Quinquas, les parias de l`emploi » : nouveau livre

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Quinquas, les parias de l`emploi » : nouveau livre
« Quinquas, les parias de l'emploi » : nouveau livre-témoignage
sur le chômage des seniors
Alors que le gouvernement travail à la mise en place de son plan d'emploi pour les seniors, un nouvel ouvrage «
Quinquas, les parias de l'emploi », écrit par le journaliste Alain Vincenot vient analyser le gâchis humain, social
et économique qu'entraîne l'aberrant et paradoxal rejet du monde du travail des personnes de plus de 50 ans. A
lire.
Il est une ségrégation qui, après des années d'indifférence, semble susciter un
début de prise de conscience politique : celle qui frappe les quinquagénaires.
Un sur sept n'a pas d'activité professionnelle : 550 000 sont au chômage, 180
000 en préretraite et 360 000 dispensés de recherche d'emploi. Chez les
cadres, six sur dix arrivent inactifs à l'âge officiel de leur départ en retraite,
deux étant au chômage, et quatre en préretraite, en congé de maladie ou
autre.
En France, les 50 ans et plus totalise 19 millions d'hommes et de femmes.
Soit 30% de la population. Un véritable papy-boom qui va s'amplifier au cours
des quinze prochaines années. Leur nombre va croître de plus de 50%, tandis
que celui des moins de 50 ans ne progressera que de 2%. Or, plus de la
moitié de ces adultes mûrs ont entre 50 et 64 ans et une bonne partie est née
juste après la Deuxième guerre mondiale. C'est la génération des babyboomers, celle de mai 68, qui, sur le marché du travail, se heurte aujourd'hui
à un non-dit omniprésent : trop vieux ! Trop vieille ! Car la France traîne ses seniors comme un boulet : à
peine 36,8% de ses 55-64 ans ont un emploi, contre 49,6% en Finlande, 51,1% au Portugal, 55,5% au
Royaume-Uni, 60,2% au Danemark et 68,6% en Suède.
Malgré ses compétences et son expérience professionnelle, le chômeur quinqua souffre d'un lourd handicap
qui leste son curriculum vitae : son âge. Pas présentable, il ne peut se parer du moindre avenir professionnel.
Qu'importe si la longévité des hommes et des femmes ne cesse de gagner des semestres au fil des ans,
s'accompagne d'un vieillissement de plus en plus tardif. Qu'importe si plus d'un exemple prouve aux quinquas
qu'ils ne sont pas fichus.
Ainsi, en juin 1940, de Gaulle a 50 ans lorsqu'il lance son Appel du 18 juin ; Winston Churchill, 66 quand, le
mois précédent, il est nommé Premier ministre de sa Gracieuse Majesté ; Eisenhower, 54 lorsqu'en juin 1944 il
débarque en Normandie à la tête des armées alliées… Quant à nos actuels présidentiables, ils sont tous
quinquas.
Chômeurs, les cinquantenaires sont des pestiférés. Comme si, de toutes parts, on leur assénait : Ne vous
accrochez pas à un emploi ! Laissez la place aux jeunes ! Vous avez fait votre temps ! Et tout le monde de
s'accorder implicitement sur l'idée que mieux vaut un inactif âgé qu'un jeune chômeur. Les « bonnes raisons »
ne manquent pas de se passer d'eux : ils seraient trop chers, pas assez productifs, démotivés, inadaptables
aux nouvelles technologies et au changement, manquent de souplesse, ne comprennent pas les jeunes, leur
aptitude physique n'est pas assez performante…
Pourtant, l'évolution démographique commence à créer, sur le marché du travail, des tensions qui vont
s'aggraver avec les départs à la retraite du baby-boom. En octobre 2001, dans un rapport intitulé « Ages et
emploi à l'horizon 2010 », le Conseil Economique et Social relevait que « la discrimination à l'encontre des
salariés âgés de plus de 50 ans semble difficilement compatible avec la perspective du vieillissement
démographique ».
Chute de la fécondité et recul de la mortalité constituent les deux causes de celui-ci. Un phénomène amplifié,
dans ses répercutions économiques, par l'allongement de la scolarité qui retarde le premier emploi des jeunes.
Hier, les 30-45 ans constituaient l'essentiel de la population active ; demain ce seront majoritairement les plus
de 45 ans, actuellement en sous-emploi, qui auront à assurer non seulement la bonne marche économique du
pays, mais aussi la solidarité des régimes de retraite de plus en plus coûteux. Les institutions européennes
s'inquiètent de cette situation. En 2000, le Conseil européen de Lisbonne a placé la promotion du «
vieillissement actif » parmi les objectifs de sa stratégie pour l'emploi à l'horizon 2010. L'année suivante, celui
de Stockholm a précisé que le taux d'activité des 55-64 ans devrait alors atteindre 50% et, en 2002, celui de
Barcelone s'est prononcé pour un relèvement progressif, d'ici-là, de cinq ans de l'âge moyen de sortie
d'activité.
Pour illustrer ce phénomène de discrimination, le livre « Quinquas, les parias de l'emploi » dresse des
portraits-témoignages d'hommes, de femmes, beaucoup étant au RMI après avoir exercé d'importantes
responsabilités. Ainsi, un directeur de société de relations publiques, un polytechnicien, un centralien, un
virtuose des assurances, créateurs de plusieurs concepts, un diplômé de l'Ecole nationale d'aviation civile, une
directrice de la communication d'un grand groupe … Pour chacun d'eux sont évoqués son parcours
professionnel, puis le traumatisme du licenciement, souvent précédé d'une période de harcèlement moral, et,
enfin, le chômage où les moments d'espoir basculent généralement dans l'abattement ou la dépression.
Après un long silence, les dirigeants politiques se mettent à évoquer la gravité du problème. Ainsi, le 8 juin
2005, Dominique de Villepin constatait lors de son discours de politique générale à l'Assemblée Nationale : «
Alors que l'espérance de vie ne cesse d'augmenter dans notre pays, nous nous privons des compétences des
salariés plus âgés ». Il ajoutait : « Notre économie a besoin d'eux. Elle doit s'ouvrir à eux et non les rejeter »…
Dans la préface, Jacques Attali écrit : « Le livre d'Alain Vincenot fait partie de ces livres qu'on aimerait ne pas
voir publiés. De ces livres intolérables, dont on se dit qu'il est honteux qu'il soit nécessaire de les écrire. De
ces livres qui racontent des histoires intolérables, insupportables, inhumaines. Et justement, si elles sont
inacceptables, c'est qu'elles sont vraies. Et qu'il faut les affronter avec courage, pour agir. Pas comme voyeur
du malheur des autres. Pas pour jouir de ne pas en être. Pour se révolter, pour comprendre que leur situation
nous concerne, parce qu'elle peut être celle de chacun de nous, de chacun de nos proches. Alain Vincenot
réussit à nous faire partager le désespoir sans phrase de ces gens qui, partis de toutes sortes de situations
banales, normales, conventionnelles, sont devenus peu à peu des non-être, niés par le monde. Il réussit à
nous faire comprendre comment, inéluctablement, comme dans une tragédie grecque, le sort s'acharne sur des
hommes et des femmes qui ont apporté jusque-là leur contribution à la société… Il faut que ce livre soit lu,
débattu, pour que nous sachions affronter ces problèmes. Pour ma part, je ne pourrai plus oublier les récits
que vous allez lire ».
Biographie de l'auteur
Alain Vincenot est journaliste. Il a réalisé de nombreux reportages en France et à l'étranger. Il est également
l'auteur de Fleurs de béton (2001), de Parole de Flics (2001), de la France résistante, histoire de héros
ordinaires (2004) et de Je veux revoir maman (2005). Ce dernier ouvrage faisant partie des finalistes dans le
cadre du Prix 2006 de lectrices du magazine Elle, dans la catégorie Document.
Quinquas, les parias de l'emploi
Par Alain Vincenot
Préface de Jacques Attali
Editions Belfond
300 pages
18 euros
Mercredi 08 Mars 2006
Source :
http://www.senioractu.com