2 - Studio

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2 - Studio
N°267 \ avril 2009 - STUDIO CINÉMAS :
16e FESTIVAL DÉSIR… DÉSIRS
ÉVÈNEMENT DU MOIS
du 2 au 12 avril. (Voir page 6)
Nulle part, terre promise
un film de Emmanuel Finkiel
7 salles associatives, indépendantes, art & essai, recherche. 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS
ISSN 0299 - 0342
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N°267
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Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Ó
e
16 édition du Festival Désir... Désirs
Cinémathèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
évènement du mois :
Festival Désir… Désirs 7
LES FILMS DE A À Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
à propos de :
Le Bal des actrices
.........
L’Autre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
pages & images :
Un barrage contre le pacifique . 23
rencontre :
Élève libre
.........................
lundi
mercredi
jeudi
vendredi
20
pages & images :
à propos de :
Les horaires d’ouverture :
Le Bal des actrices . . . . . . . . . . . . 19
courts lettrages :
face à face :
L
Violences économiques
et résistances sociales . . . . 18
bande annonce :
:
:
:
:
de 14h00 à 19h00
de 14h00 à 17h00
de 14h00 à 17h00
de 14h00 à 19h00
La bibliothèque est fermée
les mardis, samedis, dimanches
et les vacances scolaires.
24
The Truman Show . . . . . . . . . . . . 28
Philippe Lioret . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Jeune public
..................................
Le film du mois
.............................
GRILLE PROGRAMME
.......
.
L’amour de soi
Éditorial
34
36
pages centrales
Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :
EUROPA
AFCAE
ACOR
GNCR
ACC
REGROUPEMENT
DES SALLES POUR
LA PROMOTION
DU CINÉMA EUROPÉEN
ASSOCIATION
FRANÇAISE
DES CINÉMAS
D’ART ET ESSAI
ASSOCIATION
DES CINÉMAS DE L’OUEST
POUR LA RECHERCHE
GROUPEMENT
NATIONAL
DES CINÉMAS
DE RECHERCHE
ASSOCIATION
DES CINÉMAS DU CENTRE
(Membre co-fondateur)
(Membre co-fondateur)
Les Éditions du Studio de Tours. 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €.
ÉQUIPE DE RÉDACTION : Janine Carlat, Éric Costeix, Olivier Facquet, Isabelle Godeau, Frédéric Grosclaude,
Blandine Margoux, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte,
avec la participation de Lucile Bourliaud et de la commission Jeune Public.
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet.
ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)
Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.
e cinéma a véhiculé quelques clichés convenus sur le narcissisme gay. L’esthétique, qui
passe par les photos de Pierre et Gilles, La Cage
aux folles, des films de Pedro Almodovar, a une
histoire qui commence par Pink Narcissus en
1971. Son univers a marqué ce genre et
demeure le témoignage chamarré de la prise de
possession par les homosexuels de leur propre
désir.
Notre programmation devait dépasser ces stéréotypes de l’éros gay primitif, l’amour de soi
n’est pas une exclusivité de la communauté.
Le Christ, d’après Oscar Wilde, serait le premier individualiste de l’Histoire : « Pardonnez à
vos ennemis », est dit non par amour de l’ennemi, mais pour l’amour de soi, qui est plus
beau que la haine.
O. Wilde, spécialiste de la question, est donc
au programme, avec l’adaptation qui fait référence : Le Portrait de Dorian Gray, d’A. Lewin.
Nous tenterons avec la Cinémathèque de
Tours une approche psychanalytique – Freud a
nommé cette captation amoureuse du sujet par
son image narcissisme.
Le camp cinématographique ne sera pas réservé
au cinéma gay. Faster Pussycat Kill ! Kill ! ou Psycho
Beach party, qui rivalisent de mauvais goût, en
font la preuve. La nuit Bad Girl questionne donc
le genre, cinématographique entre autres. Cette
audace de programmation, entrecoupée de happenings des Pom-pasnet.connes, sera présentée
par le Festival Mauvais genre.
Le jeunisme de notre société a transformé cette
question en angoisse quotidienne. Les
séquences entre Catherine Deneuve et Susan
Sarandon dans Les Prédateurs, en sont devenues
cultes.
Il fallait refléter d’autres questions d’actualité,
comme les paraphilies (Devotee, le dernier film
de R. Lange) ou quelques questions autour de
la religion (Les
Règles du Vatican).
Les Sœurs de la
Perpétuelle Indulgence nous feront l’honneur de
leur visite à cette
occasion.
Pour compléter
ce panorama, des
courts métrages,
le temps de poser
un regard sur la
condition
des
gays dans divers
pays de culture
musulmane et de partager nos coups de cœur.
Un hommage enfin, pour les 50 ans qu’auraient
eus Keith Haring, artiste majeur du XXe siècle,
en reconnaissance de son combat contre le
sida, avec un inédit : Keith Haring, le Petit Prince
de la rue.
En clôture, une avant-première, Otto ; or, up with
Dead People, le dernier film de Bruce LaBruce,
auto proclamé : « philosophe pornographique ».
Cet agitateur de la contre-culture mélange
genres cinématographiques et genres sexuels.
Ce cinéaste incontrôlable reste drôle et sexy,
inventif et radical.
Le cinéma, un art de l’auto-contemplation ?
Notre devise, cette année : libres et ego !
Philippe Perol
Au tout début de notre festival 2008, notre ami
Bernard Ruaux, membre actif des Studio, nous quittait. C’est avec une grande émotion que nous évoquons son souvenir, alors que l’édition 2009 s’annonce…
L’équipe Désir… Désirs
Les CARNETS du STUDIO
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avril 2009 –
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Film :
LES RÈGLES DU VATICAN
d’Alessandro Avellis – 2007 – France-Italie – 1h15
jeudi 2 avril – 20h00
Le CNP, La Ruche aux savoirs,
le collectif Libre en Touraine et ATTAC 37
proposent :
Culture libre et bien commun
Le LIBRE est un mouvement qui prône
le partage des connaissances et la
libre circulation des œuvres, des
créations et des inventions (littérature,
musique, recherche, etc.) Disposant
aujourd’hui de son propre cadre juridique
et économique, le LIBRE est en plein essor.
Quelles sont les raisons de cette montée
en puissance ? Comment le droit d’auteur y trouve-t-il sa place ? Pourquoi vouloir placer l’intérêt collectif au-dessus de
l’intérêt privé ? Est-il pertinent de croire
aux valeurs éducatives qui privilégient
l’échange de ressources et de savoirs plutôt que leur rétention ? Comment le
copyleft apporte-t-il des solutions ?
Débat avec les représentants des associations, après la projection de BIG BUCK
BUNNY et autres courts.
jeudi 9 avril – 20h00
Dans le cadre du Festival Désir… Désirs
Positions de l’Église
et représentations dominantes
Le CNP et la Ligue de la Gay Pride Région
Centre proposent un débat : influence de
la religion catholique sur la moralité individuelle.
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– Les CARNETS du STUDIO
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avril 2009
Ce film rend hommage à Alfredo
Ormando, qui, en janvier 1998, s’immolait
place Saint-Pierre pour protester contre
l’homophobie des hiérarchies catholiques.
Comment le Vatican finance-t-il sa propagande ? Peut-on toujours considérer l’Italie comme un état laïc ? Quels sont le parcours et la pensée du pape Benoît XVI ?
Débat en présence du réalisateur.
Intervention de l’association Les Sœurs de
la perpétuelle indulgence, du Planning Familial et d’un prêtre (sous réserve).
jeudi 16 avril – 20h00
Le CNP, RESF, Chrétiens-Migrants, la Cimade,
Amnesty International, St Avertin Avenir
proposent :
Rétention
contre droit d’asile !
Les centres de rétention sont la clé de
voûte d’un système de répression des
étrangers, qui se voient de plus en plus
refuser leur demande d’asile en France.
Cette politique de rejet devenue obsessionnelle fait de l’immigré le bouc émissaire de tous les maux dont souffrent nos
sociétés. Elle justifie la mise en place de
mesures policières qui portent atteinte à
la liberté de circuler – garantie par l’article
13 de la Déclaration universelle des Droits
de l’Homme ! – et vont jusqu’à entraver
celle des associations ou des individus solidaires des étrangers. (cf. l’arrestation de
trois philosophes dans l’avion Paris-Kinshasa en décembre 2008).
4 courts métrages :
TRENTE DEUX JOURS
de Thi Bach Tuyet 2007 – 7’
UN RÉSEAU DE RÉSISTANCES
cimade marseille 2007 – 25’
LE CENTRE DE RETENTION DE LYON
de W. Gourville 2007 – 12’
Cinéma
TOURS
LE MESNIL AMELOT 7’
ouvriront le débat avec Jean-Paul Ninez,
juriste de la Cimade, et avec des représentants d’associations.
Tour Du monDe en cInémA
Henri LANGLOIS
lundi 6 avril – 19h30
SoIrée propoSée DAnS le cADre
Du FeSTIvAl DéSIr… DéSIrS
lundi 20 avril – 19h30
La Mort d’un bureaucrate
de Tomas Gutierrez Alea, 1966, cuba, 85’.
Adaptation de la célèbre nouvelle
d’oscar Wilde. Le jeune et beau dorian
Gray aime contempler son image dans un
tableau le représentant. Alors qu’il mène
une vie de débauche, le portrait prend
peu à peu des traits plus durs. oscar de la
meilleure photographie.
Un ouvrier décède, broyé par la machine
qu’il venait d’inventer. Selon ses vœux, on
l’enterre avec son livret de travail. Hélas,
pour recevoir sa pension, sa veuve est
obligée de récupérer ce livret… Trente
ans avant Fraise et Chocolat qui l’a fait
connaître en Europe, ce réalisateur
cubain, imprégné des burlesques américains et du surréalisme de Buñuel, signe
une féroce satire de la bureaucratie poussée jusqu’à l’absurde.
HommAGe à Glen ForD
lundi 27 avril – 19h30
lundi 13 avril – 19h30
Le Royaume des diamants
Le Reptile
de Satyajit ray, 1980, Inde, 118’.
Le Portrait de Dorian Gray
d’Albert lewin, 1944, uSA, 110’.
de Joseph mankiewicz, 1970, uSA, 126’.
Arizona 1883. Six condamnés arrivent
dans une prison située en plein cœur
d’une région désertique. L’un d’entre eux,
paris pittman (Kirk douglas), a caché un
trésor au fond d’un nid de serpents. Lui
seul connaît la cachette. prisonnier, il ne
songe qu’à s’évader et propose de partager son butin avec ceux qui l’aideront à
réaliser son plan. Mais le nouveau directeur de la prison supporte mal ce détenu
au caractère fort. il convoite, lui aussi, le
magot…
Deux musiciens errants devenus sédentaires sont invités au mariage du roi des
diamants : c’est l’occasion pour eux de
reprendre la route, de créer un spectacle
et de s’amuser un peu ! Arrivés au royaume des diamants, ils déchantent aussitôt. Le roi se révèle être un despote aux
inventions les plus cruelles. Un film musical surprenant, menant de concert aventures fabuleuses et engagement politique.
ToUT
pUBLic à pArTir dE
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Les CARNETS du STUDIO
AnS.
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16e
Festival
Désir… Désirs
2 au 12 avril 2009
SAMEDI 28 MARS
18h Chapelle Sainte-Anne : Vernissage. (Voir programme du festival)
Jeudi 2 avril
18h30 Maison des associations culturelles : Vernissage.
Voir programme du festival.
VENDREDI 3 AVRIL
CÉRÉMONIE D’OUVERTURE DU
FESTIVAL.
18h Vernissages
• Objets de Narcissisme de Pierrick Gaumé
• Scénimagie #2 de Renaud Lagorce
• La Machine Érotique par la Cie Le Petit Monde
19h45
PINK NARCISSUS
uSA – 1971 – 1h11, de James Bidgood, avec B. Kendall…
Un film fétichiste, complètement halluciné et
d’un érotisme flamboyant. Cultissime.
Court métrage : GRAVITY
Belgique – 2007 – 6’, de n. provost.
Des baisers de cinéma…
21h00
Désirs en herbe
Courts métrages d’étudiants de l’École supérieure des
Arts appliqués de Bourgogne,
sur la Destinerrance, thème de Désir… Désirs 2008 – 25’
AU-DELA DU SENS de c. Boursain et m. poulin.
À FLEUR DE PEAU de e. cissé et J. rodier.
FOLLOWING RED de A. Borderie et A. Denizard.
LA DESTINERRANCE de F. mabime.
TRANSSEXUALITÉ de e. Bergera.
REMINISCENCES de F. Frayssinet et m. Duplessier.
ET MES FESSES, EST-CE QUE TU LES AIMES ?
de G. pauty et m. de Deus Ganitas.
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– Les CARNETS du STUDIO
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avril 2009
DESTINERRANCE de n. Sicard et e. poulin.
RENCONTRE AVEC LES RÉALISATEURS.
SAMEDI 4 AVRIL
17h30 LES FILLES DE PARIS
France – 2008 – 50’, documentaire de murielle Iris
Un groupe de rock au travail, les Flaming
Pussy ; des femmes libres et engagées.
RENCONTRE AVEC LA RÉALISATRICE.
• Soirée Bad girl •
19h45
FASTER PUSSYCAT KILL ! KILL !
uSA – 1966 – 1h23, de russ meyer
Trois femmes sauvages, dans trois somptueuses voitures décident de former un
gang… Un film-monument, pour amateurs de
plastique de rêve et de rock n’roll attitude !
21h45 PSYCHO BEACH PARTY
uSA – 2000 – 1h35, de robert lee King
Sur une plage de Californie… L’ambiance festive est à peine gâchée par le meurtre d’une
spectatrice de drive in, au terme d’un flirt
poussé…
00h00
BOULEVARD DE LA MORT
DIMANCHE 5 AVRIL
10h30 CINÉ P’TIT DÉJ’
en partenariat avec Centre Images.
Autour d’un petit déjeuner offert, rencontre
avec l’équipe de Désir…Désirs.
11h00 Courts métrages (1h35)
France – 2008 (Voir rubrique TOUS LES FILMS,
page 9).
RENCONTRE AVEC PASCAL-ALEX VINCENT,
LES MAINS de c. loizillon : rencontres par les mains…
COMÉDIE SENTIMENTALE d’e. Barnett
MERCREDI 8 AVRIL
Une femme mène sa vie, entre rêves et réalité.
À TA PLACE de A Tessier
Lili s’endort… et se réveille dans un double
sublimé…
POINT DE FUITE d’o. Smolders
La prof entre dans sa classe. Tous les élèves
sont nus…
IL FAIT BEAU DANS LA PLUS
BELLE VILLE DU MONDE de v Donzelli
Une femme enceinte à un RdV amoureux.
17h30
DES SARIS ET DES HOMMES
Allemagne – 2006 – 1h35, documentaire de T Wartmann.
Bombay, le monde secret des hijras, hommes
maquillés et revêtus de saris. Immersion
troublante et remarquable.
19h45
DEVOTEE
21h00 Ciné-vidéo non stop à La
Chapelle Sainte-Anne.
Voir programme du festival.
JEUDI 9 AVRIL
Positions de l’Église et représentations dominantes. Voir page 4.
18h30 APÉRO PROJECTION
(Voir programme du festival)
20h00 Projection aux cinémas Studio
LES RÈGLES DU VATICAN (voir page
CNP)
En After, Les Sœurs de la Perpétuelle
Indulgence déambuleront dans les rues.
VENDREDI 10 AVRIL
17h30 ANONYMOUS
uSA – 2006 – 1h24, de Todd verrow, avec T. verrow
nais et Antoine parlebas.
Les conséquences d’une rupture : sexe anonyme dans des lieux publics, quête d’illusions
perdues....
PRÉSENTATION PAR RÉMI LANGE
D’un côté, un beau jeune homme, Devotee
– c’est ainsi que se nomment ceux qu’attirent les êtres amputés – et de l’autre, l’objet du désir… Un docu-fiction exceptionnel, loin
de tous les circuits classiques
Débat sur les paraphilies avec H. Chenais, et LGP Région Centre.
LUNDI 6 AVRIL
19h45
LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY
de A. lewin
Avec lA pArTIcIpATIon De GAry
conSTAnT, dU FESTivAL MAUvAiS GEnrE.
RÉALISATEUR
France – 2007 – 55’, de rémi lange, avec Hervé che-
uSA – 2007 – 1h50, de Quentin Tarentino
L’attention dont un trio infernal de bad girls
est l’objet, n’est pas innocente…
En intermède, happening des pompasnet.connes.
DONNE-MOI LA MAIN
Voir Cinémathèque page 5.
SOIRÉE AU LONG COUR(T)S
Sélections de coups de cœur de
l’équipe du festival…
19h45
KANBRIK OU LE PROSCRIT D’ALLAH 43’, de H. J. lebrun
L’impossibilité d’être homosexuel dans les
pays musulmans qui appliquent la charia…
SHAHRAM ET ABBAS
de r. v. Heugten
MARDI 7 AVRIL
19h45
Une comédie douce-amère sur la persécution des homosexuels en Iran…
PRÉSENTATION PAR RÉMI LANGE
Les CARNETS du STUDIO
n°267
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avril 2009 –
7
20h45
LEZIX – 40 min
LA DIMENSION DU JE, de nexus et mino
L’époque est narcissik ; j’en joue et jouis aussi !
DEV’NIR PRÊTRE…
de mino d.c
SAMEDI 11 AVRIL
17h30
KEITH HARING, LE
PETIT PRINCE DE LA RUE
Italie /France – 2008 – 1h22, documentaire de c.
Un prêtre… hors norme…
clausen.
POSSESSION de H. J. lebrun
JUST MARRIED
Entretiens avec Yoko Ono, David LaChapelle, Madonna, Junior Vasquez… images
d’archives, son univers, de ses débuts dans
le métro à sa proximité avec Warhol.
France – 2007 – 2’, de nexus et mino. Danse nuptiale …
I LOVE KEITH HARING
C’EST TROP TARD ! de l. chanfro
France – 2008 – 5’, documentaire de A. Burosse
« Il était écrit qu’on finirait ensemble. J’ai juste
un peu forcé la main du destin. »
Aucun regret quand la dernière heure
arrive !
CHIC’N CHEAP de l. chanfro
Et nos corps, c’est du poulet ?
L’AIMÉE CRÉANTE de l. chanfro.
Deux femmes dé/tournent la symbolique
sacrée…
À LA RECHERCHE DE LA VULVE
PERDUE de l chanfro. photorama…
RENCONTRE AVEC LES RÉALISATEURS
EN PRÉSENCE DE A. BUROSSE
19h45
CORAZONES DE MUJER
Italie/maroc – 2008 –1h25, de Kiff Koosof…
Zina, jeune Italienne d’origine marocaine, est
terrifiée à l’idée de se marier. Elle n’est plus
vierge. Avec Shakira, un travesti, elle se rend
à Casablanca pour se faire opérer. Shakira
est obligée de reprendre son allure masculine…
21h30
LES PRÉDATEURS
états-unis/Grande-Bretagne – 1983 – 1h37, de Tony
21h45
Collectif Jeune Cinéma, 30’
INTROSPECTION de r. Beaune
Scott, avec c. Deneuve, S. Sarandon, D. Bowie…
Un couple de vampires nouvelle génération
qui ne vieillissent jamais… Séquences amoureuses cultes.
Notre reflet dans le regard de l’autre…
NUE, JAMAIS de A. Fettar
Se dénuder sans jamais se dévoiler ?
BLESSURE SECRÈTE de B. lamy
Un orifice qui, habituellement, ne parle pas…
LUNCH BREAK ON XEROX MACHINE
de m. losier
Je me suis coincé la tête dans la photocopieuse.
RENCONTRE AVEC DES RÉALISATEURS
8
– Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009
C
Chéri
GB-France-Allemagne – 2008 – 1h30, de Stephen Frears,
avec Michelle pfeiffer, rupert Friend, Kathy Bates…
Dans les années 1920, Léa de Lonval, une courtisane de
cinquante ans, fait la rencontre d’un jeune homme
nommé Chéri et devient sa maîtresse.
Pour l’adaptation éponyme du fameux roman de
Colette, le réalisateur de The Queen (2006) précise que :
« Il y a ce milieu aristocratique du début du XXe siècle, qui
n’existe plus. Il fallait ainsi faire honneur au caractère ironique de l’histoire, sans en négliger l’aspect dramatique ».
Stephen Frears retrouve ici Michelle Pfeiffer, qu’il avait
fait tourner dans Les Liaisons dangereuses (1988), film
savoureux qui connut un succès remarquable. Chéri est
aussi l’occasion de revoir Frears travailler avec Christopher Hampton, le scénariste de ces mêmes liaisons,
justement. Prometteur donc… d’autant que les dialogues de Chéri se pimentent « d’une exquise ironie ».
Filmographie (extraits) : Madame Henderson (2006) ; Les Arnaqueurs (1991) ;
My Beautiful Laundrette (1986)
Sources : dossier de presse – moncinema.cyberpresse.ca
Figures de l’intime…
IN GIRUM IMUS NOCTE ET
CONSUMIMUR IGNI de J. cosmen
AvAnT LES FiLMS, dAnS LES SALLES, AU MoiS dE MArS :
• Wide de Thierry vaillot (studio 1-2-4-5-6) • Woodoo de Térez Montcalm (studio 3 et 7)
MUSiqUE SéLEcTionnéES pAr é ric péTry dE rFL 101
DIMANCHE 12 AVRIL
SOIRÉE DE CLÔTURE
19h45
OTTO ; OR UP WITH
DEAD PEOPLE
Allemagne/canada – 2007 – 1h34, de Bruce laBruce
Un garçon aux pupilles minuscules traverse
Berlin comme un revenant à la recherche de
sa mémoire perdue… C’est l’ange du trottoir. Mélange de film fantastique et de farce
irrésistible, Otto est aussi une chronique de
la défonce qui transforme les zombies en
objets sexuels… Un petit bijou de cinéma
underground.
– POT DE CLÔTURE –
Coco avant Chanel
France – 2008 – 1h50, d’Anne Fontaine, avec Audrey Tautou,
Benoît poelvoorde, Marie Gillain, Emmanuelle devos…
La réalisatrice de La Fille de Monaco a choisi d’adapter
librement L’Irrégulière, ouvrage d’Edmonde CharlesRoux, sur le fabuleux destin de celle qui, par son inventivité, a libéré le corps des femmes au début du XXe
siècle. Au commencement étaient la misère, l’abandon,
un avenir cousu de fil blanc : cousette et/ou grisette…
Mais c’était sans compter sur une volonté de fer pour
réinventer, sans cesse, l’histoire à venir comme celle
passée (Mademoiselle Chanel n’hésitant jamais à donner des versions différentes des événements, suivant les
interlocuteurs et les époques). Chanteuse sans voix dans
un beuglant, Gabrielle deviendra Coco ; la galanterie,
passage quasi obligé de l’époque pour s’en sortir, lui per-
mettra de faire les bonnes rencontres et se de
construire le destin que l’on sait.
On peut sans doute espérer qu’Anne Fontaine, metteur
en scène du trouble (Nettoyage à sec, Comment j’ai tué
mon père, Nathalie), saura porter un regard singulier sur
l’enfance de l’art de celle qui abhorrait les fioritures.
Sources : dossier de presse.
Dans la brume électrique
France-USA – 2008 – 1h57, de Bertrand Tavernier,
avec Tommy Lee Jones, peter Sarsgaard, John Goodman…
D
New Iberia, Louisiane. L’inspecteur Dave Robicheaux
enquête sur un tueur en série agressant des jeunes
femmes. Alors qu’il vient de découvrir une nouvelle
scène de crime, Dave rencontre la grande star hollywoodienne, Elrod Sykes. Celle-ci est venue tourner un
film sur la guerre de Sécession, produit par Baby Feet,
grande figure de la mafia locale. Elrod lui confie qu’il a
relevé des ossements humains enchaînés dans un bayou.
Cette nouvelle fait resurgir en Dave des souvenirs
enfouis…
Bertrand Tavernier, le réalisateur de L’Appât (1995) et
de Capitaine Conan (1996) tourne un polar en Louisiane
– adapté d’un roman de James Lee Burke – avec Tommy
Lee Jones, le héros de No country for old men et de Trois
enterrements ! Forcément, on se précipite !
Sources : dossier de presse.
Donne-moi la main
France – 2008 – 1h20, de pascal-Alex vincent, avec Alexandre et victor carril…
Quentin et Antoine, jumeaux de 18 ans, décident de se
rendre à pied en Espagne, à l’insu de leur père, afin d’assister à l’enterrement de leur mère, qu’ils ont très peu
connue. Leur parcours en stop deviendra un voyage initiatique vers l’âge adulte, ponctué de rencontres, de disputes, de réconciliations. Sur la route, leurs différences
vont aussi se révéler, notamment quand l’un des deux
Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009 –
9
découvrira son homosexualité.
Pendant dix ans, Pascal-Axel Vincent a travaillé dans la
distribution faisant découvrir les films de Mizoguchi,
Ozu, Kurosawa… avant de réaliser plusieurs courtsmétrages autour de l’adolescence. « J’ai eu envie de prolonger la réflexion avec mon premier long métrage, en parlant de la fratrie. Comment des frères élevés dans les mêmes
circonstances peuvent-ils devenir des adultes si différents ?
La gémellité m’a semblé idéale pour traiter ce thème. » Porté
par la musique électro du groupe allemand Tarwater,
Pascal-Axel Vincent a réussi un road-movie bucolique
qui a su toucher la critique : « Un film grave et lumineux,
limpide et plein de secrets. Une réussite très prometteuse. »
« Donne-moi la main impressionne et touche par sa sensibilité grâce à la parfaite symbiose entre parti pris visuels,
musique, et jeux d’acteurs. Un petit bijou du cinéma français ».
Sources : dossier de presse – lemonde.fr
À DÉCOUVRIR DANS LE CADRE DU FESTIVAL DÉSIR, DÉSIRS.
Le réalisateur présentera son film le mardi 7 avril à 19h45.
E
Éden à l’ouest
sa vie en gardant des enfants. Jeanne cherche un emploi.
Un jour, en lisant une annonce, Louise croit que le destin frappe à sa porte. Elle nourrit l’espoir de faire engager sa fille chez Samuel Bleistein, un avocat de renom
qu’elle a connu dans sa jeunesse. L’univers de Jeanne et
celui de Bleistein sont à des années lumières de distance… Pourtant, ils vont se rencontrer à cause d’un
mensonge inouï que Jeanne va échafauder, fait divers le
plus médiatisé et le plus politisé de ces dernières années.
André Téchiné est sans doute l’un des plus grands
cinéastes français contemporains. Ses précédents films
tournent tous autour d’une intrigue familiale et témoignent d’une bonne connaissance des rapports humains,
d’une analyse assez réaliste de la société et surtout,
d’une réflexion sur le cinéma.
Filmographie partielle : Hôtel des Amériques (1981), Rendez-vous (1985), Les
Innocents (1987), Ma Saison préférée (1993), Les Roseaux sauvages (1994), Les
Voleurs (1996), Les Égarés (2003), Les Temps qui changent (2004), Les Témoins
(2007).
Frost-Nixon, l’heure de vérité
USA – 2008 – 2h02, de ron Howard,
avec Frank Langella, Michael Sheen, Sam rockwell…
Filmographie partielle : Z (1969) ; L’Aveu (1970) ; Missing (1982) ; Le Couperet (2005).
En 1974, le Président Nixon est contraint de démissionner à la suite du scandale du Watergate. En 1977,
David Frost, jeune journaliste de télévision, réalise une
interview de Nixon programmée en quatre soirées. Son
but : amener le Président déchu à avouer sa faute publiquement. Les records d’audience sont battus : entre les
deux hommes se livre un affrontement qui ne peut avoir
qu’un vainqueur. Ce sera le journaliste, qui pousse le
Président à faire un aveu qui va l’étonner lui-même.
Le film de Ron Howard n’est pas un documentaire ni
une reconstitution : il est adapté d’une pièce de théâtre
de Peter Morgan, qui est aussi le scénariste du film. Spécialiste de films souvent faciles et spectaculaires, Ron
Howard, réalisateur prolixe, réussit ici un film fort,
intense, mais qui se tient à distance des deux personnages, pour laisser au spectateur la responsabilité de
juger par lui-même l’événement évoqué. Avec des
acteurs transcendés par l’enjeu.
La Fille du RER
Filmographie (partielle) : Da Vinci Code (2006), Les Disparues (2004), Un
homme d’exception (2002), En direct sur Ed TV (1999), Apollo 13 (1995).
France-italie – 1h50, de costa-Gavras,
avec riccardo Scamarccio, Ulrich Tukur, Eric caravaca…
Un bateau chargé d’immigrés clandestins n’arrivera pas
jusqu’à la côte italienne… L’un des passagers, Elias, parvient à gagner la terre ferme à la nage avec en tête une
idée bien arrêtée : rejoindre Paris. Son chemin vers la
ville lumière commence par un échouage sur une plage
de nudistes de luxe… Puis, ce sera l’itinéraire vers le
Nord, avec la police à éviter et de nombreuses rencontres en chemin, parfois bonnes, parfois néfastes.
Les road-movies décrivent souvent une errance, mais
celui-ci s’attache plutôt à l’obstination de celui dont la
vie est toute entière tournée vers UN but, ce qui n’est
guère étonnant quand on connaît la carrière de CostaGavras, jalonnée de films de combat, toujours efficaces,
toujours très humains…
Sources : dvdrama.com – mulderville.net
Sources : dvdrama.com, dossier de presse.
F
10
France – 2008 – 1h45, de André Téchiné,
avec émilie dequenne, catherine deneuve, Michel Blanc…
Jeanne vit dans un pavillon de banlieue avec sa mère
Louise. Les deux femmes s’entendent bien. Louise gagne
– Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009
G
H
les fiches paraphées correspondent à
des films vus par le rédacteur.
J
Gloup’s, je suis un poisson !
VF voir pages jeune public, en fin de carnet.
La Journée de la jupe
France-Belgique – 2008 – 1h28, de Jean-paul Lilienfeld, avec isabelle
Adjani, denis podalydès, yann collette, Jackie Berroyer…
Quelques années après le scandale de la vache folle,
deux cinéastes se lancent dans ce qu’ils appellent un
« road-movie paysan » pour essayer de retracer, sans
pesanteur, les diverses filières utilisées pour nourrir les
bovins. Pour cela, ils ont suivi à la trace des paysans bretons qui ont décidé que, finalement, il n’était pas si idiot
de nourrir les ruminants avec l’herbe des prés, mais aussi
des tenants d’une agriculture plus productiviste, plus
dépendante des filières industrielles.
Ni dénonciation frontale, ni panégyrique d’une agriculture passéiste, Herbe est, pour le Canard enchaîné : « Un
documentaire passionnant qui ne reste pas au niveau des
pâquerettes… »
Sonia Bergerac est prof de français dans un collège
auprès de classes dites difficiles… Ce jour-là, une arme
tombe d’un sac de l’un de ses élèves. Et tout bascule :
l’enseignante, exaspérée, en vient à braquer ces jeunes
et à les prendre en otage. D’abord pour qu’ils écoutent
son cours sur Molière ! Le moment d’accalmie qui s’ensuit se révèle peu durable car Sonia va subir la pression
de la police, celle des politiques et de sa famille.
Jean-Paul Lilienfeld, familier des cités, de la mixité sociale
et ethnique, a souhaité livrer un récit nous rappelant
que « quels que soient les choix politiques ou religieux de
chacun, il existe des valeurs indiscutables et intransgressibles
[…] Croire que les femmes, doubles victimes de leur statut
social et familial, peuvent favoriser l’émergence du changement ». Ce film d’actualité offre aussi un très beau rôle
de femme à une superbe actrice.
Sources : telerama.fr – lemagazine.info
Source : dossier de presse ; telerama.fr
Jerichow
+ COURT MÉTRAGE semaine du 1er au 7 avril
Herbe
France – 2008 – 1h16, de Matthieu Levain et olivier porte.
Allemagne – 2009 – 1h33, de christian petzold,
avec Benno Fürmann, nina Hoss, Hilmi Sözer…
Suite au décès de sa mère, Thomas revient à Jerichow,
au nord-est de l’Allemagne, sur la terre de son enfance.
Il veut s’y installer et démarrer une nouvelle vie. Il rencontre Ali, un riche turc propriétaire d’une chaîne de
fast-food, et sa femme Laura. Ali boit trop et se voit retirer son permis de conduire, il engage Thomas comme
chauffeur…
Ce huis-clos, mais en extérieur, part d’une situation qui
rappelle Le Facteur sonne toujours deux fois. Situation
connue, peut-être, mais en apparence seulement, car les
rapports humains et les thèmes qui parcourent le film
sont on ne peut plus contemporains. Jerichow aborde
ainsi, sans en avoir l’air, la crise économique, l’immigration et l’asservissement à l’argent. Christian Petzold (qui
a déjà signé les beaux Contrôle d’identité et Yella, entre
autres) réalise un film dont la froideur apparente est très
touchante. Il confirme aussi après Ping Pong, L’Imposteur,
Montag, Marseille et autre Voyage scolaire, que la nouvelle
vague du cinéma allemand est de plus en plus passionnante. JF
Film pouvant intéresser les adolescents,
les parents restant juges.
En rachâchant
France – 1982 – 7’, de danièle Huillet,
avec raymond Gérard, olivier Straub, nadette Thinus…
Un petit garçon têtu et sérieux comme un pape derrière de grosses lunettes de myope réalise le rêve de
tous les enfants en âge d’aller à l’école primaire : celui
de dire une bonne fois pour toutes : merde au professeur et à ce qu’il représente.
Ce court est inspiré de Ah, Ernesto, de Marguerite Duras,
dont il reprend le personnage d’enfant, effronté, rebelle.
La modernité du film, superbement mis en image par
Henri Alekan, réside dans la liberté dont fait preuve ce
jeune Ernesto face à l’autorité des adultes et, au delà, à
la rigidité de la société.
Komaneko, le petit chat curieux
VF voir pages jeune public, en fin de carnet.
La Légende de Despereaux
VF voir pages jeune public, en fin de carnet.
K
L
Film pouvant intéresser le jeune public,
les parents restant juges.
Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009 –
11
Let’s make money
La Nounou 3
L’Autrichien Erwin Wagenhofer, qui avait réalisé en
2007 le documentaire choc We feed the world (le marché de la faim), revient cette année avec un film qui
risque fort – une fois de plus – de bousculer les
consciences. Le réalisateur s’intéresse cette fois au système financier mondial, analyse son fonctionnement et
dénonce ses dérives, en allant interroger aussi bien les
responsables du capitalisme sauvage que leurs victimes.
Pour Wagenhofer, il s’agit de faire réfléchir sur notre
responsabilité à tous, comme il l’expliquait à la sortie de
son précédent documentaire : « Les questions éthiques ne
sont pas seulement absentes de l’industrie agro-alimentaire,
elles le sont de la vie économique dans son ensemble et finalement aussi de la vie sociale ! […] Ce qui m’importe n’est
toutefois pas la question de la culpabilité mais celle de la responsabilité. Nous devons apprendre à devenir responsables
de notre façon d’agir au lieu de chercher la faute chez les
autres. »
VF voir pages jeune public, en fin de carnet.
Autriche – 2008 – 1h47, de Erwin Wagenhofer.
Sources : allocine.fr - cinemanche/fr - vousnousils.fr
N
Ne me libérez pas, je m’en charge
France – 2008 – 1h47, de Fabienne Godet, avec Michel vaujour…
Michel Vaujour n’a jamais eu le douteux privilège d’être
surnommé ennemi public numéro 1, aussi, point de star
pour incarner celui qui fut tout de même un roi de la
cavale (sa femme transformée en pilote d’hélico à la
Santé…). Point de star, donc, mais mieux que cela aussi :
Michel Vaujour lui-même ! En effet, après le magnifique
Sauf le respect que je vous dois, Fabienne Godet s’est lancée dans une entreprise pour le moins périlleuse : réaliser un documentaire essentiellement articulé autour
d’une seule personne. Le pari est d’autant plus louable
que, d’une certaine manière, il colle à la personnalité
même de celui qui en trente années, en aura passé vingtsept en prison (dont dix-sept en isolement) parce qu’il
n’était pas concevable qu’il n’aille pas au bout de l’exigence de liberté qui était la sienne.
Mais il faut dire que Fabienne Godet avait pour elle un
acteur de premier plan : même sans rien faire d’autre
que parler à la caméra, Vaujour crève l’écran et impose
une présence fascinante. Comme, en plus, il a le verbe
facile et qu’il sait trouver les mots qui touchent, le résultat promet d’être exceptionnel.
dixième long-métrage du grand réalisateur japonais
reprend le thème de prédilection de son œuvre : la
nature assiégée par la technologie et les abus de
l’homme. Dans cette magnifique histoire en grande partie sous-marine, on suit Ponyo, la petite princesse des
poissons rouges qui veut devenir humaine et qui se lie
d’amitié avec Sosuke, un enfant de cinq ans, personnage
inspiré par le fils du réalisateur (Goro, réalisateur des
Contes de Terremer) quand il avait le même âge. Dans
cette œuvre poétique mêlant magie et amour de la
nature, on retrouve l’imagination débordante du créateur de Princesse Mononoké (97), Le voyage de Chihiro (01)
et du Château ambulant (04). Pour la 1re fois, le fondateur des Studio Ghibli privilégie l’aquarelle. Il retrouve la
grâce enfantine de l’un de ses films les plus touchants
Mon voisin Totoro (88). À ne pas manquer !
Nulle part, terre promise
FILM DU MOIS, VOIR AU DOS DU CARNET.
+ COURT MÉTRAGE semaine du 8 au 14 avril
En bouquets serrés
Grande-Bretagne – 2007 – 10’, de Spenceley ornette,
avec Teona oxley, Molly oxley, cléo Edwards…
Une jeune mère célibataire gagne sa vie en sillonnant le
pays comme ouvrière agricole. Après la perte soudaine
de son emploi, elle est contrainte d’assumer ses responsabilités parentales. Dans la plus pure tradition du cinéma
britannique social, Ornette Spenceley, à la manière d’un
Ken Loach, met en scène le devenir des travailleurs saisonniers, obligés de migrer au fil des saisons.
Le Petit fugitif
USA – 1953 – 1h20 – vF de Morris Engel,ruth orkin
et ray Ashley, avec richie Andrusco, richard Brewster…
En pleine canicule new-yorkaise, Lenny se retrouve à
devoir garder son petit frère Joey (6 ans) quand leur
mère doit aller retrouver une parente malade. Lassés
de cette charge, Lenny et ses amis prêtent une carabine
à Joey et parviennent à lui faire croire qu’il a tué son
propre frère. Effrayé par ce qu’il pense avoir fait, Joey
prend la fuite vers la plage et le parc d’attraction de
Coney Island.
La caméra va alors se faire fluide pour suivre au plus
près le petit garçon perdu dans ce monde à la fois merveilleux et inquiétant. Cette ode à l’enfance (sauvage),
produit du cinéma indépendant américain, a été saluée
par de nombreux critiques et cinéastes, et non des
moindres : Truffaut, Cassavetes, Bazin…
Sources : lemonde.fr ; lesinrocks.com
Ponyo sur la falaise
Japon – 2008 – 1h55, vo – vF film d’animation de Hayao Miyazaki.
Attendu depuis des mois, immense succès populaire au
Japon, récompensé par deux Japan Academy Awards
(meilleur film d’animation, meilleure musique), le
S
P
Sois sage
France-danemark – 2008 – 1h31, de Juliette Garcias,
Avec Anaïs demoustier, Bruno Todeschini, nade dieu…
Pour son premier long métrage, Juliette Garcias a choisi
de s’intéresser à un personnage de femme amoureuse.
Elle a vingt ans, elle dit s’appeler Ève, tout un programme. Boulangère ambulante, elle parcourt la campagne à bord de sa camionnette. Elle raconte à ses
clients une histoire d’amour exceptionnelle qui lui serait
arrivée : à chacun, elle donne une version différente,
modifiant les noms, les lieux, les personnages. Elle se
présente tantôt comme fiancée, tantôt comme veuve,
comme divorcée…
Son bonheur : se rapprocher en fait d’un homme qui l’a
aimée, qui l’a délaissée, et qui a fondé une famille ailleurs.
Son but : se rapprocher de lui, lui faire reconnaître le
passé, donner un sens à ce qui leur est arrivé. Un premier film qui s’annonce riche en trouble.
Sources : Dossier de presse.
+ COURT MÉTRAGE semaine du 22 au 28 avril
Histoire à chuchoter
France – 2005 – 8’50, de Maxime donzel, avec Antonin Falk,
Anastasio Alexandra, Germaine Aubert, Alexandra Anastasio…
Il a douze ans, il habite une île. Une île sans enfants. Il
n’en a vu que dans ses livres de contes. Quand il va
explorer la partie interdite de son île, il est confronté à
l’immuable fatalité des contes.
Still Walking
Japon – 2008 – 1h55, de Hirokazu Kore-Eda,
avec Hiroshi Abe, yoshio Harada, Haruko Kato…
On était sans nouvelles de Hirokazu Kore-Eda depuis
l’enthousiasmant Nobody knows sorti en 2004. Retrouver son univers particulier fait plaisir, d’autant plus que
le thème de Still walking rappelle ses œuvres précédentes
et que la place de la cellule familiale y est à nouveau prépondérante.
Nous sommes en été, à Yokohama. Une famille se réunit
un week-end pour commémorer la mort tragique du
frère aîné, décédé quinze ans plus tôt. En apparence,
rien n’a bougé. La maison parentale est toujours
accueillante, le repas préparé par la mère toujours aussi
appétissant, mais pourtant, le temps faisant son ouvrage,
chacun a changé…
Tout autant éloigné du genre « règlement de compte
lors d’un week-end » que de la pleurnicherie, Still walking se préoccupe plus d’aimer ses personnages et opte
pour la mélancolie et l’humour. Le réalisateur nous
donne à voir un univers comme on en connaît tous, mais
avec talent, et c’est sans doute pour cela que le film a
autant touché les heureux qui l’ont déjà vu.
Sources : dossier de presse, dvdrama.com
Filmographie (partielle) : Maborosi (1995) – After life (1998 )–, Distance (2001)
Synecdoche, New-York
USA – 2007 – 2h05, de charlie Kaufman, avec philip Seymour Hoffman,
Samantha Morton, catherine Keener, diane Wiest, Jennifer Jason Leigh…
Qu’y a-t-il dans la tête de Charlie Kaufman ? Des histoires délirantes et mouvementées sur l’identité (dédoublement, usurpation…), la mémoire, portées à l’écran
par des réalisateurs aux univers aussi originaux et déjantés que le sien : Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich, Adaptation) et Michel Gondry (Human nature,
Eternal sunshine of the spotless mind). Pour son premier
passage derrière la caméra, Charlie Kaufman se réfère
à la figure de rhétorique « synecdoque », signifiant, en
faisant court : compréhension simultanée, et nous
entraîne dans un récit labyrinthique, bourré de symboles, de jeux de mots et de manipulations d’images.
Caden Cotard, dramaturge (tiens, tiens), se retrouve
complètement perdu et désespéré quand femme et
enfant le quittent. S’imaginant être atteint d’une maladie incurable, il va reconstituer dans un immense entre-
Sources : dvdrama.com – berlinalesoff.blog
12
– Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009
Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009 –
13
pôt, les lieux qu’il a traversés au cours de sa vie et va
créer un spectacle unique et absolu en reproduisant
méthodiquement sur scène les moments marquants de
son existence. Vertige assuré avec ce qui semblerait bien
être une de ces mises en abyme dont notre auteur a le
secret !
Sources : fluctuat.net ; dvdrama.com
T
Tokyo Sonata
Japon – 2008 – 1h49, de Kiyoshi Kurosawa, avec Haruka igawa, Kai inomawaki…
Tokyo Sonata dresse le portrait d’une famille japonaise
ordinaire dont elle explore le quotidien avec l’acuité de
certains mangas. Renvoyé sans préavis, le père autoritaire n’ose le dire à sa femme qui continue d’organiser
la vie courante malgré les fissures de plus en plus présentes. Désœuvré, il accepte un boulot de technicien de
surface alors que le fils aîné s’engage dans les troupes
en partance pour l’Irak et que le plus jeune prend des
cours de piano en cachette… Loin de l’atmosphère fantastique qui l’a rendu célèbre, (Cure en 97 ou Karisma
en 99), ce film tout en finesse sur une crise familiale
entraîne le spectateur vers une dernière séquence
sublime et a reçu le Prix du jury de la section Un certain
regard du dernier Festival de Cannes.
Sources : fichesdecinéma.com
sonnages, et qui les emmènent à la dérive passive et à
la perte de leurs repères. Une nouvelle belle réussite
du réalisateur.
mun au cinéma. Elle n’est pas du tout déprimée, pas suicidaire, pas hystérique, juste un peu décalée ».
Sources : toutlecine.com ; lepetitjournal.com
Sources : dvdrama.com, mulderville.net, dossier de presse.
Filmographie (parttielle) : Un cœur invaincu (2007 ) ; The road to Guantanamo
(2006) ; 9 songs (2005 ) ; In this world (2002) ; Redemption (2000) ; Buterfly
Kiss (1995).
Une famille brésilienne
Brésil – 2008 – 1h48, de Walter Salles et daniela Thomas,
avec Sandra corveloni…
Les deux réalisateurs nous proposent le portrait d’une
métropole, São Paulo, à travers la vie quotidienne d’une
famille d’une cité pauvre : quatre frères et la mère,
bonne dans les beaux quartiers, encore enceinte… À
travers les quatre enfants, on explore la réalité contradictoire et complexe du Brésil : Dario rêve de devenir
footballeur professionnel, Dinho se réfugie dans la religion évangéliste, Denis est l’un des 300 000 coursiers
perdus dans les 300 kilomètres d’embouteillage, Reginaldo le plus jeune, cherche obstinément son père…
Douze ans après leur premier film commun Terre lointaine, les réalisateurs ont voulu voir comment le Brésil
avait changé en travaillant avec des acteurs non professionnels. Il en ressort un film très fluide malgré les multiples histoires qui s’entrecroisent et des acteurs épatants d’énergie dont Sandra Corveloni qui pour son rôle
de mère harassée a reçu le prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes.
+ COURT MÉTRAGE semaine du 15 au 21 avril
Le Baiser
France – 2007 – 9’45, de yann coridian, avec Sarah Le picard, Malik Zidi…
Un homme parle à une femme qui n’a qu’une idée : celle
de l’embrasser. Dans une chambre, ils sont assis au bord
du lit : leur gêne mutuelle est palpable et déclenche chez
l’homme une logorrhée inattendue et loufoque. Malik
Zidi excelle dans cet exercice de parole burlesque et
emmène sa soupirante transie aux limites du supportable. Le baiser qui en découle est une longue et belle
délivrance.
V
Ann, une nuit, suit son compagnon Thomas, et le voit
entrer dans une maison, en banlieue parisienne, où une
jeune femme l’accueille tendrement : elle décide de le
quitter, mais aussi de tout quitter de sa vie actuelle, de
rompre totalement, de partir sans laisser de traces. Mais
elle est musicienne et ne tient qu’à la musique. Elle fuit
afin de se reconstruire et dans cette évasion d’explorer
son identité, dans un lieu nouveau ; elle croit le trouver
sur l’île d’Ischia, dans La Villa Amalia.
Adapté du roman de Pascal Quignard, Isabelle Huppert
que l’on vient de voir tout récemment dans Home et Un
barrage contre le Pacifique porte le personnage complexe,
un peu mystérieux de Ann Hidden. C’est le cinquième
film de collaboration entre B. Jacquot et Isabelle Huppert, le premier, Les Ailes de la Colombe, datant de 1981.
Sources : telerama.com - www.comeaucinema.com
U
Un chat, un chat
France – 2008 – 1h45, de Sophie Fillières,
avec chiara Mastroianni, Agathe Bonitzer, Sophie Guillemin…
D’un côté, il y a Célimène (Chiara Mastroianni), trentecinq ans, écrivain en manque d’inspiration, qui préfère
se faire appeler Nathalie depuis l’adolescence. Son
appartement étant en travaux, elle vit chez sa mère avec
son fils de sept ans. De l’autre côté, Anaïs (Agathe Bonitzer), étudiante fraîche et arrogante, fait tout pour que
Célimène accepte de la prendre comme sujet d’écriture.
Ce film, projeté à la 59e édition du festival de Berlin, est
le quatrième long-métrage de Sophie Fillières, après
Grande Petite (1994), Aïe (2000) et Gentille (2005). Chiara
Mastroianni, inattendue dans ce rôle comique, dit de
son personnage : « Célimène n’est pas une fille torturée,
ce genre de portrait de femme trentenaire est assez com-
14
– Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009
Filmographie (paftielle) : Central do Brasil (98) – Carnets de voyage (04)
Un été italien
USA – 2008 – 1h34, de Michael Winterbottom, avec colin Firth,
Hope davis, catherine Keener, Willa Holland, perla Haney-Jardine…
Chicago, une famille ordinaire : le père, la mère, leurs
deux filles. Et puis l’irréparable : un accident de voiture,
la mort de la mère. Cette disparition menace de désagréger cette famille banale. Le père emmène donc ses
filles en Italie, à Gênes, dans l’espoir d’un nouveau départ
et d’une nouvelle vie pour les trois. Mais on n’oublie pas
un deuil si facilement.
Winterbottom, cinéaste toujours très attendu, réalise
là un film sobre, évitant tout excès de pathos, et qui
pourtant émeut le spectateur par la justesse du ton et
de la réalisation. On est touché par les traumatismes qui
se manifestent progressivement, chez chacun des per-
Villa Amalia
France – 2008 – 1h34, de Benoît Jacquot, avec isabelle Huppert,
Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois, Maya Sansa…
retour en Allemagne de rejoindre la Résistance. Il va
préparer avec de nombreux conspirateurs l’opération
Walkyrie, destinée à éliminer le Führer et à mettre en
place un gouvernement d’opposition. Les circonstances
vont mettre Stauffenberg à la tête des opérations : il
devra diriger le coup d’État, mais aussi assassiner Hitler…
Bryan Singer (Usual suspects, X-Men) se penche pour la
première fois sur une histoire vraie, le «complot du 20
juillet», un épisode méconnu et héroïque de la Seconde
Guerre mondiale. Le réalisateur dit avoir conçu son film
comme un divertissement plutôt qu’une leçon d’histoire,
et avoir voulu allier la beauté des classiques des années
40 au rythme d’un thriller contemporain. Pari réussi,
selon une partie de la critique, qui a qualifié Walkyrie de
drame hollywoodien très efficace.
Sources : allocine.fr, premiere.fr
Welcome
France – 2008 – 1h55, de philippe Lioret,
avec vincent Lindon, Firat Ayverdi, Audrey dana…
Bilal, dix-sept ans, est un clandestin irakien qui rêve de
Grande-Bretagne. Après une tentative de passage ratée,
il décide de traverser à la nage. S’entraînant en piscine,
il attire l’attention de Simon, un maître nageur en cours
de divorce dont l’ex-femme aide bénévolement les sanspapiers à se nourrir et se vêtir.
Par défi, et peut-être aussi pour retrouver du prestige
auprès de sa femme, Simon entreprend d’entraîner Bilal :
le jeune homme est sportif mais piètre nageur…
Welcome s’appuie sur un patient travail d’observation
et, sans pathos ni apitoiement, mais avec une dynamique
évidente, nous entraîne dans le sillage de cet apprenti
nageur et dans le monde tourmenté de ces hommes
prêts à tout pour l’espoir d’une vie un peu meilleure…
ER
Filmographie partielle : Tombés du ciel (1993) - Tenue correcte exigée (1997)
– Mademoiselle (2001) – Je vais bien, ne t’en fais pas (2006).
Sources: Dvdrama.com- Première.fr
W
Walkyrie
répondeur
USA – 2008 – 1h50, de Bryan Singer, avec Tom cruise, carice van Houten…
08 92 68 37 01
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le colonel Stauffenberg est blessé au combat en Afrique, et décide à son
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0,34 € la minute
Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009 –
15
4
Cinéma
1h00’ VF
1h58’
lundi
19h30
14h15
(dim
14h45)
17h15
19h30
21h45
14h15
(dim
14h45)
19h15
LE ROYAUME
DES DIAMANTS
LE PETIT CHAT CURIEUX
de Satyajit Ray
de Tsuneo Goda
(dim
14h30)
+
VF
COCO
AVANT CHANEL
PONYO
SUR LA FALAISE
de Anne Fontaine
de Hayao Miyazaki
à suivre…
14h15
14h15
(dim
14h30)
VO
à suivre…
19h15
1h33’ VF
1h47’
DANS LA BRUME
ÉLECTRIQUE
de Bertrand Tavernier
LA LÉGENDE
DE DESPEREAUX
17h15
voir page
CNP
jeudi
20h00
Cinéma
lundi
19h30
(dim
14h30)
1h30’
1h47’
(dim
14h30)
LET’S
MAKE MONEY
19h30
de Erwin Wagenhofer
CHÉRI
de Stephen Frears
17h30
19h15
21h30
14h15
1h31’
1h55’
14h15
(dim
15h00)
SOIS SAGE
STILL WALKING
de Juliette Garcias
de Kore-Eda Hirokazu
19h45
17h45
(dim
14h30)
14h15
(dim
15h00)
UN ÉTÉ ITALIEN
JERICHOW
de Michael Winterbottom
de Christian Petzold
19h45
21h30
21h45
LE PORTRAIT DE
DORIAN GRAY
de Albert Lewin
VILLA AMALIA
de Benoît Jacquot
Le film
imprévu
08 92 68 37 01
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?
Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
14h15
(dim
15h00)
14h15
(dim
15h00)
19h15
de Sophie Fillières
(dim
14h45)
19h45
21h45
2h00’
de Kiyoshi Kurosawa
17h15
21h30
LA FILLE DU R E R
1h38’
de André Téchiné
2h00’
L’HEURE DE VÉRITÉ
1h51’
de Ron Howard
1h48’
UNE FAMILLE
BRÉSILIENNE
LA JOURNÉE
DE LA JUPE
de Jean-Paul Lilienfeld
FROST NIXON
(dim
14h45)
14h15
UN CHAT, UN CHAT
TOKYO SONATA
1h40’
EDEN
À L’OUEST
17h15
21h30
17h00
de Costa Gavras
21h15
WELCOME
21h15
1h47’
de Walter Salles et Daniela Thomas
de Philippe Lioret
1h34’
lm
dufim
ois
NULLE PART
TERRE PROMISE
19h30
à suivre…
1h34’
17h30
17h45
DONNE-MOI
LA MAIN
17h45
1h50’
19h45
1h34’
17h15
(dim
15h00)
+
1h46’
à suivre…
1h33’
de M. Hegmer & F.Fjeldmark
de Pascal-Alex Vincent
Rencontre avec le réalisateur :
mardi 7 avril, après la séance de 19h45.
Film + Débat
19h00
14h15
21h45
14h15
6
Culture libre
et bien commun
mer-sam
GLOUPS !
JE SUIS UN POISSON
1h20’
14h15
de R. Stevenhagen et Sam Fell
à suivre…
1
2009
1h20’ VF
Festival
Désir… Désirs
16h00
1h55’ VO + VF
1h50’
21h30
14h15
KOMANEKO
semaine
du 1 au 7 avril
2009
Désir… Désirs
du 22 au 28 avril
Désir… Désirs
semaine
1h16’
HERBE
21h45
de Matthieu Levain
de Emmanuel Finkiel
2h04’
SYNECDOCHE
NEW YORK
de Charlie Kaufman
www.studiocine.com
Le film
imprévu
08 92 68 37 01
www.studiocine.com
?
Film pouvant intéresser le jeune public, les parents restant juges.
semaine
du 8 au 14 avril
2
du 15 au 21 avril
2009
1h55’ VO + VF
PONYO
SUR LA FALAISE
Festival
Désir… Désirs
1h15’
LES RÈGLES
DU VATICAN
CNP
jeudi
20h00
Cinéma
de Alessandro Avellis
Film + Débat
1h20’ VF
2h06’
de M. Engel, R. Ashley & R. Orkin
14h15
(dim-lun
15h00)
+
17h30
14h15
TOKYO SONATA
de Joseph Mankiewicz
de Kiyoshi Kurosawa
(dim-lun
15h00)
2h00’
FROST NIXON
CHÉRI
de Stephen Frears
L’HEURE DE VÉRITÉ
de Ron Howard
1h34’
17h15
21h30
VILLA AMALIA
de Benoît Jacquot
NULLE PART
TERRE PROMISE
21h30
19h30
de Fabienne Godet
1h40’
LA FILLE DU R E R
de André Téchiné
Cinéma
lundi
19h30
14h15
(dim
14h30)
17h15
19h30
21h45
14h15
1h25’
LA MORT D’UN
BUREAUCRATE
SYNECDOCHE
NEW YORK
21h45
de Charlie Kaufman
08 92 68 37 01
de R. Stevenhagen et Sam Fell
1h34’
www.studiocine.com
www.studiocine.com Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).
19h00
17h15
VO
19h15
17h15
14h15
(dim
15h00)
50’
LA NOUNOU 3
VILLA AMALIA
1h47’
1h30’
CHÉRI
de Stephen Frears
1h34’
16h15
de Garri Bardine
de Benoît Jacquot
LET’S
MAKE MONEY
de Erwin Wagenhofer
17h45
21h45
1h47’
UN ÉTÉ ITALIEN
de Michael Winterbottom
NE ME LIBÉREZ PAS
JE M’EN CHARGE
de Fabienne Godet
17h45
21h45
2h00’
1h31’
SOIS SAGE
de Juliette Garcias
FROST NIXON
L’HEURE DE VÉRITÉ
21h30
de Ron Howard
2h00’
?
(dim
14h45)
+
de M. Engel, R. Ashley & R. Orkin
de Bertrand Tavernier
19h45
Le film
imprévu
LE PETIT FUGITIF
LA LÉGENDE
DE DESPEREAUX
(dim
15h00)
VF
14h15
1h20’ VF
DANS LA BRUME
ÉLECTRIQUE
(dim
14h45)
14h15
de Hayao Miyazaki
3
1h33’ VF
1h57’
17h15
21h15
14h15
PONYO
SUR LA FALAISE
de Tomas Gutierrez Alea
(dim
14h30)
14h15
1h55’ VO + VF
Documentaire + Débat
19h45
2h04’
NE ME LIBÉREZ PAS
JE M’EN CHARGE
jeudi
20h00
(dim
15h00)
de Emmanuel Finkiel
1h47’
CNP
Rétention contre
Droit d’asile
19h30
21h30
1h34’
lm
dufim
ois
17h15
19h15
21h15
19h30
LE PETIT FUGITIF
LE REPTILE
1h30’
(dim-lun
14h45)
(dim-lun
14h30)
17h00
VO
19h15
21h30
19h30
17h15
19h15
21h15
14h15
(dim-lun
14h30)
+
mer-sam
2h00’
(dim-lun
14h45)
14h15
de Hayao Miyazaki
avec le réalisateur & les associations
lundi
19h30
14h15
6
Désir… Désirs
voir page
VF
14h15
semaine
2009
WALKYRIE
de Brian Singer
Le film
imprévu
08 92 68 37 01
www.studiocine.com
?
Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.
En bref
ici. . .
` CORPS EN FUSION
Avec Partir, non seulement Catherine Corsini va
nous permettre de retrouver Kristin Scott Thomas dans
un premier rôle, mais qui plus est dans celui d’une grande
amoureuse ! On sait, depuis Le Patient anglais, que la plus française des comédiennes britanniques*, fait partie de celles qui peuvent donner chair à l’expression « du feu sous la glace » ! Épouse désœuvrée d’un médecin interprété par Yvan Attal, elle va s’éprendre
éperdument de l’ouvrier chargé de l’installation de son futur cabinet de kinésithérapeute ! C’est Sergi Lopez qui donnera corps à l’objet de cette passion,
qui emportera tout sur son passage.
(*notons que d’autres qu’elles pourraient correspondre à cette définition !)
` LA PASSION SELON DUMONT
Le jamais consensuel Bruno Dumont persiste et signe : tournage dans le Nord et
comédiens non professionnels pour son prochain film comme pour presque tous les
précédents (La Vie de Jésus, Flandres…). Avec Hadewijch*, cet adepte du « cinéma sans
gras » si cher à Pialat, ne devrait pas cesser de nous bousculer : il mettra en scène une
jeune fille si possédée par sa foi qu’elle finira par être exclue de son couvent. De retour
à la vie civile, elle basculera dans la délinquance et le terrorisme religieux. Une Palme
d’or viendra-t-elle compléter la collection de cet auteur régulièrement primé du Festival de Cannes ?
* Hadewijch était une béguine flamande, poétesse mystique au XIIIe siècle.
` DEVOIR DE MÉMOIRE
Outre L’Armée du crime de Robert Guédiguian, sur le groupe Manouchian (cf. En Bref
de juillet 2008), un autre film, réalisé par Roselyne Bosch et interprété par Gad
Elmaleh, Jean Reno et Emmanuelle Seigner, reviendra sur la période de l’Occupation. La Rafle évoquera plus précisément l’internement au Vél’ d’Hiv’ de plus
de 12 000 Juifs, avant leur déportation en Allemagne, en juillet 1942.
et ailleurs. . .
` RENAÎTRE DE SES CENDRES
Terry Gilliam réussira-t-il là où Orson Welles a échoué : briser la malédiction pesant de bout en bout sur un projet au point d’en provoquer l’annulation ? Si le
Maître, auteur de Citizen Kane n’a jamais pu
mener à terme son adaptation de
l’œuvre de Cervantes, il
semble-
16
– Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009
rait
que L’Homme qui a tué
Don Quichotte puisse enfin voir le
jour ! Terry Gilliam a déjà obtenu l’accord
de Johnny Depp, mais pour l’instant pas d’information sur celui qui reprendra la lance et l’armure de
Jean Rochefort pour se battre contre les moulins à vent !
` CHEF D’ŒUVRE EN PÉRIL ?
Tentons de ne pas avoir d’a priori : il arrive, contre toute attente, que
des remakes de très grands films voire de chefs d’œuvre soient réussis et
même proposent une relecture personnelle et intéressante de l’histoire en
question, comme par exemple, le King-Kong de Peter Jackson. Qu’en sera-t-il
pour le mythique Sunset Boulevard de Billy Wilder hanté par les inoubliables Norma
Desmond-Gloria Swanson, Joe Gillis-William Holden et Max von Mayerling-Eric
Von Stroheim ? On sait juste qu’il devrait subir un curieux lifting : en effet l’action se
situera désormais à Londres (curieux choix puisque le sujet du film est intrinsèquement lié à Hollywood et aux quartiers résidentiels des stars de l’âge d’or de la Mecque
du cinéma), avec dans le rôle de la grande actrice du muet fossilisée dans son ancienne
gloire… Keira Knightley ! Aussi excellente soit-elle dans les rôles à costumes (Reviensmoi, The Duchess entre autres) et même avec moult artifices, on peut douter qu’elle possède le vécu et l’épaisseur nécessaires pour incarner ce fantôme ! Colin Farrell endossera la dépouille du fameux noyé, narrateur de cette histoire on ne peut plus mortifère !
` BEAU ET BON À LA FOIS
Eh oui, c’est comme ça, certains cumulent les atouts dans leur jeu : ils affichent un physique plus qu’avantageux et en plus sont bons comédiens. Pourtant, ces deux qualités
ne font pas forcément bon ménage : la première pouvant quasiment occulter la seconde.
Mais la nature ayant décidément été fort généreuse avec eux, la clairvoyance leur permet de choisir des rôles qui mettent en relief leur seconde qualité sans se laisser
enfermer dans des apparences si flatteuses soient-elles ! Chez les femmes, c’est le
cas de Nicole Kidman (bon, d’accord, jusqu’à Australia) ou Charlize Theron, tandis que, chez les hommes, Brad Pitt arrive désormais en tête de liste, capable
qu’il est de faire le grand écart entre le crétin magnifique de Burn After Reading des frères Coen et un Benjamin Button à la fois et/ou consécutivement
vieux, jeune, naïf, curieux, sage, déterminé, amoureux fou… en un mot
bouleversant. Augurons donc une forcément bonne surprise pour
sa collaboration avec James Gray (Two Lovers) excellent directeur d’acteurs s’il en est. Dans The Lost City of Z, Brad Pitt
interprétera un officier anglais qui, en compagnie de
son fils, dans les années 20, trouvera la mort en
partant sur les traces d’une civilisation
perdue en Amazonie. IG
Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009 –
17
Bande annonce
À propos de : LE BAL DES ACTRICES
VIOLENCES ÉCONOMIQUES
et RÉSISTANCES SOCIALES
Du conditionnement de Lisbonne
à l’effondrement social généré par le néo-libéralisme.
Un programme éblouissant établi à Lisbonne pour la première décennie du XXIe
siècle :
« L’économie la plus compétitive du
monde » amenant « une croissance
durable et une amélioration quantitative
de l’emploi » assortie « d’une plus grande
cohérence sociale ». (23-24 mars 2000,
Lisbonne). Révision de la stratégie prévue
à mi-parcours en 2005.
Nous sommes en 2009 : désastre économique et social incontestable ! En contrepoint, croissance exponentielle des plus
hautes fortunes…
La stratégie de Lisbonne cherchant à créer
des « entreprises novatrices » orientait la
Banque européenne d’investissement vers
le « capital-risque ». Résultat : les petites et
moyennes entreprises sont étranglées à la
fois par les donneurs d’ordres et par les
banques. Associé aux délocalisations, l’impact de la crise est supporté essentiellement par le monde du travail, par les précaires, par les chômeurs. Et, par voie de
conséquence, par le petit commerce.
À cette situation déplorable vient s’ajouter le contrôle de la Justice et le fichage
des individus.
Et pour les pays les moins avancés : la disparition de l’aide au développement qui les
anéantit.
Cette désagrégation sociale est
insoutenable.
Qui acceptera que les soins aux malades
ne soient plus que des marchandises ?
Que tout le système scolaire soit soumis à la loi du profit ?
Que la protection sociale soit progressivement supprimée ?
Que les parcs locatifs de la Caisse des
dépôts et consignations soient mis en difficulté ?
Que Réseau Ferré de France laisse à
l’abandon ses moyens de fonctionnement ?
Comment organiser la résistance ?
Massivement dans la rue ?
Par le bulletin de vote (prochaines
échéances les européennes) ?
Par l’action auprès des élus ?
À travers les associations, par le soutien aux organisations syndicales ?
Le MRC 37
(Mouvement Républicain et Citoyen)
Comme d’habitude, une séance du CNP se fera prochainement l’écho de ce débat.
18
– Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009
Faux airs
On sait bien que le cinéma est un art du
mensonge. « La pluie est artificielle au cinéma
parce que la vraie pluie ne se voit pas. C’est
très précisément ce qui m’intéresse au
cinéma : quelque chose qui parle de la réalité,
qui est vrai, mais qui doit devenir une représentation de la réalité pour être perceptible. »1
Mais ce mensonge spectaculaire se
construit avec du réel. Quand on voit un
acteur au cinéma, on sait bien que ce n’est
pas lui qui parle, qu’il joue un rôle et pourtant, c’est avec sa propre voix qu’il parle,
c’est son vrai corps que l’on voit, s’il
pleure, c’est avec de vraies larmes même
si elles sont provoquées mécaniquement,
les émotions sont réellement incarnées, il
y a cette magie particulière entre le personnage et l’acteur réel (on dit qu’il se
glisse dans la peau de son personnage).
« Si les fictions avec personnages sont omniprésentes dans notre espèce, c’est que nous
sommes nous-mêmes les personnages de
notre vie… Personnage et personne viennent tous deux de persona mot bien ancien
(les Romains l’ayant emprunté aux Étrusques)
signifiant : masque. Un être humain, c’est
quelqu’un qui porte un masque. Chaque personne est un personnage. La spécificité de
notre espèce, c’est qu’elle passe sa vie à
jouer. »2 Déjà expérimenté dans Grosse
Fatigue de Michel Blanc ou Dans la peau de
John Malkovich de Spike Jonze, le procédé
est systématisé dans Le Bal des actrices et
le trouble identitaire fonctionne à plein
régime : chaque actrice porte un masque,
mais c’est le sien : non seulement l’appa-
rence physique mais aussi le nom et tous
les signes extérieurs connus du grand
public. Le spectateur sait bien que « c’est
du cinéma » et pourtant le trouble persiste.
Avec, comme corollaire, un certain voyeurisme (jamais tout à fait absent du plaisir
cinéphilique), celui que sait exploiter dans
un autre contexte la presse people : Maïwenn et Joey Starr forment-ils un vrai
couple à la ville ? Comment le chanteur
est-il quand il ne fait pas la une des faits
divers ? Karine Viard rêve-t-elle d’Amérique ? Romane Bohringer a-t-elle des problèmes de carrière ? Et Marina Foïs de
peau… Questions sans intérêt, tout à fait
superficielles, comme cette comédie
déjantée qui ose les ruptures de tons, les
saynètes ridicules, les chansons légères et
leur chorégraphie décalée. Bien sûr, on n’y
apprend rien de nouveau sur le mal être
de ces femmes qui vivent du désir des
autres (des réalisateurs et des spectateurs). Mais il y a une vraie énergie qui traverse le film, un vrai culot et, au-delà de
l’humour et de la provocation, s’insinue un
sentiment de tristesse persistant qui n’a
plus rien de faux. Alors, comme dans Histoire de faussaire, concluons avec Georges
Brassens :
Ce serait sans doute mentir
Par omission de ne pas dire
Que je leur dois quand même une heure
Authentique de vrai bonheur.
DP
1
2
Conversations avec Pedro Almodovar (Cahiers du cinéma)
L’Espèce fabulatrice de Nancy Huston (Actes sud)
Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009 –
19
Courts lettrages : LE BAL DES ACTRICES
C’est un film plaisant, attachant, et
pourtant on y ressent un certain
malaise en le voyant.
La réalisation y saborde les frontières du
documentaire et de la fiction (rien n’y est
faux puisque tout est faux !) et pourtant
on y reste sur sa faim, on ne se sent pas
bousculé. Conventionnel, vous avez dit
conventionnel : oui, tout bas. Parce que ce
n’est pas sûr.
Et les actrices, alors ? Ben, justement : les
actrices ? Vraies ou fausses ? C’est qui, une
actrice ? CdP
Au bal, on y chante aussi, ce qui n’est
pas sans rappeler les impromptus des
8 Femmes de François Ozon. Et le procédé
fonctionne à merveille sur le registre du
fantasque. L’amour de soi-e et des belles
choses, l’amour de l’amour de soi, jeux de
miroir révélant les désirs comme les fragilités en chacune. Touches tendres sur une
mélodie fraîche embaumant de respect ses
nombreuses héroïnes… même si c’est
bien de Maïwenn, au bout compte, qu’il
s’agit ici, avant tout. RS
On comprend bien le projet de Maïwenn, on aime volontiers ce mélange de
20
– Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009
fiction et de réel. La seule difficulté est que, ne connaissant pas certaines des
actrices ici mises en valeur,
et ne connaissant rien de
la vie de toutes… j’ai eu
l’impression de passer
complètement à côté
du film, un peu
comme s’il s’était agi
d’une énorme private
joke. ER
On savait déjà
que les actrices
étaient des personnes
fragiles,
obnubilées par leur
image, capricieuses,
marginales… Rien
de bien neuf ! Maïwenn porte sur elles
un regard attentif et
attendri. Avec talent,
elle les entraîne loin
de la banalité, des
redites pour accéder à
un monde léger et féérique. MS
L’affiche de ce film est
étonnante : les neuf
actrices principales sont
vues en contre-plongée,
allongées nues sur un
fond noir d’où elles
regardent le spectateur. Elles forment
un puzzle de corps
qui s’entremêlent
sans aucune salacité
et elle évoque bien
l’aspect composite
du Bal des Actrices,
vrai-faux reportage
sur
de
vraies
actrices semblant
interpréter
leur
propre rôle mais
jouant finalement
faussement à se
mettre à nu pour
mieux exprimer vraiment les joies, les
doutes, les angoisses
du métier d’actrice, la
peur de l’oubli et du
vieillissement, le tout
entrecoupé de chorégraphies, de chansons inter-
prétées par chacune d’entre elles, de rires
et de petits drames. En tout cas, un hommage farfelu beaucoup plus réussi que
celui, balourd, d’un Lambert Wilson bredouillant lors de la cérémonie des Césars,
à propos de la fragilité émouvante des
actrices… DP
Après François Ozon (Huit femmes),
Christophe Honoré (Les Chansons d’amour,
La Belle personne), Xavier Giannoli (Quand
j’étais chanteur), Ilan Duran Cohen (Le Plaisir de chanter) en passant par Etienne Chatilliez (Agathe Cléry), Maïwenn apporte une
nouvelle touche au retour de la chanson
dans la fiction française. Pourvu que ça
dure. JF
Le couple a priori improbable Maïwenn/Joey Starr se transforme en surprise
délectable, l’artiste musclé se révélant
d’une justesse presqu’élégante. RS
Il faut de l’audace, quand on est réalisatrice, pour oser mélanger les genres,
brouiller les pistes, comme le fait Maïwenn
dans Le Bal des actrices. Il faut de l’audace,
quand on est actrice, pour jouer son
propre rôle avec autant de second degré
(cf. Karin Viard ou Marina Foïs). C’est
sûrement son audace qui rend ce film aussi
réjouissant. LB
Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009 –
21
Pages & images
Pages & images
L’AUTRE
En 2002, Annie
Ernaux
nous
raconte en un bref
récit à la première
personne, présenté
comme une aventure vécue, une crise
de jalousie paroxystique :
une femme de 47 ans rompt
après une liaison de six années avec un
jeune amant. De cette rupture, elle ne
souffre nullement, au contraire : « On continuait de se téléphoner, on se revoyait de
temps en temps », jusqu’au jour où il lui
apprend qu’il vit de nouveau avec une
femme du même âge qu’elle. Une jalousie
violente alors se déclenche, l’envahit,
« l’occupe ». D’où le titre du récit: L’Occupation.
S’appuyant sur ce récit de A. Ernaux, dont
ils gardent la structure, P.-M. Bernard et P.
Trividic ont réalisé un film éblouissant de
maîtrise, grâce au jeu de Dominique Blanc
qui incarne, sous le nom de A.-M. Meyer,
ce personnage que la jalousie envahit. Mais,
du livre au film, un degré est franchi.
De la jalousie qui « occupe » l’esprit,
déforme le réel, envahit l’imagination, telle
que la décrit A. Ernaux, nous passons dans
le film, si justement appelé L’Autre, à une
sorte de psychose destructrice. Car, la
révélation de l’âge similaire de l’Autre
conduit le personnage à se dévaloriser
totalement : elle n’était pas aimée pour
elle-même, son amant sans doute aime les
femmes mûres, elle n’était qu’un avatar de
cette prédilection
22
– Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009
Dominique Blanc exprime
avec profondeur et émotion
cette perte progressive de l’estime de soi, qui va bien au-delà
d’une crise de jalousie, si forte
soit-elle. Les scènes face au miroir,
où elle se déteste, va jusqu’à se frapper, miroir qu’elle masque de façon pathétique avec de vieux journaux, véhiculent
un grand pouvoir d’émotion. Pire, elle
s’identifie à toutes les situations douloureuses de solitude. Mais elle trouve néanmoins un ami qui répond à sa détresse, le
beau personnage de Lars, qui essaye de l’aider, de l’accompagner, mais qui lui-même
porte la souffrance d’une maladie impitoyable.
Dominique Blanc, tantôt tendre, tantôt
cruelle, exprime une grande violence qui
fait presque peur : jusqu’où ira-t-elle
contre elle-même ? Complexe, vivante,
insaisissable parfois, elle évolue dans le
cadre de la Ville. Et cette ville (Paris et sa
banlieue) nous est donnée par des images
saisissantes (l’autoroute que la caméra
balaie) ou banales (le métro, la rue, les
centres commerciaux, la foule anonyme
qu’elle fend à grands pas, le regard tourné
à l’intérieur d’elle-même, sur sa solitude et
son obsession). On est, par moments, au
bord du fantastique, alors que les lieux
sont bien réels, et bien réelle aussi la dérive
qui mène aux limites de la perte de
soi.
JC
Un barrage contre le Pacifique
Marguerite Duras aurait-elle aimé le film
réalisé par Rithy Panh à partir de son
roman Un barrage contre le Pacifique ?
Nous savons combien elle avait été déçue,
mécontente, chaque fois qu’un réalisateur,
si prestigieux soit-il, s’était risqué à cette
entreprise périlleuse de porter à l’écran un
de ses romans. Quand René Clément en
1953 adapte Un barrage contre le Pacifique,
elle dit ouvertement sa réticence : « C’est
bien raconté, tout y est, mais l’écriture avait
disparu et rien ne pouvait la remplacer ».
Un barrage contre le Pacifique, écrit en 1950,
est nourri de souvenirs autobiographiques,
de ce drame réellement vécu dans l’enfance, de la concession inondable, naïvement achetée par sa mère, devenue veuve,
et impropre à toute culture. Rithy Panh a
filmé les lieux mêmes de cette concession,
les tentatives désespérées de barrages
contre les grandes marées du Pacifique,
avec l’aide des autochtones que l’énergie
folle de la mère dynamise…
Cette mère que les deux adolescents,
Suzanne et Joseph, aiment, protègent et
redoutent, cette mère malheureuse, violente, déprimée, gagnée par une sorte de
folie et d’épuisement, M. Duras l’aurait-elle
reconnue dans le jeu si contrasté d’Isabelle
Huppert, qui a surtout voulu traduire,
semble-t-il, l’aspect destructeur et autodestructeur du personnage ? Le film,
comme le livre, met l’accent sur la complexité de cette mère, aimante, révoltée
par sa misère et la corruption des fonctionnaires, mais, capable, elle aussi, de se
transformer en marieuse sans scrupules.
L’apparition dans leur entourage de Monsieur Jo, fils d’un riche planteur chinois
dans le film, qui s’intéresse de près à la
belle adolescente Suzanne, cristallise cette
avidité : on méprise Monsieur Jo, on l’exploite, on ne lui accorde surtout rien, mais
il peut rapporter gros. Rithy Panh n’invente
pas : il suit ici le roman de M. Duras.
Plus que le livre, le film met en valeur la vie
misérable des paysans autochtones, l’injustice et la brutalité des fonctionnaires et
de la police. Plus malheureux que les Blancs
pauvres, les paysans, dont les enfants meurent par milliers, sont les victimes du système colonial et de la corruption.
Si le film gomme la partie centrale du
roman, le séjour en ville, il traduit bien l’enlisement dans la plaine, la monotonie d’une
situation désespérée, et l’envie folle de
partir à n’importe quel prix : la famille ne
résistera pas à l’éclatement.
Qu’on aime, ou qu’on aime moins le film
de Rithy Panh, on a le sentiment qu’il ne
trahit pas le roman dont il s’inspire, ce premier grand roman, auquel elle a toujours
donné sa préférence. Mais, si les images
sont belles, si Isabelle Huppert est étonnante de maîtrise, on est tenté de
reprendre
l’expression
de
M.
Duras : « L’écriture a disparu et rien ne peut
la remplacer ».
JC
(Dominique Blanc a reçu pour ce rôle le Prix d’interprétation féminine à la Mostra de Venise 2008)
Les CARNETS du STUDIO
n°267
–
avril 2009 –
23
Face à face : ÉLÈVE LIBRE de Joachim Lafosse
Du mauvais usage de la culture
sont affranchis des servitudes où s’englue
l’homme post-moderne.
Que Jonas ait des difficultés en français, en
allemand, en maths ou en amour, ils ont la
réponse et, comme il est vrai qu’ils sont
assez drôles, qu’ils maîtrisent bien mieux
le jeu et les codes sociaux que Jonas,
comme ils sont très disponibles et très
ouverts, on ne peut guère qu’adhérer à
leur jeu, on ne peut qu’être séduit.
Le
titre
même du
redoutable film
de Joachim Lafosse
est porteur d’une ambiguïté que l’on ne comprendra que
plus tard : en Belgique, un élève libre est
un candidat libre. Candidat libre, Jonas l’est
indiscutablement puisqu’il s’apprête à passer un difficile examen sans être inscrit
dans un quelconque lycée (pourrait-on
hasarder qu’il est sorti du ventre de la
baleine scolaire ?) Et libre, il semble bien
l’être puisqu’il ne voit pratiquement plus
jamais ses parents (divorcés) ou son frère.
Heureusement, pour l’aider dans sa tâche
24
– Les CARNETS du STUDIO
n°267
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C’est ici qu’intervient l’ambiguïté évoquée
plus haut car, plus qu’un candidat (libre ou
non), Jonas est un élève, celui que ses mentors ont pour mission d’élever, d’amener
à un plus haut niveau de connaissance. Mais
cela en fait-il un élève libre pour autant ?
scolaire, il est
tombé sur un groupe d’amis de sa mère :
cultivés, financièrement à l’aise, Pierre,
Nathalie et Didier sont capables, à eux
trois, d’accompagner Jonas dans un peu
toutes les matières et forment un admirable trio aux compétences multiples et à
l’humour parfois ravageur. Elégants, insouciants, libérés des contingences qui alourdissent le commun des mortels : bien
qu’encore jeunes, ils ont déjà vécu et se
Un premier coup de massue arrive lors
d’un dîner auquel le trio libéral-libertaire
a aussi convié Delphine, la petite amie de
Jonas, qui connaît avec elle quelques difficultés sentimentalo-sexuelles. Le trio se
montre si provoquant que Delphine prend
la fuite. Sans peut-être savoir le formuler,
elle a compris que Nathalie, Pierre et
Didier ne se contentaient pas d’oublier les
convenances, mais entraînaient son amoureux sur un terrain très mouvant, où il
n’était pas du tout armé pour survivre.
Jonas vient de prendre une première
leçon, chèrement payée : tant va la cruche
au dîner qu’à la fin elle se casse, mais, un peu
cruche lui-même, il reste.
Le véritable apprentissage de Jonas peut
alors commencer : libéré de son école,
libéré de sa mère et de son frères (absents),
libéré de son amie, il n’a plus de sortie : il
est devenu tellement libre qu’il est prisonnier à son insu de ses amis qui ne lui
veulent que du bien. Il est prisonnier d’amis
qui vont se jouer de son ignorance
sexuelle, qui vont brouiller les cartes et lui
faire perdre ses repères : « si je ne peux pas
dire si la bouche qui me caresse est celle d’un
homme ou celle d’une femme, où est mon
identité sexuelle ? »
Ici, le malaise s’empare de vous, spectateur, s’insinue et, petit à petit, gagne de vos
tripes à votre cerveau : comment accepter que ces gens cultivés, intelligents et
drôles soient à ce point insensibles, à ce
point inconscients des dégâts qu’ils sont en
train de commettre ? Et la grande force du
film réside justement ici, tient précisément
à ce que jamais Joachim Lafosse ne semble
condamner les agissements du trio. Libre
à vous de tirer les conclusions qui vous
semblent s’imposer. Il n’y a ni circonstances atténuantes ni circonstances aggravantes parce qu’il n’y a pas d’acte d’accusation. Ce qui rend notre responsabilité de
témoin immobile encore plus grande…
ER
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Face à face : ÉLÈVE LIBRE de Joachim Lafosse
Vive le sport et s’porte la vie !
À chaque frappe, toute sa force, tout son
souffle. Dès la frappe, toute sa conscience
ramassée. Il se replace, il voit le jeu de
l’autre, il remet ça, il tient bon, il se prépare à nouveau à tout mettre dans la balle,
il entre entièrement dans le cadre, il grandit, il couvre le terrain, (oui ! allez, mon
p’tit gars !) il remet la balle dans le court,
il s’engage dedans, un instant qui lui appartient, il s’engage seul, il fait l’homme Camus
et son bonhomme de chemin.
Le terrain tracé, le terrain sans surprise,
Jonas l’a intégré, depuis le temps qu’il s’entraîne. Le terrain est effectivement tout
tracé, mais pas la voie, bien au contraire.
En réalité, la vie de Jonas n’est déjà que
ruptures : divorce des parents, absence du
père, absence de la mère, échec scolaire,
fratrie trop responsable pour ne pas être
différée, fratrie sans jeu, et encore on ne
sait pas tout. Jonas a-t-il jamais joué, sinon
au tennis ?
Comme la balle qu’il frappe à fond, Jonas
est tantôt tout à fait in, dans le court, tantôt tout à fait out, hors limite. C’est in ou
c’est out à chaque coup, c’est l’un ou
l’autre, jamais à la fois in et out.
Mais un jour, tendance très largement
dehors, même pas matière à discuter, perdue la balle, éliminé le Jonas, il rencontre
trois bouées de sauvetage, trois baleines
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comme dans un rêve, apparemment
rondes et bienveillantes, un peu bonnes
pommes même, énormes, gourmandes,
joueuses, beaucoup trop joueuses, au fond
(quand l’obscénité trouvera-t-elle une
limite ?) Emprisonné dans le ventre du
monstre marin, aveuglé, dévoré, trompé,
Jonas s’est mis à espérer revenir dans le
terrain (Camus, le revoilà : « L’espoir est
l’énergie des lâches. »). Il s’est vu monter au
filet, placer, smasher, marquer, jouer divinement bien. Il n’a fait que se rêver car,
dans les faits (comment prouver, cependant, comment croire), l’adversaire tripartite le baladait, lui faisait prendre des
risques inutiles, le poussait à la faute, le
scotchait de plus en plus au fond du court,
le prenait à contre-pied, le dépassait, le
trépassait, le noyait. Pendant ce temps,
Jonas ouvrait dangereusement son terrain,
prenait la tangente. On le voyait faire. On
ne pouvait rien faire. On hurlait. Il n’entendait rien. On était spectateur. Dans la
baleine, était-il, ni in, ni out, ni vivant, ni
mort. Jonas, zombie du tennis.
Un junior contre trois malins seniors, la
partie était devenue totalement inéquitable. Jonas ne reconnaissait plus le terrain
qu’il avait, jour après jour, intégré, incorporé, fait sien. C’était comme si le court
se déformait, sans plus aucun filet pour
donner du sens à l’échange ni aucun gardefou pour éviter la confusion des adversaires (au tennis, tant que la balle est en
jeu, on n’a pas le droit de toucher le filet).
Jonas, déséquilibré, dérepéré, désentimentalisé, était bien mal engagé, sur ce terrain de mots et d’idées sans cœur.
À ce moment du match, je vois l’installation de Laurent Perbos, sur le parvis de
l’Université d’Aix-en-Provence. Je me dis
que ce terrain tout de biais est cassegueule. Je crois que Jonas vient de le comprendre, lui aussi. Enfin, il a vu l’adversaire
et, par la même occasion, la chimère (un
peu trop tard, beaucoup trop tard, mieux
vaut tard que jamais, qui sait quand commence et s’arrête l’obscène). Tournant du
match : Jonas regarde par terre, ne sert
plus, jette l’éponge. Ce côté du terrain est
injouable ou, pour le moins, trop dangereusement jouable. Doute. Il perd le point.
Fin du set. On change de côté. Ça rejoue.
Jonas réagit. On ne s’y attendait plus. Fin
du match, croyait-on. C’est ça le miracle
du tennis, jubile le commentateur. « Marvellous », ajoute Nelson. On le dit à chaque
fois : rien n’est jamais joué d’avance. Jonas
est revenu. Il a marqué. Jeu, set et match.
Il a les traits un peu marqués, ne s’étonnet-on même pas. Il a beaucoup transpiré.
L’incertitude à chaque coup, à chaque fois,
à chaque match et pour toute la vie est
devenue une joie, une « pure extase
ludique »1.
BM
1
Denis Grozdanovitch, De l’art de prendre la balle au
bond : précis de mécanique gestuelle et spirituelle, Paris ;
Lattès, 2007.
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À propos de THE TRUMAN SHOW
Garde à vue
C’est certainement l’un des meilleurs films
tournés ces vingt dernières années : The
Truman show de Peter Weir, sorti en 1998.
Witness (1985) et Le Cercle des poètes disparus (1990) tenaient la route mais, avec
ce film, le cinéaste australien change de
braquet (Master and Commander en 2003
est aussi un sacré bon film de genre). Un
enfant né sous X est acheté par une maison de production de télévision. Depuis
sa naissance, Truman Burbank (J. Carrey)
– confiné dans une gigantesque ville-studio de cinéma truffée de plusieurs milliers
de caméras indiscrètes – est la vedette à
son insu d’un show télévisé planétaire. Un
révoltant enclos de (vidéo) surveillance.
Ses faits et gestes sont filmés par un créateur/réalisateur mégalomane sans scrupule, Christof (Ed Harris). Son épouse, ses
voisins, sa mère et son père, ses collègues,
ses amis, et même le chien d’à côté sont
des acteurs professionnels d’Hollywood.
Sa vie entière est un spectacle.
Truman dort (on pense à Andy Warhol,
Sleep, 1963) : son visage apaisé apparaît sur
un écran géant verdâtre des studios de la
maison de production. Christof passe sa
main délicatement sur le front de sa création : le deus ex machina/Pygmalion et sa
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créature. Tendresse sincère presque
paternelle ou jouissance sereine de l’omnipotence ? Allez savoir. Une scène
superbe. À couper le souffle. Et c’est le cas.
La toute fin du film mériterait à son tour
une analyse plus approfondie. Vogue le
bateau de Truman avec la liberté comme
horizon : beauté plastique de chaque plan
sans tape à l’œil, scénario ébouriffant et
audacieux, mise en scène d’une classique
sobriété, une direction d’acteurs inouïe
(Jim Carrey au sommet, Ed Harris itou,
Laura Linney impeccable, piquante, agaçante et fragile, tout à la fois), un équilibre
rarement atteint au cinéma récemment.
Plusieurs niveaux de lecture sont comme
toujours envisageables. On peut y voir une
charge contre les excès de la téléréalité,
son manque d’éthique, une dénonciation
de notre propre veulerie de spectateur
passif et voyeur, un coup de sang artistique
provoqué par l’installation proliférante de
caméras de surveillance dans nos rues et
autres espaces publics, une ode à la liberté
(la bâtir à partir d’une servitude initiale), le
rejet du conformisme petit-bourgeois
confortable contemporain. Sans doute
aucun. Peter Weir cependant n’assène pas
son propos, le venin est distillé en creux,
et la poésie – oui, la poésie – l’emporte
toujours sur l’incantation politique accusatrice. D’où l’émotion qui saisit une fois
le spectacle terminé, ce vide fécond, plutôt que la révolte ou le dégoût. Vient le
lendemain le temps de la réflexion tous azimuts. Le film reste avant tout une œuvre
d’art, pas un tract syndical (nécessaire, bien
sûr). Et pas n’importe laquelle. Touchée
par la grâce.
Un mot encore. The Truman Show annonce
peut être un mode
mondialisé d’organisation post-capitaliste, porteur de sa
propre monstruosité, une forme de
totalitarisme soft
potentiel ;
une
société pour toujours pacifiée : plus
de révolte, plus de
contestation, plus de
vie en somme. Une
société hypersocialisée, assise sur un
renforcement du
conformisme social
et moral. Une
société
d’autocontrôle (l’encouragement sournois à la
délation de temps à
autre). Le pied de
nez final de Truman
Burbank est un acte
de résistance : un
appel à l’existence, si
exister c’est « sortir
de, se manifester, se
montrer » (latin classique). Il choisit un
monde à jamais irrésolu et, pour cela, passionnément libre. Un individu autonome
dans une société autonome. Ce refus théâtral (Carrey, génial) de la réduction de la
sphère privée au nom du confort est un
des plus beaux jamais filmés. Il aurait pu
crier : « Je ne fais plus un numéro, je suis un
homme libre. » (Le Prisonnier, Patrick
McGoohan a été enfin récemment
libéré…) Du grand art.
OF
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Rencontre avec PHILIPPE LIORET
Interrogé sur la continuité à chercher
entre ses différents films (il y a loin de
Tenue correcte exigée à Welcome, en
passant par Je vais bien, ne t’en fais
pas…) Philippe Lioret s’explique sans
trop de détours :
J’aime le cinéma, j’aime faire des
films. Avant d’être réalisateur, j’ai été
ingénieur du son sur une quarantaine
de longs métrages, alors l’ambiance des
plateaux, tout ça je connais bien. En
particulier, j’aime bien le cinéma des
années 70, un cinéma qui avait des
choses à dire, impliqué dans la vie
sociale. Or, il faut bien constater,
aujourd’hui, que le cinéma, qui coûte
très cher, est financé par des chaînes de
télévision qui, pour rentabiliser leurs
investissements, veulent produire des
films qui passeront en première partie
de soirée. Quand je suis allé leur proposer le scénario de Je vais bien… évidemment, l’histoire d’une adolescente
anorexique qui cherche son frère
fugueur… Ça n’a pas été facile. Mais le
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film a très bien marché et, pour celuilà, ça été plus facile. D’autant que Vincent Lindon souhaitait vraiment travailler avec moi. Kad Mérad (le père
dans Je vais bien…) voulait aussi le
rôle, mais je lui ai expliqué qu’en maître
nageur…
Pour en revenir à ce que j’avais en tête
et au cinéma des années 70, j’ai voulu
faire quelque chose qui soit entre le
film d’auteur et le film populaire. Mais
il ne faut pas non plus s’enfermer :
Welcome a par exemple obtenu le
Label des spectateurs de UGC en
même temps qu’il a reçu le soutien de
l’AFCAE (Association française des cinémas
d’art et d’essai). Par ailleurs, il est important qu’un film comme celui-ci marche
bien en salles pour montrer aux
chaînes qui l’ont financé (les chaînes
publiques, qui ont des problèmes de
rentrées financières…) que ce genre de
film peut fonctionner… faute de quoi,
le financement se fermera et il ne sera
plus possible d’en faire…
On imagine volontiers que la genèse du
film a demandé beaucoup de travail en
amont…
Avec l’un de mes scénaristes, nous
sommes allés voir dans le Nord comment ça se passait. On savait que Sangatte avait fermé, qu’il y avait toujours
autant de migrants qui arrivent mais il
fallait voir comment ça se passait pour
de vrai… Calais, c’est un peu la dernière frontière pour ces gens-là, l’ultime barrière avant la Grande-Bretagne. Ce point d’attente, porteur
de tant d’espoir est fort d’une
dramaturgie puissante. Comme le dit le personnage de
Marion dans le film, c’est
un endroit où il faut
« être en colère ».
Sur place, devant la
misère, j’ai hésité, je
me suis dit que c’était
trop noir et qu’il n’allait pas être facile de
trouver un point de vue
qui ne soit pas celui d’un
voyeur ou d’un profiteur… Et puis, un des
bénévoles qui travaillent
là-bas nous a raconté l’histoire d’un adolescent qui a
tenté de traverser à la nage et
dont il était sans nouvelles (il
faut savoir que la majorité des
hommes qui sont là-bas ont
entre 15 et 25 ans). Avec le scénariste, on s’est dit que c’était
cela qu’il fallait raconter,
cette
histoire
individuelle
d’une obstina-
tion à tout prix. Restait à trouver comment la raconter. Et c’est comme ça
qu’est venue l’idée du maître-nageur
qui l’entraîne.
Interrogé sur le côté parfois presque
documentaire du film, Philippe Lioret
est très précis :
Nous y sommes retournés souvent
pour vérifier que l’on ne dérapait pas…
Tout dans le film est vrai : le marquage
PHILIPPE LIORET aux Studio © Nicole Joulin
C’est une salle profondément émue qui applaudit Philippe Lioret
après la projection en avant-première de Welcome, son dernier film. Émue parce que l’histoire qui vient de s’achever – celle
d’un adolescent kurde, clandestin, qui s’efforce de traverser la
Manche à la nage parce que c’est le seul moyen d’aller retrouver celle qu’il aime – ne peut pas laisser indifférent. Mais
émue également parce qu’à aucun moment le film ne cède
à la facilité, à un pathos factice ou dégoulinant de larmes et
que, du coup, l’émotion en est plus profonde, plus vraie.
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Vos critiques
au feutre indélébile de ceux qui se font
arrêter, les sondes pour repérer le gaz
carbonique et les clandestins qui se
mettent des sacs en plastique sur la tête
pour ne pas rejeter de gaz carbonique… Pour des raisons légales, nous
ne pouvions pas faire tourner les
migrants (illégaux) de la région, il nous
a fallu en faire venir d’autres, qui ont
fini par obtenir leurs papiers. Tout est
donc reconstitué, mais rien n’est faux.
Mais nous n’avions pas le droit de
déformer l’histoire de ces gens. C’est
pour cela qu’il n’y a pas de happy end.
Le film est remarquablement porté par
une star du cinéma français, Vincent
Lindon (encore meilleur qu’à l’habitude) ainsi que par un total inconnu, le
jeune homme qui joue le rôle de Bilal :
comment l’avez-vous trouvé ?
Nous avons fait des castings un peu
partout, en Turquie, à Berlin, à Albi, où
il y a une forte communauté kurde, j’ai
rencontré pas mal d’acteurs possibles
mais qui manquaient un peu de charisme. Et en définitive, nous l’avons
trouvé à Paris… En fait, c’est l’actrice
qui joue le rôle de Mina que nous avons
trouvée en premier, une vraie nature…
Et puis un jour, nous lui avons demandé
si elle ne connaissait pas quelqu’un qui
pourrait jouer le rôle de Bilal… et elle
nous a dit qu’il y avait bien son frère…
il pouvait correspondre au rôle, mais
elle n’était pas du tout sûre qu’il soit
intéressé… Il faut dire ici, que tous les
acteurs du film sont excellents, mais
qu’il fallait les faire travailler de
manière très différente. Par exemple,
Derya Ayverdi, qui joue Mina, était très
intuitive, très spontanée tandis
que l’acteur qui joue le voisin déplaisant, est un acteur de théâtre, très professionnel, à qui l’on peut faire faire
quinze prises en lui demandant de
changer un tout petit quelque chose sur
un mot, une expression, et à la prise
suivante, il fait exactement ce qu’on lui
avait demandé ! Il faut citer aussi
O. Rabourdin, qui joue le rôle du policier : il a un rôle très difficile, celui du
flic qui ne fait que son boulot, mais on
finit par penser qu’il ne s’y sent peutêtre pas si à l’aise.
Questionné sur une parenté avec un
certain cinéma britannique, Philippe
Lioret est très clair :
C’est vrai que j’aime beaucoup
Loach, par exemple ; en fait, en
revoyant le film, j’en étais arrivé à me
dire que Welcome pourrait servir de
relais entre la France et la Grande-Bretagne : de l’autre côté de la Manche,
Loach pourrait reprendre l’histoire là
où elle s’arrête. On pourrait reprendre
à partir du mariage forcé de Mina !
Er
LES NOCES REBELLES
de Sam Mendes
LE BAL DES ACTRICES
de Maïwenn
L’AMBITION, selon le dictionnaire,
c’est le Désir, la Recherche d’honneurs,
de gloire, d’élévation, de distinction. Ce
qui n’est vraiment pas le cas dans ce film,
et tout particulièrement pour elle. CL
Jubilatoire-trash-auto-dérisoire-drôleclownesque-de la distance sur tout-sincérité mensongère ! Et puis cette fin si intelligente ! Bref un bonheur ce film. Et du
talent à revendre. Isisse
On ne peut que jubiler de voir de quelle
intrigue cette «maison toute pimpante»
est la scène. C’est magnifique et glaçant.
Thierry
D’accord avec Isisse, que du bonheur
ce film ! Maïwenn est une des rares
cinéastes françaises actuellement à avoir
recours à la provocation dans le discours,
la mise en scène… Mise en abyme de la
comédie, du jeu, dans le réel. Gilda
Les deux héros mythiques de Titanic
reviennent. April (Kate Winslet) et Franck
(Leonardo DiCaprio) sont ici déjà en
couple, au cœur des Trente Glorieuses.
Happés par l’American way of life qu’ils
auraient préféré fuir. Enfin surtout April,
qui, lors de la rencontre, voit en Franck
un être exceptionnel avec des ailes… un
ange doué en somme. Elle veut, après
deux enfants, et en plein conformisme,
s’envoler pour Paris, définitivement. Lui
aussi, avant que son carnassier patron
décèle du génie chez Franck et lui propose
un poste avantageux financièrement.
Plusieurs scènes de disputes mémorables
jalonnent leur parcours. On y prend un
réel plaisir. Les personnages aussi. Ces
scènes de ménage sont devenues un
besoin vital chez eux. […]
Alors comment résumer les bienfaits de
ce film si ce n’est en vous expliquant que
de terribles grêlons ont quasiment transpercé mon parapluie tout neuf en me rendant au cinéma… et que le soleil n’avait
jamais paru aussi brillant à la sortie. Marcellus
SLUMDOG MILLIONAIRE
de Dany Boyle
Pourquoi aller voir Slumdog Millionnaire ?
Réponse A : pour son histoire émouvante
et sa vision si juste de l’Inde d’aujourd’hui.
Réponse B : pour ses acteurs formidables.
Réponse C : pour sa bande-son décoiffante.
Réponse D : les trois à la fois.
La bonne réponse est : C. C’est mon dernier mot. AV
ESPION(S)
de Nicolas Saada
La maîtrise de ce premier film est étonnante : on y retrouve à peu près tous les
ingrédients des films d’espionnage classiques mais avec un décalage très intéressant : en refusant d’en faire trop, N. Saada
parvient à vraiment nous toucher ; les
creux qu’il laisse dans son discours aspirent bien plus de notre émotion que tous
les excès des James Bondieuseries. Jean S.
Rubrique réalisée par RS
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Danemark/Irlande/Allemagne – 2001 – 1h20,
film d’animation de Michael Hegner et Stephen Fjeldmark…
VF - À PARTIR DE 4 ANS.
Il ne faut jamais boire de potion
magique : Fly et Chuck n’ont que 48
heures pour empêcher Stella de rester étoile de mer ! Un peu de potion
du professeur Crevette et plouf, les
voici nageant à la recherche de la
petite étourdie !
Japon – 2008 – 1h55, film d’animation de Hayao Miyazaki,
musique de Joe Hisaishi.
VO : TOUT PUBLIC À PARTIR DE 10 ANS.
VF : TOUT PUBLIC À PARTIR DE 6 ANS.
Attendu depuis des mois, le dixième
long métrage du grand réalisateur
japonais arrive enfin en France. La
nature assiégée par la technologie et
les abus de l’homme, thème de prédilection de Miyazaki, est une fois de
plus, le cadre de cette superbe histoire.
On suit ainsi Ponyo, petite princesse
des poissons rouges qui voudrait
Russie – 2003 – 50 mn, court métrage d’animation
de Garri Bardine.
SANS PAROLES - À PARTIR DE 3 ANS
Mercredi 1er avril, son fameux POISSON D’AVRIL oblige, après la séance de 14h15, un
atelier permettra aux jeunes spectateurs de fabriquer le poisson de leurs rêves !
Ponyo sur la falaise
La Nounou 3, la famille s’agrandit
devenir humaine et qui se lie d’amitié avec Sosuke un enfant de cinq
ans, personnage inspiré de Goro, fils
de Hayao Miyazaki (réalisateur des
Contes de Terremer).
Privilégiant l’aquarelle et une certaine fluidité enfantine déjà rencontrée dans Mon voisin Totoro,
Miyazaki libère une fois de plus son
imagination débordante pour nous
offrir une œuvre magnifique, pleine
de poésie, où magie et nature sont
étroitement liées pour notre plus
grand plaisir. Encore un émerveillement !
La famille s’agrandit avec l’arrivée d’un chiot. Le petit garçon vit
très mal cette situation à trois : il
est très jaloux des câlins prodigués par la Nounou à cet affreux
Komaneko, le petit chat curieux
Japon – 2006 – 1h, film d’animation de marionnettes
en feutrine, carton et tissu, de Tsuneo Goda.
SANS PAROLES - À PARTIR DE 4 ANS.
Comme beaucoup de petits
chats, Komaneko est très curieux.
Mais il est sans doute le seul chat
Le Petit fugitif
USA – 1953 – 1h20, de Morris Engel, Ruth Orkin
et Ray Ashley, avec Richie Andrusco, Richie Brewster…
VF - TOUT PUBLIC À PARTIR DE 7 ANS.
La Légende de Despereaux
USA/Grande-Bretagne – 2009 – 1h30,film d’animation de
Sam Fell et Robert Stevenhagen, avec la voix de A. Dussollier.
VF - TOUT PUBLIC, À PARTIR DE 6 ANS.
Dans ce royaume enchanté, tous
sont très heureux, jusqu’au jour où la
Reine disparaît dans un tragique
accident. Rien ne va plus... Sa fille,
la Princesse Petit Pois, est désespérée. Mais une petite souris aux très
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grandes oreilles, Despereaux Tilling,
va faire renaître l’espoir grâce à son
courage indomptable. Rejetée du
royaume des souris, elle échouera
dans celui des rats où elle croira trouver un ami en la personne de
Roscuro, un grand voyageur. Mais
elle ne pourra finalement compter
que sur sa bravoure pour sauver la
Princesse Petit Pois et le royaume en
danger. Y parviendra-t-elle ?
À Brooklyn, dans les années cinquante, Joey, un petit garçon de
sept ans, victime d’une mauvaise
farce et persuadé à tort d’avoir
causé la mort de son frère, s’enfuit à Coney Island, immense
intrus ! Mais grâce à la magie de
la Nounou et au grand courage de
chacun, l’amitié saura réunir tout
ce joli p’tit monde !
Le film sera accompagné de deux
autres courts métrages de Garri
Bardine : Conte pour la route et
La Boxe, de 10mn chacun.
jeune public
jeune public
Gloups ! Je suis un poisson
Bibliographie : Gebeka Film et Allociné.com
à être passionné de cinéma !
Après avoir fabriqué lui-même ses
petits personnages, le voilà parti
en forêt, sa caméra sous le bras,
pour réaliser son premier film.
Mais tout ne se passe pas comme
il l’aurait voulu…
plage new yorkaise dédiée aux
manèges et à l’amusement. Il va
passer une journée et une nuit
d’errance, au milieu de la foule et
des attractions foraines…
Ce film, capital dans l’histoire du
cinéma, est remarquable de vérité
et de sensibilité. L’année de sa
sortie, il a obtenu le Lion d’argent
à Venise.
Le mercredi 8, après la séance de 14h15, nous ouvrirons aux enfants la
porte de l’une de nos cabines de projection. Ils y découvriront une toute autre
attraction : l’immense bobine qui tourne comme la grande roue et fait défiler les
images devant le projecteur… Une autre expérience rare, à ajouter à celle du film !
Les CARNETS du STUDIO n° 236 – juin 2005 –
Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 –
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NULLE PART,TERRE PROMISE
France – 2008 – 1h35, de Emmanuel Finkiel, avec Elsa Amiel, Nicolas Wanczycki, Haci Haslan…
D
ans une Europe ouverte, les frontières
sont devenues perméables, mais pas
forcément de la même manière et pas pour
tout le monde…
Qu’y a-t-il de commun en effet entre :
1) une étudiante européenne,
2) un père irakien et son fils et
3) un cadre français ?
La première, caméra en main, arpente
l’Europe en filmant des sans-abris tout en
s’efforçant désespérément de joindre au
téléphone quelqu’un qui ne répond pas. Elle
tente de capturer une certaine vision du
monde au travers du viseur de sa caméra…
Les seconds sont enfermés clandestinement
dans la remorque d’un camion avec, au cœur,
le désir fou de rejoindre une GrandeBretagne rêvée comme une terre promise
et, aux tripes, la peur d’être repérés et arrêtés par les douaniers. Leur vision d’un monde
où d’autres se déplacent librement se fait par
une étroite grille de ventilation à l’arrière de
leur camion-prison.
Le troisième, enfin, est chargé de délocaliser
une usine française en Hongrie et doit faire
face, successivement, aux ouvriers licenciés
puis à la solitude de sa chambre d’hôtel hongroise, perdu dans un pays où il est incapable
de communiquer. On serait tenté de dire
qu’il est prisonnier d’une vision du monde
qui ne lui appartient pas mais qu’il subit : celle
qui veut que le profit prime sur les hommes.
Après Voyages et Casting, E. Finkiel continue
à explorer notre monde désenchanté, sur
lequel il pose un regard ni complaisant ni
accusateur. Il ne s’agit pas pour lui de dénoncer mais plutôt de donner à ressentir de l’intérieur ces situations si différentes en utilisant les moyens du cinéma : « L’entrelacement
de trois récits, chacun en mouvement, le rythme
de chaque histoire est donné par le mode de
déplacement, train, camion, errance dans la ville
ou les zones pré-urbaines… » La conclusion
pourrait être laissée à Marie Vermillard, qui
dit de ce film : « Il retranscrit l’effet physique
que ce monde a sur nous ; l’environnement
sonore violent où le silence n’a plus de place, les
traversées de lieux sur-urbanisés où la nature
n’existe plus que sous forme de terrain vague
font jaillir l’absurdité, le non sens monstrueux de
cette machine qui tourne et tourne et nous
entraîne sans que nous soyons jamais des
acteurs. »
Sources : lacid.org ; filmfestivalrotterdam.com ;
+ COURT MÉTRAGE, semaine du 8 au 14 avril :
EN BOUQUETS SERRÉS
Grande-Bretagne – 2007 – 10', de Spenceley Ornette, avec Teona Oxley, Molly Oxley, Cléo Edwards…
Une jeune mère célibataire gagne sa vie en sillonnant le pays comme ouvrière agricole.
Après la perte soudaine de son emploi, elle est contrainte d’assumer ses responsabilités
parentales. Dans la plus pure tradition du cinéma britannique social, Ornette Spenceley, à
la manière d’un Ken Loach met en scène le devenir des travailleurs saisonniers, obligés de
migrer au fil des saisons.
LES CARNETS DU STUDIO n°267 - avril 2009 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n° 0209 G 84305
www.studiocine.com / répondeur : 08 92 68 37 01 (0,34 € /minute)