Argumentaire

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Argumentaire
L’ÎLE INVISIBLE
Margarita : un paradis caribéen pour touristes européens. Edeltraud Kreutzer, originaire
de Düsseldorf, se rend sur cette île pour comprendre les circonstances de la mort
de son fils, Wolfgang, retrouvé noyé sur la plage où il tenait un bar. Perdue dans cet
environnement radicalement étranger, elle fait appel à José Alberto Benítez, un avocat
local qui va l’aider dans ses démarches. Leurs recherches mettront au jour une autre
île, bien éloignée des hôtels all-inclusive : la Margarita de la jungle bureaucratique,
des passe-droits en tout genre, mais aussi celle des combats de coqs qui ont tant
fasciné Wolfgang…
FRANCISCO SUNIAGA
Littérature étrangère (Venezuela)
Traduit de l’espagnol par Marta Martinez Valls
ISBN : 978-2-918767-33-6
256 pages • 21 €
Francisco Suniaga est né en 1954 sur l’île de Margarita. Ancien avocat, il a publié en
2005 son premier roman, L’Île invisible, qui a été un immense best-seller au Venezuela.
EN LIBRAIRIE LE 12 SEPT. 2013
« Un des meilleurs romans jamais écrits sur le Venezuela. » Rafael Osío, El Nacional.
Contact presse : Estelle Durand
Asphalte, 85 rue de la Fontaine au Roi
750111 Paris, France
Tél. : 01 75 43 14 93
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« Un roman mélancolique et envoûtant, un portrait d’île loin du bleu azur. » Frankfurter
Allgemeine Zeitung
PRIX/PRESSE
« Un roman à la structure audacieuse portée par une voix qui mène la tension et la
surprise jusqu’au bout. » El Universal
Dieter Schlegel s’approcha de la balustrade, observa longuement le paysage
marin qu’il avait sous les yeux et en arriva à la conclusion que le dieu qui avait
créé ce pan de nature ne pouvait pas être allemand. Le dieu à l’origine de cet
endroit n’avait suivi ni cours ni méthode, il lui manquait le sens harmonieux
de la composition et il était évident qu’il privilégiait ses caprices à tout principe esthétique. Il s’agissait sans doute d’une divinité caribéenne qui, prise
par un délire tropical en des temps où l’art n’existait pas, avait composé un site
merveilleusement absurde : la mer, le ciel et même l’odeur de l’air, tout était
bleu. Mais pas du même ton. La coupure entre le bleu du ciel et le bleu marin
était nette, abrupte et si interminablement droite que quiconque la regardait
devait se résoudre à croire que la terre était plate et qu’elle s’achevait, comme
tranchée au rasoir, sur cette ligne d’horizon. Au centre, lointain et voilé par
la brume qui ne s’était toujours pas levée comme par oubli, elle avait placé un
îlot de rochers bruns trop isolé et trop grand, cerné par un courant inlassable.
À l’extrémité gauche du paysage, plus près, elle avait créé un récif aux eaux
calmes qui projetait une demi-lune de sable très blanc, une vaste plage parsemée de sargasses grillées par le soleil, sur laquelle reposaient des chaloupes
multicolores de pêcheurs, la proue tournée vers la mer. De l’autre côté, au
loin, derrière le vert profond de quelques palmiers qui offraient de l’ombre au
rivage, elle avait prolongé la terre dans la mer afin que les mortels, des siècles
plus tard, y construisent une ville et un port. Dans l’air bleu, elle avait peint
des mouettes, des pélicans et d’autres oiseaux dont Dieter ignorait le nom, qui
ne cessaient d’exécuter des pirouettes en suivant les reflets de l’eau.
Une chaloupe de pêcheurs entra dans la baie et Dieter la suivit du regard ;
les hommes descendirent sur la plage et firent échouer leur embarcation.
Leurs voix mêlées à la brise arrivèrent jusqu’à lui par-dessus la rumeur de la
mer, mais il ne prit pas la peine d’essayer de comprendre ce qu’ils disaient.
Même en se tenant à côté d’eux, il n’aurait pu déchiffrer l’espagnol païen
et impénétrable, proche d’un code secret, que parlent les gens de la mer.
Partagé entre l’admiration et la stupéfaction, il se contenta d’observer comment, alors que chacun semblait n’en faire qu’à sa tête en poussant des cris,
ils traînèrent l’embarcation sur le sable jusqu’à la mettre à une distance sûre,
à l’abri de la marée la plus audacieuse. De l’admiration pour l’adresse avec
laquelle ils vinrent à bout de leur tâche, et de la stupéfaction car le résultat
n’en allait pas moins à l’encontre de son héritage culturel et génétique. Une
fois de plus, il avait sous les yeux la preuve empirique que les entreprises