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N°267 \ avril 2009 - STUDIO CINÉMAS : 16e FESTIVAL DÉSIR… DÉSIRS ÉVÈNEMENT DU MOIS du 2 au 12 avril. (Voir page 6) Nulle part, terre promise un film de Emmanuel Finkiel 7 salles associatives, indépendantes, art & essai, recherche. 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS ISSN 0299 - 0342 O M M A I R E N°267 S Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Ó e 16 édition du Festival Désir... Désirs Cinémathèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 évènement du mois : Festival Désir… Désirs 7 LES FILMS DE A À Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 à propos de : Le Bal des actrices ......... L’Autre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 pages & images : Un barrage contre le pacifique . 23 rencontre : Élève libre ......................... lundi mercredi jeudi vendredi 20 pages & images : à propos de : Les horaires d’ouverture : Le Bal des actrices . . . . . . . . . . . . 19 courts lettrages : face à face : L Violences économiques et résistances sociales . . . . 18 bande annonce : : : : : de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 La bibliothèque est fermée les mardis, samedis, dimanches et les vacances scolaires. 24 The Truman Show . . . . . . . . . . . . 28 Philippe Lioret . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Jeune public .................................. Le film du mois ............................. GRILLE PROGRAMME ....... . L’amour de soi Éditorial 34 36 pages centrales Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA AFCAE ACOR GNCR ACC REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur) (Membre co-fondateur) Les Éditions du Studio de Tours. 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Janine Carlat, Éric Costeix, Olivier Facquet, Isabelle Godeau, Frédéric Grosclaude, Blandine Margoux, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, avec la participation de Lucile Bourliaud et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT. e cinéma a véhiculé quelques clichés convenus sur le narcissisme gay. L’esthétique, qui passe par les photos de Pierre et Gilles, La Cage aux folles, des films de Pedro Almodovar, a une histoire qui commence par Pink Narcissus en 1971. Son univers a marqué ce genre et demeure le témoignage chamarré de la prise de possession par les homosexuels de leur propre désir. Notre programmation devait dépasser ces stéréotypes de l’éros gay primitif, l’amour de soi n’est pas une exclusivité de la communauté. Le Christ, d’après Oscar Wilde, serait le premier individualiste de l’Histoire : « Pardonnez à vos ennemis », est dit non par amour de l’ennemi, mais pour l’amour de soi, qui est plus beau que la haine. O. Wilde, spécialiste de la question, est donc au programme, avec l’adaptation qui fait référence : Le Portrait de Dorian Gray, d’A. Lewin. Nous tenterons avec la Cinémathèque de Tours une approche psychanalytique – Freud a nommé cette captation amoureuse du sujet par son image narcissisme. Le camp cinématographique ne sera pas réservé au cinéma gay. Faster Pussycat Kill ! Kill ! ou Psycho Beach party, qui rivalisent de mauvais goût, en font la preuve. La nuit Bad Girl questionne donc le genre, cinématographique entre autres. Cette audace de programmation, entrecoupée de happenings des Pom-pasnet.connes, sera présentée par le Festival Mauvais genre. Le jeunisme de notre société a transformé cette question en angoisse quotidienne. Les séquences entre Catherine Deneuve et Susan Sarandon dans Les Prédateurs, en sont devenues cultes. Il fallait refléter d’autres questions d’actualité, comme les paraphilies (Devotee, le dernier film de R. Lange) ou quelques questions autour de la religion (Les Règles du Vatican). Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence nous feront l’honneur de leur visite à cette occasion. Pour compléter ce panorama, des courts métrages, le temps de poser un regard sur la condition des gays dans divers pays de culture musulmane et de partager nos coups de cœur. Un hommage enfin, pour les 50 ans qu’auraient eus Keith Haring, artiste majeur du XXe siècle, en reconnaissance de son combat contre le sida, avec un inédit : Keith Haring, le Petit Prince de la rue. En clôture, une avant-première, Otto ; or, up with Dead People, le dernier film de Bruce LaBruce, auto proclamé : « philosophe pornographique ». Cet agitateur de la contre-culture mélange genres cinématographiques et genres sexuels. Ce cinéaste incontrôlable reste drôle et sexy, inventif et radical. Le cinéma, un art de l’auto-contemplation ? Notre devise, cette année : libres et ego ! Philippe Perol Au tout début de notre festival 2008, notre ami Bernard Ruaux, membre actif des Studio, nous quittait. C’est avec une grande émotion que nous évoquons son souvenir, alors que l’édition 2009 s’annonce… L’équipe Désir… Désirs Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 3 Film : LES RÈGLES DU VATICAN d’Alessandro Avellis – 2007 – France-Italie – 1h15 jeudi 2 avril – 20h00 Le CNP, La Ruche aux savoirs, le collectif Libre en Touraine et ATTAC 37 proposent : Culture libre et bien commun Le LIBRE est un mouvement qui prône le partage des connaissances et la libre circulation des œuvres, des créations et des inventions (littérature, musique, recherche, etc.) Disposant aujourd’hui de son propre cadre juridique et économique, le LIBRE est en plein essor. Quelles sont les raisons de cette montée en puissance ? Comment le droit d’auteur y trouve-t-il sa place ? Pourquoi vouloir placer l’intérêt collectif au-dessus de l’intérêt privé ? Est-il pertinent de croire aux valeurs éducatives qui privilégient l’échange de ressources et de savoirs plutôt que leur rétention ? Comment le copyleft apporte-t-il des solutions ? Débat avec les représentants des associations, après la projection de BIG BUCK BUNNY et autres courts. jeudi 9 avril – 20h00 Dans le cadre du Festival Désir… Désirs Positions de l’Église et représentations dominantes Le CNP et la Ligue de la Gay Pride Région Centre proposent un débat : influence de la religion catholique sur la moralité individuelle. 4 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 Ce film rend hommage à Alfredo Ormando, qui, en janvier 1998, s’immolait place Saint-Pierre pour protester contre l’homophobie des hiérarchies catholiques. Comment le Vatican finance-t-il sa propagande ? Peut-on toujours considérer l’Italie comme un état laïc ? Quels sont le parcours et la pensée du pape Benoît XVI ? Débat en présence du réalisateur. Intervention de l’association Les Sœurs de la perpétuelle indulgence, du Planning Familial et d’un prêtre (sous réserve). jeudi 16 avril – 20h00 Le CNP, RESF, Chrétiens-Migrants, la Cimade, Amnesty International, St Avertin Avenir proposent : Rétention contre droit d’asile ! Les centres de rétention sont la clé de voûte d’un système de répression des étrangers, qui se voient de plus en plus refuser leur demande d’asile en France. Cette politique de rejet devenue obsessionnelle fait de l’immigré le bouc émissaire de tous les maux dont souffrent nos sociétés. Elle justifie la mise en place de mesures policières qui portent atteinte à la liberté de circuler – garantie par l’article 13 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme ! – et vont jusqu’à entraver celle des associations ou des individus solidaires des étrangers. (cf. l’arrestation de trois philosophes dans l’avion Paris-Kinshasa en décembre 2008). 4 courts métrages : TRENTE DEUX JOURS de Thi Bach Tuyet 2007 – 7’ UN RÉSEAU DE RÉSISTANCES cimade marseille 2007 – 25’ LE CENTRE DE RETENTION DE LYON de W. Gourville 2007 – 12’ Cinéma TOURS LE MESNIL AMELOT 7’ ouvriront le débat avec Jean-Paul Ninez, juriste de la Cimade, et avec des représentants d’associations. Tour Du monDe en cInémA Henri LANGLOIS lundi 6 avril – 19h30 SoIrée propoSée DAnS le cADre Du FeSTIvAl DéSIr… DéSIrS lundi 20 avril – 19h30 La Mort d’un bureaucrate de Tomas Gutierrez Alea, 1966, cuba, 85’. Adaptation de la célèbre nouvelle d’oscar Wilde. Le jeune et beau dorian Gray aime contempler son image dans un tableau le représentant. Alors qu’il mène une vie de débauche, le portrait prend peu à peu des traits plus durs. oscar de la meilleure photographie. Un ouvrier décède, broyé par la machine qu’il venait d’inventer. Selon ses vœux, on l’enterre avec son livret de travail. Hélas, pour recevoir sa pension, sa veuve est obligée de récupérer ce livret… Trente ans avant Fraise et Chocolat qui l’a fait connaître en Europe, ce réalisateur cubain, imprégné des burlesques américains et du surréalisme de Buñuel, signe une féroce satire de la bureaucratie poussée jusqu’à l’absurde. HommAGe à Glen ForD lundi 27 avril – 19h30 lundi 13 avril – 19h30 Le Royaume des diamants Le Reptile de Satyajit ray, 1980, Inde, 118’. Le Portrait de Dorian Gray d’Albert lewin, 1944, uSA, 110’. de Joseph mankiewicz, 1970, uSA, 126’. Arizona 1883. Six condamnés arrivent dans une prison située en plein cœur d’une région désertique. L’un d’entre eux, paris pittman (Kirk douglas), a caché un trésor au fond d’un nid de serpents. Lui seul connaît la cachette. prisonnier, il ne songe qu’à s’évader et propose de partager son butin avec ceux qui l’aideront à réaliser son plan. Mais le nouveau directeur de la prison supporte mal ce détenu au caractère fort. il convoite, lui aussi, le magot… Deux musiciens errants devenus sédentaires sont invités au mariage du roi des diamants : c’est l’occasion pour eux de reprendre la route, de créer un spectacle et de s’amuser un peu ! Arrivés au royaume des diamants, ils déchantent aussitôt. Le roi se révèle être un despote aux inventions les plus cruelles. Un film musical surprenant, menant de concert aventures fabuleuses et engagement politique. ToUT pUBLic à pArTir dE 10 Les CARNETS du STUDIO AnS. n°267 – avril 2009 – 5 É V É N E M E N T D U M O I S 16e Festival Désir… Désirs 2 au 12 avril 2009 SAMEDI 28 MARS 18h Chapelle Sainte-Anne : Vernissage. (Voir programme du festival) Jeudi 2 avril 18h30 Maison des associations culturelles : Vernissage. Voir programme du festival. VENDREDI 3 AVRIL CÉRÉMONIE D’OUVERTURE DU FESTIVAL. 18h Vernissages • Objets de Narcissisme de Pierrick Gaumé • Scénimagie #2 de Renaud Lagorce • La Machine Érotique par la Cie Le Petit Monde 19h45 PINK NARCISSUS uSA – 1971 – 1h11, de James Bidgood, avec B. Kendall… Un film fétichiste, complètement halluciné et d’un érotisme flamboyant. Cultissime. Court métrage : GRAVITY Belgique – 2007 – 6’, de n. provost. Des baisers de cinéma… 21h00 Désirs en herbe Courts métrages d’étudiants de l’École supérieure des Arts appliqués de Bourgogne, sur la Destinerrance, thème de Désir… Désirs 2008 – 25’ AU-DELA DU SENS de c. Boursain et m. poulin. À FLEUR DE PEAU de e. cissé et J. rodier. FOLLOWING RED de A. Borderie et A. Denizard. LA DESTINERRANCE de F. mabime. TRANSSEXUALITÉ de e. Bergera. REMINISCENCES de F. Frayssinet et m. Duplessier. ET MES FESSES, EST-CE QUE TU LES AIMES ? de G. pauty et m. de Deus Ganitas. 6 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 DESTINERRANCE de n. Sicard et e. poulin. RENCONTRE AVEC LES RÉALISATEURS. SAMEDI 4 AVRIL 17h30 LES FILLES DE PARIS France – 2008 – 50’, documentaire de murielle Iris Un groupe de rock au travail, les Flaming Pussy ; des femmes libres et engagées. RENCONTRE AVEC LA RÉALISATRICE. • Soirée Bad girl • 19h45 FASTER PUSSYCAT KILL ! KILL ! uSA – 1966 – 1h23, de russ meyer Trois femmes sauvages, dans trois somptueuses voitures décident de former un gang… Un film-monument, pour amateurs de plastique de rêve et de rock n’roll attitude ! 21h45 PSYCHO BEACH PARTY uSA – 2000 – 1h35, de robert lee King Sur une plage de Californie… L’ambiance festive est à peine gâchée par le meurtre d’une spectatrice de drive in, au terme d’un flirt poussé… 00h00 BOULEVARD DE LA MORT DIMANCHE 5 AVRIL 10h30 CINÉ P’TIT DÉJ’ en partenariat avec Centre Images. Autour d’un petit déjeuner offert, rencontre avec l’équipe de Désir…Désirs. 11h00 Courts métrages (1h35) France – 2008 (Voir rubrique TOUS LES FILMS, page 9). RENCONTRE AVEC PASCAL-ALEX VINCENT, LES MAINS de c. loizillon : rencontres par les mains… COMÉDIE SENTIMENTALE d’e. Barnett MERCREDI 8 AVRIL Une femme mène sa vie, entre rêves et réalité. À TA PLACE de A Tessier Lili s’endort… et se réveille dans un double sublimé… POINT DE FUITE d’o. Smolders La prof entre dans sa classe. Tous les élèves sont nus… IL FAIT BEAU DANS LA PLUS BELLE VILLE DU MONDE de v Donzelli Une femme enceinte à un RdV amoureux. 17h30 DES SARIS ET DES HOMMES Allemagne – 2006 – 1h35, documentaire de T Wartmann. Bombay, le monde secret des hijras, hommes maquillés et revêtus de saris. Immersion troublante et remarquable. 19h45 DEVOTEE 21h00 Ciné-vidéo non stop à La Chapelle Sainte-Anne. Voir programme du festival. JEUDI 9 AVRIL Positions de l’Église et représentations dominantes. Voir page 4. 18h30 APÉRO PROJECTION (Voir programme du festival) 20h00 Projection aux cinémas Studio LES RÈGLES DU VATICAN (voir page CNP) En After, Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence déambuleront dans les rues. VENDREDI 10 AVRIL 17h30 ANONYMOUS uSA – 2006 – 1h24, de Todd verrow, avec T. verrow nais et Antoine parlebas. Les conséquences d’une rupture : sexe anonyme dans des lieux publics, quête d’illusions perdues.... PRÉSENTATION PAR RÉMI LANGE D’un côté, un beau jeune homme, Devotee – c’est ainsi que se nomment ceux qu’attirent les êtres amputés – et de l’autre, l’objet du désir… Un docu-fiction exceptionnel, loin de tous les circuits classiques Débat sur les paraphilies avec H. Chenais, et LGP Région Centre. LUNDI 6 AVRIL 19h45 LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY de A. lewin Avec lA pArTIcIpATIon De GAry conSTAnT, dU FESTivAL MAUvAiS GEnrE. RÉALISATEUR France – 2007 – 55’, de rémi lange, avec Hervé che- uSA – 2007 – 1h50, de Quentin Tarentino L’attention dont un trio infernal de bad girls est l’objet, n’est pas innocente… En intermède, happening des pompasnet.connes. DONNE-MOI LA MAIN Voir Cinémathèque page 5. SOIRÉE AU LONG COUR(T)S Sélections de coups de cœur de l’équipe du festival… 19h45 KANBRIK OU LE PROSCRIT D’ALLAH 43’, de H. J. lebrun L’impossibilité d’être homosexuel dans les pays musulmans qui appliquent la charia… SHAHRAM ET ABBAS de r. v. Heugten MARDI 7 AVRIL 19h45 Une comédie douce-amère sur la persécution des homosexuels en Iran… PRÉSENTATION PAR RÉMI LANGE Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 7 20h45 LEZIX – 40 min LA DIMENSION DU JE, de nexus et mino L’époque est narcissik ; j’en joue et jouis aussi ! DEV’NIR PRÊTRE… de mino d.c SAMEDI 11 AVRIL 17h30 KEITH HARING, LE PETIT PRINCE DE LA RUE Italie /France – 2008 – 1h22, documentaire de c. Un prêtre… hors norme… clausen. POSSESSION de H. J. lebrun JUST MARRIED Entretiens avec Yoko Ono, David LaChapelle, Madonna, Junior Vasquez… images d’archives, son univers, de ses débuts dans le métro à sa proximité avec Warhol. France – 2007 – 2’, de nexus et mino. Danse nuptiale … I LOVE KEITH HARING C’EST TROP TARD ! de l. chanfro France – 2008 – 5’, documentaire de A. Burosse « Il était écrit qu’on finirait ensemble. J’ai juste un peu forcé la main du destin. » Aucun regret quand la dernière heure arrive ! CHIC’N CHEAP de l. chanfro Et nos corps, c’est du poulet ? L’AIMÉE CRÉANTE de l. chanfro. Deux femmes dé/tournent la symbolique sacrée… À LA RECHERCHE DE LA VULVE PERDUE de l chanfro. photorama… RENCONTRE AVEC LES RÉALISATEURS EN PRÉSENCE DE A. BUROSSE 19h45 CORAZONES DE MUJER Italie/maroc – 2008 –1h25, de Kiff Koosof… Zina, jeune Italienne d’origine marocaine, est terrifiée à l’idée de se marier. Elle n’est plus vierge. Avec Shakira, un travesti, elle se rend à Casablanca pour se faire opérer. Shakira est obligée de reprendre son allure masculine… 21h30 LES PRÉDATEURS états-unis/Grande-Bretagne – 1983 – 1h37, de Tony 21h45 Collectif Jeune Cinéma, 30’ INTROSPECTION de r. Beaune Scott, avec c. Deneuve, S. Sarandon, D. Bowie… Un couple de vampires nouvelle génération qui ne vieillissent jamais… Séquences amoureuses cultes. Notre reflet dans le regard de l’autre… NUE, JAMAIS de A. Fettar Se dénuder sans jamais se dévoiler ? BLESSURE SECRÈTE de B. lamy Un orifice qui, habituellement, ne parle pas… LUNCH BREAK ON XEROX MACHINE de m. losier Je me suis coincé la tête dans la photocopieuse. RENCONTRE AVEC DES RÉALISATEURS 8 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 C Chéri GB-France-Allemagne – 2008 – 1h30, de Stephen Frears, avec Michelle pfeiffer, rupert Friend, Kathy Bates… Dans les années 1920, Léa de Lonval, une courtisane de cinquante ans, fait la rencontre d’un jeune homme nommé Chéri et devient sa maîtresse. Pour l’adaptation éponyme du fameux roman de Colette, le réalisateur de The Queen (2006) précise que : « Il y a ce milieu aristocratique du début du XXe siècle, qui n’existe plus. Il fallait ainsi faire honneur au caractère ironique de l’histoire, sans en négliger l’aspect dramatique ». Stephen Frears retrouve ici Michelle Pfeiffer, qu’il avait fait tourner dans Les Liaisons dangereuses (1988), film savoureux qui connut un succès remarquable. Chéri est aussi l’occasion de revoir Frears travailler avec Christopher Hampton, le scénariste de ces mêmes liaisons, justement. Prometteur donc… d’autant que les dialogues de Chéri se pimentent « d’une exquise ironie ». Filmographie (extraits) : Madame Henderson (2006) ; Les Arnaqueurs (1991) ; My Beautiful Laundrette (1986) Sources : dossier de presse – moncinema.cyberpresse.ca Figures de l’intime… IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI de J. cosmen AvAnT LES FiLMS, dAnS LES SALLES, AU MoiS dE MArS : • Wide de Thierry vaillot (studio 1-2-4-5-6) • Woodoo de Térez Montcalm (studio 3 et 7) MUSiqUE SéLEcTionnéES pAr é ric péTry dE rFL 101 DIMANCHE 12 AVRIL SOIRÉE DE CLÔTURE 19h45 OTTO ; OR UP WITH DEAD PEOPLE Allemagne/canada – 2007 – 1h34, de Bruce laBruce Un garçon aux pupilles minuscules traverse Berlin comme un revenant à la recherche de sa mémoire perdue… C’est l’ange du trottoir. Mélange de film fantastique et de farce irrésistible, Otto est aussi une chronique de la défonce qui transforme les zombies en objets sexuels… Un petit bijou de cinéma underground. – POT DE CLÔTURE – Coco avant Chanel France – 2008 – 1h50, d’Anne Fontaine, avec Audrey Tautou, Benoît poelvoorde, Marie Gillain, Emmanuelle devos… La réalisatrice de La Fille de Monaco a choisi d’adapter librement L’Irrégulière, ouvrage d’Edmonde CharlesRoux, sur le fabuleux destin de celle qui, par son inventivité, a libéré le corps des femmes au début du XXe siècle. Au commencement étaient la misère, l’abandon, un avenir cousu de fil blanc : cousette et/ou grisette… Mais c’était sans compter sur une volonté de fer pour réinventer, sans cesse, l’histoire à venir comme celle passée (Mademoiselle Chanel n’hésitant jamais à donner des versions différentes des événements, suivant les interlocuteurs et les époques). Chanteuse sans voix dans un beuglant, Gabrielle deviendra Coco ; la galanterie, passage quasi obligé de l’époque pour s’en sortir, lui per- mettra de faire les bonnes rencontres et se de construire le destin que l’on sait. On peut sans doute espérer qu’Anne Fontaine, metteur en scène du trouble (Nettoyage à sec, Comment j’ai tué mon père, Nathalie), saura porter un regard singulier sur l’enfance de l’art de celle qui abhorrait les fioritures. Sources : dossier de presse. Dans la brume électrique France-USA – 2008 – 1h57, de Bertrand Tavernier, avec Tommy Lee Jones, peter Sarsgaard, John Goodman… D New Iberia, Louisiane. L’inspecteur Dave Robicheaux enquête sur un tueur en série agressant des jeunes femmes. Alors qu’il vient de découvrir une nouvelle scène de crime, Dave rencontre la grande star hollywoodienne, Elrod Sykes. Celle-ci est venue tourner un film sur la guerre de Sécession, produit par Baby Feet, grande figure de la mafia locale. Elrod lui confie qu’il a relevé des ossements humains enchaînés dans un bayou. Cette nouvelle fait resurgir en Dave des souvenirs enfouis… Bertrand Tavernier, le réalisateur de L’Appât (1995) et de Capitaine Conan (1996) tourne un polar en Louisiane – adapté d’un roman de James Lee Burke – avec Tommy Lee Jones, le héros de No country for old men et de Trois enterrements ! Forcément, on se précipite ! Sources : dossier de presse. Donne-moi la main France – 2008 – 1h20, de pascal-Alex vincent, avec Alexandre et victor carril… Quentin et Antoine, jumeaux de 18 ans, décident de se rendre à pied en Espagne, à l’insu de leur père, afin d’assister à l’enterrement de leur mère, qu’ils ont très peu connue. Leur parcours en stop deviendra un voyage initiatique vers l’âge adulte, ponctué de rencontres, de disputes, de réconciliations. Sur la route, leurs différences vont aussi se révéler, notamment quand l’un des deux Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 9 découvrira son homosexualité. Pendant dix ans, Pascal-Axel Vincent a travaillé dans la distribution faisant découvrir les films de Mizoguchi, Ozu, Kurosawa… avant de réaliser plusieurs courtsmétrages autour de l’adolescence. « J’ai eu envie de prolonger la réflexion avec mon premier long métrage, en parlant de la fratrie. Comment des frères élevés dans les mêmes circonstances peuvent-ils devenir des adultes si différents ? La gémellité m’a semblé idéale pour traiter ce thème. » Porté par la musique électro du groupe allemand Tarwater, Pascal-Axel Vincent a réussi un road-movie bucolique qui a su toucher la critique : « Un film grave et lumineux, limpide et plein de secrets. Une réussite très prometteuse. » « Donne-moi la main impressionne et touche par sa sensibilité grâce à la parfaite symbiose entre parti pris visuels, musique, et jeux d’acteurs. Un petit bijou du cinéma français ». Sources : dossier de presse – lemonde.fr À DÉCOUVRIR DANS LE CADRE DU FESTIVAL DÉSIR, DÉSIRS. Le réalisateur présentera son film le mardi 7 avril à 19h45. E Éden à l’ouest sa vie en gardant des enfants. Jeanne cherche un emploi. Un jour, en lisant une annonce, Louise croit que le destin frappe à sa porte. Elle nourrit l’espoir de faire engager sa fille chez Samuel Bleistein, un avocat de renom qu’elle a connu dans sa jeunesse. L’univers de Jeanne et celui de Bleistein sont à des années lumières de distance… Pourtant, ils vont se rencontrer à cause d’un mensonge inouï que Jeanne va échafauder, fait divers le plus médiatisé et le plus politisé de ces dernières années. André Téchiné est sans doute l’un des plus grands cinéastes français contemporains. Ses précédents films tournent tous autour d’une intrigue familiale et témoignent d’une bonne connaissance des rapports humains, d’une analyse assez réaliste de la société et surtout, d’une réflexion sur le cinéma. Filmographie partielle : Hôtel des Amériques (1981), Rendez-vous (1985), Les Innocents (1987), Ma Saison préférée (1993), Les Roseaux sauvages (1994), Les Voleurs (1996), Les Égarés (2003), Les Temps qui changent (2004), Les Témoins (2007). Frost-Nixon, l’heure de vérité USA – 2008 – 2h02, de ron Howard, avec Frank Langella, Michael Sheen, Sam rockwell… Filmographie partielle : Z (1969) ; L’Aveu (1970) ; Missing (1982) ; Le Couperet (2005). En 1974, le Président Nixon est contraint de démissionner à la suite du scandale du Watergate. En 1977, David Frost, jeune journaliste de télévision, réalise une interview de Nixon programmée en quatre soirées. Son but : amener le Président déchu à avouer sa faute publiquement. Les records d’audience sont battus : entre les deux hommes se livre un affrontement qui ne peut avoir qu’un vainqueur. Ce sera le journaliste, qui pousse le Président à faire un aveu qui va l’étonner lui-même. Le film de Ron Howard n’est pas un documentaire ni une reconstitution : il est adapté d’une pièce de théâtre de Peter Morgan, qui est aussi le scénariste du film. Spécialiste de films souvent faciles et spectaculaires, Ron Howard, réalisateur prolixe, réussit ici un film fort, intense, mais qui se tient à distance des deux personnages, pour laisser au spectateur la responsabilité de juger par lui-même l’événement évoqué. Avec des acteurs transcendés par l’enjeu. La Fille du RER Filmographie (partielle) : Da Vinci Code (2006), Les Disparues (2004), Un homme d’exception (2002), En direct sur Ed TV (1999), Apollo 13 (1995). France-italie – 1h50, de costa-Gavras, avec riccardo Scamarccio, Ulrich Tukur, Eric caravaca… Un bateau chargé d’immigrés clandestins n’arrivera pas jusqu’à la côte italienne… L’un des passagers, Elias, parvient à gagner la terre ferme à la nage avec en tête une idée bien arrêtée : rejoindre Paris. Son chemin vers la ville lumière commence par un échouage sur une plage de nudistes de luxe… Puis, ce sera l’itinéraire vers le Nord, avec la police à éviter et de nombreuses rencontres en chemin, parfois bonnes, parfois néfastes. Les road-movies décrivent souvent une errance, mais celui-ci s’attache plutôt à l’obstination de celui dont la vie est toute entière tournée vers UN but, ce qui n’est guère étonnant quand on connaît la carrière de CostaGavras, jalonnée de films de combat, toujours efficaces, toujours très humains… Sources : dvdrama.com – mulderville.net Sources : dvdrama.com, dossier de presse. F 10 France – 2008 – 1h45, de André Téchiné, avec émilie dequenne, catherine deneuve, Michel Blanc… Jeanne vit dans un pavillon de banlieue avec sa mère Louise. Les deux femmes s’entendent bien. Louise gagne – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 G H les fiches paraphées correspondent à des films vus par le rédacteur. J Gloup’s, je suis un poisson ! VF voir pages jeune public, en fin de carnet. La Journée de la jupe France-Belgique – 2008 – 1h28, de Jean-paul Lilienfeld, avec isabelle Adjani, denis podalydès, yann collette, Jackie Berroyer… Quelques années après le scandale de la vache folle, deux cinéastes se lancent dans ce qu’ils appellent un « road-movie paysan » pour essayer de retracer, sans pesanteur, les diverses filières utilisées pour nourrir les bovins. Pour cela, ils ont suivi à la trace des paysans bretons qui ont décidé que, finalement, il n’était pas si idiot de nourrir les ruminants avec l’herbe des prés, mais aussi des tenants d’une agriculture plus productiviste, plus dépendante des filières industrielles. Ni dénonciation frontale, ni panégyrique d’une agriculture passéiste, Herbe est, pour le Canard enchaîné : « Un documentaire passionnant qui ne reste pas au niveau des pâquerettes… » Sonia Bergerac est prof de français dans un collège auprès de classes dites difficiles… Ce jour-là, une arme tombe d’un sac de l’un de ses élèves. Et tout bascule : l’enseignante, exaspérée, en vient à braquer ces jeunes et à les prendre en otage. D’abord pour qu’ils écoutent son cours sur Molière ! Le moment d’accalmie qui s’ensuit se révèle peu durable car Sonia va subir la pression de la police, celle des politiques et de sa famille. Jean-Paul Lilienfeld, familier des cités, de la mixité sociale et ethnique, a souhaité livrer un récit nous rappelant que « quels que soient les choix politiques ou religieux de chacun, il existe des valeurs indiscutables et intransgressibles […] Croire que les femmes, doubles victimes de leur statut social et familial, peuvent favoriser l’émergence du changement ». Ce film d’actualité offre aussi un très beau rôle de femme à une superbe actrice. Sources : telerama.fr – lemagazine.info Source : dossier de presse ; telerama.fr Jerichow + COURT MÉTRAGE semaine du 1er au 7 avril Herbe France – 2008 – 1h16, de Matthieu Levain et olivier porte. Allemagne – 2009 – 1h33, de christian petzold, avec Benno Fürmann, nina Hoss, Hilmi Sözer… Suite au décès de sa mère, Thomas revient à Jerichow, au nord-est de l’Allemagne, sur la terre de son enfance. Il veut s’y installer et démarrer une nouvelle vie. Il rencontre Ali, un riche turc propriétaire d’une chaîne de fast-food, et sa femme Laura. Ali boit trop et se voit retirer son permis de conduire, il engage Thomas comme chauffeur… Ce huis-clos, mais en extérieur, part d’une situation qui rappelle Le Facteur sonne toujours deux fois. Situation connue, peut-être, mais en apparence seulement, car les rapports humains et les thèmes qui parcourent le film sont on ne peut plus contemporains. Jerichow aborde ainsi, sans en avoir l’air, la crise économique, l’immigration et l’asservissement à l’argent. Christian Petzold (qui a déjà signé les beaux Contrôle d’identité et Yella, entre autres) réalise un film dont la froideur apparente est très touchante. Il confirme aussi après Ping Pong, L’Imposteur, Montag, Marseille et autre Voyage scolaire, que la nouvelle vague du cinéma allemand est de plus en plus passionnante. JF Film pouvant intéresser les adolescents, les parents restant juges. En rachâchant France – 1982 – 7’, de danièle Huillet, avec raymond Gérard, olivier Straub, nadette Thinus… Un petit garçon têtu et sérieux comme un pape derrière de grosses lunettes de myope réalise le rêve de tous les enfants en âge d’aller à l’école primaire : celui de dire une bonne fois pour toutes : merde au professeur et à ce qu’il représente. Ce court est inspiré de Ah, Ernesto, de Marguerite Duras, dont il reprend le personnage d’enfant, effronté, rebelle. La modernité du film, superbement mis en image par Henri Alekan, réside dans la liberté dont fait preuve ce jeune Ernesto face à l’autorité des adultes et, au delà, à la rigidité de la société. Komaneko, le petit chat curieux VF voir pages jeune public, en fin de carnet. La Légende de Despereaux VF voir pages jeune public, en fin de carnet. K L Film pouvant intéresser le jeune public, les parents restant juges. Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 11 Let’s make money La Nounou 3 L’Autrichien Erwin Wagenhofer, qui avait réalisé en 2007 le documentaire choc We feed the world (le marché de la faim), revient cette année avec un film qui risque fort – une fois de plus – de bousculer les consciences. Le réalisateur s’intéresse cette fois au système financier mondial, analyse son fonctionnement et dénonce ses dérives, en allant interroger aussi bien les responsables du capitalisme sauvage que leurs victimes. Pour Wagenhofer, il s’agit de faire réfléchir sur notre responsabilité à tous, comme il l’expliquait à la sortie de son précédent documentaire : « Les questions éthiques ne sont pas seulement absentes de l’industrie agro-alimentaire, elles le sont de la vie économique dans son ensemble et finalement aussi de la vie sociale ! […] Ce qui m’importe n’est toutefois pas la question de la culpabilité mais celle de la responsabilité. Nous devons apprendre à devenir responsables de notre façon d’agir au lieu de chercher la faute chez les autres. » VF voir pages jeune public, en fin de carnet. Autriche – 2008 – 1h47, de Erwin Wagenhofer. Sources : allocine.fr - cinemanche/fr - vousnousils.fr N Ne me libérez pas, je m’en charge France – 2008 – 1h47, de Fabienne Godet, avec Michel vaujour… Michel Vaujour n’a jamais eu le douteux privilège d’être surnommé ennemi public numéro 1, aussi, point de star pour incarner celui qui fut tout de même un roi de la cavale (sa femme transformée en pilote d’hélico à la Santé…). Point de star, donc, mais mieux que cela aussi : Michel Vaujour lui-même ! En effet, après le magnifique Sauf le respect que je vous dois, Fabienne Godet s’est lancée dans une entreprise pour le moins périlleuse : réaliser un documentaire essentiellement articulé autour d’une seule personne. Le pari est d’autant plus louable que, d’une certaine manière, il colle à la personnalité même de celui qui en trente années, en aura passé vingtsept en prison (dont dix-sept en isolement) parce qu’il n’était pas concevable qu’il n’aille pas au bout de l’exigence de liberté qui était la sienne. Mais il faut dire que Fabienne Godet avait pour elle un acteur de premier plan : même sans rien faire d’autre que parler à la caméra, Vaujour crève l’écran et impose une présence fascinante. Comme, en plus, il a le verbe facile et qu’il sait trouver les mots qui touchent, le résultat promet d’être exceptionnel. dixième long-métrage du grand réalisateur japonais reprend le thème de prédilection de son œuvre : la nature assiégée par la technologie et les abus de l’homme. Dans cette magnifique histoire en grande partie sous-marine, on suit Ponyo, la petite princesse des poissons rouges qui veut devenir humaine et qui se lie d’amitié avec Sosuke, un enfant de cinq ans, personnage inspiré par le fils du réalisateur (Goro, réalisateur des Contes de Terremer) quand il avait le même âge. Dans cette œuvre poétique mêlant magie et amour de la nature, on retrouve l’imagination débordante du créateur de Princesse Mononoké (97), Le voyage de Chihiro (01) et du Château ambulant (04). Pour la 1re fois, le fondateur des Studio Ghibli privilégie l’aquarelle. Il retrouve la grâce enfantine de l’un de ses films les plus touchants Mon voisin Totoro (88). À ne pas manquer ! Nulle part, terre promise FILM DU MOIS, VOIR AU DOS DU CARNET. + COURT MÉTRAGE semaine du 8 au 14 avril En bouquets serrés Grande-Bretagne – 2007 – 10’, de Spenceley ornette, avec Teona oxley, Molly oxley, cléo Edwards… Une jeune mère célibataire gagne sa vie en sillonnant le pays comme ouvrière agricole. Après la perte soudaine de son emploi, elle est contrainte d’assumer ses responsabilités parentales. Dans la plus pure tradition du cinéma britannique social, Ornette Spenceley, à la manière d’un Ken Loach, met en scène le devenir des travailleurs saisonniers, obligés de migrer au fil des saisons. Le Petit fugitif USA – 1953 – 1h20 – vF de Morris Engel,ruth orkin et ray Ashley, avec richie Andrusco, richard Brewster… En pleine canicule new-yorkaise, Lenny se retrouve à devoir garder son petit frère Joey (6 ans) quand leur mère doit aller retrouver une parente malade. Lassés de cette charge, Lenny et ses amis prêtent une carabine à Joey et parviennent à lui faire croire qu’il a tué son propre frère. Effrayé par ce qu’il pense avoir fait, Joey prend la fuite vers la plage et le parc d’attraction de Coney Island. La caméra va alors se faire fluide pour suivre au plus près le petit garçon perdu dans ce monde à la fois merveilleux et inquiétant. Cette ode à l’enfance (sauvage), produit du cinéma indépendant américain, a été saluée par de nombreux critiques et cinéastes, et non des moindres : Truffaut, Cassavetes, Bazin… Sources : lemonde.fr ; lesinrocks.com Ponyo sur la falaise Japon – 2008 – 1h55, vo – vF film d’animation de Hayao Miyazaki. Attendu depuis des mois, immense succès populaire au Japon, récompensé par deux Japan Academy Awards (meilleur film d’animation, meilleure musique), le S P Sois sage France-danemark – 2008 – 1h31, de Juliette Garcias, Avec Anaïs demoustier, Bruno Todeschini, nade dieu… Pour son premier long métrage, Juliette Garcias a choisi de s’intéresser à un personnage de femme amoureuse. Elle a vingt ans, elle dit s’appeler Ève, tout un programme. Boulangère ambulante, elle parcourt la campagne à bord de sa camionnette. Elle raconte à ses clients une histoire d’amour exceptionnelle qui lui serait arrivée : à chacun, elle donne une version différente, modifiant les noms, les lieux, les personnages. Elle se présente tantôt comme fiancée, tantôt comme veuve, comme divorcée… Son bonheur : se rapprocher en fait d’un homme qui l’a aimée, qui l’a délaissée, et qui a fondé une famille ailleurs. Son but : se rapprocher de lui, lui faire reconnaître le passé, donner un sens à ce qui leur est arrivé. Un premier film qui s’annonce riche en trouble. Sources : Dossier de presse. + COURT MÉTRAGE semaine du 22 au 28 avril Histoire à chuchoter France – 2005 – 8’50, de Maxime donzel, avec Antonin Falk, Anastasio Alexandra, Germaine Aubert, Alexandra Anastasio… Il a douze ans, il habite une île. Une île sans enfants. Il n’en a vu que dans ses livres de contes. Quand il va explorer la partie interdite de son île, il est confronté à l’immuable fatalité des contes. Still Walking Japon – 2008 – 1h55, de Hirokazu Kore-Eda, avec Hiroshi Abe, yoshio Harada, Haruko Kato… On était sans nouvelles de Hirokazu Kore-Eda depuis l’enthousiasmant Nobody knows sorti en 2004. Retrouver son univers particulier fait plaisir, d’autant plus que le thème de Still walking rappelle ses œuvres précédentes et que la place de la cellule familiale y est à nouveau prépondérante. Nous sommes en été, à Yokohama. Une famille se réunit un week-end pour commémorer la mort tragique du frère aîné, décédé quinze ans plus tôt. En apparence, rien n’a bougé. La maison parentale est toujours accueillante, le repas préparé par la mère toujours aussi appétissant, mais pourtant, le temps faisant son ouvrage, chacun a changé… Tout autant éloigné du genre « règlement de compte lors d’un week-end » que de la pleurnicherie, Still walking se préoccupe plus d’aimer ses personnages et opte pour la mélancolie et l’humour. Le réalisateur nous donne à voir un univers comme on en connaît tous, mais avec talent, et c’est sans doute pour cela que le film a autant touché les heureux qui l’ont déjà vu. Sources : dossier de presse, dvdrama.com Filmographie (partielle) : Maborosi (1995) – After life (1998 )–, Distance (2001) Synecdoche, New-York USA – 2007 – 2h05, de charlie Kaufman, avec philip Seymour Hoffman, Samantha Morton, catherine Keener, diane Wiest, Jennifer Jason Leigh… Qu’y a-t-il dans la tête de Charlie Kaufman ? Des histoires délirantes et mouvementées sur l’identité (dédoublement, usurpation…), la mémoire, portées à l’écran par des réalisateurs aux univers aussi originaux et déjantés que le sien : Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich, Adaptation) et Michel Gondry (Human nature, Eternal sunshine of the spotless mind). Pour son premier passage derrière la caméra, Charlie Kaufman se réfère à la figure de rhétorique « synecdoque », signifiant, en faisant court : compréhension simultanée, et nous entraîne dans un récit labyrinthique, bourré de symboles, de jeux de mots et de manipulations d’images. Caden Cotard, dramaturge (tiens, tiens), se retrouve complètement perdu et désespéré quand femme et enfant le quittent. S’imaginant être atteint d’une maladie incurable, il va reconstituer dans un immense entre- Sources : dvdrama.com – berlinalesoff.blog 12 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 13 pôt, les lieux qu’il a traversés au cours de sa vie et va créer un spectacle unique et absolu en reproduisant méthodiquement sur scène les moments marquants de son existence. Vertige assuré avec ce qui semblerait bien être une de ces mises en abyme dont notre auteur a le secret ! Sources : fluctuat.net ; dvdrama.com T Tokyo Sonata Japon – 2008 – 1h49, de Kiyoshi Kurosawa, avec Haruka igawa, Kai inomawaki… Tokyo Sonata dresse le portrait d’une famille japonaise ordinaire dont elle explore le quotidien avec l’acuité de certains mangas. Renvoyé sans préavis, le père autoritaire n’ose le dire à sa femme qui continue d’organiser la vie courante malgré les fissures de plus en plus présentes. Désœuvré, il accepte un boulot de technicien de surface alors que le fils aîné s’engage dans les troupes en partance pour l’Irak et que le plus jeune prend des cours de piano en cachette… Loin de l’atmosphère fantastique qui l’a rendu célèbre, (Cure en 97 ou Karisma en 99), ce film tout en finesse sur une crise familiale entraîne le spectateur vers une dernière séquence sublime et a reçu le Prix du jury de la section Un certain regard du dernier Festival de Cannes. Sources : fichesdecinéma.com sonnages, et qui les emmènent à la dérive passive et à la perte de leurs repères. Une nouvelle belle réussite du réalisateur. mun au cinéma. Elle n’est pas du tout déprimée, pas suicidaire, pas hystérique, juste un peu décalée ». Sources : toutlecine.com ; lepetitjournal.com Sources : dvdrama.com, mulderville.net, dossier de presse. Filmographie (parttielle) : Un cœur invaincu (2007 ) ; The road to Guantanamo (2006) ; 9 songs (2005 ) ; In this world (2002) ; Redemption (2000) ; Buterfly Kiss (1995). Une famille brésilienne Brésil – 2008 – 1h48, de Walter Salles et daniela Thomas, avec Sandra corveloni… Les deux réalisateurs nous proposent le portrait d’une métropole, São Paulo, à travers la vie quotidienne d’une famille d’une cité pauvre : quatre frères et la mère, bonne dans les beaux quartiers, encore enceinte… À travers les quatre enfants, on explore la réalité contradictoire et complexe du Brésil : Dario rêve de devenir footballeur professionnel, Dinho se réfugie dans la religion évangéliste, Denis est l’un des 300 000 coursiers perdus dans les 300 kilomètres d’embouteillage, Reginaldo le plus jeune, cherche obstinément son père… Douze ans après leur premier film commun Terre lointaine, les réalisateurs ont voulu voir comment le Brésil avait changé en travaillant avec des acteurs non professionnels. Il en ressort un film très fluide malgré les multiples histoires qui s’entrecroisent et des acteurs épatants d’énergie dont Sandra Corveloni qui pour son rôle de mère harassée a reçu le prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes. + COURT MÉTRAGE semaine du 15 au 21 avril Le Baiser France – 2007 – 9’45, de yann coridian, avec Sarah Le picard, Malik Zidi… Un homme parle à une femme qui n’a qu’une idée : celle de l’embrasser. Dans une chambre, ils sont assis au bord du lit : leur gêne mutuelle est palpable et déclenche chez l’homme une logorrhée inattendue et loufoque. Malik Zidi excelle dans cet exercice de parole burlesque et emmène sa soupirante transie aux limites du supportable. Le baiser qui en découle est une longue et belle délivrance. V Ann, une nuit, suit son compagnon Thomas, et le voit entrer dans une maison, en banlieue parisienne, où une jeune femme l’accueille tendrement : elle décide de le quitter, mais aussi de tout quitter de sa vie actuelle, de rompre totalement, de partir sans laisser de traces. Mais elle est musicienne et ne tient qu’à la musique. Elle fuit afin de se reconstruire et dans cette évasion d’explorer son identité, dans un lieu nouveau ; elle croit le trouver sur l’île d’Ischia, dans La Villa Amalia. Adapté du roman de Pascal Quignard, Isabelle Huppert que l’on vient de voir tout récemment dans Home et Un barrage contre le Pacifique porte le personnage complexe, un peu mystérieux de Ann Hidden. C’est le cinquième film de collaboration entre B. Jacquot et Isabelle Huppert, le premier, Les Ailes de la Colombe, datant de 1981. Sources : telerama.com - www.comeaucinema.com U Un chat, un chat France – 2008 – 1h45, de Sophie Fillières, avec chiara Mastroianni, Agathe Bonitzer, Sophie Guillemin… D’un côté, il y a Célimène (Chiara Mastroianni), trentecinq ans, écrivain en manque d’inspiration, qui préfère se faire appeler Nathalie depuis l’adolescence. Son appartement étant en travaux, elle vit chez sa mère avec son fils de sept ans. De l’autre côté, Anaïs (Agathe Bonitzer), étudiante fraîche et arrogante, fait tout pour que Célimène accepte de la prendre comme sujet d’écriture. Ce film, projeté à la 59e édition du festival de Berlin, est le quatrième long-métrage de Sophie Fillières, après Grande Petite (1994), Aïe (2000) et Gentille (2005). Chiara Mastroianni, inattendue dans ce rôle comique, dit de son personnage : « Célimène n’est pas une fille torturée, ce genre de portrait de femme trentenaire est assez com- 14 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 Filmographie (paftielle) : Central do Brasil (98) – Carnets de voyage (04) Un été italien USA – 2008 – 1h34, de Michael Winterbottom, avec colin Firth, Hope davis, catherine Keener, Willa Holland, perla Haney-Jardine… Chicago, une famille ordinaire : le père, la mère, leurs deux filles. Et puis l’irréparable : un accident de voiture, la mort de la mère. Cette disparition menace de désagréger cette famille banale. Le père emmène donc ses filles en Italie, à Gênes, dans l’espoir d’un nouveau départ et d’une nouvelle vie pour les trois. Mais on n’oublie pas un deuil si facilement. Winterbottom, cinéaste toujours très attendu, réalise là un film sobre, évitant tout excès de pathos, et qui pourtant émeut le spectateur par la justesse du ton et de la réalisation. On est touché par les traumatismes qui se manifestent progressivement, chez chacun des per- Villa Amalia France – 2008 – 1h34, de Benoît Jacquot, avec isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois, Maya Sansa… retour en Allemagne de rejoindre la Résistance. Il va préparer avec de nombreux conspirateurs l’opération Walkyrie, destinée à éliminer le Führer et à mettre en place un gouvernement d’opposition. Les circonstances vont mettre Stauffenberg à la tête des opérations : il devra diriger le coup d’État, mais aussi assassiner Hitler… Bryan Singer (Usual suspects, X-Men) se penche pour la première fois sur une histoire vraie, le «complot du 20 juillet», un épisode méconnu et héroïque de la Seconde Guerre mondiale. Le réalisateur dit avoir conçu son film comme un divertissement plutôt qu’une leçon d’histoire, et avoir voulu allier la beauté des classiques des années 40 au rythme d’un thriller contemporain. Pari réussi, selon une partie de la critique, qui a qualifié Walkyrie de drame hollywoodien très efficace. Sources : allocine.fr, premiere.fr Welcome France – 2008 – 1h55, de philippe Lioret, avec vincent Lindon, Firat Ayverdi, Audrey dana… Bilal, dix-sept ans, est un clandestin irakien qui rêve de Grande-Bretagne. Après une tentative de passage ratée, il décide de traverser à la nage. S’entraînant en piscine, il attire l’attention de Simon, un maître nageur en cours de divorce dont l’ex-femme aide bénévolement les sanspapiers à se nourrir et se vêtir. Par défi, et peut-être aussi pour retrouver du prestige auprès de sa femme, Simon entreprend d’entraîner Bilal : le jeune homme est sportif mais piètre nageur… Welcome s’appuie sur un patient travail d’observation et, sans pathos ni apitoiement, mais avec une dynamique évidente, nous entraîne dans le sillage de cet apprenti nageur et dans le monde tourmenté de ces hommes prêts à tout pour l’espoir d’une vie un peu meilleure… ER Filmographie partielle : Tombés du ciel (1993) - Tenue correcte exigée (1997) – Mademoiselle (2001) – Je vais bien, ne t’en fais pas (2006). Sources: Dvdrama.com- Première.fr W Walkyrie répondeur USA – 2008 – 1h50, de Bryan Singer, avec Tom cruise, carice van Houten… 08 92 68 37 01 Pendant la Seconde Guerre mondiale, le colonel Stauffenberg est blessé au combat en Afrique, et décide à son www.studiocine.com 0,34 € la minute Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 15 4 Cinéma 1h00’ VF 1h58’ lundi 19h30 14h15 (dim 14h45) 17h15 19h30 21h45 14h15 (dim 14h45) 19h15 LE ROYAUME DES DIAMANTS LE PETIT CHAT CURIEUX de Satyajit Ray de Tsuneo Goda (dim 14h30) + VF COCO AVANT CHANEL PONYO SUR LA FALAISE de Anne Fontaine de Hayao Miyazaki à suivre… 14h15 14h15 (dim 14h30) VO à suivre… 19h15 1h33’ VF 1h47’ DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE de Bertrand Tavernier LA LÉGENDE DE DESPEREAUX 17h15 voir page CNP jeudi 20h00 Cinéma lundi 19h30 (dim 14h30) 1h30’ 1h47’ (dim 14h30) LET’S MAKE MONEY 19h30 de Erwin Wagenhofer CHÉRI de Stephen Frears 17h30 19h15 21h30 14h15 1h31’ 1h55’ 14h15 (dim 15h00) SOIS SAGE STILL WALKING de Juliette Garcias de Kore-Eda Hirokazu 19h45 17h45 (dim 14h30) 14h15 (dim 15h00) UN ÉTÉ ITALIEN JERICHOW de Michael Winterbottom de Christian Petzold 19h45 21h30 21h45 LE PORTRAIT DE DORIAN GRAY de Albert Lewin VILLA AMALIA de Benoît Jacquot Le film imprévu 08 92 68 37 01 www.studiocine.com ? Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. 14h15 (dim 15h00) 14h15 (dim 15h00) 19h15 de Sophie Fillières (dim 14h45) 19h45 21h45 2h00’ de Kiyoshi Kurosawa 17h15 21h30 LA FILLE DU R E R 1h38’ de André Téchiné 2h00’ L’HEURE DE VÉRITÉ 1h51’ de Ron Howard 1h48’ UNE FAMILLE BRÉSILIENNE LA JOURNÉE DE LA JUPE de Jean-Paul Lilienfeld FROST NIXON (dim 14h45) 14h15 UN CHAT, UN CHAT TOKYO SONATA 1h40’ EDEN À L’OUEST 17h15 21h30 17h00 de Costa Gavras 21h15 WELCOME 21h15 1h47’ de Walter Salles et Daniela Thomas de Philippe Lioret 1h34’ lm dufim ois NULLE PART TERRE PROMISE 19h30 à suivre… 1h34’ 17h30 17h45 DONNE-MOI LA MAIN 17h45 1h50’ 19h45 1h34’ 17h15 (dim 15h00) + 1h46’ à suivre… 1h33’ de M. Hegmer & F.Fjeldmark de Pascal-Alex Vincent Rencontre avec le réalisateur : mardi 7 avril, après la séance de 19h45. Film + Débat 19h00 14h15 21h45 14h15 6 Culture libre et bien commun mer-sam GLOUPS ! JE SUIS UN POISSON 1h20’ 14h15 de R. Stevenhagen et Sam Fell à suivre… 1 2009 1h20’ VF Festival Désir… Désirs 16h00 1h55’ VO + VF 1h50’ 21h30 14h15 KOMANEKO semaine du 1 au 7 avril 2009 Désir… Désirs du 22 au 28 avril Désir… Désirs semaine 1h16’ HERBE 21h45 de Matthieu Levain de Emmanuel Finkiel 2h04’ SYNECDOCHE NEW YORK de Charlie Kaufman www.studiocine.com Le film imprévu 08 92 68 37 01 www.studiocine.com ? Film pouvant intéresser le jeune public, les parents restant juges. semaine du 8 au 14 avril 2 du 15 au 21 avril 2009 1h55’ VO + VF PONYO SUR LA FALAISE Festival Désir… Désirs 1h15’ LES RÈGLES DU VATICAN CNP jeudi 20h00 Cinéma de Alessandro Avellis Film + Débat 1h20’ VF 2h06’ de M. Engel, R. Ashley & R. Orkin 14h15 (dim-lun 15h00) + 17h30 14h15 TOKYO SONATA de Joseph Mankiewicz de Kiyoshi Kurosawa (dim-lun 15h00) 2h00’ FROST NIXON CHÉRI de Stephen Frears L’HEURE DE VÉRITÉ de Ron Howard 1h34’ 17h15 21h30 VILLA AMALIA de Benoît Jacquot NULLE PART TERRE PROMISE 21h30 19h30 de Fabienne Godet 1h40’ LA FILLE DU R E R de André Téchiné Cinéma lundi 19h30 14h15 (dim 14h30) 17h15 19h30 21h45 14h15 1h25’ LA MORT D’UN BUREAUCRATE SYNECDOCHE NEW YORK 21h45 de Charlie Kaufman 08 92 68 37 01 de R. Stevenhagen et Sam Fell 1h34’ www.studiocine.com www.studiocine.com Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire). 19h00 17h15 VO 19h15 17h15 14h15 (dim 15h00) 50’ LA NOUNOU 3 VILLA AMALIA 1h47’ 1h30’ CHÉRI de Stephen Frears 1h34’ 16h15 de Garri Bardine de Benoît Jacquot LET’S MAKE MONEY de Erwin Wagenhofer 17h45 21h45 1h47’ UN ÉTÉ ITALIEN de Michael Winterbottom NE ME LIBÉREZ PAS JE M’EN CHARGE de Fabienne Godet 17h45 21h45 2h00’ 1h31’ SOIS SAGE de Juliette Garcias FROST NIXON L’HEURE DE VÉRITÉ 21h30 de Ron Howard 2h00’ ? (dim 14h45) + de M. Engel, R. Ashley & R. Orkin de Bertrand Tavernier 19h45 Le film imprévu LE PETIT FUGITIF LA LÉGENDE DE DESPEREAUX (dim 15h00) VF 14h15 1h20’ VF DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE (dim 14h45) 14h15 de Hayao Miyazaki 3 1h33’ VF 1h57’ 17h15 21h15 14h15 PONYO SUR LA FALAISE de Tomas Gutierrez Alea (dim 14h30) 14h15 1h55’ VO + VF Documentaire + Débat 19h45 2h04’ NE ME LIBÉREZ PAS JE M’EN CHARGE jeudi 20h00 (dim 15h00) de Emmanuel Finkiel 1h47’ CNP Rétention contre Droit d’asile 19h30 21h30 1h34’ lm dufim ois 17h15 19h15 21h15 19h30 LE PETIT FUGITIF LE REPTILE 1h30’ (dim-lun 14h45) (dim-lun 14h30) 17h00 VO 19h15 21h30 19h30 17h15 19h15 21h15 14h15 (dim-lun 14h30) + mer-sam 2h00’ (dim-lun 14h45) 14h15 de Hayao Miyazaki avec le réalisateur & les associations lundi 19h30 14h15 6 Désir… Désirs voir page VF 14h15 semaine 2009 WALKYRIE de Brian Singer Le film imprévu 08 92 68 37 01 www.studiocine.com ? Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes. En bref ici. . . ` CORPS EN FUSION Avec Partir, non seulement Catherine Corsini va nous permettre de retrouver Kristin Scott Thomas dans un premier rôle, mais qui plus est dans celui d’une grande amoureuse ! On sait, depuis Le Patient anglais, que la plus française des comédiennes britanniques*, fait partie de celles qui peuvent donner chair à l’expression « du feu sous la glace » ! Épouse désœuvrée d’un médecin interprété par Yvan Attal, elle va s’éprendre éperdument de l’ouvrier chargé de l’installation de son futur cabinet de kinésithérapeute ! C’est Sergi Lopez qui donnera corps à l’objet de cette passion, qui emportera tout sur son passage. (*notons que d’autres qu’elles pourraient correspondre à cette définition !) ` LA PASSION SELON DUMONT Le jamais consensuel Bruno Dumont persiste et signe : tournage dans le Nord et comédiens non professionnels pour son prochain film comme pour presque tous les précédents (La Vie de Jésus, Flandres…). Avec Hadewijch*, cet adepte du « cinéma sans gras » si cher à Pialat, ne devrait pas cesser de nous bousculer : il mettra en scène une jeune fille si possédée par sa foi qu’elle finira par être exclue de son couvent. De retour à la vie civile, elle basculera dans la délinquance et le terrorisme religieux. Une Palme d’or viendra-t-elle compléter la collection de cet auteur régulièrement primé du Festival de Cannes ? * Hadewijch était une béguine flamande, poétesse mystique au XIIIe siècle. ` DEVOIR DE MÉMOIRE Outre L’Armée du crime de Robert Guédiguian, sur le groupe Manouchian (cf. En Bref de juillet 2008), un autre film, réalisé par Roselyne Bosch et interprété par Gad Elmaleh, Jean Reno et Emmanuelle Seigner, reviendra sur la période de l’Occupation. La Rafle évoquera plus précisément l’internement au Vél’ d’Hiv’ de plus de 12 000 Juifs, avant leur déportation en Allemagne, en juillet 1942. et ailleurs. . . ` RENAÎTRE DE SES CENDRES Terry Gilliam réussira-t-il là où Orson Welles a échoué : briser la malédiction pesant de bout en bout sur un projet au point d’en provoquer l’annulation ? Si le Maître, auteur de Citizen Kane n’a jamais pu mener à terme son adaptation de l’œuvre de Cervantes, il semble- 16 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 rait que L’Homme qui a tué Don Quichotte puisse enfin voir le jour ! Terry Gilliam a déjà obtenu l’accord de Johnny Depp, mais pour l’instant pas d’information sur celui qui reprendra la lance et l’armure de Jean Rochefort pour se battre contre les moulins à vent ! ` CHEF D’ŒUVRE EN PÉRIL ? Tentons de ne pas avoir d’a priori : il arrive, contre toute attente, que des remakes de très grands films voire de chefs d’œuvre soient réussis et même proposent une relecture personnelle et intéressante de l’histoire en question, comme par exemple, le King-Kong de Peter Jackson. Qu’en sera-t-il pour le mythique Sunset Boulevard de Billy Wilder hanté par les inoubliables Norma Desmond-Gloria Swanson, Joe Gillis-William Holden et Max von Mayerling-Eric Von Stroheim ? On sait juste qu’il devrait subir un curieux lifting : en effet l’action se situera désormais à Londres (curieux choix puisque le sujet du film est intrinsèquement lié à Hollywood et aux quartiers résidentiels des stars de l’âge d’or de la Mecque du cinéma), avec dans le rôle de la grande actrice du muet fossilisée dans son ancienne gloire… Keira Knightley ! Aussi excellente soit-elle dans les rôles à costumes (Reviensmoi, The Duchess entre autres) et même avec moult artifices, on peut douter qu’elle possède le vécu et l’épaisseur nécessaires pour incarner ce fantôme ! Colin Farrell endossera la dépouille du fameux noyé, narrateur de cette histoire on ne peut plus mortifère ! ` BEAU ET BON À LA FOIS Eh oui, c’est comme ça, certains cumulent les atouts dans leur jeu : ils affichent un physique plus qu’avantageux et en plus sont bons comédiens. Pourtant, ces deux qualités ne font pas forcément bon ménage : la première pouvant quasiment occulter la seconde. Mais la nature ayant décidément été fort généreuse avec eux, la clairvoyance leur permet de choisir des rôles qui mettent en relief leur seconde qualité sans se laisser enfermer dans des apparences si flatteuses soient-elles ! Chez les femmes, c’est le cas de Nicole Kidman (bon, d’accord, jusqu’à Australia) ou Charlize Theron, tandis que, chez les hommes, Brad Pitt arrive désormais en tête de liste, capable qu’il est de faire le grand écart entre le crétin magnifique de Burn After Reading des frères Coen et un Benjamin Button à la fois et/ou consécutivement vieux, jeune, naïf, curieux, sage, déterminé, amoureux fou… en un mot bouleversant. Augurons donc une forcément bonne surprise pour sa collaboration avec James Gray (Two Lovers) excellent directeur d’acteurs s’il en est. Dans The Lost City of Z, Brad Pitt interprétera un officier anglais qui, en compagnie de son fils, dans les années 20, trouvera la mort en partant sur les traces d’une civilisation perdue en Amazonie. IG Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 17 Bande annonce À propos de : LE BAL DES ACTRICES VIOLENCES ÉCONOMIQUES et RÉSISTANCES SOCIALES Du conditionnement de Lisbonne à l’effondrement social généré par le néo-libéralisme. Un programme éblouissant établi à Lisbonne pour la première décennie du XXIe siècle : « L’économie la plus compétitive du monde » amenant « une croissance durable et une amélioration quantitative de l’emploi » assortie « d’une plus grande cohérence sociale ». (23-24 mars 2000, Lisbonne). Révision de la stratégie prévue à mi-parcours en 2005. Nous sommes en 2009 : désastre économique et social incontestable ! En contrepoint, croissance exponentielle des plus hautes fortunes… La stratégie de Lisbonne cherchant à créer des « entreprises novatrices » orientait la Banque européenne d’investissement vers le « capital-risque ». Résultat : les petites et moyennes entreprises sont étranglées à la fois par les donneurs d’ordres et par les banques. Associé aux délocalisations, l’impact de la crise est supporté essentiellement par le monde du travail, par les précaires, par les chômeurs. Et, par voie de conséquence, par le petit commerce. À cette situation déplorable vient s’ajouter le contrôle de la Justice et le fichage des individus. Et pour les pays les moins avancés : la disparition de l’aide au développement qui les anéantit. Cette désagrégation sociale est insoutenable. Qui acceptera que les soins aux malades ne soient plus que des marchandises ? Que tout le système scolaire soit soumis à la loi du profit ? Que la protection sociale soit progressivement supprimée ? Que les parcs locatifs de la Caisse des dépôts et consignations soient mis en difficulté ? Que Réseau Ferré de France laisse à l’abandon ses moyens de fonctionnement ? Comment organiser la résistance ? Massivement dans la rue ? Par le bulletin de vote (prochaines échéances les européennes) ? Par l’action auprès des élus ? À travers les associations, par le soutien aux organisations syndicales ? Le MRC 37 (Mouvement Républicain et Citoyen) Comme d’habitude, une séance du CNP se fera prochainement l’écho de ce débat. 18 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 Faux airs On sait bien que le cinéma est un art du mensonge. « La pluie est artificielle au cinéma parce que la vraie pluie ne se voit pas. C’est très précisément ce qui m’intéresse au cinéma : quelque chose qui parle de la réalité, qui est vrai, mais qui doit devenir une représentation de la réalité pour être perceptible. »1 Mais ce mensonge spectaculaire se construit avec du réel. Quand on voit un acteur au cinéma, on sait bien que ce n’est pas lui qui parle, qu’il joue un rôle et pourtant, c’est avec sa propre voix qu’il parle, c’est son vrai corps que l’on voit, s’il pleure, c’est avec de vraies larmes même si elles sont provoquées mécaniquement, les émotions sont réellement incarnées, il y a cette magie particulière entre le personnage et l’acteur réel (on dit qu’il se glisse dans la peau de son personnage). « Si les fictions avec personnages sont omniprésentes dans notre espèce, c’est que nous sommes nous-mêmes les personnages de notre vie… Personnage et personne viennent tous deux de persona mot bien ancien (les Romains l’ayant emprunté aux Étrusques) signifiant : masque. Un être humain, c’est quelqu’un qui porte un masque. Chaque personne est un personnage. La spécificité de notre espèce, c’est qu’elle passe sa vie à jouer. »2 Déjà expérimenté dans Grosse Fatigue de Michel Blanc ou Dans la peau de John Malkovich de Spike Jonze, le procédé est systématisé dans Le Bal des actrices et le trouble identitaire fonctionne à plein régime : chaque actrice porte un masque, mais c’est le sien : non seulement l’appa- rence physique mais aussi le nom et tous les signes extérieurs connus du grand public. Le spectateur sait bien que « c’est du cinéma » et pourtant le trouble persiste. Avec, comme corollaire, un certain voyeurisme (jamais tout à fait absent du plaisir cinéphilique), celui que sait exploiter dans un autre contexte la presse people : Maïwenn et Joey Starr forment-ils un vrai couple à la ville ? Comment le chanteur est-il quand il ne fait pas la une des faits divers ? Karine Viard rêve-t-elle d’Amérique ? Romane Bohringer a-t-elle des problèmes de carrière ? Et Marina Foïs de peau… Questions sans intérêt, tout à fait superficielles, comme cette comédie déjantée qui ose les ruptures de tons, les saynètes ridicules, les chansons légères et leur chorégraphie décalée. Bien sûr, on n’y apprend rien de nouveau sur le mal être de ces femmes qui vivent du désir des autres (des réalisateurs et des spectateurs). Mais il y a une vraie énergie qui traverse le film, un vrai culot et, au-delà de l’humour et de la provocation, s’insinue un sentiment de tristesse persistant qui n’a plus rien de faux. Alors, comme dans Histoire de faussaire, concluons avec Georges Brassens : Ce serait sans doute mentir Par omission de ne pas dire Que je leur dois quand même une heure Authentique de vrai bonheur. DP 1 2 Conversations avec Pedro Almodovar (Cahiers du cinéma) L’Espèce fabulatrice de Nancy Huston (Actes sud) Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 19 Courts lettrages : LE BAL DES ACTRICES C’est un film plaisant, attachant, et pourtant on y ressent un certain malaise en le voyant. La réalisation y saborde les frontières du documentaire et de la fiction (rien n’y est faux puisque tout est faux !) et pourtant on y reste sur sa faim, on ne se sent pas bousculé. Conventionnel, vous avez dit conventionnel : oui, tout bas. Parce que ce n’est pas sûr. Et les actrices, alors ? Ben, justement : les actrices ? Vraies ou fausses ? C’est qui, une actrice ? CdP Au bal, on y chante aussi, ce qui n’est pas sans rappeler les impromptus des 8 Femmes de François Ozon. Et le procédé fonctionne à merveille sur le registre du fantasque. L’amour de soi-e et des belles choses, l’amour de l’amour de soi, jeux de miroir révélant les désirs comme les fragilités en chacune. Touches tendres sur une mélodie fraîche embaumant de respect ses nombreuses héroïnes… même si c’est bien de Maïwenn, au bout compte, qu’il s’agit ici, avant tout. RS On comprend bien le projet de Maïwenn, on aime volontiers ce mélange de 20 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 fiction et de réel. La seule difficulté est que, ne connaissant pas certaines des actrices ici mises en valeur, et ne connaissant rien de la vie de toutes… j’ai eu l’impression de passer complètement à côté du film, un peu comme s’il s’était agi d’une énorme private joke. ER On savait déjà que les actrices étaient des personnes fragiles, obnubilées par leur image, capricieuses, marginales… Rien de bien neuf ! Maïwenn porte sur elles un regard attentif et attendri. Avec talent, elle les entraîne loin de la banalité, des redites pour accéder à un monde léger et féérique. MS L’affiche de ce film est étonnante : les neuf actrices principales sont vues en contre-plongée, allongées nues sur un fond noir d’où elles regardent le spectateur. Elles forment un puzzle de corps qui s’entremêlent sans aucune salacité et elle évoque bien l’aspect composite du Bal des Actrices, vrai-faux reportage sur de vraies actrices semblant interpréter leur propre rôle mais jouant finalement faussement à se mettre à nu pour mieux exprimer vraiment les joies, les doutes, les angoisses du métier d’actrice, la peur de l’oubli et du vieillissement, le tout entrecoupé de chorégraphies, de chansons inter- prétées par chacune d’entre elles, de rires et de petits drames. En tout cas, un hommage farfelu beaucoup plus réussi que celui, balourd, d’un Lambert Wilson bredouillant lors de la cérémonie des Césars, à propos de la fragilité émouvante des actrices… DP Après François Ozon (Huit femmes), Christophe Honoré (Les Chansons d’amour, La Belle personne), Xavier Giannoli (Quand j’étais chanteur), Ilan Duran Cohen (Le Plaisir de chanter) en passant par Etienne Chatilliez (Agathe Cléry), Maïwenn apporte une nouvelle touche au retour de la chanson dans la fiction française. Pourvu que ça dure. JF Le couple a priori improbable Maïwenn/Joey Starr se transforme en surprise délectable, l’artiste musclé se révélant d’une justesse presqu’élégante. RS Il faut de l’audace, quand on est réalisatrice, pour oser mélanger les genres, brouiller les pistes, comme le fait Maïwenn dans Le Bal des actrices. Il faut de l’audace, quand on est actrice, pour jouer son propre rôle avec autant de second degré (cf. Karin Viard ou Marina Foïs). C’est sûrement son audace qui rend ce film aussi réjouissant. LB Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 21 Pages & images Pages & images L’AUTRE En 2002, Annie Ernaux nous raconte en un bref récit à la première personne, présenté comme une aventure vécue, une crise de jalousie paroxystique : une femme de 47 ans rompt après une liaison de six années avec un jeune amant. De cette rupture, elle ne souffre nullement, au contraire : « On continuait de se téléphoner, on se revoyait de temps en temps », jusqu’au jour où il lui apprend qu’il vit de nouveau avec une femme du même âge qu’elle. Une jalousie violente alors se déclenche, l’envahit, « l’occupe ». D’où le titre du récit: L’Occupation. S’appuyant sur ce récit de A. Ernaux, dont ils gardent la structure, P.-M. Bernard et P. Trividic ont réalisé un film éblouissant de maîtrise, grâce au jeu de Dominique Blanc qui incarne, sous le nom de A.-M. Meyer, ce personnage que la jalousie envahit. Mais, du livre au film, un degré est franchi. De la jalousie qui « occupe » l’esprit, déforme le réel, envahit l’imagination, telle que la décrit A. Ernaux, nous passons dans le film, si justement appelé L’Autre, à une sorte de psychose destructrice. Car, la révélation de l’âge similaire de l’Autre conduit le personnage à se dévaloriser totalement : elle n’était pas aimée pour elle-même, son amant sans doute aime les femmes mûres, elle n’était qu’un avatar de cette prédilection 22 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 Dominique Blanc exprime avec profondeur et émotion cette perte progressive de l’estime de soi, qui va bien au-delà d’une crise de jalousie, si forte soit-elle. Les scènes face au miroir, où elle se déteste, va jusqu’à se frapper, miroir qu’elle masque de façon pathétique avec de vieux journaux, véhiculent un grand pouvoir d’émotion. Pire, elle s’identifie à toutes les situations douloureuses de solitude. Mais elle trouve néanmoins un ami qui répond à sa détresse, le beau personnage de Lars, qui essaye de l’aider, de l’accompagner, mais qui lui-même porte la souffrance d’une maladie impitoyable. Dominique Blanc, tantôt tendre, tantôt cruelle, exprime une grande violence qui fait presque peur : jusqu’où ira-t-elle contre elle-même ? Complexe, vivante, insaisissable parfois, elle évolue dans le cadre de la Ville. Et cette ville (Paris et sa banlieue) nous est donnée par des images saisissantes (l’autoroute que la caméra balaie) ou banales (le métro, la rue, les centres commerciaux, la foule anonyme qu’elle fend à grands pas, le regard tourné à l’intérieur d’elle-même, sur sa solitude et son obsession). On est, par moments, au bord du fantastique, alors que les lieux sont bien réels, et bien réelle aussi la dérive qui mène aux limites de la perte de soi. JC Un barrage contre le Pacifique Marguerite Duras aurait-elle aimé le film réalisé par Rithy Panh à partir de son roman Un barrage contre le Pacifique ? Nous savons combien elle avait été déçue, mécontente, chaque fois qu’un réalisateur, si prestigieux soit-il, s’était risqué à cette entreprise périlleuse de porter à l’écran un de ses romans. Quand René Clément en 1953 adapte Un barrage contre le Pacifique, elle dit ouvertement sa réticence : « C’est bien raconté, tout y est, mais l’écriture avait disparu et rien ne pouvait la remplacer ». Un barrage contre le Pacifique, écrit en 1950, est nourri de souvenirs autobiographiques, de ce drame réellement vécu dans l’enfance, de la concession inondable, naïvement achetée par sa mère, devenue veuve, et impropre à toute culture. Rithy Panh a filmé les lieux mêmes de cette concession, les tentatives désespérées de barrages contre les grandes marées du Pacifique, avec l’aide des autochtones que l’énergie folle de la mère dynamise… Cette mère que les deux adolescents, Suzanne et Joseph, aiment, protègent et redoutent, cette mère malheureuse, violente, déprimée, gagnée par une sorte de folie et d’épuisement, M. Duras l’aurait-elle reconnue dans le jeu si contrasté d’Isabelle Huppert, qui a surtout voulu traduire, semble-t-il, l’aspect destructeur et autodestructeur du personnage ? Le film, comme le livre, met l’accent sur la complexité de cette mère, aimante, révoltée par sa misère et la corruption des fonctionnaires, mais, capable, elle aussi, de se transformer en marieuse sans scrupules. L’apparition dans leur entourage de Monsieur Jo, fils d’un riche planteur chinois dans le film, qui s’intéresse de près à la belle adolescente Suzanne, cristallise cette avidité : on méprise Monsieur Jo, on l’exploite, on ne lui accorde surtout rien, mais il peut rapporter gros. Rithy Panh n’invente pas : il suit ici le roman de M. Duras. Plus que le livre, le film met en valeur la vie misérable des paysans autochtones, l’injustice et la brutalité des fonctionnaires et de la police. Plus malheureux que les Blancs pauvres, les paysans, dont les enfants meurent par milliers, sont les victimes du système colonial et de la corruption. Si le film gomme la partie centrale du roman, le séjour en ville, il traduit bien l’enlisement dans la plaine, la monotonie d’une situation désespérée, et l’envie folle de partir à n’importe quel prix : la famille ne résistera pas à l’éclatement. Qu’on aime, ou qu’on aime moins le film de Rithy Panh, on a le sentiment qu’il ne trahit pas le roman dont il s’inspire, ce premier grand roman, auquel elle a toujours donné sa préférence. Mais, si les images sont belles, si Isabelle Huppert est étonnante de maîtrise, on est tenté de reprendre l’expression de M. Duras : « L’écriture a disparu et rien ne peut la remplacer ». JC (Dominique Blanc a reçu pour ce rôle le Prix d’interprétation féminine à la Mostra de Venise 2008) Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 23 Face à face : ÉLÈVE LIBRE de Joachim Lafosse Du mauvais usage de la culture sont affranchis des servitudes où s’englue l’homme post-moderne. Que Jonas ait des difficultés en français, en allemand, en maths ou en amour, ils ont la réponse et, comme il est vrai qu’ils sont assez drôles, qu’ils maîtrisent bien mieux le jeu et les codes sociaux que Jonas, comme ils sont très disponibles et très ouverts, on ne peut guère qu’adhérer à leur jeu, on ne peut qu’être séduit. Le titre même du redoutable film de Joachim Lafosse est porteur d’une ambiguïté que l’on ne comprendra que plus tard : en Belgique, un élève libre est un candidat libre. Candidat libre, Jonas l’est indiscutablement puisqu’il s’apprête à passer un difficile examen sans être inscrit dans un quelconque lycée (pourrait-on hasarder qu’il est sorti du ventre de la baleine scolaire ?) Et libre, il semble bien l’être puisqu’il ne voit pratiquement plus jamais ses parents (divorcés) ou son frère. Heureusement, pour l’aider dans sa tâche 24 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 C’est ici qu’intervient l’ambiguïté évoquée plus haut car, plus qu’un candidat (libre ou non), Jonas est un élève, celui que ses mentors ont pour mission d’élever, d’amener à un plus haut niveau de connaissance. Mais cela en fait-il un élève libre pour autant ? scolaire, il est tombé sur un groupe d’amis de sa mère : cultivés, financièrement à l’aise, Pierre, Nathalie et Didier sont capables, à eux trois, d’accompagner Jonas dans un peu toutes les matières et forment un admirable trio aux compétences multiples et à l’humour parfois ravageur. Elégants, insouciants, libérés des contingences qui alourdissent le commun des mortels : bien qu’encore jeunes, ils ont déjà vécu et se Un premier coup de massue arrive lors d’un dîner auquel le trio libéral-libertaire a aussi convié Delphine, la petite amie de Jonas, qui connaît avec elle quelques difficultés sentimentalo-sexuelles. Le trio se montre si provoquant que Delphine prend la fuite. Sans peut-être savoir le formuler, elle a compris que Nathalie, Pierre et Didier ne se contentaient pas d’oublier les convenances, mais entraînaient son amoureux sur un terrain très mouvant, où il n’était pas du tout armé pour survivre. Jonas vient de prendre une première leçon, chèrement payée : tant va la cruche au dîner qu’à la fin elle se casse, mais, un peu cruche lui-même, il reste. Le véritable apprentissage de Jonas peut alors commencer : libéré de son école, libéré de sa mère et de son frères (absents), libéré de son amie, il n’a plus de sortie : il est devenu tellement libre qu’il est prisonnier à son insu de ses amis qui ne lui veulent que du bien. Il est prisonnier d’amis qui vont se jouer de son ignorance sexuelle, qui vont brouiller les cartes et lui faire perdre ses repères : « si je ne peux pas dire si la bouche qui me caresse est celle d’un homme ou celle d’une femme, où est mon identité sexuelle ? » Ici, le malaise s’empare de vous, spectateur, s’insinue et, petit à petit, gagne de vos tripes à votre cerveau : comment accepter que ces gens cultivés, intelligents et drôles soient à ce point insensibles, à ce point inconscients des dégâts qu’ils sont en train de commettre ? Et la grande force du film réside justement ici, tient précisément à ce que jamais Joachim Lafosse ne semble condamner les agissements du trio. Libre à vous de tirer les conclusions qui vous semblent s’imposer. Il n’y a ni circonstances atténuantes ni circonstances aggravantes parce qu’il n’y a pas d’acte d’accusation. Ce qui rend notre responsabilité de témoin immobile encore plus grande… ER Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 25 Face à face : ÉLÈVE LIBRE de Joachim Lafosse Vive le sport et s’porte la vie ! À chaque frappe, toute sa force, tout son souffle. Dès la frappe, toute sa conscience ramassée. Il se replace, il voit le jeu de l’autre, il remet ça, il tient bon, il se prépare à nouveau à tout mettre dans la balle, il entre entièrement dans le cadre, il grandit, il couvre le terrain, (oui ! allez, mon p’tit gars !) il remet la balle dans le court, il s’engage dedans, un instant qui lui appartient, il s’engage seul, il fait l’homme Camus et son bonhomme de chemin. Le terrain tracé, le terrain sans surprise, Jonas l’a intégré, depuis le temps qu’il s’entraîne. Le terrain est effectivement tout tracé, mais pas la voie, bien au contraire. En réalité, la vie de Jonas n’est déjà que ruptures : divorce des parents, absence du père, absence de la mère, échec scolaire, fratrie trop responsable pour ne pas être différée, fratrie sans jeu, et encore on ne sait pas tout. Jonas a-t-il jamais joué, sinon au tennis ? Comme la balle qu’il frappe à fond, Jonas est tantôt tout à fait in, dans le court, tantôt tout à fait out, hors limite. C’est in ou c’est out à chaque coup, c’est l’un ou l’autre, jamais à la fois in et out. Mais un jour, tendance très largement dehors, même pas matière à discuter, perdue la balle, éliminé le Jonas, il rencontre trois bouées de sauvetage, trois baleines 26 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 comme dans un rêve, apparemment rondes et bienveillantes, un peu bonnes pommes même, énormes, gourmandes, joueuses, beaucoup trop joueuses, au fond (quand l’obscénité trouvera-t-elle une limite ?) Emprisonné dans le ventre du monstre marin, aveuglé, dévoré, trompé, Jonas s’est mis à espérer revenir dans le terrain (Camus, le revoilà : « L’espoir est l’énergie des lâches. »). Il s’est vu monter au filet, placer, smasher, marquer, jouer divinement bien. Il n’a fait que se rêver car, dans les faits (comment prouver, cependant, comment croire), l’adversaire tripartite le baladait, lui faisait prendre des risques inutiles, le poussait à la faute, le scotchait de plus en plus au fond du court, le prenait à contre-pied, le dépassait, le trépassait, le noyait. Pendant ce temps, Jonas ouvrait dangereusement son terrain, prenait la tangente. On le voyait faire. On ne pouvait rien faire. On hurlait. Il n’entendait rien. On était spectateur. Dans la baleine, était-il, ni in, ni out, ni vivant, ni mort. Jonas, zombie du tennis. Un junior contre trois malins seniors, la partie était devenue totalement inéquitable. Jonas ne reconnaissait plus le terrain qu’il avait, jour après jour, intégré, incorporé, fait sien. C’était comme si le court se déformait, sans plus aucun filet pour donner du sens à l’échange ni aucun gardefou pour éviter la confusion des adversaires (au tennis, tant que la balle est en jeu, on n’a pas le droit de toucher le filet). Jonas, déséquilibré, dérepéré, désentimentalisé, était bien mal engagé, sur ce terrain de mots et d’idées sans cœur. À ce moment du match, je vois l’installation de Laurent Perbos, sur le parvis de l’Université d’Aix-en-Provence. Je me dis que ce terrain tout de biais est cassegueule. Je crois que Jonas vient de le comprendre, lui aussi. Enfin, il a vu l’adversaire et, par la même occasion, la chimère (un peu trop tard, beaucoup trop tard, mieux vaut tard que jamais, qui sait quand commence et s’arrête l’obscène). Tournant du match : Jonas regarde par terre, ne sert plus, jette l’éponge. Ce côté du terrain est injouable ou, pour le moins, trop dangereusement jouable. Doute. Il perd le point. Fin du set. On change de côté. Ça rejoue. Jonas réagit. On ne s’y attendait plus. Fin du match, croyait-on. C’est ça le miracle du tennis, jubile le commentateur. « Marvellous », ajoute Nelson. On le dit à chaque fois : rien n’est jamais joué d’avance. Jonas est revenu. Il a marqué. Jeu, set et match. Il a les traits un peu marqués, ne s’étonnet-on même pas. Il a beaucoup transpiré. L’incertitude à chaque coup, à chaque fois, à chaque match et pour toute la vie est devenue une joie, une « pure extase ludique »1. BM 1 Denis Grozdanovitch, De l’art de prendre la balle au bond : précis de mécanique gestuelle et spirituelle, Paris ; Lattès, 2007. Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 27 À propos de THE TRUMAN SHOW Garde à vue C’est certainement l’un des meilleurs films tournés ces vingt dernières années : The Truman show de Peter Weir, sorti en 1998. Witness (1985) et Le Cercle des poètes disparus (1990) tenaient la route mais, avec ce film, le cinéaste australien change de braquet (Master and Commander en 2003 est aussi un sacré bon film de genre). Un enfant né sous X est acheté par une maison de production de télévision. Depuis sa naissance, Truman Burbank (J. Carrey) – confiné dans une gigantesque ville-studio de cinéma truffée de plusieurs milliers de caméras indiscrètes – est la vedette à son insu d’un show télévisé planétaire. Un révoltant enclos de (vidéo) surveillance. Ses faits et gestes sont filmés par un créateur/réalisateur mégalomane sans scrupule, Christof (Ed Harris). Son épouse, ses voisins, sa mère et son père, ses collègues, ses amis, et même le chien d’à côté sont des acteurs professionnels d’Hollywood. Sa vie entière est un spectacle. Truman dort (on pense à Andy Warhol, Sleep, 1963) : son visage apaisé apparaît sur un écran géant verdâtre des studios de la maison de production. Christof passe sa main délicatement sur le front de sa création : le deus ex machina/Pygmalion et sa 28 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 créature. Tendresse sincère presque paternelle ou jouissance sereine de l’omnipotence ? Allez savoir. Une scène superbe. À couper le souffle. Et c’est le cas. La toute fin du film mériterait à son tour une analyse plus approfondie. Vogue le bateau de Truman avec la liberté comme horizon : beauté plastique de chaque plan sans tape à l’œil, scénario ébouriffant et audacieux, mise en scène d’une classique sobriété, une direction d’acteurs inouïe (Jim Carrey au sommet, Ed Harris itou, Laura Linney impeccable, piquante, agaçante et fragile, tout à la fois), un équilibre rarement atteint au cinéma récemment. Plusieurs niveaux de lecture sont comme toujours envisageables. On peut y voir une charge contre les excès de la téléréalité, son manque d’éthique, une dénonciation de notre propre veulerie de spectateur passif et voyeur, un coup de sang artistique provoqué par l’installation proliférante de caméras de surveillance dans nos rues et autres espaces publics, une ode à la liberté (la bâtir à partir d’une servitude initiale), le rejet du conformisme petit-bourgeois confortable contemporain. Sans doute aucun. Peter Weir cependant n’assène pas son propos, le venin est distillé en creux, et la poésie – oui, la poésie – l’emporte toujours sur l’incantation politique accusatrice. D’où l’émotion qui saisit une fois le spectacle terminé, ce vide fécond, plutôt que la révolte ou le dégoût. Vient le lendemain le temps de la réflexion tous azimuts. Le film reste avant tout une œuvre d’art, pas un tract syndical (nécessaire, bien sûr). Et pas n’importe laquelle. Touchée par la grâce. Un mot encore. The Truman Show annonce peut être un mode mondialisé d’organisation post-capitaliste, porteur de sa propre monstruosité, une forme de totalitarisme soft potentiel ; une société pour toujours pacifiée : plus de révolte, plus de contestation, plus de vie en somme. Une société hypersocialisée, assise sur un renforcement du conformisme social et moral. Une société d’autocontrôle (l’encouragement sournois à la délation de temps à autre). Le pied de nez final de Truman Burbank est un acte de résistance : un appel à l’existence, si exister c’est « sortir de, se manifester, se montrer » (latin classique). Il choisit un monde à jamais irrésolu et, pour cela, passionnément libre. Un individu autonome dans une société autonome. Ce refus théâtral (Carrey, génial) de la réduction de la sphère privée au nom du confort est un des plus beaux jamais filmés. Il aurait pu crier : « Je ne fais plus un numéro, je suis un homme libre. » (Le Prisonnier, Patrick McGoohan a été enfin récemment libéré…) Du grand art. OF Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 29 Rencontre avec PHILIPPE LIORET Interrogé sur la continuité à chercher entre ses différents films (il y a loin de Tenue correcte exigée à Welcome, en passant par Je vais bien, ne t’en fais pas…) Philippe Lioret s’explique sans trop de détours : J’aime le cinéma, j’aime faire des films. Avant d’être réalisateur, j’ai été ingénieur du son sur une quarantaine de longs métrages, alors l’ambiance des plateaux, tout ça je connais bien. En particulier, j’aime bien le cinéma des années 70, un cinéma qui avait des choses à dire, impliqué dans la vie sociale. Or, il faut bien constater, aujourd’hui, que le cinéma, qui coûte très cher, est financé par des chaînes de télévision qui, pour rentabiliser leurs investissements, veulent produire des films qui passeront en première partie de soirée. Quand je suis allé leur proposer le scénario de Je vais bien… évidemment, l’histoire d’une adolescente anorexique qui cherche son frère fugueur… Ça n’a pas été facile. Mais le 30 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 film a très bien marché et, pour celuilà, ça été plus facile. D’autant que Vincent Lindon souhaitait vraiment travailler avec moi. Kad Mérad (le père dans Je vais bien…) voulait aussi le rôle, mais je lui ai expliqué qu’en maître nageur… Pour en revenir à ce que j’avais en tête et au cinéma des années 70, j’ai voulu faire quelque chose qui soit entre le film d’auteur et le film populaire. Mais il ne faut pas non plus s’enfermer : Welcome a par exemple obtenu le Label des spectateurs de UGC en même temps qu’il a reçu le soutien de l’AFCAE (Association française des cinémas d’art et d’essai). Par ailleurs, il est important qu’un film comme celui-ci marche bien en salles pour montrer aux chaînes qui l’ont financé (les chaînes publiques, qui ont des problèmes de rentrées financières…) que ce genre de film peut fonctionner… faute de quoi, le financement se fermera et il ne sera plus possible d’en faire… On imagine volontiers que la genèse du film a demandé beaucoup de travail en amont… Avec l’un de mes scénaristes, nous sommes allés voir dans le Nord comment ça se passait. On savait que Sangatte avait fermé, qu’il y avait toujours autant de migrants qui arrivent mais il fallait voir comment ça se passait pour de vrai… Calais, c’est un peu la dernière frontière pour ces gens-là, l’ultime barrière avant la Grande-Bretagne. Ce point d’attente, porteur de tant d’espoir est fort d’une dramaturgie puissante. Comme le dit le personnage de Marion dans le film, c’est un endroit où il faut « être en colère ». Sur place, devant la misère, j’ai hésité, je me suis dit que c’était trop noir et qu’il n’allait pas être facile de trouver un point de vue qui ne soit pas celui d’un voyeur ou d’un profiteur… Et puis, un des bénévoles qui travaillent là-bas nous a raconté l’histoire d’un adolescent qui a tenté de traverser à la nage et dont il était sans nouvelles (il faut savoir que la majorité des hommes qui sont là-bas ont entre 15 et 25 ans). Avec le scénariste, on s’est dit que c’était cela qu’il fallait raconter, cette histoire individuelle d’une obstina- tion à tout prix. Restait à trouver comment la raconter. Et c’est comme ça qu’est venue l’idée du maître-nageur qui l’entraîne. Interrogé sur le côté parfois presque documentaire du film, Philippe Lioret est très précis : Nous y sommes retournés souvent pour vérifier que l’on ne dérapait pas… Tout dans le film est vrai : le marquage PHILIPPE LIORET aux Studio © Nicole Joulin C’est une salle profondément émue qui applaudit Philippe Lioret après la projection en avant-première de Welcome, son dernier film. Émue parce que l’histoire qui vient de s’achever – celle d’un adolescent kurde, clandestin, qui s’efforce de traverser la Manche à la nage parce que c’est le seul moyen d’aller retrouver celle qu’il aime – ne peut pas laisser indifférent. Mais émue également parce qu’à aucun moment le film ne cède à la facilité, à un pathos factice ou dégoulinant de larmes et que, du coup, l’émotion en est plus profonde, plus vraie. Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 31 Vos critiques au feutre indélébile de ceux qui se font arrêter, les sondes pour repérer le gaz carbonique et les clandestins qui se mettent des sacs en plastique sur la tête pour ne pas rejeter de gaz carbonique… Pour des raisons légales, nous ne pouvions pas faire tourner les migrants (illégaux) de la région, il nous a fallu en faire venir d’autres, qui ont fini par obtenir leurs papiers. Tout est donc reconstitué, mais rien n’est faux. Mais nous n’avions pas le droit de déformer l’histoire de ces gens. C’est pour cela qu’il n’y a pas de happy end. Le film est remarquablement porté par une star du cinéma français, Vincent Lindon (encore meilleur qu’à l’habitude) ainsi que par un total inconnu, le jeune homme qui joue le rôle de Bilal : comment l’avez-vous trouvé ? Nous avons fait des castings un peu partout, en Turquie, à Berlin, à Albi, où il y a une forte communauté kurde, j’ai rencontré pas mal d’acteurs possibles mais qui manquaient un peu de charisme. Et en définitive, nous l’avons trouvé à Paris… En fait, c’est l’actrice qui joue le rôle de Mina que nous avons trouvée en premier, une vraie nature… Et puis un jour, nous lui avons demandé si elle ne connaissait pas quelqu’un qui pourrait jouer le rôle de Bilal… et elle nous a dit qu’il y avait bien son frère… il pouvait correspondre au rôle, mais elle n’était pas du tout sûre qu’il soit intéressé… Il faut dire ici, que tous les acteurs du film sont excellents, mais qu’il fallait les faire travailler de manière très différente. Par exemple, Derya Ayverdi, qui joue Mina, était très intuitive, très spontanée tandis que l’acteur qui joue le voisin déplaisant, est un acteur de théâtre, très professionnel, à qui l’on peut faire faire quinze prises en lui demandant de changer un tout petit quelque chose sur un mot, une expression, et à la prise suivante, il fait exactement ce qu’on lui avait demandé ! Il faut citer aussi O. Rabourdin, qui joue le rôle du policier : il a un rôle très difficile, celui du flic qui ne fait que son boulot, mais on finit par penser qu’il ne s’y sent peutêtre pas si à l’aise. Questionné sur une parenté avec un certain cinéma britannique, Philippe Lioret est très clair : C’est vrai que j’aime beaucoup Loach, par exemple ; en fait, en revoyant le film, j’en étais arrivé à me dire que Welcome pourrait servir de relais entre la France et la Grande-Bretagne : de l’autre côté de la Manche, Loach pourrait reprendre l’histoire là où elle s’arrête. On pourrait reprendre à partir du mariage forcé de Mina ! Er LES NOCES REBELLES de Sam Mendes LE BAL DES ACTRICES de Maïwenn L’AMBITION, selon le dictionnaire, c’est le Désir, la Recherche d’honneurs, de gloire, d’élévation, de distinction. Ce qui n’est vraiment pas le cas dans ce film, et tout particulièrement pour elle. CL Jubilatoire-trash-auto-dérisoire-drôleclownesque-de la distance sur tout-sincérité mensongère ! Et puis cette fin si intelligente ! Bref un bonheur ce film. Et du talent à revendre. Isisse On ne peut que jubiler de voir de quelle intrigue cette «maison toute pimpante» est la scène. C’est magnifique et glaçant. Thierry D’accord avec Isisse, que du bonheur ce film ! Maïwenn est une des rares cinéastes françaises actuellement à avoir recours à la provocation dans le discours, la mise en scène… Mise en abyme de la comédie, du jeu, dans le réel. Gilda Les deux héros mythiques de Titanic reviennent. April (Kate Winslet) et Franck (Leonardo DiCaprio) sont ici déjà en couple, au cœur des Trente Glorieuses. Happés par l’American way of life qu’ils auraient préféré fuir. Enfin surtout April, qui, lors de la rencontre, voit en Franck un être exceptionnel avec des ailes… un ange doué en somme. Elle veut, après deux enfants, et en plein conformisme, s’envoler pour Paris, définitivement. Lui aussi, avant que son carnassier patron décèle du génie chez Franck et lui propose un poste avantageux financièrement. Plusieurs scènes de disputes mémorables jalonnent leur parcours. On y prend un réel plaisir. Les personnages aussi. Ces scènes de ménage sont devenues un besoin vital chez eux. […] Alors comment résumer les bienfaits de ce film si ce n’est en vous expliquant que de terribles grêlons ont quasiment transpercé mon parapluie tout neuf en me rendant au cinéma… et que le soleil n’avait jamais paru aussi brillant à la sortie. Marcellus SLUMDOG MILLIONAIRE de Dany Boyle Pourquoi aller voir Slumdog Millionnaire ? Réponse A : pour son histoire émouvante et sa vision si juste de l’Inde d’aujourd’hui. Réponse B : pour ses acteurs formidables. Réponse C : pour sa bande-son décoiffante. Réponse D : les trois à la fois. La bonne réponse est : C. C’est mon dernier mot. AV ESPION(S) de Nicolas Saada La maîtrise de ce premier film est étonnante : on y retrouve à peu près tous les ingrédients des films d’espionnage classiques mais avec un décalage très intéressant : en refusant d’en faire trop, N. Saada parvient à vraiment nous toucher ; les creux qu’il laisse dans son discours aspirent bien plus de notre émotion que tous les excès des James Bondieuseries. Jean S. Rubrique réalisée par RS 32 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 33 Danemark/Irlande/Allemagne – 2001 – 1h20, film d’animation de Michael Hegner et Stephen Fjeldmark… VF - À PARTIR DE 4 ANS. Il ne faut jamais boire de potion magique : Fly et Chuck n’ont que 48 heures pour empêcher Stella de rester étoile de mer ! Un peu de potion du professeur Crevette et plouf, les voici nageant à la recherche de la petite étourdie ! Japon – 2008 – 1h55, film d’animation de Hayao Miyazaki, musique de Joe Hisaishi. VO : TOUT PUBLIC À PARTIR DE 10 ANS. VF : TOUT PUBLIC À PARTIR DE 6 ANS. Attendu depuis des mois, le dixième long métrage du grand réalisateur japonais arrive enfin en France. La nature assiégée par la technologie et les abus de l’homme, thème de prédilection de Miyazaki, est une fois de plus, le cadre de cette superbe histoire. On suit ainsi Ponyo, petite princesse des poissons rouges qui voudrait Russie – 2003 – 50 mn, court métrage d’animation de Garri Bardine. SANS PAROLES - À PARTIR DE 3 ANS Mercredi 1er avril, son fameux POISSON D’AVRIL oblige, après la séance de 14h15, un atelier permettra aux jeunes spectateurs de fabriquer le poisson de leurs rêves ! Ponyo sur la falaise La Nounou 3, la famille s’agrandit devenir humaine et qui se lie d’amitié avec Sosuke un enfant de cinq ans, personnage inspiré de Goro, fils de Hayao Miyazaki (réalisateur des Contes de Terremer). Privilégiant l’aquarelle et une certaine fluidité enfantine déjà rencontrée dans Mon voisin Totoro, Miyazaki libère une fois de plus son imagination débordante pour nous offrir une œuvre magnifique, pleine de poésie, où magie et nature sont étroitement liées pour notre plus grand plaisir. Encore un émerveillement ! La famille s’agrandit avec l’arrivée d’un chiot. Le petit garçon vit très mal cette situation à trois : il est très jaloux des câlins prodigués par la Nounou à cet affreux Komaneko, le petit chat curieux Japon – 2006 – 1h, film d’animation de marionnettes en feutrine, carton et tissu, de Tsuneo Goda. SANS PAROLES - À PARTIR DE 4 ANS. Comme beaucoup de petits chats, Komaneko est très curieux. Mais il est sans doute le seul chat Le Petit fugitif USA – 1953 – 1h20, de Morris Engel, Ruth Orkin et Ray Ashley, avec Richie Andrusco, Richie Brewster… VF - TOUT PUBLIC À PARTIR DE 7 ANS. La Légende de Despereaux USA/Grande-Bretagne – 2009 – 1h30,film d’animation de Sam Fell et Robert Stevenhagen, avec la voix de A. Dussollier. VF - TOUT PUBLIC, À PARTIR DE 6 ANS. Dans ce royaume enchanté, tous sont très heureux, jusqu’au jour où la Reine disparaît dans un tragique accident. Rien ne va plus... Sa fille, la Princesse Petit Pois, est désespérée. Mais une petite souris aux très 34 Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – grandes oreilles, Despereaux Tilling, va faire renaître l’espoir grâce à son courage indomptable. Rejetée du royaume des souris, elle échouera dans celui des rats où elle croira trouver un ami en la personne de Roscuro, un grand voyageur. Mais elle ne pourra finalement compter que sur sa bravoure pour sauver la Princesse Petit Pois et le royaume en danger. Y parviendra-t-elle ? À Brooklyn, dans les années cinquante, Joey, un petit garçon de sept ans, victime d’une mauvaise farce et persuadé à tort d’avoir causé la mort de son frère, s’enfuit à Coney Island, immense intrus ! Mais grâce à la magie de la Nounou et au grand courage de chacun, l’amitié saura réunir tout ce joli p’tit monde ! Le film sera accompagné de deux autres courts métrages de Garri Bardine : Conte pour la route et La Boxe, de 10mn chacun. jeune public jeune public Gloups ! Je suis un poisson Bibliographie : Gebeka Film et Allociné.com à être passionné de cinéma ! Après avoir fabriqué lui-même ses petits personnages, le voilà parti en forêt, sa caméra sous le bras, pour réaliser son premier film. Mais tout ne se passe pas comme il l’aurait voulu… plage new yorkaise dédiée aux manèges et à l’amusement. Il va passer une journée et une nuit d’errance, au milieu de la foule et des attractions foraines… Ce film, capital dans l’histoire du cinéma, est remarquable de vérité et de sensibilité. L’année de sa sortie, il a obtenu le Lion d’argent à Venise. Le mercredi 8, après la séance de 14h15, nous ouvrirons aux enfants la porte de l’une de nos cabines de projection. Ils y découvriront une toute autre attraction : l’immense bobine qui tourne comme la grande roue et fait défiler les images devant le projecteur… Une autre expérience rare, à ajouter à celle du film ! Les CARNETS du STUDIO n° 236 – juin 2005 – Les CARNETS du STUDIO n°267 – avril 2009 – 23 36 NULLE PART,TERRE PROMISE France – 2008 – 1h35, de Emmanuel Finkiel, avec Elsa Amiel, Nicolas Wanczycki, Haci Haslan… D ans une Europe ouverte, les frontières sont devenues perméables, mais pas forcément de la même manière et pas pour tout le monde… Qu’y a-t-il de commun en effet entre : 1) une étudiante européenne, 2) un père irakien et son fils et 3) un cadre français ? La première, caméra en main, arpente l’Europe en filmant des sans-abris tout en s’efforçant désespérément de joindre au téléphone quelqu’un qui ne répond pas. Elle tente de capturer une certaine vision du monde au travers du viseur de sa caméra… Les seconds sont enfermés clandestinement dans la remorque d’un camion avec, au cœur, le désir fou de rejoindre une GrandeBretagne rêvée comme une terre promise et, aux tripes, la peur d’être repérés et arrêtés par les douaniers. Leur vision d’un monde où d’autres se déplacent librement se fait par une étroite grille de ventilation à l’arrière de leur camion-prison. Le troisième, enfin, est chargé de délocaliser une usine française en Hongrie et doit faire face, successivement, aux ouvriers licenciés puis à la solitude de sa chambre d’hôtel hongroise, perdu dans un pays où il est incapable de communiquer. On serait tenté de dire qu’il est prisonnier d’une vision du monde qui ne lui appartient pas mais qu’il subit : celle qui veut que le profit prime sur les hommes. Après Voyages et Casting, E. Finkiel continue à explorer notre monde désenchanté, sur lequel il pose un regard ni complaisant ni accusateur. Il ne s’agit pas pour lui de dénoncer mais plutôt de donner à ressentir de l’intérieur ces situations si différentes en utilisant les moyens du cinéma : « L’entrelacement de trois récits, chacun en mouvement, le rythme de chaque histoire est donné par le mode de déplacement, train, camion, errance dans la ville ou les zones pré-urbaines… » La conclusion pourrait être laissée à Marie Vermillard, qui dit de ce film : « Il retranscrit l’effet physique que ce monde a sur nous ; l’environnement sonore violent où le silence n’a plus de place, les traversées de lieux sur-urbanisés où la nature n’existe plus que sous forme de terrain vague font jaillir l’absurdité, le non sens monstrueux de cette machine qui tourne et tourne et nous entraîne sans que nous soyons jamais des acteurs. » Sources : lacid.org ; filmfestivalrotterdam.com ; + COURT MÉTRAGE, semaine du 8 au 14 avril : EN BOUQUETS SERRÉS Grande-Bretagne – 2007 – 10', de Spenceley Ornette, avec Teona Oxley, Molly Oxley, Cléo Edwards… Une jeune mère célibataire gagne sa vie en sillonnant le pays comme ouvrière agricole. Après la perte soudaine de son emploi, elle est contrainte d’assumer ses responsabilités parentales. Dans la plus pure tradition du cinéma britannique social, Ornette Spenceley, à la manière d’un Ken Loach met en scène le devenir des travailleurs saisonniers, obligés de migrer au fil des saisons. LES CARNETS DU STUDIO n°267 - avril 2009 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n° 0209 G 84305 www.studiocine.com / répondeur : 08 92 68 37 01 (0,34 € /minute)