Mieux gérer les comptes stratégiques Les solutions qui ont fait leurs
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Mieux gérer les comptes stratégiques Les solutions qui ont fait leurs
24 JUIN 2014 Mieux gérer les comptes stratégiques Les solutions qui ont fait leurs preuves Atelier SAMA – EDF animé par Bertrand Quancard 24 juin 2014 À la tête d’enjeux business considérables, les responsables grands comptes cherchent à instaurer de nouvelles relations pour tirer parti de leurs clients stratégiques. En s’inspirant des exemples de Schneider Electric, de Hewlett Packard et de nombreuses interventions des participants dans la salle, cet atelier organisé par Bernard Quancard a permis de mettre en éviden ce des bonnes pratiques transposables ailleurs, résultats à l’appui. Les directeurs de comptes stratégiques face à des enjeux de plus en plus complexes On ne gère plus les comptes stratégiques de la même manière maintenant qu’il y a 10 ou 20 ans. C’est en tout cas les convictions croisées des intervenants, Bernard Quancard, Dominique Gayraud chez Schneider Electric, Jorge Collotto et Bénédicte Demarle chez Hewlett Packard. Pourquoi ? D’abord parce que les organisations ont changé. Chez Schneider Electric, alors que les grands comptes ont longtemps été organisés en silo de façon cloisonnée, l’organisation se structure depuis 10 ans de manière transverse, suivant les services proposés aux clients. Même constat chez Hewlett Packard. L’entreprise évolue dans un marché qui n’a cessé de se transformer ces cinq dernières années bouleversant les règles du jeu. Exemple, « Amazon était un client, il est devenu concurrent, Apple était concurrent, il est devenu client » observe Jorge Colotto. « Dans la droite ligne de ces évolutions, la segmentation des grands comptes obéit à des logiques multiples qui s’entrecroisent depuis la taille des clients, les secteurs d’activité ou encore les zones géographiques, un peu « comme un Rubik’s cube qui n’aurait pas de solutions ». Un périmètre toujours plus ambitieux Indépendamment du contexte de marché, le responsable compte stratégique est soumis à des enjeux multiples, chargé de maîtriser un champ de connaissances considérable, aussi bien concernant sa propre entreprise que celle de son client. Par exemple chez Hewlett Packard, il est confronté à une multitude de produits et à plus de 20 000 solutions. En évoquant les 24 h de la vie du responsable de compte stratégique, Jorge Colotto rappelle ce que recouvre concrètement son rôle : « il doit avoir un niveau de maîtrise minimum, rencontrer les interlocuteurs clés, répondre aux appels d’offres, récupérer les informations nécessaires en provenance des Business Unit et ensuite lorsqu’il décroche l’affaire, gérer la commande ». Cette pression sur tous les fronts multiplie le risque d’erreurs. « Réussir dans ce poste veut dire y survivre ! » insiste Jorge Colotto. -1- 24 JUIN 2014 La nécessité de faire évoluer et d’apporter un soutien à la fonction De son côté, Dominique Gayraud souligne les transformations à opérer pour s’adapter aux changements de cycle. « Il y a 10 ans, nous travaillions sur des cycles industriels longs et nous avons dû nous adapter à des cycles plus courts. C’est pour cette raison qu’au cours des trois dernières années, nous avons changé 50 % de nos directeurs de comptes stratégiques de manière à faire évoluer la fonction en profondeur ». Conscients des enjeux et des difficultés qui pèsent sur ce poste, Hewlett Packard comme Schneider Electric ont donc conçu respectivement un programme dédié de montée en compétences. Objectif, apporter un soutien aux responsables de compte s stratégiques pour leur permettre d’optimiser leurs relations avec leurs clients clés. Programme Schneider Electric : du statut de fournisseur au statut de partenaire Objectif prioritaire pour SE*, entrer dans une logique de partenariat, porteur de valeur ajoutée. Dominique Gayraud rappelle plusieurs facteurs clés pour y parvenir. « La stratégie gagnante consiste à construire une relation basée sur le long terme, à fournir aux clients des solutions intégrées et impactantes en termes de coût et à favoriser une meilleure productivité ». Il analyse les différentes étapes du processus qui vont permettre au responsable de compte d’y parvenir. Au cœur du processus, il s’agit de passer d’un rôle de simple fournisseur à un statut de véritable partenaire, vendeur de solutions. Le responsable de comptes commence par endosser un statut de fournisseur essentiellement chargé des aspects techniques et de produits. Progressivement, il va s’impliquer davantage en apportant une valeur ajoutée business. Ensuite, lorsque clients et responsables de comptes stratégiques peuvent combiner leurs forces pour générer un nouveau modèle économique ou même un nouveau marché, le responsable grand comptes devient alors un partenaire commercial à part entière. « Il y a 10 ans, tous nos directeurs de comptes stratégiques étaient dans la catégorie fournisseur. Pour leur permettre d’entrer dans le partenariat, il a fallu les former, les accompagner, mettre en place un ensemble de procédures ». ______ * Schneider Electric ** Hewlett Packard -2- 24 JUIN 2014 Programme HP : mettre en place un parrainage atypique, l’Executive Sponsor Du côté de chez HP, Bénédicte Demarle expose les principes de la solution inédite imaginée par l’entreprise pour renforcer le lien avec le client: « il s’agit de désigner un Executive Sponsor, parrain issu du top management (RH, Directeur juridique, directeur commercial, etc..) chargé d’apporter un soutien ponctuel au responsable de compte stratégique ». Doté d’une expérience internationale et nommé pour un client donné, le Sponsor est là essentiellement pour ouvrir des portes ou débloquer des situations critiques. Mis en place par Meg Whitman, présidente de HP devenue elle-même sponsor pour plusieurs clients, le programme a été massivement relayé par tout le top management, avec des répercussions positives en termes de fidélité et de croissance chez le client. « Stratégique pour le groupe, cette démarche résolument orientée client s’avère ainsi un véritable accélérateur de réussite » insiste Bénédicte Demarle. Comment ces deux programmes, passage à une relation de partenariat pour SE et parrainage chez HP ont-elles été mises en place ? SE Priorité : assurer la montée en compétences des responsables de compte chez SE Très impliqué dans l’évolution du métier, Bernard Quancard résume l’enjeu en une phrase « Plus encore que de transformer le directeur de compte stratégique en partenaire, il s’agit d’en faire un véritable "conseiller de confiance" » Pour parvenir à ce statut, SE impose un programme de formation et de certification du responsable de compte. Il pourra ainsi renforcer la proximité avec le client, sa capacité à identifier ses problématiques et à répondre à ses besoins. Reste que pour parvenir à ce niveau d’interaction, indépendamment des compétences « le responsable comptes stratégiques doit avoir une capacité de leadership, indispensable tant à l’égard des équipes internes que des clients » souligne Dominique Gayraud. Des ateliers « co-découverte » pour créer l’interaction et ouvrir la discussion Comment engager le dialogue avec le client et créer des conditions de confiance, y compris dans certains secteurs d’activité peu disposés à partager des informations confidentielles ? Les ateliers initiés par SE répondent à l’objectif. À l’inverse d’échanges standardisés, où chacun reste dans sa sphère de préoccupation et dans une relation finalement improductive, ces ateliers servent à ouvrir la discussion. « Nous ne sommes pas là pour dire aux clients ce qu’ils doivent faire », insiste Dominique Gayraud. « Nos équipes d’experts s’inspirent de ce qu’ils ont retenu de leur expérience collective avec d’autres clients pour dégager des facteurs clés de succès ou de risque. De leur côté les clients expriment les forces et les faiblesses de l’entreprise, les points d’évolution. -3- 24 JUIN 2014 Chacun apporte ses idées, échange à ce sujet, en approfondit certaines. Puis ensemble le groupe sélectionne les projets les plus intéressants et les hiérarchise ». Si le processus est assez simple dans son principe, il s’agit de l’appliquer de manière aussi créative systématiquement. Pour éviter cet effet « one shot », SE mise sur une approche globale avec des règles claires de fonctionnement, des outils et des procédures pour rendre le succès réplicable à chaque fois, quel que soit le client. À cet égard, le rôle des experts et des consultants extérieurs est essentiel pour ne pas laisser les responsables grands comptes seuls pilotes de l’interaction. « Ici, on n’est pas dans un processus de vente mais dans un rapport de proximité avec le client » insiste Dominique Gayraud. Une garantie de valeur ajoutée pour les clients. Du côté de chez HP, comment le programme de Sponsor Executive s’est-il concrétisé ? HP Un Executive Sponsor rassurant et valorisant pour le client En proposant au client un interlocuteur de référence, haut placé sur le plan hiérarchique, le parrainage contribue à créer une autre forme de relation avec le client. Ce lien essentiel pour apporter un soutien au directeur de compte stratégique va s’avérer particulièrement efficace en cas de problème majeur ou de conflit. « Ici, ce n’est pas le temps passé par le Sponsor qui importe mais la qualité du temps consacré par un interlocuteur haut placé » souligne Jorge Colotto qui se remémore son expérience de directeur de compte stratégique adossé à un directeur général USA pour Sponsor. « À la suite d’une panne réseau chez le client qui les empêchait de facturer correctement, j’ai contacté mon sponsor qui a immédiat ement sauté dans un avion pour rencontrer le client. Le fait que le directeur général se déplace a valorisé le client et immédiatement désamorcé la tension ». Pour que le système fonctionne, parrains et directeurs de comptes stratégiques se conforment à des règles du jeu qui définissent les rôles et les responsabilités de chacun. Le responsable de compte peut alerter le parrain lorsqu’il en a besoin, transmet des informations régulières sur son client. Il crée la continuité et reste le premier point d’entrée pour le parrain. Cet engagement mutuel renforce le lien entre le responsable du compte stratégique et le sponsor et l’aide dans la gestion de sa carrière. La nécessaire fluidité de la collaboration rend le choix du sponsor essentiel. C’est le responsable de compte qui le sélectionne. Jorge Colotto précise : « le bon sponsor doit pouvoir bien communiquer, quels que soient la culture et le pays concerné ». Aujourd’hui HP a même mis en place une base de données mondiale pour identifier les sponsors potentiels et organiser les -4- 24 JUIN 2014 meilleurs mariages. Il est important qu’un parrain ne se charge pas de plus de trois clients même certains postes sont plus recherchés que d’autres. Si on préfère souvent un directeur général de zone qu’un directeur juridique ou RH à première vue moins concernés, ces derniers « peuvent s’avérer très utiles, tant sur le plan technique que par l’envergure et la qualité de leurs réseaux » souligne Jorge Colotto. « Dans tous les cas, la motivation reste un levier crucial ». À quels résultats ont abouti ces deux expériences ? SE Des succès clients et le sentiment d’être pris en compte autrement Cette transformation de la relation vers un projet porteur de services et de solutions et porté par de multiples décisionnaires chez le client s’est révélé un succès pour SE. Dominique Gayraud cite l’exemple de la chaîne hôtelière Marriott qui cherchait à déployer une configuration identique dans tous les pays d’implantation malgré des organisations et des marchés très différents « Pour les aider à réaliser leur objectif, nous avons réfléchi par rapport à un ensemble de critères qui touchent autant au développement durable qu’à la maintenance préventive, qu’aux standards attendus des marques ou aux outils de satisfaction clients ». SE a mis en place un modèle de cocréation basée sur des services et solutions y compris en gérant des aspects qui n’étaient pas forcément dans leur périmètre au départ. « À ce stade, il est essentiel que toutes les parties prenantes soient impliquées. À la fin de la journée d’étude, on définit une méthodologie, une architecture et on établit des benchmarks entre les différents sites. Les clients disposent de tous les outils pour gérer eux-mêmes leurs projets. Nous les aidons sur l’entretien, l’efficacité énergétique, l’automation de leurs constructions anciennes…» Comme le montrent une dizaine de verbatims, de nombreux clients ont témoigné des bénéfices tirés. « Ils ont vraiment saisi nos problèmes, je n’ai pas eu l’impression qu’on me vendait quelque chose, j’ai eu l’impression d’être compris ». HP, des indices d’efficacité probants Aujourd’hui, l’efficacité du programme Executive Sponsor se mesure par des indices de croissance et de nouvelles sources de revenus chez les clients concernés mais également par des retours clients à partir de fiches d’évaluation qui portent notamment sur leurs interactions avec les sponsors. Le succès a incité HP à étendre le programme à 170 directeurs de comptes stratégiques internationaux et 130 autres au niveau local. HP compte également éte ndre la démarche à certains partenaires privilégiés tels que certains distributeurs, voire, pourquoi pas aux clients eux mêmes suivant un processus en miroir. -5- 24 JUIN 2014 Malgré ces résultats encourageants, les intervenants soulignent que certaines conditions sont nécessaires à la réussite de ces programmes. Chez SE, un soutien indispensable de l’entreprise et du top management Dominique Gayraud le souligne, le partenariat ne se décrète pas unilatéralement, « il doit être acté et partagé par les deux entités ». De la même manière, le statut du responsable grands comptes et sa place hiérarchique sont essentiels pour assurer sa crédibilité en interne et chez le client. Son niveau hiérarchique doit être équivalent à celui d’un directeur pays. Sans ce niveau de reconnaissance, le partenariat peut être menacé. Autrement dit, résume Dominique Gayraud « il est essentiel d’avoir les bonnes personnes, avec les bonnes compétences au bon endroit », les critères garants pour instaurer une relation long terme créatrice de valeur s. Ce soutien de l’entreprise se traduit également par un véritable programme d’apprentissage dans le cadre d’un cursus « Solution University Organization » qui permet de former les responsables de comptes stratégiques à devenir de véritables conseillers, certification à l’appui. Chez HP, un nécessaire accompagnement de la réussite De son côté, HP a mis au point différentes actions pour favoriser l’efficacité du système Executive Sponsor et le faire perdurer. Par exemple « chaque année, le programme est évalué par la présidente de HP qui remet au Parrain, le prix du Sponsor de l’année » rappelle Bénédicte Demarle. « Il existe également différents programmes de soutien, comme le programme " Clinic " qui propose à tous les directeurs de compte stratégiques des entretiens téléphoniques hebdomadaires de 15 mn avec le top management de manière à poser des questions à d’autres sponsors ». Une communauté « on line » a également démarré en Europe avant d’être relayée dans le reste du monde et des webcasts dédiés animent également la filière. Parallèlement, des coachings ont été mis en place pour aider les parrains à mieux comprendre leurs missions. SAMA, la co-création de valeur et une place dans la stratégie d’entreprise En conclusion, Bernard Quancard revient rapidement sur les temps forts de la journée. Cet atelier EDF SAMA comme la conférence paneuropéenne de SAMA* qui s’est tenue en mars dernier le montrent « la gestion des grands comptes relève de la stratégie d’entreprise et pas seulement de la stratégie commerciale. On est en train de passer d’une relation monétisée à une relation créatrice de valeur ajoutée ce qui doit alerter sur la priorité encore trop souvent accordée aux objectifs court terme au détriment des objectifs long terme ». -6- 24 JUIN 2014 La co-création de solutions qui apporte une valeur ajoutée au client représente donc un tournant dans la façon de concevoir les relations avec les clients stratégiques. La dimension relationnelle est également centrale et c’est important alors que nombre d’entreprises continuent à év oquer les caractéristiques et bénéfices produits uniquement avec leur service achat. Enfin, dans un monde digital de plus en plus connecté surgissent des opportunités pour améliorer les attentes des clients, conduire à de la co-création, du « crowd sourcing » pour mieux aligner les départements vente et marketing. Mais « tout cela ne doit faire oublier le talent du SAM (Strategic Account Manager) à qui on ne demande plus seulement de vendre mais d’écouter et de co créer ». Intervenants Dominique Gayraud, directeur grands comptes Schneider Electric Jorge Colotto, vice-président des comptes internationaux Hewlett- Packard Europe du Sud Bénédicte Demarle, executive program manager – HP Excecutive Sponsor. *Bernard Quancard, président de la SAMA (Strategic Account Management Association) -7-