extrait - Editions GOPE
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Reflets de Thaïlande N° 03 Bangkok la Noire DIAPOÉSIES Hervé Grillot & Chris Coles Hervé Grillot et Chris Coles BANGKOK LA NOIRE Collection Reflets de Thaïlande Diapoésies Version PDF : ISBN 979-10-91328-05-0 © Éditions GOPE, 435 route de Crédoz, 74930 Scientrier, juillet 2013 Relecture, correction : David Magliocco, Jacqueline Rochefeuille Couverture : Christophe Porlier Crédit photographique : © Chris Coles, 2013 Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. VERS LE BOULEVARD saturé de Sukhumvit C’est un bout de soï, un bout de rue Tranquille, un peu en dehors de tout ce foutoir La rue des « clubs des peintres disparus » Renoir, Goya, Gauguin, Monet, Dali Les filles de deuxième jeunesse vous y interpellent Chacun répond, comme s’il était dans sa rue Le soir, sur le chemin de son chez soi C’est presque toujours les mêmes qu’on voit Des gars qui viennent boire des bières, plaisanter Les filles mûres, souvent divorcées avec enfants Les accompagnent un moment, sur le tard 5 ou 6 fois par mois, toujours les mêmes Toujours au même endroit Toujours les mêmes blagues, la même bière Comme des couples avec quelque chose en plus ou en moins Belles et élégantes, les filles du Monet Club Jamais habillées pareil d’un soir à l’autre Souriantes, même aux blagues des habitués Des blagues mille fois racontées Personne à poil sur le comptoir Juste des sourires, des clins d’oeil De la repartie, des relations Avant que chacun ne rentre chez soi -4- Thai Girl in Bangkok Night Acquarelle, 13x18 cm MIDNITE BAR , un des plus vieux de Soï Cowboy Où la fille du Nord-Est se distingue Avant qu’il ne soit trop tard Cherchant celui ou ceux qui l’emmèneront Moitié saoul, moitié déjanté, moitié sauvage Américain, Européen, Japonais Dans une débauche de jeunes collégiens Oubliant leurs problèmes d’adultes pour deux heures Une nuit d’avril tranquille, torride, saison oblige 100°C in-out ; 100 % d’humidité partout Air conditionné bloqué au maxi Bières glacées et nuits les plus chaudes de l’année Sans arrêt, ça rentre et ça ressort Pour une fois, les types n’attendent pas Les filles non plus, ensemble, deux par deux Ils filent chercher ailleurs un coin de banquise Beaucoup d’Allemands du sexe, par ici Beaucoup d’affamés, d’accrochés Sans arrêt, même dans l’avion du retour À recompter les jours avant de pouvoir revenir Debout, à genoux, couchés, même kaputt Paraîtrait qu’ils reviendraient réincarnés En chien, principalement, au mufle humide Fouinant sous les jupes des filles On ferme, le dernier client est un pote Le dernier morceau vient du Nord-Est Alors, les dernières filles de là-bas Reprennent ensemble le blues du paysan d’Isan La complainte de sa chienne de vie Qui les a poussées, elles, vers la Ville Où elles reprennent les airs de là-bas La dernière chose qu’elles auraient imaginé faire ici -6- French Millionaire in Bangkok Night Acquarelle, 13x18 cm Bangkok la Noire Bangkok, qui est plébiscitée par les voyageurs et les candidats à l’expatriation, est aussi réputée pour sa vie nocturne. Cette dernière est un vortex qui aspire toutes sortes de femmes et d’hommes, des transsexuels, de toutes nationalités, dont seuls les plus forts et les plus chanceux arrivent à en échapper et à en sortir indemnes. La nuit bangkokoise les révèle, quelquefois malgré eux, et les visages que nous découvrons peuvent être en contradiction avec ceux qu’ils nous présentent ou croient nous présenter dans leur vie de tous les jours, cette vie prétendue normale. Bangkok la Noire est un monde qui ne voit jamais la lumière du jour, ni aucun rayon de soleil. Tout n’est que ténèbres, néons rougeoyants et autres éclairages artificiels multicolores, clignotants, réfléchis… « Alors, les dernières filles de là-bas / Reprennent ensemble le blues du paysan d’Isan / La complainte de sa chienne de vie / Qui les a poussées, elles, vers la Ville » « 30 ans en Asie, Hong Kong, Jakarta / Singapour, Shanghai, Saïgon / Et Bangkok où il joue et jouera / jusqu’à la fin […] / Il use tellement de vies / Qu’il en oublie de les compter » « Les nuits de Bangkok / Sont remplies de petits amis/ Des toms et des dees / Et tout ce qui va avec / Regarde autour de toi ! » Hervé Grillot & Chris Coles Hervé Grillot vit actuellement en Thaïlande. Il interprète librement les peintures de Chris Coles et les rend sous la forme de diapoésies, comme autant de scènes d’un monde flottant. Chris Coles est un peintre et vidéaste américain qui partage son temps entre Bangkok et les États-Unis. Sa peinture expressionniste porte un regard sans complaisance, ni pitié, ni dégoût sur les personnages souvent tragiques qui peuplent la nuit de la « Cité des anges ». Prix public France : 1,99 €