ROUMANIE 33.qxd - les nouvelles de roumanie
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Numéro 33 - janvier - février 2006 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Viking des temps modernes Claude Aubé, le Normand, a mené sa barque à bon port NOUVeLLes ROUMANIe Les L 52 a Roumanie est un pays dont j'ai rapidement senti qu'il allait me devenir incontournable... Pourquoi ? Je ne sais... ou je le sais trop, ses paysages, ses femmes, son authenticité, l'accueil de ses habitants, connus ou de rencontre.... Je ne vis qu'avec mes émotions et mes désirs profonds et je n'ai que des rêves raisonnables... et puisque j'avais l'ambition maintenant d'aller vivre les bonnes années de ce qui me reste à vivre dans un pays accueillant et ami... j'ai choisi celui-là "… Ainsi commence l'aventure de Claude Aubé (photo ci-dessous), marin par passion, et qui avait décidé qu'il partirait avec son "Bananec Blue" - son troisième bateau depuis 1981 - pour goûter une retraite heureuse sur la mer. La découverte de la Roumanie, en 1997, bouleversa ses projets. Mais, le Normand n'entendait pas pour autant cesser de naviguer. Heureusement, la Roumanie possède une façade maritime: Mare Neagra, la Mer Noire, le Pont-Euxin des Anciens (en grec Euxeinos Pontos, "mer hospitalière"). Alors, après avoir lu un article dans un magazine à propos des Vikings qui l'avaient rejointe depuis le nord du continent en utilisant le Danube sur l'ensemble de son cours, le projet a germé de mener son "Bananec Blues" jusque là, sans connaître exactement le nombre de kilomètres et d'écluses à franchir... la difficulté majeure étant le tirant d'eau de son bateau (1.80m), à la limite supérieure de celui permis sur les canaux. Claude Aubé aurait bien pu décider d'aller jusque là par la route naturelle, Atlantique, Méditerranée, Mer Noire... Mais, ayant vécu à Strasbourg, il avait envie de revoir cette ville merveilleuse... Et surtout, de fil en aiguille, il s'apercevait que ce voyage lui permettrait de traverser tant de belles capitales européennes, lui qui dans les années 1970-1980 a développé avec fougue un jumelage franco-allemand pour que l'Europe devienne enfin une réalité. Enfin, il était motivé par l'espoir que la Roumanie, parent pauvre de l'Europe d'après le "Mur", ne soit pas abandonnée à son sort mais rejoigne au plus tôt la communauté européenne. Un Danube initiatique pour mieux saisir les errements et les merveilles du Vieux Continent Ainsi ce périple de finalement 4000 kilomètres lui est apparu comme un symbole, avec la traversée de huit pays, autrefois et voici encore peu, théâtre de guerres et de déchirements, dans un continent devenu aujourd'hui porteur d'espoir. Avec en prime, la chance de visiter des villes et paysages merveilleux, chargé d'histoire souvent dramatique: Paris, Strasbourg et le pont de l'Europe, Mannheim, Mainz, Francfort, la magnifique cité historique de Würzburg, Nuremberg, Regensburg, Passau, Linz, Mauthausen, jolie bourgade au nom qui fait frémir et dont l'innocence d'aujourd'hui cache les pires crimes commis au siècle dernier, Vienne, Bratislava, Budapest, ville reine du fleuve qui en est le centre même, Novi Sad, Belgrade, la Bulgarie, la Roumanie et enfin le canal du Danube à la mer Noire, long de 63 km, inauguré en 1984 par Ceausescu, qui évite 300 km de méandres, creusé par des milliers de victimes de l'autre utopie meurtrière du XXème siècle qui les avait réduites à l'état d'esclave et ont trouvé là leur tombeau… Un véritable parcours initiatique de l'Europe empruntant successivement, la Seine, la Marne, le canal de la Marne au Rhin Ouest, la Moselle, le canal de la Marne au Rhin Est, le Rhin, troisième plus long fleuve d'Europe avec ses 1320 km, le Main, fleuve tranquille serpentant entre des pentes couvertes de vignes, des villages pittoresques et des collines boisées, le canal Main - Danube, dont le creusement, quatre cents mètres au-dessus du niveau de la mer, avait été décidé en 793 par Charlemagne… qui fut achevé sous le règne de Louis Ier de Bavière en 1846, pour être optimisé en 1992, reliant alors vraiment l'océan à la Mer Noire, et enfin le Danube, rencontré à Kelheim, devenant compagnon de route pour 2480 km. Dans la Roumanie de Trajan et Decebal, un “Havre” pour ses vieux jours Claude Aubé avait commencé son aventure fluviale dès 2001, acheminant par étapes son bateau jusqu'au canal Main-Danube. Après une pause de dix-huit mois, il reprenait son périple en avril 2004 et, après 46 jours de navigation, le 31 mai, il faisait son entrée dans l'antique port romain de Tomis, de nos jours Constanta, là où l'empereur Auguste avait banni l'auteur de L'art d'aimer, le poète Ovide, jugé trop licencieux mais surtout victime d'un ostracisme politique et religieux. "Dieu est né en exil" a écrit Vintila Horia dans le roman portant ce titre, qu'il lui a consacré… Claude Aubé, “le Normand”,établi aujourd'hui à Brasov, lui, a trouvé dans la Roumanie de Trajan et Decebal un “Havre” pour ses vieux jours. de SOMMAIRE Lettre d’information bimestrielle Actualité Vie internationale Politique Economie Social 2à6 7 à 11 12 à 15 16 à 17 Société Evénements Vie quotidienne Carnet Enseignement, Religion, Environnement, Santé Photo Sports Insolite 18 à 21 22 23 24 à 26 27 28 29 Connaissance et découverte Littérature Théâtre Cinéma, Peinture Musique Histoire Destin - Sciences Tourisme Echanges Traditions, Humour, Histoires vraies Abonnement, Change Coup de coeur 30 et 31 32 et 33 34 35 36 et 37 38 à 41 42 à 45 46 à 48 49 et 50 51 52 L L’Union Européenne invente les citoyens de seconde zone e 1er janvier 2002, les Roumains, après plus d'un demi-siècle d'isolement, recevaient le droit de voyager librement à travers leur continent et pouvaient visiter ces pays occidentaux qui les avaient toujours fait rêver. Les fameux visas Schengen venaient d'être supprimés. Cela en était terminé des voyages de plusieurs jours qu'il fallait entreprendre jusqu'aux ambassades de la capitale pour obtenir ce précieux Sésame, assortis de nuits passées à la belle étoile, des queues humiliantes, des passe-droits, des bakchichs à verser à des intermédiaires. "L'Europe des lumières" s'ouvrait à une Roumanie qui avait soif d'y reprendre sa place. La route de l'espoir et d'une vie meilleure était enfin dégagée, avec un horizon prometteur: l'adhésion à l'Union Européenne au 1er janvier 2007. Dans nos pays riches, les esprits chagrins ne manquaient pas alors de prédire un déferlement d'immigrés. Quatre ans après, force leur est de constater qu'il n'en a pratiquement rien été. Certes, il existe un flux migratoire, avec ses clandestins et quelques réseaux exploitant la misère des plus démunis. Mais, pour l'essentiel, les Roumains venant chercher du travail en Occident y séjournent légalement et repartent au bout des trois mois autorisés, quitte à revenir dans les mêmes conditions ultérieurement. Bien sûr, certains travaillent "au noir", mais le plus souvent il s'agit de secteurs où l'on manque de bras, comme l'agriculture et le bâtiment. "Visible - les médias ne se privant pas de mettre en avant les méfaits commis par quelques uns - mais peu nombreuse": telle est la conclusion d'une enquête récente menée en France au sujet de cette immigration. Pour autant, à moins d'un an de l'échéance de l'entrée dans l'Union Européenne, les autorités roumaines et des pays membres s'entêtent à multiplier les entraves à la libre circulation des Roumains, alourdissant les démarches à accomplir, le nombre de pièces à fournir, au point qu'il leur devient pratiquement aussi difficile de voyager qu'auparavant. Bucarest entend ainsi complaire aux exigences de Bruxelles et les hommes politiques occidentaux se faire un fond de commerce sécuritaire auprès des électeurs. Il s'en suit de nouvelles vexations, frustrations. "Suis-je un paria, ai-je la gale ?" demande un grand écrivain auquel répond en écho, un universitaire francophone invité à animer un colloque en France: "Je ne suis pas voulu dans le pays que j'aime". Pour accueillir en son sein Roumains et Bulgares, l'Union Européenne se prépare-t-elle à mettre en place une catégorie de citoyens de seconde zone ? Henri Gillet Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité La visite de Vie internationale z ORADEA z ARAD BAIA MARE z IASI z TARGU MURES CLUJ z z BACAU z VASLUI z z z TIMISOARA z SIBIU BRASOV GALATI z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z z SLOBOZIA TULCEA z CONSTANTA BUCAREST z Froid persistant entre Paris et Bucarest 2 La France a toujours du mal à avaler le tournant résolument atlantiste engagé par Traian Basescu. Ce dernier avait d'ailleurs marqué la fin des liens spéciaux entre les deux pays dès sa prise de fonction, ne réservant pas sa première visite à l'Elysée, comme c'était le cas auparavant, mais au 10 Downing street et à la Maison Blanche. Il aura fallu attendre plus de dix mois pour qu'il effectue le voyage sur les bords de la Seine. Depuis, la réaffirmation répétée de la prééminence d'un axe WashingtonLondres-Bucarest, de l'engagement en Irak, l'annonce de l'installation prochaine de bases américaines en Roumanie, ont été autant de sujets qui ont fâché à Paris, soutien pourtant inconditionnel à l'entrée de sa petite sœur dans l'OTAN et l'UE. Les autorités françaises se montrent d'autant plus ulcérées que les déclarations ou attitudes du président roumain heurtent souvent leur susceptibilité. Alors que Bucarest doit accueillir le sommet des soixante chefs d'Etat et de gouvernement des pays francophones, fin septembre prochain, et ce pour la première fois sur le continent européen en dehors de la France, Traian Basescu s'est singularisé en prononçant, en octobre dernier, le discours de l'ouverture de l'année de la Francophonie en Roumanie… en anglais ! Provocation ou faute de goût… on se le demande encore au Quai d'Orsay, où l'on commence à nourrir quelques inquiétudes au sujet de ce grand rendez-vous. L a visite officielle du Président roumain à Paris, les 21 et 22 novembre, n'a pas apporté les résultats escomptés en termes de réchauffement des relations entre les deux pays. Elle s'est achevée sans qu'il n'y ait de déclaration commune, contrairement à l'habitude, et sans que soit précisé le principe d'une visite officielle de Jacques Chirac en Roumanie à l'occasion du sommet de la Francophonie, prévu fin septembre prochain. De ce voyage présidentiel, deux journalistes roumains, Bogdan Chiriac et Tudor Tsepeneag, ont tiré dans leurs articles des conclusions pratiquement diamétralement opposées que vous pouvez découvrir ci-dessous et ci-contre. Bogdan Chiriac, éditorialiste au quotidien "Gândul", se montre chagriné par ce qu'il juge être l'échec de la rencontre ChiracBasescu, ce qui ne manque pas de l'inquiéter. "Chirac a toujours été à nos côtés" Le Président Basescu privilégie “l’axe Washington-LondresBucarest” qu’il a inventé. "Au cours de ces quinze dernières années, jamais un président roumain n'avait eu une rencontre aussi glaciale avec son homologue français que lors de l'entretien à l'Elysée entre le Président Basescu et le président Chirac. L'histoire post-décembriste (après la "Révolution" de décembre 1989) abonde en situations difficiles pour notre pays où la France a volé à notre secours, comme cela s'est passé en 1918 pour la naissance de la "Grande Roumanie". Immédiatement après la "Révolution", le Président Mitterrand, un des pères de l'Europe, a été le premier chef d'Etat à venir à Bucarest pour s'entretenir avec Ion Iliescu. Il a fait çà pour la Roumanie et non pas pour le dirigeant qu'elle avait alors, moyennant quoi il a dû affronter avec stoïcisme les critiques de la presse de chez nous et les lazzi des étudiants de Bucarest: "François Mitterrand est l'ami des assassins". On ne sait pas si son successeur, Jacques Chirac, figurera ou non en bonne place dans les livres d'histoire français… mais ce qui est sûr, c'est qu'il est déjà une grande figure dans ceux de Roumanie. C'est lui qui, en 1997 à Madrid, a soutenu jusqu'au dernier moment l'entrée de la Roumanie dans le club occidental et dans l'OTAN. C'est grâce à son obstination à nous sortir de cette zone grise où nous végétions qu'il a réussi, en l'espace d'une nuit, à coaliser tous les états occidentaux européens pour surmonter l'opposition américaine à notre adhésion, Washington ne nous considérant pas comme un potentiel allié. Cela n'a pas marché immédiatement mais, en fin de compte, notre pays est rentré dans l'OTAN lors de la réunion suivante à Prague. C'était la première fois qu'un pays important montrait au monde que la Roumanie avait sa place en Occident. C'est toujours Chirac, avec l'aide de Blair, qui a aidé au démarrage des négociations pour notre adhésion à l'Union Européenne, en décembre 1999 à Helsinki. Pas de conférence de presse commune Depuis quinze ans, quelque soit la couleur de notre gouvernement et quelque soit celle du gouvernement français, nous avons toujours trouvé la France à nos côtés. Le geste du Président Chirac de ne pas accompagner Traian Basescu lors de la traditionnelle conférence de presse commune suivant la réception d'un chef d'Etat étranger est révélateur de la détérioration de nos relations. En diplomatie, les gestes des Français ont une signification et une précision mathématique. Par exemple, au cours d'un repas, si un ambassadeur de France quitte la table avant le café, on peut en déduire tout de suite qu'il s'agit d'un incident diplomatique. L'attitude sans équivoque de Chirac représente sa grande réserve à l'égard de Basescu. Non seulement il l'a pratiquement mis à la porte, mais celui-ci est rentré Infos pratiques ABONNEMENT CHANGE* "Jamais une rencontre entre SUCEAVA z Les NOUVeLLes de ROUMANIe (en lei et nouveaux lei) Euro Franc suisse Dollar Forint hongrois *Au 36 468 = 3,64 NL (1 NL =0,36 €) 23 700 = 2,37 NL 30 386 = 3,03 NL 144 = 0,014 NL (1 € = 253 forints) 22 décembre 2005 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Numéro 33, janvier - février 2006 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 E-mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : Karin Humbert, Bernard Camboulives, Michel Roussseau, Martine et Jean Bovon-Dumoulin, Ovidiu Gorea, Alain Chotil-Fany, Marc Chesnel, Albert Echilley, Noël Tamini, Michel Dion, Lydia Bloch, Mihaela Ionitsa, Nicolae Dragulanescu. Autres sources : agences de presse et presse roumaines, françaises et francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de documentation ADICA. Impression : Helio Graphic 11, rue Louis Armand 44 980 Sainte-Luce Numéro de Commission paritaire: 1107 G 80172 ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro: mars 2006 Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Entreprises, administrations : 100 € TTC / an Associations et particuliers : 80 € TTC / an Multi-abonnement Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement. Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 € à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €). 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Pas de virements bancaires (commission de 20 euros). Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie, 44 300 NANTES - France. 51 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Bomba… bombin… Histoires vraies ORADEA z z TARGU MURES CLUJ z z z z TIMISOARA L SUCEAVA z VARSAND ARAD z BAIA MARE z z SIBIU z IASI z GALATI z BRASOV PITESTI CRAIOVA BACAU z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Madalina 50 De France en Roumanie, on ne va pas encore d'une seule traite: frontières obligent. Et alors il se passent parfois des choses étonnantes. Ainsi, Madalina, une jeune infirmière, fut un jour à Nîmes, avec la nécessité de retourner en Roumanie. "J'avais juste l'argent pour le bus", nous a-t-elle dit, "et l'hôpital exigeait que je rentre tout de suite. J'ai donc décidé d'aller tout d'abord à Paris en TGV. Je savais où retrouver là un gars de mon village qui m'avait proposé de rentrer avec lui en voiture. En fait, ils étaient deux. À la frontière autrichienne, contrôle. Dans mon dos, l'un des deux me tend une sacoche "trop sale", d'après lui. Les douaniers venaient de me dire: "Vous, pas de problème, vous pouvez aller si vous voulez..." Finalement, ça s'est arrangé. Dans un sac, les douaniers avaient trouvé plus de 300 téléphones portables. Contre 2000 marks, ils ont fait comme s'ils n'avaient rien vu. En Hongrie, de nouveau... Les deux ont encore payé ce qu'il fallait. Bon, j'ai voulu savoir ce qu'il y avait dans la sacoche soi-disant "trop sale". On l'a ouverte: elle était pleine d'argent: des francs français, des marks, des dollars... Arrivés à la frontière roumaine, mes compagnons ont téléphoné à quelqu'un. Puis ils m'ont dit: "Faut attendre cinq heures avant que notre copain prenne son service." On a attendu. Quand le gars est venu, il s'est mis à... crier, à les engueuler ! Je n'y comprenais plus rien, et ça se voyait. L'un des deux m'a fait un clin d'œil: "Cinéma..." qu'il a dit. Et nous avons passé sans problème..." es premières visites dans un pays que l'on ne connaît pas sont l'occasion de quiproquos et de situations cocasses qui alimentent plus tard les conversations entre étrangers devenus amis, sur fond, le plus souvent d'éclat de rires. Et cela dans les deux sens. Ainsi en est-il pour Robert, qui heureux de retrouver son ami Léonard, dans sa petite commune de Humor, et épaté par la conduite sportive de sa Dacia entre les innombrable trous parsemant le chemin menant à sa fermette, lui lance sous forme d'un compliment: "Alors toi, tu es le Prost du village!". Léonard ignorait l'existence même du champion automobile… et Robert que "prost" signifie idiot en roumain. Adelina, professeur de français en vacances chez des amis nantais, était flattée, à juste titre, des compliments que tout le monde lui faisait sur la maîtrise de la langue. Pourtant elle était chiffonnée de ne pas comprendre une expression qui revenait souvent, et lui paraissait donc importante: "Bon ben, à tout à l'heure", "Bon bah, c'est comme çà", "Bon bein, je repasserai plus tard". Ne voulant pas révéler son ignorance devant ce mot si usité de la langue française, elle se plongea quasi clandestinement dans tous les dictionnaires à portée de main, faisant chou-blanc. En désespoir de cause, elle se résolut à demander à ses hôtes la signification de ce "bomba" ou "bombin" qui ne figurait ni dans le Larousse, ni dans le Robert… P Une chambre à l'Hôtel de police our Marius et Roxana, la première découverte de la France, dans leur Dacia, releva de l'aventure. Demandant leur chemin, on leur expliqua qu'il fallait prendre le premier feu à droite, puis tourner au second feu à gauche. "Drôle de pays" se direntils, mais après tout, comme la télévision roumaine se faisait un plaisir de montrer chaque été les incendies de forêts qui ravageaient ce pays capitaliste… Une demi-heure plus tard, ils tournaient encore dans le quartier à la recherche des camions de pompiers qui devaient leur permettre d'arriver à bon M port. "Feux" se dit usuellement "sémaphore" en roumain, du grec "séma" (signe) et "phoros" (qui porte) et est le terme scientifique approprié, même en français. Les surprises du couple ne s'arrêtèrent pas là. A la recherche d'un hôtel coûtant le moins cher possible, il en repéra un dont l'état de vétusté avancée leur assurait d'être en phase avec leur maigre budget. C'est ainsi qu'à l'Hôtel de police de Nantes, on n'en revient pas encore de la visite de ces deux Roumains, venant, d'eux-mêmes, demander une chambre pour la nuit ! Ne pas confondre saucisse et chipolata aurice est un habitué de la Roumanie, mais, trop poli, il a mesuré le sens de l'hospitalité roumaine à ses dépens. Depuis son enfance, il avait appris à toujours terminer son assiette quand on était invité, la nettoyant consciencieusement avec un morceau de pain. Les Roumains ne font pas autant de manières et pour ses amis, cela voulait dire qu'il avait apprécié le plat servi et en redemandait, malgré ses "non, merci" que l'on prenait pour des coquetteries de Français. A la quatrième écuelle remplie de ciorba, les précédentes ayant été tout autant soigneusement léchées, il cala et bien qu'ayant le sentiment de commettre une impolitesse la laissa à moitié pleine… ce qui le sauva de l'indigestion. Invité quelques jours plus tard à un "gratar" (grillades), son hôte lui demanda ce qu'il voulait. Maurice désigna une côte de porc et, découvrant des longues saucisses minces qu'il affectionne, il ajouta "chipolata", espèce inconnue en ces lieux… provoquant le regard ahuri de son ami roumain qui comprit bien évidemment "si (chi) pula (poula) ta" ("Et ta pula", ce dernier terme étant un des mots les plus utilisés du vocabulaire roumain, notamment dans les jurons, désignant sous une forme vulgaire le pénis). Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Traian Basescu en France un président français et roumain n'avait été aussi glaciale" les mains vides à Bucarest. Le Président français a refusé de dire quand le Parlement de son pays va ratifier le traité d'adhésion de la Roumanie à l'UE. C'est un peu fort de voir la France refuser de prendre part à la fête du succès de sa petite sœur alors qu'elle y a contribué de façon majeure. dance de l'Europe face aux USA, cette déclaration était mortelle. C'est un peu comme si Chirac venant à Bucarest disait quelque chose du genre: "La Transylvanie est hongroise et elle a été occupée par les Roumains ". "Des provocations à l'égard de la France" "Malgré tout, les relations restent solides et saines" Ce n'est pas difficile d'imaginer ce qui a conduit Chirac à avoir ce comportement. Les positions et gestes du Président Basescu depuis son élection peuvent être considérés de bon droit comme des provocations à l'égard de la France. En dehors du fait que le président français n'a sans-doute pas oublié le commentaire de celui qui n'était encore que maire de Bucarest, l'an passé, lors de la visite en Roumanie de son Premier ministre Jean-Pierre Raffarin - "Il est venu chercher son pourboire" - les déclarations absurdes et répétées de Basescu sur l'axe Washington-Londres-Bucarest, l'Irak, l'Ukraine et la Mer Noire, sont autant d'arêtes qui ont dû rester dans la gorge de Chirac. Et même si celui-ci avait oublié, le titre de l'interview de Basescu dans "Le Figaro", le matin même de son entrevue à l'Elysée - "L'Europe ne peut assurer seule sa sécurité" - lui aura remis en mémoire. Pour la France, dont toute la politique, intérieure et extérieure, depuis 50 ans et sa bombe nucléaire de l'atoll de Mururoa, est centrée sur la défense, la sécurité et l'indépen- Face à ce camouflet, il n'est pas étonnant que Chirac ne se soit pas empressé de communiquer la date de ratification du traité. On peut espérer que, comme tout grand homme politique, il n'oubliera pas sa contribution personnelle au processus d'adhésion de la Roumanie et se souviendra de l'attitude de Mitterrand. L'échec de la visite du président Basescu à Paris a toutefois un aspect positif: elle a permis de tester dans des conditions réelles la résistance à la rupture des relations privilégiées franco-roumaines alors qu'elles traversent une période de glaciation sans précédent. Et la bonne nouvelle, c'est qu'elles ont montré qu'elles étaient solides et saines. Les commentaires de la presse française ont été positifs à l'égard de la Roumanie et ceux des chefs d'entreprises français allaient dans le même sens. Les investissements massifs faits par la France dans notre pays, les relations commerciales, les excellents liens culturels permettent d'aller plus loin, indifféremment de la température des relations politiques au plus haut niveau". "Basescu a voulu aller plus loin que les déclarations d'amitié" J ournaliste à Paris au département roumain de Radio-France International, Tudor Tepeneag a jugé, lui, de manière plutôt positive la visite du Président Basescu en France dans les colonnes du quotidien "Cotidianul" dont il est le correspondant, titrant son article "Basescu, l'Atlantiste francophile". "A l'occasion de sa visite à Paris, le président roumain, qui avait fait preuve jusqu'ici de la fermeté de son caractère et de ses idées, a montré aussi qu'il pouvait être flexible et pragmatique. Pour obtenir un geste de bonne volonté du président Chirac, fâché de l'attitude pro-américaine de Bucarest, et s'assurer le vote de ratification de l'adhésion de la Roumanie à l'UE auprès du Parlement français, Traian Basescu ne s'est pas contenté de reprendre les termes traditionnels de l'amitié franco-roumaine. Il est allé plus loin, affirmant qu'il n'existait pas d'alternative pour la Roumanie à l'entrée dans l'UE dès 2007 et cherchant à accréditer l'idée selon laquelle la Roumanie peut apporter une plus grande puissance au moteur européen franco-allemand. Le chef de l'Etat s'est rallié ouvertement à la conception française, déclarant: "Nous voulons une Union Européenne forte qui ne soit pas un simple marché commun et qui dispose d'une politique extérieure et de défense commune". Traian Basescu a cité deux zones du continent où la Roumanie peut jouer un rôle stabilisateur: les Balkans et la Mer Noire, notant l'intérêt grandissant que la diplomatie européenne et Paris montraient dans ce dernier cas. Corruption: scepticisme Jacques Chirac a d'ailleurs abordé la question du Kosovo lors de l'entretien, engageant son interlocuteur à renforcer la position de la France dans le cadre de la politique suivie par l'UE. Le président roumain a été moins convainquant sur le chapitre portant sur les efforts que son pays doit faire pour satisfaire aux exigences de Bruxelles en vue de l'adhésion en 2007. Si la signature du contrat de 500 M€ conclu avec le groupe EADS pour la sécurisation des frontières roumaines avant l'adhésion, afin de lutter contre l'immigration clandestine et les réseaux de trafiquants, a pu rassurer, l'évocation, sur le ton de la plaisanterie, des dernières statistiques de la BERD (Banque Européenne Régionale de Développement), indiquant complaisamment que le niveau de corruption avait baissé, n'a guère fait illusion devant l'incapacité de Bucarest à combattre ce phénomène au plus haut niveau. Dans ce domaine, le principe adopté de facto par les autorités roumaines, mais non affirmé officiellement, paraît davantage être de laisser faire et laisser dire jusqu'à l'entrée dans l'UE et, dans l'attente, de s'en remettre au vieux dicton "les chiens aboient, la caravane passe". 3 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Vie internationale z z CLUJ ARAD DEVA z z BACAU z SIBIU TIMISOARA IASI TARGU MURES z z GALATI z BRASOV PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST Schengen: retour à la case départ 4 Connaissance et découverte Une bonne tsuica se reconnaît à son collier de perles fines Traditions La colère de Mircea Cartarescu z SUCEAVA z z TURDA z z BAIA MARE ORADEA "Pour quelle raison ne puis-je Les NOUVeLLes de ROUMANIe Si, désormais, les Roumains ne doivent plus présenter qu'une somme de 30 euros par jour de séjour pour pouvoir pénétrer dans l'espace Schengen, au lieu des 100 euros exigés précédemment, en contre-partie, ils sont contraints de posséder une invitation qu'ils doivent faire légaliser dans leur propre pays. La suppression des visas Schengen, entrée en vigueur en janvier 2002 et qui permettait aux Roumains de voyager librement à travers leur continent, n'était donc qu'un leurre. Plus même : ceux-ci doivent obtenir l'aval de leurs autorités pour quitter leur pays… tout comme il leur fallait se rendre à la police sous Ceausescu. Ainsi, trois ans après avoir caressé ce beau rêve de voir tomber les barrières, se retrouvent-ils aujourd'hui à la case départ. A quelques mois de leur entrée dans l'Union Européenne, les Roumains sont considérés comme des citoyens de seconde zone, ce qui provoque humiliation et amertume devant le double langage utilisé à leur encontre par les pays occidentaux. Ainsi, subissant d'un côté les tracasseries et vexations frontalières, Mircea Cartarescu, dont nous publions la tribune ci-contre, était-il, de l'autre, un des douze écrivains roumains invités et honorés par la France en novembre dans le cadre des "Belles Etrangères", manifestation destinée à faire connaître la richesse de la littérature roumaine au public francophone. R evoilà l'ancienne prison "… Sous le titre de cette tribune libre publiée dans "Jurnalul National" et reprise par notre ancien confrère "La Roumanie aujourd'hui", Mircea Cartarescu, un des plus grands écrivains contemporains roumains, laisse éclater sa colère contre les mesures de restriction à la libre circulation prises par son pays à l'encontre de ses ressortissants, à la demande de l'Union Européenne. "L'humiliation d'être suspecté" Je ne voudrais pas fatiguer le lecteur en énumérant les raisons de mon mécontentement personnel. Je tairai donc le récit des innombrables humiliations dont j'ai souffert en traversant les frontières vers l'Europe et en Europe, durant les quinze dernières années. Toutes les files d'attente dans lesquelles j'ai piétiné, le nombre de fois où j'ai du courir pour me procurer un extrait de casier judiciaire, les légalisations et supra légalisations des papiers nécessaires au visa, comment j'ai été arrêté et contrôlé comme un voleur lorsque je passais d'un pays à l'autre, uniquement parce que j'avais un passeport roumain… Il semblerait que selon un certain morceau de papier (dont le nom est: "Déclaration des Droits de l'Homme") n'importe quel être humain a le droit de voyager librement et de rester là où il en a envie. En réalité le chauvinisme est encore présent dans ce monde chargé d'histoire, et nous, une des nations les plus lourdement lestée de clichés négatifs, le ressentons très fortement en notre propre chair. Je sais que beaucoup de Roumains ont volé et ont mendié en Europe, qu'ils ont dormi sous les ponts et travaillé au noir. Mais le monde démocratique devrait apprendre au moins une chose, c'est qu'il n'existe pas de faute collective. Moi je ne voyage pas dans le monde ni pour voler, ni pour mendier. Pour quelle raison dois-je souffrir de manière permanente l'humiliation d'être suspecté ? "Comme si on nous demandait de nous mettre nus en passant la frontière" Pour quoi faut-il qu'au moment de sortir du pays, les roumains doivent "prouver" qu'ils ont de quoi vivre à l'étranger, même si les visas ont été supprimés et la libre circulation garantie ? Quel citoyen américain, belge ou autrichien se voit obligé d'apporter cette preuve ? Qui est-ce qui a le droit moral de regarder dans mon portefeuille pour voir si j'ai de quoi vivre ? Rien ne peut justifier ceci. C'est profondément humiliant, comme si on nous demandait de nous mettre nus en passant la frontière. Si nous connaissions nos droits, nous devrions protester en tant qu'individus, en tant que nation. Plus encore, pour quoi faut-il que nous prouvions avoir un billet de retour ? Quel peut bien être celui qui va imaginer que j'ai décidé de rester à l'étranger comme touriste ? Suis-je un paria ? Ais-je la gale ? Il semblerait que oui. Donc : je montre à la douane que j'ai de quoi vivre là où je vais. Je montre que je suis décidé à revenir. Si je n'ai pas d'argent il me faut une invitation de la part d'un citoyen étranger (c'est-à-dire un homme pour de vrai, et non pas un vaurien comme moi) disposé à m'héberger. Savez-vous ce que cela signifie ? La personne en question doit aller au commissariat ou chez un notaire et faire légaliser l'invitation. Ceci lui occasionne des frais. L'invitation est transmise par la poste rapide, ce qui occasionne encore des frais. E dures, ce qui donne une palinca plus claire. Celle-ci prend lément incontournable dans nos relations avec la alors son odeur spécifique. Si on secoue la bouteille, des perles Roumanie, la tsuica (alcool de prune) n'est pas seude petite taille apparaissent. Ce sont en fait des bulles qui perlement un espace de convivialité qui facilite la mettent de déterminer de façon empirique, sa teneur en alcool. communication lors des visites chez les amis roumains ou le Dans le Bihor, la palinca se doit de titrer plus de 50°. Si les cadeau que l'on ramène… c'est aussi une monnaie d'échange perles sont trop grosses, le produit est trop fort et ne sera pas qui passe de main en main sans jamais se dévaluer. bon. Une bonne palinca doit donc présenCette eau de vie, qui prend le nom de ter une enfilade de perles fines. rachiu ou de palinca, suivant les régions, La plus recherchée des palincas du nécessite un savoir- faire certain dans la Bihor est celle faite avec des cerises délicate étape de la transformation des noires amères. Cette année, il n'y en a pas fruits en eau de vie. Les maîtres bouilleurs eu. Une gelée de printemps a compromis du Bihor (Oradea) disent qu'une palinca de la récolte de cerises, d'abricots, de bonne qualité se reconnaît à l'odeur des pommes et de pêches. fruits dans la paume de la main. La palinca de pêches n'est pas la plus Ghise Florian de Tulca, maître appréciée des buveurs d'alcool. Elle n'est bouilleur qui a appris le métier avec son pas consommée ainsi. Elle se met sur la grand-père, préconise même de frotter ses table seulement pour des invités de mains après y en avoir versé une goutte et marque ou la gent féminine, au goût délide les humer profondément. Pour fabriquer “Tu dis que, vous les Hongrois, cat. Le litre de bonne palinca, qui forme sa palinca, il pratique une méthode de quand vous êtes arrivés en Transylvanie, moins en moins utilisée. Après avoir distilil n’y avait personne ? des petites perles et sent la prune saine, se Evidemment... on était tous partis faire vend 4 €. La palinca de pêche, plus forte, lé l'alcool deux fois dans l'alambic (la bouillir la Tsuica !” se négocie à 8 € 50. Un petit rappel: l'alseconde à feu doux), il le filtre une derniècoolémie au volant, en Roumanie, c'est 0,00 gr/litre de sang… re fois à travers du charbon de bois, choisi dans des essences Humour Exemple à suivre Traian Basescu, connu pour être un élève médiocre (le Président n'a jamais reçu de prix pendant sa scolarité), se fait remonter les bretelles devant la classe par son institutrice : - Ecoute Traian, tu es insupportable, toujours en train de parler, de faire des bêtises, du scandale; tu fumes dans les WC; tu parles mal, tu ne connais pas ta langue. Rien ne t'intéresse, ni les maths, ni l'histoire, ni la géographie, ni le roumain; tes parents sont catastrophés! J'aimerais bien savoir à qui tu ressembles… Tu penses à ton avenir ? Dismoi un peu… qu'est-ce que tu veux être quand tu seras grand ? - Nicolae Ceausescu, madame la maîtresse. Sexisme Ion et Cornel discutent dans un bistrot devant une bière. Ion dit à son ami : - Tu sais que j'ai lu dans une revue Blagues à la roumaine scientifique que la bière contenait des hormones féminines ? - Qu'est-ce que tu me chantes là ? - Ecoute, c'est vrai… j'en ai fait moimême le test, la semaine dernière. Je suis venu ici et j'ai commandé 30 demis et bien, tu peux me croire, le résultat était sidérant : J'avais le sentiment d'avoir pris du poids; je bavardais sans arrêt pour ne rien dire, sans pouvoir tenir un raisonnement qui tienne debout, et, en outre, je m'entêtais à ne pas reconnaître que j'avais tort quand c'était évident. Tous les cinq minutes il fallait que j'aille aux toilettes et, en plus, en me faisant accompagner ! Et quand je suis rentré chez moi, je roulais à trente à l'heure en rasant les bascôtés. Logique Ion et Maria divorcent et se disputent devant le juge pour obtenir la garde de leur fils. Maria : - Monsieur le Juge, c'est moi qui l'ai mis au monde; C'était très dur… Il me revient. Le juge se tourne vers Ion : - Qu'est-ce que vous en dites ? Ion réfléchit longuement et répond : - Monsieur le Juge, si vous mettez une pièce de monnaie dans un distributeur de boissons et qu'en sort une bouteille de Coca-Cola, à qui est-elle ? A la machine… ou à vous ? Terroristes malins Deux policiers oltènes regardent un énorme Boeing se poser sur l'aéroport de Craiova. L'un hoche la tête et dit : - Je ne comprends pas comment un terroriste peut arriver à détourner un avion si grand… Son collègue lui répond : - Ne t'en fais pas… ils sont malins. Ils ne le détournent pas quand il est au sol. Ils attendent qu'il soit dans le ciel, quand il est devenu tout petit. 49 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Echanges z z z ARAD z DEVA BACAU SIBIU TIMISOARA IASI z z z z SUCEAVA TARGU MURES CLUJ z z SATU MARE ORADEA z GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST MEDGIDIA z z CONSTANTA 48 Les Roumains francophones de Medgidia cherchent “chaussure à leur pied”. Cartes d'identité pour les Roumains Les autorités roumaines ont modifié les durées de validité des cartes d'identité (le fameux "buletin") de leurs ressortissants, afin de tenir compte des changements de physionomie de leurs titulaires. Désormais, le premier document sera délivré à l'âge de 14 ans et sera valable quatre ans, le suivant jusqu'à l'âge de 25 ans, ensuite les cartes dureront dix ans, jusqu'à 55 ans, âge à partir duquel elles seront définitives. Par ailleurs, ne pouvant s'empêcher décidément de revenir aux pratiques de l'époque de Ceausescu, ces mêmes autorités ont décidé que les familles hébergeant une ou plusieurs personnes au-delà de quinze jours doivent les déclarer à la police ou à la mairie de leur commune. Cette durée était de 45 jours auparavant. L'hébergement des touristes est exempté de cette obligation. Les Francophones de Medgidia cherchent désespérément un partenaire A ux portes de la Mer Noire - Constantsa n'est distante que d'une cinquantaine de kilomètres - Medgidia se trouve au cœur de la Dobroudja, de ses plaines agricoles fertiles, recouvertes de champs de blé, de maïs, de tournesol et de vignobles produisant un vin réputé. Située sur le canal Danube-Mer Noire, à mi-chemin entre le fleuve et la côte, la ville, dotée d'un port fluvial important, vivante, ensoleillée, est aussi porteuse de traditions. Medgidia se distingue également par la Francophonie de nombre de ses habitants. En 1996, "Amis sans Frontières", une association rennaise, aidait à la création de la bibliothèque francophone "André Gide". Trois ans plus tard, l'Alliance Française de Constantsa y ouvrait une antenne, devenue un véritable foyer de culture. Ces initiatives ont trouvé leur aboutissement avec la création en décembre 2004 de l'Association d'Amitié roumano-française FRAROM, présidée par Dumitru Tomescu. Fondée sur l'exemple de ROMFRA d'Alexandria, qui a développé l'enseignement de l'informatique parmi ses membres et avec laquelle elle entretient des liens étroits, FRAROM a également une vocation socio-culturelle, ayant engagé notamment une action en faveur des Tsiganes. La Francophonie reste cependant au cœur de son activité, ses adhérents se montrant impatients de nouer une relation avec une commune française, belge ou suisse. Aimer une langue, une culture ne peut pas rester éternellement du domaine de la théorie. Medgidia cherche donc un partenaire francophone pour pouvoir échanger, partager, lui faire découvrir la Roumanie de la Dobroudja et apprendre de lui. Jusqu'ici elle n'a pas trouvé chaussure à son pied, le grand élan de fraternisation franco-roumaine s'étant estompé. Mais elle ne se décourage pas. Dumitru Tomescu a fait le voyage depuis la Mer Noire pour assister au dernier congrès d'OVR-France qui s'est tenu début novembre près de Bourg en Bresse et faire passer son message. Avec cette inquiétude: la flamme francophone de ses adhérents pourrait bien s'éteindre s'ils se retrouvaient désespérément seuls à l'entretenir. Alors, si une commune ou une association cherche un partenaire roumain… qu'elle n'hésite pas à s'adresser à Dumitru Tomescu, FRAROM Medgidia, strada Republicii n° 5, 905600 Medgidia, Judet Constantsa, Roumanie. Tel: (00 40) 241 814 580, fax: (00 40) 241 814 580, e-mail: [email protected] . Opération Villages Roumains 01 - Inondations réussie:"Un poêle pour une maison détruite " T out au long de l'automne, à l'appel de OVR- Roumanie, une collecte de fonds a été réalisée afin d'acheter des poêles en céramique pour les sinistrés des inondations qui, de mars à l'automne, ont provoqué des dégâts considérables en Roumanie. De retour d'un séjour sur place, un petit groupe de copains du département de l'Ain avait décidé d'essayer de répondre à cette situation urgente.Ainsi fut lancée l'idée d'organiser un concert de solidarité, sous l'égide de OVR 01… La concrétisation de ce projet a nécessité le soutien et la motivation d'un certain nombre de personnes et institutions dont cinq groupes de musiciens qui ont accepté de se produire gratuitement à Buellas le vendredi 21 octobre 2005. La municipalité et la SACEM ont accordé une gratuite totale pour la location de la salle et les droits d'auteurs, la sonorisation étant également prise en charge. La conjonction de toutes ces bonnes volontés, la présence d'un public nombreux et le geste de généreux donateurs ont permis le succès de la soirée qui a dégagé un bénéfice de 3000 €, versé totalement à OVR Roumanie, comme, s'y étaient engagés ses organisateurs. Les fonds collectés ont été distribués directement aux familles roumaines sinistrées sous forme de matériaux ou de main d'œuvre. Un pari réussi pour une aide humanitaire urgente ! Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité circuler librement en Europe ? Suis-je un paria ? Ai-je la gale ?" face aux restrictions imposées aux Roumains pour voyager "Que suis-je… un enfant, une personne entretenue, sous tutelle?" ser civilisée, européenne. Je suis moi-même un pro occidentaliste convaincu. Arrivée en Roumanie, l'invitation est à nouveau légalisée, ce qui signifie perte de temps, énervement et encore de l'argent. A la douane, l'invitation représente une humiliation de plus, encore plus blessante que celle de montrer son argent: que suis-je, un enfant, une personne entretenue, une personne sous tutelle ? Pourquoi diable, dois-je passer par tout cela ? Je suis un homme libre et digne. Les visas ont été supprimés. La prison communiste a disparu. Pour quelle raison ne puis-je circuler librement, en tant que touriste ou autre chose ? Sommesnous tous devenus fous ? Je qualifie de fascistes, discriminatoires, humiliants pour le peuple roumain et pour chaque citoyen les nouveaux règlements concernant la sortie du pays. Aucune considération pratique ne peut justifier ces excès et restrictions dignes d'un régime totalitaire. Le fait qu'ils aient été imposés, demandés ou même suggérés par les autorités européennes ne les rendent pas moins odieux. Personnellement je ne pense pas que l'Europe a besoin d'un état accepté par pitié, habité par des citoyens de deuxième catégorie, comme partenaire qu'elle pourra respecter en toute circonstance. Quant aux autorités roumaines, responsables de cette loi, je ne peux malheureusement que constater leur obéissance, leur "absence de colonne vertébrale" devant leurs partenaires occidentaux. L'adoption des standards européens et la synchronisation des lois sont une chose, et elle est louable. Nous devons avoir des institutions européennes et une façon de pen- "Un retour à l'ancienne prison où nous avons vécu la moitié de nos vies" Mais je ne crois pas qu'il s'agisse d'adopter sans discuter (et même en y rajoutant encore, par excès de zèle, comme c’est le cas actuellement) des mesures qui affectent de façon directe l'honneur de nos citoyens. Nous ne serons pas acceptés plus facilement par l'Europe en tant que personnes sous tutelle d'un Européen de l’Ouest nous prenant en pitié ou en montrant notre portefeuille à la frontière. Ou alors, si nous étions acceptés, nous resterons ainsi : humiliés, dans un coin, affichant un sourire servile sur notre visage …. J'attire l'attention de Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères (que je sais être un homme charmant et intelligent) sur la situation déplorable des frontières de la Roumanie, des milliers de citoyens refoulés, sur le non respect de la libre circulation des roumains dans le monde. Car le fait d'arrêter chacune de ces personnes ne se réduit pas à cet acte, mais entraîne comme conséquence l'empêchement de la libre circulation des marchandises, des idées, des technologies, des valeurs, de tout ce qui est roumain, et tout simplement humain. C'est un retour non mérité et tardif à l'ancienne prison dans laquelle nous avons vécu la moitié de nos vies. Mircea Cartarescu (Traduction de Karine Humbert) "Je ne suis pas voulu dans le pays que j'aime tant" R eliance", la revue d'OVR Belgique a publié dans son numéro d'octobre le témoignage suivant, cri désespéré d'un Roumain à ses amis français qui l'avaient invité à participer à une manifestation franco-roumaine importante où il devait intervenir en tant que conférencier : "…Chers amis , L'Europe est changeante et incorrecte vis a vis de notre pays. J'ai acheté déjà il y deux mois le billet d'avion allerretour (Paris), plus le billet de bus allerretour jusqu'a Budapest (argent mis à ma disposition par Mr. M.M., l'organisateur des Conviviales Bressuire-Hodac, où je devais conférencer sur l'intégration de notre pays en Europe, les minorités, la période Ceausescu, etc.). J'avais mis de côté les 1500 euros (100 euros/jour pour l'espace Schengen, c'était la règle), et voilà que depuis hier (1er octobre), l'Europe occidentale a changé les règles du jeu sans nous avertir!!! On n'a plus besoin d'argent (que 30 euros/jour), mais il faut montrer un "vaucher" (comme preuve que tu as payé l'hôtel et le resto en France) ou une invitation officielle, invitation visée par la mairie, en original, et qui doit ensuite être traduite en roumain et visée par un notaire roumain pour être présentée à la douane de cet espace Schengen!!! Depuis hier, beaucoup de Roumains sont retournés à la maison, de la douane. Même les vieux parents qui allaient visiter leurs enfants de l'Ouest. C'est affreux! C'est comme pendant Ceausescu. Je suis très, très malheureux en ce moment! Nous sommes damnés! Nous ne sommes pas voulus ni chez vous, ni ailleurs! Je ne suis pas voulu dans le pays que j'aime tant! Il est impossible de demander, recevoir, traduire et notifier une invitation officielle et originale de Bressuire dans les neuf jours qui restent jusqu'à mon départ le 12 octobre Je vais essayer quand même d'aller jusqu'a la frontière et expliquer mon cas. Mais j'ai une chance sur dix! Mon voyage est compromis et s'ils m' empêchent de passer, je n'irai plus jamais de ma vie vers en Occident. Je passerai tout le reste de mon temps libre là où je serais bien reçu ou en Roumanie. Je n'aime pas, en général, les gens qui changent d'avis tout d'un coup, mais je vois que même le plus civilisé et démocratique continent du monde peut le faire. Amère déception! Je m'en vais boire un café costaud pour refaire mon moral... A bientôt! " 5 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Les Américains disposeront de quatre bases militaires en Roumanie Vie internationale SUCEAVA z z ORADEA ARAD z z z z z SIBIU z BACAU BRASOV z BRAILA z z z CHISINAU z PIATRA NEAMT PLOIESTI CRAIOVA z IASI TARGU MURES CLUJ TIMISOARA z BAIA MARE z z z BUZAU BUCAREST CONSTANTA z Les cartons rouges et jaunes de Bruxelles 6 Le rapport de progrès dressé par Bruxelles, en octobre dernier, pour jalonner le processus d'adhésion de la Roumanie à l'UE a révélé les domaines où celle-ci compte ses plus gros retards, délivrant cartons rouges et jaunes pour les chapitres suivants: Libre circulation des marchandises, Droit des sociétés, Agriculture, Fiscalité, Politique régionale et instruments structurels, Environnement, Justice et affaires intérieures. Plusieurs autres secteurs ont reçu également un carton jaune, synonyme d'avertissement : Libre circulation des personnes, Libre prestation de services, Libre mouvement des capitaux, Concurrence, Pêche, Politique sociale et emploi, Politique industrielle, Culture et politique audio visuelle. Un représentant de l'UE à Chisinau L'UE à installé une délégation permanente en République de Moldavie, début octobre, son représentant étant Cesare De Montis. Jusqu'ici elle était représentée sur place par les ambassades de ses pays membres et Chisinau dépendait de la délégation européenne installée à Kiev. Le président moldave, Vladimir Voronine, a déclaré à cette occasion que l'engagement de son pays en direction de l'UE était stratégique et irréversible. Dès le 1er décembre, un contingent de 65 spécialistes de l'UE s’est installé en République moldave et en Ukraine dans le cadre d'une mission à ses frontières. Il s'agit de former douaniers et garde-frontières à mieux lutter contre les trafics d'êtres humains, d'armes, contre la contrebande et de surveiller la Transnistrie. D e passage à Bucarest le 6 décembre, pour une courte étape de trois heures, la Secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a signé un accord avec son homologue roumain, Mihai Razvan Ungureanu, accordant aux USA l'usage de quatre bases militaires en Roumanie, moins de deux ans après son entrée dans l'OTAN. Après tout juste dix mois de négociations, Bucarest a ainsi devancé Sofia dans ce qui est une première entre Washington et un ex-pays de l'Est. Les Américains pourront utiliser la base aérienne de Kogalniceanu, la base d'entraînement de Babadag, toutes deux situées dans le secteur de Constantsa, les zones d'entraînement de Cincu (près de Fagaras, dans le judet de Brasov) et Smârdan (Galati), mis à disposition aussi bien des armées de terre, de l'air, ou des forces navales. Ces bases, qui seront considérées comme territoire américain pendant leur occupation, seront gérées conjointement par les Américains qui assureront le commandement des troupes, et les Roumains, celui des lieux. Elles serviront à l'entraînement, au stockage d'équipements et au stationnement de troupes en cas de besoin et sont considérées La visite de Condoleezza Rice au Président Basescu:” Oui, Monsieur Bush, tout est OK. Il y a une seule chose que je n’ai pas comprise: comme des avantqu’est-ce que c’est bien que cet “axe Washington-Londres-Bucarest ?” postes pour le Caricature de Vali déploiement de forces rapides et flexibles. Différentes de celles existant en Allemagne, ces bases ne disposeront pas de commodités propres, comme des maisons, des écoles, des magasins spéciaux pour les familles des soldats, qui y viendront seuls, pour une durée maximum d'un an. Elle devraient être opérationnelles à l'été 2007. Les observateurs estiment que, de fait, la Roumanie devient une rampe de lancement pour les futures opérations des USA au Moyen-Orient. L'accord prévoit que les militaires américains basés dans le pays ne seront justiciables que devant une cour américaine et ne pourront pas être traduits devant la Cour Pénale Internationale. Flou autour des prisons de la CIA La visite de Condoleezza Rice s'est effectuée en plein scandale des prisons clandestines de la CIA en Europe où des détenus suspectés d'actes de terrorisme auraient pu être enfermés et torturés. Malgré les dénégations formelles de leurs dirigeants, la Roumanie et la Pologne sont les deux pays les plus suspectés d'avoir abrité ces centres de détention, en violation totale avec les principes et le droit européens. Si elles s'avéraient exactes, ces révélations dont le journal Washington Post est à l'origine, pourraient s'avérer très graves pour l'avenir de la candidature de Bucarest à l'UE, la Pologne étant épargnée dans la mesure où elle en est déjà membre. La Roumanie pourrait cependant bénéficier de l'implication de nombreux autres pays du continent, par lesquels des centaines d'avions de la CIA ont transité… leurs gouvernants s'efforçant de circonscrire la tempête à un verre d'eau pour échapper au scandale qui les menace. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte les familles roumaines dans la détresse à garder leurs enfants ont pratiquement cessé des centaines d'abandons, taries, s'acharne à redonner l'espoir Précisons que nous avons réussi à 100 % notre action de prévention de l'abandon. Mais rester en famille ne suffit pas, même si c'est essentiel: l'enfant à besoin de nourriture correcte, de jeux (rien à la maison dans ces familles pauvres), d'éducation: il faut voir la joie et la passion des enfants - juste gardés jusque là - quand on introduit des activités adaptées à leur âge, qui les font mieux grandir, évoluer. Nous voudrions continuer. Encore récemment, une directrice de maternelle partenaire, de Baia Mare, nous a demandé si elle peut toujours inscrire des enfants qui ne peuvent pas payer le repas (ou seulement 50% au maximum). Nous n'avons pas pu dire non, c'est trop terrible de renoncer. La plupart des maternelles dont nous nous occupons sont "à programme prolongé", incluant repas, sieste et goûter, et c'est bien. Interventions réduites de 200 à 100 enfants, si les dons ne reprennent pas Tous nos partenaires, motivés et sérieux, sont inquiets: l'euro a baissé en Roumanie depuis le début 2005, ils savent que cela nous fait un "trou" important dans le budget. Et nous leur avons parlé de l'arrêt des dons. Si nous renonçons, non seulement près de 200 enfants seraient très pénalisés mais de plus des écoles maternelles perdraient du personnel, les crèches où nous agissons fermeraient. Pour l'instant, nous envisageons de réduire notre intervention à une centaine d'enfants, si les dons ne recommencent pas ou si nous n'avons pas de sponsorisations. Et l'Etat roumain? Quand prendra-t-il la relève? Evidemment nous attendons avec espoir le moment où le gouvernement augmentera les allocations familiales, où l'inflation cessera, où le chômage baissera. Bref où la part de population vivant sous le seuil de pauvreté diminuera sensiblement. Nous faisons partie du Comité PECO qui regroupe des associations agissant en Roumanie ou dans d'autres pays d'Europe continentale, pour ne pas rester isolés. Nous avons déjà pu discuter avec des responsables nationaux roumains et comptons encore faire entendre notre attente, notre espoir. Les collectivités locales nous soutiennent moralement, parfois un peu matériellement, mais leur budget actuel ne permet pas des aides familiales compensatoires comme en France (prix de cantine selon ressources, par exemple). Parfois le service social de Sighet, à court de solutions pour un enfant, nous demande de prendre le cas en charge ! Il y a des aides de l'Union européenne, elles sont le plus souvent utilisées pour compléter les dispositifs de sortie d'institution, ce qui est aussi très utile. Psychologie de l'enfant, pédagogie, formation citoyenne, environnement, francophonie Que faisons-nous d'autre ? Quelques actions dites de "développement", dans le domaine de l'éducation : psychologie de l'enfant pour de futurs formateurs à Baia Mare et Sighet, pédagogie avec lecture et CDI en maternelle, expression et francophonie en secondaire, éducation citoyenne des jeunes et écotourisme, éducation à l'environnement.Dans ces cas nous réussissons, à force de dossiers et de démarches, à obtenir quelques subventions . Et nos partenaires du Maramures s'impliquent de plus en plus pour préparer des réalisations les moins coûteuses possibles. Sans oublier la réciprocité culturelle, pour mieux respecter nos partenaires et les remercier de leur confiance. Suite à un article plus ancien, paru dans "Les Nouvelles de Roumanie" des associations, des organismes ont invité notre amie de Bucarest, une grande comédienne reconnue, qui vient en France annuellement nous faire bénéficier bénévolement de son talent: Genoveva Preda. Les associations, comités de jumelages, communes, de France, Belgique et Suisse, peuvent l'inviter à leur tour fin 2006, toujours accompagnée par un musicien de Lorraine également bénévole… Elles ne le regretteront pas et, quand la tournée est conséquente, nous pouvons auto-financer un projet avec l'excédent des recettes. Alors, si vous voulez en savoir plus, participer, contribuer, écrivez-nous, soit par lettre à Gradinitsa-RLM 11, rue des Ducs, 55000 Bar-le-Duc, soit à [email protected] par courriel. Vous pouvez aussi nous signaler une autre association qui voudrait coopérer, et comme "l'Union fait la Force" cela aiderait les deux. Ou une ville qui voudrait mieux connaître l'expérience pour en réaliser une semblable ". Lydia Bloch (présidente de Gradinitsa ) * En Roumanie, on ne disait pas "orphelinat", mais "maison d'enfants" ou "pouponnière" suivant l'âge. Et de fait, il y avait très peu de vrais orphelins. C'était la solution proposée par Ceaucescu pour "aider" les familles pauvres et leurs enfants. Avec des arrière-pensées, mais pas par humanité. Avec les dégats que cela a causé à jamais du fait de l'abandon, de l'absence d'identité. 47 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Echanges z z ORADEA z ARAD z SIGHET BAIA MARE CLUJ TURDA z z SAVARSIN z BRASOV z PITESTI CRAIOVA z z z BACAU z SIBIU TIMISOARA IASI z z Après avoir prévenu Gradinitsa, aux sources de financement z SUCEAVA TARGU MURES BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Des moments heureux pour les enfants 46 Depuis le Tsunami, les dons pour aider En attendant que la situation se rétablisse, Gradinitsa a décidé que son action de solidarité devait continuer et évoluer. Lydia Bloch la précise: "Une nouvelle action socio-éducative très appréciée a vu le jour cet été : un (petit) Centre de Loisirs pour trente enfants de 7 à 14 ans, à SighetuMarmatiei, afin de diversifier notre soutien aux enfants, et en même temps encourager des jeunes à s'y impliquer, car leur éducation citoyenne prépare l'avenir. Précédemment cinq jeunes, déjà connus pour leur participation à des actions de protection de la nature (avec nous et nos partenaires) avaient pris part à un stage francoroumain de formation d'animateurs de vacances à Hunedoara. Ils ont encadré le centre de loisirs, avec notre aide et celle d'un groupe de scouts d'Amiens, venu présenter des jeux traditionnels picards et un spectacle de marionnettes à la fête finale. Ce furent des moments heureux pour les enfants, certains venaient une heure avant… Le maire a trouvé l'idée excellente, a promis son aide. Finalement celle-ci a consisté en quelques rames de papier (très utiles). Il faut dire que la ville a participé à l'aide aux régions roumaines touchées par de terribles inondations, et de ce fait n'a pas pu nous offrir plus. Mais l'idée fait son chemin. Les responsables de l'association partenaire se sont impliqués aussi; en la découvrant, une amie a dit "c'est l'action la plus formidable, il faut continuer". Si nous y arrivons, nous voudrions que cela devienne, peu à peu, une action roumaine". G radinitsa mène des actions de solidarité en Roumanie depuis plus de dix ans, Plus particulièrement dans le Maramures, notamment pour prévenir l'abandon des enfants. Cette association du nord Est de la France, de taille modeste, a fait preuve d'une efficacité sur le terrain reconnue et saluée par l'ensemble des acteurs de l'aide à l'enfance. Elle a développé son action progressivement, en fonction des personnes qui la rejoignaient et devenaient "parrain ou marraine" d'un enfant ou du programme, ou qui envoyaient des dons. Ainsi, grâce à cette prévention soutenue par la générosité des donateurs, des centaines de familles roumaines, plongées dans une détresse inextricable, ont pu faire front, garder leurs enfants dans leur foyer et peuvent imaginer aujourd'hui un avenir plus souriant. Mais, depuis le tsunami de début 2005, comme la grande majorité des associations qui n'ont pas été directement concernées, Gradinitsa ne reçoit quasiment plus de dons et la situation est devenue catastrophique, comme en témoigne ci-dessous sa présidente, Lydia Bloch. Des médias assoiffés de spectaculaire "Pourquoi cette situation? Selon moi, et bien d'autres, l'appel à l'aide pour l'Asie a été surmédiatisé, car spectaculaire. La plupart des journalistes s'intéressent peu à la solidarité au quotidien, menée avec persévérance par des centaines d'associations agissant dans le monde, car cela n'émeut pas assez le lecteur. Pourtant, en Afrique, on a calculé qu'un enfant meurt de faim toutes les 3 secondes ! Pas d'émission ! "Pour la Roumanie, ah ! Parlez-nous des orphelinats, des mouroirs surtout "… Passer des photos d'enfants déformés par le manque de soins, ça oui ! C'est accrocheur, les lecteurs en redemandent, paraît-il. C'est au point que, même quand nous expliquons clairement aux journalistes comme aux personnes, que nous avons choisi de prévenir l'abandon plutôt que d'aider dans les orphelinats, beaucoup de gens, d'associations même, lisent "orphelins", dès lors qu'il s'agit d'enfants roumains. En Roumanie la situation évolue, l'abandon a reculé. La plupart des enfants reçus précédemment dans l'institution, ce qui est appelé en France "orphelinat"*, ont été replacés: parfois dans leur famille d'origine, le plus souvent en famille d'accueil ou en maison familiale, toutes solutions bénéfiques. Les nouveaux candidats sont presque toujours dirigés vers des "Centres de jour" où ils sont nourris et éduqués; ils reviennent en famille le soir. Une action de prévention réussie à 100 % Mais que la situation de ces enfants s'améliore peu à peu, que des mesures diverses interviennent positivement, il semble que cela ne soit plus intéressant pour les médias. Quant à ceux qui ne sont pas "orphelins", leur situation n'intéresse guère, et pourtant! Les NOUVeLLes de ROUMANIe Politique Actualité Douze kilomètres d'archives de l'ex Securitate concernant 1,5 millions de Roumains déclassifiées Le coup de bluff du SRI L es Roumains auront bientôt accès à l'essentiel des archives de la Securitate, après le transfert de douze kilomètres de dossiers à un organisme chargé d'étudier ces documents, le CNSAS, mais ce "cadeau" pourrait bien se révéler empoisonné. En signant le décret de la loi 187, en 1999, portant création du CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives de la Securitate), le président Emil Constantinescu apportait sa deuxième "révolution" à la Roumanie. Enfin, les Roumains, sans exclusive, allaient pouvoir prendre connaissance des dossiers que la police politique avaient constitué contre eux tout au long du régime communiste, pour les condamner, les manipuler, les faire taire et les encadrer, mais aussi découvrir les noms des délateurs et des enquêteurs. Il était temps. Le CNSAS n'a eu d'existence réelle que courant 2000, alors que le mandat d'Emil Constantinescu s'achevait et que les "post-communistes" de Ion Iliescu, qui avaient saboté jusque ici toute tentative de faire réellement la lumière sur ce sombre passé, revenaient quelques mois plus tard au pouvoir. L'application de la loi de 1999 a eu un effet parasitaire: pour pouvoir se présenter aux élections ou postuler à une fonction dans la haute administration, le candidat doit apporter la preuve qu'il n'a pas été un informateur de la Securitate, recevant un Andrei Plesu certificat du CNSAS, mais encombrant les services de celui-ci. Cette mesure n'a d'ailleurs produit aucun effet: pas une seule personnalité de premier plan ou dignitaire du régime ayant été démasquée… Tous étant innocents comme l'agneau qui vient de naître. Une obstruction encouragée par Ion Iliescu Les héritiers de l'ancien régime s'opposant à voir lever le voile sur cette période, le nouvel organisme a eu beaucoup de mal à fonctionner, d'autant plus qu'il était composé de représentants des partis démocratiques et de la société civile tout juste naissante qui ne leur inspiraient pas particulièrement confiance: l'écrivain dissident Mircea Dinescu, l'ancien ministre de la Culture et des Affaires étrangères, Andrei Plesu, où l'actuel et nouveau directeur de l'Institut Culturel Roumain, Horia Roman Patapievici… Le SRI (Service Roumain d'Information), qui a pris le relais de la Securitate, tout en en gardant un certain nombre d'habitudes et une grande partie du personnel, s'est alors employé à bloquer le processus, collaborant à reculons par sa mauvaise volonté, attitude encouragée de fait par le Président Iliescu afin de paralyser l'activité du CNSAS. Ainsi le SRI n'a délivré qu'au compte goutte une partie des 30 km de dossiers qu'elle conservait dans ses archives. Il a gardé la main haute sur son tri. Le demandeur doit, encore aujourd'hui, adresser la requête de consultation de son dossier auprès du CNSAS qui se retourne vers le SRI, lequel procède à une analyse et enquête… pour savoir "si la demande menace l'intérêt et la sécurité nationale". De cette façon, les Roumains doivent patienter des mois, voire un ou deux ans, avant d'avoir accès à leur dossier qui, de plus, leur est remis de façon incomplète. En raison de ces réticences, seulement 10 à 20 000 personnes ont pu jusqu'ici les consulter, alors qu'on estime à 1,5 millions les Roumains qui avaient été Radu Timofte surveillés par la Securitate. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin L'élection de Traian Basescu a toutefois amené le SRI et son inamovible chef, Radu Timofte, à se montrer plus coopératif. Au moins en théorie. Ainsi a-t-il été décidé, en janvier dernier, que 12 des 18 km d'archives secrètes encore conservées au sein de ses services, soit 60 millions de pages, seraient transférées au CNSAS, dans les entrepôts de ce dernier, qui se trouvent à Popesti-Leordeni, au sud-est de Bucarest. Les six kilomètres restant qui, selon le SRI, ont trait à la sécurité nationale, devraient être analysées, avant la fin de l'année, par une commission conjointe "afin qu'une décision soit prise quand à leur éventuelle classification". Il faut noter que les services secrets évitent soigneusement d'évoquer le nombre de dossiers, mais parlent en kilomètres. Selon la journaliste Mihaela Rodina, de "Regard francoroumain", "Nombre d'historiens et d'analystes voient dans la décision du SRI de rendre publics ces documents, après s'y être opposés pendant quinze ans, un piège tendu au CNSAS, d'autant plus qu'il veut maintenir son monopole sur ces archives en refusant de remettre les registres et les banques de données qui permettraient au Conseil de se retrouver plus facilement". "Retrouver le nom d'un agent de la Securitate reviendra à chercher une aiguille dans une botte de foin" constate l'ancien député Ticu Dumitrescu, initiateur de la loi de 1999 visant à démaquer les membres et collaborateurs de l'ancienne police politique. (Lire la suite page 8) 7 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique z z z z ORADEA ZALAU z z ARAD DEVA SUCEAVA z BISTRITA TARGU MURES IASI z z z z z SIBIU TIMISOARA z CRAIOVA z SF. GHEORGHE BRASOV PITESTI BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Conserver un pouvoir de chantage (Suite de la page 7) 8 Tourisme "Le véritable successeur de la Securitate z BAIA MARE SATU MARE Dinu Adam, rédacteur Les NOUVeLLes de ROUMANIe Pour l'écrivain Patapievici (notre photo) "Le SRI s'est livré à un énorme bluff, imposant une nouvelle fois son point de vue, en remettant les dossiers sans les instruments indispensables pour pouvoir les utiliser. Pour expliquer les retards pris par l'ouverture des archives, il a mis une nouvelle fois en avant la nécessité de défendre la sûreté nationale, alors qu'il s'agit plutôt du souhait de préserver le pouvoir émanant de la détention de dossiers compromettants pour divers acteurs politiques". En effet, depuis 1990, des documents révélant les liens entre responsables politiques, membres du clergé ou intellectuels de marque et la Securitate ont été utilisés comme un instrument de chantage. "Enfin", souligne Horia Roman Patapievici, "Les Roumains attendent toujours de connaître les noms des agents de la police politique qui les ont surveillés, mais le SRI s'attache à révéler les noms des informateurs, tandis qu'il protège ceux des officiers". "Un choix qui n'est pas surprenant, les services secrets roumains continuant à utiliser environ un tiers des officiers de la Securitate", selon l'historien Marius Oprea, "tout en assurant avoir purgé massivement ses effectifs, après 1990". P roche de l'écrivain-dissident Mircea Dinescu, membre du CNSAS (Conseil National d'Etude des Archives de la Securitate), Dinu Adam, rédacteur en chef de la revue satirique "Plai cu Boi", est un des observateurs les plus au fait des blocages que cet organisme rencontre et de la mauvaise volonté manifestée par l'actuelle nomenklatura à vouloir faire la lumière sur cette époque. Il répond aux questions des "Nouvelles de Roumanie". Les N de R: Pourquoi a-t-il fallu tant de temps pour mettre en place le CNSAS? Dinu Adam: Après la "Révolution" de 1989, le député Ticu Dumitrescu a essayé de faire passer la loi créant le CNSAS, mais il s'est heurté à de nombreuses résistances, même à l’époque de l'ancien président Constantinescu, et il a fallu attendre 2000 Le Président Basescu a “inauguré” la pour la voir entrer en vigueur. Cela a été plus réception des 12 km d’archives de difficile en Roumanie que dans les autres l’ancienne Securitate, remises au CNSAS. pays de l'Est, car ceux-ci ont connu des transitions douces, alors que nous, nous avons eu une révolution qui a fait 1200 morts. Quant à l'ex-RDA, ce sont les services de l'Allemagne de l'Ouest qui se sont chargés de faire le ménage. "Que sont devenus les comptes à l'étranger de Ceausescu ?” N.R. : Quels ont été les principaux obstacles dressés contre la "déconspiration" de la Securitate? D.A. : Pendant les dix ans qui ont précédé la naissance du CNSAS, beaucoup de dossiers ont disparu, se sont volatilisés, d'autres ont été manipulés par ceux qui les administrent. En outre, on réduit les archives au seul SRI (Service Roumain d'Information, successeur de la Securitate), mais il en existe beaucoup d'autres aux ministères de l'Intérieur, de la Défense, de la Justice, au SIE (Service d'Information Extérieure, contre-espionnage), et ceux-ci n'ont jamais été transmis au CNSAS. Il ne faut pas non plus oublier qu'en 1990, la Securitate a été, en quelque sorte, absorbée par le ministère de la Défense qui a recruté ses meilleurs cadres, laissant les autres au SRI. Depuis, le SRI fonctionne comme un paravent et un paratonnerre : tous les regards, toutes les mises en cause convergent vers lui mais, en fait, il s'agit d'une diversion… C'est le ministère de la Défense qui possède les vraies archives, qui garde les secrets, continue à écouter, à surveiller. N.R. : Qui a intérêt à ce que les secrets de l'ex-Securitate restent bien gardés ? D.A. : Beaucoup de monde. Il s'agit de convergences d'intérêts pour ne pas être découverts. Ainsi que sont devenus les comptes de Ceausescu à l'étranger ? Plusieurs fonctionnaires de la Securitate en avaient les clés… On ne les a pas trouvées, mais en 1990-1991, des fortunes subites sont apparues"… On n'a pas le droit de consulter le dossier du Patriarche Teoctist ou des prêtres qui ont pourtant été souvent d'éminents collaborateurs de la Securitate dans les vingt dernières années du régime. Il ne faut donc pas pousser trop loin les investigations. "Les membres du Parti communiste n'étaient pas fichés" N.R : Beaucoup de Roumains étaient-ils fichés ? D.A. : Nombre d'entre nous pensent qu'ils étaient fichés, mais ce n'était pas le cas. On évoque le chiffre de 1 500 000 dossiers à la Securitate. Sous l'ancien régime, l'organisation de la société roumaine était spécifique. Ceausescu voulait fondre le parti communiste dans la population, que tous les deux ne fassent qu'un. Connaissance et découverte Entre Transylvanie et Maramures Gherla "l'Arménienne" vous attend S ituée dans le judet de Cluj, à 45 km de la capitale de la Transylvanie, sur la route Cluj-Baia Mare E556 (N1C), Gherla n'est pas un village mais une ville moyenne de 25 000 habitants. Cependant, sur la commune aux deux tiers encore agricole, on trouve des villages typiques dans les collines qui entourent la ville. Très active dans le mouvement OVR, en dehors des circuits touristiques traditionnels et citée dans aucun guide, à notre connaissance, les responsables de l'association, en 2001, ont demandé leur entrée dans le réseau pour dynamiser le tourisme. C'est une ville pleine de charme au passé riche à découvrir. L'art de tisser les tapis orientaux C'est à la fin du 17ème siècle qu'arrivent à Gherla plusieurs familles arméniennes très riches. Sous leur impulsion, la ville prospère, s'urbanise et c'est un architecte italien qui en trace les nouveaux plans. Il en reste au centre des rues bien droites bordées de petites maisons, de fleurs et d'arbres, ou encore de quelques belles demeures, au style particulier, appelé "baroque transylvanien". Les Arméniens amenèrent aussi à Gherla l'art de tisser les tapis orientaux qui rendit la ville célèbre. Dans cette ville aux origines cosmopolites, vous pouvez visiter beaucoup d'églises, dont 2 églises baroques arméniennes. A la grande cathédrale blanche au centre de la ville, dans une chapelle à gauche du chœur, on peut admirer une immense "descente de croix" attribuée à Rubens! Demandez au responsable de vous raconter l'incroyable histoire de ce tableau. Le musée d'histoire qui se trouve dans une demeure datant de 1720, de style baroque transylvanien, est remarquable par le portail et le fronton soutenu par 2 cariatides, malheureusement très usées par les ans. C'est dans la maison de la culture accolée au musée que se trouve le bureau d'information d'OVR. A l'entrée de la ville, une petite station thermale "la Baïtsa", connue depuis l'antiquité pour ses eaux sulfureuses est fermée pour l'instant, les bâtiments attendant un coup de jeune. A côté, la piscine municipale, lieu de rencontre de toute la jeunesse. Au bord de la rivière Somes, au milieu de la ville, un parc centenaire splendide. Ça et là, au détour des allées qui ont les noms des villes européennes qui parrainent Gherla, apparaissent des sculptures contemporaines, une gloriette, des bancs. En été, c'est là que se retrouvent à l'ombre des grands arbres, les amoureux. Une verrerie, des mines de sel et le pèlerinage de Nicula à ne pas manquer Il faut voir absolument, la verrerie. Travaillant encore de façon quasi artisanale, les souffleurs de verre, graveurs(euses) et décoratrices sont impressionnants par leur dextérité et leur talent. Se renseigner auprès d'Ovidiu Todea pour la visiter, seul c'est impossible. - A 10 minutes de voiture à l'extérieur de la ville sur une colline boisée, se trouve le monastère de Nicula. Centre très ancien de retraite pour les fidèles et les moines, ici existe depuis le 17ème siècle une école de peinture d'icônes sur verre. Le musée en contient une belle collection, mais la plus célèbre se trouve dans la grande église: l'icône de la Vierge Marie. En 1699, cette icône se mit à pleurer durant 26 jours annonçant des temps de malheur... Depuis, chaque année 250 000 pèlerins affluent au monastère, le 15 d'août. C'est à la suite de ce miracle que l'école d'icônes sur verre fut créée. - A 20 km au Nord, Ocna Dej, renferme les plus importantes mines de sel d'Europe, capables d'assurer l'approvisionnement de l'Europe, durant 2 siècles! Il faut parcourir en camion ou à pied, les kilomètres des galeries de la mine. Perdus dans ces cathédrales de sel, des sensation fortes, des images et des décors sublimes, dont la chapelle creusée dans le sel, vous submergent. Depuis Gherla, on organise les visites par groupes de 15 à 20 personnes. Si vous êtes moins, essayez quand même. - Ne pas oublier la ville de Cluj-Napoca, qui possède de nombreux monuments et lieux à découvrir. Ville de paradoxes et de contrastes Avec une équipe dynamique bien organisée, situé sur un grand axe proche de Cluj et trait d'union entre le Sud de la Transylvanie et le Maramures, Gherla est un atout pour le tourisme. Ville de paradoxes et contrastes, elle abrite aussi des banlieues aux stigmates communistes, une prison très dure, à la sinistre réputation, mais aussi un centre à l'architecture harmonieuse. Grisaille ou beauté… Son charme désuet n'empêche par ses habitants de se tourner résolument vers l'avenir qu'ils croient fermement européen. Martine et Jean Bovon-Dumoulin Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre un chèque de 20 € (port compris) à son ordre. 45 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Tourisme z ORADEA z GHERLA ARAD CLUJ z z z SUCEAVA z BISTRITA IASI z z z z SIBIU TIMISOARA z BAIA MARE TARGU MURES GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z CONSTANTA BUCAREST z Le "charme" des hôtels communistes… ou la fin d'un univers E n 1990, contraints car ils ne pouvaient faire autrement, les étrangers ont découvert le "charme" des hôtels communistes, dont le confort était inversement proportionnel aux prix. Mais les nostalgiques de l'ancien régime ou les curieux d'un univers qu'ils n'ont pas connu doivent se presser s'ils veulent en avoir un aperçu… dans trois à cinq ans, il est fort à parier que plus un seul n'existera. Certains, comme à Craiova sont en rénovation, d'autres, ne bénéficiant d'aucun investissement, méritent simplement d'être rasés. Pour vivre cette expérience, rien de mieux que de descendre au "Napoca" de Cluj (photo ci-contre), situé à proximité du centre-ville, avec l'avantage d'avoir un parking sûr. Edifice massif, sans âme, il présente déjà de l'extérieur toutes les caractéristiques de l'époque. On s'en fait une idée plus précise à l'intérieur. Dans les grandes et hautes salles d'où descendent de pesants lustres, on peut imaginer les réunions qu'y tenaient les cadres du Parti, les banquets de la nomenklatura. Au restaurant, la piste de danse est désespérément vide. Un personnel pléthorique, âgé, attend le rare client. Il se montre courtois et serviable, ce qui est déjà un progrès par rapport à 1990. A voir son désœuvrement, l'ennui qu'on lit sur les visages mais aussi l'inquiétude de l’avenir, on a le sentiment d'un monde qui disparaît. Ascenseur qui menace de s'arrêter, rideaux qui se déglinguent 44 Retrouver un univers en voie de disparition à l’Hôtel Napoca deCluj mérite bien de tenter une expérience L'envol des charters de vacances Les professionnels du tourisme ont noté que le nombre de passagers charters roumains a doublé en 2005 par rapport à l'année précédente, les principales destinations étant la Turquie, la Grèce et la Bulgarie. Le nombre de vols hebdomadaires est passé de 34 à 55, les avions étant en permanence pratiquement pleins, partant désormais également de Cluj et Timisoara. De nouvelles destinations sont aussi apparues. Ce mouvement très net accompagne la tendance des Roumains à partir de plus en plus souvent à l'étranger, la qualité des prestations et services touristiques dans leur pays les laissant sur leur faim, les prix leur paraissant par ailleurs trop élevés. Ainsi les vacances à l'étranger sont de moins en moins considérées comme un luxe alors que la fréquentation du littoral roumain de la Mer Noire a baissé de 10 % cet été. Dans l'immense hall, un personnage énorme, adipeux, s'épongeant le front, suit du regard les clients, enfoncé dans un fauteuil, ou faisant les cent pas. Difficile de ne pas penser qu'il avait à voir avec la Securitate. Mais ce ne doit pas être pas la seule corde à son arc… le soir, il propose de la "compagnie" aux célibataires. L'ascenseur est essoufflé. Quand, soudain, on se rend compte qu'il ne dispose pas d'une sonnette d'alarme, on prend peur de le voir rendre l'âme entre deux étages. Dans le long couloir menant à la chambre, c'est le noir absolu. Pas moyen de trouver l'interrupteur, qui d'ailleurs n'existe pas. Il faut se guider à la lueur des étoiles entrevues par une fenêtre. Trouver la serrure demande deux bonnes minutes, et ouvrir ou fermer la porte autant. D'ailleurs, à quoi bon ? Un simple coup d'épaule suffirait à faire sauter le verrou. Heureusement, la chambre est correctement éclairée. Ce n'est plus la peine, comme au temps de Ceausescu, de demander son ampoule à la réception, en n'omettant pas de la rendre avec la clé, le lendemain. Des tentures tiennent lieu de persiennes… mais dès qu'on les tire, elles se décrochent et il faut grimper sur le bureau pour les réinstaller. En hiver, le chauffage faiblit la nuit, il fait froid et la couverture de secours dans l'armoire ne suffit pas à se réchauffer. Votre manteau y supplée. Le ménage n'est fait qu'une fois sur deux, et en cinq jours, les draps ne sont pas changés. Deux chambres pour le prix d'une Pas de cabine à la douche, ni de rideau…mais l'espoir est permis : quatre trous ont été percés pour installer des tringles. Bien sûr, on prie pour que l'eau reste chaude jusqu'à la fin du rinçage ! La chasse d'eau, elle, est capricieuse, et se bloque régulièrement. Il faut prévenir la réception qui envoie un agent d'entretien dans la journée. Mais quand cela arrive un samedi… il est absent pour le week-end. Qu'à cela ne tienne: on vous donne une autre chambre, juste en face dans le couloir, où la salle de bain est un peu plus en état de marche. Alors, on se partage : dormir dans l'une, la toilette et le reste dans l'autre… en veillant à ne pas être surpris à traverser le couloir en petite tenue ! Pas de risques… Il n'y a personne d'autre à l'étage. Voilà comment on découvre les avantages de l'ère communiste et post-communiste : deux chambres pour le prix d'une. On n'y avait pas attendu Afflelou ! Mais ce n'est pas donné tout de même: 30 € la nuit pour une personne… Mais quelle expérience ! Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité en chef de "Plai cu boi" ce n'est pas le SRI, mais le ministère de la Défense" Ainsi, les Roumains étaient-ils encadrés tout au long de leur vie, ce qui ne nécessitait pas un fichage obligatoire: membres des "Aiglons de la Patrie", dès la maternelle, puis des "Pionniers", des "Jeunesses communistes", des organisations de femmes, des syndicats… même l'église n'échappait pas à ce contrôle. Enfin, tout Roumain se devait d'adhérer à des organisations mammouths qui regroupaient tout le monde pour donner ce sentiment d'unanimité, comme le Front de l'Unité Socialiste, devenu plus tard FDUC (Front de la Démocratie et de l'Unité Socialiste). Ce sont elles qui présentaient les candidats aux élections et non le Parti Communiste Roumain. Quant aux membres du PCR, ils avaient le privilège de ne pas paraître dans les dossiers de la securitate. Ils étaient censés collaborer avec elle, devenir informateurs "par acte de foi" ; ils ont été ainsi le plus souvent protégés, leurs noms apparaissant sous forme de code quand il est mentionné. Difficile dans ces conditions de les identifier. Beaucoup de gens qui ont collaboré ne sont pas fichés. "La déclassification: noyer le système pour gagner du temps" N.R.: Le CNSAS a-t-il les moyens de faire son travail ? D.A.: On ne lui a pas donné beaucoup d'argent, ce qui est une forme efficace d'entrave car il doit faire avec peu de moyens. Ainsi, la salle où on peut consulter son dossier ne comporte qu'une quinzaine de places, alors que des centaines de milliers de demandes ont été déposées. Jusqu'ici, environ 20 Mircea Dinescu 000 personnes y ont eu accès, soit 5 à 6000 par an… mais pour découvrir souvent que leurs dossiers sont étrangement bien vides. Les gens se découragent car il faut des mois, voire des années pour obtenir satisfaction. D'ailleurs, un signe ne trompe pas: le siège du CNSAS a été simplement loué. Mais celui-ci a aussi sa part de responsabilité, car il s'est concentré sur le côté formel de son fonctionnement et non sur le fond. Il manque de perspective : il ne s'agit pas de travailler uniquement pour l'Histoire, mais aussi I l manque 8000 cadres à la police roumaine qui, selon les instances de Bruxelles, devrait aussi recruter 7000 agents - notamment au niveau de la police routière où leur nombre est insuffisant pour contrôler les 5 300 000 de véhicules qui circulent à travers le d'apporter une dynamique, afin d'éviter le retour des faits que l'on a connus ou de nouveaux dérapages. Ceci dit, il n'est pas facile d'y voir clair entre informateurs, duplicité, responsabilité des enquêteurs, et de faire la part des choses, tout le monde étant impliqué. N.R.: Que penser de la décision du SRI de déclassifier douze nouveaux kilomètres de documents ? D.A.: Déjà le CNSAS est submergé, faute de moyens; il s'agit donc d'une manœuvre habile, visant à noyer le système, car, pour arriver au bout des archives précédentes, il faudrait déjà dix ans. C'est un moyen de gagner du temps et de tirer un trait sur ce passé. N.R.: Les pratiques de la Securitate existent-elles toujours? Ticu Dumitrescu D.A.: Il faudrait avoir une bonne dose de naïveté pour croire qu'elles ne continuent pas. Il y a toujours les mêmes intérêts et privilèges à défendre. Les méthodes se sont adaptées, modernisées, diversifiées, sont devenues plus professionnelles, plus cadrées. Le SRI et les autres doivent aussi compter avec la société civile et la presse. C'est cette dernière qui a découvert que le président de la commission parlementaire chargé de surveiller le CNSAS, sous Iliescu et Nastase, était un ancien agent de la Securitate de Brasov, où il s'était montré impitoyable. "L'Etat doit assurer réparation pour le préjudice qu'il a causé" N.R.: L'Etat a-t-il vraiment la volonté de faire en sorte que les Roumains connaissent un jour leur propre vérité ? D.A.: S'il le veut, il doit en donner les moyens pour faire marcher le système. Il faut aussi respecter les citoyens. Consulter son dossier au CNSAS n'est pas à la portée de tout le monde. Il faut venir à Bucarest, y séjourner au moins une semaine, payer les photocopies qui sont très chères… et parfois il faut en faire tirer plus d'une centaine. L'Etat devrait assurer gratuitement le voyage, l'hébergement, prendre en charge l'indisponibilité professionnelle, les frais. Après tout, c'est à lui d'assurer réparation pour le préjudice qu'il a causé. Effectif insuffisant dans la police pays - 4000 policiers des frontières et 18 000 gendarmes, d'ici l'adhésion à l'UE prévue au 1er janvier 2007. La pénurie se révèle particulièrement flagrante à Bucarest où on compte seulement un policier pour 700 habitants. Le gouvernement espérait pouvoir embaucher 3500 cadres avant la fin 2005, réduisant ainsi de 43 % le déficit des postes vacants. Un concours a été organisé par la police roumaine pour recruter des cadres, mais les questions posées ont été jugées inadéquates, mal formulées, ambiguës, voire erronées. 9 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique z BAIA MARE ORADEA z z TARGU MURES z ARAD BRASOV z z z IASI z DEVA z Un citoyen ordinaire z SUCEAVA CLUJ SIBIU TIMISOARA z PLOIESTI PITESTI CRAIOVA z GALATI z z BRAILA z z BUCAREST CONSTANTA z Surveillance serrée 10 En lisant son dossier, Cosmin a compris des livres à la Cosmin a trouvé dans son dossier, quatre pages de mesures ultra-confidentielles à prendre à son encontre, diligentées par un lieutenant-colonel : - ”Mise sous ITC (Interception des communications téléphoniques) pour,au préalable, définir le cercle des relations de "l'objectif" - Identifier et sélectionner parmi ses collègues de travail et son cercle de relations, en vue de le recruter, un informateur ayant la confiance de "l'objectif" - recruter une personne qui visite son domicile pour réaliser une étude complète de son logement - Installer des moyens techniques complexes à son domicile (micros dans les cloisons) - Prise en évidence (surveillance et recherche) des citoyens français nommés dans les écoutes pour savoir s'ils cherchent à venir en Roumanie ou s'ils y sont déjà venus et dans quel but… - Mesures à prendre à leur encontre: hébergement dans des chambres d'hôtels équipés de micros, filage individuel, interception des discussions dans les lieux publics - Puisque "l'objectif" est un visiteur habituel de la Bibliothèque française de Bucarest, par le biais des "sources" que nous y avons (quatre employées roumaines nommées avec des faux prénoms), dépendant du capitaine X (pas nommé) qui les surveillent, prendre des mesures pour savoir si "l'objectif" prend des contacts avec des diplomates français et si ceux-ci manifestent de l'intérêt à son égard, en apportant par exemple des consignes ou des informations par le biais de la valise diplomatique." C osmin a attendu dix huit mois avant de pouvoir consulter son dossier au CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives de la Securitate). Il en avait fait la demande par écrit au printemps 2002 et n'avait reçu une réponse qu'à l'automne 2003. Une convocation lui notifiait que son dossier faisait 480 pages, précisant qu'il pouvait venir le consulter autant de fois que cela lui convenait, à condition de prendre rendez-vous. Au jour dit, ce natif de Ploiesti, qui avait la chance de pouvoir être hébergé chez des amis à Bucarest, se rendit au 2 strada Dragoslaveli, tout près de la place Victoria et de l'immeuble du gouvernement pour découvrir un bloc moderne de 5-6 étages, peint à l'extérieur dans un brun foncé mettant déjà en condition, "tant" s'indigne-t-il "cela rappelle ce régime de m… qu'on a connu". Ce technicien supérieur de l'industrie pétrolière s'est assis dans la petite salle réservée à la consultation des archives, qui ne peut accueillir qu'une dizaine de personnes à la fois, chacune étant installée face à un surveillant chargé de veiller à ce qu'on ne dérobe pas de documents ou à ce qu'on ne les transforme pas. "Quoi, c'est mon ami qui m'a envoyé en prison !" Cosmin se plongea alors dans les quatre volumes (environ 500 pages) le concernant, qu'il devait laisser sur place mais pouvant en photocopier le contenu, en payant. Très vite, il s'est rendu compte qu'environ 350 pages comportaient uniquement le compte-rendu de conversations téléphoniques ou des extraits de courriers interceptés, tous écrits à la main. Seulement une cinquantaine se révélèrent vraiment intéressantes, celles des mesures, des rapports ou des témoignages portés sur son compte. Finalement, le technicien ne découvrit rien d'extraordinaire… pour la bonne raison qu'il n'y avait rien à découvrir, mais ce retour en arrière fut très éprouvant, tout en étant édifiant sur les méthodes de l'ancien régime. Bien sûr, y figuraient quelques contre-vérités et des informations totalement inventées, mais elles étaient largement équilibrées par les témoignages des amis, voisins, parents qui ne disaient rien de mal. Toutefois Cosmin ressentit un sentiment de malaise… Ces proches ne l'avaient pas averti qu'il était soumis à une enquête. Il comprit cependant leur attitude de prudence: tout le monde à l'époque avait peur et on ne s'ouvrait pas si facilement aux autres. Mais, malgré lui, la lecture de ces pages avait instillé un doute sur la force de leur amitié. Pourtant, le Ploiestean se consola en découvrant l'ampleur de la détresse de plusieurs de ses compagnons d'infortune qui compulsaient aussi leurs dossiers. Certains étaient en état de choc, avaient le visage ravagé, devenaient rouges de colère, se mettaient à trembler ou s'effondraient en pleurs en découvrant l'ampleur de trahisons qui les avaient conduits pour des années dans les geôles communistes et à la confiscation de leurs biens : "Quoi, c'est mon ami qui a dit çà ! C'est lui qui m'a envoyé en prison?". Quelques uns étaient définitivement abattus en voyant le nom de leur conjoint figurer parmi les informateurs de la Securitate. D'autres se révoltaient, criant : "ça ne va pas rester comme ça; je vais appeler mon avocat ". La part d'amateurisme de la Securitate Cosmin fut surtout surpris par la part d'amateurisme des enquêteurs chargés de le surveiller et de "l'a peu près" des rapports d'une institution terrifiante, crainte par ses moyens et méthodes, connue et reconnue pour être surinformée. Ainsi, le plan de son appartement se révèle faux; on le déclare "présumé membre du Parti Communiste"… sans aller vérifier, alors qu'on est sous Ceausescu. Un peu plus loin, il est noté "il paraît qu'il n'a pas d'enfants" ( !). On devine que les enquêteurs devaient faire du remplissage pour montrer qu'ils étaient actifs et justifier leurs salaires… ce qui laisse à Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte et Comarnic a débouché sur une initiative pleine de promesses d'edelweiss": l'invitation à randonner en Roumanie Les jeunes de Comarnic ont balisé d'autres sentiers, créant un itinéraire à la journée. Une dizaine d'hébergements chez l'habitant se sont mis en place. Tout à fait corrects, ils ont été testés et réservent un accueil incomparable, les hôtes ayant le sentiment de se trouver en famille. Un potentiel touristique local se fait ainsi jour, des jeunes ayant également vocation à devenir guides de randonnée et de courses en montagne. Comarnic, de par sa situation, présente un avantage considérable, à quelques kilomètres de Sinaia, Prédeal, Busteni, stations réputées dans une des vallées les plus appréciées du pays. D'autres associations de Savigny (cyclotouristes, randonneurs) ne s'y sont pas trompées, organisant des séjours en Roumanie, alternant promenades, visites, découverte de la population sous la conduite spontanée d'organisateurs locaux. "Pas à Pas" et "Mugur de Colt" ne manquent pas de projets : création de nouveaux itinéraires, maillages entre eux afin de démultiplier les possibilités de randonnées dans le secteur, édition d'un guide, formation. La Fédération Française de Randonnée prête à donner un coup de pouce Certains projets se situent à un échelon dépassant les deux communes. La Roumanie est, à l'évidence, un paradis pour les randonneurs. Encore faut-il le mettre en valeur. Des initiatives menées par d'autres associations existent qu'il faudrait fédérer, faire connaître. Il reste à sensibiliser les autorités roumaines à l'intérêt de cette démarche et du développement du tourisme vert, ce qui nécessite la création d'un ministère du tourisme roumain à part entière, la levée du secret militaire sur la cartographie au 1/25 000ème, l'étude d'un réseau national d'itinéraire équestre, cyclo et pédestre (commun ou séparé), accompagné d'un réseau d'hébergement approprié et financièrement accessible aux Roumains. La Fédération Française de Randonnée Pédestre se montre attentive aux perspectives qui existent dans ce pays et a chargé sa commission internationale de s'y pencher, se montrant prête à aider les initiatives qui seraient prises par et pour les Roumains, aussi bien au niveau de l'élaboration des circuits que sur le plan administratif, associatif et de la formation. Le suivi du dossier a été confié à une jeune Roumaine, étudiante en doctorat à Lille, Mariana Cristache. A Savigny le Temple, où les amis de la Roumanie sont nombreux, on se montre particulièrement heureux de promouvoir une image bien différente de ce pays, invitant à partir à sa découverte. Ovidiu Gheorghe, "patron" des vins roumains: "Nos restaurants donnent trop une mauvaise image du pays" D irecteur du patronat de l'industrie vinicole roumaine, Ovidiu Gheorghe n'est pas tendre pour la restauration de son pays, ainsi qu'il l'a confié dans une interview au supplément du quotidien "Ziua" ("Le Jour"), "Connaisseur", consacré à la table et aux vins. "Dans trop de restaurants de chez nous, le service et la présentation n'ont rien à voir avec les standards pratiqués ailleurs. Le client doit faire avec des nappes tâchées, des serveurs peu aimables et rancuniers si on ne leur donne pas de pourboire; les cuisiniers manquent d'inspiration, les plats de variété, nos vins sont trop souvent médiocres, voire pire, les conditions hygiéniques laissent beaucoup à désirer. Tout cela donne un aspect déplorable et une mauvaise image de la Roumanie aux étrangers qui y viennent car, le plus souvent, leur premier contact avec le pays c'est le restaurant. Que peuvent-ils penser quand ils se retrouvent confrontés à des garçons, en uniforme sale, à la mine renfrognée et qu'ils découvrent l'état repoussant des toilettes ? Malheureusement, si nos restaurants sont dans un état aussi pitoyable, c'est la conséquence de la dégradation du secteur. Les restaurateurs ne semblent pas ou ne veulent pas - être impliqués. Ils ont conservé leurs vieux concepts de chefs de cantine et ne sont intéressés qu'à compter leurs bakchichs le soir. Leur manque de formation, ainsi que celui de leur personnel, est flagrant dans tous les domaines : cuisine, présentation, marketing… On ne fait pas attention au client et les mots qualité et exigence n'existent pas. C'est le cas aussi pour nos vins. Les producteurs préfèrent privilégier la quantité à la qualité et, dans les restaurants, les serveurs n'y connaissent rien". Ovidiu Gheorghe rêve d'une gastronomie à caractère national, mettant en valeur l'image de la Roumanie et de ses traditions. Il note que des restaurants se sont déjà mis à la tâche, toutefois pas assez nombreux à son goût, et que le client peut désormais s'y rendre en toute confiance. Mais il y a encore énormément de chemin à faire. Voici deux ans, le président Iliescu était revenu ulcéré des toilettes d'un restaurant où il déjeunait, s'exclamant "Comment voulez-vous qu'on rentre dans l'Europe, quand on a des ch… aussi dég… !". 43 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Tourisme z z BAIA MARE ORADEA z z TARGU MURES DEVA z z GALATI z COMARNIC z BRAILA z PITESTI z VASLUI BRASOV z SIBIU CRAIOVA IASI z CLUJ TIMISOARA "Pas à Pas" et "Bouton z SUCEAVA z z ARAD z z TULCEA z BUCAREST Le jumelage entre Savigny le Temple CONSTANTA z Hôtels du littoral à vendre La société THR Marea Neagra qui détient 41 hôtels sur le littoral de la mer Noire a décidé d'en mettre en vente dix afin de pouvoir payer les frais de rénovation des autres. Par ailleurs, une quinzaine d'autres hôtels sont aussi proposés à la vente, leurs propriétaires n'ayant pas les ressources nécessaires pour assurer leur modernisation. 42 Complexe touristique de 100 M€ à Poiana Brasov Des investisseurs étrangers ont acquis un terrain de 25 hectares à Poiana Brasov pour y entreprendre, dès cette année et d'ici quatre à cinq ans, la construction en quatre tranches d'un immense complexe touristique de luxe, d'un coût de 100 M€. Celui-ci comprendra un hôtel cinq étoiles, quinze villas de 265 à 380 m2 sur des terrains de 1300 à 2900 m2, vendues entre 780 000 et 1 200 000 €, 600 appartements de 60 à 275 m2, mis en vente entre 120 000 et 620 000 €. C ommune de Seine et Marne, proche de Meulun, Savigny Le Temple a pour compagne de jumelage, depuis 1993, Comarnic, ville de 14 000 habitants, nichée entre 600 et 800 mètres, à l'entrée de la vallée de Prahova, à deux heures au nord de Bucarest, sur les premières pentes des Carpates. Tout naturellement, l'association de randonneurs de Savigny, "Pas à Pas", présidée par Albert Echilley, a favorisé l'éclosion d'un club de randonnée locale, poussé par un de ses membres, Jean-Luc Maréchal, amoureux de la Roumanie où il avait effectué une vingtaine de séjours. C'est au cours d'un de ses voyages que "Pas à Pas" apprenait que des jeunes de Comarnic voulait fonder un club de randonnée. "Mugur de Colt" ("Bouton d'edelweiss") est ainsi né en janvier 2003, regroupant rapidement 35 membres, la plupart âgés de 16 à 25 ans, lycéens ou étudiants. "C'est parti comme un défi" Les problème financiers apparaissaient dès la création, le coût des formalités s'élevant à 350 €, une somme conséquente dans un pays où le salaire moyen est de 140 €. "Une donation faite au comité de jumelage a été affectée pour aider le club" précise Albert Echilley qui souligne que "Mugur de Colt" est né de la volonté même des jeunes: "ils avaient peu de moyens mais un grand sens de la solidarité. On devait les aider et on a décidé de leur verser une subvention annuelle". En matière de randonnée, la Roumanie est une terre de pionniers. Tout est à faire ou presque. Mais comment est venue l'idée d'un club à Comarnic ? "Au lycée, on partait à plusieurs marcher dans la montagne, aux portes de la ville. On aimait çà" raconte Alina Gheuca, 24 ans, présidente de "Mugur de Colt". " Un jour, certains d'entre nous se désolaient : on ne pourra jamais avoir un club… Et pourquoi pas, ai-je répondu. C'est parti comme un défi ! " En août 2003, le bouton d'edelweiss à peine éclos, six randonneurs de "Pas à pas" séjournèrent à Comarnic pour renforcer les liens avec les jeunes Roumains. Un camp d'été était installé dans le village de Secaria, rassemblant 34 personnes, dont cinq jeunes en difficulté de Comarnic. "Ici, si tu veux passer par mon champ… pas de problème" Travaux des champs, randonnées et balisage étaient au menu. Les Français logèrent chez l'habitant. Dans la ferme de Tante Cornelia, ni eau, ni électricité, couchage dans le foin et les ours pour voisins. "On avait l'impression d'être retournés quarante ans en arrière" se souvient Albert Echilley "Ma femme a manié la faux, on a dressé des meules de foin". Deux baliseurs de "Pas à Pas" initièrent leurs amis roumains au balisage à la française, avec du matériel neuf financé par l'association et la ville de Savigny. Un sentier PR de 18 km était créé et cinq jeunes Roumains gagnèrent leurs galons de baliseurs. Désormais les randonnées font la joie de tous. "Chez nous, on peut facilement marcher dans la nature" explique Alina Gheuca, "l'instinct de propriété est moins poussé qu'en France. Ici, si tu veux passer par mon champ, pas de problème…". Deux autres voyages de randonneurs suivirent en août 2004 et 2005, attirant au total une trentaine de Français et aboutissant à la signature d'un protocole d'amitié entre les deux associations. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité qu'il était devenu suspect parce qu'il empruntait trop souvent bibliothèque française de Bucarest pris dans le délire de la Securitate penser que le caractère balkanique de la région et son laisseraller a, peut-être, par nonchalance et incompétence, rendue la Securitate moins impitoyable que la Guépéou ou le KGB. Le dossier remis à Cosmin, révèle qu'il a été enquêté ("mis sous surveillance informationnelle") à deux reprises, de 1970 à 1972, puis de 1984 à 1989. Rien, à priori, entre ces deux époques, pourtant plus intéressantes, selon ses dires, pour la police… ce qui lui laisse à penser qu'on ne lui a transmis que la partie "présentable" de son dossier. La première fois, de 1972 à 1974, lors de son stage dans une entreprise ayant un rapport avec sa profession, il fut mis sous surveillance parce qu'il parlait quatre langues et était chargé de faire les traductions quand venaient des étrangers. Selon la fameuse loi 23 de 1971, il était censé faire un rapport à ses supérieurs, dont certains travaillaient pour la Securitate, sur les conversations qu'il avait avec eux, ce qu'il omettait de faire. Mais le jeune homme eut l'imprudence de s'ouvrir dans un courrier à des camarades incorporés dans une caserne militaire de l'incompétence scientifique et gestionnaire de sa hiérarchie, leur demandant s'il en était de même pour eux… Un enquête fût déclenchée, mais elle mit six mois à être achevée ! Les jeunes appelés avaient déjà rejoint la vie civile et le rapport se borna à conclure: "cet individu est sans problème, on peut classer son dossier". l'Immigration and Naturalisation Service afin de déposer sa demande d'asile politique. Comin déclina l'offre… mais, presque vingt ans plus tard, il a découvert dans son dossier qu'il s'agissait d'un provocateur au service de la Securitate, lequel avait immédiatement téléphoné à ses employeurs pour leur indiquer qu'il s'apprêtait à "déserter", et qui agissait à l'insu de leur hôte. Un rapport indique: "Une source de nos organes aux USA, nous informe que…". Pourquoi ce mensonge gratuit ? Le Ploiestean pense que, tout simplement, cet informateur voulait faire du zèle pour se faire bien voir de ses supérieurs. Devenu "Objectif" des services secrets parce qu’amateur de Balzac et Maupassant Cet incident déclencha cependant une suspicion généralisée à l'égard de Cosmin, révélée dans la seconde partie du dossier auquel il a eu accès, portant sur la période entre 1984 et la "Révolution" de 1989. A la suite d'une accumulation de situations, basées sur des mensonges ou de fausses interprétations dues au délire du régime, il fut constamment suspecté de vouloir préparer son départ à l'Ouest. Ainsi, très curieux d'esprit et désireux de co,ntinuer à communiquer en français, le jeune technicien correspondait avec des universitaires et scientifiques étrangers, surtout français, dont il Tentative de piège Des dizaines de kilomètres de rapports, avait trouvé les adresses dans des revues par un provocateur aux USA d’écoutes téléphoniques, de dénonciations des voisins, collègues, amis, voire parents, sont spécialisées. dans ces rayons du CNSAS, à Bucarest... S'il se fie aux documents présentés rangésmais L'un de ses interlocuteurs, universiils ne sont pas facilement accessibles. par le CNSAS, Cosmin n'a été l'objet taire lyonnais, lui proposa de lui obtenir d'aucune attention particulière de la Securitate de 1972 à 1984, une bourse d'études en France. Le courrier fut intercepté et la proposition en resta là. Mais, par ses contacts suivis avec des ce dont il doute fortement car, pendant cette période, il fut Occidentaux, Cosmin devenait un individu susceptible, aux envoyé comme coopérant dans un pays africain francophone yeux de la Securitate, de transmettre des secrets ou informade 1978 à 1983… or les Roumains partis à l'étranger étaient tions à l'étranger. particulièrement surveillés tant on redoutait qu'ils passent à Le fait qu'il côtoie la Bibliothèque française, lors de ses l'Ouest, et soumis à un chantage à la séparation des familles, nombreux passages à Bucarest, ne fit qu'aggraver les divagas'ils en manifestaient la moindre intention. tions de la police politique qui décida de monter une opération A la fin de son contrat de travail en Afrique, Cosmin avait décidé de revenir au pays, ce qui ne fut le cas que de deux des contre lui. Un rapport indiquant qu'il fréquentait "une institudix coopérants techniques partis en mission en même temps tion de culture patronnée par l'ambassade de France" précoque lui. Il profita cependant de son séjour sur le sol africain nisa "un traitement informationnel de "l'objectif" afin de prépour se rendre en vacances pendant un mois aux USA et au venir la fuite de renseignements secrets vers l'étranger". Canada, sans en demander la permission aux autorités rouLes mesure prises alors à son encontre (lire par ailleurs) maines. l'avaient été seulement parce que "l'objectif" allait emprunter Là, à New York, chez un ami roumain de confiance, il renun roman de Balzac ou de Maupassant chaque deux ou trois contra un compatriote qui l'incita pendant tout une soirée à semaines… Elles ne furent d'ailleurs pas toutes appliquées et émigrer, vantant la vie en Amérique et dénigrant la Roumanie, évidemment ne donnèrent aucun résultat. Heureusement, la pour lui proposer de l'emmener le lendemain matin à "Révolution" a mis un terme à ce cauchemar. 11 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie BOTOSANI z z SUCEAVA BAIA MARE CLUJ ARAD z z z z z z SIBIU TIMISOARA z BACAU SIGHISOARA GALATI z z BRASOV BRAILA PITESTI CRAIOVA z IASI TARGU MURES z ALBA I. z z z ORADEA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Metro déménage 12 Le groupe allemand de distribution en gros Metro a fermé et mis en vente son magasin d'Otopeni, près de l'aéroport international, qui a été la première grande surface ouverte en Roumanie, en 1996, pour s'installer plus près du centre de Bucarest, à Baneasa, toujours dans la banlieue de la capitale. A cette occasion, Metro espère économiser 12 des 30 M que lui coûte ce déménagement. Le groupe possède le plus grand réseau de distribution de Roumanie, réalisant un chiffre d'affaires dépassant le milliard d'euros. 65 litres de bière par an et habitant Pour 22 millions d'habitants, la consommation de bière en Roumanie en 2004 a été de 65 litres/an et par habitant (en France, 35 litres). Ce marché de 14,6 millions d'hectolitres est en progression constante (+5%comparé à 2003). Les importations sont très faibles, de l'ordre de 60000 hl soit 0,5%de la production. Les droits d'importation sont encore très élevés à savoir 5 euros pour une caisse de 24 bouteilles. En outre, les frais de transport pour la bière sont importants. Les principaux fabricants locaux en terme de parts de marché sont Heineken (25%),SA BMiller (20%) et Interbrew (15%). Les principales marques sont Ursus (10%), Bergenbier (7%), Burger (6%), Tuborg (3%), Becks (2%), Stella Artois (1%). Le marché des "premiums " est de 1 million d'hl avec toutefois des standards de qualité inférieurs aux mêmes marques européennes. L'économie roumaine sous la menace de la surchauffe D ans sa lettre mensuelle, Philippe Boin, responsable de l'antenne économique française à Bucarest s'inquiète d'un dérapage de l'économie roumaine. Cette année 2005 aura été marquée au plan économique par deux caractéristiques majeures qui n'ont fait que s'amplifier au fil des mois et qui traduisent un décalage croissant entre la sphère privée et la sphère publique de l'économie, écritil. L'activité économique est de plus en plus en surchauffe dés lors que c'est la consommation (+11,7%), qui constitue le premier moteur de la croissance (mais pas le seul, l'investissement progressant de 7,5%), et dés lors que la détérioration des comptes extérieurs s'amplifie avec un déficit courant prévisible entre 8 et 9% du PIB (7,6% en 2004). Ce dynamisme est essentiellement le fait du secteur privé dans un pays marqué par une forte sous fiscalisation, une économie non enregistrée importante, un flux consistant de remises d'expatriés (3 milliards d'euros en 2005), une envolée du crédit et des pressions à la hausse des salaires… en clair, beaucoup plus d 'argent dans l 'économie que ne le disent les statistiques officielles d'un PIB de 75/78 milliards d'euros. Dans le même temps, la sphère publique traduit une divergence croissante par rapport aux exigences européennes, tant en ce qui concerne le montant des dépenses publiques (ramené aujourd'hui aux alentours de 28/29% du PIB contre30/31% en 2002 et contre 35% en Bulgarie),que leur structure, les dépenses d 'investissement étant sacrifiées au profit des dépenses courantes. L'extrême difficulté qu'ont les Autorités pour faire rentrer les impôts, les conduit à réduire la voilure des dépenses d'investissement, contrariant ainsi les efforts de préparation à l'adhésion. Comment expliquer autrement que le projet de budget pour l'éducation en 2006 ait été ramené à 3,8% du PIB (taux le plus bas depuis 1990). Ce n 'est en réalité que sous la pression de la rue (grèves) que le gouvernement a accepté de porter ce budget à 5% du PIB, en décidant de financer l'augmentation au moyen d'une partie des recettes de privatisation !" conclut l'économiste. Rupture avec le FMI L e Fonds Monétaire International a décidé de mettre un terme en juin 2006 à son accord avec la Roumanie, signé en septembre 2004, et qui permettait à celle-ci d'emprunter des fonds en cas de besoin. Le FMI désapprouve la politique économique de Bucarest qu'elle juge à court terme et menaçant les équilibres financiers du pays. Il estime que la Roumanie se trouve dans une période de surchauffe, la demande des biens et services dépassant de loin l'offre, ce qui conduit à avoir recours aux importations et à creuser le déficit commercial, entraînant une pres- sion inflationniste qui, avec la revalorisation du leu, lui fait perdre des parts de compétitivité. La croissance des salaires (à quatre reprises en 2005 pour une moyenne cumulée de 50 %) lui apparaît également démesurée. En outre, le FMI ne croit pas aux prévisions budgétaires du gouvernement qui table sur un déficit de seulement 0,5 % du PIB en 2006 et sur une baisse des dépenses du même niveau. Le gouvernement n'a pas pris au tragique cette rupture qui satisfait également syndicats et patronat, lesquels s'estiment débarrassés d'un carcan. Carrefour ouvre un quatrième magasin à Bucarest I nstallé dans la zone nord de la Capitale, le centre commercial Feeria, qui ouvrira au printemps, sera le plus grand d'Europe du Sud-Est avec une superficie de 36 000 m2. Carrefour y installe son 4ème magasin dans la capitale, sur un terrain de 15 000 m2 pour une surface de vente de 8400 m2, la galerie commerciale attenante occupant 17 300 m2. Feeria disposera de 1600 places de parking. Son coût est de 40 M€ et le centre commercial permettra la création de 1200 emplois. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Un "ennemi de classe" Je ne discutais toujours pas, ou très peu, politique avec Petre que je continuais de rencontrer régulièrement. D'une part, son souci scientifique d'éclairer sous tous les angles possibles le moindre fait historique afin de lui donner toute sa dimension et restituer l'esprit d'une époque était, pour moi, un modèle de recherche de l'exactitude et, à défaut de la vérité, d'une vérité possible. D'autre part, j'étais de plus en plus à l'écoute et intéressé par ce que Tamara, sa femme sculpteure, et lui me racontaient de leur vie en Roumanie avant que Petre ne décide, en 1970, de rester à Athènes où il avait enfin été autorisé à venir à un colloque. Leurs témoignages (cf mon livre, pp. 261-266) et d'autres m'aidaient, sans doute sans que j'en aie une claire conscience, à donner un visage humain à ce qui n'avait été, pour moi jusqu'alors, que des signes caractéristiques abstraits tels qu' "ennemi de classe", "anticommuniste", "bourgeois", etc. Je ne remettais certes pas ma foi communiste en cause mais je comprenais, et acceptais qu'étant donné ce qu'ils avaient vécu, ils pouvaient se dire anticommunistes. Du coup, cela m'obligeait à m'interroger sur mon comportement passé de communiste face a d'autres "ennemis de classe", "bourgeois", "anticommunistes"... A m'interroger, aussi, sur ce que j'aurais fait si je m'étais trouvé dans la Roumanie Sciences des années de la prise du pouvoir et après. J'étais loin, quand j'étais communiste, de partager certaines des valeurs et opinions de Petre Nasturel. Il en est toujours de même maintenant que je ne le suis plus, comme en témoigne le "Point de vue" sur mon travail qu'il a écrit pour mon livre cité. “Il est trop facile aujourd’hui de se raconter des histoires” Dans son témoignage sur sa vie en Roumanie, Petre, qui n'a jamais été communiste, raconte comment, un jour, il a faibli sous le harcèlement de la Securitate, qui voulait faire de lui un informateur, et son ressaisissement immédiat. Tous les anciens communistes, de conviction ou non, en Roumanie et ailleurs, devraient méditer cet exemple d'honnêteté foncière peu commune de nos jours. Il est (trop) facile, aujourd'hui que le cauchemar a pris fin, de (se) raconter des histoires, de se construire un passé de résistant de l'intérieur du parti et d'en faire un fonds de commerce pour célébrer sa propre gloire. J'ai le sentiment intense de vivre, avec Tamara et Petre Nasturel, quelque chose de très rare: nous respectons nos différences bien marquées et de cette tolérance réciproque, de ce respect, est née une amitié profonde et durable". Michel Dion Victor Babes (1854-1926), fondateur de la microbiologie moderne 41 et inventeur de “La Méthode roumaine de traitement antirabique” La Roumanie avait aussi son Joseph Pasteur U n des plus célèbres savants roumains est, sans aucun doute, le médecin Victor Babes, fondateur de la microbiologie moderne. Né le 28 juillet 1854 à Vienne, dans une famille originaire de l'ouest de la Roumanie, Victor Babes a étudié la médecine à Budapest et à Vienne. Après une période passée à Budapest comme assistant, puis professeur universitaire à la Faculté de Médecine, l'Université de Bucarest lui offre un poste équivalent et il arrive dans la capitale roumaine à une époque d'effervescence culturelle et scientifique, une période où on posait les bases des principales institutions médicales roumaines. Entre 1887 et 1926, le savant travaillera comme professeur d'anatomie pathologique et bactériologie, à la Faculté de Médecine de Bucarest. Dès 1887, il fonde l'Institut de Pathologie et Bactériologie de Bucarest qui porte aujourd'hui son nom et pose les bases des publications "Les annales de l'Institut de pathologie et bactériologie" (1889) et "La Roumanie médicale" (1893). Son principal domaine de recherche était la microbiologie. Ainsi, Victor Babes s'est révélé être l'auteur du premier traité de bactériologie au monde, "Les bactéries et leur rôle dans l'anatomie et l'histologie pathogène des maladies infectieuses", en 1885, en collaboration avec le savant français A. V. Cornil, traité récompensé par le prix Montyon. Vivant à une époque où l'humanité ne connaissait pas encore les antibiotiques, Victor Babes étudie les possibilités de guérison des principales maladies qui faisaient des ravages à l'époque: la rage, la lèpre, la diphtérie, la tuberculose. Il fonde ainsi, en 1888, à Bucarest, le deuxième Centre de vaccination antirabique au monde, après celui de Louis Pasteur (1822-1895) à Paris, et, la même année, invente une méthode originale d'immunisation antirabique, universellement connue comme "La Méthode roumaine de traitement antirabique". En reconnaissance de son apport au développement de la science médicale, Victor Babes a été élu membre de l'Académie Roumaine, de l'Académie de Médecine de Paris, du Comité International contre la lèpre et la France lui a conféré le titre de chevalier de la Légion d'Honneur. Mihaela Ionitsa Les NOUVeLLes de ROUMANIe z z BAIA MARE ORADEA z ARAD z CLUJ z SIBIU z z PITESTI z z z SINAIA CRAIOVA z IASI P. NEAMT z BACAU BRASOV TIMISOARA z z SUCEAVA TARGU MURES FOCSANI z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Notes 1 -Essai sur le fanatisme contemporain. Des Hommes nouveaux de Roumanie aux combattants d'Allah, Paris, L'Harmattan, 2002, 442 p., pp. 337-341. 2 - Membre du Comité politique exécutif du P. C. R. et recteur de l' Académie Stefan Gheorghiu, il sera limogé à la fin de l'année 1981, officiellement parce que ses enfants avaient demandé à émigrer en Israël ou aux Etats-Unis. 40 3 - Ces recensements ont eu lieu, par la suite, dans tous les départements. Les données recueillies, contrôlées et corrigées par Ies Eglises ont été utilisées, après la chute du régime, pour la réalisation d'un atlas des croyances religieuses (C. Cuciuc, Atlasul religiilor si al monumentelor istorice religioase din Romania, Bucuresti, Editura Gnosis, 1996). 4 - A chacune de mes missions je rencontrais ainsi Henri H. Stahl et plusieurs amis de Bucarest dont un avait été condamné à mort en 1956 pour sa lutte ouverte contre le régime, et libéré en 1964. J'appris, après décembre 1989, qu'il afficha les opinions politiques de sa jeunesse en faveur des Légionnaires. 5 - Le CNRS donna un avis favorable mais je ne reçus aucune réponse de Roumanie. Je revins en 1990 et, avec l'aide de mes ami(e)s, notamment la famille de Ligia Ghergut, sociologue a Bucarest et l'ethnologue Ion Cherchiu, à Focsani, je pus, enfin, faire la recherche que j'avais rêvée en 1981. Connaissance et découverte (Suite de la page 39). Mais c'est l'historien que je voulais rencontrer car j'avais besoin, pour remplir mes missions, de leur donner un certain sens scientifique que, compte-tenu du tour pris par mes "enquêtes" de terrain, je trouvais seulement dans l'histoire. De prime abord, nous ne parlâmes pas politique. J' exposai la nature de ma recherche et, sans doute, quelques-unes de mes difficultés. Son aide, immédiate et généreuse, fut incomparable. La sérénité de nos rapports m'incita bientôt à lui faire part de mes convictions politiques et cela n'altéra en rien le climat de confiance qui s'était installé entre nous. Peu de temps avant mon départ en mission, vers la mi-octobre 1987, il me demanda, en y mettant beaucoup de formes, si j'accepterais d'emporter quelques numéros de la revue Historia que l'un de ses amis historiens de Bucarest ne pouvait se procurer, la revue étant proscrite. Michel Dion a connu la Roumanie des congrès communistes et des élections arrangées. Ayant déjà servi de "passeur" de journaux ou de magazines interdits en Roumanie dans le passé, j'acceptai très volontiers. Petre me fit les recommandations d'usage pour prévenir son ami à mon arrivée à Bucarest. Depuis mon équipée philosophico-mystique, amoureuse et nocturne, de 1978, j'avais appris la leçon et savais prendre des précautions pour déjouer (ou du moins le tenter) la surveillance de la Securitate (4). Tout se passa bien. Mais je garde un souvenir très précis de cette remise de documents "clandestins", Historia en l'occurrence, revue subversive en Roumanie communiste ! Elle eut lieu subrepticement dans les vestiaires, en sous-sol alors, de la bibliothèque de l'Académie. Cet homme que je ne connaissais pas, plus âgé que moi, effacé mais d'allure respectable dont j'appris, par la suite, qu'il était un historien roumain des plus réputés, avait peur. Quarante ans après la prise du pouvoir par le parti, je venais de rencontrer un "ennemi de classe" et de me faire son "complice". Le début des questions Cela me hanta et joua un rôle non négligeable dans mon évolution ultérieure. D'autant plus qu'après mon retour en France j'appris que le dimanche 15 novembre 1987, jour d'élections, une émeute d'ouvriers avait eu lieu à Brasov. Ce jour-là, j'étais encore a Bucarest mais je n'en n'avais rien su. Des amis “Un fossé séparait ce qui était dit dans les fêtes protocolaires et la réalité. m'avaient emmené dans le bureau de vote de leur circonscription électorale, décoré et enguirlandé pour la circonstance. Ils avaient a "choisir" un député entre plusieurs candidats. "Tous désignés par le parti" ironisaient-ils. Je n'osais pas encore le penser alors mais le faux air de fête triste et guindée du bureau de vote se mariait assez bien, finalement, avec ce que mes amis appelaient "leur honte" de participer à une "farce aussi sinistre que tragique"... J'étais ébranlé, certes, mais je gardais la foi et je refis une demande de mission en 1989 (5). Un fossé séparait ce qui m'était dit dans les rencontres protocolaires, que je voulais malgré tout croire, et ce que j'entendais chez mes amis, voyais, ressentais dans la rue, au hasard de mes longues errances solitaires dans cette ville de Bucarest que j'avais appris à aimer. Tout cela m'apparaissait, en son sens littéral, parfaitement surréel. D'un côté, j'avais le sentiment aigu de ne comprendre rien a rien de ce que j'entendais, voyais et, de l'autre, je me disais: "mais non, ça ne peut pas s'effondrer !". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Economie Actualité Ikea joue le "gagnant-gagnant" en Roumanie L sites, Ikea travaille pour l 'approvisionnement de ses magasins e producteur de mobilier Swedwood Romania déteavec une quarantaine de fournisseurs roumains de meubles, nu par le groupe suédois Ikea va investir 35 M€ d'articles de décoration intérieure ou ornements pour un voludans la construction d'une nouvelle usine de panme d 'affaires de plus de 80 M€. Parmi eux, on compte les neaux pour mobilier dans le département de Suceava. Sa capadeux principaux fournisseurs de céramique du groupe dans cité de production est estimée à 40.000 m ²de panneaux/an et cette région: IPEC à Alba Iulia et elle comptera 350 employés. CESIRO à Sighisoara. Avec plus Ikea détient déjà une usine de de 16.000 m² de surface de promeubles à Siret, dans le même duction, 375 employés, un CA de 5 département, qui produit du mobiM€ en 2003 et 7 M€ en 2004, lier de panneaux, toute la producIPEC, spécialisée dans la production étant exportée dans le monde tion en série d'articles de ménage a entier. La construction de cette preune capacité de production de 20 mière usine a été finalisée en 1999 millions de pièces/an, soit 1% de la avec un investissement d'environ production mondiale. 12 M€. CESIRO de Sighisoara, fabriSwedwood Roumanie a clôcant d'objets céramiques prévoit turé 2004 avec un chiffre d'affaires Le suédois Ikea détient le producteur mobilier “Swedwood Siret” dans le judet de Suceava un CA de 18 M€ pour 2005 (+4% d'environ 15,6 M€ (+25% par rapet va investir 35 millions d’euros dans une nouvelle usine. par rapport à l'année passée). Sa port à 2003). Elle fait partie du production, exportée à 95%, porte sur plus de 15.000 tonnes et groupe industriel Swedwood International, créé en 1991, qui 3.500 modèles en 100 couleurs. Il emploie 1.600 employés et produit des meubles pour Ikea et emploie plus de 9.500 salaa investi plus de 15 M€. riés, détient 33 unités de production (meubles, panneaux et La stratégie en Roumanie de Ikea est de mettre l'accent sur scieries) dans 11 pays. La valeur cumulée de la production le développement des capacités de production existantes dépasse 500 M€ dont 2,2% sont assurés par l'usine de Siret. auprès des producteurs locaux dans le cadre d'accords Pour le géant suédois du meuble en kits, la Roumanie est 13 "gagnant gagnant". un lieu privilégié pour la production : en plus de ses propres L'industrie du meuble pénalisée par la hausse du leu A près avoir été un secteur dynamique de l'économie roumaine, avec une croissance constante et forte d'année en année, l'industrie du bois connaît dernièrement plus d'aléas conjoncturels. Les chiffres montrent une fluctuation assez grande d'une année à l'autre, avec des évolutions en dents de scie, parfois spectaculaires : + 8,5% en 2001, + 16,6% en 2002, + 7,3% en 2003, + 18% en 2004, soit une croissance moyenne depuis 2001 de 10-12%. En 2005, il semble que l'appréciation du leu par rapport à l'euro (14% depuis septembre 2004) ait pénalisé les entreprises exportatrices. Les exportations absorbent plus de 75 % de la production. A cela s'ajoute la hausse des prix de l'énergie et du bois. L'industrie du meuble pourrait donc ainsi devenir moins compétitive à l'export que par le passé et tend à se tourner vers le marché domestique. De grandes compagnies roumaines de meuble comme Mobexpert et Elvila sont déjà bien positionnées sur celui-ci. Les principaux marchés extérieurs pour le meuble roumain à forte valeur ajoutée continuent d'être les pays de l'Union Européenne, avec en tête la France (meubles pour chambre et salon pour plus de 185 M€), suivie de près par l'Allemagne (172,6 M€) et l'Italie (126,9 M€). 300 000 Logan fabriquées à Pitesti, en 2007 D epuis la production du modèle Logan, en septembre 2004, les ventes des automobiles Dacia - Groupe Renault ont concerné 154.000 unités jusqu'à fin novembre 2005. 50.000 voitures ont fait l'objet d'exportation. Le Groupe RenaultNissan compte fabriquer, d'ici 2007, environ 700.000 modèles Dacia Logan au niveau mondial, dont 300.000 unités en Roumanie. A cet effet, 200 M€ seront investis pour accroître la capacité de production.Le constructeur automobile table sur 1 million d'unités, d'ici 2010. Par ailleurs, Renault et Nissan ont déposé une lettre d'intention pour l'achat de l'usine Daewoo Craova. L'enjeu de cette reprise serait la production de voitures Nissan dans l'usine citée. A la mi2005, le groupe japonais et Renault ont décidé d'investir 215 M€ dans la réalisation d'une usine basée à Pitesti, où seront fabriquées des boîtes de vitesse pour les marques Nissan, Renault et Samsung. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie ARAD z z z ORADEA CLUJ z IASI TARGU MURES z ALBA IULIA z z TIMISOARA Les PME génèrent SUCEAVA BAIA MARE z z HUNEDOARA z z z VASLUI z SF. GHEORGHE SIBIU z z GALATI BRASOV BUZAU z PLOIESTI CRAIOVA z BUCAREST z SULINA z z TULCEA CONSTANTA z Boom depuis 2001 14 Leur développement est un signe La multiplication des micro-entreprises (de très loin les plus nombreuses) s'est accélérée à partir de 2001 (+12%/an) à la faveur d'une fiscalité avantageuse (1,5% du chiffre d'affaire même si ce dernier va passer prochainement à 3%). Les microentreprises (1 à 10 salariés) employaient en 2003, 26% des 2.134.000 salariés travaillant pour l'ensemble des PME, les petites PME et les PME de grande taille, 32% et 42% respectivement. Les grandes entreprises, aux effectifs généralement pléthoriques (hérités de la période communiste), sont plutôt amenées dans leur processus de restructuration (phase "post privatisation") à licencier, malgré, pour certaines d'entre elles, les engagements pris en matière de reconversion des effectifs. Dans les pays en transition, la corrélation entre croissance économique et floraison des Pme a été clairement établie dans une récente étude de la Banque Mondiale. A quelques rares exceptions, les PME peinent à s'organiser et à se faire entendre auprès des chambres de commerce et d'industrie du pays et de la plupart des organisations et fédérations professionnelles existantes (Conseil national des PME, CNIPMMR en particulier), sous forte influence des seules grandes entreprises. Il existe bien, depuis 2002, une Agence nationale pour les PME (ANIMMC) destinée à encourager la création d'entreprises et à les défendre, qui dispose de plusieurs agences régionales, mais ses actions sont encore insuffisantes. D ans "La lettre de Roumanie", publication de la mission économique de l'ambassade de France à Bucarest, Antoine Avila analyse l'importance du poids des PME (Petites et moyennes entreprises) dans ce pays. “Le nombre de PME privées en Roumanie qui ne dépassait pas le millier au début des années 90, avoisinait en 2003 (derniers chiffres disponibles) environ 350.000 (plus de 2.000.000 en France), à comparer aux 3600 grandes entreprises privées que compte désormais le pays (entreprises de plus de 250 salariés), sachant par ailleurs qu'il reste encore de nombreuses grandes entreprises publiques. Ces PME qui représentent quantitativement 90% du tissu entrepreunarial roumain, se répartissent ainsi: 8.300 grandes PME, 35.000 petites Pme et 310.000 micro-entreprises, auxquelles il convient d'ajouter 14.000 Pme publiques. Les PME, filiales de Le poids économique des PME représenterait sociétés étrangères sont incluses désormais 40% de celui du secteur privé. dans ces statistiques. On estime cependant que des dizaines de milliers de PME sont actuellement inactives même si leur enregistrement subsiste auprès du registre du commerce. Parfois à la limite de l'économie "grise" Le véritable développement des PME, d'initiative purement roumaine, s'est produit notamment au cours des cinq dernières années. Leur taux de croissance a été supérieur (8%/an) à celui du Pib (5% sur la période considérée). La transition de l'économie planifiée vers une économie fonctionnelle de marché avec son lot de restructurations, de privatisations des entreprises d'Etat et de mesures de libéralisation des marchés, renforcée par le processus d'adhésion du pays à l'UE et la profonde métamorphose qui en a découlé y ont fortement contribué. Les PME génèrent aujourd'hui 25% de l'emploi total et 39% de l'emploi du secteur privé. Les PME évoluent principalement dans les secteurs des services (commerce, tourisme, hôtellerie, restauration), dans les industries du textile, de la mécanique, de l'emballage, du bois, du bâtiment et de la réhabilitation (ce dernier secteur étant sans doute l'un des plus porteurs de l'économie "grise", à la limite du travail au noir) et plus récemment dans l'électronique (assemblage de composants) dans le cadre notamment d'investissements allemands, italiens et turques. On estime qu'à terme, le secteur agroalimentaire (toujours tributaire d'une filière agricole en quête de totale et urgente réorganisation) et dominé, pour l'heure et pour l'essentiel par quelques grandes entreprises (étrangères surtout) devrait aussi leur offrir de nouvelles et réelles opportunités. 40 % du poids du secteur privé Le poids économique des PME représenterait 40% de celui du secteur privé. Elles seraient à l'origine de 26% des exportations du pays: 4 milliards d'euros en 2004 dont la moitié de produits textiles et de confection. Avec des importations légèrement inférieures à ces montants, les PME (dont un grand nombre se consacrent aux activités de sous-traitance et de ''Lohn'' (dans le secteur textile) pour des donneurs d'ordre étrangers, dégagent, à la différence des grandes entreprises, un léger excédent dans la balance commerciale. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte marxiste, envoyé par le Parti communiste français, et remet peu à peu en cause ses convictions douloureux voyage au bout de l'honnêteté En fait, c'était une espèce de recensement politico-policier, par échantillonnage dans des entreprises et établissements scolaires du département, sur les croyances religieuses "non conformes" des gens : Baptistes, Pentecotistes, Adventistes, Témoins de Jéhovah, etc. Nul n'était dupe mais tout le monde "jouait le jeu" (3). Pour moi, c'était l'occasion de me familiariser avec la vie en province et une bonne préparation, pensais-je alors, pour mes futures enquêtes. C'est à Bucarest, à mon retour de cette équipée pseudo-sociologique, que j'appris l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République française et la formation d'un gouvernement de gauche comprenant quatre ministres communistes. Je filai alors à la Maison de l'Alliance française et y demandai le journal du Parti communiste français, L'Humanité. Je fis un scandale quand il me fut répondu que la Maison ne recevait pas ce journal. un département différent chaque fois mais toujours accompagné du même universitaire qui me confia, après décembre 1989, avoir été dans l'obligation de faire des rapports sur moi à la Securitate. Je lui répondis que, l'ayant vite deviné, je m'étais toujours abstenu de faire état, devant lui, de commentaires politiques qui auraient pu le mettre dans l'embarras, ni de mes relations personnelles "hors cadre" nouées au fil des ans, car nous étions devenus de bons amis. Il ajouta alors que, parfois, n'ayant rien à dire de particulier sur mon compte, il lui arrivait d'inventer. Tentative de manipulation A mon retour en France, j'étais soumis à deux pressions opposées. Le parti français aurait voulu que je dénonce la "caricature" du socialisme en Roumanie, dénaturé par le culte du couple Ceausescu. Je ne l'ai jamais fait car ce socialisme ne Un "reportage" de courte durée me paraissait pas différent, en son essence, de ceux que je connaissais, soit directement Ayant, après son limogeage, (Bulgarie, Cuba, Hongrie), soit perdu mon "protecteur", mes indirectement par mes lectures. missions suivantes furent tout Les "conseillers" de l'amsauf des missions de recherche. bassade roumaine à Paris En 1983 ou 1985, aucun proauraient voulu, quant à eux, gramme ne m'ayant été proposé faire de moi l'un de leurs agents à mon arrivée - "on ne comprend d'influence. Ils y sont parfois pas, me fut-il dit a l' Académie, parvenus. Lors d'un colloque de ce que vous venez faire" - je l'UNESCO de la fin des années m'en suis organisé un: match de quatre-vingts par exemple ou, l'équipe nationale de football devant un aréopage universitaicontre une équipe nationale re international, j'ai fait l'éloge étrangère un jour, incursion dans de la politique religieuse du les "bas-fonds ouvriers" de Parti communiste roumain qui, Calea Grivitei le lendemain, où quand il avait pris le pouvoir, je pris des photos de la vie de la L’historien d’origine roumaine n'avait pas fermé les églises, Petre Nasturel (à gauche) et son ami Michel Dion. contrairement a ce qui s'était rue et des bistrots. . . Les plus passé dans la plupart des autres pays du "camp" socialiste. . . hardis, amusés pour certains, me regardaient en croisant les Mais en règle générale, mes rares articles de l'époque sur tel mains, poings fermés sur le ventre, comme s'ils étaient ou tel aspect du socialisme roumain étaient plus "mesurés", menottés. c'est-à-dire plus hypocrites: me réfugiant derrière "l'objectiMon "reportage" fut de courte durée ! Un homme en civil, comme surgi de la rue dans mon dos, m'ordonna de le suivre vité" du sociologue, je commentais les textes du parti roumain dans une arrière-boutique proche. Là, il m'interrogea et me et mettais en forme les propos "officiels" recueillis lors de mes demanda de lui remettre mon appareil photo. Devant mon "entretiens" sur "le terrain". . . refus aussi catégorique que véhément: "je suis chercheur au CNRS en mission et, en tant que membre du Parti communisDéjouer la surveillance de la Securitate… te français, ami de la Roumanie", il passa un bref coup de fil pour remettre des exemplaires d'Historia et m'emmena au poste de police le plus proche. Ayant donné le nom du successeur de Rautu à Stefan C'est dans ce contexte brièvement évoqué qu'en 1987 j'ai Gheorghiu, que tout cela fit beaucoup rire quand il me reçut le demandé un rendez-vous à Petre Nasturel, qui était réfugié à lendemain, je fus "relâché" au bout d'une heure ou deux et pus Paris depuis les années 70. Un universitaire français, chef repartir avec mon appareil photo. communiste qui connaissait quelques-uns de ses travaux, Pour occuper mon temps, je fus alors "promené" d'une m'avait mis en garde: "c'est un anticommuniste virulent"... (Lire pages suivantes) entreprise à l'autre, d'une coopérative agricole à l'autre, dans 39 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Destins BAIA MARE z ARAD SUCEAVA z BISTRITA z z CLUJ z z SIBIU z IASI TARGU MURES z TIMISOARA GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z Michel Dion raconte son z z ORADEA z z BUCAREST CONSTANTA z “Testament roumain” ... ou l’histoire d’une démarche originale 38 A la fin des années 70, un sociologue découvre la Roumanie de Ceausescu Le sociologue Michel Dion, ancien chercheur au CNRS et aujourd'hui en retraite, a eu une relation particulière avec la Roumanie. Membre du Parti communiste français, il avait été envoyé à Bucarest par son Centre de Recherche Marxiste pour participer à un colloque, en 1978, et obtenu d'aller y mener une enquête au début des années 80, dans le cadre de son travail. On aurait pu penser que le parti "frère" roumain ouvrirait largement ses portes à ce compagnon de route… mais ce fut loin d'être le cas. Au cours de ces séjours successifs, Michel Dion découvrira peu à peu la réalité de la Roumanie de Ceausescu et du communisme, ce qui l'amènera à rompre avec ce dernier. Un parcours difficile et douloureux de remise en question qui conduira également le sociologue à une très belle rencontre avec un historien roumain, Petre Nasturel, réfugié politique à Paris, aux antipodes, à priori, de ses convictions. Les chemins de l’amitié C'est l'histoire de cette démarche originale et passionnante, empreinte d'une profonde honnêteté intellectuelle et aboutissant à une amitié sincère entre les deux hommes, malgré leur sensibilité qui les sépare parfois, que nous conte le sociologue qui, selon ses propres dires, nous livre ici son "testament roumain", car il est passé depuis à d'autres sujets d'intérêt et d'études. Q uand j'ai fait connaissance avec Petre Nasturel, a Paris en 1987, j'étais encore, ainsi qu'il le raconte lui-même dans mon livre (1), un membre du Parti communiste français. Sociologue au CNRS, j'étais allé en mission d'un mois en Roumanie en 1981, 1983, 1985 et j'y retournais une nouvelle fois cette année-la. Mon objectif initial avait été d'effectuer une recherche de terrain sur les croyances religieuses des gens et les rapports du Parti communiste, de l'Etat et de l'Eglise orthodoxe. Comme l'avait prédit Paul H. Stahl, avec qui j'avais discuté de mon projet avant mon départ, cela s'était avéré impossible car "on" (le Parti communiste roumain), ne m'avait pas laissé m'installer seul dans une petite région, comme je le faisais en France, pour y enquêter a ma guise. Mes missions s 'étaient donc réduites a des rencontres protocolaires, organisées et contrôlées par le parti, avec des responsables d'organisations diverses à Bucarest et en province. En parallèle, malgré l'interdiction faite aux Roumains d'avoir des contacts avec des étrangers, j'avais réussi à nouer quelques relations personnelles plus ou moins clandestines et hors de tout cadre. J' avais aussi recentré ma recherche sur l'histoire politique de l'Eglise orthodoxe roumaine et m'étais mis à fréquenter la bibliothèque de l' Académie de la République Socialiste Roumaine, Académie Roumaine aujourd'hui. C'est ainsi que j'ai été amené à rencontrer Petre Nasturel. Ignorant alors qu'il était né en France d'un père roumain et d'une mère française, je venais consulter l'historien du CNRS dont le nom m'avait été donné à Bucarest par Virgil Cândea et Alexandre Dutu, que je rencontrais à chacune de mes missions. Le coup de foudre Mon premier contact avec la Roumanie avait eu lieu neuf ans plus tôt. A la fin de l'automne 1978, le CERM (Centre de recherches marxistes) du Parti communiste français, m'avait envoyé à Bucarest pour participer à un colloque organisé par l' Académie Stefan Gheorgiu, centre de formation des cadres du parti, dirigé par Leonte Rautu, l'idéologue d'alors du régime (2). Participaient à ce colloque des représentants des partis communistes au pouvoir en Europe de l'Est, à Cuba, et des Partis communistes espagnol, français et italien. Une Roumaine rencontrée au colloque y aidant, j'avais eu le coup de foudre pour ce pays, ses bergers et leur "espace mioritique" imaginé par Lucian Blaga. Ma nouvelle amie m'en avait parlé avec feu dans la nuit froide étoilée du Cismigiu (le parc central de Bucarest) ou, après avoir sauté d'un bus dans l'autre pour semer, m'avaitelle expliqué, nos éventuels "surveillants", nous avions fini par revenir. C'est alors que je pris la décision de faire, un jour, une enquête sociologique en Roumanie. Bouleversé et en plein désarroi politique après la rupture de l'union de la gauche qui venait de se produire en France je découvrais, dans mon extase amoureuse platonique, un discours communiste mystico-nationaliste qui m'enchanta. L'enchantement dura jusqu'aux fusillades de Timisoara, en décembre 1989. Pour moi, alors, le plus difficile était à venir : essayer d 'en comprendre les raisons et mon aveuglement. . . Les NOUVeLLes de ROUMANIe plutôt encourageant pour l'avenir de l'économie roumaine un quart des emplois du pays Enfin, le rythme de création d'emplois par les PME roumaines (160.000 emplois créés en 2004) est plus élevé que celui des grandes entreprises. Ainsi, le rôle joué en ce domaine alors que le chômage aura à l'avenir plutôt tendance à s'accroître (abstraction faite de l'absorption progressive de l'emploi illégal prévalant dans l'importante économie souterraine du pays que le nouveau gouvernement espère bien favoriser), apparaît comme essentiel, en Roumanie. Un développement encore désordonné et fragile Le développement des PME en Roumanie est donc un signe plutôt encourageant pour l'avenir de l'économie. Pour autant, il reste encore globalement désordonné et fragile en E l'absence d'une politique industrielle nationale et de politiques sectorielles volontaristes et bien définies…mais surtout en l'absence de vraie représentativité syndicale professionnelle et de réel soutien public, malgré quelques récentes initiatives gouvernementales en leur faveur. Enfin, les PME roumaines se heurtent également comme dans bien d'autres pays, aux difficultés de financement de leur croissance, malgré l'existence de soutiens financiers divers, les banques restant prudentes. Le président Basescu pourrait avoir compris l'intérêt qu'il y a à s'attacher davantage au développement de ce secteur en nommant pour la première fois en Roumanie, dans son équipe un ministre d'Etat, George Copos, chargé de la coordination des activités des entreprises et des PME”. La flotte commerciale roumaine ne compte plus que douze navires ntre début et fin 2005, la flotte commerciale roumaine est passée de 19 à 12 navires, perdant sept unités. Cosena, le principal armateur roumain s'est débarrassé de trois bateaux, jugeant que leur entretien et les réparations nécessaires lui coûtaient trop chers, profitant également de la demande du marché d'occasion. Son concurrent, Octogone, une des plus vieilles compagnies roumaines, a procédé de même, liquidant les deux unités qui lui appartenaient encore et qui avaient plus de vingt ans. Les deux derniers bateaux n'arborant plus les couleurs L’époque où les navires roumains étaient bloqués plusieurs années dans les ports étrangers est révolue (Ici, l’Oscar-Jupiter à Nantes). roumaines, appartenant à Sammarina Shipping, n'ont pas été vendus mais sont tout simplement passés sous pavillon de complaisance. Si elle se réduit comme peau de chagrin, la flotte roumaine gagne cependant en respectabilité. En 2005, seulement un seul de ses bateaux a été retenu dans un port étranger pour non conformité à la suite d'une inspection, malgré une vingtaine de contrôles au total, certains étant répétés deux ou trois fois pour la même unité. Respectant désormais les normes, les bateaux roumains ne défraient plus la chronique, les autorités maritime locales ayant réussi leur pari de faire tomber en dessous de 5 % (4,76 %) leur taux d'immobilisation pour problèmes. Le canal de Sulina enfin débarrassé de l'épave du Rostock D ébut décembre, l'épave du Rostock qui entravait depuis 14 ans la navigation sur le bras de Sulina, dans le delta du Danube, a été enfin renflouée et le canal devrait redevenir prochainement opérationnel après avoir subi un dragage. La dernière phase de travaux aura nécessité 18 mois d'efforts et entraîné la mort de deux scaphandriers, l'un britannique, l'autre américain. Chargé de 5000 tonnes d'acier, le navire ukrainien avait sombré en septembre 1991, dans des conditions suspectes, à l'endroit intitulé Mila 31, alors que l'URSS vivait ses dernières semaines. La navigation avait été interrompue pendant plusieurs mois sur cet axe vital de liaison entre la Mer Noire et les ports du Danube. En 1992, un chenal provisoire faisant une courbe de 500 mètres autour de l'épave avait été dégagé. Mais depuis, malgré les financements fournis par l'Etat et l'UE, la situation n'avait pas évolué, les fonds disparaissant dans la nature ou étant dépensés en vain, des dizaines de bateaux s'étant échoués, faute de travaux menés à bien. La paralysie du sociologue J'étais donc revenu à Bucarest au printemps 1981, en sociologue cette fois, avec l'aval du CNRS et de l'Académie de la République Socialiste Roumaine. Leonte Rautu, qui avait apprécié la fermeté de mes convictions communistes lors du colloque de 1978, soutenait mon projet. C'est ainsi que j'ai pu participer à une expédition sociologique d'étudiants bucarestois dans le département de Bistrita-Nasaud. Commandée par des sociologues de l'Université, elle voulait se donner l'air de reproduire les enquêtes de terrain d'avant-guerre de l'Ecole de sociologie roumaine. Actualité L Chaussettes françaises fabriquées en Roumanie a compagnie française Jacquemard envisage de délocaliser une partie de sa production de chaussettes en Roumanie, après avoir décidé la fermeture de son usine de Romilly sur Seine. En Roumanie, depuis 2002, cette société détient déjà l'usi- ne Elca à Câmpina, entre Ploiesti et Sinaia, dans le judet de Prahova, laquelle a contribué au quart de sa production globale, en 2004. Depuis la reprise de cette usine, Jacquemard y a investi plus de 300 000 €. Près de 97 % de la production 2005 fait l'objet d'exportations. 15 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Social BAIA MARE BISTRITA z ORADEA ARAD z TARGU MURES IASI z z CLUJ z BACAU BRASOV z z GALATI z SIBIU TIMISOARA Novembre noir pour les fonctionnaires z z z z SUCEAVA z SINAIA z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Economie Plus de la moitié du pain roumain ne correspond pas aux normes de l’UE 16 22 La Roumanie a connu un nombre record de grèves depuis la fin du communisme ROMPAN, le syndicat patronal de la minoterie et de la panification, a lancé un cri d'alarme : plus de la moitié du pain fabriqué dans le pays par les 5000 entreprises qui ont une licence ne respectent pas les normes sanitaires et d'hygiène exigées par l'UE, ce qui pourrait entraîner la fermeture d'un grand nombre d'entreelles, dès l'an prochain, seulement une centaine étant susceptibles d'être agréées. L a situation sociale s'est révélée très tendue en fin d'année, du fait du mécontentement général des employés du secteur public devant le faible niveau de leurs salaires. La moitié du million de fonctionnaires du pays se sont mis en grève ou ont déposé un préavis à la mi-novembre, ce qui a conduit la Roumanie a affronter la plus grande période de conflits sociaux depuis la "Révolution" et plus d'un demi-siècle, puisque les grèves étaient interdites sous le communisme… Les Roumains ont ainsi découvert une situation à la française, le pays s'acheminant vers une forme de paralysie: administrations fermées, métro ne circulant pas dans la capitale, menaces sur les chemins de fer qui avaient déjà été en grève dans le courant de l'année... Fin novembre, le pire semblait encore à venir car faute d'un accord, 50.000 autres fonctionnaires menaçaient de cesser le travail que ce soit ceux qui dépendent du ministère des Finances, du Travail, de la Santé, des Statistiques, les douaniers, et les mineurs. Les représentants syndicaux demandaient, entre autres, une hausse de 50 % des salaires pour 2006, que ce soit pour les fonctionnaires ou pour le personnel contractuel. Actuellement un employé de la fonction publique touche en moyenne 480 nouveaux lei par mois (135 €). Somme absolument insuffisante pour vivre décemment. Le gouvernement proposait une augmentation de 5 %. La menace d'une grève s'étendant à toute la fonction publique se précisait. Finalement, le gouvernement Tariceanu réussissait à débloquer la situation, début décembre, par des concessions, accordant une augmentation générale des salaires des fonctionnaires de 11 %, étalée sur 2006. Trop de frustrations et déceptions accumulées depuis quinze ans Des investissements importants son nécessaires pour une mise à niveau, de l'ordre de 100 000 € pour les grandes entreprises, qui fabriquent environ 30 000 pains par jour, et de 10 à 20 000 € pour celles qui en produisent 3000. Seule cette modernisation peut les sauver de la faillite a indiqué le président de ROMPAN, qui a ajouté que la moitié des entreprises du secteur travaillaient au noir, demandant à ce qu'elles soient fermées. ROMPAN regroupe 250 entreprises qui fournissent 55 % de la production de pain de Roumanie et 40 % de celle de farine. Ce mouvement généralisé de colère est révélateur des frustrations endurées par la population depuis quinze ans. Les gouvernements successifs ont apporté à chaque changement une vague d'espoir. Les Roumains comptaient pouvoir enfin relever la tête, profiter d'un certain confort, voir progresser leur pouvoir d'achat, s'offrir une voiture, des vacances, voyager. A chaque fois la déception était plus forte. Année après année le nombre de personnes persuadées qu'elles vivaient mieux durant la période 1970-1975 a ainsi augmenté. La Roumanie s'est prise aussi à rêver de l'Europe: vivre comme dans les pays occidentaux ! Oui mais, pour y arriver il faut s'aligner sur les critères de l'UE: posséder des institutions sur le modèle européen, payer des impôts et des taxes augmentant périodiquement jusqu'à atteindre le niveau de référence. Assumer le coût de la mise aux normes de tous les secteurs de l'économie, et c'est là qu'on mesure l'énormité du pas à franchir. De plus, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale veillent à ce que le déficit budgétaire de la Roumanie n'augmente pas, et même qu'il diminue, la rappelant à l'ordre si besoin. On ne tolère plus les entreprises déficitaires, les petites exploitations ne sont pas aux normes, les hausses de salaire se font au goutte à goutte, les allocations sociales sont contrôlées plus strictement, leur montant et leur durée baissent. Et parallèlement le coût de la vie grimpe implacablement, les nouveaux riches étalent sans vergogne leur fortune faite le plus souvent sur le dos du peuple et du pays. Le cocktail devient alors explosif et d'autres "novembre noir" sont à craindre. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte un des héros de la guerre de Sécession, aux côtés des Nordistes pour les USA l'achat de l'Alaska, auprès du Tsar En fait cet épisode de l'histoire tient aussi du hasard. En 1867, le Congrès américain reçut deux propositions de vente, l'une provenant de la Russie, l'autre du Danemark. Le Tsar voulait se débarrasser du lointain et inhospitalier Alaska, le roi du Danemark désirait céder les non moins lointaines îles Vierges situées dans les Caraïbes. Les deux pays demandaient le même prix: 7.500.000 dollars. Le Congrès réfléchit longuement, car l'Amérique pouvait à peine s'offrir l'une de ces terres. C'est alors que survinrent deux événements décisifs: les Russes baissèrent le prix à 7.200.000 dollars, et un ouragan dévasta presque entièrement les îles Vierges, détruisant en grande partie sa capitale. Les américains s'empressèrent d'opter pour l'achat de l'Alaska: "Que les Danois remettent d'abord en état les îles Vierges, prenons l'Alaska avant que les Russes ne changent d'avis" avait déclaré à l’époque Edouard Stekli, secrétaire d'Etat américain. L'opinion publique américaine s'insurgea contre cet achat. Les médias qualifiaient l'Alaska de "glacière" et de "pays des morses", d'autant plus que le Trésor américain avait été obligé de s'endetter empruntant 5 millions de dollars à la Riggs Bank, qui est aujourd'hui - ironie du sort - l'établissement où son déposés les fonds de l'ambassade russe aux Etats-Unis. Son nom donné à un navire de guerre US George Pomut occupa la fonction de consul général des Etats-Unis à Petrograd durant 12 années, pendant les mandats des présidents Johnson, Grant et Hayes, ce qui est tout à fait inhabituel puisque les diplomates changeaient généralement en même temps que le président. En 1878 il renonça à la carrière diplomatique. Il mourut en 1882, et on soupçonna, sans pouvoir le prouver, qu'il avait été assassiné. Il repose au cimetière Smolensk de Saint Petersbourg. Durant la période d'entre les deux guerres mondiales, Andrei Popovici, attaché au Consulat roumain de Washington s'est penché sur la biographie de Pomut, sur demande de ses héritiers. Malgré l'importante contribution de celui-ci à la construction de l'Amérique ("Making of America") dont atteste le fait que l'un des navires de guerre construits en 1944 fut baptisé Général George Pomut, Andrei Popovici ne put jamais déterminer si celui-ci avait laissé une fortune derrière lui. Les sciences bourgeoises condamnées, l'apprentissage du russe obligatoire 1948: soviétisation de l'enseignement L 'installation du gouvernement de Petru Groza, le 6 mars 1945, marque le début de la communisation de la Le dictateur Roumanie qui va Gheorghiu Dej. s'accélérer avec son successeur Gheorghe Gheorgiu-Dej. Staline, pour contrer le Plan Marshall et la décision des Américains de rester sur le sol européen, a décidé de soviétiser à pas forcés les pays satellites, d'y créer des sociétés similaires à l'URSS et d'y engager le processus de création de "l'homme nouveau". Tous les aspects de la vie quotidienne sont concernés, au premier rang desquels, l'école. Gheorghiu Dej lance une réforme de l'enseignement en août 1948, mais elle a été déjà précédée par les mesures prises par Groza. Deux ans auparavant, celui-ci a mis fin au principe d'autonomie des universités, les professeurs étant désormais nommés par le ministère. Des écoles jus- qu'aux facultés, les enseignants trop populaires sont écartés, remplacés par d'autres aux ordres. Les manuels, les livres sont expurgés ou leur nombre réduit, s'ils ne sont pas conformes à la nouvelle ligne politique. Les lycées ne peuvent plus enseigner le latin et le grec, la philosophie, la logique, la génétique. L'histoire devient l'illustration de la lutte du peuple et de la décadence des rois. Le domaine d'enseignement des écoles spécialisées est réduit. Il faut organiser des manifestations à caractère artistique ou sportif où on célèbre l'édification du socialisme et la lutte du peuple roumain contre les envahisseurs… à l'exclusion des Russes. La réforme de 1948 complète ce dispositif. Les écoles étrangères et religieuses sont fermées. L'épuration prend une ampleur sans égal parmi les professeurs et les étudiants. Les vieux manuels scolaires sont interdits et seuls sont autorisés ceux qui incorporent les préceptes marxiste-léninistes. La langue russe devient obligatoire, l'histoire du parti communiste bolchevique et de la géographie de l'URSS figu- rent au programme des lycées. La cybernétique et la génétique sont condamnées comme étant des "sciences bourgeoises, porteuses d'idéologie impérialiste". L'enseignement doit reposer "sur des bases démocratique populaires et sur le réalisme scientifique". Recul de l'analphabétisme Le seul aspect positif de cette réforme qui n'est qu'un instrument pour mieux contrôler les esprits et former des citoyens endoctrinés et soumis, destinés à devenir des activistes consentants du Parti, est le caractère obligatoire de l'enseignement qui va faire bondir le nombre d'élèves et reculer considérablement l'analphabétisme. En 1963, le nombre d'élèves des écoles primaires est 19 fois plus élevé qu'avant la Guerre, et ceux des lycées, 13 fois. 200 élèves sur 10 000 habitants arrivaient au niveau du brevet, au lieu de 19, en 1939. En milieu rural, la proportion était de 427 sur 100 000, contre 7 ! A défaut d'être bien faites… les têtes commençaient à être bien pleines. 37 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Histoire z BAIA MARE ORADEA ARAD z z IASI BRASOV z z SIBIU TIMISOARA z z CLUJ GALATI z z BRAILA PLOIESTI CRAIOVA z 36 z BUCAREST Actualité Valentin Lazea: “40 % des Roumains vivent comme au XIXème siècle” Social George Pomut négocia z SUCEAVA TARGU MURES z Devenu général, le Roumain a été Les NOUVeLLes de ROUMANIe z z TULCEA CONSTANTA z (suite de la page 34) Les critiques d'aujourd'hui ne retiennent que quatre titres ayant mérité leur audience: "Mihai Viteazul" et "Dacii" ("Les Daces") de Sergiu Nicolaescu, "Columna" ("La colonne") de Mircea Dragan, "Tudor" de Lucian Bratu. Aujourd'hui, les audiences atteintes par les productions d'autrefois demeurent de l'ordre du rêve pour les nouveaux films, même si certains présentent un grand potentiel de succès public comme "Occident" ou "Philanthropique". De nombreuses salles de cinéma ont fermé, notamment dans les petites communes, le nombre de copies circulant dans le pays est ridicule, les lancements, présentations, la médiatisation, sont pratiquement absents ou réduits au minimum. Voici le hit-parade des dix plus gros succès roumains de tous les temps, tous réalisés entre 1963 et 1979 : 1er: "Nea Marin miliardar", Sergiu Nicolaescu (1979), 14 650 000 de spectateurs 2ème: "Pacala", Geo Saizescu (1974), 14 640 000 3ème: "Mihai Viteazul", Sergiu Nicolaescu (1971), 13 330 000 4ème : "Dacii", Sergiu Nicolaescu (1967), 13 112 000 5ème: "Neamul Soimarestilor", Mircea Dragan (1965), 13 050 000 6ème: "Tudor", Lucian Bratu (1963), 11 450 000 7ème: "Columna", Mircea Dragan (1968), 10 510 000 8ème: "Haiducii", Dinu Cocea (1966), 8 086 000 9ème: "Sapte baieti si o strengarita", co-production franco-roumaine avec Bernard Borderie (1967), 7 550 000 10ème : "Stefan cel Mare" Mircea Dragan (1975), 7 380 000. S i de nombreux Roumains ont aidé à faire la France d'aujourd'hui, on retrouve également leur empreinte tout au long de l'histoire des Etats Unis d'Amérique. George Pomut en est l'illustration même. Premier général étranger de l'armée américaine, combattant aux côtés des Nordistes pendant la guerre de Sécession, il représentera ensuite son nouveau pays auprès du Tsar, négociant l'achat de l'Alaska pour le compte des USA. George Pomut est né à Timisoara le 31 mai 1818, dans un milieu aisé. Des malentendus avec les autorités locales au sujet de la possession de quelques terrains ont conduit sa famille à déménager à Guya. Mais Pomut est resté tout au long de sa vie attaché à sa ville natale, et, dans son testament, il a demandé à être enterré à Timisoara, vœu qui n'a pas été réalisé. Le jeune garçon suivit les cours de l'académie militaire de Vienne en Autriche et de Saint Etienne en France. Aux côtés de quelques révolutionnaires hongrois, il rêva de bâtir une ville du nom de Nouvelle Buda… un rêve qui ne se concrétisera jamais. En 1848, il s'engagea dans l'armée magyare, puis se réfugia à l'étranger après la défaite, gagnant les USA. La guerre civile s'étant déclarée en Amérique durant l'été 1961et jusqu'en 1865, George Pomut s'enrôla aux côtés de forces nordistes comme capitaine dans le 15e régiment de volontaires du Iowa, et terminera lieutenant-colonel, réussissant à rompre le siège d'Atlanta. La victoire acquise, il défilera le 24 mai 1865 à la tête de l'armée du Tennessee, devant le nouveau président de l'Amérique, Andrew Johnson. Diplomate auprès du Tsar Après la guerre, George Pomut s'établit à San Antonio au Texas. C'est un homme de grande taille, à la barbe et aux cheveux roux. Orateur habile et fin diplomate, il émane de lui un certain charisme. Toutes ces qualités décident Andrew Johnson à le nommer consul général des Etats Unis à Petrograd (l'actuelle Saint Petersbourg). A cette occasion il est promu au grade de général de brigade, grade qu'il est le seul citoyen étranger à posséder. Ses qualités de diplomate lui permettent de résoudre de manière très satisfaisante un différent entre les Etats-Unis et la Russie, l'affaire Catacanzy. Hamilton Fish, secrétaire d'état américain comptait demander au tsar de Russie de rappeler Constantin Catacanzy, chef de la mission diplomatique russe à Washington, qui avait offensé le président américain. L'incident tombait mal puisque l'Amérique attendait la visite du Grand Duc Alexis, fils du tsar, visite, qu'aurait certainement compromise le rappel de Catacanzy. George Promut réussit à dissuader le gouvernement américain de demander ce rappel, évitant ainsi un grave incident diplomatique. Hésitations américaines entre terres glacées et tropiques Mais le rôle le plus important que joua Pomut dans les relations entre la Russie et l'Amérique concerne l'Alaska, alors territoire russe. Le Tsar de Russie considérant que cet énorme territoire, inhabitable car recouvert de glace et dénoué de toute végétation ne présentait aucun intérêt, proposa de le vendre aux américains contre la somme de 7.200.000 dollars. Le 30 mars 1867 fut signé à Washington le traité par lequel l'Alaska devenait terre américaine, suite aux négociations rapides et efficaces de George Pomut. Excellente affaire puisque l'Alaska s'averra être riche en minerai d'or et en pétrole. L ors d'un colloque économique organisé à Sinaia, Valentin Lazea, chef du département économique de la Banque Nationale roumaine n'a pas mâché ses mots: "40 % des Roumains vivent comme au XIXème siècle" a-t-il asséné, relevant que 58 % des foyers seulement disEvoquant la situation sociale, Valentin posaient de l'eau courante Lazea n’a pas mâché ses mots. et 53 % du tout à l'égout, ces pourcentages chutant encore plus dans les campagnes où à peine 20 % des habitations disposent de ces facilités. Dénonçant le fait que les politiciens et les autorités fermaient les yeux sur ces réalités, il ajoutait que la Roumanie se trouvait en dernière position sur le continent, loin derrière l'avant-dernier pays, la Turquie, où 90 % des habitants disposent de l'eau courante et 82 % du tout à l'égout. La moyenne en Europe se situe entre 90 et 100 %, fourchette dans laquelle on trouve même l'Albanie et la Moldavie ! L'économiste a enfoncé le clou en évoquant l'état des infrastructures routières, la Roumanie occupant la dernière place en kilomètres d'autoroutes, sans parler des routes dont 40 % sont hors d'usage pendant l'hiver. "La classe politique doit prendre ses responsabilités" s'est-il exclamé, réclamant un débat public: "Entrer dans l'Europe avec la moitié de la population vivant comme au temps des boyards ou assumer, en relevant le niveau de nos dépenses pour développer les infrastructures et les équipements, ce qui veut dire augmenter les impôts et les ressources fiscales". Budget: au niveau de l'Azerbaïdjan et du Kazakhstan Avec des dépenses budgétaires atteignant à peine 30 % du Produit intérieur brut, Valentin Lazea a rappelé que la Roumanie se situait au niveau de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan et de l'Albanie, alors qu'un minimum de 35 % serait nécessaire, la Bulgarie voisine se situant à 41 %. "Notre pays n'en prend pas le chemin, puisqu'au maximum, avec la politique suivie et de grands efforts, on peut gagner de 0,5 à 1 %" a-t-il indiqué (l'instauration d'une cote unique d'imposition à 16 % par le nouveau gouvernement a diminué les rentrées fiscales de un milliard d'euros en 2005). L'économiste a défini les secteurs prioritaires pour les restructurations et les investissements : l'agriculture, une grande partie de la population rurale devant y renoncer et être orientée vers des secteurs de développement, notamment les infrastructures, et la formation. "Avec 1,6 % de la population entre 25 et 64 ans qui reçoit une formation continue contre 9,9 % dans l'UE, un budget de l'éducation nationale se montant à 3,5 % du PIB, contre 5,22 %, il n'est pas étonnant que nous soyons en queue de peloton dans le domaine des exportations des produits technologiques et à haute valeur ajoutée qui ne représentent que 3 % du total" a-t-il conclu. Dépenses d'entretien: + 30 % L e coût des dépenses d'entretien a explosé en 2005, atteignant, depuis le début de l'année, + 30 % pour l'électricité, + 60 % pour le gaz, + 50 % pour l'eau, + 20 % pour les ascenseurs, + 100 % pour la collecte des ordures ménagères. Le vice-président du Cartel Alfa a estimé qu'elles avaient augmenté au total de 30 %, représentant mensuellement l'équivalent du salaire minimum, rappelant au passage que la majorité des salariés vivaient avec un revenu de 400 à 600 lei (112 à 168 €), 5 millions de retraités disposant seulement de 300 à 350 lei (84 à 103 €). Il a ajouté que la tentation était grande pour toutes ces personnes “J’ai peur d’entrer, Voisine, et de tomber raide mort en de couper le chauffage pendant l'hiver. voyant afficher le prix des charges et du chauffage”. Pour prévenir ce risque, le gouvernement a décidé, début octobre, d'aiCaricature de Vali der les familles modestes et les personnes seules ayant un revenu inférieur au salaire minimum en participant à hauteur de 30 % à l'achat de centrales de chauffage au gaz et de teracots (poêles à bois). Salaires triplés dans les prochaines années M ugur Isarescu, gouverneur de la Banque Nationale Roumaine et ancien Premier ministre, s'attend à ce que les salaires triplent dans les deux à six prochaines années, suivant les branches professionnelles, à la suite de l'entrée dans l'Union Européenne, ainsi qu'on le constate dans les autres pays de l'Est déjà membres. Ce phénomène s'expliquerait par l'appréciation du leu face à l'euro, la croissance économique et les tensions sur le marché du travail qui poussent les salaires à la hausse dans les nouveaux pays membres et à la baisse dans les anciens. 17 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements BAIA MARE z z z ARAD z Les 300 Roumains les plus riches se partagent 22 % du PIB national z SUCEAVA ORADEA CLUJ ZALAU z z TARGU MURES IASI z ALBA I. z BRASOV z z PITESTI CRAIOVA z GALATI z SIBIU TIMISOARA z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Les nouvelles fortunes 18 A eux seuls, ils ont capitalisé seize milliards de dollars en 2005 Parmi les nouvelles fortunes, qui ne figuraient pas dans les éditions précédentes du TOP 300, on trouve : - La famille Zinger (180 à 200 millions de dollars). Maor Zinger possède plus de la moitié des immeubles commerciaux de Brasov. - Dumitru Tudor (60 millions de dollars). Descendant de la famille Lincaru, il détient des biens immobiliers chiffrés à 40 millions de dollars. - Calin Costan ( du groupe ICCO), Dan Pop Baldi, Valentin Nicola et Bela Urasi (créateurs d'Astral Telecom) Mihai Anghel (Cereal Dolj), Dorin Mateiu (Mercado et Elit de Alba Iulia), qui se trouvent chacun, à la tête de fortunes comprises entre 30 et 40 millions de dollars. Les personnes citées ci-dessous auraient dû, vu le montant de leur fortune, figurer dans le Top mais, moins malines que d'autres, elles en ont été exclues, la justice enquêtant sur leurs malversations et la légitimité de l'acquisition de leurs biens. - Omar Hayssam (90 à 100 millions de dollars). Soupçonné d'avoir organisé la prise d'otage des journalistes roumains en Irak, il se trouve actuellement en prison. - Ion Dumitrache (35 millions de dollars) Le capital social de six des entreprises dont il était actionnaire ou associé a été gelé par la justice. - Octavian et Constantin Margarit (18 à 20 millions de dollars chacun). Sont actuellement jugés par un tribunal pénal et leurs biens mis sous séquestre. - Dumitru Sechelariu (10 à 12 millions de dollars). Tous les biens de l'ancien maire de Bacau ont été mis sous séquestre et tous les comptes des entreprises dont il est actionnaire, bloqués. P our la quatrième fois, la revue économique Capital publiait le 15 novembre dernier un "TOP 300" des Roumains les plus riches, sur le modèle du magazine américain Forbes, connu pour ses classements internationaux Pour y entrer, le seuil a été relevé de 5 à 7 millions de dollars, cette année. La somme de ces 300 richesses, d'un montant approximatif de 16 milliards de dollars, représenterait 22 % du PIB national roumain. Elle a augmenté de un milliard de dollars en un an, alors que 60 % des Roumains vivent avec moins de 600 dollars annuellement. C'est à Bucarest que l'on trouve la plupart des grandes fortunes roumaines : 121, soit plus de 60 % de celles retenues. Cluj, s'impose comme la ville n° 2 des millionnaires roumains. Le président Basescu dans une interview accordée au quotidien Romania Libera, avait souligné le fait que les personnes les plus riches n'étaient pas forcément les citoyens payant le plus d'impôts, mettant le doigt là sur les injustices et la corruption régnant dans le pays. Les noms cités sont familiers des Roumains car étroitement impliqués dans la vie politique et économique du pays. Il est ainsi question du vice-premier ministre Gheorghe Copos, du sénateur UDMR (parti des Magyars) Attila Verestoy, du maire de Bucarest, Adriean Videanu ou du Premier ministre Calin Popescu Tariceanu. Ce TOP 300 révèle que 2005 a été particulièrement profitable pour les plus grosses fortunes, tandis qu'on y note l'entrée de 55 nouveaux noms. Le nombre de ceux dont l'avoir se situait entre 5 et 7 millions de dollars a par contre diminué. Par ailleurs, il faut également noter que beaucoup parmi ceux qui ont réussi à accumuler des avoirs impressionnants travaillaient, avant 1989, dans le commerce extérieur. Le Top comprend également des hommes très jeunes, à partir de 25 ans, qui sont partis de rien. Les privatisations ont permis à une troisième catégorie de se remplir les poches. En général, en 2005, les affaires immobilières, le marché de capitaux et le commerce ont été les domaines les plus attractifs. L'ancien tennisman Ion Tiriac en tête du hit-parade 1 er. Pour l'année en cours Ion Tiriac - l'ex-champion de tennis se trouve en tête de liste des Roumains les plus riches. Avec une fortune estimée à un milliard de dollars, il ravit la 1ère place à l'homme d'affaires greco-roumain Constantin Dragan, numéro 1 jusqu'ici. Ion Tiriac possède des intérêts dans le domaine bancaire, les assurances, le sport et le commerce. La fusion entre sa Banque et l'allemand HVB a été l'un des événements les plus marquants de l'année. 2ème. Iosif Constantin Dragan, est à la tête d'une fortune de 850 millions de dollars, due à des affaires réalisées dans les produits pétroliers, la distribution, l'édition et les transports. 3ème. Sorin Ovidiu Vantu fait un bond jusqu'à cette place, ayant empoché 250 millions de dollars de plus-values en 2005. Son nom lié aux principaux scandales financiers qu'a connus la Roumanie, ces dix dernières années, continue à faire la une des journaux, sans que, pour autant, cet ancien comptable condamné et emprisonné pour escroquerie sous Ceausescu, soit inquiété outre-mesure par la justice, malgré les nombreux procès dont il est Ion Tiriac l'objet. Sorin Ovidiu Vantu, doit sa fortune, estimée à 750 millions de dollars, à différentes affaires, entre autres dans le pétrole, les médias et les investissements financiers. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Musique Connaissance et découverte La visite de Liszt au pays des Laoutars lui a inspiré sa fameuse "Rhapsodie roumaine" Une rencontre prodigieuse avec Barbu, le violoniste tsigane F ranz Liszt s'est intéressé de près aux musiciens tziganes, auprès de qui il pensait retrouver - à tort - les détenteurs authentiques de la musique populaire de sa Hongrie natale. Sa rencontre avec Barbu Lautaru, violoniste tzigane de Roumanie, est restée célèbre. Elle devait inspirer à Liszt sa Rhapsodie roumaine pour piano, rapporte Alain Chotil-Fany, mélomane passionné de musique roumaine - il lui consacre un remarquable site Internet, www.souvenirs des carpates - qui a retrouvé l'intégralité d'un article paru dans le journal français le Ménestrel en juillet 1889, alors que les musiciens populaires roumains enchantaient les visiteurs de l'Exposition Universelle de 1889, lors de l'inauguration de la Tour Eiffel. Invité à Iasi par le poète Vasile Alecsandri "Liszt était un admirateur passionné de la musique des Laoutars roumains, les mêmes qui fanatisent en ce moment les visiteurs du Champ de Mars. C'est au château du célèbre poète roumain Vasile Alecsandri, raconte la “Neue Musikzeitung” de Stuttgart, que le compositeur les entendit pour la première fois. Une foule énorme d'invités était rassemblée dans la grande salle du Vasile Alecsandri château pour recevoir et écouter les musiciens nomades, qui arrivaient de Jassy, sous la conduite de leur chef, Barbu Lautaru. Le maître de la maison leur fit verser du champagne en signe de bienvenue et les pria de commencer. Barbu fit d'abord jouer une marche nationale qui impressionna profondément les assistants. Quelques-uns d'entre eux firent tomber des pièces d'or dans le verre du vieux chef, en lui disant: "Bois, Barbu Lautaru, bois, mon maître !". Et le vieux chef aspira le vin avec les pièces d'or, qu'il retira ensuite de sa bouche pour les baiser avec ferveur. Puis on passa à l'exécution d'une mélodie tzigane. Toute la mélancolie des steppes semblait s'exhaler de ce morceau; mais, brusquement, le chant plaintif cessa, un cri perçant retentit et les instruments commencèrent à s'agiter dans un prestissimo qui, graduellement, devint fiévreux, vertigineux, échevelé, donnant l'impression d'un régiment de cavalerie montant à l'assaut. Liszt était transporté et, lorsque le morceau fut achevé, il s'avança vers le chef, jeta de l'or dans son verre, qu'il heurta contre le sien, et lui dit: "Tu m'as fait connaître ta musique, Barbu, à mon tour de te faire connaître la mienne." Et l'illustre virtuose se mit au piano au milieu d'un silence religieux. "Par Dieu, Barbu, tu es encore plus grand musicien que moi " Après un court prélude, le maître improvisa une marche hongroise, dont il conduisit le thème, superbe d'ailleurs, à travers des cascades de trilles et d'arpèges et les modulations les plus étranges et les plus inattendues. Tout entier à l'inspiration, Liszt semblait oublier tout ce qui se passait autour de lui. Ses doigts couraient sur le clavier, rapides Liszt écoute religieusement le vieux comme le vent, faisant barde tsigane Barbu Lautaru qui lui a rhapsodie roumaine, entendre avec persistan- inspiré sa célèbrelors d’une visite à Iasi, chez l’écrivain Vasile Alecsandri. ce, au milieu des plus fantastiques arabesques, le motif victorieux de la marche. Les auditeurs, retenant leur respiration, se tenaient immobiles et comme frappés par un charme. Enfin, l'enthousiasme éclata, frénétique, imposant. Le vieux Laoutar, les yeux baignés de larmes, s'approcha de Liszt et lui dit : "C'est à mon tour, Maître, à te prier de trinquer avec moi”. Les verres s'entrechoquèrent et Franz Liszt demanda: "Eh bien, que dis-tu de cette mélodie?” "Elle est si belle, maître”, répondit le vieux barde,“que je vais, si tu le permets, essayer de la reproduire." Liszt esquissa un sourire incrédule, mais il acquiesça d'un signe de tête. Laoutar se tourna vers son orchestre, épaula son violon et répéta la marche hongroise. Pas un trille, pas un arpège, pas un ornement ne furent omis. Barbu exécuta note pour note l'improvisation du pianiste. Et ses musiciens l'accompagnaient scrupuleusement, comme mû par l'instinct, et observant religieusement les moindres nuances indiquées par son archet. Lorsqu'enfin la dernière note eut Franz Liszt résonné, Liszt sauta de son siège et courut se jeter dans les bras du vénérable chef en s'écriant: "Par Dieu, Barbu Lautaru, tu es un artiste divin et un plus grand musicien que moi !" 35 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Ciné-reportage SUCEAVA BAIA MARE z ORADEA z z ARAD z IASI z ALBA IULIA z z TARGU MURES CLUJ FOCSANI z z z TIMISOARA z z GALATI SIBIU BRASOV TG. JIU z PITESTI CRAIOVA z z BRAILA z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Quinze millions de spectateurs pour un film: publics records sous le communisme 34 Sous le communisme, des dizaines de films roumains ont atteint des publics records, les plus célèbres attirant jusqu'à 15 millions de spectateurs. Pour autant, tous étaient loin d'être des chefs d'œuvres. D'autres raisons expliquent l'engouement des Roumains… En dehors du cinéma, il n'y avait pas grand chose comme distractions, notamment en milieu rural. Un film pouvait tenir l'affiche pendant des années et le pouvoir veillait à sa distribution car il s'agissait d'œuvres, souvent à la commande, destinés à le servir. Tout un public était captif, avec séances obligatoires: écoles, casernes, maisons de la culture. En outre, les chiffres de fréquentation étaient gonflés, les réalisateurs s'engageant par contrat à dépasser le million de spectateurs, condition nécessaire pour obtenir des primes et autres avantages. Les grandes productions de style hollywoodien, comme "Mihai Viteazul" ("Michel le Brave") bénéficiaient de moyens que leur auraient envié les cinéastes américains, ayant à leur disposition des milliers de chevaux et figurants, car il s'agissait de réaliser de grandes fresques historiques "dans l'intérêt de la patrie"… socialiste. Deux grands réalisateurs ont émergé de cette époque: Sergiu Nicolaescu et Mircea Dragan qui placent chacun trois films dans les dix plus grands succès cinématographiques de toute l'histoire roumaine. (A suivre page 36) "Au Maramures, au parfum d'amour et d'eau fraîche, on baigne dans la culture villageoise" La caméra de Roger Charret plonge au cœur du village roumain C e lopin de terre, bon, mauvais, est à toi ! Laboure le, sème le, moissonne le pour avoir de bons rendements; sois en le serviteur et le maître fidèle, et protège le s'il en a besoin avec toute ta vigueur, avec le fusil, avec la faux, avec la bêche”. Au 21ème siècle, le paysan du Maramures (Baia Mare) suit encore à la lettre ces rudes conseils pleins de bon sens; vieux de près d'un siècle, ils sont signés de Aron Cotrus, poète roumain. C'est de ce quotidien de la vie de ces paysans que Roger Charret rend compte dans son dernier film documentaire, "Eloge du village roumain". Du printemps à l'automne, jusqu'en hiver même, les campagnes si désertes ailleurs, bourgeonnent de vie. Travail harassant, lent, incessant, au rythme des chevaux de trait; forces humaine et animale mêlées. Complémentaires, hommes et bêtes s'entendent à merveille, depuis le temps qu'ils suent ensemble ! La caméra du réalisateur saisit tous ces moments. Elle fixe aussi les paysages enchanteurs où le temps s'est arrêté au-dessus des collines constellées de meules de foin posées ici depuis toujours, alors qu'alentour les cigognes cherchent leur nourriture. "Au Maramures, au parfum d'amour et d'eau fraîche, on baigne dans la culture villageoise. Il fait toujours bon d'y vivre" rapporte le cinéaste, ajoutant avec regret : "Les jeunes, bien sûrs, lorgnent vers l'Europe de l'ouest, "Eldorado" auquel la Roumanie devrait s'arrimer en 2007. Ils affichent leurs fantasmes à fleur de tee-shirts: ZIDANE, BECKHAM…! Villages, si vous saviez !". En 52 minutes, le film de Roger Charret entraîne dans la Roumanie profonde, celle qui nourrit la nostalgie de tous les amoureux de ce pays, sans en ignorer les difficultés et en en partageant les espoirs. Les associations d'amitié, les comités de jumelage… tous ceux qui entretiennent des liens avec elle, le regarderont avec plaisir, et pourront le faire partager à leurs adhérents, complètant ainsi leurs réunions et assemblées générales. Le cinéaste Roger Charret, licencié en ethnologie, est depuis 25 ans passionné par les peuples encore traditionnels qui perpétuent contre vents et marées leurs coutumes ancestrales. Il est essentielleL’ethnologue et cinéaste Roger Charret nous entraîne attiré par dans la Roumanie profonde des villages du Maramures. ment l'Himalaya et ses peuples montagnards: Tibétains, Népalais....Dans une même démarche, il s'est intéressé ces dernières années aux populations de montagnes plus proches de chez nous: les Roumains du Maramures. La cinéaste a réalisé son film documentaire "Eloge du village roumain" au cours de plusieurs séjours au Maramures au fil des saisons: Pâques, été, Noël, conquis par la chaleur humaine de la population villageoise aux antipodes de la caricature trop souvent servi par les médias d' Europe occidentale. Eloge du village roumain par Roger Charret ; film de 52 mn, disponible en DVD ou VHS (magnétoscope) au prix de 23 € + 3 € de port. A commander auprès de Roger Charret, 4 bis rue de Chavassieux, 42 000 Saint Etienne. Tel : 04 77 21 05 09. E-mail: [email protected] Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société La croissance impressionnante de sa fortune serait due, selon la revue Capital, outre ses appuis hauts placés, au fait qu'il contrôlerait plus de la moitié de Petromservice (stations service Petrom), par l'intermédiaire d'une compagnie off-shore (enregistrée à Chypre, Comac Limited). Toujours par l'intermédiaire d'une off-shore, il dirigerait la chaîne Realitatea TV, Radio Total, ainsi qu'un vaste réseau de radios et chaînes de télévision locales. 4ème. Les frères Ioan et Viorel Micula (700 à 750 millions de dollars), sont des acteurs très importants du secteur du tourisme. Ils ont bâti leur fortune en Iosif Constantin Dragan se servant allégrement dans le budget de l'Etat, auquel ils doivent au moins 50 millions de dollars. Leur influence financière sur de nombreux hauts dignitaires de l'Etat leur a permis jusqu'à présent d'échapper aux foudres du fisc. A la tête de la Société European Drink & Food, ils se placent numéro 2 sur le marché roumain de la bière. 5ème. La famille Paunescu, est aussi endettée que protégée par le régime politique. Les Paunescu sont propriétaires de grands clubs sportifs. Riches de 750 millions de dollars, ils possèdent des médias, des usines, des hôtels et autres biens immobiliers. La famille a acheté des Sorin Ovidiu Vântu terrains dans la capitale et dans pratiquement toutes les villes importantes du pays. 6ème. Ioan Niculae, (500 à 550 millions de dollars), s'occupe de commerce extérieur, d'assurances. Véritable potentat de son judet, il s'est constitué un empi- re dans l'agriculture roumaine en prenant la tête d'Inter-Agro et a doublé sa fortune en trois ans. Gigi Becali: le "berger" au destin guidé par Dieu 7ème. Gigi Becali, (400 à 450 millions de dollars), propriétaire du Club de football Steaua de Bucarest, Cet ancien berger est un personnage hautement pittoresque, persuadé que Dieu lui a confié un destin national et a créé un parti politique appelé " Nouvelle génération ". Dernièrement, il a vu le Fisc mettre sous séquestre ses avoirs, afin de récupérer les dettes du club envers le budget de l'état, d'une valeur de plus de 7 millions d'euros. Gigi Becali avait racheté Steaua à Viorel Paunescu, il y a 3 ans. 8ème. La fortune de Dinu Patriciu - président de Rompetrol, deuxième raffineur du pays après Petrom - est estimée à 400-450 millions de dollars. Membre dirigeant du Parti national Libéral, Dinu Patriciu tire dans l'ombre les ficelles de la vie politique roumaine. Il est un proche du Premier ministre Tariceanu, lequel aurait fait pression auprès de la justice en sa faveur dans une affaire où il est impliqué. 9ème. La famille Voiculescu, Dinu Patriciu (350 millions de dollars), doit sa richesse aux médias, à l'immobilier, à la distribution et à l'agriculture. Président du Parti Conservateur, membre de l'actuelle majorité, autrefois dénommé Parti Humaniste Roumain, émanation du PSD (anciens communistes) qu'il dirigeait également, Dan Voiculescu est à la tête d'un trust de médias, dont "Jurnalul National", qui lui permet de faire pression sur ses alliés politiques. 10ème. Dan Grigore Adamescu, (320 millions de dollars), possède des affaires immobilières, dans les assurances et dans le bâtiment. Sportifs… et affairistes du sport L e sport est une autre façon de faire fortune… de façon plus honnête quand il s'agit des sportifs eux-mêmes, qui ont mouillé leurs maillots et décroché des contrats fabuleux à l'étranger. Ainsi Gheorghe Hagi (75e du Top 300) a investi les millions gagnés avec le Real Madrid et Barcelone, dans l'achat de luxueux biens immobiliers, tels que l'Hôtel Yaki de Mamaia, financé avec l'aide de l'Etat il y a 5 ans. Son beau frère, Gica Popescu, ancien capitaine du F.C. Barcelone possède des biens en Roumanie et à l'étranger, dont quelques villas à Ibiza et 73 % des actions de Vincon Vrancea (producteur de vin). Adrian Ilie est propriétaire d'un complexe immobilier et d'un hôtel 4 étoiles à Poiana Brasov. Tout aussi fortuné, Anghel Iordanescu, ancien entraîneur national, vient de recevoir une prime de 400.000 dollars pour avoir remporté la Coupe des Champions d'Asie. Adrian Mutu et Cristi Chivu (25 ans), valeurs montantes, ferment la liste des footballeurs millionnaires. Malgré l'énorme perte qu'a représenté sa rupture de contrat avec le club Chelsea de Londres (son salaire annuel y était de 4 millions de dollars), Mutu a réussi a redresser sa situation financière puisqu'il est à la tête de 7 à 8 millions de dollars. Parmi les sportifs pratiquant d'autres disciplines, seuls Andrei Pavel champion de tennis et l'ancien basketteur Ghita Muresan peuvent se comparer aux footballeurs, avec des fortunes proches de 6 millions de dollars. Les joueurs : 1. Gheorghe Hagi (40 ans, 40 millions de dollars) 2. Gica Popescu (38 ans, 30 à 35 milions de dollars) 3. Adrian Ilie (30 ans, 17 millions de dollars) 4. Anghel Iordanescu (entraîneur, 55 ans, 15 à 17 millions de dollars) 5. Mircea Lucescu (entraîneur, 60 ans, 12 millions de dollars) (Lire la suite page 20) 19 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Jeunes, femmes, familles: les fortunes roumaines au scanner Evénements z SATU MARE z SUCEAVA ORADEA ARAD TARGU MURES HUNEDOARA z z CRAIOVA BRAILA BRASOV z SLATINA z L VASLUI z PITESTI a valeur n'attend pas le nombre des années, si on se réfère au classement de "Capital", qui relève le nom de jeunes ayant capitalisé à eux tous un demi-millard de dollars. Parmi eux : 1. Maor Zinger 32 ans, 180 à 200 millions de dollars 2. Sebastian Aurel Ghita (propriétaire du groupe IT Asesoft) 28 ans, 30 à 35 millions de dollars 3. Bogdan Dragomir (fils de Dumitru Dragomir, président de la Ligue Professionnelle de Football) 29 ans, 29 millions de dollars 4. Robert et Ionut Negoita (propriétaires de Pro Confort) 31 et 33 ans, 28 à 30 millions de dollars 5. Arpad Paskany (propriétaire de l'équipe de football CFR Ecomax) 34 ans, 28 à 30 millions de dollars 6. Janos Kurko (propriétaire de plusieurs hôtels à Miercurea Ciuc), 34 ans, 23 millions de dollars. z z z M. CIUC z TIMISOARA BACAU z z z z IASI z z TULCEA z TARGOVISTE z SLOBOZIA BUCAREST z CONSTANTA Suite sportifs Viorel Moldovan 20 6. Viorel Moldovan (33 ans, 10 à 12 millions de dollars) 7. Dan Petrescu (38ans, 10 à 12 millions de dollars) 8. Ilie Dumitrescu (36 ans, 8 à 9 millions de dollars) 9. Adrian Mutu (26 ans, 7 à 8 millions de dollars) 10. Cristi Chivu (25 ans, 7 millions de dollars) Les dirigeants Mais il existe aussi une catégorie d'affairistes du sport, que l'on trouve à la direction des clubs, sans qu'on puisse distinguer s'ils se paient là une "danseuse" ou si cette position leur permet de réaliser de substantiels profits. 1. Gigi Becali (président du Steaua Bucarest, 400 à 450 millions de dollars) 2. George Copos (président du F.C Rapid Bucarest, 230 à 240 millions de dollars) 3. Ioan Nicolae (président du F.C. Brasov, 200 millions de dollars) 4. Nicolae Badea (président du Dinamo Bucarest, 140 à 150 millions de dollars) 5. Adrian Porumboiu (président du F.C. Vaslui, 85 à 90 millions de dollars) 6. Gheorghe Bosanceanu (président du Farul Constanta, 65 millions de dollars). Femmes: cosmétiques et aliments de régime Mais, parmi les grandes fortunes on compte également des femmes. Elles les ont engrangées en vendant des produits cosmétiques et des aliments de régime, en important des voitures et en construisant des entrepôts, dans le commerce et le bâtiment. Dans l'ordre, les sept plus prospères sont: 1. Anca Vlad (propriétaire du groupe Fildas), 75 millions de dollars Anca Vlad 2. Lavinia Huidan (propriétaire du Forum Auto, importateur exclusif de la marque Volvo), 20 à 22 millions de dollars 3. Veronica Savanciuc (responsable de l'Agence de Publicité Lowe&Partners), 16 à 17 millions de dollars 4. Antonia Coposu (propriétaire du groupe commercial Metabras), 10 à 12 millions de dollars 5. Erika Hristea (propriétaire de Secpral Pro Instalatii), 9 à 10 millions de dollars 6. Maria Grapioni (propriétaire de la société Pasmatex), 9 millions de dollars 7. Maria Braescu (ancienne propriétaire de Casa Lux), 7 à 8 millions de dollars. Familles : immobilier et ameublement Les huit familles les plus fortunées de Roumanie se sont enrichies en faisant le plus souvent des affaires dans le domaine immobilier et de l'ameublement. 1. Famille Paunescu (propriétaires du Lido et de l'Hôtel Intercontinental), 700 à 750 millions de dollars 2. Famille Voiculescu (Groupe Grivco), 350 millions de dollars 3. Famille Zinger (détient la moitié des espaces commerciaux de Brasov), 180 à 200 millions de dollars 4. Camelia et Dan Sucu (propriétaires de Mobexpert), 85 George Paunescu à 90 millions de dollars 5. Virgil et Angelica Rapotan (propriétaires de la société commerciale Arabesque de Galati), 70 à 75 millions de dollars 6. Mariuca et Florin Taples (possèdent IT Softwin), 40 à 45 millions de dollars 7. Famille Tudorache (distributeurs des médicaments Montero), 40 à 45 millions 8. Alina et Cristina Fughina (propriétaires de IT K-Tech et Ultra Pro), 35 à 37 millions de dollars. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte “Cafarnaüm” au festival “Des jours et des nuits” de Braïla francophones interprétés par une troupe de Belfort La part autobiographique est incontestable dans cette dernière pièce puisque Anca a dû s'exiler alors qu'elle était encore jeune (vingt ans) et qu'elle a dû laisser sa sœur en Roumanie. C'est cette déchirure qui est bien évidemment au cœur de Puck en Roumanie, la pièce la plus personnelle et la plus profonde d'Anca Visdei. Mais au total, son théâtre reste un théâtre léger, de divertissement, une sorte de vaudeville moderne". La femme comme champ de bataille… d'un Matei Visniec en lutte contre le conformisme Cafarnaüm: "De Visniec, nous avons mis en scène en 2001 La femme comme champ de bataille dans la guerre en Bosnie; une œuvre qui se situe, à bien des égards, à part dans l'œuvre dramaturgique de Matei Visniec basée principalement sur l'humour absurde. Ainsi, cette pièce est ancrée dans la réalité, dans l'actualité de l'époque (elle a été écrite en 1996), à savoir la guerre en Bosnie. Le conflit y est vu par deux femmes : l'une psychologue américaine, l'autre (Dora) une jeune femme violée. Le public est soumis à rude épreuve car Visniec souhaite ainsi, en interpellant son auditoire, "que les gens soient horripilés, choqués dans leur chair, par la situation dramatique insoutenable". Visniec ne désigne pas l'ennemi et pose des questions sans réponses. C'est à chacun des spectateurs, estime-t-il, de trouver sa réponse plutôt qu'une réponse déjà toute faite. D'une manière générale, Visniec est en lutte contre le bienpensant et contre le conformisme intellectuel. Il s'agit en fait, chez Visniec, d'un théâtre qui dénonce toute forme de dictature, aussi bien celle qu'il a fui en Roumanie que la nôtre, en Occident, plus sournoise et hypocrite pour ce qui concerne la pensée. L'écriture dramaturgique de Matei Visniec ne donne pas tant la priorité aux personnages qu'il privilégie les situations. Ces personnages, d'ailleurs, sont le plus souvent décalés par rapport à la réalité. Les situations, elles, sont exprimées par un choix et une économie de mots (français) qui donnent ainsi à ce théâtre toute la force de sa concentration et sa percussion ". De Beckett à Ionesco Cafarnaüm: "Visniec, très inspiré par Beckett, est incontestablement un continuateur de l'œuvre de Ionesco. Par l'absurde, bien sûr, mais aussi par sa quête de personnages interchangeables. Toutefois, si Ionesco a mis du temps avant d'être reconnu par la critique, Visniec, lui, a rencontré le succès rapidement. De nombreuses petites compagnies jouent Visniec en France; petites compagnies, d'ailleurs, que Visniec s'emploie à soutenir comme pour affirmer sur le terrain son désir d'assurer la diversité des expressions théâtrales. Au total, le théâtre de Visniec veut garder l'espoir, un espoir sur l'horreur certes mais un espoir tout de même (ainsi la femme violée dans La femme comme champ de bataille décide de garder son enfant). Pour Visniec la vie doit l'emporter sur la mort et, à ce propos, lisons de lui ces quelques lignes: " Il faut absolument laisser de l'espace à l'espoir. Sinon, il faut se suicider. Il faut réagir, il faut actionner, comme si l'espoir existait, comme si l'humanité était capable de Matei Visniec sortir de son cauchemar, de ses égarements, de ses excès, comme si l'Histoire servait à quelque chose. Sinon, cela signifierait que nous sommes dans un vide total. ". Enfin, nous pensons que des pièces comme L'histoire des ours panda racontée par un saxophoniste qui a une petite amie à Francfort, comme Petits boulots pour vieux clowns, comme Théâtre décomposé ou l'homme-poubelle ou encore Partitions frauduleuses, parmi d'autres, sont bien ancrées dans le répertoire théâtral et qu'elles sont promises à un avenir durable ". Propos recueillis par Bernard Camboulives La compagnie Cafarnaüm possède un site Internet: www.cafarnaum.com La patiente d'Anca Visdei a d'abord été tirée de la pièce Femmesujet éditée par les Editions Aux-quatre-vents. Elle a ensuite été publiée sous son propre titre aux Editions Théâtrales. La femme comme champ de bataille dans la guerre en Bosnie de Matei Visniec a été éditée par Actes Sud-Papiers. Un seul cinéma chauffé en Moldavie L a situation des cinémas est désastreuse dans l'ensemble du pays et particulièrement en Moldavie. Presque tous ont sombré. Quand ils ont été vendus ou loués, leurs nouveaux propriétaires les ont transformés en bars ou discothèques. La concurrence de la télévision et d'Internet, l'état lamentable des salles et de leur équipement, datant de plusieurs décennies, le prix des billets, ont découragé le public et, devant les dettes accumulées, les autorités ayant en charge cette activité ont renoncé . A Iasi, il n'existe que deux grands cinémas qui totalisent 1800 places… dont une centaine seulement sont en moyenne occupées. Le "Republica" est même le seul à être chauffé de toute la Moldavie, alors qu'il n'est pas rare que le thermomètre descende à - 20 ° l'hiver. Dans certaines très grandes villes commencent à apparaître des complexes multi-salles privés. Deux sont justement prévus à Iasi, le Julius Mall et le Mall Moldova. Mais dans les communes plus modestes, le cinéma est en voie de disparition complète. 33 Connaissance et découverte Les NOUVeLLes de ROUMANIe Théâtre SUCEAVA BAIA MARE z ORADEA ARAD CLUJ z z z IASI TARGU MURES z PIATRA NEAMT z DEVA z z z L BACAU z TIMISOARA BRASOV PITESTI CRAIOVA z z z BRAILA PLOIESTI BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Une fascination mutuelle 32 En 1912-1913, une tentative manigancée auprès du roi (qui n'aime pas Loti) pour faire venir l'écrivain à Bucarest échoue. La reine meurt au début de la Première Guerre mondiale. On peut s'interroger sur la nature des relations entre Loti et la reine de Roumanie. Les grands ont toujours fasciné le petit garçon de Rochefort. Loti était sensible à la façon dont la reine lisait publiquement des extraits qui, lus par Elisabeth, donnaient à l'auditoire une impression plus forte qu'aurait donné la lecture de l'œuvre complète. Carol Ier Carmen Sylva pensait très justement que l'admiration que Loti lui portait "n'était peut-être pas accordée aux pages mêmes que je (Carmen Sylva) lui lisais, mais plutôt issue des pensées élevées que son esprit sensible, généreux et intelligent concevait lui-même durant ma lecture". La reine de Roumanie ne se glisse-t-elle pas ainsi dans le rôle de la muse? En tout cas, son personnage et l'exotisme de la cour roumaine, entre Occident, où elle était amarrée, et ce parfum d'Orient tout autour, qui troublait Loti, ne pouvaient que séduire notre écrivain voyageur. Marc Chesnel a compagnie théâtrale Cafarnaüm est installée dans le quartier des Résidences (immeubles et barres en abondance) de Belfort. Animée par deux passionnés permanents du théâtre, Manuelle Lotz et Alexandre Tournier, et présidée par Gilles Benhamou, elle compte à son répertoire de nombreuses créations dont la première fut La femme comme champ de bataille du Roumain de Paris, Matei Visniec. La rencontre de Cafarnaüm avec Anca Visdei, autre dramaturge roumaine exilée de longue date (Suisse et Paris), a permis à cette compagnie de monter pour la première fois sur les planches françaises (à Besançon en 2001) un texte de celle-ci, écrit directement en français en 1990, La patiente. Et c'est avec cette pièce d'une exilée roumaine écrivant en français que Cafarnaüm a été invitée au Festival Des jours et des nuits qui s'est tenu en septembre 2004 à Braïla en Roumanie. Bernard Camboulives a rencontré Manuelle Lotz et Anca Visdei Alexandre Tournier à leur retour de Braïla. En Roumanie, l'auteur et son texte ont encore la primauté sur le metteur en scène Cafarnaüm: "L'accueil des Roumains a été de qualité. Des gens chaleureux, pressés (presque trop) de nous rendre service et fort capables d'organiser avec talent un festival. Il y avait là des troupes anglaise, turque, allemande, grecque et deux françaises (dont nous). Ce que nous avons particulièrement apprécié est l'amour du théâtre dont ont fait preuve les organisateurs. Ils vivent encore le théâtre dans le cadre d'un ancien système avec de nombreux permanents à la mentalité parfois de fonctionnaire et peu de moyens techniques mais cela induit ce que nous affectionnons particulièrement, à savoir une préférence et une priorité pour le texte plutôt que pour la scénographie. Disons que là-bas l'auteur conserve encore la primauté sur le metteur en scène. Ce qui n'est plus tout à fait le cas en France. Il y a aussi en Roumanie un amour et un respect pour la langue française qui nous ont tout à fait étonnés et enchantés. Nous avons d'ailleurs joué notre pièce en français comme les autres compagnies étrangères ont joué les leurs dans leurs langues d'origine. Cela n'a pas empêché le public de manifester son enthousiasme". La déchirure vécue par Anca Visdei tranche avec son théâtre léger Cafarnaüm: "Notre pièce jouée à Braïla était La patiente d'Anca Visdei. Nous apprécions particulièrement cet auteur que nous avons fréquemment au téléphone. Nous entretenons ainsi une excellente collaboration avec elle et c'est grâce à cela que nous avons pu venir jouer en Roumanie. Anca écrit un théâtre, certes bavard qu'il nous est permis de raccourcir parfois, mais terriblement drôle et intelligent. Anca Visdei crée ainsi de vrais personnages très intéressants à jouer. Dans La patiente, c'est une femme qui va voir son psy dont elle tombe amoureuse. Cela donne une véritable comédie sur fond de psychanalyse et d'amour. Le théâtre d'Anca Visdei est aussi un théâtre féministe comme en témoigne sa pièce Dona Juana où elle met en scène une sorte de Don Juan féminin. La gravité aussi peut être de mise dans ce théâtre comme dans la pièce Puck en Roumanie pour laquelle l'auteur écrit : "La pièce parle de l'érosion que le temps inflige aux êtres à travers le témoignage de ces deux sœurs, victimes d'une séparation imposée par un système de répression aussi absurde que violent et efficace". Société Le véhicule s'était renversé à l'entrée de Slobozia: seize passagers tués Evénements Les auteurs roumains z z La compagnie théâtrale française Les NOUVeLLes de ROUMANIe La sécurité des micro-bus en question C irculant trop vite, un micro-bus surchargé s'est renversé à l'entrée de Slobozia (Ialomita), entraînant la mort de seize de ses vingtsept passagers, fin novembre. L'accident a causé une grande émotion en Roumanie où ce système de transport, rapide, pratique, peu coûteux, s'est énormément développé ces dernières années, remplaçant les liaisons assurées par des compagnies de cars souvent défaillantes, voire inexistantes dans certains secteurs. L'accumulation d'accidents du même genre a amené les autorités à réagir et à annoncer de nouvelles mesures de contrôle de vitesse, de respect du nombre de passagers autorisés, et la révision du système d'attribution des licences de transport. Justice: deux poids... deux mesures selon qu'on soit puissant ou simple citoyen Justice Carmen Paunescu L Les professionnels du secteur estiment que ces dispositions sont inutiles, risquant d'alourdir les contrôles bureaucratiques et demandent la véritable application de la réglementation existante, ce qui leur paraît suffisant. Ils dénoncent en outre la concurrence des transporteurs illégaux, qu'ils appellent des pirates, qui les oblige à réduire les prix, les coûts, en augmentant le nombre de navettes et leur surcharge. De nombreux chauffeurs sont ainsi amenés à faire des aller-retours incessants de jour et de nuit, mettant gravement en danger la sécurité des passagers; mais seuls les transports internationaux sont contraints de disposer d'un système permettant de vérifier le nombre d'heures de conduite et de repos, les transports internes échappant à ce contrôle. a justice a rendu son verdict dans l'affaire Carmen Paunescu. La femme du poète et barde de Ceausescu, devenu depuis sénateur PSD (anciens communistes) de Hunedoara avait provoqué la mort de trois personnes dans un accident de voiture, voici un an. Au volant de son puissant 4 x 4 - la voiture préférée des nouveaux nomenklaturistes... les automobilistes ordinaires ont appris à se ranger à leur passage - la conductrice téméraire avait doublé une file de véhicules, alors que c'était interdit, percutant de plein fouet une Dacia circulant en sens inverse. Carmen Paunescu s'en était tirée avec quelques contusions sans gravité, mais dans le véhicule en face, les secours avaient retiré les corps sans vie du conducteur, son épouse et leur petit garçon: la famille avait été totalement anéantie, à l'exception de la fille aînée, miraculeusement seulement blessée. D'habitude, la justice se montre impitoyable dans ce genre d'affaire, condamnant fréquemment les prévenus à des années de prison. Dans ce cas, Carmen Paunescu a écopé d'une amende de trente millions de lei anciens... soit 900 € ! Mircea Toma, journaliste à la revue satirique "Academia Catavencu" a vivement réagi dans la tribune libre suivante parue dans son journal : "Carmen Paunescu a été, enfin, condamnée pour les trois personnes qu'elle a tuées avec sa voiture. Dans leur sentence définitive, les juges ont décidé d'accorder 30 millions de lei anciens au grand-père de la seule rescapée, qui est encore mineure... Soit 10 millions (300 €) pour chaque croix. Voici deux ans, Silviu Alupei, journaliste à "Romania Libera", avait été condamné à 300 millions de lei (9000 €) de dédommagements pour avoir dénoncé dans un article les abus d'une procureure. Dan Balescu, journalis- te à "Gazeta de Sud", a dû payer 660 millions de lei (18 600 €) pour insulte à l'égard d'un préfet dont il relatait les agissements. Je ne dis pas qu'ils avaient raison ou non. Je constate simplement: en Roumanie, aux yeux de la Justice, le prix d'une vie est de 10 millions de lei, la susceptibilité d'un personnage puissant en vaut entre 30 et 66 fois plus. Voici peu, un jeune de Timisoara surpris avec une boulette de drogue de 1 g a été condamné à 11 ans de prison; le fils de Ion Tiriac (la plus grosse fortune du pays) a été blanchi de l'accusation de trafic et consommation de drogue après l'intervention de son père auprès du président Iliescu. Sans-doute ne faut-il pas généraliser car il existe des juges qui appliquent la loi sans tenir compte de la position du prévenu... Mais je ne peux Ion Tiriac junior m'empêcher de penser à ceux qui font dans leur culotte dès qu'ils ont à faire à un procureur, un préfet, un Paunescu, un Tiriac. Bref... un puissant. On parle de la réforme de la Justice? Il faudrait commencer par greffer des couilles aux juges !". 21 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Vie quotidienne SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z IASI z z z z BRASOV GALATI PITESTI CRAIOVA BACAU z SIBIU z z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE z BUZAU BUCAREST z z TULCEA z Bucarest n'est plus la ville la moins chère d'Europe 22 D'après le classement bi-annuel effectué par "The Economist Intelligence Unit", Bucarest n'est plus la ville la moins chère d'Europe, après avoir remonté de la 112ème place, au niveau mondial, à la 91ème. Désormais, elle précède Kiev (93ème) et Belgrade (108ème). L'entrée des pays de l'Est dans l'UE a d'ailleurs changé sensiblement le classement, leurs capitales étant devenues moins accessibles au niveau des prix. Ainsi, Varsovie avance de 37 places, Prague de 20, Budapest de 12 et Bratislava de 10. Les destinations est-européennes restent cependant les moins chères du Vieux Continent, à l'exception de Lisbonne qui occupe la dernière place (52ème). Les villes les plus chères du monde sont: Tokyo, Oslo, Osaka Kobe. Suivent treize villes européennes : Reykjavik (4ème), Paris (5ème), Copenhague (6ème), Zürich (7ème), Londres (8ème), Genève (9ème), Helsinki (10ème), Vienne (11ème), Francfort (12ème), Milan (13ème), Munich (14ème), Stockholm (15ème), Berlin (16ème). La chute du dollar explique ce phénomène et le fait que l'on ne trouve aucune ville américaine dans les trente premières, New-York se classant 35ème. L'Amérique du Sud est une des régions les meilleurs marchés, Mexico (68ème) étant la ville la plus chère du sous-continent. Téhéran est considéré comme la grande ville la moins chère du monde. aventure littéraire avec la reine Elisabeth de Roumanie La capitale transformée en immense chantier et l'écrivain troublé par l'exotisme roumain C irculer dans les rues de Bucarest, que l'on soit automobiliste ou piéton, est une expérience qui ne s'oublie pas. Il faut une bonne dose de courage pour s'y aventurer, doublée d'un soupçon de fatalisme et de beaucoup de patience. Les optimistes qui pensaient que cette situation ne pouvait que s'améliorer avec le temps doivent déchanter: Adrian Videanu, le maire général de la capitale, vient d'annoncer la mise en chantier de 35 projets de travaux dans les trois prochaines années, voués à donner à Bucarest l'aspect d'une véritable capitale européenne. La construction d'un aéroport dans le sud de Calea Victoriei, 1944 la ville, de parkings souterrains et en surface, de quartiers résidentiels en périphérie et d'un canal reliant Bucarest au Danube, ne constituent qu'une partie de cet ambitieux projet. Des initiatives plus anciennes telles le passage Basarab - destiné à améliorer la circulation dans la zone de la gare du Nord - et la réhabilitation du centre historique de la capitale, dont on parle depuis au moins deux ans, sont également à l'ordre du jour. L'ensemble présuppose un budget de six milliards d'euros, dont 2,8 milliards devront être disponibles dès le début des travaux. Adrian Videanu rappelle à ce sujet l'émission d'obligations lancée par la municipalité au début de l'année 2005, laquelle a rapporté à ce jour 500 millions d'euros. Il mentionne également la possibilité de partenariats privé-publics et d'emprunts auprès de banques d'investissements étrangères, mais sans apporter plus de précisions. Le maire assure que la municipalité se chargera des investissements concernant l'infrastructure: installations de canalisations d'eau, de gaz, d'électricité ainsi que de la réfection des routes périphériques et semi périphériques, ce qui devrait rendre la ville plus attractive pour le secteur privé, lequel pourrait ainsi participer "de façon significative" au financement du projet. Face à cet ambitieux programme, lequel devrait certainement, améliorer considérablement l'aspect de la capitale roumaine, une expression chère à nos voisins britanniques, vient à l'esprit: "wait and see" (attendons de voir)… d'autant plus que deux de ces projets paraissent surprenants : la construction d'un aéroport sud, alors qu'Otopeni vient juste d'être agrandi et modernisé, ce qui lui assure une capacité de plusieurs années pour absorber le flux des rotations aériennes; le creusement d'un canal entre Bucarest et le Danube, dont on ne voit pas bien l'utilité, et qui s'assimile à un chantier pharaonesque rappelant, en outre, de très mauvais souvenirs. A Connaissance et découverte Pas moins de 35 projets de travaux pour les trois prochaines années z CONSTANTA Les NOUVeLLes de ROUMANIe Les Roumains se tournent vers les vins secs et demi-secs lors que la Roumanie est depuis longtemps un pays de tradition de vins très sucrés (19%), on peut constater une évolution récente qui tend vers la consommation de vins "demi-secs" (37%) et "secs" (21%). La Roumanie n'a pas encore basculée vers une production majoritaire de vins secs mais elle se trouve à un tournant en privilégiant les vins "demi-secs". Cette mutation se fait de façon progressive. On constate que la classe moyenne roumaine préfère les vins secs. En conséquence, on peut estimer sans trop se tromper qu'avec l'évolution du pouvoir d'achat, la progression de la consommation de vins secs va se confirmer dans l'avenir. Carmen Sylva, et fervente partisane de la réconcilition franco-allemande Provocation de Loti ? En tout cas, les discussions se poursuivent avec les promenades dans la forêt : c'est là, en parlant avec la reine que naît l'idée d'écrire Le Roman d'un enfant publié trois ans plus tard dans une revue parisienne avant de devenir un livre. Leurs relations se poursuivent, avec des hauts et des bas. Loti traduit en français deux textes de Carmen Sylva, Mochou et Baba et Mihu l'enfant, ce qui est exceptionnel de sa part; ce sont ses seules traductions, avec beaucoup plus tard celle du Roi Lear, de Shakespeare (cette fois en collaboration). Loti contribue à faire connaître les écrits de Carmen Sylva. Il corrige les Pensées d'une Reine, publié chez Calmann Levy. L'ouvrage reçoit le prix Botta de l'Académie Française le 16 novembre 1888. Il préface d'autres livres écrits par la reine, ainsi Qui frappe?, publié encore chez Calmann Levy en 1890. puter avec les gens qu'il aime bien, sans autre raison que de goûter ensuite le plaisir de la réconciliation: la reine, stupéfaite, l'apprend à ses dépens. Après cette nouvelle rencontre, l'écrivain et la reine s'écrivent encore. Les lettres adressées par Loti à Elisabeth sont connues à la suite d'une histoire rocambolesque: dérobées par un secrétaire indélicat de la reine, qui les vend, elles sont retrouvées chez un marchand d'autographes à Paris par Louis Barthou, qui les achète pour les rendre à Loti ! Pour le remercier, le romancier lui en laisse la plupart. La distance, le temps, la vie tout simplement les séparent. Relations arrêtées pendant dix sept ans sur ordre de Carol 1er C’est alors que la reine reproche à Loti, maintenant très célèbre, puisque il est élu à l'Académie Française en 1891, de Brouilles et réconciliations ne jamais plus lui faire parvenir les nouveaux romans qu'il publie. Elle dit regretter d'autant plus les longues discussions Leurs relations épisde Sinaia que Loti est tolaires s'installent. Loti loin... Et qu'il a publié en revient en Roumanie trois 1893 Une Exilée, un récit ans plus tard. Il séjourne à né de cette idylle à l'issue la cour de Bucarest en malheureuse (entre le avril-mai 1890. Plus tard, prince héritier et la demoiil portera des jugements selle d'honneur de la irrévérencieux sur ce qu'il reine), dont il avait été le a pu voir lors de son témoin lors de son séjour séjour, en particulier sur au château de Peles. l'entourage de la reine. Au milieu de tous les Loti a toujours eu son souvenirs de Sinaia, de franc-parler quand il le Bucarest et de Venise, que juge bon. De retour en Loti évoque dans ce livre, France, l'écrivain manipour présenter une pauvre feste son mécontentement reine, rêveuse, triste et quand un journaliste hondésillusionnée, comme un être surhumain, presque grois le dépeint sous un céleste, il parle également jour peu flatteur en relaLa reine Elisabeth au milieu de son groupe de fidèles; Hélène Vacaresco tant à sa façon le séjour à est assise à ses pieds et Pierre Loti se trouve également assis, du roman d'amour qui s'éà gauche sur la photo (cliché pris à l’Hôtel Danieli de Venise, le 14 août 1891). tait déroulé sous ses yeux. Sinaia, critiquant en particulier l'apparence physique de Loti, sujet auquel notre homme, Loti fait parvenir un exemplaire des Désenchantées avec très susceptible, est sensible. S'ensuit un refroidissement des une dédicace à la reine. Leurs relations épistolaires, arrêtées de relations entre l'écrivain et la reine, qui n'était pour rien dans 1891 à 1908 comme l'exigeait le roi Carol, reprennent : Loti cette affaire ! envoie à la reine ses nouveaux livres, qu'elle lit publiquement Aussi Loti hésite-t-il à aller voir la reine à Venise (où elle à la cour, Carmen Sylva lui fait parvenir ceux qu'elle publie. était partie sur ordre de son mari, le roi Carol 1er étant opposé "Mon remerciement ému pour Aliunde que Votre Majesté au mariage qu'elle souhaitait entre le prince héritier et Elena a daigné m'envoyer et dont la lecture m'a laissé je ne sais quelVacaresco) en 1891 comme il l'avait prévu ; finalement, après le sérénité haute et en même temps douce. Je l'avais lu lenteavoir fait des manières, il s'y rend et voit la reine trois jours au ment à mes rares minutes de liberté; cela m'avait rappelé l'émilieu du mois d'août : quel décor pour ces retrouvailles ! Une poque déjà si lointaine où, sur la gondole à Venise, Votre nouvelle brouille surgit au cœur d'une discussion animée, Majesté lisait des fragments du livre: Livre de l'âme. Déjà bientôt suivie d'une réconciliation ! plus d"un quart de siècle passé depuis ces soirs de gondole. Ce qu'Elisabeth ignorait, c'est qu'il plaît à Loti de se disHélas !", lui répond-il. (lire la suite page 32) 31 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Littérature Pierre Loti mena une singulière connue sous son nom d'écrivain, SUCEAVA z z ORADEA z ARAD BAIA MARE IASI z TARGU MURES CLUJ La muse royale z BACAU z z z z z z z SIBIU TIMISOARA BRASOV z SINAIA ORAVITA PITESTI CRAIOVA z GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Envoyée en exil par son mari, le Roi 30 Romantique incurable, la reine Elisabeth confondait les affaires du cœur avec celles de la raison… dynastique. Son projet de mariage entre Ferdinand, le prince héritier du trône (car le 14 mars 1881 fut proclamé le Royaume roumain), neveu de Carol 1er, et Elena Vacaresco, sa première dame d'honneur, fut récompensé de deux ans d'exil par son royal époux Carol Ier, qui n'apprécia pas, ne connaissant qu'un devoir : servir les intérêts de la Roumanie, en accord avec ses ministres, malgré ses affinités mêmes. La reine avait remarqué le sentiment naissant entre les deux tourtereaux. Elle l'encouragea, tenta de convaincre son mari, qui y fut favorable, au départ. Mais c'était sans compter sans la réaction de l'aristocratie roumaine qui s'opposa au projet de mariage : le futur roi ne devait en aucun cas épouser une descendante d'une famille roumaine, afin de ne pas ouvrir une lutte interne pour la succession du trône. C'est pour cette raison que les Roumains étaient partis à la recherche d'un prince étranger en 1866, afin de se doter d'un souverain dégagé de ces rivalités. L'affaire fit donc scandale. Elena Vacarescu fut éloignée, Elisabeth envoyée à Venise, puis chez sa mère, promettant de ne jamais la revoir, et tenant parole. Par la suite, la tradition fut respectée, aucun des futurs souverains roumains, appelés sur le trône, n'épousant une Roumaine. En 1893, le futur Ferdinand 1er épousa donc une femme de son rang, Marie, Princesse de Grande Bretagne et d'Irlande, nièce de la Reine Victoria d'Angleterre. E ntre Pierre Loti (1850-1923) et Carmen Sylva, pseudonyme d'écrivain de la reine Elisabeth de Roumanie (1843-1914), femme de Carol 1er, et d'origine elle aussi allemande, une singulière relation littéraire s'était établie, amenant l'auteur français, mondialement connu à l'époque, a séjourné à deux reprises à la cour royale roumaine et à découvrir ce pays. Marc Chesnel, président du Cercle d'Action Culturelle et Européenne de Bordeaux et membre de l'association Internationale des Amis de Pierre Loti, nous conte cette étonnante liaison qui eut l'heur de déplaire au royal époux. Marc Chesnel avait également suscité en 2003 un voyage en Roumanie sur les traces de Pierre Loti, qui avait été mis sur pied grâce à l'agence de voyage de Jean-Michel Corbet, à Târgu Mures (Voir "Les Nouvelles de Roumanie", n° 29 et 31). A Sinaia, la reine traduit "Pêcheur d'Islande" en allemand Au début de son ouvrage Pierre Loti et Carmen Sylva, publié chez Bernard Grasset en 1931, Léopold Stem relate les circonstances de leur mise en relation par l'intermédiaire d'Hélène Vacaresco, dame d'honneur de la reine,également poétesse. Celle-ci fait parvenir à Pierre Loti Jehova, Poème de Carmen Sylva (nom d'écriture de la reine) qu'elle a traduit en français. Loti la remercie en termes chaleureux et lui envoie peu de temps après Pécheur d'Islande, le roman qu'il vient de publier. Le livre est dédicacé à la reine, Loti insiste pour qu'il lui soit remis en mains propres. Elisabeth, profondément marquée par le décès de sa fille unique, est fascinée par les impressions fortes d'un livre traversé par la mort, la douleur de l'âme humaine et la force du destin. Elle admire l'ouvrage et se découvre des affinités avec Pierre Loti. Désireuse de connaître l'auteur, la reine l'invite à venir la voir à Sinaïa et entreprend de traduire le roman en allemand, sa langue d'origine. Cette invitation n'est pas dépourvue d'idée politique et elle écrit ceci : "Tout ce qui peut contribuer à rapprocher les deux peuples, je voudrais le tenter; j'y emploie tout ce qui peut être utilisé. La pensée que la race latine et la race germanique sont faites pour se compléter l'une l'autre, est positivement devenue chez moi une idée fixe" La traduction en allemand est précédée d'une préface de la main de la reine : "Si j'ai réussi avec cette petite épopée à charmer le cœur des autres comme elle a réussi, par sa grandeur biblique et son émouvante sincérité, à élever le mien, si dans quelques cœurs allemands les paroles brutales: "ennemi héréditaire" peuvent être désormais remplacées par les belles paroles: "Pays frère", mon travail aura été facile et m'aura procuré une pure joie". Promenades en tête à tête à Peles Loti arrive au château de Peles, et séjourne à Sinaïa du 27 septembre au 4 octobre 1887. Il y rencontre Elisabeth. La reine le trouve réservé, elle est séduite par ses yeux qui pétillent d'intelligence. Il est sensible à sa voix. Après une période d'adaptation, liée à la timidité de Loti, isolé à la cour, la confiance s'installe : ils discutent lors de longues promenades dans le parc du château et dans la forêt qui s'étend autour. Mais Loti, homme de mer (et par ailleurs fier de ses capacités athlétiques) appréhende de gravir les sommets proches de Sinaïa... et renonce à une excursion que la reine voulait faire avec lui ! Les NOUVeLLes de ROUMANIe Carnet Société Raimu, Louis Jouvet, Michel Simon ont été ses partenaires, Abel Gance, Renoir, Bresson, Cocteau ses metteurs en scène Jany Holt: de sa Roumanie natale aux feux de la rampe L a comédienne et actrice Jany Holt est morte mercredi 26 octobre à l'hôpital américain de Neuilly. Elle était âgée de 94 ans. Née en Roumanie en 1911, de son vrai nom, Ecaterina Ruxandra Olt était venue s'installer à Paris en 1926 afin d'y suivre des études de commerce. Attirée par l'art dramatique, elle entre dans le cours de Charles Dullin, et débute au théâtre dans une pièce de Bruckner, La Créature. Elle fait alors partie de la troupe des Pitoëff. Un bel avenir lui est promis, d'autant qu'elle a tapé dans l'oeil de Raimu, qu'elle vénère. Le cinéma lui tend les bras. Elle est face à Harry Baur dans Le Golem de Julien Duvivier (1935). Elle fait une autre rencontre déterminante: celle de Marcel Dalio. Séduit par "ses beaux yeux un peu enfoncés et ses joues creuses", Dalio est sur le point de l'épouser: le mariage tombe à l'eau parce que les parents de Jany Holt exigent qu'il se convertisse au catholicisme. Le comédien répond : "Mon seul Dieu, c'est le théâtre". Jany Holt repart en Roumanie... où on la rappelle pour venir remplacer une comédienne défaillante dans Les Innocentes de Lilian Hellman. Cette fois, Dalio parvient à l'amener à la mairie, avec Henri Jeanson et Marcel Achard comme témoins. Mariage qui tournera court, Jany Holt étant tombée amoureuse de Jacques Porel, le fils de Réjane. Qui fait ainsi son portrait: "Sa chevelure est un triomphant incendie. Elle offre chaque jour le spectacle de l'insolite allié à une parfaite simplicité. Elle est, pour tout dire, éclatante, rayonnante de personnalité". Jany Holt a un physique maigrichon, un nez pointu, l'oeil impertinent, et suffisamment de trouble pour se voir épargnée par les rôles de soubrettes. On lui offre des personnages de jeune mythomane, d'illuminée, de quasi folle, dont elle s'empare avec ardeur. La voilà chez Jean Renoir (Les Bas fonds, 1936), Abel Gance (Un grand amour de Beethoven, 1936), Marcel L'Herbier (La Tragédie impériale, 1937), Jean Dréville (Troïka sur la piste blanche, 1937). L'un de ses plus beaux rôles est celui que lui offre Pierre Chenal dans L'Alibi (1937), où est joue une entraîneuse face à Louis Jouvet et Eric von Stroheim. Admiratrice, elle dit de son metteur en scène qu'il "magnétise sans emmerder". Chenal rend hommage à sa décontraction, son humour hors du commun, et à la façon dont, à la fin du film, "elle a une scène entre rire et larmes à vous arracher les tripes". Il la rengage en 1938 pour La Maison du Maltais, où elle côtoie Fréhel et la capiteuse Viviane Romance. Dans Pour Vous, Serge Veber écrit: "On se demande comment la braise de ses yeux qui dévorent son visage ne met pas le feu à son corps sec et nerveux qui ne demande qu'à brûler". Décorée pour faits de Résistance par le Général De Gaulle Le théâtre la redemande. Elle se produit dans Les Monstres sacrés de Jean Cocteau, Sainte Jeanne de Bernard Shaw. Réapparaît à l'écran dans Le Baron fantôme (1942) et La Fiancée des ténèbres (1943) de Serge de Poligny, Les Anges du péché de Robert Bresson (1943): amoureuse en proie aux maléfices, pauvre fille poursuivie par la fatalité sur fond de bûchers cathares, irréductible prisonnière du couvent. Décorée en 1945 par le général de Gaulle de la Croix de la Libération en 1945 pour services rendus à la Résistance, Jany Holt ne retrouvera pas après la guerre l'aura qui en fit l'une des actrices de tempérament d'avant guerre. De cette fin de carrière citons Non coupable d'Henri Decoin (1947) où elle est partenaire de Michel Simon, Gervaise de René Clément (1955), et sa dernière apparition, dans Noir comme le souvenir de Jean-Pierre Mocky (1994). Grande amie d'Elvire Popesco Dans le monde du théâtre et du cinéma, on ne lui connaissait que des amis. Elle aimait beaucoup Elvire Popesco, qui comme elle était venue de Roumanie et s'intéressait à toutes les formes d'art, la peinture, la sculpture, elle L’actrice, ici avec Harry Baur. fréquentait les expositions, les concerts. Lorsque sa grande amie disparut, on sentit Jany Holt un peu orpheline. Pourtant elle avait sa propre famille et avait été mariée deux fois, d'abord avec Dalio puis avec Jacques Porel. 23 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Après trois semaines de grève, les enseignants ont repris le travail le cœur lourd Enseignement z ORADEA z CLUJ ARAD z z z IASI VASLUI z z z FAGARAS z z SIBIU TIMISOARA z TARGU MURES ROSIA M. z SUCEAVA SATU MARE z BRASOV GALATI BRAILA z z z TULCEA CRAIOVA z BUCAREST CONSTANTA z z POIANA MARE Environnement Dans le Delta le brochet devient une espèce rare 24 Alors qu'en 1966, 2700 tonnes de brochets avaient été pêchées dans le Delta du Danube, 38 tonnes l'ont été seulement, l'an passé. La raison : la pêche industrielle est interdite jusqu'en 2008, l'espèce étant menacée de disparition ainsi que le montre la rareté des prises, les pêcheurs n'ayant rempli qu'à 60 % le quota autorisé, en 2004. 1995 a été la pire année, avec quatre tonnes déclarées. Actuellement, les pêcheurs ont droit à 3 kg de brochets par sortie pour leur consommation propre. Ces chiffres fournis par l'Institut de Recherche et Développement du Delta du Danube sont fortement contestés par l'association "Sauvez le Danube et son Delta", laquelle estime qu'ils sont sous-estimés, la pêche du brochet au noir étant très développée et se traduisant par des aller-retours de camions emmenant leur chargement de poissons. La forte augmentation de la pollution et le braconnage intensif depuis la "Révolution", ne respectant ni zones, ni périodes de reproduction, amenant à la raréfaction du nombre de poissons adultes ont conduit à cette situation. Il faut ajouter également l'endiguement auquel a procédé le régime communiste sous Ceausescu pour réaliser de la pisciculture intensive sur 40-60 000 hectares, qui a fortement affecté l'évolution et le développement de l'espèce. A près trois semaines de grèves, les enseignants ont repris le chemin de leurs établissements, début décembre. A l'appel des fédérations syndicales du secteur, leur mouvement avait été déclenché le 7 novembre affectant tout le pays et toutes les formes d'enseignement, de la maternelle aux universités. Devant l'indigence des salaires, le mécontentement était latent, mais il a explosé à la rentrée quand le corps enseignant a découvert que le projet de budget pour 2006 réservait à peine plus de 3 % du Produit Intérieur Brut à l'Education nationale, malgré les promesses électorales de le porter au niveau des autres pays européens, entre 5 et 5,5 %, ce manquement ayant entraîné la fureur et la démission du ministre concerné. La grève a vite pris de l'ampleur échappant au contrôle des autorités, les jeunes enseignants, dont le salaire net dépasse tout juste les 3 millions de lei anciens (80 €) étant les plus motivés. Les maladresses du gouvernement, alternant arrogance et flagornerie, mais sans propositions sérieuses, n'ont réussi qu'à durcir le mouvement qui a pris dans certains endroits, à Bucarest et Timisoara, la forme de grèves de la faim. Nombre d'enseignants semblaient déterminés à aller jusqu'au bout, malgré les énormes difficultés financières auxquelles ils étaient confrontés, évoquant la grande grève de 2000, qui avait duré cinq semaines. Finalement, autorités et syndicats ont transigé, se mettant d'accord sur une augmentation des salaires de près de 12 % en 2006 (5,5 % au 1er janvier, 6 % au 1er septembre), représentant, compte tenu du taux prévisible d'inflation, une croissance réelle de 4,5 %, et le passage de la part du budget de leur ministère à 5 % du PIB. Beaucoup d'enseignants, surtout les jeunes, ont repris le chemin de l'école le cœur lourd, ces avancées leur semblant dérisoires. Un protocole prévoit qu'ils pourront récupérer tout ou partie de leurs salaires perdus, s'ils rattrapent les cours qui manquent sous forme d'heures supplémentaires, de samedis et de vacances (notamment février) travaillés… ce qui n'enchante pas les élèves. Mariana, professeur de français, n'a plus les moyens de payer son abonnement à la bibliothèque française P rofesseur de français à l'école n° 136 de Ferentari, un des quartiers les plus pauvres de Bucarest, Mariana a fait la grève comme ses collègues. "Je n'ai pas assez d'argent pour payer le courant, la télé, je ne téléphone plus" confie cette jeune femme, divorcée, élevant un enfant. "J'achète des chaussures à 100 000 lei (3 €) et uniquement des vêtements d'occasion. Je me débrouille ainsi. Heureusement j'ai mon ami qui m'aide" continue-t-elle, ajoutant "ce qui me peine le plus, c'est que depuis trois ans je n'ai même pas les moyens de m'inscrire à la bibliothèque française". Pour tenter de joindre les deux bouts, Mariana s'est mise à pratiquer la "présopuncture", une technique de massages des vertèbres cervicales et du dos, qu'elle a apprise en lisant nombre d'ouvrages, proposant ses services à ses collègues. De la même façon, elle leur vend des suppléments alimentaires pour le compte d'une firme qui lui ristourne une petite commission. Ces activités sont d'un faible revenu et, au début, Mariana en avait un peu honte, mais l'ensemble de ses collègues se débrouillent de la même manière: l'un commercialise et entretient des aquariums, un autre vend des cornichons sur les marchés, quant il n'a pas cours… Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Gasoil contre bonne note Insolite L 'ONU n'a rien inventé avec son programme pétrole contre nourriture pour l'Irak… Un professeur de mathématiques du collège de Matasari (Gorj) a été traduit en justice pour avoir rançonné ses élèves afin de leur donner des bonnes notes et les laisser passer en classe supérieure. Ceux-ci devaient lui amener du gasoil pour son tracteur, des médicaments pour les animaux de sa ferme, des haricots et du maïs. L'enseignant indélicat faisait également payer quatre euros chacune des leçons particulières collectives qu'il donnait après ses cours, nombre de ses élèves se sentant obligés d'y assister. Le pot aux roses a été révélé quand un de ceux-ci a craqué, dénonçant le stratagème: bien qu'ayant livré 35 litres de gasoil au cours du premier trimestre, et recommençant au second, le garçon avait reçu une mauvaise note se voyant reprocher d'avoir apporté du carburant de mauvaise qualité. Grippe bienvenue A court de ressources financières, les fermes piscicoles et d'élevages de faisans du lac de Bicaz et de l'Institut de recherche et d'aménagement forestier, ont décidé de profiter de l'interdiction de la chasse et de la chute des ventes de volaille pour distribuer des faisans congelés à leur mille employés, en remplacement des bons de repas qu'ils reçoivent habituellement. Saturés déjà des truites, ceux-ci n'ont apprécié que modérément de se voir obliger de consommer chaque jour ce que l'on réserve aux agapes de Noël et des grandes fêtes. C Sur une route près de Suceava: c’est tellement plus simple de faire coller le tracé de la route aux trous... plutôt que de les réparer ! A inq automobilistes qui sont allés au fossé poursuivent en justice le judet de Bistrita pour défaut de signalisation routière. L'un d'entre-eux avait terminé sa course dans la cour d'une maison, à la suite d'une longue ligne droite après avoir abordé à trop grande vitesse une courbe dangereuse qui n'était indiquée par aucun panneau. Pour sa défense, le président du judet a indiqué que la signalisation routière revenait très cher, soulignant que dès que les Ponts et Chaussées installaient un panneau, il disparaissait dans les deux jours pour servir de barbecue, à moins qu'un chauffard ne l'emboutisse et ne l'emporte pour ne laisser aucune trace de son passage. Il a toutefois décidé d'attribuer un milliard de lei (30 000 €) pour en faire installer des supplémentaires sur les routes du département. Détenus conviés à l'opéra Manque de chance près avoir prononcé un discours mettant en garde les Bulgares contre les ravages causés par le crime organisé et la corruption, le tout nouvel ambassadeur américain s'est rendu à l'aéroport de Sofia pour prendre un vol à destination de Budapest où se tenait une conférence de l'ensemble de ses collègues en poste en Europe de l'Est. Après avoir passé le contrôle de sécurité et vidé ses poches comme les autres passagers, il s'est installé dans l'avion, se rendant compte, après le décollage, qu'il avait oublié de reprendre son téléphone portable comportant tous ses numéros, dont celui de la CIA. Alertés, les officiels de l'aéroport ont interrogé les deux agents en faction qui ont nié avoir trouvé l'appareil. Malheureusement pour eux, celui-ci était doté d'un système GPS performant permettant de le localiser par satellite à moins d'1,50 m. Ce fut un jeu d'enfant pour les services secrets de le retrouver dans l'appartement d'un des deux suspects. Arrêté, ainsi que son collègue - les deux hommes risquent dix ans de prison - le coupable a déclaré pour sa défense: " Si j'avais su qu'il était à l'ambassadeur américain, je ne l'aurais pas volé ". Panneaux routiers manquants P lus de 350 détenus du pénitencier de haute sécurité de Timisoara ont été conviés à l'Opéra de cette ville pour assister à un spectacle de danses folkloriques. Il s'agissait là d'un geste de remerciement des autorités locales et du judet pour l'aide qu'ils avaient apportée et des travaux effectués à l'occasion des inondations qui ont ravagé certaines parties de la région. Ces prisonniers avaient notamment démoli les maisons irrémédiablement endommagées pour permettre la construction de nouvelles. Arrivés sous bonne escorte, les détenus ont pris place dans la salle, encadrés par 150 gardiens, policiers et officiers. Pour cette première en Roumanie, ils avaient revêtu les vêtements décents qu'ils portaient au moment de leur incarcération et qu'ils retrouveront à leur libération, et tous avaient consciencieusement astiqué leurs chaussures. La grande majorité d'entre eux n'étaient jamais venu à l'opéra et beaucoup se montraient impressionnés, comme un condamné devant effectuer une peine de 20 ans pour meurtre. A l'issue du spectacle, les détenus ont reçu chacun un diplôme de reconnaissance délivré par les institutions et organismes qui avaient bénéficié de leur travail. 29 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Sports z BAIA MARE z z z SUCEAVA z BISTRITA z ORADEA DEVA z T. SEVERIN z z z MATASARI CRAIOVA z z BRASOV GALATI BRAILA PITESTI z z BICAZ BACAU z SIBIU TIMISOARA IASI TOPLITA z Melbourne: l'Australie ne sourit plus à Marius Urzica z z TARGU MURES ARAD BOTOSANI z z z TULCEA z BUCAREST L'ancien champion olympique de gymnastique met fin à sa carrière CONSTANTA z E n se rendant aux championnats du monde individuels de gymnastique de Melbourne, fin novembre, Marius Urzica (photo ci-contre)espérait mettre fin en beauté à une carrière prodigieuse. A 30 ans, le champion olympique, du monde et d'Europe, maître incontesté du cheval d'arçon pendant une décennie, retrouvait une terre australienne fétiche. Mais, éliminé, il a quitté la scène dans l'anonymat. C'est à Brisbane que Marius Urzica avait décroché son premier titre mondial, en 1994; il en obtiendra deux autres par la suite et trois autre médailles… Et c'est à Sydney qu'il obtiendra la consécration, en 2000, avec un titre olympique. Au cours des trois JO qu'il disputera, le champion sera d'ailleurs médaillé à trois autres occasions, recevant l'argent à Atlanta pour les exercices au sol. Trois fois champions d'Europe, remportant six médailles dans cette compétition, trois fois champions du monde par équipe, Urzica est devenu le gymnaste masculin roumain le plus titré. Natif de Toplita (Harghita), le Roumain avait commencé la compétition à l'âge de 6 ans au club scolaire de Gheorgheni. Tout au long de sa carrière d'un quart de siècle, les blessures ne l'épargneront pas (rupture des biceps, colonne vertébrale), l'handicapant pendant trois longues années, de 1996 à 1999. Fronde des filles et période d'interrogation 28 Subventions de la FIR pour faire décoller le rugby roumain L'international Rugby Board (Fédération Internationale de Rugby) a décidé de consacrer 45 M€ sur trois ans pour aider ce sport à se développer dans les quelques 120 fédérations nationales qu'elle compte. Un peu plus de la moitié de cette somme sera consacrée à promouvoir le rugby dans les pays qui jouent à l'échelon B (Roumanie, îles Fidji, Tonga, Samoa, Japon, Canada et USA); la Roumanie recevra à ce titre 3 M€. Un autre programme prévoit de mener différentes actions pour que l'écart entre pays de niveaux A et B ne soit plus insurmontable (préparation des joueurs, des entraîneurs, suivi médical, équipement, structures et infrastructures). 2,2 M€ seront attribués à la Roumanie. Enfin, la FIR a prévu une somme de 15 M€ pour organiser des tournées des équipes de niveau B afin qu'elles se confrontent à des équipes équivalentes ou supérieures en Afrique du Sud, Pays de Galles, Ecosse, Irlande, France et Italie. La petite délégation roumaine présente à Melbourne est rentrée d'Australie les poches à moitié pleines…ou à moitié vides, avec au total quatre médailles. Pleines, dans la mesure ou les garçons en ont décroché trois, dont l'or au saut pour Marian Dragulescu et le bronze dans cette discipline pour le débutant Alexandru Alin Jivan, l'argent au cheval d'arçon pour Ioan Suciu… Vides, car les filles qui font la fierté de la Roumanie n'ont ramené que le bronze aux barres, avec la triple championne olympique, Catelina Ponor, contre Ne pas confondre exercice à la barre fixe... six médailles aux J.O. d'Athènes, dont et sorties nocturnes au disco ! Caricature parue dans “Adevarul” quatre d'or. Pour les féminines, les championnats du monde se révèlent souvent en retrait pas rapport aux J.O. les précédant, les premiers servant de préparation aux seconds, objectif suprême, marquant aussi souvent le renouvellement de l'équipe. Cette année, il en allait tout autrement. Pétries de talent, les gymnastes roumaines appartiennent à la génération révélée à Athènes et sont loin d'avoir terminé leur carrière. Mais ces jeunes filles n'acceptent plus la discipline de fer que leur imposent leur couple d' entraîneurs mythiques, Octavian Belu et Maria Bitang, lesquels régentent la discipline à son plus haut niveau depuis vingt ans. Une crise d'autorité les opposait depuis un moment, qui a éclaté cet été. A 18 ans, Catalina Ponor et plusieurs de ses copines ont décidé d'enfreindre le règlement, faisant le mur pour aller danser dans une boîte de nuit. Leurs entraîneurs les attendaient à leur retour. Cette équipée s'est terminée par le renvoi des championnes rebelles dans leurs clubs d'origine où elles se sont entraînées elles mêmes, deux étant seulement retenues pour le voyage à Melbourne… et par la démission du couple Belu-Bitang qui avait vu bafouer son pouvoir. A bientôt deux ans des J.O. de Pékin, il est évident que cette situation ne peut pas durer et que la fédération roumaine sera prochainement amenée à trancher… ou, plutôt, à recoller les morceaux cassés. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Rosia Montana: première victoire pour les défenseurs de l'environnement Environnement L a Cour d'Appel d'Alba Iulia a suspendu l'autorisation de forage accordée à la compagnie Rosia Montana Gold Corporation dans 39 endroits autour du village de Rosia Montana, dans les monts Apuseni. Cette société d'origine canadienne envisage depuis cinq ans d'y exploiter la plus grande mine d'or d'Europe à ciel ouvert, en utilisant une technique basée sur l'emploi du cyanure. De nombreuses voix se sont élevées contre ce projet qui menace la santé des habitants, le cadre de vie, entraînerait une déforestation massive, la destruction d'une vallée entière, un transfert de population et la disparition d'un site archéologique daco-romain. Mais les pouvoirs publics locaux se sont montrés sensibles aux promesses de la compagnie canadienne, qui a su " distribuer " ses arguments aux élus et à l'administration, alors que la population s'est divisée, une partie mettant en avant la création d'emplois annoncés et les forts salaires qu'on lui a fait miroiter. Jusqu'ici, les autorités de Bucarest sont restées floues sur le sujet, alors que l'UE, de nombreuses organisations internationales de défense de l'environnement, la Banque Mondiale qui a retiré son soutien, et même le Patriarche Teoctist ont mis en garde sur les risques encourus. La Cour d'Appel d'Alba Iulia a ainsi répondu favorablement à la requête d'Alburnus Maior, association écologique locale, relevant que l'accord d'exploitation du site délivré par l'Agence de Protection de l'Environnement l'avait été sans que celle-ci fasse une évaluation correcte de l'impact du projet sur le milieu, la population, le patrimoine culturel et prenne en considération les avis motivés des habitants. Greenpeace dénonce l'extension de la culture génétique du soja D ans un rapport rendu public et s'appuyant sur les analyses effectuées par un laboratoire autrichien, l'organisation internationale Greenpeace dénonce les dérives de la culture génétique en Roumanie, notamment celle du soja, rapportant qu'au moins dix judets étaient concernés. Selon elle, 90 % des 140 000 hectares cultivés en soja dans le pays le Santé A seraient avec des plantes modifiées génétiquement, en toute illégalité, des plantations de pommes de terre et de pruniers étant également affectées, mais dans une moindre mesure. Pour Greenpeace, ces pratiques font peser une menace très sérieuse sur l'agriculture roumaine qui risque de ne plus pouvoir exporter ses produits vers l'UE, la réglementation y étant très drastique, L'hôpital psychiatrique de Poiana Mare fermé vec l'accord du ministre de la Justice, le ministre de la santé, Eugen Nicolaescu, a décidé de procéder à la fermeture de l'hôpital psychiatrique de Poiana Mare à cause du coût dispendieux de son fonctionnement mais aussi, et surtout, à la suite des nombreux décès de patients qui y avaient été enregistrés. L'établissement était devenu emblématique de la situation déplorable des hôpitaux psychiatriques roumains, lesquels ont enregistré 70 morts ces dernières années, ce qui a attiré l'at- U mais aussi menacent son processus d'adhésion. Le ministère de l'Agriculture a contesté les chiffres avancés par l'organisation écologiste, indiquant que moins de la moitié des plantations de soja l'étaient en transgénique, ajoutant que la Roumanie n'avait nullement l'intention de jouer le "cheval de Troie" en ce domaine en Europe. tention de la Commission Européenne. Il se trouvait également sous le feu des critiques de la presse internationale, des associations humanitaires, et particulièrement d’Amnesty International, qui dénonçaient les nombreuses violations des droits de l'Homme à l'égard des patients et demandent la réforme de cette institution. Poiana Mare enfermait 500 patients, souvent des délinquants, et employait 300 personnes qui ont protesté contre sa fermeture, en manifestant dans les rues de la commune. Plus des deux tiers des enfants et adolescents infectés par le virus du SIDA ignorent leur séroposivité ne enquête menée dans le cadre du programme "Droit à l'adolescence" révèle que 67 % des 1700 enfants et adolescents concernés par le SIDA qui avaient été interrogés, ignoraient qu'ils étaient infectés par le virus HIV, découvrant leur séroposivité à cette occasion. Dans la quasi-totalité des cas, leurs parents leur cachaient la vérité de peur qu'ils soient victimes d'une exclusion sociale ou parce qu'ils ne savaient pas comment leur révéler après des années de dissimulation, quand ils étaient petits. Cette constatation est inquiétante car nombre de ces adolescents ont déjà une vie sexuelle et ne bénéficient pas de traitements adaptés. D'autre part, les médecins n'ont pas le droit de leur communiquer leur diagnostic avant qu'ils n'aient 18 ans .D'après les estimations, la Roumanie compte 11 000 personnes touchées par le VIH, dont 6000 adolescents de 14 à 18 ans. 25 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société L'épidémie de rougeole a fait dix victimes parmi les enfants Santé BAIA MARE z CLUJ ARAD z z ORADEA ALBA I. z M. CIUC z z z IASI SIBIU PITESTI CRAIOVA z z z z BACAU z BRASOV CARANSEBES RESITA z VASLUI z z z TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES GALATI z z BUZAU BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Seulement un quart des Roumaines utilisent une méthode contraceptive 26 Le Fonds des Nations Unies pour la Population a publié une étude d'où il ressort que près des trois quarts des femmes roumaines n'utilisent pas de méthode contraceptive, s'en remettant aux pratiques traditionnelles. 40 % aimeraient pourtant y avoir accès, 16 % prenant la pilule et 8 % portant un stérilet. L'étude note aussi que les Roumaines s'émancipent, 45 % d'entre elles ayant des relations sexuelles avant le mariage; ce chiffre n'était que de 25 % en 1996. Paradoxalement, le phénomène est inverse chez les garçons, qui semblent "s'assagir": en 1996, 65 % d'entre eux avaient eu une expérience sexuelle avant de prendre une épouse… Ils n'étaient plus que 59,5 % en 2004. L'ONU relève aussi que 8 % des femmes n'accouchent pas en milieu médical, la mortalité maternelle pour le pays s'élevant à 0,24 pour mille, et la mortalité infantile à 16,8 pour mille, ces deux chiffres étant en régression. Si, désormais, les filles sont plus nombreuses que les garçons dans l'enseignement supérieur (55 % contre 47 % en 1992), la condition féminine est cependant loin d'être satisfaisante. Un quart des femmes mariées déclarent avoir été victime de violences verbales, physiques ou sexuelles, de la part de leur conjoint. Les femmes sont toujours très sousreprésentées dans les instances exécutives d'Etat, territoriales et administratives. Le gouvernement ne donne pas l'exemple, puisqu'il compte seulement 3 femmes ministres sur 25. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Carte blanche à “Pas à pas” L a Roumanie fait face depuis début novembre à une épidémie de rougeole qui, à la midécembre, avait déjà provoqué le décès de dix enfants, plus de 3500 cas ayant été enregistrés. Les départements les plus touchés sont, dans l'ordre, Constantsa (500 cas), Prahova (Ploiesti), Arad, Bihor (Oradea), Bucarest, Timisoara, Bacau, Buzau, Caras-Severin (Resitsa), Harghita (Miercurea Ciuc), Tulcea. Cette épidémie a entraîné une controverse entre le pouvoir et l'opposition, celle-ci reprochant au gouvernement d'avoir interrompu les vaccinations entre février et octobre derniers. Le ministre de la Santé a répliqué en déclarant que la situation actuelle était prévisible depuis 2001, indiquant que les dirigeants de l'époque (le PSD, actuelle opposition) n'avait fait vacciner que 60 % des enfants au lieu des 95-98 % annoncés, les vaccins étant stockés au lieu d'être utilisés. Les médecins estiment que l'épidémie devrait se prolonger jusqu'en février. Religion Transylvanie: l'élection d'un nouveau métropolite provoque une scission L 'évêque de Caransebes (Caras Severin), Laurentiu Streza, a été élu, début novembre, métropolite de Transylvanie, du Maramures et du Crisana, ainsi qu'archevêque de Sibiu où il siègera. Il l'a emporté à la surprise générale au second tour organisé par le collège électoral de l'Eglise, devançant le favori, Andrei Andreicut, évêque d'Alba Iulia, par 72 voix contre 60, lequel l'avait précédé d'une voix au tour précédent. Dans ce résultat, un grand nombre d’observateurs voient là la main de l'ambitieux métropolite de Moldavie, Daniel, qui espère succéder au patriarche Teoctist (88 ans), et dont Laurentiu Streza est un supporter inconditionnel. Agé de 58 ans, le nouveau métropolite (notre photo) est né à Sâmbata de Sus (Brasov) et a étudié en Suisse et en Allemagne. Intronisé prêtre en 1970, il s'est fait moine après le décès de sa femme et est devenu évêque en 1996. Cette élection a été fortement contestée dès le lendemain et le Synode (autorité suprême de l'Eglise orthodoxe), tout en la validant, lui a retiré sa signification en scindant la métropolie de Transylvanie en deux parties inégales, créant une nouvelle entité, la métropolie de Cluj qui comporte quatre des six évêchés de l'ancienne (Cluj, Alba Iulia, Oradea, Maramures et Satu Mare). Une métropolie croupion L'archevêque de Cluj, Bartolomeu Anania, se trouve donc ainsi promu métropolite. S'estimant trop âgé, il ne s'était pas présenté à l'élection remportée par Laurentiu Streza, soutenant son adversaire malheureux; mais c'est lui qui a activé la riposte aux manœuvres du métropolite de Moldavie, lequel voit ainsi ses plans contrariés. Laurentiu Streza se retrouve également à la tête d'une métropolie de Transylvanie réduite à la portion congrue, puisqu'elle ne comporte plus que deux évêchés: Sibiu et CovasnaHarghita (judets à prépondérance hongroise et catholique). 27 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société L'épidémie de rougeole a fait dix victimes parmi les enfants Santé BAIA MARE z CLUJ ARAD z z ORADEA ALBA I. z M. CIUC z z z IASI SIBIU PITESTI CRAIOVA z z z z BACAU z BRASOV CARANSEBES RESITA z VASLUI z z z TIMISOARA z SUCEAVA TARGU MURES GALATI z z BUZAU BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Seulement un quart des Roumaines utilisent une méthode contraceptive 26 Le Fonds des Nations Unies pour la Population a publié une étude d'où il ressort que près des trois quarts des femmes roumaines n'utilisent pas de méthode contraceptive, s'en remettant aux pratiques traditionnelles. 40 % aimeraient pourtant y avoir accès, 16 % prenant la pilule et 8 % portant un stérilet. L'étude note aussi que les Roumaines s'émancipent, 45 % d'entre elles ayant des relations sexuelles avant le mariage; ce chiffre n'était que de 25 % en 1996. Paradoxalement, le phénomène est inverse chez les garçons, qui semblent "s'assagir": en 1996, 65 % d'entre eux avaient eu une expérience sexuelle avant de prendre une épouse… Ils n'étaient plus que 59,5 % en 2004. L'ONU relève aussi que 8 % des femmes n'accouchent pas en milieu médical, la mortalité maternelle pour le pays s'élevant à 0,24 pour mille, et la mortalité infantile à 16,8 pour mille, ces deux chiffres étant en régression. Si, désormais, les filles sont plus nombreuses que les garçons dans l'enseignement supérieur (55 % contre 47 % en 1992), la condition féminine est cependant loin d'être satisfaisante. Un quart des femmes mariées déclarent avoir été victime de violences verbales, physiques ou sexuelles, de la part de leur conjoint. Les femmes sont toujours très sousreprésentées dans les instances exécutives d'Etat, territoriales et administratives. Le gouvernement ne donne pas l'exemple, puisqu'il compte seulement 3 femmes ministres sur 25. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Carte blanche à “Pas à pas” L a Roumanie fait face depuis début novembre à une épidémie de rougeole qui, à la midécembre, avait déjà provoqué le décès de dix enfants, plus de 3500 cas ayant été enregistrés. Les départements les plus touchés sont, dans l'ordre, Constantsa (500 cas), Prahova (Ploiesti), Arad, Bihor (Oradea), Bucarest, Timisoara, Bacau, Buzau, Caras-Severin (Resitsa), Harghita (Miercurea Ciuc), Tulcea. Cette épidémie a entraîné une controverse entre le pouvoir et l'opposition, celle-ci reprochant au gouvernement d'avoir interrompu les vaccinations entre février et octobre derniers. Le ministre de la Santé a répliqué en déclarant que la situation actuelle était prévisible depuis 2001, indiquant que les dirigeants de l'époque (le PSD, actuelle opposition) n'avait fait vacciner que 60 % des enfants au lieu des 95-98 % annoncés, les vaccins étant stockés au lieu d'être utilisés. Les médecins estiment que l'épidémie devrait se prolonger jusqu'en février. Religion Transylvanie: l'élection d'un nouveau métropolite provoque une scission L 'évêque de Caransebes (Caras Severin), Laurentiu Streza, a été élu, début novembre, métropolite de Transylvanie, du Maramures et du Crisana, ainsi qu'archevêque de Sibiu où il siègera. Il l'a emporté à la surprise générale au second tour organisé par le collège électoral de l'Eglise, devançant le favori, Andrei Andreicut, évêque d'Alba Iulia, par 72 voix contre 60, lequel l'avait précédé d'une voix au tour précédent. Dans ce résultat, un grand nombre d’observateurs voient là la main de l'ambitieux métropolite de Moldavie, Daniel, qui espère succéder au patriarche Teoctist (88 ans), et dont Laurentiu Streza est un supporter inconditionnel. Agé de 58 ans, le nouveau métropolite (notre photo) est né à Sâmbata de Sus (Brasov) et a étudié en Suisse et en Allemagne. Intronisé prêtre en 1970, il s'est fait moine après le décès de sa femme et est devenu évêque en 1996. Cette élection a été fortement contestée dès le lendemain et le Synode (autorité suprême de l'Eglise orthodoxe), tout en la validant, lui a retiré sa signification en scindant la métropolie de Transylvanie en deux parties inégales, créant une nouvelle entité, la métropolie de Cluj qui comporte quatre des six évêchés de l'ancienne (Cluj, Alba Iulia, Oradea, Maramures et Satu Mare). Une métropolie croupion L'archevêque de Cluj, Bartolomeu Anania, se trouve donc ainsi promu métropolite. S'estimant trop âgé, il ne s'était pas présenté à l'élection remportée par Laurentiu Streza, soutenant son adversaire malheureux; mais c'est lui qui a activé la riposte aux manœuvres du métropolite de Moldavie, lequel voit ainsi ses plans contrariés. Laurentiu Streza se retrouve également à la tête d'une métropolie de Transylvanie réduite à la portion congrue, puisqu'elle ne comporte plus que deux évêchés: Sibiu et CovasnaHarghita (judets à prépondérance hongroise et catholique). 27 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Sports z BAIA MARE z z z SUCEAVA z BISTRITA z ORADEA DEVA z T. SEVERIN z z z MATASARI CRAIOVA z z BRASOV GALATI BRAILA PITESTI z z BICAZ BACAU z SIBIU TIMISOARA IASI TOPLITA z Melbourne: l'Australie ne sourit plus à Marius Urzica z z TARGU MURES ARAD BOTOSANI z z z TULCEA z BUCAREST L'ancien champion olympique de gymnastique met fin à sa carrière CONSTANTA z E n se rendant aux championnats du monde individuels de gymnastique de Melbourne, fin novembre, Marius Urzica (photo ci-contre)espérait mettre fin en beauté à une carrière prodigieuse. A 30 ans, le champion olympique, du monde et d'Europe, maître incontesté du cheval d'arçon pendant une décennie, retrouvait une terre australienne fétiche. Mais, éliminé, il a quitté la scène dans l'anonymat. C'est à Brisbane que Marius Urzica avait décroché son premier titre mondial, en 1994; il en obtiendra deux autres par la suite et trois autre médailles… Et c'est à Sydney qu'il obtiendra la consécration, en 2000, avec un titre olympique. Au cours des trois JO qu'il disputera, le champion sera d'ailleurs médaillé à trois autres occasions, recevant l'argent à Atlanta pour les exercices au sol. Trois fois champions d'Europe, remportant six médailles dans cette compétition, trois fois champions du monde par équipe, Urzica est devenu le gymnaste masculin roumain le plus titré. Natif de Toplita (Harghita), le Roumain avait commencé la compétition à l'âge de 6 ans au club scolaire de Gheorgheni. Tout au long de sa carrière d'un quart de siècle, les blessures ne l'épargneront pas (rupture des biceps, colonne vertébrale), l'handicapant pendant trois longues années, de 1996 à 1999. Fronde des filles et période d'interrogation 28 Subventions de la FIR pour faire décoller le rugby roumain L'international Rugby Board (Fédération Internationale de Rugby) a décidé de consacrer 45 M€ sur trois ans pour aider ce sport à se développer dans les quelques 120 fédérations nationales qu'elle compte. Un peu plus de la moitié de cette somme sera consacrée à promouvoir le rugby dans les pays qui jouent à l'échelon B (Roumanie, îles Fidji, Tonga, Samoa, Japon, Canada et USA); la Roumanie recevra à ce titre 3 M€. Un autre programme prévoit de mener différentes actions pour que l'écart entre pays de niveaux A et B ne soit plus insurmontable (préparation des joueurs, des entraîneurs, suivi médical, équipement, structures et infrastructures). 2,2 M€ seront attribués à la Roumanie. Enfin, la FIR a prévu une somme de 15 M€ pour organiser des tournées des équipes de niveau B afin qu'elles se confrontent à des équipes équivalentes ou supérieures en Afrique du Sud, Pays de Galles, Ecosse, Irlande, France et Italie. La petite délégation roumaine présente à Melbourne est rentrée d'Australie les poches à moitié pleines…ou à moitié vides, avec au total quatre médailles. Pleines, dans la mesure ou les garçons en ont décroché trois, dont l'or au saut pour Marian Dragulescu et le bronze dans cette discipline pour le débutant Alexandru Alin Jivan, l'argent au cheval d'arçon pour Ioan Suciu… Vides, car les filles qui font la fierté de la Roumanie n'ont ramené que le bronze aux barres, avec la triple championne olympique, Catelina Ponor, contre Ne pas confondre exercice à la barre fixe... six médailles aux J.O. d'Athènes, dont et sorties nocturnes au disco ! Caricature parue dans “Adevarul” quatre d'or. Pour les féminines, les championnats du monde se révèlent souvent en retrait pas rapport aux J.O. les précédant, les premiers servant de préparation aux seconds, objectif suprême, marquant aussi souvent le renouvellement de l'équipe. Cette année, il en allait tout autrement. Pétries de talent, les gymnastes roumaines appartiennent à la génération révélée à Athènes et sont loin d'avoir terminé leur carrière. Mais ces jeunes filles n'acceptent plus la discipline de fer que leur imposent leur couple d' entraîneurs mythiques, Octavian Belu et Maria Bitang, lesquels régentent la discipline à son plus haut niveau depuis vingt ans. Une crise d'autorité les opposait depuis un moment, qui a éclaté cet été. A 18 ans, Catalina Ponor et plusieurs de ses copines ont décidé d'enfreindre le règlement, faisant le mur pour aller danser dans une boîte de nuit. Leurs entraîneurs les attendaient à leur retour. Cette équipée s'est terminée par le renvoi des championnes rebelles dans leurs clubs d'origine où elles se sont entraînées elles mêmes, deux étant seulement retenues pour le voyage à Melbourne… et par la démission du couple Belu-Bitang qui avait vu bafouer son pouvoir. A bientôt deux ans des J.O. de Pékin, il est évident que cette situation ne peut pas durer et que la fédération roumaine sera prochainement amenée à trancher… ou, plutôt, à recoller les morceaux cassés. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Rosia Montana: première victoire pour les défenseurs de l'environnement Environnement L a Cour d'Appel d'Alba Iulia a suspendu l'autorisation de forage accordée à la compagnie Rosia Montana Gold Corporation dans 39 endroits autour du village de Rosia Montana, dans les monts Apuseni. Cette société d'origine canadienne envisage depuis cinq ans d'y exploiter la plus grande mine d'or d'Europe à ciel ouvert, en utilisant une technique basée sur l'emploi du cyanure. De nombreuses voix se sont élevées contre ce projet qui menace la santé des habitants, le cadre de vie, entraînerait une déforestation massive, la destruction d'une vallée entière, un transfert de population et la disparition d'un site archéologique daco-romain. Mais les pouvoirs publics locaux se sont montrés sensibles aux promesses de la compagnie canadienne, qui a su " distribuer " ses arguments aux élus et à l'administration, alors que la population s'est divisée, une partie mettant en avant la création d'emplois annoncés et les forts salaires qu'on lui a fait miroiter. Jusqu'ici, les autorités de Bucarest sont restées floues sur le sujet, alors que l'UE, de nombreuses organisations internationales de défense de l'environnement, la Banque Mondiale qui a retiré son soutien, et même le Patriarche Teoctist ont mis en garde sur les risques encourus. La Cour d'Appel d'Alba Iulia a ainsi répondu favorablement à la requête d'Alburnus Maior, association écologique locale, relevant que l'accord d'exploitation du site délivré par l'Agence de Protection de l'Environnement l'avait été sans que celle-ci fasse une évaluation correcte de l'impact du projet sur le milieu, la population, le patrimoine culturel et prenne en considération les avis motivés des habitants. Greenpeace dénonce l'extension de la culture génétique du soja D ans un rapport rendu public et s'appuyant sur les analyses effectuées par un laboratoire autrichien, l'organisation internationale Greenpeace dénonce les dérives de la culture génétique en Roumanie, notamment celle du soja, rapportant qu'au moins dix judets étaient concernés. Selon elle, 90 % des 140 000 hectares cultivés en soja dans le pays le Santé A seraient avec des plantes modifiées génétiquement, en toute illégalité, des plantations de pommes de terre et de pruniers étant également affectées, mais dans une moindre mesure. Pour Greenpeace, ces pratiques font peser une menace très sérieuse sur l'agriculture roumaine qui risque de ne plus pouvoir exporter ses produits vers l'UE, la réglementation y étant très drastique, L'hôpital psychiatrique de Poiana Mare fermé vec l'accord du ministre de la Justice, le ministre de la santé, Eugen Nicolaescu, a décidé de procéder à la fermeture de l'hôpital psychiatrique de Poiana Mare à cause du coût dispendieux de son fonctionnement mais aussi, et surtout, à la suite des nombreux décès de patients qui y avaient été enregistrés. L'établissement était devenu emblématique de la situation déplorable des hôpitaux psychiatriques roumains, lesquels ont enregistré 70 morts ces dernières années, ce qui a attiré l'at- U mais aussi menacent son processus d'adhésion. Le ministère de l'Agriculture a contesté les chiffres avancés par l'organisation écologiste, indiquant que moins de la moitié des plantations de soja l'étaient en transgénique, ajoutant que la Roumanie n'avait nullement l'intention de jouer le "cheval de Troie" en ce domaine en Europe. tention de la Commission Européenne. Il se trouvait également sous le feu des critiques de la presse internationale, des associations humanitaires, et particulièrement d’Amnesty International, qui dénonçaient les nombreuses violations des droits de l'Homme à l'égard des patients et demandent la réforme de cette institution. Poiana Mare enfermait 500 patients, souvent des délinquants, et employait 300 personnes qui ont protesté contre sa fermeture, en manifestant dans les rues de la commune. Plus des deux tiers des enfants et adolescents infectés par le virus du SIDA ignorent leur séroposivité ne enquête menée dans le cadre du programme "Droit à l'adolescence" révèle que 67 % des 1700 enfants et adolescents concernés par le SIDA qui avaient été interrogés, ignoraient qu'ils étaient infectés par le virus HIV, découvrant leur séroposivité à cette occasion. Dans la quasi-totalité des cas, leurs parents leur cachaient la vérité de peur qu'ils soient victimes d'une exclusion sociale ou parce qu'ils ne savaient pas comment leur révéler après des années de dissimulation, quand ils étaient petits. Cette constatation est inquiétante car nombre de ces adolescents ont déjà une vie sexuelle et ne bénéficient pas de traitements adaptés. D'autre part, les médecins n'ont pas le droit de leur communiquer leur diagnostic avant qu'ils n'aient 18 ans .D'après les estimations, la Roumanie compte 11 000 personnes touchées par le VIH, dont 6000 adolescents de 14 à 18 ans. 25 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Après trois semaines de grève, les enseignants ont repris le travail le cœur lourd Enseignement z ORADEA z CLUJ ARAD z z z IASI VASLUI z z z FAGARAS z z SIBIU TIMISOARA z TARGU MURES ROSIA M. z SUCEAVA SATU MARE z BRASOV GALATI BRAILA z z z TULCEA CRAIOVA z BUCAREST CONSTANTA z z POIANA MARE Environnement Dans le Delta le brochet devient une espèce rare 24 Alors qu'en 1966, 2700 tonnes de brochets avaient été pêchées dans le Delta du Danube, 38 tonnes l'ont été seulement, l'an passé. La raison : la pêche industrielle est interdite jusqu'en 2008, l'espèce étant menacée de disparition ainsi que le montre la rareté des prises, les pêcheurs n'ayant rempli qu'à 60 % le quota autorisé, en 2004. 1995 a été la pire année, avec quatre tonnes déclarées. Actuellement, les pêcheurs ont droit à 3 kg de brochets par sortie pour leur consommation propre. Ces chiffres fournis par l'Institut de Recherche et Développement du Delta du Danube sont fortement contestés par l'association "Sauvez le Danube et son Delta", laquelle estime qu'ils sont sous-estimés, la pêche du brochet au noir étant très développée et se traduisant par des aller-retours de camions emmenant leur chargement de poissons. La forte augmentation de la pollution et le braconnage intensif depuis la "Révolution", ne respectant ni zones, ni périodes de reproduction, amenant à la raréfaction du nombre de poissons adultes ont conduit à cette situation. Il faut ajouter également l'endiguement auquel a procédé le régime communiste sous Ceausescu pour réaliser de la pisciculture intensive sur 40-60 000 hectares, qui a fortement affecté l'évolution et le développement de l'espèce. A près trois semaines de grèves, les enseignants ont repris le chemin de leurs établissements, début décembre. A l'appel des fédérations syndicales du secteur, leur mouvement avait été déclenché le 7 novembre affectant tout le pays et toutes les formes d'enseignement, de la maternelle aux universités. Devant l'indigence des salaires, le mécontentement était latent, mais il a explosé à la rentrée quand le corps enseignant a découvert que le projet de budget pour 2006 réservait à peine plus de 3 % du Produit Intérieur Brut à l'Education nationale, malgré les promesses électorales de le porter au niveau des autres pays européens, entre 5 et 5,5 %, ce manquement ayant entraîné la fureur et la démission du ministre concerné. La grève a vite pris de l'ampleur échappant au contrôle des autorités, les jeunes enseignants, dont le salaire net dépasse tout juste les 3 millions de lei anciens (80 €) étant les plus motivés. Les maladresses du gouvernement, alternant arrogance et flagornerie, mais sans propositions sérieuses, n'ont réussi qu'à durcir le mouvement qui a pris dans certains endroits, à Bucarest et Timisoara, la forme de grèves de la faim. Nombre d'enseignants semblaient déterminés à aller jusqu'au bout, malgré les énormes difficultés financières auxquelles ils étaient confrontés, évoquant la grande grève de 2000, qui avait duré cinq semaines. Finalement, autorités et syndicats ont transigé, se mettant d'accord sur une augmentation des salaires de près de 12 % en 2006 (5,5 % au 1er janvier, 6 % au 1er septembre), représentant, compte tenu du taux prévisible d'inflation, une croissance réelle de 4,5 %, et le passage de la part du budget de leur ministère à 5 % du PIB. Beaucoup d'enseignants, surtout les jeunes, ont repris le chemin de l'école le cœur lourd, ces avancées leur semblant dérisoires. Un protocole prévoit qu'ils pourront récupérer tout ou partie de leurs salaires perdus, s'ils rattrapent les cours qui manquent sous forme d'heures supplémentaires, de samedis et de vacances (notamment février) travaillés… ce qui n'enchante pas les élèves. Mariana, professeur de français, n'a plus les moyens de payer son abonnement à la bibliothèque française P rofesseur de français à l'école n° 136 de Ferentari, un des quartiers les plus pauvres de Bucarest, Mariana a fait la grève comme ses collègues. "Je n'ai pas assez d'argent pour payer le courant, la télé, je ne téléphone plus" confie cette jeune femme, divorcée, élevant un enfant. "J'achète des chaussures à 100 000 lei (3 €) et uniquement des vêtements d'occasion. Je me débrouille ainsi. Heureusement j'ai mon ami qui m'aide" continue-t-elle, ajoutant "ce qui me peine le plus, c'est que depuis trois ans je n'ai même pas les moyens de m'inscrire à la bibliothèque française". Pour tenter de joindre les deux bouts, Mariana s'est mise à pratiquer la "présopuncture", une technique de massages des vertèbres cervicales et du dos, qu'elle a apprise en lisant nombre d'ouvrages, proposant ses services à ses collègues. De la même façon, elle leur vend des suppléments alimentaires pour le compte d'une firme qui lui ristourne une petite commission. Ces activités sont d'un faible revenu et, au début, Mariana en avait un peu honte, mais l'ensemble de ses collègues se débrouillent de la même manière: l'un commercialise et entretient des aquariums, un autre vend des cornichons sur les marchés, quant il n'a pas cours… Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Gasoil contre bonne note Insolite L 'ONU n'a rien inventé avec son programme pétrole contre nourriture pour l'Irak… Un professeur de mathématiques du collège de Matasari (Gorj) a été traduit en justice pour avoir rançonné ses élèves afin de leur donner des bonnes notes et les laisser passer en classe supérieure. Ceux-ci devaient lui amener du gasoil pour son tracteur, des médicaments pour les animaux de sa ferme, des haricots et du maïs. L'enseignant indélicat faisait également payer quatre euros chacune des leçons particulières collectives qu'il donnait après ses cours, nombre de ses élèves se sentant obligés d'y assister. Le pot aux roses a été révélé quand un de ceux-ci a craqué, dénonçant le stratagème: bien qu'ayant livré 35 litres de gasoil au cours du premier trimestre, et recommençant au second, le garçon avait reçu une mauvaise note se voyant reprocher d'avoir apporté du carburant de mauvaise qualité. Grippe bienvenue A court de ressources financières, les fermes piscicoles et d'élevages de faisans du lac de Bicaz et de l'Institut de recherche et d'aménagement forestier, ont décidé de profiter de l'interdiction de la chasse et de la chute des ventes de volaille pour distribuer des faisans congelés à leur mille employés, en remplacement des bons de repas qu'ils reçoivent habituellement. Saturés déjà des truites, ceux-ci n'ont apprécié que modérément de se voir obliger de consommer chaque jour ce que l'on réserve aux agapes de Noël et des grandes fêtes. C Sur une route près de Suceava: c’est tellement plus simple de faire coller le tracé de la route aux trous... plutôt que de les réparer ! A inq automobilistes qui sont allés au fossé poursuivent en justice le judet de Bistrita pour défaut de signalisation routière. L'un d'entre-eux avait terminé sa course dans la cour d'une maison, à la suite d'une longue ligne droite après avoir abordé à trop grande vitesse une courbe dangereuse qui n'était indiquée par aucun panneau. Pour sa défense, le président du judet a indiqué que la signalisation routière revenait très cher, soulignant que dès que les Ponts et Chaussées installaient un panneau, il disparaissait dans les deux jours pour servir de barbecue, à moins qu'un chauffard ne l'emboutisse et ne l'emporte pour ne laisser aucune trace de son passage. Il a toutefois décidé d'attribuer un milliard de lei (30 000 €) pour en faire installer des supplémentaires sur les routes du département. Détenus conviés à l'opéra Manque de chance près avoir prononcé un discours mettant en garde les Bulgares contre les ravages causés par le crime organisé et la corruption, le tout nouvel ambassadeur américain s'est rendu à l'aéroport de Sofia pour prendre un vol à destination de Budapest où se tenait une conférence de l'ensemble de ses collègues en poste en Europe de l'Est. Après avoir passé le contrôle de sécurité et vidé ses poches comme les autres passagers, il s'est installé dans l'avion, se rendant compte, après le décollage, qu'il avait oublié de reprendre son téléphone portable comportant tous ses numéros, dont celui de la CIA. Alertés, les officiels de l'aéroport ont interrogé les deux agents en faction qui ont nié avoir trouvé l'appareil. Malheureusement pour eux, celui-ci était doté d'un système GPS performant permettant de le localiser par satellite à moins d'1,50 m. Ce fut un jeu d'enfant pour les services secrets de le retrouver dans l'appartement d'un des deux suspects. Arrêté, ainsi que son collègue - les deux hommes risquent dix ans de prison - le coupable a déclaré pour sa défense: " Si j'avais su qu'il était à l'ambassadeur américain, je ne l'aurais pas volé ". Panneaux routiers manquants P lus de 350 détenus du pénitencier de haute sécurité de Timisoara ont été conviés à l'Opéra de cette ville pour assister à un spectacle de danses folkloriques. Il s'agissait là d'un geste de remerciement des autorités locales et du judet pour l'aide qu'ils avaient apportée et des travaux effectués à l'occasion des inondations qui ont ravagé certaines parties de la région. Ces prisonniers avaient notamment démoli les maisons irrémédiablement endommagées pour permettre la construction de nouvelles. Arrivés sous bonne escorte, les détenus ont pris place dans la salle, encadrés par 150 gardiens, policiers et officiers. Pour cette première en Roumanie, ils avaient revêtu les vêtements décents qu'ils portaient au moment de leur incarcération et qu'ils retrouveront à leur libération, et tous avaient consciencieusement astiqué leurs chaussures. La grande majorité d'entre eux n'étaient jamais venu à l'opéra et beaucoup se montraient impressionnés, comme un condamné devant effectuer une peine de 20 ans pour meurtre. A l'issue du spectacle, les détenus ont reçu chacun un diplôme de reconnaissance délivré par les institutions et organismes qui avaient bénéficié de leur travail. 29 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Littérature Pierre Loti mena une singulière connue sous son nom d'écrivain, SUCEAVA z z ORADEA z ARAD BAIA MARE IASI z TARGU MURES CLUJ La muse royale z BACAU z z z z z z z SIBIU TIMISOARA BRASOV z SINAIA ORAVITA PITESTI CRAIOVA z GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Envoyée en exil par son mari, le Roi 30 Romantique incurable, la reine Elisabeth confondait les affaires du cœur avec celles de la raison… dynastique. Son projet de mariage entre Ferdinand, le prince héritier du trône (car le 14 mars 1881 fut proclamé le Royaume roumain), neveu de Carol 1er, et Elena Vacaresco, sa première dame d'honneur, fut récompensé de deux ans d'exil par son royal époux Carol Ier, qui n'apprécia pas, ne connaissant qu'un devoir : servir les intérêts de la Roumanie, en accord avec ses ministres, malgré ses affinités mêmes. La reine avait remarqué le sentiment naissant entre les deux tourtereaux. Elle l'encouragea, tenta de convaincre son mari, qui y fut favorable, au départ. Mais c'était sans compter sans la réaction de l'aristocratie roumaine qui s'opposa au projet de mariage : le futur roi ne devait en aucun cas épouser une descendante d'une famille roumaine, afin de ne pas ouvrir une lutte interne pour la succession du trône. C'est pour cette raison que les Roumains étaient partis à la recherche d'un prince étranger en 1866, afin de se doter d'un souverain dégagé de ces rivalités. L'affaire fit donc scandale. Elena Vacarescu fut éloignée, Elisabeth envoyée à Venise, puis chez sa mère, promettant de ne jamais la revoir, et tenant parole. Par la suite, la tradition fut respectée, aucun des futurs souverains roumains, appelés sur le trône, n'épousant une Roumaine. En 1893, le futur Ferdinand 1er épousa donc une femme de son rang, Marie, Princesse de Grande Bretagne et d'Irlande, nièce de la Reine Victoria d'Angleterre. E ntre Pierre Loti (1850-1923) et Carmen Sylva, pseudonyme d'écrivain de la reine Elisabeth de Roumanie (1843-1914), femme de Carol 1er, et d'origine elle aussi allemande, une singulière relation littéraire s'était établie, amenant l'auteur français, mondialement connu à l'époque, a séjourné à deux reprises à la cour royale roumaine et à découvrir ce pays. Marc Chesnel, président du Cercle d'Action Culturelle et Européenne de Bordeaux et membre de l'association Internationale des Amis de Pierre Loti, nous conte cette étonnante liaison qui eut l'heur de déplaire au royal époux. Marc Chesnel avait également suscité en 2003 un voyage en Roumanie sur les traces de Pierre Loti, qui avait été mis sur pied grâce à l'agence de voyage de Jean-Michel Corbet, à Târgu Mures (Voir "Les Nouvelles de Roumanie", n° 29 et 31). A Sinaia, la reine traduit "Pêcheur d'Islande" en allemand Au début de son ouvrage Pierre Loti et Carmen Sylva, publié chez Bernard Grasset en 1931, Léopold Stem relate les circonstances de leur mise en relation par l'intermédiaire d'Hélène Vacaresco, dame d'honneur de la reine,également poétesse. Celle-ci fait parvenir à Pierre Loti Jehova, Poème de Carmen Sylva (nom d'écriture de la reine) qu'elle a traduit en français. Loti la remercie en termes chaleureux et lui envoie peu de temps après Pécheur d'Islande, le roman qu'il vient de publier. Le livre est dédicacé à la reine, Loti insiste pour qu'il lui soit remis en mains propres. Elisabeth, profondément marquée par le décès de sa fille unique, est fascinée par les impressions fortes d'un livre traversé par la mort, la douleur de l'âme humaine et la force du destin. Elle admire l'ouvrage et se découvre des affinités avec Pierre Loti. Désireuse de connaître l'auteur, la reine l'invite à venir la voir à Sinaïa et entreprend de traduire le roman en allemand, sa langue d'origine. Cette invitation n'est pas dépourvue d'idée politique et elle écrit ceci : "Tout ce qui peut contribuer à rapprocher les deux peuples, je voudrais le tenter; j'y emploie tout ce qui peut être utilisé. La pensée que la race latine et la race germanique sont faites pour se compléter l'une l'autre, est positivement devenue chez moi une idée fixe" La traduction en allemand est précédée d'une préface de la main de la reine : "Si j'ai réussi avec cette petite épopée à charmer le cœur des autres comme elle a réussi, par sa grandeur biblique et son émouvante sincérité, à élever le mien, si dans quelques cœurs allemands les paroles brutales: "ennemi héréditaire" peuvent être désormais remplacées par les belles paroles: "Pays frère", mon travail aura été facile et m'aura procuré une pure joie". Promenades en tête à tête à Peles Loti arrive au château de Peles, et séjourne à Sinaïa du 27 septembre au 4 octobre 1887. Il y rencontre Elisabeth. La reine le trouve réservé, elle est séduite par ses yeux qui pétillent d'intelligence. Il est sensible à sa voix. Après une période d'adaptation, liée à la timidité de Loti, isolé à la cour, la confiance s'installe : ils discutent lors de longues promenades dans le parc du château et dans la forêt qui s'étend autour. Mais Loti, homme de mer (et par ailleurs fier de ses capacités athlétiques) appréhende de gravir les sommets proches de Sinaïa... et renonce à une excursion que la reine voulait faire avec lui ! Les NOUVeLLes de ROUMANIe Carnet Société Raimu, Louis Jouvet, Michel Simon ont été ses partenaires, Abel Gance, Renoir, Bresson, Cocteau ses metteurs en scène Jany Holt: de sa Roumanie natale aux feux de la rampe L a comédienne et actrice Jany Holt est morte mercredi 26 octobre à l'hôpital américain de Neuilly. Elle était âgée de 94 ans. Née en Roumanie en 1911, de son vrai nom, Ecaterina Ruxandra Olt était venue s'installer à Paris en 1926 afin d'y suivre des études de commerce. Attirée par l'art dramatique, elle entre dans le cours de Charles Dullin, et débute au théâtre dans une pièce de Bruckner, La Créature. Elle fait alors partie de la troupe des Pitoëff. Un bel avenir lui est promis, d'autant qu'elle a tapé dans l'oeil de Raimu, qu'elle vénère. Le cinéma lui tend les bras. Elle est face à Harry Baur dans Le Golem de Julien Duvivier (1935). Elle fait une autre rencontre déterminante: celle de Marcel Dalio. Séduit par "ses beaux yeux un peu enfoncés et ses joues creuses", Dalio est sur le point de l'épouser: le mariage tombe à l'eau parce que les parents de Jany Holt exigent qu'il se convertisse au catholicisme. Le comédien répond : "Mon seul Dieu, c'est le théâtre". Jany Holt repart en Roumanie... où on la rappelle pour venir remplacer une comédienne défaillante dans Les Innocentes de Lilian Hellman. Cette fois, Dalio parvient à l'amener à la mairie, avec Henri Jeanson et Marcel Achard comme témoins. Mariage qui tournera court, Jany Holt étant tombée amoureuse de Jacques Porel, le fils de Réjane. Qui fait ainsi son portrait: "Sa chevelure est un triomphant incendie. Elle offre chaque jour le spectacle de l'insolite allié à une parfaite simplicité. Elle est, pour tout dire, éclatante, rayonnante de personnalité". Jany Holt a un physique maigrichon, un nez pointu, l'oeil impertinent, et suffisamment de trouble pour se voir épargnée par les rôles de soubrettes. On lui offre des personnages de jeune mythomane, d'illuminée, de quasi folle, dont elle s'empare avec ardeur. La voilà chez Jean Renoir (Les Bas fonds, 1936), Abel Gance (Un grand amour de Beethoven, 1936), Marcel L'Herbier (La Tragédie impériale, 1937), Jean Dréville (Troïka sur la piste blanche, 1937). L'un de ses plus beaux rôles est celui que lui offre Pierre Chenal dans L'Alibi (1937), où est joue une entraîneuse face à Louis Jouvet et Eric von Stroheim. Admiratrice, elle dit de son metteur en scène qu'il "magnétise sans emmerder". Chenal rend hommage à sa décontraction, son humour hors du commun, et à la façon dont, à la fin du film, "elle a une scène entre rire et larmes à vous arracher les tripes". Il la rengage en 1938 pour La Maison du Maltais, où elle côtoie Fréhel et la capiteuse Viviane Romance. Dans Pour Vous, Serge Veber écrit: "On se demande comment la braise de ses yeux qui dévorent son visage ne met pas le feu à son corps sec et nerveux qui ne demande qu'à brûler". Décorée pour faits de Résistance par le Général De Gaulle Le théâtre la redemande. Elle se produit dans Les Monstres sacrés de Jean Cocteau, Sainte Jeanne de Bernard Shaw. Réapparaît à l'écran dans Le Baron fantôme (1942) et La Fiancée des ténèbres (1943) de Serge de Poligny, Les Anges du péché de Robert Bresson (1943): amoureuse en proie aux maléfices, pauvre fille poursuivie par la fatalité sur fond de bûchers cathares, irréductible prisonnière du couvent. Décorée en 1945 par le général de Gaulle de la Croix de la Libération en 1945 pour services rendus à la Résistance, Jany Holt ne retrouvera pas après la guerre l'aura qui en fit l'une des actrices de tempérament d'avant guerre. De cette fin de carrière citons Non coupable d'Henri Decoin (1947) où elle est partenaire de Michel Simon, Gervaise de René Clément (1955), et sa dernière apparition, dans Noir comme le souvenir de Jean-Pierre Mocky (1994). Grande amie d'Elvire Popesco Dans le monde du théâtre et du cinéma, on ne lui connaissait que des amis. Elle aimait beaucoup Elvire Popesco, qui comme elle était venue de Roumanie et s'intéressait à toutes les formes d'art, la peinture, la sculpture, elle L’actrice, ici avec Harry Baur. fréquentait les expositions, les concerts. Lorsque sa grande amie disparut, on sentit Jany Holt un peu orpheline. Pourtant elle avait sa propre famille et avait été mariée deux fois, d'abord avec Dalio puis avec Jacques Porel. 23 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Vie quotidienne SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z IASI z z z z BRASOV GALATI PITESTI CRAIOVA BACAU z SIBIU z z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE z BUZAU BUCAREST z z TULCEA z Bucarest n'est plus la ville la moins chère d'Europe 22 D'après le classement bi-annuel effectué par "The Economist Intelligence Unit", Bucarest n'est plus la ville la moins chère d'Europe, après avoir remonté de la 112ème place, au niveau mondial, à la 91ème. Désormais, elle précède Kiev (93ème) et Belgrade (108ème). L'entrée des pays de l'Est dans l'UE a d'ailleurs changé sensiblement le classement, leurs capitales étant devenues moins accessibles au niveau des prix. Ainsi, Varsovie avance de 37 places, Prague de 20, Budapest de 12 et Bratislava de 10. Les destinations est-européennes restent cependant les moins chères du Vieux Continent, à l'exception de Lisbonne qui occupe la dernière place (52ème). Les villes les plus chères du monde sont: Tokyo, Oslo, Osaka Kobe. Suivent treize villes européennes : Reykjavik (4ème), Paris (5ème), Copenhague (6ème), Zürich (7ème), Londres (8ème), Genève (9ème), Helsinki (10ème), Vienne (11ème), Francfort (12ème), Milan (13ème), Munich (14ème), Stockholm (15ème), Berlin (16ème). La chute du dollar explique ce phénomène et le fait que l'on ne trouve aucune ville américaine dans les trente premières, New-York se classant 35ème. L'Amérique du Sud est une des régions les meilleurs marchés, Mexico (68ème) étant la ville la plus chère du sous-continent. Téhéran est considéré comme la grande ville la moins chère du monde. aventure littéraire avec la reine Elisabeth de Roumanie La capitale transformée en immense chantier et l'écrivain troublé par l'exotisme roumain C irculer dans les rues de Bucarest, que l'on soit automobiliste ou piéton, est une expérience qui ne s'oublie pas. Il faut une bonne dose de courage pour s'y aventurer, doublée d'un soupçon de fatalisme et de beaucoup de patience. Les optimistes qui pensaient que cette situation ne pouvait que s'améliorer avec le temps doivent déchanter: Adrian Videanu, le maire général de la capitale, vient d'annoncer la mise en chantier de 35 projets de travaux dans les trois prochaines années, voués à donner à Bucarest l'aspect d'une véritable capitale européenne. La construction d'un aéroport dans le sud de Calea Victoriei, 1944 la ville, de parkings souterrains et en surface, de quartiers résidentiels en périphérie et d'un canal reliant Bucarest au Danube, ne constituent qu'une partie de cet ambitieux projet. Des initiatives plus anciennes telles le passage Basarab - destiné à améliorer la circulation dans la zone de la gare du Nord - et la réhabilitation du centre historique de la capitale, dont on parle depuis au moins deux ans, sont également à l'ordre du jour. L'ensemble présuppose un budget de six milliards d'euros, dont 2,8 milliards devront être disponibles dès le début des travaux. Adrian Videanu rappelle à ce sujet l'émission d'obligations lancée par la municipalité au début de l'année 2005, laquelle a rapporté à ce jour 500 millions d'euros. Il mentionne également la possibilité de partenariats privé-publics et d'emprunts auprès de banques d'investissements étrangères, mais sans apporter plus de précisions. Le maire assure que la municipalité se chargera des investissements concernant l'infrastructure: installations de canalisations d'eau, de gaz, d'électricité ainsi que de la réfection des routes périphériques et semi périphériques, ce qui devrait rendre la ville plus attractive pour le secteur privé, lequel pourrait ainsi participer "de façon significative" au financement du projet. Face à cet ambitieux programme, lequel devrait certainement, améliorer considérablement l'aspect de la capitale roumaine, une expression chère à nos voisins britanniques, vient à l'esprit: "wait and see" (attendons de voir)… d'autant plus que deux de ces projets paraissent surprenants : la construction d'un aéroport sud, alors qu'Otopeni vient juste d'être agrandi et modernisé, ce qui lui assure une capacité de plusieurs années pour absorber le flux des rotations aériennes; le creusement d'un canal entre Bucarest et le Danube, dont on ne voit pas bien l'utilité, et qui s'assimile à un chantier pharaonesque rappelant, en outre, de très mauvais souvenirs. A Connaissance et découverte Pas moins de 35 projets de travaux pour les trois prochaines années z CONSTANTA Les NOUVeLLes de ROUMANIe Les Roumains se tournent vers les vins secs et demi-secs lors que la Roumanie est depuis longtemps un pays de tradition de vins très sucrés (19%), on peut constater une évolution récente qui tend vers la consommation de vins "demi-secs" (37%) et "secs" (21%). La Roumanie n'a pas encore basculée vers une production majoritaire de vins secs mais elle se trouve à un tournant en privilégiant les vins "demi-secs". Cette mutation se fait de façon progressive. On constate que la classe moyenne roumaine préfère les vins secs. En conséquence, on peut estimer sans trop se tromper qu'avec l'évolution du pouvoir d'achat, la progression de la consommation de vins secs va se confirmer dans l'avenir. Carmen Sylva, et fervente partisane de la réconcilition franco-allemande Provocation de Loti ? En tout cas, les discussions se poursuivent avec les promenades dans la forêt : c'est là, en parlant avec la reine que naît l'idée d'écrire Le Roman d'un enfant publié trois ans plus tard dans une revue parisienne avant de devenir un livre. Leurs relations se poursuivent, avec des hauts et des bas. Loti traduit en français deux textes de Carmen Sylva, Mochou et Baba et Mihu l'enfant, ce qui est exceptionnel de sa part; ce sont ses seules traductions, avec beaucoup plus tard celle du Roi Lear, de Shakespeare (cette fois en collaboration). Loti contribue à faire connaître les écrits de Carmen Sylva. Il corrige les Pensées d'une Reine, publié chez Calmann Levy. L'ouvrage reçoit le prix Botta de l'Académie Française le 16 novembre 1888. Il préface d'autres livres écrits par la reine, ainsi Qui frappe?, publié encore chez Calmann Levy en 1890. puter avec les gens qu'il aime bien, sans autre raison que de goûter ensuite le plaisir de la réconciliation: la reine, stupéfaite, l'apprend à ses dépens. Après cette nouvelle rencontre, l'écrivain et la reine s'écrivent encore. Les lettres adressées par Loti à Elisabeth sont connues à la suite d'une histoire rocambolesque: dérobées par un secrétaire indélicat de la reine, qui les vend, elles sont retrouvées chez un marchand d'autographes à Paris par Louis Barthou, qui les achète pour les rendre à Loti ! Pour le remercier, le romancier lui en laisse la plupart. La distance, le temps, la vie tout simplement les séparent. Relations arrêtées pendant dix sept ans sur ordre de Carol 1er C’est alors que la reine reproche à Loti, maintenant très célèbre, puisque il est élu à l'Académie Française en 1891, de Brouilles et réconciliations ne jamais plus lui faire parvenir les nouveaux romans qu'il publie. Elle dit regretter d'autant plus les longues discussions Leurs relations épisde Sinaia que Loti est tolaires s'installent. Loti loin... Et qu'il a publié en revient en Roumanie trois 1893 Une Exilée, un récit ans plus tard. Il séjourne à né de cette idylle à l'issue la cour de Bucarest en malheureuse (entre le avril-mai 1890. Plus tard, prince héritier et la demoiil portera des jugements selle d'honneur de la irrévérencieux sur ce qu'il reine), dont il avait été le a pu voir lors de son témoin lors de son séjour séjour, en particulier sur au château de Peles. l'entourage de la reine. Au milieu de tous les Loti a toujours eu son souvenirs de Sinaia, de franc-parler quand il le Bucarest et de Venise, que juge bon. De retour en Loti évoque dans ce livre, France, l'écrivain manipour présenter une pauvre feste son mécontentement reine, rêveuse, triste et quand un journaliste hondésillusionnée, comme un être surhumain, presque grois le dépeint sous un céleste, il parle également jour peu flatteur en relaLa reine Elisabeth au milieu de son groupe de fidèles; Hélène Vacaresco tant à sa façon le séjour à est assise à ses pieds et Pierre Loti se trouve également assis, du roman d'amour qui s'éà gauche sur la photo (cliché pris à l’Hôtel Danieli de Venise, le 14 août 1891). tait déroulé sous ses yeux. Sinaia, critiquant en particulier l'apparence physique de Loti, sujet auquel notre homme, Loti fait parvenir un exemplaire des Désenchantées avec très susceptible, est sensible. S'ensuit un refroidissement des une dédicace à la reine. Leurs relations épistolaires, arrêtées de relations entre l'écrivain et la reine, qui n'était pour rien dans 1891 à 1908 comme l'exigeait le roi Carol, reprennent : Loti cette affaire ! envoie à la reine ses nouveaux livres, qu'elle lit publiquement Aussi Loti hésite-t-il à aller voir la reine à Venise (où elle à la cour, Carmen Sylva lui fait parvenir ceux qu'elle publie. était partie sur ordre de son mari, le roi Carol 1er étant opposé "Mon remerciement ému pour Aliunde que Votre Majesté au mariage qu'elle souhaitait entre le prince héritier et Elena a daigné m'envoyer et dont la lecture m'a laissé je ne sais quelVacaresco) en 1891 comme il l'avait prévu ; finalement, après le sérénité haute et en même temps douce. Je l'avais lu lenteavoir fait des manières, il s'y rend et voit la reine trois jours au ment à mes rares minutes de liberté; cela m'avait rappelé l'émilieu du mois d'août : quel décor pour ces retrouvailles ! Une poque déjà si lointaine où, sur la gondole à Venise, Votre nouvelle brouille surgit au cœur d'une discussion animée, Majesté lisait des fragments du livre: Livre de l'âme. Déjà bientôt suivie d'une réconciliation ! plus d"un quart de siècle passé depuis ces soirs de gondole. Ce qu'Elisabeth ignorait, c'est qu'il plaît à Loti de se disHélas !", lui répond-il. (lire la suite page 32) 31 Connaissance et découverte Les NOUVeLLes de ROUMANIe Théâtre SUCEAVA BAIA MARE z ORADEA ARAD CLUJ z z z IASI TARGU MURES z PIATRA NEAMT z DEVA z z z L BACAU z TIMISOARA BRASOV PITESTI CRAIOVA z z z BRAILA PLOIESTI BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Une fascination mutuelle 32 En 1912-1913, une tentative manigancée auprès du roi (qui n'aime pas Loti) pour faire venir l'écrivain à Bucarest échoue. La reine meurt au début de la Première Guerre mondiale. On peut s'interroger sur la nature des relations entre Loti et la reine de Roumanie. Les grands ont toujours fasciné le petit garçon de Rochefort. Loti était sensible à la façon dont la reine lisait publiquement des extraits qui, lus par Elisabeth, donnaient à l'auditoire une impression plus forte qu'aurait donné la lecture de l'œuvre complète. Carol Ier Carmen Sylva pensait très justement que l'admiration que Loti lui portait "n'était peut-être pas accordée aux pages mêmes que je (Carmen Sylva) lui lisais, mais plutôt issue des pensées élevées que son esprit sensible, généreux et intelligent concevait lui-même durant ma lecture". La reine de Roumanie ne se glisse-t-elle pas ainsi dans le rôle de la muse? En tout cas, son personnage et l'exotisme de la cour roumaine, entre Occident, où elle était amarrée, et ce parfum d'Orient tout autour, qui troublait Loti, ne pouvaient que séduire notre écrivain voyageur. Marc Chesnel a compagnie théâtrale Cafarnaüm est installée dans le quartier des Résidences (immeubles et barres en abondance) de Belfort. Animée par deux passionnés permanents du théâtre, Manuelle Lotz et Alexandre Tournier, et présidée par Gilles Benhamou, elle compte à son répertoire de nombreuses créations dont la première fut La femme comme champ de bataille du Roumain de Paris, Matei Visniec. La rencontre de Cafarnaüm avec Anca Visdei, autre dramaturge roumaine exilée de longue date (Suisse et Paris), a permis à cette compagnie de monter pour la première fois sur les planches françaises (à Besançon en 2001) un texte de celle-ci, écrit directement en français en 1990, La patiente. Et c'est avec cette pièce d'une exilée roumaine écrivant en français que Cafarnaüm a été invitée au Festival Des jours et des nuits qui s'est tenu en septembre 2004 à Braïla en Roumanie. Bernard Camboulives a rencontré Manuelle Lotz et Anca Visdei Alexandre Tournier à leur retour de Braïla. En Roumanie, l'auteur et son texte ont encore la primauté sur le metteur en scène Cafarnaüm: "L'accueil des Roumains a été de qualité. Des gens chaleureux, pressés (presque trop) de nous rendre service et fort capables d'organiser avec talent un festival. Il y avait là des troupes anglaise, turque, allemande, grecque et deux françaises (dont nous). Ce que nous avons particulièrement apprécié est l'amour du théâtre dont ont fait preuve les organisateurs. Ils vivent encore le théâtre dans le cadre d'un ancien système avec de nombreux permanents à la mentalité parfois de fonctionnaire et peu de moyens techniques mais cela induit ce que nous affectionnons particulièrement, à savoir une préférence et une priorité pour le texte plutôt que pour la scénographie. Disons que là-bas l'auteur conserve encore la primauté sur le metteur en scène. Ce qui n'est plus tout à fait le cas en France. Il y a aussi en Roumanie un amour et un respect pour la langue française qui nous ont tout à fait étonnés et enchantés. Nous avons d'ailleurs joué notre pièce en français comme les autres compagnies étrangères ont joué les leurs dans leurs langues d'origine. Cela n'a pas empêché le public de manifester son enthousiasme". La déchirure vécue par Anca Visdei tranche avec son théâtre léger Cafarnaüm: "Notre pièce jouée à Braïla était La patiente d'Anca Visdei. Nous apprécions particulièrement cet auteur que nous avons fréquemment au téléphone. Nous entretenons ainsi une excellente collaboration avec elle et c'est grâce à cela que nous avons pu venir jouer en Roumanie. Anca écrit un théâtre, certes bavard qu'il nous est permis de raccourcir parfois, mais terriblement drôle et intelligent. Anca Visdei crée ainsi de vrais personnages très intéressants à jouer. Dans La patiente, c'est une femme qui va voir son psy dont elle tombe amoureuse. Cela donne une véritable comédie sur fond de psychanalyse et d'amour. Le théâtre d'Anca Visdei est aussi un théâtre féministe comme en témoigne sa pièce Dona Juana où elle met en scène une sorte de Don Juan féminin. La gravité aussi peut être de mise dans ce théâtre comme dans la pièce Puck en Roumanie pour laquelle l'auteur écrit : "La pièce parle de l'érosion que le temps inflige aux êtres à travers le témoignage de ces deux sœurs, victimes d'une séparation imposée par un système de répression aussi absurde que violent et efficace". Société Le véhicule s'était renversé à l'entrée de Slobozia: seize passagers tués Evénements Les auteurs roumains z z La compagnie théâtrale française Les NOUVeLLes de ROUMANIe La sécurité des micro-bus en question C irculant trop vite, un micro-bus surchargé s'est renversé à l'entrée de Slobozia (Ialomita), entraînant la mort de seize de ses vingtsept passagers, fin novembre. L'accident a causé une grande émotion en Roumanie où ce système de transport, rapide, pratique, peu coûteux, s'est énormément développé ces dernières années, remplaçant les liaisons assurées par des compagnies de cars souvent défaillantes, voire inexistantes dans certains secteurs. L'accumulation d'accidents du même genre a amené les autorités à réagir et à annoncer de nouvelles mesures de contrôle de vitesse, de respect du nombre de passagers autorisés, et la révision du système d'attribution des licences de transport. Justice: deux poids... deux mesures selon qu'on soit puissant ou simple citoyen Justice Carmen Paunescu L Les professionnels du secteur estiment que ces dispositions sont inutiles, risquant d'alourdir les contrôles bureaucratiques et demandent la véritable application de la réglementation existante, ce qui leur paraît suffisant. Ils dénoncent en outre la concurrence des transporteurs illégaux, qu'ils appellent des pirates, qui les oblige à réduire les prix, les coûts, en augmentant le nombre de navettes et leur surcharge. De nombreux chauffeurs sont ainsi amenés à faire des aller-retours incessants de jour et de nuit, mettant gravement en danger la sécurité des passagers; mais seuls les transports internationaux sont contraints de disposer d'un système permettant de vérifier le nombre d'heures de conduite et de repos, les transports internes échappant à ce contrôle. a justice a rendu son verdict dans l'affaire Carmen Paunescu. La femme du poète et barde de Ceausescu, devenu depuis sénateur PSD (anciens communistes) de Hunedoara avait provoqué la mort de trois personnes dans un accident de voiture, voici un an. Au volant de son puissant 4 x 4 - la voiture préférée des nouveaux nomenklaturistes... les automobilistes ordinaires ont appris à se ranger à leur passage - la conductrice téméraire avait doublé une file de véhicules, alors que c'était interdit, percutant de plein fouet une Dacia circulant en sens inverse. Carmen Paunescu s'en était tirée avec quelques contusions sans gravité, mais dans le véhicule en face, les secours avaient retiré les corps sans vie du conducteur, son épouse et leur petit garçon: la famille avait été totalement anéantie, à l'exception de la fille aînée, miraculeusement seulement blessée. D'habitude, la justice se montre impitoyable dans ce genre d'affaire, condamnant fréquemment les prévenus à des années de prison. Dans ce cas, Carmen Paunescu a écopé d'une amende de trente millions de lei anciens... soit 900 € ! Mircea Toma, journaliste à la revue satirique "Academia Catavencu" a vivement réagi dans la tribune libre suivante parue dans son journal : "Carmen Paunescu a été, enfin, condamnée pour les trois personnes qu'elle a tuées avec sa voiture. Dans leur sentence définitive, les juges ont décidé d'accorder 30 millions de lei anciens au grand-père de la seule rescapée, qui est encore mineure... Soit 10 millions (300 €) pour chaque croix. Voici deux ans, Silviu Alupei, journaliste à "Romania Libera", avait été condamné à 300 millions de lei (9000 €) de dédommagements pour avoir dénoncé dans un article les abus d'une procureure. Dan Balescu, journalis- te à "Gazeta de Sud", a dû payer 660 millions de lei (18 600 €) pour insulte à l'égard d'un préfet dont il relatait les agissements. Je ne dis pas qu'ils avaient raison ou non. Je constate simplement: en Roumanie, aux yeux de la Justice, le prix d'une vie est de 10 millions de lei, la susceptibilité d'un personnage puissant en vaut entre 30 et 66 fois plus. Voici peu, un jeune de Timisoara surpris avec une boulette de drogue de 1 g a été condamné à 11 ans de prison; le fils de Ion Tiriac (la plus grosse fortune du pays) a été blanchi de l'accusation de trafic et consommation de drogue après l'intervention de son père auprès du président Iliescu. Sans-doute ne faut-il pas généraliser car il existe des juges qui appliquent la loi sans tenir compte de la position du prévenu... Mais je ne peux Ion Tiriac junior m'empêcher de penser à ceux qui font dans leur culotte dès qu'ils ont à faire à un procureur, un préfet, un Paunescu, un Tiriac. Bref... un puissant. On parle de la réforme de la Justice? Il faudrait commencer par greffer des couilles aux juges !". 21 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Jeunes, femmes, familles: les fortunes roumaines au scanner Evénements z SATU MARE z SUCEAVA ORADEA ARAD TARGU MURES HUNEDOARA z z CRAIOVA BRAILA BRASOV z SLATINA z L VASLUI z PITESTI a valeur n'attend pas le nombre des années, si on se réfère au classement de "Capital", qui relève le nom de jeunes ayant capitalisé à eux tous un demi-millard de dollars. Parmi eux : 1. Maor Zinger 32 ans, 180 à 200 millions de dollars 2. Sebastian Aurel Ghita (propriétaire du groupe IT Asesoft) 28 ans, 30 à 35 millions de dollars 3. Bogdan Dragomir (fils de Dumitru Dragomir, président de la Ligue Professionnelle de Football) 29 ans, 29 millions de dollars 4. Robert et Ionut Negoita (propriétaires de Pro Confort) 31 et 33 ans, 28 à 30 millions de dollars 5. Arpad Paskany (propriétaire de l'équipe de football CFR Ecomax) 34 ans, 28 à 30 millions de dollars 6. Janos Kurko (propriétaire de plusieurs hôtels à Miercurea Ciuc), 34 ans, 23 millions de dollars. z z z M. CIUC z TIMISOARA BACAU z z z z IASI z z TULCEA z TARGOVISTE z SLOBOZIA BUCAREST z CONSTANTA Suite sportifs Viorel Moldovan 20 6. Viorel Moldovan (33 ans, 10 à 12 millions de dollars) 7. Dan Petrescu (38ans, 10 à 12 millions de dollars) 8. Ilie Dumitrescu (36 ans, 8 à 9 millions de dollars) 9. Adrian Mutu (26 ans, 7 à 8 millions de dollars) 10. Cristi Chivu (25 ans, 7 millions de dollars) Les dirigeants Mais il existe aussi une catégorie d'affairistes du sport, que l'on trouve à la direction des clubs, sans qu'on puisse distinguer s'ils se paient là une "danseuse" ou si cette position leur permet de réaliser de substantiels profits. 1. Gigi Becali (président du Steaua Bucarest, 400 à 450 millions de dollars) 2. George Copos (président du F.C Rapid Bucarest, 230 à 240 millions de dollars) 3. Ioan Nicolae (président du F.C. Brasov, 200 millions de dollars) 4. Nicolae Badea (président du Dinamo Bucarest, 140 à 150 millions de dollars) 5. Adrian Porumboiu (président du F.C. Vaslui, 85 à 90 millions de dollars) 6. Gheorghe Bosanceanu (président du Farul Constanta, 65 millions de dollars). Femmes: cosmétiques et aliments de régime Mais, parmi les grandes fortunes on compte également des femmes. Elles les ont engrangées en vendant des produits cosmétiques et des aliments de régime, en important des voitures et en construisant des entrepôts, dans le commerce et le bâtiment. Dans l'ordre, les sept plus prospères sont: 1. Anca Vlad (propriétaire du groupe Fildas), 75 millions de dollars Anca Vlad 2. Lavinia Huidan (propriétaire du Forum Auto, importateur exclusif de la marque Volvo), 20 à 22 millions de dollars 3. Veronica Savanciuc (responsable de l'Agence de Publicité Lowe&Partners), 16 à 17 millions de dollars 4. Antonia Coposu (propriétaire du groupe commercial Metabras), 10 à 12 millions de dollars 5. Erika Hristea (propriétaire de Secpral Pro Instalatii), 9 à 10 millions de dollars 6. Maria Grapioni (propriétaire de la société Pasmatex), 9 millions de dollars 7. Maria Braescu (ancienne propriétaire de Casa Lux), 7 à 8 millions de dollars. Familles : immobilier et ameublement Les huit familles les plus fortunées de Roumanie se sont enrichies en faisant le plus souvent des affaires dans le domaine immobilier et de l'ameublement. 1. Famille Paunescu (propriétaires du Lido et de l'Hôtel Intercontinental), 700 à 750 millions de dollars 2. Famille Voiculescu (Groupe Grivco), 350 millions de dollars 3. Famille Zinger (détient la moitié des espaces commerciaux de Brasov), 180 à 200 millions de dollars 4. Camelia et Dan Sucu (propriétaires de Mobexpert), 85 George Paunescu à 90 millions de dollars 5. Virgil et Angelica Rapotan (propriétaires de la société commerciale Arabesque de Galati), 70 à 75 millions de dollars 6. Mariuca et Florin Taples (possèdent IT Softwin), 40 à 45 millions de dollars 7. Famille Tudorache (distributeurs des médicaments Montero), 40 à 45 millions 8. Alina et Cristina Fughina (propriétaires de IT K-Tech et Ultra Pro), 35 à 37 millions de dollars. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte “Cafarnaüm” au festival “Des jours et des nuits” de Braïla francophones interprétés par une troupe de Belfort La part autobiographique est incontestable dans cette dernière pièce puisque Anca a dû s'exiler alors qu'elle était encore jeune (vingt ans) et qu'elle a dû laisser sa sœur en Roumanie. C'est cette déchirure qui est bien évidemment au cœur de Puck en Roumanie, la pièce la plus personnelle et la plus profonde d'Anca Visdei. Mais au total, son théâtre reste un théâtre léger, de divertissement, une sorte de vaudeville moderne". La femme comme champ de bataille… d'un Matei Visniec en lutte contre le conformisme Cafarnaüm: "De Visniec, nous avons mis en scène en 2001 La femme comme champ de bataille dans la guerre en Bosnie; une œuvre qui se situe, à bien des égards, à part dans l'œuvre dramaturgique de Matei Visniec basée principalement sur l'humour absurde. Ainsi, cette pièce est ancrée dans la réalité, dans l'actualité de l'époque (elle a été écrite en 1996), à savoir la guerre en Bosnie. Le conflit y est vu par deux femmes : l'une psychologue américaine, l'autre (Dora) une jeune femme violée. Le public est soumis à rude épreuve car Visniec souhaite ainsi, en interpellant son auditoire, "que les gens soient horripilés, choqués dans leur chair, par la situation dramatique insoutenable". Visniec ne désigne pas l'ennemi et pose des questions sans réponses. C'est à chacun des spectateurs, estime-t-il, de trouver sa réponse plutôt qu'une réponse déjà toute faite. D'une manière générale, Visniec est en lutte contre le bienpensant et contre le conformisme intellectuel. Il s'agit en fait, chez Visniec, d'un théâtre qui dénonce toute forme de dictature, aussi bien celle qu'il a fui en Roumanie que la nôtre, en Occident, plus sournoise et hypocrite pour ce qui concerne la pensée. L'écriture dramaturgique de Matei Visniec ne donne pas tant la priorité aux personnages qu'il privilégie les situations. Ces personnages, d'ailleurs, sont le plus souvent décalés par rapport à la réalité. Les situations, elles, sont exprimées par un choix et une économie de mots (français) qui donnent ainsi à ce théâtre toute la force de sa concentration et sa percussion ". De Beckett à Ionesco Cafarnaüm: "Visniec, très inspiré par Beckett, est incontestablement un continuateur de l'œuvre de Ionesco. Par l'absurde, bien sûr, mais aussi par sa quête de personnages interchangeables. Toutefois, si Ionesco a mis du temps avant d'être reconnu par la critique, Visniec, lui, a rencontré le succès rapidement. De nombreuses petites compagnies jouent Visniec en France; petites compagnies, d'ailleurs, que Visniec s'emploie à soutenir comme pour affirmer sur le terrain son désir d'assurer la diversité des expressions théâtrales. Au total, le théâtre de Visniec veut garder l'espoir, un espoir sur l'horreur certes mais un espoir tout de même (ainsi la femme violée dans La femme comme champ de bataille décide de garder son enfant). Pour Visniec la vie doit l'emporter sur la mort et, à ce propos, lisons de lui ces quelques lignes: " Il faut absolument laisser de l'espace à l'espoir. Sinon, il faut se suicider. Il faut réagir, il faut actionner, comme si l'espoir existait, comme si l'humanité était capable de Matei Visniec sortir de son cauchemar, de ses égarements, de ses excès, comme si l'Histoire servait à quelque chose. Sinon, cela signifierait que nous sommes dans un vide total. ". Enfin, nous pensons que des pièces comme L'histoire des ours panda racontée par un saxophoniste qui a une petite amie à Francfort, comme Petits boulots pour vieux clowns, comme Théâtre décomposé ou l'homme-poubelle ou encore Partitions frauduleuses, parmi d'autres, sont bien ancrées dans le répertoire théâtral et qu'elles sont promises à un avenir durable ". Propos recueillis par Bernard Camboulives La compagnie Cafarnaüm possède un site Internet: www.cafarnaum.com La patiente d'Anca Visdei a d'abord été tirée de la pièce Femmesujet éditée par les Editions Aux-quatre-vents. Elle a ensuite été publiée sous son propre titre aux Editions Théâtrales. La femme comme champ de bataille dans la guerre en Bosnie de Matei Visniec a été éditée par Actes Sud-Papiers. Un seul cinéma chauffé en Moldavie L a situation des cinémas est désastreuse dans l'ensemble du pays et particulièrement en Moldavie. Presque tous ont sombré. Quand ils ont été vendus ou loués, leurs nouveaux propriétaires les ont transformés en bars ou discothèques. La concurrence de la télévision et d'Internet, l'état lamentable des salles et de leur équipement, datant de plusieurs décennies, le prix des billets, ont découragé le public et, devant les dettes accumulées, les autorités ayant en charge cette activité ont renoncé . A Iasi, il n'existe que deux grands cinémas qui totalisent 1800 places… dont une centaine seulement sont en moyenne occupées. Le "Republica" est même le seul à être chauffé de toute la Moldavie, alors qu'il n'est pas rare que le thermomètre descende à - 20 ° l'hiver. Dans certaines très grandes villes commencent à apparaître des complexes multi-salles privés. Deux sont justement prévus à Iasi, le Julius Mall et le Mall Moldova. Mais dans les communes plus modestes, le cinéma est en voie de disparition complète. 33 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Ciné-reportage SUCEAVA BAIA MARE z ORADEA z z ARAD z IASI z ALBA IULIA z z TARGU MURES CLUJ FOCSANI z z z TIMISOARA z z GALATI SIBIU BRASOV TG. JIU z PITESTI CRAIOVA z z BRAILA z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Quinze millions de spectateurs pour un film: publics records sous le communisme 34 Sous le communisme, des dizaines de films roumains ont atteint des publics records, les plus célèbres attirant jusqu'à 15 millions de spectateurs. Pour autant, tous étaient loin d'être des chefs d'œuvres. D'autres raisons expliquent l'engouement des Roumains… En dehors du cinéma, il n'y avait pas grand chose comme distractions, notamment en milieu rural. Un film pouvait tenir l'affiche pendant des années et le pouvoir veillait à sa distribution car il s'agissait d'œuvres, souvent à la commande, destinés à le servir. Tout un public était captif, avec séances obligatoires: écoles, casernes, maisons de la culture. En outre, les chiffres de fréquentation étaient gonflés, les réalisateurs s'engageant par contrat à dépasser le million de spectateurs, condition nécessaire pour obtenir des primes et autres avantages. Les grandes productions de style hollywoodien, comme "Mihai Viteazul" ("Michel le Brave") bénéficiaient de moyens que leur auraient envié les cinéastes américains, ayant à leur disposition des milliers de chevaux et figurants, car il s'agissait de réaliser de grandes fresques historiques "dans l'intérêt de la patrie"… socialiste. Deux grands réalisateurs ont émergé de cette époque: Sergiu Nicolaescu et Mircea Dragan qui placent chacun trois films dans les dix plus grands succès cinématographiques de toute l'histoire roumaine. (A suivre page 36) "Au Maramures, au parfum d'amour et d'eau fraîche, on baigne dans la culture villageoise" La caméra de Roger Charret plonge au cœur du village roumain C e lopin de terre, bon, mauvais, est à toi ! Laboure le, sème le, moissonne le pour avoir de bons rendements; sois en le serviteur et le maître fidèle, et protège le s'il en a besoin avec toute ta vigueur, avec le fusil, avec la faux, avec la bêche”. Au 21ème siècle, le paysan du Maramures (Baia Mare) suit encore à la lettre ces rudes conseils pleins de bon sens; vieux de près d'un siècle, ils sont signés de Aron Cotrus, poète roumain. C'est de ce quotidien de la vie de ces paysans que Roger Charret rend compte dans son dernier film documentaire, "Eloge du village roumain". Du printemps à l'automne, jusqu'en hiver même, les campagnes si désertes ailleurs, bourgeonnent de vie. Travail harassant, lent, incessant, au rythme des chevaux de trait; forces humaine et animale mêlées. Complémentaires, hommes et bêtes s'entendent à merveille, depuis le temps qu'ils suent ensemble ! La caméra du réalisateur saisit tous ces moments. Elle fixe aussi les paysages enchanteurs où le temps s'est arrêté au-dessus des collines constellées de meules de foin posées ici depuis toujours, alors qu'alentour les cigognes cherchent leur nourriture. "Au Maramures, au parfum d'amour et d'eau fraîche, on baigne dans la culture villageoise. Il fait toujours bon d'y vivre" rapporte le cinéaste, ajoutant avec regret : "Les jeunes, bien sûrs, lorgnent vers l'Europe de l'ouest, "Eldorado" auquel la Roumanie devrait s'arrimer en 2007. Ils affichent leurs fantasmes à fleur de tee-shirts: ZIDANE, BECKHAM…! Villages, si vous saviez !". En 52 minutes, le film de Roger Charret entraîne dans la Roumanie profonde, celle qui nourrit la nostalgie de tous les amoureux de ce pays, sans en ignorer les difficultés et en en partageant les espoirs. Les associations d'amitié, les comités de jumelage… tous ceux qui entretiennent des liens avec elle, le regarderont avec plaisir, et pourront le faire partager à leurs adhérents, complètant ainsi leurs réunions et assemblées générales. Le cinéaste Roger Charret, licencié en ethnologie, est depuis 25 ans passionné par les peuples encore traditionnels qui perpétuent contre vents et marées leurs coutumes ancestrales. Il est essentielleL’ethnologue et cinéaste Roger Charret nous entraîne attiré par dans la Roumanie profonde des villages du Maramures. ment l'Himalaya et ses peuples montagnards: Tibétains, Népalais....Dans une même démarche, il s'est intéressé ces dernières années aux populations de montagnes plus proches de chez nous: les Roumains du Maramures. La cinéaste a réalisé son film documentaire "Eloge du village roumain" au cours de plusieurs séjours au Maramures au fil des saisons: Pâques, été, Noël, conquis par la chaleur humaine de la population villageoise aux antipodes de la caricature trop souvent servi par les médias d' Europe occidentale. Eloge du village roumain par Roger Charret ; film de 52 mn, disponible en DVD ou VHS (magnétoscope) au prix de 23 € + 3 € de port. A commander auprès de Roger Charret, 4 bis rue de Chavassieux, 42 000 Saint Etienne. Tel : 04 77 21 05 09. E-mail: [email protected] Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société La croissance impressionnante de sa fortune serait due, selon la revue Capital, outre ses appuis hauts placés, au fait qu'il contrôlerait plus de la moitié de Petromservice (stations service Petrom), par l'intermédiaire d'une compagnie off-shore (enregistrée à Chypre, Comac Limited). Toujours par l'intermédiaire d'une off-shore, il dirigerait la chaîne Realitatea TV, Radio Total, ainsi qu'un vaste réseau de radios et chaînes de télévision locales. 4ème. Les frères Ioan et Viorel Micula (700 à 750 millions de dollars), sont des acteurs très importants du secteur du tourisme. Ils ont bâti leur fortune en Iosif Constantin Dragan se servant allégrement dans le budget de l'Etat, auquel ils doivent au moins 50 millions de dollars. Leur influence financière sur de nombreux hauts dignitaires de l'Etat leur a permis jusqu'à présent d'échapper aux foudres du fisc. A la tête de la Société European Drink & Food, ils se placent numéro 2 sur le marché roumain de la bière. 5ème. La famille Paunescu, est aussi endettée que protégée par le régime politique. Les Paunescu sont propriétaires de grands clubs sportifs. Riches de 750 millions de dollars, ils possèdent des médias, des usines, des hôtels et autres biens immobiliers. La famille a acheté des Sorin Ovidiu Vântu terrains dans la capitale et dans pratiquement toutes les villes importantes du pays. 6ème. Ioan Niculae, (500 à 550 millions de dollars), s'occupe de commerce extérieur, d'assurances. Véritable potentat de son judet, il s'est constitué un empi- re dans l'agriculture roumaine en prenant la tête d'Inter-Agro et a doublé sa fortune en trois ans. Gigi Becali: le "berger" au destin guidé par Dieu 7ème. Gigi Becali, (400 à 450 millions de dollars), propriétaire du Club de football Steaua de Bucarest, Cet ancien berger est un personnage hautement pittoresque, persuadé que Dieu lui a confié un destin national et a créé un parti politique appelé " Nouvelle génération ". Dernièrement, il a vu le Fisc mettre sous séquestre ses avoirs, afin de récupérer les dettes du club envers le budget de l'état, d'une valeur de plus de 7 millions d'euros. Gigi Becali avait racheté Steaua à Viorel Paunescu, il y a 3 ans. 8ème. La fortune de Dinu Patriciu - président de Rompetrol, deuxième raffineur du pays après Petrom - est estimée à 400-450 millions de dollars. Membre dirigeant du Parti national Libéral, Dinu Patriciu tire dans l'ombre les ficelles de la vie politique roumaine. Il est un proche du Premier ministre Tariceanu, lequel aurait fait pression auprès de la justice en sa faveur dans une affaire où il est impliqué. 9ème. La famille Voiculescu, Dinu Patriciu (350 millions de dollars), doit sa richesse aux médias, à l'immobilier, à la distribution et à l'agriculture. Président du Parti Conservateur, membre de l'actuelle majorité, autrefois dénommé Parti Humaniste Roumain, émanation du PSD (anciens communistes) qu'il dirigeait également, Dan Voiculescu est à la tête d'un trust de médias, dont "Jurnalul National", qui lui permet de faire pression sur ses alliés politiques. 10ème. Dan Grigore Adamescu, (320 millions de dollars), possède des affaires immobilières, dans les assurances et dans le bâtiment. Sportifs… et affairistes du sport L e sport est une autre façon de faire fortune… de façon plus honnête quand il s'agit des sportifs eux-mêmes, qui ont mouillé leurs maillots et décroché des contrats fabuleux à l'étranger. Ainsi Gheorghe Hagi (75e du Top 300) a investi les millions gagnés avec le Real Madrid et Barcelone, dans l'achat de luxueux biens immobiliers, tels que l'Hôtel Yaki de Mamaia, financé avec l'aide de l'Etat il y a 5 ans. Son beau frère, Gica Popescu, ancien capitaine du F.C. Barcelone possède des biens en Roumanie et à l'étranger, dont quelques villas à Ibiza et 73 % des actions de Vincon Vrancea (producteur de vin). Adrian Ilie est propriétaire d'un complexe immobilier et d'un hôtel 4 étoiles à Poiana Brasov. Tout aussi fortuné, Anghel Iordanescu, ancien entraîneur national, vient de recevoir une prime de 400.000 dollars pour avoir remporté la Coupe des Champions d'Asie. Adrian Mutu et Cristi Chivu (25 ans), valeurs montantes, ferment la liste des footballeurs millionnaires. Malgré l'énorme perte qu'a représenté sa rupture de contrat avec le club Chelsea de Londres (son salaire annuel y était de 4 millions de dollars), Mutu a réussi a redresser sa situation financière puisqu'il est à la tête de 7 à 8 millions de dollars. Parmi les sportifs pratiquant d'autres disciplines, seuls Andrei Pavel champion de tennis et l'ancien basketteur Ghita Muresan peuvent se comparer aux footballeurs, avec des fortunes proches de 6 millions de dollars. Les joueurs : 1. Gheorghe Hagi (40 ans, 40 millions de dollars) 2. Gica Popescu (38 ans, 30 à 35 milions de dollars) 3. Adrian Ilie (30 ans, 17 millions de dollars) 4. Anghel Iordanescu (entraîneur, 55 ans, 15 à 17 millions de dollars) 5. Mircea Lucescu (entraîneur, 60 ans, 12 millions de dollars) (Lire la suite page 20) 19 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements BAIA MARE z z z ARAD z Les 300 Roumains les plus riches se partagent 22 % du PIB national z SUCEAVA ORADEA CLUJ ZALAU z z TARGU MURES IASI z ALBA I. z BRASOV z z PITESTI CRAIOVA z GALATI z SIBIU TIMISOARA z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Les nouvelles fortunes 18 A eux seuls, ils ont capitalisé seize milliards de dollars en 2005 Parmi les nouvelles fortunes, qui ne figuraient pas dans les éditions précédentes du TOP 300, on trouve : - La famille Zinger (180 à 200 millions de dollars). Maor Zinger possède plus de la moitié des immeubles commerciaux de Brasov. - Dumitru Tudor (60 millions de dollars). Descendant de la famille Lincaru, il détient des biens immobiliers chiffrés à 40 millions de dollars. - Calin Costan ( du groupe ICCO), Dan Pop Baldi, Valentin Nicola et Bela Urasi (créateurs d'Astral Telecom) Mihai Anghel (Cereal Dolj), Dorin Mateiu (Mercado et Elit de Alba Iulia), qui se trouvent chacun, à la tête de fortunes comprises entre 30 et 40 millions de dollars. Les personnes citées ci-dessous auraient dû, vu le montant de leur fortune, figurer dans le Top mais, moins malines que d'autres, elles en ont été exclues, la justice enquêtant sur leurs malversations et la légitimité de l'acquisition de leurs biens. - Omar Hayssam (90 à 100 millions de dollars). Soupçonné d'avoir organisé la prise d'otage des journalistes roumains en Irak, il se trouve actuellement en prison. - Ion Dumitrache (35 millions de dollars) Le capital social de six des entreprises dont il était actionnaire ou associé a été gelé par la justice. - Octavian et Constantin Margarit (18 à 20 millions de dollars chacun). Sont actuellement jugés par un tribunal pénal et leurs biens mis sous séquestre. - Dumitru Sechelariu (10 à 12 millions de dollars). Tous les biens de l'ancien maire de Bacau ont été mis sous séquestre et tous les comptes des entreprises dont il est actionnaire, bloqués. P our la quatrième fois, la revue économique Capital publiait le 15 novembre dernier un "TOP 300" des Roumains les plus riches, sur le modèle du magazine américain Forbes, connu pour ses classements internationaux Pour y entrer, le seuil a été relevé de 5 à 7 millions de dollars, cette année. La somme de ces 300 richesses, d'un montant approximatif de 16 milliards de dollars, représenterait 22 % du PIB national roumain. Elle a augmenté de un milliard de dollars en un an, alors que 60 % des Roumains vivent avec moins de 600 dollars annuellement. C'est à Bucarest que l'on trouve la plupart des grandes fortunes roumaines : 121, soit plus de 60 % de celles retenues. Cluj, s'impose comme la ville n° 2 des millionnaires roumains. Le président Basescu dans une interview accordée au quotidien Romania Libera, avait souligné le fait que les personnes les plus riches n'étaient pas forcément les citoyens payant le plus d'impôts, mettant le doigt là sur les injustices et la corruption régnant dans le pays. Les noms cités sont familiers des Roumains car étroitement impliqués dans la vie politique et économique du pays. Il est ainsi question du vice-premier ministre Gheorghe Copos, du sénateur UDMR (parti des Magyars) Attila Verestoy, du maire de Bucarest, Adriean Videanu ou du Premier ministre Calin Popescu Tariceanu. Ce TOP 300 révèle que 2005 a été particulièrement profitable pour les plus grosses fortunes, tandis qu'on y note l'entrée de 55 nouveaux noms. Le nombre de ceux dont l'avoir se situait entre 5 et 7 millions de dollars a par contre diminué. Par ailleurs, il faut également noter que beaucoup parmi ceux qui ont réussi à accumuler des avoirs impressionnants travaillaient, avant 1989, dans le commerce extérieur. Le Top comprend également des hommes très jeunes, à partir de 25 ans, qui sont partis de rien. Les privatisations ont permis à une troisième catégorie de se remplir les poches. En général, en 2005, les affaires immobilières, le marché de capitaux et le commerce ont été les domaines les plus attractifs. L'ancien tennisman Ion Tiriac en tête du hit-parade 1 er. Pour l'année en cours Ion Tiriac - l'ex-champion de tennis se trouve en tête de liste des Roumains les plus riches. Avec une fortune estimée à un milliard de dollars, il ravit la 1ère place à l'homme d'affaires greco-roumain Constantin Dragan, numéro 1 jusqu'ici. Ion Tiriac possède des intérêts dans le domaine bancaire, les assurances, le sport et le commerce. La fusion entre sa Banque et l'allemand HVB a été l'un des événements les plus marquants de l'année. 2ème. Iosif Constantin Dragan, est à la tête d'une fortune de 850 millions de dollars, due à des affaires réalisées dans les produits pétroliers, la distribution, l'édition et les transports. 3ème. Sorin Ovidiu Vantu fait un bond jusqu'à cette place, ayant empoché 250 millions de dollars de plus-values en 2005. Son nom lié aux principaux scandales financiers qu'a connus la Roumanie, ces dix dernières années, continue à faire la une des journaux, sans que, pour autant, cet ancien comptable condamné et emprisonné pour escroquerie sous Ceausescu, soit inquiété outre-mesure par la justice, malgré les nombreux procès dont il est Ion Tiriac l'objet. Sorin Ovidiu Vantu, doit sa fortune, estimée à 750 millions de dollars, à différentes affaires, entre autres dans le pétrole, les médias et les investissements financiers. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Musique Connaissance et découverte La visite de Liszt au pays des Laoutars lui a inspiré sa fameuse "Rhapsodie roumaine" Une rencontre prodigieuse avec Barbu, le violoniste tsigane F ranz Liszt s'est intéressé de près aux musiciens tziganes, auprès de qui il pensait retrouver - à tort - les détenteurs authentiques de la musique populaire de sa Hongrie natale. Sa rencontre avec Barbu Lautaru, violoniste tzigane de Roumanie, est restée célèbre. Elle devait inspirer à Liszt sa Rhapsodie roumaine pour piano, rapporte Alain Chotil-Fany, mélomane passionné de musique roumaine - il lui consacre un remarquable site Internet, www.souvenirs des carpates - qui a retrouvé l'intégralité d'un article paru dans le journal français le Ménestrel en juillet 1889, alors que les musiciens populaires roumains enchantaient les visiteurs de l'Exposition Universelle de 1889, lors de l'inauguration de la Tour Eiffel. Invité à Iasi par le poète Vasile Alecsandri "Liszt était un admirateur passionné de la musique des Laoutars roumains, les mêmes qui fanatisent en ce moment les visiteurs du Champ de Mars. C'est au château du célèbre poète roumain Vasile Alecsandri, raconte la “Neue Musikzeitung” de Stuttgart, que le compositeur les entendit pour la première fois. Une foule énorme d'invités était rassemblée dans la grande salle du Vasile Alecsandri château pour recevoir et écouter les musiciens nomades, qui arrivaient de Jassy, sous la conduite de leur chef, Barbu Lautaru. Le maître de la maison leur fit verser du champagne en signe de bienvenue et les pria de commencer. Barbu fit d'abord jouer une marche nationale qui impressionna profondément les assistants. Quelques-uns d'entre eux firent tomber des pièces d'or dans le verre du vieux chef, en lui disant: "Bois, Barbu Lautaru, bois, mon maître !". Et le vieux chef aspira le vin avec les pièces d'or, qu'il retira ensuite de sa bouche pour les baiser avec ferveur. Puis on passa à l'exécution d'une mélodie tzigane. Toute la mélancolie des steppes semblait s'exhaler de ce morceau; mais, brusquement, le chant plaintif cessa, un cri perçant retentit et les instruments commencèrent à s'agiter dans un prestissimo qui, graduellement, devint fiévreux, vertigineux, échevelé, donnant l'impression d'un régiment de cavalerie montant à l'assaut. Liszt était transporté et, lorsque le morceau fut achevé, il s'avança vers le chef, jeta de l'or dans son verre, qu'il heurta contre le sien, et lui dit: "Tu m'as fait connaître ta musique, Barbu, à mon tour de te faire connaître la mienne." Et l'illustre virtuose se mit au piano au milieu d'un silence religieux. "Par Dieu, Barbu, tu es encore plus grand musicien que moi " Après un court prélude, le maître improvisa une marche hongroise, dont il conduisit le thème, superbe d'ailleurs, à travers des cascades de trilles et d'arpèges et les modulations les plus étranges et les plus inattendues. Tout entier à l'inspiration, Liszt semblait oublier tout ce qui se passait autour de lui. Ses doigts couraient sur le clavier, rapides Liszt écoute religieusement le vieux comme le vent, faisant barde tsigane Barbu Lautaru qui lui a rhapsodie roumaine, entendre avec persistan- inspiré sa célèbrelors d’une visite à Iasi, chez l’écrivain Vasile Alecsandri. ce, au milieu des plus fantastiques arabesques, le motif victorieux de la marche. Les auditeurs, retenant leur respiration, se tenaient immobiles et comme frappés par un charme. Enfin, l'enthousiasme éclata, frénétique, imposant. Le vieux Laoutar, les yeux baignés de larmes, s'approcha de Liszt et lui dit : "C'est à mon tour, Maître, à te prier de trinquer avec moi”. Les verres s'entrechoquèrent et Franz Liszt demanda: "Eh bien, que dis-tu de cette mélodie?” "Elle est si belle, maître”, répondit le vieux barde,“que je vais, si tu le permets, essayer de la reproduire." Liszt esquissa un sourire incrédule, mais il acquiesça d'un signe de tête. Laoutar se tourna vers son orchestre, épaula son violon et répéta la marche hongroise. Pas un trille, pas un arpège, pas un ornement ne furent omis. Barbu exécuta note pour note l'improvisation du pianiste. Et ses musiciens l'accompagnaient scrupuleusement, comme mû par l'instinct, et observant religieusement les moindres nuances indiquées par son archet. Lorsqu'enfin la dernière note eut Franz Liszt résonné, Liszt sauta de son siège et courut se jeter dans les bras du vénérable chef en s'écriant: "Par Dieu, Barbu Lautaru, tu es un artiste divin et un plus grand musicien que moi !" 35 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Histoire z BAIA MARE ORADEA ARAD z z IASI BRASOV z z SIBIU TIMISOARA z z CLUJ GALATI z z BRAILA PLOIESTI CRAIOVA z 36 z BUCAREST Actualité Valentin Lazea: “40 % des Roumains vivent comme au XIXème siècle” Social George Pomut négocia z SUCEAVA TARGU MURES z Devenu général, le Roumain a été Les NOUVeLLes de ROUMANIe z z TULCEA CONSTANTA z (suite de la page 34) Les critiques d'aujourd'hui ne retiennent que quatre titres ayant mérité leur audience: "Mihai Viteazul" et "Dacii" ("Les Daces") de Sergiu Nicolaescu, "Columna" ("La colonne") de Mircea Dragan, "Tudor" de Lucian Bratu. Aujourd'hui, les audiences atteintes par les productions d'autrefois demeurent de l'ordre du rêve pour les nouveaux films, même si certains présentent un grand potentiel de succès public comme "Occident" ou "Philanthropique". De nombreuses salles de cinéma ont fermé, notamment dans les petites communes, le nombre de copies circulant dans le pays est ridicule, les lancements, présentations, la médiatisation, sont pratiquement absents ou réduits au minimum. Voici le hit-parade des dix plus gros succès roumains de tous les temps, tous réalisés entre 1963 et 1979 : 1er: "Nea Marin miliardar", Sergiu Nicolaescu (1979), 14 650 000 de spectateurs 2ème: "Pacala", Geo Saizescu (1974), 14 640 000 3ème: "Mihai Viteazul", Sergiu Nicolaescu (1971), 13 330 000 4ème : "Dacii", Sergiu Nicolaescu (1967), 13 112 000 5ème: "Neamul Soimarestilor", Mircea Dragan (1965), 13 050 000 6ème: "Tudor", Lucian Bratu (1963), 11 450 000 7ème: "Columna", Mircea Dragan (1968), 10 510 000 8ème: "Haiducii", Dinu Cocea (1966), 8 086 000 9ème: "Sapte baieti si o strengarita", co-production franco-roumaine avec Bernard Borderie (1967), 7 550 000 10ème : "Stefan cel Mare" Mircea Dragan (1975), 7 380 000. S i de nombreux Roumains ont aidé à faire la France d'aujourd'hui, on retrouve également leur empreinte tout au long de l'histoire des Etats Unis d'Amérique. George Pomut en est l'illustration même. Premier général étranger de l'armée américaine, combattant aux côtés des Nordistes pendant la guerre de Sécession, il représentera ensuite son nouveau pays auprès du Tsar, négociant l'achat de l'Alaska pour le compte des USA. George Pomut est né à Timisoara le 31 mai 1818, dans un milieu aisé. Des malentendus avec les autorités locales au sujet de la possession de quelques terrains ont conduit sa famille à déménager à Guya. Mais Pomut est resté tout au long de sa vie attaché à sa ville natale, et, dans son testament, il a demandé à être enterré à Timisoara, vœu qui n'a pas été réalisé. Le jeune garçon suivit les cours de l'académie militaire de Vienne en Autriche et de Saint Etienne en France. Aux côtés de quelques révolutionnaires hongrois, il rêva de bâtir une ville du nom de Nouvelle Buda… un rêve qui ne se concrétisera jamais. En 1848, il s'engagea dans l'armée magyare, puis se réfugia à l'étranger après la défaite, gagnant les USA. La guerre civile s'étant déclarée en Amérique durant l'été 1961et jusqu'en 1865, George Pomut s'enrôla aux côtés de forces nordistes comme capitaine dans le 15e régiment de volontaires du Iowa, et terminera lieutenant-colonel, réussissant à rompre le siège d'Atlanta. La victoire acquise, il défilera le 24 mai 1865 à la tête de l'armée du Tennessee, devant le nouveau président de l'Amérique, Andrew Johnson. Diplomate auprès du Tsar Après la guerre, George Pomut s'établit à San Antonio au Texas. C'est un homme de grande taille, à la barbe et aux cheveux roux. Orateur habile et fin diplomate, il émane de lui un certain charisme. Toutes ces qualités décident Andrew Johnson à le nommer consul général des Etats Unis à Petrograd (l'actuelle Saint Petersbourg). A cette occasion il est promu au grade de général de brigade, grade qu'il est le seul citoyen étranger à posséder. Ses qualités de diplomate lui permettent de résoudre de manière très satisfaisante un différent entre les Etats-Unis et la Russie, l'affaire Catacanzy. Hamilton Fish, secrétaire d'état américain comptait demander au tsar de Russie de rappeler Constantin Catacanzy, chef de la mission diplomatique russe à Washington, qui avait offensé le président américain. L'incident tombait mal puisque l'Amérique attendait la visite du Grand Duc Alexis, fils du tsar, visite, qu'aurait certainement compromise le rappel de Catacanzy. George Promut réussit à dissuader le gouvernement américain de demander ce rappel, évitant ainsi un grave incident diplomatique. Hésitations américaines entre terres glacées et tropiques Mais le rôle le plus important que joua Pomut dans les relations entre la Russie et l'Amérique concerne l'Alaska, alors territoire russe. Le Tsar de Russie considérant que cet énorme territoire, inhabitable car recouvert de glace et dénoué de toute végétation ne présentait aucun intérêt, proposa de le vendre aux américains contre la somme de 7.200.000 dollars. Le 30 mars 1867 fut signé à Washington le traité par lequel l'Alaska devenait terre américaine, suite aux négociations rapides et efficaces de George Pomut. Excellente affaire puisque l'Alaska s'averra être riche en minerai d'or et en pétrole. L ors d'un colloque économique organisé à Sinaia, Valentin Lazea, chef du département économique de la Banque Nationale roumaine n'a pas mâché ses mots: "40 % des Roumains vivent comme au XIXème siècle" a-t-il asséné, relevant que 58 % des foyers seulement disEvoquant la situation sociale, Valentin posaient de l'eau courante Lazea n’a pas mâché ses mots. et 53 % du tout à l'égout, ces pourcentages chutant encore plus dans les campagnes où à peine 20 % des habitations disposent de ces facilités. Dénonçant le fait que les politiciens et les autorités fermaient les yeux sur ces réalités, il ajoutait que la Roumanie se trouvait en dernière position sur le continent, loin derrière l'avant-dernier pays, la Turquie, où 90 % des habitants disposent de l'eau courante et 82 % du tout à l'égout. La moyenne en Europe se situe entre 90 et 100 %, fourchette dans laquelle on trouve même l'Albanie et la Moldavie ! L'économiste a enfoncé le clou en évoquant l'état des infrastructures routières, la Roumanie occupant la dernière place en kilomètres d'autoroutes, sans parler des routes dont 40 % sont hors d'usage pendant l'hiver. "La classe politique doit prendre ses responsabilités" s'est-il exclamé, réclamant un débat public: "Entrer dans l'Europe avec la moitié de la population vivant comme au temps des boyards ou assumer, en relevant le niveau de nos dépenses pour développer les infrastructures et les équipements, ce qui veut dire augmenter les impôts et les ressources fiscales". Budget: au niveau de l'Azerbaïdjan et du Kazakhstan Avec des dépenses budgétaires atteignant à peine 30 % du Produit intérieur brut, Valentin Lazea a rappelé que la Roumanie se situait au niveau de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan et de l'Albanie, alors qu'un minimum de 35 % serait nécessaire, la Bulgarie voisine se situant à 41 %. "Notre pays n'en prend pas le chemin, puisqu'au maximum, avec la politique suivie et de grands efforts, on peut gagner de 0,5 à 1 %" a-t-il indiqué (l'instauration d'une cote unique d'imposition à 16 % par le nouveau gouvernement a diminué les rentrées fiscales de un milliard d'euros en 2005). L'économiste a défini les secteurs prioritaires pour les restructurations et les investissements : l'agriculture, une grande partie de la population rurale devant y renoncer et être orientée vers des secteurs de développement, notamment les infrastructures, et la formation. "Avec 1,6 % de la population entre 25 et 64 ans qui reçoit une formation continue contre 9,9 % dans l'UE, un budget de l'éducation nationale se montant à 3,5 % du PIB, contre 5,22 %, il n'est pas étonnant que nous soyons en queue de peloton dans le domaine des exportations des produits technologiques et à haute valeur ajoutée qui ne représentent que 3 % du total" a-t-il conclu. Dépenses d'entretien: + 30 % L e coût des dépenses d'entretien a explosé en 2005, atteignant, depuis le début de l'année, + 30 % pour l'électricité, + 60 % pour le gaz, + 50 % pour l'eau, + 20 % pour les ascenseurs, + 100 % pour la collecte des ordures ménagères. Le vice-président du Cartel Alfa a estimé qu'elles avaient augmenté au total de 30 %, représentant mensuellement l'équivalent du salaire minimum, rappelant au passage que la majorité des salariés vivaient avec un revenu de 400 à 600 lei (112 à 168 €), 5 millions de retraités disposant seulement de 300 à 350 lei (84 à 103 €). Il a ajouté que la tentation était grande pour toutes ces personnes “J’ai peur d’entrer, Voisine, et de tomber raide mort en de couper le chauffage pendant l'hiver. voyant afficher le prix des charges et du chauffage”. Pour prévenir ce risque, le gouvernement a décidé, début octobre, d'aiCaricature de Vali der les familles modestes et les personnes seules ayant un revenu inférieur au salaire minimum en participant à hauteur de 30 % à l'achat de centrales de chauffage au gaz et de teracots (poêles à bois). Salaires triplés dans les prochaines années M ugur Isarescu, gouverneur de la Banque Nationale Roumaine et ancien Premier ministre, s'attend à ce que les salaires triplent dans les deux à six prochaines années, suivant les branches professionnelles, à la suite de l'entrée dans l'Union Européenne, ainsi qu'on le constate dans les autres pays de l'Est déjà membres. Ce phénomène s'expliquerait par l'appréciation du leu face à l'euro, la croissance économique et les tensions sur le marché du travail qui poussent les salaires à la hausse dans les nouveaux pays membres et à la baisse dans les anciens. 17 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Social BAIA MARE BISTRITA z ORADEA ARAD z TARGU MURES IASI z z CLUJ z BACAU BRASOV z z GALATI z SIBIU TIMISOARA Novembre noir pour les fonctionnaires z z z z SUCEAVA z SINAIA z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Economie Plus de la moitié du pain roumain ne correspond pas aux normes de l’UE 16 22 La Roumanie a connu un nombre record de grèves depuis la fin du communisme ROMPAN, le syndicat patronal de la minoterie et de la panification, a lancé un cri d'alarme : plus de la moitié du pain fabriqué dans le pays par les 5000 entreprises qui ont une licence ne respectent pas les normes sanitaires et d'hygiène exigées par l'UE, ce qui pourrait entraîner la fermeture d'un grand nombre d'entreelles, dès l'an prochain, seulement une centaine étant susceptibles d'être agréées. L a situation sociale s'est révélée très tendue en fin d'année, du fait du mécontentement général des employés du secteur public devant le faible niveau de leurs salaires. La moitié du million de fonctionnaires du pays se sont mis en grève ou ont déposé un préavis à la mi-novembre, ce qui a conduit la Roumanie a affronter la plus grande période de conflits sociaux depuis la "Révolution" et plus d'un demi-siècle, puisque les grèves étaient interdites sous le communisme… Les Roumains ont ainsi découvert une situation à la française, le pays s'acheminant vers une forme de paralysie: administrations fermées, métro ne circulant pas dans la capitale, menaces sur les chemins de fer qui avaient déjà été en grève dans le courant de l'année... Fin novembre, le pire semblait encore à venir car faute d'un accord, 50.000 autres fonctionnaires menaçaient de cesser le travail que ce soit ceux qui dépendent du ministère des Finances, du Travail, de la Santé, des Statistiques, les douaniers, et les mineurs. Les représentants syndicaux demandaient, entre autres, une hausse de 50 % des salaires pour 2006, que ce soit pour les fonctionnaires ou pour le personnel contractuel. Actuellement un employé de la fonction publique touche en moyenne 480 nouveaux lei par mois (135 €). Somme absolument insuffisante pour vivre décemment. Le gouvernement proposait une augmentation de 5 %. La menace d'une grève s'étendant à toute la fonction publique se précisait. Finalement, le gouvernement Tariceanu réussissait à débloquer la situation, début décembre, par des concessions, accordant une augmentation générale des salaires des fonctionnaires de 11 %, étalée sur 2006. Trop de frustrations et déceptions accumulées depuis quinze ans Des investissements importants son nécessaires pour une mise à niveau, de l'ordre de 100 000 € pour les grandes entreprises, qui fabriquent environ 30 000 pains par jour, et de 10 à 20 000 € pour celles qui en produisent 3000. Seule cette modernisation peut les sauver de la faillite a indiqué le président de ROMPAN, qui a ajouté que la moitié des entreprises du secteur travaillaient au noir, demandant à ce qu'elles soient fermées. ROMPAN regroupe 250 entreprises qui fournissent 55 % de la production de pain de Roumanie et 40 % de celle de farine. Ce mouvement généralisé de colère est révélateur des frustrations endurées par la population depuis quinze ans. Les gouvernements successifs ont apporté à chaque changement une vague d'espoir. Les Roumains comptaient pouvoir enfin relever la tête, profiter d'un certain confort, voir progresser leur pouvoir d'achat, s'offrir une voiture, des vacances, voyager. A chaque fois la déception était plus forte. Année après année le nombre de personnes persuadées qu'elles vivaient mieux durant la période 1970-1975 a ainsi augmenté. La Roumanie s'est prise aussi à rêver de l'Europe: vivre comme dans les pays occidentaux ! Oui mais, pour y arriver il faut s'aligner sur les critères de l'UE: posséder des institutions sur le modèle européen, payer des impôts et des taxes augmentant périodiquement jusqu'à atteindre le niveau de référence. Assumer le coût de la mise aux normes de tous les secteurs de l'économie, et c'est là qu'on mesure l'énormité du pas à franchir. De plus, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale veillent à ce que le déficit budgétaire de la Roumanie n'augmente pas, et même qu'il diminue, la rappelant à l'ordre si besoin. On ne tolère plus les entreprises déficitaires, les petites exploitations ne sont pas aux normes, les hausses de salaire se font au goutte à goutte, les allocations sociales sont contrôlées plus strictement, leur montant et leur durée baissent. Et parallèlement le coût de la vie grimpe implacablement, les nouveaux riches étalent sans vergogne leur fortune faite le plus souvent sur le dos du peuple et du pays. Le cocktail devient alors explosif et d'autres "novembre noir" sont à craindre. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte un des héros de la guerre de Sécession, aux côtés des Nordistes pour les USA l'achat de l'Alaska, auprès du Tsar En fait cet épisode de l'histoire tient aussi du hasard. En 1867, le Congrès américain reçut deux propositions de vente, l'une provenant de la Russie, l'autre du Danemark. Le Tsar voulait se débarrasser du lointain et inhospitalier Alaska, le roi du Danemark désirait céder les non moins lointaines îles Vierges situées dans les Caraïbes. Les deux pays demandaient le même prix: 7.500.000 dollars. Le Congrès réfléchit longuement, car l'Amérique pouvait à peine s'offrir l'une de ces terres. C'est alors que survinrent deux événements décisifs: les Russes baissèrent le prix à 7.200.000 dollars, et un ouragan dévasta presque entièrement les îles Vierges, détruisant en grande partie sa capitale. Les américains s'empressèrent d'opter pour l'achat de l'Alaska: "Que les Danois remettent d'abord en état les îles Vierges, prenons l'Alaska avant que les Russes ne changent d'avis" avait déclaré à l’époque Edouard Stekli, secrétaire d'Etat américain. L'opinion publique américaine s'insurgea contre cet achat. Les médias qualifiaient l'Alaska de "glacière" et de "pays des morses", d'autant plus que le Trésor américain avait été obligé de s'endetter empruntant 5 millions de dollars à la Riggs Bank, qui est aujourd'hui - ironie du sort - l'établissement où son déposés les fonds de l'ambassade russe aux Etats-Unis. Son nom donné à un navire de guerre US George Pomut occupa la fonction de consul général des Etats-Unis à Petrograd durant 12 années, pendant les mandats des présidents Johnson, Grant et Hayes, ce qui est tout à fait inhabituel puisque les diplomates changeaient généralement en même temps que le président. En 1878 il renonça à la carrière diplomatique. Il mourut en 1882, et on soupçonna, sans pouvoir le prouver, qu'il avait été assassiné. Il repose au cimetière Smolensk de Saint Petersbourg. Durant la période d'entre les deux guerres mondiales, Andrei Popovici, attaché au Consulat roumain de Washington s'est penché sur la biographie de Pomut, sur demande de ses héritiers. Malgré l'importante contribution de celui-ci à la construction de l'Amérique ("Making of America") dont atteste le fait que l'un des navires de guerre construits en 1944 fut baptisé Général George Pomut, Andrei Popovici ne put jamais déterminer si celui-ci avait laissé une fortune derrière lui. Les sciences bourgeoises condamnées, l'apprentissage du russe obligatoire 1948: soviétisation de l'enseignement L 'installation du gouvernement de Petru Groza, le 6 mars 1945, marque le début de la communisation de la Le dictateur Roumanie qui va Gheorghiu Dej. s'accélérer avec son successeur Gheorghe Gheorgiu-Dej. Staline, pour contrer le Plan Marshall et la décision des Américains de rester sur le sol européen, a décidé de soviétiser à pas forcés les pays satellites, d'y créer des sociétés similaires à l'URSS et d'y engager le processus de création de "l'homme nouveau". Tous les aspects de la vie quotidienne sont concernés, au premier rang desquels, l'école. Gheorghiu Dej lance une réforme de l'enseignement en août 1948, mais elle a été déjà précédée par les mesures prises par Groza. Deux ans auparavant, celui-ci a mis fin au principe d'autonomie des universités, les professeurs étant désormais nommés par le ministère. Des écoles jus- qu'aux facultés, les enseignants trop populaires sont écartés, remplacés par d'autres aux ordres. Les manuels, les livres sont expurgés ou leur nombre réduit, s'ils ne sont pas conformes à la nouvelle ligne politique. Les lycées ne peuvent plus enseigner le latin et le grec, la philosophie, la logique, la génétique. L'histoire devient l'illustration de la lutte du peuple et de la décadence des rois. Le domaine d'enseignement des écoles spécialisées est réduit. Il faut organiser des manifestations à caractère artistique ou sportif où on célèbre l'édification du socialisme et la lutte du peuple roumain contre les envahisseurs… à l'exclusion des Russes. La réforme de 1948 complète ce dispositif. Les écoles étrangères et religieuses sont fermées. L'épuration prend une ampleur sans égal parmi les professeurs et les étudiants. Les vieux manuels scolaires sont interdits et seuls sont autorisés ceux qui incorporent les préceptes marxiste-léninistes. La langue russe devient obligatoire, l'histoire du parti communiste bolchevique et de la géographie de l'URSS figu- rent au programme des lycées. La cybernétique et la génétique sont condamnées comme étant des "sciences bourgeoises, porteuses d'idéologie impérialiste". L'enseignement doit reposer "sur des bases démocratique populaires et sur le réalisme scientifique". Recul de l'analphabétisme Le seul aspect positif de cette réforme qui n'est qu'un instrument pour mieux contrôler les esprits et former des citoyens endoctrinés et soumis, destinés à devenir des activistes consentants du Parti, est le caractère obligatoire de l'enseignement qui va faire bondir le nombre d'élèves et reculer considérablement l'analphabétisme. En 1963, le nombre d'élèves des écoles primaires est 19 fois plus élevé qu'avant la Guerre, et ceux des lycées, 13 fois. 200 élèves sur 10 000 habitants arrivaient au niveau du brevet, au lieu de 19, en 1939. En milieu rural, la proportion était de 427 sur 100 000, contre 7 ! A défaut d'être bien faites… les têtes commençaient à être bien pleines. 37 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Destins BAIA MARE z ARAD SUCEAVA z BISTRITA z z CLUJ z z SIBIU z IASI TARGU MURES z TIMISOARA GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z Michel Dion raconte son z z ORADEA z z BUCAREST CONSTANTA z “Testament roumain” ... ou l’histoire d’une démarche originale 38 A la fin des années 70, un sociologue découvre la Roumanie de Ceausescu Le sociologue Michel Dion, ancien chercheur au CNRS et aujourd'hui en retraite, a eu une relation particulière avec la Roumanie. Membre du Parti communiste français, il avait été envoyé à Bucarest par son Centre de Recherche Marxiste pour participer à un colloque, en 1978, et obtenu d'aller y mener une enquête au début des années 80, dans le cadre de son travail. On aurait pu penser que le parti "frère" roumain ouvrirait largement ses portes à ce compagnon de route… mais ce fut loin d'être le cas. Au cours de ces séjours successifs, Michel Dion découvrira peu à peu la réalité de la Roumanie de Ceausescu et du communisme, ce qui l'amènera à rompre avec ce dernier. Un parcours difficile et douloureux de remise en question qui conduira également le sociologue à une très belle rencontre avec un historien roumain, Petre Nasturel, réfugié politique à Paris, aux antipodes, à priori, de ses convictions. Les chemins de l’amitié C'est l'histoire de cette démarche originale et passionnante, empreinte d'une profonde honnêteté intellectuelle et aboutissant à une amitié sincère entre les deux hommes, malgré leur sensibilité qui les sépare parfois, que nous conte le sociologue qui, selon ses propres dires, nous livre ici son "testament roumain", car il est passé depuis à d'autres sujets d'intérêt et d'études. Q uand j'ai fait connaissance avec Petre Nasturel, a Paris en 1987, j'étais encore, ainsi qu'il le raconte lui-même dans mon livre (1), un membre du Parti communiste français. Sociologue au CNRS, j'étais allé en mission d'un mois en Roumanie en 1981, 1983, 1985 et j'y retournais une nouvelle fois cette année-la. Mon objectif initial avait été d'effectuer une recherche de terrain sur les croyances religieuses des gens et les rapports du Parti communiste, de l'Etat et de l'Eglise orthodoxe. Comme l'avait prédit Paul H. Stahl, avec qui j'avais discuté de mon projet avant mon départ, cela s'était avéré impossible car "on" (le Parti communiste roumain), ne m'avait pas laissé m'installer seul dans une petite région, comme je le faisais en France, pour y enquêter a ma guise. Mes missions s 'étaient donc réduites a des rencontres protocolaires, organisées et contrôlées par le parti, avec des responsables d'organisations diverses à Bucarest et en province. En parallèle, malgré l'interdiction faite aux Roumains d'avoir des contacts avec des étrangers, j'avais réussi à nouer quelques relations personnelles plus ou moins clandestines et hors de tout cadre. J' avais aussi recentré ma recherche sur l'histoire politique de l'Eglise orthodoxe roumaine et m'étais mis à fréquenter la bibliothèque de l' Académie de la République Socialiste Roumaine, Académie Roumaine aujourd'hui. C'est ainsi que j'ai été amené à rencontrer Petre Nasturel. Ignorant alors qu'il était né en France d'un père roumain et d'une mère française, je venais consulter l'historien du CNRS dont le nom m'avait été donné à Bucarest par Virgil Cândea et Alexandre Dutu, que je rencontrais à chacune de mes missions. Le coup de foudre Mon premier contact avec la Roumanie avait eu lieu neuf ans plus tôt. A la fin de l'automne 1978, le CERM (Centre de recherches marxistes) du Parti communiste français, m'avait envoyé à Bucarest pour participer à un colloque organisé par l' Académie Stefan Gheorgiu, centre de formation des cadres du parti, dirigé par Leonte Rautu, l'idéologue d'alors du régime (2). Participaient à ce colloque des représentants des partis communistes au pouvoir en Europe de l'Est, à Cuba, et des Partis communistes espagnol, français et italien. Une Roumaine rencontrée au colloque y aidant, j'avais eu le coup de foudre pour ce pays, ses bergers et leur "espace mioritique" imaginé par Lucian Blaga. Ma nouvelle amie m'en avait parlé avec feu dans la nuit froide étoilée du Cismigiu (le parc central de Bucarest) ou, après avoir sauté d'un bus dans l'autre pour semer, m'avaitelle expliqué, nos éventuels "surveillants", nous avions fini par revenir. C'est alors que je pris la décision de faire, un jour, une enquête sociologique en Roumanie. Bouleversé et en plein désarroi politique après la rupture de l'union de la gauche qui venait de se produire en France je découvrais, dans mon extase amoureuse platonique, un discours communiste mystico-nationaliste qui m'enchanta. L'enchantement dura jusqu'aux fusillades de Timisoara, en décembre 1989. Pour moi, alors, le plus difficile était à venir : essayer d 'en comprendre les raisons et mon aveuglement. . . Les NOUVeLLes de ROUMANIe plutôt encourageant pour l'avenir de l'économie roumaine un quart des emplois du pays Enfin, le rythme de création d'emplois par les PME roumaines (160.000 emplois créés en 2004) est plus élevé que celui des grandes entreprises. Ainsi, le rôle joué en ce domaine alors que le chômage aura à l'avenir plutôt tendance à s'accroître (abstraction faite de l'absorption progressive de l'emploi illégal prévalant dans l'importante économie souterraine du pays que le nouveau gouvernement espère bien favoriser), apparaît comme essentiel, en Roumanie. Un développement encore désordonné et fragile Le développement des PME en Roumanie est donc un signe plutôt encourageant pour l'avenir de l'économie. Pour autant, il reste encore globalement désordonné et fragile en E l'absence d'une politique industrielle nationale et de politiques sectorielles volontaristes et bien définies…mais surtout en l'absence de vraie représentativité syndicale professionnelle et de réel soutien public, malgré quelques récentes initiatives gouvernementales en leur faveur. Enfin, les PME roumaines se heurtent également comme dans bien d'autres pays, aux difficultés de financement de leur croissance, malgré l'existence de soutiens financiers divers, les banques restant prudentes. Le président Basescu pourrait avoir compris l'intérêt qu'il y a à s'attacher davantage au développement de ce secteur en nommant pour la première fois en Roumanie, dans son équipe un ministre d'Etat, George Copos, chargé de la coordination des activités des entreprises et des PME”. La flotte commerciale roumaine ne compte plus que douze navires ntre début et fin 2005, la flotte commerciale roumaine est passée de 19 à 12 navires, perdant sept unités. Cosena, le principal armateur roumain s'est débarrassé de trois bateaux, jugeant que leur entretien et les réparations nécessaires lui coûtaient trop chers, profitant également de la demande du marché d'occasion. Son concurrent, Octogone, une des plus vieilles compagnies roumaines, a procédé de même, liquidant les deux unités qui lui appartenaient encore et qui avaient plus de vingt ans. Les deux derniers bateaux n'arborant plus les couleurs L’époque où les navires roumains étaient bloqués plusieurs années dans les ports étrangers est révolue (Ici, l’Oscar-Jupiter à Nantes). roumaines, appartenant à Sammarina Shipping, n'ont pas été vendus mais sont tout simplement passés sous pavillon de complaisance. Si elle se réduit comme peau de chagrin, la flotte roumaine gagne cependant en respectabilité. En 2005, seulement un seul de ses bateaux a été retenu dans un port étranger pour non conformité à la suite d'une inspection, malgré une vingtaine de contrôles au total, certains étant répétés deux ou trois fois pour la même unité. Respectant désormais les normes, les bateaux roumains ne défraient plus la chronique, les autorités maritime locales ayant réussi leur pari de faire tomber en dessous de 5 % (4,76 %) leur taux d'immobilisation pour problèmes. Le canal de Sulina enfin débarrassé de l'épave du Rostock D ébut décembre, l'épave du Rostock qui entravait depuis 14 ans la navigation sur le bras de Sulina, dans le delta du Danube, a été enfin renflouée et le canal devrait redevenir prochainement opérationnel après avoir subi un dragage. La dernière phase de travaux aura nécessité 18 mois d'efforts et entraîné la mort de deux scaphandriers, l'un britannique, l'autre américain. Chargé de 5000 tonnes d'acier, le navire ukrainien avait sombré en septembre 1991, dans des conditions suspectes, à l'endroit intitulé Mila 31, alors que l'URSS vivait ses dernières semaines. La navigation avait été interrompue pendant plusieurs mois sur cet axe vital de liaison entre la Mer Noire et les ports du Danube. En 1992, un chenal provisoire faisant une courbe de 500 mètres autour de l'épave avait été dégagé. Mais depuis, malgré les financements fournis par l'Etat et l'UE, la situation n'avait pas évolué, les fonds disparaissant dans la nature ou étant dépensés en vain, des dizaines de bateaux s'étant échoués, faute de travaux menés à bien. La paralysie du sociologue J'étais donc revenu à Bucarest au printemps 1981, en sociologue cette fois, avec l'aval du CNRS et de l'Académie de la République Socialiste Roumaine. Leonte Rautu, qui avait apprécié la fermeté de mes convictions communistes lors du colloque de 1978, soutenait mon projet. C'est ainsi que j'ai pu participer à une expédition sociologique d'étudiants bucarestois dans le département de Bistrita-Nasaud. Commandée par des sociologues de l'Université, elle voulait se donner l'air de reproduire les enquêtes de terrain d'avant-guerre de l'Ecole de sociologie roumaine. Actualité L Chaussettes françaises fabriquées en Roumanie a compagnie française Jacquemard envisage de délocaliser une partie de sa production de chaussettes en Roumanie, après avoir décidé la fermeture de son usine de Romilly sur Seine. En Roumanie, depuis 2002, cette société détient déjà l'usi- ne Elca à Câmpina, entre Ploiesti et Sinaia, dans le judet de Prahova, laquelle a contribué au quart de sa production globale, en 2004. Depuis la reprise de cette usine, Jacquemard y a investi plus de 300 000 €. Près de 97 % de la production 2005 fait l'objet d'exportations. 15 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie ARAD z z z ORADEA CLUJ z IASI TARGU MURES z ALBA IULIA z z TIMISOARA Les PME génèrent SUCEAVA BAIA MARE z z HUNEDOARA z z z VASLUI z SF. GHEORGHE SIBIU z z GALATI BRASOV BUZAU z PLOIESTI CRAIOVA z BUCAREST z SULINA z z TULCEA CONSTANTA z Boom depuis 2001 14 Leur développement est un signe La multiplication des micro-entreprises (de très loin les plus nombreuses) s'est accélérée à partir de 2001 (+12%/an) à la faveur d'une fiscalité avantageuse (1,5% du chiffre d'affaire même si ce dernier va passer prochainement à 3%). Les microentreprises (1 à 10 salariés) employaient en 2003, 26% des 2.134.000 salariés travaillant pour l'ensemble des PME, les petites PME et les PME de grande taille, 32% et 42% respectivement. Les grandes entreprises, aux effectifs généralement pléthoriques (hérités de la période communiste), sont plutôt amenées dans leur processus de restructuration (phase "post privatisation") à licencier, malgré, pour certaines d'entre elles, les engagements pris en matière de reconversion des effectifs. Dans les pays en transition, la corrélation entre croissance économique et floraison des Pme a été clairement établie dans une récente étude de la Banque Mondiale. A quelques rares exceptions, les PME peinent à s'organiser et à se faire entendre auprès des chambres de commerce et d'industrie du pays et de la plupart des organisations et fédérations professionnelles existantes (Conseil national des PME, CNIPMMR en particulier), sous forte influence des seules grandes entreprises. Il existe bien, depuis 2002, une Agence nationale pour les PME (ANIMMC) destinée à encourager la création d'entreprises et à les défendre, qui dispose de plusieurs agences régionales, mais ses actions sont encore insuffisantes. D ans "La lettre de Roumanie", publication de la mission économique de l'ambassade de France à Bucarest, Antoine Avila analyse l'importance du poids des PME (Petites et moyennes entreprises) dans ce pays. “Le nombre de PME privées en Roumanie qui ne dépassait pas le millier au début des années 90, avoisinait en 2003 (derniers chiffres disponibles) environ 350.000 (plus de 2.000.000 en France), à comparer aux 3600 grandes entreprises privées que compte désormais le pays (entreprises de plus de 250 salariés), sachant par ailleurs qu'il reste encore de nombreuses grandes entreprises publiques. Ces PME qui représentent quantitativement 90% du tissu entrepreunarial roumain, se répartissent ainsi: 8.300 grandes PME, 35.000 petites Pme et 310.000 micro-entreprises, auxquelles il convient d'ajouter 14.000 Pme publiques. Les PME, filiales de Le poids économique des PME représenterait sociétés étrangères sont incluses désormais 40% de celui du secteur privé. dans ces statistiques. On estime cependant que des dizaines de milliers de PME sont actuellement inactives même si leur enregistrement subsiste auprès du registre du commerce. Parfois à la limite de l'économie "grise" Le véritable développement des PME, d'initiative purement roumaine, s'est produit notamment au cours des cinq dernières années. Leur taux de croissance a été supérieur (8%/an) à celui du Pib (5% sur la période considérée). La transition de l'économie planifiée vers une économie fonctionnelle de marché avec son lot de restructurations, de privatisations des entreprises d'Etat et de mesures de libéralisation des marchés, renforcée par le processus d'adhésion du pays à l'UE et la profonde métamorphose qui en a découlé y ont fortement contribué. Les PME génèrent aujourd'hui 25% de l'emploi total et 39% de l'emploi du secteur privé. Les PME évoluent principalement dans les secteurs des services (commerce, tourisme, hôtellerie, restauration), dans les industries du textile, de la mécanique, de l'emballage, du bois, du bâtiment et de la réhabilitation (ce dernier secteur étant sans doute l'un des plus porteurs de l'économie "grise", à la limite du travail au noir) et plus récemment dans l'électronique (assemblage de composants) dans le cadre notamment d'investissements allemands, italiens et turques. On estime qu'à terme, le secteur agroalimentaire (toujours tributaire d'une filière agricole en quête de totale et urgente réorganisation) et dominé, pour l'heure et pour l'essentiel par quelques grandes entreprises (étrangères surtout) devrait aussi leur offrir de nouvelles et réelles opportunités. 40 % du poids du secteur privé Le poids économique des PME représenterait 40% de celui du secteur privé. Elles seraient à l'origine de 26% des exportations du pays: 4 milliards d'euros en 2004 dont la moitié de produits textiles et de confection. Avec des importations légèrement inférieures à ces montants, les PME (dont un grand nombre se consacrent aux activités de sous-traitance et de ''Lohn'' (dans le secteur textile) pour des donneurs d'ordre étrangers, dégagent, à la différence des grandes entreprises, un léger excédent dans la balance commerciale. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte marxiste, envoyé par le Parti communiste français, et remet peu à peu en cause ses convictions douloureux voyage au bout de l'honnêteté En fait, c'était une espèce de recensement politico-policier, par échantillonnage dans des entreprises et établissements scolaires du département, sur les croyances religieuses "non conformes" des gens : Baptistes, Pentecotistes, Adventistes, Témoins de Jéhovah, etc. Nul n'était dupe mais tout le monde "jouait le jeu" (3). Pour moi, c'était l'occasion de me familiariser avec la vie en province et une bonne préparation, pensais-je alors, pour mes futures enquêtes. C'est à Bucarest, à mon retour de cette équipée pseudo-sociologique, que j'appris l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République française et la formation d'un gouvernement de gauche comprenant quatre ministres communistes. Je filai alors à la Maison de l'Alliance française et y demandai le journal du Parti communiste français, L'Humanité. Je fis un scandale quand il me fut répondu que la Maison ne recevait pas ce journal. un département différent chaque fois mais toujours accompagné du même universitaire qui me confia, après décembre 1989, avoir été dans l'obligation de faire des rapports sur moi à la Securitate. Je lui répondis que, l'ayant vite deviné, je m'étais toujours abstenu de faire état, devant lui, de commentaires politiques qui auraient pu le mettre dans l'embarras, ni de mes relations personnelles "hors cadre" nouées au fil des ans, car nous étions devenus de bons amis. Il ajouta alors que, parfois, n'ayant rien à dire de particulier sur mon compte, il lui arrivait d'inventer. Tentative de manipulation A mon retour en France, j'étais soumis à deux pressions opposées. Le parti français aurait voulu que je dénonce la "caricature" du socialisme en Roumanie, dénaturé par le culte du couple Ceausescu. Je ne l'ai jamais fait car ce socialisme ne Un "reportage" de courte durée me paraissait pas différent, en son essence, de ceux que je connaissais, soit directement Ayant, après son limogeage, (Bulgarie, Cuba, Hongrie), soit perdu mon "protecteur", mes indirectement par mes lectures. missions suivantes furent tout Les "conseillers" de l'amsauf des missions de recherche. bassade roumaine à Paris En 1983 ou 1985, aucun proauraient voulu, quant à eux, gramme ne m'ayant été proposé faire de moi l'un de leurs agents à mon arrivée - "on ne comprend d'influence. Ils y sont parfois pas, me fut-il dit a l' Académie, parvenus. Lors d'un colloque de ce que vous venez faire" - je l'UNESCO de la fin des années m'en suis organisé un: match de quatre-vingts par exemple ou, l'équipe nationale de football devant un aréopage universitaicontre une équipe nationale re international, j'ai fait l'éloge étrangère un jour, incursion dans de la politique religieuse du les "bas-fonds ouvriers" de Parti communiste roumain qui, Calea Grivitei le lendemain, où quand il avait pris le pouvoir, je pris des photos de la vie de la L’historien d’origine roumaine n'avait pas fermé les églises, Petre Nasturel (à gauche) et son ami Michel Dion. contrairement a ce qui s'était rue et des bistrots. . . Les plus passé dans la plupart des autres pays du "camp" socialiste. . . hardis, amusés pour certains, me regardaient en croisant les Mais en règle générale, mes rares articles de l'époque sur tel mains, poings fermés sur le ventre, comme s'ils étaient ou tel aspect du socialisme roumain étaient plus "mesurés", menottés. c'est-à-dire plus hypocrites: me réfugiant derrière "l'objectiMon "reportage" fut de courte durée ! Un homme en civil, comme surgi de la rue dans mon dos, m'ordonna de le suivre vité" du sociologue, je commentais les textes du parti roumain dans une arrière-boutique proche. Là, il m'interrogea et me et mettais en forme les propos "officiels" recueillis lors de mes demanda de lui remettre mon appareil photo. Devant mon "entretiens" sur "le terrain". . . refus aussi catégorique que véhément: "je suis chercheur au CNRS en mission et, en tant que membre du Parti communisDéjouer la surveillance de la Securitate… te français, ami de la Roumanie", il passa un bref coup de fil pour remettre des exemplaires d'Historia et m'emmena au poste de police le plus proche. Ayant donné le nom du successeur de Rautu à Stefan C'est dans ce contexte brièvement évoqué qu'en 1987 j'ai Gheorghiu, que tout cela fit beaucoup rire quand il me reçut le demandé un rendez-vous à Petre Nasturel, qui était réfugié à lendemain, je fus "relâché" au bout d'une heure ou deux et pus Paris depuis les années 70. Un universitaire français, chef repartir avec mon appareil photo. communiste qui connaissait quelques-uns de ses travaux, Pour occuper mon temps, je fus alors "promené" d'une m'avait mis en garde: "c'est un anticommuniste virulent"... (Lire pages suivantes) entreprise à l'autre, d'une coopérative agricole à l'autre, dans 39 Les NOUVeLLes de ROUMANIe z z BAIA MARE ORADEA z ARAD z CLUJ z SIBIU z z PITESTI z z z SINAIA CRAIOVA z IASI P. NEAMT z BACAU BRASOV TIMISOARA z z SUCEAVA TARGU MURES FOCSANI z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Notes 1 -Essai sur le fanatisme contemporain. Des Hommes nouveaux de Roumanie aux combattants d'Allah, Paris, L'Harmattan, 2002, 442 p., pp. 337-341. 2 - Membre du Comité politique exécutif du P. C. R. et recteur de l' Académie Stefan Gheorghiu, il sera limogé à la fin de l'année 1981, officiellement parce que ses enfants avaient demandé à émigrer en Israël ou aux Etats-Unis. 40 3 - Ces recensements ont eu lieu, par la suite, dans tous les départements. Les données recueillies, contrôlées et corrigées par Ies Eglises ont été utilisées, après la chute du régime, pour la réalisation d'un atlas des croyances religieuses (C. Cuciuc, Atlasul religiilor si al monumentelor istorice religioase din Romania, Bucuresti, Editura Gnosis, 1996). 4 - A chacune de mes missions je rencontrais ainsi Henri H. Stahl et plusieurs amis de Bucarest dont un avait été condamné à mort en 1956 pour sa lutte ouverte contre le régime, et libéré en 1964. J'appris, après décembre 1989, qu'il afficha les opinions politiques de sa jeunesse en faveur des Légionnaires. 5 - Le CNRS donna un avis favorable mais je ne reçus aucune réponse de Roumanie. Je revins en 1990 et, avec l'aide de mes ami(e)s, notamment la famille de Ligia Ghergut, sociologue a Bucarest et l'ethnologue Ion Cherchiu, à Focsani, je pus, enfin, faire la recherche que j'avais rêvée en 1981. Connaissance et découverte (Suite de la page 39). Mais c'est l'historien que je voulais rencontrer car j'avais besoin, pour remplir mes missions, de leur donner un certain sens scientifique que, compte-tenu du tour pris par mes "enquêtes" de terrain, je trouvais seulement dans l'histoire. De prime abord, nous ne parlâmes pas politique. J' exposai la nature de ma recherche et, sans doute, quelques-unes de mes difficultés. Son aide, immédiate et généreuse, fut incomparable. La sérénité de nos rapports m'incita bientôt à lui faire part de mes convictions politiques et cela n'altéra en rien le climat de confiance qui s'était installé entre nous. Peu de temps avant mon départ en mission, vers la mi-octobre 1987, il me demanda, en y mettant beaucoup de formes, si j'accepterais d'emporter quelques numéros de la revue Historia que l'un de ses amis historiens de Bucarest ne pouvait se procurer, la revue étant proscrite. Michel Dion a connu la Roumanie des congrès communistes et des élections arrangées. Ayant déjà servi de "passeur" de journaux ou de magazines interdits en Roumanie dans le passé, j'acceptai très volontiers. Petre me fit les recommandations d'usage pour prévenir son ami à mon arrivée à Bucarest. Depuis mon équipée philosophico-mystique, amoureuse et nocturne, de 1978, j'avais appris la leçon et savais prendre des précautions pour déjouer (ou du moins le tenter) la surveillance de la Securitate (4). Tout se passa bien. Mais je garde un souvenir très précis de cette remise de documents "clandestins", Historia en l'occurrence, revue subversive en Roumanie communiste ! Elle eut lieu subrepticement dans les vestiaires, en sous-sol alors, de la bibliothèque de l'Académie. Cet homme que je ne connaissais pas, plus âgé que moi, effacé mais d'allure respectable dont j'appris, par la suite, qu'il était un historien roumain des plus réputés, avait peur. Quarante ans après la prise du pouvoir par le parti, je venais de rencontrer un "ennemi de classe" et de me faire son "complice". Le début des questions Cela me hanta et joua un rôle non négligeable dans mon évolution ultérieure. D'autant plus qu'après mon retour en France j'appris que le dimanche 15 novembre 1987, jour d'élections, une émeute d'ouvriers avait eu lieu à Brasov. Ce jour-là, j'étais encore a Bucarest mais je n'en n'avais rien su. Des amis “Un fossé séparait ce qui était dit dans les fêtes protocolaires et la réalité. m'avaient emmené dans le bureau de vote de leur circonscription électorale, décoré et enguirlandé pour la circonstance. Ils avaient a "choisir" un député entre plusieurs candidats. "Tous désignés par le parti" ironisaient-ils. Je n'osais pas encore le penser alors mais le faux air de fête triste et guindée du bureau de vote se mariait assez bien, finalement, avec ce que mes amis appelaient "leur honte" de participer à une "farce aussi sinistre que tragique"... J'étais ébranlé, certes, mais je gardais la foi et je refis une demande de mission en 1989 (5). Un fossé séparait ce qui m'était dit dans les rencontres protocolaires, que je voulais malgré tout croire, et ce que j'entendais chez mes amis, voyais, ressentais dans la rue, au hasard de mes longues errances solitaires dans cette ville de Bucarest que j'avais appris à aimer. Tout cela m'apparaissait, en son sens littéral, parfaitement surréel. D'un côté, j'avais le sentiment aigu de ne comprendre rien a rien de ce que j'entendais, voyais et, de l'autre, je me disais: "mais non, ça ne peut pas s'effondrer !". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Economie Actualité Ikea joue le "gagnant-gagnant" en Roumanie L sites, Ikea travaille pour l 'approvisionnement de ses magasins e producteur de mobilier Swedwood Romania déteavec une quarantaine de fournisseurs roumains de meubles, nu par le groupe suédois Ikea va investir 35 M€ d'articles de décoration intérieure ou ornements pour un voludans la construction d'une nouvelle usine de panme d 'affaires de plus de 80 M€. Parmi eux, on compte les neaux pour mobilier dans le département de Suceava. Sa capadeux principaux fournisseurs de céramique du groupe dans cité de production est estimée à 40.000 m ²de panneaux/an et cette région: IPEC à Alba Iulia et elle comptera 350 employés. CESIRO à Sighisoara. Avec plus Ikea détient déjà une usine de de 16.000 m² de surface de promeubles à Siret, dans le même duction, 375 employés, un CA de 5 département, qui produit du mobiM€ en 2003 et 7 M€ en 2004, lier de panneaux, toute la producIPEC, spécialisée dans la production étant exportée dans le monde tion en série d'articles de ménage a entier. La construction de cette preune capacité de production de 20 mière usine a été finalisée en 1999 millions de pièces/an, soit 1% de la avec un investissement d'environ production mondiale. 12 M€. CESIRO de Sighisoara, fabriSwedwood Roumanie a clôcant d'objets céramiques prévoit turé 2004 avec un chiffre d'affaires Le suédois Ikea détient le producteur mobilier “Swedwood Siret” dans le judet de Suceava un CA de 18 M€ pour 2005 (+4% d'environ 15,6 M€ (+25% par rapet va investir 35 millions d’euros dans une nouvelle usine. par rapport à l'année passée). Sa port à 2003). Elle fait partie du production, exportée à 95%, porte sur plus de 15.000 tonnes et groupe industriel Swedwood International, créé en 1991, qui 3.500 modèles en 100 couleurs. Il emploie 1.600 employés et produit des meubles pour Ikea et emploie plus de 9.500 salaa investi plus de 15 M€. riés, détient 33 unités de production (meubles, panneaux et La stratégie en Roumanie de Ikea est de mettre l'accent sur scieries) dans 11 pays. La valeur cumulée de la production le développement des capacités de production existantes dépasse 500 M€ dont 2,2% sont assurés par l'usine de Siret. auprès des producteurs locaux dans le cadre d'accords Pour le géant suédois du meuble en kits, la Roumanie est 13 "gagnant gagnant". un lieu privilégié pour la production : en plus de ses propres L'industrie du meuble pénalisée par la hausse du leu A près avoir été un secteur dynamique de l'économie roumaine, avec une croissance constante et forte d'année en année, l'industrie du bois connaît dernièrement plus d'aléas conjoncturels. Les chiffres montrent une fluctuation assez grande d'une année à l'autre, avec des évolutions en dents de scie, parfois spectaculaires : + 8,5% en 2001, + 16,6% en 2002, + 7,3% en 2003, + 18% en 2004, soit une croissance moyenne depuis 2001 de 10-12%. En 2005, il semble que l'appréciation du leu par rapport à l'euro (14% depuis septembre 2004) ait pénalisé les entreprises exportatrices. Les exportations absorbent plus de 75 % de la production. A cela s'ajoute la hausse des prix de l'énergie et du bois. L'industrie du meuble pourrait donc ainsi devenir moins compétitive à l'export que par le passé et tend à se tourner vers le marché domestique. De grandes compagnies roumaines de meuble comme Mobexpert et Elvila sont déjà bien positionnées sur celui-ci. Les principaux marchés extérieurs pour le meuble roumain à forte valeur ajoutée continuent d'être les pays de l'Union Européenne, avec en tête la France (meubles pour chambre et salon pour plus de 185 M€), suivie de près par l'Allemagne (172,6 M€) et l'Italie (126,9 M€). 300 000 Logan fabriquées à Pitesti, en 2007 D epuis la production du modèle Logan, en septembre 2004, les ventes des automobiles Dacia - Groupe Renault ont concerné 154.000 unités jusqu'à fin novembre 2005. 50.000 voitures ont fait l'objet d'exportation. Le Groupe RenaultNissan compte fabriquer, d'ici 2007, environ 700.000 modèles Dacia Logan au niveau mondial, dont 300.000 unités en Roumanie. A cet effet, 200 M€ seront investis pour accroître la capacité de production.Le constructeur automobile table sur 1 million d'unités, d'ici 2010. Par ailleurs, Renault et Nissan ont déposé une lettre d'intention pour l'achat de l'usine Daewoo Craova. L'enjeu de cette reprise serait la production de voitures Nissan dans l'usine citée. A la mi2005, le groupe japonais et Renault ont décidé d'investir 215 M€ dans la réalisation d'une usine basée à Pitesti, où seront fabriquées des boîtes de vitesse pour les marques Nissan, Renault et Samsung. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie BOTOSANI z z SUCEAVA BAIA MARE CLUJ ARAD z z z z z z SIBIU TIMISOARA z BACAU SIGHISOARA GALATI z z BRASOV BRAILA PITESTI CRAIOVA z IASI TARGU MURES z ALBA I. z z z ORADEA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Metro déménage 12 Le groupe allemand de distribution en gros Metro a fermé et mis en vente son magasin d'Otopeni, près de l'aéroport international, qui a été la première grande surface ouverte en Roumanie, en 1996, pour s'installer plus près du centre de Bucarest, à Baneasa, toujours dans la banlieue de la capitale. A cette occasion, Metro espère économiser 12 des 30 M que lui coûte ce déménagement. Le groupe possède le plus grand réseau de distribution de Roumanie, réalisant un chiffre d'affaires dépassant le milliard d'euros. 65 litres de bière par an et habitant Pour 22 millions d'habitants, la consommation de bière en Roumanie en 2004 a été de 65 litres/an et par habitant (en France, 35 litres). Ce marché de 14,6 millions d'hectolitres est en progression constante (+5%comparé à 2003). Les importations sont très faibles, de l'ordre de 60000 hl soit 0,5%de la production. Les droits d'importation sont encore très élevés à savoir 5 euros pour une caisse de 24 bouteilles. En outre, les frais de transport pour la bière sont importants. Les principaux fabricants locaux en terme de parts de marché sont Heineken (25%),SA BMiller (20%) et Interbrew (15%). Les principales marques sont Ursus (10%), Bergenbier (7%), Burger (6%), Tuborg (3%), Becks (2%), Stella Artois (1%). Le marché des "premiums " est de 1 million d'hl avec toutefois des standards de qualité inférieurs aux mêmes marques européennes. L'économie roumaine sous la menace de la surchauffe D ans sa lettre mensuelle, Philippe Boin, responsable de l'antenne économique française à Bucarest s'inquiète d'un dérapage de l'économie roumaine. Cette année 2005 aura été marquée au plan économique par deux caractéristiques majeures qui n'ont fait que s'amplifier au fil des mois et qui traduisent un décalage croissant entre la sphère privée et la sphère publique de l'économie, écritil. L'activité économique est de plus en plus en surchauffe dés lors que c'est la consommation (+11,7%), qui constitue le premier moteur de la croissance (mais pas le seul, l'investissement progressant de 7,5%), et dés lors que la détérioration des comptes extérieurs s'amplifie avec un déficit courant prévisible entre 8 et 9% du PIB (7,6% en 2004). Ce dynamisme est essentiellement le fait du secteur privé dans un pays marqué par une forte sous fiscalisation, une économie non enregistrée importante, un flux consistant de remises d'expatriés (3 milliards d'euros en 2005), une envolée du crédit et des pressions à la hausse des salaires… en clair, beaucoup plus d 'argent dans l 'économie que ne le disent les statistiques officielles d'un PIB de 75/78 milliards d'euros. Dans le même temps, la sphère publique traduit une divergence croissante par rapport aux exigences européennes, tant en ce qui concerne le montant des dépenses publiques (ramené aujourd'hui aux alentours de 28/29% du PIB contre30/31% en 2002 et contre 35% en Bulgarie),que leur structure, les dépenses d 'investissement étant sacrifiées au profit des dépenses courantes. L'extrême difficulté qu'ont les Autorités pour faire rentrer les impôts, les conduit à réduire la voilure des dépenses d'investissement, contrariant ainsi les efforts de préparation à l'adhésion. Comment expliquer autrement que le projet de budget pour l'éducation en 2006 ait été ramené à 3,8% du PIB (taux le plus bas depuis 1990). Ce n 'est en réalité que sous la pression de la rue (grèves) que le gouvernement a accepté de porter ce budget à 5% du PIB, en décidant de financer l'augmentation au moyen d'une partie des recettes de privatisation !" conclut l'économiste. Rupture avec le FMI L e Fonds Monétaire International a décidé de mettre un terme en juin 2006 à son accord avec la Roumanie, signé en septembre 2004, et qui permettait à celle-ci d'emprunter des fonds en cas de besoin. Le FMI désapprouve la politique économique de Bucarest qu'elle juge à court terme et menaçant les équilibres financiers du pays. Il estime que la Roumanie se trouve dans une période de surchauffe, la demande des biens et services dépassant de loin l'offre, ce qui conduit à avoir recours aux importations et à creuser le déficit commercial, entraînant une pres- sion inflationniste qui, avec la revalorisation du leu, lui fait perdre des parts de compétitivité. La croissance des salaires (à quatre reprises en 2005 pour une moyenne cumulée de 50 %) lui apparaît également démesurée. En outre, le FMI ne croit pas aux prévisions budgétaires du gouvernement qui table sur un déficit de seulement 0,5 % du PIB en 2006 et sur une baisse des dépenses du même niveau. Le gouvernement n'a pas pris au tragique cette rupture qui satisfait également syndicats et patronat, lesquels s'estiment débarrassés d'un carcan. Carrefour ouvre un quatrième magasin à Bucarest I nstallé dans la zone nord de la Capitale, le centre commercial Feeria, qui ouvrira au printemps, sera le plus grand d'Europe du Sud-Est avec une superficie de 36 000 m2. Carrefour y installe son 4ème magasin dans la capitale, sur un terrain de 15 000 m2 pour une surface de vente de 8400 m2, la galerie commerciale attenante occupant 17 300 m2. Feeria disposera de 1600 places de parking. Son coût est de 40 M€ et le centre commercial permettra la création de 1200 emplois. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Un "ennemi de classe" Je ne discutais toujours pas, ou très peu, politique avec Petre que je continuais de rencontrer régulièrement. D'une part, son souci scientifique d'éclairer sous tous les angles possibles le moindre fait historique afin de lui donner toute sa dimension et restituer l'esprit d'une époque était, pour moi, un modèle de recherche de l'exactitude et, à défaut de la vérité, d'une vérité possible. D'autre part, j'étais de plus en plus à l'écoute et intéressé par ce que Tamara, sa femme sculpteure, et lui me racontaient de leur vie en Roumanie avant que Petre ne décide, en 1970, de rester à Athènes où il avait enfin été autorisé à venir à un colloque. Leurs témoignages (cf mon livre, pp. 261-266) et d'autres m'aidaient, sans doute sans que j'en aie une claire conscience, à donner un visage humain à ce qui n'avait été, pour moi jusqu'alors, que des signes caractéristiques abstraits tels qu' "ennemi de classe", "anticommuniste", "bourgeois", etc. Je ne remettais certes pas ma foi communiste en cause mais je comprenais, et acceptais qu'étant donné ce qu'ils avaient vécu, ils pouvaient se dire anticommunistes. Du coup, cela m'obligeait à m'interroger sur mon comportement passé de communiste face a d'autres "ennemis de classe", "bourgeois", "anticommunistes"... A m'interroger, aussi, sur ce que j'aurais fait si je m'étais trouvé dans la Roumanie Sciences des années de la prise du pouvoir et après. J'étais loin, quand j'étais communiste, de partager certaines des valeurs et opinions de Petre Nasturel. Il en est toujours de même maintenant que je ne le suis plus, comme en témoigne le "Point de vue" sur mon travail qu'il a écrit pour mon livre cité. “Il est trop facile aujourd’hui de se raconter des histoires” Dans son témoignage sur sa vie en Roumanie, Petre, qui n'a jamais été communiste, raconte comment, un jour, il a faibli sous le harcèlement de la Securitate, qui voulait faire de lui un informateur, et son ressaisissement immédiat. Tous les anciens communistes, de conviction ou non, en Roumanie et ailleurs, devraient méditer cet exemple d'honnêteté foncière peu commune de nos jours. Il est (trop) facile, aujourd'hui que le cauchemar a pris fin, de (se) raconter des histoires, de se construire un passé de résistant de l'intérieur du parti et d'en faire un fonds de commerce pour célébrer sa propre gloire. J'ai le sentiment intense de vivre, avec Tamara et Petre Nasturel, quelque chose de très rare: nous respectons nos différences bien marquées et de cette tolérance réciproque, de ce respect, est née une amitié profonde et durable". Michel Dion Victor Babes (1854-1926), fondateur de la microbiologie moderne 41 et inventeur de “La Méthode roumaine de traitement antirabique” La Roumanie avait aussi son Joseph Pasteur U n des plus célèbres savants roumains est, sans aucun doute, le médecin Victor Babes, fondateur de la microbiologie moderne. Né le 28 juillet 1854 à Vienne, dans une famille originaire de l'ouest de la Roumanie, Victor Babes a étudié la médecine à Budapest et à Vienne. Après une période passée à Budapest comme assistant, puis professeur universitaire à la Faculté de Médecine, l'Université de Bucarest lui offre un poste équivalent et il arrive dans la capitale roumaine à une époque d'effervescence culturelle et scientifique, une période où on posait les bases des principales institutions médicales roumaines. Entre 1887 et 1926, le savant travaillera comme professeur d'anatomie pathologique et bactériologie, à la Faculté de Médecine de Bucarest. Dès 1887, il fonde l'Institut de Pathologie et Bactériologie de Bucarest qui porte aujourd'hui son nom et pose les bases des publications "Les annales de l'Institut de pathologie et bactériologie" (1889) et "La Roumanie médicale" (1893). Son principal domaine de recherche était la microbiologie. Ainsi, Victor Babes s'est révélé être l'auteur du premier traité de bactériologie au monde, "Les bactéries et leur rôle dans l'anatomie et l'histologie pathogène des maladies infectieuses", en 1885, en collaboration avec le savant français A. V. Cornil, traité récompensé par le prix Montyon. Vivant à une époque où l'humanité ne connaissait pas encore les antibiotiques, Victor Babes étudie les possibilités de guérison des principales maladies qui faisaient des ravages à l'époque: la rage, la lèpre, la diphtérie, la tuberculose. Il fonde ainsi, en 1888, à Bucarest, le deuxième Centre de vaccination antirabique au monde, après celui de Louis Pasteur (1822-1895) à Paris, et, la même année, invente une méthode originale d'immunisation antirabique, universellement connue comme "La Méthode roumaine de traitement antirabique". En reconnaissance de son apport au développement de la science médicale, Victor Babes a été élu membre de l'Académie Roumaine, de l'Académie de Médecine de Paris, du Comité International contre la lèpre et la France lui a conféré le titre de chevalier de la Légion d'Honneur. Mihaela Ionitsa Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Tourisme z z BAIA MARE ORADEA z z TARGU MURES DEVA z z GALATI z COMARNIC z BRAILA z PITESTI z VASLUI BRASOV z SIBIU CRAIOVA IASI z CLUJ TIMISOARA "Pas à Pas" et "Bouton z SUCEAVA z z ARAD z z TULCEA z BUCAREST Le jumelage entre Savigny le Temple CONSTANTA z Hôtels du littoral à vendre La société THR Marea Neagra qui détient 41 hôtels sur le littoral de la mer Noire a décidé d'en mettre en vente dix afin de pouvoir payer les frais de rénovation des autres. Par ailleurs, une quinzaine d'autres hôtels sont aussi proposés à la vente, leurs propriétaires n'ayant pas les ressources nécessaires pour assurer leur modernisation. 42 Complexe touristique de 100 M€ à Poiana Brasov Des investisseurs étrangers ont acquis un terrain de 25 hectares à Poiana Brasov pour y entreprendre, dès cette année et d'ici quatre à cinq ans, la construction en quatre tranches d'un immense complexe touristique de luxe, d'un coût de 100 M€. Celui-ci comprendra un hôtel cinq étoiles, quinze villas de 265 à 380 m2 sur des terrains de 1300 à 2900 m2, vendues entre 780 000 et 1 200 000 €, 600 appartements de 60 à 275 m2, mis en vente entre 120 000 et 620 000 €. C ommune de Seine et Marne, proche de Meulun, Savigny Le Temple a pour compagne de jumelage, depuis 1993, Comarnic, ville de 14 000 habitants, nichée entre 600 et 800 mètres, à l'entrée de la vallée de Prahova, à deux heures au nord de Bucarest, sur les premières pentes des Carpates. Tout naturellement, l'association de randonneurs de Savigny, "Pas à Pas", présidée par Albert Echilley, a favorisé l'éclosion d'un club de randonnée locale, poussé par un de ses membres, Jean-Luc Maréchal, amoureux de la Roumanie où il avait effectué une vingtaine de séjours. C'est au cours d'un de ses voyages que "Pas à Pas" apprenait que des jeunes de Comarnic voulait fonder un club de randonnée. "Mugur de Colt" ("Bouton d'edelweiss") est ainsi né en janvier 2003, regroupant rapidement 35 membres, la plupart âgés de 16 à 25 ans, lycéens ou étudiants. "C'est parti comme un défi" Les problème financiers apparaissaient dès la création, le coût des formalités s'élevant à 350 €, une somme conséquente dans un pays où le salaire moyen est de 140 €. "Une donation faite au comité de jumelage a été affectée pour aider le club" précise Albert Echilley qui souligne que "Mugur de Colt" est né de la volonté même des jeunes: "ils avaient peu de moyens mais un grand sens de la solidarité. On devait les aider et on a décidé de leur verser une subvention annuelle". En matière de randonnée, la Roumanie est une terre de pionniers. Tout est à faire ou presque. Mais comment est venue l'idée d'un club à Comarnic ? "Au lycée, on partait à plusieurs marcher dans la montagne, aux portes de la ville. On aimait çà" raconte Alina Gheuca, 24 ans, présidente de "Mugur de Colt". " Un jour, certains d'entre nous se désolaient : on ne pourra jamais avoir un club… Et pourquoi pas, ai-je répondu. C'est parti comme un défi ! " En août 2003, le bouton d'edelweiss à peine éclos, six randonneurs de "Pas à pas" séjournèrent à Comarnic pour renforcer les liens avec les jeunes Roumains. Un camp d'été était installé dans le village de Secaria, rassemblant 34 personnes, dont cinq jeunes en difficulté de Comarnic. "Ici, si tu veux passer par mon champ… pas de problème" Travaux des champs, randonnées et balisage étaient au menu. Les Français logèrent chez l'habitant. Dans la ferme de Tante Cornelia, ni eau, ni électricité, couchage dans le foin et les ours pour voisins. "On avait l'impression d'être retournés quarante ans en arrière" se souvient Albert Echilley "Ma femme a manié la faux, on a dressé des meules de foin". Deux baliseurs de "Pas à Pas" initièrent leurs amis roumains au balisage à la française, avec du matériel neuf financé par l'association et la ville de Savigny. Un sentier PR de 18 km était créé et cinq jeunes Roumains gagnèrent leurs galons de baliseurs. Désormais les randonnées font la joie de tous. "Chez nous, on peut facilement marcher dans la nature" explique Alina Gheuca, "l'instinct de propriété est moins poussé qu'en France. Ici, si tu veux passer par mon champ, pas de problème…". Deux autres voyages de randonneurs suivirent en août 2004 et 2005, attirant au total une trentaine de Français et aboutissant à la signature d'un protocole d'amitié entre les deux associations. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité qu'il était devenu suspect parce qu'il empruntait trop souvent bibliothèque française de Bucarest pris dans le délire de la Securitate penser que le caractère balkanique de la région et son laisseraller a, peut-être, par nonchalance et incompétence, rendue la Securitate moins impitoyable que la Guépéou ou le KGB. Le dossier remis à Cosmin, révèle qu'il a été enquêté ("mis sous surveillance informationnelle") à deux reprises, de 1970 à 1972, puis de 1984 à 1989. Rien, à priori, entre ces deux époques, pourtant plus intéressantes, selon ses dires, pour la police… ce qui lui laisse à penser qu'on ne lui a transmis que la partie "présentable" de son dossier. La première fois, de 1972 à 1974, lors de son stage dans une entreprise ayant un rapport avec sa profession, il fut mis sous surveillance parce qu'il parlait quatre langues et était chargé de faire les traductions quand venaient des étrangers. Selon la fameuse loi 23 de 1971, il était censé faire un rapport à ses supérieurs, dont certains travaillaient pour la Securitate, sur les conversations qu'il avait avec eux, ce qu'il omettait de faire. Mais le jeune homme eut l'imprudence de s'ouvrir dans un courrier à des camarades incorporés dans une caserne militaire de l'incompétence scientifique et gestionnaire de sa hiérarchie, leur demandant s'il en était de même pour eux… Un enquête fût déclenchée, mais elle mit six mois à être achevée ! Les jeunes appelés avaient déjà rejoint la vie civile et le rapport se borna à conclure: "cet individu est sans problème, on peut classer son dossier". l'Immigration and Naturalisation Service afin de déposer sa demande d'asile politique. Comin déclina l'offre… mais, presque vingt ans plus tard, il a découvert dans son dossier qu'il s'agissait d'un provocateur au service de la Securitate, lequel avait immédiatement téléphoné à ses employeurs pour leur indiquer qu'il s'apprêtait à "déserter", et qui agissait à l'insu de leur hôte. Un rapport indique: "Une source de nos organes aux USA, nous informe que…". Pourquoi ce mensonge gratuit ? Le Ploiestean pense que, tout simplement, cet informateur voulait faire du zèle pour se faire bien voir de ses supérieurs. Devenu "Objectif" des services secrets parce qu’amateur de Balzac et Maupassant Cet incident déclencha cependant une suspicion généralisée à l'égard de Cosmin, révélée dans la seconde partie du dossier auquel il a eu accès, portant sur la période entre 1984 et la "Révolution" de 1989. A la suite d'une accumulation de situations, basées sur des mensonges ou de fausses interprétations dues au délire du régime, il fut constamment suspecté de vouloir préparer son départ à l'Ouest. Ainsi, très curieux d'esprit et désireux de co,ntinuer à communiquer en français, le jeune technicien correspondait avec des universitaires et scientifiques étrangers, surtout français, dont il Tentative de piège Des dizaines de kilomètres de rapports, avait trouvé les adresses dans des revues par un provocateur aux USA d’écoutes téléphoniques, de dénonciations des voisins, collègues, amis, voire parents, sont spécialisées. dans ces rayons du CNSAS, à Bucarest... S'il se fie aux documents présentés rangésmais L'un de ses interlocuteurs, universiils ne sont pas facilement accessibles. par le CNSAS, Cosmin n'a été l'objet taire lyonnais, lui proposa de lui obtenir d'aucune attention particulière de la Securitate de 1972 à 1984, une bourse d'études en France. Le courrier fut intercepté et la proposition en resta là. Mais, par ses contacts suivis avec des ce dont il doute fortement car, pendant cette période, il fut Occidentaux, Cosmin devenait un individu susceptible, aux envoyé comme coopérant dans un pays africain francophone yeux de la Securitate, de transmettre des secrets ou informade 1978 à 1983… or les Roumains partis à l'étranger étaient tions à l'étranger. particulièrement surveillés tant on redoutait qu'ils passent à Le fait qu'il côtoie la Bibliothèque française, lors de ses l'Ouest, et soumis à un chantage à la séparation des familles, nombreux passages à Bucarest, ne fit qu'aggraver les divagas'ils en manifestaient la moindre intention. tions de la police politique qui décida de monter une opération A la fin de son contrat de travail en Afrique, Cosmin avait décidé de revenir au pays, ce qui ne fut le cas que de deux des contre lui. Un rapport indiquant qu'il fréquentait "une institudix coopérants techniques partis en mission en même temps tion de culture patronnée par l'ambassade de France" précoque lui. Il profita cependant de son séjour sur le sol africain nisa "un traitement informationnel de "l'objectif" afin de prépour se rendre en vacances pendant un mois aux USA et au venir la fuite de renseignements secrets vers l'étranger". Canada, sans en demander la permission aux autorités rouLes mesure prises alors à son encontre (lire par ailleurs) maines. l'avaient été seulement parce que "l'objectif" allait emprunter Là, à New York, chez un ami roumain de confiance, il renun roman de Balzac ou de Maupassant chaque deux ou trois contra un compatriote qui l'incita pendant tout une soirée à semaines… Elles ne furent d'ailleurs pas toutes appliquées et émigrer, vantant la vie en Amérique et dénigrant la Roumanie, évidemment ne donnèrent aucun résultat. Heureusement, la pour lui proposer de l'emmener le lendemain matin à "Révolution" a mis un terme à ce cauchemar. 11 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique z BAIA MARE ORADEA z z TARGU MURES z ARAD BRASOV z z z IASI z DEVA z Un citoyen ordinaire z SUCEAVA CLUJ SIBIU TIMISOARA z PLOIESTI PITESTI CRAIOVA z GALATI z z BRAILA z z BUCAREST CONSTANTA z Surveillance serrée 10 En lisant son dossier, Cosmin a compris des livres à la Cosmin a trouvé dans son dossier, quatre pages de mesures ultra-confidentielles à prendre à son encontre, diligentées par un lieutenant-colonel : - ”Mise sous ITC (Interception des communications téléphoniques) pour,au préalable, définir le cercle des relations de "l'objectif" - Identifier et sélectionner parmi ses collègues de travail et son cercle de relations, en vue de le recruter, un informateur ayant la confiance de "l'objectif" - recruter une personne qui visite son domicile pour réaliser une étude complète de son logement - Installer des moyens techniques complexes à son domicile (micros dans les cloisons) - Prise en évidence (surveillance et recherche) des citoyens français nommés dans les écoutes pour savoir s'ils cherchent à venir en Roumanie ou s'ils y sont déjà venus et dans quel but… - Mesures à prendre à leur encontre: hébergement dans des chambres d'hôtels équipés de micros, filage individuel, interception des discussions dans les lieux publics - Puisque "l'objectif" est un visiteur habituel de la Bibliothèque française de Bucarest, par le biais des "sources" que nous y avons (quatre employées roumaines nommées avec des faux prénoms), dépendant du capitaine X (pas nommé) qui les surveillent, prendre des mesures pour savoir si "l'objectif" prend des contacts avec des diplomates français et si ceux-ci manifestent de l'intérêt à son égard, en apportant par exemple des consignes ou des informations par le biais de la valise diplomatique." C osmin a attendu dix huit mois avant de pouvoir consulter son dossier au CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives de la Securitate). Il en avait fait la demande par écrit au printemps 2002 et n'avait reçu une réponse qu'à l'automne 2003. Une convocation lui notifiait que son dossier faisait 480 pages, précisant qu'il pouvait venir le consulter autant de fois que cela lui convenait, à condition de prendre rendez-vous. Au jour dit, ce natif de Ploiesti, qui avait la chance de pouvoir être hébergé chez des amis à Bucarest, se rendit au 2 strada Dragoslaveli, tout près de la place Victoria et de l'immeuble du gouvernement pour découvrir un bloc moderne de 5-6 étages, peint à l'extérieur dans un brun foncé mettant déjà en condition, "tant" s'indigne-t-il "cela rappelle ce régime de m… qu'on a connu". Ce technicien supérieur de l'industrie pétrolière s'est assis dans la petite salle réservée à la consultation des archives, qui ne peut accueillir qu'une dizaine de personnes à la fois, chacune étant installée face à un surveillant chargé de veiller à ce qu'on ne dérobe pas de documents ou à ce qu'on ne les transforme pas. "Quoi, c'est mon ami qui m'a envoyé en prison !" Cosmin se plongea alors dans les quatre volumes (environ 500 pages) le concernant, qu'il devait laisser sur place mais pouvant en photocopier le contenu, en payant. Très vite, il s'est rendu compte qu'environ 350 pages comportaient uniquement le compte-rendu de conversations téléphoniques ou des extraits de courriers interceptés, tous écrits à la main. Seulement une cinquantaine se révélèrent vraiment intéressantes, celles des mesures, des rapports ou des témoignages portés sur son compte. Finalement, le technicien ne découvrit rien d'extraordinaire… pour la bonne raison qu'il n'y avait rien à découvrir, mais ce retour en arrière fut très éprouvant, tout en étant édifiant sur les méthodes de l'ancien régime. Bien sûr, y figuraient quelques contre-vérités et des informations totalement inventées, mais elles étaient largement équilibrées par les témoignages des amis, voisins, parents qui ne disaient rien de mal. Toutefois Cosmin ressentit un sentiment de malaise… Ces proches ne l'avaient pas averti qu'il était soumis à une enquête. Il comprit cependant leur attitude de prudence: tout le monde à l'époque avait peur et on ne s'ouvrait pas si facilement aux autres. Mais, malgré lui, la lecture de ces pages avait instillé un doute sur la force de leur amitié. Pourtant, le Ploiestean se consola en découvrant l'ampleur de la détresse de plusieurs de ses compagnons d'infortune qui compulsaient aussi leurs dossiers. Certains étaient en état de choc, avaient le visage ravagé, devenaient rouges de colère, se mettaient à trembler ou s'effondraient en pleurs en découvrant l'ampleur de trahisons qui les avaient conduits pour des années dans les geôles communistes et à la confiscation de leurs biens : "Quoi, c'est mon ami qui a dit çà ! C'est lui qui m'a envoyé en prison?". Quelques uns étaient définitivement abattus en voyant le nom de leur conjoint figurer parmi les informateurs de la Securitate. D'autres se révoltaient, criant : "ça ne va pas rester comme ça; je vais appeler mon avocat ". La part d'amateurisme de la Securitate Cosmin fut surtout surpris par la part d'amateurisme des enquêteurs chargés de le surveiller et de "l'a peu près" des rapports d'une institution terrifiante, crainte par ses moyens et méthodes, connue et reconnue pour être surinformée. Ainsi, le plan de son appartement se révèle faux; on le déclare "présumé membre du Parti Communiste"… sans aller vérifier, alors qu'on est sous Ceausescu. Un peu plus loin, il est noté "il paraît qu'il n'a pas d'enfants" ( !). On devine que les enquêteurs devaient faire du remplissage pour montrer qu'ils étaient actifs et justifier leurs salaires… ce qui laisse à Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte et Comarnic a débouché sur une initiative pleine de promesses d'edelweiss": l'invitation à randonner en Roumanie Les jeunes de Comarnic ont balisé d'autres sentiers, créant un itinéraire à la journée. Une dizaine d'hébergements chez l'habitant se sont mis en place. Tout à fait corrects, ils ont été testés et réservent un accueil incomparable, les hôtes ayant le sentiment de se trouver en famille. Un potentiel touristique local se fait ainsi jour, des jeunes ayant également vocation à devenir guides de randonnée et de courses en montagne. Comarnic, de par sa situation, présente un avantage considérable, à quelques kilomètres de Sinaia, Prédeal, Busteni, stations réputées dans une des vallées les plus appréciées du pays. D'autres associations de Savigny (cyclotouristes, randonneurs) ne s'y sont pas trompées, organisant des séjours en Roumanie, alternant promenades, visites, découverte de la population sous la conduite spontanée d'organisateurs locaux. "Pas à Pas" et "Mugur de Colt" ne manquent pas de projets : création de nouveaux itinéraires, maillages entre eux afin de démultiplier les possibilités de randonnées dans le secteur, édition d'un guide, formation. La Fédération Française de Randonnée prête à donner un coup de pouce Certains projets se situent à un échelon dépassant les deux communes. La Roumanie est, à l'évidence, un paradis pour les randonneurs. Encore faut-il le mettre en valeur. Des initiatives menées par d'autres associations existent qu'il faudrait fédérer, faire connaître. Il reste à sensibiliser les autorités roumaines à l'intérêt de cette démarche et du développement du tourisme vert, ce qui nécessite la création d'un ministère du tourisme roumain à part entière, la levée du secret militaire sur la cartographie au 1/25 000ème, l'étude d'un réseau national d'itinéraire équestre, cyclo et pédestre (commun ou séparé), accompagné d'un réseau d'hébergement approprié et financièrement accessible aux Roumains. La Fédération Française de Randonnée Pédestre se montre attentive aux perspectives qui existent dans ce pays et a chargé sa commission internationale de s'y pencher, se montrant prête à aider les initiatives qui seraient prises par et pour les Roumains, aussi bien au niveau de l'élaboration des circuits que sur le plan administratif, associatif et de la formation. Le suivi du dossier a été confié à une jeune Roumaine, étudiante en doctorat à Lille, Mariana Cristache. A Savigny le Temple, où les amis de la Roumanie sont nombreux, on se montre particulièrement heureux de promouvoir une image bien différente de ce pays, invitant à partir à sa découverte. Ovidiu Gheorghe, "patron" des vins roumains: "Nos restaurants donnent trop une mauvaise image du pays" D irecteur du patronat de l'industrie vinicole roumaine, Ovidiu Gheorghe n'est pas tendre pour la restauration de son pays, ainsi qu'il l'a confié dans une interview au supplément du quotidien "Ziua" ("Le Jour"), "Connaisseur", consacré à la table et aux vins. "Dans trop de restaurants de chez nous, le service et la présentation n'ont rien à voir avec les standards pratiqués ailleurs. Le client doit faire avec des nappes tâchées, des serveurs peu aimables et rancuniers si on ne leur donne pas de pourboire; les cuisiniers manquent d'inspiration, les plats de variété, nos vins sont trop souvent médiocres, voire pire, les conditions hygiéniques laissent beaucoup à désirer. Tout cela donne un aspect déplorable et une mauvaise image de la Roumanie aux étrangers qui y viennent car, le plus souvent, leur premier contact avec le pays c'est le restaurant. Que peuvent-ils penser quand ils se retrouvent confrontés à des garçons, en uniforme sale, à la mine renfrognée et qu'ils découvrent l'état repoussant des toilettes ? Malheureusement, si nos restaurants sont dans un état aussi pitoyable, c'est la conséquence de la dégradation du secteur. Les restaurateurs ne semblent pas ou ne veulent pas - être impliqués. Ils ont conservé leurs vieux concepts de chefs de cantine et ne sont intéressés qu'à compter leurs bakchichs le soir. Leur manque de formation, ainsi que celui de leur personnel, est flagrant dans tous les domaines : cuisine, présentation, marketing… On ne fait pas attention au client et les mots qualité et exigence n'existent pas. C'est le cas aussi pour nos vins. Les producteurs préfèrent privilégier la quantité à la qualité et, dans les restaurants, les serveurs n'y connaissent rien". Ovidiu Gheorghe rêve d'une gastronomie à caractère national, mettant en valeur l'image de la Roumanie et de ses traditions. Il note que des restaurants se sont déjà mis à la tâche, toutefois pas assez nombreux à son goût, et que le client peut désormais s'y rendre en toute confiance. Mais il y a encore énormément de chemin à faire. Voici deux ans, le président Iliescu était revenu ulcéré des toilettes d'un restaurant où il déjeunait, s'exclamant "Comment voulez-vous qu'on rentre dans l'Europe, quand on a des ch… aussi dég… !". 43 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Tourisme z ORADEA z GHERLA ARAD CLUJ z z z SUCEAVA z BISTRITA IASI z z z z SIBIU TIMISOARA z BAIA MARE TARGU MURES GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z CONSTANTA BUCAREST z Le "charme" des hôtels communistes… ou la fin d'un univers E n 1990, contraints car ils ne pouvaient faire autrement, les étrangers ont découvert le "charme" des hôtels communistes, dont le confort était inversement proportionnel aux prix. Mais les nostalgiques de l'ancien régime ou les curieux d'un univers qu'ils n'ont pas connu doivent se presser s'ils veulent en avoir un aperçu… dans trois à cinq ans, il est fort à parier que plus un seul n'existera. Certains, comme à Craiova sont en rénovation, d'autres, ne bénéficiant d'aucun investissement, méritent simplement d'être rasés. Pour vivre cette expérience, rien de mieux que de descendre au "Napoca" de Cluj (photo ci-contre), situé à proximité du centre-ville, avec l'avantage d'avoir un parking sûr. Edifice massif, sans âme, il présente déjà de l'extérieur toutes les caractéristiques de l'époque. On s'en fait une idée plus précise à l'intérieur. Dans les grandes et hautes salles d'où descendent de pesants lustres, on peut imaginer les réunions qu'y tenaient les cadres du Parti, les banquets de la nomenklatura. Au restaurant, la piste de danse est désespérément vide. Un personnel pléthorique, âgé, attend le rare client. Il se montre courtois et serviable, ce qui est déjà un progrès par rapport à 1990. A voir son désœuvrement, l'ennui qu'on lit sur les visages mais aussi l'inquiétude de l’avenir, on a le sentiment d'un monde qui disparaît. Ascenseur qui menace de s'arrêter, rideaux qui se déglinguent 44 Retrouver un univers en voie de disparition à l’Hôtel Napoca deCluj mérite bien de tenter une expérience L'envol des charters de vacances Les professionnels du tourisme ont noté que le nombre de passagers charters roumains a doublé en 2005 par rapport à l'année précédente, les principales destinations étant la Turquie, la Grèce et la Bulgarie. Le nombre de vols hebdomadaires est passé de 34 à 55, les avions étant en permanence pratiquement pleins, partant désormais également de Cluj et Timisoara. De nouvelles destinations sont aussi apparues. Ce mouvement très net accompagne la tendance des Roumains à partir de plus en plus souvent à l'étranger, la qualité des prestations et services touristiques dans leur pays les laissant sur leur faim, les prix leur paraissant par ailleurs trop élevés. Ainsi les vacances à l'étranger sont de moins en moins considérées comme un luxe alors que la fréquentation du littoral roumain de la Mer Noire a baissé de 10 % cet été. Dans l'immense hall, un personnage énorme, adipeux, s'épongeant le front, suit du regard les clients, enfoncé dans un fauteuil, ou faisant les cent pas. Difficile de ne pas penser qu'il avait à voir avec la Securitate. Mais ce ne doit pas être pas la seule corde à son arc… le soir, il propose de la "compagnie" aux célibataires. L'ascenseur est essoufflé. Quand, soudain, on se rend compte qu'il ne dispose pas d'une sonnette d'alarme, on prend peur de le voir rendre l'âme entre deux étages. Dans le long couloir menant à la chambre, c'est le noir absolu. Pas moyen de trouver l'interrupteur, qui d'ailleurs n'existe pas. Il faut se guider à la lueur des étoiles entrevues par une fenêtre. Trouver la serrure demande deux bonnes minutes, et ouvrir ou fermer la porte autant. D'ailleurs, à quoi bon ? Un simple coup d'épaule suffirait à faire sauter le verrou. Heureusement, la chambre est correctement éclairée. Ce n'est plus la peine, comme au temps de Ceausescu, de demander son ampoule à la réception, en n'omettant pas de la rendre avec la clé, le lendemain. Des tentures tiennent lieu de persiennes… mais dès qu'on les tire, elles se décrochent et il faut grimper sur le bureau pour les réinstaller. En hiver, le chauffage faiblit la nuit, il fait froid et la couverture de secours dans l'armoire ne suffit pas à se réchauffer. Votre manteau y supplée. Le ménage n'est fait qu'une fois sur deux, et en cinq jours, les draps ne sont pas changés. Deux chambres pour le prix d'une Pas de cabine à la douche, ni de rideau…mais l'espoir est permis : quatre trous ont été percés pour installer des tringles. Bien sûr, on prie pour que l'eau reste chaude jusqu'à la fin du rinçage ! La chasse d'eau, elle, est capricieuse, et se bloque régulièrement. Il faut prévenir la réception qui envoie un agent d'entretien dans la journée. Mais quand cela arrive un samedi… il est absent pour le week-end. Qu'à cela ne tienne: on vous donne une autre chambre, juste en face dans le couloir, où la salle de bain est un peu plus en état de marche. Alors, on se partage : dormir dans l'une, la toilette et le reste dans l'autre… en veillant à ne pas être surpris à traverser le couloir en petite tenue ! Pas de risques… Il n'y a personne d'autre à l'étage. Voilà comment on découvre les avantages de l'ère communiste et post-communiste : deux chambres pour le prix d'une. On n'y avait pas attendu Afflelou ! Mais ce n'est pas donné tout de même: 30 € la nuit pour une personne… Mais quelle expérience ! Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité en chef de "Plai cu boi" ce n'est pas le SRI, mais le ministère de la Défense" Ainsi, les Roumains étaient-ils encadrés tout au long de leur vie, ce qui ne nécessitait pas un fichage obligatoire: membres des "Aiglons de la Patrie", dès la maternelle, puis des "Pionniers", des "Jeunesses communistes", des organisations de femmes, des syndicats… même l'église n'échappait pas à ce contrôle. Enfin, tout Roumain se devait d'adhérer à des organisations mammouths qui regroupaient tout le monde pour donner ce sentiment d'unanimité, comme le Front de l'Unité Socialiste, devenu plus tard FDUC (Front de la Démocratie et de l'Unité Socialiste). Ce sont elles qui présentaient les candidats aux élections et non le Parti Communiste Roumain. Quant aux membres du PCR, ils avaient le privilège de ne pas paraître dans les dossiers de la securitate. Ils étaient censés collaborer avec elle, devenir informateurs "par acte de foi" ; ils ont été ainsi le plus souvent protégés, leurs noms apparaissant sous forme de code quand il est mentionné. Difficile dans ces conditions de les identifier. Beaucoup de gens qui ont collaboré ne sont pas fichés. "La déclassification: noyer le système pour gagner du temps" N.R.: Le CNSAS a-t-il les moyens de faire son travail ? D.A.: On ne lui a pas donné beaucoup d'argent, ce qui est une forme efficace d'entrave car il doit faire avec peu de moyens. Ainsi, la salle où on peut consulter son dossier ne comporte qu'une quinzaine de places, alors que des centaines de milliers de demandes ont été déposées. Jusqu'ici, environ 20 Mircea Dinescu 000 personnes y ont eu accès, soit 5 à 6000 par an… mais pour découvrir souvent que leurs dossiers sont étrangement bien vides. Les gens se découragent car il faut des mois, voire des années pour obtenir satisfaction. D'ailleurs, un signe ne trompe pas: le siège du CNSAS a été simplement loué. Mais celui-ci a aussi sa part de responsabilité, car il s'est concentré sur le côté formel de son fonctionnement et non sur le fond. Il manque de perspective : il ne s'agit pas de travailler uniquement pour l'Histoire, mais aussi I l manque 8000 cadres à la police roumaine qui, selon les instances de Bruxelles, devrait aussi recruter 7000 agents - notamment au niveau de la police routière où leur nombre est insuffisant pour contrôler les 5 300 000 de véhicules qui circulent à travers le d'apporter une dynamique, afin d'éviter le retour des faits que l'on a connus ou de nouveaux dérapages. Ceci dit, il n'est pas facile d'y voir clair entre informateurs, duplicité, responsabilité des enquêteurs, et de faire la part des choses, tout le monde étant impliqué. N.R.: Que penser de la décision du SRI de déclassifier douze nouveaux kilomètres de documents ? D.A.: Déjà le CNSAS est submergé, faute de moyens; il s'agit donc d'une manœuvre habile, visant à noyer le système, car, pour arriver au bout des archives précédentes, il faudrait déjà dix ans. C'est un moyen de gagner du temps et de tirer un trait sur ce passé. N.R.: Les pratiques de la Securitate existent-elles toujours? Ticu Dumitrescu D.A.: Il faudrait avoir une bonne dose de naïveté pour croire qu'elles ne continuent pas. Il y a toujours les mêmes intérêts et privilèges à défendre. Les méthodes se sont adaptées, modernisées, diversifiées, sont devenues plus professionnelles, plus cadrées. Le SRI et les autres doivent aussi compter avec la société civile et la presse. C'est cette dernière qui a découvert que le président de la commission parlementaire chargé de surveiller le CNSAS, sous Iliescu et Nastase, était un ancien agent de la Securitate de Brasov, où il s'était montré impitoyable. "L'Etat doit assurer réparation pour le préjudice qu'il a causé" N.R.: L'Etat a-t-il vraiment la volonté de faire en sorte que les Roumains connaissent un jour leur propre vérité ? D.A.: S'il le veut, il doit en donner les moyens pour faire marcher le système. Il faut aussi respecter les citoyens. Consulter son dossier au CNSAS n'est pas à la portée de tout le monde. Il faut venir à Bucarest, y séjourner au moins une semaine, payer les photocopies qui sont très chères… et parfois il faut en faire tirer plus d'une centaine. L'Etat devrait assurer gratuitement le voyage, l'hébergement, prendre en charge l'indisponibilité professionnelle, les frais. Après tout, c'est à lui d'assurer réparation pour le préjudice qu'il a causé. Effectif insuffisant dans la police pays - 4000 policiers des frontières et 18 000 gendarmes, d'ici l'adhésion à l'UE prévue au 1er janvier 2007. La pénurie se révèle particulièrement flagrante à Bucarest où on compte seulement un policier pour 700 habitants. Le gouvernement espérait pouvoir embaucher 3500 cadres avant la fin 2005, réduisant ainsi de 43 % le déficit des postes vacants. Un concours a été organisé par la police roumaine pour recruter des cadres, mais les questions posées ont été jugées inadéquates, mal formulées, ambiguës, voire erronées. 9 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique z z z z ORADEA ZALAU z z ARAD DEVA SUCEAVA z BISTRITA TARGU MURES IASI z z z z z SIBIU TIMISOARA z CRAIOVA z SF. GHEORGHE BRASOV PITESTI BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Conserver un pouvoir de chantage (Suite de la page 7) 8 Tourisme "Le véritable successeur de la Securitate z BAIA MARE SATU MARE Dinu Adam, rédacteur Les NOUVeLLes de ROUMANIe Pour l'écrivain Patapievici (notre photo) "Le SRI s'est livré à un énorme bluff, imposant une nouvelle fois son point de vue, en remettant les dossiers sans les instruments indispensables pour pouvoir les utiliser. Pour expliquer les retards pris par l'ouverture des archives, il a mis une nouvelle fois en avant la nécessité de défendre la sûreté nationale, alors qu'il s'agit plutôt du souhait de préserver le pouvoir émanant de la détention de dossiers compromettants pour divers acteurs politiques". En effet, depuis 1990, des documents révélant les liens entre responsables politiques, membres du clergé ou intellectuels de marque et la Securitate ont été utilisés comme un instrument de chantage. "Enfin", souligne Horia Roman Patapievici, "Les Roumains attendent toujours de connaître les noms des agents de la police politique qui les ont surveillés, mais le SRI s'attache à révéler les noms des informateurs, tandis qu'il protège ceux des officiers". "Un choix qui n'est pas surprenant, les services secrets roumains continuant à utiliser environ un tiers des officiers de la Securitate", selon l'historien Marius Oprea, "tout en assurant avoir purgé massivement ses effectifs, après 1990". P roche de l'écrivain-dissident Mircea Dinescu, membre du CNSAS (Conseil National d'Etude des Archives de la Securitate), Dinu Adam, rédacteur en chef de la revue satirique "Plai cu Boi", est un des observateurs les plus au fait des blocages que cet organisme rencontre et de la mauvaise volonté manifestée par l'actuelle nomenklatura à vouloir faire la lumière sur cette époque. Il répond aux questions des "Nouvelles de Roumanie". Les N de R: Pourquoi a-t-il fallu tant de temps pour mettre en place le CNSAS? Dinu Adam: Après la "Révolution" de 1989, le député Ticu Dumitrescu a essayé de faire passer la loi créant le CNSAS, mais il s'est heurté à de nombreuses résistances, même à l’époque de l'ancien président Constantinescu, et il a fallu attendre 2000 Le Président Basescu a “inauguré” la pour la voir entrer en vigueur. Cela a été plus réception des 12 km d’archives de difficile en Roumanie que dans les autres l’ancienne Securitate, remises au CNSAS. pays de l'Est, car ceux-ci ont connu des transitions douces, alors que nous, nous avons eu une révolution qui a fait 1200 morts. Quant à l'ex-RDA, ce sont les services de l'Allemagne de l'Ouest qui se sont chargés de faire le ménage. "Que sont devenus les comptes à l'étranger de Ceausescu ?” N.R. : Quels ont été les principaux obstacles dressés contre la "déconspiration" de la Securitate? D.A. : Pendant les dix ans qui ont précédé la naissance du CNSAS, beaucoup de dossiers ont disparu, se sont volatilisés, d'autres ont été manipulés par ceux qui les administrent. En outre, on réduit les archives au seul SRI (Service Roumain d'Information, successeur de la Securitate), mais il en existe beaucoup d'autres aux ministères de l'Intérieur, de la Défense, de la Justice, au SIE (Service d'Information Extérieure, contre-espionnage), et ceux-ci n'ont jamais été transmis au CNSAS. Il ne faut pas non plus oublier qu'en 1990, la Securitate a été, en quelque sorte, absorbée par le ministère de la Défense qui a recruté ses meilleurs cadres, laissant les autres au SRI. Depuis, le SRI fonctionne comme un paravent et un paratonnerre : tous les regards, toutes les mises en cause convergent vers lui mais, en fait, il s'agit d'une diversion… C'est le ministère de la Défense qui possède les vraies archives, qui garde les secrets, continue à écouter, à surveiller. N.R. : Qui a intérêt à ce que les secrets de l'ex-Securitate restent bien gardés ? D.A. : Beaucoup de monde. Il s'agit de convergences d'intérêts pour ne pas être découverts. Ainsi que sont devenus les comptes de Ceausescu à l'étranger ? Plusieurs fonctionnaires de la Securitate en avaient les clés… On ne les a pas trouvées, mais en 1990-1991, des fortunes subites sont apparues"… On n'a pas le droit de consulter le dossier du Patriarche Teoctist ou des prêtres qui ont pourtant été souvent d'éminents collaborateurs de la Securitate dans les vingt dernières années du régime. Il ne faut donc pas pousser trop loin les investigations. "Les membres du Parti communiste n'étaient pas fichés" N.R : Beaucoup de Roumains étaient-ils fichés ? D.A. : Nombre d'entre nous pensent qu'ils étaient fichés, mais ce n'était pas le cas. On évoque le chiffre de 1 500 000 dossiers à la Securitate. Sous l'ancien régime, l'organisation de la société roumaine était spécifique. Ceausescu voulait fondre le parti communiste dans la population, que tous les deux ne fassent qu'un. Connaissance et découverte Entre Transylvanie et Maramures Gherla "l'Arménienne" vous attend S ituée dans le judet de Cluj, à 45 km de la capitale de la Transylvanie, sur la route Cluj-Baia Mare E556 (N1C), Gherla n'est pas un village mais une ville moyenne de 25 000 habitants. Cependant, sur la commune aux deux tiers encore agricole, on trouve des villages typiques dans les collines qui entourent la ville. Très active dans le mouvement OVR, en dehors des circuits touristiques traditionnels et citée dans aucun guide, à notre connaissance, les responsables de l'association, en 2001, ont demandé leur entrée dans le réseau pour dynamiser le tourisme. C'est une ville pleine de charme au passé riche à découvrir. L'art de tisser les tapis orientaux C'est à la fin du 17ème siècle qu'arrivent à Gherla plusieurs familles arméniennes très riches. Sous leur impulsion, la ville prospère, s'urbanise et c'est un architecte italien qui en trace les nouveaux plans. Il en reste au centre des rues bien droites bordées de petites maisons, de fleurs et d'arbres, ou encore de quelques belles demeures, au style particulier, appelé "baroque transylvanien". Les Arméniens amenèrent aussi à Gherla l'art de tisser les tapis orientaux qui rendit la ville célèbre. Dans cette ville aux origines cosmopolites, vous pouvez visiter beaucoup d'églises, dont 2 églises baroques arméniennes. A la grande cathédrale blanche au centre de la ville, dans une chapelle à gauche du chœur, on peut admirer une immense "descente de croix" attribuée à Rubens! Demandez au responsable de vous raconter l'incroyable histoire de ce tableau. Le musée d'histoire qui se trouve dans une demeure datant de 1720, de style baroque transylvanien, est remarquable par le portail et le fronton soutenu par 2 cariatides, malheureusement très usées par les ans. C'est dans la maison de la culture accolée au musée que se trouve le bureau d'information d'OVR. A l'entrée de la ville, une petite station thermale "la Baïtsa", connue depuis l'antiquité pour ses eaux sulfureuses est fermée pour l'instant, les bâtiments attendant un coup de jeune. A côté, la piscine municipale, lieu de rencontre de toute la jeunesse. Au bord de la rivière Somes, au milieu de la ville, un parc centenaire splendide. Ça et là, au détour des allées qui ont les noms des villes européennes qui parrainent Gherla, apparaissent des sculptures contemporaines, une gloriette, des bancs. En été, c'est là que se retrouvent à l'ombre des grands arbres, les amoureux. Une verrerie, des mines de sel et le pèlerinage de Nicula à ne pas manquer Il faut voir absolument, la verrerie. Travaillant encore de façon quasi artisanale, les souffleurs de verre, graveurs(euses) et décoratrices sont impressionnants par leur dextérité et leur talent. Se renseigner auprès d'Ovidiu Todea pour la visiter, seul c'est impossible. - A 10 minutes de voiture à l'extérieur de la ville sur une colline boisée, se trouve le monastère de Nicula. Centre très ancien de retraite pour les fidèles et les moines, ici existe depuis le 17ème siècle une école de peinture d'icônes sur verre. Le musée en contient une belle collection, mais la plus célèbre se trouve dans la grande église: l'icône de la Vierge Marie. En 1699, cette icône se mit à pleurer durant 26 jours annonçant des temps de malheur... Depuis, chaque année 250 000 pèlerins affluent au monastère, le 15 d'août. C'est à la suite de ce miracle que l'école d'icônes sur verre fut créée. - A 20 km au Nord, Ocna Dej, renferme les plus importantes mines de sel d'Europe, capables d'assurer l'approvisionnement de l'Europe, durant 2 siècles! Il faut parcourir en camion ou à pied, les kilomètres des galeries de la mine. Perdus dans ces cathédrales de sel, des sensation fortes, des images et des décors sublimes, dont la chapelle creusée dans le sel, vous submergent. Depuis Gherla, on organise les visites par groupes de 15 à 20 personnes. Si vous êtes moins, essayez quand même. - Ne pas oublier la ville de Cluj-Napoca, qui possède de nombreux monuments et lieux à découvrir. Ville de paradoxes et de contrastes Avec une équipe dynamique bien organisée, situé sur un grand axe proche de Cluj et trait d'union entre le Sud de la Transylvanie et le Maramures, Gherla est un atout pour le tourisme. Ville de paradoxes et contrastes, elle abrite aussi des banlieues aux stigmates communistes, une prison très dure, à la sinistre réputation, mais aussi un centre à l'architecture harmonieuse. Grisaille ou beauté… Son charme désuet n'empêche par ses habitants de se tourner résolument vers l'avenir qu'ils croient fermement européen. Martine et Jean Bovon-Dumoulin Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre un chèque de 20 € (port compris) à son ordre. 45 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Echanges z z ORADEA z ARAD z SIGHET BAIA MARE CLUJ TURDA z z SAVARSIN z BRASOV z PITESTI CRAIOVA z z z BACAU z SIBIU TIMISOARA IASI z z Après avoir prévenu Gradinitsa, aux sources de financement z SUCEAVA TARGU MURES BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Des moments heureux pour les enfants 46 Depuis le Tsunami, les dons pour aider En attendant que la situation se rétablisse, Gradinitsa a décidé que son action de solidarité devait continuer et évoluer. Lydia Bloch la précise: "Une nouvelle action socio-éducative très appréciée a vu le jour cet été : un (petit) Centre de Loisirs pour trente enfants de 7 à 14 ans, à SighetuMarmatiei, afin de diversifier notre soutien aux enfants, et en même temps encourager des jeunes à s'y impliquer, car leur éducation citoyenne prépare l'avenir. Précédemment cinq jeunes, déjà connus pour leur participation à des actions de protection de la nature (avec nous et nos partenaires) avaient pris part à un stage francoroumain de formation d'animateurs de vacances à Hunedoara. Ils ont encadré le centre de loisirs, avec notre aide et celle d'un groupe de scouts d'Amiens, venu présenter des jeux traditionnels picards et un spectacle de marionnettes à la fête finale. Ce furent des moments heureux pour les enfants, certains venaient une heure avant… Le maire a trouvé l'idée excellente, a promis son aide. Finalement celle-ci a consisté en quelques rames de papier (très utiles). Il faut dire que la ville a participé à l'aide aux régions roumaines touchées par de terribles inondations, et de ce fait n'a pas pu nous offrir plus. Mais l'idée fait son chemin. Les responsables de l'association partenaire se sont impliqués aussi; en la découvrant, une amie a dit "c'est l'action la plus formidable, il faut continuer". Si nous y arrivons, nous voudrions que cela devienne, peu à peu, une action roumaine". G radinitsa mène des actions de solidarité en Roumanie depuis plus de dix ans, Plus particulièrement dans le Maramures, notamment pour prévenir l'abandon des enfants. Cette association du nord Est de la France, de taille modeste, a fait preuve d'une efficacité sur le terrain reconnue et saluée par l'ensemble des acteurs de l'aide à l'enfance. Elle a développé son action progressivement, en fonction des personnes qui la rejoignaient et devenaient "parrain ou marraine" d'un enfant ou du programme, ou qui envoyaient des dons. Ainsi, grâce à cette prévention soutenue par la générosité des donateurs, des centaines de familles roumaines, plongées dans une détresse inextricable, ont pu faire front, garder leurs enfants dans leur foyer et peuvent imaginer aujourd'hui un avenir plus souriant. Mais, depuis le tsunami de début 2005, comme la grande majorité des associations qui n'ont pas été directement concernées, Gradinitsa ne reçoit quasiment plus de dons et la situation est devenue catastrophique, comme en témoigne ci-dessous sa présidente, Lydia Bloch. Des médias assoiffés de spectaculaire "Pourquoi cette situation? Selon moi, et bien d'autres, l'appel à l'aide pour l'Asie a été surmédiatisé, car spectaculaire. La plupart des journalistes s'intéressent peu à la solidarité au quotidien, menée avec persévérance par des centaines d'associations agissant dans le monde, car cela n'émeut pas assez le lecteur. Pourtant, en Afrique, on a calculé qu'un enfant meurt de faim toutes les 3 secondes ! Pas d'émission ! "Pour la Roumanie, ah ! Parlez-nous des orphelinats, des mouroirs surtout "… Passer des photos d'enfants déformés par le manque de soins, ça oui ! C'est accrocheur, les lecteurs en redemandent, paraît-il. C'est au point que, même quand nous expliquons clairement aux journalistes comme aux personnes, que nous avons choisi de prévenir l'abandon plutôt que d'aider dans les orphelinats, beaucoup de gens, d'associations même, lisent "orphelins", dès lors qu'il s'agit d'enfants roumains. En Roumanie la situation évolue, l'abandon a reculé. La plupart des enfants reçus précédemment dans l'institution, ce qui est appelé en France "orphelinat"*, ont été replacés: parfois dans leur famille d'origine, le plus souvent en famille d'accueil ou en maison familiale, toutes solutions bénéfiques. Les nouveaux candidats sont presque toujours dirigés vers des "Centres de jour" où ils sont nourris et éduqués; ils reviennent en famille le soir. Une action de prévention réussie à 100 % Mais que la situation de ces enfants s'améliore peu à peu, que des mesures diverses interviennent positivement, il semble que cela ne soit plus intéressant pour les médias. Quant à ceux qui ne sont pas "orphelins", leur situation n'intéresse guère, et pourtant! Les NOUVeLLes de ROUMANIe Politique Actualité Douze kilomètres d'archives de l'ex Securitate concernant 1,5 millions de Roumains déclassifiées Le coup de bluff du SRI L es Roumains auront bientôt accès à l'essentiel des archives de la Securitate, après le transfert de douze kilomètres de dossiers à un organisme chargé d'étudier ces documents, le CNSAS, mais ce "cadeau" pourrait bien se révéler empoisonné. En signant le décret de la loi 187, en 1999, portant création du CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives de la Securitate), le président Emil Constantinescu apportait sa deuxième "révolution" à la Roumanie. Enfin, les Roumains, sans exclusive, allaient pouvoir prendre connaissance des dossiers que la police politique avaient constitué contre eux tout au long du régime communiste, pour les condamner, les manipuler, les faire taire et les encadrer, mais aussi découvrir les noms des délateurs et des enquêteurs. Il était temps. Le CNSAS n'a eu d'existence réelle que courant 2000, alors que le mandat d'Emil Constantinescu s'achevait et que les "post-communistes" de Ion Iliescu, qui avaient saboté jusque ici toute tentative de faire réellement la lumière sur ce sombre passé, revenaient quelques mois plus tard au pouvoir. L'application de la loi de 1999 a eu un effet parasitaire: pour pouvoir se présenter aux élections ou postuler à une fonction dans la haute administration, le candidat doit apporter la preuve qu'il n'a pas été un informateur de la Securitate, recevant un Andrei Plesu certificat du CNSAS, mais encombrant les services de celui-ci. Cette mesure n'a d'ailleurs produit aucun effet: pas une seule personnalité de premier plan ou dignitaire du régime ayant été démasquée… Tous étant innocents comme l'agneau qui vient de naître. Une obstruction encouragée par Ion Iliescu Les héritiers de l'ancien régime s'opposant à voir lever le voile sur cette période, le nouvel organisme a eu beaucoup de mal à fonctionner, d'autant plus qu'il était composé de représentants des partis démocratiques et de la société civile tout juste naissante qui ne leur inspiraient pas particulièrement confiance: l'écrivain dissident Mircea Dinescu, l'ancien ministre de la Culture et des Affaires étrangères, Andrei Plesu, où l'actuel et nouveau directeur de l'Institut Culturel Roumain, Horia Roman Patapievici… Le SRI (Service Roumain d'Information), qui a pris le relais de la Securitate, tout en en gardant un certain nombre d'habitudes et une grande partie du personnel, s'est alors employé à bloquer le processus, collaborant à reculons par sa mauvaise volonté, attitude encouragée de fait par le Président Iliescu afin de paralyser l'activité du CNSAS. Ainsi le SRI n'a délivré qu'au compte goutte une partie des 30 km de dossiers qu'elle conservait dans ses archives. Il a gardé la main haute sur son tri. Le demandeur doit, encore aujourd'hui, adresser la requête de consultation de son dossier auprès du CNSAS qui se retourne vers le SRI, lequel procède à une analyse et enquête… pour savoir "si la demande menace l'intérêt et la sécurité nationale". De cette façon, les Roumains doivent patienter des mois, voire un ou deux ans, avant d'avoir accès à leur dossier qui, de plus, leur est remis de façon incomplète. En raison de ces réticences, seulement 10 à 20 000 personnes ont pu jusqu'ici les consulter, alors qu'on estime à 1,5 millions les Roumains qui avaient été Radu Timofte surveillés par la Securitate. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin L'élection de Traian Basescu a toutefois amené le SRI et son inamovible chef, Radu Timofte, à se montrer plus coopératif. Au moins en théorie. Ainsi a-t-il été décidé, en janvier dernier, que 12 des 18 km d'archives secrètes encore conservées au sein de ses services, soit 60 millions de pages, seraient transférées au CNSAS, dans les entrepôts de ce dernier, qui se trouvent à Popesti-Leordeni, au sud-est de Bucarest. Les six kilomètres restant qui, selon le SRI, ont trait à la sécurité nationale, devraient être analysées, avant la fin de l'année, par une commission conjointe "afin qu'une décision soit prise quand à leur éventuelle classification". Il faut noter que les services secrets évitent soigneusement d'évoquer le nombre de dossiers, mais parlent en kilomètres. Selon la journaliste Mihaela Rodina, de "Regard francoroumain", "Nombre d'historiens et d'analystes voient dans la décision du SRI de rendre publics ces documents, après s'y être opposés pendant quinze ans, un piège tendu au CNSAS, d'autant plus qu'il veut maintenir son monopole sur ces archives en refusant de remettre les registres et les banques de données qui permettraient au Conseil de se retrouver plus facilement". "Retrouver le nom d'un agent de la Securitate reviendra à chercher une aiguille dans une botte de foin" constate l'ancien député Ticu Dumitrescu, initiateur de la loi de 1999 visant à démaquer les membres et collaborateurs de l'ancienne police politique. (Lire la suite page 8) 7 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Les Américains disposeront de quatre bases militaires en Roumanie Vie internationale SUCEAVA z z ORADEA ARAD z z z z z SIBIU z BACAU BRASOV z BRAILA z z z CHISINAU z PIATRA NEAMT PLOIESTI CRAIOVA z IASI TARGU MURES CLUJ TIMISOARA z BAIA MARE z z z BUZAU BUCAREST CONSTANTA z Les cartons rouges et jaunes de Bruxelles 6 Le rapport de progrès dressé par Bruxelles, en octobre dernier, pour jalonner le processus d'adhésion de la Roumanie à l'UE a révélé les domaines où celle-ci compte ses plus gros retards, délivrant cartons rouges et jaunes pour les chapitres suivants: Libre circulation des marchandises, Droit des sociétés, Agriculture, Fiscalité, Politique régionale et instruments structurels, Environnement, Justice et affaires intérieures. Plusieurs autres secteurs ont reçu également un carton jaune, synonyme d'avertissement : Libre circulation des personnes, Libre prestation de services, Libre mouvement des capitaux, Concurrence, Pêche, Politique sociale et emploi, Politique industrielle, Culture et politique audio visuelle. Un représentant de l'UE à Chisinau L'UE à installé une délégation permanente en République de Moldavie, début octobre, son représentant étant Cesare De Montis. Jusqu'ici elle était représentée sur place par les ambassades de ses pays membres et Chisinau dépendait de la délégation européenne installée à Kiev. Le président moldave, Vladimir Voronine, a déclaré à cette occasion que l'engagement de son pays en direction de l'UE était stratégique et irréversible. Dès le 1er décembre, un contingent de 65 spécialistes de l'UE s’est installé en République moldave et en Ukraine dans le cadre d'une mission à ses frontières. Il s'agit de former douaniers et garde-frontières à mieux lutter contre les trafics d'êtres humains, d'armes, contre la contrebande et de surveiller la Transnistrie. D e passage à Bucarest le 6 décembre, pour une courte étape de trois heures, la Secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a signé un accord avec son homologue roumain, Mihai Razvan Ungureanu, accordant aux USA l'usage de quatre bases militaires en Roumanie, moins de deux ans après son entrée dans l'OTAN. Après tout juste dix mois de négociations, Bucarest a ainsi devancé Sofia dans ce qui est une première entre Washington et un ex-pays de l'Est. Les Américains pourront utiliser la base aérienne de Kogalniceanu, la base d'entraînement de Babadag, toutes deux situées dans le secteur de Constantsa, les zones d'entraînement de Cincu (près de Fagaras, dans le judet de Brasov) et Smârdan (Galati), mis à disposition aussi bien des armées de terre, de l'air, ou des forces navales. Ces bases, qui seront considérées comme territoire américain pendant leur occupation, seront gérées conjointement par les Américains qui assureront le commandement des troupes, et les Roumains, celui des lieux. Elles serviront à l'entraînement, au stockage d'équipements et au stationnement de troupes en cas de besoin et sont considérées La visite de Condoleezza Rice au Président Basescu:” Oui, Monsieur Bush, tout est OK. Il y a une seule chose que je n’ai pas comprise: comme des avantqu’est-ce que c’est bien que cet “axe Washington-Londres-Bucarest ?” postes pour le Caricature de Vali déploiement de forces rapides et flexibles. Différentes de celles existant en Allemagne, ces bases ne disposeront pas de commodités propres, comme des maisons, des écoles, des magasins spéciaux pour les familles des soldats, qui y viendront seuls, pour une durée maximum d'un an. Elle devraient être opérationnelles à l'été 2007. Les observateurs estiment que, de fait, la Roumanie devient une rampe de lancement pour les futures opérations des USA au Moyen-Orient. L'accord prévoit que les militaires américains basés dans le pays ne seront justiciables que devant une cour américaine et ne pourront pas être traduits devant la Cour Pénale Internationale. Flou autour des prisons de la CIA La visite de Condoleezza Rice s'est effectuée en plein scandale des prisons clandestines de la CIA en Europe où des détenus suspectés d'actes de terrorisme auraient pu être enfermés et torturés. Malgré les dénégations formelles de leurs dirigeants, la Roumanie et la Pologne sont les deux pays les plus suspectés d'avoir abrité ces centres de détention, en violation totale avec les principes et le droit européens. Si elles s'avéraient exactes, ces révélations dont le journal Washington Post est à l'origine, pourraient s'avérer très graves pour l'avenir de la candidature de Bucarest à l'UE, la Pologne étant épargnée dans la mesure où elle en est déjà membre. La Roumanie pourrait cependant bénéficier de l'implication de nombreux autres pays du continent, par lesquels des centaines d'avions de la CIA ont transité… leurs gouvernants s'efforçant de circonscrire la tempête à un verre d'eau pour échapper au scandale qui les menace. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte les familles roumaines dans la détresse à garder leurs enfants ont pratiquement cessé des centaines d'abandons, taries, s'acharne à redonner l'espoir Précisons que nous avons réussi à 100 % notre action de prévention de l'abandon. Mais rester en famille ne suffit pas, même si c'est essentiel: l'enfant à besoin de nourriture correcte, de jeux (rien à la maison dans ces familles pauvres), d'éducation: il faut voir la joie et la passion des enfants - juste gardés jusque là - quand on introduit des activités adaptées à leur âge, qui les font mieux grandir, évoluer. Nous voudrions continuer. Encore récemment, une directrice de maternelle partenaire, de Baia Mare, nous a demandé si elle peut toujours inscrire des enfants qui ne peuvent pas payer le repas (ou seulement 50% au maximum). Nous n'avons pas pu dire non, c'est trop terrible de renoncer. La plupart des maternelles dont nous nous occupons sont "à programme prolongé", incluant repas, sieste et goûter, et c'est bien. Interventions réduites de 200 à 100 enfants, si les dons ne reprennent pas Tous nos partenaires, motivés et sérieux, sont inquiets: l'euro a baissé en Roumanie depuis le début 2005, ils savent que cela nous fait un "trou" important dans le budget. Et nous leur avons parlé de l'arrêt des dons. Si nous renonçons, non seulement près de 200 enfants seraient très pénalisés mais de plus des écoles maternelles perdraient du personnel, les crèches où nous agissons fermeraient. Pour l'instant, nous envisageons de réduire notre intervention à une centaine d'enfants, si les dons ne recommencent pas ou si nous n'avons pas de sponsorisations. Et l'Etat roumain? Quand prendra-t-il la relève? Evidemment nous attendons avec espoir le moment où le gouvernement augmentera les allocations familiales, où l'inflation cessera, où le chômage baissera. Bref où la part de population vivant sous le seuil de pauvreté diminuera sensiblement. Nous faisons partie du Comité PECO qui regroupe des associations agissant en Roumanie ou dans d'autres pays d'Europe continentale, pour ne pas rester isolés. Nous avons déjà pu discuter avec des responsables nationaux roumains et comptons encore faire entendre notre attente, notre espoir. Les collectivités locales nous soutiennent moralement, parfois un peu matériellement, mais leur budget actuel ne permet pas des aides familiales compensatoires comme en France (prix de cantine selon ressources, par exemple). Parfois le service social de Sighet, à court de solutions pour un enfant, nous demande de prendre le cas en charge ! Il y a des aides de l'Union européenne, elles sont le plus souvent utilisées pour compléter les dispositifs de sortie d'institution, ce qui est aussi très utile. Psychologie de l'enfant, pédagogie, formation citoyenne, environnement, francophonie Que faisons-nous d'autre ? Quelques actions dites de "développement", dans le domaine de l'éducation : psychologie de l'enfant pour de futurs formateurs à Baia Mare et Sighet, pédagogie avec lecture et CDI en maternelle, expression et francophonie en secondaire, éducation citoyenne des jeunes et écotourisme, éducation à l'environnement.Dans ces cas nous réussissons, à force de dossiers et de démarches, à obtenir quelques subventions . Et nos partenaires du Maramures s'impliquent de plus en plus pour préparer des réalisations les moins coûteuses possibles. Sans oublier la réciprocité culturelle, pour mieux respecter nos partenaires et les remercier de leur confiance. Suite à un article plus ancien, paru dans "Les Nouvelles de Roumanie" des associations, des organismes ont invité notre amie de Bucarest, une grande comédienne reconnue, qui vient en France annuellement nous faire bénéficier bénévolement de son talent: Genoveva Preda. Les associations, comités de jumelages, communes, de France, Belgique et Suisse, peuvent l'inviter à leur tour fin 2006, toujours accompagnée par un musicien de Lorraine également bénévole… Elles ne le regretteront pas et, quand la tournée est conséquente, nous pouvons auto-financer un projet avec l'excédent des recettes. Alors, si vous voulez en savoir plus, participer, contribuer, écrivez-nous, soit par lettre à Gradinitsa-RLM 11, rue des Ducs, 55000 Bar-le-Duc, soit à [email protected] par courriel. Vous pouvez aussi nous signaler une autre association qui voudrait coopérer, et comme "l'Union fait la Force" cela aiderait les deux. Ou une ville qui voudrait mieux connaître l'expérience pour en réaliser une semblable ". Lydia Bloch (présidente de Gradinitsa ) * En Roumanie, on ne disait pas "orphelinat", mais "maison d'enfants" ou "pouponnière" suivant l'âge. Et de fait, il y avait très peu de vrais orphelins. C'était la solution proposée par Ceaucescu pour "aider" les familles pauvres et leurs enfants. Avec des arrière-pensées, mais pas par humanité. Avec les dégats que cela a causé à jamais du fait de l'abandon, de l'absence d'identité. 47 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Echanges z z z ARAD z DEVA BACAU SIBIU TIMISOARA IASI z z z z SUCEAVA TARGU MURES CLUJ z z SATU MARE ORADEA z GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST MEDGIDIA z z CONSTANTA 48 Les Roumains francophones de Medgidia cherchent “chaussure à leur pied”. Cartes d'identité pour les Roumains Les autorités roumaines ont modifié les durées de validité des cartes d'identité (le fameux "buletin") de leurs ressortissants, afin de tenir compte des changements de physionomie de leurs titulaires. Désormais, le premier document sera délivré à l'âge de 14 ans et sera valable quatre ans, le suivant jusqu'à l'âge de 25 ans, ensuite les cartes dureront dix ans, jusqu'à 55 ans, âge à partir duquel elles seront définitives. Par ailleurs, ne pouvant s'empêcher décidément de revenir aux pratiques de l'époque de Ceausescu, ces mêmes autorités ont décidé que les familles hébergeant une ou plusieurs personnes au-delà de quinze jours doivent les déclarer à la police ou à la mairie de leur commune. Cette durée était de 45 jours auparavant. L'hébergement des touristes est exempté de cette obligation. Les Francophones de Medgidia cherchent désespérément un partenaire A ux portes de la Mer Noire - Constantsa n'est distante que d'une cinquantaine de kilomètres - Medgidia se trouve au cœur de la Dobroudja, de ses plaines agricoles fertiles, recouvertes de champs de blé, de maïs, de tournesol et de vignobles produisant un vin réputé. Située sur le canal Danube-Mer Noire, à mi-chemin entre le fleuve et la côte, la ville, dotée d'un port fluvial important, vivante, ensoleillée, est aussi porteuse de traditions. Medgidia se distingue également par la Francophonie de nombre de ses habitants. En 1996, "Amis sans Frontières", une association rennaise, aidait à la création de la bibliothèque francophone "André Gide". Trois ans plus tard, l'Alliance Française de Constantsa y ouvrait une antenne, devenue un véritable foyer de culture. Ces initiatives ont trouvé leur aboutissement avec la création en décembre 2004 de l'Association d'Amitié roumano-française FRAROM, présidée par Dumitru Tomescu. Fondée sur l'exemple de ROMFRA d'Alexandria, qui a développé l'enseignement de l'informatique parmi ses membres et avec laquelle elle entretient des liens étroits, FRAROM a également une vocation socio-culturelle, ayant engagé notamment une action en faveur des Tsiganes. La Francophonie reste cependant au cœur de son activité, ses adhérents se montrant impatients de nouer une relation avec une commune française, belge ou suisse. Aimer une langue, une culture ne peut pas rester éternellement du domaine de la théorie. Medgidia cherche donc un partenaire francophone pour pouvoir échanger, partager, lui faire découvrir la Roumanie de la Dobroudja et apprendre de lui. Jusqu'ici elle n'a pas trouvé chaussure à son pied, le grand élan de fraternisation franco-roumaine s'étant estompé. Mais elle ne se décourage pas. Dumitru Tomescu a fait le voyage depuis la Mer Noire pour assister au dernier congrès d'OVR-France qui s'est tenu début novembre près de Bourg en Bresse et faire passer son message. Avec cette inquiétude: la flamme francophone de ses adhérents pourrait bien s'éteindre s'ils se retrouvaient désespérément seuls à l'entretenir. Alors, si une commune ou une association cherche un partenaire roumain… qu'elle n'hésite pas à s'adresser à Dumitru Tomescu, FRAROM Medgidia, strada Republicii n° 5, 905600 Medgidia, Judet Constantsa, Roumanie. Tel: (00 40) 241 814 580, fax: (00 40) 241 814 580, e-mail: [email protected] . Opération Villages Roumains 01 - Inondations réussie:"Un poêle pour une maison détruite " T out au long de l'automne, à l'appel de OVR- Roumanie, une collecte de fonds a été réalisée afin d'acheter des poêles en céramique pour les sinistrés des inondations qui, de mars à l'automne, ont provoqué des dégâts considérables en Roumanie. De retour d'un séjour sur place, un petit groupe de copains du département de l'Ain avait décidé d'essayer de répondre à cette situation urgente.Ainsi fut lancée l'idée d'organiser un concert de solidarité, sous l'égide de OVR 01… La concrétisation de ce projet a nécessité le soutien et la motivation d'un certain nombre de personnes et institutions dont cinq groupes de musiciens qui ont accepté de se produire gratuitement à Buellas le vendredi 21 octobre 2005. La municipalité et la SACEM ont accordé une gratuite totale pour la location de la salle et les droits d'auteurs, la sonorisation étant également prise en charge. La conjonction de toutes ces bonnes volontés, la présence d'un public nombreux et le geste de généreux donateurs ont permis le succès de la soirée qui a dégagé un bénéfice de 3000 €, versé totalement à OVR Roumanie, comme, s'y étaient engagés ses organisateurs. Les fonds collectés ont été distribués directement aux familles roumaines sinistrées sous forme de matériaux ou de main d'œuvre. Un pari réussi pour une aide humanitaire urgente ! Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité circuler librement en Europe ? Suis-je un paria ? Ai-je la gale ?" face aux restrictions imposées aux Roumains pour voyager "Que suis-je… un enfant, une personne entretenue, sous tutelle?" ser civilisée, européenne. Je suis moi-même un pro occidentaliste convaincu. Arrivée en Roumanie, l'invitation est à nouveau légalisée, ce qui signifie perte de temps, énervement et encore de l'argent. A la douane, l'invitation représente une humiliation de plus, encore plus blessante que celle de montrer son argent: que suis-je, un enfant, une personne entretenue, une personne sous tutelle ? Pourquoi diable, dois-je passer par tout cela ? Je suis un homme libre et digne. Les visas ont été supprimés. La prison communiste a disparu. Pour quelle raison ne puis-je circuler librement, en tant que touriste ou autre chose ? Sommesnous tous devenus fous ? Je qualifie de fascistes, discriminatoires, humiliants pour le peuple roumain et pour chaque citoyen les nouveaux règlements concernant la sortie du pays. Aucune considération pratique ne peut justifier ces excès et restrictions dignes d'un régime totalitaire. Le fait qu'ils aient été imposés, demandés ou même suggérés par les autorités européennes ne les rendent pas moins odieux. Personnellement je ne pense pas que l'Europe a besoin d'un état accepté par pitié, habité par des citoyens de deuxième catégorie, comme partenaire qu'elle pourra respecter en toute circonstance. Quant aux autorités roumaines, responsables de cette loi, je ne peux malheureusement que constater leur obéissance, leur "absence de colonne vertébrale" devant leurs partenaires occidentaux. L'adoption des standards européens et la synchronisation des lois sont une chose, et elle est louable. Nous devons avoir des institutions européennes et une façon de pen- "Un retour à l'ancienne prison où nous avons vécu la moitié de nos vies" Mais je ne crois pas qu'il s'agisse d'adopter sans discuter (et même en y rajoutant encore, par excès de zèle, comme c’est le cas actuellement) des mesures qui affectent de façon directe l'honneur de nos citoyens. Nous ne serons pas acceptés plus facilement par l'Europe en tant que personnes sous tutelle d'un Européen de l’Ouest nous prenant en pitié ou en montrant notre portefeuille à la frontière. Ou alors, si nous étions acceptés, nous resterons ainsi : humiliés, dans un coin, affichant un sourire servile sur notre visage …. J'attire l'attention de Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères (que je sais être un homme charmant et intelligent) sur la situation déplorable des frontières de la Roumanie, des milliers de citoyens refoulés, sur le non respect de la libre circulation des roumains dans le monde. Car le fait d'arrêter chacune de ces personnes ne se réduit pas à cet acte, mais entraîne comme conséquence l'empêchement de la libre circulation des marchandises, des idées, des technologies, des valeurs, de tout ce qui est roumain, et tout simplement humain. C'est un retour non mérité et tardif à l'ancienne prison dans laquelle nous avons vécu la moitié de nos vies. Mircea Cartarescu (Traduction de Karine Humbert) "Je ne suis pas voulu dans le pays que j'aime tant" R eliance", la revue d'OVR Belgique a publié dans son numéro d'octobre le témoignage suivant, cri désespéré d'un Roumain à ses amis français qui l'avaient invité à participer à une manifestation franco-roumaine importante où il devait intervenir en tant que conférencier : "…Chers amis , L'Europe est changeante et incorrecte vis a vis de notre pays. J'ai acheté déjà il y deux mois le billet d'avion allerretour (Paris), plus le billet de bus allerretour jusqu'a Budapest (argent mis à ma disposition par Mr. M.M., l'organisateur des Conviviales Bressuire-Hodac, où je devais conférencer sur l'intégration de notre pays en Europe, les minorités, la période Ceausescu, etc.). J'avais mis de côté les 1500 euros (100 euros/jour pour l'espace Schengen, c'était la règle), et voilà que depuis hier (1er octobre), l'Europe occidentale a changé les règles du jeu sans nous avertir!!! On n'a plus besoin d'argent (que 30 euros/jour), mais il faut montrer un "vaucher" (comme preuve que tu as payé l'hôtel et le resto en France) ou une invitation officielle, invitation visée par la mairie, en original, et qui doit ensuite être traduite en roumain et visée par un notaire roumain pour être présentée à la douane de cet espace Schengen!!! Depuis hier, beaucoup de Roumains sont retournés à la maison, de la douane. Même les vieux parents qui allaient visiter leurs enfants de l'Ouest. C'est affreux! C'est comme pendant Ceausescu. Je suis très, très malheureux en ce moment! Nous sommes damnés! Nous ne sommes pas voulus ni chez vous, ni ailleurs! Je ne suis pas voulu dans le pays que j'aime tant! Il est impossible de demander, recevoir, traduire et notifier une invitation officielle et originale de Bressuire dans les neuf jours qui restent jusqu'à mon départ le 12 octobre Je vais essayer quand même d'aller jusqu'a la frontière et expliquer mon cas. Mais j'ai une chance sur dix! Mon voyage est compromis et s'ils m' empêchent de passer, je n'irai plus jamais de ma vie vers en Occident. Je passerai tout le reste de mon temps libre là où je serais bien reçu ou en Roumanie. Je n'aime pas, en général, les gens qui changent d'avis tout d'un coup, mais je vois que même le plus civilisé et démocratique continent du monde peut le faire. Amère déception! Je m'en vais boire un café costaud pour refaire mon moral... A bientôt! " 5 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Vie internationale z z CLUJ ARAD DEVA z z BACAU z SIBIU TIMISOARA IASI TARGU MURES z z GALATI z BRASOV PITESTI CRAIOVA z z z TULCEA z BUCAREST Schengen: retour à la case départ 4 Connaissance et découverte Une bonne tsuica se reconnaît à son collier de perles fines Traditions La colère de Mircea Cartarescu z SUCEAVA z z TURDA z z BAIA MARE ORADEA "Pour quelle raison ne puis-je Les NOUVeLLes de ROUMANIe Si, désormais, les Roumains ne doivent plus présenter qu'une somme de 30 euros par jour de séjour pour pouvoir pénétrer dans l'espace Schengen, au lieu des 100 euros exigés précédemment, en contre-partie, ils sont contraints de posséder une invitation qu'ils doivent faire légaliser dans leur propre pays. La suppression des visas Schengen, entrée en vigueur en janvier 2002 et qui permettait aux Roumains de voyager librement à travers leur continent, n'était donc qu'un leurre. Plus même : ceux-ci doivent obtenir l'aval de leurs autorités pour quitter leur pays… tout comme il leur fallait se rendre à la police sous Ceausescu. Ainsi, trois ans après avoir caressé ce beau rêve de voir tomber les barrières, se retrouvent-ils aujourd'hui à la case départ. A quelques mois de leur entrée dans l'Union Européenne, les Roumains sont considérés comme des citoyens de seconde zone, ce qui provoque humiliation et amertume devant le double langage utilisé à leur encontre par les pays occidentaux. Ainsi, subissant d'un côté les tracasseries et vexations frontalières, Mircea Cartarescu, dont nous publions la tribune ci-contre, était-il, de l'autre, un des douze écrivains roumains invités et honorés par la France en novembre dans le cadre des "Belles Etrangères", manifestation destinée à faire connaître la richesse de la littérature roumaine au public francophone. R evoilà l'ancienne prison "… Sous le titre de cette tribune libre publiée dans "Jurnalul National" et reprise par notre ancien confrère "La Roumanie aujourd'hui", Mircea Cartarescu, un des plus grands écrivains contemporains roumains, laisse éclater sa colère contre les mesures de restriction à la libre circulation prises par son pays à l'encontre de ses ressortissants, à la demande de l'Union Européenne. "L'humiliation d'être suspecté" Je ne voudrais pas fatiguer le lecteur en énumérant les raisons de mon mécontentement personnel. Je tairai donc le récit des innombrables humiliations dont j'ai souffert en traversant les frontières vers l'Europe et en Europe, durant les quinze dernières années. Toutes les files d'attente dans lesquelles j'ai piétiné, le nombre de fois où j'ai du courir pour me procurer un extrait de casier judiciaire, les légalisations et supra légalisations des papiers nécessaires au visa, comment j'ai été arrêté et contrôlé comme un voleur lorsque je passais d'un pays à l'autre, uniquement parce que j'avais un passeport roumain… Il semblerait que selon un certain morceau de papier (dont le nom est: "Déclaration des Droits de l'Homme") n'importe quel être humain a le droit de voyager librement et de rester là où il en a envie. En réalité le chauvinisme est encore présent dans ce monde chargé d'histoire, et nous, une des nations les plus lourdement lestée de clichés négatifs, le ressentons très fortement en notre propre chair. Je sais que beaucoup de Roumains ont volé et ont mendié en Europe, qu'ils ont dormi sous les ponts et travaillé au noir. Mais le monde démocratique devrait apprendre au moins une chose, c'est qu'il n'existe pas de faute collective. Moi je ne voyage pas dans le monde ni pour voler, ni pour mendier. Pour quelle raison dois-je souffrir de manière permanente l'humiliation d'être suspecté ? "Comme si on nous demandait de nous mettre nus en passant la frontière" Pour quoi faut-il qu'au moment de sortir du pays, les roumains doivent "prouver" qu'ils ont de quoi vivre à l'étranger, même si les visas ont été supprimés et la libre circulation garantie ? Quel citoyen américain, belge ou autrichien se voit obligé d'apporter cette preuve ? Qui est-ce qui a le droit moral de regarder dans mon portefeuille pour voir si j'ai de quoi vivre ? Rien ne peut justifier ceci. C'est profondément humiliant, comme si on nous demandait de nous mettre nus en passant la frontière. Si nous connaissions nos droits, nous devrions protester en tant qu'individus, en tant que nation. Plus encore, pour quoi faut-il que nous prouvions avoir un billet de retour ? Quel peut bien être celui qui va imaginer que j'ai décidé de rester à l'étranger comme touriste ? Suis-je un paria ? Ais-je la gale ? Il semblerait que oui. Donc : je montre à la douane que j'ai de quoi vivre là où je vais. Je montre que je suis décidé à revenir. Si je n'ai pas d'argent il me faut une invitation de la part d'un citoyen étranger (c'est-à-dire un homme pour de vrai, et non pas un vaurien comme moi) disposé à m'héberger. Savez-vous ce que cela signifie ? La personne en question doit aller au commissariat ou chez un notaire et faire légaliser l'invitation. Ceci lui occasionne des frais. L'invitation est transmise par la poste rapide, ce qui occasionne encore des frais. E dures, ce qui donne une palinca plus claire. Celle-ci prend lément incontournable dans nos relations avec la alors son odeur spécifique. Si on secoue la bouteille, des perles Roumanie, la tsuica (alcool de prune) n'est pas seude petite taille apparaissent. Ce sont en fait des bulles qui perlement un espace de convivialité qui facilite la mettent de déterminer de façon empirique, sa teneur en alcool. communication lors des visites chez les amis roumains ou le Dans le Bihor, la palinca se doit de titrer plus de 50°. Si les cadeau que l'on ramène… c'est aussi une monnaie d'échange perles sont trop grosses, le produit est trop fort et ne sera pas qui passe de main en main sans jamais se dévaluer. bon. Une bonne palinca doit donc présenCette eau de vie, qui prend le nom de ter une enfilade de perles fines. rachiu ou de palinca, suivant les régions, La plus recherchée des palincas du nécessite un savoir- faire certain dans la Bihor est celle faite avec des cerises délicate étape de la transformation des noires amères. Cette année, il n'y en a pas fruits en eau de vie. Les maîtres bouilleurs eu. Une gelée de printemps a compromis du Bihor (Oradea) disent qu'une palinca de la récolte de cerises, d'abricots, de bonne qualité se reconnaît à l'odeur des pommes et de pêches. fruits dans la paume de la main. La palinca de pêches n'est pas la plus Ghise Florian de Tulca, maître appréciée des buveurs d'alcool. Elle n'est bouilleur qui a appris le métier avec son pas consommée ainsi. Elle se met sur la grand-père, préconise même de frotter ses table seulement pour des invités de mains après y en avoir versé une goutte et marque ou la gent féminine, au goût délide les humer profondément. Pour fabriquer “Tu dis que, vous les Hongrois, cat. Le litre de bonne palinca, qui forme sa palinca, il pratique une méthode de quand vous êtes arrivés en Transylvanie, moins en moins utilisée. Après avoir distilil n’y avait personne ? des petites perles et sent la prune saine, se Evidemment... on était tous partis faire vend 4 €. La palinca de pêche, plus forte, lé l'alcool deux fois dans l'alambic (la bouillir la Tsuica !” se négocie à 8 € 50. Un petit rappel: l'alseconde à feu doux), il le filtre une derniècoolémie au volant, en Roumanie, c'est 0,00 gr/litre de sang… re fois à travers du charbon de bois, choisi dans des essences Humour Exemple à suivre Traian Basescu, connu pour être un élève médiocre (le Président n'a jamais reçu de prix pendant sa scolarité), se fait remonter les bretelles devant la classe par son institutrice : - Ecoute Traian, tu es insupportable, toujours en train de parler, de faire des bêtises, du scandale; tu fumes dans les WC; tu parles mal, tu ne connais pas ta langue. Rien ne t'intéresse, ni les maths, ni l'histoire, ni la géographie, ni le roumain; tes parents sont catastrophés! J'aimerais bien savoir à qui tu ressembles… Tu penses à ton avenir ? Dismoi un peu… qu'est-ce que tu veux être quand tu seras grand ? - Nicolae Ceausescu, madame la maîtresse. Sexisme Ion et Cornel discutent dans un bistrot devant une bière. Ion dit à son ami : - Tu sais que j'ai lu dans une revue Blagues à la roumaine scientifique que la bière contenait des hormones féminines ? - Qu'est-ce que tu me chantes là ? - Ecoute, c'est vrai… j'en ai fait moimême le test, la semaine dernière. Je suis venu ici et j'ai commandé 30 demis et bien, tu peux me croire, le résultat était sidérant : J'avais le sentiment d'avoir pris du poids; je bavardais sans arrêt pour ne rien dire, sans pouvoir tenir un raisonnement qui tienne debout, et, en outre, je m'entêtais à ne pas reconnaître que j'avais tort quand c'était évident. Tous les cinq minutes il fallait que j'aille aux toilettes et, en plus, en me faisant accompagner ! Et quand je suis rentré chez moi, je roulais à trente à l'heure en rasant les bascôtés. Logique Ion et Maria divorcent et se disputent devant le juge pour obtenir la garde de leur fils. Maria : - Monsieur le Juge, c'est moi qui l'ai mis au monde; C'était très dur… Il me revient. Le juge se tourne vers Ion : - Qu'est-ce que vous en dites ? Ion réfléchit longuement et répond : - Monsieur le Juge, si vous mettez une pièce de monnaie dans un distributeur de boissons et qu'en sort une bouteille de Coca-Cola, à qui est-elle ? A la machine… ou à vous ? Terroristes malins Deux policiers oltènes regardent un énorme Boeing se poser sur l'aéroport de Craiova. L'un hoche la tête et dit : - Je ne comprends pas comment un terroriste peut arriver à détourner un avion si grand… Son collègue lui répond : - Ne t'en fais pas… ils sont malins. Ils ne le détournent pas quand il est au sol. Ils attendent qu'il soit dans le ciel, quand il est devenu tout petit. 49 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Bomba… bombin… Histoires vraies ORADEA z z TARGU MURES CLUJ z z z z TIMISOARA L SUCEAVA z VARSAND ARAD z BAIA MARE z z SIBIU z IASI z GALATI z BRASOV PITESTI CRAIOVA BACAU z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Madalina 50 De France en Roumanie, on ne va pas encore d'une seule traite: frontières obligent. Et alors il se passent parfois des choses étonnantes. Ainsi, Madalina, une jeune infirmière, fut un jour à Nîmes, avec la nécessité de retourner en Roumanie. "J'avais juste l'argent pour le bus", nous a-t-elle dit, "et l'hôpital exigeait que je rentre tout de suite. J'ai donc décidé d'aller tout d'abord à Paris en TGV. Je savais où retrouver là un gars de mon village qui m'avait proposé de rentrer avec lui en voiture. En fait, ils étaient deux. À la frontière autrichienne, contrôle. Dans mon dos, l'un des deux me tend une sacoche "trop sale", d'après lui. Les douaniers venaient de me dire: "Vous, pas de problème, vous pouvez aller si vous voulez..." Finalement, ça s'est arrangé. Dans un sac, les douaniers avaient trouvé plus de 300 téléphones portables. Contre 2000 marks, ils ont fait comme s'ils n'avaient rien vu. En Hongrie, de nouveau... Les deux ont encore payé ce qu'il fallait. Bon, j'ai voulu savoir ce qu'il y avait dans la sacoche soi-disant "trop sale". On l'a ouverte: elle était pleine d'argent: des francs français, des marks, des dollars... Arrivés à la frontière roumaine, mes compagnons ont téléphoné à quelqu'un. Puis ils m'ont dit: "Faut attendre cinq heures avant que notre copain prenne son service." On a attendu. Quand le gars est venu, il s'est mis à... crier, à les engueuler ! Je n'y comprenais plus rien, et ça se voyait. L'un des deux m'a fait un clin d'œil: "Cinéma..." qu'il a dit. Et nous avons passé sans problème..." es premières visites dans un pays que l'on ne connaît pas sont l'occasion de quiproquos et de situations cocasses qui alimentent plus tard les conversations entre étrangers devenus amis, sur fond, le plus souvent d'éclat de rires. Et cela dans les deux sens. Ainsi en est-il pour Robert, qui heureux de retrouver son ami Léonard, dans sa petite commune de Humor, et épaté par la conduite sportive de sa Dacia entre les innombrable trous parsemant le chemin menant à sa fermette, lui lance sous forme d'un compliment: "Alors toi, tu es le Prost du village!". Léonard ignorait l'existence même du champion automobile… et Robert que "prost" signifie idiot en roumain. Adelina, professeur de français en vacances chez des amis nantais, était flattée, à juste titre, des compliments que tout le monde lui faisait sur la maîtrise de la langue. Pourtant elle était chiffonnée de ne pas comprendre une expression qui revenait souvent, et lui paraissait donc importante: "Bon ben, à tout à l'heure", "Bon bah, c'est comme çà", "Bon bein, je repasserai plus tard". Ne voulant pas révéler son ignorance devant ce mot si usité de la langue française, elle se plongea quasi clandestinement dans tous les dictionnaires à portée de main, faisant chou-blanc. En désespoir de cause, elle se résolut à demander à ses hôtes la signification de ce "bomba" ou "bombin" qui ne figurait ni dans le Larousse, ni dans le Robert… P Une chambre à l'Hôtel de police our Marius et Roxana, la première découverte de la France, dans leur Dacia, releva de l'aventure. Demandant leur chemin, on leur expliqua qu'il fallait prendre le premier feu à droite, puis tourner au second feu à gauche. "Drôle de pays" se direntils, mais après tout, comme la télévision roumaine se faisait un plaisir de montrer chaque été les incendies de forêts qui ravageaient ce pays capitaliste… Une demi-heure plus tard, ils tournaient encore dans le quartier à la recherche des camions de pompiers qui devaient leur permettre d'arriver à bon M port. "Feux" se dit usuellement "sémaphore" en roumain, du grec "séma" (signe) et "phoros" (qui porte) et est le terme scientifique approprié, même en français. Les surprises du couple ne s'arrêtèrent pas là. A la recherche d'un hôtel coûtant le moins cher possible, il en repéra un dont l'état de vétusté avancée leur assurait d'être en phase avec leur maigre budget. C'est ainsi qu'à l'Hôtel de police de Nantes, on n'en revient pas encore de la visite de ces deux Roumains, venant, d'eux-mêmes, demander une chambre pour la nuit ! Ne pas confondre saucisse et chipolata aurice est un habitué de la Roumanie, mais, trop poli, il a mesuré le sens de l'hospitalité roumaine à ses dépens. Depuis son enfance, il avait appris à toujours terminer son assiette quand on était invité, la nettoyant consciencieusement avec un morceau de pain. Les Roumains ne font pas autant de manières et pour ses amis, cela voulait dire qu'il avait apprécié le plat servi et en redemandait, malgré ses "non, merci" que l'on prenait pour des coquetteries de Français. A la quatrième écuelle remplie de ciorba, les précédentes ayant été tout autant soigneusement léchées, il cala et bien qu'ayant le sentiment de commettre une impolitesse la laissa à moitié pleine… ce qui le sauva de l'indigestion. Invité quelques jours plus tard à un "gratar" (grillades), son hôte lui demanda ce qu'il voulait. Maurice désigna une côte de porc et, découvrant des longues saucisses minces qu'il affectionne, il ajouta "chipolata", espèce inconnue en ces lieux… provoquant le regard ahuri de son ami roumain qui comprit bien évidemment "si (chi) pula (poula) ta" ("Et ta pula", ce dernier terme étant un des mots les plus utilisés du vocabulaire roumain, notamment dans les jurons, désignant sous une forme vulgaire le pénis). Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Traian Basescu en France un président français et roumain n'avait été aussi glaciale" les mains vides à Bucarest. Le Président français a refusé de dire quand le Parlement de son pays va ratifier le traité d'adhésion de la Roumanie à l'UE. C'est un peu fort de voir la France refuser de prendre part à la fête du succès de sa petite sœur alors qu'elle y a contribué de façon majeure. dance de l'Europe face aux USA, cette déclaration était mortelle. C'est un peu comme si Chirac venant à Bucarest disait quelque chose du genre: "La Transylvanie est hongroise et elle a été occupée par les Roumains ". "Des provocations à l'égard de la France" "Malgré tout, les relations restent solides et saines" Ce n'est pas difficile d'imaginer ce qui a conduit Chirac à avoir ce comportement. Les positions et gestes du Président Basescu depuis son élection peuvent être considérés de bon droit comme des provocations à l'égard de la France. En dehors du fait que le président français n'a sans-doute pas oublié le commentaire de celui qui n'était encore que maire de Bucarest, l'an passé, lors de la visite en Roumanie de son Premier ministre Jean-Pierre Raffarin - "Il est venu chercher son pourboire" - les déclarations absurdes et répétées de Basescu sur l'axe Washington-Londres-Bucarest, l'Irak, l'Ukraine et la Mer Noire, sont autant d'arêtes qui ont dû rester dans la gorge de Chirac. Et même si celui-ci avait oublié, le titre de l'interview de Basescu dans "Le Figaro", le matin même de son entrevue à l'Elysée - "L'Europe ne peut assurer seule sa sécurité" - lui aura remis en mémoire. Pour la France, dont toute la politique, intérieure et extérieure, depuis 50 ans et sa bombe nucléaire de l'atoll de Mururoa, est centrée sur la défense, la sécurité et l'indépen- Face à ce camouflet, il n'est pas étonnant que Chirac ne se soit pas empressé de communiquer la date de ratification du traité. On peut espérer que, comme tout grand homme politique, il n'oubliera pas sa contribution personnelle au processus d'adhésion de la Roumanie et se souviendra de l'attitude de Mitterrand. L'échec de la visite du président Basescu à Paris a toutefois un aspect positif: elle a permis de tester dans des conditions réelles la résistance à la rupture des relations privilégiées franco-roumaines alors qu'elles traversent une période de glaciation sans précédent. Et la bonne nouvelle, c'est qu'elles ont montré qu'elles étaient solides et saines. Les commentaires de la presse française ont été positifs à l'égard de la Roumanie et ceux des chefs d'entreprises français allaient dans le même sens. Les investissements massifs faits par la France dans notre pays, les relations commerciales, les excellents liens culturels permettent d'aller plus loin, indifféremment de la température des relations politiques au plus haut niveau". "Basescu a voulu aller plus loin que les déclarations d'amitié" J ournaliste à Paris au département roumain de Radio-France International, Tudor Tepeneag a jugé, lui, de manière plutôt positive la visite du Président Basescu en France dans les colonnes du quotidien "Cotidianul" dont il est le correspondant, titrant son article "Basescu, l'Atlantiste francophile". "A l'occasion de sa visite à Paris, le président roumain, qui avait fait preuve jusqu'ici de la fermeté de son caractère et de ses idées, a montré aussi qu'il pouvait être flexible et pragmatique. Pour obtenir un geste de bonne volonté du président Chirac, fâché de l'attitude pro-américaine de Bucarest, et s'assurer le vote de ratification de l'adhésion de la Roumanie à l'UE auprès du Parlement français, Traian Basescu ne s'est pas contenté de reprendre les termes traditionnels de l'amitié franco-roumaine. Il est allé plus loin, affirmant qu'il n'existait pas d'alternative pour la Roumanie à l'entrée dans l'UE dès 2007 et cherchant à accréditer l'idée selon laquelle la Roumanie peut apporter une plus grande puissance au moteur européen franco-allemand. Le chef de l'Etat s'est rallié ouvertement à la conception française, déclarant: "Nous voulons une Union Européenne forte qui ne soit pas un simple marché commun et qui dispose d'une politique extérieure et de défense commune". Traian Basescu a cité deux zones du continent où la Roumanie peut jouer un rôle stabilisateur: les Balkans et la Mer Noire, notant l'intérêt grandissant que la diplomatie européenne et Paris montraient dans ce dernier cas. Corruption: scepticisme Jacques Chirac a d'ailleurs abordé la question du Kosovo lors de l'entretien, engageant son interlocuteur à renforcer la position de la France dans le cadre de la politique suivie par l'UE. Le président roumain a été moins convainquant sur le chapitre portant sur les efforts que son pays doit faire pour satisfaire aux exigences de Bruxelles en vue de l'adhésion en 2007. Si la signature du contrat de 500 M€ conclu avec le groupe EADS pour la sécurisation des frontières roumaines avant l'adhésion, afin de lutter contre l'immigration clandestine et les réseaux de trafiquants, a pu rassurer, l'évocation, sur le ton de la plaisanterie, des dernières statistiques de la BERD (Banque Européenne Régionale de Développement), indiquant complaisamment que le niveau de corruption avait baissé, n'a guère fait illusion devant l'incapacité de Bucarest à combattre ce phénomène au plus haut niveau. Dans ce domaine, le principe adopté de facto par les autorités roumaines, mais non affirmé officiellement, paraît davantage être de laisser faire et laisser dire jusqu'à l'entrée dans l'UE et, dans l'attente, de s'en remettre au vieux dicton "les chiens aboient, la caravane passe". 3 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité La visite de Vie internationale z ORADEA z ARAD BAIA MARE z IASI z TARGU MURES CLUJ z z BACAU z VASLUI z z z TIMISOARA z SIBIU BRASOV GALATI z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z z z SLOBOZIA TULCEA z CONSTANTA BUCAREST z Froid persistant entre Paris et Bucarest 2 La France a toujours du mal à avaler le tournant résolument atlantiste engagé par Traian Basescu. Ce dernier avait d'ailleurs marqué la fin des liens spéciaux entre les deux pays dès sa prise de fonction, ne réservant pas sa première visite à l'Elysée, comme c'était le cas auparavant, mais au 10 Downing street et à la Maison Blanche. Il aura fallu attendre plus de dix mois pour qu'il effectue le voyage sur les bords de la Seine. Depuis, la réaffirmation répétée de la prééminence d'un axe WashingtonLondres-Bucarest, de l'engagement en Irak, l'annonce de l'installation prochaine de bases américaines en Roumanie, ont été autant de sujets qui ont fâché à Paris, soutien pourtant inconditionnel à l'entrée de sa petite sœur dans l'OTAN et l'UE. Les autorités françaises se montrent d'autant plus ulcérées que les déclarations ou attitudes du président roumain heurtent souvent leur susceptibilité. Alors que Bucarest doit accueillir le sommet des soixante chefs d'Etat et de gouvernement des pays francophones, fin septembre prochain, et ce pour la première fois sur le continent européen en dehors de la France, Traian Basescu s'est singularisé en prononçant, en octobre dernier, le discours de l'ouverture de l'année de la Francophonie en Roumanie… en anglais ! Provocation ou faute de goût… on se le demande encore au Quai d'Orsay, où l'on commence à nourrir quelques inquiétudes au sujet de ce grand rendez-vous. L a visite officielle du Président roumain à Paris, les 21 et 22 novembre, n'a pas apporté les résultats escomptés en termes de réchauffement des relations entre les deux pays. Elle s'est achevée sans qu'il n'y ait de déclaration commune, contrairement à l'habitude, et sans que soit précisé le principe d'une visite officielle de Jacques Chirac en Roumanie à l'occasion du sommet de la Francophonie, prévu fin septembre prochain. De ce voyage présidentiel, deux journalistes roumains, Bogdan Chiriac et Tudor Tsepeneag, ont tiré dans leurs articles des conclusions pratiquement diamétralement opposées que vous pouvez découvrir ci-dessous et ci-contre. Bogdan Chiriac, éditorialiste au quotidien "Gândul", se montre chagriné par ce qu'il juge être l'échec de la rencontre ChiracBasescu, ce qui ne manque pas de l'inquiéter. "Chirac a toujours été à nos côtés" Le Président Basescu privilégie “l’axe Washington-LondresBucarest” qu’il a inventé. "Au cours de ces quinze dernières années, jamais un président roumain n'avait eu une rencontre aussi glaciale avec son homologue français que lors de l'entretien à l'Elysée entre le Président Basescu et le président Chirac. L'histoire post-décembriste (après la "Révolution" de décembre 1989) abonde en situations difficiles pour notre pays où la France a volé à notre secours, comme cela s'est passé en 1918 pour la naissance de la "Grande Roumanie". Immédiatement après la "Révolution", le Président Mitterrand, un des pères de l'Europe, a été le premier chef d'Etat à venir à Bucarest pour s'entretenir avec Ion Iliescu. Il a fait çà pour la Roumanie et non pas pour le dirigeant qu'elle avait alors, moyennant quoi il a dû affronter avec stoïcisme les critiques de la presse de chez nous et les lazzi des étudiants de Bucarest: "François Mitterrand est l'ami des assassins". On ne sait pas si son successeur, Jacques Chirac, figurera ou non en bonne place dans les livres d'histoire français… mais ce qui est sûr, c'est qu'il est déjà une grande figure dans ceux de Roumanie. C'est lui qui, en 1997 à Madrid, a soutenu jusqu'au dernier moment l'entrée de la Roumanie dans le club occidental et dans l'OTAN. C'est grâce à son obstination à nous sortir de cette zone grise où nous végétions qu'il a réussi, en l'espace d'une nuit, à coaliser tous les états occidentaux européens pour surmonter l'opposition américaine à notre adhésion, Washington ne nous considérant pas comme un potentiel allié. Cela n'a pas marché immédiatement mais, en fin de compte, notre pays est rentré dans l'OTAN lors de la réunion suivante à Prague. C'était la première fois qu'un pays important montrait au monde que la Roumanie avait sa place en Occident. C'est toujours Chirac, avec l'aide de Blair, qui a aidé au démarrage des négociations pour notre adhésion à l'Union Européenne, en décembre 1999 à Helsinki. Pas de conférence de presse commune Depuis quinze ans, quelque soit la couleur de notre gouvernement et quelque soit celle du gouvernement français, nous avons toujours trouvé la France à nos côtés. Le geste du Président Chirac de ne pas accompagner Traian Basescu lors de la traditionnelle conférence de presse commune suivant la réception d'un chef d'Etat étranger est révélateur de la détérioration de nos relations. En diplomatie, les gestes des Français ont une signification et une précision mathématique. Par exemple, au cours d'un repas, si un ambassadeur de France quitte la table avant le café, on peut en déduire tout de suite qu'il s'agit d'un incident diplomatique. L'attitude sans équivoque de Chirac représente sa grande réserve à l'égard de Basescu. Non seulement il l'a pratiquement mis à la porte, mais celui-ci est rentré Infos pratiques ABONNEMENT CHANGE* "Jamais une rencontre entre SUCEAVA z Les NOUVeLLes de ROUMANIe (en lei et nouveaux lei) Euro Franc suisse Dollar Forint hongrois *Au 36 468 = 3,64 NL (1 NL =0,36 €) 23 700 = 2,37 NL 30 386 = 3,03 NL 144 = 0,014 NL (1 € = 253 forints) 22 décembre 2005 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Numéro 33, janvier - février 2006 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 E-mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : Karin Humbert, Bernard Camboulives, Michel Roussseau, Martine et Jean Bovon-Dumoulin, Ovidiu Gorea, Alain Chotil-Fany, Marc Chesnel, Albert Echilley, Noël Tamini, Michel Dion, Lydia Bloch, Mihaela Ionitsa, Nicolae Dragulanescu. Autres sources : agences de presse et presse roumaines, françaises et francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de documentation ADICA. Impression : Helio Graphic 11, rue Louis Armand 44 980 Sainte-Luce Numéro de Commission paritaire: 1107 G 80172 ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro: mars 2006 Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Entreprises, administrations : 100 € TTC / an Associations et particuliers : 80 € TTC / an Multi-abonnement Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement. Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 € à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €). 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Pas de virements bancaires (commission de 20 euros). Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie, 44 300 NANTES - France. 51 Numéro 33 - janvier - février 2006 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Viking des temps modernes Claude Aubé, le Normand, a mené sa barque à bon port NOUVeLLes ROUMANIe Les L 52 a Roumanie est un pays dont j'ai rapidement senti qu'il allait me devenir incontournable... Pourquoi ? Je ne sais... ou je le sais trop, ses paysages, ses femmes, son authenticité, l'accueil de ses habitants, connus ou de rencontre.... Je ne vis qu'avec mes émotions et mes désirs profonds et je n'ai que des rêves raisonnables... et puisque j'avais l'ambition maintenant d'aller vivre les bonnes années de ce qui me reste à vivre dans un pays accueillant et ami... j'ai choisi celui-là "… Ainsi commence l'aventure de Claude Aubé (photo ci-dessous), marin par passion, et qui avait décidé qu'il partirait avec son "Bananec Blue" - son troisième bateau depuis 1981 - pour goûter une retraite heureuse sur la mer. La découverte de la Roumanie, en 1997, bouleversa ses projets. Mais, le Normand n'entendait pas pour autant cesser de naviguer. Heureusement, la Roumanie possède une façade maritime: Mare Neagra, la Mer Noire, le Pont-Euxin des Anciens (en grec Euxeinos Pontos, "mer hospitalière"). Alors, après avoir lu un article dans un magazine à propos des Vikings qui l'avaient rejointe depuis le nord du continent en utilisant le Danube sur l'ensemble de son cours, le projet a germé de mener son "Bananec Blues" jusque là, sans connaître exactement le nombre de kilomètres et d'écluses à franchir... la difficulté majeure étant le tirant d'eau de son bateau (1.80m), à la limite supérieure de celui permis sur les canaux. Claude Aubé aurait bien pu décider d'aller jusque là par la route naturelle, Atlantique, Méditerranée, Mer Noire... Mais, ayant vécu à Strasbourg, il avait envie de revoir cette ville merveilleuse... Et surtout, de fil en aiguille, il s'apercevait que ce voyage lui permettrait de traverser tant de belles capitales européennes, lui qui dans les années 1970-1980 a développé avec fougue un jumelage franco-allemand pour que l'Europe devienne enfin une réalité. Enfin, il était motivé par l'espoir que la Roumanie, parent pauvre de l'Europe d'après le "Mur", ne soit pas abandonnée à son sort mais rejoigne au plus tôt la communauté européenne. Un Danube initiatique pour mieux saisir les errements et les merveilles du Vieux Continent Ainsi ce périple de finalement 4000 kilomètres lui est apparu comme un symbole, avec la traversée de huit pays, autrefois et voici encore peu, théâtre de guerres et de déchirements, dans un continent devenu aujourd'hui porteur d'espoir. Avec en prime, la chance de visiter des villes et paysages merveilleux, chargé d'histoire souvent dramatique: Paris, Strasbourg et le pont de l'Europe, Mannheim, Mainz, Francfort, la magnifique cité historique de Würzburg, Nuremberg, Regensburg, Passau, Linz, Mauthausen, jolie bourgade au nom qui fait frémir et dont l'innocence d'aujourd'hui cache les pires crimes commis au siècle dernier, Vienne, Bratislava, Budapest, ville reine du fleuve qui en est le centre même, Novi Sad, Belgrade, la Bulgarie, la Roumanie et enfin le canal du Danube à la mer Noire, long de 63 km, inauguré en 1984 par Ceausescu, qui évite 300 km de méandres, creusé par des milliers de victimes de l'autre utopie meurtrière du XXème siècle qui les avait réduites à l'état d'esclave et ont trouvé là leur tombeau… Un véritable parcours initiatique de l'Europe empruntant successivement, la Seine, la Marne, le canal de la Marne au Rhin Ouest, la Moselle, le canal de la Marne au Rhin Est, le Rhin, troisième plus long fleuve d'Europe avec ses 1320 km, le Main, fleuve tranquille serpentant entre des pentes couvertes de vignes, des villages pittoresques et des collines boisées, le canal Main - Danube, dont le creusement, quatre cents mètres au-dessus du niveau de la mer, avait été décidé en 793 par Charlemagne… qui fut achevé sous le règne de Louis Ier de Bavière en 1846, pour être optimisé en 1992, reliant alors vraiment l'océan à la Mer Noire, et enfin le Danube, rencontré à Kelheim, devenant compagnon de route pour 2480 km. Dans la Roumanie de Trajan et Decebal, un “Havre” pour ses vieux jours Claude Aubé avait commencé son aventure fluviale dès 2001, acheminant par étapes son bateau jusqu'au canal Main-Danube. Après une pause de dix-huit mois, il reprenait son périple en avril 2004 et, après 46 jours de navigation, le 31 mai, il faisait son entrée dans l'antique port romain de Tomis, de nos jours Constanta, là où l'empereur Auguste avait banni l'auteur de L'art d'aimer, le poète Ovide, jugé trop licencieux mais surtout victime d'un ostracisme politique et religieux. "Dieu est né en exil" a écrit Vintila Horia dans le roman portant ce titre, qu'il lui a consacré… Claude Aubé, “le Normand”,établi aujourd'hui à Brasov, lui, a trouvé dans la Roumanie de Trajan et Decebal un “Havre” pour ses vieux jours. de SOMMAIRE Lettre d’information bimestrielle Actualité Vie internationale Politique Economie Social 2à6 7 à 11 12 à 15 16 à 17 Société Evénements Vie quotidienne Carnet Enseignement, Religion, Environnement, Santé Photo Sports Insolite 18 à 21 22 23 24 à 26 27 28 29 Connaissance et découverte Littérature Théâtre Cinéma, Peinture Musique Histoire Destin - Sciences Tourisme Echanges Traditions, Humour, Histoires vraies Abonnement, Change Coup de coeur 30 et 31 32 et 33 34 35 36 et 37 38 à 41 42 à 45 46 à 48 49 et 50 51 52 L L’Union Européenne invente les citoyens de seconde zone e 1er janvier 2002, les Roumains, après plus d'un demi-siècle d'isolement, recevaient le droit de voyager librement à travers leur continent et pouvaient visiter ces pays occidentaux qui les avaient toujours fait rêver. Les fameux visas Schengen venaient d'être supprimés. Cela en était terminé des voyages de plusieurs jours qu'il fallait entreprendre jusqu'aux ambassades de la capitale pour obtenir ce précieux Sésame, assortis de nuits passées à la belle étoile, des queues humiliantes, des passe-droits, des bakchichs à verser à des intermédiaires. "L'Europe des lumières" s'ouvrait à une Roumanie qui avait soif d'y reprendre sa place. La route de l'espoir et d'une vie meilleure était enfin dégagée, avec un horizon prometteur: l'adhésion à l'Union Européenne au 1er janvier 2007. Dans nos pays riches, les esprits chagrins ne manquaient pas alors de prédire un déferlement d'immigrés. Quatre ans après, force leur est de constater qu'il n'en a pratiquement rien été. Certes, il existe un flux migratoire, avec ses clandestins et quelques réseaux exploitant la misère des plus démunis. Mais, pour l'essentiel, les Roumains venant chercher du travail en Occident y séjournent légalement et repartent au bout des trois mois autorisés, quitte à revenir dans les mêmes conditions ultérieurement. Bien sûr, certains travaillent "au noir", mais le plus souvent il s'agit de secteurs où l'on manque de bras, comme l'agriculture et le bâtiment. "Visible - les médias ne se privant pas de mettre en avant les méfaits commis par quelques uns - mais peu nombreuse": telle est la conclusion d'une enquête récente menée en France au sujet de cette immigration. Pour autant, à moins d'un an de l'échéance de l'entrée dans l'Union Européenne, les autorités roumaines et des pays membres s'entêtent à multiplier les entraves à la libre circulation des Roumains, alourdissant les démarches à accomplir, le nombre de pièces à fournir, au point qu'il leur devient pratiquement aussi difficile de voyager qu'auparavant. Bucarest entend ainsi complaire aux exigences de Bruxelles et les hommes politiques occidentaux se faire un fond de commerce sécuritaire auprès des électeurs. Il s'en suit de nouvelles vexations, frustrations. "Suis-je un paria, ai-je la gale ?" demande un grand écrivain auquel répond en écho, un universitaire francophone invité à animer un colloque en France: "Je ne suis pas voulu dans le pays que j'aime". Pour accueillir en son sein Roumains et Bulgares, l'Union Européenne se prépare-t-elle à mettre en place une catégorie de citoyens de seconde zone ? Henri Gillet