rappelait la perte d'un être cher.
En prenant la décision de recevoir le baptême à cet endroit, je souhaite nouer l'alliance de la
Vie du Christ en moi tout en voyant ce Lac comme un lieu de vie. Je souhaite également par
l'acte du baptême et avec cette eau, ressentir le passage de la mort à la Vie éternelle de
cette personne et que ce lieu devienne pour moi maintenant, symbole de vie et d'espérance.
Grâce à ce baptême, je sais que le Dieu en qui j'ai confiance, m'accompagne dans ma vie
pendant les moments de tristesses ou de doutes mais aussi les moments de joie.
Laetitia
Aujourd’hui, je suis là pour confirmer mon baptême protestant. Mais aujourd’hui et comme
tous les jours, je me sens chrétienne. Pas protestante, juste chrétienne. Après tout que je
sois protestante ou catholique, je suis là pour confirmer que je crois en Dieu. En Dieu et en
tout ce qu’il représente. L’amour, la paix et tant d’autres choses.
Je crois que Dieu est présent dans chaque choix que je fais, dans chaque étape de ma vie.
Je crois que Dieu est là dans les moments de joie, mais aussi dans les moments difficiles
dans lesquels il est là pour nous épauler.
Dieu je le vois comme un ami. Un ami auprès duquel je peux me confier, auprès duquel je
peux me reposer. Je ne vois pas Dieu comme un super Héros, je le vois humain et proche
de nous.
Bien sûr à 18 ans il est dur d’affirmer être persuadé de l’existence de Dieu. Tout comme il est
dur au jour d’aujourd’hui de comprendre les vraies raisons de mon choix. Mais Jésus n’a-t-il
pas dit à Pierre qu’il nous faut du temps pour comprendre le vrai sens de nos actes de
chrétiens ?
Alors voilà, je suis là avec vous aujourd’hui, en espérant que dans le futur je comprendrai le
vrai sens de mon choix, et que, par la même occasion je réaliserai tout ce que m’ont apporté
toutes ces années de catéchisme, de réflexions, tous ces moments de joie et de partage.
Je confirme donc aujourd’hui mon baptême protestant, mais je confirme surtout ma foi. Ma
foi et ma volonté de croire en un Dieu d’amour. Je confirme ma foi en espérant que nos
descendants pourront tout simplement confirmer en tant que chrétien et non pas en tant que
protestant ou catholique.
- 38 -
Lucile
Ma confirmation est le début d’un nouveau long chemin.
Dieu est, et sera, toujours là pour moi quel que soit l’état dans lequel je me trouve.
La confiance en soi, pour moi, existe grâce à Dieu. Le fait de savoir qu’il est avec moi me
rassure.
Il est mon ami, mon confident, quelqu’un sur qui je peux compter, mais surtout, il ne
m’abandonnera jamais, peu importe mes choix ou mes idées.
On dit souvent que Dieu est amour, alors pour moi, il est important de pouvoir donner de
l’amour aux autres, ou simplement donner un sourire.
Estelle
Je dois avouer que j’ai beaucoup hésité avant de me décider à ne pas confirmer. D’abord
parce que je devrais le faire dans une église, mais aussi parce que j’ai intégré il y a quelques
semaines ce groupe de caté absolument génial, justement pour pouvoir faire ce culte de
confirmation.
Je n’ai pas changé d’avis sur la religion d’un coup ; cela s’est fait sur très longtemps, et j’y
réfléchis encore.
J’aime beaucoup ce que les églises font, ce pourquoi elles oeuvrent, en aidant les gens, tout
simplement ; en leur proposant de s’aimer et de s’entraider, ce que l’on ne voit nulle part
ailleurs, ou alors de manière très différente.
Malgré tout, je ne parviens plus à croire en Dieu, et je ne voudrais pas confirmer une foi
inexistante.
Pour moi, le plus important n’est pas la relation que l’on a avec Dieu mais celle qu’on a entre
nous. Je vous remercie pour ce mois de caté magnifique.
- 39 -
Sandra
L’apôtre Paul écrit :
« Maintenant, ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance et l’amour ; mais la plus
grande des trois c’est l’amour. » 1 Corinthiens 13, 13
Cette citation est très importante à mes yeux car elle représente ma vision des choses.
La religion est quelque chose de très beau pour moi car j’ai compris pendant ces deux
dernières années qu’elle permet de réunir les Hommes et de leur faire partager un amour
commun pour Dieu et entre eux.
Pour moi l’amour est la chose la plus importante qu’on rencontre dans la vie et si aujourd’hui
je décide de confirmer, c’est que j’ai pris conscience que j’ai envie de participer à cet amour
partagé entre nous tous et Dieu.
Anne-Laure
Voilà la fin de mon parcours de caté et je prends la décision de confirmer le baptême que j’ai
reçu au début de ma vie.
Ayant été élevée dans une famille croyante, je suis entrée naturellement dans la chrétienté.
Ce n’est qu’il y a quelques années que j’ai tout remis en question pour ensuite me créer mes
propres croyances, et cela grâce à différents groupes auxquels j’ai participé (le caté, Taizé, le
Rêve de Jade…).
Maintenant, j’ai encore beaucoup de doutes, mais il y a plusieurs choses dont je suis
convaincue. Je crois en Dieu parce que je ne crois pas au hasard. Je crois en les valeurs
chrétiennes comme l’amour qui unit les membres d’une famille, les amis et les couples. Je
crois également en la confiance qui ouvre nos cœurs et au partage qui nous rend tous
égaux.
- 40 -
LES PROFESSIONS DE FOI DU GROUPE DE PRÉPARATION AUX CONFIRMATIONS
DE VERSOIX 2009
a. Texte écrit par les trois jeunes se préparant à la confirmation catholique.
b. Texte écrit par les trois jeunes demandant le baptême.
Je crois en toi Dieu, le Père qui nous aime chacun d’un amour paternel et maternel, comme
tes enfants. Tu nous guides grâce à ton amour et nous donnes la main chaque jour.
Je crois en toi, Jésus-Christ, fils de Dieu Sauveur, envoyé par ton Père comme nous sur
Terre. (Toi qui) Tu marches auprès de nous et (qui) tu nous accompagnes chaque jour dans
nos vies.
Je crois en toi, Dieu Saint-Esprit, qui es souffle de vie.
Ta présence est là, qui nous habite et nous illumine de ta grâce.
- 41 -