ROUMANIE 33.qxd - les nouvelles de roumanie

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ROUMANIE 33.qxd - les nouvelles de roumanie
Numéro 33 - janvier - février 2006
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Viking des temps modernes
Claude Aubé, le Normand,
a mené sa barque à bon port
NOUVeLLes
ROUMANIe
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a Roumanie est un pays dont j'ai rapidement senti
qu'il allait me devenir incontournable... Pourquoi ?
Je ne sais... ou je le sais trop, ses paysages, ses
femmes, son authenticité, l'accueil de ses habitants, connus ou
de rencontre.... Je ne vis qu'avec mes émotions et mes désirs profonds et je n'ai que des rêves raisonnables... et puisque j'avais
l'ambition maintenant d'aller vivre les bonnes années de ce qui
me reste à vivre dans un pays accueillant et ami... j'ai choisi celui-là "…
Ainsi commence l'aventure de Claude Aubé (photo ci-dessous), marin par passion, et qui
avait décidé qu'il partirait avec son "Bananec Blue" - son troisième bateau depuis 1981 - pour
goûter une retraite heureuse sur la mer. La découverte de la Roumanie, en 1997, bouleversa ses
projets. Mais, le Normand n'entendait pas pour autant cesser de naviguer. Heureusement, la
Roumanie possède une façade maritime: Mare Neagra, la Mer Noire, le Pont-Euxin des Anciens
(en grec Euxeinos Pontos, "mer hospitalière"). Alors, après avoir lu un article dans un magazine à propos des Vikings qui l'avaient
rejointe depuis le nord du continent en utilisant le Danube sur l'ensemble de son cours, le projet a germé de mener son "Bananec
Blues" jusque là, sans connaître exactement le nombre de kilomètres et d'écluses à franchir... la difficulté majeure étant le tirant
d'eau de son bateau (1.80m), à la limite supérieure de celui permis sur les canaux.
Claude Aubé aurait bien pu décider d'aller jusque là par la route naturelle, Atlantique, Méditerranée, Mer Noire... Mais, ayant
vécu à Strasbourg, il avait envie de revoir cette ville merveilleuse... Et surtout, de fil en aiguille, il s'apercevait que ce voyage lui
permettrait de traverser tant de belles capitales européennes, lui qui dans les années 1970-1980 a développé avec fougue un jumelage franco-allemand pour que l'Europe devienne enfin une réalité. Enfin, il était motivé par l'espoir que la Roumanie, parent
pauvre de l'Europe d'après le "Mur", ne soit pas abandonnée à son sort mais rejoigne au plus tôt la communauté européenne.
Un Danube initiatique pour mieux saisir les errements et les merveilles du Vieux Continent
Ainsi ce périple de finalement 4000 kilomètres lui est apparu comme un symbole,
avec la traversée de huit pays, autrefois et voici encore peu, théâtre de guerres et de
déchirements, dans un continent devenu aujourd'hui porteur d'espoir. Avec en prime, la
chance de visiter des villes et paysages merveilleux, chargé d'histoire souvent dramatique: Paris, Strasbourg et le pont de l'Europe, Mannheim, Mainz, Francfort, la magnifique cité historique de Würzburg, Nuremberg, Regensburg, Passau, Linz, Mauthausen,
jolie bourgade au nom qui fait frémir et dont l'innocence d'aujourd'hui cache les pires
crimes commis au siècle dernier, Vienne, Bratislava, Budapest, ville reine du fleuve qui
en est le centre même, Novi Sad, Belgrade, la Bulgarie, la Roumanie et enfin le canal du
Danube à la mer Noire, long de 63 km, inauguré en 1984 par Ceausescu, qui évite 300
km de méandres, creusé par des milliers de victimes de l'autre utopie meurtrière du
XXème siècle qui les avait réduites à l'état d'esclave et ont trouvé là leur tombeau…
Un véritable parcours initiatique de l'Europe empruntant successivement, la Seine,
la Marne, le canal de la Marne au Rhin Ouest, la Moselle, le canal de la Marne au Rhin Est, le Rhin, troisième plus long fleuve
d'Europe avec ses 1320 km, le Main, fleuve tranquille serpentant entre des pentes couvertes de vignes, des villages pittoresques et
des collines boisées, le canal Main - Danube, dont le creusement, quatre cents mètres au-dessus du niveau de la mer, avait été
décidé en 793 par Charlemagne… qui fut achevé sous le règne de Louis Ier de Bavière en 1846, pour être optimisé en 1992, reliant
alors vraiment l'océan à la Mer Noire, et enfin le Danube, rencontré à Kelheim, devenant compagnon de route pour 2480 km.
Dans la Roumanie de Trajan et Decebal, un “Havre” pour ses vieux jours
Claude Aubé avait commencé son aventure fluviale dès 2001, acheminant par étapes son bateau jusqu'au canal Main-Danube.
Après une pause de dix-huit mois, il reprenait son périple en avril 2004 et, après 46 jours de navigation, le 31 mai, il faisait son
entrée dans l'antique port romain de Tomis, de nos jours Constanta, là où l'empereur Auguste avait banni l'auteur de L'art d'aimer, le poète Ovide, jugé trop licencieux mais surtout victime d'un ostracisme politique et religieux. "Dieu est né en exil" a écrit
Vintila Horia dans le roman portant ce titre, qu'il lui a consacré… Claude Aubé, “le Normand”,établi aujourd'hui à Brasov, lui, a
trouvé dans la Roumanie de Trajan et Decebal un “Havre” pour ses vieux jours.
de
SOMMAIRE
Lettre d’information bimestrielle
Actualité
Vie internationale
Politique
Economie
Social
2à6
7 à 11
12 à 15
16 à 17
Société
Evénements
Vie quotidienne
Carnet
Enseignement, Religion,
Environnement, Santé
Photo
Sports
Insolite
18 à 21
22
23
24 à 26
27
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Connaissance
et découverte
Littérature
Théâtre
Cinéma, Peinture
Musique
Histoire
Destin - Sciences
Tourisme
Echanges
Traditions, Humour,
Histoires vraies
Abonnement, Change
Coup de coeur
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L’Union Européenne invente
les citoyens de seconde zone
e 1er janvier 2002, les Roumains, après plus d'un demi-siècle d'isolement,
recevaient le droit de voyager librement à travers leur continent et pouvaient visiter ces pays occidentaux qui les avaient toujours fait rêver. Les
fameux visas Schengen venaient d'être supprimés. Cela en était terminé des voyages
de plusieurs jours qu'il fallait entreprendre jusqu'aux ambassades de la capitale pour
obtenir ce précieux Sésame, assortis de nuits passées à la belle étoile, des queues
humiliantes, des passe-droits, des bakchichs à verser à des intermédiaires.
"L'Europe des lumières" s'ouvrait à une Roumanie qui avait soif d'y reprendre sa
place. La route de l'espoir et d'une vie meilleure était enfin dégagée, avec un horizon
prometteur: l'adhésion à l'Union Européenne au 1er janvier 2007.
Dans nos pays riches, les esprits chagrins ne manquaient pas alors de prédire un
déferlement d'immigrés. Quatre ans après, force leur est de constater qu'il n'en a pratiquement rien été. Certes, il existe un flux migratoire, avec ses clandestins et quelques
réseaux exploitant la misère des plus démunis. Mais, pour l'essentiel, les Roumains
venant chercher du travail en Occident y séjournent légalement et repartent au bout
des trois mois autorisés, quitte à revenir dans les mêmes conditions ultérieurement.
Bien sûr, certains travaillent "au noir", mais le plus souvent il s'agit de secteurs où l'on
manque de bras, comme l'agriculture et le bâtiment.
"Visible - les médias ne se privant pas de mettre en avant les méfaits commis par
quelques uns - mais peu nombreuse": telle est la conclusion d'une enquête récente
menée en France au sujet de cette immigration. Pour autant, à moins d'un an de l'échéance de l'entrée dans l'Union Européenne, les autorités roumaines et des pays
membres s'entêtent à multiplier les entraves à la libre circulation des Roumains, alourdissant les démarches à accomplir, le nombre de pièces à fournir, au point qu'il leur
devient pratiquement aussi difficile de voyager qu'auparavant.
Bucarest entend ainsi complaire aux exigences de Bruxelles et les hommes politiques occidentaux se faire un fond de commerce sécuritaire auprès des électeurs. Il
s'en suit de nouvelles vexations, frustrations. "Suis-je un paria, ai-je la gale ?" demande un grand écrivain auquel répond en écho, un universitaire francophone invité à animer un colloque en France: "Je ne suis pas voulu dans le pays que j'aime".
Pour accueillir en son sein Roumains et Bulgares, l'Union Européenne se prépare-t-elle à mettre en place une catégorie de citoyens de seconde zone ?
Henri Gillet
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
La visite de
Vie internationale
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Froid persistant
entre Paris
et Bucarest
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La France a toujours du mal à
avaler le tournant résolument atlantiste engagé par Traian Basescu. Ce
dernier avait d'ailleurs marqué la fin
des liens spéciaux entre les deux
pays dès sa prise de fonction, ne
réservant pas sa première visite à
l'Elysée, comme c'était le cas auparavant, mais au 10 Downing street et à
la Maison Blanche. Il aura fallu
attendre plus de dix mois pour qu'il
effectue le voyage sur les bords de la
Seine.
Depuis, la réaffirmation répétée de
la prééminence d'un axe WashingtonLondres-Bucarest, de l'engagement
en Irak, l'annonce de l'installation prochaine de bases américaines en
Roumanie, ont été autant de sujets
qui ont fâché à Paris, soutien pourtant inconditionnel à l'entrée de sa
petite sœur dans l'OTAN et l'UE.
Les autorités françaises se montrent d'autant plus ulcérées que les
déclarations ou attitudes du président
roumain heurtent souvent leur susceptibilité. Alors que Bucarest doit
accueillir le sommet des soixante
chefs d'Etat et de gouvernement des
pays francophones, fin septembre
prochain, et ce pour la première fois
sur le continent européen en dehors
de la France, Traian Basescu s'est
singularisé en prononçant, en octobre
dernier, le discours de l'ouverture de
l'année de la Francophonie en
Roumanie… en anglais ! Provocation
ou faute de goût… on se le demande
encore au Quai d'Orsay, où l'on commence à nourrir quelques inquiétudes
au sujet de ce grand rendez-vous.
L
a visite officielle du Président roumain à Paris, les 21 et 22 novembre, n'a
pas apporté les résultats escomptés en termes de réchauffement des relations entre les deux pays. Elle s'est achevée sans qu'il n'y ait de déclaration
commune, contrairement à l'habitude, et sans que soit précisé le principe d'une visite
officielle de Jacques Chirac en Roumanie à l'occasion du sommet de la Francophonie,
prévu fin septembre prochain. De ce voyage présidentiel, deux journalistes roumains, Bogdan
Chiriac et Tudor Tsepeneag, ont tiré dans leurs
articles des conclusions pratiquement diamétralement opposées que vous pouvez découvrir ci-dessous et ci-contre. Bogdan Chiriac, éditorialiste au
quotidien "Gândul", se montre chagriné par ce
qu'il juge être l'échec de la rencontre ChiracBasescu, ce qui ne manque pas de l'inquiéter.
"Chirac a toujours été à nos côtés"
Le Président Basescu privilégie
“l’axe Washington-LondresBucarest” qu’il a inventé.
"Au cours de ces quinze dernières années,
jamais un président roumain n'avait eu une rencontre aussi glaciale avec son homologue français que lors de l'entretien à l'Elysée entre le Président Basescu et le président Chirac. L'histoire post-décembriste (après la "Révolution" de décembre 1989)
abonde en situations difficiles pour notre pays où la France a volé à notre secours,
comme cela s'est passé en 1918 pour la naissance de la "Grande Roumanie".
Immédiatement après la "Révolution", le Président Mitterrand, un des pères de
l'Europe, a été le premier chef d'Etat à venir à Bucarest pour s'entretenir avec Ion
Iliescu. Il a fait çà pour la Roumanie et non pas pour le dirigeant qu'elle avait alors,
moyennant quoi il a dû affronter avec stoïcisme les critiques de la presse de chez nous
et les lazzi des étudiants de Bucarest: "François Mitterrand est l'ami des assassins".
On ne sait pas si son successeur, Jacques Chirac, figurera ou non en bonne place
dans les livres d'histoire français… mais ce qui est sûr, c'est qu'il est déjà une grande
figure dans ceux de Roumanie. C'est lui qui, en 1997 à Madrid, a soutenu jusqu'au dernier moment l'entrée de la Roumanie dans le club occidental et dans l'OTAN. C'est
grâce à son obstination à nous sortir de cette zone grise où nous végétions qu'il a réussi, en l'espace d'une nuit, à coaliser tous les états occidentaux européens pour surmonter l'opposition américaine à notre adhésion, Washington ne nous considérant pas
comme un potentiel allié.
Cela n'a pas marché immédiatement mais, en fin de compte, notre pays est rentré
dans l'OTAN lors de la réunion suivante à Prague. C'était la première fois qu'un pays
important montrait au monde que la Roumanie avait sa place en Occident. C'est toujours Chirac, avec l'aide de Blair, qui a aidé au démarrage des négociations pour notre
adhésion à l'Union Européenne, en décembre 1999 à Helsinki.
Pas de conférence de presse commune
Depuis quinze ans, quelque soit la couleur de notre gouvernement et quelque soit
celle du gouvernement français, nous avons toujours trouvé la France à nos côtés. Le
geste du Président Chirac de ne pas accompagner Traian Basescu lors de la traditionnelle conférence de presse commune suivant la réception d'un chef d'Etat étranger est
révélateur de la détérioration de nos relations. En diplomatie, les gestes des Français
ont une signification et une précision mathématique. Par exemple, au cours d'un repas,
si un ambassadeur de France quitte la table avant le café, on peut en déduire tout de
suite qu'il s'agit d'un incident diplomatique.
L'attitude sans équivoque de Chirac représente sa grande réserve à l'égard de
Basescu. Non seulement il l'a pratiquement mis à la porte, mais celui-ci est rentré
Infos pratiques
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"Jamais une rencontre entre
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22 décembre 2005
Les NOUVeLLes
de ROUMANIe
Numéro 33, janvier - février 2006
Lettre d'information bimestrielle sur
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Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
Karin Humbert, Bernard
Camboulives, Michel Roussseau,
Martine et Jean Bovon-Dumoulin,
Ovidiu Gorea, Alain Chotil-Fany,
Marc Chesnel, Albert Echilley, Noël
Tamini, Michel Dion, Lydia Bloch,
Mihaela Ionitsa, Nicolae
Dragulanescu.
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises et
francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de
documentation ADICA.
Impression : Helio Graphic
11, rue Louis Armand
44 980 Sainte-Luce
Numéro de Commission paritaire:
1107 G 80172
ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro: mars 2006
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Connaissance et découverte
Bomba… bombin…
Histoires vraies
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De France en Roumanie, on ne
va pas encore d'une seule traite:
frontières obligent. Et alors il se passent parfois des choses étonnantes.
Ainsi, Madalina, une jeune infirmière, fut un jour à Nîmes, avec la
nécessité de retourner en Roumanie.
"J'avais juste l'argent pour le bus",
nous a-t-elle dit, "et l'hôpital exigeait
que je rentre tout de suite. J'ai donc
décidé d'aller tout d'abord à Paris en
TGV. Je savais où retrouver là un
gars de mon village qui m'avait proposé de rentrer avec lui en voiture.
En fait, ils étaient deux. À la frontière
autrichienne, contrôle. Dans mon
dos, l'un des deux me tend une
sacoche "trop sale", d'après lui. Les
douaniers venaient de me dire:
"Vous, pas de problème, vous pouvez aller si vous voulez..."
Finalement, ça s'est arrangé.
Dans un sac, les douaniers avaient
trouvé plus de 300 téléphones portables. Contre 2000 marks, ils ont fait
comme s'ils n'avaient rien vu. En
Hongrie, de nouveau... Les deux ont
encore payé ce qu'il fallait. Bon, j'ai
voulu savoir ce qu'il y avait dans la
sacoche soi-disant "trop sale". On l'a
ouverte: elle était pleine d'argent: des
francs français, des marks, des dollars... Arrivés à la frontière roumaine,
mes compagnons ont téléphoné à
quelqu'un. Puis ils m'ont dit: "Faut
attendre cinq heures avant que notre
copain prenne son service." On a
attendu. Quand le gars est venu, il
s'est mis à... crier, à les engueuler !
Je n'y comprenais plus rien, et ça se
voyait. L'un des deux m'a fait un clin
d'œil: "Cinéma..." qu'il a dit. Et nous
avons passé sans problème..."
es premières visites dans un pays que l'on ne connaît pas sont l'occasion de
quiproquos et de situations cocasses qui alimentent plus tard les conversations entre étrangers devenus amis, sur fond, le plus souvent d'éclat de
rires. Et cela dans les deux sens. Ainsi en est-il pour Robert, qui heureux de retrouver
son ami Léonard, dans sa petite commune de Humor, et épaté par la conduite sportive de sa Dacia entre les innombrable trous parsemant le chemin menant à sa fermette, lui lance sous forme d'un compliment: "Alors toi, tu es le Prost du village!".
Léonard ignorait l'existence même du champion automobile… et Robert que "prost"
signifie idiot en roumain.
Adelina, professeur de français en vacances chez des amis nantais, était flattée, à
juste titre, des compliments que tout le monde lui faisait sur la maîtrise de la langue.
Pourtant elle était chiffonnée de ne pas comprendre une expression qui revenait souvent, et lui paraissait donc importante: "Bon ben, à tout à l'heure", "Bon bah, c'est
comme çà", "Bon bein, je repasserai plus tard". Ne voulant pas révéler son ignorance
devant ce mot si usité de la langue française, elle se plongea quasi clandestinement
dans tous les dictionnaires à portée de main, faisant chou-blanc. En désespoir de
cause, elle se résolut à demander à ses hôtes la signification de ce "bomba" ou "bombin" qui ne figurait ni dans le Larousse, ni dans le Robert…
P
Une chambre à l'Hôtel de police
our Marius et Roxana, la première découverte de la France,
dans leur Dacia, releva de
l'aventure. Demandant leur chemin, on
leur expliqua qu'il fallait prendre le premier feu à droite, puis tourner au second
feu à gauche. "Drôle de pays" se direntils, mais après tout, comme la télévision
roumaine se faisait un plaisir de montrer
chaque été les incendies de forêts qui
ravageaient ce pays capitaliste…
Une demi-heure plus tard, ils tournaient encore dans le quartier à la
recherche des camions de pompiers qui
devaient leur permettre d'arriver à bon
M
port. "Feux" se dit usuellement "sémaphore" en roumain, du grec "séma"
(signe) et "phoros" (qui porte) et est le
terme scientifique approprié, même en
français.
Les surprises du couple ne s'arrêtèrent pas là. A la recherche d'un hôtel coûtant le moins cher possible, il en repéra
un dont l'état de vétusté avancée leur
assurait d'être en phase avec leur maigre
budget. C'est ainsi qu'à l'Hôtel de police
de Nantes, on n'en revient pas encore de
la visite de ces deux Roumains, venant,
d'eux-mêmes, demander une chambre
pour la nuit !
Ne pas confondre saucisse et chipolata
aurice est un habitué de la Roumanie, mais, trop poli, il a mesuré le sens
de l'hospitalité roumaine à ses dépens. Depuis son enfance, il avait
appris à toujours terminer son assiette quand on était invité, la nettoyant
consciencieusement avec un morceau de pain.
Les Roumains ne font pas autant de manières et pour ses amis, cela voulait dire
qu'il avait apprécié le plat servi et en redemandait, malgré ses "non, merci" que l'on
prenait pour des coquetteries de Français. A la quatrième écuelle remplie de ciorba,
les précédentes ayant été tout autant soigneusement léchées, il cala et bien qu'ayant le
sentiment de commettre une impolitesse la laissa à moitié pleine… ce qui le sauva de
l'indigestion.
Invité quelques jours plus tard à un "gratar" (grillades), son hôte lui demanda ce
qu'il voulait. Maurice désigna une côte de porc et, découvrant des longues saucisses
minces qu'il affectionne, il ajouta "chipolata", espèce inconnue en ces lieux… provoquant le regard ahuri de son ami roumain qui comprit bien évidemment "si (chi)
pula (poula) ta" ("Et ta pula", ce dernier terme étant un des mots les plus utilisés du
vocabulaire roumain, notamment dans les jurons, désignant sous une forme vulgaire
le pénis).
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Traian Basescu en France
un président français et roumain n'avait été aussi glaciale"
les mains vides à Bucarest. Le Président français a refusé de
dire quand le Parlement de son pays va ratifier le traité d'adhésion de la Roumanie à l'UE. C'est un peu fort de voir la France
refuser de prendre part à la fête du succès de sa petite sœur
alors qu'elle y a contribué de façon majeure.
dance de l'Europe face aux USA, cette déclaration était mortelle. C'est un peu comme si Chirac venant à Bucarest disait
quelque chose du genre: "La Transylvanie est hongroise et elle
a été occupée par les Roumains ".
"Des provocations à l'égard de la France"
"Malgré tout, les relations
restent solides et saines"
Ce n'est pas difficile d'imaginer ce qui a conduit Chirac à
avoir ce comportement. Les positions et gestes du Président
Basescu depuis son élection peuvent être considérés de bon
droit comme des provocations à l'égard de la France.
En dehors du fait que le président français n'a sans-doute
pas oublié le commentaire de celui qui n'était encore que maire
de Bucarest, l'an passé, lors de la visite en Roumanie de son
Premier ministre Jean-Pierre Raffarin - "Il est venu chercher
son pourboire" - les déclarations absurdes et répétées de
Basescu sur l'axe Washington-Londres-Bucarest, l'Irak,
l'Ukraine et la Mer Noire, sont autant d'arêtes qui ont dû rester
dans la gorge de Chirac. Et même si celui-ci avait oublié, le
titre de l'interview de Basescu dans "Le Figaro", le matin
même de son entrevue à l'Elysée - "L'Europe ne peut assurer
seule sa sécurité" - lui aura remis en mémoire.
Pour la France, dont toute la politique, intérieure et extérieure, depuis 50 ans et sa bombe nucléaire de l'atoll de
Mururoa, est centrée sur la défense, la sécurité et l'indépen-
Face à ce camouflet, il n'est pas étonnant que Chirac ne se
soit pas empressé de communiquer la date de ratification du
traité. On peut espérer que, comme tout grand homme politique, il n'oubliera pas sa contribution personnelle au processus d'adhésion de la Roumanie et se souviendra de l'attitude de
Mitterrand.
L'échec de la visite du président Basescu à Paris a toutefois un aspect positif: elle a permis de tester dans des conditions réelles la résistance à la rupture des relations privilégiées
franco-roumaines alors qu'elles traversent une période de glaciation sans précédent. Et la bonne nouvelle, c'est qu'elles ont
montré qu'elles étaient solides et saines. Les commentaires de
la presse française ont été positifs à l'égard de la Roumanie et
ceux des chefs d'entreprises français allaient dans le même
sens. Les investissements massifs faits par la France dans
notre pays, les relations commerciales, les excellents liens culturels permettent d'aller plus loin, indifféremment de la température des relations politiques au plus haut niveau".
"Basescu a voulu aller plus loin que les déclarations d'amitié"
J
ournaliste à Paris au département
roumain
de
Radio-France
International, Tudor Tepeneag a
jugé, lui, de manière plutôt positive la
visite du Président Basescu en France
dans les colonnes du quotidien
"Cotidianul" dont il est le correspondant, titrant son article "Basescu,
l'Atlantiste francophile".
"A l'occasion de sa visite à Paris, le
président roumain, qui avait fait preuve
jusqu'ici de la fermeté de son caractère et
de ses idées, a montré aussi qu'il pouvait
être flexible et pragmatique. Pour obtenir
un geste de bonne volonté du président
Chirac, fâché de l'attitude pro-américaine
de Bucarest, et s'assurer le vote de ratification de l'adhésion de la Roumanie à
l'UE auprès du Parlement français, Traian
Basescu ne s'est pas contenté de
reprendre les termes traditionnels de
l'amitié franco-roumaine.
Il est allé plus loin, affirmant qu'il
n'existait pas d'alternative pour la
Roumanie à l'entrée dans l'UE dès 2007
et cherchant à accréditer l'idée selon
laquelle la Roumanie peut apporter une
plus grande puissance au moteur
européen franco-allemand.
Le chef de l'Etat s'est rallié ouvertement à la conception française, déclarant:
"Nous voulons une Union Européenne
forte qui ne soit pas un simple marché
commun et qui dispose d'une politique
extérieure et de défense commune".
Traian Basescu a cité deux zones du
continent où la Roumanie peut jouer un
rôle stabilisateur: les Balkans et la Mer
Noire, notant l'intérêt grandissant que la
diplomatie européenne et Paris montraient dans ce dernier cas.
Corruption: scepticisme
Jacques Chirac a d'ailleurs abordé la
question du Kosovo lors de l'entretien,
engageant son interlocuteur à renforcer la
position de la France dans le cadre de la
politique suivie par l'UE.
Le président roumain a été moins
convainquant sur le chapitre portant sur
les efforts que son pays doit faire pour
satisfaire aux exigences de Bruxelles en
vue de l'adhésion en 2007.
Si la signature du contrat de 500 M€
conclu avec le groupe EADS pour la
sécurisation des frontières roumaines
avant l'adhésion, afin de lutter contre
l'immigration clandestine et les réseaux
de trafiquants, a pu rassurer, l'évocation,
sur le ton de la plaisanterie, des dernières
statistiques de la BERD (Banque
Européenne Régionale de Développement), indiquant complaisamment que le
niveau de corruption avait baissé, n'a
guère fait illusion devant l'incapacité de
Bucarest à combattre ce phénomène au
plus haut niveau.
Dans ce domaine, le principe adopté
de facto par les autorités roumaines, mais
non affirmé officiellement, paraît davantage être de laisser faire et laisser dire jusqu'à l'entrée dans l'UE et, dans l'attente,
de s'en remettre au vieux dicton "les
chiens aboient, la caravane passe".
3
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Vie internationale
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BUCAREST
Schengen:
retour
à la case départ
4
Connaissance et découverte
Une bonne tsuica se reconnaît
à son collier de perles fines
Traditions
La colère de Mircea Cartarescu
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SUCEAVA
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TURDA
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BAIA MARE
ORADEA
"Pour quelle raison ne puis-je
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Si, désormais, les Roumains ne
doivent plus présenter qu'une
somme de 30 euros par jour de
séjour pour pouvoir pénétrer dans
l'espace Schengen, au lieu des 100
euros exigés précédemment, en
contre-partie, ils sont contraints de
posséder une invitation qu'ils doivent
faire légaliser dans leur propre pays.
La suppression des visas
Schengen, entrée en vigueur en janvier 2002 et qui permettait aux
Roumains de voyager librement à
travers leur continent, n'était donc
qu'un leurre. Plus même : ceux-ci
doivent obtenir l'aval de leurs autorités pour quitter leur pays… tout
comme il leur fallait se rendre à la
police sous Ceausescu. Ainsi, trois
ans après avoir caressé ce beau
rêve de voir tomber les barrières, se
retrouvent-ils aujourd'hui à la case
départ.
A quelques mois de leur entrée
dans l'Union Européenne, les
Roumains sont considérés comme
des citoyens de seconde zone, ce
qui provoque humiliation et amertume devant le double langage utilisé à
leur encontre par les pays occidentaux. Ainsi, subissant d'un côté les
tracasseries et vexations frontalières,
Mircea Cartarescu, dont nous
publions la tribune ci-contre, était-il,
de l'autre, un des douze écrivains
roumains invités et honorés par la
France en novembre dans le cadre
des "Belles Etrangères", manifestation destinée à faire connaître la
richesse de la littérature roumaine au
public francophone.
R
evoilà l'ancienne prison "… Sous
le titre de cette tribune libre
publiée dans "Jurnalul National"
et reprise par notre ancien confrère "La
Roumanie aujourd'hui", Mircea Cartarescu,
un des plus grands écrivains contemporains
roumains, laisse éclater sa colère contre les
mesures de restriction à la libre circulation
prises par son pays à l'encontre de ses ressortissants, à la demande de l'Union Européenne.
"L'humiliation d'être suspecté"
Je ne voudrais pas fatiguer le lecteur en
énumérant les raisons de mon mécontentement personnel. Je tairai donc le récit des
innombrables humiliations dont j'ai souffert en traversant les frontières vers l'Europe
et en Europe, durant les quinze dernières années. Toutes les files d'attente dans lesquelles j'ai piétiné, le nombre de fois où j'ai du courir pour me procurer un extrait de
casier judiciaire, les légalisations et supra légalisations des papiers nécessaires au visa,
comment j'ai été arrêté et contrôlé comme un voleur lorsque je passais d'un pays à
l'autre, uniquement parce que j'avais un passeport roumain…
Il semblerait que selon un certain morceau de papier (dont le nom est:
"Déclaration des Droits de l'Homme") n'importe quel être humain a le droit de voyager librement et de rester là où il en a envie. En réalité le chauvinisme est encore présent dans ce monde chargé d'histoire, et nous, une des nations les plus lourdement
lestée de clichés négatifs, le ressentons très fortement en notre propre chair. Je sais que
beaucoup de Roumains ont volé et ont mendié en Europe, qu'ils ont dormi sous les
ponts et travaillé au noir.
Mais le monde démocratique devrait apprendre au moins une chose, c'est qu'il
n'existe pas de faute collective. Moi je ne voyage pas dans le monde ni pour voler, ni
pour mendier. Pour quelle raison dois-je souffrir de manière permanente l'humiliation
d'être suspecté ?
"Comme si on nous demandait
de nous mettre nus en passant la frontière"
Pour quoi faut-il qu'au moment de sortir du pays, les roumains doivent "prouver"
qu'ils ont de quoi vivre à l'étranger, même si les visas ont été supprimés et la libre circulation garantie ? Quel citoyen américain, belge ou autrichien se voit obligé d'apporter cette preuve ? Qui est-ce qui a le droit moral de regarder dans mon portefeuille
pour voir si j'ai de quoi vivre ? Rien ne peut justifier ceci. C'est profondément humiliant, comme si on nous demandait de nous mettre nus en passant la frontière. Si nous
connaissions nos droits, nous devrions protester en tant qu'individus, en tant que
nation.
Plus encore, pour quoi faut-il que nous prouvions avoir un billet de retour ? Quel
peut bien être celui qui va imaginer que j'ai décidé de rester à l'étranger comme touriste ? Suis-je un paria ? Ais-je la gale ? Il semblerait que oui.
Donc : je montre à la douane que j'ai de quoi vivre là où je vais. Je montre que je
suis décidé à revenir. Si je n'ai pas d'argent il me faut une invitation de la part d'un
citoyen étranger (c'est-à-dire un homme pour de vrai, et non pas un vaurien comme
moi) disposé à m'héberger. Savez-vous ce que cela signifie ? La personne en question
doit aller au commissariat ou chez un notaire et faire légaliser l'invitation. Ceci lui
occasionne des frais. L'invitation est transmise par la poste rapide, ce qui occasionne
encore des frais.
E
dures, ce qui donne une palinca plus claire. Celle-ci prend
lément incontournable dans nos relations avec la
alors son odeur spécifique. Si on secoue la bouteille, des perles
Roumanie, la tsuica (alcool de prune) n'est pas seude petite taille apparaissent. Ce sont en fait des bulles qui perlement un espace de convivialité qui facilite la
mettent de déterminer de façon empirique, sa teneur en alcool.
communication lors des visites chez les amis roumains ou le
Dans le Bihor, la palinca se doit de titrer plus de 50°. Si les
cadeau que l'on ramène… c'est aussi une monnaie d'échange
perles sont trop grosses, le produit est trop fort et ne sera pas
qui passe de main en main sans jamais se dévaluer.
bon. Une bonne palinca doit donc présenCette eau de vie, qui prend le nom de
ter une enfilade de perles fines.
rachiu ou de palinca, suivant les régions,
La plus recherchée des palincas du
nécessite un savoir- faire certain dans la
Bihor
est celle faite avec des cerises
délicate étape de la transformation des
noires
amères.
Cette année, il n'y en a pas
fruits en eau de vie. Les maîtres bouilleurs
eu.
Une
gelée
de
printemps a compromis
du Bihor (Oradea) disent qu'une palinca de
la
récolte
de
cerises,
d'abricots, de
bonne qualité se reconnaît à l'odeur des
pommes
et
de
pêches.
fruits dans la paume de la main.
La palinca de pêches n'est pas la plus
Ghise Florian de Tulca, maître
appréciée
des buveurs d'alcool. Elle n'est
bouilleur qui a appris le métier avec son
pas consommée ainsi. Elle se met sur la
grand-père, préconise même de frotter ses
table seulement pour des invités de
mains après y en avoir versé une goutte et
marque ou la gent féminine, au goût délide les humer profondément. Pour fabriquer
“Tu dis que, vous les Hongrois, cat. Le litre de bonne palinca, qui forme
sa palinca, il pratique une méthode de
quand vous êtes arrivés en Transylvanie,
moins en moins utilisée. Après avoir distilil n’y avait personne ? des petites perles et sent la prune saine, se
Evidemment... on était tous partis faire vend 4 €. La palinca de pêche, plus forte,
lé l'alcool deux fois dans l'alambic (la
bouillir la Tsuica !”
se négocie à 8 € 50. Un petit rappel: l'alseconde à feu doux), il le filtre une derniècoolémie au volant, en Roumanie, c'est 0,00 gr/litre de sang…
re fois à travers du charbon de bois, choisi dans des essences
Humour
Exemple à suivre
Traian Basescu, connu pour être un
élève médiocre (le Président n'a jamais
reçu de prix pendant sa scolarité), se fait
remonter les bretelles devant la classe par
son institutrice :
- Ecoute Traian, tu es insupportable,
toujours en train de parler, de faire des
bêtises, du scandale; tu fumes dans les
WC; tu parles mal, tu ne connais pas ta
langue. Rien ne t'intéresse, ni les maths,
ni l'histoire, ni la géographie, ni le roumain; tes parents sont catastrophés!
J'aimerais bien savoir à qui tu ressembles… Tu penses à ton avenir ? Dismoi un peu… qu'est-ce que tu veux être
quand tu seras grand ?
- Nicolae Ceausescu, madame la
maîtresse.
Sexisme
Ion et Cornel discutent dans un bistrot devant une bière. Ion dit à son ami :
- Tu sais que j'ai lu dans une revue
Blagues à la roumaine
scientifique que la bière contenait des
hormones féminines ?
- Qu'est-ce que tu me chantes là ?
- Ecoute, c'est vrai… j'en ai fait moimême le test, la semaine dernière. Je suis
venu ici et j'ai commandé 30 demis et
bien, tu peux me croire, le résultat était
sidérant :
J'avais le sentiment d'avoir pris du
poids; je bavardais sans arrêt pour ne rien
dire, sans pouvoir tenir un raisonnement
qui tienne debout, et, en outre, je m'entêtais à ne pas reconnaître que j'avais tort
quand c'était évident. Tous les cinq
minutes il fallait que j'aille aux toilettes
et, en plus, en me faisant accompagner !
Et quand je suis rentré chez moi, je roulais à trente à l'heure en rasant les bascôtés.
Logique
Ion et Maria divorcent et se disputent
devant le juge pour obtenir la garde de
leur fils.
Maria :
- Monsieur le Juge, c'est moi qui l'ai
mis au monde; C'était très dur… Il me
revient.
Le juge se tourne vers Ion :
- Qu'est-ce que vous en dites ?
Ion réfléchit longuement et répond :
- Monsieur le Juge, si vous mettez
une pièce de monnaie dans un distributeur de boissons et qu'en sort une bouteille de Coca-Cola, à qui est-elle ? A la
machine… ou à vous ?
Terroristes malins
Deux policiers oltènes regardent un
énorme Boeing se poser sur l'aéroport de
Craiova.
L'un hoche la tête et dit :
- Je ne comprends pas comment un
terroriste peut arriver à détourner un
avion si grand…
Son collègue lui répond :
- Ne t'en fais pas… ils sont malins.
Ils ne le détournent pas quand il est au
sol. Ils attendent qu'il soit dans le ciel,
quand il est devenu tout petit.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Echanges
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MEDGIDIA
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Les Roumains francophones
de Medgidia cherchent
“chaussure à leur pied”.
Cartes d'identité
pour les Roumains
Les autorités roumaines ont modifié les durées de validité des cartes
d'identité (le fameux "buletin") de
leurs ressortissants, afin de tenir
compte des changements de physionomie de leurs titulaires. Désormais,
le premier document sera délivré à
l'âge de 14 ans et sera valable
quatre ans, le suivant jusqu'à l'âge
de 25 ans, ensuite les cartes dureront dix ans, jusqu'à 55 ans, âge à
partir duquel elles seront définitives.
Par ailleurs, ne pouvant s'empêcher décidément de revenir aux pratiques de l'époque de Ceausescu,
ces mêmes autorités ont décidé que
les familles hébergeant une ou plusieurs personnes au-delà de quinze
jours doivent les déclarer à la police
ou à la mairie de leur commune.
Cette durée était de 45 jours auparavant. L'hébergement des touristes est
exempté de cette obligation.
Les Francophones
de Medgidia cherchent
désespérément un partenaire
A
ux portes de la Mer Noire - Constantsa n'est distante que d'une cinquantaine de kilomètres - Medgidia se trouve au cœur de la Dobroudja, de ses
plaines agricoles fertiles, recouvertes de champs de blé, de maïs, de tournesol et de vignobles produisant un vin réputé. Située sur le canal Danube-Mer Noire,
à mi-chemin entre le fleuve et la côte, la ville, dotée d'un port fluvial important, vivante, ensoleillée, est aussi porteuse de traditions.
Medgidia se distingue également par la Francophonie de nombre de ses habitants.
En 1996, "Amis sans Frontières", une association rennaise, aidait à la création de la
bibliothèque francophone "André Gide". Trois ans plus tard, l'Alliance Française de
Constantsa y ouvrait une antenne, devenue un véritable foyer de culture.
Ces initiatives ont trouvé leur aboutissement avec la création en décembre 2004
de l'Association d'Amitié roumano-française FRAROM, présidée par Dumitru
Tomescu. Fondée sur l'exemple de ROMFRA d'Alexandria, qui a développé l'enseignement de l'informatique parmi ses membres et avec laquelle elle entretient des liens
étroits, FRAROM a également une vocation socio-culturelle, ayant engagé notamment une action en faveur des Tsiganes.
La Francophonie reste cependant au cœur de son activité, ses adhérents se montrant impatients de nouer une relation avec une commune française, belge ou suisse.
Aimer une langue, une culture ne peut pas rester éternellement du domaine de la théorie. Medgidia cherche donc un partenaire francophone pour pouvoir échanger, partager, lui faire découvrir la Roumanie de la Dobroudja et apprendre de lui. Jusqu'ici elle
n'a pas trouvé chaussure à son pied, le grand élan de fraternisation franco-roumaine
s'étant estompé. Mais elle ne se décourage pas. Dumitru Tomescu a fait le voyage
depuis la Mer Noire pour assister au dernier congrès d'OVR-France qui s'est tenu
début novembre près de Bourg en Bresse et faire passer son message. Avec cette
inquiétude: la flamme francophone de ses adhérents pourrait bien s'éteindre s'ils se
retrouvaient désespérément seuls à l'entretenir.
Alors, si une commune ou une association cherche un partenaire roumain… qu'elle n'hésite pas à s'adresser à Dumitru Tomescu, FRAROM Medgidia, strada
Republicii n° 5, 905600 Medgidia, Judet Constantsa, Roumanie. Tel: (00 40) 241
814 580, fax: (00 40) 241 814 580, e-mail: [email protected] .
Opération Villages Roumains 01 - Inondations
réussie:"Un poêle pour une maison détruite "
T
out au long de l'automne, à l'appel de OVR- Roumanie, une collecte de
fonds a été réalisée afin d'acheter des poêles en céramique pour les sinistrés des inondations qui, de mars à l'automne, ont provoqué des dégâts
considérables en Roumanie. De retour d'un séjour sur place, un petit groupe de
copains du département de l'Ain avait décidé d'essayer de répondre à cette situation
urgente.Ainsi fut lancée l'idée d'organiser un concert de solidarité, sous l'égide de
OVR 01… La concrétisation de ce projet a nécessité le soutien et la motivation d'un
certain nombre de personnes et institutions dont cinq groupes de musiciens qui ont
accepté de se produire gratuitement à Buellas le vendredi 21 octobre 2005. La municipalité et la SACEM ont accordé une gratuite totale pour la location de la salle et les
droits d'auteurs, la sonorisation étant également prise en charge.
La conjonction de toutes ces bonnes volontés, la présence d'un public nombreux
et le geste de généreux donateurs ont permis le succès de la soirée qui a dégagé un
bénéfice de 3000 €, versé totalement à OVR Roumanie, comme, s'y étaient engagés
ses organisateurs. Les fonds collectés ont été distribués directement aux familles roumaines sinistrées sous forme de matériaux ou de main d'œuvre.
Un pari réussi pour une aide humanitaire urgente !
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
circuler librement en Europe ? Suis-je un paria ? Ai-je la gale ?"
face aux restrictions imposées aux Roumains pour voyager
"Que suis-je… un enfant,
une personne entretenue, sous tutelle?"
ser civilisée, européenne. Je suis moi-même un pro occidentaliste convaincu.
Arrivée en Roumanie, l'invitation est à nouveau légalisée,
ce qui signifie perte de temps, énervement et encore de l'argent. A la douane, l'invitation représente une humiliation de
plus, encore plus blessante que celle de montrer son argent:
que suis-je, un enfant, une personne entretenue, une personne
sous tutelle ? Pourquoi diable, dois-je passer par tout cela ? Je
suis un homme libre et digne. Les visas ont été supprimés. La
prison communiste a disparu. Pour quelle raison ne puis-je circuler librement, en tant que touriste ou autre chose ? Sommesnous tous devenus fous ?
Je qualifie de fascistes, discriminatoires, humiliants pour
le peuple roumain et pour chaque citoyen les nouveaux règlements concernant la sortie du pays. Aucune considération pratique ne peut justifier ces excès et restrictions dignes d'un régime totalitaire.
Le fait qu'ils aient été imposés, demandés ou même
suggérés par les autorités européennes ne les rendent pas
moins odieux. Personnellement je ne pense pas que l'Europe a
besoin d'un état accepté par pitié, habité par des citoyens de
deuxième catégorie, comme partenaire qu'elle pourra respecter
en toute circonstance.
Quant aux autorités roumaines, responsables de cette loi,
je ne peux malheureusement que constater leur obéissance,
leur "absence de colonne vertébrale" devant leurs partenaires
occidentaux. L'adoption des standards européens et la synchronisation des lois sont une chose, et elle est louable. Nous
devons avoir des institutions européennes et une façon de pen-
"Un retour à l'ancienne prison
où nous avons vécu la moitié de nos vies"
Mais je ne crois pas qu'il s'agisse d'adopter sans discuter
(et même en y rajoutant encore, par excès de zèle, comme c’est
le cas actuellement) des mesures qui affectent de façon directe l'honneur de nos citoyens.
Nous ne serons pas acceptés plus facilement par l'Europe
en tant que personnes sous tutelle d'un Européen de l’Ouest
nous prenant en pitié ou en montrant notre portefeuille à la
frontière. Ou alors, si nous étions acceptés, nous resterons
ainsi : humiliés, dans un coin, affichant un sourire servile sur
notre visage ….
J'attire l'attention de Monsieur le Ministre des Affaires
Etrangères (que je sais être un homme charmant et intelligent)
sur la situation déplorable des frontières de la Roumanie, des
milliers de citoyens refoulés, sur le non respect de la libre circulation des roumains dans le monde.
Car le fait d'arrêter chacune de ces personnes ne se réduit
pas à cet acte, mais entraîne comme conséquence l'empêchement de la libre circulation des marchandises, des idées, des
technologies, des valeurs, de tout ce qui est roumain, et tout
simplement humain.
C'est un retour non mérité et tardif à l'ancienne prison dans
laquelle nous avons vécu la moitié de nos vies.
Mircea Cartarescu
(Traduction de Karine Humbert)
"Je ne suis pas voulu dans le pays que j'aime tant"
R
eliance", la revue d'OVR
Belgique a publié dans son
numéro d'octobre le témoignage suivant, cri désespéré d'un
Roumain à ses amis français qui l'avaient
invité à participer à une manifestation
franco-roumaine importante où il devait
intervenir en tant que conférencier :
"…Chers amis ,
L'Europe est changeante et incorrecte vis a vis de notre pays. J'ai acheté déjà
il y deux mois le billet d'avion allerretour (Paris), plus le billet de bus allerretour jusqu'a Budapest (argent mis à ma
disposition par Mr. M.M., l'organisateur
des Conviviales Bressuire-Hodac, où je
devais conférencer sur l'intégration de
notre pays en Europe, les minorités, la
période Ceausescu, etc.).
J'avais mis de côté les 1500 euros
(100 euros/jour pour l'espace Schengen,
c'était la règle), et voilà que depuis hier
(1er octobre), l'Europe occidentale a
changé les règles du jeu sans nous avertir!!! On n'a plus besoin d'argent (que 30
euros/jour), mais il faut montrer un "vaucher" (comme preuve que tu as payé l'hôtel et le resto en France) ou une invitation
officielle, invitation visée par la mairie,
en original, et qui doit ensuite être traduite en roumain et visée par un notaire
roumain pour être présentée à la douane
de cet espace Schengen!!! Depuis hier,
beaucoup de Roumains sont retournés à
la maison, de la douane. Même les vieux
parents qui allaient visiter leurs enfants
de l'Ouest. C'est affreux! C'est comme
pendant Ceausescu. Je suis très, très malheureux en ce moment! Nous sommes
damnés! Nous ne sommes pas voulus ni
chez vous, ni ailleurs!
Je ne suis pas voulu dans le pays que
j'aime tant! Il est impossible de demander, recevoir, traduire et notifier une invitation officielle et originale de Bressuire
dans les neuf jours qui restent jusqu'à
mon départ le 12 octobre Je vais essayer
quand même d'aller jusqu'a la frontière et
expliquer mon cas. Mais j'ai une chance
sur dix! Mon voyage est compromis et
s'ils m' empêchent de passer, je n'irai
plus jamais de ma vie vers en Occident.
Je passerai tout le reste de mon temps
libre là où je serais bien reçu ou en
Roumanie.
Je n'aime pas, en général, les gens
qui changent d'avis tout d'un coup, mais
je vois que même le plus civilisé et démocratique continent du monde peut le faire.
Amère déception!
Je m'en vais boire un café costaud
pour refaire mon moral...
A bientôt! "
5
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Les Américains
disposeront de quatre
bases militaires en Roumanie
Vie internationale
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BUZAU
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BUCAREST
CONSTANTA
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Les cartons rouges
et jaunes de Bruxelles
6
Le rapport de progrès dressé par
Bruxelles, en octobre dernier, pour
jalonner le processus d'adhésion de
la Roumanie à l'UE a révélé les
domaines où celle-ci compte ses plus
gros retards, délivrant cartons rouges
et jaunes pour les chapitres suivants:
Libre circulation des marchandises,
Droit des sociétés, Agriculture,
Fiscalité, Politique régionale et instruments structurels, Environnement,
Justice et affaires intérieures.
Plusieurs autres secteurs ont reçu
également un carton jaune, synonyme
d'avertissement : Libre circulation des
personnes, Libre prestation de services, Libre mouvement des capitaux,
Concurrence, Pêche, Politique sociale
et emploi, Politique industrielle,
Culture et politique audio visuelle.
Un représentant
de l'UE à Chisinau
L'UE à installé une délégation permanente en République de Moldavie,
début octobre, son représentant étant
Cesare De Montis. Jusqu'ici elle était
représentée sur place par les ambassades de ses pays membres et
Chisinau dépendait de la délégation
européenne installée à Kiev. Le président moldave, Vladimir Voronine, a
déclaré à cette occasion que l'engagement de son pays en direction de
l'UE était stratégique et irréversible.
Dès le 1er décembre, un contingent de 65 spécialistes de l'UE s’est
installé en République moldave et en
Ukraine dans le cadre d'une mission
à ses frontières. Il s'agit de former
douaniers et garde-frontières à mieux
lutter contre les trafics d'êtres
humains, d'armes, contre la contrebande et de surveiller la Transnistrie.
D
e passage à Bucarest le 6 décembre, pour une courte étape de trois heures,
la Secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a signé un accord avec
son homologue roumain, Mihai Razvan Ungureanu, accordant aux USA
l'usage de quatre bases militaires en Roumanie, moins de deux ans après son entrée
dans l'OTAN.
Après tout juste dix mois de négociations, Bucarest a ainsi devancé Sofia dans ce
qui est une première entre Washington et un ex-pays de l'Est. Les Américains pourront utiliser la base aérienne de Kogalniceanu, la base d'entraînement de Babadag,
toutes deux situées dans le secteur de Constantsa, les zones d'entraînement de Cincu
(près de Fagaras, dans le judet de Brasov) et Smârdan (Galati), mis à disposition aussi
bien des armées de terre, de l'air, ou des forces navales.
Ces bases, qui seront considérées comme territoire américain pendant leur occupation, seront gérées
conjointement par
les Américains qui
assureront le commandement
des
troupes,
et
les
Roumains, celui des
lieux. Elles serviront
à l'entraînement, au
stockage d'équipements et au stationnement de troupes
en cas de besoin et
sont considérées
La visite de Condoleezza Rice au Président Basescu:” Oui, Monsieur
Bush, tout est OK. Il y a une seule chose que je n’ai pas comprise: comme des avantqu’est-ce que c’est bien que cet “axe Washington-Londres-Bucarest ?” postes
pour le
Caricature de Vali
déploiement
de
forces rapides et flexibles. Différentes de celles existant en Allemagne, ces bases ne
disposeront pas de commodités propres, comme des maisons, des écoles, des magasins spéciaux pour les familles des soldats, qui y viendront seuls, pour une durée maximum d'un an. Elle devraient être opérationnelles à l'été 2007.
Les observateurs estiment que, de fait, la Roumanie devient une rampe de lancement pour les futures opérations des USA au Moyen-Orient. L'accord prévoit que les
militaires américains basés dans le pays ne seront justiciables que devant une cour
américaine et ne pourront pas être traduits devant la Cour Pénale Internationale.
Flou autour des prisons de la CIA
La visite de Condoleezza Rice s'est effectuée en plein scandale des prisons clandestines de la CIA en Europe où des détenus suspectés d'actes de terrorisme auraient
pu être enfermés et torturés. Malgré les dénégations formelles de leurs dirigeants, la
Roumanie et la Pologne sont les deux pays les plus suspectés d'avoir abrité ces centres
de détention, en violation totale avec les principes et le droit européens.
Si elles s'avéraient exactes, ces révélations dont le journal Washington Post est à
l'origine, pourraient s'avérer très graves pour l'avenir de la candidature de Bucarest à
l'UE, la Pologne étant épargnée dans la mesure où elle en est déjà membre.
La Roumanie pourrait cependant bénéficier de l'implication de nombreux autres
pays du continent, par lesquels des centaines d'avions de la CIA ont transité… leurs
gouvernants s'efforçant de circonscrire la tempête à un verre d'eau pour échapper au
scandale qui les menace.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
les familles roumaines dans la détresse à garder leurs enfants ont pratiquement cessé
des centaines d'abandons,
taries, s'acharne à redonner l'espoir
Précisons que nous avons réussi à 100 % notre action de
prévention de l'abandon. Mais rester en famille ne suffit pas,
même si c'est essentiel: l'enfant à besoin de nourriture correcte, de jeux (rien à la maison dans ces familles pauvres), d'éducation: il faut voir la joie et la passion des enfants - juste gardés
jusque là - quand on introduit des activités adaptées à leur âge,
qui les font mieux grandir, évoluer.
Nous voudrions continuer. Encore récemment, une directrice de maternelle partenaire, de Baia Mare, nous a demandé
si elle peut toujours inscrire des enfants qui ne peuvent pas
payer le repas (ou seulement 50% au maximum). Nous n'avons
pas pu dire non, c'est trop terrible de renoncer. La plupart des
maternelles dont nous nous occupons sont "à programme prolongé", incluant repas, sieste et goûter, et c'est bien.
Interventions réduites de 200
à 100 enfants, si les dons ne reprennent pas
Tous nos partenaires, motivés et sérieux, sont inquiets:
l'euro a baissé en Roumanie depuis le début 2005, ils savent
que cela nous fait un "trou" important
dans le budget. Et nous leur avons parlé
de l'arrêt des dons. Si nous renonçons,
non seulement près de 200 enfants
seraient très pénalisés mais de plus des
écoles maternelles perdraient du personnel, les crèches où nous agissons fermeraient. Pour l'instant, nous envisageons de
réduire notre intervention à une centaine
d'enfants, si les dons ne recommencent
pas ou si nous n'avons pas de sponsorisations.
Et l'Etat roumain? Quand prendra-t-il
la relève? Evidemment nous attendons
avec espoir le moment où le gouvernement augmentera les allocations familiales, où l'inflation cessera, où le chômage baissera. Bref où la part de population
vivant sous le seuil de pauvreté diminuera sensiblement.
Nous faisons partie du Comité PECO qui regroupe des
associations agissant en Roumanie ou dans d'autres pays
d'Europe continentale, pour ne pas rester isolés. Nous avons
déjà pu discuter avec des responsables nationaux roumains et
comptons encore faire entendre notre attente, notre espoir.
Les collectivités locales nous soutiennent moralement,
parfois un peu matériellement, mais leur budget actuel ne permet pas des aides familiales compensatoires comme en France
(prix de cantine selon ressources, par exemple). Parfois le service social de Sighet, à court de solutions pour un enfant, nous
demande de prendre le cas en charge !
Il y a des aides de l'Union européenne, elles sont le plus
souvent utilisées pour compléter les dispositifs de sortie d'institution, ce qui est aussi très utile.
Psychologie de l'enfant, pédagogie, formation
citoyenne, environnement, francophonie
Que faisons-nous d'autre ? Quelques actions dites de "développement", dans le domaine de l'éducation : psychologie de
l'enfant pour de futurs formateurs à Baia Mare et Sighet, pédagogie avec lecture et CDI en maternelle, expression et francophonie en secondaire, éducation citoyenne des jeunes et écotourisme, éducation à l'environnement.Dans ces cas nous réussissons, à force de dossiers et de démarches, à obtenir quelques
subventions . Et nos partenaires du Maramures s'impliquent de
plus en plus pour préparer des réalisations les moins coûteuses
possibles.
Sans oublier la réciprocité culturelle, pour mieux respecter
nos partenaires et les remercier de leur confiance. Suite à un
article plus ancien, paru dans "Les Nouvelles de Roumanie"
des associations, des organismes ont invité notre amie de
Bucarest, une grande comédienne reconnue, qui vient en France annuellement
nous faire bénéficier bénévolement de son
talent: Genoveva Preda. Les associations,
comités de jumelages, communes, de
France, Belgique et Suisse, peuvent l'inviter à leur tour fin 2006, toujours accompagnée par un musicien de Lorraine également bénévole… Elles ne le regretteront
pas et, quand la tournée est conséquente,
nous pouvons auto-financer un projet
avec l'excédent des recettes.
Alors, si vous voulez en savoir plus, participer, contribuer, écrivez-nous, soit par
lettre à Gradinitsa-RLM 11, rue des
Ducs, 55000 Bar-le-Duc, soit à [email protected] par courriel. Vous
pouvez aussi nous signaler une autre association qui voudrait coopérer, et comme
"l'Union fait la Force" cela aiderait les
deux. Ou une ville qui voudrait mieux connaître l'expérience
pour en réaliser une semblable ".
Lydia Bloch
(présidente de Gradinitsa )
* En Roumanie, on ne disait pas "orphelinat", mais "maison d'enfants" ou "pouponnière" suivant l'âge. Et de fait, il y
avait très peu de vrais orphelins. C'était la solution proposée
par Ceaucescu pour "aider" les familles pauvres et leurs
enfants. Avec des arrière-pensées, mais pas par humanité.
Avec les dégats que cela a causé à jamais du fait de l'abandon,
de l'absence d'identité.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Echanges
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Après avoir prévenu
Gradinitsa, aux sources de financement
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Des moments heureux
pour les enfants
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Depuis le Tsunami, les dons pour aider
En attendant que la situation se
rétablisse, Gradinitsa a décidé que
son action de solidarité devait continuer et évoluer.
Lydia Bloch la précise:
"Une nouvelle action socio-éducative très appréciée a vu le jour cet été :
un (petit) Centre de Loisirs pour trente
enfants de 7 à 14 ans, à SighetuMarmatiei, afin de diversifier notre
soutien aux enfants, et en même
temps encourager des jeunes à s'y
impliquer, car leur éducation citoyenne prépare l'avenir.
Précédemment cinq jeunes, déjà
connus pour leur participation à des
actions de protection de la nature
(avec nous et nos partenaires)
avaient pris part à un stage francoroumain de formation d'animateurs de
vacances à Hunedoara. Ils ont encadré le centre de loisirs, avec notre
aide et celle d'un groupe de scouts
d'Amiens, venu présenter des jeux
traditionnels picards et un spectacle
de marionnettes à la fête finale.
Ce furent des moments heureux
pour les enfants, certains venaient
une heure avant… Le maire a trouvé
l'idée excellente, a promis son aide.
Finalement celle-ci a consisté en
quelques rames de papier (très
utiles). Il faut dire que la ville a participé à l'aide aux régions roumaines
touchées par de terribles inondations,
et de ce fait n'a pas pu nous offrir
plus. Mais l'idée fait son chemin.
Les responsables de l'association
partenaire se sont impliqués aussi; en
la découvrant, une amie a dit "c'est
l'action la plus formidable, il faut continuer". Si nous y arrivons, nous voudrions que cela devienne, peu à peu,
une action roumaine".
G
radinitsa mène des actions de solidarité en Roumanie depuis plus de dix
ans, Plus particulièrement dans le Maramures, notamment pour prévenir
l'abandon des enfants. Cette association du nord Est de la France, de taille
modeste, a fait preuve d'une efficacité sur le terrain reconnue et saluée par l'ensemble
des acteurs de l'aide à l'enfance. Elle a développé son action progressivement, en fonction des personnes qui la rejoignaient et devenaient "parrain ou marraine" d'un enfant
ou du programme, ou qui envoyaient des dons.
Ainsi, grâce à cette
prévention soutenue par
la générosité des donateurs, des centaines de
familles
roumaines,
plongées dans une détresse inextricable, ont pu
faire front, garder leurs
enfants dans leur foyer et
peuvent imaginer aujourd'hui un avenir plus souriant. Mais, depuis le tsunami de début 2005,
comme la grande majorité
des associations qui n'ont
pas été directement concernées, Gradinitsa ne reçoit quasiment plus de dons et la
situation est devenue catastrophique, comme en témoigne ci-dessous sa présidente,
Lydia Bloch.
Des médias assoiffés de spectaculaire
"Pourquoi cette situation? Selon moi, et bien d'autres, l'appel à l'aide pour l'Asie
a été surmédiatisé, car spectaculaire.
La plupart des journalistes s'intéressent peu à la solidarité au quotidien, menée
avec persévérance par des centaines d'associations agissant dans le monde, car cela
n'émeut pas assez le lecteur. Pourtant, en Afrique, on a calculé qu'un enfant meurt de
faim toutes les 3 secondes ! Pas d'émission !
"Pour la Roumanie, ah ! Parlez-nous des orphelinats, des mouroirs surtout "…
Passer des photos d'enfants déformés par le manque de soins, ça oui ! C'est accrocheur,
les lecteurs en redemandent, paraît-il. C'est au point que, même quand nous expliquons clairement aux journalistes comme aux personnes, que nous avons choisi de
prévenir l'abandon plutôt que d'aider dans les orphelinats, beaucoup de gens, d'associations même, lisent "orphelins", dès lors qu'il s'agit d'enfants roumains.
En Roumanie la situation évolue, l'abandon a reculé. La plupart des enfants reçus
précédemment dans l'institution, ce qui est appelé en France "orphelinat"*, ont été
replacés: parfois dans leur famille d'origine, le plus souvent en famille d'accueil ou en
maison familiale, toutes solutions bénéfiques. Les nouveaux candidats sont presque
toujours dirigés vers des "Centres de jour" où ils sont nourris et éduqués; ils reviennent en famille le soir.
Une action de prévention réussie à 100 %
Mais que la situation de ces enfants s'améliore peu à peu, que des mesures diverses
interviennent positivement, il semble que cela ne soit plus intéressant pour les médias.
Quant à ceux qui ne sont pas "orphelins", leur situation n'intéresse guère, et pourtant!
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Politique
Actualité
Douze kilomètres d'archives de l'ex Securitate
concernant 1,5 millions de Roumains déclassifiées
Le coup de bluff du SRI
L
es Roumains auront bientôt accès à l'essentiel des
archives de la Securitate, après le transfert de douze
kilomètres de dossiers à un organisme chargé d'étudier ces documents, le CNSAS, mais ce "cadeau" pourrait bien
se révéler empoisonné.
En signant le décret de la loi 187, en 1999, portant création du CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives
de la Securitate), le président Emil Constantinescu apportait sa
deuxième "révolution" à la Roumanie. Enfin, les Roumains,
sans exclusive, allaient pouvoir prendre connaissance des dossiers que la police politique avaient constitué contre eux tout
au long du régime communiste, pour les condamner, les manipuler, les faire taire et les encadrer, mais aussi découvrir les
noms des délateurs et des enquêteurs.
Il était temps. Le CNSAS n'a eu d'existence réelle que
courant 2000, alors que le mandat d'Emil Constantinescu
s'achevait et que les "post-communistes" de Ion Iliescu, qui
avaient saboté jusque ici toute tentative de faire réellement la
lumière sur ce sombre passé, revenaient quelques mois plus
tard au pouvoir.
L'application de la
loi de 1999 a eu un effet
parasitaire: pour pouvoir
se présenter aux élections ou postuler à une
fonction dans la haute
administration, le candidat doit apporter la preuve qu'il n'a pas été un
informateur
de
la
Securitate, recevant un
Andrei Plesu certificat du CNSAS,
mais encombrant les services de celui-ci. Cette mesure n'a d'ailleurs produit aucun
effet: pas une seule personnalité de premier plan ou dignitaire
du régime ayant été démasquée… Tous étant innocents comme
l'agneau qui vient de naître.
Une obstruction encouragée par Ion Iliescu
Les héritiers de l'ancien régime s'opposant à voir lever le
voile sur cette période, le nouvel organisme a eu beaucoup de
mal à fonctionner, d'autant plus qu'il était composé de représentants des partis démocratiques et de la société civile tout
juste naissante qui ne leur inspiraient pas particulièrement
confiance: l'écrivain dissident Mircea Dinescu, l'ancien
ministre de la Culture et des Affaires étrangères, Andrei Plesu,
où l'actuel et nouveau directeur de l'Institut Culturel Roumain,
Horia Roman Patapievici…
Le SRI (Service Roumain d'Information), qui a pris le
relais de la Securitate, tout en en gardant un certain nombre
d'habitudes et une grande partie du personnel, s'est alors
employé à bloquer le processus, collaborant à reculons par sa
mauvaise volonté, attitude encouragée de fait par le Président
Iliescu afin de paralyser l'activité du CNSAS.
Ainsi le SRI n'a délivré qu'au compte goutte une partie des
30 km de dossiers qu'elle conservait dans ses archives. Il a
gardé la main haute sur son tri. Le demandeur doit, encore
aujourd'hui, adresser la requête de consultation de son dossier
auprès du CNSAS qui se retourne vers le SRI, lequel procède
à une analyse et enquête… pour savoir "si la demande menace l'intérêt et la sécurité
nationale".
De cette façon, les
Roumains doivent patienter des mois, voire un ou
deux ans, avant d'avoir
accès à leur dossier qui, de
plus, leur est remis de
façon incomplète. En raison de ces réticences, seulement 10 à 20 000 personnes ont pu jusqu'ici les
consulter, alors qu'on estime à 1,5 millions les
Roumains qui avaient été
Radu Timofte
surveillés par la Securitate.
Autant chercher une aiguille
dans une botte de foin
L'élection de Traian Basescu a toutefois amené le SRI et
son inamovible chef, Radu Timofte, à se montrer plus coopératif. Au moins en théorie. Ainsi a-t-il été décidé, en janvier
dernier, que 12 des 18 km d'archives secrètes encore
conservées au sein de ses services, soit 60 millions de pages,
seraient transférées au CNSAS, dans les entrepôts de ce dernier, qui se trouvent à Popesti-Leordeni, au sud-est de
Bucarest. Les six kilomètres restant qui, selon le SRI, ont trait
à la sécurité nationale, devraient être analysées, avant la fin de
l'année, par une commission conjointe "afin qu'une décision
soit prise quand à leur éventuelle classification". Il faut noter
que les services secrets évitent soigneusement d'évoquer le
nombre de dossiers, mais parlent en kilomètres.
Selon la journaliste Mihaela Rodina, de "Regard francoroumain", "Nombre d'historiens et d'analystes voient dans la
décision du SRI de rendre publics ces documents, après s'y être
opposés pendant quinze ans, un piège tendu au CNSAS, d'autant plus qu'il veut maintenir son monopole sur ces archives en
refusant de remettre les registres et les banques de données qui
permettraient au Conseil de se retrouver plus facilement".
"Retrouver le nom d'un agent de la Securitate reviendra à
chercher une aiguille dans une botte de foin" constate l'ancien
député Ticu Dumitrescu, initiateur de la loi de 1999 visant à
démaquer les membres et collaborateurs de l'ancienne police
politique.
(Lire la suite page 8)
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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Conserver un
pouvoir de chantage
(Suite de la page 7)
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Tourisme
"Le véritable successeur de la Securitate
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BAIA MARE
SATU MARE
Dinu Adam, rédacteur
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Pour l'écrivain Patapievici (notre
photo) "Le SRI s'est livré à un énorme bluff, imposant une nouvelle fois
son point de vue, en remettant les
dossiers sans les instruments indispensables pour pouvoir les utiliser.
Pour expliquer les retards pris par
l'ouverture des archives, il a mis une
nouvelle fois en avant la nécessité
de défendre la sûreté nationale, alors
qu'il s'agit plutôt du souhait de préserver le pouvoir émanant de la
détention de dossiers compromettants pour divers acteurs politiques".
En effet, depuis 1990, des documents révélant les liens entre responsables politiques, membres du
clergé ou intellectuels de marque et
la Securitate ont été utilisés comme
un instrument de chantage.
"Enfin", souligne Horia Roman
Patapievici, "Les Roumains attendent
toujours de connaître les noms des
agents de la police politique qui les
ont surveillés, mais le SRI s'attache
à révéler les noms des informateurs,
tandis qu'il protège ceux des officiers". "Un choix qui n'est pas surprenant, les services secrets roumains
continuant à utiliser environ un tiers
des officiers de la Securitate", selon
l'historien Marius Oprea, "tout en
assurant avoir purgé massivement
ses effectifs, après 1990".
P
roche de l'écrivain-dissident Mircea Dinescu, membre du CNSAS (Conseil
National d'Etude des Archives de la Securitate), Dinu Adam, rédacteur en
chef de la revue satirique "Plai cu Boi", est un des observateurs les plus au
fait des blocages que cet organisme rencontre et de la mauvaise volonté manifestée par
l'actuelle nomenklatura à vouloir faire la lumière sur cette époque. Il répond aux questions des "Nouvelles de Roumanie".
Les N de R: Pourquoi a-t-il fallu tant de
temps pour mettre en place le CNSAS?
Dinu Adam: Après la "Révolution" de
1989, le député Ticu Dumitrescu a essayé de
faire passer la loi créant le CNSAS, mais il
s'est heurté à de nombreuses résistances,
même à l’époque de l'ancien président
Constantinescu, et il a fallu attendre 2000
Le Président Basescu a “inauguré” la
pour la voir entrer en vigueur. Cela a été plus
réception des 12 km d’archives de
difficile en Roumanie que dans les autres l’ancienne Securitate, remises au CNSAS.
pays de l'Est, car ceux-ci ont connu des transitions douces, alors que nous, nous avons
eu une révolution qui a fait 1200 morts. Quant à l'ex-RDA, ce sont les services de
l'Allemagne de l'Ouest qui se sont chargés de faire le ménage.
"Que sont devenus les comptes à l'étranger de Ceausescu ?”
N.R. : Quels ont été les principaux obstacles dressés contre la "déconspiration"
de la Securitate?
D.A. : Pendant les dix ans qui ont précédé la naissance du CNSAS, beaucoup de
dossiers ont disparu, se sont volatilisés, d'autres ont été manipulés par ceux qui les
administrent.
En outre, on réduit les archives au seul SRI (Service Roumain d'Information, successeur de la Securitate), mais il en existe beaucoup d'autres aux ministères de
l'Intérieur, de la Défense, de la Justice, au SIE (Service d'Information Extérieure,
contre-espionnage), et ceux-ci n'ont jamais été transmis au CNSAS.
Il ne faut pas non plus oublier qu'en 1990, la Securitate a été, en quelque sorte,
absorbée par le ministère de la Défense qui a recruté ses meilleurs cadres, laissant les
autres au SRI. Depuis, le SRI fonctionne comme un paravent et un paratonnerre : tous
les regards, toutes les mises en cause convergent vers lui mais, en fait, il s'agit d'une
diversion… C'est le ministère de la Défense qui possède les vraies archives, qui garde
les secrets, continue à écouter, à surveiller.
N.R. : Qui a intérêt à ce que les secrets de l'ex-Securitate restent bien gardés ?
D.A. : Beaucoup de monde. Il s'agit de convergences d'intérêts pour ne pas être
découverts. Ainsi que sont devenus les comptes de Ceausescu à l'étranger ? Plusieurs
fonctionnaires de la Securitate en avaient les clés… On ne les a pas trouvées, mais en
1990-1991, des fortunes subites sont apparues"…
On n'a pas le droit de consulter le dossier du Patriarche Teoctist ou des prêtres qui
ont pourtant été souvent d'éminents collaborateurs de la Securitate dans les vingt dernières années du régime. Il ne faut donc pas pousser trop loin les investigations.
"Les membres du Parti communiste n'étaient pas fichés"
N.R : Beaucoup de Roumains étaient-ils fichés ?
D.A. : Nombre d'entre nous pensent qu'ils étaient fichés, mais ce n'était pas le cas.
On évoque le chiffre de 1 500 000 dossiers à la Securitate. Sous l'ancien régime, l'organisation de la société roumaine était spécifique. Ceausescu voulait fondre le parti
communiste dans la population, que tous les deux ne fassent qu'un.
Connaissance et découverte
Entre Transylvanie et Maramures
Gherla "l'Arménienne" vous attend
S
ituée dans le judet de Cluj, à 45 km de la capitale de
la Transylvanie, sur la route Cluj-Baia Mare E556
(N1C), Gherla n'est pas un village mais une ville
moyenne de 25 000 habitants. Cependant, sur la commune aux
deux tiers encore agricole, on trouve des villages typiques
dans les collines qui entourent la ville. Très active dans le
mouvement OVR, en dehors des circuits touristiques traditionnels et citée dans aucun guide, à notre connaissance, les
responsables de l'association, en 2001, ont demandé leur
entrée dans le réseau pour dynamiser le tourisme. C'est une
ville pleine de charme au passé riche à découvrir.
L'art de tisser les tapis orientaux
C'est à la fin du 17ème siècle qu'arrivent à Gherla plusieurs familles arméniennes très
riches. Sous leur impulsion, la ville
prospère, s'urbanise et c'est un architecte italien qui en trace les nouveaux
plans. Il en reste au centre des rues
bien droites bordées de petites maisons, de fleurs et d'arbres, ou encore
de quelques belles demeures, au style
particulier, appelé "baroque transylvanien". Les Arméniens amenèrent
aussi à Gherla l'art de tisser les tapis
orientaux qui rendit la ville célèbre.
Dans cette ville aux origines cosmopolites, vous pouvez
visiter beaucoup d'églises, dont 2 églises baroques arméniennes. A la grande cathédrale blanche au centre de la ville,
dans une chapelle à gauche du chœur, on peut admirer une
immense "descente de croix" attribuée à Rubens!
Demandez au responsable de vous raconter l'incroyable
histoire de ce tableau. Le musée d'histoire qui se trouve dans
une demeure datant de 1720, de style baroque transylvanien,
est remarquable par le portail et le fronton soutenu par 2 cariatides, malheureusement très usées par les ans. C'est dans la
maison de la culture accolée au musée que se trouve le bureau
d'information d'OVR.
A l'entrée de la ville, une petite station thermale "la
Baïtsa", connue depuis l'antiquité pour ses eaux sulfureuses
est fermée pour l'instant, les bâtiments attendant un coup de
jeune. A côté, la piscine municipale, lieu de rencontre de toute
la jeunesse. Au bord de la rivière Somes, au milieu de la ville,
un parc centenaire splendide.
Ça et là, au détour des allées qui ont les noms des villes
européennes qui parrainent Gherla, apparaissent des sculptures
contemporaines, une gloriette, des bancs. En été, c'est là que se
retrouvent à l'ombre des grands arbres, les amoureux.
Une verrerie, des mines de sel
et le pèlerinage de Nicula à ne pas manquer
Il faut voir absolument, la verrerie. Travaillant encore de
façon quasi artisanale, les souffleurs de verre, graveurs(euses)
et décoratrices sont impressionnants par leur dextérité et leur
talent. Se renseigner auprès d'Ovidiu Todea pour la visiter, seul
c'est impossible.
- A 10 minutes de voiture à l'extérieur de la ville sur une
colline boisée, se trouve le monastère de Nicula. Centre très
ancien de retraite pour les fidèles et les moines, ici existe
depuis le 17ème siècle une école de peinture d'icônes sur
verre. Le musée en contient une belle collection, mais la plus
célèbre se trouve dans la grande église: l'icône de la Vierge Marie. En
1699, cette icône se mit à pleurer
durant 26 jours annonçant des temps
de malheur... Depuis, chaque année
250 000 pèlerins affluent au
monastère, le 15 d'août. C'est à la
suite de ce miracle que l'école
d'icônes sur verre fut créée.
- A 20 km au Nord, Ocna Dej,
renferme les plus importantes mines
de sel d'Europe, capables d'assurer l'approvisionnement de
l'Europe, durant 2 siècles! Il faut parcourir en camion ou à
pied, les kilomètres des galeries de la mine. Perdus dans ces
cathédrales de sel, des sensation fortes, des images et des
décors sublimes, dont la chapelle creusée dans le sel, vous submergent. Depuis Gherla, on organise les visites par groupes de
15 à 20 personnes. Si vous êtes moins, essayez quand même.
- Ne pas oublier la ville de Cluj-Napoca, qui possède de
nombreux monuments et lieux à découvrir.
Ville de paradoxes et de contrastes
Avec une équipe dynamique bien organisée, situé sur un
grand axe proche de Cluj et trait d'union entre le Sud de la
Transylvanie et le Maramures, Gherla est un atout pour le tourisme. Ville de paradoxes et contrastes, elle abrite aussi des
banlieues aux stigmates communistes, une prison très dure, à
la sinistre réputation, mais aussi un centre à l'architecture harmonieuse. Grisaille ou beauté… Son charme désuet n'empêche
par ses habitants de se tourner résolument vers l'avenir qu'ils
croient fermement européen.
Martine et Jean Bovon-Dumoulin
Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica
Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs.
Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse.
Joindre un chèque de 20 € (port compris) à son ordre.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Tourisme
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Le "charme"
des hôtels communistes…
ou la fin d'un univers
E
n 1990, contraints car ils ne pouvaient faire autrement, les étrangers ont
découvert le "charme" des hôtels communistes, dont le confort était inversement proportionnel aux prix. Mais les nostalgiques de l'ancien régime ou
les curieux d'un univers qu'ils n'ont pas connu doivent se presser s'ils veulent en avoir
un aperçu… dans trois à cinq ans, il est fort à parier que plus un seul n'existera.
Certains, comme à Craiova sont en rénovation, d'autres, ne bénéficiant d'aucun investissement, méritent simplement d'être rasés.
Pour vivre cette expérience, rien de mieux que de descendre au "Napoca" de Cluj
(photo ci-contre), situé à proximité du centre-ville, avec l'avantage d'avoir un parking
sûr. Edifice massif, sans âme, il présente déjà de l'extérieur toutes les caractéristiques
de l'époque. On s'en fait une idée plus précise à l'intérieur. Dans les grandes et hautes
salles d'où descendent de pesants lustres, on peut imaginer les réunions qu'y tenaient
les cadres du Parti, les banquets de la nomenklatura. Au restaurant, la piste de danse
est désespérément vide. Un personnel pléthorique, âgé, attend le rare client. Il se
montre courtois et serviable, ce qui est déjà un progrès par rapport à 1990. A voir son
désœuvrement, l'ennui qu'on lit sur les visages mais aussi l'inquiétude de l’avenir, on
a le sentiment d'un monde qui disparaît.
Ascenseur qui menace de s'arrêter, rideaux qui se déglinguent
44
Retrouver un univers en voie
de disparition à l’Hôtel Napoca deCluj
mérite bien de tenter une expérience
L'envol
des charters
de vacances
Les professionnels du tourisme
ont noté que le nombre de passagers
charters roumains a doublé en 2005
par rapport à l'année précédente, les
principales destinations étant la
Turquie, la Grèce et la Bulgarie. Le
nombre de vols hebdomadaires est
passé de 34 à 55, les avions étant en
permanence pratiquement pleins,
partant désormais également de Cluj
et Timisoara. De nouvelles destinations sont aussi apparues.
Ce mouvement très net accompagne la tendance des Roumains à
partir de plus en plus souvent à l'étranger, la qualité des prestations et
services touristiques dans leur pays
les laissant sur leur faim, les prix leur
paraissant par ailleurs trop élevés.
Ainsi les vacances à l'étranger sont
de moins en moins considérées
comme un luxe alors que la fréquentation du littoral roumain de la Mer
Noire a baissé de 10 % cet été.
Dans l'immense hall, un personnage énorme, adipeux, s'épongeant le front, suit du
regard les clients, enfoncé dans un fauteuil, ou faisant les cent pas. Difficile de ne pas
penser qu'il avait à voir avec la Securitate. Mais ce ne doit pas être pas la seule corde
à son arc… le soir, il propose de la "compagnie" aux célibataires. L'ascenseur est
essoufflé. Quand, soudain, on se rend compte qu'il ne dispose pas d'une sonnette
d'alarme, on prend peur de le voir rendre l'âme entre deux étages. Dans le long couloir menant à la chambre, c'est le noir absolu. Pas moyen de trouver l'interrupteur, qui
d'ailleurs n'existe pas. Il faut se guider à la lueur des étoiles entrevues par une fenêtre.
Trouver la serrure demande deux bonnes minutes, et ouvrir ou fermer la porte autant.
D'ailleurs, à quoi bon ? Un simple coup d'épaule suffirait à faire sauter le verrou.
Heureusement, la chambre est correctement éclairée. Ce n'est plus la peine,
comme au temps de Ceausescu, de demander son ampoule à la réception, en n'omettant pas de la rendre avec la clé, le lendemain. Des tentures tiennent lieu de persiennes… mais dès qu'on les tire, elles se décrochent et il faut grimper sur le bureau
pour les réinstaller. En hiver, le chauffage faiblit la nuit, il fait froid et la couverture
de secours dans l'armoire ne suffit pas à se réchauffer. Votre manteau y supplée. Le
ménage n'est fait qu'une fois sur deux, et en cinq jours, les draps ne sont pas changés.
Deux chambres pour le prix d'une
Pas de cabine à la douche, ni de rideau…mais l'espoir est permis : quatre trous ont
été percés pour installer des tringles. Bien sûr, on prie pour que l'eau reste chaude jusqu'à la fin du rinçage ! La chasse d'eau, elle, est capricieuse, et se bloque régulièrement. Il faut prévenir la réception qui envoie un agent d'entretien dans la journée. Mais
quand cela arrive un samedi… il est absent pour le week-end.
Qu'à cela ne tienne: on vous donne une autre chambre, juste en face dans le couloir, où la salle de bain est un peu plus en état de marche. Alors, on se partage : dormir dans l'une, la toilette et le reste dans l'autre… en veillant à ne pas être surpris à
traverser le couloir en petite tenue ! Pas de risques… Il n'y a personne d'autre à l'étage. Voilà comment on découvre les avantages de l'ère communiste et post-communiste : deux chambres pour le prix d'une. On n'y avait pas attendu Afflelou ! Mais ce n'est
pas donné tout de même: 30 € la nuit pour une personne… Mais quelle expérience !
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
en chef de "Plai cu boi"
ce n'est pas le SRI, mais le ministère de la Défense"
Ainsi, les Roumains étaient-ils encadrés tout au long de
leur vie, ce qui ne nécessitait pas un fichage obligatoire:
membres des "Aiglons de la Patrie", dès la maternelle, puis
des "Pionniers", des "Jeunesses communistes", des organisations de femmes, des syndicats… même l'église n'échappait
pas à ce contrôle. Enfin, tout Roumain se devait d'adhérer à
des organisations mammouths qui regroupaient tout le monde
pour donner ce sentiment d'unanimité, comme le Front de
l'Unité Socialiste, devenu plus tard FDUC (Front de la
Démocratie et de l'Unité Socialiste). Ce sont elles qui présentaient les candidats aux élections et non le Parti Communiste
Roumain.
Quant aux membres du PCR, ils avaient le privilège de ne
pas paraître dans les dossiers de la securitate. Ils étaient censés
collaborer avec elle, devenir informateurs "par acte de foi" ; ils
ont été ainsi le plus souvent protégés, leurs noms apparaissant
sous forme de code quand il est mentionné. Difficile dans ces
conditions de les identifier. Beaucoup de gens qui ont collaboré ne sont pas fichés.
"La déclassification:
noyer le système pour gagner du temps"
N.R.: Le CNSAS a-t-il les moyens de faire son travail ?
D.A.: On ne lui a pas donné
beaucoup d'argent, ce qui est
une forme efficace d'entrave car
il doit faire avec peu de moyens.
Ainsi, la salle où on peut
consulter son dossier ne comporte qu'une quinzaine de
places, alors que des centaines
de milliers de demandes ont été
déposées. Jusqu'ici, environ 20
Mircea Dinescu 000 personnes y ont eu accès,
soit 5 à 6000 par an… mais
pour découvrir souvent que leurs dossiers sont étrangement
bien vides. Les gens se découragent car il faut des mois, voire
des années pour obtenir satisfaction.
D'ailleurs, un signe ne trompe pas: le siège du CNSAS a
été simplement loué. Mais celui-ci a aussi sa part de responsabilité, car il s'est concentré sur le côté formel de son fonctionnement et non sur le fond. Il manque de perspective : il ne
s'agit pas de travailler uniquement pour l'Histoire, mais aussi
I
l manque 8000 cadres à la police
roumaine qui, selon les instances
de Bruxelles, devrait aussi recruter 7000 agents - notamment au niveau de
la police routière où leur nombre est
insuffisant pour contrôler les 5 300 000
de véhicules qui circulent à travers le
d'apporter une dynamique, afin d'éviter le retour des faits que
l'on a connus ou de nouveaux dérapages.
Ceci dit, il n'est pas facile d'y voir clair entre informateurs,
duplicité, responsabilité des enquêteurs, et de faire la part des
choses, tout le monde étant impliqué.
N.R.: Que penser de la décision du SRI de déclassifier
douze nouveaux kilomètres de documents ?
D.A.: Déjà le CNSAS est submergé, faute de moyens; il
s'agit donc d'une manœuvre
habile, visant à noyer le
système, car, pour arriver au
bout des archives précédentes, il faudrait déjà dix
ans. C'est un moyen de
gagner du temps et de tirer
un trait sur ce passé.
N.R.: Les pratiques de
la Securitate existent-elles
toujours?
Ticu Dumitrescu
D.A.: Il faudrait avoir
une bonne dose de naïveté pour croire qu'elles ne continuent
pas. Il y a toujours les mêmes intérêts et privilèges à défendre.
Les méthodes se sont adaptées, modernisées, diversifiées, sont
devenues plus professionnelles, plus cadrées.
Le SRI et les autres doivent aussi compter avec la société
civile et la presse. C'est cette dernière qui a découvert que le
président de la commission parlementaire chargé de surveiller
le CNSAS, sous Iliescu et Nastase, était un ancien agent de la
Securitate de Brasov, où il s'était montré impitoyable.
"L'Etat doit assurer réparation
pour le préjudice qu'il a causé"
N.R.: L'Etat a-t-il vraiment la volonté de faire en sorte que
les Roumains connaissent un jour leur propre vérité ?
D.A.: S'il le veut, il doit en donner les moyens pour faire
marcher le système. Il faut aussi respecter les citoyens.
Consulter son dossier au CNSAS n'est pas à la portée de tout
le monde. Il faut venir à Bucarest, y séjourner au moins une
semaine, payer les photocopies qui sont très chères… et parfois il faut en faire tirer plus d'une centaine. L'Etat devrait
assurer gratuitement le voyage, l'hébergement, prendre en
charge l'indisponibilité professionnelle, les frais. Après tout,
c'est à lui d'assurer réparation pour le préjudice qu'il a causé.
Effectif insuffisant dans la police
pays - 4000 policiers des frontières et
18 000 gendarmes, d'ici l'adhésion à l'UE
prévue au 1er janvier 2007. La pénurie se
révèle particulièrement flagrante à
Bucarest où on compte seulement un
policier pour 700 habitants.
Le gouvernement espérait pouvoir
embaucher 3500 cadres avant la fin 2005,
réduisant ainsi de 43 % le déficit des
postes vacants. Un concours a été organisé par la police roumaine pour recruter
des cadres, mais les questions posées ont
été jugées inadéquates, mal formulées,
ambiguës, voire erronées.
9
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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Un citoyen ordinaire
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Surveillance serrée
10
En lisant son dossier, Cosmin a compris
des livres à la
Cosmin a trouvé dans son dossier,
quatre pages de mesures ultra-confidentielles à prendre à son encontre,
diligentées par un lieutenant-colonel :
- ”Mise sous ITC (Interception des
communications téléphoniques)
pour,au préalable, définir le cercle
des relations de "l'objectif"
- Identifier et sélectionner parmi
ses collègues de travail et son cercle
de relations, en vue de le recruter, un
informateur ayant la confiance de
"l'objectif"
- recruter une personne qui visite
son domicile pour réaliser une étude
complète de son logement
- Installer des moyens techniques
complexes à son domicile (micros
dans les cloisons)
- Prise en évidence (surveillance et
recherche) des citoyens français
nommés dans les écoutes pour savoir
s'ils cherchent à venir en Roumanie
ou s'ils y sont déjà venus et dans
quel but…
- Mesures à prendre à leur
encontre: hébergement dans des
chambres d'hôtels équipés de micros,
filage individuel, interception des discussions dans les lieux publics
- Puisque "l'objectif" est un visiteur
habituel de la Bibliothèque française
de Bucarest, par le biais des
"sources" que nous y avons (quatre
employées roumaines nommées avec
des faux prénoms), dépendant du
capitaine X (pas nommé) qui les surveillent, prendre des mesures pour
savoir si "l'objectif" prend des
contacts avec des diplomates français
et si ceux-ci manifestent de l'intérêt à
son égard, en apportant par exemple
des consignes ou des informations
par le biais de la valise diplomatique."
C
osmin a attendu dix huit mois avant de pouvoir consulter son dossier au
CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives de la Securitate). Il
en avait fait la demande par écrit au printemps 2002 et n'avait reçu une
réponse qu'à l'automne 2003. Une convocation lui notifiait que son dossier faisait 480
pages, précisant qu'il pouvait venir le consulter autant de fois que cela lui convenait,
à condition de prendre rendez-vous.
Au jour dit, ce natif de Ploiesti, qui avait la chance de pouvoir être hébergé chez
des amis à Bucarest, se rendit au 2 strada Dragoslaveli, tout près de la place Victoria
et de l'immeuble du gouvernement pour découvrir un bloc moderne de 5-6 étages,
peint à l'extérieur dans un brun foncé mettant déjà en condition, "tant" s'indigne-t-il
"cela rappelle ce régime de m… qu'on a connu".
Ce technicien supérieur de l'industrie pétrolière s'est assis dans la petite salle
réservée à la consultation des archives, qui ne peut accueillir qu'une dizaine de personnes à la fois, chacune étant installée face à un surveillant chargé de veiller à ce
qu'on ne dérobe pas de documents ou à ce qu'on ne les transforme pas.
"Quoi, c'est mon ami qui m'a envoyé en prison !"
Cosmin se plongea alors dans les quatre volumes (environ 500 pages) le concernant, qu'il devait laisser sur place mais pouvant en photocopier le contenu, en payant.
Très vite, il s'est rendu compte qu'environ 350 pages comportaient uniquement le
compte-rendu de conversations téléphoniques ou des extraits de courriers interceptés,
tous écrits à la main. Seulement une cinquantaine se révélèrent vraiment intéressantes,
celles des mesures, des rapports ou des témoignages portés sur son compte.
Finalement, le technicien ne découvrit rien d'extraordinaire… pour la bonne raison qu'il n'y avait rien à découvrir, mais ce retour en arrière fut très éprouvant, tout en
étant édifiant sur les méthodes de l'ancien régime. Bien sûr, y figuraient quelques
contre-vérités et des informations totalement inventées, mais elles étaient largement
équilibrées par les témoignages des amis, voisins, parents qui ne disaient rien de mal.
Toutefois Cosmin ressentit un sentiment de malaise… Ces proches ne l'avaient
pas averti qu'il était soumis à une enquête. Il comprit cependant leur attitude de prudence: tout le monde à l'époque avait peur et on ne s'ouvrait pas si facilement aux
autres. Mais, malgré lui, la lecture de ces pages avait instillé un doute sur la force de
leur amitié.
Pourtant, le Ploiestean se consola en découvrant l'ampleur de la détresse de plusieurs de ses compagnons d'infortune qui compulsaient aussi leurs dossiers. Certains
étaient en état de choc, avaient le visage ravagé, devenaient rouges de colère, se mettaient à trembler ou s'effondraient en pleurs en découvrant l'ampleur de trahisons qui
les avaient conduits pour des années dans les geôles communistes et à la confiscation
de leurs biens : "Quoi, c'est mon ami qui a dit çà ! C'est lui qui m'a envoyé en prison?". Quelques uns étaient définitivement abattus en voyant le nom de leur conjoint
figurer parmi les informateurs de la Securitate. D'autres se révoltaient, criant : "ça ne
va pas rester comme ça; je vais appeler mon avocat ".
La part d'amateurisme de la Securitate
Cosmin fut surtout surpris par la part d'amateurisme des enquêteurs chargés de le
surveiller et de "l'a peu près" des rapports d'une institution terrifiante, crainte par ses
moyens et méthodes, connue et reconnue pour être surinformée. Ainsi, le plan de son
appartement se révèle faux; on le déclare "présumé membre du Parti Communiste"…
sans aller vérifier, alors qu'on est sous Ceausescu. Un peu plus loin, il est noté "il
paraît qu'il n'a pas d'enfants" ( !). On devine que les enquêteurs devaient faire du remplissage pour montrer qu'ils étaient actifs et justifier leurs salaires… ce qui laisse à
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
et Comarnic a débouché sur une initiative pleine de promesses
d'edelweiss": l'invitation à randonner en Roumanie
Les jeunes de Comarnic ont balisé d'autres sentiers, créant
un itinéraire à la journée. Une dizaine d'hébergements chez
l'habitant se sont mis en place. Tout à fait corrects, ils ont été
testés et réservent un accueil incomparable, les hôtes ayant le
sentiment de se trouver en famille. Un potentiel touristique
local se fait ainsi jour, des jeunes ayant également vocation à
devenir guides de randonnée et de
courses en montagne.
Comarnic, de par sa situation,
présente un avantage considérable, à
quelques kilomètres de Sinaia,
Prédeal, Busteni, stations réputées
dans une des vallées les plus appréciées du pays. D'autres associations
de Savigny (cyclotouristes, randonneurs) ne s'y sont pas trompées,
organisant des séjours en Roumanie,
alternant promenades, visites,
découverte de la population sous la
conduite spontanée d'organisateurs
locaux. "Pas à Pas" et "Mugur de
Colt" ne manquent pas de projets : création de nouveaux itinéraires, maillages entre eux afin de démultiplier les possibilités
de randonnées dans le secteur, édition d'un guide, formation.
La Fédération Française de Randonnée
prête à donner un coup de pouce
Certains projets se situent à un échelon dépassant les deux
communes. La Roumanie est, à l'évidence, un paradis pour les
randonneurs. Encore faut-il le mettre en valeur. Des initiatives
menées par d'autres associations existent qu'il faudrait fédérer,
faire connaître. Il reste à sensibiliser les autorités roumaines à
l'intérêt de cette démarche et du développement du tourisme
vert, ce qui nécessite la création d'un ministère du tourisme
roumain à part entière, la levée du
secret militaire sur la cartographie
au 1/25 000ème, l'étude d'un réseau
national d'itinéraire équestre, cyclo
et pédestre (commun ou séparé),
accompagné d'un réseau d'hébergement approprié et financièrement
accessible aux Roumains.
La Fédération Française de
Randonnée Pédestre se montre
attentive aux perspectives qui existent dans ce pays et a chargé sa
commission internationale de s'y
pencher, se montrant prête à aider
les initiatives qui seraient prises par
et pour les Roumains, aussi bien au niveau de l'élaboration des
circuits que sur le plan administratif, associatif et de la formation. Le suivi du dossier a été confié à une jeune Roumaine,
étudiante en doctorat à Lille, Mariana Cristache.
A Savigny le Temple, où les amis de la Roumanie sont
nombreux, on se montre particulièrement heureux de promouvoir une image bien différente de ce pays, invitant à partir à sa
découverte.
Ovidiu Gheorghe, "patron" des vins roumains:
"Nos restaurants donnent trop une mauvaise image du pays"
D
irecteur du patronat de l'industrie vinicole roumaine,
Ovidiu Gheorghe n'est pas
tendre pour la restauration de son pays,
ainsi qu'il l'a confié dans une interview au
supplément du quotidien "Ziua" ("Le
Jour"), "Connaisseur", consacré à la
table et aux vins.
"Dans trop de restaurants de chez
nous, le service et la présentation n'ont
rien à voir avec les standards pratiqués
ailleurs. Le client doit faire avec des
nappes tâchées, des serveurs peu
aimables et rancuniers si on ne leur donne
pas de pourboire; les cuisiniers manquent
d'inspiration, les plats de variété, nos vins
sont trop souvent médiocres, voire pire,
les conditions hygiéniques laissent beaucoup à désirer.
Tout cela donne un aspect déplorable
et une mauvaise image de la Roumanie
aux étrangers qui y viennent car, le plus
souvent, leur premier contact avec le pays
c'est le restaurant. Que peuvent-ils penser
quand ils se retrouvent confrontés à des
garçons, en uniforme sale, à la mine renfrognée et qu'ils découvrent l'état repoussant des toilettes ?
Malheureusement, si nos restaurants
sont dans un état aussi pitoyable, c'est la
conséquence de la dégradation du secteur. Les restaurateurs ne semblent pas ou ne veulent pas - être impliqués. Ils ont
conservé leurs vieux concepts de chefs de
cantine et ne sont intéressés qu'à compter
leurs bakchichs le soir. Leur manque de
formation, ainsi que celui de leur personnel, est flagrant dans tous les domaines :
cuisine, présentation, marketing… On ne
fait pas attention au client et les mots
qualité et exigence n'existent pas. C'est le
cas aussi pour nos vins. Les producteurs
préfèrent privilégier la quantité à la qualité et, dans les restaurants, les serveurs
n'y connaissent rien".
Ovidiu Gheorghe rêve d'une gastronomie à caractère national, mettant en
valeur l'image de la Roumanie et de ses
traditions. Il note que des restaurants se
sont déjà mis à la tâche, toutefois pas
assez nombreux à son goût, et que le
client peut désormais s'y rendre en toute
confiance.
Mais il y a encore énormément de
chemin à faire. Voici deux ans, le président Iliescu était revenu ulcéré des toilettes d'un restaurant où il déjeunait, s'exclamant "Comment voulez-vous qu'on
rentre dans l'Europe, quand on a des ch…
aussi dég… !".
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Tourisme
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"Pas à Pas" et "Bouton
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BUCAREST
Le jumelage entre Savigny le Temple
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Hôtels
du littoral à vendre
La société THR Marea Neagra
qui détient 41 hôtels sur le littoral de
la mer Noire a décidé d'en mettre en
vente dix afin de pouvoir payer les
frais de rénovation des autres. Par
ailleurs, une quinzaine d'autres
hôtels sont aussi proposés à la
vente, leurs propriétaires n'ayant pas
les ressources nécessaires pour
assurer leur modernisation.
42
Complexe touristique
de 100 M€
à Poiana Brasov
Des investisseurs étrangers ont
acquis un terrain de 25 hectares à
Poiana Brasov pour y entreprendre,
dès cette année et d'ici quatre à cinq
ans, la construction en quatre
tranches d'un immense complexe
touristique de luxe, d'un coût de 100
M€. Celui-ci comprendra un hôtel
cinq étoiles, quinze villas de 265 à
380 m2 sur des terrains de 1300 à
2900 m2, vendues entre 780 000 et
1 200 000 €, 600 appartements de
60 à 275 m2, mis en vente entre 120
000 et 620 000 €.
C
ommune de Seine et Marne, proche de Meulun, Savigny Le Temple a pour
compagne de jumelage, depuis 1993, Comarnic, ville de 14 000 habitants,
nichée entre 600 et 800 mètres, à l'entrée de la vallée de Prahova, à deux
heures au nord de Bucarest, sur les premières pentes des Carpates. Tout naturellement,
l'association de randonneurs
de Savigny, "Pas à Pas", présidée par Albert Echilley, a
favorisé l'éclosion d'un club de
randonnée locale, poussé par
un de ses membres, Jean-Luc
Maréchal, amoureux de la
Roumanie où il avait effectué
une vingtaine de séjours. C'est
au cours d'un de ses voyages
que "Pas à Pas" apprenait que
des jeunes de Comarnic voulait fonder un club de randonnée. "Mugur de Colt" ("Bouton d'edelweiss") est ainsi né en janvier 2003, regroupant rapidement 35 membres, la plupart âgés de 16 à 25 ans, lycéens ou étudiants.
"C'est parti comme un défi"
Les problème financiers apparaissaient dès la création, le coût des formalités s'élevant à 350 €, une somme conséquente dans un pays où le salaire moyen est de
140 €. "Une donation faite au comité de jumelage a été affectée pour aider le club"
précise Albert Echilley qui souligne que "Mugur de Colt" est né de la volonté même
des jeunes: "ils avaient peu de moyens mais un grand sens de la solidarité. On devait
les aider et on a décidé de leur verser une subvention annuelle".
En matière de randonnée, la Roumanie est une terre de pionniers. Tout est à faire
ou presque. Mais comment est venue l'idée d'un club à Comarnic ? "Au lycée, on partait à plusieurs marcher dans la montagne, aux portes de la ville. On aimait çà" raconte Alina Gheuca, 24 ans, présidente de "Mugur de Colt". " Un jour, certains d'entre
nous se désolaient : on ne pourra jamais avoir un club… Et pourquoi pas, ai-je répondu. C'est parti comme un défi ! "
En août 2003, le bouton d'edelweiss à peine éclos, six randonneurs de "Pas à pas"
séjournèrent à Comarnic pour renforcer les liens avec les jeunes Roumains. Un camp
d'été était installé dans le village de Secaria, rassemblant 34 personnes, dont cinq
jeunes en difficulté de Comarnic.
"Ici, si tu veux passer par mon champ… pas de problème"
Travaux des champs, randonnées et balisage étaient au menu. Les Français logèrent chez l'habitant. Dans la ferme de Tante Cornelia, ni eau, ni électricité, couchage
dans le foin et les ours pour voisins. "On avait l'impression d'être retournés quarante
ans en arrière" se souvient Albert Echilley "Ma femme a manié la faux, on a dressé
des meules de foin". Deux baliseurs de "Pas à Pas" initièrent leurs amis roumains au
balisage à la française, avec du matériel neuf financé par l'association et la ville de
Savigny. Un sentier PR de 18 km était créé et cinq jeunes Roumains gagnèrent leurs
galons de baliseurs. Désormais les randonnées font la joie de tous. "Chez nous, on peut
facilement marcher dans la nature" explique Alina Gheuca, "l'instinct de propriété est
moins poussé qu'en France. Ici, si tu veux passer par mon champ, pas de problème…".
Deux autres voyages de randonneurs suivirent en août 2004 et 2005, attirant au
total une trentaine de Français et aboutissant à la signature d'un protocole d'amitié
entre les deux associations.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
qu'il était devenu suspect parce qu'il empruntait trop souvent
bibliothèque française de Bucarest
pris dans le délire de la Securitate
penser que le caractère balkanique de la région et son laisseraller a, peut-être, par nonchalance et incompétence, rendue la
Securitate moins impitoyable que la Guépéou ou le KGB.
Le dossier remis à Cosmin, révèle qu'il a été enquêté ("mis
sous surveillance informationnelle") à deux reprises, de 1970
à 1972, puis de 1984 à 1989. Rien, à priori, entre ces deux
époques, pourtant plus intéressantes, selon ses dires, pour la
police… ce qui lui laisse à penser qu'on ne lui a transmis que
la partie "présentable" de son dossier.
La première fois, de 1972 à 1974, lors de son stage dans
une entreprise ayant un rapport avec sa profession, il fut mis
sous surveillance parce qu'il parlait quatre langues et était
chargé de faire les traductions quand venaient des étrangers.
Selon la fameuse loi 23 de 1971, il était censé faire un rapport
à ses supérieurs, dont certains travaillaient pour la Securitate,
sur les conversations qu'il avait avec
eux, ce qu'il omettait de faire. Mais le
jeune homme eut l'imprudence de s'ouvrir dans un courrier à des camarades
incorporés dans une caserne militaire de
l'incompétence scientifique et gestionnaire de sa hiérarchie, leur demandant
s'il en était de même pour eux…
Un enquête fût déclenchée, mais
elle mit six mois à être achevée ! Les
jeunes appelés avaient déjà rejoint la vie
civile et le rapport se borna à conclure:
"cet individu est sans problème, on peut
classer son dossier".
l'Immigration and Naturalisation Service afin de déposer sa
demande d'asile politique.
Comin déclina l'offre… mais, presque vingt ans plus tard,
il a découvert dans son dossier qu'il s'agissait d'un provocateur
au service de la Securitate, lequel avait immédiatement téléphoné à ses employeurs pour leur indiquer qu'il s'apprêtait à
"déserter", et qui agissait à l'insu de leur hôte. Un rapport
indique: "Une source de nos organes aux USA, nous informe
que…". Pourquoi ce mensonge gratuit ? Le Ploiestean pense
que, tout simplement, cet informateur voulait faire du zèle
pour se faire bien voir de ses supérieurs.
Devenu "Objectif" des services secrets
parce qu’amateur de Balzac et Maupassant
Cet incident déclencha cependant
une suspicion généralisée à l'égard de
Cosmin, révélée dans la seconde partie
du dossier auquel il a eu accès, portant
sur la période entre 1984 et la
"Révolution" de 1989. A la suite d'une
accumulation de situations, basées sur
des mensonges ou de fausses interprétations dues au délire du régime, il fut
constamment suspecté de vouloir préparer son départ à l'Ouest.
Ainsi, très curieux d'esprit et désireux de co,ntinuer à communiquer en
français, le jeune technicien correspondait avec des universitaires et scientifiques étrangers, surtout français, dont il
Tentative de piège
Des dizaines de kilomètres de rapports, avait trouvé les adresses dans des revues
par un provocateur aux USA
d’écoutes téléphoniques, de dénonciations des
voisins, collègues, amis, voire parents, sont spécialisées.
dans ces rayons du CNSAS, à Bucarest...
S'il se fie aux documents présentés rangésmais
L'un de ses interlocuteurs, universiils ne sont pas facilement accessibles.
par le CNSAS, Cosmin n'a été l'objet
taire lyonnais, lui proposa de lui obtenir
d'aucune attention particulière de la Securitate de 1972 à 1984,
une bourse d'études en France. Le courrier fut intercepté et la
proposition en resta là. Mais, par ses contacts suivis avec des
ce dont il doute fortement car, pendant cette période, il fut
Occidentaux, Cosmin devenait un individu susceptible, aux
envoyé comme coopérant dans un pays africain francophone
yeux de la Securitate, de transmettre des secrets ou informade 1978 à 1983… or les Roumains partis à l'étranger étaient
tions à l'étranger.
particulièrement surveillés tant on redoutait qu'ils passent à
Le fait qu'il côtoie la Bibliothèque française, lors de ses
l'Ouest, et soumis à un chantage à la séparation des familles,
nombreux
passages à Bucarest, ne fit qu'aggraver les divagas'ils en manifestaient la moindre intention.
tions
de
la
police
politique qui décida de monter une opération
A la fin de son contrat de travail en Afrique, Cosmin avait
décidé de revenir au pays, ce qui ne fut le cas que de deux des
contre lui. Un rapport indiquant qu'il fréquentait "une institudix coopérants techniques partis en mission en même temps
tion de culture patronnée par l'ambassade de France" précoque lui. Il profita cependant de son séjour sur le sol africain
nisa "un traitement informationnel de "l'objectif" afin de prépour se rendre en vacances pendant un mois aux USA et au
venir la fuite de renseignements secrets vers l'étranger".
Canada, sans en demander la permission aux autorités rouLes mesure prises alors à son encontre (lire par ailleurs)
maines.
l'avaient été seulement parce que "l'objectif" allait emprunter
Là, à New York, chez un ami roumain de confiance, il renun roman de Balzac ou de Maupassant chaque deux ou trois
contra un compatriote qui l'incita pendant tout une soirée à
semaines… Elles ne furent d'ailleurs pas toutes appliquées et
émigrer, vantant la vie en Amérique et dénigrant la Roumanie,
évidemment ne donnèrent aucun résultat. Heureusement, la
pour lui proposer de l'emmener le lendemain matin à
"Révolution" a mis un terme à ce cauchemar.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Economie
BOTOSANI
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Metro déménage
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Le groupe allemand de distribution
en gros Metro a fermé et mis en
vente son magasin d'Otopeni, près
de l'aéroport international, qui a été
la première grande surface ouverte
en Roumanie, en 1996, pour s'installer plus près du centre de Bucarest, à
Baneasa, toujours dans la banlieue
de la capitale. A cette occasion,
Metro espère économiser 12 des 30
M que lui coûte ce déménagement.
Le groupe possède le plus grand
réseau de distribution de Roumanie,
réalisant un chiffre d'affaires dépassant le milliard d'euros.
65 litres de bière
par an et habitant
Pour 22 millions d'habitants, la
consommation de bière en Roumanie
en 2004 a été de 65 litres/an et par
habitant (en France, 35 litres). Ce
marché de 14,6 millions d'hectolitres
est en progression constante
(+5%comparé à 2003). Les importations sont très faibles, de l'ordre de
60000 hl soit 0,5%de la production.
Les droits d'importation sont encore
très élevés à savoir 5 euros pour une
caisse de 24 bouteilles. En outre, les
frais de transport pour la bière sont
importants.
Les principaux fabricants locaux
en terme de parts de marché sont
Heineken (25%),SA BMiller (20%) et
Interbrew (15%). Les principales
marques sont Ursus (10%),
Bergenbier (7%), Burger (6%),
Tuborg (3%), Becks (2%), Stella
Artois (1%). Le marché des "premiums " est de 1 million d'hl avec
toutefois des standards de qualité
inférieurs aux mêmes marques
européennes.
L'économie roumaine sous
la menace de la surchauffe
D
ans sa lettre mensuelle, Philippe Boin, responsable de l'antenne économique française à Bucarest s'inquiète d'un dérapage de l'économie roumaine. Cette année 2005 aura été marquée au plan économique par deux
caractéristiques majeures qui n'ont fait que s'amplifier au fil des mois et qui traduisent
un décalage croissant entre la sphère privée et la sphère publique de l'économie, écritil. L'activité économique est de plus en plus en surchauffe dés lors que c'est la consommation (+11,7%), qui constitue le premier moteur de la croissance (mais pas le seul,
l'investissement progressant de 7,5%), et dés lors que la détérioration des comptes
extérieurs s'amplifie avec un déficit courant prévisible entre 8 et 9% du PIB (7,6% en
2004).
Ce dynamisme est essentiellement le fait du secteur privé dans un pays marqué
par une forte sous fiscalisation, une économie non enregistrée importante, un flux
consistant de remises d'expatriés (3 milliards d'euros en 2005), une envolée du crédit
et des pressions à la hausse des salaires… en clair, beaucoup plus d 'argent dans l 'économie que ne le disent les statistiques officielles d'un PIB de 75/78 milliards d'euros.
Dans le même temps, la sphère publique traduit une divergence croissante par rapport aux exigences européennes, tant en ce qui concerne le montant des dépenses
publiques (ramené aujourd'hui aux alentours de 28/29% du PIB contre30/31% en
2002 et contre 35% en Bulgarie),que leur structure, les dépenses d 'investissement
étant sacrifiées au profit des dépenses courantes.
L'extrême difficulté qu'ont les Autorités pour faire rentrer les impôts, les conduit
à réduire la voilure des dépenses d'investissement, contrariant ainsi les efforts de préparation à l'adhésion. Comment expliquer autrement que le projet de budget pour l'éducation en 2006 ait été ramené à 3,8% du PIB (taux le plus bas depuis 1990). Ce n
'est en réalité que sous la pression de la rue (grèves) que le gouvernement a accepté de
porter ce budget à 5% du PIB, en décidant de financer l'augmentation au moyen d'une
partie des recettes de privatisation !" conclut l'économiste.
Rupture avec le FMI
L
e Fonds Monétaire International a décidé de mettre un
terme en juin 2006 à son
accord avec la Roumanie, signé en septembre 2004, et qui permettait à celle-ci
d'emprunter des fonds en cas de besoin.
Le FMI désapprouve la politique économique de Bucarest qu'elle juge à court
terme et menaçant les équilibres financiers du pays. Il estime que la Roumanie
se trouve dans une période de surchauffe,
la demande des biens et services dépassant de loin l'offre, ce qui conduit à avoir
recours aux importations et à creuser le
déficit commercial, entraînant une pres-
sion inflationniste qui, avec la revalorisation du leu, lui fait perdre des parts de
compétitivité. La croissance des salaires
(à quatre reprises en 2005 pour une
moyenne cumulée de 50 %) lui apparaît
également démesurée.
En outre, le FMI ne croit pas aux prévisions budgétaires du gouvernement qui
table sur un déficit de seulement 0,5 % du
PIB en 2006 et sur une baisse des
dépenses du même niveau.
Le gouvernement n'a pas pris au tragique cette rupture qui satisfait également syndicats et patronat, lesquels s'estiment débarrassés d'un carcan.
Carrefour ouvre un quatrième magasin à Bucarest
I
nstallé dans la zone nord de la Capitale, le centre commercial Feeria, qui
ouvrira au printemps, sera le plus grand d'Europe du Sud-Est avec une superficie de 36 000 m2. Carrefour y installe son 4ème magasin dans la capitale,
sur un terrain de 15 000 m2 pour une surface de vente de 8400 m2, la galerie commerciale attenante occupant 17 300 m2. Feeria disposera de 1600 places de parking.
Son coût est de 40 M€ et le centre commercial permettra la création de 1200 emplois.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Un "ennemi de classe"
Je ne discutais toujours pas, ou très peu, politique avec
Petre que je continuais de rencontrer régulièrement. D'une
part, son souci scientifique d'éclairer sous tous les angles possibles le moindre fait historique afin de lui donner toute sa
dimension et restituer l'esprit d'une époque était, pour moi, un
modèle de recherche de l'exactitude et, à défaut de la vérité,
d'une vérité possible.
D'autre part, j'étais de plus en plus à l'écoute et intéressé
par ce que Tamara, sa femme sculpteure, et lui me racontaient
de leur vie en Roumanie avant que Petre ne décide, en 1970,
de rester à Athènes où il avait enfin été autorisé à venir à un
colloque.
Leurs témoignages (cf mon livre, pp. 261-266) et d'autres
m'aidaient, sans doute sans que j'en aie une claire conscience,
à donner un visage humain à ce qui n'avait été, pour moi jusqu'alors, que des signes caractéristiques abstraits tels qu'
"ennemi de classe", "anticommuniste", "bourgeois", etc. Je ne
remettais certes pas ma foi communiste en cause mais je comprenais, et acceptais qu'étant donné ce qu'ils avaient vécu, ils
pouvaient se dire anticommunistes.
Du coup, cela m'obligeait à m'interroger sur mon comportement passé de communiste face a d'autres "ennemis de classe", "bourgeois", "anticommunistes"... A m'interroger, aussi,
sur ce que j'aurais fait si je m'étais trouvé dans la Roumanie
Sciences
des années de la prise du pouvoir et après.
J'étais loin, quand j'étais communiste, de partager certaines des valeurs et opinions de Petre Nasturel. Il en est toujours de même maintenant que je ne le suis plus, comme en
témoigne le "Point de vue" sur mon travail qu'il a écrit pour
mon livre cité.
“Il est trop facile aujourd’hui
de se raconter des histoires”
Dans son témoignage sur sa vie en Roumanie, Petre, qui
n'a jamais été communiste, raconte comment, un jour, il a faibli sous le harcèlement de la Securitate, qui voulait faire de lui
un informateur, et son ressaisissement immédiat.
Tous les anciens communistes, de conviction ou non, en
Roumanie et ailleurs, devraient méditer cet exemple d'honnêteté foncière peu commune de nos jours. Il est (trop) facile,
aujourd'hui que le cauchemar a pris fin, de (se) raconter des
histoires, de se construire un passé de résistant de l'intérieur du
parti et d'en faire un fonds de commerce pour célébrer sa
propre gloire.
J'ai le sentiment intense de vivre, avec Tamara et Petre
Nasturel, quelque chose de très rare: nous respectons nos différences bien marquées et de cette tolérance réciproque, de ce
respect, est née une amitié profonde et durable".
Michel Dion
Victor Babes (1854-1926), fondateur de la microbiologie moderne 41
et inventeur de “La Méthode roumaine de traitement antirabique”
La Roumanie avait aussi son Joseph Pasteur
U
n des plus célèbres savants
roumains est, sans aucun
doute, le médecin Victor
Babes, fondateur de la microbiologie
moderne. Né le 28 juillet 1854 à Vienne,
dans une famille originaire de l'ouest de
la Roumanie, Victor Babes a étudié la
médecine à Budapest et à Vienne. Après
une période passée à Budapest comme
assistant, puis professeur universitaire à
la Faculté de Médecine, l'Université de
Bucarest lui offre un poste équivalent et il
arrive dans la capitale roumaine à une
époque d'effervescence culturelle et
scientifique, une période où on posait les
bases des principales institutions médicales roumaines.
Entre 1887 et 1926, le savant travaillera comme professeur d'anatomie
pathologique et bactériologie, à la
Faculté de Médecine de Bucarest. Dès
1887, il fonde l'Institut de Pathologie et
Bactériologie de Bucarest qui porte
aujourd'hui son nom et pose les bases des
publications "Les annales de l'Institut
de pathologie et bactériologie" (1889)
et "La Roumanie médicale" (1893).
Son principal domaine de recherche
était la microbiologie.
Ainsi, Victor Babes s'est révélé être
l'auteur du premier traité de bactériologie
au monde, "Les bactéries et leur rôle
dans l'anatomie et l'histologie pathogène des maladies infectieuses", en 1885,
en collaboration avec le savant français
A. V. Cornil, traité récompensé par le prix
Montyon.
Vivant à une époque où l'humanité ne
connaissait pas encore les antibiotiques,
Victor Babes étudie les possibilités de
guérison des principales maladies qui faisaient des ravages à l'époque: la rage, la
lèpre, la diphtérie, la tuberculose. Il fonde
ainsi, en 1888, à Bucarest, le deuxième
Centre de vaccination antirabique au
monde, après celui de Louis Pasteur
(1822-1895) à Paris, et, la même année,
invente une méthode originale d'immunisation antirabique, universellement
connue comme "La Méthode roumaine
de traitement antirabique".
En reconnaissance de son apport au
développement de la science médicale,
Victor Babes a été élu membre de
l'Académie Roumaine, de l'Académie de
Médecine de Paris, du Comité
International contre la lèpre et la France
lui a conféré le titre de chevalier de la
Légion d'Honneur.
Mihaela Ionitsa
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
z
z
BAIA
MARE
ORADEA
z
ARAD
z
CLUJ
z
SIBIU
z
z
PITESTI
z
z
z
SINAIA
CRAIOVA
z
IASI
P. NEAMT
z BACAU
BRASOV
TIMISOARA
z
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
FOCSANI
z
BRAILA
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Notes
1 -Essai sur le fanatisme
contemporain. Des Hommes nouveaux de Roumanie aux combattants d'Allah, Paris, L'Harmattan,
2002, 442 p., pp. 337-341.
2 - Membre du Comité politique
exécutif du P. C. R. et recteur de l'
Académie Stefan Gheorghiu, il sera
limogé à la fin de l'année 1981, officiellement parce que ses enfants
avaient demandé à émigrer en Israël
ou aux Etats-Unis.
40
3 - Ces recensements ont eu lieu,
par la suite, dans tous les départements. Les données recueillies,
contrôlées et corrigées par Ies
Eglises ont été utilisées, après la
chute du régime, pour la réalisation
d'un atlas des croyances religieuses
(C. Cuciuc, Atlasul religiilor si al
monumentelor istorice religioase
din Romania, Bucuresti, Editura
Gnosis, 1996).
4 - A chacune de mes missions je
rencontrais ainsi Henri H. Stahl et
plusieurs amis de Bucarest dont un
avait été condamné à mort en 1956
pour sa lutte ouverte contre le régime, et libéré en 1964. J'appris, après
décembre 1989, qu'il afficha les opinions politiques de sa jeunesse en
faveur des Légionnaires.
5 - Le CNRS donna un avis favorable mais je ne reçus aucune réponse de Roumanie. Je revins en 1990
et, avec l'aide de mes ami(e)s,
notamment la famille de Ligia
Ghergut, sociologue a Bucarest et
l'ethnologue Ion Cherchiu, à Focsani,
je pus, enfin, faire la recherche que
j'avais rêvée en 1981.
Connaissance et découverte
(Suite de la page 39). Mais c'est l'historien que je voulais rencontrer car j'avais
besoin, pour remplir mes missions, de leur donner un certain sens scientifique que,
compte-tenu du tour pris par mes "enquêtes" de terrain, je trouvais seulement dans
l'histoire. De prime abord, nous ne parlâmes pas politique. J' exposai la nature de ma
recherche et, sans doute, quelques-unes de mes difficultés. Son aide, immédiate et
généreuse, fut incomparable. La sérénité de nos rapports m'incita bientôt à lui faire
part de mes convictions politiques et cela n'altéra en rien le climat de confiance qui
s'était installé entre nous.
Peu de temps avant
mon départ en mission,
vers la mi-octobre 1987, il
me demanda, en y mettant
beaucoup de formes, si
j'accepterais d'emporter
quelques numéros de la
revue Historia que l'un de
ses amis historiens de
Bucarest ne pouvait se
procurer, la revue étant
proscrite.
Michel Dion a connu la Roumanie
des congrès communistes et des élections arrangées.
Ayant déjà servi de
"passeur" de journaux ou de magazines interdits en Roumanie dans le passé, j'acceptai très volontiers. Petre me fit les recommandations d'usage pour prévenir son ami à
mon arrivée à Bucarest. Depuis mon équipée philosophico-mystique, amoureuse et
nocturne, de 1978, j'avais appris la leçon et savais prendre des précautions pour
déjouer (ou du moins le tenter) la surveillance de la Securitate (4).
Tout se passa bien. Mais je garde un souvenir très précis de cette remise de documents "clandestins", Historia en l'occurrence, revue subversive en Roumanie communiste ! Elle eut lieu subrepticement dans les vestiaires, en sous-sol alors, de la
bibliothèque de l'Académie. Cet homme que je ne connaissais pas, plus âgé que moi,
effacé mais d'allure respectable dont j'appris, par la suite, qu'il était un historien roumain des plus réputés, avait peur. Quarante ans après la prise du pouvoir par le parti,
je venais de rencontrer un "ennemi de classe" et de me faire son "complice".
Le début des questions
Cela me hanta et joua un rôle non
négligeable dans mon évolution ultérieure. D'autant plus qu'après mon retour
en France j'appris que le dimanche 15
novembre 1987, jour d'élections, une
émeute d'ouvriers avait eu lieu à Brasov.
Ce jour-là, j'étais encore a Bucarest mais
je n'en n'avais rien su. Des amis
“Un fossé séparait ce qui était dit
dans les fêtes protocolaires et la réalité. m'avaient emmené dans le bureau de
vote de leur circonscription électorale,
décoré et enguirlandé pour la circonstance. Ils avaient a "choisir" un député entre plusieurs candidats. "Tous désignés par le parti" ironisaient-ils.
Je n'osais pas encore le penser alors mais le faux air de fête triste et guindée du
bureau de vote se mariait assez bien, finalement, avec ce que mes amis appelaient
"leur honte" de participer à une "farce aussi sinistre que tragique"... J'étais ébranlé,
certes, mais je gardais la foi et je refis une demande de mission en 1989 (5). Un fossé
séparait ce qui m'était dit dans les rencontres protocolaires, que je voulais malgré tout
croire, et ce que j'entendais chez mes amis, voyais, ressentais dans la rue, au hasard de
mes longues errances solitaires dans cette ville de Bucarest que j'avais appris à aimer.
Tout cela m'apparaissait, en son sens littéral, parfaitement surréel.
D'un côté, j'avais le sentiment aigu de ne comprendre rien a rien de ce que j'entendais, voyais et, de l'autre, je me disais: "mais non, ça ne peut pas s'effondrer !".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Economie
Actualité
Ikea joue le "gagnant-gagnant" en Roumanie
L
sites, Ikea travaille pour l 'approvisionnement de ses magasins
e producteur de mobilier Swedwood Romania déteavec une quarantaine de fournisseurs roumains de meubles,
nu par le groupe suédois Ikea va investir 35 M€
d'articles de décoration intérieure ou ornements pour un voludans la construction d'une nouvelle usine de panme d 'affaires de plus de 80 M€. Parmi eux, on compte les
neaux pour mobilier dans le département de Suceava. Sa capadeux principaux fournisseurs de céramique du groupe dans
cité de production est estimée à 40.000 m ²de panneaux/an et
cette région: IPEC à Alba Iulia et
elle comptera 350 employés.
CESIRO à Sighisoara. Avec plus
Ikea détient déjà une usine de
de 16.000 m² de surface de promeubles à Siret, dans le même
duction, 375 employés, un CA de 5
département, qui produit du mobiM€ en 2003 et 7 M€ en 2004,
lier de panneaux, toute la producIPEC, spécialisée dans la production étant exportée dans le monde
tion en série d'articles de ménage a
entier. La construction de cette preune capacité de production de 20
mière usine a été finalisée en 1999
millions de pièces/an, soit 1% de la
avec un investissement d'environ
production mondiale.
12 M€.
CESIRO de Sighisoara, fabriSwedwood Roumanie a clôcant
d'objets céramiques prévoit
turé 2004 avec un chiffre d'affaires
Le suédois Ikea détient le producteur mobilier
“Swedwood Siret” dans le judet de Suceava un CA de 18 M€ pour 2005 (+4%
d'environ 15,6 M€ (+25% par rapet va investir 35 millions d’euros dans une nouvelle usine.
par rapport à l'année passée). Sa
port à 2003). Elle fait partie du
production, exportée à 95%, porte sur plus de 15.000 tonnes et
groupe industriel Swedwood International, créé en 1991, qui
3.500 modèles en 100 couleurs. Il emploie 1.600 employés et
produit des meubles pour Ikea et emploie plus de 9.500 salaa investi plus de 15 M€.
riés, détient 33 unités de production (meubles, panneaux et
La stratégie en Roumanie de Ikea est de mettre l'accent sur
scieries) dans 11 pays. La valeur cumulée de la production
le développement des capacités de production existantes
dépasse 500 M€ dont 2,2% sont assurés par l'usine de Siret.
auprès des producteurs locaux dans le cadre d'accords
Pour le géant suédois du meuble en kits, la Roumanie est
13
"gagnant gagnant".
un lieu privilégié pour la production : en plus de ses propres
L'industrie du meuble pénalisée par la hausse du leu
A
près avoir été un secteur dynamique de l'économie roumaine,
avec une croissance constante et forte d'année en année, l'industrie du bois connaît dernièrement plus d'aléas conjoncturels. Les chiffres montrent une fluctuation assez grande d'une année à
l'autre, avec des évolutions en dents de scie, parfois spectaculaires : + 8,5%
en 2001, + 16,6% en 2002, + 7,3% en 2003, + 18% en 2004, soit une croissance moyenne depuis 2001 de 10-12%. En 2005, il semble que l'appréciation du leu par rapport à l'euro (14% depuis septembre 2004) ait pénalisé les entreprises exportatrices. Les exportations absorbent plus de 75 %
de la production. A cela s'ajoute la hausse des prix de l'énergie et du bois.
L'industrie du meuble pourrait donc ainsi devenir moins compétitive
à l'export que par le passé et tend à se tourner vers le marché domestique. De grandes compagnies roumaines de meuble comme
Mobexpert et Elvila sont déjà bien positionnées sur celui-ci. Les principaux marchés extérieurs pour le meuble roumain à forte
valeur ajoutée continuent d'être les pays de l'Union Européenne, avec en tête la France (meubles pour chambre et salon pour plus
de 185 M€), suivie de près par l'Allemagne (172,6 M€) et l'Italie (126,9 M€).
300 000 Logan fabriquées à Pitesti, en 2007
D
epuis
la production du
modèle Logan, en septembre
2004, les ventes des automobiles Dacia - Groupe Renault ont
concerné 154.000 unités jusqu'à fin
novembre 2005. 50.000 voitures ont fait
l'objet d'exportation. Le Groupe RenaultNissan compte fabriquer, d'ici 2007,
environ 700.000 modèles Dacia Logan au
niveau mondial, dont 300.000 unités en
Roumanie. A cet effet, 200 M€ seront
investis pour accroître la capacité de production.Le constructeur automobile table
sur 1 million d'unités, d'ici 2010.
Par ailleurs, Renault et Nissan ont
déposé une lettre d'intention pour l'achat
de l'usine Daewoo Craova. L'enjeu de
cette reprise serait la production de voitures Nissan dans l'usine citée. A la mi2005, le groupe japonais et Renault ont
décidé d'investir 215 M€ dans la réalisation d'une usine basée à Pitesti, où seront
fabriquées des boîtes de vitesse pour les
marques Nissan, Renault et Samsung.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Economie
ARAD
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z
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ORADEA
CLUJ
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IASI
TARGU
MURES
z
ALBA IULIA
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TIMISOARA
Les PME génèrent
SUCEAVA
BAIA
MARE
z
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HUNEDOARA
z
z
z
VASLUI
z
SF. GHEORGHE
SIBIU
z
z
GALATI
BRASOV BUZAU z
PLOIESTI
CRAIOVA
z
„
BUCAREST
z
SULINA
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Boom depuis 2001
14
Leur développement est un signe
La multiplication des micro-entreprises (de très loin les plus nombreuses) s'est accélérée à partir de
2001 (+12%/an) à la faveur d'une fiscalité avantageuse (1,5% du chiffre
d'affaire même si ce dernier va passer prochainement à 3%). Les microentreprises (1 à 10 salariés)
employaient en 2003, 26% des
2.134.000 salariés travaillant pour
l'ensemble des PME, les petites
PME et les PME de grande taille,
32% et 42% respectivement.
Les grandes entreprises, aux
effectifs généralement pléthoriques
(hérités de la période communiste),
sont plutôt amenées dans leur processus de restructuration (phase
"post privatisation") à licencier, malgré, pour certaines d'entre elles, les
engagements pris en matière de
reconversion des effectifs.
Dans les pays en transition, la
corrélation entre croissance économique et floraison des Pme a été
clairement établie dans une récente
étude de la Banque Mondiale. A
quelques rares exceptions, les PME
peinent à s'organiser et à se faire
entendre auprès des chambres de
commerce et d'industrie du pays et
de la plupart des organisations et
fédérations professionnelles existantes (Conseil national des PME,
CNIPMMR en particulier), sous forte
influence des seules grandes entreprises.
Il existe bien, depuis 2002, une
Agence nationale pour les PME
(ANIMMC) destinée à encourager la
création d'entreprises et à les
défendre, qui dispose de plusieurs
agences régionales, mais ses
actions sont encore insuffisantes.
D
ans "La lettre de Roumanie", publication de la mission économique de
l'ambassade de France à Bucarest, Antoine Avila analyse l'importance du
poids des PME (Petites et moyennes entreprises) dans ce pays. “Le
nombre de PME privées en Roumanie qui ne dépassait pas le millier au début des
années 90, avoisinait en 2003 (derniers chiffres disponibles) environ 350.000 (plus de
2.000.000 en France), à comparer aux 3600 grandes entreprises privées que compte
désormais le pays (entreprises de
plus de 250 salariés), sachant par
ailleurs qu'il reste encore de nombreuses
grandes
entreprises
publiques.
Ces PME qui représentent
quantitativement 90% du tissu
entrepreunarial roumain, se répartissent ainsi: 8.300 grandes PME,
35.000 petites Pme et 310.000
micro-entreprises, auxquelles il
convient d'ajouter 14.000 Pme
publiques. Les PME, filiales de
Le poids économique des PME représenterait
sociétés étrangères sont incluses
désormais 40% de celui du secteur privé.
dans ces statistiques. On estime
cependant que des dizaines de milliers de PME sont actuellement inactives même si
leur enregistrement subsiste auprès du registre du commerce.
Parfois à la limite de l'économie "grise"
Le véritable développement des PME, d'initiative purement roumaine, s'est produit notamment au cours des cinq dernières années. Leur taux de croissance a été
supérieur (8%/an) à celui du Pib (5% sur la période considérée). La transition de l'économie planifiée vers une économie fonctionnelle de marché avec son lot de restructurations, de privatisations des entreprises d'Etat et de mesures de libéralisation des
marchés, renforcée par le processus d'adhésion du pays à l'UE et la profonde métamorphose qui en a découlé y ont fortement contribué. Les PME génèrent aujourd'hui
25% de l'emploi total et 39% de l'emploi du secteur privé.
Les PME évoluent principalement dans les secteurs des services (commerce, tourisme, hôtellerie, restauration), dans les industries du textile, de la mécanique, de
l'emballage, du bois, du bâtiment et de la réhabilitation (ce dernier secteur étant sans
doute l'un des plus porteurs de l'économie "grise", à la limite du travail au noir) et plus
récemment dans l'électronique (assemblage de composants) dans le cadre notamment
d'investissements allemands, italiens et turques.
On estime qu'à terme, le secteur agroalimentaire (toujours tributaire d'une filière
agricole en quête de totale et urgente réorganisation) et dominé, pour l'heure et pour
l'essentiel par quelques grandes entreprises (étrangères surtout) devrait aussi leur
offrir de nouvelles et réelles opportunités.
40 % du poids du secteur privé
Le poids économique des PME représenterait 40% de celui du secteur privé. Elles
seraient à l'origine de 26% des exportations du pays: 4 milliards d'euros en 2004 dont
la moitié de produits textiles et de confection. Avec des importations légèrement inférieures à ces montants, les PME (dont un grand nombre se consacrent aux activités de
sous-traitance et de ''Lohn'' (dans le secteur textile) pour des donneurs d'ordre étrangers, dégagent, à la différence des grandes entreprises, un léger excédent dans la
balance commerciale.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
marxiste, envoyé par le Parti communiste français,
et remet peu à peu en cause ses convictions
douloureux voyage au bout de l'honnêteté
En fait, c'était une espèce de recensement politico-policier, par échantillonnage dans des entreprises et établissements
scolaires du département, sur les croyances religieuses "non
conformes" des gens : Baptistes, Pentecotistes, Adventistes,
Témoins de Jéhovah, etc. Nul n'était dupe mais tout le monde
"jouait le jeu" (3).
Pour moi, c'était l'occasion de me familiariser avec la vie
en province et une bonne préparation, pensais-je alors, pour
mes futures enquêtes. C'est à Bucarest, à mon retour de cette
équipée pseudo-sociologique, que j'appris l'élection de
François Mitterrand à la présidence de la République française et la formation d'un gouvernement de gauche comprenant
quatre ministres communistes. Je filai alors à la Maison de
l'Alliance française et y demandai le journal du Parti communiste français, L'Humanité. Je fis un scandale quand il me fut
répondu que la Maison ne recevait pas ce journal.
un département différent chaque fois mais toujours accompagné du même universitaire qui me confia, après décembre
1989, avoir été dans l'obligation de faire des rapports sur moi
à la Securitate. Je lui répondis que, l'ayant vite deviné, je m'étais toujours abstenu de faire état, devant lui, de commentaires
politiques qui auraient pu le mettre dans l'embarras, ni de mes
relations personnelles "hors cadre" nouées au fil des ans, car
nous étions devenus de bons amis. Il ajouta alors que, parfois,
n'ayant rien à dire de particulier sur mon compte, il lui arrivait
d'inventer.
Tentative de manipulation
A mon retour en France, j'étais soumis à deux pressions
opposées. Le parti français aurait voulu que je dénonce la
"caricature" du socialisme en Roumanie, dénaturé par le culte
du couple Ceausescu. Je ne l'ai jamais fait car ce socialisme ne
Un "reportage" de courte durée
me paraissait pas différent, en son essence, de ceux que je
connaissais, soit directement
Ayant, après son limogeage,
(Bulgarie, Cuba, Hongrie), soit
perdu mon "protecteur", mes
indirectement par mes lectures.
missions suivantes furent tout
Les "conseillers" de l'amsauf des missions de recherche.
bassade roumaine à Paris
En 1983 ou 1985, aucun proauraient voulu, quant à eux,
gramme ne m'ayant été proposé
faire de moi l'un de leurs agents
à mon arrivée - "on ne comprend
d'influence. Ils y sont parfois
pas, me fut-il dit a l' Académie,
parvenus. Lors d'un colloque de
ce que vous venez faire" - je
l'UNESCO de la fin des années
m'en suis organisé un: match de
quatre-vingts par exemple ou,
l'équipe nationale de football
devant un aréopage universitaicontre une équipe nationale
re international, j'ai fait l'éloge
étrangère un jour, incursion dans
de la politique religieuse du
les "bas-fonds ouvriers" de
Parti communiste roumain qui,
Calea Grivitei le lendemain, où
quand il avait pris le pouvoir,
je pris des photos de la vie de la
L’historien d’origine roumaine n'avait pas fermé les églises,
Petre Nasturel (à gauche) et son ami Michel Dion.
contrairement a ce qui s'était
rue et des bistrots. . . Les plus
passé
dans
la
plupart
des
autres
pays du "camp" socialiste. . .
hardis, amusés pour certains, me regardaient en croisant les
Mais
en
règle
générale,
mes
rares
articles de l'époque sur tel
mains, poings fermés sur le ventre, comme s'ils étaient
ou
tel
aspect
du
socialisme
roumain
étaient plus "mesurés",
menottés.
c'est-à-dire
plus
hypocrites:
me
réfugiant
derrière "l'objectiMon "reportage" fut de courte durée ! Un homme en civil,
comme surgi de la rue dans mon dos, m'ordonna de le suivre
vité" du sociologue, je commentais les textes du parti roumain
dans une arrière-boutique proche. Là, il m'interrogea et me
et mettais en forme les propos "officiels" recueillis lors de mes
demanda de lui remettre mon appareil photo. Devant mon
"entretiens" sur "le terrain". . .
refus aussi catégorique que véhément: "je suis chercheur au
CNRS en mission et, en tant que membre du Parti communisDéjouer la surveillance de la Securitate…
te français, ami de la Roumanie", il passa un bref coup de fil
pour remettre des exemplaires d'Historia
et m'emmena au poste de police le plus proche.
Ayant donné le nom du successeur de Rautu à Stefan
C'est dans ce contexte brièvement évoqué qu'en 1987 j'ai
Gheorghiu, que tout cela fit beaucoup rire quand il me reçut le
demandé un rendez-vous à Petre Nasturel, qui était réfugié à
lendemain, je fus "relâché" au bout d'une heure ou deux et pus
Paris depuis les années 70. Un universitaire français, chef
repartir avec mon appareil photo.
communiste qui connaissait quelques-uns de ses travaux,
Pour occuper mon temps, je fus alors "promené" d'une
m'avait mis en garde: "c'est un anticommuniste virulent"...
(Lire pages suivantes)
entreprise à l'autre, d'une coopérative agricole à l'autre, dans
39
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Destins
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Michel Dion raconte son
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“Testament roumain”
... ou l’histoire d’une
démarche originale
38
A la fin des années 70, un sociologue
découvre la Roumanie de Ceausescu
Le sociologue Michel Dion, ancien
chercheur au CNRS et aujourd'hui en
retraite, a eu une relation particulière
avec la Roumanie. Membre du Parti
communiste français, il avait été
envoyé à Bucarest par son Centre de
Recherche Marxiste pour participer à
un colloque, en 1978, et obtenu d'aller y mener une enquête au début
des années 80, dans le cadre de son
travail.
On aurait pu penser que le parti
"frère" roumain ouvrirait largement
ses portes à ce compagnon de
route… mais ce fut loin d'être le cas.
Au cours de ces séjours successifs,
Michel Dion découvrira peu à peu la
réalité de la Roumanie de Ceausescu
et du communisme, ce qui l'amènera
à rompre avec ce dernier. Un parcours difficile et douloureux de remise
en question qui conduira également le
sociologue à une très belle rencontre
avec un historien roumain, Petre
Nasturel, réfugié politique à Paris, aux
antipodes, à priori, de ses convictions.
Les chemins de l’amitié
C'est l'histoire de cette démarche
originale et passionnante, empreinte
d'une profonde honnêteté intellectuelle et aboutissant à une amitié
sincère entre les deux hommes, malgré leur sensibilité qui les sépare
parfois, que nous conte le sociologue qui, selon ses propres dires,
nous livre ici son "testament roumain", car il est passé depuis à
d'autres sujets d'intérêt et d'études.
Q
uand j'ai fait connaissance avec Petre Nasturel, a Paris en 1987, j'étais
encore, ainsi qu'il le raconte lui-même dans mon livre (1), un membre du
Parti communiste français. Sociologue au CNRS, j'étais allé en mission
d'un mois en Roumanie en 1981, 1983, 1985 et j'y retournais une nouvelle fois cette
année-la.
Mon objectif initial avait été d'effectuer une recherche de terrain sur les croyances
religieuses des gens et les rapports du Parti communiste, de l'Etat et de l'Eglise orthodoxe. Comme l'avait prédit Paul H. Stahl, avec qui j'avais discuté de mon projet avant
mon départ, cela s'était avéré impossible car "on" (le Parti communiste roumain), ne
m'avait pas laissé m'installer seul dans une petite région, comme je le faisais en
France, pour y enquêter a ma guise. Mes missions s 'étaient donc réduites a des rencontres protocolaires, organisées et contrôlées par le parti, avec des responsables d'organisations diverses à Bucarest et en province.
En parallèle, malgré l'interdiction faite aux Roumains d'avoir des contacts avec
des étrangers, j'avais réussi à nouer quelques relations personnelles plus ou moins
clandestines et hors de tout cadre. J' avais aussi recentré ma recherche sur l'histoire
politique de l'Eglise orthodoxe roumaine et m'étais mis à fréquenter la bibliothèque de
l' Académie de la République Socialiste Roumaine, Académie Roumaine aujourd'hui.
C'est ainsi que j'ai été amené à rencontrer Petre Nasturel. Ignorant alors qu'il était
né en France d'un père roumain et d'une mère française, je venais consulter l'historien
du CNRS dont le nom m'avait été donné à Bucarest par Virgil Cândea et Alexandre
Dutu, que je rencontrais à chacune de mes missions.
Le coup de foudre
Mon premier contact avec la Roumanie avait eu lieu neuf ans plus tôt. A la fin de
l'automne 1978, le CERM (Centre de recherches marxistes) du Parti communiste
français, m'avait envoyé à Bucarest pour participer à un colloque organisé par l'
Académie Stefan Gheorgiu, centre de formation des cadres du parti, dirigé par Leonte
Rautu, l'idéologue d'alors du régime (2). Participaient à ce colloque des représentants
des partis communistes au pouvoir en Europe de l'Est, à Cuba, et des Partis communistes espagnol, français et italien.
Une Roumaine rencontrée au colloque y aidant, j'avais eu le coup de foudre pour
ce pays, ses bergers et leur "espace mioritique" imaginé par Lucian Blaga. Ma nouvelle amie m'en avait parlé avec feu dans la nuit froide étoilée du Cismigiu (le parc
central de Bucarest) ou, après avoir sauté d'un bus dans l'autre pour semer, m'avaitelle expliqué, nos éventuels "surveillants", nous avions fini par revenir. C'est alors que
je pris la décision de faire, un jour, une enquête sociologique en Roumanie.
Bouleversé et en plein désarroi politique après la rupture de l'union de la gauche
qui venait de se produire en France je découvrais, dans mon extase amoureuse platonique, un discours communiste mystico-nationaliste qui m'enchanta. L'enchantement
dura jusqu'aux fusillades de Timisoara, en décembre 1989. Pour moi, alors, le plus difficile était à venir : essayer d 'en comprendre les raisons et mon aveuglement. . .
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
plutôt encourageant pour l'avenir de l'économie roumaine
un quart des emplois du pays
Enfin, le rythme de création d'emplois par les PME roumaines (160.000 emplois créés en 2004) est plus élevé que
celui des grandes entreprises. Ainsi, le rôle joué en ce domaine alors que le chômage aura à l'avenir plutôt tendance à s'accroître (abstraction faite de l'absorption progressive de l'emploi illégal prévalant dans l'importante économie souterraine
du pays que le nouveau gouvernement espère bien favoriser),
apparaît comme essentiel, en Roumanie.
Un développement encore désordonné et fragile
Le développement des PME en Roumanie est donc un
signe plutôt encourageant pour l'avenir de l'économie. Pour
autant, il reste encore globalement désordonné et fragile en
E
l'absence d'une politique industrielle nationale et de politiques
sectorielles volontaristes et bien définies…mais surtout en
l'absence de vraie représentativité syndicale professionnelle et
de réel soutien public, malgré quelques récentes initiatives
gouvernementales en leur faveur.
Enfin, les PME roumaines se heurtent également comme
dans bien d'autres pays, aux difficultés de financement de leur
croissance, malgré l'existence de soutiens financiers divers, les
banques restant prudentes.
Le président Basescu pourrait avoir compris l'intérêt qu'il
y a à s'attacher davantage au développement de ce secteur en
nommant pour la première fois en Roumanie, dans son équipe
un ministre d'Etat, George Copos, chargé de la coordination
des activités des entreprises et des PME”.
La flotte commerciale roumaine ne compte plus que douze navires
ntre début et fin 2005, la flotte commerciale roumaine est
passée de 19 à 12 navires,
perdant sept unités. Cosena, le principal
armateur roumain s'est débarrassé de
trois bateaux, jugeant que leur entretien
et les réparations nécessaires lui coûtaient trop chers, profitant également de
la demande du marché d'occasion. Son
concurrent, Octogone, une des plus
vieilles compagnies roumaines, a
procédé de même, liquidant les deux
unités qui lui appartenaient encore et qui
avaient plus de vingt ans. Les deux derniers bateaux n'arborant plus les couleurs
L’époque où les navires roumains étaient bloqués
plusieurs années dans les ports étrangers
est révolue (Ici, l’Oscar-Jupiter à Nantes).
roumaines, appartenant à Sammarina
Shipping, n'ont pas été vendus mais sont
tout simplement passés sous pavillon de
complaisance. Si elle se réduit comme
peau de chagrin, la flotte roumaine
gagne cependant en respectabilité. En
2005, seulement un seul de ses bateaux
a été retenu dans un port étranger pour
non conformité à la suite d'une inspection, malgré une vingtaine de contrôles
au total, certains étant répétés deux ou
trois fois pour la même unité.
Respectant désormais les normes,
les bateaux roumains ne défraient plus la
chronique, les autorités maritime locales
ayant réussi leur pari de faire tomber en
dessous de 5 % (4,76 %) leur taux d'immobilisation pour problèmes.
Le canal de Sulina enfin débarrassé de l'épave du Rostock
D
ébut décembre, l'épave du Rostock qui entravait depuis 14 ans la navigation sur le bras
de Sulina, dans le delta du Danube, a été enfin renflouée et le canal devrait redevenir
prochainement opérationnel après avoir subi un dragage. La dernière phase de travaux
aura nécessité 18 mois d'efforts et entraîné la mort de deux scaphandriers, l'un britannique, l'autre
américain. Chargé de 5000 tonnes d'acier, le navire ukrainien avait sombré en septembre 1991, dans
des conditions suspectes, à l'endroit intitulé Mila 31, alors que l'URSS vivait ses dernières semaines.
La navigation avait été interrompue pendant plusieurs mois sur cet axe vital de liaison entre la Mer
Noire et les ports du Danube. En 1992, un chenal provisoire faisant une courbe de 500 mètres autour
de l'épave avait été dégagé. Mais depuis, malgré les financements fournis par l'Etat et l'UE, la situation n'avait pas évolué, les fonds disparaissant dans la nature ou étant dépensés en vain, des dizaines
de bateaux s'étant échoués, faute de travaux menés à bien.
La paralysie du sociologue
J'étais donc revenu à Bucarest au printemps 1981, en sociologue cette fois, avec
l'aval du CNRS et de l'Académie de la République Socialiste Roumaine. Leonte
Rautu, qui avait apprécié la fermeté de mes convictions communistes lors du colloque
de 1978, soutenait mon projet. C'est ainsi que j'ai pu participer à une expédition sociologique d'étudiants bucarestois dans le département de Bistrita-Nasaud.
Commandée par des sociologues de l'Université, elle voulait se donner l'air de
reproduire les enquêtes de terrain d'avant-guerre de l'Ecole de sociologie roumaine.
Actualité
L
Chaussettes françaises fabriquées en Roumanie
a compagnie française Jacquemard envisage de
délocaliser une partie de sa production de chaussettes en Roumanie, après avoir décidé la fermeture de son usine de Romilly sur Seine.
En Roumanie, depuis 2002, cette société détient déjà l'usi-
ne Elca à Câmpina, entre Ploiesti et Sinaia, dans le judet de
Prahova, laquelle a contribué au quart de sa production globale, en 2004. Depuis la reprise de cette usine, Jacquemard y a
investi plus de 300 000 €. Près de 97 % de la production 2005
fait l'objet d'exportations.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Social
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Novembre noir pour les fonctionnaires
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Economie
Plus de la moitié
du pain roumain
ne correspond pas
aux normes de l’UE
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22
La Roumanie a connu un nombre record
de grèves depuis la fin du communisme
ROMPAN, le syndicat patronal de
la minoterie et de la panification, a
lancé un cri d'alarme : plus de la moitié du pain fabriqué dans le pays par
les 5000 entreprises qui ont une
licence ne respectent pas les normes
sanitaires et d'hygiène exigées par
l'UE, ce qui pourrait entraîner la fermeture d'un grand nombre d'entreelles, dès l'an prochain, seulement
une centaine étant susceptibles
d'être agréées.
L
a situation sociale s'est révélée très tendue en fin d'année, du fait du mécontentement général des employés du secteur public devant le faible niveau
de leurs salaires. La moitié du million de fonctionnaires du pays se sont mis
en grève ou ont déposé un préavis à la mi-novembre, ce qui a conduit la Roumanie a
affronter la plus grande période de conflits sociaux depuis la "Révolution" et plus d'un
demi-siècle, puisque les grèves
étaient interdites sous le communisme… Les Roumains ont ainsi
découvert une situation à la
française, le pays s'acheminant
vers une forme de paralysie:
administrations fermées, métro
ne circulant pas dans la capitale,
menaces sur les chemins de fer
qui avaient déjà été en grève dans
le courant de l'année... Fin
novembre, le pire semblait encore
à venir car faute d'un accord, 50.000 autres fonctionnaires menaçaient de cesser le travail que ce soit ceux qui dépendent du ministère des Finances, du Travail, de la Santé,
des Statistiques, les douaniers, et les mineurs.
Les représentants syndicaux demandaient, entre autres, une hausse de 50 % des
salaires pour 2006, que ce soit pour les fonctionnaires ou pour le personnel contractuel. Actuellement un employé de la fonction publique touche en moyenne 480 nouveaux lei par mois (135 €). Somme absolument insuffisante pour vivre décemment.
Le gouvernement proposait une augmentation de 5 %. La menace d'une grève s'étendant à toute la fonction publique se précisait.
Finalement, le gouvernement Tariceanu réussissait à débloquer la situation, début
décembre, par des concessions, accordant une augmentation générale des salaires des
fonctionnaires de 11 %, étalée sur 2006.
Trop de frustrations et déceptions accumulées depuis quinze ans
Des investissements importants
son nécessaires pour une mise à
niveau, de l'ordre de 100 000 € pour
les grandes entreprises, qui fabriquent environ 30 000 pains par jour,
et de 10 à 20 000 € pour celles qui
en produisent 3000. Seule cette
modernisation peut les sauver de la
faillite a indiqué le président de ROMPAN, qui a ajouté que la moitié des
entreprises du secteur travaillaient au
noir, demandant à ce qu'elles soient
fermées. ROMPAN regroupe 250
entreprises qui fournissent 55 % de
la production de pain de Roumanie et
40 % de celle de farine.
Ce mouvement généralisé de colère est révélateur des frustrations endurées par la
population depuis quinze ans. Les gouvernements successifs ont apporté à chaque
changement une vague d'espoir. Les Roumains comptaient pouvoir enfin relever la
tête, profiter d'un certain confort, voir progresser leur pouvoir d'achat, s'offrir une voiture, des vacances, voyager. A chaque fois la déception était plus forte. Année après
année le nombre de personnes persuadées qu'elles vivaient mieux durant la période
1970-1975 a ainsi augmenté.
La Roumanie s'est prise aussi à rêver de l'Europe: vivre comme dans les pays
occidentaux ! Oui mais, pour y arriver il faut s'aligner sur les critères de l'UE: posséder des institutions sur le modèle européen, payer des impôts et des taxes augmentant
périodiquement jusqu'à atteindre le niveau de référence. Assumer le coût de la mise
aux normes de tous les secteurs de l'économie, et c'est là qu'on mesure l'énormité du
pas à franchir.
De plus, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale veillent à ce que
le déficit budgétaire de la Roumanie n'augmente pas, et même qu'il diminue, la rappelant à l'ordre si besoin. On ne tolère plus les entreprises déficitaires, les petites
exploitations ne sont pas aux normes, les hausses de salaire se font au goutte à goutte, les allocations sociales sont contrôlées plus strictement, leur montant et leur durée
baissent. Et parallèlement le coût de la vie grimpe implacablement, les nouveaux
riches étalent sans vergogne leur fortune faite le plus souvent sur le dos du peuple et
du pays. Le cocktail devient alors explosif et d'autres "novembre noir" sont à craindre.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
un des héros de la guerre de Sécession, aux côtés des Nordistes
pour les USA l'achat de l'Alaska, auprès du Tsar
En fait cet épisode de l'histoire tient aussi du hasard. En
1867, le Congrès américain reçut deux propositions de vente,
l'une provenant de la Russie, l'autre du Danemark. Le Tsar
voulait se débarrasser du lointain et inhospitalier Alaska, le roi
du Danemark désirait céder les non moins lointaines îles
Vierges situées dans les Caraïbes. Les deux pays demandaient
le même prix: 7.500.000 dollars. Le Congrès réfléchit longuement, car l'Amérique pouvait à peine s'offrir l'une de ces terres.
C'est alors que survinrent deux événements décisifs: les
Russes baissèrent le prix à 7.200.000 dollars, et un ouragan
dévasta presque entièrement les îles Vierges, détruisant en
grande partie sa capitale.
Les américains s'empressèrent d'opter pour l'achat de
l'Alaska: "Que les Danois remettent d'abord en état les îles
Vierges, prenons l'Alaska avant que les Russes ne changent
d'avis" avait déclaré à l’époque Edouard Stekli, secrétaire
d'Etat américain.
L'opinion publique américaine s'insurgea contre cet achat.
Les médias qualifiaient l'Alaska de "glacière" et de "pays des
morses", d'autant plus que le Trésor américain avait été obligé
de s'endetter empruntant 5 millions de dollars à la Riggs Bank,
qui est aujourd'hui - ironie du sort - l'établissement où son
déposés les fonds de l'ambassade russe aux Etats-Unis.
Son nom donné à un navire de guerre US
George Pomut occupa la fonction de consul général des
Etats-Unis à Petrograd durant 12 années, pendant les mandats
des présidents Johnson, Grant et Hayes, ce qui est tout à fait
inhabituel puisque les diplomates changeaient généralement
en même temps que le président. En 1878 il renonça à la carrière diplomatique. Il mourut en 1882, et on soupçonna, sans
pouvoir le prouver, qu'il avait été assassiné. Il repose au cimetière Smolensk de Saint Petersbourg.
Durant la période d'entre les deux guerres mondiales,
Andrei Popovici, attaché au Consulat roumain de Washington
s'est penché sur la biographie de Pomut, sur demande de ses
héritiers. Malgré l'importante contribution de celui-ci à la
construction de l'Amérique ("Making of America") dont atteste le fait que l'un des navires de guerre construits en 1944 fut
baptisé Général George Pomut, Andrei Popovici ne put jamais
déterminer si celui-ci avait laissé une fortune derrière lui.
Les sciences bourgeoises condamnées, l'apprentissage du russe obligatoire
1948: soviétisation de l'enseignement
L
'installation du
gouvernement de Petru
Groza, le 6 mars
1945, marque le
début de la communisation de la
Le dictateur Roumanie qui va
Gheorghiu Dej. s'accélérer avec son
successeur Gheorghe Gheorgiu-Dej.
Staline, pour contrer le Plan Marshall et
la décision des Américains de rester sur
le sol européen, a décidé de soviétiser à
pas forcés les pays satellites, d'y créer des
sociétés similaires à l'URSS et d'y engager le processus de création de "l'homme
nouveau".
Tous les aspects de la vie quotidienne sont concernés, au premier rang desquels, l'école. Gheorghiu Dej lance une
réforme de l'enseignement en août 1948,
mais elle a été déjà précédée par les
mesures prises par Groza.
Deux ans auparavant, celui-ci a mis
fin au principe d'autonomie des universités, les professeurs étant désormais
nommés par le ministère. Des écoles jus-
qu'aux facultés, les enseignants trop
populaires sont écartés, remplacés par
d'autres aux ordres. Les manuels, les
livres sont expurgés ou leur nombre
réduit, s'ils ne sont pas conformes à la
nouvelle ligne politique.
Les lycées ne peuvent plus enseigner
le latin et le grec, la philosophie, la
logique, la génétique. L'histoire devient
l'illustration de la lutte du peuple et de la
décadence des rois. Le domaine d'enseignement des écoles spécialisées est
réduit. Il faut organiser des manifestations à caractère artistique ou sportif où
on célèbre l'édification du socialisme et la
lutte du peuple roumain contre les envahisseurs… à l'exclusion des Russes.
La réforme de 1948 complète ce dispositif. Les écoles étrangères et religieuses sont fermées. L'épuration prend
une ampleur sans égal parmi les professeurs et les étudiants. Les vieux manuels
scolaires sont interdits et seuls sont autorisés ceux qui incorporent les préceptes
marxiste-léninistes.
La langue russe devient obligatoire,
l'histoire du parti communiste bolchevique et de la géographie de l'URSS figu-
rent au programme des lycées. La
cybernétique et la génétique sont
condamnées comme étant des "sciences
bourgeoises, porteuses d'idéologie impérialiste". L'enseignement doit reposer
"sur des bases démocratique populaires
et sur le réalisme scientifique".
Recul de l'analphabétisme
Le seul aspect positif de cette réforme qui n'est qu'un instrument pour mieux
contrôler les esprits et former des
citoyens endoctrinés et soumis, destinés à
devenir des activistes consentants du
Parti, est le caractère obligatoire de l'enseignement qui va faire bondir le nombre
d'élèves et reculer considérablement
l'analphabétisme.
En 1963, le nombre d'élèves des
écoles primaires est 19 fois plus élevé
qu'avant la Guerre, et ceux des lycées, 13
fois. 200 élèves sur 10 000 habitants arrivaient au niveau du brevet, au lieu de 19,
en 1939. En milieu rural, la proportion
était de 427 sur 100 000, contre 7 ! A
défaut d'être bien faites… les têtes commençaient à être bien pleines.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Histoire
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BUCAREST
Actualité
Valentin Lazea: “40 % des Roumains
vivent comme au XIXème siècle”
Social
George Pomut négocia
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Devenu général, le Roumain a été
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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TULCEA
CONSTANTA
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(suite de la page 34)
Les critiques d'aujourd'hui ne
retiennent que quatre titres ayant
mérité leur audience: "Mihai
Viteazul" et "Dacii" ("Les Daces") de
Sergiu Nicolaescu, "Columna" ("La
colonne") de Mircea Dragan, "Tudor"
de Lucian Bratu.
Aujourd'hui, les audiences atteintes
par les productions d'autrefois demeurent de l'ordre du rêve pour les nouveaux films, même si certains présentent un grand potentiel de succès public comme "Occident" ou "Philanthropique". De nombreuses salles de
cinéma ont fermé, notamment dans
les petites communes, le nombre de
copies circulant dans le pays est ridicule, les lancements, présentations, la
médiatisation, sont pratiquement
absents ou réduits au minimum.
Voici le hit-parade des dix plus gros
succès roumains de tous les temps,
tous réalisés entre 1963 et 1979 :
1er: "Nea Marin miliardar", Sergiu
Nicolaescu (1979), 14 650 000 de
spectateurs
2ème: "Pacala", Geo Saizescu
(1974), 14 640 000
3ème: "Mihai Viteazul", Sergiu
Nicolaescu (1971), 13 330 000
4ème : "Dacii", Sergiu Nicolaescu
(1967), 13 112 000
5ème: "Neamul Soimarestilor",
Mircea Dragan (1965), 13 050 000
6ème: "Tudor", Lucian Bratu
(1963), 11 450 000
7ème: "Columna", Mircea Dragan
(1968), 10 510 000
8ème: "Haiducii", Dinu Cocea
(1966), 8 086 000
9ème: "Sapte baieti si o strengarita", co-production franco-roumaine
avec Bernard Borderie (1967), 7 550
000
10ème : "Stefan cel Mare"
Mircea Dragan (1975), 7 380 000.
S
i de nombreux Roumains ont aidé à faire la France d'aujourd'hui, on retrouve également leur empreinte tout au long de l'histoire des Etats Unis
d'Amérique. George Pomut en est l'illustration même. Premier général
étranger de l'armée américaine, combattant aux côtés des Nordistes pendant la guerre
de Sécession, il représentera ensuite son nouveau pays auprès du Tsar, négociant l'achat de
l'Alaska pour le compte des USA.
George Pomut est né à Timisoara le 31 mai
1818, dans un milieu aisé. Des malentendus avec
les autorités locales au sujet de la possession de
quelques terrains ont conduit sa famille à déménager à Guya. Mais Pomut est resté tout au long
de sa vie attaché à sa ville natale, et, dans son
testament, il a demandé à être enterré à
Timisoara, vœu qui n'a pas été réalisé.
Le jeune garçon suivit les cours de l'académie militaire de Vienne en Autriche et de Saint
Etienne en France. Aux côtés de quelques révolutionnaires hongrois, il rêva de bâtir une ville du nom de Nouvelle Buda… un rêve
qui ne se concrétisera jamais. En 1848, il s'engagea dans l'armée magyare, puis se
réfugia à l'étranger après la défaite, gagnant les USA.
La guerre civile s'étant déclarée en Amérique durant l'été 1961et jusqu'en 1865,
George Pomut s'enrôla aux côtés de forces nordistes comme capitaine dans le 15e
régiment de volontaires du Iowa, et terminera lieutenant-colonel, réussissant à rompre
le siège d'Atlanta. La victoire acquise, il défilera le 24 mai 1865 à la tête de l'armée
du Tennessee, devant le nouveau président de l'Amérique, Andrew Johnson.
Diplomate auprès du Tsar
Après la guerre, George Pomut s'établit à San Antonio au Texas. C'est un homme
de grande taille, à la barbe et aux cheveux roux. Orateur habile et fin diplomate, il
émane de lui un certain charisme. Toutes ces qualités décident Andrew Johnson à le
nommer consul général des Etats Unis à Petrograd (l'actuelle Saint Petersbourg). A
cette occasion il est promu au grade de général de brigade, grade qu'il est le seul
citoyen étranger à posséder.
Ses qualités de diplomate lui permettent de résoudre de manière très satisfaisante
un différent entre les Etats-Unis et la Russie, l'affaire Catacanzy.
Hamilton Fish, secrétaire d'état américain comptait demander au tsar de Russie de
rappeler Constantin Catacanzy, chef de la mission diplomatique russe à Washington,
qui avait offensé le président américain. L'incident tombait mal puisque l'Amérique
attendait la visite du Grand Duc Alexis, fils du tsar, visite, qu'aurait certainement compromise le rappel de Catacanzy. George Promut réussit à dissuader le gouvernement
américain de demander ce rappel, évitant ainsi un grave incident diplomatique.
Hésitations américaines entre terres glacées et tropiques
Mais le rôle le plus important que joua Pomut dans les relations entre la Russie et
l'Amérique concerne l'Alaska, alors territoire russe.
Le Tsar de Russie considérant que cet énorme territoire, inhabitable car recouvert
de glace et dénoué de toute végétation ne présentait aucun intérêt, proposa de le
vendre aux américains contre la somme de 7.200.000 dollars. Le 30 mars 1867 fut
signé à Washington le traité par lequel l'Alaska devenait terre américaine, suite aux
négociations rapides et efficaces de George Pomut. Excellente affaire puisque l'Alaska
s'averra être riche en minerai d'or et en pétrole.
L
ors d'un colloque économique organisé à Sinaia, Valentin
Lazea, chef du département économique de la
Banque Nationale roumaine n'a pas mâché ses
mots: "40 % des Roumains vivent comme au
XIXème siècle" a-t-il
asséné, relevant que 58 %
des foyers seulement disEvoquant la situation sociale, Valentin posaient de l'eau courante
Lazea n’a pas mâché ses mots. et 53 % du tout à l'égout,
ces pourcentages chutant encore plus dans les campagnes où à
peine 20 % des habitations disposent de ces facilités.
Dénonçant le fait que les politiciens et les autorités fermaient
les yeux sur ces réalités, il ajoutait que la Roumanie se trouvait
en dernière position sur le continent, loin derrière l'avant-dernier pays, la Turquie, où 90 % des habitants disposent de l'eau
courante et 82 % du tout à l'égout. La moyenne en Europe se
situe entre 90 et 100 %, fourchette dans laquelle on trouve
même l'Albanie et la Moldavie !
L'économiste a enfoncé le clou en évoquant l'état des
infrastructures routières, la Roumanie occupant la dernière
place en kilomètres d'autoroutes, sans parler des routes dont 40
% sont hors d'usage pendant l'hiver.
"La classe politique doit prendre ses responsabilités"
s'est-il exclamé, réclamant un débat public: "Entrer dans
l'Europe avec la moitié de la population vivant comme au
temps des boyards ou assumer, en relevant le niveau de nos
dépenses pour développer les infrastructures et les équipements, ce qui veut dire augmenter les impôts et les ressources
fiscales".
Budget: au niveau
de l'Azerbaïdjan et du Kazakhstan
Avec des dépenses budgétaires atteignant à peine 30 % du
Produit intérieur brut, Valentin Lazea a rappelé que la
Roumanie se situait au niveau de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan
et de l'Albanie, alors qu'un minimum de 35 % serait nécessaire, la Bulgarie voisine se situant à 41 %. "Notre pays n'en
prend pas le chemin, puisqu'au maximum, avec la politique
suivie et de grands efforts, on peut gagner de 0,5 à 1 %" a-t-il
indiqué (l'instauration d'une cote unique d'imposition à 16 %
par le nouveau gouvernement a diminué les rentrées fiscales
de un milliard d'euros en 2005).
L'économiste a défini les secteurs prioritaires pour les
restructurations et les investissements : l'agriculture, une grande partie de la population rurale devant y renoncer et être
orientée vers des secteurs de développement, notamment les
infrastructures, et la formation. "Avec 1,6 % de la population
entre 25 et 64 ans qui reçoit une formation continue contre 9,9
% dans l'UE, un budget de l'éducation nationale se montant à
3,5 % du PIB, contre 5,22 %, il n'est pas étonnant que nous
soyons en queue de peloton dans le domaine des exportations
des produits technologiques et à haute valeur ajoutée qui ne
représentent que 3 % du total" a-t-il conclu.
Dépenses d'entretien: + 30 %
L
e coût des dépenses d'entretien a explosé en 2005, atteignant,
depuis le début de l'année, + 30 % pour l'électricité, + 60 %
pour le gaz, + 50 % pour l'eau, + 20 % pour les ascenseurs, +
100 % pour la collecte des ordures ménagères. Le vice-président du Cartel
Alfa a estimé qu'elles avaient augmenté au total de 30 %, représentant
mensuellement l'équivalent du salaire minimum, rappelant au passage que
la majorité des salariés vivaient avec un revenu de 400 à 600 lei (112 à
168 €), 5 millions de retraités disposant seulement de 300 à 350 lei (84 à
103 €). Il a ajouté que la tentation était grande pour toutes ces personnes
“J’ai peur d’entrer, Voisine, et de tomber raide mort en de couper le chauffage pendant l'hiver.
voyant afficher le prix des charges et du chauffage”.
Pour prévenir ce risque, le gouvernement a décidé, début octobre, d'aiCaricature de Vali
der les familles modestes et les personnes seules ayant un revenu inférieur
au salaire minimum en participant à hauteur de 30 % à l'achat de centrales de chauffage au gaz et de teracots (poêles à bois).
Salaires triplés dans les prochaines années
M
ugur Isarescu, gouverneur de la Banque
Nationale Roumaine et ancien Premier ministre,
s'attend à ce que les salaires triplent dans les
deux à six prochaines années, suivant les branches professionnelles, à la suite de l'entrée dans l'Union Européenne, ainsi
qu'on le constate dans les autres pays de l'Est déjà membres.
Ce phénomène s'expliquerait par l'appréciation du leu face à
l'euro, la croissance économique et les tensions sur le marché
du travail qui poussent les salaires à la hausse dans les nouveaux pays membres et à la baisse dans les anciens.
17
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénements
BAIA MARE
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z
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ARAD
z
Les 300 Roumains les plus riches
se partagent 22 % du PIB national
z
SUCEAVA
ORADEA
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ZALAU
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TARGU MURES
IASI
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ALBA I.
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BRAILA
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TULCEA
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„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Les nouvelles fortunes
18
A eux seuls, ils ont capitalisé
seize milliards de dollars en 2005
Parmi les nouvelles fortunes, qui
ne figuraient pas dans les éditions
précédentes du TOP 300, on trouve :
- La famille Zinger (180 à 200 millions de dollars). Maor Zinger possède plus de la moitié des immeubles
commerciaux de Brasov.
- Dumitru Tudor (60 millions de
dollars). Descendant de la famille
Lincaru, il détient des biens immobiliers chiffrés à 40 millions de dollars.
- Calin Costan ( du groupe ICCO),
Dan Pop Baldi, Valentin Nicola et
Bela Urasi (créateurs d'Astral
Telecom) Mihai Anghel (Cereal Dolj),
Dorin Mateiu (Mercado et Elit de Alba
Iulia), qui se trouvent chacun, à la
tête de fortunes comprises entre 30
et 40 millions de dollars.
Les personnes citées ci-dessous
auraient dû, vu le montant de leur fortune, figurer dans le Top mais, moins
malines que d'autres, elles en ont été
exclues, la justice enquêtant sur leurs
malversations et la légitimité de l'acquisition de leurs biens.
- Omar Hayssam (90 à 100 millions de dollars). Soupçonné d'avoir
organisé la prise d'otage des journalistes roumains en Irak, il se trouve
actuellement en prison.
- Ion Dumitrache (35 millions de
dollars) Le capital social de six des
entreprises dont il était actionnaire ou
associé a été gelé par la justice.
- Octavian et Constantin
Margarit (18 à 20 millions de dollars
chacun). Sont actuellement jugés par
un tribunal pénal et leurs biens mis
sous séquestre.
- Dumitru Sechelariu (10 à 12
millions de dollars). Tous les biens de
l'ancien maire de Bacau ont été mis
sous séquestre et tous les comptes
des entreprises dont il est actionnaire,
bloqués.
P
our la quatrième fois, la revue économique Capital publiait le 15 novembre
dernier un "TOP 300" des Roumains les plus riches, sur le modèle du
magazine américain Forbes, connu pour ses classements internationaux
Pour y entrer, le seuil a été relevé de 5 à 7 millions de dollars, cette année. La somme
de ces 300 richesses, d'un montant approximatif de 16 milliards de dollars, représenterait 22 % du PIB national roumain. Elle a augmenté de un milliard de dollars en un
an, alors que 60 % des Roumains vivent avec moins de 600 dollars annuellement.
C'est à Bucarest que l'on trouve la plupart des grandes fortunes roumaines : 121, soit
plus de 60 % de celles retenues. Cluj, s'impose comme la ville n° 2 des millionnaires
roumains. Le président Basescu dans une interview accordée au quotidien Romania
Libera, avait souligné le fait que les personnes les plus riches n'étaient pas forcément
les citoyens payant le plus d'impôts, mettant le doigt là sur les injustices et la corruption régnant dans le pays.
Les noms cités sont familiers des Roumains car étroitement impliqués dans la vie
politique et économique du pays. Il est ainsi question du vice-premier ministre
Gheorghe Copos, du sénateur UDMR (parti des Magyars) Attila Verestoy, du maire
de Bucarest, Adriean Videanu ou du Premier ministre Calin Popescu Tariceanu.
Ce TOP 300 révèle que 2005 a été particulièrement profitable pour les plus
grosses fortunes, tandis qu'on y note l'entrée de 55 nouveaux noms. Le nombre de
ceux dont l'avoir se situait entre 5 et 7 millions de dollars a par contre diminué. Par
ailleurs, il faut également noter que beaucoup parmi ceux qui ont réussi à accumuler
des avoirs impressionnants travaillaient, avant 1989, dans le commerce extérieur.
Le Top comprend également des hommes très jeunes, à partir de 25 ans, qui sont
partis de rien. Les privatisations ont permis à une troisième catégorie de se remplir les
poches. En général, en 2005, les affaires immobilières, le marché de capitaux et le
commerce ont été les domaines les plus attractifs.
L'ancien tennisman Ion Tiriac en tête du hit-parade
1
er. Pour l'année en cours Ion
Tiriac - l'ex-champion de tennis se trouve en tête de liste des
Roumains les plus riches. Avec une fortune estimée à un milliard
de dollars, il ravit la 1ère
place à l'homme d'affaires
greco-roumain Constantin
Dragan, numéro 1 jusqu'ici.
Ion Tiriac possède des
intérêts dans le domaine
bancaire, les assurances, le
sport et le commerce. La
fusion entre sa Banque et
l'allemand HVB a été l'un
des événements les plus
marquants de l'année.
2ème. Iosif Constantin Dragan, est
à la tête d'une fortune de 850 millions de
dollars, due à des affaires réalisées dans
les produits pétroliers, la distribution, l'édition et les transports.
3ème. Sorin Ovidiu Vantu fait un
bond jusqu'à cette place, ayant empoché
250 millions de dollars de plus-values en
2005. Son nom lié aux principaux scandales
financiers
qu'a
connus la Roumanie, ces
dix dernières années, continue à faire la une des journaux, sans que, pour
autant, cet ancien comptable condamné et emprisonné pour escroquerie
sous Ceausescu, soit
inquiété outre-mesure par
la justice, malgré les nombreux procès dont il est
Ion Tiriac
l'objet.
Sorin Ovidiu Vantu, doit sa fortune,
estimée à 750 millions de dollars, à différentes affaires, entre autres dans le pétrole, les médias et les investissements
financiers.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Musique
Connaissance et découverte
La visite de Liszt au pays des Laoutars lui
a inspiré sa fameuse "Rhapsodie roumaine"
Une rencontre prodigieuse avec Barbu, le violoniste tsigane
F
ranz Liszt s'est intéressé de près aux musiciens tziganes, auprès de qui il pensait retrouver - à tort - les
détenteurs authentiques de la musique populaire de
sa Hongrie natale. Sa rencontre avec Barbu Lautaru, violoniste tzigane de Roumanie, est restée célèbre. Elle devait inspirer
à Liszt sa Rhapsodie roumaine pour piano, rapporte Alain
Chotil-Fany, mélomane passionné de musique roumaine - il lui
consacre un remarquable site Internet, www.souvenirs des carpates - qui a retrouvé l'intégralité d'un article paru dans le journal français le Ménestrel en juillet 1889, alors que les musiciens populaires roumains enchantaient les visiteurs de
l'Exposition Universelle de 1889, lors de l'inauguration de la
Tour Eiffel.
Invité à Iasi par le poète Vasile Alecsandri
"Liszt était un admirateur
passionné de la musique des
Laoutars roumains, les mêmes
qui fanatisent en ce moment les
visiteurs du Champ de Mars.
C'est au château du célèbre
poète
roumain
Vasile
Alecsandri, raconte la “Neue
Musikzeitung” de Stuttgart,
que le compositeur les entendit
pour la première fois. Une foule
énorme d'invités était rassemblée dans la grande salle du
Vasile Alecsandri
château pour recevoir et écouter
les musiciens nomades, qui arrivaient de Jassy, sous la conduite de leur
chef, Barbu Lautaru. Le maître de la maison
leur fit verser du champagne en signe de
bienvenue et les pria de commencer.
Barbu fit d'abord jouer une marche
nationale qui impressionna profondément
les assistants. Quelques-uns d'entre eux
firent tomber des pièces d'or dans le verre
du vieux chef, en lui disant: "Bois, Barbu
Lautaru, bois, mon maître !". Et le vieux
chef aspira le vin avec les pièces d'or, qu'il
retira ensuite de sa bouche pour les baiser
avec ferveur.
Puis on passa à l'exécution d'une mélodie tzigane. Toute la mélancolie des steppes
semblait s'exhaler de ce morceau; mais,
brusquement, le chant plaintif cessa, un cri
perçant retentit et les instruments commencèrent à s'agiter dans un prestissimo qui,
graduellement, devint fiévreux, vertigineux, échevelé, donnant
l'impression d'un régiment de cavalerie montant à l'assaut.
Liszt était transporté et, lorsque le morceau fut achevé, il
s'avança vers le chef, jeta de l'or dans son verre, qu'il heurta
contre le sien, et lui dit: "Tu m'as fait connaître ta musique,
Barbu, à mon tour de te faire connaître la mienne." Et l'illustre
virtuose se mit au piano au milieu d'un silence religieux.
"Par Dieu, Barbu, tu es encore
plus grand musicien que moi "
Après un court prélude, le maître improvisa une marche
hongroise, dont il
conduisit le thème,
superbe d'ailleurs, à travers des cascades de
trilles et d'arpèges et les
modulations les plus
étranges et les plus inattendues. Tout entier à
l'inspiration, Liszt semblait oublier tout ce qui
se passait autour de lui.
Ses doigts couraient
sur le clavier, rapides
Liszt écoute religieusement le vieux
comme le vent, faisant
barde tsigane Barbu Lautaru qui lui a
rhapsodie roumaine,
entendre avec persistan- inspiré sa célèbrelors
d’une visite à Iasi,
chez l’écrivain Vasile Alecsandri.
ce, au milieu des plus
fantastiques arabesques,
le motif victorieux de la marche. Les auditeurs, retenant leur
respiration, se tenaient immobiles et comme frappés par un
charme. Enfin, l'enthousiasme éclata, frénétique, imposant.
Le vieux Laoutar, les yeux baignés de larmes, s'approcha
de Liszt et lui dit : "C'est à mon tour, Maître, à te prier de trinquer avec moi”. Les verres s'entrechoquèrent et Franz Liszt demanda: "Eh bien, que
dis-tu de cette mélodie?”
"Elle est si belle, maître”, répondit le
vieux barde,“que je vais, si tu le permets,
essayer de la reproduire." Liszt esquissa un
sourire incrédule, mais il acquiesça d'un
signe de tête.
Laoutar se tourna vers son orchestre,
épaula son violon et répéta la marche hongroise. Pas un trille, pas un arpège, pas un
ornement ne furent omis. Barbu exécuta
note pour note l'improvisation du pianiste.
Et ses musiciens l'accompagnaient scrupuleusement, comme mû par l'instinct, et
observant religieusement les moindres
nuances indiquées par son archet.
Lorsqu'enfin la dernière note eut
Franz Liszt
résonné, Liszt sauta de son siège et courut se
jeter dans les bras du vénérable chef en s'écriant: "Par Dieu,
Barbu Lautaru, tu es un artiste divin et un plus grand musicien
que moi !"
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Ciné-reportage
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Quinze millions de
spectateurs pour un
film: publics records
sous le communisme
34
Sous le communisme, des
dizaines de films roumains ont atteint
des publics records, les plus
célèbres attirant jusqu'à 15 millions
de spectateurs. Pour autant, tous
étaient loin d'être des chefs
d'œuvres. D'autres raisons expliquent l'engouement des Roumains…
En dehors du cinéma, il n'y avait
pas grand chose comme distractions, notamment en milieu rural.
Un film pouvait tenir l'affiche pendant des années et le pouvoir veillait
à sa distribution car il s'agissait
d'œuvres, souvent à la commande,
destinés à le servir. Tout un public
était captif, avec séances obligatoires: écoles, casernes, maisons de
la culture. En outre, les chiffres de
fréquentation étaient gonflés, les réalisateurs s'engageant par contrat à
dépasser le million de spectateurs,
condition nécessaire pour obtenir
des primes et autres avantages.
Les grandes productions de style
hollywoodien, comme "Mihai
Viteazul" ("Michel le Brave") bénéficiaient de moyens que leur auraient
envié les cinéastes américains,
ayant à leur disposition des milliers
de chevaux et figurants, car il s'agissait de réaliser de grandes fresques
historiques "dans l'intérêt de la
patrie"… socialiste.
Deux grands réalisateurs ont
émergé de cette époque: Sergiu
Nicolaescu et Mircea Dragan qui
placent chacun trois films dans les
dix plus grands succès cinématographiques de toute l'histoire roumaine.
(A suivre page 36)
"Au Maramures,
au parfum d'amour et d'eau fraîche,
on baigne dans la culture villageoise"
La caméra de Roger Charret
plonge au cœur du village roumain
C
e lopin de terre, bon, mauvais, est à toi ! Laboure le, sème le, moissonne
le pour avoir de bons rendements; sois en le serviteur et le maître fidèle,
et protège le s'il en a besoin avec toute ta vigueur, avec le fusil, avec la
faux, avec la bêche”. Au 21ème siècle, le paysan du Maramures (Baia Mare) suit
encore à la lettre ces rudes conseils pleins de bon sens; vieux de près d'un siècle, ils
sont signés de Aron Cotrus, poète roumain. C'est de ce quotidien de la vie de ces paysans que Roger Charret rend compte dans son dernier film documentaire, "Eloge du
village roumain".
Du printemps à l'automne, jusqu'en hiver même, les campagnes si désertes
ailleurs, bourgeonnent de vie. Travail harassant, lent, incessant, au rythme des chevaux de trait; forces humaine et animale mêlées. Complémentaires, hommes et bêtes
s'entendent à merveille, depuis le temps qu'ils suent ensemble ! La caméra du réalisateur saisit tous ces moments. Elle fixe aussi les paysages enchanteurs où le temps s'est
arrêté au-dessus des collines constellées de meules de foin posées ici depuis toujours,
alors qu'alentour les cigognes cherchent leur nourriture.
"Au Maramures, au parfum d'amour et d'eau fraîche, on baigne dans la culture
villageoise. Il fait toujours bon d'y vivre" rapporte le cinéaste, ajoutant avec regret :
"Les jeunes, bien sûrs, lorgnent vers l'Europe de l'ouest, "Eldorado" auquel la
Roumanie devrait s'arrimer en 2007. Ils affichent leurs fantasmes à fleur de tee-shirts:
ZIDANE, BECKHAM…! Villages, si vous saviez !".
En 52 minutes, le film de Roger Charret entraîne dans la Roumanie profonde,
celle qui nourrit la nostalgie de tous les amoureux de ce pays, sans en ignorer les difficultés et en en partageant les espoirs. Les associations d'amitié, les comités de jumelage… tous ceux qui entretiennent des liens avec elle, le regarderont avec plaisir, et
pourront le faire partager
à leurs adhérents, complètant ainsi leurs réunions et assemblées
générales.
Le cinéaste Roger
Charret, licencié en ethnologie, est depuis 25
ans passionné par les
peuples encore traditionnels qui perpétuent
contre vents et marées
leurs coutumes ancestrales. Il est essentielleL’ethnologue et cinéaste Roger Charret nous entraîne
attiré
par
dans la Roumanie profonde des villages du Maramures. ment
l'Himalaya
et
ses
peuples montagnards: Tibétains, Népalais....Dans une même démarche, il s'est intéressé ces dernières années aux populations de montagnes plus proches de chez nous:
les Roumains du Maramures.
La cinéaste a réalisé son film documentaire "Eloge du village roumain" au cours
de plusieurs séjours au Maramures au fil des saisons: Pâques, été, Noël, conquis par
la chaleur humaine de la population villageoise aux antipodes de la caricature trop
souvent servi par les médias d' Europe occidentale.
Eloge du village roumain par Roger Charret ; film de 52 mn, disponible en DVD ou VHS
(magnétoscope) au prix de 23 € + 3 € de port. A commander auprès de Roger Charret, 4 bis
rue de Chavassieux, 42 000 Saint Etienne. Tel : 04 77 21 05 09. E-mail: [email protected]
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
La croissance impressionnante de sa fortune serait due,
selon la revue Capital, outre ses appuis hauts placés, au fait
qu'il contrôlerait plus de la moitié de Petromservice (stations
service Petrom), par l'intermédiaire d'une compagnie off-shore
(enregistrée à Chypre, Comac
Limited). Toujours par l'intermédiaire d'une off-shore, il dirigerait la chaîne Realitatea TV,
Radio Total, ainsi qu'un vaste
réseau de radios et chaînes de
télévision locales.
4ème. Les frères Ioan et
Viorel Micula (700 à 750 millions de dollars), sont des acteurs
très importants du secteur du tourisme. Ils ont bâti leur fortune en
Iosif Constantin Dragan se servant allégrement dans le
budget de l'Etat, auquel ils doivent au moins 50 millions de dollars. Leur influence financière sur de nombreux hauts dignitaires de l'Etat leur a permis jusqu'à présent d'échapper aux foudres du fisc. A la tête de la
Société European Drink & Food, ils se placent numéro 2 sur le
marché roumain de la bière.
5ème. La famille
Paunescu, est aussi endettée
que protégée par le régime
politique. Les Paunescu sont
propriétaires de grands clubs
sportifs. Riches de 750 millions de dollars, ils possèdent
des médias, des usines, des
hôtels et autres biens immobiliers. La famille a acheté des
Sorin Ovidiu Vântu
terrains dans la capitale et dans
pratiquement toutes les villes importantes du pays.
6ème. Ioan Niculae, (500 à 550 millions de dollars), s'occupe de commerce extérieur, d'assurances.
Véritable potentat de son judet, il s'est constitué un empi-
re dans l'agriculture roumaine en prenant la tête d'Inter-Agro et
a doublé sa fortune en trois ans.
Gigi Becali: le "berger" au destin guidé par Dieu
7ème. Gigi Becali, (400 à 450 millions de dollars), propriétaire du Club de football Steaua de Bucarest, Cet ancien
berger est un personnage hautement pittoresque, persuadé que
Dieu lui a confié un destin national et a créé un parti politique
appelé " Nouvelle génération ". Dernièrement, il a vu le Fisc
mettre sous séquestre ses avoirs, afin de récupérer les dettes du
club envers le budget de l'état, d'une valeur de plus de 7 millions d'euros. Gigi Becali avait racheté Steaua à Viorel
Paunescu, il y a 3 ans.
8ème. La fortune de Dinu Patriciu - président de
Rompetrol, deuxième raffineur du pays après Petrom - est
estimée à 400-450 millions de
dollars. Membre dirigeant du
Parti national Libéral, Dinu
Patriciu tire dans l'ombre les
ficelles de la vie politique roumaine. Il est un proche du
Premier ministre Tariceanu,
lequel aurait fait pression auprès
de la justice en sa faveur dans
une affaire où il est impliqué.
9ème. La famille Voiculescu,
Dinu Patriciu
(350 millions de dollars), doit sa
richesse aux médias, à l'immobilier, à la distribution et à l'agriculture. Président du Parti Conservateur, membre de l'actuelle
majorité, autrefois dénommé Parti Humaniste Roumain, émanation du PSD (anciens communistes) qu'il dirigeait également, Dan Voiculescu est à la tête d'un trust de médias, dont
"Jurnalul National", qui lui permet de faire pression sur ses
alliés politiques.
10ème. Dan Grigore Adamescu, (320 millions de dollars), possède des affaires immobilières, dans les assurances et
dans le bâtiment.
Sportifs… et affairistes du sport
L
e sport est une autre façon de
faire fortune… de façon plus
honnête quand il s'agit des
sportifs eux-mêmes, qui ont mouillé leurs
maillots et décroché des contrats fabuleux à l'étranger.
Ainsi Gheorghe Hagi (75e du Top
300) a investi les millions gagnés avec le
Real Madrid et Barcelone, dans l'achat de
luxueux biens immobiliers, tels que
l'Hôtel Yaki de Mamaia, financé avec l'aide de l'Etat il y a 5 ans. Son beau frère,
Gica Popescu, ancien capitaine du F.C.
Barcelone possède des biens en
Roumanie et à l'étranger, dont quelques
villas à Ibiza et 73 % des actions de
Vincon Vrancea (producteur de vin).
Adrian Ilie est propriétaire d'un
complexe immobilier et d'un hôtel 4
étoiles à Poiana Brasov. Tout aussi fortuné, Anghel Iordanescu, ancien entraîneur national, vient de recevoir une prime
de 400.000 dollars pour avoir remporté la
Coupe des Champions d'Asie.
Adrian Mutu et Cristi Chivu (25
ans), valeurs montantes, ferment la liste
des footballeurs millionnaires. Malgré
l'énorme perte qu'a représenté sa rupture
de contrat avec le club Chelsea de
Londres (son salaire annuel y était de 4
millions de dollars), Mutu a réussi a
redresser sa situation financière puisqu'il
est à la tête de 7 à 8 millions de dollars.
Parmi les sportifs pratiquant d'autres
disciplines, seuls Andrei Pavel champion
de tennis et l'ancien basketteur Ghita
Muresan peuvent se comparer aux footballeurs, avec des fortunes proches de 6
millions de dollars.
Les joueurs :
1. Gheorghe Hagi (40 ans, 40 millions de dollars)
2. Gica Popescu (38 ans, 30 à 35
milions de dollars)
3. Adrian Ilie (30 ans, 17 millions de
dollars)
4. Anghel Iordanescu (entraîneur, 55
ans, 15 à 17 millions de dollars)
5. Mircea Lucescu (entraîneur, 60
ans, 12 millions de dollars)
(Lire la suite page 20)
19
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Jeunes, femmes, familles:
les fortunes roumaines au scanner
Evénements
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HUNEDOARA
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z
CRAIOVA
BRAILA
BRASOV
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SLATINA
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L
VASLUI
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PITESTI
a valeur n'attend pas le nombre des années, si on se réfère au classement
de "Capital", qui relève le nom de jeunes ayant capitalisé à eux tous un
demi-millard de dollars. Parmi eux :
1. Maor Zinger 32 ans, 180 à 200 millions de dollars
2. Sebastian Aurel Ghita (propriétaire du groupe IT Asesoft) 28 ans, 30 à 35 millions de dollars
3. Bogdan Dragomir (fils de Dumitru Dragomir, président de la Ligue
Professionnelle de Football) 29 ans, 29 millions de dollars
4. Robert et Ionut Negoita (propriétaires de Pro Confort) 31 et 33 ans, 28 à 30 millions de dollars
5. Arpad Paskany (propriétaire de l'équipe de football CFR Ecomax) 34 ans, 28 à
30 millions de dollars
6. Janos Kurko (propriétaire de plusieurs hôtels à Miercurea Ciuc), 34 ans, 23
millions de dollars.
z
z
z
M. CIUC
z
TIMISOARA
BACAU
z
z
z
z
IASI
z
z
TULCEA
z
TARGOVISTE
„
z
SLOBOZIA
BUCAREST
z
CONSTANTA
Suite sportifs
Viorel
Moldovan
20
6. Viorel Moldovan (33 ans, 10 à
12 millions de dollars)
7. Dan Petrescu (38ans, 10 à 12
millions de dollars)
8. Ilie Dumitrescu (36 ans, 8 à 9
millions de dollars)
9. Adrian Mutu (26 ans, 7 à 8 millions de dollars)
10. Cristi Chivu (25 ans, 7 millions
de dollars)
Les dirigeants
Mais il existe aussi une catégorie
d'affairistes du sport, que l'on trouve à
la direction des clubs, sans qu'on puisse distinguer s'ils se paient là une
"danseuse" ou si cette position leur
permet de réaliser de substantiels profits.
1. Gigi Becali (président du Steaua
Bucarest, 400 à 450 millions de dollars)
2. George Copos (président du F.C
Rapid Bucarest, 230 à 240 millions de
dollars)
3. Ioan Nicolae (président du F.C.
Brasov, 200 millions de dollars)
4. Nicolae Badea (président du
Dinamo Bucarest, 140 à 150 millions
de dollars)
5. Adrian Porumboiu (président du
F.C. Vaslui, 85 à 90 millions de dollars)
6. Gheorghe Bosanceanu (président du Farul Constanta, 65 millions
de dollars).
Femmes: cosmétiques et aliments de régime
Mais, parmi les grandes fortunes on compte également des femmes. Elles les ont engrangées en vendant des produits cosmétiques et des aliments de
régime, en important des voitures et en construisant
des entrepôts, dans le commerce et le bâtiment.
Dans l'ordre, les sept plus prospères sont:
1. Anca Vlad (propriétaire du groupe Fildas), 75
millions de dollars
Anca Vlad
2. Lavinia Huidan (propriétaire du Forum Auto,
importateur exclusif de la marque Volvo), 20 à 22 millions de dollars
3. Veronica Savanciuc (responsable de l'Agence de Publicité Lowe&Partners), 16
à 17 millions de dollars
4. Antonia Coposu (propriétaire du groupe commercial Metabras), 10 à 12 millions de dollars
5. Erika Hristea (propriétaire de Secpral Pro Instalatii), 9 à 10 millions de dollars
6. Maria Grapioni (propriétaire de la société Pasmatex), 9 millions de dollars
7. Maria Braescu (ancienne propriétaire de Casa Lux), 7 à 8 millions de dollars.
Familles : immobilier et ameublement
Les huit familles les plus fortunées de Roumanie se sont
enrichies en faisant le plus souvent des affaires dans le
domaine immobilier et de l'ameublement.
1. Famille Paunescu (propriétaires du Lido et de l'Hôtel
Intercontinental), 700 à 750 millions de dollars
2. Famille Voiculescu (Groupe Grivco), 350 millions de
dollars
3. Famille Zinger (détient la moitié des espaces commerciaux de Brasov), 180 à 200 millions de dollars
4. Camelia et Dan Sucu (propriétaires de Mobexpert), 85
George Paunescu
à 90 millions de dollars
5. Virgil et Angelica Rapotan (propriétaires de la société commerciale Arabesque
de Galati), 70 à 75 millions de dollars
6. Mariuca et Florin Taples (possèdent IT Softwin), 40 à 45 millions de dollars
7. Famille Tudorache (distributeurs des médicaments Montero), 40 à 45 millions
8. Alina et Cristina Fughina (propriétaires de IT K-Tech et Ultra Pro), 35 à 37 millions de dollars.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
“Cafarnaüm” au festival “Des jours et des nuits” de Braïla
francophones interprétés par une troupe de Belfort
La part autobiographique est incontestable dans cette dernière pièce puisque Anca a dû s'exiler alors qu'elle était encore jeune (vingt ans) et qu'elle a dû laisser sa sœur en
Roumanie. C'est cette déchirure qui est bien évidemment au
cœur de Puck en Roumanie, la pièce la plus personnelle et la
plus profonde d'Anca Visdei. Mais au total, son théâtre reste
un théâtre léger, de divertissement, une sorte de vaudeville
moderne".
La femme comme champ de bataille… d'un
Matei Visniec en lutte contre le conformisme
Cafarnaüm: "De Visniec, nous avons
mis en scène en 2001 La femme comme
champ de bataille dans la guerre en Bosnie;
une œuvre qui se situe, à bien des égards, à
part dans l'œuvre dramaturgique de Matei
Visniec basée principalement sur l'humour
absurde.
Ainsi, cette pièce est ancrée dans la réalité, dans l'actualité de l'époque (elle a été
écrite en 1996), à savoir la guerre en Bosnie.
Le conflit y est vu par deux femmes : l'une
psychologue américaine, l'autre (Dora) une
jeune femme violée. Le public est soumis à
rude épreuve car Visniec souhaite ainsi, en interpellant son
auditoire, "que les gens soient horripilés, choqués dans leur
chair, par la situation dramatique insoutenable". Visniec ne
désigne pas l'ennemi et pose des questions sans réponses. C'est
à chacun des spectateurs, estime-t-il, de trouver sa réponse
plutôt qu'une réponse déjà toute faite.
D'une manière générale, Visniec est en lutte contre le bienpensant et contre le conformisme intellectuel. Il s'agit en fait,
chez Visniec, d'un théâtre qui dénonce toute forme de dictature, aussi bien celle qu'il a fui en Roumanie que la nôtre, en
Occident, plus sournoise et hypocrite pour ce qui concerne la
pensée.
L'écriture dramaturgique de Matei Visniec ne donne pas tant
la priorité aux personnages qu'il privilégie les situations. Ces
personnages, d'ailleurs, sont le plus souvent décalés par rapport à la réalité. Les situations, elles, sont exprimées par un
choix et une économie de mots (français) qui donnent ainsi à
ce théâtre toute la force de sa concentration et sa percussion ".
De Beckett à Ionesco
Cafarnaüm: "Visniec, très inspiré par Beckett, est incontestablement un continuateur de l'œuvre de Ionesco. Par l'absurde, bien sûr, mais aussi par sa quête de personnages interchangeables. Toutefois, si Ionesco a mis du temps avant d'être
reconnu par la critique, Visniec, lui, a rencontré le succès rapidement. De nombreuses petites compagnies jouent Visniec en
France; petites compagnies, d'ailleurs, que Visniec s'emploie à
soutenir comme pour affirmer sur le terrain son désir d'assurer
la diversité des expressions théâtrales.
Au total, le théâtre de Visniec veut garder
l'espoir, un espoir sur l'horreur certes mais
un espoir tout de même (ainsi la femme
violée dans La femme comme champ de
bataille décide de garder son enfant). Pour
Visniec la vie doit l'emporter sur la mort et,
à ce propos, lisons de lui ces quelques lignes:
" Il faut absolument laisser de l'espace à
l'espoir. Sinon, il faut se suicider. Il faut réagir, il faut actionner, comme si l'espoir existait, comme si l'humanité était capable de
Matei Visniec
sortir de son cauchemar, de ses égarements,
de ses excès, comme si l'Histoire servait à quelque chose.
Sinon, cela signifierait que nous sommes dans un vide total. ".
Enfin, nous pensons que des pièces comme L'histoire des
ours panda racontée par un saxophoniste qui a une petite amie
à Francfort, comme Petits boulots pour vieux clowns, comme
Théâtre décomposé ou l'homme-poubelle ou encore Partitions
frauduleuses, parmi d'autres, sont bien ancrées dans le répertoire théâtral et qu'elles sont promises à un avenir durable ".
Propos recueillis par Bernard Camboulives
La compagnie Cafarnaüm possède un site Internet: www.cafarnaum.com
La patiente d'Anca Visdei a d'abord été tirée de la pièce Femmesujet éditée par les Editions Aux-quatre-vents. Elle a ensuite été
publiée sous son propre titre aux Editions Théâtrales.
La femme comme champ de bataille dans la guerre en Bosnie
de Matei Visniec a été éditée par Actes Sud-Papiers.
Un seul cinéma chauffé en Moldavie
L
a situation des cinémas est
désastreuse dans l'ensemble
du pays et particulièrement en
Moldavie. Presque tous ont sombré.
Quand ils ont été vendus ou loués, leurs
nouveaux propriétaires les ont transformés en bars ou discothèques. La
concurrence de la télévision et d'Internet,
l'état lamentable des salles et de leur
équipement, datant de plusieurs décennies, le prix des billets, ont découragé le
public et, devant les dettes accumulées,
les autorités ayant en charge cette activité
ont renoncé . A Iasi, il n'existe que deux
grands cinémas qui totalisent 1800
places… dont une centaine seulement
sont en moyenne occupées. Le
"Republica" est même le seul à être
chauffé de toute la Moldavie, alors qu'il
n'est pas rare que le thermomètre descende à - 20 ° l'hiver. Dans certaines très
grandes villes commencent à apparaître
des complexes multi-salles privés. Deux
sont justement prévus à Iasi, le Julius
Mall et le Mall Moldova. Mais dans les
communes plus modestes, le cinéma est
en voie de disparition complète.
33
Connaissance et découverte
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Théâtre
SUCEAVA
BAIA MARE
z
ORADEA
ARAD
CLUJ
z
z
z
IASI
TARGU
MURES
z
PIATRA
NEAMT
z
DEVA
z
z
z
L
BACAU
z
TIMISOARA
BRASOV
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
BRAILA
PLOIESTI
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Une fascination
mutuelle
32
En 1912-1913, une tentative manigancée auprès du roi (qui n'aime pas
Loti) pour faire venir l'écrivain à
Bucarest échoue. La reine meurt au
début de la Première Guerre mondiale. On peut s'interroger sur la nature
des relations entre Loti et la reine de
Roumanie. Les grands ont toujours
fasciné le petit garçon de Rochefort.
Loti était sensible à la façon dont la
reine lisait publiquement des extraits
qui, lus par Elisabeth, donnaient à
l'auditoire une impression plus forte
qu'aurait donné la lecture de l'œuvre
complète.
Carol Ier
Carmen Sylva pensait très justement que l'admiration que Loti lui portait "n'était peut-être pas accordée
aux pages mêmes que je (Carmen
Sylva) lui lisais, mais plutôt issue des
pensées élevées que son esprit sensible, généreux et intelligent concevait lui-même durant ma lecture".
La reine de Roumanie ne se glisse-t-elle pas ainsi dans le rôle de la
muse? En tout cas, son personnage
et l'exotisme de la cour roumaine,
entre Occident, où elle était amarrée,
et ce parfum d'Orient tout autour, qui
troublait Loti, ne pouvaient que séduire notre écrivain voyageur.
Marc Chesnel
a compagnie théâtrale Cafarnaüm est installée dans le quartier des
Résidences (immeubles et barres en abondance) de Belfort. Animée par
deux passionnés permanents du théâtre, Manuelle Lotz et Alexandre
Tournier, et présidée par Gilles Benhamou, elle compte à son répertoire de nombreuses créations dont la première fut La femme comme champ de bataille du
Roumain de Paris, Matei Visniec.
La rencontre de Cafarnaüm avec Anca Visdei,
autre dramaturge roumaine exilée de longue date
(Suisse et Paris), a permis à cette compagnie de
monter pour la première fois sur les planches
françaises (à Besançon en 2001) un texte de celle-ci,
écrit directement en français en 1990, La patiente.
Et c'est avec cette pièce d'une exilée roumaine écrivant en français que Cafarnaüm a été invitée au
Festival Des jours et des nuits qui s'est tenu en septembre 2004 à Braïla en Roumanie. Bernard
Camboulives a rencontré Manuelle Lotz et
Anca Visdei Alexandre Tournier à leur retour de Braïla.
En Roumanie, l'auteur et son texte
ont encore la primauté sur le metteur en scène
Cafarnaüm: "L'accueil des Roumains a été de qualité. Des gens chaleureux,
pressés (presque trop) de nous rendre service et fort capables d'organiser avec talent
un festival. Il y avait là des troupes anglaise, turque, allemande, grecque et deux
françaises (dont nous). Ce que nous avons particulièrement apprécié est l'amour du
théâtre dont ont fait preuve les organisateurs.
Ils vivent encore le théâtre dans le cadre d'un ancien système avec de nombreux
permanents à la mentalité parfois de fonctionnaire et peu de moyens techniques mais
cela induit ce que nous affectionnons particulièrement, à savoir une préférence et une
priorité pour le texte plutôt que pour la scénographie. Disons que là-bas l'auteur
conserve encore la primauté sur le metteur en scène. Ce qui n'est plus tout à fait le cas
en France.
Il y a aussi en Roumanie un amour et un respect pour la langue française qui nous
ont tout à fait étonnés et enchantés. Nous avons d'ailleurs joué notre pièce en français
comme les autres compagnies étrangères ont joué les leurs dans leurs langues d'origine. Cela n'a pas empêché le public de manifester son enthousiasme".
La déchirure vécue par Anca Visdei tranche avec son théâtre léger
Cafarnaüm: "Notre pièce jouée à Braïla était La patiente d'Anca Visdei. Nous
apprécions particulièrement cet auteur que nous avons fréquemment au téléphone.
Nous entretenons ainsi une excellente collaboration avec elle et c'est grâce à cela que
nous avons pu venir jouer en Roumanie. Anca écrit un théâtre, certes bavard qu'il
nous est permis de raccourcir parfois, mais terriblement drôle et intelligent. Anca
Visdei crée ainsi de vrais personnages très intéressants à jouer. Dans La patiente, c'est
une femme qui va voir son psy dont elle tombe amoureuse. Cela donne une véritable
comédie sur fond de psychanalyse et d'amour.
Le théâtre d'Anca Visdei est aussi un théâtre féministe comme en témoigne sa
pièce Dona Juana où elle met en scène une sorte de Don Juan féminin. La gravité aussi
peut être de mise dans ce théâtre comme dans la pièce Puck en Roumanie pour laquelle l'auteur écrit : "La pièce parle de l'érosion que le temps inflige aux êtres à travers
le témoignage de ces deux sœurs, victimes d'une séparation imposée par un système
de répression aussi absurde que violent et efficace".
Société
Le véhicule s'était renversé à l'entrée
de Slobozia: seize passagers tués
Evénements
Les auteurs roumains
z
z
La compagnie théâtrale française
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
La sécurité des micro-bus en question
C
irculant trop vite, un micro-bus surchargé s'est renversé à l'entrée de Slobozia (Ialomita), entraînant
la mort de seize de ses vingtsept passagers, fin novembre. L'accident a
causé une grande émotion en Roumanie où
ce système de transport, rapide, pratique,
peu coûteux, s'est énormément développé
ces dernières années, remplaçant les liaisons assurées par des compagnies de cars
souvent défaillantes, voire inexistantes dans
certains secteurs.
L'accumulation d'accidents du même
genre a amené les autorités à réagir et à annoncer de nouvelles
mesures de contrôle de vitesse, de respect du nombre de passagers autorisés, et la révision du système d'attribution des
licences de transport.
Justice: deux poids... deux mesures
selon qu'on soit puissant ou simple citoyen
Justice
Carmen Paunescu
L
Les professionnels du secteur estiment que ces dispositions sont inutiles, risquant d'alourdir les contrôles bureaucratiques et demandent la véritable application
de la réglementation existante, ce qui leur
paraît suffisant. Ils dénoncent en outre la
concurrence des transporteurs illégaux,
qu'ils appellent des pirates, qui les oblige à
réduire les prix, les coûts, en augmentant le
nombre de navettes et leur surcharge.
De nombreux chauffeurs sont ainsi
amenés à faire des aller-retours incessants
de jour et de nuit, mettant gravement en
danger la sécurité des passagers; mais seuls les transports
internationaux sont contraints de disposer d'un système permettant de vérifier le nombre d'heures de conduite et de repos,
les transports internes échappant à ce contrôle.
a justice a rendu son verdict
dans
l'affaire
Carmen
Paunescu. La femme du poète
et barde de Ceausescu, devenu depuis
sénateur PSD (anciens communistes) de
Hunedoara avait provoqué la mort de
trois personnes dans un accident de voiture, voici un an. Au volant de son puissant 4 x 4 - la voiture préférée des nouveaux nomenklaturistes... les automobilistes ordinaires ont appris à se ranger à
leur passage - la conductrice téméraire
avait doublé une file de véhicules, alors
que c'était interdit, percutant de plein
fouet une Dacia circulant en sens inverse.
Carmen Paunescu s'en était tirée avec
quelques contusions sans gravité, mais
dans le véhicule en face, les secours
avaient retiré les corps sans vie du
conducteur, son épouse et leur petit
garçon: la famille avait été totalement
anéantie, à l'exception de la fille aînée,
miraculeusement seulement blessée.
D'habitude, la justice se montre impitoyable dans ce genre d'affaire, condamnant fréquemment les prévenus à des
années de prison. Dans ce cas, Carmen
Paunescu a écopé d'une amende de trente
millions de lei anciens... soit 900 € !
Mircea Toma, journaliste à la revue
satirique "Academia Catavencu" a vivement réagi dans la tribune
libre suivante parue dans
son journal :
"Carmen Paunescu a
été, enfin, condamnée
pour les trois personnes
qu'elle a tuées avec sa voiture. Dans leur sentence
définitive, les juges ont
décidé d'accorder 30 millions de lei anciens au
grand-père de la seule rescapée, qui est encore
mineure... Soit 10 millions
(300 €) pour chaque
croix.
Voici deux ans, Silviu
Alupei, journaliste à "Romania Libera",
avait été condamné à 300 millions de lei
(9000 €) de dédommagements pour
avoir dénoncé dans un article les abus
d'une procureure. Dan Balescu, journalis-
te à "Gazeta de Sud", a dû payer 660
millions de lei (18 600 €) pour insulte à
l'égard d'un préfet dont il relatait les agissements. Je ne dis pas qu'ils avaient raison ou non. Je constate simplement: en
Roumanie, aux yeux de la Justice, le prix
d'une vie est de 10 millions de lei, la susceptibilité d'un personnage puissant en
vaut entre 30 et 66 fois plus.
Voici peu, un jeune de Timisoara surpris avec une boulette de drogue de 1 g a
été condamné à 11 ans de
prison; le fils de Ion
Tiriac (la plus grosse fortune du pays) a été blanchi de l'accusation de trafic et consommation de
drogue après l'intervention de son père auprès du
président Iliescu.
Sans-doute ne faut-il
pas généraliser car il existe des juges qui appliquent la loi sans tenir
compte de la position du
prévenu... Mais je ne peux
Ion Tiriac junior
m'empêcher de penser à
ceux qui font dans leur
culotte dès qu'ils ont à faire à un procureur, un préfet, un Paunescu, un Tiriac.
Bref... un puissant. On parle de la réforme de la Justice? Il faudrait commencer
par greffer des couilles aux juges !".
21
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Vie quotidienne
SUCEAVA
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PITESTI
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CLUJ
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TIMISOARA
BAIA
MARE
z
BUZAU
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
z
Bucarest n'est plus
la ville la moins
chère d'Europe
22
D'après le classement bi-annuel
effectué par "The Economist
Intelligence Unit", Bucarest n'est
plus la ville la moins chère d'Europe,
après avoir remonté de la 112ème
place, au niveau mondial, à la
91ème. Désormais, elle précède Kiev
(93ème) et Belgrade (108ème).
L'entrée des pays de l'Est dans
l'UE a d'ailleurs changé sensiblement
le classement, leurs capitales étant
devenues moins accessibles au
niveau des prix. Ainsi, Varsovie avance de 37 places, Prague de 20,
Budapest de 12 et Bratislava de 10.
Les destinations est-européennes
restent cependant les moins chères
du Vieux Continent, à l'exception de
Lisbonne qui occupe la dernière
place (52ème).
Les villes les plus chères du
monde sont: Tokyo, Oslo, Osaka
Kobe. Suivent treize villes
européennes : Reykjavik (4ème),
Paris (5ème), Copenhague (6ème),
Zürich (7ème), Londres (8ème),
Genève (9ème), Helsinki (10ème),
Vienne (11ème), Francfort (12ème),
Milan (13ème), Munich (14ème),
Stockholm (15ème), Berlin (16ème).
La chute du dollar explique ce
phénomène et le fait que l'on ne trouve aucune ville américaine dans les
trente premières, New-York se classant 35ème. L'Amérique du Sud est
une des régions les meilleurs marchés, Mexico (68ème) étant la ville la
plus chère du sous-continent.
Téhéran est considéré comme la
grande ville la moins chère du
monde.
aventure littéraire avec la reine Elisabeth de Roumanie
La capitale transformée
en immense chantier
et l'écrivain troublé par l'exotisme roumain
C
irculer dans les rues de Bucarest, que
l'on soit automobiliste ou piéton, est
une expérience qui ne s'oublie pas. Il
faut une bonne dose de courage pour s'y aventurer, doublée d'un soupçon de fatalisme et de
beaucoup de patience. Les optimistes qui pensaient que cette situation ne pouvait que s'améliorer avec le temps doivent déchanter: Adrian
Videanu, le maire général de la capitale, vient
d'annoncer la mise en chantier de 35 projets de
travaux dans les trois prochaines années, voués à
donner à Bucarest l'aspect d'une véritable capitale européenne.
La construction d'un aéroport dans le sud de
Calea Victoriei, 1944
la ville, de parkings souterrains et en surface, de
quartiers résidentiels en périphérie et d'un canal reliant Bucarest au Danube, ne constituent qu'une partie de cet ambitieux projet. Des initiatives plus anciennes telles le passage Basarab - destiné à améliorer la circulation dans la zone de la gare du Nord - et
la réhabilitation du centre historique de la capitale, dont on parle depuis au moins deux
ans, sont également à l'ordre du jour.
L'ensemble présuppose un budget de six milliards d'euros, dont 2,8 milliards
devront être disponibles dès le début des travaux. Adrian Videanu rappelle à ce sujet
l'émission d'obligations lancée par la municipalité au début de l'année 2005, laquelle
a rapporté à ce jour 500 millions d'euros. Il mentionne également la possibilité de partenariats privé-publics et d'emprunts auprès de banques d'investissements étrangères,
mais sans apporter plus de précisions. Le maire assure que la municipalité se chargera des investissements concernant l'infrastructure: installations de canalisations d'eau,
de gaz, d'électricité ainsi que de la réfection des routes périphériques et semi périphériques, ce qui devrait rendre la ville plus attractive pour le secteur privé, lequel pourrait ainsi participer "de façon significative" au financement du projet.
Face à cet ambitieux programme, lequel devrait certainement, améliorer considérablement l'aspect de la capitale roumaine, une expression chère à nos voisins britanniques, vient à l'esprit: "wait and see" (attendons de voir)… d'autant plus que deux de
ces projets paraissent surprenants : la construction d'un aéroport sud, alors qu'Otopeni
vient juste d'être agrandi et modernisé, ce qui lui assure une capacité de plusieurs
années pour absorber le flux des rotations aériennes; le creusement d'un canal entre
Bucarest et le Danube, dont on ne voit pas bien l'utilité, et qui s'assimile à un chantier
pharaonesque rappelant, en outre, de très mauvais souvenirs.
A
Connaissance et découverte
Pas moins de 35 projets de travaux
pour les trois prochaines années
z
CONSTANTA
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Les Roumains se tournent
vers les vins secs et demi-secs
lors que la Roumanie est
depuis longtemps un pays de
tradition de vins très sucrés
(19%), on peut constater une évolution
récente qui tend vers la consommation de
vins "demi-secs" (37%) et "secs" (21%).
La Roumanie n'a pas encore basculée
vers une production majoritaire de vins
secs mais elle se trouve à un tournant en
privilégiant les vins "demi-secs". Cette
mutation se fait de façon progressive. On
constate que la classe moyenne roumaine
préfère les vins secs.
En conséquence, on peut estimer
sans trop se tromper qu'avec l'évolution
du pouvoir d'achat, la progression de la
consommation de vins secs va se confirmer dans l'avenir.
Carmen Sylva, et fervente partisane de la réconcilition franco-allemande
Provocation de Loti ? En tout cas, les discussions se poursuivent avec les promenades dans la forêt : c'est là, en parlant
avec la reine que naît l'idée d'écrire Le Roman d'un enfant
publié trois ans plus tard dans une revue parisienne avant de
devenir un livre.
Leurs relations se poursuivent, avec des hauts et des bas.
Loti traduit en français deux textes de Carmen Sylva, Mochou
et Baba et Mihu l'enfant, ce qui est exceptionnel de sa part;
ce sont ses seules traductions, avec beaucoup plus tard celle du
Roi Lear, de Shakespeare (cette fois en collaboration).
Loti contribue à faire connaître les écrits de Carmen
Sylva. Il corrige les Pensées d'une Reine, publié chez
Calmann Levy. L'ouvrage reçoit le prix Botta de l'Académie
Française le 16 novembre 1888. Il préface d'autres livres écrits
par la reine, ainsi Qui frappe?, publié encore chez Calmann
Levy en 1890.
puter avec les gens qu'il aime bien, sans autre raison que de
goûter ensuite le plaisir de la réconciliation: la reine, stupéfaite, l'apprend à ses dépens.
Après cette nouvelle rencontre, l'écrivain et la reine s'écrivent encore. Les lettres adressées par Loti à Elisabeth sont
connues à la suite d'une histoire rocambolesque: dérobées par
un secrétaire indélicat de la reine, qui les vend, elles sont
retrouvées chez un marchand d'autographes à Paris par Louis
Barthou, qui les achète pour les rendre à Loti ! Pour le remercier, le romancier lui en laisse la plupart.
La distance, le temps, la vie tout simplement les séparent.
Relations arrêtées pendant
dix sept ans sur ordre de Carol 1er
C’est alors que la reine reproche à Loti, maintenant très
célèbre, puisque il est élu à l'Académie Française en 1891, de
Brouilles et réconciliations
ne jamais plus lui faire parvenir les nouveaux romans qu'il
publie. Elle dit regretter d'autant plus les longues discussions
Leurs relations épisde Sinaia que Loti est
tolaires s'installent. Loti
loin... Et qu'il a publié en
revient en Roumanie trois
1893 Une Exilée, un récit
ans plus tard. Il séjourne à
né de cette idylle à l'issue
la cour de Bucarest en
malheureuse (entre le
avril-mai 1890. Plus tard,
prince héritier et la demoiil portera des jugements
selle d'honneur de la
irrévérencieux sur ce qu'il
reine), dont il avait été le
a pu voir lors de son
témoin lors de son séjour
séjour, en particulier sur
au château de Peles.
l'entourage de la reine.
Au milieu de tous les
Loti a toujours eu son
souvenirs de Sinaia, de
franc-parler quand il le
Bucarest et de Venise, que
juge bon. De retour en
Loti évoque dans ce livre,
France, l'écrivain manipour présenter une pauvre
feste son mécontentement
reine, rêveuse, triste et
quand un journaliste hondésillusionnée, comme un
être surhumain, presque
grois le dépeint sous un
céleste, il parle également
jour peu flatteur en relaLa reine Elisabeth au milieu de son groupe de fidèles; Hélène Vacaresco
tant à sa façon le séjour à
est assise à ses pieds et Pierre Loti se trouve également assis, du roman d'amour qui s'éà
gauche
sur
la
photo (cliché pris à l’Hôtel Danieli de Venise, le 14 août 1891). tait déroulé sous ses yeux.
Sinaia, critiquant en particulier l'apparence physique de Loti, sujet auquel notre homme,
Loti fait parvenir un exemplaire des Désenchantées avec
très susceptible, est sensible. S'ensuit un refroidissement des
une dédicace à la reine. Leurs relations épistolaires, arrêtées de
relations entre l'écrivain et la reine, qui n'était pour rien dans
1891 à 1908 comme l'exigeait le roi Carol, reprennent : Loti
cette affaire !
envoie à la reine ses nouveaux livres, qu'elle lit publiquement
Aussi Loti hésite-t-il à aller voir la reine à Venise (où elle
à la cour, Carmen Sylva lui fait parvenir ceux qu'elle publie.
était partie sur ordre de son mari, le roi Carol 1er étant opposé
"Mon remerciement ému pour Aliunde que Votre Majesté
au mariage qu'elle souhaitait entre le prince héritier et Elena
a daigné m'envoyer et dont la lecture m'a laissé je ne sais quelVacaresco) en 1891 comme il l'avait prévu ; finalement, après
le sérénité haute et en même temps douce. Je l'avais lu lenteavoir fait des manières, il s'y rend et voit la reine trois jours au
ment à mes rares minutes de liberté; cela m'avait rappelé l'émilieu du mois d'août : quel décor pour ces retrouvailles ! Une
poque déjà si lointaine où, sur la gondole à Venise, Votre
nouvelle brouille surgit au cœur d'une discussion animée,
Majesté lisait des fragments du livre: Livre de l'âme. Déjà
bientôt suivie d'une réconciliation !
plus d"un quart de siècle passé depuis ces soirs de gondole.
Ce qu'Elisabeth ignorait, c'est qu'il plaît à Loti de se disHélas !", lui répond-il.
(lire la suite page 32)
31
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Littérature
Pierre Loti mena une singulière
connue sous son nom d'écrivain,
SUCEAVA
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BAIA
MARE
IASI
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La muse royale
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
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Envoyée en exil
par son mari, le Roi
30
Romantique incurable, la reine
Elisabeth confondait les affaires du
cœur avec celles de la raison…
dynastique. Son projet de mariage
entre Ferdinand, le prince héritier du
trône (car le 14 mars 1881 fut proclamé le Royaume roumain), neveu
de Carol 1er, et Elena Vacaresco, sa
première dame d'honneur, fut récompensé de deux ans d'exil par son
royal époux Carol Ier, qui n'apprécia
pas, ne connaissant qu'un devoir :
servir les intérêts de la Roumanie, en
accord avec ses ministres, malgré
ses affinités mêmes.
La reine avait remarqué le sentiment naissant entre les deux tourtereaux. Elle l'encouragea, tenta de
convaincre son mari, qui y fut favorable, au départ. Mais c'était sans
compter sans la réaction de l'aristocratie roumaine qui s'opposa au projet de mariage : le futur roi ne devait
en aucun cas épouser une descendante d'une famille roumaine, afin de
ne pas ouvrir une lutte interne pour la
succession du trône. C'est pour cette
raison que les Roumains étaient partis à la recherche d'un prince étranger
en 1866, afin de se doter d'un souverain dégagé de ces rivalités.
L'affaire fit donc scandale. Elena
Vacarescu fut éloignée, Elisabeth
envoyée à Venise, puis chez sa mère,
promettant de ne jamais la revoir, et
tenant parole. Par la suite, la tradition
fut respectée, aucun des futurs souverains roumains, appelés sur le
trône, n'épousant une Roumaine. En
1893, le futur Ferdinand 1er épousa
donc une femme de son rang, Marie,
Princesse de Grande Bretagne et
d'Irlande, nièce de la Reine Victoria
d'Angleterre.
E
ntre Pierre Loti (1850-1923) et Carmen
Sylva, pseudonyme d'écrivain de la reine
Elisabeth de Roumanie (1843-1914),
femme de Carol 1er, et d'origine elle aussi allemande, une singulière relation littéraire s'était établie,
amenant l'auteur français, mondialement connu à l'époque, a séjourné à deux reprises à la cour royale
roumaine et à découvrir ce pays. Marc Chesnel, président du Cercle d'Action Culturelle et Européenne
de Bordeaux et membre de l'association
Internationale des Amis de Pierre Loti, nous conte
cette étonnante liaison qui eut l'heur de déplaire au royal époux. Marc Chesnel avait
également suscité en 2003 un voyage en Roumanie sur les traces de Pierre Loti, qui
avait été mis sur pied grâce à l'agence de voyage de Jean-Michel Corbet, à Târgu
Mures (Voir "Les Nouvelles de Roumanie", n° 29 et 31).
A Sinaia, la reine traduit "Pêcheur d'Islande" en allemand
Au début de son ouvrage Pierre Loti et Carmen Sylva, publié chez Bernard
Grasset en 1931, Léopold Stem relate les circonstances de leur mise en relation par
l'intermédiaire d'Hélène Vacaresco, dame d'honneur de la reine,également poétesse.
Celle-ci fait parvenir à Pierre Loti Jehova, Poème de Carmen Sylva (nom d'écriture
de la reine) qu'elle a traduit en français.
Loti la remercie en termes chaleureux et lui envoie peu de temps après Pécheur
d'Islande, le roman qu'il vient de publier. Le livre est dédicacé à la reine, Loti insiste
pour qu'il lui soit remis en mains propres. Elisabeth, profondément marquée par le
décès de sa fille unique, est fascinée par les impressions fortes d'un livre traversé par
la mort, la douleur de l'âme humaine et la force du destin.
Elle admire l'ouvrage et se découvre des affinités avec Pierre Loti. Désireuse de
connaître l'auteur, la reine l'invite à venir la voir à Sinaïa et entreprend de traduire le
roman en allemand, sa langue d'origine.
Cette invitation n'est pas dépourvue d'idée politique et elle écrit ceci :
"Tout ce qui peut contribuer à rapprocher les deux peuples, je voudrais le tenter;
j'y emploie tout ce qui peut être utilisé. La pensée que la race latine et la race germanique sont faites pour se compléter l'une l'autre, est positivement devenue chez moi
une idée fixe"
La traduction en allemand est précédée d'une préface de la main de la reine :
"Si j'ai réussi avec cette petite épopée à charmer le cœur des autres comme elle a
réussi, par sa grandeur biblique et son émouvante sincérité, à élever le mien, si dans
quelques cœurs allemands les paroles brutales: "ennemi héréditaire" peuvent être
désormais remplacées par les belles paroles: "Pays frère", mon travail aura été facile et m'aura procuré une pure joie".
Promenades en tête à tête à Peles
Loti arrive au château de Peles, et séjourne à Sinaïa du 27 septembre au 4 octobre
1887. Il y rencontre Elisabeth. La reine le trouve réservé, elle est séduite par ses yeux
qui pétillent d'intelligence. Il est sensible à sa voix. Après une période d'adaptation,
liée à la timidité de Loti, isolé à la cour, la confiance s'installe : ils discutent lors de
longues promenades dans le parc du château et dans la forêt qui s'étend autour. Mais
Loti, homme de mer (et par ailleurs fier de ses capacités athlétiques) appréhende de
gravir les sommets proches de Sinaïa... et renonce à une excursion que la reine voulait faire avec lui !
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Carnet
Société
Raimu, Louis Jouvet, Michel Simon ont été ses partenaires,
Abel Gance, Renoir, Bresson, Cocteau ses metteurs en scène
Jany Holt: de sa Roumanie natale aux feux de la rampe
L
a comédienne et actrice Jany Holt est morte mercredi 26 octobre à l'hôpital américain de Neuilly.
Elle était âgée de 94 ans. Née en Roumanie en
1911, de son vrai nom, Ecaterina Ruxandra
Olt était venue s'installer à Paris en 1926 afin
d'y suivre des études de commerce. Attirée
par l'art dramatique, elle entre dans le cours
de Charles Dullin, et débute au théâtre dans
une pièce de Bruckner, La Créature. Elle fait
alors partie de la troupe des Pitoëff. Un bel
avenir lui est promis, d'autant qu'elle a tapé
dans l'oeil de Raimu, qu'elle vénère. Le cinéma lui tend les bras. Elle est face à Harry Baur
dans Le Golem de Julien Duvivier (1935).
Elle fait une autre rencontre déterminante: celle de Marcel Dalio. Séduit par "ses
beaux yeux un peu enfoncés et ses joues
creuses", Dalio est sur le point de l'épouser: le
mariage tombe à l'eau parce que les parents de
Jany Holt exigent qu'il se convertisse au
catholicisme. Le comédien répond : "Mon seul Dieu, c'est le
théâtre".
Jany Holt repart en Roumanie... où on la rappelle pour
venir remplacer une comédienne défaillante dans Les
Innocentes de Lilian Hellman. Cette fois, Dalio parvient à
l'amener à la mairie, avec Henri
Jeanson et Marcel
Achard comme
témoins. Mariage
qui tournera court,
Jany Holt étant
tombée amoureuse de Jacques
Porel, le fils de
Réjane. Qui fait
ainsi son portrait:
"Sa chevelure est
un triomphant incendie. Elle offre chaque jour le spectacle de
l'insolite allié à une parfaite simplicité. Elle est, pour tout dire,
éclatante, rayonnante de personnalité".
Jany Holt a un physique maigrichon, un nez pointu, l'oeil
impertinent, et suffisamment de trouble pour se voir épargnée
par les rôles de soubrettes. On lui offre des personnages de
jeune mythomane, d'illuminée, de quasi folle, dont elle s'empare avec ardeur. La voilà chez Jean Renoir (Les Bas fonds,
1936), Abel Gance (Un grand amour de Beethoven, 1936),
Marcel L'Herbier (La Tragédie impériale, 1937), Jean
Dréville (Troïka sur la piste blanche, 1937).
L'un de ses plus beaux rôles est celui que lui offre Pierre
Chenal dans L'Alibi (1937), où est joue une entraîneuse face
à Louis Jouvet et Eric von Stroheim. Admiratrice, elle dit de
son metteur en scène qu'il "magnétise sans emmerder". Chenal
rend hommage à sa décontraction, son humour hors du commun, et à la façon dont, à la fin du film, "elle a une scène entre
rire et larmes à vous arracher les tripes".
Il la rengage en 1938 pour La Maison
du Maltais, où elle côtoie Fréhel et la capiteuse Viviane Romance. Dans Pour Vous,
Serge Veber écrit: "On se demande comment
la braise de ses yeux qui dévorent son visage ne met pas le feu à son corps sec et nerveux qui ne demande qu'à brûler".
Décorée pour faits de Résistance
par le Général De Gaulle
Le théâtre la redemande. Elle se produit
dans Les Monstres sacrés de Jean Cocteau,
Sainte Jeanne de Bernard Shaw. Réapparaît
à l'écran dans Le Baron fantôme (1942) et
La Fiancée des ténèbres (1943) de Serge
de Poligny, Les Anges du péché de Robert
Bresson (1943): amoureuse en proie aux maléfices, pauvre
fille poursuivie par la fatalité sur fond de bûchers cathares,
irréductible prisonnière du couvent.
Décorée en 1945 par le général de Gaulle de la Croix de la
Libération en 1945 pour services rendus à la Résistance, Jany
Holt ne retrouvera pas après la guerre l'aura qui en fit l'une des
actrices de tempérament d'avant guerre. De cette fin de carrière citons Non coupable d'Henri Decoin (1947) où elle est partenaire de Michel Simon, Gervaise de René Clément (1955),
et sa dernière apparition, dans Noir comme le souvenir de
Jean-Pierre Mocky (1994).
Grande amie d'Elvire Popesco
Dans le monde du théâtre et du cinéma, on ne lui connaissait que des
amis.
Elle
aimait beaucoup Elvire
Popesco, qui
comme elle
était venue de
Roumanie et
s'intéressait à
toutes
les
formes d'art,
la peinture, la
sculpture, elle
L’actrice, ici avec Harry Baur.
fréquentait les
expositions, les concerts. Lorsque sa grande amie disparut, on
sentit Jany Holt un peu orpheline. Pourtant elle avait sa propre
famille et avait été mariée deux fois, d'abord avec Dalio puis
avec Jacques Porel.
23
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Après trois semaines
de grève, les enseignants
ont repris le travail le cœur lourd
Enseignement
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POIANA MARE
Environnement
Dans le Delta
le brochet devient
une espèce rare
24
Alors qu'en 1966, 2700 tonnes de
brochets avaient été pêchées dans le
Delta du Danube, 38 tonnes l'ont été
seulement, l'an passé. La raison : la
pêche industrielle est interdite jusqu'en 2008, l'espèce étant menacée
de disparition ainsi que le montre la
rareté des prises, les pêcheurs
n'ayant rempli qu'à 60 % le quota
autorisé, en 2004. 1995 a été la pire
année, avec quatre tonnes déclarées.
Actuellement, les pêcheurs ont droit à
3 kg de brochets par sortie pour leur
consommation propre.
Ces chiffres fournis par l'Institut de
Recherche et Développement du
Delta du Danube sont fortement
contestés par l'association "Sauvez le
Danube et son Delta", laquelle estime
qu'ils sont sous-estimés, la pêche du
brochet au noir étant très développée
et se traduisant par des aller-retours
de camions emmenant leur chargement de poissons.
La forte augmentation de la pollution et le braconnage intensif depuis
la "Révolution", ne respectant ni
zones, ni périodes de reproduction,
amenant à la raréfaction du nombre
de poissons adultes ont conduit à
cette situation.
Il faut ajouter également l'endiguement auquel a procédé le régime
communiste sous Ceausescu pour
réaliser de la pisciculture intensive
sur 40-60 000 hectares, qui a fortement affecté l'évolution et le développement de l'espèce.
A
près trois semaines de grèves, les enseignants ont repris le chemin de leurs établissements, début décembre. A l'appel
des fédérations syndicales du secteur, leur mouvement avait été déclenché le 7 novembre affectant
tout le pays et toutes les formes d'enseignement, de
la maternelle aux universités.
Devant l'indigence des salaires, le mécontentement était latent, mais il a explosé à la rentrée
quand le corps enseignant a découvert que le projet de budget pour 2006 réservait à
peine plus de 3 % du Produit Intérieur Brut à l'Education nationale, malgré les promesses électorales de le porter au niveau des autres pays européens, entre 5 et 5,5 %,
ce manquement ayant entraîné la fureur et la démission du ministre concerné.
La grève a vite pris de l'ampleur échappant au contrôle des autorités, les jeunes
enseignants, dont le salaire net dépasse tout juste les 3 millions de lei anciens (80 €)
étant les plus motivés. Les maladresses du gouvernement, alternant arrogance et flagornerie, mais sans propositions sérieuses, n'ont réussi qu'à durcir le mouvement qui
a pris dans certains endroits, à Bucarest et Timisoara, la forme de grèves de la faim.
Nombre d'enseignants semblaient déterminés à aller jusqu'au bout, malgré les énormes
difficultés financières auxquelles ils étaient confrontés, évoquant la grande grève de
2000, qui avait duré cinq semaines.
Finalement, autorités et syndicats ont transigé, se mettant d'accord sur une augmentation des salaires de près de 12 % en 2006 (5,5 % au 1er janvier, 6 % au 1er septembre), représentant, compte tenu du taux prévisible d'inflation, une croissance réelle de 4,5 %, et le passage de la part du budget de leur ministère à 5 % du PIB.
Beaucoup d'enseignants, surtout les jeunes, ont repris le chemin de l'école le cœur
lourd, ces avancées leur semblant dérisoires. Un protocole prévoit qu'ils pourront
récupérer tout ou partie de leurs salaires perdus, s'ils rattrapent les cours qui manquent
sous forme d'heures supplémentaires, de samedis et de vacances (notamment février)
travaillés… ce qui n'enchante pas les élèves.
Mariana, professeur de français,
n'a plus les moyens de payer
son abonnement à la bibliothèque française
P
rofesseur de français à l'école
n° 136 de Ferentari, un des
quartiers les plus pauvres de
Bucarest, Mariana a fait la grève comme
ses collègues. "Je n'ai pas assez d'argent
pour payer le courant, la télé, je ne téléphone plus" confie cette jeune femme,
divorcée, élevant un enfant. "J'achète des
chaussures à 100 000 lei (3 €) et uniquement des vêtements d'occasion. Je me
débrouille ainsi. Heureusement j'ai mon
ami qui m'aide" continue-t-elle, ajoutant
"ce qui me peine le plus, c'est que depuis
trois ans je n'ai même pas les moyens de
m'inscrire à la bibliothèque française".
Pour tenter de joindre les deux bouts,
Mariana s'est mise à pratiquer la "présopuncture", une technique de massages
des vertèbres cervicales et du dos, qu'elle
a apprise en lisant nombre d'ouvrages,
proposant ses services à ses collègues.
De la même façon, elle leur vend des
suppléments alimentaires pour le compte
d'une firme qui lui ristourne une petite
commission. Ces activités sont d'un
faible revenu et, au début, Mariana en
avait un peu honte, mais l'ensemble de
ses collègues se débrouillent de la même
manière: l'un commercialise et entretient
des aquariums, un autre vend des cornichons sur les marchés, quant il n'a pas
cours…
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Gasoil contre bonne note
Insolite
L
'ONU n'a rien inventé avec son programme pétrole
contre nourriture pour l'Irak… Un professeur de
mathématiques du collège de Matasari (Gorj) a été
traduit en justice pour avoir rançonné ses élèves afin de leur
donner des bonnes notes et les laisser passer en classe supérieure. Ceux-ci devaient lui amener du gasoil pour son tracteur,
des médicaments pour les animaux de sa ferme, des haricots et
du maïs. L'enseignant indélicat faisait également payer quatre
euros chacune des leçons particulières collectives qu'il donnait
après ses cours, nombre de ses élèves se sentant obligés d'y
assister.
Le pot aux roses a été révélé quand un de ceux-ci a craqué,
dénonçant le stratagème: bien qu'ayant livré 35 litres de gasoil
au cours du premier trimestre, et recommençant au second, le
garçon avait reçu une mauvaise note se voyant reprocher
d'avoir apporté du carburant de mauvaise qualité.
Grippe bienvenue
A
court de ressources financières, les fermes
piscicoles et d'élevages de
faisans du lac de Bicaz et de
l'Institut de recherche et
d'aménagement forestier, ont
décidé de profiter de l'interdiction de la chasse et de la
chute des ventes de volaille
pour distribuer des faisans
congelés à leur mille
employés, en remplacement
des bons de repas qu'ils reçoivent habituellement. Saturés
déjà des truites, ceux-ci n'ont
apprécié que modérément de
se voir obliger de consommer
chaque jour ce que l'on réserve aux agapes de Noël et des
grandes fêtes.
C
Sur une route près de Suceava: c’est
tellement plus simple de faire coller le tracé
de la route aux trous... plutôt que de les réparer !
A
inq automobilistes qui sont allés
au fossé poursuivent en justice
le judet de Bistrita pour défaut
de signalisation routière. L'un d'entre-eux
avait terminé sa course dans la cour d'une
maison, à la suite d'une longue ligne droite
après avoir abordé à trop grande vitesse une
courbe dangereuse qui n'était indiquée par
aucun panneau.
Pour sa défense, le président du judet a
indiqué que la signalisation routière revenait
très cher, soulignant que dès que les Ponts et
Chaussées installaient un panneau, il disparaissait dans les deux jours pour servir de
barbecue, à moins qu'un chauffard ne l'emboutisse et ne l'emporte pour ne laisser
aucune trace de son passage. Il a toutefois
décidé d'attribuer un milliard de lei (30 000
€) pour en faire installer des supplémentaires sur les routes du département.
Détenus conviés à l'opéra
Manque de chance
près avoir prononcé un discours mettant en garde
les Bulgares contre les ravages causés par le crime
organisé et la corruption, le tout nouvel ambassadeur américain s'est rendu à l'aéroport de Sofia pour prendre
un vol à destination de Budapest où se tenait une conférence
de l'ensemble de ses collègues en poste en Europe de l'Est.
Après avoir passé le contrôle de sécurité et vidé ses
poches comme les autres passagers, il s'est installé dans
l'avion, se rendant compte, après le décollage, qu'il avait
oublié de reprendre son téléphone portable comportant tous
ses numéros, dont celui de la CIA. Alertés, les officiels de
l'aéroport ont interrogé les deux agents en faction qui ont nié
avoir trouvé l'appareil.
Malheureusement pour eux, celui-ci était doté d'un système GPS performant permettant de le localiser par satellite à
moins d'1,50 m. Ce fut un jeu d'enfant pour les services secrets
de le retrouver dans l'appartement d'un des deux suspects.
Arrêté, ainsi que son collègue - les deux hommes risquent dix
ans de prison - le coupable a déclaré pour sa défense: " Si
j'avais su qu'il était à l'ambassadeur américain, je ne l'aurais
pas volé ".
Panneaux routiers
manquants
P
lus de 350 détenus du pénitencier de haute sécurité de
Timisoara ont été conviés à l'Opéra de cette ville pour
assister à un spectacle de danses folkloriques. Il s'agissait là d'un geste de remerciement des autorités locales et du
judet pour l'aide qu'ils avaient apportée et des travaux effectués
à l'occasion des inondations qui ont ravagé certaines parties de la
région. Ces prisonniers avaient notamment démoli les maisons
irrémédiablement endommagées pour permettre la construction
de nouvelles.
Arrivés sous bonne escorte, les détenus ont pris place dans la
salle, encadrés par 150 gardiens, policiers et officiers. Pour cette
première en Roumanie, ils avaient revêtu les vêtements décents
qu'ils portaient au moment de leur incarcération et qu'ils retrouveront à leur libération, et tous avaient consciencieusement astiqué leurs chaussures. La grande majorité d'entre eux n'étaient
jamais venu à l'opéra et beaucoup se montraient impressionnés,
comme un condamné devant effectuer une peine de 20 ans pour
meurtre.
A l'issue du spectacle, les détenus ont reçu chacun un diplôme de reconnaissance délivré par les institutions et organismes
qui avaient bénéficié de leur travail.
29
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Sports
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DEVA
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T. SEVERIN
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TOPLITA
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Melbourne: l'Australie
ne sourit plus à Marius Urzica
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ARAD
BOTOSANI
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TULCEA
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BUCAREST
L'ancien champion olympique
de gymnastique met fin à sa carrière
CONSTANTA
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E
n se rendant aux championnats du monde individuels de gymnastique de
Melbourne, fin novembre, Marius Urzica (photo ci-contre)espérait mettre
fin en beauté à une carrière prodigieuse. A 30 ans, le champion olympique,
du monde et d'Europe, maître incontesté du cheval d'arçon pendant une décennie,
retrouvait une terre australienne fétiche. Mais, éliminé, il a quitté la scène dans l'anonymat. C'est à Brisbane que Marius Urzica avait décroché son premier titre mondial,
en 1994; il en obtiendra deux autres par la suite et trois autre médailles… Et c'est à
Sydney qu'il obtiendra la consécration, en 2000, avec un titre olympique. Au cours des
trois JO qu'il disputera, le champion sera d'ailleurs médaillé à trois autres occasions,
recevant l'argent à Atlanta pour les exercices au sol. Trois fois champions d'Europe,
remportant six médailles dans cette compétition, trois fois champions du monde par
équipe, Urzica est devenu le gymnaste masculin roumain le plus titré.
Natif de Toplita (Harghita), le Roumain avait commencé la compétition à l'âge de
6 ans au club scolaire de Gheorgheni. Tout au long de sa carrière d'un quart de siècle,
les blessures ne l'épargneront pas (rupture des biceps, colonne vertébrale), l'handicapant pendant trois longues années, de 1996 à 1999.
Fronde des filles et période d'interrogation
28
Subventions de la FIR
pour faire décoller
le rugby roumain
L'international Rugby Board
(Fédération Internationale de Rugby)
a décidé de consacrer 45 M€ sur
trois ans pour aider ce sport à se
développer dans les quelques 120
fédérations nationales qu'elle compte. Un peu plus de la moitié de cette
somme sera consacrée à promouvoir
le rugby dans les pays qui jouent à
l'échelon B (Roumanie, îles Fidji,
Tonga, Samoa, Japon, Canada et
USA); la Roumanie recevra à ce titre
3 M€.
Un autre programme prévoit de
mener différentes actions pour que
l'écart entre pays de niveaux A et B
ne soit plus insurmontable (préparation des joueurs, des entraîneurs,
suivi médical, équipement, structures
et infrastructures). 2,2 M€ seront
attribués à la Roumanie.
Enfin, la FIR a prévu une somme
de 15 M€ pour organiser des
tournées des équipes de niveau B
afin qu'elles se confrontent à des
équipes équivalentes ou supérieures
en Afrique du Sud, Pays de Galles,
Ecosse, Irlande, France et Italie.
La petite délégation roumaine présente à Melbourne est rentrée d'Australie les
poches à moitié pleines…ou à moitié
vides, avec au total quatre médailles.
Pleines, dans la mesure ou les garçons en
ont décroché trois, dont l'or au saut pour
Marian Dragulescu et le bronze dans cette
discipline pour le débutant Alexandru
Alin Jivan, l'argent au cheval d'arçon pour
Ioan Suciu… Vides, car les filles qui font
la fierté de la Roumanie n'ont ramené que
le bronze aux barres, avec la triple championne olympique, Catelina Ponor, contre
Ne pas confondre exercice à la barre fixe...
six médailles aux J.O. d'Athènes, dont
et sorties nocturnes au disco !
Caricature parue dans “Adevarul”
quatre d'or.
Pour les féminines, les championnats du monde se révèlent souvent en retrait pas
rapport aux J.O. les précédant, les premiers servant de préparation aux seconds, objectif suprême, marquant aussi souvent le renouvellement de l'équipe. Cette année, il en
allait tout autrement. Pétries de talent, les gymnastes roumaines appartiennent à la
génération révélée à Athènes et sont loin d'avoir terminé leur carrière.
Mais ces jeunes filles n'acceptent plus la discipline de fer que leur imposent leur
couple d' entraîneurs mythiques, Octavian Belu et Maria Bitang, lesquels régentent la
discipline à son plus haut niveau depuis vingt ans. Une crise d'autorité les opposait
depuis un moment, qui a éclaté cet été.
A 18 ans, Catalina Ponor et plusieurs de ses copines ont décidé d'enfreindre le
règlement, faisant le mur pour aller danser dans une boîte de nuit. Leurs entraîneurs
les attendaient à leur retour. Cette équipée s'est terminée par le renvoi des championnes rebelles dans leurs clubs d'origine où elles se sont entraînées elles mêmes,
deux étant seulement retenues pour le voyage à Melbourne… et par la démission du
couple Belu-Bitang qui avait vu bafouer son pouvoir. A bientôt deux ans des J.O. de
Pékin, il est évident que cette situation ne peut pas durer et que la fédération roumaine sera prochainement amenée à trancher… ou, plutôt, à recoller les morceaux cassés.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Rosia Montana: première victoire
pour les défenseurs de l'environnement
Environnement
L
a Cour d'Appel d'Alba Iulia a suspendu l'autorisation de forage accordée à la compagnie Rosia
Montana Gold Corporation
dans 39 endroits autour du village de
Rosia Montana, dans les monts Apuseni.
Cette société d'origine canadienne envisage depuis cinq ans d'y exploiter la plus
grande mine d'or d'Europe à ciel ouvert,
en utilisant une technique basée sur l'emploi du cyanure.
De nombreuses voix se sont élevées
contre ce projet qui menace la santé des
habitants, le cadre de vie, entraînerait une
déforestation massive, la destruction d'une vallée entière, un
transfert de population et la disparition d'un site archéologique
daco-romain. Mais les pouvoirs publics locaux se sont montrés
sensibles aux promesses de la compagnie canadienne, qui a su
" distribuer " ses arguments aux élus et à l'administration, alors
que la population s'est divisée, une partie mettant en avant la
création d'emplois annoncés et les forts salaires qu'on lui a fait
miroiter. Jusqu'ici, les autorités de
Bucarest sont restées floues sur le sujet,
alors que l'UE, de nombreuses organisations internationales de défense de l'environnement, la Banque Mondiale qui a
retiré son soutien, et même le Patriarche
Teoctist ont mis en garde sur les risques
encourus.
La Cour d'Appel d'Alba Iulia a ainsi
répondu favorablement à la requête
d'Alburnus Maior, association écologique
locale, relevant que l'accord d'exploitation du site délivré par
l'Agence de Protection de l'Environnement l'avait été sans que
celle-ci fasse une évaluation correcte de l'impact du projet sur
le milieu, la population, le patrimoine culturel et prenne en
considération les avis motivés des habitants.
Greenpeace dénonce l'extension de la culture génétique du soja
D
ans un rapport rendu public
et s'appuyant sur les analyses
effectuées par un laboratoire
autrichien, l'organisation internationale
Greenpeace dénonce les dérives de la culture génétique en Roumanie, notamment
celle du soja, rapportant qu'au moins dix
judets étaient concernés.
Selon elle, 90 % des 140 000 hectares cultivés en soja dans le pays le
Santé
A
seraient avec des plantes modifiées génétiquement, en toute illégalité, des plantations de pommes de terre et de pruniers
étant également affectées, mais dans une
moindre mesure.
Pour Greenpeace, ces pratiques font
peser une menace très sérieuse sur l'agriculture roumaine qui risque de ne plus
pouvoir exporter ses produits vers l'UE,
la réglementation y étant très drastique,
L'hôpital psychiatrique de Poiana Mare fermé
vec l'accord du ministre de la Justice, le ministre
de la santé, Eugen Nicolaescu, a décidé de procéder à la fermeture de l'hôpital psychiatrique de
Poiana Mare à cause du coût dispendieux de son fonctionnement mais aussi, et surtout, à la suite des nombreux décès de
patients qui y avaient été enregistrés.
L'établissement était devenu emblématique de la situation
déplorable des hôpitaux psychiatriques roumains, lesquels ont
enregistré 70 morts ces dernières années, ce qui a attiré l'at-
U
mais aussi menacent son processus
d'adhésion.
Le ministère de l'Agriculture a
contesté les chiffres avancés par l'organisation écologiste, indiquant que moins de
la moitié des plantations de soja l'étaient
en transgénique, ajoutant que la
Roumanie n'avait nullement l'intention de
jouer le "cheval de Troie" en ce domaine
en Europe.
tention de la Commission Européenne. Il se trouvait également
sous le feu des critiques de la presse internationale, des associations humanitaires, et particulièrement d’Amnesty
International, qui dénonçaient les nombreuses violations des
droits de l'Homme à l'égard des patients et demandent la réforme de cette institution.
Poiana Mare enfermait 500 patients, souvent des délinquants, et employait 300 personnes qui ont protesté contre sa
fermeture, en manifestant dans les rues de la commune.
Plus des deux tiers des enfants et adolescents
infectés par le virus du SIDA ignorent leur séroposivité
ne enquête menée dans le cadre du programme "Droit à l'adolescence" révèle que 67 % des 1700 enfants et adolescents concernés par le SIDA qui avaient été interrogés, ignoraient qu'ils étaient infectés par le virus HIV, découvrant
leur séroposivité à cette occasion. Dans la quasi-totalité des cas, leurs parents leur cachaient la vérité de peur qu'ils
soient victimes d'une exclusion sociale ou parce qu'ils ne savaient pas comment leur révéler après des années de dissimulation,
quand ils étaient petits. Cette constatation est inquiétante car nombre de ces adolescents ont déjà une vie sexuelle et ne bénéficient
pas de traitements adaptés. D'autre part, les médecins n'ont pas le droit de leur communiquer leur diagnostic avant qu'ils n'aient 18
ans .D'après les estimations, la Roumanie compte 11 000 personnes touchées par le VIH, dont 6000 adolescents de 14 à 18 ans.
25
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
L'épidémie de rougeole
a fait dix victimes parmi les enfants
Santé
BAIA
MARE
z
CLUJ
ARAD
z
z
ORADEA
ALBA I.
z
M. CIUC
z
z
z
IASI
SIBIU
PITESTI
CRAIOVA
z
z
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z
BACAU
z
BRASOV
CARANSEBES
RESITA
z
VASLUI
z
z
z
TIMISOARA
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
GALATI
z
z
BUZAU
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Seulement un quart
des Roumaines
utilisent une méthode
contraceptive
26
Le Fonds des Nations Unies pour
la Population a publié une étude
d'où il ressort que près des trois
quarts des femmes roumaines n'utilisent pas de méthode contraceptive,
s'en remettant aux pratiques traditionnelles. 40 % aimeraient pourtant y
avoir accès, 16 % prenant la pilule et
8 % portant un stérilet.
L'étude note aussi que les Roumaines s'émancipent, 45 % d'entre
elles ayant des relations sexuelles
avant le mariage; ce chiffre n'était
que de 25 % en 1996. Paradoxalement, le phénomène est inverse chez
les garçons, qui semblent "s'assagir":
en 1996, 65 % d'entre eux avaient eu
une expérience sexuelle avant de
prendre une épouse… Ils n'étaient
plus que 59,5 % en 2004.
L'ONU relève aussi que 8 % des
femmes n'accouchent pas en milieu
médical, la mortalité maternelle pour
le pays s'élevant à 0,24 pour mille, et
la mortalité infantile à 16,8 pour mille,
ces deux chiffres étant en régression.
Si, désormais, les filles sont plus
nombreuses que les garçons dans
l'enseignement supérieur (55 %
contre 47 % en 1992), la condition
féminine est cependant loin d'être
satisfaisante. Un quart des femmes
mariées déclarent avoir été victime
de violences verbales, physiques ou
sexuelles, de la part de leur conjoint.
Les femmes sont toujours très sousreprésentées dans les instances exécutives d'Etat, territoriales et administratives. Le gouvernement ne donne
pas l'exemple, puisqu'il compte seulement 3 femmes ministres sur 25.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Carte blanche à “Pas à pas”
L
a Roumanie fait face depuis début novembre à
une épidémie de rougeole qui, à la midécembre, avait déjà provoqué le décès de dix
enfants, plus de 3500 cas ayant été enregistrés. Les départements les plus touchés sont, dans l'ordre, Constantsa
(500 cas), Prahova (Ploiesti), Arad, Bihor (Oradea),
Bucarest, Timisoara, Bacau, Buzau, Caras-Severin
(Resitsa), Harghita (Miercurea Ciuc), Tulcea. Cette épidémie a entraîné une controverse entre le pouvoir et l'opposition, celle-ci reprochant au gouvernement d'avoir interrompu les vaccinations entre février et octobre derniers. Le ministre de la Santé a
répliqué en déclarant que la situation actuelle était prévisible depuis 2001, indiquant
que les dirigeants de l'époque (le PSD, actuelle opposition) n'avait fait vacciner que
60 % des enfants au lieu des 95-98 % annoncés, les vaccins étant stockés au lieu d'être
utilisés. Les médecins estiment que l'épidémie devrait se prolonger jusqu'en février.
Religion
Transylvanie: l'élection d'un
nouveau métropolite provoque une scission
L
'évêque de Caransebes (Caras
Severin), Laurentiu Streza, a
été élu, début novembre,
métropolite de Transylvanie, du
Maramures et du Crisana, ainsi qu'archevêque de Sibiu où il siègera. Il l'a
emporté à la surprise générale au second
tour organisé par le collège électoral de
l'Eglise, devançant le favori, Andrei
Andreicut, évêque d'Alba Iulia, par 72
voix contre 60, lequel
l'avait précédé d'une
voix au tour précédent.
Dans ce résultat,
un grand nombre
d’observateurs voient
là la main de l'ambitieux métropolite de
Moldavie, Daniel, qui
espère succéder au
patriarche Teoctist
(88 ans), et dont
Laurentiu Streza est
un supporter inconditionnel.
Agé de 58 ans, le nouveau métropolite (notre photo) est né à Sâmbata de Sus
(Brasov) et a étudié en Suisse et en
Allemagne. Intronisé prêtre en 1970, il
s'est fait moine après le décès de sa
femme et est devenu évêque en 1996.
Cette élection a été fortement
contestée dès le lendemain et le Synode
(autorité suprême de l'Eglise orthodoxe),
tout en la validant, lui a retiré sa signification en scindant la métropolie de
Transylvanie en deux parties inégales,
créant une nouvelle entité, la métropolie
de Cluj qui comporte quatre des six évêchés de l'ancienne (Cluj, Alba Iulia,
Oradea, Maramures et Satu Mare).
Une métropolie croupion
L'archevêque de
Cluj,
Bartolomeu
Anania, se trouve
donc ainsi promu
métropolite.
S'estimant trop âgé, il
ne s'était pas présenté
à l'élection remportée
par Laurentiu Streza,
soutenant son adversaire
malheureux;
mais c'est lui qui a
activé la riposte aux
manœuvres du métropolite de Moldavie,
lequel voit ainsi ses plans contrariés.
Laurentiu Streza se retrouve également à la tête d'une métropolie de
Transylvanie réduite à la portion
congrue, puisqu'elle ne comporte plus
que deux évêchés: Sibiu et CovasnaHarghita (judets à prépondérance hongroise et catholique).
27
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
L'épidémie de rougeole
a fait dix victimes parmi les enfants
Santé
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M. CIUC
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CARANSEBES
RESITA
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VASLUI
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TIMISOARA
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TARGU
MURES
GALATI
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BUZAU
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BUCAREST
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TULCEA
CONSTANTA
z
Seulement un quart
des Roumaines
utilisent une méthode
contraceptive
26
Le Fonds des Nations Unies pour
la Population a publié une étude
d'où il ressort que près des trois
quarts des femmes roumaines n'utilisent pas de méthode contraceptive,
s'en remettant aux pratiques traditionnelles. 40 % aimeraient pourtant y
avoir accès, 16 % prenant la pilule et
8 % portant un stérilet.
L'étude note aussi que les Roumaines s'émancipent, 45 % d'entre
elles ayant des relations sexuelles
avant le mariage; ce chiffre n'était
que de 25 % en 1996. Paradoxalement, le phénomène est inverse chez
les garçons, qui semblent "s'assagir":
en 1996, 65 % d'entre eux avaient eu
une expérience sexuelle avant de
prendre une épouse… Ils n'étaient
plus que 59,5 % en 2004.
L'ONU relève aussi que 8 % des
femmes n'accouchent pas en milieu
médical, la mortalité maternelle pour
le pays s'élevant à 0,24 pour mille, et
la mortalité infantile à 16,8 pour mille,
ces deux chiffres étant en régression.
Si, désormais, les filles sont plus
nombreuses que les garçons dans
l'enseignement supérieur (55 %
contre 47 % en 1992), la condition
féminine est cependant loin d'être
satisfaisante. Un quart des femmes
mariées déclarent avoir été victime
de violences verbales, physiques ou
sexuelles, de la part de leur conjoint.
Les femmes sont toujours très sousreprésentées dans les instances exécutives d'Etat, territoriales et administratives. Le gouvernement ne donne
pas l'exemple, puisqu'il compte seulement 3 femmes ministres sur 25.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Carte blanche à “Pas à pas”
L
a Roumanie fait face depuis début novembre à
une épidémie de rougeole qui, à la midécembre, avait déjà provoqué le décès de dix
enfants, plus de 3500 cas ayant été enregistrés. Les départements les plus touchés sont, dans l'ordre, Constantsa
(500 cas), Prahova (Ploiesti), Arad, Bihor (Oradea),
Bucarest, Timisoara, Bacau, Buzau, Caras-Severin
(Resitsa), Harghita (Miercurea Ciuc), Tulcea. Cette épidémie a entraîné une controverse entre le pouvoir et l'opposition, celle-ci reprochant au gouvernement d'avoir interrompu les vaccinations entre février et octobre derniers. Le ministre de la Santé a
répliqué en déclarant que la situation actuelle était prévisible depuis 2001, indiquant
que les dirigeants de l'époque (le PSD, actuelle opposition) n'avait fait vacciner que
60 % des enfants au lieu des 95-98 % annoncés, les vaccins étant stockés au lieu d'être
utilisés. Les médecins estiment que l'épidémie devrait se prolonger jusqu'en février.
Religion
Transylvanie: l'élection d'un
nouveau métropolite provoque une scission
L
'évêque de Caransebes (Caras
Severin), Laurentiu Streza, a
été élu, début novembre,
métropolite de Transylvanie, du
Maramures et du Crisana, ainsi qu'archevêque de Sibiu où il siègera. Il l'a
emporté à la surprise générale au second
tour organisé par le collège électoral de
l'Eglise, devançant le favori, Andrei
Andreicut, évêque d'Alba Iulia, par 72
voix contre 60, lequel
l'avait précédé d'une
voix au tour précédent.
Dans ce résultat,
un grand nombre
d’observateurs voient
là la main de l'ambitieux métropolite de
Moldavie, Daniel, qui
espère succéder au
patriarche Teoctist
(88 ans), et dont
Laurentiu Streza est
un supporter inconditionnel.
Agé de 58 ans, le nouveau métropolite (notre photo) est né à Sâmbata de Sus
(Brasov) et a étudié en Suisse et en
Allemagne. Intronisé prêtre en 1970, il
s'est fait moine après le décès de sa
femme et est devenu évêque en 1996.
Cette élection a été fortement
contestée dès le lendemain et le Synode
(autorité suprême de l'Eglise orthodoxe),
tout en la validant, lui a retiré sa signification en scindant la métropolie de
Transylvanie en deux parties inégales,
créant une nouvelle entité, la métropolie
de Cluj qui comporte quatre des six évêchés de l'ancienne (Cluj, Alba Iulia,
Oradea, Maramures et Satu Mare).
Une métropolie croupion
L'archevêque de
Cluj,
Bartolomeu
Anania, se trouve
donc ainsi promu
métropolite.
S'estimant trop âgé, il
ne s'était pas présenté
à l'élection remportée
par Laurentiu Streza,
soutenant son adversaire
malheureux;
mais c'est lui qui a
activé la riposte aux
manœuvres du métropolite de Moldavie,
lequel voit ainsi ses plans contrariés.
Laurentiu Streza se retrouve également à la tête d'une métropolie de
Transylvanie réduite à la portion
congrue, puisqu'elle ne comporte plus
que deux évêchés: Sibiu et CovasnaHarghita (judets à prépondérance hongroise et catholique).
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Sports
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SUCEAVA
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BISTRITA
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ORADEA
DEVA
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T. SEVERIN
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MATASARI
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PITESTI
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TOPLITA
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Melbourne: l'Australie
ne sourit plus à Marius Urzica
z
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MURES
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BOTOSANI
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BUCAREST
L'ancien champion olympique
de gymnastique met fin à sa carrière
CONSTANTA
z
E
n se rendant aux championnats du monde individuels de gymnastique de
Melbourne, fin novembre, Marius Urzica (photo ci-contre)espérait mettre
fin en beauté à une carrière prodigieuse. A 30 ans, le champion olympique,
du monde et d'Europe, maître incontesté du cheval d'arçon pendant une décennie,
retrouvait une terre australienne fétiche. Mais, éliminé, il a quitté la scène dans l'anonymat. C'est à Brisbane que Marius Urzica avait décroché son premier titre mondial,
en 1994; il en obtiendra deux autres par la suite et trois autre médailles… Et c'est à
Sydney qu'il obtiendra la consécration, en 2000, avec un titre olympique. Au cours des
trois JO qu'il disputera, le champion sera d'ailleurs médaillé à trois autres occasions,
recevant l'argent à Atlanta pour les exercices au sol. Trois fois champions d'Europe,
remportant six médailles dans cette compétition, trois fois champions du monde par
équipe, Urzica est devenu le gymnaste masculin roumain le plus titré.
Natif de Toplita (Harghita), le Roumain avait commencé la compétition à l'âge de
6 ans au club scolaire de Gheorgheni. Tout au long de sa carrière d'un quart de siècle,
les blessures ne l'épargneront pas (rupture des biceps, colonne vertébrale), l'handicapant pendant trois longues années, de 1996 à 1999.
Fronde des filles et période d'interrogation
28
Subventions de la FIR
pour faire décoller
le rugby roumain
L'international Rugby Board
(Fédération Internationale de Rugby)
a décidé de consacrer 45 M€ sur
trois ans pour aider ce sport à se
développer dans les quelques 120
fédérations nationales qu'elle compte. Un peu plus de la moitié de cette
somme sera consacrée à promouvoir
le rugby dans les pays qui jouent à
l'échelon B (Roumanie, îles Fidji,
Tonga, Samoa, Japon, Canada et
USA); la Roumanie recevra à ce titre
3 M€.
Un autre programme prévoit de
mener différentes actions pour que
l'écart entre pays de niveaux A et B
ne soit plus insurmontable (préparation des joueurs, des entraîneurs,
suivi médical, équipement, structures
et infrastructures). 2,2 M€ seront
attribués à la Roumanie.
Enfin, la FIR a prévu une somme
de 15 M€ pour organiser des
tournées des équipes de niveau B
afin qu'elles se confrontent à des
équipes équivalentes ou supérieures
en Afrique du Sud, Pays de Galles,
Ecosse, Irlande, France et Italie.
La petite délégation roumaine présente à Melbourne est rentrée d'Australie les
poches à moitié pleines…ou à moitié
vides, avec au total quatre médailles.
Pleines, dans la mesure ou les garçons en
ont décroché trois, dont l'or au saut pour
Marian Dragulescu et le bronze dans cette
discipline pour le débutant Alexandru
Alin Jivan, l'argent au cheval d'arçon pour
Ioan Suciu… Vides, car les filles qui font
la fierté de la Roumanie n'ont ramené que
le bronze aux barres, avec la triple championne olympique, Catelina Ponor, contre
Ne pas confondre exercice à la barre fixe...
six médailles aux J.O. d'Athènes, dont
et sorties nocturnes au disco !
Caricature parue dans “Adevarul”
quatre d'or.
Pour les féminines, les championnats du monde se révèlent souvent en retrait pas
rapport aux J.O. les précédant, les premiers servant de préparation aux seconds, objectif suprême, marquant aussi souvent le renouvellement de l'équipe. Cette année, il en
allait tout autrement. Pétries de talent, les gymnastes roumaines appartiennent à la
génération révélée à Athènes et sont loin d'avoir terminé leur carrière.
Mais ces jeunes filles n'acceptent plus la discipline de fer que leur imposent leur
couple d' entraîneurs mythiques, Octavian Belu et Maria Bitang, lesquels régentent la
discipline à son plus haut niveau depuis vingt ans. Une crise d'autorité les opposait
depuis un moment, qui a éclaté cet été.
A 18 ans, Catalina Ponor et plusieurs de ses copines ont décidé d'enfreindre le
règlement, faisant le mur pour aller danser dans une boîte de nuit. Leurs entraîneurs
les attendaient à leur retour. Cette équipée s'est terminée par le renvoi des championnes rebelles dans leurs clubs d'origine où elles se sont entraînées elles mêmes,
deux étant seulement retenues pour le voyage à Melbourne… et par la démission du
couple Belu-Bitang qui avait vu bafouer son pouvoir. A bientôt deux ans des J.O. de
Pékin, il est évident que cette situation ne peut pas durer et que la fédération roumaine sera prochainement amenée à trancher… ou, plutôt, à recoller les morceaux cassés.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Rosia Montana: première victoire
pour les défenseurs de l'environnement
Environnement
L
a Cour d'Appel d'Alba Iulia a suspendu l'autorisation de forage accordée à la compagnie Rosia
Montana Gold Corporation
dans 39 endroits autour du village de
Rosia Montana, dans les monts Apuseni.
Cette société d'origine canadienne envisage depuis cinq ans d'y exploiter la plus
grande mine d'or d'Europe à ciel ouvert,
en utilisant une technique basée sur l'emploi du cyanure.
De nombreuses voix se sont élevées
contre ce projet qui menace la santé des
habitants, le cadre de vie, entraînerait une
déforestation massive, la destruction d'une vallée entière, un
transfert de population et la disparition d'un site archéologique
daco-romain. Mais les pouvoirs publics locaux se sont montrés
sensibles aux promesses de la compagnie canadienne, qui a su
" distribuer " ses arguments aux élus et à l'administration, alors
que la population s'est divisée, une partie mettant en avant la
création d'emplois annoncés et les forts salaires qu'on lui a fait
miroiter. Jusqu'ici, les autorités de
Bucarest sont restées floues sur le sujet,
alors que l'UE, de nombreuses organisations internationales de défense de l'environnement, la Banque Mondiale qui a
retiré son soutien, et même le Patriarche
Teoctist ont mis en garde sur les risques
encourus.
La Cour d'Appel d'Alba Iulia a ainsi
répondu favorablement à la requête
d'Alburnus Maior, association écologique
locale, relevant que l'accord d'exploitation du site délivré par
l'Agence de Protection de l'Environnement l'avait été sans que
celle-ci fasse une évaluation correcte de l'impact du projet sur
le milieu, la population, le patrimoine culturel et prenne en
considération les avis motivés des habitants.
Greenpeace dénonce l'extension de la culture génétique du soja
D
ans un rapport rendu public
et s'appuyant sur les analyses
effectuées par un laboratoire
autrichien, l'organisation internationale
Greenpeace dénonce les dérives de la culture génétique en Roumanie, notamment
celle du soja, rapportant qu'au moins dix
judets étaient concernés.
Selon elle, 90 % des 140 000 hectares cultivés en soja dans le pays le
Santé
A
seraient avec des plantes modifiées génétiquement, en toute illégalité, des plantations de pommes de terre et de pruniers
étant également affectées, mais dans une
moindre mesure.
Pour Greenpeace, ces pratiques font
peser une menace très sérieuse sur l'agriculture roumaine qui risque de ne plus
pouvoir exporter ses produits vers l'UE,
la réglementation y étant très drastique,
L'hôpital psychiatrique de Poiana Mare fermé
vec l'accord du ministre de la Justice, le ministre
de la santé, Eugen Nicolaescu, a décidé de procéder à la fermeture de l'hôpital psychiatrique de
Poiana Mare à cause du coût dispendieux de son fonctionnement mais aussi, et surtout, à la suite des nombreux décès de
patients qui y avaient été enregistrés.
L'établissement était devenu emblématique de la situation
déplorable des hôpitaux psychiatriques roumains, lesquels ont
enregistré 70 morts ces dernières années, ce qui a attiré l'at-
U
mais aussi menacent son processus
d'adhésion.
Le ministère de l'Agriculture a
contesté les chiffres avancés par l'organisation écologiste, indiquant que moins de
la moitié des plantations de soja l'étaient
en transgénique, ajoutant que la
Roumanie n'avait nullement l'intention de
jouer le "cheval de Troie" en ce domaine
en Europe.
tention de la Commission Européenne. Il se trouvait également
sous le feu des critiques de la presse internationale, des associations humanitaires, et particulièrement d’Amnesty
International, qui dénonçaient les nombreuses violations des
droits de l'Homme à l'égard des patients et demandent la réforme de cette institution.
Poiana Mare enfermait 500 patients, souvent des délinquants, et employait 300 personnes qui ont protesté contre sa
fermeture, en manifestant dans les rues de la commune.
Plus des deux tiers des enfants et adolescents
infectés par le virus du SIDA ignorent leur séroposivité
ne enquête menée dans le cadre du programme "Droit à l'adolescence" révèle que 67 % des 1700 enfants et adolescents concernés par le SIDA qui avaient été interrogés, ignoraient qu'ils étaient infectés par le virus HIV, découvrant
leur séroposivité à cette occasion. Dans la quasi-totalité des cas, leurs parents leur cachaient la vérité de peur qu'ils
soient victimes d'une exclusion sociale ou parce qu'ils ne savaient pas comment leur révéler après des années de dissimulation,
quand ils étaient petits. Cette constatation est inquiétante car nombre de ces adolescents ont déjà une vie sexuelle et ne bénéficient
pas de traitements adaptés. D'autre part, les médecins n'ont pas le droit de leur communiquer leur diagnostic avant qu'ils n'aient 18
ans .D'après les estimations, la Roumanie compte 11 000 personnes touchées par le VIH, dont 6000 adolescents de 14 à 18 ans.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Après trois semaines
de grève, les enseignants
ont repris le travail le cœur lourd
Enseignement
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ORADEA
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CLUJ
ARAD
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IASI
VASLUI
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FAGARAS
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SIBIU
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ROSIA M.
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SUCEAVA
SATU
MARE
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BRASOV
GALATI
BRAILA
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TULCEA
CRAIOVA
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„
BUCAREST
CONSTANTA
z
z
POIANA MARE
Environnement
Dans le Delta
le brochet devient
une espèce rare
24
Alors qu'en 1966, 2700 tonnes de
brochets avaient été pêchées dans le
Delta du Danube, 38 tonnes l'ont été
seulement, l'an passé. La raison : la
pêche industrielle est interdite jusqu'en 2008, l'espèce étant menacée
de disparition ainsi que le montre la
rareté des prises, les pêcheurs
n'ayant rempli qu'à 60 % le quota
autorisé, en 2004. 1995 a été la pire
année, avec quatre tonnes déclarées.
Actuellement, les pêcheurs ont droit à
3 kg de brochets par sortie pour leur
consommation propre.
Ces chiffres fournis par l'Institut de
Recherche et Développement du
Delta du Danube sont fortement
contestés par l'association "Sauvez le
Danube et son Delta", laquelle estime
qu'ils sont sous-estimés, la pêche du
brochet au noir étant très développée
et se traduisant par des aller-retours
de camions emmenant leur chargement de poissons.
La forte augmentation de la pollution et le braconnage intensif depuis
la "Révolution", ne respectant ni
zones, ni périodes de reproduction,
amenant à la raréfaction du nombre
de poissons adultes ont conduit à
cette situation.
Il faut ajouter également l'endiguement auquel a procédé le régime
communiste sous Ceausescu pour
réaliser de la pisciculture intensive
sur 40-60 000 hectares, qui a fortement affecté l'évolution et le développement de l'espèce.
A
près trois semaines de grèves, les enseignants ont repris le chemin de leurs établissements, début décembre. A l'appel
des fédérations syndicales du secteur, leur mouvement avait été déclenché le 7 novembre affectant
tout le pays et toutes les formes d'enseignement, de
la maternelle aux universités.
Devant l'indigence des salaires, le mécontentement était latent, mais il a explosé à la rentrée
quand le corps enseignant a découvert que le projet de budget pour 2006 réservait à
peine plus de 3 % du Produit Intérieur Brut à l'Education nationale, malgré les promesses électorales de le porter au niveau des autres pays européens, entre 5 et 5,5 %,
ce manquement ayant entraîné la fureur et la démission du ministre concerné.
La grève a vite pris de l'ampleur échappant au contrôle des autorités, les jeunes
enseignants, dont le salaire net dépasse tout juste les 3 millions de lei anciens (80 €)
étant les plus motivés. Les maladresses du gouvernement, alternant arrogance et flagornerie, mais sans propositions sérieuses, n'ont réussi qu'à durcir le mouvement qui
a pris dans certains endroits, à Bucarest et Timisoara, la forme de grèves de la faim.
Nombre d'enseignants semblaient déterminés à aller jusqu'au bout, malgré les énormes
difficultés financières auxquelles ils étaient confrontés, évoquant la grande grève de
2000, qui avait duré cinq semaines.
Finalement, autorités et syndicats ont transigé, se mettant d'accord sur une augmentation des salaires de près de 12 % en 2006 (5,5 % au 1er janvier, 6 % au 1er septembre), représentant, compte tenu du taux prévisible d'inflation, une croissance réelle de 4,5 %, et le passage de la part du budget de leur ministère à 5 % du PIB.
Beaucoup d'enseignants, surtout les jeunes, ont repris le chemin de l'école le cœur
lourd, ces avancées leur semblant dérisoires. Un protocole prévoit qu'ils pourront
récupérer tout ou partie de leurs salaires perdus, s'ils rattrapent les cours qui manquent
sous forme d'heures supplémentaires, de samedis et de vacances (notamment février)
travaillés… ce qui n'enchante pas les élèves.
Mariana, professeur de français,
n'a plus les moyens de payer
son abonnement à la bibliothèque française
P
rofesseur de français à l'école
n° 136 de Ferentari, un des
quartiers les plus pauvres de
Bucarest, Mariana a fait la grève comme
ses collègues. "Je n'ai pas assez d'argent
pour payer le courant, la télé, je ne téléphone plus" confie cette jeune femme,
divorcée, élevant un enfant. "J'achète des
chaussures à 100 000 lei (3 €) et uniquement des vêtements d'occasion. Je me
débrouille ainsi. Heureusement j'ai mon
ami qui m'aide" continue-t-elle, ajoutant
"ce qui me peine le plus, c'est que depuis
trois ans je n'ai même pas les moyens de
m'inscrire à la bibliothèque française".
Pour tenter de joindre les deux bouts,
Mariana s'est mise à pratiquer la "présopuncture", une technique de massages
des vertèbres cervicales et du dos, qu'elle
a apprise en lisant nombre d'ouvrages,
proposant ses services à ses collègues.
De la même façon, elle leur vend des
suppléments alimentaires pour le compte
d'une firme qui lui ristourne une petite
commission. Ces activités sont d'un
faible revenu et, au début, Mariana en
avait un peu honte, mais l'ensemble de
ses collègues se débrouillent de la même
manière: l'un commercialise et entretient
des aquariums, un autre vend des cornichons sur les marchés, quant il n'a pas
cours…
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Gasoil contre bonne note
Insolite
L
'ONU n'a rien inventé avec son programme pétrole
contre nourriture pour l'Irak… Un professeur de
mathématiques du collège de Matasari (Gorj) a été
traduit en justice pour avoir rançonné ses élèves afin de leur
donner des bonnes notes et les laisser passer en classe supérieure. Ceux-ci devaient lui amener du gasoil pour son tracteur,
des médicaments pour les animaux de sa ferme, des haricots et
du maïs. L'enseignant indélicat faisait également payer quatre
euros chacune des leçons particulières collectives qu'il donnait
après ses cours, nombre de ses élèves se sentant obligés d'y
assister.
Le pot aux roses a été révélé quand un de ceux-ci a craqué,
dénonçant le stratagème: bien qu'ayant livré 35 litres de gasoil
au cours du premier trimestre, et recommençant au second, le
garçon avait reçu une mauvaise note se voyant reprocher
d'avoir apporté du carburant de mauvaise qualité.
Grippe bienvenue
A
court de ressources financières, les fermes
piscicoles et d'élevages de
faisans du lac de Bicaz et de
l'Institut de recherche et
d'aménagement forestier, ont
décidé de profiter de l'interdiction de la chasse et de la
chute des ventes de volaille
pour distribuer des faisans
congelés à leur mille
employés, en remplacement
des bons de repas qu'ils reçoivent habituellement. Saturés
déjà des truites, ceux-ci n'ont
apprécié que modérément de
se voir obliger de consommer
chaque jour ce que l'on réserve aux agapes de Noël et des
grandes fêtes.
C
Sur une route près de Suceava: c’est
tellement plus simple de faire coller le tracé
de la route aux trous... plutôt que de les réparer !
A
inq automobilistes qui sont allés
au fossé poursuivent en justice
le judet de Bistrita pour défaut
de signalisation routière. L'un d'entre-eux
avait terminé sa course dans la cour d'une
maison, à la suite d'une longue ligne droite
après avoir abordé à trop grande vitesse une
courbe dangereuse qui n'était indiquée par
aucun panneau.
Pour sa défense, le président du judet a
indiqué que la signalisation routière revenait
très cher, soulignant que dès que les Ponts et
Chaussées installaient un panneau, il disparaissait dans les deux jours pour servir de
barbecue, à moins qu'un chauffard ne l'emboutisse et ne l'emporte pour ne laisser
aucune trace de son passage. Il a toutefois
décidé d'attribuer un milliard de lei (30 000
€) pour en faire installer des supplémentaires sur les routes du département.
Détenus conviés à l'opéra
Manque de chance
près avoir prononcé un discours mettant en garde
les Bulgares contre les ravages causés par le crime
organisé et la corruption, le tout nouvel ambassadeur américain s'est rendu à l'aéroport de Sofia pour prendre
un vol à destination de Budapest où se tenait une conférence
de l'ensemble de ses collègues en poste en Europe de l'Est.
Après avoir passé le contrôle de sécurité et vidé ses
poches comme les autres passagers, il s'est installé dans
l'avion, se rendant compte, après le décollage, qu'il avait
oublié de reprendre son téléphone portable comportant tous
ses numéros, dont celui de la CIA. Alertés, les officiels de
l'aéroport ont interrogé les deux agents en faction qui ont nié
avoir trouvé l'appareil.
Malheureusement pour eux, celui-ci était doté d'un système GPS performant permettant de le localiser par satellite à
moins d'1,50 m. Ce fut un jeu d'enfant pour les services secrets
de le retrouver dans l'appartement d'un des deux suspects.
Arrêté, ainsi que son collègue - les deux hommes risquent dix
ans de prison - le coupable a déclaré pour sa défense: " Si
j'avais su qu'il était à l'ambassadeur américain, je ne l'aurais
pas volé ".
Panneaux routiers
manquants
P
lus de 350 détenus du pénitencier de haute sécurité de
Timisoara ont été conviés à l'Opéra de cette ville pour
assister à un spectacle de danses folkloriques. Il s'agissait là d'un geste de remerciement des autorités locales et du
judet pour l'aide qu'ils avaient apportée et des travaux effectués
à l'occasion des inondations qui ont ravagé certaines parties de la
région. Ces prisonniers avaient notamment démoli les maisons
irrémédiablement endommagées pour permettre la construction
de nouvelles.
Arrivés sous bonne escorte, les détenus ont pris place dans la
salle, encadrés par 150 gardiens, policiers et officiers. Pour cette
première en Roumanie, ils avaient revêtu les vêtements décents
qu'ils portaient au moment de leur incarcération et qu'ils retrouveront à leur libération, et tous avaient consciencieusement astiqué leurs chaussures. La grande majorité d'entre eux n'étaient
jamais venu à l'opéra et beaucoup se montraient impressionnés,
comme un condamné devant effectuer une peine de 20 ans pour
meurtre.
A l'issue du spectacle, les détenus ont reçu chacun un diplôme de reconnaissance délivré par les institutions et organismes
qui avaient bénéficié de leur travail.
29
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Littérature
Pierre Loti mena une singulière
connue sous son nom d'écrivain,
SUCEAVA
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CLUJ
La muse royale
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Envoyée en exil
par son mari, le Roi
30
Romantique incurable, la reine
Elisabeth confondait les affaires du
cœur avec celles de la raison…
dynastique. Son projet de mariage
entre Ferdinand, le prince héritier du
trône (car le 14 mars 1881 fut proclamé le Royaume roumain), neveu
de Carol 1er, et Elena Vacaresco, sa
première dame d'honneur, fut récompensé de deux ans d'exil par son
royal époux Carol Ier, qui n'apprécia
pas, ne connaissant qu'un devoir :
servir les intérêts de la Roumanie, en
accord avec ses ministres, malgré
ses affinités mêmes.
La reine avait remarqué le sentiment naissant entre les deux tourtereaux. Elle l'encouragea, tenta de
convaincre son mari, qui y fut favorable, au départ. Mais c'était sans
compter sans la réaction de l'aristocratie roumaine qui s'opposa au projet de mariage : le futur roi ne devait
en aucun cas épouser une descendante d'une famille roumaine, afin de
ne pas ouvrir une lutte interne pour la
succession du trône. C'est pour cette
raison que les Roumains étaient partis à la recherche d'un prince étranger
en 1866, afin de se doter d'un souverain dégagé de ces rivalités.
L'affaire fit donc scandale. Elena
Vacarescu fut éloignée, Elisabeth
envoyée à Venise, puis chez sa mère,
promettant de ne jamais la revoir, et
tenant parole. Par la suite, la tradition
fut respectée, aucun des futurs souverains roumains, appelés sur le
trône, n'épousant une Roumaine. En
1893, le futur Ferdinand 1er épousa
donc une femme de son rang, Marie,
Princesse de Grande Bretagne et
d'Irlande, nièce de la Reine Victoria
d'Angleterre.
E
ntre Pierre Loti (1850-1923) et Carmen
Sylva, pseudonyme d'écrivain de la reine
Elisabeth de Roumanie (1843-1914),
femme de Carol 1er, et d'origine elle aussi allemande, une singulière relation littéraire s'était établie,
amenant l'auteur français, mondialement connu à l'époque, a séjourné à deux reprises à la cour royale
roumaine et à découvrir ce pays. Marc Chesnel, président du Cercle d'Action Culturelle et Européenne
de Bordeaux et membre de l'association
Internationale des Amis de Pierre Loti, nous conte
cette étonnante liaison qui eut l'heur de déplaire au royal époux. Marc Chesnel avait
également suscité en 2003 un voyage en Roumanie sur les traces de Pierre Loti, qui
avait été mis sur pied grâce à l'agence de voyage de Jean-Michel Corbet, à Târgu
Mures (Voir "Les Nouvelles de Roumanie", n° 29 et 31).
A Sinaia, la reine traduit "Pêcheur d'Islande" en allemand
Au début de son ouvrage Pierre Loti et Carmen Sylva, publié chez Bernard
Grasset en 1931, Léopold Stem relate les circonstances de leur mise en relation par
l'intermédiaire d'Hélène Vacaresco, dame d'honneur de la reine,également poétesse.
Celle-ci fait parvenir à Pierre Loti Jehova, Poème de Carmen Sylva (nom d'écriture
de la reine) qu'elle a traduit en français.
Loti la remercie en termes chaleureux et lui envoie peu de temps après Pécheur
d'Islande, le roman qu'il vient de publier. Le livre est dédicacé à la reine, Loti insiste
pour qu'il lui soit remis en mains propres. Elisabeth, profondément marquée par le
décès de sa fille unique, est fascinée par les impressions fortes d'un livre traversé par
la mort, la douleur de l'âme humaine et la force du destin.
Elle admire l'ouvrage et se découvre des affinités avec Pierre Loti. Désireuse de
connaître l'auteur, la reine l'invite à venir la voir à Sinaïa et entreprend de traduire le
roman en allemand, sa langue d'origine.
Cette invitation n'est pas dépourvue d'idée politique et elle écrit ceci :
"Tout ce qui peut contribuer à rapprocher les deux peuples, je voudrais le tenter;
j'y emploie tout ce qui peut être utilisé. La pensée que la race latine et la race germanique sont faites pour se compléter l'une l'autre, est positivement devenue chez moi
une idée fixe"
La traduction en allemand est précédée d'une préface de la main de la reine :
"Si j'ai réussi avec cette petite épopée à charmer le cœur des autres comme elle a
réussi, par sa grandeur biblique et son émouvante sincérité, à élever le mien, si dans
quelques cœurs allemands les paroles brutales: "ennemi héréditaire" peuvent être
désormais remplacées par les belles paroles: "Pays frère", mon travail aura été facile et m'aura procuré une pure joie".
Promenades en tête à tête à Peles
Loti arrive au château de Peles, et séjourne à Sinaïa du 27 septembre au 4 octobre
1887. Il y rencontre Elisabeth. La reine le trouve réservé, elle est séduite par ses yeux
qui pétillent d'intelligence. Il est sensible à sa voix. Après une période d'adaptation,
liée à la timidité de Loti, isolé à la cour, la confiance s'installe : ils discutent lors de
longues promenades dans le parc du château et dans la forêt qui s'étend autour. Mais
Loti, homme de mer (et par ailleurs fier de ses capacités athlétiques) appréhende de
gravir les sommets proches de Sinaïa... et renonce à une excursion que la reine voulait faire avec lui !
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Carnet
Société
Raimu, Louis Jouvet, Michel Simon ont été ses partenaires,
Abel Gance, Renoir, Bresson, Cocteau ses metteurs en scène
Jany Holt: de sa Roumanie natale aux feux de la rampe
L
a comédienne et actrice Jany Holt est morte mercredi 26 octobre à l'hôpital américain de Neuilly.
Elle était âgée de 94 ans. Née en Roumanie en
1911, de son vrai nom, Ecaterina Ruxandra
Olt était venue s'installer à Paris en 1926 afin
d'y suivre des études de commerce. Attirée
par l'art dramatique, elle entre dans le cours
de Charles Dullin, et débute au théâtre dans
une pièce de Bruckner, La Créature. Elle fait
alors partie de la troupe des Pitoëff. Un bel
avenir lui est promis, d'autant qu'elle a tapé
dans l'oeil de Raimu, qu'elle vénère. Le cinéma lui tend les bras. Elle est face à Harry Baur
dans Le Golem de Julien Duvivier (1935).
Elle fait une autre rencontre déterminante: celle de Marcel Dalio. Séduit par "ses
beaux yeux un peu enfoncés et ses joues
creuses", Dalio est sur le point de l'épouser: le
mariage tombe à l'eau parce que les parents de
Jany Holt exigent qu'il se convertisse au
catholicisme. Le comédien répond : "Mon seul Dieu, c'est le
théâtre".
Jany Holt repart en Roumanie... où on la rappelle pour
venir remplacer une comédienne défaillante dans Les
Innocentes de Lilian Hellman. Cette fois, Dalio parvient à
l'amener à la mairie, avec Henri
Jeanson et Marcel
Achard comme
témoins. Mariage
qui tournera court,
Jany Holt étant
tombée amoureuse de Jacques
Porel, le fils de
Réjane. Qui fait
ainsi son portrait:
"Sa chevelure est
un triomphant incendie. Elle offre chaque jour le spectacle de
l'insolite allié à une parfaite simplicité. Elle est, pour tout dire,
éclatante, rayonnante de personnalité".
Jany Holt a un physique maigrichon, un nez pointu, l'oeil
impertinent, et suffisamment de trouble pour se voir épargnée
par les rôles de soubrettes. On lui offre des personnages de
jeune mythomane, d'illuminée, de quasi folle, dont elle s'empare avec ardeur. La voilà chez Jean Renoir (Les Bas fonds,
1936), Abel Gance (Un grand amour de Beethoven, 1936),
Marcel L'Herbier (La Tragédie impériale, 1937), Jean
Dréville (Troïka sur la piste blanche, 1937).
L'un de ses plus beaux rôles est celui que lui offre Pierre
Chenal dans L'Alibi (1937), où est joue une entraîneuse face
à Louis Jouvet et Eric von Stroheim. Admiratrice, elle dit de
son metteur en scène qu'il "magnétise sans emmerder". Chenal
rend hommage à sa décontraction, son humour hors du commun, et à la façon dont, à la fin du film, "elle a une scène entre
rire et larmes à vous arracher les tripes".
Il la rengage en 1938 pour La Maison
du Maltais, où elle côtoie Fréhel et la capiteuse Viviane Romance. Dans Pour Vous,
Serge Veber écrit: "On se demande comment
la braise de ses yeux qui dévorent son visage ne met pas le feu à son corps sec et nerveux qui ne demande qu'à brûler".
Décorée pour faits de Résistance
par le Général De Gaulle
Le théâtre la redemande. Elle se produit
dans Les Monstres sacrés de Jean Cocteau,
Sainte Jeanne de Bernard Shaw. Réapparaît
à l'écran dans Le Baron fantôme (1942) et
La Fiancée des ténèbres (1943) de Serge
de Poligny, Les Anges du péché de Robert
Bresson (1943): amoureuse en proie aux maléfices, pauvre
fille poursuivie par la fatalité sur fond de bûchers cathares,
irréductible prisonnière du couvent.
Décorée en 1945 par le général de Gaulle de la Croix de la
Libération en 1945 pour services rendus à la Résistance, Jany
Holt ne retrouvera pas après la guerre l'aura qui en fit l'une des
actrices de tempérament d'avant guerre. De cette fin de carrière citons Non coupable d'Henri Decoin (1947) où elle est partenaire de Michel Simon, Gervaise de René Clément (1955),
et sa dernière apparition, dans Noir comme le souvenir de
Jean-Pierre Mocky (1994).
Grande amie d'Elvire Popesco
Dans le monde du théâtre et du cinéma, on ne lui connaissait que des
amis.
Elle
aimait beaucoup Elvire
Popesco, qui
comme elle
était venue de
Roumanie et
s'intéressait à
toutes
les
formes d'art,
la peinture, la
sculpture, elle
L’actrice, ici avec Harry Baur.
fréquentait les
expositions, les concerts. Lorsque sa grande amie disparut, on
sentit Jany Holt un peu orpheline. Pourtant elle avait sa propre
famille et avait été mariée deux fois, d'abord avec Dalio puis
avec Jacques Porel.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Vie quotidienne
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Bucarest n'est plus
la ville la moins
chère d'Europe
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D'après le classement bi-annuel
effectué par "The Economist
Intelligence Unit", Bucarest n'est
plus la ville la moins chère d'Europe,
après avoir remonté de la 112ème
place, au niveau mondial, à la
91ème. Désormais, elle précède Kiev
(93ème) et Belgrade (108ème).
L'entrée des pays de l'Est dans
l'UE a d'ailleurs changé sensiblement
le classement, leurs capitales étant
devenues moins accessibles au
niveau des prix. Ainsi, Varsovie avance de 37 places, Prague de 20,
Budapest de 12 et Bratislava de 10.
Les destinations est-européennes
restent cependant les moins chères
du Vieux Continent, à l'exception de
Lisbonne qui occupe la dernière
place (52ème).
Les villes les plus chères du
monde sont: Tokyo, Oslo, Osaka
Kobe. Suivent treize villes
européennes : Reykjavik (4ème),
Paris (5ème), Copenhague (6ème),
Zürich (7ème), Londres (8ème),
Genève (9ème), Helsinki (10ème),
Vienne (11ème), Francfort (12ème),
Milan (13ème), Munich (14ème),
Stockholm (15ème), Berlin (16ème).
La chute du dollar explique ce
phénomène et le fait que l'on ne trouve aucune ville américaine dans les
trente premières, New-York se classant 35ème. L'Amérique du Sud est
une des régions les meilleurs marchés, Mexico (68ème) étant la ville la
plus chère du sous-continent.
Téhéran est considéré comme la
grande ville la moins chère du
monde.
aventure littéraire avec la reine Elisabeth de Roumanie
La capitale transformée
en immense chantier
et l'écrivain troublé par l'exotisme roumain
C
irculer dans les rues de Bucarest, que
l'on soit automobiliste ou piéton, est
une expérience qui ne s'oublie pas. Il
faut une bonne dose de courage pour s'y aventurer, doublée d'un soupçon de fatalisme et de
beaucoup de patience. Les optimistes qui pensaient que cette situation ne pouvait que s'améliorer avec le temps doivent déchanter: Adrian
Videanu, le maire général de la capitale, vient
d'annoncer la mise en chantier de 35 projets de
travaux dans les trois prochaines années, voués à
donner à Bucarest l'aspect d'une véritable capitale européenne.
La construction d'un aéroport dans le sud de
Calea Victoriei, 1944
la ville, de parkings souterrains et en surface, de
quartiers résidentiels en périphérie et d'un canal reliant Bucarest au Danube, ne constituent qu'une partie de cet ambitieux projet. Des initiatives plus anciennes telles le passage Basarab - destiné à améliorer la circulation dans la zone de la gare du Nord - et
la réhabilitation du centre historique de la capitale, dont on parle depuis au moins deux
ans, sont également à l'ordre du jour.
L'ensemble présuppose un budget de six milliards d'euros, dont 2,8 milliards
devront être disponibles dès le début des travaux. Adrian Videanu rappelle à ce sujet
l'émission d'obligations lancée par la municipalité au début de l'année 2005, laquelle
a rapporté à ce jour 500 millions d'euros. Il mentionne également la possibilité de partenariats privé-publics et d'emprunts auprès de banques d'investissements étrangères,
mais sans apporter plus de précisions. Le maire assure que la municipalité se chargera des investissements concernant l'infrastructure: installations de canalisations d'eau,
de gaz, d'électricité ainsi que de la réfection des routes périphériques et semi périphériques, ce qui devrait rendre la ville plus attractive pour le secteur privé, lequel pourrait ainsi participer "de façon significative" au financement du projet.
Face à cet ambitieux programme, lequel devrait certainement, améliorer considérablement l'aspect de la capitale roumaine, une expression chère à nos voisins britanniques, vient à l'esprit: "wait and see" (attendons de voir)… d'autant plus que deux de
ces projets paraissent surprenants : la construction d'un aéroport sud, alors qu'Otopeni
vient juste d'être agrandi et modernisé, ce qui lui assure une capacité de plusieurs
années pour absorber le flux des rotations aériennes; le creusement d'un canal entre
Bucarest et le Danube, dont on ne voit pas bien l'utilité, et qui s'assimile à un chantier
pharaonesque rappelant, en outre, de très mauvais souvenirs.
A
Connaissance et découverte
Pas moins de 35 projets de travaux
pour les trois prochaines années
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CONSTANTA
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Les Roumains se tournent
vers les vins secs et demi-secs
lors que la Roumanie est
depuis longtemps un pays de
tradition de vins très sucrés
(19%), on peut constater une évolution
récente qui tend vers la consommation de
vins "demi-secs" (37%) et "secs" (21%).
La Roumanie n'a pas encore basculée
vers une production majoritaire de vins
secs mais elle se trouve à un tournant en
privilégiant les vins "demi-secs". Cette
mutation se fait de façon progressive. On
constate que la classe moyenne roumaine
préfère les vins secs.
En conséquence, on peut estimer
sans trop se tromper qu'avec l'évolution
du pouvoir d'achat, la progression de la
consommation de vins secs va se confirmer dans l'avenir.
Carmen Sylva, et fervente partisane de la réconcilition franco-allemande
Provocation de Loti ? En tout cas, les discussions se poursuivent avec les promenades dans la forêt : c'est là, en parlant
avec la reine que naît l'idée d'écrire Le Roman d'un enfant
publié trois ans plus tard dans une revue parisienne avant de
devenir un livre.
Leurs relations se poursuivent, avec des hauts et des bas.
Loti traduit en français deux textes de Carmen Sylva, Mochou
et Baba et Mihu l'enfant, ce qui est exceptionnel de sa part;
ce sont ses seules traductions, avec beaucoup plus tard celle du
Roi Lear, de Shakespeare (cette fois en collaboration).
Loti contribue à faire connaître les écrits de Carmen
Sylva. Il corrige les Pensées d'une Reine, publié chez
Calmann Levy. L'ouvrage reçoit le prix Botta de l'Académie
Française le 16 novembre 1888. Il préface d'autres livres écrits
par la reine, ainsi Qui frappe?, publié encore chez Calmann
Levy en 1890.
puter avec les gens qu'il aime bien, sans autre raison que de
goûter ensuite le plaisir de la réconciliation: la reine, stupéfaite, l'apprend à ses dépens.
Après cette nouvelle rencontre, l'écrivain et la reine s'écrivent encore. Les lettres adressées par Loti à Elisabeth sont
connues à la suite d'une histoire rocambolesque: dérobées par
un secrétaire indélicat de la reine, qui les vend, elles sont
retrouvées chez un marchand d'autographes à Paris par Louis
Barthou, qui les achète pour les rendre à Loti ! Pour le remercier, le romancier lui en laisse la plupart.
La distance, le temps, la vie tout simplement les séparent.
Relations arrêtées pendant
dix sept ans sur ordre de Carol 1er
C’est alors que la reine reproche à Loti, maintenant très
célèbre, puisque il est élu à l'Académie Française en 1891, de
Brouilles et réconciliations
ne jamais plus lui faire parvenir les nouveaux romans qu'il
publie. Elle dit regretter d'autant plus les longues discussions
Leurs relations épisde Sinaia que Loti est
tolaires s'installent. Loti
loin... Et qu'il a publié en
revient en Roumanie trois
1893 Une Exilée, un récit
ans plus tard. Il séjourne à
né de cette idylle à l'issue
la cour de Bucarest en
malheureuse (entre le
avril-mai 1890. Plus tard,
prince héritier et la demoiil portera des jugements
selle d'honneur de la
irrévérencieux sur ce qu'il
reine), dont il avait été le
a pu voir lors de son
témoin lors de son séjour
séjour, en particulier sur
au château de Peles.
l'entourage de la reine.
Au milieu de tous les
Loti a toujours eu son
souvenirs de Sinaia, de
franc-parler quand il le
Bucarest et de Venise, que
juge bon. De retour en
Loti évoque dans ce livre,
France, l'écrivain manipour présenter une pauvre
feste son mécontentement
reine, rêveuse, triste et
quand un journaliste hondésillusionnée, comme un
être surhumain, presque
grois le dépeint sous un
céleste, il parle également
jour peu flatteur en relaLa reine Elisabeth au milieu de son groupe de fidèles; Hélène Vacaresco
tant à sa façon le séjour à
est assise à ses pieds et Pierre Loti se trouve également assis, du roman d'amour qui s'éà
gauche
sur
la
photo (cliché pris à l’Hôtel Danieli de Venise, le 14 août 1891). tait déroulé sous ses yeux.
Sinaia, critiquant en particulier l'apparence physique de Loti, sujet auquel notre homme,
Loti fait parvenir un exemplaire des Désenchantées avec
très susceptible, est sensible. S'ensuit un refroidissement des
une dédicace à la reine. Leurs relations épistolaires, arrêtées de
relations entre l'écrivain et la reine, qui n'était pour rien dans
1891 à 1908 comme l'exigeait le roi Carol, reprennent : Loti
cette affaire !
envoie à la reine ses nouveaux livres, qu'elle lit publiquement
Aussi Loti hésite-t-il à aller voir la reine à Venise (où elle
à la cour, Carmen Sylva lui fait parvenir ceux qu'elle publie.
était partie sur ordre de son mari, le roi Carol 1er étant opposé
"Mon remerciement ému pour Aliunde que Votre Majesté
au mariage qu'elle souhaitait entre le prince héritier et Elena
a daigné m'envoyer et dont la lecture m'a laissé je ne sais quelVacaresco) en 1891 comme il l'avait prévu ; finalement, après
le sérénité haute et en même temps douce. Je l'avais lu lenteavoir fait des manières, il s'y rend et voit la reine trois jours au
ment à mes rares minutes de liberté; cela m'avait rappelé l'émilieu du mois d'août : quel décor pour ces retrouvailles ! Une
poque déjà si lointaine où, sur la gondole à Venise, Votre
nouvelle brouille surgit au cœur d'une discussion animée,
Majesté lisait des fragments du livre: Livre de l'âme. Déjà
bientôt suivie d'une réconciliation !
plus d"un quart de siècle passé depuis ces soirs de gondole.
Ce qu'Elisabeth ignorait, c'est qu'il plaît à Loti de se disHélas !", lui répond-il.
(lire la suite page 32)
31
Connaissance et découverte
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Théâtre
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Une fascination
mutuelle
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En 1912-1913, une tentative manigancée auprès du roi (qui n'aime pas
Loti) pour faire venir l'écrivain à
Bucarest échoue. La reine meurt au
début de la Première Guerre mondiale. On peut s'interroger sur la nature
des relations entre Loti et la reine de
Roumanie. Les grands ont toujours
fasciné le petit garçon de Rochefort.
Loti était sensible à la façon dont la
reine lisait publiquement des extraits
qui, lus par Elisabeth, donnaient à
l'auditoire une impression plus forte
qu'aurait donné la lecture de l'œuvre
complète.
Carol Ier
Carmen Sylva pensait très justement que l'admiration que Loti lui portait "n'était peut-être pas accordée
aux pages mêmes que je (Carmen
Sylva) lui lisais, mais plutôt issue des
pensées élevées que son esprit sensible, généreux et intelligent concevait lui-même durant ma lecture".
La reine de Roumanie ne se glisse-t-elle pas ainsi dans le rôle de la
muse? En tout cas, son personnage
et l'exotisme de la cour roumaine,
entre Occident, où elle était amarrée,
et ce parfum d'Orient tout autour, qui
troublait Loti, ne pouvaient que séduire notre écrivain voyageur.
Marc Chesnel
a compagnie théâtrale Cafarnaüm est installée dans le quartier des
Résidences (immeubles et barres en abondance) de Belfort. Animée par
deux passionnés permanents du théâtre, Manuelle Lotz et Alexandre
Tournier, et présidée par Gilles Benhamou, elle compte à son répertoire de nombreuses créations dont la première fut La femme comme champ de bataille du
Roumain de Paris, Matei Visniec.
La rencontre de Cafarnaüm avec Anca Visdei,
autre dramaturge roumaine exilée de longue date
(Suisse et Paris), a permis à cette compagnie de
monter pour la première fois sur les planches
françaises (à Besançon en 2001) un texte de celle-ci,
écrit directement en français en 1990, La patiente.
Et c'est avec cette pièce d'une exilée roumaine écrivant en français que Cafarnaüm a été invitée au
Festival Des jours et des nuits qui s'est tenu en septembre 2004 à Braïla en Roumanie. Bernard
Camboulives a rencontré Manuelle Lotz et
Anca Visdei Alexandre Tournier à leur retour de Braïla.
En Roumanie, l'auteur et son texte
ont encore la primauté sur le metteur en scène
Cafarnaüm: "L'accueil des Roumains a été de qualité. Des gens chaleureux,
pressés (presque trop) de nous rendre service et fort capables d'organiser avec talent
un festival. Il y avait là des troupes anglaise, turque, allemande, grecque et deux
françaises (dont nous). Ce que nous avons particulièrement apprécié est l'amour du
théâtre dont ont fait preuve les organisateurs.
Ils vivent encore le théâtre dans le cadre d'un ancien système avec de nombreux
permanents à la mentalité parfois de fonctionnaire et peu de moyens techniques mais
cela induit ce que nous affectionnons particulièrement, à savoir une préférence et une
priorité pour le texte plutôt que pour la scénographie. Disons que là-bas l'auteur
conserve encore la primauté sur le metteur en scène. Ce qui n'est plus tout à fait le cas
en France.
Il y a aussi en Roumanie un amour et un respect pour la langue française qui nous
ont tout à fait étonnés et enchantés. Nous avons d'ailleurs joué notre pièce en français
comme les autres compagnies étrangères ont joué les leurs dans leurs langues d'origine. Cela n'a pas empêché le public de manifester son enthousiasme".
La déchirure vécue par Anca Visdei tranche avec son théâtre léger
Cafarnaüm: "Notre pièce jouée à Braïla était La patiente d'Anca Visdei. Nous
apprécions particulièrement cet auteur que nous avons fréquemment au téléphone.
Nous entretenons ainsi une excellente collaboration avec elle et c'est grâce à cela que
nous avons pu venir jouer en Roumanie. Anca écrit un théâtre, certes bavard qu'il
nous est permis de raccourcir parfois, mais terriblement drôle et intelligent. Anca
Visdei crée ainsi de vrais personnages très intéressants à jouer. Dans La patiente, c'est
une femme qui va voir son psy dont elle tombe amoureuse. Cela donne une véritable
comédie sur fond de psychanalyse et d'amour.
Le théâtre d'Anca Visdei est aussi un théâtre féministe comme en témoigne sa
pièce Dona Juana où elle met en scène une sorte de Don Juan féminin. La gravité aussi
peut être de mise dans ce théâtre comme dans la pièce Puck en Roumanie pour laquelle l'auteur écrit : "La pièce parle de l'érosion que le temps inflige aux êtres à travers
le témoignage de ces deux sœurs, victimes d'une séparation imposée par un système
de répression aussi absurde que violent et efficace".
Société
Le véhicule s'était renversé à l'entrée
de Slobozia: seize passagers tués
Evénements
Les auteurs roumains
z
z
La compagnie théâtrale française
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
La sécurité des micro-bus en question
C
irculant trop vite, un micro-bus surchargé s'est renversé à l'entrée de Slobozia (Ialomita), entraînant
la mort de seize de ses vingtsept passagers, fin novembre. L'accident a
causé une grande émotion en Roumanie où
ce système de transport, rapide, pratique,
peu coûteux, s'est énormément développé
ces dernières années, remplaçant les liaisons assurées par des compagnies de cars
souvent défaillantes, voire inexistantes dans
certains secteurs.
L'accumulation d'accidents du même
genre a amené les autorités à réagir et à annoncer de nouvelles
mesures de contrôle de vitesse, de respect du nombre de passagers autorisés, et la révision du système d'attribution des
licences de transport.
Justice: deux poids... deux mesures
selon qu'on soit puissant ou simple citoyen
Justice
Carmen Paunescu
L
Les professionnels du secteur estiment que ces dispositions sont inutiles, risquant d'alourdir les contrôles bureaucratiques et demandent la véritable application
de la réglementation existante, ce qui leur
paraît suffisant. Ils dénoncent en outre la
concurrence des transporteurs illégaux,
qu'ils appellent des pirates, qui les oblige à
réduire les prix, les coûts, en augmentant le
nombre de navettes et leur surcharge.
De nombreux chauffeurs sont ainsi
amenés à faire des aller-retours incessants
de jour et de nuit, mettant gravement en
danger la sécurité des passagers; mais seuls les transports
internationaux sont contraints de disposer d'un système permettant de vérifier le nombre d'heures de conduite et de repos,
les transports internes échappant à ce contrôle.
a justice a rendu son verdict
dans
l'affaire
Carmen
Paunescu. La femme du poète
et barde de Ceausescu, devenu depuis
sénateur PSD (anciens communistes) de
Hunedoara avait provoqué la mort de
trois personnes dans un accident de voiture, voici un an. Au volant de son puissant 4 x 4 - la voiture préférée des nouveaux nomenklaturistes... les automobilistes ordinaires ont appris à se ranger à
leur passage - la conductrice téméraire
avait doublé une file de véhicules, alors
que c'était interdit, percutant de plein
fouet une Dacia circulant en sens inverse.
Carmen Paunescu s'en était tirée avec
quelques contusions sans gravité, mais
dans le véhicule en face, les secours
avaient retiré les corps sans vie du
conducteur, son épouse et leur petit
garçon: la famille avait été totalement
anéantie, à l'exception de la fille aînée,
miraculeusement seulement blessée.
D'habitude, la justice se montre impitoyable dans ce genre d'affaire, condamnant fréquemment les prévenus à des
années de prison. Dans ce cas, Carmen
Paunescu a écopé d'une amende de trente
millions de lei anciens... soit 900 € !
Mircea Toma, journaliste à la revue
satirique "Academia Catavencu" a vivement réagi dans la tribune
libre suivante parue dans
son journal :
"Carmen Paunescu a
été, enfin, condamnée
pour les trois personnes
qu'elle a tuées avec sa voiture. Dans leur sentence
définitive, les juges ont
décidé d'accorder 30 millions de lei anciens au
grand-père de la seule rescapée, qui est encore
mineure... Soit 10 millions
(300 €) pour chaque
croix.
Voici deux ans, Silviu
Alupei, journaliste à "Romania Libera",
avait été condamné à 300 millions de lei
(9000 €) de dédommagements pour
avoir dénoncé dans un article les abus
d'une procureure. Dan Balescu, journalis-
te à "Gazeta de Sud", a dû payer 660
millions de lei (18 600 €) pour insulte à
l'égard d'un préfet dont il relatait les agissements. Je ne dis pas qu'ils avaient raison ou non. Je constate simplement: en
Roumanie, aux yeux de la Justice, le prix
d'une vie est de 10 millions de lei, la susceptibilité d'un personnage puissant en
vaut entre 30 et 66 fois plus.
Voici peu, un jeune de Timisoara surpris avec une boulette de drogue de 1 g a
été condamné à 11 ans de
prison; le fils de Ion
Tiriac (la plus grosse fortune du pays) a été blanchi de l'accusation de trafic et consommation de
drogue après l'intervention de son père auprès du
président Iliescu.
Sans-doute ne faut-il
pas généraliser car il existe des juges qui appliquent la loi sans tenir
compte de la position du
prévenu... Mais je ne peux
Ion Tiriac junior
m'empêcher de penser à
ceux qui font dans leur
culotte dès qu'ils ont à faire à un procureur, un préfet, un Paunescu, un Tiriac.
Bref... un puissant. On parle de la réforme de la Justice? Il faudrait commencer
par greffer des couilles aux juges !".
21
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Jeunes, femmes, familles:
les fortunes roumaines au scanner
Evénements
z
SATU MARE
z
SUCEAVA
ORADEA
ARAD
TARGU
MURES
HUNEDOARA
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z
CRAIOVA
BRAILA
BRASOV
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SLATINA
z
L
VASLUI
z
PITESTI
a valeur n'attend pas le nombre des années, si on se réfère au classement
de "Capital", qui relève le nom de jeunes ayant capitalisé à eux tous un
demi-millard de dollars. Parmi eux :
1. Maor Zinger 32 ans, 180 à 200 millions de dollars
2. Sebastian Aurel Ghita (propriétaire du groupe IT Asesoft) 28 ans, 30 à 35 millions de dollars
3. Bogdan Dragomir (fils de Dumitru Dragomir, président de la Ligue
Professionnelle de Football) 29 ans, 29 millions de dollars
4. Robert et Ionut Negoita (propriétaires de Pro Confort) 31 et 33 ans, 28 à 30 millions de dollars
5. Arpad Paskany (propriétaire de l'équipe de football CFR Ecomax) 34 ans, 28 à
30 millions de dollars
6. Janos Kurko (propriétaire de plusieurs hôtels à Miercurea Ciuc), 34 ans, 23
millions de dollars.
z
z
z
M. CIUC
z
TIMISOARA
BACAU
z
z
z
z
IASI
z
z
TULCEA
z
TARGOVISTE
„
z
SLOBOZIA
BUCAREST
z
CONSTANTA
Suite sportifs
Viorel
Moldovan
20
6. Viorel Moldovan (33 ans, 10 à
12 millions de dollars)
7. Dan Petrescu (38ans, 10 à 12
millions de dollars)
8. Ilie Dumitrescu (36 ans, 8 à 9
millions de dollars)
9. Adrian Mutu (26 ans, 7 à 8 millions de dollars)
10. Cristi Chivu (25 ans, 7 millions
de dollars)
Les dirigeants
Mais il existe aussi une catégorie
d'affairistes du sport, que l'on trouve à
la direction des clubs, sans qu'on puisse distinguer s'ils se paient là une
"danseuse" ou si cette position leur
permet de réaliser de substantiels profits.
1. Gigi Becali (président du Steaua
Bucarest, 400 à 450 millions de dollars)
2. George Copos (président du F.C
Rapid Bucarest, 230 à 240 millions de
dollars)
3. Ioan Nicolae (président du F.C.
Brasov, 200 millions de dollars)
4. Nicolae Badea (président du
Dinamo Bucarest, 140 à 150 millions
de dollars)
5. Adrian Porumboiu (président du
F.C. Vaslui, 85 à 90 millions de dollars)
6. Gheorghe Bosanceanu (président du Farul Constanta, 65 millions
de dollars).
Femmes: cosmétiques et aliments de régime
Mais, parmi les grandes fortunes on compte également des femmes. Elles les ont engrangées en vendant des produits cosmétiques et des aliments de
régime, en important des voitures et en construisant
des entrepôts, dans le commerce et le bâtiment.
Dans l'ordre, les sept plus prospères sont:
1. Anca Vlad (propriétaire du groupe Fildas), 75
millions de dollars
Anca Vlad
2. Lavinia Huidan (propriétaire du Forum Auto,
importateur exclusif de la marque Volvo), 20 à 22 millions de dollars
3. Veronica Savanciuc (responsable de l'Agence de Publicité Lowe&Partners), 16
à 17 millions de dollars
4. Antonia Coposu (propriétaire du groupe commercial Metabras), 10 à 12 millions de dollars
5. Erika Hristea (propriétaire de Secpral Pro Instalatii), 9 à 10 millions de dollars
6. Maria Grapioni (propriétaire de la société Pasmatex), 9 millions de dollars
7. Maria Braescu (ancienne propriétaire de Casa Lux), 7 à 8 millions de dollars.
Familles : immobilier et ameublement
Les huit familles les plus fortunées de Roumanie se sont
enrichies en faisant le plus souvent des affaires dans le
domaine immobilier et de l'ameublement.
1. Famille Paunescu (propriétaires du Lido et de l'Hôtel
Intercontinental), 700 à 750 millions de dollars
2. Famille Voiculescu (Groupe Grivco), 350 millions de
dollars
3. Famille Zinger (détient la moitié des espaces commerciaux de Brasov), 180 à 200 millions de dollars
4. Camelia et Dan Sucu (propriétaires de Mobexpert), 85
George Paunescu
à 90 millions de dollars
5. Virgil et Angelica Rapotan (propriétaires de la société commerciale Arabesque
de Galati), 70 à 75 millions de dollars
6. Mariuca et Florin Taples (possèdent IT Softwin), 40 à 45 millions de dollars
7. Famille Tudorache (distributeurs des médicaments Montero), 40 à 45 millions
8. Alina et Cristina Fughina (propriétaires de IT K-Tech et Ultra Pro), 35 à 37 millions de dollars.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
“Cafarnaüm” au festival “Des jours et des nuits” de Braïla
francophones interprétés par une troupe de Belfort
La part autobiographique est incontestable dans cette dernière pièce puisque Anca a dû s'exiler alors qu'elle était encore jeune (vingt ans) et qu'elle a dû laisser sa sœur en
Roumanie. C'est cette déchirure qui est bien évidemment au
cœur de Puck en Roumanie, la pièce la plus personnelle et la
plus profonde d'Anca Visdei. Mais au total, son théâtre reste
un théâtre léger, de divertissement, une sorte de vaudeville
moderne".
La femme comme champ de bataille… d'un
Matei Visniec en lutte contre le conformisme
Cafarnaüm: "De Visniec, nous avons
mis en scène en 2001 La femme comme
champ de bataille dans la guerre en Bosnie;
une œuvre qui se situe, à bien des égards, à
part dans l'œuvre dramaturgique de Matei
Visniec basée principalement sur l'humour
absurde.
Ainsi, cette pièce est ancrée dans la réalité, dans l'actualité de l'époque (elle a été
écrite en 1996), à savoir la guerre en Bosnie.
Le conflit y est vu par deux femmes : l'une
psychologue américaine, l'autre (Dora) une
jeune femme violée. Le public est soumis à
rude épreuve car Visniec souhaite ainsi, en interpellant son
auditoire, "que les gens soient horripilés, choqués dans leur
chair, par la situation dramatique insoutenable". Visniec ne
désigne pas l'ennemi et pose des questions sans réponses. C'est
à chacun des spectateurs, estime-t-il, de trouver sa réponse
plutôt qu'une réponse déjà toute faite.
D'une manière générale, Visniec est en lutte contre le bienpensant et contre le conformisme intellectuel. Il s'agit en fait,
chez Visniec, d'un théâtre qui dénonce toute forme de dictature, aussi bien celle qu'il a fui en Roumanie que la nôtre, en
Occident, plus sournoise et hypocrite pour ce qui concerne la
pensée.
L'écriture dramaturgique de Matei Visniec ne donne pas tant
la priorité aux personnages qu'il privilégie les situations. Ces
personnages, d'ailleurs, sont le plus souvent décalés par rapport à la réalité. Les situations, elles, sont exprimées par un
choix et une économie de mots (français) qui donnent ainsi à
ce théâtre toute la force de sa concentration et sa percussion ".
De Beckett à Ionesco
Cafarnaüm: "Visniec, très inspiré par Beckett, est incontestablement un continuateur de l'œuvre de Ionesco. Par l'absurde, bien sûr, mais aussi par sa quête de personnages interchangeables. Toutefois, si Ionesco a mis du temps avant d'être
reconnu par la critique, Visniec, lui, a rencontré le succès rapidement. De nombreuses petites compagnies jouent Visniec en
France; petites compagnies, d'ailleurs, que Visniec s'emploie à
soutenir comme pour affirmer sur le terrain son désir d'assurer
la diversité des expressions théâtrales.
Au total, le théâtre de Visniec veut garder
l'espoir, un espoir sur l'horreur certes mais
un espoir tout de même (ainsi la femme
violée dans La femme comme champ de
bataille décide de garder son enfant). Pour
Visniec la vie doit l'emporter sur la mort et,
à ce propos, lisons de lui ces quelques lignes:
" Il faut absolument laisser de l'espace à
l'espoir. Sinon, il faut se suicider. Il faut réagir, il faut actionner, comme si l'espoir existait, comme si l'humanité était capable de
Matei Visniec
sortir de son cauchemar, de ses égarements,
de ses excès, comme si l'Histoire servait à quelque chose.
Sinon, cela signifierait que nous sommes dans un vide total. ".
Enfin, nous pensons que des pièces comme L'histoire des
ours panda racontée par un saxophoniste qui a une petite amie
à Francfort, comme Petits boulots pour vieux clowns, comme
Théâtre décomposé ou l'homme-poubelle ou encore Partitions
frauduleuses, parmi d'autres, sont bien ancrées dans le répertoire théâtral et qu'elles sont promises à un avenir durable ".
Propos recueillis par Bernard Camboulives
La compagnie Cafarnaüm possède un site Internet: www.cafarnaum.com
La patiente d'Anca Visdei a d'abord été tirée de la pièce Femmesujet éditée par les Editions Aux-quatre-vents. Elle a ensuite été
publiée sous son propre titre aux Editions Théâtrales.
La femme comme champ de bataille dans la guerre en Bosnie
de Matei Visniec a été éditée par Actes Sud-Papiers.
Un seul cinéma chauffé en Moldavie
L
a situation des cinémas est
désastreuse dans l'ensemble
du pays et particulièrement en
Moldavie. Presque tous ont sombré.
Quand ils ont été vendus ou loués, leurs
nouveaux propriétaires les ont transformés en bars ou discothèques. La
concurrence de la télévision et d'Internet,
l'état lamentable des salles et de leur
équipement, datant de plusieurs décennies, le prix des billets, ont découragé le
public et, devant les dettes accumulées,
les autorités ayant en charge cette activité
ont renoncé . A Iasi, il n'existe que deux
grands cinémas qui totalisent 1800
places… dont une centaine seulement
sont en moyenne occupées. Le
"Republica" est même le seul à être
chauffé de toute la Moldavie, alors qu'il
n'est pas rare que le thermomètre descende à - 20 ° l'hiver. Dans certaines très
grandes villes commencent à apparaître
des complexes multi-salles privés. Deux
sont justement prévus à Iasi, le Julius
Mall et le Mall Moldova. Mais dans les
communes plus modestes, le cinéma est
en voie de disparition complète.
33
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Ciné-reportage
SUCEAVA
BAIA
MARE
z
ORADEA
z
z
ARAD
z
IASI
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ALBA IULIA
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TARGU
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FOCSANI
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TIMISOARA
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GALATI
SIBIU BRASOV
TG. JIU
z
PITESTI
CRAIOVA
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z
BRAILA
z
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Quinze millions de
spectateurs pour un
film: publics records
sous le communisme
34
Sous le communisme, des
dizaines de films roumains ont atteint
des publics records, les plus
célèbres attirant jusqu'à 15 millions
de spectateurs. Pour autant, tous
étaient loin d'être des chefs
d'œuvres. D'autres raisons expliquent l'engouement des Roumains…
En dehors du cinéma, il n'y avait
pas grand chose comme distractions, notamment en milieu rural.
Un film pouvait tenir l'affiche pendant des années et le pouvoir veillait
à sa distribution car il s'agissait
d'œuvres, souvent à la commande,
destinés à le servir. Tout un public
était captif, avec séances obligatoires: écoles, casernes, maisons de
la culture. En outre, les chiffres de
fréquentation étaient gonflés, les réalisateurs s'engageant par contrat à
dépasser le million de spectateurs,
condition nécessaire pour obtenir
des primes et autres avantages.
Les grandes productions de style
hollywoodien, comme "Mihai
Viteazul" ("Michel le Brave") bénéficiaient de moyens que leur auraient
envié les cinéastes américains,
ayant à leur disposition des milliers
de chevaux et figurants, car il s'agissait de réaliser de grandes fresques
historiques "dans l'intérêt de la
patrie"… socialiste.
Deux grands réalisateurs ont
émergé de cette époque: Sergiu
Nicolaescu et Mircea Dragan qui
placent chacun trois films dans les
dix plus grands succès cinématographiques de toute l'histoire roumaine.
(A suivre page 36)
"Au Maramures,
au parfum d'amour et d'eau fraîche,
on baigne dans la culture villageoise"
La caméra de Roger Charret
plonge au cœur du village roumain
C
e lopin de terre, bon, mauvais, est à toi ! Laboure le, sème le, moissonne
le pour avoir de bons rendements; sois en le serviteur et le maître fidèle,
et protège le s'il en a besoin avec toute ta vigueur, avec le fusil, avec la
faux, avec la bêche”. Au 21ème siècle, le paysan du Maramures (Baia Mare) suit
encore à la lettre ces rudes conseils pleins de bon sens; vieux de près d'un siècle, ils
sont signés de Aron Cotrus, poète roumain. C'est de ce quotidien de la vie de ces paysans que Roger Charret rend compte dans son dernier film documentaire, "Eloge du
village roumain".
Du printemps à l'automne, jusqu'en hiver même, les campagnes si désertes
ailleurs, bourgeonnent de vie. Travail harassant, lent, incessant, au rythme des chevaux de trait; forces humaine et animale mêlées. Complémentaires, hommes et bêtes
s'entendent à merveille, depuis le temps qu'ils suent ensemble ! La caméra du réalisateur saisit tous ces moments. Elle fixe aussi les paysages enchanteurs où le temps s'est
arrêté au-dessus des collines constellées de meules de foin posées ici depuis toujours,
alors qu'alentour les cigognes cherchent leur nourriture.
"Au Maramures, au parfum d'amour et d'eau fraîche, on baigne dans la culture
villageoise. Il fait toujours bon d'y vivre" rapporte le cinéaste, ajoutant avec regret :
"Les jeunes, bien sûrs, lorgnent vers l'Europe de l'ouest, "Eldorado" auquel la
Roumanie devrait s'arrimer en 2007. Ils affichent leurs fantasmes à fleur de tee-shirts:
ZIDANE, BECKHAM…! Villages, si vous saviez !".
En 52 minutes, le film de Roger Charret entraîne dans la Roumanie profonde,
celle qui nourrit la nostalgie de tous les amoureux de ce pays, sans en ignorer les difficultés et en en partageant les espoirs. Les associations d'amitié, les comités de jumelage… tous ceux qui entretiennent des liens avec elle, le regarderont avec plaisir, et
pourront le faire partager
à leurs adhérents, complètant ainsi leurs réunions et assemblées
générales.
Le cinéaste Roger
Charret, licencié en ethnologie, est depuis 25
ans passionné par les
peuples encore traditionnels qui perpétuent
contre vents et marées
leurs coutumes ancestrales. Il est essentielleL’ethnologue et cinéaste Roger Charret nous entraîne
attiré
par
dans la Roumanie profonde des villages du Maramures. ment
l'Himalaya
et
ses
peuples montagnards: Tibétains, Népalais....Dans une même démarche, il s'est intéressé ces dernières années aux populations de montagnes plus proches de chez nous:
les Roumains du Maramures.
La cinéaste a réalisé son film documentaire "Eloge du village roumain" au cours
de plusieurs séjours au Maramures au fil des saisons: Pâques, été, Noël, conquis par
la chaleur humaine de la population villageoise aux antipodes de la caricature trop
souvent servi par les médias d' Europe occidentale.
Eloge du village roumain par Roger Charret ; film de 52 mn, disponible en DVD ou VHS
(magnétoscope) au prix de 23 € + 3 € de port. A commander auprès de Roger Charret, 4 bis
rue de Chavassieux, 42 000 Saint Etienne. Tel : 04 77 21 05 09. E-mail: [email protected]
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
La croissance impressionnante de sa fortune serait due,
selon la revue Capital, outre ses appuis hauts placés, au fait
qu'il contrôlerait plus de la moitié de Petromservice (stations
service Petrom), par l'intermédiaire d'une compagnie off-shore
(enregistrée à Chypre, Comac
Limited). Toujours par l'intermédiaire d'une off-shore, il dirigerait la chaîne Realitatea TV,
Radio Total, ainsi qu'un vaste
réseau de radios et chaînes de
télévision locales.
4ème. Les frères Ioan et
Viorel Micula (700 à 750 millions de dollars), sont des acteurs
très importants du secteur du tourisme. Ils ont bâti leur fortune en
Iosif Constantin Dragan se servant allégrement dans le
budget de l'Etat, auquel ils doivent au moins 50 millions de dollars. Leur influence financière sur de nombreux hauts dignitaires de l'Etat leur a permis jusqu'à présent d'échapper aux foudres du fisc. A la tête de la
Société European Drink & Food, ils se placent numéro 2 sur le
marché roumain de la bière.
5ème. La famille
Paunescu, est aussi endettée
que protégée par le régime
politique. Les Paunescu sont
propriétaires de grands clubs
sportifs. Riches de 750 millions de dollars, ils possèdent
des médias, des usines, des
hôtels et autres biens immobiliers. La famille a acheté des
Sorin Ovidiu Vântu
terrains dans la capitale et dans
pratiquement toutes les villes importantes du pays.
6ème. Ioan Niculae, (500 à 550 millions de dollars), s'occupe de commerce extérieur, d'assurances.
Véritable potentat de son judet, il s'est constitué un empi-
re dans l'agriculture roumaine en prenant la tête d'Inter-Agro et
a doublé sa fortune en trois ans.
Gigi Becali: le "berger" au destin guidé par Dieu
7ème. Gigi Becali, (400 à 450 millions de dollars), propriétaire du Club de football Steaua de Bucarest, Cet ancien
berger est un personnage hautement pittoresque, persuadé que
Dieu lui a confié un destin national et a créé un parti politique
appelé " Nouvelle génération ". Dernièrement, il a vu le Fisc
mettre sous séquestre ses avoirs, afin de récupérer les dettes du
club envers le budget de l'état, d'une valeur de plus de 7 millions d'euros. Gigi Becali avait racheté Steaua à Viorel
Paunescu, il y a 3 ans.
8ème. La fortune de Dinu Patriciu - président de
Rompetrol, deuxième raffineur du pays après Petrom - est
estimée à 400-450 millions de
dollars. Membre dirigeant du
Parti national Libéral, Dinu
Patriciu tire dans l'ombre les
ficelles de la vie politique roumaine. Il est un proche du
Premier ministre Tariceanu,
lequel aurait fait pression auprès
de la justice en sa faveur dans
une affaire où il est impliqué.
9ème. La famille Voiculescu,
Dinu Patriciu
(350 millions de dollars), doit sa
richesse aux médias, à l'immobilier, à la distribution et à l'agriculture. Président du Parti Conservateur, membre de l'actuelle
majorité, autrefois dénommé Parti Humaniste Roumain, émanation du PSD (anciens communistes) qu'il dirigeait également, Dan Voiculescu est à la tête d'un trust de médias, dont
"Jurnalul National", qui lui permet de faire pression sur ses
alliés politiques.
10ème. Dan Grigore Adamescu, (320 millions de dollars), possède des affaires immobilières, dans les assurances et
dans le bâtiment.
Sportifs… et affairistes du sport
L
e sport est une autre façon de
faire fortune… de façon plus
honnête quand il s'agit des
sportifs eux-mêmes, qui ont mouillé leurs
maillots et décroché des contrats fabuleux à l'étranger.
Ainsi Gheorghe Hagi (75e du Top
300) a investi les millions gagnés avec le
Real Madrid et Barcelone, dans l'achat de
luxueux biens immobiliers, tels que
l'Hôtel Yaki de Mamaia, financé avec l'aide de l'Etat il y a 5 ans. Son beau frère,
Gica Popescu, ancien capitaine du F.C.
Barcelone possède des biens en
Roumanie et à l'étranger, dont quelques
villas à Ibiza et 73 % des actions de
Vincon Vrancea (producteur de vin).
Adrian Ilie est propriétaire d'un
complexe immobilier et d'un hôtel 4
étoiles à Poiana Brasov. Tout aussi fortuné, Anghel Iordanescu, ancien entraîneur national, vient de recevoir une prime
de 400.000 dollars pour avoir remporté la
Coupe des Champions d'Asie.
Adrian Mutu et Cristi Chivu (25
ans), valeurs montantes, ferment la liste
des footballeurs millionnaires. Malgré
l'énorme perte qu'a représenté sa rupture
de contrat avec le club Chelsea de
Londres (son salaire annuel y était de 4
millions de dollars), Mutu a réussi a
redresser sa situation financière puisqu'il
est à la tête de 7 à 8 millions de dollars.
Parmi les sportifs pratiquant d'autres
disciplines, seuls Andrei Pavel champion
de tennis et l'ancien basketteur Ghita
Muresan peuvent se comparer aux footballeurs, avec des fortunes proches de 6
millions de dollars.
Les joueurs :
1. Gheorghe Hagi (40 ans, 40 millions de dollars)
2. Gica Popescu (38 ans, 30 à 35
milions de dollars)
3. Adrian Ilie (30 ans, 17 millions de
dollars)
4. Anghel Iordanescu (entraîneur, 55
ans, 15 à 17 millions de dollars)
5. Mircea Lucescu (entraîneur, 60
ans, 12 millions de dollars)
(Lire la suite page 20)
19
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénements
BAIA MARE
z
z
z
ARAD
z
Les 300 Roumains les plus riches
se partagent 22 % du PIB national
z
SUCEAVA
ORADEA
CLUJ
ZALAU
z
z
TARGU MURES
IASI
z
ALBA I.
z
BRASOV
z
z
PITESTI
CRAIOVA
z
GALATI
z
SIBIU
TIMISOARA
z
BRAILA
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Les nouvelles fortunes
18
A eux seuls, ils ont capitalisé
seize milliards de dollars en 2005
Parmi les nouvelles fortunes, qui
ne figuraient pas dans les éditions
précédentes du TOP 300, on trouve :
- La famille Zinger (180 à 200 millions de dollars). Maor Zinger possède plus de la moitié des immeubles
commerciaux de Brasov.
- Dumitru Tudor (60 millions de
dollars). Descendant de la famille
Lincaru, il détient des biens immobiliers chiffrés à 40 millions de dollars.
- Calin Costan ( du groupe ICCO),
Dan Pop Baldi, Valentin Nicola et
Bela Urasi (créateurs d'Astral
Telecom) Mihai Anghel (Cereal Dolj),
Dorin Mateiu (Mercado et Elit de Alba
Iulia), qui se trouvent chacun, à la
tête de fortunes comprises entre 30
et 40 millions de dollars.
Les personnes citées ci-dessous
auraient dû, vu le montant de leur fortune, figurer dans le Top mais, moins
malines que d'autres, elles en ont été
exclues, la justice enquêtant sur leurs
malversations et la légitimité de l'acquisition de leurs biens.
- Omar Hayssam (90 à 100 millions de dollars). Soupçonné d'avoir
organisé la prise d'otage des journalistes roumains en Irak, il se trouve
actuellement en prison.
- Ion Dumitrache (35 millions de
dollars) Le capital social de six des
entreprises dont il était actionnaire ou
associé a été gelé par la justice.
- Octavian et Constantin
Margarit (18 à 20 millions de dollars
chacun). Sont actuellement jugés par
un tribunal pénal et leurs biens mis
sous séquestre.
- Dumitru Sechelariu (10 à 12
millions de dollars). Tous les biens de
l'ancien maire de Bacau ont été mis
sous séquestre et tous les comptes
des entreprises dont il est actionnaire,
bloqués.
P
our la quatrième fois, la revue économique Capital publiait le 15 novembre
dernier un "TOP 300" des Roumains les plus riches, sur le modèle du
magazine américain Forbes, connu pour ses classements internationaux
Pour y entrer, le seuil a été relevé de 5 à 7 millions de dollars, cette année. La somme
de ces 300 richesses, d'un montant approximatif de 16 milliards de dollars, représenterait 22 % du PIB national roumain. Elle a augmenté de un milliard de dollars en un
an, alors que 60 % des Roumains vivent avec moins de 600 dollars annuellement.
C'est à Bucarest que l'on trouve la plupart des grandes fortunes roumaines : 121, soit
plus de 60 % de celles retenues. Cluj, s'impose comme la ville n° 2 des millionnaires
roumains. Le président Basescu dans une interview accordée au quotidien Romania
Libera, avait souligné le fait que les personnes les plus riches n'étaient pas forcément
les citoyens payant le plus d'impôts, mettant le doigt là sur les injustices et la corruption régnant dans le pays.
Les noms cités sont familiers des Roumains car étroitement impliqués dans la vie
politique et économique du pays. Il est ainsi question du vice-premier ministre
Gheorghe Copos, du sénateur UDMR (parti des Magyars) Attila Verestoy, du maire
de Bucarest, Adriean Videanu ou du Premier ministre Calin Popescu Tariceanu.
Ce TOP 300 révèle que 2005 a été particulièrement profitable pour les plus
grosses fortunes, tandis qu'on y note l'entrée de 55 nouveaux noms. Le nombre de
ceux dont l'avoir se situait entre 5 et 7 millions de dollars a par contre diminué. Par
ailleurs, il faut également noter que beaucoup parmi ceux qui ont réussi à accumuler
des avoirs impressionnants travaillaient, avant 1989, dans le commerce extérieur.
Le Top comprend également des hommes très jeunes, à partir de 25 ans, qui sont
partis de rien. Les privatisations ont permis à une troisième catégorie de se remplir les
poches. En général, en 2005, les affaires immobilières, le marché de capitaux et le
commerce ont été les domaines les plus attractifs.
L'ancien tennisman Ion Tiriac en tête du hit-parade
1
er. Pour l'année en cours Ion
Tiriac - l'ex-champion de tennis se trouve en tête de liste des
Roumains les plus riches. Avec une fortune estimée à un milliard
de dollars, il ravit la 1ère
place à l'homme d'affaires
greco-roumain Constantin
Dragan, numéro 1 jusqu'ici.
Ion Tiriac possède des
intérêts dans le domaine
bancaire, les assurances, le
sport et le commerce. La
fusion entre sa Banque et
l'allemand HVB a été l'un
des événements les plus
marquants de l'année.
2ème. Iosif Constantin Dragan, est
à la tête d'une fortune de 850 millions de
dollars, due à des affaires réalisées dans
les produits pétroliers, la distribution, l'édition et les transports.
3ème. Sorin Ovidiu Vantu fait un
bond jusqu'à cette place, ayant empoché
250 millions de dollars de plus-values en
2005. Son nom lié aux principaux scandales
financiers
qu'a
connus la Roumanie, ces
dix dernières années, continue à faire la une des journaux, sans que, pour
autant, cet ancien comptable condamné et emprisonné pour escroquerie
sous Ceausescu, soit
inquiété outre-mesure par
la justice, malgré les nombreux procès dont il est
Ion Tiriac
l'objet.
Sorin Ovidiu Vantu, doit sa fortune,
estimée à 750 millions de dollars, à différentes affaires, entre autres dans le pétrole, les médias et les investissements
financiers.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Musique
Connaissance et découverte
La visite de Liszt au pays des Laoutars lui
a inspiré sa fameuse "Rhapsodie roumaine"
Une rencontre prodigieuse avec Barbu, le violoniste tsigane
F
ranz Liszt s'est intéressé de près aux musiciens tziganes, auprès de qui il pensait retrouver - à tort - les
détenteurs authentiques de la musique populaire de
sa Hongrie natale. Sa rencontre avec Barbu Lautaru, violoniste tzigane de Roumanie, est restée célèbre. Elle devait inspirer
à Liszt sa Rhapsodie roumaine pour piano, rapporte Alain
Chotil-Fany, mélomane passionné de musique roumaine - il lui
consacre un remarquable site Internet, www.souvenirs des carpates - qui a retrouvé l'intégralité d'un article paru dans le journal français le Ménestrel en juillet 1889, alors que les musiciens populaires roumains enchantaient les visiteurs de
l'Exposition Universelle de 1889, lors de l'inauguration de la
Tour Eiffel.
Invité à Iasi par le poète Vasile Alecsandri
"Liszt était un admirateur
passionné de la musique des
Laoutars roumains, les mêmes
qui fanatisent en ce moment les
visiteurs du Champ de Mars.
C'est au château du célèbre
poète
roumain
Vasile
Alecsandri, raconte la “Neue
Musikzeitung” de Stuttgart,
que le compositeur les entendit
pour la première fois. Une foule
énorme d'invités était rassemblée dans la grande salle du
Vasile Alecsandri
château pour recevoir et écouter
les musiciens nomades, qui arrivaient de Jassy, sous la conduite de leur
chef, Barbu Lautaru. Le maître de la maison
leur fit verser du champagne en signe de
bienvenue et les pria de commencer.
Barbu fit d'abord jouer une marche
nationale qui impressionna profondément
les assistants. Quelques-uns d'entre eux
firent tomber des pièces d'or dans le verre
du vieux chef, en lui disant: "Bois, Barbu
Lautaru, bois, mon maître !". Et le vieux
chef aspira le vin avec les pièces d'or, qu'il
retira ensuite de sa bouche pour les baiser
avec ferveur.
Puis on passa à l'exécution d'une mélodie tzigane. Toute la mélancolie des steppes
semblait s'exhaler de ce morceau; mais,
brusquement, le chant plaintif cessa, un cri
perçant retentit et les instruments commencèrent à s'agiter dans un prestissimo qui,
graduellement, devint fiévreux, vertigineux, échevelé, donnant
l'impression d'un régiment de cavalerie montant à l'assaut.
Liszt était transporté et, lorsque le morceau fut achevé, il
s'avança vers le chef, jeta de l'or dans son verre, qu'il heurta
contre le sien, et lui dit: "Tu m'as fait connaître ta musique,
Barbu, à mon tour de te faire connaître la mienne." Et l'illustre
virtuose se mit au piano au milieu d'un silence religieux.
"Par Dieu, Barbu, tu es encore
plus grand musicien que moi "
Après un court prélude, le maître improvisa une marche
hongroise, dont il
conduisit le thème,
superbe d'ailleurs, à travers des cascades de
trilles et d'arpèges et les
modulations les plus
étranges et les plus inattendues. Tout entier à
l'inspiration, Liszt semblait oublier tout ce qui
se passait autour de lui.
Ses doigts couraient
sur le clavier, rapides
Liszt écoute religieusement le vieux
comme le vent, faisant
barde tsigane Barbu Lautaru qui lui a
rhapsodie roumaine,
entendre avec persistan- inspiré sa célèbrelors
d’une visite à Iasi,
chez l’écrivain Vasile Alecsandri.
ce, au milieu des plus
fantastiques arabesques,
le motif victorieux de la marche. Les auditeurs, retenant leur
respiration, se tenaient immobiles et comme frappés par un
charme. Enfin, l'enthousiasme éclata, frénétique, imposant.
Le vieux Laoutar, les yeux baignés de larmes, s'approcha
de Liszt et lui dit : "C'est à mon tour, Maître, à te prier de trinquer avec moi”. Les verres s'entrechoquèrent et Franz Liszt demanda: "Eh bien, que
dis-tu de cette mélodie?”
"Elle est si belle, maître”, répondit le
vieux barde,“que je vais, si tu le permets,
essayer de la reproduire." Liszt esquissa un
sourire incrédule, mais il acquiesça d'un
signe de tête.
Laoutar se tourna vers son orchestre,
épaula son violon et répéta la marche hongroise. Pas un trille, pas un arpège, pas un
ornement ne furent omis. Barbu exécuta
note pour note l'improvisation du pianiste.
Et ses musiciens l'accompagnaient scrupuleusement, comme mû par l'instinct, et
observant religieusement les moindres
nuances indiquées par son archet.
Lorsqu'enfin la dernière note eut
Franz Liszt
résonné, Liszt sauta de son siège et courut se
jeter dans les bras du vénérable chef en s'écriant: "Par Dieu,
Barbu Lautaru, tu es un artiste divin et un plus grand musicien
que moi !"
35
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Histoire
z
BAIA MARE
ORADEA
ARAD
z
z
IASI
BRASOV
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
z
CLUJ
GALATI
z
z
BRAILA
PLOIESTI
CRAIOVA
z
36
z
„
BUCAREST
Actualité
Valentin Lazea: “40 % des Roumains
vivent comme au XIXème siècle”
Social
George Pomut négocia
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
z
Devenu général, le Roumain a été
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
(suite de la page 34)
Les critiques d'aujourd'hui ne
retiennent que quatre titres ayant
mérité leur audience: "Mihai
Viteazul" et "Dacii" ("Les Daces") de
Sergiu Nicolaescu, "Columna" ("La
colonne") de Mircea Dragan, "Tudor"
de Lucian Bratu.
Aujourd'hui, les audiences atteintes
par les productions d'autrefois demeurent de l'ordre du rêve pour les nouveaux films, même si certains présentent un grand potentiel de succès public comme "Occident" ou "Philanthropique". De nombreuses salles de
cinéma ont fermé, notamment dans
les petites communes, le nombre de
copies circulant dans le pays est ridicule, les lancements, présentations, la
médiatisation, sont pratiquement
absents ou réduits au minimum.
Voici le hit-parade des dix plus gros
succès roumains de tous les temps,
tous réalisés entre 1963 et 1979 :
1er: "Nea Marin miliardar", Sergiu
Nicolaescu (1979), 14 650 000 de
spectateurs
2ème: "Pacala", Geo Saizescu
(1974), 14 640 000
3ème: "Mihai Viteazul", Sergiu
Nicolaescu (1971), 13 330 000
4ème : "Dacii", Sergiu Nicolaescu
(1967), 13 112 000
5ème: "Neamul Soimarestilor",
Mircea Dragan (1965), 13 050 000
6ème: "Tudor", Lucian Bratu
(1963), 11 450 000
7ème: "Columna", Mircea Dragan
(1968), 10 510 000
8ème: "Haiducii", Dinu Cocea
(1966), 8 086 000
9ème: "Sapte baieti si o strengarita", co-production franco-roumaine
avec Bernard Borderie (1967), 7 550
000
10ème : "Stefan cel Mare"
Mircea Dragan (1975), 7 380 000.
S
i de nombreux Roumains ont aidé à faire la France d'aujourd'hui, on retrouve également leur empreinte tout au long de l'histoire des Etats Unis
d'Amérique. George Pomut en est l'illustration même. Premier général
étranger de l'armée américaine, combattant aux côtés des Nordistes pendant la guerre
de Sécession, il représentera ensuite son nouveau pays auprès du Tsar, négociant l'achat de
l'Alaska pour le compte des USA.
George Pomut est né à Timisoara le 31 mai
1818, dans un milieu aisé. Des malentendus avec
les autorités locales au sujet de la possession de
quelques terrains ont conduit sa famille à déménager à Guya. Mais Pomut est resté tout au long
de sa vie attaché à sa ville natale, et, dans son
testament, il a demandé à être enterré à
Timisoara, vœu qui n'a pas été réalisé.
Le jeune garçon suivit les cours de l'académie militaire de Vienne en Autriche et de Saint
Etienne en France. Aux côtés de quelques révolutionnaires hongrois, il rêva de bâtir une ville du nom de Nouvelle Buda… un rêve
qui ne se concrétisera jamais. En 1848, il s'engagea dans l'armée magyare, puis se
réfugia à l'étranger après la défaite, gagnant les USA.
La guerre civile s'étant déclarée en Amérique durant l'été 1961et jusqu'en 1865,
George Pomut s'enrôla aux côtés de forces nordistes comme capitaine dans le 15e
régiment de volontaires du Iowa, et terminera lieutenant-colonel, réussissant à rompre
le siège d'Atlanta. La victoire acquise, il défilera le 24 mai 1865 à la tête de l'armée
du Tennessee, devant le nouveau président de l'Amérique, Andrew Johnson.
Diplomate auprès du Tsar
Après la guerre, George Pomut s'établit à San Antonio au Texas. C'est un homme
de grande taille, à la barbe et aux cheveux roux. Orateur habile et fin diplomate, il
émane de lui un certain charisme. Toutes ces qualités décident Andrew Johnson à le
nommer consul général des Etats Unis à Petrograd (l'actuelle Saint Petersbourg). A
cette occasion il est promu au grade de général de brigade, grade qu'il est le seul
citoyen étranger à posséder.
Ses qualités de diplomate lui permettent de résoudre de manière très satisfaisante
un différent entre les Etats-Unis et la Russie, l'affaire Catacanzy.
Hamilton Fish, secrétaire d'état américain comptait demander au tsar de Russie de
rappeler Constantin Catacanzy, chef de la mission diplomatique russe à Washington,
qui avait offensé le président américain. L'incident tombait mal puisque l'Amérique
attendait la visite du Grand Duc Alexis, fils du tsar, visite, qu'aurait certainement compromise le rappel de Catacanzy. George Promut réussit à dissuader le gouvernement
américain de demander ce rappel, évitant ainsi un grave incident diplomatique.
Hésitations américaines entre terres glacées et tropiques
Mais le rôle le plus important que joua Pomut dans les relations entre la Russie et
l'Amérique concerne l'Alaska, alors territoire russe.
Le Tsar de Russie considérant que cet énorme territoire, inhabitable car recouvert
de glace et dénoué de toute végétation ne présentait aucun intérêt, proposa de le
vendre aux américains contre la somme de 7.200.000 dollars. Le 30 mars 1867 fut
signé à Washington le traité par lequel l'Alaska devenait terre américaine, suite aux
négociations rapides et efficaces de George Pomut. Excellente affaire puisque l'Alaska
s'averra être riche en minerai d'or et en pétrole.
L
ors d'un colloque économique organisé à Sinaia, Valentin
Lazea, chef du département économique de la
Banque Nationale roumaine n'a pas mâché ses
mots: "40 % des Roumains vivent comme au
XIXème siècle" a-t-il
asséné, relevant que 58 %
des foyers seulement disEvoquant la situation sociale, Valentin posaient de l'eau courante
Lazea n’a pas mâché ses mots. et 53 % du tout à l'égout,
ces pourcentages chutant encore plus dans les campagnes où à
peine 20 % des habitations disposent de ces facilités.
Dénonçant le fait que les politiciens et les autorités fermaient
les yeux sur ces réalités, il ajoutait que la Roumanie se trouvait
en dernière position sur le continent, loin derrière l'avant-dernier pays, la Turquie, où 90 % des habitants disposent de l'eau
courante et 82 % du tout à l'égout. La moyenne en Europe se
situe entre 90 et 100 %, fourchette dans laquelle on trouve
même l'Albanie et la Moldavie !
L'économiste a enfoncé le clou en évoquant l'état des
infrastructures routières, la Roumanie occupant la dernière
place en kilomètres d'autoroutes, sans parler des routes dont 40
% sont hors d'usage pendant l'hiver.
"La classe politique doit prendre ses responsabilités"
s'est-il exclamé, réclamant un débat public: "Entrer dans
l'Europe avec la moitié de la population vivant comme au
temps des boyards ou assumer, en relevant le niveau de nos
dépenses pour développer les infrastructures et les équipements, ce qui veut dire augmenter les impôts et les ressources
fiscales".
Budget: au niveau
de l'Azerbaïdjan et du Kazakhstan
Avec des dépenses budgétaires atteignant à peine 30 % du
Produit intérieur brut, Valentin Lazea a rappelé que la
Roumanie se situait au niveau de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan
et de l'Albanie, alors qu'un minimum de 35 % serait nécessaire, la Bulgarie voisine se situant à 41 %. "Notre pays n'en
prend pas le chemin, puisqu'au maximum, avec la politique
suivie et de grands efforts, on peut gagner de 0,5 à 1 %" a-t-il
indiqué (l'instauration d'une cote unique d'imposition à 16 %
par le nouveau gouvernement a diminué les rentrées fiscales
de un milliard d'euros en 2005).
L'économiste a défini les secteurs prioritaires pour les
restructurations et les investissements : l'agriculture, une grande partie de la population rurale devant y renoncer et être
orientée vers des secteurs de développement, notamment les
infrastructures, et la formation. "Avec 1,6 % de la population
entre 25 et 64 ans qui reçoit une formation continue contre 9,9
% dans l'UE, un budget de l'éducation nationale se montant à
3,5 % du PIB, contre 5,22 %, il n'est pas étonnant que nous
soyons en queue de peloton dans le domaine des exportations
des produits technologiques et à haute valeur ajoutée qui ne
représentent que 3 % du total" a-t-il conclu.
Dépenses d'entretien: + 30 %
L
e coût des dépenses d'entretien a explosé en 2005, atteignant,
depuis le début de l'année, + 30 % pour l'électricité, + 60 %
pour le gaz, + 50 % pour l'eau, + 20 % pour les ascenseurs, +
100 % pour la collecte des ordures ménagères. Le vice-président du Cartel
Alfa a estimé qu'elles avaient augmenté au total de 30 %, représentant
mensuellement l'équivalent du salaire minimum, rappelant au passage que
la majorité des salariés vivaient avec un revenu de 400 à 600 lei (112 à
168 €), 5 millions de retraités disposant seulement de 300 à 350 lei (84 à
103 €). Il a ajouté que la tentation était grande pour toutes ces personnes
“J’ai peur d’entrer, Voisine, et de tomber raide mort en de couper le chauffage pendant l'hiver.
voyant afficher le prix des charges et du chauffage”.
Pour prévenir ce risque, le gouvernement a décidé, début octobre, d'aiCaricature de Vali
der les familles modestes et les personnes seules ayant un revenu inférieur
au salaire minimum en participant à hauteur de 30 % à l'achat de centrales de chauffage au gaz et de teracots (poêles à bois).
Salaires triplés dans les prochaines années
M
ugur Isarescu, gouverneur de la Banque
Nationale Roumaine et ancien Premier ministre,
s'attend à ce que les salaires triplent dans les
deux à six prochaines années, suivant les branches professionnelles, à la suite de l'entrée dans l'Union Européenne, ainsi
qu'on le constate dans les autres pays de l'Est déjà membres.
Ce phénomène s'expliquerait par l'appréciation du leu face à
l'euro, la croissance économique et les tensions sur le marché
du travail qui poussent les salaires à la hausse dans les nouveaux pays membres et à la baisse dans les anciens.
17
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Social
BAIA
MARE
BISTRITA
z
ORADEA
ARAD
z
TARGU
MURES
IASI
z
z
CLUJ
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BACAU
BRASOV
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GALATI
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SIBIU
TIMISOARA
Novembre noir pour les fonctionnaires
z
z
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SUCEAVA
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SINAIA
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BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
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TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Economie
Plus de la moitié
du pain roumain
ne correspond pas
aux normes de l’UE
16
22
La Roumanie a connu un nombre record
de grèves depuis la fin du communisme
ROMPAN, le syndicat patronal de
la minoterie et de la panification, a
lancé un cri d'alarme : plus de la moitié du pain fabriqué dans le pays par
les 5000 entreprises qui ont une
licence ne respectent pas les normes
sanitaires et d'hygiène exigées par
l'UE, ce qui pourrait entraîner la fermeture d'un grand nombre d'entreelles, dès l'an prochain, seulement
une centaine étant susceptibles
d'être agréées.
L
a situation sociale s'est révélée très tendue en fin d'année, du fait du mécontentement général des employés du secteur public devant le faible niveau
de leurs salaires. La moitié du million de fonctionnaires du pays se sont mis
en grève ou ont déposé un préavis à la mi-novembre, ce qui a conduit la Roumanie a
affronter la plus grande période de conflits sociaux depuis la "Révolution" et plus d'un
demi-siècle, puisque les grèves
étaient interdites sous le communisme… Les Roumains ont ainsi
découvert une situation à la
française, le pays s'acheminant
vers une forme de paralysie:
administrations fermées, métro
ne circulant pas dans la capitale,
menaces sur les chemins de fer
qui avaient déjà été en grève dans
le courant de l'année... Fin
novembre, le pire semblait encore
à venir car faute d'un accord, 50.000 autres fonctionnaires menaçaient de cesser le travail que ce soit ceux qui dépendent du ministère des Finances, du Travail, de la Santé,
des Statistiques, les douaniers, et les mineurs.
Les représentants syndicaux demandaient, entre autres, une hausse de 50 % des
salaires pour 2006, que ce soit pour les fonctionnaires ou pour le personnel contractuel. Actuellement un employé de la fonction publique touche en moyenne 480 nouveaux lei par mois (135 €). Somme absolument insuffisante pour vivre décemment.
Le gouvernement proposait une augmentation de 5 %. La menace d'une grève s'étendant à toute la fonction publique se précisait.
Finalement, le gouvernement Tariceanu réussissait à débloquer la situation, début
décembre, par des concessions, accordant une augmentation générale des salaires des
fonctionnaires de 11 %, étalée sur 2006.
Trop de frustrations et déceptions accumulées depuis quinze ans
Des investissements importants
son nécessaires pour une mise à
niveau, de l'ordre de 100 000 € pour
les grandes entreprises, qui fabriquent environ 30 000 pains par jour,
et de 10 à 20 000 € pour celles qui
en produisent 3000. Seule cette
modernisation peut les sauver de la
faillite a indiqué le président de ROMPAN, qui a ajouté que la moitié des
entreprises du secteur travaillaient au
noir, demandant à ce qu'elles soient
fermées. ROMPAN regroupe 250
entreprises qui fournissent 55 % de
la production de pain de Roumanie et
40 % de celle de farine.
Ce mouvement généralisé de colère est révélateur des frustrations endurées par la
population depuis quinze ans. Les gouvernements successifs ont apporté à chaque
changement une vague d'espoir. Les Roumains comptaient pouvoir enfin relever la
tête, profiter d'un certain confort, voir progresser leur pouvoir d'achat, s'offrir une voiture, des vacances, voyager. A chaque fois la déception était plus forte. Année après
année le nombre de personnes persuadées qu'elles vivaient mieux durant la période
1970-1975 a ainsi augmenté.
La Roumanie s'est prise aussi à rêver de l'Europe: vivre comme dans les pays
occidentaux ! Oui mais, pour y arriver il faut s'aligner sur les critères de l'UE: posséder des institutions sur le modèle européen, payer des impôts et des taxes augmentant
périodiquement jusqu'à atteindre le niveau de référence. Assumer le coût de la mise
aux normes de tous les secteurs de l'économie, et c'est là qu'on mesure l'énormité du
pas à franchir.
De plus, le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale veillent à ce que
le déficit budgétaire de la Roumanie n'augmente pas, et même qu'il diminue, la rappelant à l'ordre si besoin. On ne tolère plus les entreprises déficitaires, les petites
exploitations ne sont pas aux normes, les hausses de salaire se font au goutte à goutte, les allocations sociales sont contrôlées plus strictement, leur montant et leur durée
baissent. Et parallèlement le coût de la vie grimpe implacablement, les nouveaux
riches étalent sans vergogne leur fortune faite le plus souvent sur le dos du peuple et
du pays. Le cocktail devient alors explosif et d'autres "novembre noir" sont à craindre.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
un des héros de la guerre de Sécession, aux côtés des Nordistes
pour les USA l'achat de l'Alaska, auprès du Tsar
En fait cet épisode de l'histoire tient aussi du hasard. En
1867, le Congrès américain reçut deux propositions de vente,
l'une provenant de la Russie, l'autre du Danemark. Le Tsar
voulait se débarrasser du lointain et inhospitalier Alaska, le roi
du Danemark désirait céder les non moins lointaines îles
Vierges situées dans les Caraïbes. Les deux pays demandaient
le même prix: 7.500.000 dollars. Le Congrès réfléchit longuement, car l'Amérique pouvait à peine s'offrir l'une de ces terres.
C'est alors que survinrent deux événements décisifs: les
Russes baissèrent le prix à 7.200.000 dollars, et un ouragan
dévasta presque entièrement les îles Vierges, détruisant en
grande partie sa capitale.
Les américains s'empressèrent d'opter pour l'achat de
l'Alaska: "Que les Danois remettent d'abord en état les îles
Vierges, prenons l'Alaska avant que les Russes ne changent
d'avis" avait déclaré à l’époque Edouard Stekli, secrétaire
d'Etat américain.
L'opinion publique américaine s'insurgea contre cet achat.
Les médias qualifiaient l'Alaska de "glacière" et de "pays des
morses", d'autant plus que le Trésor américain avait été obligé
de s'endetter empruntant 5 millions de dollars à la Riggs Bank,
qui est aujourd'hui - ironie du sort - l'établissement où son
déposés les fonds de l'ambassade russe aux Etats-Unis.
Son nom donné à un navire de guerre US
George Pomut occupa la fonction de consul général des
Etats-Unis à Petrograd durant 12 années, pendant les mandats
des présidents Johnson, Grant et Hayes, ce qui est tout à fait
inhabituel puisque les diplomates changeaient généralement
en même temps que le président. En 1878 il renonça à la carrière diplomatique. Il mourut en 1882, et on soupçonna, sans
pouvoir le prouver, qu'il avait été assassiné. Il repose au cimetière Smolensk de Saint Petersbourg.
Durant la période d'entre les deux guerres mondiales,
Andrei Popovici, attaché au Consulat roumain de Washington
s'est penché sur la biographie de Pomut, sur demande de ses
héritiers. Malgré l'importante contribution de celui-ci à la
construction de l'Amérique ("Making of America") dont atteste le fait que l'un des navires de guerre construits en 1944 fut
baptisé Général George Pomut, Andrei Popovici ne put jamais
déterminer si celui-ci avait laissé une fortune derrière lui.
Les sciences bourgeoises condamnées, l'apprentissage du russe obligatoire
1948: soviétisation de l'enseignement
L
'installation du
gouvernement de Petru
Groza, le 6 mars
1945, marque le
début de la communisation de la
Le dictateur Roumanie qui va
Gheorghiu Dej. s'accélérer avec son
successeur Gheorghe Gheorgiu-Dej.
Staline, pour contrer le Plan Marshall et
la décision des Américains de rester sur
le sol européen, a décidé de soviétiser à
pas forcés les pays satellites, d'y créer des
sociétés similaires à l'URSS et d'y engager le processus de création de "l'homme
nouveau".
Tous les aspects de la vie quotidienne sont concernés, au premier rang desquels, l'école. Gheorghiu Dej lance une
réforme de l'enseignement en août 1948,
mais elle a été déjà précédée par les
mesures prises par Groza.
Deux ans auparavant, celui-ci a mis
fin au principe d'autonomie des universités, les professeurs étant désormais
nommés par le ministère. Des écoles jus-
qu'aux facultés, les enseignants trop
populaires sont écartés, remplacés par
d'autres aux ordres. Les manuels, les
livres sont expurgés ou leur nombre
réduit, s'ils ne sont pas conformes à la
nouvelle ligne politique.
Les lycées ne peuvent plus enseigner
le latin et le grec, la philosophie, la
logique, la génétique. L'histoire devient
l'illustration de la lutte du peuple et de la
décadence des rois. Le domaine d'enseignement des écoles spécialisées est
réduit. Il faut organiser des manifestations à caractère artistique ou sportif où
on célèbre l'édification du socialisme et la
lutte du peuple roumain contre les envahisseurs… à l'exclusion des Russes.
La réforme de 1948 complète ce dispositif. Les écoles étrangères et religieuses sont fermées. L'épuration prend
une ampleur sans égal parmi les professeurs et les étudiants. Les vieux manuels
scolaires sont interdits et seuls sont autorisés ceux qui incorporent les préceptes
marxiste-léninistes.
La langue russe devient obligatoire,
l'histoire du parti communiste bolchevique et de la géographie de l'URSS figu-
rent au programme des lycées. La
cybernétique et la génétique sont
condamnées comme étant des "sciences
bourgeoises, porteuses d'idéologie impérialiste". L'enseignement doit reposer
"sur des bases démocratique populaires
et sur le réalisme scientifique".
Recul de l'analphabétisme
Le seul aspect positif de cette réforme qui n'est qu'un instrument pour mieux
contrôler les esprits et former des
citoyens endoctrinés et soumis, destinés à
devenir des activistes consentants du
Parti, est le caractère obligatoire de l'enseignement qui va faire bondir le nombre
d'élèves et reculer considérablement
l'analphabétisme.
En 1963, le nombre d'élèves des
écoles primaires est 19 fois plus élevé
qu'avant la Guerre, et ceux des lycées, 13
fois. 200 élèves sur 10 000 habitants arrivaient au niveau du brevet, au lieu de 19,
en 1939. En milieu rural, la proportion
était de 427 sur 100 000, contre 7 ! A
défaut d'être bien faites… les têtes commençaient à être bien pleines.
37
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Destins
BAIA
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BISTRITA
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Michel Dion raconte son
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BUCAREST
CONSTANTA
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“Testament roumain”
... ou l’histoire d’une
démarche originale
38
A la fin des années 70, un sociologue
découvre la Roumanie de Ceausescu
Le sociologue Michel Dion, ancien
chercheur au CNRS et aujourd'hui en
retraite, a eu une relation particulière
avec la Roumanie. Membre du Parti
communiste français, il avait été
envoyé à Bucarest par son Centre de
Recherche Marxiste pour participer à
un colloque, en 1978, et obtenu d'aller y mener une enquête au début
des années 80, dans le cadre de son
travail.
On aurait pu penser que le parti
"frère" roumain ouvrirait largement
ses portes à ce compagnon de
route… mais ce fut loin d'être le cas.
Au cours de ces séjours successifs,
Michel Dion découvrira peu à peu la
réalité de la Roumanie de Ceausescu
et du communisme, ce qui l'amènera
à rompre avec ce dernier. Un parcours difficile et douloureux de remise
en question qui conduira également le
sociologue à une très belle rencontre
avec un historien roumain, Petre
Nasturel, réfugié politique à Paris, aux
antipodes, à priori, de ses convictions.
Les chemins de l’amitié
C'est l'histoire de cette démarche
originale et passionnante, empreinte
d'une profonde honnêteté intellectuelle et aboutissant à une amitié
sincère entre les deux hommes, malgré leur sensibilité qui les sépare
parfois, que nous conte le sociologue qui, selon ses propres dires,
nous livre ici son "testament roumain", car il est passé depuis à
d'autres sujets d'intérêt et d'études.
Q
uand j'ai fait connaissance avec Petre Nasturel, a Paris en 1987, j'étais
encore, ainsi qu'il le raconte lui-même dans mon livre (1), un membre du
Parti communiste français. Sociologue au CNRS, j'étais allé en mission
d'un mois en Roumanie en 1981, 1983, 1985 et j'y retournais une nouvelle fois cette
année-la.
Mon objectif initial avait été d'effectuer une recherche de terrain sur les croyances
religieuses des gens et les rapports du Parti communiste, de l'Etat et de l'Eglise orthodoxe. Comme l'avait prédit Paul H. Stahl, avec qui j'avais discuté de mon projet avant
mon départ, cela s'était avéré impossible car "on" (le Parti communiste roumain), ne
m'avait pas laissé m'installer seul dans une petite région, comme je le faisais en
France, pour y enquêter a ma guise. Mes missions s 'étaient donc réduites a des rencontres protocolaires, organisées et contrôlées par le parti, avec des responsables d'organisations diverses à Bucarest et en province.
En parallèle, malgré l'interdiction faite aux Roumains d'avoir des contacts avec
des étrangers, j'avais réussi à nouer quelques relations personnelles plus ou moins
clandestines et hors de tout cadre. J' avais aussi recentré ma recherche sur l'histoire
politique de l'Eglise orthodoxe roumaine et m'étais mis à fréquenter la bibliothèque de
l' Académie de la République Socialiste Roumaine, Académie Roumaine aujourd'hui.
C'est ainsi que j'ai été amené à rencontrer Petre Nasturel. Ignorant alors qu'il était
né en France d'un père roumain et d'une mère française, je venais consulter l'historien
du CNRS dont le nom m'avait été donné à Bucarest par Virgil Cândea et Alexandre
Dutu, que je rencontrais à chacune de mes missions.
Le coup de foudre
Mon premier contact avec la Roumanie avait eu lieu neuf ans plus tôt. A la fin de
l'automne 1978, le CERM (Centre de recherches marxistes) du Parti communiste
français, m'avait envoyé à Bucarest pour participer à un colloque organisé par l'
Académie Stefan Gheorgiu, centre de formation des cadres du parti, dirigé par Leonte
Rautu, l'idéologue d'alors du régime (2). Participaient à ce colloque des représentants
des partis communistes au pouvoir en Europe de l'Est, à Cuba, et des Partis communistes espagnol, français et italien.
Une Roumaine rencontrée au colloque y aidant, j'avais eu le coup de foudre pour
ce pays, ses bergers et leur "espace mioritique" imaginé par Lucian Blaga. Ma nouvelle amie m'en avait parlé avec feu dans la nuit froide étoilée du Cismigiu (le parc
central de Bucarest) ou, après avoir sauté d'un bus dans l'autre pour semer, m'avaitelle expliqué, nos éventuels "surveillants", nous avions fini par revenir. C'est alors que
je pris la décision de faire, un jour, une enquête sociologique en Roumanie.
Bouleversé et en plein désarroi politique après la rupture de l'union de la gauche
qui venait de se produire en France je découvrais, dans mon extase amoureuse platonique, un discours communiste mystico-nationaliste qui m'enchanta. L'enchantement
dura jusqu'aux fusillades de Timisoara, en décembre 1989. Pour moi, alors, le plus difficile était à venir : essayer d 'en comprendre les raisons et mon aveuglement. . .
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
plutôt encourageant pour l'avenir de l'économie roumaine
un quart des emplois du pays
Enfin, le rythme de création d'emplois par les PME roumaines (160.000 emplois créés en 2004) est plus élevé que
celui des grandes entreprises. Ainsi, le rôle joué en ce domaine alors que le chômage aura à l'avenir plutôt tendance à s'accroître (abstraction faite de l'absorption progressive de l'emploi illégal prévalant dans l'importante économie souterraine
du pays que le nouveau gouvernement espère bien favoriser),
apparaît comme essentiel, en Roumanie.
Un développement encore désordonné et fragile
Le développement des PME en Roumanie est donc un
signe plutôt encourageant pour l'avenir de l'économie. Pour
autant, il reste encore globalement désordonné et fragile en
E
l'absence d'une politique industrielle nationale et de politiques
sectorielles volontaristes et bien définies…mais surtout en
l'absence de vraie représentativité syndicale professionnelle et
de réel soutien public, malgré quelques récentes initiatives
gouvernementales en leur faveur.
Enfin, les PME roumaines se heurtent également comme
dans bien d'autres pays, aux difficultés de financement de leur
croissance, malgré l'existence de soutiens financiers divers, les
banques restant prudentes.
Le président Basescu pourrait avoir compris l'intérêt qu'il
y a à s'attacher davantage au développement de ce secteur en
nommant pour la première fois en Roumanie, dans son équipe
un ministre d'Etat, George Copos, chargé de la coordination
des activités des entreprises et des PME”.
La flotte commerciale roumaine ne compte plus que douze navires
ntre début et fin 2005, la flotte commerciale roumaine est
passée de 19 à 12 navires,
perdant sept unités. Cosena, le principal
armateur roumain s'est débarrassé de
trois bateaux, jugeant que leur entretien
et les réparations nécessaires lui coûtaient trop chers, profitant également de
la demande du marché d'occasion. Son
concurrent, Octogone, une des plus
vieilles compagnies roumaines, a
procédé de même, liquidant les deux
unités qui lui appartenaient encore et qui
avaient plus de vingt ans. Les deux derniers bateaux n'arborant plus les couleurs
L’époque où les navires roumains étaient bloqués
plusieurs années dans les ports étrangers
est révolue (Ici, l’Oscar-Jupiter à Nantes).
roumaines, appartenant à Sammarina
Shipping, n'ont pas été vendus mais sont
tout simplement passés sous pavillon de
complaisance. Si elle se réduit comme
peau de chagrin, la flotte roumaine
gagne cependant en respectabilité. En
2005, seulement un seul de ses bateaux
a été retenu dans un port étranger pour
non conformité à la suite d'une inspection, malgré une vingtaine de contrôles
au total, certains étant répétés deux ou
trois fois pour la même unité.
Respectant désormais les normes,
les bateaux roumains ne défraient plus la
chronique, les autorités maritime locales
ayant réussi leur pari de faire tomber en
dessous de 5 % (4,76 %) leur taux d'immobilisation pour problèmes.
Le canal de Sulina enfin débarrassé de l'épave du Rostock
D
ébut décembre, l'épave du Rostock qui entravait depuis 14 ans la navigation sur le bras
de Sulina, dans le delta du Danube, a été enfin renflouée et le canal devrait redevenir
prochainement opérationnel après avoir subi un dragage. La dernière phase de travaux
aura nécessité 18 mois d'efforts et entraîné la mort de deux scaphandriers, l'un britannique, l'autre
américain. Chargé de 5000 tonnes d'acier, le navire ukrainien avait sombré en septembre 1991, dans
des conditions suspectes, à l'endroit intitulé Mila 31, alors que l'URSS vivait ses dernières semaines.
La navigation avait été interrompue pendant plusieurs mois sur cet axe vital de liaison entre la Mer
Noire et les ports du Danube. En 1992, un chenal provisoire faisant une courbe de 500 mètres autour
de l'épave avait été dégagé. Mais depuis, malgré les financements fournis par l'Etat et l'UE, la situation n'avait pas évolué, les fonds disparaissant dans la nature ou étant dépensés en vain, des dizaines
de bateaux s'étant échoués, faute de travaux menés à bien.
La paralysie du sociologue
J'étais donc revenu à Bucarest au printemps 1981, en sociologue cette fois, avec
l'aval du CNRS et de l'Académie de la République Socialiste Roumaine. Leonte
Rautu, qui avait apprécié la fermeté de mes convictions communistes lors du colloque
de 1978, soutenait mon projet. C'est ainsi que j'ai pu participer à une expédition sociologique d'étudiants bucarestois dans le département de Bistrita-Nasaud.
Commandée par des sociologues de l'Université, elle voulait se donner l'air de
reproduire les enquêtes de terrain d'avant-guerre de l'Ecole de sociologie roumaine.
Actualité
L
Chaussettes françaises fabriquées en Roumanie
a compagnie française Jacquemard envisage de
délocaliser une partie de sa production de chaussettes en Roumanie, après avoir décidé la fermeture de son usine de Romilly sur Seine.
En Roumanie, depuis 2002, cette société détient déjà l'usi-
ne Elca à Câmpina, entre Ploiesti et Sinaia, dans le judet de
Prahova, laquelle a contribué au quart de sa production globale, en 2004. Depuis la reprise de cette usine, Jacquemard y a
investi plus de 300 000 €. Près de 97 % de la production 2005
fait l'objet d'exportations.
15
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Economie
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ALBA IULIA
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Les PME génèrent
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VASLUI
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SF. GHEORGHE
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SULINA
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Boom depuis 2001
14
Leur développement est un signe
La multiplication des micro-entreprises (de très loin les plus nombreuses) s'est accélérée à partir de
2001 (+12%/an) à la faveur d'une fiscalité avantageuse (1,5% du chiffre
d'affaire même si ce dernier va passer prochainement à 3%). Les microentreprises (1 à 10 salariés)
employaient en 2003, 26% des
2.134.000 salariés travaillant pour
l'ensemble des PME, les petites
PME et les PME de grande taille,
32% et 42% respectivement.
Les grandes entreprises, aux
effectifs généralement pléthoriques
(hérités de la période communiste),
sont plutôt amenées dans leur processus de restructuration (phase
"post privatisation") à licencier, malgré, pour certaines d'entre elles, les
engagements pris en matière de
reconversion des effectifs.
Dans les pays en transition, la
corrélation entre croissance économique et floraison des Pme a été
clairement établie dans une récente
étude de la Banque Mondiale. A
quelques rares exceptions, les PME
peinent à s'organiser et à se faire
entendre auprès des chambres de
commerce et d'industrie du pays et
de la plupart des organisations et
fédérations professionnelles existantes (Conseil national des PME,
CNIPMMR en particulier), sous forte
influence des seules grandes entreprises.
Il existe bien, depuis 2002, une
Agence nationale pour les PME
(ANIMMC) destinée à encourager la
création d'entreprises et à les
défendre, qui dispose de plusieurs
agences régionales, mais ses
actions sont encore insuffisantes.
D
ans "La lettre de Roumanie", publication de la mission économique de
l'ambassade de France à Bucarest, Antoine Avila analyse l'importance du
poids des PME (Petites et moyennes entreprises) dans ce pays. “Le
nombre de PME privées en Roumanie qui ne dépassait pas le millier au début des
années 90, avoisinait en 2003 (derniers chiffres disponibles) environ 350.000 (plus de
2.000.000 en France), à comparer aux 3600 grandes entreprises privées que compte
désormais le pays (entreprises de
plus de 250 salariés), sachant par
ailleurs qu'il reste encore de nombreuses
grandes
entreprises
publiques.
Ces PME qui représentent
quantitativement 90% du tissu
entrepreunarial roumain, se répartissent ainsi: 8.300 grandes PME,
35.000 petites Pme et 310.000
micro-entreprises, auxquelles il
convient d'ajouter 14.000 Pme
publiques. Les PME, filiales de
Le poids économique des PME représenterait
sociétés étrangères sont incluses
désormais 40% de celui du secteur privé.
dans ces statistiques. On estime
cependant que des dizaines de milliers de PME sont actuellement inactives même si
leur enregistrement subsiste auprès du registre du commerce.
Parfois à la limite de l'économie "grise"
Le véritable développement des PME, d'initiative purement roumaine, s'est produit notamment au cours des cinq dernières années. Leur taux de croissance a été
supérieur (8%/an) à celui du Pib (5% sur la période considérée). La transition de l'économie planifiée vers une économie fonctionnelle de marché avec son lot de restructurations, de privatisations des entreprises d'Etat et de mesures de libéralisation des
marchés, renforcée par le processus d'adhésion du pays à l'UE et la profonde métamorphose qui en a découlé y ont fortement contribué. Les PME génèrent aujourd'hui
25% de l'emploi total et 39% de l'emploi du secteur privé.
Les PME évoluent principalement dans les secteurs des services (commerce, tourisme, hôtellerie, restauration), dans les industries du textile, de la mécanique, de
l'emballage, du bois, du bâtiment et de la réhabilitation (ce dernier secteur étant sans
doute l'un des plus porteurs de l'économie "grise", à la limite du travail au noir) et plus
récemment dans l'électronique (assemblage de composants) dans le cadre notamment
d'investissements allemands, italiens et turques.
On estime qu'à terme, le secteur agroalimentaire (toujours tributaire d'une filière
agricole en quête de totale et urgente réorganisation) et dominé, pour l'heure et pour
l'essentiel par quelques grandes entreprises (étrangères surtout) devrait aussi leur
offrir de nouvelles et réelles opportunités.
40 % du poids du secteur privé
Le poids économique des PME représenterait 40% de celui du secteur privé. Elles
seraient à l'origine de 26% des exportations du pays: 4 milliards d'euros en 2004 dont
la moitié de produits textiles et de confection. Avec des importations légèrement inférieures à ces montants, les PME (dont un grand nombre se consacrent aux activités de
sous-traitance et de ''Lohn'' (dans le secteur textile) pour des donneurs d'ordre étrangers, dégagent, à la différence des grandes entreprises, un léger excédent dans la
balance commerciale.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
marxiste, envoyé par le Parti communiste français,
et remet peu à peu en cause ses convictions
douloureux voyage au bout de l'honnêteté
En fait, c'était une espèce de recensement politico-policier, par échantillonnage dans des entreprises et établissements
scolaires du département, sur les croyances religieuses "non
conformes" des gens : Baptistes, Pentecotistes, Adventistes,
Témoins de Jéhovah, etc. Nul n'était dupe mais tout le monde
"jouait le jeu" (3).
Pour moi, c'était l'occasion de me familiariser avec la vie
en province et une bonne préparation, pensais-je alors, pour
mes futures enquêtes. C'est à Bucarest, à mon retour de cette
équipée pseudo-sociologique, que j'appris l'élection de
François Mitterrand à la présidence de la République française et la formation d'un gouvernement de gauche comprenant
quatre ministres communistes. Je filai alors à la Maison de
l'Alliance française et y demandai le journal du Parti communiste français, L'Humanité. Je fis un scandale quand il me fut
répondu que la Maison ne recevait pas ce journal.
un département différent chaque fois mais toujours accompagné du même universitaire qui me confia, après décembre
1989, avoir été dans l'obligation de faire des rapports sur moi
à la Securitate. Je lui répondis que, l'ayant vite deviné, je m'étais toujours abstenu de faire état, devant lui, de commentaires
politiques qui auraient pu le mettre dans l'embarras, ni de mes
relations personnelles "hors cadre" nouées au fil des ans, car
nous étions devenus de bons amis. Il ajouta alors que, parfois,
n'ayant rien à dire de particulier sur mon compte, il lui arrivait
d'inventer.
Tentative de manipulation
A mon retour en France, j'étais soumis à deux pressions
opposées. Le parti français aurait voulu que je dénonce la
"caricature" du socialisme en Roumanie, dénaturé par le culte
du couple Ceausescu. Je ne l'ai jamais fait car ce socialisme ne
Un "reportage" de courte durée
me paraissait pas différent, en son essence, de ceux que je
connaissais, soit directement
Ayant, après son limogeage,
(Bulgarie, Cuba, Hongrie), soit
perdu mon "protecteur", mes
indirectement par mes lectures.
missions suivantes furent tout
Les "conseillers" de l'amsauf des missions de recherche.
bassade roumaine à Paris
En 1983 ou 1985, aucun proauraient voulu, quant à eux,
gramme ne m'ayant été proposé
faire de moi l'un de leurs agents
à mon arrivée - "on ne comprend
d'influence. Ils y sont parfois
pas, me fut-il dit a l' Académie,
parvenus. Lors d'un colloque de
ce que vous venez faire" - je
l'UNESCO de la fin des années
m'en suis organisé un: match de
quatre-vingts par exemple ou,
l'équipe nationale de football
devant un aréopage universitaicontre une équipe nationale
re international, j'ai fait l'éloge
étrangère un jour, incursion dans
de la politique religieuse du
les "bas-fonds ouvriers" de
Parti communiste roumain qui,
Calea Grivitei le lendemain, où
quand il avait pris le pouvoir,
je pris des photos de la vie de la
L’historien d’origine roumaine n'avait pas fermé les églises,
Petre Nasturel (à gauche) et son ami Michel Dion.
contrairement a ce qui s'était
rue et des bistrots. . . Les plus
passé
dans
la
plupart
des
autres
pays du "camp" socialiste. . .
hardis, amusés pour certains, me regardaient en croisant les
Mais
en
règle
générale,
mes
rares
articles de l'époque sur tel
mains, poings fermés sur le ventre, comme s'ils étaient
ou
tel
aspect
du
socialisme
roumain
étaient plus "mesurés",
menottés.
c'est-à-dire
plus
hypocrites:
me
réfugiant
derrière "l'objectiMon "reportage" fut de courte durée ! Un homme en civil,
comme surgi de la rue dans mon dos, m'ordonna de le suivre
vité" du sociologue, je commentais les textes du parti roumain
dans une arrière-boutique proche. Là, il m'interrogea et me
et mettais en forme les propos "officiels" recueillis lors de mes
demanda de lui remettre mon appareil photo. Devant mon
"entretiens" sur "le terrain". . .
refus aussi catégorique que véhément: "je suis chercheur au
CNRS en mission et, en tant que membre du Parti communisDéjouer la surveillance de la Securitate…
te français, ami de la Roumanie", il passa un bref coup de fil
pour remettre des exemplaires d'Historia
et m'emmena au poste de police le plus proche.
Ayant donné le nom du successeur de Rautu à Stefan
C'est dans ce contexte brièvement évoqué qu'en 1987 j'ai
Gheorghiu, que tout cela fit beaucoup rire quand il me reçut le
demandé un rendez-vous à Petre Nasturel, qui était réfugié à
lendemain, je fus "relâché" au bout d'une heure ou deux et pus
Paris depuis les années 70. Un universitaire français, chef
repartir avec mon appareil photo.
communiste qui connaissait quelques-uns de ses travaux,
Pour occuper mon temps, je fus alors "promené" d'une
m'avait mis en garde: "c'est un anticommuniste virulent"...
(Lire pages suivantes)
entreprise à l'autre, d'une coopérative agricole à l'autre, dans
39
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
z
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BAIA
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SINAIA
CRAIOVA
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P. NEAMT
z BACAU
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MURES
FOCSANI
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BUCAREST
CONSTANTA
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Notes
1 -Essai sur le fanatisme
contemporain. Des Hommes nouveaux de Roumanie aux combattants d'Allah, Paris, L'Harmattan,
2002, 442 p., pp. 337-341.
2 - Membre du Comité politique
exécutif du P. C. R. et recteur de l'
Académie Stefan Gheorghiu, il sera
limogé à la fin de l'année 1981, officiellement parce que ses enfants
avaient demandé à émigrer en Israël
ou aux Etats-Unis.
40
3 - Ces recensements ont eu lieu,
par la suite, dans tous les départements. Les données recueillies,
contrôlées et corrigées par Ies
Eglises ont été utilisées, après la
chute du régime, pour la réalisation
d'un atlas des croyances religieuses
(C. Cuciuc, Atlasul religiilor si al
monumentelor istorice religioase
din Romania, Bucuresti, Editura
Gnosis, 1996).
4 - A chacune de mes missions je
rencontrais ainsi Henri H. Stahl et
plusieurs amis de Bucarest dont un
avait été condamné à mort en 1956
pour sa lutte ouverte contre le régime, et libéré en 1964. J'appris, après
décembre 1989, qu'il afficha les opinions politiques de sa jeunesse en
faveur des Légionnaires.
5 - Le CNRS donna un avis favorable mais je ne reçus aucune réponse de Roumanie. Je revins en 1990
et, avec l'aide de mes ami(e)s,
notamment la famille de Ligia
Ghergut, sociologue a Bucarest et
l'ethnologue Ion Cherchiu, à Focsani,
je pus, enfin, faire la recherche que
j'avais rêvée en 1981.
Connaissance et découverte
(Suite de la page 39). Mais c'est l'historien que je voulais rencontrer car j'avais
besoin, pour remplir mes missions, de leur donner un certain sens scientifique que,
compte-tenu du tour pris par mes "enquêtes" de terrain, je trouvais seulement dans
l'histoire. De prime abord, nous ne parlâmes pas politique. J' exposai la nature de ma
recherche et, sans doute, quelques-unes de mes difficultés. Son aide, immédiate et
généreuse, fut incomparable. La sérénité de nos rapports m'incita bientôt à lui faire
part de mes convictions politiques et cela n'altéra en rien le climat de confiance qui
s'était installé entre nous.
Peu de temps avant
mon départ en mission,
vers la mi-octobre 1987, il
me demanda, en y mettant
beaucoup de formes, si
j'accepterais d'emporter
quelques numéros de la
revue Historia que l'un de
ses amis historiens de
Bucarest ne pouvait se
procurer, la revue étant
proscrite.
Michel Dion a connu la Roumanie
des congrès communistes et des élections arrangées.
Ayant déjà servi de
"passeur" de journaux ou de magazines interdits en Roumanie dans le passé, j'acceptai très volontiers. Petre me fit les recommandations d'usage pour prévenir son ami à
mon arrivée à Bucarest. Depuis mon équipée philosophico-mystique, amoureuse et
nocturne, de 1978, j'avais appris la leçon et savais prendre des précautions pour
déjouer (ou du moins le tenter) la surveillance de la Securitate (4).
Tout se passa bien. Mais je garde un souvenir très précis de cette remise de documents "clandestins", Historia en l'occurrence, revue subversive en Roumanie communiste ! Elle eut lieu subrepticement dans les vestiaires, en sous-sol alors, de la
bibliothèque de l'Académie. Cet homme que je ne connaissais pas, plus âgé que moi,
effacé mais d'allure respectable dont j'appris, par la suite, qu'il était un historien roumain des plus réputés, avait peur. Quarante ans après la prise du pouvoir par le parti,
je venais de rencontrer un "ennemi de classe" et de me faire son "complice".
Le début des questions
Cela me hanta et joua un rôle non
négligeable dans mon évolution ultérieure. D'autant plus qu'après mon retour
en France j'appris que le dimanche 15
novembre 1987, jour d'élections, une
émeute d'ouvriers avait eu lieu à Brasov.
Ce jour-là, j'étais encore a Bucarest mais
je n'en n'avais rien su. Des amis
“Un fossé séparait ce qui était dit
dans les fêtes protocolaires et la réalité. m'avaient emmené dans le bureau de
vote de leur circonscription électorale,
décoré et enguirlandé pour la circonstance. Ils avaient a "choisir" un député entre plusieurs candidats. "Tous désignés par le parti" ironisaient-ils.
Je n'osais pas encore le penser alors mais le faux air de fête triste et guindée du
bureau de vote se mariait assez bien, finalement, avec ce que mes amis appelaient
"leur honte" de participer à une "farce aussi sinistre que tragique"... J'étais ébranlé,
certes, mais je gardais la foi et je refis une demande de mission en 1989 (5). Un fossé
séparait ce qui m'était dit dans les rencontres protocolaires, que je voulais malgré tout
croire, et ce que j'entendais chez mes amis, voyais, ressentais dans la rue, au hasard de
mes longues errances solitaires dans cette ville de Bucarest que j'avais appris à aimer.
Tout cela m'apparaissait, en son sens littéral, parfaitement surréel.
D'un côté, j'avais le sentiment aigu de ne comprendre rien a rien de ce que j'entendais, voyais et, de l'autre, je me disais: "mais non, ça ne peut pas s'effondrer !".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Economie
Actualité
Ikea joue le "gagnant-gagnant" en Roumanie
L
sites, Ikea travaille pour l 'approvisionnement de ses magasins
e producteur de mobilier Swedwood Romania déteavec une quarantaine de fournisseurs roumains de meubles,
nu par le groupe suédois Ikea va investir 35 M€
d'articles de décoration intérieure ou ornements pour un voludans la construction d'une nouvelle usine de panme d 'affaires de plus de 80 M€. Parmi eux, on compte les
neaux pour mobilier dans le département de Suceava. Sa capadeux principaux fournisseurs de céramique du groupe dans
cité de production est estimée à 40.000 m ²de panneaux/an et
cette région: IPEC à Alba Iulia et
elle comptera 350 employés.
CESIRO à Sighisoara. Avec plus
Ikea détient déjà une usine de
de 16.000 m² de surface de promeubles à Siret, dans le même
duction, 375 employés, un CA de 5
département, qui produit du mobiM€ en 2003 et 7 M€ en 2004,
lier de panneaux, toute la producIPEC, spécialisée dans la production étant exportée dans le monde
tion en série d'articles de ménage a
entier. La construction de cette preune capacité de production de 20
mière usine a été finalisée en 1999
millions de pièces/an, soit 1% de la
avec un investissement d'environ
production mondiale.
12 M€.
CESIRO de Sighisoara, fabriSwedwood Roumanie a clôcant
d'objets céramiques prévoit
turé 2004 avec un chiffre d'affaires
Le suédois Ikea détient le producteur mobilier
“Swedwood Siret” dans le judet de Suceava un CA de 18 M€ pour 2005 (+4%
d'environ 15,6 M€ (+25% par rapet va investir 35 millions d’euros dans une nouvelle usine.
par rapport à l'année passée). Sa
port à 2003). Elle fait partie du
production, exportée à 95%, porte sur plus de 15.000 tonnes et
groupe industriel Swedwood International, créé en 1991, qui
3.500 modèles en 100 couleurs. Il emploie 1.600 employés et
produit des meubles pour Ikea et emploie plus de 9.500 salaa investi plus de 15 M€.
riés, détient 33 unités de production (meubles, panneaux et
La stratégie en Roumanie de Ikea est de mettre l'accent sur
scieries) dans 11 pays. La valeur cumulée de la production
le développement des capacités de production existantes
dépasse 500 M€ dont 2,2% sont assurés par l'usine de Siret.
auprès des producteurs locaux dans le cadre d'accords
Pour le géant suédois du meuble en kits, la Roumanie est
13
"gagnant gagnant".
un lieu privilégié pour la production : en plus de ses propres
L'industrie du meuble pénalisée par la hausse du leu
A
près avoir été un secteur dynamique de l'économie roumaine,
avec une croissance constante et forte d'année en année, l'industrie du bois connaît dernièrement plus d'aléas conjoncturels. Les chiffres montrent une fluctuation assez grande d'une année à
l'autre, avec des évolutions en dents de scie, parfois spectaculaires : + 8,5%
en 2001, + 16,6% en 2002, + 7,3% en 2003, + 18% en 2004, soit une croissance moyenne depuis 2001 de 10-12%. En 2005, il semble que l'appréciation du leu par rapport à l'euro (14% depuis septembre 2004) ait pénalisé les entreprises exportatrices. Les exportations absorbent plus de 75 %
de la production. A cela s'ajoute la hausse des prix de l'énergie et du bois.
L'industrie du meuble pourrait donc ainsi devenir moins compétitive
à l'export que par le passé et tend à se tourner vers le marché domestique. De grandes compagnies roumaines de meuble comme
Mobexpert et Elvila sont déjà bien positionnées sur celui-ci. Les principaux marchés extérieurs pour le meuble roumain à forte
valeur ajoutée continuent d'être les pays de l'Union Européenne, avec en tête la France (meubles pour chambre et salon pour plus
de 185 M€), suivie de près par l'Allemagne (172,6 M€) et l'Italie (126,9 M€).
300 000 Logan fabriquées à Pitesti, en 2007
D
epuis
la production du
modèle Logan, en septembre
2004, les ventes des automobiles Dacia - Groupe Renault ont
concerné 154.000 unités jusqu'à fin
novembre 2005. 50.000 voitures ont fait
l'objet d'exportation. Le Groupe RenaultNissan compte fabriquer, d'ici 2007,
environ 700.000 modèles Dacia Logan au
niveau mondial, dont 300.000 unités en
Roumanie. A cet effet, 200 M€ seront
investis pour accroître la capacité de production.Le constructeur automobile table
sur 1 million d'unités, d'ici 2010.
Par ailleurs, Renault et Nissan ont
déposé une lettre d'intention pour l'achat
de l'usine Daewoo Craova. L'enjeu de
cette reprise serait la production de voitures Nissan dans l'usine citée. A la mi2005, le groupe japonais et Renault ont
décidé d'investir 215 M€ dans la réalisation d'une usine basée à Pitesti, où seront
fabriquées des boîtes de vitesse pour les
marques Nissan, Renault et Samsung.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Economie
BOTOSANI
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SUCEAVA
BAIA MARE
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TIMISOARA
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BACAU
SIGHISOARA
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TARGU MURES
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ALBA I.
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BUCAREST
CONSTANTA
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Metro déménage
12
Le groupe allemand de distribution
en gros Metro a fermé et mis en
vente son magasin d'Otopeni, près
de l'aéroport international, qui a été
la première grande surface ouverte
en Roumanie, en 1996, pour s'installer plus près du centre de Bucarest, à
Baneasa, toujours dans la banlieue
de la capitale. A cette occasion,
Metro espère économiser 12 des 30
M que lui coûte ce déménagement.
Le groupe possède le plus grand
réseau de distribution de Roumanie,
réalisant un chiffre d'affaires dépassant le milliard d'euros.
65 litres de bière
par an et habitant
Pour 22 millions d'habitants, la
consommation de bière en Roumanie
en 2004 a été de 65 litres/an et par
habitant (en France, 35 litres). Ce
marché de 14,6 millions d'hectolitres
est en progression constante
(+5%comparé à 2003). Les importations sont très faibles, de l'ordre de
60000 hl soit 0,5%de la production.
Les droits d'importation sont encore
très élevés à savoir 5 euros pour une
caisse de 24 bouteilles. En outre, les
frais de transport pour la bière sont
importants.
Les principaux fabricants locaux
en terme de parts de marché sont
Heineken (25%),SA BMiller (20%) et
Interbrew (15%). Les principales
marques sont Ursus (10%),
Bergenbier (7%), Burger (6%),
Tuborg (3%), Becks (2%), Stella
Artois (1%). Le marché des "premiums " est de 1 million d'hl avec
toutefois des standards de qualité
inférieurs aux mêmes marques
européennes.
L'économie roumaine sous
la menace de la surchauffe
D
ans sa lettre mensuelle, Philippe Boin, responsable de l'antenne économique française à Bucarest s'inquiète d'un dérapage de l'économie roumaine. Cette année 2005 aura été marquée au plan économique par deux
caractéristiques majeures qui n'ont fait que s'amplifier au fil des mois et qui traduisent
un décalage croissant entre la sphère privée et la sphère publique de l'économie, écritil. L'activité économique est de plus en plus en surchauffe dés lors que c'est la consommation (+11,7%), qui constitue le premier moteur de la croissance (mais pas le seul,
l'investissement progressant de 7,5%), et dés lors que la détérioration des comptes
extérieurs s'amplifie avec un déficit courant prévisible entre 8 et 9% du PIB (7,6% en
2004).
Ce dynamisme est essentiellement le fait du secteur privé dans un pays marqué
par une forte sous fiscalisation, une économie non enregistrée importante, un flux
consistant de remises d'expatriés (3 milliards d'euros en 2005), une envolée du crédit
et des pressions à la hausse des salaires… en clair, beaucoup plus d 'argent dans l 'économie que ne le disent les statistiques officielles d'un PIB de 75/78 milliards d'euros.
Dans le même temps, la sphère publique traduit une divergence croissante par rapport aux exigences européennes, tant en ce qui concerne le montant des dépenses
publiques (ramené aujourd'hui aux alentours de 28/29% du PIB contre30/31% en
2002 et contre 35% en Bulgarie),que leur structure, les dépenses d 'investissement
étant sacrifiées au profit des dépenses courantes.
L'extrême difficulté qu'ont les Autorités pour faire rentrer les impôts, les conduit
à réduire la voilure des dépenses d'investissement, contrariant ainsi les efforts de préparation à l'adhésion. Comment expliquer autrement que le projet de budget pour l'éducation en 2006 ait été ramené à 3,8% du PIB (taux le plus bas depuis 1990). Ce n
'est en réalité que sous la pression de la rue (grèves) que le gouvernement a accepté de
porter ce budget à 5% du PIB, en décidant de financer l'augmentation au moyen d'une
partie des recettes de privatisation !" conclut l'économiste.
Rupture avec le FMI
L
e Fonds Monétaire International a décidé de mettre un
terme en juin 2006 à son
accord avec la Roumanie, signé en septembre 2004, et qui permettait à celle-ci
d'emprunter des fonds en cas de besoin.
Le FMI désapprouve la politique économique de Bucarest qu'elle juge à court
terme et menaçant les équilibres financiers du pays. Il estime que la Roumanie
se trouve dans une période de surchauffe,
la demande des biens et services dépassant de loin l'offre, ce qui conduit à avoir
recours aux importations et à creuser le
déficit commercial, entraînant une pres-
sion inflationniste qui, avec la revalorisation du leu, lui fait perdre des parts de
compétitivité. La croissance des salaires
(à quatre reprises en 2005 pour une
moyenne cumulée de 50 %) lui apparaît
également démesurée.
En outre, le FMI ne croit pas aux prévisions budgétaires du gouvernement qui
table sur un déficit de seulement 0,5 % du
PIB en 2006 et sur une baisse des
dépenses du même niveau.
Le gouvernement n'a pas pris au tragique cette rupture qui satisfait également syndicats et patronat, lesquels s'estiment débarrassés d'un carcan.
Carrefour ouvre un quatrième magasin à Bucarest
I
nstallé dans la zone nord de la Capitale, le centre commercial Feeria, qui
ouvrira au printemps, sera le plus grand d'Europe du Sud-Est avec une superficie de 36 000 m2. Carrefour y installe son 4ème magasin dans la capitale,
sur un terrain de 15 000 m2 pour une surface de vente de 8400 m2, la galerie commerciale attenante occupant 17 300 m2. Feeria disposera de 1600 places de parking.
Son coût est de 40 M€ et le centre commercial permettra la création de 1200 emplois.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Un "ennemi de classe"
Je ne discutais toujours pas, ou très peu, politique avec
Petre que je continuais de rencontrer régulièrement. D'une
part, son souci scientifique d'éclairer sous tous les angles possibles le moindre fait historique afin de lui donner toute sa
dimension et restituer l'esprit d'une époque était, pour moi, un
modèle de recherche de l'exactitude et, à défaut de la vérité,
d'une vérité possible.
D'autre part, j'étais de plus en plus à l'écoute et intéressé
par ce que Tamara, sa femme sculpteure, et lui me racontaient
de leur vie en Roumanie avant que Petre ne décide, en 1970,
de rester à Athènes où il avait enfin été autorisé à venir à un
colloque.
Leurs témoignages (cf mon livre, pp. 261-266) et d'autres
m'aidaient, sans doute sans que j'en aie une claire conscience,
à donner un visage humain à ce qui n'avait été, pour moi jusqu'alors, que des signes caractéristiques abstraits tels qu'
"ennemi de classe", "anticommuniste", "bourgeois", etc. Je ne
remettais certes pas ma foi communiste en cause mais je comprenais, et acceptais qu'étant donné ce qu'ils avaient vécu, ils
pouvaient se dire anticommunistes.
Du coup, cela m'obligeait à m'interroger sur mon comportement passé de communiste face a d'autres "ennemis de classe", "bourgeois", "anticommunistes"... A m'interroger, aussi,
sur ce que j'aurais fait si je m'étais trouvé dans la Roumanie
Sciences
des années de la prise du pouvoir et après.
J'étais loin, quand j'étais communiste, de partager certaines des valeurs et opinions de Petre Nasturel. Il en est toujours de même maintenant que je ne le suis plus, comme en
témoigne le "Point de vue" sur mon travail qu'il a écrit pour
mon livre cité.
“Il est trop facile aujourd’hui
de se raconter des histoires”
Dans son témoignage sur sa vie en Roumanie, Petre, qui
n'a jamais été communiste, raconte comment, un jour, il a faibli sous le harcèlement de la Securitate, qui voulait faire de lui
un informateur, et son ressaisissement immédiat.
Tous les anciens communistes, de conviction ou non, en
Roumanie et ailleurs, devraient méditer cet exemple d'honnêteté foncière peu commune de nos jours. Il est (trop) facile,
aujourd'hui que le cauchemar a pris fin, de (se) raconter des
histoires, de se construire un passé de résistant de l'intérieur du
parti et d'en faire un fonds de commerce pour célébrer sa
propre gloire.
J'ai le sentiment intense de vivre, avec Tamara et Petre
Nasturel, quelque chose de très rare: nous respectons nos différences bien marquées et de cette tolérance réciproque, de ce
respect, est née une amitié profonde et durable".
Michel Dion
Victor Babes (1854-1926), fondateur de la microbiologie moderne 41
et inventeur de “La Méthode roumaine de traitement antirabique”
La Roumanie avait aussi son Joseph Pasteur
U
n des plus célèbres savants
roumains est, sans aucun
doute, le médecin Victor
Babes, fondateur de la microbiologie
moderne. Né le 28 juillet 1854 à Vienne,
dans une famille originaire de l'ouest de
la Roumanie, Victor Babes a étudié la
médecine à Budapest et à Vienne. Après
une période passée à Budapest comme
assistant, puis professeur universitaire à
la Faculté de Médecine, l'Université de
Bucarest lui offre un poste équivalent et il
arrive dans la capitale roumaine à une
époque d'effervescence culturelle et
scientifique, une période où on posait les
bases des principales institutions médicales roumaines.
Entre 1887 et 1926, le savant travaillera comme professeur d'anatomie
pathologique et bactériologie, à la
Faculté de Médecine de Bucarest. Dès
1887, il fonde l'Institut de Pathologie et
Bactériologie de Bucarest qui porte
aujourd'hui son nom et pose les bases des
publications "Les annales de l'Institut
de pathologie et bactériologie" (1889)
et "La Roumanie médicale" (1893).
Son principal domaine de recherche
était la microbiologie.
Ainsi, Victor Babes s'est révélé être
l'auteur du premier traité de bactériologie
au monde, "Les bactéries et leur rôle
dans l'anatomie et l'histologie pathogène des maladies infectieuses", en 1885,
en collaboration avec le savant français
A. V. Cornil, traité récompensé par le prix
Montyon.
Vivant à une époque où l'humanité ne
connaissait pas encore les antibiotiques,
Victor Babes étudie les possibilités de
guérison des principales maladies qui faisaient des ravages à l'époque: la rage, la
lèpre, la diphtérie, la tuberculose. Il fonde
ainsi, en 1888, à Bucarest, le deuxième
Centre de vaccination antirabique au
monde, après celui de Louis Pasteur
(1822-1895) à Paris, et, la même année,
invente une méthode originale d'immunisation antirabique, universellement
connue comme "La Méthode roumaine
de traitement antirabique".
En reconnaissance de son apport au
développement de la science médicale,
Victor Babes a été élu membre de
l'Académie Roumaine, de l'Académie de
Médecine de Paris, du Comité
International contre la lèpre et la France
lui a conféré le titre de chevalier de la
Légion d'Honneur.
Mihaela Ionitsa
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Tourisme
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"Pas à Pas" et "Bouton
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Le jumelage entre Savigny le Temple
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Hôtels
du littoral à vendre
La société THR Marea Neagra
qui détient 41 hôtels sur le littoral de
la mer Noire a décidé d'en mettre en
vente dix afin de pouvoir payer les
frais de rénovation des autres. Par
ailleurs, une quinzaine d'autres
hôtels sont aussi proposés à la
vente, leurs propriétaires n'ayant pas
les ressources nécessaires pour
assurer leur modernisation.
42
Complexe touristique
de 100 M€
à Poiana Brasov
Des investisseurs étrangers ont
acquis un terrain de 25 hectares à
Poiana Brasov pour y entreprendre,
dès cette année et d'ici quatre à cinq
ans, la construction en quatre
tranches d'un immense complexe
touristique de luxe, d'un coût de 100
M€. Celui-ci comprendra un hôtel
cinq étoiles, quinze villas de 265 à
380 m2 sur des terrains de 1300 à
2900 m2, vendues entre 780 000 et
1 200 000 €, 600 appartements de
60 à 275 m2, mis en vente entre 120
000 et 620 000 €.
C
ommune de Seine et Marne, proche de Meulun, Savigny Le Temple a pour
compagne de jumelage, depuis 1993, Comarnic, ville de 14 000 habitants,
nichée entre 600 et 800 mètres, à l'entrée de la vallée de Prahova, à deux
heures au nord de Bucarest, sur les premières pentes des Carpates. Tout naturellement,
l'association de randonneurs
de Savigny, "Pas à Pas", présidée par Albert Echilley, a
favorisé l'éclosion d'un club de
randonnée locale, poussé par
un de ses membres, Jean-Luc
Maréchal, amoureux de la
Roumanie où il avait effectué
une vingtaine de séjours. C'est
au cours d'un de ses voyages
que "Pas à Pas" apprenait que
des jeunes de Comarnic voulait fonder un club de randonnée. "Mugur de Colt" ("Bouton d'edelweiss") est ainsi né en janvier 2003, regroupant rapidement 35 membres, la plupart âgés de 16 à 25 ans, lycéens ou étudiants.
"C'est parti comme un défi"
Les problème financiers apparaissaient dès la création, le coût des formalités s'élevant à 350 €, une somme conséquente dans un pays où le salaire moyen est de
140 €. "Une donation faite au comité de jumelage a été affectée pour aider le club"
précise Albert Echilley qui souligne que "Mugur de Colt" est né de la volonté même
des jeunes: "ils avaient peu de moyens mais un grand sens de la solidarité. On devait
les aider et on a décidé de leur verser une subvention annuelle".
En matière de randonnée, la Roumanie est une terre de pionniers. Tout est à faire
ou presque. Mais comment est venue l'idée d'un club à Comarnic ? "Au lycée, on partait à plusieurs marcher dans la montagne, aux portes de la ville. On aimait çà" raconte Alina Gheuca, 24 ans, présidente de "Mugur de Colt". " Un jour, certains d'entre
nous se désolaient : on ne pourra jamais avoir un club… Et pourquoi pas, ai-je répondu. C'est parti comme un défi ! "
En août 2003, le bouton d'edelweiss à peine éclos, six randonneurs de "Pas à pas"
séjournèrent à Comarnic pour renforcer les liens avec les jeunes Roumains. Un camp
d'été était installé dans le village de Secaria, rassemblant 34 personnes, dont cinq
jeunes en difficulté de Comarnic.
"Ici, si tu veux passer par mon champ… pas de problème"
Travaux des champs, randonnées et balisage étaient au menu. Les Français logèrent chez l'habitant. Dans la ferme de Tante Cornelia, ni eau, ni électricité, couchage
dans le foin et les ours pour voisins. "On avait l'impression d'être retournés quarante
ans en arrière" se souvient Albert Echilley "Ma femme a manié la faux, on a dressé
des meules de foin". Deux baliseurs de "Pas à Pas" initièrent leurs amis roumains au
balisage à la française, avec du matériel neuf financé par l'association et la ville de
Savigny. Un sentier PR de 18 km était créé et cinq jeunes Roumains gagnèrent leurs
galons de baliseurs. Désormais les randonnées font la joie de tous. "Chez nous, on peut
facilement marcher dans la nature" explique Alina Gheuca, "l'instinct de propriété est
moins poussé qu'en France. Ici, si tu veux passer par mon champ, pas de problème…".
Deux autres voyages de randonneurs suivirent en août 2004 et 2005, attirant au
total une trentaine de Français et aboutissant à la signature d'un protocole d'amitié
entre les deux associations.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
qu'il était devenu suspect parce qu'il empruntait trop souvent
bibliothèque française de Bucarest
pris dans le délire de la Securitate
penser que le caractère balkanique de la région et son laisseraller a, peut-être, par nonchalance et incompétence, rendue la
Securitate moins impitoyable que la Guépéou ou le KGB.
Le dossier remis à Cosmin, révèle qu'il a été enquêté ("mis
sous surveillance informationnelle") à deux reprises, de 1970
à 1972, puis de 1984 à 1989. Rien, à priori, entre ces deux
époques, pourtant plus intéressantes, selon ses dires, pour la
police… ce qui lui laisse à penser qu'on ne lui a transmis que
la partie "présentable" de son dossier.
La première fois, de 1972 à 1974, lors de son stage dans
une entreprise ayant un rapport avec sa profession, il fut mis
sous surveillance parce qu'il parlait quatre langues et était
chargé de faire les traductions quand venaient des étrangers.
Selon la fameuse loi 23 de 1971, il était censé faire un rapport
à ses supérieurs, dont certains travaillaient pour la Securitate,
sur les conversations qu'il avait avec
eux, ce qu'il omettait de faire. Mais le
jeune homme eut l'imprudence de s'ouvrir dans un courrier à des camarades
incorporés dans une caserne militaire de
l'incompétence scientifique et gestionnaire de sa hiérarchie, leur demandant
s'il en était de même pour eux…
Un enquête fût déclenchée, mais
elle mit six mois à être achevée ! Les
jeunes appelés avaient déjà rejoint la vie
civile et le rapport se borna à conclure:
"cet individu est sans problème, on peut
classer son dossier".
l'Immigration and Naturalisation Service afin de déposer sa
demande d'asile politique.
Comin déclina l'offre… mais, presque vingt ans plus tard,
il a découvert dans son dossier qu'il s'agissait d'un provocateur
au service de la Securitate, lequel avait immédiatement téléphoné à ses employeurs pour leur indiquer qu'il s'apprêtait à
"déserter", et qui agissait à l'insu de leur hôte. Un rapport
indique: "Une source de nos organes aux USA, nous informe
que…". Pourquoi ce mensonge gratuit ? Le Ploiestean pense
que, tout simplement, cet informateur voulait faire du zèle
pour se faire bien voir de ses supérieurs.
Devenu "Objectif" des services secrets
parce qu’amateur de Balzac et Maupassant
Cet incident déclencha cependant
une suspicion généralisée à l'égard de
Cosmin, révélée dans la seconde partie
du dossier auquel il a eu accès, portant
sur la période entre 1984 et la
"Révolution" de 1989. A la suite d'une
accumulation de situations, basées sur
des mensonges ou de fausses interprétations dues au délire du régime, il fut
constamment suspecté de vouloir préparer son départ à l'Ouest.
Ainsi, très curieux d'esprit et désireux de co,ntinuer à communiquer en
français, le jeune technicien correspondait avec des universitaires et scientifiques étrangers, surtout français, dont il
Tentative de piège
Des dizaines de kilomètres de rapports, avait trouvé les adresses dans des revues
par un provocateur aux USA
d’écoutes téléphoniques, de dénonciations des
voisins, collègues, amis, voire parents, sont spécialisées.
dans ces rayons du CNSAS, à Bucarest...
S'il se fie aux documents présentés rangésmais
L'un de ses interlocuteurs, universiils ne sont pas facilement accessibles.
par le CNSAS, Cosmin n'a été l'objet
taire lyonnais, lui proposa de lui obtenir
d'aucune attention particulière de la Securitate de 1972 à 1984,
une bourse d'études en France. Le courrier fut intercepté et la
proposition en resta là. Mais, par ses contacts suivis avec des
ce dont il doute fortement car, pendant cette période, il fut
Occidentaux, Cosmin devenait un individu susceptible, aux
envoyé comme coopérant dans un pays africain francophone
yeux de la Securitate, de transmettre des secrets ou informade 1978 à 1983… or les Roumains partis à l'étranger étaient
tions à l'étranger.
particulièrement surveillés tant on redoutait qu'ils passent à
Le fait qu'il côtoie la Bibliothèque française, lors de ses
l'Ouest, et soumis à un chantage à la séparation des familles,
nombreux
passages à Bucarest, ne fit qu'aggraver les divagas'ils en manifestaient la moindre intention.
tions
de
la
police
politique qui décida de monter une opération
A la fin de son contrat de travail en Afrique, Cosmin avait
décidé de revenir au pays, ce qui ne fut le cas que de deux des
contre lui. Un rapport indiquant qu'il fréquentait "une institudix coopérants techniques partis en mission en même temps
tion de culture patronnée par l'ambassade de France" précoque lui. Il profita cependant de son séjour sur le sol africain
nisa "un traitement informationnel de "l'objectif" afin de prépour se rendre en vacances pendant un mois aux USA et au
venir la fuite de renseignements secrets vers l'étranger".
Canada, sans en demander la permission aux autorités rouLes mesure prises alors à son encontre (lire par ailleurs)
maines.
l'avaient été seulement parce que "l'objectif" allait emprunter
Là, à New York, chez un ami roumain de confiance, il renun roman de Balzac ou de Maupassant chaque deux ou trois
contra un compatriote qui l'incita pendant tout une soirée à
semaines… Elles ne furent d'ailleurs pas toutes appliquées et
émigrer, vantant la vie en Amérique et dénigrant la Roumanie,
évidemment ne donnèrent aucun résultat. Heureusement, la
pour lui proposer de l'emmener le lendemain matin à
"Révolution" a mis un terme à ce cauchemar.
11
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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Un citoyen ordinaire
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Surveillance serrée
10
En lisant son dossier, Cosmin a compris
des livres à la
Cosmin a trouvé dans son dossier,
quatre pages de mesures ultra-confidentielles à prendre à son encontre,
diligentées par un lieutenant-colonel :
- ”Mise sous ITC (Interception des
communications téléphoniques)
pour,au préalable, définir le cercle
des relations de "l'objectif"
- Identifier et sélectionner parmi
ses collègues de travail et son cercle
de relations, en vue de le recruter, un
informateur ayant la confiance de
"l'objectif"
- recruter une personne qui visite
son domicile pour réaliser une étude
complète de son logement
- Installer des moyens techniques
complexes à son domicile (micros
dans les cloisons)
- Prise en évidence (surveillance et
recherche) des citoyens français
nommés dans les écoutes pour savoir
s'ils cherchent à venir en Roumanie
ou s'ils y sont déjà venus et dans
quel but…
- Mesures à prendre à leur
encontre: hébergement dans des
chambres d'hôtels équipés de micros,
filage individuel, interception des discussions dans les lieux publics
- Puisque "l'objectif" est un visiteur
habituel de la Bibliothèque française
de Bucarest, par le biais des
"sources" que nous y avons (quatre
employées roumaines nommées avec
des faux prénoms), dépendant du
capitaine X (pas nommé) qui les surveillent, prendre des mesures pour
savoir si "l'objectif" prend des
contacts avec des diplomates français
et si ceux-ci manifestent de l'intérêt à
son égard, en apportant par exemple
des consignes ou des informations
par le biais de la valise diplomatique."
C
osmin a attendu dix huit mois avant de pouvoir consulter son dossier au
CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives de la Securitate). Il
en avait fait la demande par écrit au printemps 2002 et n'avait reçu une
réponse qu'à l'automne 2003. Une convocation lui notifiait que son dossier faisait 480
pages, précisant qu'il pouvait venir le consulter autant de fois que cela lui convenait,
à condition de prendre rendez-vous.
Au jour dit, ce natif de Ploiesti, qui avait la chance de pouvoir être hébergé chez
des amis à Bucarest, se rendit au 2 strada Dragoslaveli, tout près de la place Victoria
et de l'immeuble du gouvernement pour découvrir un bloc moderne de 5-6 étages,
peint à l'extérieur dans un brun foncé mettant déjà en condition, "tant" s'indigne-t-il
"cela rappelle ce régime de m… qu'on a connu".
Ce technicien supérieur de l'industrie pétrolière s'est assis dans la petite salle
réservée à la consultation des archives, qui ne peut accueillir qu'une dizaine de personnes à la fois, chacune étant installée face à un surveillant chargé de veiller à ce
qu'on ne dérobe pas de documents ou à ce qu'on ne les transforme pas.
"Quoi, c'est mon ami qui m'a envoyé en prison !"
Cosmin se plongea alors dans les quatre volumes (environ 500 pages) le concernant, qu'il devait laisser sur place mais pouvant en photocopier le contenu, en payant.
Très vite, il s'est rendu compte qu'environ 350 pages comportaient uniquement le
compte-rendu de conversations téléphoniques ou des extraits de courriers interceptés,
tous écrits à la main. Seulement une cinquantaine se révélèrent vraiment intéressantes,
celles des mesures, des rapports ou des témoignages portés sur son compte.
Finalement, le technicien ne découvrit rien d'extraordinaire… pour la bonne raison qu'il n'y avait rien à découvrir, mais ce retour en arrière fut très éprouvant, tout en
étant édifiant sur les méthodes de l'ancien régime. Bien sûr, y figuraient quelques
contre-vérités et des informations totalement inventées, mais elles étaient largement
équilibrées par les témoignages des amis, voisins, parents qui ne disaient rien de mal.
Toutefois Cosmin ressentit un sentiment de malaise… Ces proches ne l'avaient
pas averti qu'il était soumis à une enquête. Il comprit cependant leur attitude de prudence: tout le monde à l'époque avait peur et on ne s'ouvrait pas si facilement aux
autres. Mais, malgré lui, la lecture de ces pages avait instillé un doute sur la force de
leur amitié.
Pourtant, le Ploiestean se consola en découvrant l'ampleur de la détresse de plusieurs de ses compagnons d'infortune qui compulsaient aussi leurs dossiers. Certains
étaient en état de choc, avaient le visage ravagé, devenaient rouges de colère, se mettaient à trembler ou s'effondraient en pleurs en découvrant l'ampleur de trahisons qui
les avaient conduits pour des années dans les geôles communistes et à la confiscation
de leurs biens : "Quoi, c'est mon ami qui a dit çà ! C'est lui qui m'a envoyé en prison?". Quelques uns étaient définitivement abattus en voyant le nom de leur conjoint
figurer parmi les informateurs de la Securitate. D'autres se révoltaient, criant : "ça ne
va pas rester comme ça; je vais appeler mon avocat ".
La part d'amateurisme de la Securitate
Cosmin fut surtout surpris par la part d'amateurisme des enquêteurs chargés de le
surveiller et de "l'a peu près" des rapports d'une institution terrifiante, crainte par ses
moyens et méthodes, connue et reconnue pour être surinformée. Ainsi, le plan de son
appartement se révèle faux; on le déclare "présumé membre du Parti Communiste"…
sans aller vérifier, alors qu'on est sous Ceausescu. Un peu plus loin, il est noté "il
paraît qu'il n'a pas d'enfants" ( !). On devine que les enquêteurs devaient faire du remplissage pour montrer qu'ils étaient actifs et justifier leurs salaires… ce qui laisse à
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
et Comarnic a débouché sur une initiative pleine de promesses
d'edelweiss": l'invitation à randonner en Roumanie
Les jeunes de Comarnic ont balisé d'autres sentiers, créant
un itinéraire à la journée. Une dizaine d'hébergements chez
l'habitant se sont mis en place. Tout à fait corrects, ils ont été
testés et réservent un accueil incomparable, les hôtes ayant le
sentiment de se trouver en famille. Un potentiel touristique
local se fait ainsi jour, des jeunes ayant également vocation à
devenir guides de randonnée et de
courses en montagne.
Comarnic, de par sa situation,
présente un avantage considérable, à
quelques kilomètres de Sinaia,
Prédeal, Busteni, stations réputées
dans une des vallées les plus appréciées du pays. D'autres associations
de Savigny (cyclotouristes, randonneurs) ne s'y sont pas trompées,
organisant des séjours en Roumanie,
alternant promenades, visites,
découverte de la population sous la
conduite spontanée d'organisateurs
locaux. "Pas à Pas" et "Mugur de
Colt" ne manquent pas de projets : création de nouveaux itinéraires, maillages entre eux afin de démultiplier les possibilités
de randonnées dans le secteur, édition d'un guide, formation.
La Fédération Française de Randonnée
prête à donner un coup de pouce
Certains projets se situent à un échelon dépassant les deux
communes. La Roumanie est, à l'évidence, un paradis pour les
randonneurs. Encore faut-il le mettre en valeur. Des initiatives
menées par d'autres associations existent qu'il faudrait fédérer,
faire connaître. Il reste à sensibiliser les autorités roumaines à
l'intérêt de cette démarche et du développement du tourisme
vert, ce qui nécessite la création d'un ministère du tourisme
roumain à part entière, la levée du
secret militaire sur la cartographie
au 1/25 000ème, l'étude d'un réseau
national d'itinéraire équestre, cyclo
et pédestre (commun ou séparé),
accompagné d'un réseau d'hébergement approprié et financièrement
accessible aux Roumains.
La Fédération Française de
Randonnée Pédestre se montre
attentive aux perspectives qui existent dans ce pays et a chargé sa
commission internationale de s'y
pencher, se montrant prête à aider
les initiatives qui seraient prises par
et pour les Roumains, aussi bien au niveau de l'élaboration des
circuits que sur le plan administratif, associatif et de la formation. Le suivi du dossier a été confié à une jeune Roumaine,
étudiante en doctorat à Lille, Mariana Cristache.
A Savigny le Temple, où les amis de la Roumanie sont
nombreux, on se montre particulièrement heureux de promouvoir une image bien différente de ce pays, invitant à partir à sa
découverte.
Ovidiu Gheorghe, "patron" des vins roumains:
"Nos restaurants donnent trop une mauvaise image du pays"
D
irecteur du patronat de l'industrie vinicole roumaine,
Ovidiu Gheorghe n'est pas
tendre pour la restauration de son pays,
ainsi qu'il l'a confié dans une interview au
supplément du quotidien "Ziua" ("Le
Jour"), "Connaisseur", consacré à la
table et aux vins.
"Dans trop de restaurants de chez
nous, le service et la présentation n'ont
rien à voir avec les standards pratiqués
ailleurs. Le client doit faire avec des
nappes tâchées, des serveurs peu
aimables et rancuniers si on ne leur donne
pas de pourboire; les cuisiniers manquent
d'inspiration, les plats de variété, nos vins
sont trop souvent médiocres, voire pire,
les conditions hygiéniques laissent beaucoup à désirer.
Tout cela donne un aspect déplorable
et une mauvaise image de la Roumanie
aux étrangers qui y viennent car, le plus
souvent, leur premier contact avec le pays
c'est le restaurant. Que peuvent-ils penser
quand ils se retrouvent confrontés à des
garçons, en uniforme sale, à la mine renfrognée et qu'ils découvrent l'état repoussant des toilettes ?
Malheureusement, si nos restaurants
sont dans un état aussi pitoyable, c'est la
conséquence de la dégradation du secteur. Les restaurateurs ne semblent pas ou ne veulent pas - être impliqués. Ils ont
conservé leurs vieux concepts de chefs de
cantine et ne sont intéressés qu'à compter
leurs bakchichs le soir. Leur manque de
formation, ainsi que celui de leur personnel, est flagrant dans tous les domaines :
cuisine, présentation, marketing… On ne
fait pas attention au client et les mots
qualité et exigence n'existent pas. C'est le
cas aussi pour nos vins. Les producteurs
préfèrent privilégier la quantité à la qualité et, dans les restaurants, les serveurs
n'y connaissent rien".
Ovidiu Gheorghe rêve d'une gastronomie à caractère national, mettant en
valeur l'image de la Roumanie et de ses
traditions. Il note que des restaurants se
sont déjà mis à la tâche, toutefois pas
assez nombreux à son goût, et que le
client peut désormais s'y rendre en toute
confiance.
Mais il y a encore énormément de
chemin à faire. Voici deux ans, le président Iliescu était revenu ulcéré des toilettes d'un restaurant où il déjeunait, s'exclamant "Comment voulez-vous qu'on
rentre dans l'Europe, quand on a des ch…
aussi dég… !".
43
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Tourisme
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ORADEA
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GHERLA
ARAD
CLUJ
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SUCEAVA
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BISTRITA
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SIBIU
TIMISOARA
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TARGU
MURES
GALATI
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BRASOV
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BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
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TULCEA
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CONSTANTA
BUCAREST
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Le "charme"
des hôtels communistes…
ou la fin d'un univers
E
n 1990, contraints car ils ne pouvaient faire autrement, les étrangers ont
découvert le "charme" des hôtels communistes, dont le confort était inversement proportionnel aux prix. Mais les nostalgiques de l'ancien régime ou
les curieux d'un univers qu'ils n'ont pas connu doivent se presser s'ils veulent en avoir
un aperçu… dans trois à cinq ans, il est fort à parier que plus un seul n'existera.
Certains, comme à Craiova sont en rénovation, d'autres, ne bénéficiant d'aucun investissement, méritent simplement d'être rasés.
Pour vivre cette expérience, rien de mieux que de descendre au "Napoca" de Cluj
(photo ci-contre), situé à proximité du centre-ville, avec l'avantage d'avoir un parking
sûr. Edifice massif, sans âme, il présente déjà de l'extérieur toutes les caractéristiques
de l'époque. On s'en fait une idée plus précise à l'intérieur. Dans les grandes et hautes
salles d'où descendent de pesants lustres, on peut imaginer les réunions qu'y tenaient
les cadres du Parti, les banquets de la nomenklatura. Au restaurant, la piste de danse
est désespérément vide. Un personnel pléthorique, âgé, attend le rare client. Il se
montre courtois et serviable, ce qui est déjà un progrès par rapport à 1990. A voir son
désœuvrement, l'ennui qu'on lit sur les visages mais aussi l'inquiétude de l’avenir, on
a le sentiment d'un monde qui disparaît.
Ascenseur qui menace de s'arrêter, rideaux qui se déglinguent
44
Retrouver un univers en voie
de disparition à l’Hôtel Napoca deCluj
mérite bien de tenter une expérience
L'envol
des charters
de vacances
Les professionnels du tourisme
ont noté que le nombre de passagers
charters roumains a doublé en 2005
par rapport à l'année précédente, les
principales destinations étant la
Turquie, la Grèce et la Bulgarie. Le
nombre de vols hebdomadaires est
passé de 34 à 55, les avions étant en
permanence pratiquement pleins,
partant désormais également de Cluj
et Timisoara. De nouvelles destinations sont aussi apparues.
Ce mouvement très net accompagne la tendance des Roumains à
partir de plus en plus souvent à l'étranger, la qualité des prestations et
services touristiques dans leur pays
les laissant sur leur faim, les prix leur
paraissant par ailleurs trop élevés.
Ainsi les vacances à l'étranger sont
de moins en moins considérées
comme un luxe alors que la fréquentation du littoral roumain de la Mer
Noire a baissé de 10 % cet été.
Dans l'immense hall, un personnage énorme, adipeux, s'épongeant le front, suit du
regard les clients, enfoncé dans un fauteuil, ou faisant les cent pas. Difficile de ne pas
penser qu'il avait à voir avec la Securitate. Mais ce ne doit pas être pas la seule corde
à son arc… le soir, il propose de la "compagnie" aux célibataires. L'ascenseur est
essoufflé. Quand, soudain, on se rend compte qu'il ne dispose pas d'une sonnette
d'alarme, on prend peur de le voir rendre l'âme entre deux étages. Dans le long couloir menant à la chambre, c'est le noir absolu. Pas moyen de trouver l'interrupteur, qui
d'ailleurs n'existe pas. Il faut se guider à la lueur des étoiles entrevues par une fenêtre.
Trouver la serrure demande deux bonnes minutes, et ouvrir ou fermer la porte autant.
D'ailleurs, à quoi bon ? Un simple coup d'épaule suffirait à faire sauter le verrou.
Heureusement, la chambre est correctement éclairée. Ce n'est plus la peine,
comme au temps de Ceausescu, de demander son ampoule à la réception, en n'omettant pas de la rendre avec la clé, le lendemain. Des tentures tiennent lieu de persiennes… mais dès qu'on les tire, elles se décrochent et il faut grimper sur le bureau
pour les réinstaller. En hiver, le chauffage faiblit la nuit, il fait froid et la couverture
de secours dans l'armoire ne suffit pas à se réchauffer. Votre manteau y supplée. Le
ménage n'est fait qu'une fois sur deux, et en cinq jours, les draps ne sont pas changés.
Deux chambres pour le prix d'une
Pas de cabine à la douche, ni de rideau…mais l'espoir est permis : quatre trous ont
été percés pour installer des tringles. Bien sûr, on prie pour que l'eau reste chaude jusqu'à la fin du rinçage ! La chasse d'eau, elle, est capricieuse, et se bloque régulièrement. Il faut prévenir la réception qui envoie un agent d'entretien dans la journée. Mais
quand cela arrive un samedi… il est absent pour le week-end.
Qu'à cela ne tienne: on vous donne une autre chambre, juste en face dans le couloir, où la salle de bain est un peu plus en état de marche. Alors, on se partage : dormir dans l'une, la toilette et le reste dans l'autre… en veillant à ne pas être surpris à
traverser le couloir en petite tenue ! Pas de risques… Il n'y a personne d'autre à l'étage. Voilà comment on découvre les avantages de l'ère communiste et post-communiste : deux chambres pour le prix d'une. On n'y avait pas attendu Afflelou ! Mais ce n'est
pas donné tout de même: 30 € la nuit pour une personne… Mais quelle expérience !
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
en chef de "Plai cu boi"
ce n'est pas le SRI, mais le ministère de la Défense"
Ainsi, les Roumains étaient-ils encadrés tout au long de
leur vie, ce qui ne nécessitait pas un fichage obligatoire:
membres des "Aiglons de la Patrie", dès la maternelle, puis
des "Pionniers", des "Jeunesses communistes", des organisations de femmes, des syndicats… même l'église n'échappait
pas à ce contrôle. Enfin, tout Roumain se devait d'adhérer à
des organisations mammouths qui regroupaient tout le monde
pour donner ce sentiment d'unanimité, comme le Front de
l'Unité Socialiste, devenu plus tard FDUC (Front de la
Démocratie et de l'Unité Socialiste). Ce sont elles qui présentaient les candidats aux élections et non le Parti Communiste
Roumain.
Quant aux membres du PCR, ils avaient le privilège de ne
pas paraître dans les dossiers de la securitate. Ils étaient censés
collaborer avec elle, devenir informateurs "par acte de foi" ; ils
ont été ainsi le plus souvent protégés, leurs noms apparaissant
sous forme de code quand il est mentionné. Difficile dans ces
conditions de les identifier. Beaucoup de gens qui ont collaboré ne sont pas fichés.
"La déclassification:
noyer le système pour gagner du temps"
N.R.: Le CNSAS a-t-il les moyens de faire son travail ?
D.A.: On ne lui a pas donné
beaucoup d'argent, ce qui est
une forme efficace d'entrave car
il doit faire avec peu de moyens.
Ainsi, la salle où on peut
consulter son dossier ne comporte qu'une quinzaine de
places, alors que des centaines
de milliers de demandes ont été
déposées. Jusqu'ici, environ 20
Mircea Dinescu 000 personnes y ont eu accès,
soit 5 à 6000 par an… mais
pour découvrir souvent que leurs dossiers sont étrangement
bien vides. Les gens se découragent car il faut des mois, voire
des années pour obtenir satisfaction.
D'ailleurs, un signe ne trompe pas: le siège du CNSAS a
été simplement loué. Mais celui-ci a aussi sa part de responsabilité, car il s'est concentré sur le côté formel de son fonctionnement et non sur le fond. Il manque de perspective : il ne
s'agit pas de travailler uniquement pour l'Histoire, mais aussi
I
l manque 8000 cadres à la police
roumaine qui, selon les instances
de Bruxelles, devrait aussi recruter 7000 agents - notamment au niveau de
la police routière où leur nombre est
insuffisant pour contrôler les 5 300 000
de véhicules qui circulent à travers le
d'apporter une dynamique, afin d'éviter le retour des faits que
l'on a connus ou de nouveaux dérapages.
Ceci dit, il n'est pas facile d'y voir clair entre informateurs,
duplicité, responsabilité des enquêteurs, et de faire la part des
choses, tout le monde étant impliqué.
N.R.: Que penser de la décision du SRI de déclassifier
douze nouveaux kilomètres de documents ?
D.A.: Déjà le CNSAS est submergé, faute de moyens; il
s'agit donc d'une manœuvre
habile, visant à noyer le
système, car, pour arriver au
bout des archives précédentes, il faudrait déjà dix
ans. C'est un moyen de
gagner du temps et de tirer
un trait sur ce passé.
N.R.: Les pratiques de
la Securitate existent-elles
toujours?
Ticu Dumitrescu
D.A.: Il faudrait avoir
une bonne dose de naïveté pour croire qu'elles ne continuent
pas. Il y a toujours les mêmes intérêts et privilèges à défendre.
Les méthodes se sont adaptées, modernisées, diversifiées, sont
devenues plus professionnelles, plus cadrées.
Le SRI et les autres doivent aussi compter avec la société
civile et la presse. C'est cette dernière qui a découvert que le
président de la commission parlementaire chargé de surveiller
le CNSAS, sous Iliescu et Nastase, était un ancien agent de la
Securitate de Brasov, où il s'était montré impitoyable.
"L'Etat doit assurer réparation
pour le préjudice qu'il a causé"
N.R.: L'Etat a-t-il vraiment la volonté de faire en sorte que
les Roumains connaissent un jour leur propre vérité ?
D.A.: S'il le veut, il doit en donner les moyens pour faire
marcher le système. Il faut aussi respecter les citoyens.
Consulter son dossier au CNSAS n'est pas à la portée de tout
le monde. Il faut venir à Bucarest, y séjourner au moins une
semaine, payer les photocopies qui sont très chères… et parfois il faut en faire tirer plus d'une centaine. L'Etat devrait
assurer gratuitement le voyage, l'hébergement, prendre en
charge l'indisponibilité professionnelle, les frais. Après tout,
c'est à lui d'assurer réparation pour le préjudice qu'il a causé.
Effectif insuffisant dans la police
pays - 4000 policiers des frontières et
18 000 gendarmes, d'ici l'adhésion à l'UE
prévue au 1er janvier 2007. La pénurie se
révèle particulièrement flagrante à
Bucarest où on compte seulement un
policier pour 700 habitants.
Le gouvernement espérait pouvoir
embaucher 3500 cadres avant la fin 2005,
réduisant ainsi de 43 % le déficit des
postes vacants. Un concours a été organisé par la police roumaine pour recruter
des cadres, mais les questions posées ont
été jugées inadéquates, mal formulées,
ambiguës, voire erronées.
9
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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z
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ORADEA ZALAU
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ARAD
DEVA
SUCEAVA
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BISTRITA
TARGU MURES IASI
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SIBIU
TIMISOARA
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CRAIOVA
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SF. GHEORGHE
BRASOV
PITESTI
BRAILA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
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Conserver un
pouvoir de chantage
(Suite de la page 7)
8
Tourisme
"Le véritable successeur de la Securitate
z
BAIA MARE
SATU MARE
Dinu Adam, rédacteur
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Pour l'écrivain Patapievici (notre
photo) "Le SRI s'est livré à un énorme bluff, imposant une nouvelle fois
son point de vue, en remettant les
dossiers sans les instruments indispensables pour pouvoir les utiliser.
Pour expliquer les retards pris par
l'ouverture des archives, il a mis une
nouvelle fois en avant la nécessité
de défendre la sûreté nationale, alors
qu'il s'agit plutôt du souhait de préserver le pouvoir émanant de la
détention de dossiers compromettants pour divers acteurs politiques".
En effet, depuis 1990, des documents révélant les liens entre responsables politiques, membres du
clergé ou intellectuels de marque et
la Securitate ont été utilisés comme
un instrument de chantage.
"Enfin", souligne Horia Roman
Patapievici, "Les Roumains attendent
toujours de connaître les noms des
agents de la police politique qui les
ont surveillés, mais le SRI s'attache
à révéler les noms des informateurs,
tandis qu'il protège ceux des officiers". "Un choix qui n'est pas surprenant, les services secrets roumains
continuant à utiliser environ un tiers
des officiers de la Securitate", selon
l'historien Marius Oprea, "tout en
assurant avoir purgé massivement
ses effectifs, après 1990".
P
roche de l'écrivain-dissident Mircea Dinescu, membre du CNSAS (Conseil
National d'Etude des Archives de la Securitate), Dinu Adam, rédacteur en
chef de la revue satirique "Plai cu Boi", est un des observateurs les plus au
fait des blocages que cet organisme rencontre et de la mauvaise volonté manifestée par
l'actuelle nomenklatura à vouloir faire la lumière sur cette époque. Il répond aux questions des "Nouvelles de Roumanie".
Les N de R: Pourquoi a-t-il fallu tant de
temps pour mettre en place le CNSAS?
Dinu Adam: Après la "Révolution" de
1989, le député Ticu Dumitrescu a essayé de
faire passer la loi créant le CNSAS, mais il
s'est heurté à de nombreuses résistances,
même à l’époque de l'ancien président
Constantinescu, et il a fallu attendre 2000
Le Président Basescu a “inauguré” la
pour la voir entrer en vigueur. Cela a été plus
réception des 12 km d’archives de
difficile en Roumanie que dans les autres l’ancienne Securitate, remises au CNSAS.
pays de l'Est, car ceux-ci ont connu des transitions douces, alors que nous, nous avons
eu une révolution qui a fait 1200 morts. Quant à l'ex-RDA, ce sont les services de
l'Allemagne de l'Ouest qui se sont chargés de faire le ménage.
"Que sont devenus les comptes à l'étranger de Ceausescu ?”
N.R. : Quels ont été les principaux obstacles dressés contre la "déconspiration"
de la Securitate?
D.A. : Pendant les dix ans qui ont précédé la naissance du CNSAS, beaucoup de
dossiers ont disparu, se sont volatilisés, d'autres ont été manipulés par ceux qui les
administrent.
En outre, on réduit les archives au seul SRI (Service Roumain d'Information, successeur de la Securitate), mais il en existe beaucoup d'autres aux ministères de
l'Intérieur, de la Défense, de la Justice, au SIE (Service d'Information Extérieure,
contre-espionnage), et ceux-ci n'ont jamais été transmis au CNSAS.
Il ne faut pas non plus oublier qu'en 1990, la Securitate a été, en quelque sorte,
absorbée par le ministère de la Défense qui a recruté ses meilleurs cadres, laissant les
autres au SRI. Depuis, le SRI fonctionne comme un paravent et un paratonnerre : tous
les regards, toutes les mises en cause convergent vers lui mais, en fait, il s'agit d'une
diversion… C'est le ministère de la Défense qui possède les vraies archives, qui garde
les secrets, continue à écouter, à surveiller.
N.R. : Qui a intérêt à ce que les secrets de l'ex-Securitate restent bien gardés ?
D.A. : Beaucoup de monde. Il s'agit de convergences d'intérêts pour ne pas être
découverts. Ainsi que sont devenus les comptes de Ceausescu à l'étranger ? Plusieurs
fonctionnaires de la Securitate en avaient les clés… On ne les a pas trouvées, mais en
1990-1991, des fortunes subites sont apparues"…
On n'a pas le droit de consulter le dossier du Patriarche Teoctist ou des prêtres qui
ont pourtant été souvent d'éminents collaborateurs de la Securitate dans les vingt dernières années du régime. Il ne faut donc pas pousser trop loin les investigations.
"Les membres du Parti communiste n'étaient pas fichés"
N.R : Beaucoup de Roumains étaient-ils fichés ?
D.A. : Nombre d'entre nous pensent qu'ils étaient fichés, mais ce n'était pas le cas.
On évoque le chiffre de 1 500 000 dossiers à la Securitate. Sous l'ancien régime, l'organisation de la société roumaine était spécifique. Ceausescu voulait fondre le parti
communiste dans la population, que tous les deux ne fassent qu'un.
Connaissance et découverte
Entre Transylvanie et Maramures
Gherla "l'Arménienne" vous attend
S
ituée dans le judet de Cluj, à 45 km de la capitale de
la Transylvanie, sur la route Cluj-Baia Mare E556
(N1C), Gherla n'est pas un village mais une ville
moyenne de 25 000 habitants. Cependant, sur la commune aux
deux tiers encore agricole, on trouve des villages typiques
dans les collines qui entourent la ville. Très active dans le
mouvement OVR, en dehors des circuits touristiques traditionnels et citée dans aucun guide, à notre connaissance, les
responsables de l'association, en 2001, ont demandé leur
entrée dans le réseau pour dynamiser le tourisme. C'est une
ville pleine de charme au passé riche à découvrir.
L'art de tisser les tapis orientaux
C'est à la fin du 17ème siècle qu'arrivent à Gherla plusieurs familles arméniennes très
riches. Sous leur impulsion, la ville
prospère, s'urbanise et c'est un architecte italien qui en trace les nouveaux
plans. Il en reste au centre des rues
bien droites bordées de petites maisons, de fleurs et d'arbres, ou encore
de quelques belles demeures, au style
particulier, appelé "baroque transylvanien". Les Arméniens amenèrent
aussi à Gherla l'art de tisser les tapis
orientaux qui rendit la ville célèbre.
Dans cette ville aux origines cosmopolites, vous pouvez
visiter beaucoup d'églises, dont 2 églises baroques arméniennes. A la grande cathédrale blanche au centre de la ville,
dans une chapelle à gauche du chœur, on peut admirer une
immense "descente de croix" attribuée à Rubens!
Demandez au responsable de vous raconter l'incroyable
histoire de ce tableau. Le musée d'histoire qui se trouve dans
une demeure datant de 1720, de style baroque transylvanien,
est remarquable par le portail et le fronton soutenu par 2 cariatides, malheureusement très usées par les ans. C'est dans la
maison de la culture accolée au musée que se trouve le bureau
d'information d'OVR.
A l'entrée de la ville, une petite station thermale "la
Baïtsa", connue depuis l'antiquité pour ses eaux sulfureuses
est fermée pour l'instant, les bâtiments attendant un coup de
jeune. A côté, la piscine municipale, lieu de rencontre de toute
la jeunesse. Au bord de la rivière Somes, au milieu de la ville,
un parc centenaire splendide.
Ça et là, au détour des allées qui ont les noms des villes
européennes qui parrainent Gherla, apparaissent des sculptures
contemporaines, une gloriette, des bancs. En été, c'est là que se
retrouvent à l'ombre des grands arbres, les amoureux.
Une verrerie, des mines de sel
et le pèlerinage de Nicula à ne pas manquer
Il faut voir absolument, la verrerie. Travaillant encore de
façon quasi artisanale, les souffleurs de verre, graveurs(euses)
et décoratrices sont impressionnants par leur dextérité et leur
talent. Se renseigner auprès d'Ovidiu Todea pour la visiter, seul
c'est impossible.
- A 10 minutes de voiture à l'extérieur de la ville sur une
colline boisée, se trouve le monastère de Nicula. Centre très
ancien de retraite pour les fidèles et les moines, ici existe
depuis le 17ème siècle une école de peinture d'icônes sur
verre. Le musée en contient une belle collection, mais la plus
célèbre se trouve dans la grande église: l'icône de la Vierge Marie. En
1699, cette icône se mit à pleurer
durant 26 jours annonçant des temps
de malheur... Depuis, chaque année
250 000 pèlerins affluent au
monastère, le 15 d'août. C'est à la
suite de ce miracle que l'école
d'icônes sur verre fut créée.
- A 20 km au Nord, Ocna Dej,
renferme les plus importantes mines
de sel d'Europe, capables d'assurer l'approvisionnement de
l'Europe, durant 2 siècles! Il faut parcourir en camion ou à
pied, les kilomètres des galeries de la mine. Perdus dans ces
cathédrales de sel, des sensation fortes, des images et des
décors sublimes, dont la chapelle creusée dans le sel, vous submergent. Depuis Gherla, on organise les visites par groupes de
15 à 20 personnes. Si vous êtes moins, essayez quand même.
- Ne pas oublier la ville de Cluj-Napoca, qui possède de
nombreux monuments et lieux à découvrir.
Ville de paradoxes et de contrastes
Avec une équipe dynamique bien organisée, situé sur un
grand axe proche de Cluj et trait d'union entre le Sud de la
Transylvanie et le Maramures, Gherla est un atout pour le tourisme. Ville de paradoxes et contrastes, elle abrite aussi des
banlieues aux stigmates communistes, une prison très dure, à
la sinistre réputation, mais aussi un centre à l'architecture harmonieuse. Grisaille ou beauté… Son charme désuet n'empêche
par ses habitants de se tourner résolument vers l'avenir qu'ils
croient fermement européen.
Martine et Jean Bovon-Dumoulin
Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica
Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs.
Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse.
Joindre un chèque de 20 € (port compris) à son ordre.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Echanges
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SIGHET
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Après avoir prévenu
Gradinitsa, aux sources de financement
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Des moments heureux
pour les enfants
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Depuis le Tsunami, les dons pour aider
En attendant que la situation se
rétablisse, Gradinitsa a décidé que
son action de solidarité devait continuer et évoluer.
Lydia Bloch la précise:
"Une nouvelle action socio-éducative très appréciée a vu le jour cet été :
un (petit) Centre de Loisirs pour trente
enfants de 7 à 14 ans, à SighetuMarmatiei, afin de diversifier notre
soutien aux enfants, et en même
temps encourager des jeunes à s'y
impliquer, car leur éducation citoyenne prépare l'avenir.
Précédemment cinq jeunes, déjà
connus pour leur participation à des
actions de protection de la nature
(avec nous et nos partenaires)
avaient pris part à un stage francoroumain de formation d'animateurs de
vacances à Hunedoara. Ils ont encadré le centre de loisirs, avec notre
aide et celle d'un groupe de scouts
d'Amiens, venu présenter des jeux
traditionnels picards et un spectacle
de marionnettes à la fête finale.
Ce furent des moments heureux
pour les enfants, certains venaient
une heure avant… Le maire a trouvé
l'idée excellente, a promis son aide.
Finalement celle-ci a consisté en
quelques rames de papier (très
utiles). Il faut dire que la ville a participé à l'aide aux régions roumaines
touchées par de terribles inondations,
et de ce fait n'a pas pu nous offrir
plus. Mais l'idée fait son chemin.
Les responsables de l'association
partenaire se sont impliqués aussi; en
la découvrant, une amie a dit "c'est
l'action la plus formidable, il faut continuer". Si nous y arrivons, nous voudrions que cela devienne, peu à peu,
une action roumaine".
G
radinitsa mène des actions de solidarité en Roumanie depuis plus de dix
ans, Plus particulièrement dans le Maramures, notamment pour prévenir
l'abandon des enfants. Cette association du nord Est de la France, de taille
modeste, a fait preuve d'une efficacité sur le terrain reconnue et saluée par l'ensemble
des acteurs de l'aide à l'enfance. Elle a développé son action progressivement, en fonction des personnes qui la rejoignaient et devenaient "parrain ou marraine" d'un enfant
ou du programme, ou qui envoyaient des dons.
Ainsi, grâce à cette
prévention soutenue par
la générosité des donateurs, des centaines de
familles
roumaines,
plongées dans une détresse inextricable, ont pu
faire front, garder leurs
enfants dans leur foyer et
peuvent imaginer aujourd'hui un avenir plus souriant. Mais, depuis le tsunami de début 2005,
comme la grande majorité
des associations qui n'ont
pas été directement concernées, Gradinitsa ne reçoit quasiment plus de dons et la
situation est devenue catastrophique, comme en témoigne ci-dessous sa présidente,
Lydia Bloch.
Des médias assoiffés de spectaculaire
"Pourquoi cette situation? Selon moi, et bien d'autres, l'appel à l'aide pour l'Asie
a été surmédiatisé, car spectaculaire.
La plupart des journalistes s'intéressent peu à la solidarité au quotidien, menée
avec persévérance par des centaines d'associations agissant dans le monde, car cela
n'émeut pas assez le lecteur. Pourtant, en Afrique, on a calculé qu'un enfant meurt de
faim toutes les 3 secondes ! Pas d'émission !
"Pour la Roumanie, ah ! Parlez-nous des orphelinats, des mouroirs surtout "…
Passer des photos d'enfants déformés par le manque de soins, ça oui ! C'est accrocheur,
les lecteurs en redemandent, paraît-il. C'est au point que, même quand nous expliquons clairement aux journalistes comme aux personnes, que nous avons choisi de
prévenir l'abandon plutôt que d'aider dans les orphelinats, beaucoup de gens, d'associations même, lisent "orphelins", dès lors qu'il s'agit d'enfants roumains.
En Roumanie la situation évolue, l'abandon a reculé. La plupart des enfants reçus
précédemment dans l'institution, ce qui est appelé en France "orphelinat"*, ont été
replacés: parfois dans leur famille d'origine, le plus souvent en famille d'accueil ou en
maison familiale, toutes solutions bénéfiques. Les nouveaux candidats sont presque
toujours dirigés vers des "Centres de jour" où ils sont nourris et éduqués; ils reviennent en famille le soir.
Une action de prévention réussie à 100 %
Mais que la situation de ces enfants s'améliore peu à peu, que des mesures diverses
interviennent positivement, il semble que cela ne soit plus intéressant pour les médias.
Quant à ceux qui ne sont pas "orphelins", leur situation n'intéresse guère, et pourtant!
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Politique
Actualité
Douze kilomètres d'archives de l'ex Securitate
concernant 1,5 millions de Roumains déclassifiées
Le coup de bluff du SRI
L
es Roumains auront bientôt accès à l'essentiel des
archives de la Securitate, après le transfert de douze
kilomètres de dossiers à un organisme chargé d'étudier ces documents, le CNSAS, mais ce "cadeau" pourrait bien
se révéler empoisonné.
En signant le décret de la loi 187, en 1999, portant création du CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives
de la Securitate), le président Emil Constantinescu apportait sa
deuxième "révolution" à la Roumanie. Enfin, les Roumains,
sans exclusive, allaient pouvoir prendre connaissance des dossiers que la police politique avaient constitué contre eux tout
au long du régime communiste, pour les condamner, les manipuler, les faire taire et les encadrer, mais aussi découvrir les
noms des délateurs et des enquêteurs.
Il était temps. Le CNSAS n'a eu d'existence réelle que
courant 2000, alors que le mandat d'Emil Constantinescu
s'achevait et que les "post-communistes" de Ion Iliescu, qui
avaient saboté jusque ici toute tentative de faire réellement la
lumière sur ce sombre passé, revenaient quelques mois plus
tard au pouvoir.
L'application de la
loi de 1999 a eu un effet
parasitaire: pour pouvoir
se présenter aux élections ou postuler à une
fonction dans la haute
administration, le candidat doit apporter la preuve qu'il n'a pas été un
informateur
de
la
Securitate, recevant un
Andrei Plesu certificat du CNSAS,
mais encombrant les services de celui-ci. Cette mesure n'a d'ailleurs produit aucun
effet: pas une seule personnalité de premier plan ou dignitaire
du régime ayant été démasquée… Tous étant innocents comme
l'agneau qui vient de naître.
Une obstruction encouragée par Ion Iliescu
Les héritiers de l'ancien régime s'opposant à voir lever le
voile sur cette période, le nouvel organisme a eu beaucoup de
mal à fonctionner, d'autant plus qu'il était composé de représentants des partis démocratiques et de la société civile tout
juste naissante qui ne leur inspiraient pas particulièrement
confiance: l'écrivain dissident Mircea Dinescu, l'ancien
ministre de la Culture et des Affaires étrangères, Andrei Plesu,
où l'actuel et nouveau directeur de l'Institut Culturel Roumain,
Horia Roman Patapievici…
Le SRI (Service Roumain d'Information), qui a pris le
relais de la Securitate, tout en en gardant un certain nombre
d'habitudes et une grande partie du personnel, s'est alors
employé à bloquer le processus, collaborant à reculons par sa
mauvaise volonté, attitude encouragée de fait par le Président
Iliescu afin de paralyser l'activité du CNSAS.
Ainsi le SRI n'a délivré qu'au compte goutte une partie des
30 km de dossiers qu'elle conservait dans ses archives. Il a
gardé la main haute sur son tri. Le demandeur doit, encore
aujourd'hui, adresser la requête de consultation de son dossier
auprès du CNSAS qui se retourne vers le SRI, lequel procède
à une analyse et enquête… pour savoir "si la demande menace l'intérêt et la sécurité
nationale".
De cette façon, les
Roumains doivent patienter des mois, voire un ou
deux ans, avant d'avoir
accès à leur dossier qui, de
plus, leur est remis de
façon incomplète. En raison de ces réticences, seulement 10 à 20 000 personnes ont pu jusqu'ici les
consulter, alors qu'on estime à 1,5 millions les
Roumains qui avaient été
Radu Timofte
surveillés par la Securitate.
Autant chercher une aiguille
dans une botte de foin
L'élection de Traian Basescu a toutefois amené le SRI et
son inamovible chef, Radu Timofte, à se montrer plus coopératif. Au moins en théorie. Ainsi a-t-il été décidé, en janvier
dernier, que 12 des 18 km d'archives secrètes encore
conservées au sein de ses services, soit 60 millions de pages,
seraient transférées au CNSAS, dans les entrepôts de ce dernier, qui se trouvent à Popesti-Leordeni, au sud-est de
Bucarest. Les six kilomètres restant qui, selon le SRI, ont trait
à la sécurité nationale, devraient être analysées, avant la fin de
l'année, par une commission conjointe "afin qu'une décision
soit prise quand à leur éventuelle classification". Il faut noter
que les services secrets évitent soigneusement d'évoquer le
nombre de dossiers, mais parlent en kilomètres.
Selon la journaliste Mihaela Rodina, de "Regard francoroumain", "Nombre d'historiens et d'analystes voient dans la
décision du SRI de rendre publics ces documents, après s'y être
opposés pendant quinze ans, un piège tendu au CNSAS, d'autant plus qu'il veut maintenir son monopole sur ces archives en
refusant de remettre les registres et les banques de données qui
permettraient au Conseil de se retrouver plus facilement".
"Retrouver le nom d'un agent de la Securitate reviendra à
chercher une aiguille dans une botte de foin" constate l'ancien
député Ticu Dumitrescu, initiateur de la loi de 1999 visant à
démaquer les membres et collaborateurs de l'ancienne police
politique.
(Lire la suite page 8)
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Les Américains
disposeront de quatre
bases militaires en Roumanie
Vie internationale
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Les cartons rouges
et jaunes de Bruxelles
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Le rapport de progrès dressé par
Bruxelles, en octobre dernier, pour
jalonner le processus d'adhésion de
la Roumanie à l'UE a révélé les
domaines où celle-ci compte ses plus
gros retards, délivrant cartons rouges
et jaunes pour les chapitres suivants:
Libre circulation des marchandises,
Droit des sociétés, Agriculture,
Fiscalité, Politique régionale et instruments structurels, Environnement,
Justice et affaires intérieures.
Plusieurs autres secteurs ont reçu
également un carton jaune, synonyme
d'avertissement : Libre circulation des
personnes, Libre prestation de services, Libre mouvement des capitaux,
Concurrence, Pêche, Politique sociale
et emploi, Politique industrielle,
Culture et politique audio visuelle.
Un représentant
de l'UE à Chisinau
L'UE à installé une délégation permanente en République de Moldavie,
début octobre, son représentant étant
Cesare De Montis. Jusqu'ici elle était
représentée sur place par les ambassades de ses pays membres et
Chisinau dépendait de la délégation
européenne installée à Kiev. Le président moldave, Vladimir Voronine, a
déclaré à cette occasion que l'engagement de son pays en direction de
l'UE était stratégique et irréversible.
Dès le 1er décembre, un contingent de 65 spécialistes de l'UE s’est
installé en République moldave et en
Ukraine dans le cadre d'une mission
à ses frontières. Il s'agit de former
douaniers et garde-frontières à mieux
lutter contre les trafics d'êtres
humains, d'armes, contre la contrebande et de surveiller la Transnistrie.
D
e passage à Bucarest le 6 décembre, pour une courte étape de trois heures,
la Secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a signé un accord avec
son homologue roumain, Mihai Razvan Ungureanu, accordant aux USA
l'usage de quatre bases militaires en Roumanie, moins de deux ans après son entrée
dans l'OTAN.
Après tout juste dix mois de négociations, Bucarest a ainsi devancé Sofia dans ce
qui est une première entre Washington et un ex-pays de l'Est. Les Américains pourront utiliser la base aérienne de Kogalniceanu, la base d'entraînement de Babadag,
toutes deux situées dans le secteur de Constantsa, les zones d'entraînement de Cincu
(près de Fagaras, dans le judet de Brasov) et Smârdan (Galati), mis à disposition aussi
bien des armées de terre, de l'air, ou des forces navales.
Ces bases, qui seront considérées comme territoire américain pendant leur occupation, seront gérées
conjointement par
les Américains qui
assureront le commandement
des
troupes,
et
les
Roumains, celui des
lieux. Elles serviront
à l'entraînement, au
stockage d'équipements et au stationnement de troupes
en cas de besoin et
sont considérées
La visite de Condoleezza Rice au Président Basescu:” Oui, Monsieur
Bush, tout est OK. Il y a une seule chose que je n’ai pas comprise: comme des avantqu’est-ce que c’est bien que cet “axe Washington-Londres-Bucarest ?” postes
pour le
Caricature de Vali
déploiement
de
forces rapides et flexibles. Différentes de celles existant en Allemagne, ces bases ne
disposeront pas de commodités propres, comme des maisons, des écoles, des magasins spéciaux pour les familles des soldats, qui y viendront seuls, pour une durée maximum d'un an. Elle devraient être opérationnelles à l'été 2007.
Les observateurs estiment que, de fait, la Roumanie devient une rampe de lancement pour les futures opérations des USA au Moyen-Orient. L'accord prévoit que les
militaires américains basés dans le pays ne seront justiciables que devant une cour
américaine et ne pourront pas être traduits devant la Cour Pénale Internationale.
Flou autour des prisons de la CIA
La visite de Condoleezza Rice s'est effectuée en plein scandale des prisons clandestines de la CIA en Europe où des détenus suspectés d'actes de terrorisme auraient
pu être enfermés et torturés. Malgré les dénégations formelles de leurs dirigeants, la
Roumanie et la Pologne sont les deux pays les plus suspectés d'avoir abrité ces centres
de détention, en violation totale avec les principes et le droit européens.
Si elles s'avéraient exactes, ces révélations dont le journal Washington Post est à
l'origine, pourraient s'avérer très graves pour l'avenir de la candidature de Bucarest à
l'UE, la Pologne étant épargnée dans la mesure où elle en est déjà membre.
La Roumanie pourrait cependant bénéficier de l'implication de nombreux autres
pays du continent, par lesquels des centaines d'avions de la CIA ont transité… leurs
gouvernants s'efforçant de circonscrire la tempête à un verre d'eau pour échapper au
scandale qui les menace.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
les familles roumaines dans la détresse à garder leurs enfants ont pratiquement cessé
des centaines d'abandons,
taries, s'acharne à redonner l'espoir
Précisons que nous avons réussi à 100 % notre action de
prévention de l'abandon. Mais rester en famille ne suffit pas,
même si c'est essentiel: l'enfant à besoin de nourriture correcte, de jeux (rien à la maison dans ces familles pauvres), d'éducation: il faut voir la joie et la passion des enfants - juste gardés
jusque là - quand on introduit des activités adaptées à leur âge,
qui les font mieux grandir, évoluer.
Nous voudrions continuer. Encore récemment, une directrice de maternelle partenaire, de Baia Mare, nous a demandé
si elle peut toujours inscrire des enfants qui ne peuvent pas
payer le repas (ou seulement 50% au maximum). Nous n'avons
pas pu dire non, c'est trop terrible de renoncer. La plupart des
maternelles dont nous nous occupons sont "à programme prolongé", incluant repas, sieste et goûter, et c'est bien.
Interventions réduites de 200
à 100 enfants, si les dons ne reprennent pas
Tous nos partenaires, motivés et sérieux, sont inquiets:
l'euro a baissé en Roumanie depuis le début 2005, ils savent
que cela nous fait un "trou" important
dans le budget. Et nous leur avons parlé
de l'arrêt des dons. Si nous renonçons,
non seulement près de 200 enfants
seraient très pénalisés mais de plus des
écoles maternelles perdraient du personnel, les crèches où nous agissons fermeraient. Pour l'instant, nous envisageons de
réduire notre intervention à une centaine
d'enfants, si les dons ne recommencent
pas ou si nous n'avons pas de sponsorisations.
Et l'Etat roumain? Quand prendra-t-il
la relève? Evidemment nous attendons
avec espoir le moment où le gouvernement augmentera les allocations familiales, où l'inflation cessera, où le chômage baissera. Bref où la part de population
vivant sous le seuil de pauvreté diminuera sensiblement.
Nous faisons partie du Comité PECO qui regroupe des
associations agissant en Roumanie ou dans d'autres pays
d'Europe continentale, pour ne pas rester isolés. Nous avons
déjà pu discuter avec des responsables nationaux roumains et
comptons encore faire entendre notre attente, notre espoir.
Les collectivités locales nous soutiennent moralement,
parfois un peu matériellement, mais leur budget actuel ne permet pas des aides familiales compensatoires comme en France
(prix de cantine selon ressources, par exemple). Parfois le service social de Sighet, à court de solutions pour un enfant, nous
demande de prendre le cas en charge !
Il y a des aides de l'Union européenne, elles sont le plus
souvent utilisées pour compléter les dispositifs de sortie d'institution, ce qui est aussi très utile.
Psychologie de l'enfant, pédagogie, formation
citoyenne, environnement, francophonie
Que faisons-nous d'autre ? Quelques actions dites de "développement", dans le domaine de l'éducation : psychologie de
l'enfant pour de futurs formateurs à Baia Mare et Sighet, pédagogie avec lecture et CDI en maternelle, expression et francophonie en secondaire, éducation citoyenne des jeunes et écotourisme, éducation à l'environnement.Dans ces cas nous réussissons, à force de dossiers et de démarches, à obtenir quelques
subventions . Et nos partenaires du Maramures s'impliquent de
plus en plus pour préparer des réalisations les moins coûteuses
possibles.
Sans oublier la réciprocité culturelle, pour mieux respecter
nos partenaires et les remercier de leur confiance. Suite à un
article plus ancien, paru dans "Les Nouvelles de Roumanie"
des associations, des organismes ont invité notre amie de
Bucarest, une grande comédienne reconnue, qui vient en France annuellement
nous faire bénéficier bénévolement de son
talent: Genoveva Preda. Les associations,
comités de jumelages, communes, de
France, Belgique et Suisse, peuvent l'inviter à leur tour fin 2006, toujours accompagnée par un musicien de Lorraine également bénévole… Elles ne le regretteront
pas et, quand la tournée est conséquente,
nous pouvons auto-financer un projet
avec l'excédent des recettes.
Alors, si vous voulez en savoir plus, participer, contribuer, écrivez-nous, soit par
lettre à Gradinitsa-RLM 11, rue des
Ducs, 55000 Bar-le-Duc, soit à [email protected] par courriel. Vous
pouvez aussi nous signaler une autre association qui voudrait coopérer, et comme
"l'Union fait la Force" cela aiderait les
deux. Ou une ville qui voudrait mieux connaître l'expérience
pour en réaliser une semblable ".
Lydia Bloch
(présidente de Gradinitsa )
* En Roumanie, on ne disait pas "orphelinat", mais "maison d'enfants" ou "pouponnière" suivant l'âge. Et de fait, il y
avait très peu de vrais orphelins. C'était la solution proposée
par Ceaucescu pour "aider" les familles pauvres et leurs
enfants. Avec des arrière-pensées, mais pas par humanité.
Avec les dégats que cela a causé à jamais du fait de l'abandon,
de l'absence d'identité.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Echanges
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Les Roumains francophones
de Medgidia cherchent
“chaussure à leur pied”.
Cartes d'identité
pour les Roumains
Les autorités roumaines ont modifié les durées de validité des cartes
d'identité (le fameux "buletin") de
leurs ressortissants, afin de tenir
compte des changements de physionomie de leurs titulaires. Désormais,
le premier document sera délivré à
l'âge de 14 ans et sera valable
quatre ans, le suivant jusqu'à l'âge
de 25 ans, ensuite les cartes dureront dix ans, jusqu'à 55 ans, âge à
partir duquel elles seront définitives.
Par ailleurs, ne pouvant s'empêcher décidément de revenir aux pratiques de l'époque de Ceausescu,
ces mêmes autorités ont décidé que
les familles hébergeant une ou plusieurs personnes au-delà de quinze
jours doivent les déclarer à la police
ou à la mairie de leur commune.
Cette durée était de 45 jours auparavant. L'hébergement des touristes est
exempté de cette obligation.
Les Francophones
de Medgidia cherchent
désespérément un partenaire
A
ux portes de la Mer Noire - Constantsa n'est distante que d'une cinquantaine de kilomètres - Medgidia se trouve au cœur de la Dobroudja, de ses
plaines agricoles fertiles, recouvertes de champs de blé, de maïs, de tournesol et de vignobles produisant un vin réputé. Située sur le canal Danube-Mer Noire,
à mi-chemin entre le fleuve et la côte, la ville, dotée d'un port fluvial important, vivante, ensoleillée, est aussi porteuse de traditions.
Medgidia se distingue également par la Francophonie de nombre de ses habitants.
En 1996, "Amis sans Frontières", une association rennaise, aidait à la création de la
bibliothèque francophone "André Gide". Trois ans plus tard, l'Alliance Française de
Constantsa y ouvrait une antenne, devenue un véritable foyer de culture.
Ces initiatives ont trouvé leur aboutissement avec la création en décembre 2004
de l'Association d'Amitié roumano-française FRAROM, présidée par Dumitru
Tomescu. Fondée sur l'exemple de ROMFRA d'Alexandria, qui a développé l'enseignement de l'informatique parmi ses membres et avec laquelle elle entretient des liens
étroits, FRAROM a également une vocation socio-culturelle, ayant engagé notamment une action en faveur des Tsiganes.
La Francophonie reste cependant au cœur de son activité, ses adhérents se montrant impatients de nouer une relation avec une commune française, belge ou suisse.
Aimer une langue, une culture ne peut pas rester éternellement du domaine de la théorie. Medgidia cherche donc un partenaire francophone pour pouvoir échanger, partager, lui faire découvrir la Roumanie de la Dobroudja et apprendre de lui. Jusqu'ici elle
n'a pas trouvé chaussure à son pied, le grand élan de fraternisation franco-roumaine
s'étant estompé. Mais elle ne se décourage pas. Dumitru Tomescu a fait le voyage
depuis la Mer Noire pour assister au dernier congrès d'OVR-France qui s'est tenu
début novembre près de Bourg en Bresse et faire passer son message. Avec cette
inquiétude: la flamme francophone de ses adhérents pourrait bien s'éteindre s'ils se
retrouvaient désespérément seuls à l'entretenir.
Alors, si une commune ou une association cherche un partenaire roumain… qu'elle n'hésite pas à s'adresser à Dumitru Tomescu, FRAROM Medgidia, strada
Republicii n° 5, 905600 Medgidia, Judet Constantsa, Roumanie. Tel: (00 40) 241
814 580, fax: (00 40) 241 814 580, e-mail: [email protected] .
Opération Villages Roumains 01 - Inondations
réussie:"Un poêle pour une maison détruite "
T
out au long de l'automne, à l'appel de OVR- Roumanie, une collecte de
fonds a été réalisée afin d'acheter des poêles en céramique pour les sinistrés des inondations qui, de mars à l'automne, ont provoqué des dégâts
considérables en Roumanie. De retour d'un séjour sur place, un petit groupe de
copains du département de l'Ain avait décidé d'essayer de répondre à cette situation
urgente.Ainsi fut lancée l'idée d'organiser un concert de solidarité, sous l'égide de
OVR 01… La concrétisation de ce projet a nécessité le soutien et la motivation d'un
certain nombre de personnes et institutions dont cinq groupes de musiciens qui ont
accepté de se produire gratuitement à Buellas le vendredi 21 octobre 2005. La municipalité et la SACEM ont accordé une gratuite totale pour la location de la salle et les
droits d'auteurs, la sonorisation étant également prise en charge.
La conjonction de toutes ces bonnes volontés, la présence d'un public nombreux
et le geste de généreux donateurs ont permis le succès de la soirée qui a dégagé un
bénéfice de 3000 €, versé totalement à OVR Roumanie, comme, s'y étaient engagés
ses organisateurs. Les fonds collectés ont été distribués directement aux familles roumaines sinistrées sous forme de matériaux ou de main d'œuvre.
Un pari réussi pour une aide humanitaire urgente !
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
circuler librement en Europe ? Suis-je un paria ? Ai-je la gale ?"
face aux restrictions imposées aux Roumains pour voyager
"Que suis-je… un enfant,
une personne entretenue, sous tutelle?"
ser civilisée, européenne. Je suis moi-même un pro occidentaliste convaincu.
Arrivée en Roumanie, l'invitation est à nouveau légalisée,
ce qui signifie perte de temps, énervement et encore de l'argent. A la douane, l'invitation représente une humiliation de
plus, encore plus blessante que celle de montrer son argent:
que suis-je, un enfant, une personne entretenue, une personne
sous tutelle ? Pourquoi diable, dois-je passer par tout cela ? Je
suis un homme libre et digne. Les visas ont été supprimés. La
prison communiste a disparu. Pour quelle raison ne puis-je circuler librement, en tant que touriste ou autre chose ? Sommesnous tous devenus fous ?
Je qualifie de fascistes, discriminatoires, humiliants pour
le peuple roumain et pour chaque citoyen les nouveaux règlements concernant la sortie du pays. Aucune considération pratique ne peut justifier ces excès et restrictions dignes d'un régime totalitaire.
Le fait qu'ils aient été imposés, demandés ou même
suggérés par les autorités européennes ne les rendent pas
moins odieux. Personnellement je ne pense pas que l'Europe a
besoin d'un état accepté par pitié, habité par des citoyens de
deuxième catégorie, comme partenaire qu'elle pourra respecter
en toute circonstance.
Quant aux autorités roumaines, responsables de cette loi,
je ne peux malheureusement que constater leur obéissance,
leur "absence de colonne vertébrale" devant leurs partenaires
occidentaux. L'adoption des standards européens et la synchronisation des lois sont une chose, et elle est louable. Nous
devons avoir des institutions européennes et une façon de pen-
"Un retour à l'ancienne prison
où nous avons vécu la moitié de nos vies"
Mais je ne crois pas qu'il s'agisse d'adopter sans discuter
(et même en y rajoutant encore, par excès de zèle, comme c’est
le cas actuellement) des mesures qui affectent de façon directe l'honneur de nos citoyens.
Nous ne serons pas acceptés plus facilement par l'Europe
en tant que personnes sous tutelle d'un Européen de l’Ouest
nous prenant en pitié ou en montrant notre portefeuille à la
frontière. Ou alors, si nous étions acceptés, nous resterons
ainsi : humiliés, dans un coin, affichant un sourire servile sur
notre visage ….
J'attire l'attention de Monsieur le Ministre des Affaires
Etrangères (que je sais être un homme charmant et intelligent)
sur la situation déplorable des frontières de la Roumanie, des
milliers de citoyens refoulés, sur le non respect de la libre circulation des roumains dans le monde.
Car le fait d'arrêter chacune de ces personnes ne se réduit
pas à cet acte, mais entraîne comme conséquence l'empêchement de la libre circulation des marchandises, des idées, des
technologies, des valeurs, de tout ce qui est roumain, et tout
simplement humain.
C'est un retour non mérité et tardif à l'ancienne prison dans
laquelle nous avons vécu la moitié de nos vies.
Mircea Cartarescu
(Traduction de Karine Humbert)
"Je ne suis pas voulu dans le pays que j'aime tant"
R
eliance", la revue d'OVR
Belgique a publié dans son
numéro d'octobre le témoignage suivant, cri désespéré d'un
Roumain à ses amis français qui l'avaient
invité à participer à une manifestation
franco-roumaine importante où il devait
intervenir en tant que conférencier :
"…Chers amis ,
L'Europe est changeante et incorrecte vis a vis de notre pays. J'ai acheté déjà
il y deux mois le billet d'avion allerretour (Paris), plus le billet de bus allerretour jusqu'a Budapest (argent mis à ma
disposition par Mr. M.M., l'organisateur
des Conviviales Bressuire-Hodac, où je
devais conférencer sur l'intégration de
notre pays en Europe, les minorités, la
période Ceausescu, etc.).
J'avais mis de côté les 1500 euros
(100 euros/jour pour l'espace Schengen,
c'était la règle), et voilà que depuis hier
(1er octobre), l'Europe occidentale a
changé les règles du jeu sans nous avertir!!! On n'a plus besoin d'argent (que 30
euros/jour), mais il faut montrer un "vaucher" (comme preuve que tu as payé l'hôtel et le resto en France) ou une invitation
officielle, invitation visée par la mairie,
en original, et qui doit ensuite être traduite en roumain et visée par un notaire
roumain pour être présentée à la douane
de cet espace Schengen!!! Depuis hier,
beaucoup de Roumains sont retournés à
la maison, de la douane. Même les vieux
parents qui allaient visiter leurs enfants
de l'Ouest. C'est affreux! C'est comme
pendant Ceausescu. Je suis très, très malheureux en ce moment! Nous sommes
damnés! Nous ne sommes pas voulus ni
chez vous, ni ailleurs!
Je ne suis pas voulu dans le pays que
j'aime tant! Il est impossible de demander, recevoir, traduire et notifier une invitation officielle et originale de Bressuire
dans les neuf jours qui restent jusqu'à
mon départ le 12 octobre Je vais essayer
quand même d'aller jusqu'a la frontière et
expliquer mon cas. Mais j'ai une chance
sur dix! Mon voyage est compromis et
s'ils m' empêchent de passer, je n'irai
plus jamais de ma vie vers en Occident.
Je passerai tout le reste de mon temps
libre là où je serais bien reçu ou en
Roumanie.
Je n'aime pas, en général, les gens
qui changent d'avis tout d'un coup, mais
je vois que même le plus civilisé et démocratique continent du monde peut le faire.
Amère déception!
Je m'en vais boire un café costaud
pour refaire mon moral...
A bientôt! "
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Vie internationale
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BUCAREST
Schengen:
retour
à la case départ
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Connaissance et découverte
Une bonne tsuica se reconnaît
à son collier de perles fines
Traditions
La colère de Mircea Cartarescu
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SUCEAVA
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TURDA
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BAIA MARE
ORADEA
"Pour quelle raison ne puis-je
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Si, désormais, les Roumains ne
doivent plus présenter qu'une
somme de 30 euros par jour de
séjour pour pouvoir pénétrer dans
l'espace Schengen, au lieu des 100
euros exigés précédemment, en
contre-partie, ils sont contraints de
posséder une invitation qu'ils doivent
faire légaliser dans leur propre pays.
La suppression des visas
Schengen, entrée en vigueur en janvier 2002 et qui permettait aux
Roumains de voyager librement à
travers leur continent, n'était donc
qu'un leurre. Plus même : ceux-ci
doivent obtenir l'aval de leurs autorités pour quitter leur pays… tout
comme il leur fallait se rendre à la
police sous Ceausescu. Ainsi, trois
ans après avoir caressé ce beau
rêve de voir tomber les barrières, se
retrouvent-ils aujourd'hui à la case
départ.
A quelques mois de leur entrée
dans l'Union Européenne, les
Roumains sont considérés comme
des citoyens de seconde zone, ce
qui provoque humiliation et amertume devant le double langage utilisé à
leur encontre par les pays occidentaux. Ainsi, subissant d'un côté les
tracasseries et vexations frontalières,
Mircea Cartarescu, dont nous
publions la tribune ci-contre, était-il,
de l'autre, un des douze écrivains
roumains invités et honorés par la
France en novembre dans le cadre
des "Belles Etrangères", manifestation destinée à faire connaître la
richesse de la littérature roumaine au
public francophone.
R
evoilà l'ancienne prison "… Sous
le titre de cette tribune libre
publiée dans "Jurnalul National"
et reprise par notre ancien confrère "La
Roumanie aujourd'hui", Mircea Cartarescu,
un des plus grands écrivains contemporains
roumains, laisse éclater sa colère contre les
mesures de restriction à la libre circulation
prises par son pays à l'encontre de ses ressortissants, à la demande de l'Union Européenne.
"L'humiliation d'être suspecté"
Je ne voudrais pas fatiguer le lecteur en
énumérant les raisons de mon mécontentement personnel. Je tairai donc le récit des
innombrables humiliations dont j'ai souffert en traversant les frontières vers l'Europe
et en Europe, durant les quinze dernières années. Toutes les files d'attente dans lesquelles j'ai piétiné, le nombre de fois où j'ai du courir pour me procurer un extrait de
casier judiciaire, les légalisations et supra légalisations des papiers nécessaires au visa,
comment j'ai été arrêté et contrôlé comme un voleur lorsque je passais d'un pays à
l'autre, uniquement parce que j'avais un passeport roumain…
Il semblerait que selon un certain morceau de papier (dont le nom est:
"Déclaration des Droits de l'Homme") n'importe quel être humain a le droit de voyager librement et de rester là où il en a envie. En réalité le chauvinisme est encore présent dans ce monde chargé d'histoire, et nous, une des nations les plus lourdement
lestée de clichés négatifs, le ressentons très fortement en notre propre chair. Je sais que
beaucoup de Roumains ont volé et ont mendié en Europe, qu'ils ont dormi sous les
ponts et travaillé au noir.
Mais le monde démocratique devrait apprendre au moins une chose, c'est qu'il
n'existe pas de faute collective. Moi je ne voyage pas dans le monde ni pour voler, ni
pour mendier. Pour quelle raison dois-je souffrir de manière permanente l'humiliation
d'être suspecté ?
"Comme si on nous demandait
de nous mettre nus en passant la frontière"
Pour quoi faut-il qu'au moment de sortir du pays, les roumains doivent "prouver"
qu'ils ont de quoi vivre à l'étranger, même si les visas ont été supprimés et la libre circulation garantie ? Quel citoyen américain, belge ou autrichien se voit obligé d'apporter cette preuve ? Qui est-ce qui a le droit moral de regarder dans mon portefeuille
pour voir si j'ai de quoi vivre ? Rien ne peut justifier ceci. C'est profondément humiliant, comme si on nous demandait de nous mettre nus en passant la frontière. Si nous
connaissions nos droits, nous devrions protester en tant qu'individus, en tant que
nation.
Plus encore, pour quoi faut-il que nous prouvions avoir un billet de retour ? Quel
peut bien être celui qui va imaginer que j'ai décidé de rester à l'étranger comme touriste ? Suis-je un paria ? Ais-je la gale ? Il semblerait que oui.
Donc : je montre à la douane que j'ai de quoi vivre là où je vais. Je montre que je
suis décidé à revenir. Si je n'ai pas d'argent il me faut une invitation de la part d'un
citoyen étranger (c'est-à-dire un homme pour de vrai, et non pas un vaurien comme
moi) disposé à m'héberger. Savez-vous ce que cela signifie ? La personne en question
doit aller au commissariat ou chez un notaire et faire légaliser l'invitation. Ceci lui
occasionne des frais. L'invitation est transmise par la poste rapide, ce qui occasionne
encore des frais.
E
dures, ce qui donne une palinca plus claire. Celle-ci prend
lément incontournable dans nos relations avec la
alors son odeur spécifique. Si on secoue la bouteille, des perles
Roumanie, la tsuica (alcool de prune) n'est pas seude petite taille apparaissent. Ce sont en fait des bulles qui perlement un espace de convivialité qui facilite la
mettent de déterminer de façon empirique, sa teneur en alcool.
communication lors des visites chez les amis roumains ou le
Dans le Bihor, la palinca se doit de titrer plus de 50°. Si les
cadeau que l'on ramène… c'est aussi une monnaie d'échange
perles sont trop grosses, le produit est trop fort et ne sera pas
qui passe de main en main sans jamais se dévaluer.
bon. Une bonne palinca doit donc présenCette eau de vie, qui prend le nom de
ter une enfilade de perles fines.
rachiu ou de palinca, suivant les régions,
La plus recherchée des palincas du
nécessite un savoir- faire certain dans la
Bihor
est celle faite avec des cerises
délicate étape de la transformation des
noires
amères.
Cette année, il n'y en a pas
fruits en eau de vie. Les maîtres bouilleurs
eu.
Une
gelée
de
printemps a compromis
du Bihor (Oradea) disent qu'une palinca de
la
récolte
de
cerises,
d'abricots, de
bonne qualité se reconnaît à l'odeur des
pommes
et
de
pêches.
fruits dans la paume de la main.
La palinca de pêches n'est pas la plus
Ghise Florian de Tulca, maître
appréciée
des buveurs d'alcool. Elle n'est
bouilleur qui a appris le métier avec son
pas consommée ainsi. Elle se met sur la
grand-père, préconise même de frotter ses
table seulement pour des invités de
mains après y en avoir versé une goutte et
marque ou la gent féminine, au goût délide les humer profondément. Pour fabriquer
“Tu dis que, vous les Hongrois, cat. Le litre de bonne palinca, qui forme
sa palinca, il pratique une méthode de
quand vous êtes arrivés en Transylvanie,
moins en moins utilisée. Après avoir distilil n’y avait personne ? des petites perles et sent la prune saine, se
Evidemment... on était tous partis faire vend 4 €. La palinca de pêche, plus forte,
lé l'alcool deux fois dans l'alambic (la
bouillir la Tsuica !”
se négocie à 8 € 50. Un petit rappel: l'alseconde à feu doux), il le filtre une derniècoolémie au volant, en Roumanie, c'est 0,00 gr/litre de sang…
re fois à travers du charbon de bois, choisi dans des essences
Humour
Exemple à suivre
Traian Basescu, connu pour être un
élève médiocre (le Président n'a jamais
reçu de prix pendant sa scolarité), se fait
remonter les bretelles devant la classe par
son institutrice :
- Ecoute Traian, tu es insupportable,
toujours en train de parler, de faire des
bêtises, du scandale; tu fumes dans les
WC; tu parles mal, tu ne connais pas ta
langue. Rien ne t'intéresse, ni les maths,
ni l'histoire, ni la géographie, ni le roumain; tes parents sont catastrophés!
J'aimerais bien savoir à qui tu ressembles… Tu penses à ton avenir ? Dismoi un peu… qu'est-ce que tu veux être
quand tu seras grand ?
- Nicolae Ceausescu, madame la
maîtresse.
Sexisme
Ion et Cornel discutent dans un bistrot devant une bière. Ion dit à son ami :
- Tu sais que j'ai lu dans une revue
Blagues à la roumaine
scientifique que la bière contenait des
hormones féminines ?
- Qu'est-ce que tu me chantes là ?
- Ecoute, c'est vrai… j'en ai fait moimême le test, la semaine dernière. Je suis
venu ici et j'ai commandé 30 demis et
bien, tu peux me croire, le résultat était
sidérant :
J'avais le sentiment d'avoir pris du
poids; je bavardais sans arrêt pour ne rien
dire, sans pouvoir tenir un raisonnement
qui tienne debout, et, en outre, je m'entêtais à ne pas reconnaître que j'avais tort
quand c'était évident. Tous les cinq
minutes il fallait que j'aille aux toilettes
et, en plus, en me faisant accompagner !
Et quand je suis rentré chez moi, je roulais à trente à l'heure en rasant les bascôtés.
Logique
Ion et Maria divorcent et se disputent
devant le juge pour obtenir la garde de
leur fils.
Maria :
- Monsieur le Juge, c'est moi qui l'ai
mis au monde; C'était très dur… Il me
revient.
Le juge se tourne vers Ion :
- Qu'est-ce que vous en dites ?
Ion réfléchit longuement et répond :
- Monsieur le Juge, si vous mettez
une pièce de monnaie dans un distributeur de boissons et qu'en sort une bouteille de Coca-Cola, à qui est-elle ? A la
machine… ou à vous ?
Terroristes malins
Deux policiers oltènes regardent un
énorme Boeing se poser sur l'aéroport de
Craiova.
L'un hoche la tête et dit :
- Je ne comprends pas comment un
terroriste peut arriver à détourner un
avion si grand…
Son collègue lui répond :
- Ne t'en fais pas… ils sont malins.
Ils ne le détournent pas quand il est au
sol. Ils attendent qu'il soit dans le ciel,
quand il est devenu tout petit.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Bomba… bombin…
Histoires vraies
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Madalina
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De France en Roumanie, on ne
va pas encore d'une seule traite:
frontières obligent. Et alors il se passent parfois des choses étonnantes.
Ainsi, Madalina, une jeune infirmière, fut un jour à Nîmes, avec la
nécessité de retourner en Roumanie.
"J'avais juste l'argent pour le bus",
nous a-t-elle dit, "et l'hôpital exigeait
que je rentre tout de suite. J'ai donc
décidé d'aller tout d'abord à Paris en
TGV. Je savais où retrouver là un
gars de mon village qui m'avait proposé de rentrer avec lui en voiture.
En fait, ils étaient deux. À la frontière
autrichienne, contrôle. Dans mon
dos, l'un des deux me tend une
sacoche "trop sale", d'après lui. Les
douaniers venaient de me dire:
"Vous, pas de problème, vous pouvez aller si vous voulez..."
Finalement, ça s'est arrangé.
Dans un sac, les douaniers avaient
trouvé plus de 300 téléphones portables. Contre 2000 marks, ils ont fait
comme s'ils n'avaient rien vu. En
Hongrie, de nouveau... Les deux ont
encore payé ce qu'il fallait. Bon, j'ai
voulu savoir ce qu'il y avait dans la
sacoche soi-disant "trop sale". On l'a
ouverte: elle était pleine d'argent: des
francs français, des marks, des dollars... Arrivés à la frontière roumaine,
mes compagnons ont téléphoné à
quelqu'un. Puis ils m'ont dit: "Faut
attendre cinq heures avant que notre
copain prenne son service." On a
attendu. Quand le gars est venu, il
s'est mis à... crier, à les engueuler !
Je n'y comprenais plus rien, et ça se
voyait. L'un des deux m'a fait un clin
d'œil: "Cinéma..." qu'il a dit. Et nous
avons passé sans problème..."
es premières visites dans un pays que l'on ne connaît pas sont l'occasion de
quiproquos et de situations cocasses qui alimentent plus tard les conversations entre étrangers devenus amis, sur fond, le plus souvent d'éclat de
rires. Et cela dans les deux sens. Ainsi en est-il pour Robert, qui heureux de retrouver
son ami Léonard, dans sa petite commune de Humor, et épaté par la conduite sportive de sa Dacia entre les innombrable trous parsemant le chemin menant à sa fermette, lui lance sous forme d'un compliment: "Alors toi, tu es le Prost du village!".
Léonard ignorait l'existence même du champion automobile… et Robert que "prost"
signifie idiot en roumain.
Adelina, professeur de français en vacances chez des amis nantais, était flattée, à
juste titre, des compliments que tout le monde lui faisait sur la maîtrise de la langue.
Pourtant elle était chiffonnée de ne pas comprendre une expression qui revenait souvent, et lui paraissait donc importante: "Bon ben, à tout à l'heure", "Bon bah, c'est
comme çà", "Bon bein, je repasserai plus tard". Ne voulant pas révéler son ignorance
devant ce mot si usité de la langue française, elle se plongea quasi clandestinement
dans tous les dictionnaires à portée de main, faisant chou-blanc. En désespoir de
cause, elle se résolut à demander à ses hôtes la signification de ce "bomba" ou "bombin" qui ne figurait ni dans le Larousse, ni dans le Robert…
P
Une chambre à l'Hôtel de police
our Marius et Roxana, la première découverte de la France,
dans leur Dacia, releva de
l'aventure. Demandant leur chemin, on
leur expliqua qu'il fallait prendre le premier feu à droite, puis tourner au second
feu à gauche. "Drôle de pays" se direntils, mais après tout, comme la télévision
roumaine se faisait un plaisir de montrer
chaque été les incendies de forêts qui
ravageaient ce pays capitaliste…
Une demi-heure plus tard, ils tournaient encore dans le quartier à la
recherche des camions de pompiers qui
devaient leur permettre d'arriver à bon
M
port. "Feux" se dit usuellement "sémaphore" en roumain, du grec "séma"
(signe) et "phoros" (qui porte) et est le
terme scientifique approprié, même en
français.
Les surprises du couple ne s'arrêtèrent pas là. A la recherche d'un hôtel coûtant le moins cher possible, il en repéra
un dont l'état de vétusté avancée leur
assurait d'être en phase avec leur maigre
budget. C'est ainsi qu'à l'Hôtel de police
de Nantes, on n'en revient pas encore de
la visite de ces deux Roumains, venant,
d'eux-mêmes, demander une chambre
pour la nuit !
Ne pas confondre saucisse et chipolata
aurice est un habitué de la Roumanie, mais, trop poli, il a mesuré le sens
de l'hospitalité roumaine à ses dépens. Depuis son enfance, il avait
appris à toujours terminer son assiette quand on était invité, la nettoyant
consciencieusement avec un morceau de pain.
Les Roumains ne font pas autant de manières et pour ses amis, cela voulait dire
qu'il avait apprécié le plat servi et en redemandait, malgré ses "non, merci" que l'on
prenait pour des coquetteries de Français. A la quatrième écuelle remplie de ciorba,
les précédentes ayant été tout autant soigneusement léchées, il cala et bien qu'ayant le
sentiment de commettre une impolitesse la laissa à moitié pleine… ce qui le sauva de
l'indigestion.
Invité quelques jours plus tard à un "gratar" (grillades), son hôte lui demanda ce
qu'il voulait. Maurice désigna une côte de porc et, découvrant des longues saucisses
minces qu'il affectionne, il ajouta "chipolata", espèce inconnue en ces lieux… provoquant le regard ahuri de son ami roumain qui comprit bien évidemment "si (chi)
pula (poula) ta" ("Et ta pula", ce dernier terme étant un des mots les plus utilisés du
vocabulaire roumain, notamment dans les jurons, désignant sous une forme vulgaire
le pénis).
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Traian Basescu en France
un président français et roumain n'avait été aussi glaciale"
les mains vides à Bucarest. Le Président français a refusé de
dire quand le Parlement de son pays va ratifier le traité d'adhésion de la Roumanie à l'UE. C'est un peu fort de voir la France
refuser de prendre part à la fête du succès de sa petite sœur
alors qu'elle y a contribué de façon majeure.
dance de l'Europe face aux USA, cette déclaration était mortelle. C'est un peu comme si Chirac venant à Bucarest disait
quelque chose du genre: "La Transylvanie est hongroise et elle
a été occupée par les Roumains ".
"Des provocations à l'égard de la France"
"Malgré tout, les relations
restent solides et saines"
Ce n'est pas difficile d'imaginer ce qui a conduit Chirac à
avoir ce comportement. Les positions et gestes du Président
Basescu depuis son élection peuvent être considérés de bon
droit comme des provocations à l'égard de la France.
En dehors du fait que le président français n'a sans-doute
pas oublié le commentaire de celui qui n'était encore que maire
de Bucarest, l'an passé, lors de la visite en Roumanie de son
Premier ministre Jean-Pierre Raffarin - "Il est venu chercher
son pourboire" - les déclarations absurdes et répétées de
Basescu sur l'axe Washington-Londres-Bucarest, l'Irak,
l'Ukraine et la Mer Noire, sont autant d'arêtes qui ont dû rester
dans la gorge de Chirac. Et même si celui-ci avait oublié, le
titre de l'interview de Basescu dans "Le Figaro", le matin
même de son entrevue à l'Elysée - "L'Europe ne peut assurer
seule sa sécurité" - lui aura remis en mémoire.
Pour la France, dont toute la politique, intérieure et extérieure, depuis 50 ans et sa bombe nucléaire de l'atoll de
Mururoa, est centrée sur la défense, la sécurité et l'indépen-
Face à ce camouflet, il n'est pas étonnant que Chirac ne se
soit pas empressé de communiquer la date de ratification du
traité. On peut espérer que, comme tout grand homme politique, il n'oubliera pas sa contribution personnelle au processus d'adhésion de la Roumanie et se souviendra de l'attitude de
Mitterrand.
L'échec de la visite du président Basescu à Paris a toutefois un aspect positif: elle a permis de tester dans des conditions réelles la résistance à la rupture des relations privilégiées
franco-roumaines alors qu'elles traversent une période de glaciation sans précédent. Et la bonne nouvelle, c'est qu'elles ont
montré qu'elles étaient solides et saines. Les commentaires de
la presse française ont été positifs à l'égard de la Roumanie et
ceux des chefs d'entreprises français allaient dans le même
sens. Les investissements massifs faits par la France dans
notre pays, les relations commerciales, les excellents liens culturels permettent d'aller plus loin, indifféremment de la température des relations politiques au plus haut niveau".
"Basescu a voulu aller plus loin que les déclarations d'amitié"
J
ournaliste à Paris au département
roumain
de
Radio-France
International, Tudor Tepeneag a
jugé, lui, de manière plutôt positive la
visite du Président Basescu en France
dans les colonnes du quotidien
"Cotidianul" dont il est le correspondant, titrant son article "Basescu,
l'Atlantiste francophile".
"A l'occasion de sa visite à Paris, le
président roumain, qui avait fait preuve
jusqu'ici de la fermeté de son caractère et
de ses idées, a montré aussi qu'il pouvait
être flexible et pragmatique. Pour obtenir
un geste de bonne volonté du président
Chirac, fâché de l'attitude pro-américaine
de Bucarest, et s'assurer le vote de ratification de l'adhésion de la Roumanie à
l'UE auprès du Parlement français, Traian
Basescu ne s'est pas contenté de
reprendre les termes traditionnels de
l'amitié franco-roumaine.
Il est allé plus loin, affirmant qu'il
n'existait pas d'alternative pour la
Roumanie à l'entrée dans l'UE dès 2007
et cherchant à accréditer l'idée selon
laquelle la Roumanie peut apporter une
plus grande puissance au moteur
européen franco-allemand.
Le chef de l'Etat s'est rallié ouvertement à la conception française, déclarant:
"Nous voulons une Union Européenne
forte qui ne soit pas un simple marché
commun et qui dispose d'une politique
extérieure et de défense commune".
Traian Basescu a cité deux zones du
continent où la Roumanie peut jouer un
rôle stabilisateur: les Balkans et la Mer
Noire, notant l'intérêt grandissant que la
diplomatie européenne et Paris montraient dans ce dernier cas.
Corruption: scepticisme
Jacques Chirac a d'ailleurs abordé la
question du Kosovo lors de l'entretien,
engageant son interlocuteur à renforcer la
position de la France dans le cadre de la
politique suivie par l'UE.
Le président roumain a été moins
convainquant sur le chapitre portant sur
les efforts que son pays doit faire pour
satisfaire aux exigences de Bruxelles en
vue de l'adhésion en 2007.
Si la signature du contrat de 500 M€
conclu avec le groupe EADS pour la
sécurisation des frontières roumaines
avant l'adhésion, afin de lutter contre
l'immigration clandestine et les réseaux
de trafiquants, a pu rassurer, l'évocation,
sur le ton de la plaisanterie, des dernières
statistiques de la BERD (Banque
Européenne Régionale de Développement), indiquant complaisamment que le
niveau de corruption avait baissé, n'a
guère fait illusion devant l'incapacité de
Bucarest à combattre ce phénomène au
plus haut niveau.
Dans ce domaine, le principe adopté
de facto par les autorités roumaines, mais
non affirmé officiellement, paraît davantage être de laisser faire et laisser dire jusqu'à l'entrée dans l'UE et, dans l'attente,
de s'en remettre au vieux dicton "les
chiens aboient, la caravane passe".
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
La visite de
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SLOBOZIA TULCEA
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Froid persistant
entre Paris
et Bucarest
2
La France a toujours du mal à
avaler le tournant résolument atlantiste engagé par Traian Basescu. Ce
dernier avait d'ailleurs marqué la fin
des liens spéciaux entre les deux
pays dès sa prise de fonction, ne
réservant pas sa première visite à
l'Elysée, comme c'était le cas auparavant, mais au 10 Downing street et à
la Maison Blanche. Il aura fallu
attendre plus de dix mois pour qu'il
effectue le voyage sur les bords de la
Seine.
Depuis, la réaffirmation répétée de
la prééminence d'un axe WashingtonLondres-Bucarest, de l'engagement
en Irak, l'annonce de l'installation prochaine de bases américaines en
Roumanie, ont été autant de sujets
qui ont fâché à Paris, soutien pourtant inconditionnel à l'entrée de sa
petite sœur dans l'OTAN et l'UE.
Les autorités françaises se montrent d'autant plus ulcérées que les
déclarations ou attitudes du président
roumain heurtent souvent leur susceptibilité. Alors que Bucarest doit
accueillir le sommet des soixante
chefs d'Etat et de gouvernement des
pays francophones, fin septembre
prochain, et ce pour la première fois
sur le continent européen en dehors
de la France, Traian Basescu s'est
singularisé en prononçant, en octobre
dernier, le discours de l'ouverture de
l'année de la Francophonie en
Roumanie… en anglais ! Provocation
ou faute de goût… on se le demande
encore au Quai d'Orsay, où l'on commence à nourrir quelques inquiétudes
au sujet de ce grand rendez-vous.
L
a visite officielle du Président roumain à Paris, les 21 et 22 novembre, n'a
pas apporté les résultats escomptés en termes de réchauffement des relations entre les deux pays. Elle s'est achevée sans qu'il n'y ait de déclaration
commune, contrairement à l'habitude, et sans que soit précisé le principe d'une visite
officielle de Jacques Chirac en Roumanie à l'occasion du sommet de la Francophonie,
prévu fin septembre prochain. De ce voyage présidentiel, deux journalistes roumains, Bogdan
Chiriac et Tudor Tsepeneag, ont tiré dans leurs
articles des conclusions pratiquement diamétralement opposées que vous pouvez découvrir ci-dessous et ci-contre. Bogdan Chiriac, éditorialiste au
quotidien "Gândul", se montre chagriné par ce
qu'il juge être l'échec de la rencontre ChiracBasescu, ce qui ne manque pas de l'inquiéter.
"Chirac a toujours été à nos côtés"
Le Président Basescu privilégie
“l’axe Washington-LondresBucarest” qu’il a inventé.
"Au cours de ces quinze dernières années,
jamais un président roumain n'avait eu une rencontre aussi glaciale avec son homologue français que lors de l'entretien à l'Elysée entre le Président Basescu et le président Chirac. L'histoire post-décembriste (après la "Révolution" de décembre 1989)
abonde en situations difficiles pour notre pays où la France a volé à notre secours,
comme cela s'est passé en 1918 pour la naissance de la "Grande Roumanie".
Immédiatement après la "Révolution", le Président Mitterrand, un des pères de
l'Europe, a été le premier chef d'Etat à venir à Bucarest pour s'entretenir avec Ion
Iliescu. Il a fait çà pour la Roumanie et non pas pour le dirigeant qu'elle avait alors,
moyennant quoi il a dû affronter avec stoïcisme les critiques de la presse de chez nous
et les lazzi des étudiants de Bucarest: "François Mitterrand est l'ami des assassins".
On ne sait pas si son successeur, Jacques Chirac, figurera ou non en bonne place
dans les livres d'histoire français… mais ce qui est sûr, c'est qu'il est déjà une grande
figure dans ceux de Roumanie. C'est lui qui, en 1997 à Madrid, a soutenu jusqu'au dernier moment l'entrée de la Roumanie dans le club occidental et dans l'OTAN. C'est
grâce à son obstination à nous sortir de cette zone grise où nous végétions qu'il a réussi, en l'espace d'une nuit, à coaliser tous les états occidentaux européens pour surmonter l'opposition américaine à notre adhésion, Washington ne nous considérant pas
comme un potentiel allié.
Cela n'a pas marché immédiatement mais, en fin de compte, notre pays est rentré
dans l'OTAN lors de la réunion suivante à Prague. C'était la première fois qu'un pays
important montrait au monde que la Roumanie avait sa place en Occident. C'est toujours Chirac, avec l'aide de Blair, qui a aidé au démarrage des négociations pour notre
adhésion à l'Union Européenne, en décembre 1999 à Helsinki.
Pas de conférence de presse commune
Depuis quinze ans, quelque soit la couleur de notre gouvernement et quelque soit
celle du gouvernement français, nous avons toujours trouvé la France à nos côtés. Le
geste du Président Chirac de ne pas accompagner Traian Basescu lors de la traditionnelle conférence de presse commune suivant la réception d'un chef d'Etat étranger est
révélateur de la détérioration de nos relations. En diplomatie, les gestes des Français
ont une signification et une précision mathématique. Par exemple, au cours d'un repas,
si un ambassadeur de France quitte la table avant le café, on peut en déduire tout de
suite qu'il s'agit d'un incident diplomatique.
L'attitude sans équivoque de Chirac représente sa grande réserve à l'égard de
Basescu. Non seulement il l'a pratiquement mis à la porte, mais celui-ci est rentré
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22 décembre 2005
Les NOUVeLLes
de ROUMANIe
Numéro 33, janvier - février 2006
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
Siège social, rédaction :
8 Chemin de la Sécherie
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Tel. : 02 40 49 79 94
E-mail : [email protected]
Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
Karin Humbert, Bernard
Camboulives, Michel Roussseau,
Martine et Jean Bovon-Dumoulin,
Ovidiu Gorea, Alain Chotil-Fany,
Marc Chesnel, Albert Echilley, Noël
Tamini, Michel Dion, Lydia Bloch,
Mihaela Ionitsa, Nicolae
Dragulanescu.
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises et
francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de
documentation ADICA.
Impression : Helio Graphic
11, rue Louis Armand
44 980 Sainte-Luce
Numéro de Commission paritaire:
1107 G 80172
ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro: mars 2006
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Numéro 33 - janvier - février 2006
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Viking des temps modernes
Claude Aubé, le Normand,
a mené sa barque à bon port
NOUVeLLes
ROUMANIe
Les
L
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a Roumanie est un pays dont j'ai rapidement senti
qu'il allait me devenir incontournable... Pourquoi ?
Je ne sais... ou je le sais trop, ses paysages, ses
femmes, son authenticité, l'accueil de ses habitants, connus ou
de rencontre.... Je ne vis qu'avec mes émotions et mes désirs profonds et je n'ai que des rêves raisonnables... et puisque j'avais
l'ambition maintenant d'aller vivre les bonnes années de ce qui
me reste à vivre dans un pays accueillant et ami... j'ai choisi celui-là "…
Ainsi commence l'aventure de Claude Aubé (photo ci-dessous), marin par passion, et qui
avait décidé qu'il partirait avec son "Bananec Blue" - son troisième bateau depuis 1981 - pour
goûter une retraite heureuse sur la mer. La découverte de la Roumanie, en 1997, bouleversa ses
projets. Mais, le Normand n'entendait pas pour autant cesser de naviguer. Heureusement, la
Roumanie possède une façade maritime: Mare Neagra, la Mer Noire, le Pont-Euxin des Anciens
(en grec Euxeinos Pontos, "mer hospitalière"). Alors, après avoir lu un article dans un magazine à propos des Vikings qui l'avaient
rejointe depuis le nord du continent en utilisant le Danube sur l'ensemble de son cours, le projet a germé de mener son "Bananec
Blues" jusque là, sans connaître exactement le nombre de kilomètres et d'écluses à franchir... la difficulté majeure étant le tirant
d'eau de son bateau (1.80m), à la limite supérieure de celui permis sur les canaux.
Claude Aubé aurait bien pu décider d'aller jusque là par la route naturelle, Atlantique, Méditerranée, Mer Noire... Mais, ayant
vécu à Strasbourg, il avait envie de revoir cette ville merveilleuse... Et surtout, de fil en aiguille, il s'apercevait que ce voyage lui
permettrait de traverser tant de belles capitales européennes, lui qui dans les années 1970-1980 a développé avec fougue un jumelage franco-allemand pour que l'Europe devienne enfin une réalité. Enfin, il était motivé par l'espoir que la Roumanie, parent
pauvre de l'Europe d'après le "Mur", ne soit pas abandonnée à son sort mais rejoigne au plus tôt la communauté européenne.
Un Danube initiatique pour mieux saisir les errements et les merveilles du Vieux Continent
Ainsi ce périple de finalement 4000 kilomètres lui est apparu comme un symbole,
avec la traversée de huit pays, autrefois et voici encore peu, théâtre de guerres et de
déchirements, dans un continent devenu aujourd'hui porteur d'espoir. Avec en prime, la
chance de visiter des villes et paysages merveilleux, chargé d'histoire souvent dramatique: Paris, Strasbourg et le pont de l'Europe, Mannheim, Mainz, Francfort, la magnifique cité historique de Würzburg, Nuremberg, Regensburg, Passau, Linz, Mauthausen,
jolie bourgade au nom qui fait frémir et dont l'innocence d'aujourd'hui cache les pires
crimes commis au siècle dernier, Vienne, Bratislava, Budapest, ville reine du fleuve qui
en est le centre même, Novi Sad, Belgrade, la Bulgarie, la Roumanie et enfin le canal du
Danube à la mer Noire, long de 63 km, inauguré en 1984 par Ceausescu, qui évite 300
km de méandres, creusé par des milliers de victimes de l'autre utopie meurtrière du
XXème siècle qui les avait réduites à l'état d'esclave et ont trouvé là leur tombeau…
Un véritable parcours initiatique de l'Europe empruntant successivement, la Seine,
la Marne, le canal de la Marne au Rhin Ouest, la Moselle, le canal de la Marne au Rhin Est, le Rhin, troisième plus long fleuve
d'Europe avec ses 1320 km, le Main, fleuve tranquille serpentant entre des pentes couvertes de vignes, des villages pittoresques et
des collines boisées, le canal Main - Danube, dont le creusement, quatre cents mètres au-dessus du niveau de la mer, avait été
décidé en 793 par Charlemagne… qui fut achevé sous le règne de Louis Ier de Bavière en 1846, pour être optimisé en 1992, reliant
alors vraiment l'océan à la Mer Noire, et enfin le Danube, rencontré à Kelheim, devenant compagnon de route pour 2480 km.
Dans la Roumanie de Trajan et Decebal, un “Havre” pour ses vieux jours
Claude Aubé avait commencé son aventure fluviale dès 2001, acheminant par étapes son bateau jusqu'au canal Main-Danube.
Après une pause de dix-huit mois, il reprenait son périple en avril 2004 et, après 46 jours de navigation, le 31 mai, il faisait son
entrée dans l'antique port romain de Tomis, de nos jours Constanta, là où l'empereur Auguste avait banni l'auteur de L'art d'aimer, le poète Ovide, jugé trop licencieux mais surtout victime d'un ostracisme politique et religieux. "Dieu est né en exil" a écrit
Vintila Horia dans le roman portant ce titre, qu'il lui a consacré… Claude Aubé, “le Normand”,établi aujourd'hui à Brasov, lui, a
trouvé dans la Roumanie de Trajan et Decebal un “Havre” pour ses vieux jours.
de
SOMMAIRE
Lettre d’information bimestrielle
Actualité
Vie internationale
Politique
Economie
Social
2à6
7 à 11
12 à 15
16 à 17
Société
Evénements
Vie quotidienne
Carnet
Enseignement, Religion,
Environnement, Santé
Photo
Sports
Insolite
18 à 21
22
23
24 à 26
27
28
29
Connaissance
et découverte
Littérature
Théâtre
Cinéma, Peinture
Musique
Histoire
Destin - Sciences
Tourisme
Echanges
Traditions, Humour,
Histoires vraies
Abonnement, Change
Coup de coeur
30 et 31
32 et 33
34
35
36 et 37
38 à 41
42 à 45
46 à 48
49 et 50
51
52
L
L’Union Européenne invente
les citoyens de seconde zone
e 1er janvier 2002, les Roumains, après plus d'un demi-siècle d'isolement,
recevaient le droit de voyager librement à travers leur continent et pouvaient visiter ces pays occidentaux qui les avaient toujours fait rêver. Les
fameux visas Schengen venaient d'être supprimés. Cela en était terminé des voyages
de plusieurs jours qu'il fallait entreprendre jusqu'aux ambassades de la capitale pour
obtenir ce précieux Sésame, assortis de nuits passées à la belle étoile, des queues
humiliantes, des passe-droits, des bakchichs à verser à des intermédiaires.
"L'Europe des lumières" s'ouvrait à une Roumanie qui avait soif d'y reprendre sa
place. La route de l'espoir et d'une vie meilleure était enfin dégagée, avec un horizon
prometteur: l'adhésion à l'Union Européenne au 1er janvier 2007.
Dans nos pays riches, les esprits chagrins ne manquaient pas alors de prédire un
déferlement d'immigrés. Quatre ans après, force leur est de constater qu'il n'en a pratiquement rien été. Certes, il existe un flux migratoire, avec ses clandestins et quelques
réseaux exploitant la misère des plus démunis. Mais, pour l'essentiel, les Roumains
venant chercher du travail en Occident y séjournent légalement et repartent au bout
des trois mois autorisés, quitte à revenir dans les mêmes conditions ultérieurement.
Bien sûr, certains travaillent "au noir", mais le plus souvent il s'agit de secteurs où l'on
manque de bras, comme l'agriculture et le bâtiment.
"Visible - les médias ne se privant pas de mettre en avant les méfaits commis par
quelques uns - mais peu nombreuse": telle est la conclusion d'une enquête récente
menée en France au sujet de cette immigration. Pour autant, à moins d'un an de l'échéance de l'entrée dans l'Union Européenne, les autorités roumaines et des pays
membres s'entêtent à multiplier les entraves à la libre circulation des Roumains, alourdissant les démarches à accomplir, le nombre de pièces à fournir, au point qu'il leur
devient pratiquement aussi difficile de voyager qu'auparavant.
Bucarest entend ainsi complaire aux exigences de Bruxelles et les hommes politiques occidentaux se faire un fond de commerce sécuritaire auprès des électeurs. Il
s'en suit de nouvelles vexations, frustrations. "Suis-je un paria, ai-je la gale ?" demande un grand écrivain auquel répond en écho, un universitaire francophone invité à animer un colloque en France: "Je ne suis pas voulu dans le pays que j'aime".
Pour accueillir en son sein Roumains et Bulgares, l'Union Européenne se prépare-t-elle à mettre en place une catégorie de citoyens de seconde zone ?
Henri Gillet