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L'EXPÉRIENCE DE L'ALGÉRIE DANS LE DOMAINE
DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Une action conforme
à la charte onusienne
CONDITIONS DE LA LUTTE
CONTRE LE TERRORISME
Des pistes algériennes de réflexion
TERRORISME
LES MARCHANDS
DE LA MORT
SENS ET ESSENCE
DU 11 SEPTEMBRE 2001
L’impact sur l’Amérique
et sur les relations
internationales
IF
S
EXCLU
M. DANIEL BENJAMIN :
«Notre coopération avec l’Algérie
est plus forte que jamais»
MICHAEL WA LMA :
«Les réalisations de l’Algérie en matière de
lutte contre le terrorisme sont remarquables»
N°01
01 Septembre
Septembre2011-prix
2011-prix150
150DADA
N°
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Lʼéditorial
Mieux comprendre
Un nouveau-né qui vient enrichir la scène
médiatique en Algérie. Un mensuel des
questions de géostratégie et des relations internationales.
Un espace de réflexion et d’analyse pour les différents analystes politiques et universitaires. Un autre regard sur les
questions de l’heure qui secouent le monde et les perspectives qui se dessinent pour les relations internationales. Politis, c’est aussi une autre vision d’un monde
reconfiguré tel que nous le voyons, et que nous souhaitons qu’il soit. Un monde où la paix et la justice seraient les
principales devises. Mais, hélas, pour celui dans lequel
nous vivons, on est loin de cet idéal ! Famine, pauvreté,
guerres, crise financière, crise énergétique, crise de l’eau,
terrorisme, et bien d’autres fléaux demeurent le lot de l’humanité, en croissance exponentielle. Avec bientôt un peu
plus de sept milliards d’habitants, quel avenir commun envisageons-nous ? Pour l’heure, aucune réponse claire.
Uniquement des projections très souvent assombries par
le reflet de notre présent et les données peu rassurantes
d’un futur proche. Dans ce premier numéro,
Politis tente de disséquer le mal du siècle, à
savoir le terrorisme. Comprendre ses ramifications, ses motivations, ses mécanismes,
son sens et son essence, ses sources de financement et la nécessité d’une stratégie
mondiale pour en venir à bout, c’est aussi une
forme de lutte qu’il faut engager tous ensemble contre cette hydre de Lerne. En constante métamorphose et à la recherche de nouveaux liens, les réseaux
terroristes développent des interconnexions avec d’autres
groupes maffieux, des trafiquants de drogue, d’autres
chargés du blanchiment d’argent avec la criminalité transnationale, et même des liens, qualifiés pourtant de contre
nature, avec des mouvements d’extrême droite. Ce mal
défie les Etats et les gouvernements qui peinent – à charge
ou à décharge – à unifier leurs stratégies, pourtant seul
traitement efficace connu jusqu’à présent. On a tous espéré qu’après la disparition de ben Laden, la stratégie de
la mort adoptée jusqu’à présent par ses troupes allait prendre fin, et que le cœur d’El-Qaïda allait cesser de battre.
Rien de tel. Le risque d’une fragmentation de cette organisation est plus que réel, rendant ainsi les marchands de la
mort plus nuisibles. La désignation et la survie d’El-Zawahiri à la tête de la plus grande organisation criminelle au
monde, et cela après six semaines de tractations, demeure
aléatoire et surtout tributaire des résultats obtenus sur le
terrain. En plus clair, des massacres, encore des massacres, à grande échelle, cette fois.
M. T.
POLITIS.
Par
Mourad
Termoul
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SOMMAIRE
L’éditorial
Mieux comprendre
p3
Eclairage
Tous ensembles
p5
Région du Sahel
Pour un épistème de sécurité
collective
p6
La problématique du
progrès dans la région
sahélo-saharienne
Le développement, l’autre arme
antiterroriste
p8
Paiement de rançons
Une violation des engagements
internationaux
p12
Rançon, drogue et crime
organisé
Le filon des groupes armés p14
DOCUMENT
L'expérience de
l'Algérie dans le
domaine de la lutte
contre le terrorisme
Une action conforme à la
charte onusienne
p17
L’Afrique résolue à combattre le
terrorisme
L’Union fait la force
p22
Les conditions de la lutte
contre le terrorisme
Des pistes algériennes de
réflexion
p24
M. Abdelkader Messahel,
ministre délégué auprès
du ministre des AE,
chargé des Relations
maghrébines et africaines
«La présence importante d’experts à la
conférence témoigne de leur
disponibilité à renforcer davantage leur
coopération avec notre pays»
p28
M. Henry S. Ensher,
ambassadeur américain
en Algérie
«Les Etats-Unis et l’Algérie ont
été et demeurent engagés à
travailler ensemble»
p30
EN EXCLUSIVITÉ
M. Daniel Benjamin,
coordonnateur de la
lutte antiterroriste
au département
d’Etat américain
«Notre coopération avec l’Algérie est
plus forte que jamais»
p32
EN EXCLUSIVITÉ
Michael Walma,
directeur de la Direction
du crime international et
du terrorisme au
ministère canadien des
AE et du Commerce
international
«Les réalisations de l’Algérie en
matière de lutte contre le terrorisme
sont remarquables»
p34
Sens et essence
du 11 septembre 2001
L’impact sur l’Amérique
et sur les relations
internationales
p36
Dix ans après les
attentats du 11
septembre 2001
Et les USA changèrent le
monde…
p45
Lutte contre la
criminalité
transnationale
Nouvelle stratégie des EtatsUnis
p49
Understanding International
Terrorism
p52
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Eclairage
Tous ensembles
le monde assistait, en direct, à une attaque terroriste qui avait
visé les deux tours jumelles du World Trade Center, le Pentagone… Une image chaotique qui restera, à jamais, gravée dans la mémoire des hommes. Car,
jamais un tel scénario d’horreur n’avait pu être imaginé. Les images que nous avons tous
«consommées», les yeux ébahis, de cet avion kamikaze fonçant à pleins gaz et percutant de
plein fouet un building, la fumée, les cris… et le choc. Celui des images retransmises par CNN,
puis l’horreur et la mort. Le nombre important de victimes, toutes innocentes, de citoyens qui
s’étaient rendus ce jour-là, comme chaque jour que Dieu fait, sur leur lieu de travail.
Les premières questions qui viennent à l’esprit : pourquoi une telle violence, pourquoi une telle
haine à l’égard de la vie humaine ? Qui sont ces hommes ? Au nom de quoi s’arrogent-ils le droit
de détruire autant de vies innocentes ? Beaucoup d’encre a coulé sur ce fameux 11 septembre,
et beaucoup de thèses ont été développées les unes plus intéressantes que les autres. Mais une
chose reste certaine : il y a eu un avant et un après-11 septembre.
En effet, les attentats du World Trade Center aussi terribles que choquants allaient révéler au
monde entier la réalité du monstre, le nouveau fléau de ce siècle, le terrorisme en tant que phénomène transnational. Non pas parce que ce dernier n’existait pas auparavant, mais tout simplement celui-ci venait de démontrer sa capacité de nuisance à l’échelle mondiale. On ne cessera
jamais de se poser la question et, à juste titre, comment des institutions aussi sophistiquées que
la CIA, le FBI et autres n’ont pas vu venir la chose ? S’enfoncer dans la thèse selon laquelle ces
attentats sont le fruit machiavélique d’un complot fomenté dans un labo, c’est reprendre à notre
compte les fameuses thèses du «qui-tue-qui ?» qui a fait tant de mal à notre pays durant toute la
décennie noire qui avait frappé l’Algérie. Les attentats qui ont visé les Etats-Unis d’Amérique
aussi violents que choquants ont levé la chape de plomb qui pesait sur le combat que menaient
les Algériens seuls face à cet ennemi. Un combat en solitaire dans une souffrance
indescriptible et inhumaine. Combien de vies ont-elles été ravies en Algérie pour
qu’enfin on puisse comprendre la dangerosité de ce monstre qui commençait à se
développer face à la complaisance et au silence à la limite de la complicité des capitales occidentales qui n’étaient nullement gênées par ce qui se passait de ce côté
du monde ? Pourquoi a-t-on attendu que des milliers de vies humaines soient fauchées en une seule journée, pour que l’on prenne enfin conscience du danger que
représente ce monstre que l’on tentait de domestiquer ? Le 11 septembre n’est-il
pas en fait une rupture totale d’un système complaisant enfermé dans ses certitudes et son aveuglement qui a laissé évoluer un phénomène au point de le rendre extrêmement nuisible et de
frapper en plein cœur les Etats-Unis dite la superpuissance ? El-Qaïda, organisation terroriste,
a, en ce jour du 11 septembre, révélé au monde entier sa capacité de nuisance, une organisation ayant des ramifications dans plus de 60 pays, des connexions avec les narcotrafiquants, la
criminalité, le trafic d’armes et le trafic en tous genres. El-Qaïda ne se revendique d’aucun Etat,
on sait aujourd’hui que les groupes terroristes fonctionnent grâce à des bases arrières, qu’ils possèdent des soutiens financiers très importants et des sanctuaires dans lesquels ils peuvent se terrer. Il aura fallu plus de dix ans aux troupes de la coalition pour venir à bout de ben Laden. Le
terrorisme est-il pour autant vaincu ? Hélas, non ! Sa capacité de nuisance demeure toujours intacte, toujours imprévisible et souvent d’une extrême violence. Aujourd’hui plus que jamais, le
monde entier est interpellé à lutter contre ce fléau transnational qui menace notre quiétude et
nos vies. L’essence même des thèses algériennes, que notre pays s’est longtemps évertué à développer et sur lesquelles il a attiré l’attention.
M. Abdelaziz Bouteflika n’a-t-il pas déclaré déjà à ce propos en 2002, lors de la conférence internationale tenue à Alger, qu’«aucun Etat ne peut fonder sa sécurité en ignorant celle des autres,
et encore moins au détriment des autres. Les initiatives unilatérales et contre-productrices doivent
céder le pas à une politique de renforcement de la sécurité internationale qui soit concertée et solidaire » ? Une déclaration qui en disait long sur la nécessité de l’engagement international sans
faille, pour venir à bout de ce fléau bien ancré dans la mondialisation.
N. A.
IL Y A 11 ANS,
Par
Naâma
Abbas
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11 SEPTEMBRE...
10 ANS APRÈS
RÉGION DU SAHEL
Pour un épistème
de sécurité
collective
Pr Mhand Berkouk (*)
Le Sahel a besoin du savoir-faire, du
déterminisme et du sens de responsabilité
et du légalisme de l’Algérie.
e Sahel est devenu depuis le début du Millénaire une
aire d’intérêt géosécuritaire pour les acteurs essentiels
de ce monde : les USA, la France, la Chine… pour des
raisons énergétiques, économiques et stratégiques. Et
cette sous-région est devenue une zone d’inquiétude
pour les pays de cet espace géopolitique : Algérie,
Mali, Niger, Tchad, Soudan, Mauritanie, Burkina Fasso…, à
cause de la prolifération d’un certain nombre de dynamiques
crisogenes.
Cette région est composée d’Etats en faillite (selon la Foreign
Policy Failed States Index), avec le Soudan qui fait face à des
problèmes de stabilité interne même avec l’indépendance du
Sud ; le Tchad avec ses problèmes d’intégration Nord-Sud et
les interminables problèmes de crise d’identité au Mali, Niger
et Mauritanie. Ces pays souffrent de problèmes endémiques
de sous-développement, de surendettement, de pauvreté dépassant dans l’ensemble 50% des populations, la prolifération
de plusieurs pandémies, des cas de famine, sans oublier leurs
dépendances à leurs anciens colonisateurs (la France notamment pour les pays francophones du Sahel).
Le Sahel souffre aussi de problèmes d’inadéquation sécuritaire
avec une mauvaise gestion des frontières déjà poreuses, des
terriritoires immenses et peu peuplés, et un déficit important
en moyens militaires. Cette inadéquation affecte très négativement leurs capacités individuelles à faire face à des menaces mouvantes et transnationales.
Des menaces asymétriques
Cette sous-région est confrontée à un nombre de menaces
asymétriques : la traite humaine, l’immigration clandestine, le
trafic d’organes humains, la contrebande, le trafic de drogues
dures en provenance d’Amérique latine en passant par la baie
de Guinée – le Sahel-Maghreb-Europe.
Ces actes criminels sont connectés avec le terrorisme international qui offre des services de protection au crime organisé en
contrepartie de sommes colossales d’argent comme un des
modes de financement des groupes terroristes. Au fait, ces
groupes utilisent aussi les pays du Sahel pour le développement de leurs capacités opérationnelles soit en développant
leurs entraînement, en s’armant, en recrutant, et pour entreprendre des actes terroristes contre ces Etats, leurs institutions
et leurs citoyens, mais aussi contre des pays voisins et des
ressortissants étrangers en contrepartie de payement de rançons pour la libération d’otages. Une autre méthode de financement de la machine terroriste.
L’Algérie, en tant qu’Etat sahélo-maghrébin ayant souffert de la
dévastation criminelle et sanguinaire du terrorisme, œuvre depuis presque 20 ans pour la promulgation d’un instrument juridique mondial contre le terrorisme. Elle travaille aussi pour le
4
L
De étendues qu’il
faut impérativement
surveiller.
développement d’une approche
collective contre le terrorisme au
Sahel. Cette approche est basée
sur un nombre de points fondamentaux : le terrorisme est transnational par son caractère et
transfrontalier sur le plan opérationnel. C’est un phénomène qui
est connecté aux différentes
formes de criminalité organisée.
Toute ingérence étrangère peut
exacerber la situation sécuritaire au
Sahel.
Le terrorisme doit être combattu
selon une approche multidimensionnelle : préemption-préventionprotection-promotion.
L’Algérie a lancé depuis 2009 une
initiative collaborative de sécurité
au Sahel sur le plan de la coordi-
nation de défense après la réunion
des chefs d’état-major d’Algérie, du
Mali, du Niger et de Mauritanie, et
qui s’est matérialisée par la création d’un centre de commandement
commun basé à Tamanrasset (avril
2010) et encadré par une volonté
politique commune pour éradiquer
ce phénomène dans un cadre régional et sans ingérence étrangère.
Les actions militaires françaises, à
deux reprises, ont joué en faveur
des terroristes par la médiatisation
de leurs actes criminels. Les
concessions françaises dans l’affaire Pierre Camat sont contraires
à la logique du contre-terrorisme et
du consensus mondial contre ce
fléau mondial, et encouragent l’ascendance de la menace terroriste
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MOHAMED BAZOUM,
MINISTRE NIGÉRIEN
DES AE :
« La crise
libyenne a
transformé
le Sahel en
poudrière »
dans la région.
La dynamique de croissance du terrorisme au Sahel peut se consolider avec le climat d’insécurité qui
règne en Libye (insurrection armée,
un break-down des institutions de
sécurité, émergence de zones
grises d’insécurité et prolifération
d’armes qui risquent d’alimenter la
machine terroriste et d’élargir le
champ d’actions d’El-Qaïda et de
ses acolytes en Afrique). C’est une
menace pour la sécurité continentale et un défi majeur pour l’Afrique
et les pays de la sous-région.
L’Algérie, un leader reconnu
Les tractations diplomatiques et les
discussions militaires entre les pays
de la sous-région démontrent une
volonté commune de lutte contre le
terrorisme et les crimes connexes,
qui requièrent un engagement international de soutien à la paix et à
la sécurité en Libye et en développant un plan d’action régional capable de confronter les différentes
crises et menaces dans cette région. Les acteurs essentiels de ce
monde doivent aussi apporter une
plus-value à la lutte régionale
contre le terrorisme, non pas par de
l’ingérence, mais par un apport au
développement des capacités nationales des pays du champ sahélien, notamment la Mauritanie, le
Mali et le Niger.
L’Algérie, avec son dynamisme diplomatique, son expertise dans le
contre-terrorisme et sa crédibilité
internationale, par son respect infaillible de la légalité internationale
en respectant la souveraineté des
Etats et en refusant toute ingérence
dans les affaires internes d’autres
pays, est un leader régional en matière de sécurité qui est reconnu
pour son constructivisme et son
statut de leader en peace-making
en Afrique, mais aussi à l’échelle
mondiale. Le Sahel a besoin du savoir-faire, du déterminisme et du
sens de responsabilité et du légalisme de notre pays.
M. B.
(*) Directeur du Centre
de recherche stratégique
et sécuritaire (CRSS)
LA CRISE libyenne a
transformé le Sahel «en
poudrière», a déclaré le
ministre nigérien des
Affaires étrangères
Mohamed Bazoum à
l'ouverture d'une
conférence internationale
de deux jours à Alger
consacrée à cette région.
«La région a été
transformée en poudrière»,
a-t-il dit aux 38 délégations
présentes à cette
conférence organisée par
l'Algérie à la demande des
pays dits du «champ», en
référence aux quatre pays
sahéliens Algérie, Niger,
Mali et Mauritanie, touchés
par le terrorisme, le crime
organisé transnational et la
pauvreté. Pour illustrer cette
menace, M. Bazoum a
évoqué la circulation des
armes provenant de Libye
où le colonel déchu
Mouammar Kadhafi avait
distribué des armes avant
que ses arsenaux ne
tombent dans diverses
mains. Il a évoqué une série
de vols de véhicules toutterrains qui écument
désormais les quelque 8
millions de km2 du Sahel
avec à leur bord des
terroristes d'Al Qaeda au
Maghreb Islamique (AQMI)
ou trafiquants. Tant le
ministre nigérien que ses
collègues malien,
mauritanien et algérien ont
noté l'influence de cette
situation «sur la sécurité
globale» du monde.
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11 SEPTEMBRE...
10 ANS APRÈS
LA PROBLÉMATIQUE
DU PROGRÈS
DANS LA RÉGION
SAHÉLO-SAHARIENNE
Le
développement,
l’autre arme
antiterroriste
Par Amine Esseghir
rès de huit millions de kilomètres carrés de désert de
rocaille. Un esprit inspiré par un excès de pragmatisme se demanderait pourquo tiend-on à un tel territoire. Pourtant, ce désert intéressait plus que tout les
colonisateurs qui ont occupé une bonne partie de
l’Afrique entre le XIXe et la première moitié du XXe siècles. La région sahélo-saharienne est d’abord victime de son
environnement impitoyable. Subissant d’abord les contraintes
climatiques et naturelles, elle a vu les populations se réduire au
fur et à mesure du temps. Cet immense territoire n’est plus
ponctué que de rares villes, de quelques oasis et de zones de
pâturage ou de cultures agricoles. De minuscules zones, au
regard de l’étendue du territoire sur lequel elles se trouvent.
C’est sur cette surface gigantesque, aride ou semi-aride, que
les populations touareg, arabes, haoussa, songaï, peulhs, toubous, kanouri, gourmantchés, bambara, dogon, malinké, sénoufo, massana, dioula, bissa, lyélé, et beaucoup d’autres
vivent. Une multitude de cultures, d’usages, de coutumes, voire
de religions pour qui la différence peut autant constituer une
possibilité extraordinaire d’échanges qu’un obstacle ethnique
infranchissable. Cet isolement des populations n’a pas non
plus facilité la mise en commun des moyens pour permettre un
développement équilibré et un progrès également réparti.
Ces populations éparpillées, sans moyens, sans contacts et
sans ressources, en dehors d’une agriculture vivrière basique,
un élevage sans réelles ambitions en dehors d’une exploitation alimentaire, voire de l’artisanat ou du commerce, se re-
P
4
Les groupes terroristes en ont fait une
exceptionnelle base arrière et un prodigieux
champ de bataille. Une région où la nature et
l’environnement peuvent constituer le premier
ennemi de l’homme. Des populations rares et
éparpillées. La région sahélo-saharienne n’en
est pas moins intéressante par les richesses
naturelles et surtout la diversité humaine qu’elle
recèle. Une diversité qui, si elle n’est pas
sérieusement prise en charge, sera livrée pieds
et poings liés au diktat des groupes armés.
La lutte contre le
terrorisme requiert
la coopération
de tous les Etats
de la région.
trouvent parfois otages des
groupes armés. Dans un contexte
d’intense précarité, les groupes
armés qui ont jeté leur dévolu sur
cette région ont pu trouver dans la
misère une aide, un soutien et une
capacité de recrutement de militants, alors que le dénuement extrême peut facilement pousser à
toutes les dérives. Il faut savoir que
les groupes armés, foncièrement
menaçant, ont tôt fait de trouver
planques et renseignements chez
quelques familles parmi les populations locales, notamment là où
les Etats sont absents. Dans les
zones plus ou moins urbanisées ou
simplement habitées, AQMI ou
d’autres groupes (on peut évoquer
à ce propos les Boko Haram, dits
aussi les talibans du Nigeria) peuvent aller se ravitailler, recruter des
candidats potentiels et éventuellement mener des opérations de
rapt, lorsque la présence d’étrangers le suggère, ou mener des rezzou, des rapines chez des
habitants qui n’ont d’ailleurs pas
grand-chose à donner.
Quand AQMI a érigé le rapt et la
rançon en activité particulièrement
lucrative, elle ne pouvait s’adonner
à cette activité sans l’aide de tous
ceux qui essayaient de s’en sortir
quand aucun autre débouché
n’était proposé. Fournir des renseignements, agir en taupe dans les
quelques bases de vie des entreprises de prospection pétrolière ou
minière devenaient donc un acte
militant pour un djihad supposé ou
plus prosaïquement être un moyen
de s’enrichir quand ce n’était pas
pour protéger sa famille ou ses
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SOUMEYLOU BOUBÈYE
MAÏGA, MINISTRE
MALIEN DES AE LORS
DE LA CONFÉRENCE
D’ALGER :
«Nous ne
voulons pas
que le Sahel
devienne
un théâtre
de conflit»
proches contre une menace réelle
d’un groupe djihadiste lié à AQMI.
Les deux faces
d’une pièce
Il faut dire que dans le cas de la
région sahélo-saharienne, le sousdéveloppement aura généré l’insécurité, pour que celle-ci ne subsiste
finalement que grâce à l’absence
de progrès. La région étendue génère effectivement des difficultés
de sécurisation. Un marché concomitant, chthonien, s’ensuit : sans
sécurisation, pas de stabilité des
populations, absence de populations induisant absence de sécurité.
L’absence de sécurité est aussi à
l’origine des déboires des populations privées d’infrastructures de
base telles que les centres de santé
ou les salles de soins, les écoles,
les commerces, etc. Une conjoncture qui a plongé les populations
dans une précarité devenue la
norme et qui ne favorise en aucune
manière un développement local.
Le plus étrange, c’est que cette région connaît une activité économique intense depuis le VIIIe siècle.
Ce qu’on appelle le commerce
transsaharien a permis aux produits de l’Afrique subsaharienne
d’arriver jusqu’en Europe ou en
Orient. L'ambre, la gomme arabique, les peaux venaient du Sud.
Les bijoux, les tissus, les dattes le
blé, mais aussi l'or, le sel venaient
du Nord. Ce commerce qui n’a vraiment cessé qu’au début du XXe siècle a vu malheureusement aussi se
développer la traite des êtres humains, même si cette pratique existait également en Occident. C’est
ce même commerce qui a permis
l’émergence de grandes villes
comme Tombouctou, Sijilmassa,
Aoudaghost, ou le développement
d’Etats comme l’empire de Gao ou
le royaume de Kanem Bonou. Une
activité économique qui s’était développée dans un contexte aussi
difficile naturellement qu’il ne l’est
aujourd’hui. D’ailleurs, le mouvement des populations actuelles, le
cousinage lui-même vient de ces
relations ancestrales qui existaient
en Afrique, et particulièrement dans
cette région. L’absence de développement actuelle et une prépondérance de la pauvreté qui
induisent finalement cette insécurité évoquée au début et qui ne favorise aucunement l’exploitation
des ressources naturelles à même
de permettre le développement
LA CRISE en Libye a
amplifié la situation
sécuritaire dans la région
du Sahel, mais ne nécessite
pas l'envoi de troupes extrarégionales, a indiqué à
Alger le ministre malien des
Affaires étrangères,
Soumeylou Boubèye Maïga
à la radio nationale. «Nous
ne voulons pas que le
Sahel devienne un théâtre
de conflit, un théâtre de
guerre. Notre objectif est de
faire de notre zone, une
zone de sécurité», a
déclaré le ministre à la radio
Chaîne III. «La
responsabilité de maintenir
la sécurité est d'abord
fondamentalement du
ressort des pays voisins»,
mais il est possible, a
poursuivi le ministre, «de
solliciter l'aide des
partenaires» sur le plan du
renseignement, de
l'observation et de la
formation. Rejetant toute
intervention étrangère dans
la région, le chef de
diplomatie malienne a
ajouté : «Nous n'avons pas
besoin de troupes extrarégionales.» Abordant la
situation de la crise en
Libye, M. Maïga a affirmé
qu'«elle est venue amplifier
des menaces que nous
avions déjà et qui tournaient
autour de l'existence de
groupes terroristes
mafieux». Il a estimé que la
situation en Libye est
«dangereuse» et que «les
capacités d'AQMI se
trouvent renforcées» par la
circulation des armes dans
la région et les connexions
avec des groupes mafieux.
Toutefois, il reconnaît qu'il
faut être «très réaliste»
quant aux capacités des
Etats à surveiller des
frontières très longues pour
éviter la circulation des
armes.
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local et accroître les capacités économiques du pays. Ainsi,
autant le développement devrait réduire considérablement les
risques de voir les groupes armés s’implanter durablement
dans la région, autant le terrorisme éloigne toute possibilité de
développement. Car quels moyens de développement sont-ils
disponibles sur place ? Un développement local est difficile à
imaginer sans l’entremise des Etats et des investisseurs étrangers. Le Niger qui compte exploiter lui-même ses richesses
énergétiques (le pétrole et l’uranium) peine à le faire, alors que
les récents enlèvements de quelques membres du personnel
de l’entreprise Areva dans le Nord- Niger ont réduit considérablement, et pour un moment, les chances de voir les entreprises investir dans cette région.
Dans ce même Niger, pays dont la surface est majoritairement
un désert, tout comme les pays de la région, souffre de sécheresses répétitives. Une situation qui est loin d’aider un effort de développement orienté vers les zones du nord. Sans
l’aide internationale, cela devient une gageure quand le pays
lui-même a des difficultés structurelles pour développer les
zones du sud, là où se concentre l’essentiel de sa population.
Le pays a également connu des troubles au nord, tout comme
le Mali voisin qui n’ont pas favorisé les programmes de développement à même de donner aux populations locales des
moyens de subsistance suffisants pour être fixés dans leurs
régions et pour justifier finalement l’effort de sécurisation des
localités dans lesquelles elles vivent.
Quels moyens ?
La plus grande difficulté réside finalement dans la capacité des
Etats à trouver les moyens pour développer ces régions. Cela
peut être particulièrement difficile quand ces régions n’ont
aucun intérêt économique. Dans le même temps, l’abandon
des populations de la région à leur sort tiendrait de l’abdication
de la souveraineté des Etats sur une partie de leur territoire.
La coopération en matière de sécurité qui a bien évolué entre
4
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La lutte militaire à
elle seule ne saurait
exterminer cette
hydre de Lerne.
pays de la région se verra-t-elle
suivie par une coopération dans le
domaine économique et social ?
On le sait aujourd’hui, sans une solidarité absolue entre Etats voisins,
la lutte contre les groupes terroristes reste hypothétique. Si cette
lutte se conjugue au développement local, n’est-il pas utile de voir
la coopération aller dans ce sens ?
Il y a dans ce sens des initiatives
qui, pour le peu de résultats
qu’elles ont atteint, indiquent
qu’elles ne vont pas dans le bon
sens. La création de la Communauté des États sahélo-sahariens
(CEN-SAD) tient de ce genre d’initiative pour au moins le peu de résultats qu’elle a atteint. Cette
organisation devait entre autres faciliter et accroître le commerce
transsaharien.
Par ailleurs, des projets plus
concrets évoluent dans la sérénité.
Ils sont porteurs d’espoir et de
stabilité parce qu’ils donnent
une importance stratégique à la région sahélo-saharienne pour le progrès de plusieurs pays au même
moment.
Dans le même temps, ils évacuent
les contingences liées aux retards
techniques puisqu’ils sont à la page
immédiatement. Le projet de la liaison par fibre optique transsaha-
rienne Alger-Zinder-Abuja fait partie de cette perspective. Cette liaison permettra de favoriser les
liaisons et les échanges d’informations et désenclaver le pays et la
zone la plus vulnérable, le Niger.
Initié en 2003 par les chefs d’Etat
de l’Algérie, du Niger et du Nigeria,
ce mégaprojet doit jouer le rôle de
levier technologique pour favoriser
le processus de développement et
d’intégration nécessaire aux pays
africains. Mais plus que cela, le développement des technologies de
l’information et de la communication (TIC) dans la région par la mutualisation des moyens permettra
une sécurisation par le désenclavement, une meilleure gouvernance de la région, les échanges
d’informations dans le domaine sécuritaire. Il est évident aussi que
même le développement durable
passe par le développement des
moyens de communication. L’existence d’une infrastructure de télécommunication
effective
encouragera certainement d’autres
initiatives à prendre corps dans la
région. Des initiatives qui restent à
imaginer et qui doivent faire du développement et du progrès un outil
de stabilité et de sécurité, voire une
arme contre le terrorisme.
A. E.
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4
L’Algérie en tête de pont
L
preuve irréfutable fournie par l’Algérie dans sa quête
de sa dimension africaine et de l’affirmation de sa profondeur géographique. Mais la Transsaharienne ne
devrait pas s’arrêter à Tam ni à la frontière avec le
Niger. Cette route devrait permettre de rejoindre
Lagos au Nigeria après avoir traversé le Niger.
Dès lors, Tam rayonnera. Si pour les habitants de
Tam, Algériens et étrangers (la ville compte au moins
une vingtaine de nationalités et les représentants de
toutes les wilayas), ce progrès peut sembler perfectible – et il l’est certainement –, constater comment Tamanrasset devient un pôle économique et social,
voire politique, régional souligne qu’un autre possible
est réalisable, même dans des régions aussi reculées
et oubliées que ne le sont les régions désertiques. Le
développement local (2 103 actions de développement pour 83 milliards de dinars sur 4 ans) a forcé-
ment des implications internationales quand on est un
carrefour, voire une sorte de port dans le désert où
n’accoste bien sûr aucun navire, mais où des gens de
toutes origines se retrouvent en quête d’avenir ou de
sécurité. Tamanrasset et sa région, ce sont des distances que l’on conçoit mal dans le Nord. Une daïra
peut se trouver à 400 km du chef-lieu de wilaya. C’est
pourtant une région où l’électrification a atteint un taux
de 97% et certains villages éloignés sont électrifiés
grâce à de petites stations solaires photovoltaïques.
Le développement local dans ce cas passe par la détermination de l’Etat. Ici plus qu’ailleurs, car sans ce
moteur fondamental, rien n’est faisable.
Sur un autre plan, alors que l’Union africaine a sélectionné sept projets prioritaires pour le développement
en Afrique, on note que l’Algérie est concernée au
premier chef par trois d’entre eux. La route transsaharienne bien entendu, mais aussi le mégaprojet de
fibre optique Alger – Zinder – Abuja où elle est chef
de file, tandis qu’elle est partenaire pour le projet de
gazoduc Nigeria-Algérie, dont le chef de file est le Nigeria. Ces projets, une fois menés à terme, auront
pour première conséquence cette intégration africaine
indispensable pour une impulsion du développement
et du progrès sans lesquels tout discours sécuritaire
et tout effort de sécurisation militaire sera vain.
A. E.
«L’Algérie a un
rôle pivot dans
la lutte contre
le terrorisme»
4
orsqu’on visite Tamanrasset, à 2.000 km au sud
d’Alger, cette étrange impression de changer de
monde vous saisit. Certainement à cause du relief, du climat et des paysages, ou du type de
construction, probablement à cause des habits des
habitants du coin qui aiment bien les chèches et les
bazanes, mais pas du fait de la distance. Plus que jamais, on sait que nous sommes en Algérie. Le drapeau sur le fronton des institutions ou les uniformes
des policiers qui régulent la circulation ne sont pas les
seuls témoignages de l’identité nationale des lieux.
Les 2.000 km semblent comme se dissiper lorsqu’on
évoque un quartier ou une rue d’Alger ou d’Oran dans
un bureau d’une daïra aux fins fonds du désert, parce
que le siège de telle entreprise ou de telle institution
s’y trouve. Cette même impression revient lorsqu’à
l’autre bout d’une ligne virtuelle d’un téléphone portable, se trouve un cousin, un
ami ou un collègue qui, reflexe
de nordiste oblige, s’inquiète
du temps qu’il fait à Tam. Le
résultat de cet effort effectif
engagé depuis des années
pour raccorder, dans tous les
sens du terme, cette ville de
l’extrême sud au reste du pays
est palpable.
Pour accéder à Tamanrasset,
deux moyens, les airs ou la
route. L’aéroport de Tamanrasset répond techniquement
à toutes les exigences de la
navigation aérienne internationale, et la route de Tam, la RN
1, est l’une des plus importantes infrastructures routières
du pays, la Transsaharienne.
Sur 2.800 km prévus, plus de
2 400 ont été réalisés. Près de
400 km inaugurent la future
autoroute transsaharienne qui
sera implantée sur ce tracé. Une route asphaltée en
plein désert quand l’image typique d’une route du désert demeure dans l’imaginaire collectif une piste rocailleuse et poussiéreuse sur laquelle seuls les
camions les plus robustes et les tout-terrains les
mieux équipés peuvent s’aventurer. Il n’en est rien, et
c’est en bus climatisé tout confort, identique à celui
qui avale des kilomètres d’autoroute au nord, que l’on
peut se rendre aujourd’hui à Tam. Dans les années
1980, le bus spécial qui faisait la liaison Ghardaïa-Tamanrasset s’appelait le Safari. Tout un programme.
L’incertitude de ses horaires n’avait d’égaux que les
cahots de ses secousses sur une piste improbable.
C’est justement cette image d’incertitude et d’improbabilité qui est battue en brèche quand une telle route
est réalisée dans cette région.
La route dans le désert, c’est par là que commence
tout effort pour rendre vivable cette région. La vie saharienne est faite de déplacements fréquents et sur
de longues distances. Sans une commodité de mouvement, la vie dans le Sud deviendrait insupportable.
Artère de développement, son existence donne un
sentiment de pérennité à cette impression de provisoire comme si la précarité que suppose le nomadisme s’appliquait à toute vie sociale ou économique
dans le Sud.
La Transsaharienne, route mythique, aura été la
GÉNÉRAL ROBIN SEARBY,
CONSEILLER DU PM
BRITANNIQUE POUR
LA LUTTE CONTRE LE
TERRORISME EN
AFRIQUE DU NORD
ET DANS LE SAHEL
Les projets
structurants
donneront un
autre aspect
à Tam.
L’ALGÉRIE a un rôle pivot
et représente un partenaire
clé pour le Royaume-Uni
dans la lutte contre le
terrorisme, a déclaré à
l’APS a Londres, le général
Robin Searby, conseiller du
Premier Ministre britannique
pour la lutte contre le
terrorisme en Afrique du
Nord et dans le Sahel. Ce
responsable a mis en
exergue l’importance du
rôle de l’Algérie dans
l’unification de l’approche
de lutte antiterroriste des
pays de la région.
«L’Algérie coordonne
l’action pour une approche
globale dans la région, il est
extrêmement important de
travailler ensemble pour
lutter contre cette menace
commune», a encore ajouté
le général Searby,
annonçant la participation
du Royaume-Uni à la
conférence de haut niveau
sur la lutte contre le
terrorisme et le crime
international qui s’est tenue
à Alger les 7 et 8
septembre. «Le RoyaumeUni se félicite de l’initiative
de l’Algérie d’organiser
cette rencontre et tient à
traduire, à travers sa
présence à ce sommet, son
soutien total et public à
l’Algérie, ainsi que sa
disponibilité à collaborer
avec ce pays et les autres
pays de la région dans le
cadre de la lutte contre le
terrorisme et le crime
international», a ajouté le
conseiller du Premier
Ministre. La menace
d’AQMI sera anéantie par le
travail en commun et la
collaboration régionale,
c’est pourquoi le RoyaumeUni se félicite de l’initiative
algérienne qui entre dans
ce cadre, a encore ajouté
ce responsable soulignant
que les relations entre le
Royaume-Uni et l’Algérie
sont «excellentes, ouvertes
et en constante
amélioration».
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11 SEPTEMBRE...
10 ANS APRÈS
PAIEMENT DE RANÇONS
Une violation des engagements
internationaux
AQMI disposerait, actuellement, d´une cinquantaine de millions d’euros, l´équivalent du budget de fonctionnement de
certains Etats de la région qui sont parmi les plus pauvres au monde.
e non-paiement de rançons aux terroristes est un
débat que l’Algérie est parvenue à porter sur la scène
internationale. Une action diplomatique soutenue qui a
permis, en 2010, d’inscrire ce thème à l’ordre du jour
des travaux de l’Assemblée générale de l’ONU. Les
prises d’otages dans les pays du Sahel sont devenues,
en effet, de plus en plus fréquentes depuis l’enlèvement en
2002, dans le grand Sud algérien, d’une trentaine de touristes
allemands et autrichiens, que la libération, dans des conditions
assez mystérieuses à l’époque, avait suscité des interrogations. Depuis, confirmation était faite que les gouvernements
allemand et autrichien ont payé 5 millions d’euros pour obtenir
la libération de leurs ressortissants. A l’initiative de l’Algérie, un
projet de résolution sera élaboré à l’ONU, portant sur la criminalisation de ces pratiques.
L
La polémique autour de cette commode manière de faire libérer des
otages s’est installée au plan international, y compris chez les alliés
occidentaux. Le président Nicolas
Sarkozy a critiqué ainsi le paiement
par Madrid d’une rançon de 8 millions d’euros pour obtenir, une première fois au début de l’année
2010, la libération d’Alicia Gamez,
puis celle, le 22 août dernier, de
ses deux compatriotes Roque Pascual et Albert Vilalta, tous trois enlevés, le 29 novembre 2009, par un
groupe d’Al Qaeda pour le Maghreb Islamique (AQMI). Sans citer
expressément l’Espagne, le président français avait estimé que le
paiement de rançons «n’était pas
une bonne stratégie».
Une source de financement
du terrorisme
L’embarras des
gouvernements
occidentaux
Une source
importante de
financement des
groupes
terroristes.
4
Tous les gouvernements européens ont, en fait, versé durant
ces dix dernières années des rançons, directement ou indirectement, pour obtenir la libération de leurs ressortissants enlevés par les nombreux groupes terroristes qui ont établi leurs
bases arrières dans cette terre s’étalant du Tchad à la Mauritanie, sur plus de 4 millions de km2. Les groupes commandés
par Abdelhamid Abou Zeid et Mokhtar Ben Mokhtar, qui se sont
repliés vers le Sahel, sous la pression soutenue des forces de
sécurité algériennes, ont systématiquement exigé rançons, la
première source de financement des activités terroristes en Algérie. AQMI disposerait, actuellement, d’une cinquantaine de
millions d’euros, l’équivalent du budget de fonctionnement de
certains Etats de la région qui sont parmi les plus pauvres au
monde. Le tiers de cette somme a été versé par l’Espagne.
Visiblement embarrassés par la remarque de son collègue français, le
président Zapatero et les membres
de son gouvernement soutiendront,
sans convaincre, que la libération
des otages espagnols avait été obtenue «grâce aux efforts» de la diplomatie espagnole, conjointement
à l’action du CNI (services de renseignement espagnol) auprès des
gouvernements de la région.
«Le gouvernement espagnol a fait
ce que tout autre gouvernement se
devait de faire pour sauver la vie de
ses ressortissants», avait avoué,
plus tard, la secrétaire d’Etat espagnole à la Coopération, Mme Soraya Rodriguez.
C’est elle qui a joué un rôle de premier plan dans le processus de négociation du montant des rançons
à verser par l’Espagne, non sans
avoir critiqué à son tour la méthode
employée par Paris dans ce genre
de situation. Le quotidien El Pais
fait remarquer alors que «la libération des ressortissants espagnols
avait pris un retard de près de neuf
mois, non pas à cause d’une question de rançons, que tous les pays
occidentaux confrontés au problème d’otage ont payées, à l’exception du Royaume-Uni dont son
ressortissant enlevé au Mali avait
été exécuté en 2009, mais de la difficulté à satisfaire les exigences
d’AQMI concernant la libération de
ses membres emprisonnés en
Mauritanie». La balle est renvoyée
dans le camp de Paris.
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La libération des
prisonniers terroristes
Il y avait, en effet, un précédent
français. En plus d’une rançon dont
le montant reste mystérieux à ce
jour, Ben Mokhtar avait, en effet,
obtenu de Paris, en février 2010, la
libération de quatre de ses éléments emprisonnés à Bamako,
contre celle de l’otage fançais
Pierre Camatte. C’est à cette fin
que l’ex-ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner et le secrétaire général de l’Elysée se sont
déplacés dans la plus grande discrétion, le 14 décembre dernier, à
Bamako.
Les deux émissaires français
avaient, alors, réussi à «convaincre» le gouvernement malien de
donner suite à la demande de remise en liberté des quatre terroristes d’AQMI, dont deux algériens.
Rétiçant au départ, le gouvernement malien finira par accéder à la
condition posée par l’organisation
terroriste, non sans faire remarquer,
selon l’expression d’un membre du
gouvernement Mamadou Toure,
que «libérer des terroristes ou
payer des rançons équivaudrait à
retourner ses armes contre soimême».
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Le gouvernement espagnol a eu la
tâche plus difficile avec le général
Mohamed Ould Abdelaziz qui, depuis son arrivée au pouvoir en
2008, avait fait de la lutte contre
AQMI une priorité. L’ex-chef de la
diplomatie espagnole, Miguel Angel
Moratinos, a dû se déplacer en juillet 2010 à Nouakchott, accompagné du directeur du CNI (services
secrets espagnols), Felix Sanz Roldän, pour demander au président
mauritanien de «faire un geste» qui
puisse sauver la vie des deux
otages espagnols. Ben Mokhtar
avait, en effet, exigé, en plus de la
rançon versée, la libération de son
lieutenant emprisonné à Nouakchott.
Ce «geste» effectué avec le coup
de pouce de Paris se traduira, trois
mois plus tard, par l’extradition
d’Omar Sahraoui, l’artisan de l’enlèvement des trois otages espagnols. Moratinos avait effectué,
exactement, la même démarche
que son collègue français à Bamako.
«Qu’auriez-vous fait à
notre place ?»
Ce «marché» a suscité beaucoup
d’indignation au sein même de la
classe politique espagnole. La
porte-parole du Parti populaire, Soraya Sáenz de Santamaría, avait
exigé le passage devant le Congrès
des députés de
l’ex-viceprésidente, María Teresa Fernández de la Vega, pour répondre aux
questions des parlementaires sur
les circonstances de la libération
des otages espagnols et la question de la rançon.
L’opposition conservatrice du Parti
populaire n’hésitera pas, au Parlement national, à accuser le gouvernement
Zapatero
d’avoir
«encouragé et financé l’industrie du
terrorisme».
Dans sa réplique, la porte-parole
socialiste Elena Valenciano a accusé, à son tour, le PP de «ne pas
se soucier de la vie de ses compatriotes».
L’aveu spontané est tombé à
travers cette petite phrase de
trop : «Qu’auriez-vous fait à notre
place ?» Le gouvernement ne reconnaîtra jamais pour autant, de
manière formelle, avoir payé la
moindre rançon aux ravisseurs, car
s’agissant d’un acte contraire aux
engagements internationaux pris
par l’Espagne au plan de la lutte
antiterroriste. La question du paie-
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«Libérer des
terroristes ou
payer des
rançons
équivaudrait à
retourner ses
armes contre
soi-même.»
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ment de rançons reste à ce jour taboue dans le langage diplomatique des Occidentaux.
La stratégie de l’Algérie
C’est sur la criminalisation du paiement de rançons que l’Algérie élaborera sa stratégie auprès de ses partenaires occidentaux. Les arguments du gouvernement algérien sont de
poids. L’argent des rançons versées par les gouvernements
occidentaux qui sont, dans la forme, tous ses alliés contre le
terrorisme, sert à l’achat d’armement pour les foyers d’AQMI
dans le nord du pays. Dans un style diplomatique volontairement ambigu, Moratinos avait déclaré à la presse, en présence
de M. Mourad Medelci, le 7 janvier 2009, en marge de la visite
de travail du président Bouteflika en Espagne, que le gouvernement espagnol est contre le paiement de rançons au terroristes. L’argent sera versé, en fait, par une autre partie à la
demande du gouvernement espagnol, contre remboursement
à terme. La Libye, où le président Zapatero s’était rendu en
2010, aurait fait parvenir à Ben Mokhtar par le biais de médiateurs maliens une mallette avec 3,8 millions d’euros. L’Algérie
finira par mettre la pression sur les gouvernements européens
en agissant activement, avec l’appui des Etats-Unis, pour que
soit adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU une résolution par laquelle toute la communauté internationale devrait
considérer le paiement de rançons comme une source de financement du terrorisme.
Vers des «sanctions internationales»
Le 5 août 2010, le journal espagnol El Mundo avait recueilli une
déclaration du porte-parole de la Représentation permanente
de l’Algérie à New York selon laquelle l’adoption d’une telle résolution constituerait «une première étape vers l’interdiction par
le Conseil de sécurité de toutes concessions au terrorisme
sous peine de sanctions internationales». Le diplomate algérien avait précisé au même journal à propos de l’Espagne, que
«les services de renseignement algériens (DRS) ont dû attirer
l’attention de leurs homologues du CNI avec insistance sur le
fait que l’argent des rançons sert au financement des activités
de terrorisme en Algérie». Le 11 septembre 2010, le conseiller
aux affaires de sécurité de la présidence de la République, M.
Rezag Bara, fait une intervention en ce sens remarquée à New
York : «Le paiement de rançons a encouragé les prises
d’otages au Sahel.» L’action de l’Algérie trouvera un appui très
large à l’ONU. Notamment auprès des Etats-Unis. C’est en
pleine négociation entre Madrid et Nouakchott autour des
conditions posées par AQMI à la libération des deux otages
espagnols, que le coordinateur de la lutte antiterroriste du département d’Etat, M. Daniel Benjamin, a sorti le grand jeu.
Dans son rapport, Daniel Benjamin demande à la secrétaire
d’Etat Hillary Clinton d’insister auprès de «tous les alliés des
Etats-Unis» et de l’Espagne en particulier, pour ne pas faire de
concessions à AQMI.
Le soutien des Etats-Unis
«L’argent des rançons, soutient-il, constitue la principale source
de financement d’AQMI et contribue au renforcement des activités de terrorisme» dans des pays qui comme l’Algérie sont
en première ligne du front antiterroriste. «Nous attendons de
tous nos alliés à travers le monde de ne pas faire de concessions aux ravisseurs pour que nous puissions empêcher le financement du terrorisme au Sahel», avertit le département
d’Etat dans ce rapport qui traduit le malaise ressenti par Washington par le comportement déloyal de ses alliés européens,
en dehors du Royaume-Uni qui n’a jamais cédé aux exigences
des groupes terroristes.
Cette question sera centrale dans la conférence internationale
d’Alger, qui réunira les puissances membres du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et
Chine) aux côtés des pays de la ligne de front au Sahel, l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie.
B. H.
RANÇON, DROGUE
ET CRIME ORGANISÉ
Le filon
des groupes
armés
Depuis le début de l´année 2011, les unités spéciales de
l´armée algérienne ont intercepté ou détruit au moins
trois importants convois d’armes dans le Grand Sud,
dans la région de Ouargla, près d’Illizi et aux limites de
la frontière avec le Niger. C´est à travers ces nouvelles
«routes» qu’El Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI)
tente depuis quelques années d´approvisionner en
matériel militaire des plus sophistiqués les foyers de
terrorisme qui sévissent encore dans le nord de
l´Algérie.
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es autorités algériennes
sont persuadées que le
trafic d’armes, de drogue
et le crime organisé ont
augmenté sensiblement
depuis que les gouvernements occidentaux ont accepté de
payer pour obtenir la libération de
leurs ressortissants pris en otage
par AQMI. Actuellement, les plus
grands trafiquants de matériel de
guerre les plus actifs sont, généralement, des Touareg établis en
Libye qui ont fui la guerre dans ce
pays, emportant avec eux des
armes prises aux soldats d’El-Guedaffi, jusque dans les camps qu’ils
ont dressés au Mali. Dans le fief et
pour le compte d’AQMI. Auparavant, les groupes armés de Mokhtar Benmokhtar et d’Abdelhamid
Abou Zeid recevaient des armes
depuis la côte somalienne, moins
sophistiquées que celles prises aux
Libyens, un matériel de guerre dont
ne disposent même pas les armées
des pays du Sahel.
Des experts américains de la lutte
L
antiterroriste ont acquis, aujourd’hui, la certitude qu’Al Qaeda
au Maghreb Islamique est en train
de se former au maniement des
missiles antiaériens, depuis que
cette organisation terroriste a mis la
main, en mars dernier, sur un lot de
Sam7 de fabrication russe pris par
les insurgés libyens aux troupes du
colonel El-Guedaffi.
Les avertissements
de Washington
Sur sa page web «Sahel Intelligence», Samuel Benshimon, expert en lutte antiterroriste, fonde sa
conviction à ce propos sur un communiqué publié, récemment, par la
Direction de la Protection de la Sécurité (DPS) du ministère français
de la Défense, reconnaissant, pour
la première fois, que «des armes
sensibles, y compris des missiles
mobiles terre-air puisés dans les arsenaux de guerre du régime libyen,
ont été acheminés vers le Mali à
travers le territoire algérien». La
frontière algérienne étant très sur-
Auparavant, les groupes armés de Mokhtar Benmokhtar et
d’Abdelhamid Abou Zeid recevaient des armes depuis la
côte somalienne, moins sophistiquées que celles prises
aux Libyens, un matériel de guerre dont ne disposent
même pas les armées des pays du Sahel.
veillée par les unités spéciales de
l’ANP et de la gendarmerie, les trafiquants d’armes avaient dû ouvrir
cette nouvelle route plus longue,
mais plus sûre.
Pour des raisons évidentes, le communiqué de la DPS n’admet pas
qu’une partie de ces missiles avait
été acheminée depuis Benghazi
vers le nord du Mali, via le Tchad,
apparemment avec la complicité
des insurgés libyens.
L’allusion au transit par le territoire
algérien s’explique par le refus de
Paris d’admettre que ces convois
armés ne pouvaient pas passer inaperçus au Tchad et au Niger où les
services de renseignement français
sont omniprésents et particulièrement actifs depuis le début des
prises d’otages au Sahel. A Alger et
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à Washington, on s’interroge encore sur la facilité avec laquelle
des convois de trafiquants d’armes ont pu se déplacer dans
cette région désertique très surveillée par tous les services de
renseignements français.
Le plus surprenant fut le peu d’inquiétude qu’inspirait chez les
«alliés» les stocks de Sam7 russes et de Stringer américains
abandonnés à ciel ouvert par l’armée d’El-Guedaffi. Pour la
première fois, en juin dernier, les appréhensions des experts de
la lutte antiterroriste en Algérie ont commencé à être prises au
sérieux par les pays de la coalition, la question du trafic
d’armes en Libye devenant évidente.
La menace terroriste
Les experts américains de la lutte antiterroriste et du crime organisé avaient été les premiers à avertir contre les dangers
d’un trafic d’armes qui se faisait à l’ombre de la guerre en Libye
où les djihadistes avaient rejoint les rangs des insurgés. Le directeur du bureau de l’Officie International des Migrations de
l’ONU de Nouakchott, l’Américain Richard Ots, fut de ceux qui
ont averti qu’AQMI a acquis en Libye non seulement des Sam7
russes, mais également des missiles américains de type Stringer dont sont dotées les armés de l’OTAN. Cet expert assure
qu’«une fois que les terroriste
auront appris le maniement de
Les experts américains de la lutte
ces missiles antiariens, la meantiterroriste et du crime
nace sera encore plus grande
organisé avaient été les premiers
pour la couverture aérienne des
à avertir contre les dangers d´un
armées du Sahel, Mauritanie,
Mali et Niger, ainsi que pour les
trafic d´armes qui se faisait à
avions de ligne et les forces de
l´ombre de la guerre en Libye, où
l’OTAN déployées au sud de la
les djihadistes avaient rejoint les
Méditerranée». Ses craintes ne
rangs des insurgés.
tarderont pas à se confirmer
puisque les groupes d’Abou Zeid
10 ANS APRÈS
vont, dès la réception du premier
lot de matériel militaire acquis en
Libye, certes moins sophistiqué
que les Sam 7, mais plus maniable
sur le terrain des opérations, vont
lancer une attaque contre la caserne de Bassiknou située à 45 km
de la frontière malienne.
L’incontournable
réplique régionale
Le 24 juin dernier, l’armée mauritanienne lancera, à son tour, avec
l’appui logistique de la France, une
offensive contre la base de Wagadou dans le nord du Mali, dont l’objectif est de détruire ce nouvel
arsenal de guerre au maniement
duquel AQMI est en train de s’entraîner.
Les armes tombées aux mains
d’AQMI vont changer le rapport de
force sur le terrain, en faveur des
terroristes. Dès lors, une réponse
internationale collective est devenue incontournable, surtout au regard de l’intérêt manifesté par
AQMI pour la haute technologie de
guerre. Une plus grande prise de
conscience est remarquée, aujourd’hui en Europe, autour de la
certitude que seule une coopération militaire des puissances mondiales avec les pays de la ligne de
front pourrait freiner l’implantation
d’AQMI au Sahel.
L’Espagne, le pays qui a versé le
plus de rançons à AQMI, a appelé
récemment l’OTAN à s’impliquer
dans la lutte contre El-Qaïda dans
le Sahel. Selon un récent rapport
du ministère espagnol de la Défense, «l’Espagne veut que l’OTAN
s’engage dans la lutte contre la menace terroriste au Sahel». Ce rapport rédigé par deux officiers
supérieurs espagnols auprès de
l’Alliance atlantique suggère que
«l’OTAN joue un rôle plus important
dans les régions d’intérêt stratégique comme le Sahel, à travers un
accord avec l’Union africaine ou la
Ligue des Etats arabes dans le
cadre de l’Union pour la Méditerranée (UPM)».
Les objectifs
de la Conférence d’Alger
La Conférence régionale sur la
lutte contre le terrorisme au Sahel
d’Alger sera donc l’occasion attendue qui permettra de mesurer le
degré d’engagement des puissances occidentales pour la sécurité et la stabilité de la région
sahélo-saharienne. En avril dernier,
une source diplomatique occidentale à Alger, citée par Reuter, présentait «l’Algérie comme la
principale puissance économique
et militaire de la région, jouissant
d’une longue expérience dans la
lutte antiterroriste qui se doit d’assurer la coordination de la lutte
contre El-Qaïda dans la région, laquelle ne peut se faire de manière
séparée sans risque de voir le terrorisme menacer d’autres parties
de la région». C’est là une reconnaissance unanime en Occident du
rôle de premier plan que l’Algérie
est en mesure de jouer dans la stabilité de la région sahélo-saharienne.
Les engagements qui seront pris à
Alger ne seront pas seulement sécuritaire puisqu’il s’agit, aussi, de
lancer, à moyen terme, un programme de développement dans le
Sahel, région économiquement vulnérable pour être l’une des plus
pauvres au monde. L’état de pauvreté extrême de cette région qui
s’étend du Tchad à la côte ouest
africaine sur plus de 4 millions de
km2, El -Qaïda y a trouvé, en effet,
le terrain idéal pour installer ses
bases et organiser le trafic d’armes
à destination de l’Algérie. Cette
préoccupation a été déjà soulignée
par la Conférence d’Alger des ministres des Affaires étrangères des
pays du Sahel.
B. H.
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N
E
M
U
C
O
D
L'EXPÉRIENCE DE L'ALGÉRIE DANS LE DOMAINE DE LA LUTTE
CONTRE LE TERRORISME
Une action conforme à la charte onusienne
La présente contribution sur l'expérience de l'Algérie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme retrace, à grands
traits, le dispositif législatif et opérationnel mis en place pour prévenir et réprimer les actes terroristes. Résultat d'un
processus évolutif de création normative, ce dispositif a été adapté et renforcé pour répondre aux décisions du Conseil de
sécurité des Nations unies suite aux événements du 11 septembre 2001. Il comprend également des mesures reflétant
l'importance donnée à la dimension politique de la lutte antiterroriste, notamment la loi sur la Concorde civile et la démarche
de Réconciliation nationale dont le mouvement est pour l'essentiel accompli.
ette expérience a amené
l'Algérie à développer une
action soutenue, aux plans
bilatéral, régional et international, pour sensibiliser ses
partenaires à la nécessité
de coopérer pleinement, en toute
transparence et de bonne foi afin de
donner sens à la lutte mondiale
contre le terrorisme conformément à
la charte des Nations unies. Cela
n'a, hélas, pas toujours été facile.
Durant une décennie, l'Algérie a
mené seule le combat contre le terrorisme transnational. Les groupes
terroristes tiraient alors pleinement
profit d'un certain laxisme, voire
d'une certaine complaisance au niveau international. Un engagement
des pays abritant des réseaux de
soutien ciblant l'Algérie aurait sans
doute permis d'abréger les souffrances du peuple algérien.
La situation a depuis évolué, et il
existe, aujourd'hui, chez les partenaires de l'Algérie, une meilleure disponibilité à aborder des questions
clés de la coopération comme celles
ayant trait au domaine judiciaire. Il
faut s'en féliciter, même s'il reste un
long chemin à parcourir pour parvenir à une coopération pratique traduisant mieux et plus complètement
les obligations au titre de la résolution 1373 du Conseil de sécurité qui
organise la riposte antiterroriste de
la communauté des nations.
C
1- Le volet légal et institutionnel
a - L'aspect législatif
La qualification de l'acte terroriste
était une priorité absolue. Pour ce
faire, le législateur algérien l'a défini
pour mieux le distinguer des délits
de droit commun. Il a criminalisé l'ensemble des actions qui, à l'amont et
à l'aval, concourent à la matérialisation de l'acte terroriste, y compris
donc le financement.
Une définition des actes terroristes a
été élaborée et intégrée dans le
code pénal.
Est considéré comme acte subversif
et terroriste «toute infraction visant la
sûreté de l'Etat, l'intégrité du territoire
et la stabilité et le fonctionnement
normal des institutions. Les actes
dont la finalité est de semer l'effroi
dans la population, entraver la circulation ou la liberté de mouvement et
faire obstacle à l'action des autorités
publiques et à l'application des lois
et règlements».
La création d'associations, corps,
groupes ou organisations menant
des activités terroristes et criminelles, tombe également sous le
coup de ces dispositions. Au même
titre que l'adhésion, sous quelque
forme que ce soit, à ces entités,
l'apologie et l'encouragement du terrorisme, son financement, la reproduction ou diffusion de documents,
sonores ou écrits à caractère apologétique. ainsi que la possession ou
l'utilisation d'armes prohibées.
La Loi définit les peines encourues
— emprisonnement et sanctions financières — et précise les procédures de perquisition, de gel des
avoirs et de biens, d'arrestation, de
garde à vue et de traduction en justice.
Ce dispositif vient d'être renforcé
avec l'adoption, à la fin de 2004, de
la loi sur le blanchiment d'argent et
le financement du terrorisme.
Cette loi prévoit des mesures de prévention et des
mécanismes de contrôle
de toute transaction ou
transfert suspects.
Toute transaction, dont le
montant est fixé par voie
réglementaire, qui n'aura
pas été effectuée à travers
les circuits bancaires, est
assimilée à une opération
illégale entrant dans la catégorie du financement du
terrorisme ou de fuite ou
de blanchiment de capitaux. La Banque centrale
se doit de procéder au
contrôle de la régularité
des opérations bancaires
et l'identification des
clients institutionnels ou
privés.
L'obligation de signaler
toute transaction suspecte à la Cellule de traitement du renseignement
financier est une prescription légale.
La Cellule de traitement du renseignement financier agit sur la base de
déclarations de soupçons établis par
les banques et les organismes financiers. Elle mène les investigations nécessaires afin de déterminer
la nature de la transaction suspecte
et d'endentifier ses auteurs. Dans les
cas où le caractère illégal de l'opération financière est établi, elle ordonne le gel des avoirs et transmet
le dossier à la justice.
La Cellule a, par ailleurs, entamé
une réflexion sur le système de
transfert «hawala» afin de déterminer, le cas échéant, les mesures à
prendre. Il convient de rappeler que
l'Algérie n'a pas attendu les événements du 11 septembre pour criminaliser l'acte de financement du
terrorisme. Elle l'a fait bien avant en
réglementant et en contrôlant sévèrement l'activité des organisations
caritatives habilitées à collecter des
fonds dans le public.
b- L'aspect institutionnel
Dans le domaine institutionnel, d'importants aménagements ont été en-
L’Algérie n'a pas
attendu les
événements du 11
septembre pour
criminaliser l'acte
de financement du
terrorisme. Elle l'a
fait bien avant en
réglementant et en
contrôlant
sévèrement
l'activité des
organisations
caritatives
habilitées à
collecter des
fonds dans le
public.
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trepris. Le législateur a introduit des dispositions relatives à la
compétence des tribunaux pour les cas où un ressortissant algérien est reconnu coupable d'appartenance à une organisation
terroriste activant à l'étranger ou auteur d'acte terroriste commis
dans un pays tiers. Ainsi est consacré le principe de la compétence universelle des juridictions nationales en matière de terrorisme et l'application du principe «poursuivre ou extrader».
Les tribunaux algériens ont compétence pour connaître toute affaire liée au terrorisme. Après avoir mis en place des tribunaux
d'exception pour juger les auteurs d'actes terroristes, l'ordre judiciaire classique a pris en charge cet aspect dans le respect des
procédures de l'instruction et du droit de la défense.
Dans le cadre de la nouvelle organisation du système judiciaire,
le ministère de la Justice va mettre en place des pôles judiciaires
spécialisés dans le traitement des dossiers liés au terrorisme. Un
procureur de la République et un juge d'instruction seront nommés à la tête de ces nouvelles juridictions avec des compétences
élargies à l'ensemble du territoire national.
II - Le volet opérationnel
a - Mesures de protection aux frontières et des infrastructures d'importance stratégique
L'imbrication du terrorisme dans la grande criminalité organisée
a accru ses capacités de nuisance, grâce aux possibilités offertes
par les nouvelles technologies, notamment les flux illicites de capitaux. L'ouverture des frontières aux mouvements de marchandises et de personnes doit également aller de pair avec la lutte
contre les phénomènes de criminalité transfrontalière.
Les mesures classiques de contrôle aux frontières ont été renforcées pour mieux gérer le flux de passagers de plus en plus
important en tenant compte des listes de personnes recherchées pour activités terroristes. Outre leur propre liste,
les services algériens de sécurité s'appuient sur celles établies par d'autres pays partenaires et celle du Comité des
sanctions contre «les talibans, El-Qaidä et les entités qui
leur sont associées» du Conseil de sécurité des Nations
unies.
Ces mesures renforcées s'appliquent également aux détenteurs de visas d'entrée. Les autorités algériennes se refusent, par ailleurs, d'octroyer le statut de réfugié ou le droit
d'asile pour tout individu reconnu coupable par la loi algérienne de crimes terroristes.
Les services de protection aux frontières ont été dotés de
moyens de détection de faux documents de voyage. La systématisation de l'usage du procédé de contrôle par scanners dans les ports algériens doit également être soulignée.
S'agissant des mesures de protection des installations sensibles, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales
a mis en œuvre un plan pour renforcer la sécurité au sein
et à l'extérieur de tous les sites d'importance stratégique.
Ce plan institue un système de coresponsabilité en matière
de gestion sécuritaire. Ainsi, il revient aux dirigeants de ces installations d'en assurer la sécurité au plan intérieur. Il s'agit d'une
responsabilité à caractère pénal. Il incombe aux services de police de sécuriser l'environnement externe de ces installations.
Grâce à cette coordination, aucun incident majeur n'a été signalé.
L'Algérie applique le Code ISPS (Ship and Port Facility Security)
de l'Organisation maritime internationale pour la sécurité des navires et installations portuaires. Ces derniers ont fait l'objet, en
2004, d'un audit américain qui a rendu des conclusions très satisfaisantes sur les normes appliquées par l'Algérie en la matière.
L'Algérie contribue au processus de sécurisation de la chaîne logistique internationale, notamment en sa qualité de membre élu
du «groupe stratégique de haut niveau», mis en place à cet effet
par l'Organisation mondiale des douanes.
b- Organisation de la lutte antiterroriste
Au plan opérationnel, le commandement et la coordination des
opérations sont confiés à l'état-major de l'Armée nationale populaire.
L'imbrication
du terrorisme
dans la grande
criminalité
organisée a
accru ses
capacités de
nuisance,
grâce aux
possibilités
offertes par les
nouvelles
technologies,
notamment les
flux illicites de
capitaux.
Les forces combinées de sécurité –
armée, gendarmerie, police – travaillent en étroite collaboration et interviennent en même temps dans
des opérations antiterroristes.
Aucune armée n'est prédisposée à
lutter contre le terrorisme. Une adaptation de la formation et des moyens
de lutte est donc indispensable. En
Algérie, cette adaptation s'est opérer
sans le concours d'aucun pays.
Les services algériens de sécurité
ont fait face, pendant plusieurs années, seul et avec des moyens inadaptés, à la lutte contre les groupes
terroristes rompus à la guérilla après
leur retour d'Afghanistan, de Bosnie
un de Tchétchénie, et auxquels sont
venus se joindre des éléments en
provenance de l'étranger. Progressivement, ils sont arrivés à maîtriser la
situation sécuritaire.
Le schéma organisationnel met l'accent sur la décentralisation dans la
chaîne de commandement avec une
autonomie pour les commandements régionaux et locaux dans leur
action de lutte contre les groupes
armés.
Au début de l'apparition du terrorisme, la priorité était de sécuriser la
capitale et les grandes villes du pays
en détruisant l'infrastructure des
groupes terroristes. Cet objectif a été
atteint. Les rares incursions de
groupes armés dans les villes ont
été déjouées et les terroristes mis
hors d'état de nuire.
La collecte de l'information et le renseignement ont été pour beaucoup
dans les succès remportés sur les
groupes terroristes en termes de
prévention des attaques, de déman-
tèlement des infrastructures et réseaux de soutien et de poursuites judiciaires.
La coopération de la population avec
les services dc sécurité a aussi
contribué à changer la donne sur le
plan sécuritaire.
L'aversion de la population pour la
violence terroriste, son rejet de l'instrumentalisation de la religion ont
également contribué à isoler les
groupes terroristes, notamment
dans les zones rurales les plus reculées. Le rôle de théologiens et
d'hommes de religion algériens de
renom, qui se sont prononcés dans
le cadre d'une fetwa sur le caractère
illicite des actes terroristes, doit également être souligné.
La création de corps de sécurité de
proximité, police communale et de
groupes de légitime défense, a été
d'un apport effectif à ce processus
de sécurisation. Les groupes de légitime défense, issus de la population, ont pour mission de défendre et
de protéger leurs villages des incursions terroristes et d'assurer la protection des citoyens dans leurs
activités quotidiennes.
L'action sur le terrain de ces deux
corps, qui s'effectue dans le cadre
de la loi, et en étroite collaboration
avec les forces de sécurité, a donné
des résultats très probants.
En pleine mutation, les services de
police ont entrepris avec succès de
moderniser et d’adapter les structures de lutte antiterroriste qui disposent de moyens nouveaux, y
compris en terme d’équipements.
Dans le cadre de la stratégie de lutte
contre le terrorisme, la valorisation
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du capital d'expérience a été une
préoccupation centrale en l'absence
de coopération internationale. Cette
expérience fait actuellement partie
du cursus des académies militaires
et des écoles de police. Les cadres
de la police et des forces armées engagés dans la lutte antiterroriste reçoivent une formation en matière de
droits de l'homme.
Aujourd'hui, la coopération dans le
domaine de la formation, notamment, est plus disponible. C'est certainement un atout supplémentaire,
surtout si cette coopération vise à la
maîtrise des techniques nouvelles.
Des formations de juristes, d'agents
chargés de l'application de la loi et
d'analystes pour les investigations
dans le domaine de la répression du
blanchiment d'argent et du financement du terrorisme sont programmées avec certains partenaires.
III- La dimension politique
de la lutte contre le terrorisme :
de la Concorde civile à la
Réconciliation nationale
La dimension politique de la lutte antiterroriste est prise en charge dans
le cadre de cette stratégie. Des mesures d'apaisement ont été prises.
La loi sur le rétablissement de la
Concorde civile, approuvée par référendum, a institué des mécanismes particuliers et mis en place
des procédures légales en vue de la
réinsertion au sein de la société de
personnes reconnues coupables
d'actes terroristes ou impliquées
dans des activités de même type.
Cette loi a offert à des individus appartenant aux groupes terroristes
n'ayant pas commis de crime, de renouer avec une vie normale sans
être inquiétés. La situation de ceux
reconnus coupables de crimes ou de
destruction de biens publics ou privés sont examinés par un comité
probatoire qui décide des mesures à
prendre en même temps que des
cas à transmettre aux tribunaux qui
accordent la relaxe ou des réductions de peines.
En organisant les conditions légales
de réinsertion, la Loi sur la concorde
civile a constitué une étape importante dans le dénouement de la
crise. Le retour massif d'éléments
armés, estimé à plus de 10.000 repentis, a sensiblement fait diminuer
les actes de violence et contribuer à
l'amélioration constante de la situation sécuritaire dans le pays.
Cette évolution positive pourrait susciter d'autres initiatives pour parachever le processus de réconciliation
nationale, notamment une consultation populaire, le moment approprié,
en vue d'une amnistie générale.
Mais le terrorisme est un fléau transnational, et les efforts de l'Algérie ne
porteront leurs fruits que si l'entreprise mondiale de lutte contre le terrorisme
est
menée
avec
détermination, efficacité et cohérence.
IV- La contribution de l'Algérie
à la coopération internationale
La coopération internationale dans le
domaine de la lutte antiterroriste est
donc primordiale. Outre son aspect
opérationnel, celle-ci doit également
englober les dimensions politique,
diplomatique, judiciaire et financière.
Une prise en charge complète de
ces aspects est impérative. En matière judiciaire notamment, il faut
tenir compte de l'importance de
questions relatives à l'entraide mutuelle et l'extradition.
Par ailleurs, la collaboration entre les
services de renseignement doit être
mieux relayée aux plans politique et
judiciaire.
L'Algérie déploie une action soutenue au triple plan bilatéral, régional
et international.
a- Au plan bilatéral
Elle accorde une attention particulière à l'échange d'informations et de
renseignements, à l'assistance technique, a l'acquisition de moyens opérationnels, en particulier des
équipements spécifiques.
Elle a proposé des formules de coopération pratiques et des modalités
opératoires de telle sorte que la coo-
pération bilatérale intègre l'ensemble
des dimensions qui viennent d'être
citées. D'où la création, avec certains partenaires, de groupes de
contact mixtes, souples, qui permettraient de traiter simultanément et
dans un cadre unique ces différents
aspects tout en favorisant le dialogue et la concertation sur les questions de sécurité régionale et
mondiale.
L'Algérie a conclu plus de 21
conventions judiciaires, dont 15 ont
été ratifiées. Des négociations sont
en cours pour en conclure d'autres
avec plusieurs pays.
En application de la résolution 1373,
elle a proposé des projets de
conventions bilatérales d'assistance
judiciaire et en matière d'extradition
à quatorze pays.
Cependant, la plupart des mandats
d'arrêt internationaux lancés par l'Algérie n'ont pas connu de suite. Nous
voulons remédier à cette situation en
poursuivant un dialogue soutenu
avec les différents partenaires
concernés.
b- Au plan régional
L'Algérie croit fermement au rôle de
la coopération régionale qu'elle perçoit comme levier de toute stratégie
de prévention et de lune contre le
terrorisme. Dans cette optique, elle
considère que le combat déterminé
qu'elle poursuit renforce les conditions de la stabilité et de la prospérité dans son environnement
également.
WASHINGTON
APPELLE
LE CONSEIL
DE SÉCURITÉ
À SE PENCHER
SUR LE
VERSEMENT
DE RANÇONS
À AQMI
LE COORDONNATEUR
américain de la lutte
contre le terrorisme au
département d'Etat, M.
Daniel Benjamin, a
appelé le Conseil de
sécurité de l'ONU à
examiner de près la
question de versement
de rançons à
l'organisation Al Qaeda
au Maghreb Islamique
(AQMI). Intervenant
devant le comité contre
le terrorisme du Conseil
de sécurité de l'ONU
pour expliquer la
stratégie américaine
pour le contreterrorisme du président
Barak Obama, M.
Benjamin a déclaré
qu'«aucun groupe
terroriste n'est aussi
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Dans le cadre du Forum euro-méditerranéen, l'Algérie a contribué à l'élaboration et à l'adoption d'un code de conduite pour la
prévention et la lutte contre le terrorisme. Le COTER – mécanisme de coordination de la lutte antiterroriste de l'Union européenne – a fait part de sa disponibilité à engager le dialogue avec
l'Algérie.
Dans l'espace euro-méditerranéen, il est clair que le succès de
l'entreprise coopérative exige son élargissement à l'OTAN. Aussi,
l'Algérie et cette organisation envisagent de structurer le dialogue
sur la question du terrorisme.
L'Algérie a œuvré avec succès, au sein de la Ligue arabe et de
l'Organisation de la conférence islamique, pour l'inclusion de la
question du terrorisme dans l’agendas de nos deux organisateurs.
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10 ANS APRÈS
Au niveau du continent africain, l'engagement et le rôle mobilisateur de
l'Algérie sont aujourd'hui reconnus.
C'est à son initiative que l'OUA – aujourd'hui Union africaine – avait
adopté la Convention d'Alger sur la
prévention et la lutte contre le terrorisme, en juillet 1999, et un Plan
d'action en septembre 2002.
Ce plan traduit aussi la volonté des
Etats africains de contribuer à une
action de la communauté internationale plus cohérente de lutte contre
le terrorisme et à une mise en œuvre
plus adéquate des sanctions du
Conseil de sécurité des Nations
unies contre les individus et groupes
terroristes. L'Algérie accorde beaucoup d'importance à la coopération
pour le renforcement des capacités
de lutte antiterroriste. Ses efforts en
ce sens ont abouti, notamment à la
décision de l'Union africaine de créer
à Alger un Centre d'étude et de recherche sur le terrorisme qui a été
inauguré par le Président de la République en octobre 2004.Nous voulons conforter la stratégie africaine
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de lutte antiterroriste en dotant le
Centre de moyens performants en
matière de formation, de collectes de
données fiables et d'interactions
soutenues entre les experts régionaux et internationaux.
Il est important qu'une telle insréseau international des structures similaires existant dans d'autres
régions, puisse réaliser ses objectifs
avec le concours de tous les partenaires de l'Afrique.
Les appels lancés par l'Union africaine pour un soutien conséquent
durant la phase de lancement des
activités du Centre et au-delà ont
reçu un écho favorable auprès des
principaux partenaires de l'Afrique a
dont certains lui ont déjà apporté une
contribution financière.
c- Au plan multilatéral
La lutte contre le terrorisme transnational constitue une entreprise complexe et de longue haleine dont le
succès dépend d'une volonté politique affirmée et d'un engagement
fort de l'ensemble de la communauté
des nations. L'Algérie a toujours
plaidé, dans le cadre des Nations
unies, pour une action soutenue et
universellement concertée contre ce
fléau. Par ailleurs, l'Algérie a fait des
propositions concrètes tant sur le
plan opérationnel qu’institutionnel.
Beaucoup de ces propositions figurent dans l'aide mémoire annexé à
son premier rapport national sur la
mise en œuvre de la résolution 1373
du Conseil de sécurité.
Elle contribue égaLes cadres de la
lement à l'amélioSûreté nationale et
ration
du
des forces armées
processus d'élaboration et de consoengagés dans la
lidation des listes
lutte antiterroriste
des organisations
reçoivent une
terroristes, dont le
formation en
Comité de sancmatière des droits
tions contre les
de l'homme.
«taliban et ElQaïda» a la responsabilité.
Il reste qu'une lutte globale plus cohérente contre le terrorisme requiert
de développer un sens profond des
priorités de la communauté des nations à moyen terme et de penser à
l'architecture des relations internationales de demain en ayant en vue
les questions de sécurité et de développement. Nous devons en débattre pour en dessiner les contours.
V- Conclusion
Ainsi, l'expérience de l'Algérie dans
le domaine de la lutte contre le terrorisme est riche en enseignements
pour ce qui est de l'application des
sanctions prévues par la loi, la prise
de conscience de la globalité de l'insécurité et l'exigence de la nécessaire coopération internationale.
Tout en renseignant sur la nature
transnationale de la menace terroriste, elle souligne le rôle premier de
l'Etat en tant qu'instrument de protection et de sécurité, l'importance
de la mobilisation de l'opinion publique et la nécessité d'un arsenal juridique adéquat et de capacités
institutionnelles et opérationnelles
adaptées pour combattre efficacement ce fléau dans le cadre de la loi.
Avec le parachèvement de la réconciliation nationale, l'Algérie entend
fonder en actes la culture démocratique, prendre en charge ses besoins
de sécurité et de développement et
faire revivre l'idéal d'une société
apaisée et stable.
Sa contribution à l'effort global de
lutte contre le terrorisme transnational répond à cet objectif et traduit sa
volonté d'œuvrer avec ses partenaires à l'avènement d'un ordre
mondial plus sûr et plus solidaire.
notoirement connu
qu’AQMI en matière
d'enlèvements contre
rançons qui sont
devenus l'une des
sources principales des
revenus pour les
groupes liés à Al
Qaeda». Dans ce sens,
le patron du contreterrorisme au
département d'Etat a
souligné que les EtatsUnis «encouragent
vivement le comité
contre le terrorisme du
Conseil de sécurité à se
concentrer davantage
sur cet aspect de la
menace terroriste,qui
s'étend au-delà
d'AQMI». Par ailleurs, M.
Benjamin a considéré
que «l'importance de
situer les efforts
américains contre le
terrorisme dans un large
cadre des politiques
étrangère et sécuritaire
est soulignée par les
transformations qui se
déroulent au MoyenOrient et en Afrique du
Nord, dont le plein
impact, y compris pour
nos efforts contre le
terrorisme, est en train
de prendre forme».
Estimant que ces
bouleversements
politiques à travers les
pays de la région MENA
sont prometteurs en
matière de démocratie,
M. Benjamin a prévenu,
toutefois, que «certains
dangers ne peuvent être
ignorés». En effet, a-t-il
expliqué devant le
comité onusien de
contre-terrorisme, «ces
agitations politiques ont
distrait les services de
sécurité dans un certain
nombre de pays».
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10 ANS APRÈS
L’AFRIQUE RÉSOLUE
À COMBATTRE
LE TERRORISME
L’Union fait
la force
Devant l’ampleur des sacrifices et le lourd tribut
payé par l’Algérie et le peuple algérien face au
terrorisme et à ses connivences internationales,
Alger reste, pour l’Afrique et le monde, le
symbole de la résistance à ce fléau mondial.
L’histoire retiendra que l’Algérie a joué un rôle
pionnier en matière de lutte antiterroriste, et ce
bien avant les tristement célèbres attentats du
11 septembre.
Par Nora Chergui
Algérie reste le chef de file de la lutte antiterroriste en Afrique», de l’avis même de
nombreux pays occidentaux à leur tête les
Etats-Unis d’Amériques. Mais comme le
combat contre ce fléau doit être mené en
partenariat avec d’autres Etats, notre pays
a réussi à faire reconnaître aux pays africains la nécessité de
faire face au terrorisme sur les plans individuel et collectif.
Cette nécessité a conduit en premier à l’adoption de la convention sur la prévention et la lutte contre le terrorisme par le
35e sommet de l’OUA qui s’est déroulé à Alger en juillet 1999.
Depuis, à nos jours, les membres de l’Union africaine continuent de rejeter sans équivoque le terrorisme. Des lois et des
stratégies sont élaborées en concertation avec les pays africains pour permettre au continent noir de mener une guerre
sans merci à l’hydre terroriste qui veut en faire ses bases arrières. Cet engagement a forcé le respect des grandes nations,
en témoigne ce message de Georges W. Bush adressé au président Bouteflika en septembre 2002. «Le peuple américain
exprime sa reconnaissance à vous-même et au peuple algérien pour vos contributions à la campagne pour libérer
le monde du terrorisme. Les Etats-Unis d'Amérique ont été
directement ciblés le 11 septembre dernier. Le terrorisme
obscurcit toute perspective à tous les peuples de vivre
dans la paix, la liberté et la prospérité. Comme nous nous
unissons pour défaire le terrorisme, avec persévérance et
courage, nous le vaincrons certainement.»
Il faut dire que le débat autour du terrorisme international a indéniablement pris des proportions considérables depuis les attaques spectaculaires et tragiques aux Etats-Unis, des tours
jumelles, le World Trade Center, ainsi que le Pentagone. Les
attentats du 11 septembre 2001 ont frappé les esprits et marqué le début des inquiétudes selon lesquelles la sécurité mondiale serait menacée. Et c’est là où l’on a commencé à parler
de coopération internationale pour pouvoir faire face à ce fléau
devenu transnational. Il faut cependant rappeler que, dans le
cadre international, beaucoup de conventions ont vu le jour
bien avant le 11 septembre. La première convention régionale
date de 1971 et relève de la prévention et de la répression des
actes de terrorisme. Elle sera suivie de la Convention arabe
sur la répression du terrorisme de 1998, de la Convention de
l’OUA en 1999… Les Nations unies ont également adopté un
«L’
certain nombre de conventions relatives au terrorisme.
Les premières conventions de ce
En 1999, à
type sont relatives aux actes
Alger, est
concernant l’aviation surtout, puis
signé l’acte
les transports maritimes. Finalede naissance ment, ce n’est qu’en 1997 qu’une
de la
convention relative aux attentats
coopération terroristes à l’explosif voit le jour.
africaine de
Celle-ci impose aux Etats concerlutte contre
nés de sanctionner les individus
le terrorisme. responsables de tels actes. Mais,
après 2001, la lutte contre le terrorisme s’est nécessairement affirmée. Ainsi, la résolution 1373 de
l’ONU prévoit l’interdiction de tout
financement de groupe terroriste
par les Etats. Le Comité contre le
terrorisme, créé en 2001, a pour
mission de veiller au respect de
cette dernière résolution. Récemment, une Convention internationale pour la répression des actes
de terrorisme nucléaire a été adoptée.
Alger 1999, l’éveil africain
Pour avoir souffert des affres du
terrorisme, longtemps avant que
d’autres régions du monde ne
soient elles-mêmes concernées,
l’Afrique et sous la houlette de l’Algérie s’est diligemment employée à
définir les voies et moyens les plus
appropriés de prévention et de lutte
contre ce phénomène ravageur des
temps modernes. Notre continent a
non seulement fait œuvre utile,
mais s’est aussi distingué par le caractère pionnier de son engagement. Bien avant 2001, la
recherche des moyens de lutter
contre ce phénomène dévastateur
avait bel et bien démarré. En 1999,
à Alger, est signé l’acte de naissance de la coopération africaine
de lutte contre le terrorisme.
Convaincus que le terrorisme ne
peut être justifié, quelles que soient
les circonstances, et devrait donc
être combattu dans toutes ses
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formes et manifestations, notamment lorsque des Etats sont directement ou indirectement impliqués,
nonobstant son origine, ses causes
et ses objectifs. Les discussions du
sommet d’Alger ont porté sur les efforts à fournir et à conjuguer pour
faire front commun contre ce que
certains appellent le mal du XXIe
siècle. Pour tout dire, la coopération
africaine en matière de lutte contre
le terrorisme a démarré d’Alger.
Elle a porté le nom de Convention
de l'OUA sur la prévention et la lutte
contre le terrorisme. Entrée en vigueur en décembre 2002, cette
convention oblige les pays signataires, comme stipulé dans l’article
4, à s’abstenir de tout acte visant à
organiser, soutenir, financer, commettre, encourager des actes terroristes ou à leur donner refuge,
directement ou indirectement, y
compris leur fournir des armes ou
les stocker, et à leur délivrer des
visas ou des documents de voyage.
Un petit pas dans le long combat
contre le terrorisme qui ne connaît
pas de répit. Et parce qu’il ne
connaît pas de frontières, les signataires ont dans l’article 8 évoqué la coopération judiciaire et se
sont engagés à procéder à l’extradition. «Les Etats parties s’engagent à extrader toute personne
poursuivie, inculpée ou condamnée
pour des actes terroristes commis
dans un autre Etat partie et dont
l’extradition est sollicitée par cet
Etat conformément aux procédures
et modalités prévues par la présente Convention ou en vertu d’accords d’extradition signés entre eux
et sous réserve des dispositions de
leurs législations nationales.»
Seul un engagement ferme
Alger, fidèle à sa réputation de leader, abrite, en septembre 2002, une
réunion intergouvernementale de
haut niveau des Etats membres de
l'Union africaine consacrée à la prévention et à la lutte contre le terrorisme.
Cette rencontre entérinée par le
sommet de l'OUA/UA de Durban de
juillet 2002, et que l'Algérie s'est
proposée d'abriter, a été une occasion pour examiner les voies et
moyens à même d'assurer l'application de la convention africaine
sur la prévention et la lutte contre le
terrorisme. Les Etats africains ont
été appelés à surmonter les handicaps générés par le retard enregistré dans le domaine de la
coopération entre les institutions
impliquées dans la lutte antiterroriste en Afrique, ainsi que par l'insuffisance de moyens et de
capacités pour mettre au point et
conduire la lutte contre le terrorisme. Le premier constat a révélé
que peu de pays africains sont en
mesure de réunir, seuls, l'ensemble
de ces moyens. Ce qui impose une
coopération sans faille, seule à
même d'unir les moyens pour juguler ce fléau dévastateur qui met en
péril la paix, la sécurité et la stabilité
à travers le monde. Les participants
ont convenu d’un plan d’action qui
vise à donner corps à des engagements et obligations, et à promouvoir l’accès des pays africains à des
moyens de lutte antiterroriste appropriés à travers un ensemble de
mesures fixant un cadre pour la
coopération africaine. Le plan d’action souligne, dans son préambule,
que l’éradication de ce phénomène
requiert un ferme engagement des
Etats membres à poursuivre des
objectifs communs à travers, notamment l’échange d’informations
sur les activités et les mouvements
des groupes terroristes en Afrique,
l’assistance juridique mutuelle,
l’échange de recherche et d’expertise. Ainsi que la mobilisation de
l’assistance technique.
La rencontre d’Alger a été précédée par celle de Dakar où les représentants d’une trentaine de
pays africains ont invité toutes les
nations de ce continent à faire diligence pour ratifier la Convention de
l'OUA relative à la prévention et à la
lutte contre le terrorisme et les instruments similaires de l'ONU, et à
prendre les mesures juridiques, diplomatiques, financières et autres,
pour lutter contre le terrorisme aux
niveaux national, sous-régional, régional et mondial. Les fondements
de l’éveil africain, bâti sur la
Convention d’Alger (1999) et sur le
Plan d’action l’affermissant en
2002, repères auxquels sont venus
s’ajouter les efforts du continent en
octobre 2004 (réunion et lancement
du Centre d’étude et de recherche
sur le terrorisme), toujours dans la
capitale algérienne.
L’ouverture dans la capitale algérienne d’un Centre africain de lutte
antiterroriste auquel est attribuée
principalement la mission de priver
les groupes armés de leurs sources
de financement, de prévenir les attentats et d’avertir les pays du
continent africain sur d’éventuels
actes de terrorisme en préparation
s’inscrit dans le prolongement de la
stratégie algérienne de lutte contre
un fléau que le pays a eu à subir
longtemps seul, n’ayant été accompagné le plus souvent que de l’indifférence généralisée, avant que
ne se réveille enfin le monde à la
suite de la multiplication et de la
densification des effets néfastes du
terrorisme sur l’ensemble de la planète. Car, si l’Afrique œuvre à sa
sécurité, il n’en reste pas moins que
le reste du monde, à commencer
par la toute proche Europe, a besoin de cette stabilité africaine qui
est apte à apporter sa part d’assurance d’une quiétude européenne.
Idem pour les Amériques, l’Eurasie
ou n’importe quelle autre région du
monde.
Ne plus se contenter
de condamner
L’organisation panafricaine a choisi,
à Kampala, en juillet 2010, d’adopter la manière forte face au terrorisme dont la progression inquiète
au plus haut point. L’UA a montré
un nouveau visage. Elle a montré
au monde qu’elle ne se contentait
plus de condamner toutes les attaques terroristes perpétrées sur le
continent. Elle a décidé d’aller plus
loin en interdisant aux Etats membres de payer des rançons dans les
situations de prise d’otage. Une fermeté qui est en parfaite adéquation
avec l’une des priorités de la diplomatie algérienne. Celle-ci considère, en effet, que l’argent résultant
des prises d’otages sert à financer
les actions terroristes. La ligne dure
choisie à Kampala a été un
triomphe. En fait, le durcissement
de ton a été le résultat d’un
concours de circonstances. En
outre, l’attentat orchestré par les
shebabs somaliens à quelques
jours du sommet, qui témoigne
d’une certaine audace. 76 morts.
Aussi, la mort de l’otage français
Michel Germaneau, qui a réellement bouleversé les parties représentées au conflit. L’idée d’une
véritable riposte a lourdement pesé
sur le sommet. Il faut dire qu’une
très grande motivation est constatée chez les Africains d’être partie
prenante, d’abord pour eux, à la
prévention et la lutte contre le terrorisme, mais également d’être partie prenante dans la stratégie
mondiale d’éradication de ce phénomène.
Les pays membres de l’Union africaine ont proposé et adopté des
mesures concrètes qui rendent
beaucoup plus opérationnelles les
décisions prises par les chefs d’Etat
africains pour que l’Afrique, d’abord
dans le cadre d’une coopération
sans faille, s’engage résolument,
en mobilisant son potentiel, en prenant compte des expériences vécues, à mener des actions de
coopération pour éradiquer le terrorisme sur le continent. L’Afrique est
résolue à lutter jusqu’à l’éradication
du terrorisme.
N. C.
La réunion
intergouvernem
entale de haut
niveau des
Etats membres
de l'Union
africaine
consacrée à la
prévention et à
la lutte contre le
terrorisme,
tenue en
septembre 2002
et entérinée par
le sommet de
l'OUA/UA de
Durban, de
juillet 2002, et
que l'Algérie
s'est proposée
d'abriter, a été
une occasion
pour examiner
les voies et
moyens à même
d'assurer
l'application de
la convention
africaine sur la
prévention et la
lutte contre le
terrorisme.
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11 SEPTEMBRE...
10 ANS APRÈS
LES CONDITIONS DE LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Des pistes algériennes de réflexion
Par Bachir Medjahed
«Aucun Etat ne peut fonder sa
sécurité en ignorant celle des
autres, et encore moins au
détriment des autres.»
Le 11 septembre est une date charnière.
La perception mondiale du terrorisme
marque une rupture. Les groupes armés
terroristes ou les mouvements
terroristes tels que les nomme l’Algérie,
ou plutôt le terrorisme transfrontalier,
ont acquis la capacité d’opérer des
frappes de grande envergure.
Des milliers de morts en si peu de temps. Des frappes
imparables et surtout non prévues. Désormais, l’extrême violence est le point de départ de leur stratégie.
Il ne s’agit pas d’une programmation d’étapes de
crises, en crescendo, pour entamer des négociations.
Les auteurs des attentats n’appartiennent pas d’origine à un même Etat, d’où la validité de la thèse algérienne. Les terroristes n’ont pas employé des armes
de guerre, ne se sont pas réclamés d’un Etat quelconque, mais plutôt d’une organisation non étatique,
d’où la mise hors jeu des moyens militaires lourds
d’affrontement. Rappelons quelques pistes de réflexion émises par le président Bouteflika, à l’occasion
de la conférence internationale organisée par la commission de défense nationale qui s’était tenue à Alger
en mai 2002 à destination de la communauté internationale comme positions de l’Algérie presqu’une
année après les attentats du 11 septembre. Le président fait le constat du désordre et de l’incertitude et
d’autres Etats membres des Naappelle à repenser en profondeur la problématique de la sétions unies.
curité des Etats en vue de modifier le système inégalitaire acPar l’énoncé d’observations dont la
tuel. Aucun Etat, disait-il, ne peut fonder sa sécurité en ignorant
liste n’est pas exhaustive, on pourcelle des autres, et encore moins au détriment des autres. Le
rait tenter d’approcher la définition
Président affirmait que «les initiatives unilatérales, inefficaces
de quelques-unes des problémaet contre-productives doivent céder le pas à une politique de
tiques liées à la lutte contre le terrenforcement de la sécurité internationale qui soit concertée et
rorisme depuis les attentats du 11
solidaire». «Pareille exigence devant la menace du terrorisme,
septembre 2001.
un fléau ancré dans la mondialisation, reflet d’un monde déLe terrorisme n’est pas né le 11
pourvu de repères.» «Les amalgames, les politiques du deux
septembre. La mobilisation monpoids, deux mesures ne peuvent qu’entamer la crédibilité et la
diale qui s’en était suivie
profondeur de l’engagement de la communauté interprouve seulement que des
nationale contre le terrorisme international».
En mai 2002, le Président composantes de la dimen-
Des contradictions «obstacles»
Bouteflika fait le constat
du désordre et de
l’incertitude, et appelle à
repenser en profondeur
la problématique de la
sécurité des Etats en vue
de modifier le système
inégalitaire actuel.
De profondes contradictions au niveau des grandes
puissances riches et développées. S’engager dans la
lutte contre le caractère transnational du terrorisme
tout en prenant en otage la prospérité à l’intérieur de
leurs frontières. Désarmer les économies des pays en
développement par le biais du démantèlement des
barrières douanières et présenter le libre-échange
commercial comme fondement du développement, de
la richesse et même de la prospérité. S’engager à
mettre en place un système de sécurité collective qui est censé
intégrer toutes les données liées aux menaces contre la paix et
à la sécurité internationale tout en s’employant à mettre en
œuvre un nouveau logiciel «nous vous détruirons puis nous
vous reconstruirons» qui s’arrête en fin de compte au premier
stade. Une sécurité collective au nom de la lutte contre toutes
les grandes menaces et qui crée de l’insécurité globale dans
sion internationale du terrorisme n’a été privilégiée
que celle qui a des conséquences directes sur la sécurité
intérieure
des
grandes puissances. Il a
fallu, pour sa prise en
compte, que l’hyperpuissance américaine se réveille de l’illusion que son
propre territoire n’est nullement immunisé contre des frappes terroristes autant meurtrières que
hautement spectaculaires. Que de
temps aurait été gagné si la thèse
algérienne d’un terrorisme transfrontière était prise au sérieux par
les pouvoirs occidentaux, au moins
pour qu’ils adoptent une position de
prudence que leur recommande
obligatoirement leur rôle de dirigeants et de protecteurs de leur nation et par leurs services de
renseignement qui n’ont nullement
le droit d’écarter toutes les hypothèses et qui ont découvert qu’ils
étaient en retard d’une profonde réflexion. Ayant placé les frontières
de leur sécurité nationale très loin
de leurs frontières, les Etats-Unis
ont négligé leur défense opérationnelle sur leur propre sol. Dans
quelles mesures les Etats-Unis ontils inspiré les «djihadistes» ? Projections des forces américaines
hors de leurs territoires, car leur ennemi est lointain, projections des
forces terroristes par passeport, car
ils considèrent que leur ennemi est
lointain. Coalition multinationale
d’un côté en vue d’une attaque ou
même d’une guerre sans passer
par le Conseil de sécurité de
l’ONU, frappe terroriste employant
en même temps des recrues de
plusieurs pays et décidée peut-être
unilatéralement.
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Unilatéralisme et niveaux
de responsabilité
Des questions liées aux responsabilités. Simple négligence des Etats
occidentaux plus particulièrement
ou des Nations unies de façon plus
large ? Qui devait prendre en
charge ce type de réflexion au niveau des instances internationales
onusiennes ?
Les membres occidentaux permanents du Conseil de sécurité du fait
qu’ils se posent unilatéralement en
bras armé du Conseil de sécurité ?
Serait-il possible que la lutte contre
le terrorisme soit menée efficacement au nom du droit international
tout en continuant à ignorer celui-ci
quand les Palestiniens subissent à
la fois des atteintes graves aux
droits de l’homme et le refus de leur
autodétermination ? Même question pour ce qui concerne les Sahraouis.
Comment lier la lutte contre le terrorisme après le 11 septembre et
l’endiguement de l’influence de
celui-ci quand des guerres menées
unilatéralement contre des Etats
qui n’ont aucun lien prouvé avec ElQaïda sont suivies d’une occupation militaire laquelle fatalement
offre des recrues déterminées à ce
mouvement terroriste ? Comment
mobiliser pour la lutte contre le terrorisme quand des arguments sont
offerts facilement aux mouvements
terroristes pour que ceux-ci fassent
accréditer la thèse de guerres
de croisade menées contre les
pays musulmans, et donc contre
l’islam ?
L’après-11 septembre, tel qu’il
découle d’une politique internationale conçue unilatéralement, sur
la base des amalgames dénoncés
par le Président algérien, a servi
à exacerber les communautarismes, à fournir les occasions de
manipulations des facteurs de rupture des cohésions nationales
arabes et africaines, à installer les
guerres civiles par la mise en affrontement des populations autour
des clivages confessionnels et
ethniques, et à placer des pays
dans des situations proches de la
partition.
Ainsi, la lutte contre le terrorisme
rencontre les éléments de son inefficacité.
Des puissances occidentales se retrouvent ainsi à mener deux
guerres, plusieurs même, dans les
pays musulmans (plutôt contre des
pays musulmans tel que cela est
perçu par les populations).
Des guerres pourtant que des Etats
ne peuvent pas gagner, ne peuvent
plus gagner.
L’impossible
solution militaire
L’OTAN reprend à son compte les
anciennes déclarations des dirigeants militaires américains selon
lesquels les forces armées américaines n’étaient pas en train de gagner la guerre en Irak. Les mêmes
conclusions allaient être tirées pour
l’Afghanistan.
Ce sont certainement les mêmes
conclusions qui sont tirées de la
guerre en Libye. Des frappes aériennes ne produisent aucun résultat «positif», tandis que des
engagements terrestres amèneront
les militaires occidentaux à évoluer
en immersion au sein de populations hostiles. Alors, que devrait
faire l’OTAN à propos de la Libye
quand d’évidence, toutes les solutions militaires mènent vers les impasses, là où seule la solution
politique peut être un facteur
de paix durable pour le pays
concerné, pour toute la région. Les
solutions militaires renforcent plutôt
les mouvements terroristes dont la
croissance est liée aux «déstabilisations politiques». Ce type de
guerre qui fatalement affaiblit les
Etats détruit la cohésion nationale
qui est le meilleur espace de défense contre toute menace terroriste.
La fin de la première décennie du
nouveau siècle nous a mis en présence de nouveaux types de
conflits armés ou de guerres. En Afghanistan, en Irak, au Liban, à
Gaza, des forces armées des Etats
affrontent des mouvements politiques armés. Il s’agit d’armées
étrangères face à des mouvements
dit de résistance. Qui est en mesure de gagner la guerre ? Comment se mesure la victoire et
comment se mesure la défaite ? Le
Président algérien disait : «Quand
il y a une guerre, c’est la guerre qui
a gagné.»
Un Etat occupant et un mouvement
de résistance se sont affrontés. Sur
quels critères faudrait-il fonder la
victoire ou la défaite pour un Etat
occupant et un mouvement de résistance ? Sur le nombre de victimes à faire dans chaque camp
puis à les comparer ? En tout cas,
pas par le recensement des armes
à possession, puisque c’est une
guerre asymétrique où il est difficile
de dire qui a gagné et
qui a perdu. Peut-on
«Les initiatives unilatérales, inefficaces et
dire que les Américontre-productives doivent céder le pas à
cains par exemple
une politique de renforcement de la
ont perdu ou gagné ?
Qui alors a gagné la
sécurité internationale qui soit concertée
guerre à Gaza ? Pas
et solidaire.»
Israël. Une défaite
sur le plan moral,
mais le plus grave pour lui, c’est
qu’il ne pourra jamais gagner une
guerre qu’aucun Etat ne sait faire et
la gagner. Il ne s’agissait d’ailleurs
pas de guerre, car il n’y avait pas
en présence deux Etats pour s’affronter ni deux armées. En tout cas,
Israël ne peut pas dire qu’il a gagné
la guerre. Dans une guerre, on
compare les forces en présence, et
cela n’est pas valable dans ce cas
précis. Hamas n’a pas perdu la
guerre, car il est encore là, et même
si ses effectifs sont entaillés, l’injustice faite au peuple palestinien
alimentera les rangs de la résistance, car les jeunes Palestiniens
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sont nés dans la révolte permanente de n’être pas comme les
jeunes du monde entier, en train de vivre leur vie dans leur propre pays, leur propre Etat. Quelle guerre pourrait-elle être gagnée si ce n’est celle de la paix en ne continuant pas à nier les
droits des Palestiniens à avoir leur Etat viable ? L’absence de
paix au Proche-Orient couplée à ce qui est dénoncé comme
une politique de deux poids, deux mesures, par l’usage du droit
de veto américain qui viole le droit international, enfonce la région dans une insécurité permanente. Des analystes considèrent même que le premier facteur d’insécurité pour les
Américains est la politique américaine d’Israël, et que cette
même politique permet aux terroristes transnationaux d’élargir
leur base de recrutement.
Une stratégie internationale globale ?
Par le biais de la mondialisation, les populations perçoivent que
l’économie de marché «qui nous est imposée» n’est pas et ne
sera pas celle qui va se substituer à l’endettement étatique et
à la dépense publique pour financer le développement et la
croissance économique, et que cette dernière soit durable et
non artificielle. Que pouvons-nous et que devons-nous faire
concrètement pour assurer les conditions d’un développement
quand on fait le constat que les IDE tant attendus, promis par
les pays riches dès lors que nous aurions procédé aux réformes économiques, ne sont pas au rendez-vous ?
Nous allons entrer dans une guerre qui est mondiale. La mondialisation, telle qu’on l’appelle. Une guerre qui nous est imposée, à laquelle il n’y a malheureusement pas d’autre
alternative, comme l’avait dit le Président Bouteflika. Aussi
nous faudrait-il l’admettre et tenter de réunir les conditions de
notre intégration et renforcer notre capacité à pouvoir le faire
avec profit. Seulement avec un programme de mise à niveau
qui est axé plus particulièrement sur les disciplines liées au
management alors que la mise à niveau ne devrait surtout pas
ignorer les «gens» qui activent dans les technologies de pointe
puisqu’il s’agit de s’imposer par la qualité des produits.
Il a même été possible de considérer que cette sorte de concurrence
est
une
guerre
commerciale qui possède, avec
«Les amalgames, la guerre militaire, bien des
les politiques du
points communs. Dans une
guerre économique, on ferme les
deus poids, deux
entreprises qui coulent, et cellesmesures ne
ci sont fort nombreuses ; et dans
peuvent
la guerre tout court, on détruit
qu’entamer la
des usines à partir du ciel. Là, le
crédibilité et la
résultat est le même : on détruit
profondeur de
les instruments du développement, avec toutes les consél’engagement de
quences qui en découlent. Il ne
la communauté
faudrait pas occulter qu’il est plus
internationale
facile de détruire que de
contre le
construire et, pire encore, de reterrorisme
construire. On produit un chôinternational.»
mage de masse dans les deux
cas, et même parfois un retour à
l’âge de pierre. D’un côté, on dit
que seule la concurrence peut
mener à la prospérité alors que
l’on sait que toute concurrence détruit les solidarités, car il faut
que fatalement, de celle-ci, il en découle des vaincus et des
vainqueurs, très peu de vainqueurs et une masse de vaincus.
Dans une telle guerre, probablement que l’on sait bien à
l’avance qui va gagner et qui va perdre, qui va prospérer en
tant que pays ou qu’entreprise et qui va disparaître. On ne
parle plus de la prospérité partagée, et pour cause, celle-ci est
plutôt protégée, interdite de passage par les frontières. Le terrorisme est transfrontalier, la corruption internationale l’est également, mais pas la prospérité.
B. M.
10 ANS APRÈS
Verra-t-on le bout
du tunnel ?
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10 ANS APRES
M. ABDELKADER MESSAHEL, MINISTRE DÉLÉGUÉ AUPRÈS DU MINISTRE
DES AE, CHARGÉ DES RELATIONS MAGHRÉBINES ET AFRICAINES
«La présence importante d’experts à la conférence
témoigne de leur disponibilité à renforcer davantage
leur coopération avec notre pays»
Propos recueillis
par Fouad Irnatene
La vision d’établir une stratégie claire et commune
en matière de lutte antiterroriste et du banditisme
dans la région ne se heurte-t-elle pas à l’instabilité
en Libye, notamment, où des armes circulent sans
contrôle ?
Il est tout à fait évident que la crise libyenne a créé une menace
supplémentaire dans la région du Sahel du fait de la circulation d’armes et qu’elle a suscité le retour massif de ressortissants vers leur pays d’origine qui deviennent ainsi une charge
supplémentaire à leurs Etats, déjà en difficulté financière.
Cette nouvelle situation est devenue une source de préoccupation pour les pays de la région qui, saisissant l’opportunité
de la tenue de la conférence, ont examiné de concert avec les
partenaires les voies et moyens de faire face à ce nouveau
défi.
Lors de la visite en Algérie de Gilles de Kerchove,
coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme, il a été question de nouvelles approches de
lutte contre ce fléau dans la région du Sahel. Pouvez-vous nous évoquer ces nouveautés ?
La visite en Algérie de M. Gilles de Kerchove, coordinateur de
l’UE pour la lutte contre le terrorisme, a été l’occasion pour l’informer de la nouvelle stratégie adoptée par les pays du champ,
et notamment la mise en place du mécanisme de coopération
régionale aussi bien dans le domaine de la sécurité que dans
celui du développement. Elle a été également une occasion
pour lui de faire part de ce qui est attendu du partenariat entre
les pays du champ et les pays et institutions extrarégionaux
dans le domaine de la lutte antiterroriste, contre le crime transnational organisé et le sous-développement.
Comment évaluez-vous le niveau de coopération
avec certains partenaires, notamment à travers les
groupes de contact établis avec l’UE, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ?
Il existe un partenariat bilatéral entre l’Algérie et ces pays, tout
comme sont tissés des liens de coopération entre ces derniers
et les pays de la région. La présence importante d’experts de
ces pays à la conférence témoigne de leur disponibilité à renforcer davantage leur coopération avec notre pays.
La lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationaux nécessite aussi une stratégie d’accompagnement en matière de développement.
Seulement, le monde actuel connaît une période de
récession économique grave. Comment peut-on,
dans ce contexte, parler d’efficacité alors que la misère constitue un terreau important pour les réseaux terroristes ?
Il est tout à fait évident que la lutte contre le terrorisme doit
s’accompagner d’efforts importants en matière de développement
économique et social, et tout particulièrement dans les zones les plus
déshéritées de la région du Sahel.
Ce thème a représenté un volet important de la conférence à laquelle
ont pris justement part des experts
en matière de développement
venus des pays partenaires et des
bailleurs de fonds.
Il est clair que l’Algérie
fournit un effort considérable en matière de projets
structurants, comme la
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transsaharienne. Pour les
pays du Sahel, la situation
est tout autre, ce qui rend
ce binôme amoindri. Quelle
solution peut-on préconiser
pour impulser une dynamique de développement
dans ces pays ?
Notre pays a fourni et continue de
fournir des efforts importants pour
le développement économique et
social de notre continent, et plus
particulièrement des pays voisins.
Que ce soit au niveau bilatéral ou
dans le cadre multilatéral, notamment à travers le NEPAD, qui
constitue un cadre stratégique de
développement global pour accélérer la coopération et l’intégration
entre les pays africains, l’Algérie a
initié des projets structurants importants dans son environnement
immédiat, tels que la transsaharienne.
La conférence a été une occasion
pour renforcer la dynamique de
coopération entre les pays du
champ et pour sensibiliser davantage les partenaires extrarégionaux
à l’effet de contribuer aux efforts de
développement déjà consentis par
les pays de la région eux mêmes.
L’Algérie n’a pas cessé
d’appeler les pays du
Sahel, au cours des précédentes
rencontres,
à
converger leurs efforts,
notamment dans la perception commune de menaces vers une lutte ferme
et coordonnée contre le
terrorisme et le crime organisé. Quel bilan faitesvous de la coopération
depuis l’avènement du
CECOM ?
Les conférences d’Alger de mars
2010 et de Bamako de mai 2011,
qui ont posé les principes directeurs et mis en place des arrangements, notamment l’établissement
du CEMOG et l’UFL, pour organiser et structurer la coopération régionale dans le domaine de la
sécurité et de lutte contre le sousdéveloppement, ont constitué des
étapes importantes dans le renforcement de la coopération régionale. Elles ont créé une
dynamique et une nouvelle stratégie qui a permis à cette coopération de montrer son efficacité et de
donner des résultats satisfaisants
sur le terrain.
L’Algérie a été le premier
pays à mettre en garde
contre le paiement de rançons, et dont la démarche
a abouti par l’adoption,
par le Conseil de sécurité,
d’une résolution dans ce
sens. Dernièrement,
Washington s’est aligné
sur la vision d’Alger…
En effet, notre pays a pris, très tôt,
conscience de la problématique de
la question du paiement de rançons
et n’a eu de cesse de sensibiliser la
communauté internationale.
Le paiement de rançons est une
source importante de financement
du terrorisme et constitue un
véritable obstacle à l’efficacité
de la lutte que mène la communauté internationale contre le
terrorisme.
La démarche algérienne a abouti
au niveau de l’Union africaine et du
Conseil de sécurité des Nations
unies, et nous constatons que de
plus en plus de pays se sont rangés
sur notre position.
F. I.
ROBIN SEARBY, CONSEILLER DU
PREMIER MINISTRE BRITANNIQUE
POUR LA LUTTE ANTITERRORISTE
EN ALGÉRIE :
«Nous avons d'excellentes
relations dans le domaine
de la défense et de la lutte
antiterroriste»
a coopération algéro-britannique dans la lutte contre le terrorisme a été au
centre d'entretiens lundi à Alger entre M. Kamel Rezag Bara, conseiller
auprès du Président de la République, et le général major Robin Searby,
conseiller du Premier Ministre britannique pour la lutte antiterroriste en
Afrique du Nord et au Sahel. «Nous avons discuté de la 3e réunion du
groupe de contact bilatéral algéro-britannique de coopération sur la lutte
contre le terrorisme et les questions de sécurité connexes, qui aura lieu à Alger à
la fin du mois d'octobre prochain», a indiqué M. Bara. Le conseiller du chef de l'Etat
a précisé que ce groupe de contact était «un mécanisme informel de structuration
du dialogue algéro-britannique sur les questions liées à lutte contre le terrorisme
et la sécurité». M. Bara a affirmé à cet effet avoir «procédé à l'évaluation de la situation dans la région avec une
focalisation sur la sous-région du
Sahel». Ceci a permis, a-t-il dit,
de «donner des indications aux
partenaires britanniques sur le
contenu et les objectifs du programme de la conférence prévue
les 7 et 8 septembre prochain à
Alger sur le partenariat entre les
pays du champ (Algérie, Mali,
Mauritanie et Niger) et les partenaires extrarégionaux» dans les
domaines de la sécurité et du développement. Il a indiqué également avoir évoqué avec le
général major Searby «les
risques induits par la crise en
Libye sur la stabilité dans la
sous-région et insisté sur la nécessité d'une solution politique à cette crise». M. Bara a relevé, en outre, une «similitude de vues» entre l'Algérie et la Grande-Bretagne sur la question de la
prohibition du paiement de rançons aux groupes terroristes, en rappelant la «nécessité de continuer à travailler ensemble au niveau des Nations unies pour élargir le consensus multilatéral sur cette question». De son côté, le général major
Robin Searby, en visite de deux jours en Algérie, a réaffirmé la «relation importante du Royaume-Uni avec l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme et les questions de sécurité», selon les termes d'un communiqué de presse rendu public lundi
par l'ambassade du Royaume-Uni à Alger, qui accorde à l'Algérie un «rôle pivot»
dans la lutte antiterroriste. «Nous avons d'excellentes relations dans le domaine de
la défense et de la lutte antiterroriste, et nous souhaitons pouvoir les poursuivre (...)
lors de la conférence d'Alger, prévue en septembre, sur le partenariat dans le
Sahel, et le dialogue algéro-britannique sur la lutte antiterroriste prévu à Alger en
octobre», a dit l'officier britannique cité par la même source. Selon la représentation diplomatique britannique, il a aussi déclaré que les deux pays avaient en partage «une expérience commune jalonnée de collaboration dans la lutte contre le
terrorisme», ainsi que des positions communes en la matière comme le non-paiement de rançon aux groupes terroristes.
L
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11 SEPTEMBRE...
10 ANS APRÈS
M. HENRY S. ENSHER, AMBASSADEUR AMÉRICAIN EN ALGÉRIE
«Les Etats-Unis et l’Algérie ont été
et demeurent engagés à travailler ensemble»
Interview réalisée
par Mourad Termoul
Dix ans après les évènements du 11 septembre,
comment les Etats-Unis d’Amérique perçoivent-ils
le monde et qu’ont-ils changé dans la vision de
Washington ?
Il est clair que nous faisons face à une menace continue. Nous
présentons nos condoléances pour l’attentat de Cherchell.
Nous voyons cela comme un signe évident que notre coopération contre cette menace est nécessaire. Beaucoup de
choses ont changé en dix ans depuis le 11 septembre. Les
Etats-Unis n’ont pas abandonné leur objectif de poursuivre
Oussama ben Laden, et en mai, les éléments spéciaux de nos
forces de sécurité ont réussi à l’éliminer. Les Etats-Unis ont
poursuivi leur travail avec leurs partenaires pour empêcher les
attaques terroristes de se produire et tentent de faire face aux
causes qui incitent les gens à basculer dans la violence. Un
autre changement significatif que j’aimerais souligner est les
développements du « Printemps arabe ». Nous avons été témoins du début de transitions dans certains pays vers des systèmes plus démocratiques en mesure de répondre aux
souhaits de ces peuples. Les Etats-Unis soutiennent ces pays
dans leur processus de transition, et nous continuons à inciter
les nations à travers le monde à être du côté du peuple dans
ses aspirations.
Quelle évaluation faites-vous de la coopération algéro-américaine dans le domaine de la lutte contre
le terrorisme et la criminalité transnationale ?
La prolifération du terrorisme et du crime transnational fait de
la coopération internationale un élément essentiel pour traduire
en justice ceux qui menacent notre
sécurité. La stabilité à long terme
dépend de la capacité des gouvernements à coordonner leurs ef«La stabilité à
forts dans la lutte antiterroriste et
long terme
l’application des lois. Les Etatsdépend de la
Unis et l’Algérie ont toujours été et
capacité des
demeurent engagés à travailler
gouvernements
ensemble en vue de faire face à
à coordonner
cette menace émanant des
leurs efforts
groupes qui cherchent à perpétrer
dans la lutte
des attaques contre des civils inantiterroriste et
nocents. Le groupe de contact bidans
latéral algéro-américain sur le
contre-terrorisme et la coopération
l’application
sécuritaire, lancé en mars 2011, a
des lois.»
représenté un moment historique
dans le développement de la coopération sécuritaire bilatérale.
Ce mécanisme a apporté un souffle qualitatif au partenariat
américano-algérien stratégique. Il a aidé à structurer un dialogue et une consultation, et à incorporer plusieurs facettes de
notre coopération bilatérale dans les domaines de la politique,
l’économie, la sécurité, la justice et le domaine technique. Alors
que les Etats-Unis sont en contact direct avec les pays du
Sahel au sujet des menaces auxquelles ils font face, il appar-
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4
tient aux gouvernements concernés
de déterminer leurs mécanismes
de coopération pour combattre les
extrémistes sur leurs territoires. Les
Etats-Unis saluent les efforts visant
à adopter une stratégie collective.
Nous espérons que les nations de
la région vont continuer à travailler
ensemble pour renforcer la coopération régionale et consolider davantage l’action collective contre
les groupes qui cherchent à occuper les territoires de ces pays pour
lancer des attaques contre des civils innocents.
bles. Ceci est un effort du
gouvernement, et c’est
pourquoi l’administration
Obama a renforcé les
moyens dont nous avons
besoin. Nous sommes
guidés par le besoin
d’établir des partenariats
avec des institutions et
des pays à travers le
monde. Nous avons multiplié nos efforts pour renforcer la capacité de nos
partenaires à combattre
El-Qaïda dans leur pays.
Selon vous, existe-t-il une
stratégie globale contre la
menace terroriste et le
crime transnational ?
Les Etats-Unis comprennent le besoin d’un partenariat avec les institutions et les pays à travers le
monde, pour faire face au terrorisme et au crime transnational.
Nous usons de chaque opportunité,
à l’image de la conférence d’Alger,
pour aborder ces questions avec
d’autres pays et travailler avec eux.
La communauté internationale entière a tout à gagner en prévenant
des attentats terroristes futurs.
La conférence d’Alger des 7 et 8 septembre
est
considérée, par les
experts, comme très
importante. Comment les Etats-Unis
perçoivent-ils cette
rencontre ?
Nous attendons avec impatience la conférence
de septembre. Nous
avons une grande délégation composée d’officiels militaires et civils
américains. Nous voyons
cette conférence comme
un
forum
positif
d’échange d’idées sur
comment combattre le
terrorisme dans la région, et les
Etats-Unis accueillent positivement
les efforts visant à combattre le terrorisme multilatéralement.
Durant le mois de juillet
dernier, Washington a dévoilé une nouvelle stratégie de lutte contre le
terrorisme et la criminalité
transnationale. Quels en
sont les faits nouveaux ?
L’objectif principal de la stratégie
nationale de lutte antiterroriste est
le réseau El-Qaïda, ses ramifications et ses réseaux. Ceci est la
première stratégie de lutte antiterroriste qui se concentre sur l’habilité d’El-Qaïda et son réseau à
endoctriner des gens et les inciter à
nous attaquer. Ainsi, c’est la première stratégie de lutte contre le
terrorisme qui désigne le pays
comme premier palier sur lequel il
faut insister dans nos efforts de
lutte contre le terrorisme. C’est une
guerre de grande envergure, une
campagne sans relâche qui occupe chaque élément de pouvoir
américain, et nous cherchons une
destruction totale d’El-Qaïda. Pour
atteindre cet objectif, nous aurons
besoin de démanteler le cœur d’ElQaïda et d’empêcher son habilité à
rétablir des réseaux sûrs. Au même
moment, combattre El-Qaïda signifie également faire face à la grande
menace que représentent ses filiales et ses adhérents opérants en
dehors de cette région, notamment
dans d’autres régions telles que le
Maghreb. Nous utilisons tous les
outils juridiques et légaux disponi-
L’Algérie et les Etats-Unis
ont condamné le paiement
de rançons aux preneurs
d’otages, notamment ces
derniers temps dans la région du Sahel. Cependant,
des
pays
qui
sont
confrontés à ce problème
continuent à verser des
sommes faramineuses qui
permettent aux terroristes
d’acquérir des armes et de
soudoyer des jeunes désœuvrés. Y’a-t-il une réponse à ce problème ?
Les Etats-Unis s’opposent au paiement de rançons et aux négociations avec les terroristes.
Nous sommes fortement engagés
à poursuivre davantage les discussions sur cette question au niveau
international, y compris au niveau
du comité 1267 des Nations unies.
Nous croyons que cette question
est d’une importance cruciale dans
notre combat mutuel contre les terroristes et leur accès à l’argent, et
nous allons continuer à fournir des
efforts constructifs en vue de mettre fin à ces actions.
Qu’est-ce qui a réellement
changé après l’élimination
de ben Laden ?
Les Etats-Unis et leurs partenaires
internationaux ont exercé une pression considérable sur El-Qaïda, et
nous avons réussi à amoindrir une
grande partie des capacités du
groupe ; y compris sa capacité à
collecter de l’argent et à recruter de
nouveaux éléments.
Après avoir éliminé le
seul leader d’ElQaïda connu, Ous- «La conférence
sama ben Laden, le d’Alger est un forum
cœur du groupe est positif d’échange
clairement plus faible, d’idées sur comment
mais il garde la capa- combattre le
cité de conduire des terrorisme dans la
attaques régionales région.»
et transnationales.
En plus de cela, leurs
branches régionales
comme AQMI demeurent toujours
menaçante, comme le montre l’attentat de Cherchell. Nous travaillons avec des partenaires
régionaux, tels que l’Algérie, pour
combattre cette menace. Les EtatsUnis et l’Algérie ont été et demeurent engagés à travailler ensemble
pour faire face aux groupes qui
cherchent à lancer des attaques
contre des civils innocents.
M. T.
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11 SEPTEMBRE...
10 ANS APRÈS
M. DANIEL BENJAMIN, COORDONNATEUR DE LA LUTTE
ANTITERRORISTE AU DÉPARTEMENT D’ETAT AMÉRICAIN
«Notre coopération avec l’Algérie est plus
forte que jamais» EN EXCLUSIVITÉ
Le patron du contre-terrorisme au département
d’Etat américain a eu l’amabilité de répondre à
nos questions. Dans cette interview exclusive, il
nous livre les détails de la nouvelle stratégie
américaine de lutte contre le terrorisme, ainsi
que la coopération avec l’Algérie. Pour
Monsieur Sécurité, la conférence d’Alger
organisée les 7 et le 8 septembre est une
opportunité unique pour entreprendre une
stratégie globale de lutte contre ce fléau.
Propos recueillis
par Mourad Termoul
Dernièrement, les Etats-Unis ont dévoilé leur nouvelle stratégie de lutte contre le terrorisme. Peut-on
connaître un peu plus sur cette stratégie, ainsi que
les nouveautés qu’elle comporte ?
Au lieu de définir notre politique de sécurité entière, cette stratégie fait partie de la stratégie du Président Obama, qui vise à
faire avancer nos intérêts de sécurité nationale, notamment
notre sécurité, prospérité, respect des valeurs universelles et
coopération globale, pour répondre aux challenges mondiaux.
Il y a de nombreuses composantes de cette stratégie contre le
terrorisme qui méritent l’attention et dans certains cas la différencient de la précédente :
- cette stratégie est intentionnellement davantage concentrée
sur El-Qaïda que sur le terrorisme ou l’extrémisme en sa définition la plus générique.
- Au même moment, nous avons clairement indiqué, dans la
stratégie, que nous nous concentrons également sur les affiliés
et adhérents d’El-Qaïda alors qu’ils continuent de planifier et de
préparer des attaques terroristes.
- Cette stratégie identifie consciemment les régions et endroits
spécifiques prioritaires en termes de lutte antiterroriste, afin de
préciser que nos efforts et ressources dans la lutte antiterroriste doivent être dirigés et concentrés, en premier lieu, sur les
éléments du réseau d’AEl-Qaïda qui menace directement les
Etats-Unis et ses intérêts.
- Cette stratégie souligne également le besoin de faire face à
l’idéologie meurtrière d’El-Qaïda et sa résonance en identifiant
et répondant à des conditions et facteurs spécifiques et localisés qu’El-Qaïda exploite comme moyen de recrutement, radicalisation et mobilisation de la violence.
Cette stratégie identifie explicitement la patrie comme endroit
prioritaire, davantage que les stratégies précédentes. Pas uniquement, pour bâtir nos défenses et développer l’architecture
et les capacités de notre sécurité intérieure, mais également
en faisant face au challenge que représentent des éléments
d’El-Qaïda radicalisés et opérant sur le plan domestique.
- Enfin, cette stratégie affirme notre engagement à respecter
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et à soutenir les valeurs qui définissent notre nation et notre peuple, y
compris le respect des droits de
l’homme et la loi.
Le 7 et le 8 septembre
s’est tenue à Alger une
conférence internationale
sur le terrorisme, la criminalité transnationale et le
développement. Cette réunion intervient dans un
contexte marqué par une
recrudescence des actes
terroristes à travers le
monde. L’Algérie qui n’a
de cesse appelé à une
meilleure coopération internationale tente, à travers
cette
rencontre,
d’unifier les positions pour
assoir une stratégie commune et plus efficace. En
tant que patron du contreterrorisme au département
d’Etat, votre appréciation
sur cette réunion ?
La conférence de la semaine dernière est une opportunité unique et
qui intervient au bon moment pour
les Etats de la région avec d’autres
pays et organisations partenaires
pour discuter les aspects clés de la
lutte contre la menace terroriste et
travailler à mettre au point de nouvelles stratégies pour y faire face.
Nous saluons l’Algérie pour l’organisation de cette conférence. Alors
que la délégation des Etats-Unis a
eu l’opportunité de discuter certains
de ses points de vue à cet égard,
nos officiels ont eu le privilège d’apprendre des expériences de nos
partenaires, en particulier nord- africains. Notre délégation était composée de plusieurs agences des
départements d’Etat et de la Défense, ainsi que de l’Agence américaine du développement, conduite
par mon adjoint. Nous avons eu la
chance de partager nos idées sur la
menace terroriste dans la région et
les remèdes possibles pour aider à
y faire face. Nous espérons être en
mesure d’apprendre des expériences et idées des participants
afin qu’on puisse créer ou adapter
collectivement les stratégies de
contre-terrorisme qui pourront aider
les nations de la région à faire face
à la menace.
Comment évaluez-vous la
coopération dans la lutte
contre le terrorisme avec
l’Algérie, et quelles sont
les perspectives envisagées entre les deux pays ?
L’Algérie est un leader décisif dans
les efforts de lutte antiterroriste.
Notre coopération bilatérale avec le
gouvernement algérien dans le domaine de la lutte antiterroriste est
plus forte que jamais. Notre coopération avec l’Algérie comporte l’application des lois, la diplomatie
publique, l’économie et les questions militaires. Nous coopérons
plus étroitement que jamais sur un
forum multilatéral. Lorsque je regarde vers l’avenir, je suis très optimiste concernant notre travail
commun et le progrès que nous
pouvons réaliser.
Washington et Alger ont
adopté la même position
concernant le non-paiement de rançons aux
preneurs d’otages, notamment dans la région du
Sahel. Comment comptezvous convaincre les
pays concernés par ce problème de s’aligner sur vos
thèses ?
Les Etats-Unis partageant les sérieuses préoccupations concernant
les kidnappings terroristes pour des
rançons, abhorrent ce genre d’actions, condamnent sans équivoque
l’impunité des preneurs d’otages et
soutiennent fermement les efforts
visant à mettre fin aux pratiques de
paiement des rançons du moment
que ces paiements soutiennent di-
rectement les terroristes comme
l’indique la résolution du Conseil de
sécurité des Nations unies 1904.
Nous sommes engagés avec force
à poursuivre d’avantage de discussions sur cette question sur le plan
international, y compris au niveau
des Nations unies ou le Comité
1267 de cette instance. Nous estimons que cette question est d’une
importance critique dans notre
combat contre les terroristes et leur
accès aux sources de financement,
et nous continuerons à nous engager dans des efforts constructifs
pour mettre fin à ces actions.
Le paiement de rançons renforce le
cycle des preneurs d’otages, finance le terrorisme et encourage et
renforce les groupes terroristes.
Pour cette raison, les Etats-Unis ne
font aucune concession aux terroristes et cherchent à leur refuser
tout bénéfice découlant de toute
concession, en employant des mesures financières et traduisant ces
preneurs d’otages en justice.
Lorsque la politique de non concession est clairement établie et respectée, les citoyens sont moins
ciblés. Durant un kidnapping, nous
travaillons à ramener les otages
sains et saufs tout en évitant les
concessions en utilisant les pratiques de gestion de crise. Nous
promouvons souvent les pratiques
de gestion de crise avec d’autres
pays et des organisations privées,
et, dans certains cas, nous apportons assistance.
M. T.
«La stratégie
américaine de lutte
contre le terrorisme
est intentionnellement
davantage concentrée
sur El-Qaïda que sur le
terrorisme ou
l’extrémisme en sa
définition la plus
générique.»
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11 SEPTEMBRE...
10 ANS APRÈS
MICHAEL WALMA, DIRECTEUR DE LA DIRECTION DU CRIME INTERNATIONAL ET DU
TERRORISME AU MINISTÈRE CANADIEN DES AE ET DU COMMERCE INTERNATIONAL
«Les réalisations de l’Algérie en matière de lutte
contre le terrorisme sont remarquables»
Propos recueillis par Mourad Termoul
TÉ
I
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L
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Michael Walma est directeur de la Direction du
crime international et du terrorisme au ministère
canadien des AE et du Commerce international
depuis 2009. Il a rejoint le service étranger en
1992 et servi à New York, en Afrique du Sud et
en Roumanie. Pour Politis, il nous livre ici ses
impressions sur la stratégie globale de lutte
contre le terrorisme et la criminalité
transnationaux, ainsi que sur la coopération
avec l’Algérie dont il salue le rôle pivot dans ce
domaine.
La contribution du Canada à la lutte contre le terrorisme n’est plus à démontrer. Toutefois, en raison
de l’apparition de nouvelles menaces, les États doivent mieux coordonner leur action. Selon vous,
pourquoi n’existe-t-il pas encore de stratégie internationale commune face à ce fléau ?
Il existe des stratégies internationales sur les enjeux de la lutte
contre le terrorisme. Cela comprend la stratégie antiterroriste
mondiale des Nations unies de 2006. À la fin de septembre
2011, pour renforcer la coordination et la mobilisation des ressources financières et de l’expertise, il est prévu de lancer
Il est prévu de lancer
le Forum mondial de lutte
le Forum mondial de
contre le terrorisme. Cette
lutte contre le
nouvelle initiative internatioterrorisme. Cette
nale, avec une participation
nouvelle initiative
inclusive, donnera lieu à la
internationale, avec
création d’un groupe de traune participation
vail sur le renforcement des
inclusive, donnera
capacités de lutte antiterroriste au Sahel. Celui-ci sera
lieu à la création
coprésidé par deux de ses
d’un groupe de
membres : l'Algérie et le Catravail sur le
nada. Notre pays se réjouit de
renforcement des
l’occasion qui lui est donnée
capacités de lutte
de collaborer avec l'Algérie
antiterroriste au
dans le cadre de la coprésiSahel. Celui-ci sera
dence, et de trouver des poscoprésidé par deux
sibilités de coopération et des
de ses membres :
solutions régionales pour rel'Algérie et le
médier aux lacunes régioCanada.
nales
en
matière
de
renforcement des capacités.
On ne peut parler de lutte contre le terrorisme et de
criminalité transnationale sans tenir compte du développement dans certaines régions, notamment au
Sahel, qui sont dépourvues de ressources. Comment est-il possible d’œuvrer à ce développement
en pleine crise financière mondiale ?
La sécurité et le développement sont des éléments complémentaires d'une même problématique. D'une part, le développement est impossible sans un degré minimum de sécurité.
«Le gouvernement du Canada ne paie
pas de rançons.»
D'autre part, l'établissement d'un
environnement sécuritaire ne peut
s’inscrire dans la durée que s’il
s'accompagne d'efforts de développement. La responsabilité d'assurer
la
sécurité
et
le
développement incombe avant tout
aux États et à leurs collectivités nationales. Les partenaires techniques et financiers ne font
qu’apporter leur soutien aux efforts
des gouvernements et de la société civile locale.
Le Canada estime que pour un développement durable, il faut accroître
la
capacité
des
gouvernements, des institutions et
des collectivités locales à prendre
en main leur propre développement. C’est dans cette optique que,
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au Sahel, le Canada met à exécution des programmes à l’appui du
développement social et économique et visant à renforcer les capacités antiterroristes. L’appui du
Canada dans les régions touchées
par l’insécurité contribue à en réduire les causes et augmente la capacité des États partenaires à gérer
les crises, de même qu’à fournir
des services de base à leurs citoyens.
La réunion d’Alger a porté
justement sur cette question, ainsi que sur la vision commune de la lutte
contre le terrorisme et la
criminalité
transnationaux. Peut-on dire ce que
cette rencontre marque un
tournant dans la stratégie
de coopération entre les
États ?
Le Canada félicite l’Algérie et ses
partenaires d’avoir organisé la
Conférence sur le Partenariat.
Cette initiative régionale a permis
de discuter des menaces et des solutions à apporter avec les pays du
Sahel les plus menacés par le terrorisme, notamment par les activités d’Al Qaeda au Maghreb
islamique (AQMI).
L’analyse des solutions face au terrorisme et à la criminalité, ainsi qu’à
l’appui du développement, comme
les décisions qui s’y rattachent, doit
s’inscrire dans une optique régionale. La Conférence sur le Partenariat a été bénéfique pour les pays
du Sahel. Elle permettra en outre,
grâce à une expérience de première main, à d’autres pays partenaires et à des organisations
internationales, d’examiner comment il est possible de mieux coordonner nos efforts de coopération.
Comment évaluez-vous le
partenariat avec l’Algérie
dans le domaine de la lutte
antiterroriste et quelles en
sont les orientations ?
Le Canada et l’Algérie entretiennent d’excellentes relations, dont ce
sera le 50e anniversaire l’année
prochaine. Le Canada reconnaît le
rôle important et stratégique que
l'Algérie joue dans la lutte contre le
terrorisme dans la région du Sahel.
Pendant de nombreuses années,
ce pays a été confronté à la menace terroriste. Les efforts du gouvernement algérien pour prévenir,
réprimer et combattre le terrorisme
ont beaucoup progressé. Ses réalisations ont été remarquables. Les
terroristes constituent cependant
toujours une menace pour la sécurité et le bien-être de l'Algérie et du Sahel. Pour
La Conférence
cette raison, les pays doisur le
vent continuer à redouPartenariat a été
bler leurs efforts pour
bénéfique pour
mettre fin aux actes terroristes. À cette fin, le Cales pays du
nada
continuera
à
Sahel. Elle
renforcer son partenariat
permettra en
avec l'Algérie, y compris
outre, grâce à
par le partage des
une expérience
connaissances, des lede première
çons et de l'expertise, afin
main, à d’autres
d’accroître l'efficacité de
pays partenaires
notre lutte contre le terroet à des
risme.
organisations
internationales
Les rançons sont ded’examiner
venues une source
comment il est
de financement pour
les activités terropossible de
ristes. Des pays
mieux
confrontés à ce procoordonner nos
blème n’hésitent pas
efforts de
à débloquer des
coopération.
sommes considérables pour faire libérer leurs ressortissants,
malgré la résolution des
Nations unies. Que pensez-vous de cette pratique
(paiement des rançons) et
comment peut-on y mettre
fin ?
La prise d'otages par des terroristes
est déplorable et contraire aux notions fondamentales de liberté. Le
Canada soutient les efforts régionaux et internationaux pour mettre
fin à cette pratique méprisable, en
particulier par une meilleure coopération visant à prévenir ces actes, à
enquêter sur ceux-ci, à arrêter les
responsables et à les traduire en
justice. Le Premier ministre du Canada, Stephen Harper, a clairement
énoncé la position du Canada
concernant le versement de rançons : le gouvernement du Canada
ne paie pas de rançons. Pour mettre fin à cette pratique, il est important de comprendre qu’elle a pour
effet d’enhardir et d’encourager les
terroristes.
M. T.
AU LENDEMAIN DES
ATTENTATS MEURTRIERS
QUI ONT CIBLÉ
LA NORVÈGE FAISANT
93 MORTS
Londres
décide
de renforcer
le contrôle
des groupes
d'extrême
droite
LE CONSEIL de sécurité
britannique a décidé lundi
25 juillet, à Londres, de
renforcer le contrôle des
groupes d’extrême droite,
au lendemain des attentats
meurtriers qui ont ciblé la
Norvège faisant 93 morts.
Le conseil réuni par le
Premier Ministre David
Cameron a appelé les
services de sécurité à se
montrer plus vigilants et à
«prendre au sérieux» la
menace posée par les
groupes d'extrême droite en
Grande-Bretagne, sur la
base des premiers
éléments de l’enquête
menée à Oslo, selon
lesquels l’auteur des
attentats, Andres Breivik,
aurait eu des liens au
Royaume-Uni avec des
militants de l’extrême droite.
Dans son manifeste de
1.500 pages, l’auteur fait
part des ses contacts à
Londres avec les
extrémistes de droite
soulignant avoir été
«recruté» par deux
extrémistes anglais lors
d'une rencontre à Londres
en 2002. Les services
britanniques de lutte
antiterroriste ont jusque-là
concentré leurs efforts sur
El-Qaïda, reléguant au
second plan la menace de
l’extrême droite britannique.
Un porte-parole du 10,
Downing Street a indiqué
que le gouvernement
prendrait acte de ce qui
s'est passé en Norvège et
tirait les enseignements
nécessaires. «Il ne s'agira
pas pour la GrandeBretagne de changer, pour
autant, sa stratégie
sécuritaire», a-t-il souligné.
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11 SEPTEMBRE...
10 ANS APRÈS
SENS ET ESSENCE DU 11 SEPTEMBRE 2001
L’impact sur l’Amérique
et sur les relations internationales
Par Abdecelem Ikhlef (*)
Avant d’aborder le sujet, faut-il revoir des images, décortiquer des vidéos, lire
des livres et scruter des documents ? Beaucoup de vérités et de contre-vérités.
Le terrorisme est une invention cauchemardesque qui ressemble un peu à cet
ogre électronique qui se retourne contre son inventeur. Webster Griffin Tarpley,
The Conspiratologist, a écrit un livre important intitulé 9/11 la Terreur fabriquée
made in USA, qui, d’un angle complètement différent et radical, délivre les
vérités qui blessent et raconte les rapports entre CIA, islamisme et intérêts
américains. Pour comprendre le 11 septembre et connaître les commanditaires et
le personnel qui auraient pu produire cet événement, dit-il, il faudrait s’imprégner
de l’historique des actes terroristes sponsorisés par l’OTAN et la CIA, et non pas
partir chercher dans les cavernes de la région du Hindu Kush.
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Les Etats-Unis
comprennent,
enfin, les effets
devastateurs du
terrorisme sur
leur sol.
Washington appelle le Conseil
de sécurité à se pencher sur le
versement de rançons à AQMI
e coordonnateur américain de la lutte contre le terrorisme au département d'Etat, M. Daniel Benjamin,
a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à examiner
de près la question de versement de rançons à l'organisation Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI).
Intervenant devant le comité contre le terrorisme du
Conseil de sécurité de l'ONU pour expliquer la stratégie
américaine pour le contre-terrorisme du président Barak
Obama, M. Benjamin a déclaré qu'«aucun groupe terroriste
n'est aussi notoirement connu qu'AQMI en matière d'enlèvements contre rançons qui sont devenus l'une des sources
principales des revenus pour les groupes liés à Al Qaeda».
Dans ce sens, le patron du contre-terrorisme au département d'Etat a souligné que les Etats-Unis «encouragent vivement le comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité
à se concentrer davantage sur cet aspect de la menace terroriste, qui s'étend au-delà d'AQMI». Par ailleurs, M. Benjamin a considéré que «l'importance de situer les efforts
américains contre le terrorisme dans un large cadre des politiques étrangère et sécuritaire est soulignée par les transformations qui se déroulent au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord, dont le plein impact, y compris pour nos efforts
contre le terrorisme, est en train de prendre forme». Estimant que ces bouleversements politiques à travers les pays
de la région MENA sont prometteurs en matière de démocratie, M. Benjamin a prévenu, toutefois, que «certains dangers ne peuvent être ignorés». En effet, a-t-il expliqué
devant le comité onusien de contre-terrorisme, «ces agitations politiques ont distrait les services de sécurité dans un
certain nombre de pays».
L
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11 SEPTEMBRE...
n se souviendra, pour une raison ou pour une autre,
de ce jour du 11 septembre 2001. On a regardé ces
images des centaines de fois : l’avion qui percute de
plein gaz le «building» qui s’est fait interlocuteur du
ciel. Le feu, les flammes, les pompiers, héros de la
nation en ce jour, les policiers qui courent dans tous
les sens, la fumée comme une folle, la poussière qui monte et
enfin des gens anonymes, des sons, des cris…En somme, la panique totale. Le chaos.
On se souviendra de ces images qui nous parvenaient en direct,
grâce aux prouesses technologiques de cette nation. CNN donnait
un titre grandiose : «America under attack». On se souviendra
longtemps de ces questions phares qui alimentaient toutes les
discussions informelles, les débats politiques et les plateaux de télévision. Qui est derrière ces attentats ? On n’oubliera jamais les
réponses toutes faites offertes sur un plateau d’argent : les terroristes, El-Qaïda, le fondamentalisme. L’islam, une cible facile à
désigner, car diabolisé depuis belle lurette, instrumentalisé dans
différents conflits et figurant dans les théories de conspiration dominantes aux Etats-Unis à l’époque, notamment celle du «conflit
des civilisations», de Samuel Huntington, l’homme qui travaillait
pour le Pentagone et considérait l’islam comme le grand danger,
sinon le plus grand, qui guettait la civilisation occidentale. L’islam
en tant que religion, que civilisation et que force physique, la seule
d’ailleurs à avoir menacé le «nid» de la civilisation occidentale et
encerclé Vienne pendant plusieurs mois. La seule chose qui me
trouble peut-être en parlant de cet événement, c’est le nombre de
victimes du cataclysme. Des gens anonymes, partis pour travailler, faire des courses ou accompagner des enfants. Ils sont partis
pour la dernière fois, victimes d’un acte barbare, honni et condamnable sur toute la ligne. Mais qui l’a fait ? Quelles sont ses conséquences sur la société américaine ? Quel est son impact direct
sur les relations internationales ? Y a-t-il un monde post-11/09 ?
Le monde a-t-il vraiment changé ?
Impact sur la société
américaine
Il y a dans la société américaine un vieil adage qui dit «ce qui est
bien pour General Motors est bien pour le reste du monde». Une
vision puritaine qui présente la chose dans toute sa simplicité. La
logique des puissances depuis toujours. D’habitude, ce sont les
autres seulement qui changent pour s’aligner sur les choix des
superpuissances, mais, cette fois-ci, c’est la société américaine
qui a subi le changement ; un changement pas superficiel du tout.
Wendell Bell, de l’université de Yale, a tenté en 2003 d’énumérer
l’impact du 11/09 sur la société américaine, ses institutions et son
fonctionnement au quotidien, et ce à travers l’analyse approfondie
des mécanismes, des modes de fonctionnement et des reflexes
installés depuis longtemps dans cette société. Il résume ces effets
en douze points :
1- Il y a moins de tolérance entre les Américains lorsqu’il est question de la politique étrangère. Critiquer les actions du gouvernement devient un acte «anti-américain». Une étudiante de Yale qui
a montré son hostilité aux préparations américaines de la guerre
contre l’Iraq a vu son appartement investi par un groupe d’étudiants qui, après avoir fracassé la porte, lui ont laissé sur le tableau d’affichage une phrase : «A mort les musulmans et les
Irakiens».
2- La création par le gouvernement américain d’une «société de
surveillance totale», que certains n’hésitent pas à qualifier de «régime policier». Toutes les lois issues dans le cadre sécuritaire menacent les libertés civiles et sont critiquées même par les
conservateurs les plus connus, tels que William Safire et Dick
Armey. Beaucoup d’individus ont été poursuivis en justice pour
avoir été «suspectés» dans le cadre de la lutte antiterroriste. Suspectés seulement. Ceux qui veulent brader la liberté pour la sécurité n’auront ni l’une ni l’autre, disait B. Franklin.
3- Les alertes policières et la préparation pour la guerre ont créé
une certaine distraction quant aux problèmes réels de la société
américaine, un combat pour un environnement sain afin de garantir la survie et le bien-être des générations futures, la sécurité
sociale et médicale, les réformes éducatives, la protection contre
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le crime. Beaucoup d’Américains
pensent que le danger se situe à
l’intérieur de ces sujets plutôt
police
La
l’extérieur.
qu’à
routière donne le chiffre de
38.000 morts dans les accidents de
la route en l’an 2000. Une question
de priorités, dites-vous !
4- L’attaque a rendu les Américains
conscients de l’incompétence et
des erreurs dans la routine du travail des institutions américaines. Il
est devenu évident pour la majorité
des citoyens que le FBI n’est pas
garant de leur sécurité. De faux
permis de conduire circulent partout
sans être détectés. Les tests de sécurité dans les stations nucléaires
montrent d’une manière flagrante
les lacunes qui minent la routine du
contrôle. La sécurité des aéroports
a été longtemps critiquée par le département des Transports avant le
détournement des avions du 11
septembre. Afin de tester le dispositif sécuritaire, des agents ont pu
facilement introduire de fausses
bombes et autres engins explosifs
dans les aéroports et les avions.
Les fonds alloués aux guerres méritent d’être guidés pour éradiquer
ces lacunes.
5- Les Etats-Unis d’Amérique se
comportent en «Etat voyou». Les
citoyens américains, victimes du
matraquage médiatique, commencent à sentir le besoin d’aller punir
«les terroristes» là où ils se trouvent. Certains ont perçu cette attitude comme une autorisation pour
tuer loin de toute considération du
droit international. Le président
Bush a donné des ordres pour assassiner «des chefs terroristes». Au
lieu de canaliser son énergie afin
de s’attaquer aux «terroristes»,
l’ennemi invisible qui a perpétré les
attentats du 11 septembre, l’administration s’est dirigée vers l’Afghanistan, une cible facile et
accessible. Les listes des morts
grandissaient de jour en jour. La
guerre contre l’Irak n’avait aucun
rapport avec le 11 septembre, car
aucun des «terroristes du ciel»
n’était irakien. Il était clair qu’avec
la nouvelle stratégie de la sécurité
nationale de septembre 2002, l’opinion internationale ne devait plus
avoir de poids devant l’unilatéralisme américain. L’Amérique est devenue au-dessus de la loi.
6- Le citoyen américain a été longtemps bombardé par le discours
autour du «mal». C’est le président
Bush lui-même qui voulait «débarrasser le monde de ces faiseurs de
mal». Voir le monde dans cette optique du «bien et du mal» est très
réductrice, simple et fade. C’est plu-
tôt un exercice linguistique qu’autre
chose puisque incapable de résoudre quoi que ce soit. «L’enfer c’est
les autres», disait Sartre, et les «
autres» qui font du «mal» aux «autres» méritent le châtiment. Simple
et efficace ? Simple mais pas efficace du tout. Les Américains ont
laissé tomber le statut de «victime»
pour prendre la place des criminels.
C’est un choix.
7- Il est clair que le groupe qui
mène les Etats-Unis vers le XXIe
siècle veut substituer l’endiguement
du communisme pour la mission de
la domination du monde. Il croit que
les institutions internationales sont
inefficaces et veulent les remplacer
par un impérialisme américain. Cet
état de choses ne peut que mener
vers une anarchie incontrôlable. Le
futur nous le dira.
8- Les agressions israéliennes
contre les Palestiniens deviennent
de plus en plus flagrantes et les
Etats-Unis ne peuvent les condamner faute d’une absence de séparation entre agression et défense
de sa terre, entre bourreaux et victimes. Toute présence des Américains sur une terre d’islam devient
suspecte et source de conflit. Aucune solution ne peut être envisagée sans un changement radical
dans la position biaisée des EtatsUnis.
9- Le rôle des fondamentalistes
chrétiens américains en tant que
soutient à la violence au MoyenOrient. Ils représentent une vraie
pierre d’achoppement aux négociations de paix dans la région. Ils
croient tout simplement que la fin
du monde est toute proche, faut-il
que chacun y mette la main pour
accélérer le processus. Jésus
Christ sera de retour pour punir les
mécréants et régner sur le monde.
Le 11/09 leur a donné l’impression
que les choses s’accéléraient. Pour
ces gens, l’ONU est un instrument
de Satan qui vise la destruction de
la souveraineté des Etats-Unis.
10- L'avidité du monde américain
de l'entreprise est devenue de plus
en plus apparente. Les fonds du
Trésor public sont transmis vers
des comptes privés, surtout avec
l’avènement de «la reconstruction»
de l’Irak. Avant la déclaration officielle de la guerre, la firme Haliburton Co. avait déjà décroché un
contrat pour la réparation des systèmes de contrôle des feux, ainsi
que les dégâts qui pourraient endommager les champs de pétrole.
En 2003, Bechtel Co a eu une part
de 680 millions de dollars. Les documents qui concernent ces
contrats sont classés sous le sceau
de la sécurité nationale. Aucune
soumission, car ces contrats sont
donnés aux anciens fonctionnaires,
civils et militaires, de l’administration qui travaillent maintenant pour
les corporations du complexe militaro-industriel.
11- Les Américains deviennent de
plus en plus conscients du coût de
l’action unilatérale. Les spécialistes
estiment les dépenses américaines
en Irak entre 127 et 682 milliard de
dollars. Le coût à la fin de la guerre
s’élèvera à 2 trillions de dollars
après l’addition de l’effort de la
guerre, de la reconstruction et des
effets sur l’économie américaine. Il
est évident que les chiffres ne parlent jamais des souffrances et des
pertes humaines.
12- La croissance des crimes de
haine aux Etats-Unis à l’encontre
des immigrés, notamment musulmans, ainsi que leurs commerces
et lieux de culte. Tous les rapports
du FBI le montrent clairement. En
2001, ces crimes ont grimpé en
pourcentage de 1.600%, c’est-àdire de 28 actes criminels en 2000
à 481 en 2001. Tous
les rapports auparaIl y a dans la société américaine un vieil
vant désignaient la
adage qui dit «ce qui est bien pour General
communauté musulMotors est bien pour le reste du monde». Une
mane comme la
vision puritaine qui présente la chose dans
moins ciblée par ce
toute sa simplicité. La logique des puistype d’actes.
sances depuis toujours.
Il est clair que ces remarques montrent
d’une manière subtile les effets néfastes sur la société américaine, effets dont seuls les citoyens sur
place peuvent sentir le poids. Ils
sont d’accord sur l’élimination des
terroristes, mais pas sur la destruction de l’âme de cette société, ses
valeurs et ses droits civils. Cela dit,
beaucoup d’autres effets se feront
sentir sur la scène internationale et
qui vont sûrement durer.
Impact du 11/09 sur les relations
internationales
Le fait de considérer le 11 septembre comme un acte de guerre
contre les Etats-Unis justifie toutes
les études sur le terrorisme proliférant dans les sciences sociales. La
majorité des commentateurs et
académiciens des relations internationales insistent sur deux points
essentiels concernant l’impact du
11 septembre.
Un, dire que l’Etat est l’unité de
base dans l’analyse et l’acteur principal des relations internationales
devient obsolète vu le succès d’ElQaïda en tant qu’organisation non
gouvernementale qui possède des
ramifications dans 60 pays du
monde. Le 11/09 ne peut même
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pas venir dans le rêve d’un souverain quelconque possédant
une armée régulière et des milliers de soldats armés dans la
norme.
Deux, la communauté internationale va plus ou moins être solidaire vis-à-vis du terrorisme en tant que phénomène mondial.
Cela se voit déjà dans la coalition qui s’est organisée juste
après l’évènement tragique du 11 septembre.
Pour parler un peu sémiotique et resituer les chiffres dans leur
contexte historique, il faut dire que l’Amérique est une grande
nation et une force de frappe géante qui veut (mais le pourrat-elle ?) accaparer l’histoire du XXe siècle comme acteur majeur
dans le façonnage des grands repères des relations internationales. Je me souviens de ce petit personnage dans une rue
anonyme de Santiago, capitale du Chili, à qui on vient de demander un point de vue sur le 11 septembre, et lui de répondre tout bonnement : «C’est le jour anniversaire de la mort de
Salvador Allende assassiné par les Américains.» Je me suis
dit à ce moment-là qu’apparemment, chaque peuple a son 11
septembre.
Terroristes ou Etats
L’évidence, c’est que les groupes terroristes ne peuvent fonctionner que grâce à des bases-arrières, un support financier
important et des sanctuaires dans lesquels ils peuvent se mouvoir en toute quiétude. Ce qu’a reçu El-Qaïda par exemple
chez les talibans. 39.000 écoles existent au Pakistan, financées par l’Arabie saoudite sous l’égide de la CIA. Ces écoles
enseignent le djihad et «l’istish’had», le martyre.
L’histoire, appuyée par les documents, dira pour toujours que
les talibans sont la création par excellence des Etats-Unis, de
l’Arabie saoudite et du Pakistan, création devenue incontrôlable par la suite en se transformant en une très riche organisation. Elle pouvait opérer dans une douzaine de pays qui ne lui
procuraient pas forcément de l’aide, car elle possédait les
fonds nécessaires de son succès. Les documents montrent
que les talibans utilisaient El-Qaïda comme une armée classique plus qu’autre chose.
Etat à abattre
Dire que l’organisation terroriste était sous la coupe du gouvernement afghan, c’est accepter l’idée du rattachement des
groupes terroristes aux Etats. C’est aussi une justification aux
mains des Américains pour pouvoir
s’attaquer à n’importe quel pays soupTous les rapports du FBI monçonné d’abriter ou de financer ce genre
trent clairement la croissance
de groupuscules nuisibles. Aller en Afdes crimes de haine aux
ghanistan pour faire la guerre confirme
Etats-Unis à l’encontre des
cette idée. D’ailleurs, c’est mieux que
immigrés, notamment musuld’aller chercher un ennemi invisible.
mans, ainsi que leurs comDans un discours devant le Congrès,
merces et lieux de culte. En
Bush a déclaré, après l’attaque du 11
2001, ces crimes ont grimpé
septembre, à l’encontre des présidents
en pourcentage de 1.600%,
et rois des pays du monde : «Soit vous
c’est-à-dire de 28 actes crimiêtes avec nous, soit vous êtes avec les
nels en 2000 à 481 en 2001.
terroristes.» Une vision de la guerre
froide quand le monde était divisé en
deux camps, en noir et blanc, schéma simpliste du Bien et du
Mal. Le monde a beaucoup changé depuis, pas à cause du 11
septembre, mais grâce à la fin de la guerre froide et du système bipolaire. Les interactions et les échanges des richesses
entre Etats ne vont pas être trop altérés, et Kenneth Waltz, l’un
des plus grands théoriciens de la politique internationale, nous
dira que la mondialisation, un concept devenu à la mode il y a
peu de temps, n’est qu’illusion, car en termes d’échanges commerciaux, le monde des années 1990 ressemble à celui des
années 1910. N’est-il pas temps d’écouter un peu les scientifiques qui peuvent illuminer notre chemin ?
Ce même Waltz a manifesté son opposition de la guerre contre
l’Irak pour des raisons théoriquement fondues. Il faut aller du
côté de la théorie réaliste pour comprendre son point de vue.
Une décennie déjà après le 11 septembre, les Etats-Unis pour-
suivent leur chemin de nation dominante qui fait du business
comme toujours.
Terrorisme et États défaillants
Au lieu d’être des organisations
non gouvernementales, les groupuscules terroristes deviennent des
organisations quasi gouvernementales. Elles vont poser un réel problème à la sécurité régionale, et
notamment dans les zones sensibles déclarées «défaillantes» où
elles trouveront refuge et support
pour sévir plus longtemps. La Somalie n’est pas le seul exemple où
les choses ont failli dégénérer, à
cause des «requins», terroristes
marins montés sur des embarcations et qui font ravage au sein du
personnel et du matériel des firmes
de transport de la marine marchande. Les rançons demandées
sont faramineuses, et les Etats font
tout sinon rien pour contrer ce type
de racket, ce qui va compliquer le
phénomène et lui donner la chance
de s’offrir les meilleurs moyens de
nuisance et de devenir global. Les
intérêts des Etats, individuellement
conçus, déterminent la nature des
relations internationales et continueront à le faire pour longtemps,
ce qui empêchera le travail collectif
de «la communauté internationale»
contre les terroristes. Comme cette
communauté n’existe que par rapport aux intérêts des puissances
mondiales, les rapports entre Etats
demeureront tels quels, du moins
dans le moyen terme.
Coalition et anti-coalition
Il est clair dès le départ que les
Etats qui composent la coalition antiterroriste ont des intérêts différents, ce qui complique leur tâche.
Au nom de cette guerre sacrosainte contre le terrorisme, l’administration Bush a créé un
amalgame suffisant pour casser la
coalition. Le choix d’un nombre de
pays à mettre dans la fameuse liste
de «l’axe du mal» a bien montré les
intentions de Washington et les intérêts typiques d’une hyperpuissance. Le dossier iranien est un
exemple de l’unilatéralisme américain qui risque d’ébranler non seulement les coalitions antiterroristes,
mais aussi toutes les coalitions
pour la paix internationale. L’échec
européen et russe de jouer le
contrepoids en dit long sur le
monde à construire au milieu de
ces idéologies guerrières, belliqueuses et conservatrices. L’unilatéralisme sera la caractéristique
dominante du système international et la majorité des Etats répondront à l’appel américain de vouloir
prouver leur allégeance.
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Mondialisation après le 11/09
Malgré les divergences autour de
sa définition, la mondialisation est
un phénomène qui englobe des
processus affectant et transformant
les activités et les interactions des
Etats. Temporaire ou permanente,
elle est là. Certains analystes la
considèrent comme une simple accélération du processus d’internationalisation du capitalisme et ne
voient en elle aucun changement
radical. D’autres, par ailleurs, le sociologue A. Giddens, entre autres,
la perçoivent comme un phénomène nouveau et révolutionnaire
qui possède un fonctionnement
contradictoire.
Après le 11 septembre, les EtatsUnis ont compris que la mondialisation qui mène vers la création du
«petit village» peut servir comme
cheval de Troie. Leur dominance
dans le domaine de l’information et
de la communication à l’échelle
mondiale les aide à exporter les
produits de leur culture populaire,
films, musique, revues (Readears’
Digest est publiée en 19 langues
dans 48 éditions internationales), livres et autres logiciels d’ordinateurs, ce qui fait voyager aussi leurs
valeurs et visions de la politique, de
la richesse, de la violence, etc. Le
fait de dresser une liste des maux
à traiter par tous les pays appartient
à cette réflexion. Tout le monde
parle, par exemple, de pollution
sans savoir que les USA n’ont ratifié aucun des traités et conventions
traitant le sujet. C’est comme si à
eux l’argent, aux autres le débat ;
ces derniers qui doivent financer et
apporter «des solutions» aux soi-disant «problèmes communs».
La guerre contre le terrorisme n’a
fait, en fin de compte, qu’accélérer
les processus d’intégration au niveau international des économies
locales de beaucoup de pays qui se
trouvent «piégés» par leur propre
politique de coalition et d’assimilation dans l’économie et la culture de
consommation, que les firmes américaines prônent au détriment des
classes de faibles revenus et des
populations démunies. Le développement des services (représentant
30% des exportations américaines)
se retrouvera à la tête du commerce mondial, ce même commerce qui verra à sa tête les
Etats-Unis comme leader des
changements. Ils sont latents pour
le moment, mais seront bientôt tangibles à tout le monde, y compris
les supporters de la mondialisation.
Les 100 plus grandes multinationales se trouvent dans le triangle
Etats-Unis, Europe et Japon. Elles
détiennent à elles seules 50% du
commerce mondial en produits manufacturés et 80% des terres agricoles, dont les produits sont
destinés au marché international.
Selon les spécialistes américains,
ouvrir ses frontières aux firmes est
un geste qui confirme le respect
des lois du libre marché de la part
d’un Etat qui avance vers la démocratie.
La gouvernance : outil
de la mondialisation ?
Le plus grand danger (peut-être
après le terrorisme) est cette
convergence des forces idéologiques, économiques et technologiques
qui
gouvernent
la
mondialisation et qui jouent un rôle
prépondérant dans les processus
de transfert des outils de la gouvernance internationale des mains des
Etats à ceux des institutions multilatérales et un nombre limité de
firmes multinationales et d’institutions financières qui détiennent
déjà un mode d’influence politique
et économique subtil et notoire.
Les Etats puissants peuvent résis-
ter et même détourner ces processus au profit de leurs populations et
leur bien-être, alors que beaucoup
de pays pauvres et autres modèles
fragiles, pour une raison ou pour
une autre (conflits
ethniques et religieux), vont se fragLes groupes terroristes ne peuvent
menter et se trouver
fonctionner que grâce à des bases arrières,
incapables de gérer
un support financier important et des
«la chose» politique.
sanctuaires dans lesquels ils peuvent se
Ils perdront le qualifimouvoir en toute quiétude.
catif d’acteur politique
viable et avec qui ils
perdront aussi leur raison d’être.
Certains sont déjà qualifiés d’Etats
défaillants et d’autres d’effondrés.
La sécurité nationale des EtatsUnis ne permettra pas, c’est toujours le point de vue américain, de
laisser sévir ce type d’Etats qui
peuvent nuire au climat dans lequel
pourront s’émanciper les firmes
commerciales internationales. Internationales jusqu’à nouvel ordre,
car elles deviendront américaines
par la force des mêmes lois économiques qui les ont engendrées.
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11 SEPTEMBRE...
Force contre défaillance
Les Etats vont continuer à exister, mais sous une autre forme.
Auparavant, c’est-à-dire durant la bipolarité et la guerre froide,
ce qui faisait peur aux Etats-Unis, c’était l’existence de pays
forts militairement et économiquement qui pouvaient défier son
autorité. Aujourd’hui, dix années après le 11/09, la vision a
complètement changé. Ce sont ces Etats faibles, défaillants
qui représentent un danger, car ils peuvent facilement devenir
des fiefs de terrorisme et des
«paradis» aux trafiquants de drogue et autres criminels. Boycotter, négocier, émettre des avertissements au sein du Conseil
de sécurité des Nations unies, etc. seraient de vains actes aux
yeux des gens qui occupent ces Etats sans souveraineté, dont
les institutions (si elles existent) manquent d’autorité et n’ont
aucun rôle à jouer face aux milices et autres armées illégales
qui, dans beaucoup de cas, possèdent des armes plus sophistiquées que les armées régulières. Les Etats-Unis préfèrent bien les concurrents visibles et bien situés dans l’espace
et dans le temps.
La globalisation aura besoin d’une coopération internationale
dans plusieurs domaines entre pays riches et pays pauvres.
Le problème, c’est que la situation de ces derniers va se détériorer davantage, ce qui est en train d’ébranler toute confiance
dans les mécanismes de la globalisation. Source de matières
premières naturelles (remplacées par des produits synthétiques) et de la main-d’œuvre bon marché (remplacée par les
machines), ces pays «en voie de développement» n’auront
plus le même poids. D’ailleurs, ils sont loin du développement.
La part dans le revenu global des 20% de la population la plus
pauvre de la planète est de 1,1%. Ce même taux était de 1,4%
en 1991 et 2,3% en 1960. Tous les rapports des Nations unies
concernant le développement humain mentionnent la pauvreté.
La moitié de la population de
la Terre vit avec moins de 2
Kenneth Waltz, l’un
dollar/jour. Il reste entre les
des plus grands
mains des pays en voie de
théoriciens de la podéveloppement de saisir leur
litique internationale,
chance, chose qui dépend
nous dira que la
entièrement de leur pouvoir
mondialisation, un
de se repositionner stratégiconcept devenu à la
quement et comprendre les
mode il y a peu de
changements immédiats de
temps, n’est qu’illul’économie internationale et
sion, car, en termes
des nouveaux facteurs strucd’échanges commerturels qui entrent en jeu. Le
ciaux, le monde des
développement durable par
années 1990 ressemexemple nécessitera un
ble à celui des ancompromis sine qua non
nées 1910.
entre la souveraineté nationale et le multilatéralisme.
Les gouvernements perdront, sinon auront moins de contrôle
sur les conceptions de leurs politiques publiques, et notamment économiques. Par ailleurs, les Etats-Unis auront à faire
face aux tentatives de résistance et d’hésitation de la part des
pays du monde qui ont constaté dans le détail la politique américaine en Afghanistan et le désarroi dans lequel elle a plongé
des populations entières pour une période indéterminée.
Guerre des hommes et guerre des idées
Le terrorisme, Guantanamo, la justice, etc. Faut-il revoir toutes
les définitions ? disent les chercheurs de certains cercles illuminés. Les Etats auront du mal à déléguer leurs pouvoirs et
céder leur souveraineté. Le 11/09 y était pour quelque chose.
Son effet est néfaste. Sans les politiques et les manœuvres
américaines de l’après 11/09, le monde aurait pu se trouver en
état meilleur. Les statistiques parlent mieux quant aux sommes
colossales dépensées dans les guerres et les conflits. Entre
2000 et 2009, le budget militaire américain a augmenté d’un
taux de 9% annuellement et les Etats-Unis auront besoin de
dépenser en 2012 entre 1.030 et 1.415 milliards de dollars. Les
chiffres ne sont guère imaginaires, mais il faut simplement ima-
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Les Américains ont dû
revoir leur opinion à l’égard
des institutions censées
veiller sur leur sécurité.
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giner ce que l’humanité pourrait faire avec. Le paradigme
L’unipolarité est remise en cause
constructiviste nous apprend une nouvelle approche afin de
par les actes terroristes qui ont
pouvoir changer le monde. Il faut construire conceptuellement
montré les défaillances d’une puiset sociologiquement le monde de la paix. L’analyse réductionsance qu’on croyait invincible. L’héniste et restreinte tend à limiter le conflit à deux acteurs, les
gémonie
américaine
devient
Américains d’un côté et le reste du monde de l’autre, ce qui
relative et la menace terroriste deplonge les Etats-Unis dans un cycle dangereux de haine, de
vient mondialisée. L’Europe, la
revanche et de conflits interminables. De nouvelles générations
Russie et la Chine peuvent la
de décideurs américains sauront gérer la mondialisation et les
concurrencer. Il faut un nouvel
modalités de la gouvernance internationale qui aura le mérite
ordre international. Les administrad’intégrer toutes les populations, y compris celles des zones
tions futures auront du mal à redéshéritées dans l’élan d’une nouvelle modernité basée sur la
dresser ce qui a été abîmé. Les
science et les connaissances.
USA sont une grande puissance qui
Le citoyen voudrait bien faire confiance aux forces de sécurité
fait peur.
et à toutes les agences chargées de sa protection. Quand la
CIA et le FBI échouent totalement dans leur mission d’alerter
11 septembre, et après ?
la population et de la protéger du danger immédiat est un fait
Dans une analyse de ce qu’ils apqui donne à réfléchir. Des réformes en matière de sécurité se
pellent les «révolutions arabes» en
sont imposées, car le 11/09 est la preuve irréfutable des lales glorifiant, Bruce Riedel a écrit
cunes dans les systèmes de protection. Pour éviter que cela ne
dans la revue américaine The Nase reproduise, le rapport de la commission du 11/09 publié en
tional Interest un article intitulé «Le
2004 prévoit une solution parmi tant d’autres, basée sur l’utiliprochain pays à tomber sera l’Algésation par le gouvernement américain de tous les
rie». Au-delà de son point
moyens disponibles y compris les livres, la radio, la téde vue, il mérite d’être évoL’administration Bush a
lévision (al Hurra fait partie de cette conception), les
qué pour deux raisons.
créé un amalgame suffibourses académiques, les programmes d’échange,
La première, c’est qu’il
sant pour casser la coalil’aide, etc. pour «éduquer» les musulmans et leur tracer
tion. Le choix d’un nombre mentionne les événements
le profil de l’Amérique et des Américains. Sic ! Ceci, le
qui ont éclaté en Algérie au
de pays à mettre dans la
rapport stipule, pourra donner la chance «de traiter les
mois de janvier comme
fameuse liste de «l’axe du
terroristes potentiels comme amis, les convertir et enfin
précédent pour toutes les
mal» a bien montré les inles domestiquer». Il est clair que le 11/09 a donné des
tentions de Washington et révolutions venues après. Il
leçons à tout le monde, et notamment aux Etats-Unis
les intérêts typiques d’une est clair que l’Algérie est un
qui ont senti le besoin de comprendre les autres et leurs
pays différent dans son hishyperpuissance.
aspirations avant de vouloir les «domestiquer» et s’entoire et sa politique, et a
gager dans «une guerre des idées». Il est devenu clair
tout le mérite de venir en
pour les institutions américaines chargées des affaires extéchef de file des révolutions anticorieures que le profil de leur pays présenté par le rapport de la
loniales, ainsi que des combats des
commission du 11/09 comme «une force amicale qui recherche
droits des peuples. La deuxième,
l’ordre et la paix dans le monde» est une image qui a beauc’est qu’il clôture son article par une
coup souffert sous l’administration Bush.
phrase que les concernés connais-
sent bien en disant «les Algériens
vont faire face à leur dilemme tous
seuls». Le dilemme pour lui, c’est la
balance fragile entre la violence
d’un côté et les réformes de l’autre.
La guerre antiterroriste n’était pas
facile, mais ils étaien seuls tout de
même, ces mêmes Algériens. Il est
évident que certains analystes
américains se dédouanent avec
une simplicité étrange, ce qui dit
clairement que les Etats-Unis ont
appris à vivre avec un monde que
le terrorisme a réinventé pour toujours, pas seulement le terrorisme
du 11/09, mais celui de toute une
décennie qui a ravagé des continents entiers.
L’Algérie est très bien placée dans
ce dossier pour dire son mot dans
un monde où les faibles sont relégués au second plan. Le 11/09 ne
pourrait avoir de sens historique,
stratégique et moral que le jour où
il serait intégré dans un débat autour du processus de souffrance qui
a martyrisé des populations entières partout dans le monde ,sinon
on tomberait à nouveau dans des
discours «exclusivistes» qui donneraient plus de place à certains dans
les livres d’histoire au détriment des
autres.
Souvenons-nous
de
George Orwell et de sa phrase assassine : «Tous les animaux sont
égaux, mais certains sont plus
égaux que d’autres.»
(*) Université de Constantine
A. I.
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DIX ANS APRÈS LES ATTENTATS DU 11 SEPTEMBRE 2001
Et les USA changèrent le monde…
Les évènements du 11 septembre allaient inciter les capitales occidentales à revoir leurs stratégies et à revisiter leur «projet
politique» à l’égard de l’Algérie.
Par Nadia Kerraz
n cette matinée de mardi
11 septembre 2001, peu
de personnes auraient
imaginé que le scénario
qui allait être mis en
scène au pays du cinéma
relèvrait du possible. En effet, qui
aurait pu penser qu’un jour dix-neuf
pirates de l’air allaient détourner
quatre avions de ligne afin de les
écraser sur des bâtiments hautement symboliques du nord-est des
Etats-Unis - les tours jumelles du
World Trade Center, le Pentagone
et Washington ? Avouons qu’un tel
synopsis ne pouvait être le produit
que de ces réalisateurs cinématographiques hollywoodiens qui cartonnent au box-office. Pourtant, ce
scénario n’avait rien d’une fiction à
grand budget. Les USA allaient bel
et bien être frappés par le plus
grand attentat terroriste jamais perpétré dans l'histoire, comme en témoigne le nombre de victimes :
près de 3. 000 morts et plusieurs
milliers de personnes blessées.
Sans oublier des dégâts matériels
estimés en milliards de dollars.
E
Impacts multiples
Qualifiés le 17 octobre 2001 de
crimes contre l'humanité par Mary
Robinson, le haut-commissaire des
Nations unies aux droits de
l'homme de 1997 à 2002, l’impact
de ces attentats ne se limitera pas,
cependant, aux seuls aspects humanitaire et matériel. En effet, s’il
est indécent, pour la mémoire de
toutes les victimes du terrorisme à
travers le monde, de passer sous
silence ou de minimiser le bilan humain de ces attaques, il reste que
pour les analystes et observateurs
des relations internationales, ce
sont les conséquences politiques et
militaires des attentats du 11 septembre qui interpellent aujourd’hui
les consciences au point de soulever quelques interrogations. En
effet, force est de reconnaître que
depuis la survenance de ces évènements, le monde a profondément
changé. Les dix dernières années
ont enregistré un recadrage, imposé lorsqu’il n’est pas accepté de
bon gré, des relations internatio-
nales et un recentrage, dans
le sens du durcissement, des
politiques sécuritaires internes. Un changement inévitable lorsqu’on sait que la
«victime» de ces évènements
n’est autre que la première
puissance mondiale. Une
puissance qui se devait donc
de laver l’affront subi. Tant pis
pour les victimes collatérales !
Il est difficile du reste de protester, lorsque vous avez une
puissance qui ne manque pas
d’exhiber à la face de ceux
qu’elle estime être responsables de la tragédie américaine, sa force militaire .Pire,
comment oser protester alors
que le président Bush a estimé que les attentats du 11
septembre sont un acte de
guerre livré à son pays ? De
plus, au regard de la médiatisation des attentats, vécus
presque en temps réel par
des centaines de millions de
téléspectateurs à travers le
monde, l’administration américaine ne risquait de susciter
aucune indignation. Mieux,
elle pouvait compter sur la
sympathie et la compassion
du reste de la planète. Et
c’est ce qui est arrivé puisque
à l’unanimité, les Etats ont
soutenu la réaction US. Autant dire donc que l’impact
psychologique considérable
provoqué par les images de
l'avion s’écrasant sur la deuxième
tour du World Trade Center, ainsi
que celles de l'effondrement complet en quelques secondes des
deux édifices de Manhattan diffusées en direct, ne pouvait que baliser la voie à la politique de l’Oncle
Sam et légitimer son discours va-ten-guerre. Ce qui permet d’affirmer
que les attentats ont de ce fait
sonné le glas d’une certaine approche de la lutte antiterroriste qui
prévalait avant ces évènements.
Car, faut-il le rappeler, le terrorisme
ne datait pas de 2001. Avant ce 11
septembre, de nombreux pays, à
l’image de l’Algérie, luttaient seuls
contre le phénomène. Pis, les terroristes avaient même réussi à susciter des sympathies auprès des
capitales occidentales. On cite no-
tamment Paris, Londres et Washington. Alors que ces dernières, sur
la base des rapports établis par
leurs diplomates en poste à Alger,
avaient misé sur l’aile politique de
la nébuleuse islamiste, qu’on présentait comme les futurs chefs du
fait, avait-on estimé, qu’ils étaient à
deux doigts de prendre le pouvoir.
L’avènement du 11 septembre allait
les inciter à revoir leurs calculs et à
réviser leur projet politique à l’égard
de l’Algérie. Mieux, en lieu et place
de l’embargo qu’on avait imposé,
ces pays ont même proposé leur
coopération, y compris militaire, en
vue d’éradiquer le phénomène qui
s’était exporté au-delà de ce qui
était gérable pour leurs services de
sécurité. C’est dire qu’au lendemain
des attentats de ce mois de sep-
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11 SEPTEMBRE...
a doté les autorités fédérales de
pouvoirs exceptionnels. Mais face
à l’argument avancé par la MaisonBlanche, qui estime que cette loi
est absolument «cruciale pour la
sécurité des Etats-Unis», leur protestation n’a aucun poids. La loi,
faut-il aussi le rappeler, avait notamment créé le statut de «combattant ennemi» et de «combattant
illégal», qui a permis à l’administration Bush d’ignorer l’habeas corpus
afin de détenir sans inculper des
personnes soupçonnées par l’administration de projeter des actes
terroristes. Guantanamo, zone de
non-droit, témoigne de ce dérapage. D’autres pays ont suivi
l’exemple des Etats-Unis, en décidant de renforcer leurs mesures de
sécurité, comme la France qui a
augmenté le niveau d'alerte de son
plan Vigipirate.
tembre 2001, la lutte contre le terrorisme a pris, en Occident,
une nouvelle tournure. A commencer par la terminologie employée. Il ne s’agit plus de la lutte antiterroriste, mais de la
guerre contre le terrorisme et les islamistes, accueillis à bras
ouverts auparavant, dès lors qu’ils exerçaient leurs sales besognes en Algérie, qui ont commencé à devenir persona non
grata. Du reste la guerre qui sera livrée au terrorisme international et ses chefs autoproclamés sera sans merci, car l’Amérique et l’Europe avaient fini par admettre que le phénomène
ne pouvait être circonscrit à un pays ou à une région du monde,
mais qu’il était transnational. Paris et Madrid allaient du reste
le constater à leurs dépends. C’est pourquoi le gouvernement
des États-Unis et celui de nombreux autres pays européens,
qui se singularisaient par leur laxisme à l’égard des islamistes,
ont réagi en renforçant leur législation antiterroriste. Désormais, ils étaient en «guerre contre le terrorisme». Et dès lors
que la main d’El-Qaïda dans ces attentats était indéniable – et
si un doute aurait pu persister dans les esprits, il a vite été balayé par ben Laden qui a revendiqué sa responsabilité directe
dans l'orchestration de ces attaques – Washington, qui pouvait
compter sur le soutien inconditionnel de ses alliés, n’avait plus
qu’à dérouler sa nouvelle stratégie. Le gendarme du monde
pouvait passer aux actes.
Changement de cap
L’Afghanistan, première étape
Le tournant
Au-delà du drame humain occasionné par les attentats, il ya lieu de noter que la célérité avec laquelle les gouvernements occidentaux ont réagi
pour promulguer des lois et prendre des mesures restreignant les libertés constituent, à n’en
pas douter, un premier indice quant aux parties
qui ont trouvé leurs comptes au lendemain des
attentats. Patriot Act, loi antiterroriste initiée par
l’administration Bush et signée le 26 octobre
2001, en est l’exemple parfait. Son anticonstitutionnalité n’a pas choqué outre mesure.
Et pourtant, n’est-ce pas au nom du respect des
droits de l’homme que des croisades sont menées contre des pays qualifiés d’antidémocrates
? Alors qu’elle était censée être une loi d’exception, dont certaines disposition n’étaient valables
que pour quatre années, le Congrès américain
a majoritairement voté en 2011 pour sa reconduction jusqu’en 2015 ! Une loi «temporaire» reconduite pour la troisième fois, au grand dam
des organismes de défense des droits civiques
qui voient dans le Patriot Act une restriction importante des droits et libertés individuels. Car ce
qu’il faut surtout retenir de cette loi, c’est qu’elle
Une lutte son
merci, mais
beaucoup de
ratages.
4
Le premier pays à avoir constaté, à ses dépends, le changement opéré dans la stratégie US a été l’Afghanistan, dont le
régime taliban, qui avait prêté allégeance à El-Qaïda, était
soupçonné d'héberger ben Laden. Partant, Washington n’avait
besoin d’aucune autorisation pour passer à l’acte. Pouvait-il en
être autrement lorsque l’ONU et tous les pays ont dénoncé ces
attentats ? Quant au Saoudien ben Laden, il deviendra après
cette date l’ennemi public numéro 1 des Américains. Un statut
dont il s’accommodera très bien. Mieux, il l’assumera, jusqu’au
bout. Avait-il conscience qu’en s’y prêtant au jeu US, il légitimait
la nouvelle stratégie militaire de l’administration américaine ?
Ce qui est sûr, c’est que ben Laden restera jusqu’à sa mort, intervenue le 1er mai 2011 lors d’une opération menée par les
forces spéciales américaines au Pakistan, le justificatif avancé
au déploiement et au maintien des troupes militaires en Asie centrale. Même son élimination,
qui ne manquera pas de susciter de nombreuses interrogations laissées sans réponses
par l’administration Obama, n’y a rien changé.
10 ANS APRÈS
Mais, selon des analystes, cette réduction des libertés est une étape
indispensable pour briser les résistances à la mondialisation et
contraindre les populations à accepter l'inacceptable en préparation du nouvel ordre économique
imposé par le libéralisme et la mondialisation. Mais les USA ne se sont
pas limités à adopter un comportement sécuritaire sur son sol. Ce
changement interne a été accompagné par un autre au niveau de sa
politique étrangère. Les éléments
les plus visibles sont le lancement
de la guerre contre le terrorisme
(dont la guerre d'Afghanistan en
2001), la dénonciation de l'«Axe du
mal» et, bien qu'aucun lien n'ait été
officiellement établi entre Baghdad
et les auteurs de l'attentat, le lancement de la guerre en Irak en
2003. Véritable aubaine, les attentats ont donc permis à l'administration Bush de modifier radicalement
la politique intérieure et extérieure
des États-Unis d'Amérique. La
guerre en Afghanistan lancée en
2001 a été appuyée et cautionnée
par les partenaires et l’OTAN (qui
ont envoyé des troupes) et l’ONU.
Si officiellement cette guerre a été
lancée dans le but «d’éradiquer
l’un des foyers le plus importants
du terrorisme», de nombreux analystes soulignent que les véritables
enjeux sont ailleurs. Cette guerre
visait en réalité des objectifs immédiats et des objectifs stratégiques.
Les objectifs immédiats consistaient à renverser un gouvernement hostile aux États.-Unis (les
talibans) et mettre en place un gouvernement afghan favorable aux intérêts étasuniens dans la région.
Selon Michael Meacher, ex-ministre britannique de l’Environnement
dans le gouvernement Blair de mai
1997 à juin 2003, «les États-Unis
envisageaient déjà une intervention
militaire contre l’Afghanistan avant
le 11 septembre 2001, car le régime des talibans a refusé l’offre
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US relative à la construction de pipelines traversant l’Afghanistan et
le Pakistan, pour amener le pétrole
et le gaz naturel du Turkménistan,
de l’Ouzbékistan et du Kazakhstan
vers l’océan Indien».
Mais après l’établissement d’un
gouvernement favorable à Washington, une entente est finalement
signée au mois de décembre 2002
entre Hamid Karzai et des représentants des gouvernements turkmène et pakistanais : un projet de
3,2 milliards de dollars... Ce renversement de régime et l'établissement d'un gouvernement de
transition sont aussi accompagnés
par l'arrestation de nombreux musulmans présumés terroristes.
La création de la prison de Guantanamo s'explique en partie par cet
afflux important de prisonniers.
Pour qui des objectifs stratégiques
; la mise en place d’un gouvernement pro-américain permettrait
d’installer non seulement en Afghanistan, mais dans plusieurs autres
pays d’Asie centrale des bases militaires. Légitimées par ben Laden,
trois bases aériennes en Afghanistan ont vu le jour, quatre autres
dans le reste de l'Asie centrale, notamment en Ouzbékistan, et un important dispositif terrestre dans le
Caucase a été déployé. Ce qui permet de dire que l'équipée américaine en Afghanistan a reconfiguré
la carte géopolitique en Asie centrale.
La carte géopolitique
de l’Asie centrale reconfigurée
Une belle revanche sur l’ex-URSS
qui avait fait de cette région, une
chasse gardée, et un avertissement
à peine voilé à Pékin puisque cette
région est située dans l’arrière-cour
de la Chine. L'Iran se voit ainsi menacé. Quant au Pakistan, il s’est
rangé de lui-même dans le camp
américain. D’aucuns voient dans la
«guerre contre le terrorisme» une
tentative, réussie, de Washington
de camoufler la poussée ultime
d’expansion de l’empire étasunien
dans le monde, principalement par
la force des armes. Parce que au
plan de la stricte compétition économique, les pays partent à
chances égales, les USA soucieux
d’augmenter leurs chances ont recouru à leur atout maître : leur puissance de feu. Le pétrole irakien
étant l’exemple majeur de la
deuxième guerre lancée par Washington.
C’est le second impact militaire
d’importance. Bien que l'Irak de
Saddam Hussein n'ait pas participé
aux attentats du 11 septembre, le
régime de Baghdad a été désigné
par l'administration américaine
comme un soutien actif du terrorisme international et un détenteur
d'armes de destruction massive,
malgré l'absence de preuves sur le
terrain. L'invasion de l'Irak provoquera de houleux débats à l'ONU et
des manifestations à travers le
monde, protestant contre les véritables raisons qui seraient d'ordre
économique et stratégique (indépendance énergétique vis-à-vis de
l'Arabie saoudite, notamment) plutôt que pour libérer le peuple irakien. Une thèse que l’histoire
confirmera. Mais Bush tenait sa
proie et refusait de la laisser échapper. Au plan interne, le lancement
de la guerre décidée en 2003 lui a
assuré sa réélection en 2004 avec
plus de 3,5 de voix d’avance sur
l’opposant démocrate John Kerry.
A qui le tour ?
L’Iran sera-t-il la prochaine cible de
la guerre contre le terrorisme
menée par Washington ? Ce qui est
sûr, c’est que Téhéran est dans le
collimateur des USA. Oui, mais
cela ne date pas d’hier, seraient en-
clins à rétorquer les observateurs,
sans pour autant que Washington
n’ait osé franchir le pas. Sauf qu’aujourd’hui, la menace est devenue
plus palpable. Pour preuve, après
l’élimination de Ben Laden, Téhéran se retrouve accusé d'avoir organisé les attentats du 11
septembre 2001.
C'est un article de Benjamin Weiser
et Scott Shane publié dans le New
York Times et le Sydney Morning
Herald qui vient de lancer l'affaire.
Selon ces journalistes, deux transfuges des services de renseignements iraniens ont déclaré que les
responsables iraniens étaient informés à l'avance des attentats du 11
septembre 2001, contre le WTC et
le Pentagone.
Des accusations qui viennent à
point nommé pour donner du crédit
à l’escalade menée conjointement
contre Téhéran. Car si les Américains et les Européens se sont
donné le mot pour s’en prendre au
même moment aux Iraniens, il est
à craindre pour ce pays.
L’histoire a démontré que dans les
relations internationales, les coïncidences n’ont rien d’innocent.
N. K.
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11 SEPTEMBRE...
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PREDATOR ET CAMOUFLAGE «PIXELLISÉ»
Les équipements de l'après-11-Septembre
Une décennie de guerre en Afghanistan et en Irak a donné lieu à
la mise en œuvre de nouveaux équipements et tactiques qui ont
marqué les conflits de l'après-11-Septembre. En voici les principaux :
- Traquer les insurgés : le Predator S'il a effectué son premier vol
en 1994, c'est en Afghanistan que ce drone a connu son baptême
du feu, dans un premier temps comme engin de reconnaissance
doté de seules caméras. L'idée de le doter de missiles pour mener
des frappes aériennes contre des groupes de militants islamistes
s'est vite imposée : le 11 septembre 2001, une directive en ce
sens n'attendait plus que la signature de George W. Bush. Le Predator, dont l'armée américaine a reçu le dernier des 269 exemplaires commandés en mars, a été de toutes les campagnes,
officielles comme clandestines (Pakistan, Yémen, Somalie). Il a
vite été rejoint par le drone Reaper, qui dispose d'une capacité
d'emport cinq fois supérieure, est plus endurant et plus rapide.
Une centaine a déjà été construite. Un autre drone, à réaction
celui-là, a, lui aussi fait son apparition : le Global Hawk. Successeur à terme de l'avion espion U2, il est capable de voler pendant
36 heures à haute altitude (18 km) à une vitesse de croisière de
650 km/h. Les Etats-Unis en disposent de 28 exemplaires.
- Résister aux bombes artisanales : le MRAP Face aux mines
artisanales (IED) utilisées par les combattants irakiens et afghans,
la traditionnelle jeep Humvee s'avère vite inefficace. Le nombre de
victimes s'envole. Le Pentagone décide en décembre 2006 d'équiper les troupes déployées d'un engin d'une quinzaine de tonnes :
le véhicule «protégé contre les embuscades, résistant aux mines»
(MRAP). Lourdement blindé, le véhicule est surélevé. Son dessous de caisse est façonné en forme de «V» pour dévier le souffle de l'explosion et empêcher qu'il ne frappe l'habitacle de plein
fouet. Immédiatement, le nombre de victimes dû à l'explosion de
mines baisse de plus de 80%. L'armée américaine dispose de
27.740 MRAP, dont le coût unitaire est d'environ 500.000 dollars.
- Protection et précision : l'équipement du soldat Treillis aux tons
sable dont le camouflage est «pixellisé», genouillères, support
pour lunettes de vision nocturne sur le casque... le matériel individuel des soldats américains a fortement évolué au cours des
conflits. La plupart des fantassins disposent de lunettes de visée
sur leur fusil et leur protection s'est renforcée. Les simples gilets
pare-balles en kevlar de 2003 se sont garnis de plaques de protection supplémentaires et sont devenus plus couvrants. Chaque
soldat est également doté d'un garrot pour qu'il puisse stopper
une hémorragie à un bras ou une jambe.
- Eliminer les responsables rebelles : les forces spéciales. La
«guerre contre le terrorisme» a mis en avant le rôle prépondérant
des forces spéciales, soldats d'élite suréquipés et opérant par petits groupes. En Afghanistan à l'automne 2001, des commandos
de la CIA et des forces spéciales sont à la manœuvre pour chasser les talibans du pouvoir. Dans ce pays comme en Irak, elles
seront ensuite utilisées de façon intensive pour mener des raids
de nuit pour capturer ou éliminer des chefs insurgés et récupérer
du renseignement. Plusieurs dizaines de ces raids sont menés
chaque nuit en Afghanistan où elles seraient au nombre d'une dizaine de milliers. Leur heure de gloire reste l'opération menée au
cœur du Pakistan pour éliminer Oussama ben Laden, le 2 mai
2011.
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LUTTE CONTRE LA
CRIMINALITÉ
TRANSNATIONALE
Nouvelle
stratégie des
États-Unis
La nouvelle «stratégie de lutte contre la
criminalité transnationale» du gouvernement
Obama vise à réduire «l'étendue de la
criminalité, son échelle et son influence, ainsi
que ses conséquences sur les États-Unis et sur
la sécurité et la gouvernance internationales», a
dit le conseiller du président Obama en matière
de sécurité intérieure et de lutte antiterroriste,
John Brennan.
a stratégie du Président viendra consolider et intégrer tous les moyens dont disposent les ÉtatsUnis pour lutter contre le crime organisé
transnational, tout en reconnaissant que nous ne
pourrons pas le faire à nous seuls. Les ÉtatsUnis doivent continuer de jouer un rôle primordial, de concert avec leurs partenaires engagés, afin de
mobiliser les ressources internationales nécessaires pour faire
face aux nouvelles menaces», a déclaré, pour sa part, le soussecrétaire d'État Williams Burns à l'occasion du dévoilement
de cette stratégie le 25 juillet dernier. Outre MM. Burns et Brennan, étaient également présents à la cérémonie à Washington
la ministre de la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, le ministre de la Justice, Eric Holder, et des responsables du ministère des Finances, du Bureau de la politique nationale en
matière de contrôle des drogues et de l'Agence des États-Unis
pour le développement international (USAID).
Selon M. Brennan, la criminalité organisée menace l'économie
mondiale du fait que ses auteurs portent atteinte aux systèmes
financiers qu'ils déforment en entrant illicitement sur les marchés dont ils minent l'intégrité et la concurrence légitime. Les
criminels violent aussi les droits de la propriété intellectuelle
américaine, dont le coût s'élève à 188 millions de dollars en
2010, selon la Maison-Blanche. Ces activités non seulement
portent tort au milieu d'affaires, a noté M. Brennan, mais aussi,
dans le cas de médicaments de contrefaçon, peuvent entraîner
mort d'homme.
Les trafiquants de stupéfiants profitent de la demande mondiale de drogues illicites, «ce qui ne fait qu'augmenter le pouvoir, l'impunité et la violence du crime organisé à l'échelle
internationale», a souligné M. Brennan. Les réseaux de traite
des personnes «sont un fléau mondial qui devient de plus en
plus violent et lucratif en exploitant les membres les plus vulnérables de notre société».
Connexion avec les réseaux criminels
M. Brennan a ajouté que les terroristes et les insurgés se tournaient de plus en plus vers les réseaux criminels pour trouver
un financement et un soutien logistique, notamment par le truchement de rapts contre rançon.
Selon une fiche analytique pertinente à la nouvelle stratégie,
publiée le 25 juillet par la Maison-Blanche, 29 des 63 princi-
4
«L
Nouveau
président,
nouvelle
approche ?
paux réseaux de trafic de drogue
identifiés par le ministère de la Justice en 2010 avaient des liens avec
des organisations terroristes.
La nouvelle stratégie consistera en
une lutte contre chacun de ces problèmes avec une série d'objectifs
stratégiques, a indiqué la MaisonBlanche. Parmi ces objectifs, protéger les Américains et les
partenaires des États-Unis de la
violence des réseaux criminels,
aider les pays partenaires à renforcer leur système de gouvernement
pour briser la puissance desdits réseaux, et miner la puissance économique de la criminalité organisée
transnationale en protégeant les
marchés stratégiques et le système
financier des États-Unis contre les
incursions illicites et les violations.
La stratégie visera aussi à vaincre
les réseaux en ciblant leur infrastructure et en empêchant la facilitation d'activités terroristes, ainsi
qu'en forgeant un consensus international, une coopération multilatérale et des partenariats entre les
secteurs public et privé.
La stratégie réalisera ces objectifs
en mettant en œuvre des capacités
et des moyens novateurs, grâce
notamment à un décret, à une nouvelle proclamation présidentielle et
à un ensemble de projets de loi, a
aussi indiqué la Maison-Blanche.
M. Burns a qualifié toute forme de
crime organisé «de menace contre
les gens honnêtes et les travailleurs du monde entier», un danger
qui mine les activités économiques
légitimes, l'État de droit et l'intégrité
des institutions vitales des gouvernements dont le but est de protéger
la paix et la sécurité. Il entrave
aussi la lutte contre la pauvreté et
ralentit le progrès du développement durable, a-t-il ajouté.
Notant que le crime organisé transnational était un problème mondial,
M. Burns a affirmé que le département d'État «demeurait déterminé
à œuvrer de concert avec ses partenaires dans toutes les administrations du gouvernement, pour
transformer nos intérêts communs
en une action commune qui renforcera notre sécurité à tous.»
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11 SEPTEMBRE...
ATTENTAT CONTRE
L’ACADÉMIE
INTERARMES
DE CHERCHELL
Les Etats-Unis
d'Amérique
condamnent
avec force
10 ANS APRÈS
Les principaux attentats d'AQMI
Rappel des principales actions du groupe Al
Qaeda au Maghreb islamique (AQMI, exGroupe salafiste pour la prédication et le combat - GSPC), qui a revendiqué, dimanche, le
double attentat suicide ayant fait 18 morts en
Algérie, vendredi 26 août.
- fév-mars 2003 : 32 touristes européens enlevés par le GSPC dans le Sud algérien. Les
derniers otages sont libérés en août depuis le
Mali où ils ont été transférés.
- 4 juin 2005 : 15 soldats mauritaniens tués
dans une attaque dans le nord-est de la Mauritanie revendiquée par le GSPC.
- 11 avr : 30 morts, plus de 200 blessés dans
deux attentats à Alger, dont un contre le palais
du Gouvernement, revendiqué par AQMI.
- 6 sept : 22 morts dans un attentat suicide
visant le cortège du Président dans l'Est.
- Le 8 sept : 30 morts dans un attentat suicide contre une caserne en Kabylie. Revendiqués par AQMI.
La communauté
internationale
est désormais
unanime à
condamner la
barbarie du
terrorisme.
es Etats-Unis ont réaffirmé lundi leur «soliderelation»
avec l'Algérie et ont réitéré leur condamnation de l'attaque terroristeperpétrée vendredi dernier contre
l'Académie militaire interarmes de Cherchell.Dans
une déclaration liminaire faite avant de passer aux
questions-réponsesde son briefing quotidien, la porteparole du département d'Etat américain,Mme Victoria Nuland,
a souligné que «les Etats-Unis condamnent fermement l'attaqueterroriste perpétrée le 26 août contre l'académie militaire
de Cherchell, enAlgérie». «Nos pensées et nos prières vont
aux proches de ceux qui ont été tués oublessés à la suite de
cet horrible événement», a-t-elle ajouté.Tout en condamnant
cet acte terroriste, la porte-parole du département deHillary
Clinton a tenu également à réaffirmer que «les Etats-Unis et
l'Algérieont une solide relation bilatérale, et cette tragédie (de
cette attaque terroriste)souligne la nécessité de continuer à
renforcer nos efforts conjoints en tantque partenaires pour
combattre le terrorisme sous toutes ses formes».
L
- 14 déc : 41 morts dans deux attentats suicide à Alger. Revendiqués par AQMI.
- 24 déc : En Mauritanie, quatre touristes
français tués dans le Sud-Est. Trois Mauritaniens affiliés à AQMI seront condamnés à
mort en 2010.
- 22 fév : Deux touristes autrichiens sont enlevés en Tunisie puis transférés dans le nord
du Mali. AQMI les libère en octobre.
- 15 sept : Des éléments d'AQMI attaquent
une patrouille de l'armée dans l'extrême nord
de la Mauritanie. Les corps de 11 soldats et
leur guide retrouvés décapités.
- 14 déc : Rapt de deux diplomates canadiens au Niger, revendiqué par AQMI. Libérés
en avril 2009.
- 22 jan : Quatre touristes européens (deux
Suisses, un Allemand et un Britannique) capturés dans la zone frontalière Mali/Niger.
- En juin, AQMI annonce avoir tué le Britannique Edwin Dyer. Les autres libérés en avril
et juillet.
- 26 nov : Enlèvement d'un Français, Pierre
Camatte, dans le nord-est du Mali. Relâché
en février 2010 par AQMI après la libération
au Mali de quatre islamistes qu'elle réclamait.
- 29 nov : Enlèvement de trois Espagnols
dans le nord-ouest de la Mauritanie, revendiqué par AQMI. Une femme est libérée en
mars 2010, les deux autres en août.
- 18 déc : Enlèvement d'un couple d'Italiens
dans le sud-est de la Mauritanie, revendiqué
par AQMI. Libérés en avril 2010.
- 30 juin : 11 gendarmes algériens tués dans
une attaque revendiquée par AQMI.
- 25 juil : AQMI revendique l'exécution d'un
Français, Michel Germaneau, enlevé au
Niger en avril et transféré au Mali. Un raid
franco-mauritanien mené le 22
juillet pour tenter de le libérer
avait échoué.
- 16 sept : Sept personnes (cinq
Français, un Togolais et un Malgache), essentiellement des collaborateurs
des
groupes
français Areva et Satom, sont
enlevées à Arlit (site d'extraction
d'uranium) dans le nord du
Niger. Revendiqué par AQMI.
- Le 24 février 2011, une Française, le Togolais et le Malgache
sont libérés en territoire nigérien.
- 7 jan : Deux Français, Antoine
De Léocour et Vincent Delory,
sont enlevés à Niamey. Ils sont
tués le lendemain lors d'une
opération de sauvetage franconigérienne au Mali. AQMI revendique l'enlèvement le 13.
- 2 fév : AQMI revendique une
tentative d'attentat contre le président mauritanien Mohamed
Ould Abdel Aziz, déjouée dans
la matinée par l'armée mauritanienne.
- 2 fév : Une touriste italienne
enlevée dans le Sud algérien.
Le 18, elle indique être aux mains d'AQMI
dans un enregistrement audio.
- 20 avr : AQMI revendique l'attaque menée
le 15 contre un poste militaire en Kabylie (Algérie) dans laquelle 14 militaires ont été tués.
- 18 mai : Un colonel et un soldat de l'armée
tunisienne, ainsi que deux Libyens, sont tués
à Rouhia (Nord), à environ 200 km de la frontière algérienne, dans des échanges de tirs
avec des hommes «fortement suspectés
d'appartenir à El-Qaïda» (sources autorisées).
- 26 août : 18 morts dans un attentat suicide
à l'entrée de l'Académie interarmes de Cherchell (100 km à l'ouest d'Alger), revendiqué le
28 par AQMI.
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WILLIAM HAGUE, MINISTRE
BRITANNIQUE DES AE, CONDAMNE
L’ATTENTAT DE CHERCHELL
«Ces terroristes n'ont
absolument aucun respect
pour la vie humaine»
e Royaume-Uni a condamné l'attentat perpétré contre l'Académie
militaire interarmes de Cherchell,
dans un communiqué diffusé par
le Foreign Office. «J'ai été choqué
d'entendre parler de l'attaque terroriste contre l'Académie militaire algérienne à Cherchell le 26 août, dans laquelle
beaucoup ont été tués et blessés», a affirmé le ministre britannique des Affaires
étrangères, William Hague, dans ce communiqué. «Je condamne cette attaque brutale et impitoyable», a souligné M. Hague
qui a relevé que le timing de l'attentat terroriste, juste après la rupture du jeûne, démontre que «ces terroristes n'ont
absolument aucun respect pour la vie humaine ni pour le Ramadhan». Le chef de
la diplomatie britannique a assuré que le
Royaume-Uni se tient «fermement au côté
de l'Algérie» dans la lutte contre le terrorisme et adressé ses plus sincères condoléances aux familles des victimes de
l'attaque, au gouvernement et au peuple
algériens.
L
«El-Qaïda n'est
pas la seule
menace pour la
sécurité du Royaume-Uni»
e ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a déclaré, le 24 juillet
dernier à Londres, qu’«Al Qaeda n'est pas la seule menace à la sécurité du
Royaume-Uni». «Le Royaume-Uni considère clairement dans sa stratégie de lutte
antiterroriste qu'Al Qaeida n’est pas la seule forme de menace à laquelle le pays
pourrait faire face», a-t-il dit dans une déclaration à la BBC. Lors d’une réunion le
lendemain, du Conseil de la sécurité de la Grande-Bretagne, il a annoncé qui’il devra
s’assurer qu’«une attention suffisante est accordée à toutes les formes de terrorisme».
«Le Conseil national de sécurité devra également tirer les leçons des attaques qui ont ciblé
la Norvège» vendredi, a ajouté M. Hague, soulignant que des mesures avaient été mises en
place sous le gouvernement actuel, afin de mettre le pays à l’ abri d’attaques terroristes.
M. Hague a également évoqué le contrôle rigoureux des armes à feu en Grande-Bretagne
et les contrôles «très stricts» effectués sur la vente de matériel nécessaire pour la fabrication des bombes.
Selon lui, la Grande-Bretagne a les professionnels «les mieux formés au monde» dans le domaine du contrôle et de la circulation des armes, «travaillant en étroite collaboration avec les
services de renseignement pour la sécurité et la protection du pays».
L
ATTENTATS DE CHERCHELL
Catherine Ashton :
«La violence sera
vaincue et ne réussira
pas à arrêter l'Algérie
sur son chemin des
réformes»
Union européenne (UE) a condamné «fermement» l'attentat perpétré vendredi soir contre
l'Académie militaire interarmes de Cherchell. La
Haute représentante de l'UE pour les Affaires
étrangères et la politique de sécurité, Catherine
Ashton, et le commissaire européen à l'Elargissement et à la Politique européenne de voisinage, Stefan
Füle, ont «condamné fermement», dans un communiqué
commun cet «acte de terreur» et exprimé leur «solidarité au
peuple algérien et, en particulier, aux amis et aux familles
des victimes». «La violence sera vaincue et ne réussira pas
à arrêter l'Algérie sur son chemin des réformes», ont-ils affirmé, assurant que «l'UE est prête à développer davantage
sa coopération avec l'Algérie pour soutenir le programme
de réforme». 18 personnes ont été tuées et 26 autres blessées dans un attentat terroriste perpétré vendredi, une dizaine de minutes après la rupture du jeûne, contre le «mess
extérieur» de l'Académie militaire interarmes de Cherchell.
Le ministère de la Défense nationale a souligné que ce
crime terroriste «démontre une nouvelle fois que les groupuscules terroristes tentent à travers cet acte abject d'atteindre des objectifs médiatiques afin de desserrer l'étau qui
leur est imposé sur le terrain par les forces combinées de
sécurité qui ont réalisé des résultats remarquables, notamment durant les dernières semaines». Le Haut Commandement de l'Armée nationale populaire, «tout en s'inclinant à la
mémoire des chouhada ayant péri dans cet acte ignoble»,
a réitéré sa «détermination à mettre hors d'état de nuire ces
bandes criminelles et à assurer la paix et la quiétude dans
l'ensemble du pays».
L’
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10 ANS APRÈS
Understanding
International
Terrorism
Prof.Dr Mhand Berkouk,
Director, Centre de Recherche Stratégique et Sécuritaire
errorism is an old phenomenon that dates back to the
year 3AD with violent actions taken by Jewish zealots
against Roman authorities in Palestine… These
were violent, organized and politically motivated.
These are found features of modern terrorism to
which Europe was confronted in the 1970s… when it
was ideologically inspired … and with clear political discourses
… Terrorist acts were then perpetrated by some extreme left
groups in a highly polarized international system . Terrorist
groups like Action Directe (France), Red Brigades (Italy) or
Baader Meinhof were all actively involved in violent actions
against the state …. Their actions were justified through the
prism of anti-capitalism or anti-imperialism.
Some separatist movements, using violence, were also dubbed as terrorist groups …ETA in Spain, the IRA in the United
Kingdom or the PKK in Turkey , the Tamil Tigers of Sri Lanka
… They all resorted to such violent modus operandi. Even
some liberation movements like the Palestinian Liberation Organization (PLO) was presented by the «Atlantic World» as
a terrorist entity … before recognizing it by the West as a partner in peace in the Middle East and as the sole representative
of the Palestinian People….
From these examples, one would notice the diversity of the
profiles and agendas and normative constructs of such organizations … What is a terrorist for some, is a freedom fighter
for others. Terrorism is a value-laden concept … it is not neutral and it is highly prone to manipulation at both the political
and etymological levels. In fact, its cacophonous character is
made worse through its instrumentation by states and nonstate actors alike … This had a clear impact on the lack of
consensus on its «legal definition» at the international level
and this despite the fact that terrorism is an ubiquitous threat
to individuals, states and the whole international community.
Terrorism is a threat that recognizes no borders, no religion
and culture … It is a trans-generic phenomenon that cannot
be scientifically profiled. There are no found common direct
causes that produce such heinous violence and disrupt to
human life. The Gurrian (Ted Gurr, famous American specialist of political violence) formula which stipulates that … poverty and repression create the fertile ground for political
violence, rebellion and terrorism … does not hold ground when
doing a mapping of the countries struck by such a threat….
Some are more democratic than others like Spain, the United
States (in the cases of its home grown terrorism with the Unibomber and the Oklahoma bombing as examples)…. Or the
United Kingdom ( with its own home bred terrorists)…. Moreover, the poverty hypothesis cannot be sustained as several
,if not the majority of, African states are underdeveloped, non
democratic but were not confronted to cases of terrorism .
This is the reason why all objective analysts of terrorism reject
this simplistic presentation.
The latest terrorist attacks in Norway (July 22nd, 2011) by an
extreme right wing militant (Anders Behring-Breivit) using
combined non-simultaneous tactics (car blast and random
shooting at a summer camp) further complicated the task of
identifying potential terrorists … and denigrates the overtly is-
T
lamophobic singularisation of Islam
as the creed that breeds terrorists
… or as a Green Peril ( to use Judith Miller’s famous catch phrase)
that will threaten western civilization and way of life. It is a narrow
ethno-centric approach and a blurred culturalist conception of terrorism (à la Bernard Lewis in his
book “The Political Language of
Islam).
Terrorists do not use the same
modus operandi … their acts range
from individual assassinations to
mass murders, car and device explosions, ambushes, sabotage of
public institutions or facilities … to
the use planes as in the case of the
9/11 attacks on the World Trade
Centre in New York. In addition to
these, they resort to racketeering,
kidnapping and tactical alliances
with drug traffickers and organized
crime to draw financial resources
to finance their activities.
A sketchy mapping of terrorism
worldwide would demonstrate that
it is an international threat … from
the abu Sayaf group in Jolo (Philippines), Gamaat islamiya in Indonesia, to al-Qaida in Afghanistan,
Yemen and elsewhere; to right
wing terrorist acts in Europe, terrorist cells (discovered several times)
in Australia, to left wing terrorist
splinter groups in Latin America…
to alShabab al Islami in Somalia,
Buku Haram in Nigeria, Aqmi in the
Sahel region …. It is a widespread
threat that cannot be defeated so-
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lely by decapitating the head of alQaida international … It requires a
relentless effort that should transcend altruistic national calculations
and move towards a genuine international partnership against terrorism while respecting national
sovereignty and by refraining from
unilateral military actions or foreign
intervention.
The international community is facing a real proliferation of such a
threat specially with the «complexification» of the world’s interconnectedness … where terrorists
recruit, train and might even finance and transmit orders from
any place in the world to carry terrorist atrocities anywhere on the
planet.
Ten years after the 9/11 terrorists
attacks on the United States and
despite the engagement of the international community against this
phenomenon, and despite the
American –led global war on terror
(GWOT) the threat is still real …
just to see the recent attacks in
Norway, Pakistan and Yemen
…one would conclude that this
threat is gaining in geographical
terms … and it is becoming more
dangerous for its strategic connections with organized crime and
narco-trafficking and with some unfounded reluctance (for reasons of
political calculations) by some
states to enforce a stringent system of counter-terrorism and its financing … as in the case of
criminalizing the payment of ransom to terrorists.September 2011
should be a time not only to remember the victims of the 9/11 attacks and all the victims of terrorists
activities worldwide, but it should
be an opportunity to critically evaluate what has been done at national-regional and international
levels against this menace.
The international community ought
to be more resolute in adopting a
work plan to confront a mounting
threat while acknowledging that terrorism recognizes no borders, nationality or religion. It is a strategic
challenge … to render the world a
much safer place by defeating the
ogre of terrorism.
M. B.
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11 SEPTEMBRE...
DOCUME
10 ANS APRÈS
NT
Nations unies S/RES/1373 (2001)
Conseil de sécurité
28 septembre 2001
Résolution 1373 (2001)
Adoptée par le Conseil de sécurité à sa 4385e séance, le 28 septembre 2001
Le Conseil de sécurité :
Réaffirmant ses résolutions 1269 (1999) du 19 octobre 1999 et 1368 (2001) du
12 septembre 2001,
Réaffirmant également sa condamnation sans équivoque des attaques terroristes
Commises le 11 septembre 2001 à New York, à Washington et en Pennsylvanie,
et exprimant sa détermination à prévenir tous actes de ce type,
Réaffirmant en outre que de tels actes, comme tout acte de terrorisme international, constituent une menace à la paix et à la sécurité internationales,
Réaffirmant le droit naturel de légitime défense, individuelle ou collective que
consacre la Charte des Nations unies, et qui est réaffirmé dans la résolution 1368
(2001),
Réaffirmant la nécessité de lutter par tous les moyens, conformément à la Charte
des Nations Unies, contre les menaces à la paix et à la sécurité internationales
que font peser les actes de terrorisme,
Profondément préoccupé par la multiplication, dans diverses régions du monde,
des actes de terrorisme motivés par l’intolérance ou l’extrémisme,
Demandant aux États de collaborer d’urgence pour prévenir et réprimer les actes
de terrorisme, notamment par une coopération accrue et l’application intégrale
des conventions internationales relatives au terrorisme,
Considérant que les États se doivent de compléter la coopération internationale
en prenant des mesures supplémentaires pour prévenir et réprimer sur leur territoire, par tous les moyens licites, le financement et la préparation de tout acte de
terrorisme,
Réaffirmant le principe que l’Assemblée générale a établi dans sa déclaration d’octobre 1970 (2625 XXV) et que le Conseil de sécurité a réaffirmé dans sa résolution 1189 (1998), à savoir que chaque État a le devoir de s’abstenir d’organiser et
d’encourager des actes de terrorisme sur le territoire d’un autre État, d’y aider ou
d’y participer, ou de tolérer sur son territoire des activités organisées en vue de
perpétrer de tels actes,
Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies,
1. Décide que tous les États :
a) Préviennent et répriment le financement des actes de terrorisme;
b) Érigent en crime la fourniture ou la collecte délibérée par leurs nationaux ou sur
leur territoire, par quelque moyen que ce soit, directement ou indirectement, de
fonds que l’on prévoit d’utiliser ou dont on sait qu’ils seront utilisés pour perpétrer
des actes de terrorisme;
c) Gèlent sans attendre les fonds et autres avoirs financiers ou ressources économiques des personnes qui commettent, ou tentent de commettre, des actes de
terrorisme, les facilitent ou y participent, des entités appartenant à ces personnes
ou contrôlées, directement ou indirectement, par elles, et des personnes et entités agissant au nom, ou sur instruction, de ces personnes et entités, y compris les
fonds provenant de biens appartenant à ces personnes, et aux personnes et entités qui leur sont associées, ou contrôlés, directement ou indirectement, par elles;
d) Interdisent à leurs nationaux ou à toute personne ou entité se trouvant sur leur
territoire de mettre des fonds, avoirs financiers ou ressources économiques ou
services financiers ou autres services connexes à la disposition, directement ou
indirectement, de personnes qui commettent ou tentent de commettre des actes
de terrorisme, les facilitent ou y participent, d’entités appartenant à ces personnes
ou contrôlées, directement ou indirectement, par elles et de personnes et entités
agissant au nom ou sur instruction de ces personnes;
2. Décide également que tous les États :
a) S’abstiennent d’apporter quelque forme d’appui que ce soit, actif ou passif, aux
entités ou personnes impliquées dans des actes de terrorisme, notamment en réprimant le recrutement de membres de groupes terroristes et en mettant fin à l’approvisionnement en armes des terroristes ;
b) Prennent les mesures voulues pour empêcher que des actes de terrorisme ne
soient commis, notamment en assurant l’alerte rapide d’autres États par l’échange
de renseignements ;
c) Refusent de donner asile à ceux qui financent, organisent, appuient ou commettent des actes de terrorisme ou en recèlent les auteurs;
d) Empêchent que ceux qui financent, organisent, facilitent ou commettent des
actes de terrorisme n’utilisent leurs territoires respectifs pour commettre de tels
actes contre d’autres États ou contre les citoyens de ces États;
e) Veillent à ce que toutes personnes qui participent au financement, à l’organisation, à la préparation ou à la perpétration d’actes de terrorisme ou qui y apportent un appui soient traduites en justice, à ce que, outre les mesures qui pourraient
être prises contre ces personnes, ces actes de terrorisme soient érigés en crimes
graves dans la législation et la réglementation nationales et à ce que la peine infligée soit à la mesure de la gravité de ces actes ;
f) Se prêtent mutuellement la plus grande assistance lors des enquêtes criminelles et autres procédures portant sur le financement d’actes de terrorisme ou
l’appui dont ces actes ont bénéficié, y compris l’assistance en vue de l’obtention
des éléments de preuve qui seraient en leur possession et qui seraient nécessaires à la procédure ;
g) Empêchent les mouvements de terroristes ou de groupes de terroristes en instituant des contrôles efficaces aux frontières, ainsi que des contrôles lors de la
délivrance de documents d’identité et de documents de voyage et en prenant des
mesures pour empêcher la contrefaçon, la falsification ou l’usage frauduleux de
papiers d’identité et de documents de voyage ;
3. Demande à tous les États :
a) De trouver les moyens d’intensifier et d’accélérer l’échange d’informations opérationnelles, concernant en particulier les actions ou les mouvements de terroristes ou de réseaux de terroristes, les documents de voyage contrefaits ou
falsifiés, le trafic d’armes, d’explosifs ou de matières sensibles, l’utilisation des
technologies de communication par des groupes terroristes, et la menace que
constituent les armes de destruction massive en possession de groupes terroristes ;
b) D’échanger des renseignements conformément au droit international et national et de coopérer sur les plans administratif et judiciaire afin de prévenir les actes
de terrorisme ;
c) De coopérer, en particulier dans le cadre d’accords et d’arrangements bilatéraux
et multilatéraux, afin de prévenir et de réprimer les actes de terrorisme et de prendre des mesures contre les auteurs de tels actes ;
d) De devenir dès que possible parties aux conventions et protocoles internationaux relatifs au terrorisme, y compris la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme en date du 9 décembre 1999 ;
e) De coopérer davantage et d’appliquer intégralement les conventions et protocoles internationaux relatifs au terrorisme ainsi que les résolutions 1269 (1999) et
1368 (2001) du Conseil de sécurité ;
f) De prendre les mesures appropriées, conformément aux dispositions pertinentes de leur législation nationale et du droit international, y compris les normes
internationales relatives aux droits de l’homme, afin de s’assurer, avant d’octroyer
le statut de réfugié, que les demandeurs d’asile n’ont pas organisé ou facilité la
perpétration d’actes de terrorisme et n’y ont pas participé ;
g) De veiller, conformément au droit international, à ce que les auteurs ou les organisateurs d’actes de terrorisme ou ceux qui facilitent de tels actes ne détournent
pas à leur profit le statut de réfugié, et à ce que la revendication de motivations politiques ne soit pas considérée comme pouvant justifier le rejet de demandes d’extradition de terroristes présumés ;
4. Note avec préoccupation les liens étroits existant entre le terrorisme international et la criminalité transnationale organisée, la drogue illicite, le blanchiment
d’argent, le trafic d’armes et le transfert illégal de matières nucléaires, chimiques,
biologiques et autres présentant un danger mortel et, à cet égard, souligne qu’il
convient de renforcer la coordination des efforts accomplis aux échelons national, sous-régional, régional et international afin de renforcer une action mondiale
face à ce grave problème et à la lourde menace qu’il fait peser sur la sécurité internationale ;
5. Déclare que les actes, méthodes et pratiques du terrorisme sont contraires aux
buts et aux principes de l’Organisation des Nations Unies et que le financement
et l’organisation d’actes de terrorisme ou l’incitation à de tels actes en connaissance de cause sont également contraires aux buts et principes de l’Organisation
des Nations Unies ;
6. Décide de créer, en application de l’article 28 de son Règlement intérieur provisoire, un comité du Conseil de sécurité composé de tous les membres du
Conseil et chargé de suivre l’application de la présente résolution avec l’aide des
experts voulus, et demande à tous les États de faire rapport au Comité, 90 jours
au plus tard après la date de l’adoption de la présente résolution puis selon le calendrier qui sera proposé par le Comité, sur les mesures qu’ils auront prises pour
donner suite à la présente résolution ;
7. Donne pour instructions au Comité de définir ses tâches, de présenter un programme de travail 30 jours au plus tard après l’adoption de la présente résolution
et de réfléchir à l’appui dont il aura besoin, en consultation avec le Secrétaire général ;
8. Se déclare résolu à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la
pleine application de la présente résolution, conformément aux responsabilités
qui lui incombent en vertu de la Charte;
9. Décide de demeurer saisi de la question.
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