Quel accueil pour les baptêmes

Transcription

Quel accueil pour les baptêmes
DOSSIER
Quel accueil pour les baptêmes ?
Enquête sur les pratiques diocésaines
Couple à la préparation du baptême à l’Étoile.
Vous en souvenez-vous peut-être ? L’affaire avait fait grand bruit, l’an passé.
Un prêtre de l’est de la France avait refusé le baptême à un enfant dont la
famille n’avait pas fait catéchiser son aîné. Dénonçant « ce scandale », les
médias n’avaient pas cherché à connaitre les raisons de l’attitude du prêtre.
Volonté d’attirer l’attention sur des engagements bafoués ? Lassitude d’être
pris pour un service public par des « consommateurs de sacrements » ?
Aujourd’hui, à peine un enfant baptisé sur dix va au « caté » dans notre diocèse. Alors que la pratique religieuse régulière a tendance à s’effondrer, la
demande sacramentelle - même si elle a sensiblement diminué - reste forte
(près de 40% des naissances en France).
Jean-Claude Escaffit
EAA n°63
Comment accueille-t-on toutes ces demandes de baptême dans les paroisses
de notre diocèse ? Quelle attitude adopter dans l’accompagnement ? Jusqu’où ?
C’est ce que nous avons voulu savoir avec Sophie Lecomte, Sarah Mathe et Geneviève Ratier du service communication. Et grâce à divers éclairages situés.
DOSSIER « Quel accueil pour les baptêmes ? »
Réconcilier l’offre et la demande
Sophie Lecomte, Jean-Claude Escaffit
avec le service communication
Baptême à la cathédrale.
Un enfant catéchisé sur dix
EAA n°63 -
L’évolution
dans le diocèse
1980
1990
2000
2011
Enfant - de 7 ans
6273
6330
5407
4100
8 à 17 ans
104
263
255
258
Adultes
24
40
52
50
Préparation au baptême avec les sœurs de la maternité de l’Étoile.
Dialoguer pour mieux connaitre
Le canon 868 prévoit d’abord l’accord des deux parents. Eu égard à la situation des couples en France
(50 % des Baptêmes d’enfants nés hors mariage,
sans compter les couples recomposés), on sera attentif à recevoir l’accord écrit des deux parents, à
défaut duquel le ministre du baptême pourrait être
poursuivi devant les tribunaux civils par le parent en
désaccord.
Le même canon prévoit « l’espoir fondé » de l’éducation chrétienne pour accueillir au Baptême. Cet
espoir fondé s’exprime, entre autres choses, par le
choix d’un parrain ou d’une marraine, dont les qualités sont détaillées au canon 874. Il s’agit d’une personne capable
de poser le choix d’un engagement (plus de 16
ans),
qui soit en mesure d’initier à la foi chrétienne en
ayant elle-même déjà fait ce parcours (BaptêmeConfirmation-Eucharistie),
et qui témoigne de la réalité de sa foi par une « vie
cohérente » selon l’Évangile.
Il est clair que ne pas tenir compte de ces qualités
peut conduire au baptême d’enfants dont on sait
qu’il n’y aura pas d’accompagnement chrétien et,
peut-être même, à l’âge adulte, une demande de «
débaptisation ».
Et avec les couples unisexe ?
La question du Baptême d’enfants vivants dans des
« couples unisexe » (deux hommes ou deux femmes)
commence à se poser. Deux principes fondamentaux demeurent : toute personne est appelée à devenir enfant de Dieu. Les enfants n’ont pas à assumer
les actes et les choix, même contraires à l’Évangile,
de leurs parents.
Pour le baptême, l’accord du père et de la mère reste
nécessaire (acte de naissance utile). L’accueil pastoral
doit se combiner avec une réelle lucidité ainsi que,
parfois, une certaine prudence. La question de la
perspective d’éducation chrétienne se pose avec davantage d’acuité et doit être soigneusement vérifiée.
P. Hervé Chiaverini,
Chancelier
EAA n°63
Ce que dit le droit de l’Église
DOSSIER « Quel accueil pour les baptêmes ? »
Messe d’enfants à Châteaurenard.
Témoignage : S’adapter à
la foi des Provençaux
Lorsque j’ai commencé mon ministère en paroisse,
venant de Normandie, j’ai connu quelques difficultés d’adaptation avec la foi des Provençaux. Ce qui
allait de soi pour moi, n’allait pas de soi chez eux. J’ai
découvert qu’en Provence le rapport à Dieu passe
par des moments privilégiés - Noël, Rameaux, pèlerinage, baptême, mariage, funérailles…-, des lieux
– Notre-Dame de la Garde, les chapelles dédiées à
la Vierge, Notre-Dame de Lourdes…-, des gestes –
allumer une bougie, mettre un rameau béni chez
soi…-, des personnes – La Vierge Marie, St Antoine
de Padoue, Ste Rita, Jean-Paul II, tel prêtre, telle religieuse…-. Par ces médiations, les gens se reconnaissent vraiment catholiques, croyants et c’est leur faire
injure que de ne pas le penser et le manifester.
EAA n°63 -
Dans ce contexte, l’engagement des parents au
catéchisme n’a guère de valeur et c’est une souffrance pour nous, célébrants, de savoir qu’il n’y aura
NEGREL
Peinture - Décoration
aucune suite visible, d’autant moins dans un monde
où le « choix » est laissé à l’enfant.
À mes débuts, il m’est arrivé de refuser un baptême,
car l’aîné de 15 ans, futur parrain de l’enfant, n’était
pas allé au catéchisme. Le lien a été cassé immédiatement, et cela m’a conduit à ne plus recommencer.
Aujourd’hui, je travaille plutôt à ce que dans la famille, un minimum de foi et de prière soit transmis.
La seule exigence que nous tenons est la participation des parents au cheminement vers le baptême
de leur enfant. C’est le lieu de l’accueil, du dialogue
amical, du témoignage, de l’écoute de la Parole de
Dieu, de l’annonce de l’Évangile, de l’enseignement, de la prière. C’est une semence jetée dans
le cœur des présents, qui peut porter du fruit plus
tard ; seule l’espérance nous tient. Et dans le cas où
l’enfant a plus de trois ans, quelques séances d’éveil
à la foi portent plus de fruits auprès de l’enfant et
par contrecoup des parents. C’est là un véritable
lieu d’avenir.
P. Benoît Delabre
Curé de Martigues, vicaire épiscopal
Zone Artisanale - 195, rue Jean de Guiramand - Pôle d’activité
13858 AIX-EN-PROVENCE Cedex 3
Tél. : 04 42 24 30 84 - Fax : 04 42 39 78 04
Courriel : [email protected]
REPENSER
nos rythmes et formes
Inviter au catéchisme des enfants dès la préparation relève d’une bonne intention mais nous
ne sommes pas entendus. Nous pouvons en déduire que le message « ne passe pas la rampe ».
Les familles ne voient pas de quoi nous parlons ou
imaginent le catéchisme comme quelque chose
de rébarbatif. Faire vivre aux parents une expérience de catéchèse peut être l’occasion d’aiguiser
les appétits. Une autre raison tient aux rythmes,
aux modalités qui ne leur « parlent » pas. Nous
sommes nombreux, par exemple, à avoir fait l’expérience d’un « dimanche en famille » autour de la
messe dominicale. Des jeunes couples, des jeunes
familles aiment répondre à ces propositions. Elles
correspondent à une attente. L’expérience nous
invite à soigner nos liturgies afin qu’elles soient
le lieu d’une véritable catéchèse. Plutôt que de se
lamenter devant nos pratiques catéchétiques qui
ne trouvent pas d’écho, il faudrait plutôt prendre
le temps de les renouveler. C’est le chantier ouvert
par le Texte National d’Orientation de la Catéchèse en France. Ce chantier se présente de manière urgente à l’équipe du service diocésain de la
catéchèse qui devrait trouver le jour l’an prochain.
P. Brice de Roux,
UP Aurélien -Ste Victoire,
délégué épiscopal à la pastorale catéchétique
Souplesse et pédagogie
Baptême à Venelles.

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