Meurtre au théâtre de Colombier

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Meurtre au théâtre de Colombier
VENDREDI 26 OCTOBRE 2012 L'EXPRESS
RÉGION 9
CINÉMA L’actrice et réalisatrice Janine Piguet tourne «Jusqu’aux étoiles».
Meurtre au théâtre de Colombier
BASILE WEBER
D’impressionnantes
caisses
remplies de maquillage et faux
cheveux, une caméra sur un bras
articulé, de gros spots, des actrices, maquilleurs et techniciens.
Et même un meurtre sur la
scène! Hier, il régnait une atmosphère étrange une fois poussée
la porte du théâtre de Colombier.
Janine Piguet, émigrée à Paris,
est revenue au bercail pour son
court-métrage «Jusqu’aux étoiles». Elle a même tourné dans la
maison de ses parents.
«Je suis désolée. Je ne peux ni
manger ni boire. Je ne veux pas ruiner le travail du maquilleur!», s’exclame l’actrice et réalisatrice neuchâteloise.
Juchée
sur
d’interminables hauts talons, maquillée, des bigoudis dans les cheveux, elle porte une tenue manga
sexy. «Je suis influencée par le cinéma coréen et japonais.»
S’ils sont une quinzaine par jour
à tourner, une cinquantaine de
personnes au total sont impliquées dans le film. Des scènes ont
été tournées dans une forêt près
de Payerne, d’autres auront Berlin pour décor. «Le chef opérateur
est aussi producteur. Le styliste maquilleur, la première assistante
scripte. Ils sont très bons. Il faut
l’être pour combiner les deux», explique la comédienne, elle-même
actrice, réalisatrice, scénariste
et... cuisinière. Avec toutes ses
casquettes, elle avoue ne dormir
que trois heures par nuit depuis
deux mois. «Je suis heureuse, mais
je vais m’effondrer samedi une fois le
tournage terminé. Il me faudra des
vacances avant le montage.»
rience. J’ai été bichonnée, coiffée,
habillée. Janine me coache. J’ai
toute confiance en elle.»
Film présenté à Neuchâtel
Il n’y a pas
«de talents.
Il n’y
a que des morts
qui inspirent
les vivants.»
JANINE PIGUET
ACTRICE ET RÉALISATRICE
Janine Piguet (troisième à partir de la droite) se dit «influencée par le cinéma coréen et japonais». RICHARD LEUENBERGER
Elle a écrit le scénario de ce troisième court-métrage en trois semaines. La mort et la musique y
occupent une place particulière.
«Ce sont deux thèmes qui se trouvent dans tous mes films. Je viens
d’une famille de musiciens et je
m’intéresse à ce qui se passe après la
mort», précise Janine Piguet, ellemême pianiste et chanteuse
d’opéra. «Acteur ou musicien, c’est
l’inspiration artistique qui nous
guide.»
L’actrice neuchâteloise joue le
rôle de Stella, fantôme compositrice. Des partitions poussent
dans ses cheveux chaque fois
qu’elle pense à une mélodie! «Il
n’y a pas de talents. Il n’y a que des
NEUCHÂTEL Boutique de seconde main aux galeries Marval.
morts qui inspirent les vivants.»
Actrice luxembourgeoise, Kimberly Jeitz lui donne la réplique
dans le rôle de la voyante Ariane,
«vieille fille qui espère voir les anges
et explorer l’au-delà». La comédienne apprécie de jouer ce personnage «qui passe très vite d’une
émotion à l’autre. Elle évolue beau-
coup dans le film. J’ai rencontré des
voyantes. C’était très intéressant de
découvrir cet univers.»
Autre protagoniste, la violoniste
Elodie Steinegger, amie d’enfance de Janine Piguet, joue de la
musique classique dans le film et
vit son baptême du feu de comédienne: «C’est génial comme expé-
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Le Petit Bonheur a dix ans
Dix ans que le Vestiaire de l’entraide a été rebaptisé Le Petit
Bonheur. En 2002, la boutique
de seconde main quittait le trois
pièces et demie qu’elle occupait
rue de l’Ecluse pour sa surface actuelle du sous-sol des galeries
Marval, à Neuchâtel. Un déménagement et un nouveau nom
dans la foulée pour conjurer le
sort. «On craignait beaucoup de
quitter ce lieu, populaire et passant.
Nous avions peur de nous enterrer», avoue Joseph Christe, président du Centre d’entraide des paroisses catholiques de Neuchâtel
depuis 2010. Il a succédé à Tony
Gigandet, au poste durant quinze
ans et grand artisan de l’installation dans le centre commercial.
La fidélité de sa clientèle permet
à la boutique de retrouver rapidement sa vitesse de croisière. «Le
chiffre d’affaires est en augmentation», assure le responsable. Il esquisse un montant de seize francs
empochés toutes les heures.
Depuis 1954, le Vestiaire de
l’entraide fonctionne grâce aux
dons de vêtements et de petits
meubles, ainsi que par la volonté
des bénévoles. Avec le produit de
ses ventes, le Centre d’entraide
apportait une aide matérielle au
nécessiteux, organisait des sorties pour les aînés ou finançait un
cinquième du salaire de l’infirmière de l’ancien dispensaire du
faubourg de l’Hôpital.
Les objectifs du Centre d’entraide et de sa boutique ont changé au fil des ans et avec la professionnalisation de l’aide aux
personnes défavorisées. Aujourd’hui, ses bénéfices sont majoritairement reversés à Caritas.
14 x
1 MILLION CASH
À GAGNER
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Le chiffre d’affaires du Petit Bonheur est à la hausse. ARCHIVES DAVID MARCHON
«On aide parfois des œuvres missionnaires ou des personnes en difficulté, mais uniquement si on les
connaît directement», pondère Joseph Christe. «On ne donne pas
d’argent, mais on paye parfois une
facture.»
Ils sont une petite cinquantaine
– principalement des femmes – à
faire tourner la boutique, sous la
houlette de Monika Betton, responsable du magasin. «Une à la
vente, trois autres au tri. Chacune a
sa spécialité.» Le ramassage hebdomadaire, assuré par neuf
chauffeurs, leur apporte près de
3000 kilos d’habits, de bibelots et
de petits meubles par mois à net-
toyer et préparer. «Plus ce que l’on
nous dépose.» La gérante a découvert quelques surprises au milieu
des vêtements depuis le 1er janvier et l’introduction du sac taxé:
«Une machine à café cassée et des
sacs bourrés de papiers avec deuxtrois habits dessus.»
Formée à la vente de chaussures, Monika Betton mène la
boutique comme un vrai magasin. Avec une présentation saisonnière et deux périodes de soldes annuelles. «Nous faisons le
50%. Sur des pulls à trois francs,
cela les met à 1fr.50. Certains trouvent que c’est encore trop cher.
C’est triste.» SMU
Producteur du film avec sa société In Red Production, le photographe Thierry Pradervand, également chef opérateur, est
qualifié de «génie du visuel» par
Janine Piguet. «J’apporte ma touche dans la manière de visualiser
l’histoire. J’aime raconter des histoires. La thématique fantastique
correspond à notre philosophie»,
indique-t-il. «Nous avons déjà collaboré. Nous tournons à Colombier, car la maison des parents de
Janine se situe entre le manoir et la
maison de fantômes avec du lierre
partout!» Le budget du courtmétrage de 15 minutes s’élève à
près de 100 000 francs. «C’est le
côté plaisir. Les productions commerciales financent les fictions.
C’est une carte de visite», explique
le producteur Eric Le Noël, l’associé de Thierry Pradervand.
Le film devrait être diffusé en
2013 dans des festivals, à la télévision et sur internet. La réalisatrice souhaite le présenter à Neuchâtel. «Pourquoi pas avec des
voyantes qui tirent les cartes ou en
musique?», lance la jeune
femme, jamais à court d’idées.