Dossier de pédagogique

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Dossier de pédagogique
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Les vrais, les faux, l'incertain
Exposition du 7 avril
au 31 juillet 2016
Dossier de pédagogique
À l’attention des enseignants, médiateurs,
accompagnateurs, éducateurs, animateurs ...
Extra Fantômes
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Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
extra
fantômes
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Ce dossier pédagogique est un outil d’accompagnement
pour la préparation à la visite de l’exposition Extra Fantômes.
Il contient une présentation des oeuvres ainsi que des repères
historiques, un lexique et des pistes pédagogiques
à développer en groupe.
Extra Fantômes
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
sommaire
la Gaîté lyrique p.5
• Présentation
Extra Fantômes p.7
• Le studio Daily tous les jours p.7
I - Les Ténèbres - Mise en scène de la peur p.11
II - La Chambre Rouge - L'art de la médusation p.19
III - La Salle de Contrôle - Sous contrôle permanent ? p.23
IV - Le Bunker - Resister p.29
• Le mot des commissaires p.37
Préparez votre visite p.38
Autour de l'exposition p.39
Image de couverture :
Photographie : Louis David Najar
Design : Yorgo&Co
Extra Fantômes
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Gaîté lyrique
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• L'exposition Extra Fantômes p.9
La façade de la Gaîté lyrique © Maxime Dufour Photographies
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
la gaîté lyrique
Présentation :
La Gaîté lyrique est un ancien théâtre dédié aux arts lyriques créé en 1862,
transformé en 2011 en établissement culturel de la Ville de Paris
explorant les cultures à l’ère du numérique.
Lieu d’échange et de découverte en plein coeur de Paris, elle est ouverte à
tous pour visiter une exposition, écouter un concert, assister à une rencontre,
participer à un atelier, découvrir une application sur tablette ou encore jouer
à un jeu vidéo. La Gaîté lyrique explore son temps et le décrypte.
L’équipe des relations aux publics est à votre disposition
pour organiser votre venue en groupe.
Retrouvez les propositions de parcours
et informations pratiques à la page Venir en groupe.
Extra Fantômes
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Gaîté lyrique
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La programmation de la Gaîté lyrique se décline en thématiques pluridisciplinaires :
musiques actuelles, cinéma, jeux vidéo, mode, arts visuels, design et plus encore.
Spectres de Malte Martin
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
extra fantômes
Le Studio Daily tous les jours :
Daily tous les jours est un studio basé à Montréal (Qc),
cofondé par Mouna Andraos et Melissa Mongiat en 2010.
Nous créons des expériences collectives grand format.
Nos projets réenchantent le quotidien, en stimulant des rencontres,
des conversations et les imaginaires devant tous les possibles.
Nous utilisons les moyens de notre temps pour inviter le public
à participer activement à la transformation du monde qui l’entoure.
Nous visons à créer une notion de vie commune.
Dans le cadre d’une première invitation par la Gaîté lyrique en 2012
pour son exposition Joue le jeu, nous avions pu rencontrer certains des nombreux fantômes de la
Gaîté lyrique et leur donner un seconde vie en créant Kit Opérett, une installation interactive
où le public rejoue collectivement une opérette réinventée.
Pour l’exposition Extra Fantômes, nous avons donc souhaité explorer les recoins
les plus sombres du monde numérique, dévoiler des pratiques diverses qui questionnent notre
rapport à la réalité, et nos propres croyances. L’exposition s’étend dans une multitude d’univers,
imaginaires ou réels (à chacun de décider), et par le biais desquels nous invitons le public
à reconsidérer le monde qui nous entoure, à déchiffrer certains de ses dessous,
et à mieux en reconnaître ses fissures."
dailytouslesjours.com
Commissariat
Mouna Andraos & Melissa Mongiat
Studio Daily tous les jours
Anne-Sophie Bérard
Consultante artistique
Extra Fantômes
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"À la recherche de nouvelles façons d’interagir et de raconter
des histoires dans l’espace public, nous provenons des domaines
du design d’interaction et des environnements narratifs.
Augmented Hand Series de Golan Levin, Chris Sugrue et Kyle McDonald
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Du 7 avril au 31 juillet 2016
Extra Fantômes
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
L'exposition :
Le développement exponentiel des technologies s’accompagne, paradoxalement,
de la réappropriation de phénomènes magiques, inexpliqués et irrationnels. Pensée comme un
parcours immersif, l’exposition Extra Fantômes propose une exploration sensorielle, étrange
et poétique des fantômes d’aujourd’hui. Avec ses objets animés, ses machines spectrales,
ses ondes impalpables, ses illusions perceptives et ses existences virtuelles,
l’exposition imaginée par les commissaires Mouna Andraos et Melissa Mongiat
du studio Daily tous les jours nous fait perdre nos repères.
La visite de l’exposition débute par une immersion dans le numérique et sa capacité
à nous connecter à l’impalpable et à l’occulte, puis c’est vers la réalité fantomatique de notre
existence technologique que nous glissons en explorant les champs invisibles
et la surveillance automatisée. Nous découvrons dans la dernière partie de l’exposition
un éventail de stratégies pour devenir fantômes aux yeux des machines.
L'exposition Extra Fantômes sera adaptée et présentée,
au Centre Phi à Montréal, au début de l'année 2017.
Scénographie :
La visite de l’exposition se vit en 4 temps :
1. Les ténèbres et les faux fantômes
3. La salle de contrôle
et les vrais fantômes :
la vie secrète du monde numérique
Un labyrinthe sombre invoque spectres, hybrides,
cyborgs et autres monstres produits par les moyens
de notre époque. Noirceur, passages secrets,
environnements fantasmagoriques, cette partie de
l’exposition est une promenade mystérieuse,
parsemée d’illusions.
Les machines envahissent notre quotidien
de manière imperceptible : elles occupent les
champs électromagnétiques, wifi, surveillent
notre monde avec leurs optiques et leurs propres
systèmes sensoriels. La salle de contrôle est un lieu
où l’on tente de chasser les vrais fantômes
du numérique.
2. La chambre rouge ou l’incertain :
bienvenue aux frontières de
l’inexplicable
4. Le bunker : devenir fantôme
La chambre rouge est une expérience mystique,
où le numérique se mêle aux sciences occultes
pour donner accès à des univers parallèles.
Entre les illusions, les spectres de l’imaginaire,
les invocations mystiques, les croyances et les
certitudes, les ombres de nous-mêmes ou les
cyborgs de l’au-delà, qui existe vraiment ? Où se
situe l’impalpable frontière entre ce qui existe et ce
qui n’existe pas ?
Nous recourrons à des technologies
pour nous protéger de champs invisibles, échapper
à l’œil robotique...assombrissant les limites entre
fiction et réalité. Nous développons des outils et des
techniques pour rééquilibrer le rapport de force et
nous transformer à notre tour en fantômes.
Extra Fantômes
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En recréant des lieux multiples, imaginaires ou réels, la scénographie de l'exposition
Extra Fantômes propose un parcours immersif, où la rencontre avec les oeuvres est à la fois ludique,
étrange et poétique. Le visiteur plonge ainsi au sein d’un parcours traversé par des passages secrets,
des univers proches du genre fantastique et des visions nous invitant à questionner le vrai,
le faux et l’incertain : miroirs hantés, surveillances invisibles, maisons vivantes, cyborgs de l’occulte,
phénomènes incroyables, machines spectrales et existences virtuelles.
Scénocosme de Metamorphy
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Le parcours et les installations :
I - Les ténèbres:
Une mise en scène de la peur
La zone de ténèbres qui débute l’exposition, nous ramène aux peurs primitives de l’obscurité, de l’inconnu,
de l’inexplicable et de la mort. Scénographie et installations offrent une mise en scène de la peur :
• une entrée secrète, un espace labyrinthique sombre, un éclairage à la torche électrique.
• des œuvres qui nous échappent et qui fluctuent entre apparition
et disparition, visible et invisible, illusion et métamorphose.
La thématique du labyrinthe ludique est aussi un clin d'oeil au parc d’attraction
“Planète Magique” qui a occupé le théâtre de la Gaîté lyrique en 1989.
Les œuvres
Untitled (Augmented Hand Series)
Golan Levin, Chris Sugrue,
Kyle McDonald (USA, 2014)
Spectres
Malte Martin (Allemagne, 2014)
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Projection interactive visuelle.
Untitled (Augmented Hand Series) est un logiciel
interactif qui propose, en temps réel, de transformer
les mains des visiteurs d’une façon ludique, onirique
et troublante. Le système se base en temps réel
sur la position de la main du participant pour
effectuer ces transformations. Certaines modifient
structurellement la forme de la main ; d’autres la
dotent d’une nouvelle plasticité ; et d’autres encore
lui donnent de l’autonomie, le comportement qui
en résulte étant alors une négociation dynamique
entre le visiteur et l’algorithme. En défiant de façon
ludique la perception que nous avons de notre
image, l’installation suscite une connaissance
renforcée de notre propre corps. Une vingtaine de
transformations différentes ont été développées.
Installation interactive graphique et numérique.
Dispositif permettant un insolite face à face avec
son propre fantôme, le visiteur se contemple
et voit se dérober son visage sous des formes
graphiques produisant l’apparition d’une silhouette
fantomatique, d’un spectre à la beauté difforme.
Fantômes de Poche
Collectif Daily tous les jours
(Canada, 2016)
Metamorphy / Scénocosme :
Gregory Lasserre et Anaïs met den
Ancxt (France, 2014)
Vidéoclips et dispositif Palm Top Theater.
Roi Carotte, Jupiter et Luis Mariano, célèbres
habitants passés du Théâtre de la Gaîté,
reprennent vie dans ces murs grâce à de petits
théatres portatifs conçus pour nos téléphones
intelligents. Le dispositif Palm Top Theater utilise
une technique conçue il y a plus d’un siècle et demi
par le scientifique britannique Henry Pepper pour
faire apparaitre des fantômes
et illusions improbables.
Installation interactive visuelle et sonore.
Cette œuvre sensorielle joue avec l’ambiguité entre
des espaces réels et virtuels, matérialisés par une
combinaison de projection et de miroir. La réalité se
déforme. Le visiteur est invité à explorer la surface
du tissu pour dévoiler ces espaces et découvrir
une autre réalité.
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Focus sur une œuvre:
Métamorphy de Scénocosme
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L’interactivité :
le fonctionnement de l’installation
Les spectateurs sont invités à toucher et
à explorer la profondeur du voile semi transparent
de l’installation. Cette peau symbolique possède
une élasticité qui s’inscrit dans le processus de
la métamorphose : elle se déforme lorsque le
spectateur la touche et reprend sa rigidité lorsqu’il
la relâche. Chaque appui de la main en révèle des
profondeurs différentes. L’exploration de ses
différentes couches révèle l’intimité d’un univers
imaginaire. Les matières visuelles et sonores
évoquent des univers profonds, méditatifs,
à travers des substances organiques, liquides ou
incandescentes. Les gestes des spectateurs sur
le voile permettent de modifier ces effets visuels
et sonores en temps réel. Ils varient en fonction de
l’emplacement et de la profondeur de l’appui et se
superposent au reflet visible dans le miroir.
Une caméra 3D fait face au spectateur pour capturer
ses gestes à travers la déformation du tissu.
L’image 3D est traitée et analysée en temps réel de
manière logicielle. Métamorphy crée une ambiguïté
entre un espace physique réel, un espace virtuel
matérialisé par le reflet d’un vrai miroir, et un second
espace virtuel généré par les vidéo projections d’un
dispositif numérique. Dans cette création sensorielle,
les reflets réels se confondent avec les images
virtuelles, donnant l’illusion d’une réalité déformée.
La Caravage, Narcisse , 1598
Salvador Dali,
La métamorphose de Narcisse, 1937
Une version contemporaine
du mythe de Narcisse dans l'art
Scénocosme, Metamorphy, 2015
Rappel du mythe de Narcisse d'après
Les Métamorphoses d'Ovide :
La perspective en peinture, dans le sens
illusionniste du terme, est une technique permettant
de donner l'illusion de la profondeur sur un plan en
2D par des jeux de matières, de couleurs
et de formes.
Narcisse, trop imbu de lui-même, ne voit pas l'amour
que lui portent les nymphes et tout particulièrement
Echo. Celle-ci finira par dépérir d'amour et il
ne restera d'elle que sa voix, répétant les sons
qu'elle entend à l’infini. Un jour, alors que Narcisse
s'abreuvait dans les eaux d'une source,
il vit son reflet et en tomba éperdument amoureux.
Il appela vainement le beau jeune homme se trouvant
en face de lui, n'obtenant aucune réponse de l'être
qu'il aimait, finit par se consumer d'amour pour un
être qu'il ne pouvait étreindre. À l'emplacement de
son corps, on trouva une magnifique fleur blanche
au cœur couleur jaune safran.
Le mapping vidéo est une technique qui consiste
à projeter des animations visuelles sur des
objets ou des reliefs à l'aide d'un vidéoprojecteur.
Dans les deux cas, il s’agit donc de jouer sur les
illusions entre 2D/3D mais ce qui était suggéré en
peinture devient dans l’installation Metamorphy
une expérience dans laquelle le spectateur prend
littéralement la place de Narcisse
troublé par sa propre image.
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Repères historiques
Peur et société : le besoin de croire et d'avoir peur ?
Les technologies au service de l’époque.
À travers les époques, les artistes s'emparent des
technologies les plus modernes et abouties, de la
pierre taillée à la sculpture 3D, pour «raconter» les
peurs les plus fondamentales. La peur de la mort
est exprimée dans les représentations humaines à
travers ces exemples, parcourant l’histoire de l’art.
Association son et image dans l’art
rupestre de la préhistoire (-30 000 ans)
Les hommes du paléolithique ne choisissaient
pas au hasard les parois où ils peignaient des
mammouths, des aurochs, des cerfs, des chevaux...
La plupart des peintures rupestres ont été
exécutées là où la cavité amplifie l'intensité
et la durée des sons, favorisant l’écho.
Les grottes constituent un univers sonore tout à
fait extraordinaire. «Il est illusoire de comprendre le
sens de l'art pariétal en le limitant à l'aspect visuel»,
souligne Iegor Reznikoff, mathématicien, philosophe
des sciences et spécialiste de l'art vocal ancien.
Pour lui, il n'est pas concevable de regarder les
peintures rupestres comme de simples scènes de
chasse. Quand elles étaient éclairées à la torche,
les voix leur donnaient «une signification rituelle,
voire chamanique», une véritable mise en scène
de leurs peurs.
Photographie spirite (par anonyme)
La photographie spirite, médium et spectres
aux débuts de la photographie
(fin du XIXe siècle)
La photographie à vocation spirite, définie comme
figurant la trace de "l'atmosphère fluidique
de l'homme vibrant à sa périphérie comme la
manifestation extracutanée de sa force intime
et personnelle", a été très à la mode à partir des
années 1890. Les résultats photographiques
sont extrêmement intéressants, révélant des
images fantomatiques qui trouveront leur plus
belle expression dans les épreuves futuristes
d’Anton Giulio Bragaglia en 1913 ou dans certaines
photographies du peintre Edvard Munch et de
l'écrivain, peintre et photographe August Strindberg.
Dans ce type d'oeuvres, l’artiste cherche à faire
apparaître ce que l'oeil humain ne peut pas voir.
Il peut s'agir d'apparitions, de prétendues radiations
qui émanent du corps du sujet, ou, comme
ici, de mouvements fantômes. La technique de
surimpression des épreuves photographiques
produit ces spectres.
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Dessin rupestre à la grotte Chauvet en Ardèche
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Faces (2014) de Catherine Ikam et Louis Fléri
Photogramme de Nosferatu de W. Murnau
Les Digital Diaries de Catherine Ikam
et Louis Fléri, artistes contemporains
Le genre du fantastique :
se dit d'une oeuvre littéraire, artistique ou
cinématographique qui transgresse le réel en se
référant au rêve, au surnaturel, à la magie,
à l'épouvante ou à la science-fiction.
Ces œuvres jouent avec le dédoublement
de la personnalité, les recherches sur l'inconscient
décrit par la psychanalyse autour de l'inquiétante
étrangeté du moi.
Depuis les années 80, Catherine Ikam
revisite les archétypes de notre société
à travers le prisme des technologies : Identité III
, créée en 1980 au Centre Pompidou, est une des
pièces fondatrices de l’art vidéo en France.
L’irruption du numérique, du "temps réel", et de son
cortège de leurres la conduiront à inventer avec
Louis Fléri des environnements et des personnages
virtuels, sculptant des espaces mentaux en
perpétuelle évolution. Influencés par Philip K. Dick,
et très proche de Nam June Paik, auquel Catherine
Ikam rend un hommage avec une vidéo inédite
Piano Pieces (2006), Catherine Ikam et Louis Fléri
s’intéressent aux relations ambiguës qui existent
entre la réalité et l’apparence au travers d’artefacts
porteurs de sens. Le dispositif Elle (1999), doté d’un
modèle de comportement autonome, détecte par
un laser la présence du visiteur qui sera reçu par
des sourires ou au contraire est fui. En l’absence de
visiteur, Elle développe une vie propre qui s’enrichit
de la mémoire des événements précédents. Dans
Identité III, chaque visiteur, filmé sous de multiples
angles par des caméras équipées de focales
différentes, affronte en direct son image éclatée sur
9 moniteurs. Dans Digital Diaries , il évolue dans une
base de données projetée en relief, dans laquelle
il peut s’orienter en temps réel. En humanisant le
numérique et en numérisant le vivant,
Catherine Ikam et Louis Fléri ne cherchent pas
la virtuosité technologique et les prouesses
techniques dont sont capables ces personnages
artificiels mais l’émotion qu’ils éveillent en nous.
Le spectateur est un élément essentiel de chacune
de ces installations, dont le regard et l’intervention
définissent la perspective des œuvres.
Références cinématographiques :
• Mélies, La clownesse fantôme, 1902
• Friedrich W. Murnau, Nosferatu,
une symphonie de la terreur, 1922
• Henrik Galeen, L'Étudiant de Prague
• Victor Fleming, Docteur Jekyll
et M. Hyde, 1941.
•Tim Burton, Vincent, 1982, film d'animation.
• Hayao Myazaki, Le voyage de Chihiro,
2001, film d'animation.
•Keïchi Kara, Miss Hokusai, 2015, film d'animation.
Source : Maison Européenne de la Photographie
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Pour aller plus loin
(se) faire peur
• À tout âge - La peur au Cinéma
Philosophie
La représentation de la peur est traduite par
différentes images ou symboles projetés
dans l'imaginaire collectif : tombes, maison
hantée, pendus, monstres, tempêtes… En utilisant
ces références, le cinéma de genre (fantastique,
suspense, horreur…) nourrit fortement cet imaginaire.
Aborder en groupe la question de la représentation
de la peur au cinéma permet de reconnaître les
éléments utilisés par le réalisateur pour mettre en
scène la peur : qualité de la lumière et intensité
des ombres, leur multiplication, la déformation et
l'agrandissement des images projetées, l'impression
qu'elles produisent en laissant place à la suggestion
plutôt que de tout montrer … L’analyse de la bande
son d’une séquence de film, permet de mesurer
l’importance de l’ambiance sonore dans cette mise
en scène de l’effroi.
• À partir de 17 ans - Terminale
Science et magie :
le vrai, le faux et l’incertain
Arts Plastiques
• Pour les 8/10 ans - Cycle 3 - Piège à fantômes
Matériel : carton, papiers (couleurs, de soir, crépon…),
fils, colle, outils graphiques.
Transformer une boîte en carton en piège à
cauchemars et à fantômes. Exorciser les peurs,
chasser ses propres fantômes et jouer à se faire
peur. Piège à rêves, ou boîte à cauchemars...
avoir peur de l’invisible.
• Discussion : Science et magie,
mêmes fondements ?
Selon le regard posé sur ce dessin, on y reconnaît
alternativement le profil d’un canard ou d’un lapin.
Thomas Kuhn transpose ce phénomène à la science.
À un instant, correspondant à un état particulier
des croyances sociales porteuses d’un point de vue
sur la nature, le scientifique a une représentation
théorique particulière du monde. Celle-ci change dès
que le point de vue se modifie car on ne peut plus
revenir en arrière. La science et la magie obéissent
elles au même processus infini de mise en échec
d'hypothèses par d'autres hypothèses ?
Arts Plastiques
• Pour les 11/14 ans - Faîtes nous peur !
Un décor à faire se dresser les cheveux
sur la tête
Matériel : Lampes de poche, matériaux
et objets divers.
À partir du programme d'Arts Plastiques et du thème
« l'objet et l'oeuvre », fabriquer un décor en deux
ou trois dimensions, en utilisant le détournement
des symboles narratifs, poétiques, sensibles et
imaginaires.
Extra Fantômes
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Gaîté lyrique
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Ancrage culturel : Thomas Kuhn, philosophe et
auteur de La structure des révolutions scientifiques
(1962), interroge la science et la magie à travers
la notion d’hypothèse, chasse un paradigme par
un autre, rend relatif les critères dits objectifs et
déplace donc sans cesse les limites du vrai et du
faux. Pour illustrer ce basculement, il emprunte
entre autres l’exemple du dessin du canard-lapin
rendu célèbre par les commentaires du philosophe
allemand Wittgenstein en 1900.
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Autour des œuvres
Arts Plastiques
Autour de l’oeuvre Untitled (Augmented Hand Series) de Golan Levin, Chris Sugrue et Kyle Mc Donald,
voici quelques pistes utilisant la transformation des formes de la main
à travers la création d’ombres chinoises.
Pour les 6/8 ans - Cycle 2
Utiliser la technique de l’ombre chinoise puis tracer
des formes sur un support
à partir de ces ombres.
Ancrage culturel
Selon Pline L'Ancien, dans l’ouvrage
Histoire Naturelle datant de 1469, l’origine du
dessin serait attribué à Dibutade, fille d’un potier de
Sicyone ou de Corinthe traçant au charbon de bois le
contour de l'ombre de son bien aimé.
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Éléments préparatoires
Rechercher des expressions autour de la main :
se faire prendre la main dans le sac ou dans un pot
de miel, prendre sur le fait, sortir quelque chose
de son chapeau ...
Ombres chinoises
Références artistiques
Christian Boltanski, Théâtres d'ombres, 1984.
Photographie de l’installation
Michel Ocelot, Princes et princesses,
film d'animation en théâtre d'ombres
(papier découpé). Photogramme.
Extra Fantômes
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Autour de l'oeuvre Spectres de Malte Martin, et la représentation de l’effroi.
Spectres s’inspire de la tradition picturale et graphique de la représentation du cri et de la peur.
Mettons en perspective la transcription graphique du visage à travers le numérique
chez Malte Martin avec des représentations plus traditionnelles de l’histoire de l’art.
Visages de la peur en arts plastiques
Francis Bacon, Portrait du Pape Innocent X. (détail)
1953. Peinture.
Arnulf Rainer, Messerschmidt Series, 1976–77.
Photographies peintes.
Brassaï, graffiti de la Série IX, Images primitives
(1935-50). Photographie. (détail)
Edvard Munch, Le cri, 1893 . Peinture. (détail)
Malte Martin, Spectres. Photographie
de la projection.
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Dossier pédagogique
Franz Xaver Messerschmidt, une des 69
« têtes de caractère », 1775. Sculpture en métal
(alliage d’étain et de plomb) et en albâtre.
Voir aussi le Catalogue d'exposition Visages de l'effroi, violence et fantastique de David à Delacroix.
Editions Liénart en référence aux formes françaises du romantisme fantastique.
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Lexique et mots clés
Extra :
Spectre :
préfixe, du latin extra, en dehors, exprimant
l'extériorité (extraterrestre), ou du français
extraordinaire, donnant à un adjectif une valeur
superlative ou intensive (extrafin, extralucide).
apparition fantastique et effrayante d'un mort :
croire aux spectres / littéraire. Personne hâve
et maigre. Représentation effrayante d'une idée,
d'un événement menaçant : agiter le spectre de
la guerre / Bactériologie. Ensemble des souches
bactériennes sensibles à un antibiotique /
phonétique. Représentation graphique à deux
dimensions (amplitude et fréquences) des
composants acoustiques d'un son / physique.
Ensemble des radiations monochromatiques
résultant de la décomposition d'une lumière ou,
plus généralement, d'un rayonnement complexe;
Ensemble des radiations émises, absorbées,
diffusées, par un élément, une espèce chimique,
dans des conditions déterminées.
Fantôme :
apparition, vision ou illusion interprétée comme
une manifestation surnaturelle d'une personne
décédée. Les fantômes sont également appelés
revenants, spectres ou, plus rarement, ombres.
Le nom fantôme dérive du grec ancien φάντασμα,
transcrit en phantasma en latin. Il a été ensuite
repris d'une version méridionale fantauma, pour se
fixer en fantosme au XIIe siècle, puis ultérieurement
en fantôme par transposition classique du s en ^.
Ses origines sont identiques à celles de fantasme.
Il désigne initialement une illusion avant de prendre,
en 1165, son sens courant actuel.
Magie :
ensemble de croyances et de pratiques reposant
sur l'idée qu'il existe des puissances cachées dans
la nature, qu'il s'agit de concilier ou de conjurer,
pour s'attirer un bien ou susciter un malheur,
visant ainsi à une efficacité matérielle. Puissance
de séduction, d'illusion, charme séducteur :
La magie d’une oeuvre d’art.
Installation :
Mapping vidéo :
Occulte :
technologie multimédia permettant de projeter de
la lumière ou des vidéos sur des volumes, de recréer
des images de grande taille sur des structures en
relief, tels des monuments,
ou de recréer des univers à 360°.
caché, secret, mystérieux. Science occulte :
doctrine et pratiques dont les adeptes font mystère.
La magie, la sorcellerie, la divination, l’évocation
des morts, l’astrologie, l’alchimie
sont des sciences occultes.
Scénocosme de Metamorphy
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Dossier pédagogique
disposition de matériaux et d’éléments divers
dans un espace sous la forme d'une œuvre d'art;
mode d'expression artistique apparue
au troisième tiers du XX° siècle.
Extra Fantômes
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
II - La Chambre Rouge:
L'art de la médusation
Le numérique donne accès à des univers parallèles. Entre les illusions, les invocations mystiques,
les croyances et les certitudes, les ombres de nous-mêmes ou les cyborgs de l’au-delà,
qui existe vraiment ? La chambre rouge est un univers surréel se référant au cinéma,
une expérience contemplative et interactive aux frontières de l’inexplicable.
Les œuvres
Le naturel surnaturel ...
De l’autre côté du miroir ...
Kyklos / Charlotte Charbonnel
(France, 2015)
All the universe is full of the lives
of perfect creatures / Karolina Sobecka
(USA, 2012)
Miroir interactif.
S’animant lors du passage des visiteurs, le miroir
créé par l’artiste leur permet de voir dans leur reflet,
surgir la tête d’un animal qui imite les mouvements
de leurs visages. Se met en place un jeu d’action
/ réaction entre le visiteur et l’animal qui entrent
instinctivement en contact. L’artiste utilise les
possibilités offertes par le design interactif pour
explorer et réinterpréter les relations des humains
aux animaux et aux machines entre empathie,
défiance et identification. Elle nous fait réfléchir à ce
reflet étrange qui vient habiter le nôtre et dont nous
aurions peut-être beaucoup à apprendre.
Tentative de déchiffrer les morts ...
Oui Ja / Mathieu Schmitt (France, 2013)
Sculpture cinétique.
Cet appareil interprète les signaux radio captés
sur la fréquence Jurgenson (1485kHz), fréquence
sur laquelle Friedrich Jurgenson, peintre et cinéaste
suédois, aurait détecté le plus de messages de
personnes disparues. Le bras de Oui Ja pivote
et indique aléatoirement une lettre, un chiffre,
“oui”, “non” ou “au revoir”.
Extra Fantômes
19
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Sculpture et projection vidéo.
Kyklos reproduit l’oeil d’un cyclone, mouvement
perpétuel hypnotique. L’oeuvre sculpte l’eau par la
vitesse de formation d’un tourbillon. Dans ce circuit
fermé d’aspiration et d’expiration, l’eau jaillit et
s’écoule créant un équilibre de niveau et un siphon
sans fin. Ce tourbillon redonne vie aux légendes de
rivières hantées par les fantômes du passé.
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Focus sur l’œuvre :
La maison respire ...
Seventeen/ Nils Völker
(Allemagne, 2013)
All the Universe is full of Lives of
Perfect Creatures de Karolina Sobecka
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Installation cinétique.
À l’occasion d’Extra Fantômes, Nils Völker présente
une nouvelle version de Seventeen, pensée
spécifiquement pour l’exposition. Comme tous les
travaux de l’artiste, la pièce joue du nombre et de la
répétition des modules qui la composent, ainsi que
du choix de matériaux ordinaires (ici, le papier). Son
titre laisse l’interprétation de l’œuvre libre et ouverte
au public ; certains pourraient même y voir des
fantômes. Nils Völker aime assembler et transformer
des objets du quotidien en compositions mouvantes
qu’il soumet à de constantes variations.
D’une grande simplicité, ses installations
s’apparentent à des phénomènes naturels
orchestrés ou à des respirations chorégraphiées.
Seventeen prend vie grâce à un script informatique,
exécuté sur le logiciel Arduino, qui contrôle la
lumière et le (dé)gonflement grâce à de petits
ventilateurs placés dans chacun
des dix-sept sacs.
Charles Lebrun, Tête d'aigle, 1690
À travers le miroir interactif de l’œuvre de K. Sobecka,
apparaît une tête d'animal qui mime le visiteur en
train de se regarder. L'effet qui en résulte nous
invite à nous regarder autrement et à rentrer en
communication non-verbale avec notre reflet et son
mouvement. Il s'agit certes de reconnaître la part
instinctive et animale en nous mais aussi de réfléchir
au mécanisme neurologique en jeu dans le fait
de se regarder dans un miroir. Combien de fois
peut-on surprendre son reflet affichant malgré
nous une expression - voire une grimace se rapprochant d'un miroir ? L’artiste s'est intéressée
à ces mécanismes en neuroscience avant de réaliser
son œuvre traduite par l'idée selon laquelle
"l’univers est empli des vies de créatures parfaites".
Le miroir ne donne pas un pur reflet de soi mais un
amalgame entre le soi et une créature animale.
Quelqu’un essaie peut-être de vous contacter...
Frank’s spirit box/ Frank Sumption
(USA, 2002)
Cette spirit box ou ghost box, disponible sur le
marché pour tous les chasseurs de fantômes,
s’inspire des plans de l’inventeur Frank Sumption
pour capter en temps réel les voix de l’au-delà sur
nos fréquences radio.
L'œuvre fait appel à la fois à la connaissance de
soi et à l’apprivoisement de l'altérité animale qui se
cache en nous. On peut rapprocher l’expérience à
la démarche scientifique du peintre Charles Lebrun
connu pour ses planches de physiognomie qui
associe des caractéristiques animales et humaines,
recherchant un caractère, une identité à travers
les caractéristiques du visage.
Extra Fantômes
20
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Repères historiques
Pour aller plus loin
L'art de la médusation
Arts Plastiques
• 8/10 ans - Cycle 3 - Dessiner en miroir
“je te regarde, je te dessine
et j'exagère ton expression”
Matériel : fusain, craies grasses ...
La scénographie de l’exposition nous incite
à nous faire tout petit, à changer de corps afin
de passer dans un autre monde à la manière
d’Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll.
L’observation des changements d’échelles
à travers la physiognomie peut amener
à une activité graphique sur le portrait et l'identité
en s’appuyant sur l’expressivité du visage.
Méduse, Le Caravage 1597
• 11/14 ans - Cycle 4 - L'autoportrait
ou le monstre de soi
Photogramme de la dernière séquence
de la série Twin Peaks, David Lynch, 1990
• 15/17 ans - Autour de Seventeen
La Chambre Rouge, seconde partie
de l’exposition, fait référence à l’univers
du cinéaste américain David Lynch.
La scénographie est une sorte d’hommage
au film Twin Peaks et à Laura Palmer, héroïne
et femme-fantôme du film. De la même manière que
l’agent Dale Cooper en se regardant dans le miroir
se voit transformé en Bob, autre fantôme effrayant,
les miroirs de la chambre rouge nous invitent à
contempler un reflet renvoyant à la force médusante
de l'art et au jeu de se voir sous les traits
d’un autre, homme ou animal.
L'installation de Nils Völker invite à réfléchir à
la présentation d’une oeuvre. Incitation « Soyez
gonflés ! » Utilisez des matériaux qui mettent en
forme l’élément air. Ou “ Extra-ordinaire !” Choisir un
matériau ou un objet banal et le rendre sublime par
un dispositif de présentation artistique.
Références : Anish Kapoor et Simone Decker.
Léviathan, 2011,
Nef du Grand Palais à Paris / Anish Kapoor
Sculpture monumentale in situ mesurant 35 m
de haut, 100 m de long, 72000 m3 de «vide»,
et pesant environ 12 tonnes.
Extra Fantômes
21
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
En utilisant des techniques plastiques
traditionnelles et/ou numériques à l’aide des
logiciels Gimp, ou Photoshop, utiliser la méthode
du copier-coller afin de créer un autoportrait
inspiré par l’œuvre All the Universe ...
Références autour de l’autoportait : de Charles
Lebrun à Orlan, des portraits cubistes
à David Hockney.
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Lexique et mots clés
Méduser / médusation :
en parlant d'un effet physiologique, comparable
à celui produit par la vue de Méduse. Frapper de
saisissement, de paralysie.
Cyborg :
être humain — ou être intelligent, en science-fiction
— qui a reçu des greffes de parties mécaniques.
Chewing gum, 1999, Simone Decker
Photographie d’installation sous un angle spécial
pour donner un aspect de grandeur.
L'énergie cinétique :
énergie que possède un corps du fait de son
mouvement par rapport à un référentiel donné.
Sculpture cinétique : on peut voir les premières
manifestations d'art cinétique dès les années 1910
dans le mouvement futuriste et certaines œuvres
de Marcel Duchamp. Plus tard, Alexandre Calder
invente le mobile, sculpture formée de fils et de
pièces métalliques qui sont mises en mouvement
par le déplacement de l'air ambiant. L'expression art
cinétique est adoptée vers 1954 pour désigner les
œuvres d'art mises en mouvement par le vent, les
spectateurs et/ou un mécanisme motorisé.
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
• 11/14 ans - Cycle 4 - Les mots fantômes
L'idée de hasard de l'oeuvre Oui ja associée au
dispositif du mur sur lequel le spectateur est invité à
écrire peut être l'occasion de travailler sur le “hasard
objectif” des surréalistes par un travail de cadavre
exquis, de mur de mots, de poème collectif ou de
palimpseste. Référence : l’œuvre Café Little Boy de
Jean-Luc Vilmouth.
Arduino :
et son récent synonyme Genuino, sont des cartes
matériellement libres sur lesquelles se trouve
un microcontrôleur. Les schémas de ces cartes
sont publiés en licence libre, cependant, certains
composants, comme le microcontrôleur par exemple,
ne sont pas en licence libre. Le microcontrôleur
peut être programmé pour analyser et produire
des signaux électriques, de manière à effectuer
des tâches très diverses comme la domotique (le
contrôle des appareils domestiques - éclairage,
chauffage…), le pilotage d'un robot, de l'informatique
embarquée, etc.
Neuroscience :
ensemble des études scientifiques du système
nerveux, tant du point de vue de sa structure que de
son fonctionnement, depuis l'échelle moléculaire
jusqu'au niveau des organes, comme le cerveau,
voire de l'organisme tout entier.
Physiognomie :
méthode fondée sur l'idée que l'observation
de l'apparence physique d'une personne, et
principalement les traits de son visage, peut donner
un aperçu de son caractère ou de sa personnalité.
Johann Kaspar Lavater fut le plus célèbre
physiognomoniste au XVIIIe siècle..
Oui-ja :
support divinatoire sur lequel figure l'alphabet
et les mots oui et non.
Extra Fantômes
22
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
III - La Salle de Contrôle:
Sous contrôle permanent ?
La vie secrète du monde numérique.
La salle de contrôle est un lieu où l’on chasse les vrais fantômes du numérique.
Les machines envahissent notre quotidien de manière imperceptible :
elles occupent les champs électromagnétiques, WiFi, surveillent notre monde
avec leurs optiques et leurs propres systèmes sensoriels.
Les œuvres
On vous observe ...
Fantômes pour les robots ...
Psychic / Antoine Schmitt
(France, 2004)
Database / Tobias Zimmer
et David Ebner (Allemagne, 2014)
Installation interactive.
Le projet Database est né de la collaboration
entre les artistes Tobias Zimmer, dont la pratique
explore les possibilités du code informatique
et les questions algorithmiques, et David Ebner, dont
les oeuvres explorent les nouveaux médias.
L’œuvre combine l’usage de caméras, le code
informatique et la sculpture : elle rend palpable la
surveillance, parfois invisible mais pourtant intrusive,
dont nous faisons l’objet lors de nos déplacements
urbains et nos navigations en ligne. Database
capture les visages des visiteurs ainsi que certaines
informations ou datas, et les imprime sur des
feuilles de papier. L’accumulation constituée par ces
données prises à la dérobée rend visibles
les mécanismes de surveillance.
Dossier spécial ...
Carlow Ghosts / Tobias Zimmer
(Irlande 2016)
Série de portraits imaginaires non humains dérivant
de l’installation Database, présentée lors de
l’exposition Post-Electric à VISUAL (Carlow, Irlande,
de juin à septembre 2015). Ces images fantômes
furent captées de manière aléatoire grâce à une
caméra de mauvaise qualité et à l’algorithme de
détection faciale, en dehors des horaires
d’ouverture du musée.
Extra Fantômes
23
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Projection intelligente.
L’oeuvre est composée d’une caméra, d’un système
perceptif et d’un système cognitif interprétatif. Le
spectateur ne voit que le résultat de ce processus
analytique sous la forme de symboles : un texte, écrit
en temps réel. Dans une posture quasi paranoïaque,
le visiteur est observé et tente de comprendre ce
que l’installation décrit sur le mur, alors que c’est
l’installation qui tente de comprendre ce qu’elle voit
quand elle le regarde.
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Chasseurs de fantômes, documentation …
Votre corps numérique ...
Light Painting Wifi / Timo Arnall,
Jorn Knutssen, Einar Sneve
Martinussen (Angleterre, 2011)
Sensible 1.0 / Bram Snijders, Deframe
(Hollande, 2011)
Installation vidéo interactive.
En suivant et captant la matière graphique
numérique afin de la projeter sur la surface d’un
corps, l’installation Sensible1.0 utilise le principe
du mapping video interactif. La projection s’adapte
ainsi à la silhouette et aux mouvements du visiteur
qui va traverser le faisceau de projection. Ce
surprenant parcours de faisceaux lumineux vient
s’imprimer sur le corps pour révéler ses reliefs et la
densité de ses mouvements, sous l’œil lumineux
du vidéo-projecteur.
Magnetic Movie / Semiconductor
(Angleterre, 2007)
Google Faces / Onformative
(Allemagne, 2013)
Street Ghosts / Paolo Cirio (Italie, 2012)
Horizon / Gregory Chatonsky
(France, 2015)
Invisible / Heather Dewey-Hagborg
(USA, 2014)
Light Painting Wifi de Timo Arnall
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Des écrans multiples révélent à travers 6 vidéos
les champs invisibles de notre ère numérique :
les traces des ondes wifi révélées par l’œuvre
Immaterials de Timo Arnall, la vie secrète des
champs magnétiques dans Magnetic Movies de
Semiconductor, et les incroyables visages détectés
à la surface de la planète par l’œuvre logicielle
Google Faces de Onformative.
Extra Fantômes
24
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Repères historiques
Sous contrôle permanent ?
Hors exposition :
Nommer cette troisième zone de l’exposition
“ La Salle de Contrôle” nous place d’emblée dans
les questions de surveillance politique (au sens
de la cité) et de liberté individuelle. Internet, en
nous autorisant à tout publier, tout communiquer,
tout échanger, pénètre nos sphères relationnelles
et donc intimes. Le règne de la communicationconnexion nous met-il sous contrôle permanent ?
Comment les données personnelles englobées
par les Big Data sont-elles réinterprétées par des
algorithmes en tant que données de réussite
économique des plus grandes entreprises mondiales
en tant que smart Data ? L’exposition nous permet
d’explorer ces « données fantômes » que les artistes
mettent en lumière.
• Mathias Jud et Christoph Wachter, duo de
net-artistes suisses basés à Berlin, mettent les
systèmes informatiques centralisés générant
l'exclusion et la division des individus au centre de
leurs oeuvres- réseaux. En proposant des réseaux
alternatifs donnant à rendre visible l’invisible et
incitant au partage de ceux-ci, l'enjeu politique de
ces artistes hackers se formalise à travers la lutte
contre l’exclusion dans le projet # GLM appliquant
le principe communautaire de réseau Mesh jusqu'à
l’hôtel Gelem installé par Mathias Jud et Christoph
Wachter au sein d’une zone occupée par des
familles ROM à Montreuil pour y amener
une connexion Internet.
Lien à l'adresse gaite...
Artistes engagés dans la reconnaissance des
mécanismes de surveillance numérique
Le panoptique comme mise en abyme
de la surveillance
Dans l‘exposition Extra Fantômes :
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
• L'oeuvre Psychic d'Antoine Schmitt, insidieusement
nous dévisage, nous scanne, nous décrit à notre
insu. L'oeuvre interactive peut susciter la curiosité
ou le malaise chez le spectateur, se rendant
compte que la description de sa personne dans
ses faits et gestes et projetée aux yeux de tous,
ici et maintenant dans l'espace d'exposition.
L'oeuvre révèle le contrôle permanent qui se joue
notamment derrière la vidéosurveillance (procédé
de surveillance à distance qui met en œuvre un
système de télévision en circuit fermé)
dans nos sociétés.
Schéma représentant le principe du panoptique.
La Salle de Contrôle avec ses 6 écrans dont un
occupé par la vidéo de surveillance de la GL rappelle
le dispositif du panoptique décrit par le philosophe
utilitariste Jeremy Bentham à la fin du XVIIIe siècle.
Le panoptique est un type d’architecture carcérale.
L'objectif de la structure panoptique est de
permettre à un gardien, logé dans une tour centrale,
d'observer tous les prisonniers, enfermés dans
des cellules individuelles autour de la tour, sans
que ceux-ci puissent savoir s'ils sont observés.
Ce dispositif devait ainsi créer un « sentiment
d'omniscience invisible » chez les détenus. Le
philosophe Michel Foucault, dans Surveiller et punir
(1975), en fait le modèle abstrait d'une société
arbitraire, axée sur le contrôle social.
• L’installation Database rend visible
ce phénomène de la surveillance que nos yeux
ne peuvent saisir dans le monde physique à travers
un dispositif d’installation se référant à la sculpture
et aux transmedias. Tobias Zimmer et David Ebner
font notamment référence à l'enregistrement
de nos traces et parcours sur internet et à
l'édification de notre profil, soit au fichage
de nos identités.
Le contrôle permanent de nos vies quotidiennes
est donc rendu visible dans ces deux œuvres par
un dispositif interactif de filmage en temps réel qui
oblige littéralement le spectateur à passer au crible
de la machine, malgré lui. Parce que le pouvoir se
loge aussi dans les infrastructures, il incombe à
l'artiste de questionner d’un point de vue politique
notre rapport aux technologies.
Extra Fantômes
25
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Pour aller plus loin
Renversement esthétique :
la science au service de l’art !
Arts Plastiques
Dans l’exposition, la salle de contrôle, avec ses
nombreux écrans, n'est pas un dispositif de
surveillance mais un espace de contemplation
d’ondes et de champs magnétiques. Ces vidéos
montrent des phénomènes physiques invisibles à
l'œil nu. Nous sommes en présence d'un dévoilement
de formes, de couleurs et de matières qui poursuit
son développement dans l'installation immersive
de Deframe, Sensible 1.0. Cette troisième partie de
l'exposition progresse donc du critique au sensible,
en transformant l'observation scientifique à travers
l'aspect magique de l'art rendant le visible invisible.
• À tout âge, former à un usage responsable
et citoyen d’internet, consulter/écouter :
- http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/
competences/education-aux-medias/
sites-pour-eduquer-a-l-internet
Notamment : Internet et les jeunes - guide à l usage
des enseignants du 1er degré (ressource 7005).pdf
- http://www.franceculture.fr/numerique/lalphabet-numerique
L'Alphabet numérique de France Culture est une
séquence pédagogique de quelques minutes que
l’on peut écouter en direct chaque dimanche ou
écouter en podcast.
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
• 15/17 ans - Création numérique :
glitchs, gifs, captures d’écran et net-art
Exploiter les outils numériques à des fins de création
et de diffusion : utiliser la spécificité numérique
de l'image, utiliser la matière générée par internet
comme des espaces de prise de vue et comme
réservoir d'images à manipuler et à détourner. Se
réapproprier les outils créés par les GAFA de manière
ludique, créative et critique en groupe.
Sensible 1.0, DeFrame.
Références :
Julien Levesque, net artiste
http://www.julienlevesque.net/
Citizenfour, film documentaire réalisé en 2014 par
Laura Poitras, traitant de la surveillance mondiale
généralisée et retracant le parcours d'Edward
Snowden, jeune informaticien américain, ancien
employé de la Central Intelligence Agency (CIA) et de
la National Security Agency (NSA), qui a révélé les
détails de plusieurs programmes de surveillance de
masse américains et britanniques.
Extra Fantômes
26
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
• 11-14 ans - Cycle 4
l’éducation à l’image à travers le net art: détournement artistique et numérique.
• Discussion :
De quelle manière les artistes reprennent-ils les codes graphiques de la société contemporaine pour la
remettre en question, à travers les usages du numérique ? Décodez les messages et les oeuvres d’Adam
Harvey et de Barbara Kruger reprenant l’iconographie de communication publicitaire.
Think Privacy
Série de posters de l’artiste américain Adam Harvey (2015). Le projet Think Privacy - Pensez la confidentialité,
en français - d’Adam Harvey vise à sensibiliser les individus à la confidentialité et à la protection des données
personnelles. Chaque signalisation (avec ses caractéristiques formelles ) est conçue visuellement afin de
créer un impact autour de la question de la surveillance et d’encourager le débat.
“DATA NEVER DIES You only live once
but data is forever”
Les messages conceptuels et anti-publicitaires de
l’artiste américaine Barbara Kruger.
Untitled (Buy me) I change your life - 2003
Un détournement des messages sociétaux
tels que FUMER TUE .
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
« FUCK MY LIKE Big Data knows
more about my life than I do »
Une dénonciation du système des likes sur
Facebook en reprenant les mêmes codes
(couleur, typographie).
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Lexique et mots clés
Base de données. n. f. en anglais, "data base" :
G.A.F.A.:
ensemble de données organisé en vue de son
utilisation par des programmes correspondant à
des applications distinctes et de manière à faciliter
l'évolution indépendante des données et des
programmes.
Google, Apple, Facebook, Amazon sont les quatre
grandes firmes américaines (nées dans les dernières
années du XXe siècle ou au début du XXIe siècle
sauf Apple créé en 1976) qui dominent le marché du
numérique1, parfois également nommées les Big
Four. Ce sigle, cependant, tend à être abandonné au
profit du sigle GAFAM, le M signifiant Microsoft.
Big Data :
littéralement les « grosses données », ou
mégadonnées, parfois appelées données massives.
L’expression est utilisée lorsque la quantité de
données qu’une organisation doit gérer atteint une
taille critique qui nécessite de nouvelles approches
technologiques pour leur stockage, leur traitement
et leur utilisation. Volume, vitesse et variété sont
souvent les trois critères qui permettent de qualifier
une base de données de “Big Data”.
Hacker :
(programmation) - informaticien qui crée, analyse
et modifie des programmes informatiques pour
améliorer ou apporter de nouvelles fonctionnalités à
l'utilisateur ;
(sécurité informatique) - informaticien qui utilise ses
connaissances de la sécurité informatique pour en
rechercher et en exploiter les faiblesses.
Un artiste hacker fait preuve de résistance et
développe une pratique engagée, activiste. La
Délégation générale à la langue française et
aux langues de France préconise l'emploi du
terme « fouineur » alors que le grand dictionnaire
terminologique de la langue française favorise le
terme « bidouilleur », plus proche du sens initial, à
ceci près que ce terme porte un sens péjoratif, en
opposition avec l'excellence supposée du hacker.
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Cloud ou cloud computing, ou informatique
en nuage ou nuagique ou encore infonuagique
(au Québec) :
Solution pour accéder à distance aux données,
stockées sur un serveur externe. Le cloud computing
est l'accès via un réseau de télécommunications, à
la demande et en libre-service, à des ressources
informatiques partagées et configurables. Il s'agit
donc d'une délocalisation de l'infrastructure
informatique.
Open data :
Open Data Base Licence, licence imposant la gratuité
à toute donnée dérivée des données sous cette
licence et autorisant une utilisation commerciale de
celles-ci.
Extra Fantômes
28
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
IV - Le Bunker:
Résister
Devenir fantômes.
La dernière zone de l’exposition est conçue comme un espace d’atelier ayant recours à des
technologies alternatives afin de protéger les corps des champs invisibles (wifi, électromagnétique
etc), échapper à l’oeil robotique… assombrissant les limites entre fiction et réalité. Dans un univers
futuriste, une industrie plus ou moins imaginaire se développe autour d’outils pour résister en
s’effaçant, physiquement ou virtuellement. Ici, nous ré-équilibrons le rapport de force et nous
transformons à notre tour en fantômes aux yeux des machines.
Les œuvres
Fantômes pour les signaux Wi-fi ...
Fantômes pour la surveillance génétique ...
Faraday Canopy /Less EMF (USA)
Invisible / Heather Dewey-Hagbord
(USA, 2014)
Accessoire de protection des radiations
électromagnétiques.
Fantômes pour les drônes ...
Stealth Wear /Adam Harvey (USA, 2013)
Ligne de vêtements furtifs pour disparaître aux yeux
des caméras thermiques et de vous soustraire aux
algorithmes de reconnaissance faciale comme les
caméras de vidéo-surveillance et les drônes.
Extra Fantômes
29
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Fantôme pour la surveillance biologique: le kit
maison pour effacer nos traces d’ADN.
Rappelant les peurs face aux sorcières au Moyen âge
où il était bien imprudent de laisser des rognures
d’ongles derrière soi, le projet Invisible propose un
protocole "Do It Yourself" (DIY) pour effacer les traces
d’ADN sur notre passage et les remplacer afin de
brouiller les pistes. Kit présenté sous cloche de verre
et à retrouver en ligne :
http://biononymous.me/diy-guides/
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Focus sur l'œuvre:
Stealth Wear d'Adam Harvey
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Ancrage dans l’histoire de l’art : analyse de l’œuvre en lien avec la thématique du camouflage
ou "dazzle" dans l’Histoire à travers la mise en parallèle de l’oeuvre avec celle
de Liu Bolin, artiste chinois militant.
Stealth Wear d’Adam HARVEY,
Camouflages de Liu BOLIN
En 2013, l'artiste new-yorkais Adam Harvey crée une
ligne de vêtements qui échappe à la détection des
drones. Il développe aussi une série de maquillages
et de coiffures pour éviter la reconnaissance faciale.
L'artiste part du constat que la vie privée devient de
plus en plus difficile à maintenir, tracés que nous
sommes par téléphone, cartes bancaires et vidéo
de surveillance. Il fait sa thèse pour détourner les
logiciels de reconnaissance faciale. Des mèches de
cheveux en diagonale, un maquillage graphique, le
tour est joué. Passer inaperçu-e revient alors à se
grimer en Lady Gaga ou en Daft Punk. Sur son site
de vente en ligne ("Privacy Gift Shop"- cadeaux de
vie privée ), il présente sa collection de « vêtements
qui protègent l'imagerie thermique, une technologie
de surveillance largement utilisée par les drones
militaires pour cibler des gens ».
Liu Bolin est un artiste contemporain chinois né en
1973 à Shandong. Disgracié en 2005 par le régime
communiste chinois, son atelier à Pékin sera fermé
puis démoli, ses expositions interdites.
Quoi de plus revendicateur pour lui que d'entrer dans
une démarche artistique de rébellion qui l'amène
tout simplement à se faire disparaître de la surface
de la terre. Cet épisode politique joue comme
déclencheur : « c'est à ce moment là qu'est né en
moi le concept de disparition de l'individu. »
Liu Bolin se lance alors dans un projet alliant
performance et photographie à travers différentes
séries, notamment Camouflages et Hiding in the
city où il met en scène des corps d'hommes ou de
femmes – très souvent le sien- peints intégralement,
se camouflant avec le lieu devant lequel ils posent,
si bien que les êtres se fondent littéralement dans le
paysage.
Extra Fantômes
30
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Extrait d’un entretien avec Adam Harvey
(Extra Fantômes, éditions Liénart Gaîté lyrique, 2016, p.127)
L’anonymat est-il selon vous
une bonne réponse pour protéger la vie privée ?
L’anonymat doit être une option et ne devrait pas
être un « crime ».
Comment en êtes-vous arrivé à travailler
avec la mode et le maquillage
pour dénoncer le régime de surveillance ?
Nous vivons dans l’ombre de la surveillance
de masse et c’est une des victoires du terrorisme.
On observe la militarisation de nos cultures.
Les technologies développées au départ pour des
utilisations militaires, celles de vision assistée
par ordinateur notamment, ont envahi les rues :
les caméras détectent les visages et traquent
les mouvements des passants. Le marketing
en profite en obtenant facilement et à moindre coût
un grand nombre d’informations précieuses.
Il faut surtout s’interroger sur l’utilité de la collecte
de toutes ces données qui par ailleurs fait naître
beaucoup d’anxiété. Nous devons développer
des solutions radicales car les lois sont très
influencées par les industriels et n’empêchent pas
l’usage, commercial ou non, des données liées à la
reconnaissance faciale ou à l’analyse de la vision par
ordinateur. Je me suis particulièrement intéressé
au visage, qui représente une information
personnelle et privée comme l’ADN
ou les empreintes digitales.
Propos recueillis par Clémence Seurat
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Ces deux projets ont démarré de la même manière :
en m’intéressant à certaines technologies,
j’ai mesuré à la fois leur puissance et leur
vulnérabilité. Tous les logiciels de surveillance
et de sécurité sont industrialisés, ils sont faillibles
et attaquables. Pour être efficace et faire en sorte
que les gens s’engagent sur ces sujets, j’ai choisi
d’utiliser des outils familiers comme le vêtement
et le maquillage. J’ai puisé dans l’anticonformisme
de la mode et sa capacité à réinventer les normes
afin de trouver le point d’équilibre entre ce qui est
déviant et ce qui est fonctionnel et acceptable.
Créer des outils de protection de la vie privée
qui résolvent les problèmes n’a de sens que s’ils
peuvent être utilisés et acceptés par tous.
Il est important que d’autres se réapproprient
ces stratégies et que par leur propagation,
elles participent à changer le cadre normatif
de nos sociétés, à ouvrir un espace
de réflexion et de critique.(...)
Que révèle l’utilisation d’une stratégie
comme le camouflage sur la frontière
entre le militaireet le civil ?
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Repères historiques
Cette dernière partie de l'exposition : “le Bunker”
fait appel aux subterfuges de résistance, en réaction au monde contemporain et aux usages
des nouvelles technologies se référant à la détection et à la surveillance. Les artistes nous invitent
donc à rechercher des moyens de protection pour échapper à la surveillance des machines.
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
L'obfuscation, une forme de résistance
Utilisation en matière
de protection de la vie privée
D’après Finn Brunton, enseignant à la New York
University, auteur de A shadow History of the
Internet (2013) et de Spam : A User's Guide for Privacy
and Protest, (2015) co-écrit avec Helen Nissenbaum :
"l’obfuscation est une stratégie de gestion de
l'information qui vise à obscurcir le sens qui peut
être tiré d'un message. Cette stratégie peut être
intentionnelle ou involontaire. Le mot "obfuscation"
provient du latin "obfuscāre", qui signifie "assombrir".
Cette stratégie peut par exemple servir en matière
de protection de la vie privée (par exemple, pour la
protection des données personnelles ou la gestion
de la réputation numérique), mais peut servir de
base à un choix dans le contenu du message, à
des tactiques de guerre ou à la sauvegarde de
la confidentialité des informations. On peut
également parler de masquage, d'opacification ou
d'assombrissement."
La protection de la vie privée repose sur des
normes sociales, juridiques (par exemple, la Loi
Informatique et Libertés) ou techniques (comme la
cryptographie, qui vise à rendre illisible le message
à d'autres personnes que son expéditeur et son
destinataire). À l'ère d'internet, ces protections
sont remises en question par les faiblesses de
régulation de l'internet au niveau mondial et par les
progrès technologiques. Il devient de plus en plus
difficile de les faire corriger, effacer ou d'exercer un
droit de réponse face à la publication de données
confidentielles. L'obfuscation consiste à dissimuler
le sens ou l'importance d'une information sans
annuler sa visibilité, en la noyant dans une masse
d'informations de même type, mais non pertinentes,
et par exemple, à la rendre plus difficile à trouver en
utilisant un moteur de recherche.
Exemples de stratégies reposant
sur l'obfuscation
Exemples et outils
TrackMeNot, une extension du navigateur Firefox
multiplie les requêtes aléatoires à Google afin que
les vraies requêtes même si elles sont enregistrées,
ne renseignent en rien sur les centres d’intérêt
de l'internaute espionné. Des recherches traitent
de la manière d’« assombrir » les informations de
géolocalisation pour protéger la vie privée des
utilisateurs d’objets communicants.
L'obfuscation peut être utilisée dans des
contextes spécifiques et à des fins différentes.
Par exemple, pendant la Seconde Guerre Mondiale,
les bombardiers britanniques et américains
commencèrent à utiliser des paillettes d'aluminium.
Ces paillettes, en étant larguées au moment
opportun, brouillaient le signal des radars allemands,
permettant aux avions de s'échapper sans que les
opérateurs ennemis puissent signaler leur position
à leurs chasseurs. La création et le recours à l'argot
peut également être perçu comme une tentative
d'obfuscation, visant à empêcher les non-initiés
de comprendre le message échangé entre les
interlocuteurs. Le rapport au temps est important
: l'obfuscation peut n'avoir pour objectif que
d'obscurcir le sens de l'information que pendant un
temps limité. L'objectif de la stratégie est alors de
retarder la compréhension, de manière à gagner
du temps.
Invisible, une œuvre de bio-art
engagée et critique
"Je suis vraiment troublée, mais aussi préoccupée
par cette possible émergence d'une surveillance
génétique. Cela me frappe que nous ayons une
discussion nationale à propos de la surveillance
électronique, mais que cette forme de surveillance
biologique ne soit pas discutée. Invisible travaille
sur ce point en imaginant un avenir dans lequel la
discrimination basée sur la génétique est une peur
quotidienne", explique l'artiste Heather de DeweyHagbord au site d’information américain The Verge.
"Erase" et "Replace” sont les noms des sprays
miracles créés par l’artiste pour disparaître. Dans
une vidéo d'apparence scientifique, la compagnie
BioGenFutures (créée par l'artiste) se place comme
le précurseur d'un produit miracle permettant à
chacun de disparaître du radar des autorités.
Extra Fantômes
32
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Les XIX/XX siècles :
Il suffirait de deux sprays pour s'offrir une totale
liberté : "Erase" (écraser) et "replace" (remplacer).
Le premier étant chargé de détruire 99,5% de l'ADN
déposé sur un objet tandis que le second est chargé
de masquer les 0,5 pour cent restant.
"Ne soyez pas traqués, analysés ou clonés",
indique le site BioGenFutures. Et si l'équipe derrière
le projet Invisible a pris le parti d'en rire en écrivant
notamment sur le site "Votre dîner avec vos beauxparents potentiels se passe bien? Ne les laissez pas
vous juger en fonction de votre ADN, soyez Invisible",
le débat n'en reste pas moins important.
Aux yeux de Heather Dewey-Hagborg, chacun devrait
pouvoir se demander s'il veut que son ADN soit
difficile à tracer ou non.
avant-gardes et nouvelles dimensions.
Les nouvelles géométries influencent les artistes.
La 4ième dimension chez Marcel Duchamp.
Un nouveau rapport au temps détermine
la vision des artistes.
Chronophotographie, vitesse, accélération.
Le béton armé : ingénieur, architecte, artiste.
De Perret à Le Corbusier
La photographie scientifique change
nos échelles et notre vision du monde
Le machinisme (dé-)place l'humain autrement.
Point de vue critique au cinéma : Lang, Chaplin..
Neurologie et art fantasmagorique :
Salvador Dali
Les plastiques, de nouveaux matériaux,
de nouvelles technologies pour de nouvelles formes.
Question design
Art et science, une longue histoire.
Depuis l'antiquité, la parenté entre art et science
est affirmée par un même choix de terme : "techné"
en grec, "ars" en latin. Au Moyen-âge, les arts se
repartissent entre arts intellectuels, dits libéraux
(rhétorique, grammaire, dialectique, arithmétique,
géométrie, astronomie et musique) et en arts
manuels, dits mécaniques (peinture, sculpture,
architecture, orfèvrerie...). Cette classification
disparaît à la Renaissance : l'apport intellectuel
des peintres et des sculpteurs est progressivement
reconnu. D'artisans, ils deviennent artistes
et signent leurs œuvres. À la même époque,
la science gagne en autonomie avec l'apparition
d'un raisonnement scientifique propre et des
méthodes nouvelles. Les liens entre artistes
et savants restent cependant très forts et les
passerelles entre leurs domaines nombreuses.
L'Art contemporain : du néon au numérique
La Renaissance de l'art et de la science
Ces fameux artistes savants : Léonard De Vinci,
l'archétype du génie universel de la Renaissance;
Albrecht Durer écrit un traité de géométrie.
De grandes inventions : la perspective, la géométrie
au service de l'illusion peinture; La chambre noire;
le nombre d'or, la « divine proportion » pour garantir
la construction de formes harmonieuses.
Des collaborations fructueuses :
l'anatomie humaine : les médecins dissèquent,
les peintres «saisissent» et fixent le connaissances;
les naturalistes publient des ouvrages monumentaux
illustrées sur les espèces.
Extra Fantômes
33
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Différents domaines sont partagés entre artistes
et scientifiques : la lumière artificielle, la vidéo,
l'informatique, les fractales, la robotique,
les biotechnologies, la médecine,
les neurosciences, le net-art.
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Pour aller plus loin
L’obfuscation, une notion interdisciplinaire
en fin de cycle 4 (14-15ans) :
Les « fantômes des rues » sont des silhouettes
floutées trouvées via l’outil Google Street view
et extraites par l'artiste. Ce qui n'était que
sélection, capture d'écran, collection de net artiste
obsessionnel devient art urbain critique une fois que
ces éléments faussement anonymes sont agrandies,
imprimées à échelle humaine et à nouveau intégrées
à l’espace public. Comme si estomper les visages
cachait l'identité de la personne... Hypocrisie !
Léonard de Vinci n'est-il pas célèbre pour son
sfumato qui estompe les contours en peinture afin
de rendre l'expression du visage plus véridique ?
Histoire-géographie
Résistance et obfuscation pendant
la seconde guerre mondiale
Éducation civique
Protection des données personnelles sur internet
>> Français, analyse filmique : Je suis Spartacus !
(ou « I'm Spartacus! » dans la version originale) est
une phrase extraite du film Spartacus de Stanley
Kubrick (1960). Une des scènes célèbres du film est
la capture des esclaves à qui on demande lequel
d'entre eux est Spartacus en échange de leur liberté.
À la place, chacun d'entre eux avoue être Spartacus
pour partager son destin. Une scène similaire
ou évènement est parfois appelée un moment
Spartacus en référence à cette scène populaire.
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Arts plastiques
Récupérer les données personnelles laissées sur le
net et les mettre en forme artistiquement pour créer
une mythologie personnelle.
Photographie de l’installations in situ de Ernest
Pignon-Ernest à Nagasaki.
Focus sur une œuvre : Street Ghosts
de Paolo Cirio
Une histoire comparée de fantôme à travers deux
oeuvres d’art urbain : Street Ghosts de Paolo Cirio/
Série Nagasaki de Ernest Pignon-Ernest.
Le fantôme d'un homme mort apparaît sur le mur
extérieur d’un immeuble détruit suite à l'explosion de
la bombe à Nagasaki…
Ernest Pignon-Ernest est un des initiateurs de l'art
urbain ou du street art en France. Il travaille sur la
mémoire pour « ne pas faire table rase du passé
». Ses sérigraphies qui s’affichent sur les murs
des villes du monde, sont mises en scène dans un
espace public précis (installations In situ), jouent
avec la perception du passant, puis disparaissent
progressivement sous les effets de la pluie, du vent,
du temps (affichage éphémère). La technique du
dessin réaliste en noir et blanc au fusain sur papier,
reproduit par la technique de la sérigraphie, le tout
marouflé directement sur les murs contribue à la
fragilité de la matière de l'oeuvre et sert le message
de l'artiste. La facture caravagesque de ces hommes
dessinés, sérigraphiés et placardés accentue l’effet
dramatique.
Street Ghosts de Paolo Cirio. Photographie d’une
installation qui consiste à réinsérer sur un mur des
personnes “trouvées” sur Google street view.
Extra Fantômes
34
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Lexique et mots clés :
Art urbain / Street art :
Installation in situ :
mouvement artistique contemporain. Il regroupe
toutes les formes d’interventions artistiques
réalisées dans la rue, ou dans l’espace public, à
l’initiative de l’artiste lui-même. Il ne passe pas par le
biais d’une institution pour intervenir plastiquement.
L’art urbain s’épanouit principalement en France
depuis mai 1968 mais, le mouvement est officialisé
au début des années 1980. Les techniques sont
variées (graffiti, pochoirs, photographies, projection
vidéo, affiches, installation, origamis, tricot,
scellement d’objets, mosaïques, stickers…).
en tant que concept, caractérise depuis les
années 1970 une partie des productions de l'art
contemporain qui se définissent par l'occupation
(temporaire ou définitive) d'un espace donné
(intérieur ou extérieur), par la mise en situation
de différentes techniques d'expression et de
représentation, ainsi que par le rapport participatif
qu'elle implique avec le spectateur. N'étant pas
un mouvement ou un genre artistique en soi,
l'installation trouble les rapports entre œuvre et
public, en brisant les limites imposées par certaines
contraintes (forme, lieu, discours, etc.).
Bio-art :
Net-art :
évolution récente de l'art contemporain, prenant
pour médium les ressources plastiques offertes
par les biotechnologies. Culture de tissus vivants
(Art orienté objet), modifications génétiques
(Eduardo Kac), morphologiques (Marta de Menezes),
constructions analytiques et biomécaniques
(Symbiotica) ont toutes été exploitées par des
artistes qui s'approprient des techniques et des
thèmes de réflexion très controversés aujourd'hui.
Ces expérimentations sont parfois en relation avec
le propre corps de l'artiste, et mettent à nu les peurs
traditionnellement inspirées par la technologie.
forme artistique qui se développe dans et sur le
media internet. Internet est à la fois matériau de
création et support de diffusion du projet artistique.
Radiations (ou rayonnements)
électromagnétiques :
Bunker :
local ou casemate servant de réduit fortifié ou d'abri,
espace de protection, de blindage et de résistance.
Camouflage dazzle :
technique utilisée pendant la Première Guerre
mondiale pour protéger les navires des tirs de
torpilles. Grâce à des motifs criards et géométriques,
des lignes irrégulières et des aplats colorés, les
bateaux créaient une distorsion optique qui
empêchait l’adversaire d’apprécier leur vitesse,
leur nombre ou leur déplacement. Dazzle signifie
aveugler en français.
Système (ou algorithme)
de reconnaissance faciale :
application logicielle visant à reconnaître
une personne grâce à son visage de manière
automatisée. Le fonctionnement de ce système se
base sur une ou plusieurs caméras pour reconnaître
l'utilisateur. Les systèmes de reconnaissance
faciale sont de plus en plus présents au quotidien.
Ils sont par exemple utilisés sur les réseaux sociaux
sur internet pour identifier quelqu'un sur une photo,
sur les smartphones pour les déverrouiller, ou
par des services de sécurité pour reconnaître des
individus recherchés. Ces utilisations peuvent être
séparées en deux principales catégories : la sécurité
et l'assistance à l'utilisateur.
Caméra thermique :
caméra enregistrant les différents rayonnements
infrarouges (ondes de chaleur) émis par les corps
variant en fonction de leur température.
Drone :
petit avion télécommandé utilisé pour des tâches
diverses (missions de reconnaissance tactique à
haute altitude, surveillance du champ de bataille et
guerre électronique.
Extra Fantômes
35
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
le rayonnement électromagnétique peut être décrit
de manière corpusculaire comme la propagation de
photons ou de manière ondulatoire comme une onde
électromagnétique. Il se manifeste sous la forme
d'un champ électrique (champ de force invisible
créé par l'attraction et la répulsion de charges
électriques) couplé à un champ magnétique. Les
différentes sources de champ magnétique sont les
aimants permanents et le courant électrique.
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Le mot des commissaires
Fantômes des fantômes par Mélissa Mongiat et Mouna Andraos du collectif Daily
tous les jours. Texte extrait de l’ouvrage Extra fantômes coédité par la Gaîté lyrique
et les éditions Lienart à l’occasion de l’exposition.
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
« Je ne crois évidemment pas aux fantômes.
Si vous en aviez rencontré autant que moi, vous
n’y croiriez pas non plus » annonçait Archi le cafard
dans le poème de l’humoriste américain Don Marquis
en 1916. Les fantômes sont partout ; les fantômes
ne sont nulle part. Ils reflètent nos peurs, nos
fantasmes et nos valeurs. Croire aux fantômes, c’est
croire en quelque chose de plus grand que nous,
mais c’est aussi trouver des réponses aux questions
qui nous hantent et à toutes les choses inconnues
qui dépassent les frontières de notre entendement.
magnétiques, de caméras thermiques ou d’autres
dispositifs, les chasseurs de fantômes arpentent
aujourd’hui le monde tangible pour déceler ses
mystères et dévoiler, enfin, les – vrais – fantômes.
Ces outils high-tech sont même parfois conçus par
leurs inventeurs pour que lesdits fantômes d’un
autre monde puissent les utiliser pour communiquer
avec nous. Le meilleur exemple est la Frank’s Box (ou
Ghost Box) inventée en 2000 par Frank Sumption en
combinant un générateur de bruit et un récepteur
radio en modulation d’amplitude (AM) pour permettre
aux fantômes de communiquer avec nous et de se
libérer peut-être ainsi de leur destin.
Est-ce la voix d’une âme humaine, coincée entre les
vivants et les morts, qui tente de se faire entendre ?
Ou est-ce la machine elle-même qui nous parle ?
Si nos fantômes sont les miroirs de nos propres
croyances, ils permettent aussi de comprendre
l’inexplicable, de faire face à l’inconnu.
Déjà, les premiers télégrammes apparaissaient aux
yeux des plus sensibles comme des véhicules de
l’occulte, agents d’une dimension extra humaine. Le
code Morse est parfois le langage de prédilection
des fantômes qui tentent de nous contacter.
Dans son historique des technologies hantées,
Jeffrey Sconce retrace notamment les anecdotes
qui ont fait la une des premières années de la
télévision. Il raconte en particulier l’histoire d’une
famille dont le salon est devenu un lieu mystique
à visiter par tous. On y trouvait, sur l’écran de leur
téléviseur éteint, la trace d’un visage, clairement
une apparition surnaturelle. Ce bug technique,
simple artefact des tubes cathodiques, étant
encore inconnu du grand public, devenait le fruit
de forces supérieures occultes. Si cette anecdote
nous semble amusante, elle fait toutefois écho
à la relation que nous entretenons avec toutes
ces nouvelles machines qui nous entourent. Nos
ordinateurs respirent, ils parlent, ils prennent
À l’image du mouton dessiné par Saint-Exupéry à la
demande du Petit prince, le fantôme est une boîte
anonyme – avec deux trous peut-être au lieu des
trois que le narrateur dessina en déclarant :
« Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est
dedans. » Drap blanc ? Fumée ? Ombre ? Visage
terrifiant ou familier ? Ce que l’on retrouve dans cette
boîte reste ouvert à l’interprétation et, surtout,
à l’imagination. 1862, l’année de naissance de l’aîné
des frères Lumière. De l’autre côté de la Manche,
un scientifique anglais faisait apparaître un
fantôme sur scène. Tandis que le cinéma n’avait
pas encore vu le jour, John Henry Pepper, profitant
déjà des outils techniques à sa disposition, faisait
apparaître un univers imaginaire à un public toujours
friand de nouvelles émotions. Cette technique,
baptisée Fantôme de Pepper en l’honneur de son
inventeur, utilise une combinaison de plaques de
verre et d’éclairages pour donner un caractère
tridimensionnel à une image, qui semble alors flotter
aux yeux du spectateur. Elle est devenue depuis un
classique du monde du théâtre d’illusion.
Les nouveaux outils de création d’images offrent
aux artistes et inventeurs du monde entier des
moyens renouvelés de donner forme et vie à ces
chimères, ces peurs ou ces croyances qui hantent
un public toujours avide. L’histoire contemporaine
du fantôme est donc directement liée à l’histoire des
technologies de communication qui nous permettent
de les représenter, de les comprendre et de nous
comprendre un peu mieux nous-mêmes.
Mais au-delà de ces mondes créés par les élèves de
Pepper, les technologies de l’information ont elles
aussi alimenté nombre de nos fantasmes. Armés de
récepteurs d’ondes radio, de capteurs de champs
vie au travers de la voix de Siri, par exemple, qui
vit dans plus de 700 millions d’iPhones5, ou
de la simple animation de la lampe de veille
de nos ordinateurs portables qui semblent
alors respirer paisiblement. Nous leur donnons
un caractère humain pour mieux les adopter
; et bien qu’ils soient l’incarnation de la
pensée rationnelle, construits de 0 et de 1 à
Extra Fantômes
36
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
l’infini, nous confondons parfois complexité
avec surnaturel. Leur fonctionnement
souvent incompris – ou incompréhensible,
admettons-le – devient la preuve d’une vie
en soi et de phénomènes intangibles. Ils
ont une âme – ils sont hantés – ou peutêtre rêvent-ils, comme le racontent les
théoriciens et designers Anthony Dunne et
Fiona Raby : « Les objets électroniques, des
téléphones cellulaires aux machines à laver,
sont souvent décrits comme “intelligents”.
L’utilisation de ce terme pour décrire des objets
dont la fonctionnalité électronique est amplifiée
encourage une interprétation fade de choses qui
font partie intégrante de notre quotidien. Les objets
électroniques ne sont pas seulement “intelligents”,
ils “rêvent” – dans le sens qu’ils laissent fuir des
radiations tout autour eux, et jusque vers nos
corps. Malgré l’apparence de contrôle et d’efficacité
transmise par le langage insipide de l’intelligibilité et
de l’intelligence, il serait possible d’imaginer que les
objets électroniques sont en fait irrationnels – ou du
moins qu’ils autorisent leurs pensées à errer. […]
Les rêves des objets électroniques sont faits de
radiations électromagnétiques. Ces rêves irradient
depuis l’objet, créant un nouvel environnement,
invisible mais bien physique, que nous appelons
l’espace hertzien. C’est là que la vie secrète
des objets électroniques se joue. Secrète, pas
seulement car nous ne l’observons que rarement,
mais surtout parce que nous commençons à peine à
la comprendre. » Ces rêves sont autant de mondes
tangentiels au nôtre qui s’incarnent de toutes
sortes de façons. Spectres électromagnétiques et
fréquences radios d’abord, ondes Wi-Fi, Bluetooth,
signaux GPS, RFID et autres nouveaux canaux de
diffusion prennent de plus en plus de place autour
de nous et s’imposent comme les – vrais – fantômes
du XXIe siècle. Certains d’entre nous s’en inquiètent
et inventent des boucliers ou autres vêtements
métalliques pour se protéger de ces ondes qui peutêtre nous font du mal. On voit émerger de nouveaux
chasseurs de fantômes qui s’empressent de dévoiler
ces univers dont la véracité devient troublante :
ils enregistrent, capturent et dessinent l’invisible
pour le matérialiser à nos yeux. Et puis les ondes
elles-mêmes sont habitées. Elles sont autant de
bytes, de données, d’informations qui se promènent,
se transmettent et se multiplient. Le site Web de
la multinationale américaine IBM déclare que 2,5
quintillions (2,5 ´ 1030 !) d’octets d’information sont
créés chaque jour et que près de 90 % des données
existantes dans le monde aujourd’hui ont été créées
dans les deux dernières années.
Certaines de ces informations sont consciemment
créées par nous, il s’agit de nos photos, images,
Extra Fantômes
37
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
histoires, messages que nous publions sans
cesse. Mais la grande majorité de ces données
sont automatiquement collectées en permanence
et souvent à notre insu. Elles sont les traces de
nos moindres actions et mouvements, mais aussi
de tous les aspects du monde vivant, de nos villes
ou de l’air que nous respirons. Quelle que soit
l’information, si celle-ci est disponible, elle est
compilée par des logiciels qui tentent de dresser nos
portraits et multiplient alors les versions de nousmêmes – versions qui sans doute finiront par hanter
les recoins les plus profonds des machines qui les
captent. Nous avons donc nous-mêmes, humains,
vivants et rationnels, une existence parallèle : nous
sommes fantômes pour les machines. Et celles-ci
nous chassent à leur tour, comme c’est le cas du
logiciel de reconnaissance faciale des artistes
médias Onformative qui parcourent sans fin la
surface de notre planète virtuelle sur Google Earth
pour y deviner des visages humains. La voiture Street
View de Google elle-même, qui sillonne les rues du
monde entier depuis 2007, ne ressemble-t-elle pas
à la célèbre Ecto-1, la voiture des chasseurs de
fantômes du film américain Ghostbusters ?
Nous sommes bel et bien traqués.
La prolifération de nos données personnelles dans
le monde virtuel est indéniable et des artistes, au
lieu de chasser les fantômes numériques, voient
une urgence de devenir eux-mêmes fantômes pour
échapper à l’œil robotique. Différentes stratégies
se développent pour tromper la collecte de données
jusqu’à physiquement disparaître. Dans un univers
rave-punk-futuriste, une industrie plus ou moins
imaginaire se développe autour d’outils pour résister
en s’effaçant, soit physiquement, comme le projet
Urme Surveillance de l’artiste Leo Selvaggio l’illustre,
soit virtuellement par des services en ligne tels que
seppukoo.com ou la Web 2.0 Suicide Machine– tous
deux défunts pour cause de controverse.
Un nouveau monde se dessine où l’humain-fantôme
retrouve sa liberté à l’écart du regard indiscret
des machines. Nous sommes fantômes pour nos
fantômes. Nous sommes extra fantômes.
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
préparez
votre visite
Informations pratiques
Retrouvez le dossier pédagogique
Extra Fantômes en téléchargement
sur www.gaite-lyrique.net/venir-en-groupe
Horaires de la Gaîté lyrique :
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
• Du mardi au samedi de 14h à 20h
dimanche de 12h à 19h
Informations / réservations auprès
de l’équipe des relations aux publics :
Horaires des visites accompagnées :
Visites accompagnées de l’exposition :
par téléphone : 01 53 01 51 69 / par mail :
[email protected]
Aurélie Sellier - 01 53 01 51 65
Minnie Benoliel - 01 53 01 51 66
Camille Cabanes / Irène Stehr - 01 53 01 51 67
Tous publics à partir de 5 ans
Durée de la visite : 1h
incluant l’accompagnement par un médiateur et une
visite découverte de la Gaîté lyrique
La Gaîté lyrique, 3 bis Rue Papin, 75003 Paris
Métro : lignes 3,4 Réaumur-Sébastopol / 8,9 :
Strasbourg St Denis / 11 : Arts et métiers
• Du mardi au samedi de 13h30 à 20h,
le dimanche de 12h à 19h.
• Ouverture possible le jeudi matin sur demande
Tarifs de groupes :
• Établissements scolaires et périscolaires :
3€ par élève
• Structures sociales : 1€ par personne
• Gratuit pour 1 accompagnateur
pour 12 personnes
• Carte d’adhésion groupe : 15€
valable pour l’année scolaire 2015/16
Visites préparatoires
pour les relais scolaires et champ
social (gratuit sur réservation) :
• Le jeudi 7 Avril à 18h30 en présence de
Mélissa Mongiat - commissaire de l’exposition
• Le vendredi 8 Avril à 18h30
• Le mercredi 13 avril à 15h30
Extra Fantômes
38
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
autour
de l’exposition
Les ateliers
Ateliers PUBLIC INDIVIDUEL
• Atelier avec Centre Aéré et vj Dorotop
La Gaîté lyrique propose en accompagnement
de l’exposition Extra Fantômes, un parcours
d’ateliers créatifs à destination
des petits et des grands.
À l’assaut des forces invisibles qui hantent les
technologies d’aujourd’hui, les publics sont
invités à la chasse aux fantômes à travers un
regard artistique et scientifique sur le monde de
demain. Menés par des artistes dont les œuvres
sont présentées dans Extra Fantômes ainsi que par
des artistes invités, ces atelierspermettent aux
enfants et aux familles de mieux comprendre les
thématiques de l’exposition en mêlant découvertes
ludiques et pratiques créatives.
• Pour les 8-10 ans
• Les 9, 23 et 27 avril à 15h
• 10€ et 8€ adhérents
• Atelier avec Béatrice Lartigues
Hands up
Appliqu’ons-nous autour de l’œuvre Augmented
Hand Series de Golan Levin, Chris Sugrue, et Kyle
McDonald. Transforme ta main avec l’application
graphique Do Ink.
Chaque atelier d’une heure est précédé d’une
présentation de l’exposition Extra Fantômes !
Atelier GROUPES avec La Nouvelle Fabrique
• Pour les 8-12 ans
• Les 7, 14 et 15 mai à 15h
• Gratuit sur réservation
à [email protected]
Holofantômes
La Nouvelle Fabrique est une micro usine urbaine
inspirée des FabLab réunissant des lignes de
productions numériques pour construire demain, ici
et maintenant.
Le collectif convie petits et grands à créer leurs
histoires de fantômes en découvrant les techniques
de l’holographie
• Atelier avec Antoine Schmitt
Big Bang
Créé des formes graphiques et imagine
ton propre scénario autour du phénomène
du Big Bang avec l’artiste Antoine Schmitt.
• Pour les groupes d’adultes
ou enfants à partir de 7 ans
• Le 14 avril (complet) et 15 avril,
26 et 27 mai, 23 et 24 juin à 14h
• 2 € sur réservation à [email protected]
• Pour les 8-12 ans
• Le 21 Mai à 15h
• 10€ et 8€ adhérents
Extra Fantômes
39
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Action Mochica
Capitaine Futur part à la chasse aux fantômes ! Créé
un jeu vidéo sonore avec le logiciel Scratch, inspiré
par l’univers graphique du concert audiovisuel
Captaine Futur « Mochica » le 24 avril à la Gaîté
lyrique,
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
• Atelier avec Chevalvert
• Atelier avec Malte Martin
Hydrométéore
Les hydrométéores sont en général formés
d’ensembles de gouttes d’eau ou de particules de
glace en suspension dans l’air.
Le collectif Chevalvert propose au public
de découvrir les coulisses de la création
d’une installation interactive utilisant la fumée
comme matière sensible de video projection.
Ce workshop sera composé d’une partie technique
où les participants pourront
interagir directement avec le dispositif.
Battle de Spectres
En utilisant l’œuvre interactive de Malte Martin,
parents et enfants créent leurs propres spectres
en temps réel dans l’exposition.
• Pour public adulte, étudiants et professionnels
• Le 28 mai à 15h et le 15 juin à 17h
• 15€ et 10€ adhérents
• Capitaine futur
le programme des enfants
• Parents-enfants entre 6 et 10 ans
• Le 18 juin à 15h
• 10€ et 8€ adhérents
• À partir de 12 ans
• Le 2 juillet à 15h
•10€ et 8€ adhérents
Chasse aux fantômes !
Capitaine futur se téléporte dans l’au-delà
à la poursuite de super-illusions et de virtuelles
réalités. Retrouvez les concerts à partir de 5 ans et
les conférences de l’université de Capitaine Futur à
partir de 9 ans les dimanches 27/03, 03/04, 10/04,
29/05, 19/06.
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
• Atelier avec Charlotte Charbonnel
Adolidays
Cyclofictions
Invente une histoire et enregistre à l’aide d’objets
et de micros capteurs la bande son
de la vidéo qui accompagne l’œuvre de Charlotte
Charbonnel Kyklos.
Tarifs de groupes :
Établissements scolaires et périscolaires :
2€ par élève
Structures sociales : 2€ par personne
• À partir de 6 ans
• Le 4 juin à 15h
• 10€ et 8€ adhérents
Le Centre de ressources
Le centre de ressources permet aux visiteurs
de prolonger l’exposition. Des multiples ressources
en accès libre offrent, chacune à leur façon,
une approche multidisciplinaire de la réalité
fantomatique.
Les applications pour tablettes, accessibles aux
petits comme aux plus grands, offrent la possibilité
de s'emparer du monde des fantômes sous un angle
ludique et artistique.
Lors des ateliers Appli'quons-nous ! il s'agit de
comprendre, à travers des expériences physiques
et numériques, la manière dont les spectres
circulent dans l'espace et sur écran, de tester
des applications créées par des artistes et de
s'interroger sur le rôle joué par la technologie
dans la création d'une réalité autre.
Une sélection d'ouvrages et d'ebooks revient sur
notre rapport au visible et à l'invisible dans une
société où la technologie s'impose de plus en plus.
Cette sélection est complétée
par un choix d'ouvrages jeunesse,
romans graphiques et revues.
Des ressources vidéo et sonores invitent le public à
s'immerger davantage dans une atmosphère hantée
par les esprits contemporains.
Extra Fantômes
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Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Ateliers Appli’quons-nous
Lors des ateliers Appli'quons-nous ! il s'agit de comprendre, à travers des expériences
physiques et numériques, la manière dont les spectres circulent dans l'espace et sur écran,
de tester des applications créées par des artistes et de s'interroger sur le rôle joué par la
technologie dans la création d'une réalité autre.
La voix des fantômes
(Architecture of radio / Vio / Soundhunters)
Sur les traces des fantômes
(The Unfinished Swan / Mr Marker)
Si les ondes sonores sont par nature invisibles,
de nombreuses applications sur tablettes, qu'elles
soient professionnelles, ludiques ou artistiques,
permettent de les capter sous différentes formes.
À l'aide d'une sélection d'applications nous partons
à la chasse des ondes fantomatiques.
Si invisible que soit un fantôme,
ses traces peuvent être révélées. Il s'agit ici de
comprendre la façon dont les traces se manifestent
dans l'espace physique et via l'écran.
Une troisième dimension
(Quiver / Palm Top Theater / Cardboard )
Fantômaton
(Glitch Wizard / iStopMotion / création d'avatar
avec la Wii)
Comment pouvons-nous invoquer des fantômes
et prendre leur apparence ? Grâce à des expériences
visuelles, nous réveillons les spectres qui dorment
en nous et explorons ses transpositions numériques.
L’édition Extra Fantômes
Les périodes d’intenses bouleversements technologiques sont propices aux histoires de fantômes,
dont les spectres ont toujours hanté les machines. Celles de notre siècle paraissent étrangement vivantes
dans leur autonomie grandissante. L’intrusion des technologies dans nos vies a d’abord enflammé nos
imaginations, en étendant notre perception à l’invisible ou nous permettant de communiquer avec les esprits
occultes. Les machines et les médias numériques ont colonisé notre quotidien, nous cohabitons maintenant
avec ces agents sans parfois nous apercevoir de leur présence, qui tend à s’effacer de notre champ de vision.
Par les capacités nouvelles dont elles nous dotent, les horizons qu’elles ouvrent, ces technologies nous
transforment profondément. Nous nous dématérialisons en un flux constant et grandissant de données
et d’informations, nous sortons de nos corps et nous éparpillons sur les réseaux. Serions-nous en train
de devenir nous-mêmes des présences incertaines et fantomatiques ?
Des artistes s’emparent des médias contemporains à leur disposition pour brouiller encore les frontières,
entre ce qui est humain et ce qui ne l’est pas, entre l’invisible et le tangible, le virtuel et le réel. Ils jouent,
détournent ou expérimentent les technologies numériques et questionnent la manière dont elles nous
métamorphosent et modèlent nos imaginaires. À partir du commissariat proposé par Daily Tous les jours,
le livre explore la figure du fantôme, de manière critique et narrative, et offre un panorama subjectif
des stratégies déployées et mises en récit par les artistes de l’exposition pour jouer avec l’illusion,
matérialiser les présences qui nous échappent ou devenir invisible.
Ouvrage collectif avec : James Bridle, Finn Brunton,
Vinciane Despret, Marie Lechner, Eva Schindling,
Christoph Wachter & Mathias Jud, Elliot Woods
(Kimchi and Chips), Mushon Zer-Aviv.
Coédition : La Gaîté lyrique / Lienart
Distribution : Gallimard
Graphisme : Fanette Mellier
Format : 15x24 cm (à la française) / 144 pages
Prix : 23 € (prévisionnel)
Extra Fantômes
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Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
La troisième dimension a un rôle de plus en plus
important dans la création numérique :
réalité virtuelle, hologrammes, dessins augmentés...
Comment s'intègre-t-elle aux applications sur
tablettes ? Un panorama sur l'image 3D
et des applications variées nous aident
à explorer cette question.
Gaîté lyrique
Dossier pédagogique
Exposition
Du 7 avril au 31 juillet 2016
Gaîté lyrique
3 bis, rue Papin 75003 Paris
www.gaite-lyrique.net
Pierre-Tristan Mauveaux
Responsable relations médias
[email protected]
+33 1 53 01 51 61
La Gaîté lyrique est un établissement culturel de la Ville de Paris
Extra Fantômes
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