23_Corneille,_la_genese_de_Medee_files/Médée de Corneille

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Corneille, la genèse de Médée
C ’est la première tragédie de Corneille (1635). Corneille est déjà un écrivain très connu qui aborde désormais un nouveau genre, le premier de tous selon une hiérarchie indiscutée qui plaçait la tragédie au sommet des genres dramatiques. Accéder à la tragédie constituait une sorte de promotion d’autant qu’elle venait de ressusciter avec l’Hercule mourant de Rotrou. Médée est une tragédie régulière, c’est-­‐à-­‐dire qu’elle suit la règle (=ensemble des règles) : o dans le courant de la pièce l’auteur a soin de faire connaître qu’elle est connaître qu’elle est dans 24 heures => unité de temps. o Unité de lieu au sens où Corneille l’entend (cf discours de Corneille) ; tous les lieux particuliers sont situés dans une seule ville : Corinthe. Ils sont même rapprochés très naturellement. o Unité d’action est satisfaisante mis à part un épisode avec Égée. Il manque peut-­‐être de liaisons entre les scènes pour les plus rigoristes mais la règle n’est pas encore fixée. Médée s’inspire essentiellement de la tragédie de Sénèque qui plus encore que les tragiques grecques fait autorité. Chez Sénèque, l’effort rhétorique et la recherche du pathétique constituent pour les tragiques du XVIIème siècle français, l’essence même du genre (=chaque mot de beauté de la langue est aussi important que l’action elle-­‐même). Médée est la peinture d’une jalousie exaspérée, jusqu’au crime. C’est une tragédie mythologique car Corneille n’a pas encore pris possession de la tragédie historique. L’utilisation du poison par Médée pour la robe de Creuse est à rapprocher à la robe imprégnée du sans de Nessus qui empoisonne Hercule dans les Métamorphoses d’Ovide. Avec les opérations magiques de l’enchanteresse, des portes qui s’ouvrent et des fers qui tombent à coup de baguette de la magicienne, son envol dans un char tiré par deux dragons, le sujet se prêtait au spectacle et le gout du spectacle est certain chez Corneille (Cf. Illusion comique). Nous sommes en plein baroque. Médée est appelé communément enchanteresse, magicienne mais aussi sorcière par Corneille. Le sacrifice qu’elle fait de ses enfants représente le paroxysme de sa vengeance mais ressemble aussi beaucoup à des messes noires du XVIIème siècle. Avec Médée, Corneille approche un être furieux mais aussi démoniaque dans son acharnement à détruire. Les sorciers et les enchanteurs sont des héros commodes pour le théâtre car leurs pouvoirs justifient les changements (Baroque). A coté de cette utilisation qui on peut qualifier de technique, le grand emploi qu’on en fait relève d’une 1 © Clément ROCHON • 2012 • Tous droits réservés.
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sensibilité profonde et d’une croyance religieuse. Le public du siècle de Corneille est fasciné par la sorcellerie, et la croyance dans le surnaturel est présente partout dans la société. Médée est contemporaine des grands procès de possession, qui nécessite un exorciste. Corneille pour Médée doit beaucoup à Sénèque et un peu a Euripide. Il s’est également inspiré des Métamorphoses d’Ovide (Hercule) et des Argonautiques d’Apollonios de Rhodes. Parmi les instruments de travail des érudits de l’époque on trouve la Mythologie de Le Comte. ________________ 2 © Clément ROCHON • 2012 • Tous droits réservés.
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