Ceci n`est pas un discours
Transcription
Ceci n`est pas un discours
Ceci n’est pas un discours Je suis un mâle blanc, occidental, de religion… acceptable. Pourtant, vu les milles que j’ai parcouru pour venir vous voir, je suis clairement ce qu’il y a de plus exotique ici. Chers Belges, m’est d’avis que vous auriez pu vous abstenir. M’est d’avis que vous auriez pu vous en tenir au chocolat, aux Alpes, aux zouaves. M’est d’avis que vous auriez pu vous en tenir à Federer, à la neutralité et au Big Mac le plus cher du monde civilisé. MAIS NON, MAIS NON. IL FALLU QUE VOUS ABOLISSIEZ LES MINARETS. Aaaaa…. Quelle honte! Et que dire de Godefroy de Bouillon, des 600 Franchimontois, d’Albert 1er, des comtes d’Egmont et de Hornes. Autant de noms qui ne me disent strictement rien. Permettez-moi de vous dire que je vous entretiendrai de deux sujets : 1) D’une conversation téléphonique que j’ai eue avec ma copine; 2) D’un poème autobiographique qui s’intitule « je suis grand »; 3) De l’imitation de l’imitation de l’accent belge de François Pignon dans le Dîner de con; 1 4) Quatrièmement, d’une citation de Jean-Claude Van Damme… un Suisse bien connu. 5) La grande finale portera sur le juron québécois. Conversation avec la copine - Allo copine? - Oui, qui a-t-il? - Je suis chez les Belges. - Je le sais. Quoi d’autre? - Il y a des Français aussi. Beaucoup de Français. - Quoi d’autre? - Des Parisiens aussi. - Et les Lyonnais? - Ah non, ils n’y sont plus, ils se sont goinfrés de waterzooi et en sont morts. - C’est vrai? - Oui. - Est-ce qu’ils ont pris un dessert? - Oui. - Qu’est-ce qu’ils ont pris? - Des couques. - Est-ce que ce sont des mots de ton concours de plaidoirie? - Oui. - Est-ce qu’il y en a d’autres? - Oui, il y a « embrun ». J’en ai été mouillé quand je me suis promené pas loin du Palais de Justice, au bord de la mer… euh, méditerranée. - Est-ce que tu as hâte de revenir? 2 - Oui, j’ai hâte. J’ai hâte de faire du traîneau à chien, de visiter des igloos, de prendre de longues marche en forêt boréale, de voir des indiens. - Tu as envie de faire ce que tous les Européens pensent qu’un Canadien fait, mais qu’aucun Canadien ne fait… dans les faits? - Exact. Poème autobiographique Je suis grand Surtout quand je suis lent Je ne l’ai pas cherché Mais j’en suis vite repéré Ce poème coule comme la sève Mais il achève Et voilà Je conclus par là Je suis grand Imitation de l’imitation de l’accent belge de François Pignon dans le dîner de con Juste une foé. Citation de Jean-Claude Van Damme Comment venir en Belgique sans en apprendre sur ce que vous avez de mieux. Je pense qu’il n’est jamais trop poli que de respecter ce que les grands d’une nation ont fait pour elle, et surtout quand ils ont laissé des 3 mots inspirants. Il me fait plaisir, en cet instant solennel, tel un hymne national, de vous répéter certains mots célèbres de M. Van Damme. Ouvrons les guillemets : "J'adore les cacahuètes. Tu bois une bière et tu en as marre du goût. Alors tu manges des cacahuètes. Les cacahuètes c'est doux et salé, fort et tendre, comme une femme. Manger des cacahuètes, it's a really strong feeling. Et après tu as de nouveau envie de boire de la bière. Les cacahuètes c'est le mouvement perpétuel à la portée de l'homme ". Fermons les guillemets. C’était J.C. VanDamme, circa 1989. On parle de mouvement perpétuel de l’homme dans cette citation, et celle-ci m’inspire donc beaucoup d’idées, mais ne m’inspire certainement pas l’onanisme. Le juron Je dois vous faire une confession. Quand on m’a parlé d’un concours de plaidoirie, on m’a aussi dit que je devais choisir des mots, et que le discours devait être surréaliste. Or, le dernier mot de la série qui m’a été assignée, est un mot fort puissant en « québécois ». Sachez que c’est un juron employé fréquemment, qui tire son origine d’une rancœur collective datant de l’ère de notre grande noirceur religieuse des années 1950. 4 Évidemment, il me serait totalement interdit de prononcer ce mot dans un palais de justice québécois sans faire un accro majeur au décorum. Je constate cependant ici que je dois dire ce mot, et que je suis non seulement encouragé à le faire, mais bien qu’on me l’impose. J’ai donc décidé de vivre pleinement ce moment à la canadienne, puisque l’occasion surréaliste ne se représentera pas de plus tôt. Me Nicholls, casque de poil s’il-vous-plaît. (crier) TABERNACLE ! Merci bien bas. 5