Édition 2008-09-01 (PDF document)
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Numéro 49 - septembre - octobre 2008 Les NOUVELLES de ROUMANIE Le triomphe de Georgeta Andrunache et Viorica Susanu aux J.O. de Pékin Les NOUVELLEs ROUMANIE Neuf médailles d'or à deux ! G eorgeta Andrunache et Viorica Susanu ont été sacrées championnes olympiques d'aviron en deux sans barreuse, après avoir fait la course en tête de bout en bout, devançant la Chine qui espérait sa première médaille d'or de son histoire dans cette discipline, et l'équipage biélorusse. Cette victoire illustre la prédilection de la Roumanie pour ce sport où elle compte désormais 35 médailles à son palmarès. Avec cinq médailles d'or olympiques, obtenues dans plusieurs catégories et avec différents partenaires, Georgeta Andrunache, 32 ans, a égalé le record mythique de sa compatriote Elisabeta Lipa et du Britannique Steve Redgrave. Elle a manqué de peu de rentrer dans la légende de l'aviron en échouant le lendemain dans la conquête d'un sixième titre qui semblait ouvrir les bras au huit + 1 roumain, que celui-ci détenait depuis deux olympiades. Au cours de celles-ci, la Roumanie avait d'ailleurs été le pays le plus titré en aviron. Sa coéquipière Viorica Susanu, 33 ans, originaire de Galati, sur le Danube, n'est pas en reste, puisqu'elle détient quatre médailles d'or. A elles deux, les deux Roumaines totalisent neuf médailles d'or olympiques… Accessoirement, elles sont également chacune quintuple championne du monde ! Leur performance à Pékin est d'autant plus méritoire qu'elles s'étaient retirées de la compétition après les Jeux d'Athènes en 2004, effectuant leur retour sur l'eau seulement en 2007. Elle est aussi une récompense pour ces deux femmes - Georgeta est mère de famille - qui consacrent onze mois de l'année à leur entraînement sur le lac Snagov, dans la banlieue nord de Bucarest, au rythme de deux sorties quotidiennes par tous les temps, effectuant 60 kilomètres à plus de 20 km/h. 64 Le directeur d'école et le pope pour convaincre ses parents Fille de paysan, Georgeta Andrunache, "Ghica" pour ses proches, est native d'un village de Moldavie, Dracsani, dans le judet de Botosani. Gamine, elle s'échappait pour aller nager dans un lac voisin. Les pêcheurs du coin se souviennent bien de cette frêle adolescente qui empruntait souvent une barque et tirait rageusement sur les rames. De retour des travaux des champs, Ghica faussait encore compagnie à ses parents, non pas pour aller retrouver les enfants du village, mais pour sauter dans une embarcation. Son père n'avait pas dit "ouf"… qu'elle était déjà au milieu du lac. Le tournant de sa vie se produisit en 1986, alors qu'elle avait tout juste douze ans. Un recruteur de Bucarest était en tournée dans la région pour repérer d'éventuels talents. L'apprenant, Ghica, sans rien dire à ses parents, s'éclipsa discrètement, les laissant à leurs travaux pour se joindre au test en cours. La fillette fut la seule sélectionnée parmi une vingtaine de candidats, mais ses parents ne voulurent rien entendre: "On a besoin d'elle aux champs ; qui va nous donner un coup de main ?" se lamentèrent-ils. Ghica s'enfuit alors pour pleurer dans le jardin. Le recruteur, qui avait été fortement impressionné par sa démonstration, n'était cependant pas prêt à lâcher le morceau et mobilisa le directeur de l'école et le pope pour finalement les convaincre. C'est ainsi que la petite paysanne prit le chemin de la capitale et de son club, le Dinamo. La grande championne Elisabeta Lipa, qui vivait dans un village au bord du Prut, avait été découverte de la même façon. Le jour de la finale de Pékin, la mère de Georgeta est allée allumée un cierge et prier à l'église du village, tandis que son père, qui avait passé son costume du dimanche, se promenait dans le bourg, répétant avec fierté: "Qui aurait crû çà, voici vingt ans ? Elle est partie d'ici maigre comme un fil de fer, d'un village oublié du reste du monde, et aujourd'hui toute la Roumanie n'a d'yeux que pour elle. Il ne peut rien arriver de mieux à des parents !". de SOMMAIRE Lettre d’information bimestrielle A la Une Rapport de pays de l’UE Innondations, faits divers "C'est mal… mais continuez !" 2à5 Actualité Bruxelles et la corruption 6 à 11 Moldavie 12 à 13 Opinions, politique 14 et 15 Economie, Social 16 à 21 Société Evénements Faits divers Vie quotidienne Insolite Enseignement Santé Emigration Religion, environnement J. O. Pékin et Sports 22 à 24 25 26 à 28 29 30 à 31 32 et 33 34 et 35 36 et 37 38 à 45 Connaissance et découverte Livres, Littérature Cinéma, Musique, Musées Médias, Tribune Sciences, Courrier lect. Tourisme Histoire, Humour Coup de coeur 46 à 50 51 à 53 54 et 55 56 et 57 58 et 59 60 à 63 64 L es amis de la Roumanie ont plaidé pour son admission au sein de l'UE dès 2007, afin de ne pas laisser désespérer plus longtemps les Roumains. Il s'agissait d'un acte de foi car tous les arguments militaient en faveur d'un ajournement: atteintes au fonctionnement d'une vraie démocratie et d'un véritable état de droit, corruption généralisée au plus haut niveau gangrenant toute l'administration… Le feu vert finalement donné à Bucarest, après des débats intenses et un doute maintenu jusqu'à quelques semaines de l'échéance, était un pari sur l'avenir, qualifié de décision politique : encadrées avec fermeté par Bruxelles qui les auraient à l'oeil, les autorités roumaines seraient bien contraintes de se conformer aux règles communes à l'UE, même si cela demandait un peu de temps. C'est aussi et surtout ce qu'espérait l'immense majorité des Roumains, qui avaient abandonné depuis longtemps tout sentiment de confiance dans leurs dirigeants. Le jeu en valait la chandelle ! Malheureusement... dès l’adhésion en poche, Bucarest s'est empressé de n'en rien faire et a renoué de plus belle avec ses travers. Au point que la situation de la justice et de la corruption ont empiré depuis.Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Hélas !... Le comble est de voir la commission européenne, dans son dernier rapport, remis fin juillet, quasiment fermer les yeux sur ces déviances graves et répétées, au lieu de les sanctionner, contrairement à ce qu'elle avait claironné dès le début, en prenant des mesures fortes, comme l'activation de la clause de sauvegarde, entraînant la suspension des subventions, des négociations en vue de l'entrée dans la zone euro. Sa publication avait pourtant été retardée de plusieurs mois pour donner le temps à Bucarest de s'adapter. Bruxelles s'y contente d'une réprimande finalement amicale, sans conséquence - qui a paru même bienvenue aux dirigeants roumains ! - du style "peut mieux faire", largement compensée par des encouragements à continuer "les réformes". Comme d'habitude, à Bucarest, on s'est empressé de n'y voir que la partie pleine du verre. Et, en sous-main, une invitation à continuer. Continuer à bafouer les principes élémentaires d'une bonne gouvernance, continuer à se servir sur le dos des contribuables européens, continuer à voler le pays. Et surtout continuer à désespérer les Roumains qui veulent que les choses changent, les étudiants et les jeunes qui ne voient d'horizon qu'à l'étranger, les travailleurs qui aimeraient tant rester chez eux. Oui, c'est là un bien mauvais signal que Bruxelles a envoyé. Pas seulement à la Roumanie, mais aussi aux ressortissants des autres pays encore candidats à l'UE et qui redoutent que l'opinion publique européenne, devant ce renoncement de la Commission, ne renvoie tout nouvel élargissement aux calendes grecques. Henri Gillet A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE Bruxelles BAIA MARE ORADEA l l l ARAD l TIMISOARA l IASI l TARGU MURES CLUJ l l BACAU l SIBIU l BRASOV GALATI l l BRAILA LUGOJ PITESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Mieux vaut parler de la protection des phoques... 2 Le rapport de pays sur la Corruption et justice: SUCEAVA l L'exécutif européen avait refusé en 2006 de repousser l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie du 1er janvier 2007 au 1er janvier 2008, comme elle en avait la possibilité, en raison des insuffisances criantes de leur Etat de droit, résistant aux nombreuses pressions qui s'étaient exercées dans ce sens. Aujourd'hui, il apparaît que cet élargissement a été bâclé. Certes, la responsabilité majeure en revient aux dirigeants des deux pays en cause qui, une fois leur bon d'entrée en poche, se sont empressés de ne pas respecter leurs engagements de réforme. Mais la Commission, qui s'est abstenue obstinément de taper du poing sur la table, ne peut s'exonérer de toute part. Elle s'en mord les doigts mais, prise dans un engrenage diplomatique, semble impuissante à leur faire rectifier le tir. Parmi les journalistes en poste à Bruxelles, on évoque de plus en plus souvent la forte proximité qui s'est établie entre le gouvernement roumain, ses groupes de pression et l'administration européenne. Fin juillet, lors de la présentation des rapports de pays tant attendus, aucun commissaire européen n'a osé venir s'expliquer devant les médias, préférant laisser deux porte-paroles s'acquitter de cette tâche ingrate. En revanche, quelques instants auparavant, Stavros Dimas, le commissaire chargé de l'Environnement, avait trouvé le temps de faire une longue conférence de presse sur la protection des phoques… Infos pratiques Les NOUVELLES de ROUMANIE L a Commission européenne a rendu fin juillet, son rapport sur l'état du pays en Roumanie. Selon le porte-parole de la CE, Johannes Laitenberger, "les éléments fondamentaux fonctionnent, mais les bases sont fragiles et les décisions concernant la grande corruption sont trop politisées". On peut aussi lire dans ce rapport que la lutte anti-corruption "commence à produire des premiers résultats", mais que "l'avancée des réformes continue d'être peu constante et qu'il n'existe toujours pas de condamnations définitives dans les cas de grande corruption". En conclusion, la CE affirme que la clause de sauvegarde prévue dans le traité d'adhésion et synonyme de sanctions n'est pas à l'ordre du jour. Mais que "le mécanisme de coopération et de vérification de l'Union Européenne restera nécessaire pour un certain temps". La CE rendait également son rapport sur la situation de la Bulgarie, se montrant nettement plus sévère. Considérant qu'elle est gangrenée par la mafia et la corruption sans rien vraiment entreprendre pour y remédier, elle l'a sanctionnée, gelant 800 millions d'euros d'aide financière, dans l'attente de la voir prendre des mesures adéquates. Pour la première fois Bruxelles a appliqué des traitements différents à Bucarest et Sofia, dont le sort était jusqu'ici lié, espérant que les sanctions prises à l'encontre de la seconde feront réfléchir la première. Cette méthode avait été ébauchée au moment de l'adhésion, mais cette fois-là, c'était la “C’est très bien, ils nous ont juste tiré les oreilles... Mais tu as vu Roumanie qui était menacée de voir sa candidature ce que les Bulgares ont pris !” ajournée, ayant pris du retard sur sa voisine dans la Gazdaru mise en place des réformes exigées. Toutefois, les conclusions de Bruxelles paraissent bien édulcorées en ce qui concerne la Roumanie. Sans-doute faut-il y voir là la proximité des échéances électorales dans ce pays, avec les législatives qui se profilent, et les nombreuses pressions que l'UE a dû subir dans ce sens: un carton jaune aurait mis dans l'embarras le gouvernement actuel, bien mal en point auprès de l'opinion publique, et faciliter la tâche des anciens communistes du PSD, qui rêvent de revenir au pouvoir. Les "gros poissons" des tous bords peuvent donc continuer à nager tranquillement dans les eaux de la corruption, avec la complicité de leur justice, assuré que Bruxelles fermera les yeux. "La corruption doit être traitée comme l'ennemi public numéro un" Bruxelles peut-elle renouveler indéfiniment sa confiance à ses deux derniers membres et donner un blanc-seing à ceux qui frappent à sa porte ? Il faut rappeler que, trois mois après son adhésion à l'Union Européenne, le gouvernement roumain a révoqué son ministre de la justice, l'intrépide Monica Macovei, 49 ans, pourtant issue d'une nomenklatura qui a su bien profiter d'une transition menant à des enrichissements scandaleux, parce qu'elle menaçait de nombreux intérêts en s'attaquant à la corruption. Son successeur, un ancien avocat conseil de la société russe Gazprom, a tenté de renvoyer le procureur anti-corruption, Daniel Morar, qui enquêtait sur ses sponsors politiques. Toujours sur la sellette, ce dernier est sans-arrêt menacé de destitution, les anciens communistes faisant même de son éviction la condition impérative du déblocage de la situation politique actuelle. Finalement, il a été démis de ses fonctions. "À l'avenir, tout dépendra des progrès de l'État de droit et de la gouvernance dans ces pays", affirme Antonio Maria Costa, directeur de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc).La politique et les affaires doivent être mieux isolées de l'influence corrosive de la criminalité, spécialement de la criminalité économique. La corruption doit être traitée comme l'ennemi public numéro un pour renforcer ABONNEMENT CHANGE* (en nouveaux lei: RON) Euro= 3,53 RON (1 RON = 0,28 €) Franc suisse = 2,18 RON Dollar = 2,39 RON Forint hongrois 100 HUF=1,49 RON (1 € = 238 forints) *Au 1er septembre 2008 Les NOUVELLES de ROUMANIE Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Entreprises, administrations : 100 € TTC / an Associations et particuliers : 80 € TTC / an Multi-abonnement Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement. Numéro 49, sept.-octobre 2008 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 E-mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : Laurent Couderc, Jonas Mercier, François d’Alençon, Liviu Florea, Mircea Vasilescu, Luca Niculescu, Cornel Ivanciuc, Michel Bührer, Jacques-Marie Voslin, Florentina Ciuverca, Olivier Mélennec, Matthieu Delaunay, Benjamin Ribout, Jean-Simon Gagné, Virgil Tanase, Ramona Delcea, Ion Barbu, Vali, Gazdaru. Autres sources : agences de presse et presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, Regard, j’habite en Roumanie.com Le Courrier des Balkans, sites internet, télévisions roumaines, fonds de documentation ADICA. Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 € à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €). Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 € Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €). Nom:………………………………………………………………………… Adresse:…………………………………………………………………….. Code postal:.......................Ville…………………….................................... Pays:.................................Tel:………………........ Fax:…………………… E-mail:……………………………………. Cachet, signature : Paiement Impression : Helio Graphic 2 rue Gutenberg 44 981 Sainte-Luce sur Loire Cedex Numéro de Commission paritaire: 1112 G 80172; ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro: début nov. France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA. Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire sans frais. Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros). Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie, 44 300 NANTES - France. 63 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE l ORADEA l l BOTOSANI l BAIA MARE SUCEAVA l ARAD l TARGU MURES CLUJ l l BACAU l l TIMISOARA BRASOV PITESTI CRAIOVA l GALATI l SIBIU IASI l l BRAILA l l TULCEA l n CONSTANTA BUCAREST l (suite de la page 60) Le coup de grâce avec "Horizon rouge" 62 Cette dernière fut un coup terrible pour le régime, alors que son isolement s'accroissait et sa croissance économique s'arrêtait. La Securitate en fut déstabilisée, devint plus vulnérable aux infiltrations des services de renseignements étrangers et commença à perdre le contrôle du pays. Pour éviter de nouvelles défections, Ceausescu confia à sa femme Elena et à d'autres membres de sa famille des postes importants dans le gouvernement, accroissant un népotisme qui allait contribuer à sa chute. La publication d'Horizon Rouge en 1987 acheva de discréditer le dictateur aussi bien à l'étranger qu'en Roumanie. Le 25 décembre 1989, les Ceausescu furent condamnés à mort à l'issue d'un simulacre de procès où une partie des accusations avaient été extraites textuellement de ce livre. Il fallut cependant attendre le 7 juillet 1999 pour qu'une décision de la Cour suprême de Roumanie annule les condamnations à mort de Pacepa, lui restitue son grade dans l'armée et ordonne que ses biens confisqués lui soient restitués. Mais le gouvernement refusa de se plier à cet arrêt, déclenchant une série d'articles en Europe de l'Ouest où l'on constatait que la Roumanie n'était toujours pas devenue un pays de droit. Finalement, ce n'est qu'en décembre 2004 que le gouvernement roumain rendra discrètement à Pacepa son grade de général. A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE (suite de la page 61) Roumanie et la Bulgarie a été rendu public fin juillet Les répercussions et l'agitation provoquées par cette diffusion furent énormes en Roumanie. Mais Vlad Georgescu en paya le prix, mourrant mystérieusement d'un cancer foudroyant un an plus tard, comme cela avait déjà été le cas de son collègue, Noël Bernard, décédé en 1981, à l'âge de 56 ans. Six jours après l'exécution des Ceausescu, le 1er janvier 1990, le représentant du Congrès américain Frank Wolf débarquait à Bucarest pour réclamer l'élargissement de la fille de Pacepa et de son mari, Radu, qui vivaient depuis dix ans sous le régime de liberté surveillée. Dana retrouvait son père cinq jours plus tard à l'aéroport de Washington au cours d'une cérémonie retransmise en direct à la télévision américaine et dans 45 autres pays. Immédiatement après la mort de Vlad Georgescu, Radio Europa Libera nommait son successeur, Nestor Ratesh. Ion Mihai Pacepa l'avait invité aussitôt afin de lui indiquer comment la Securitate utilisait des armes radioactives pour se débarrasser de ses ennemis. Après trois ans d'études des archives disponibles de l'ancienne police politique, Nestor Ratesh doit publier prochainement un livre racontant les assassinats de ses prédécesseurs. l'Union Européenne ferme les yeux Humour Elémentaire -Bula, pourquoi veux-tu venir en France ? T'es pas bien en Roumanie ? -On s'plaint pas. -Ton boulot ne te plait pas ? - On s'plaint pas. -C'est ton logement qu'est pas bien ? - On s'plaint pas. -Peut-être tu manges mal ? - On s'plaint pas. -Les filles sont pas sympa ? -On s'plaint pas. -Alors, c'est que tu gagnes pas assez! -On s'plaint pas. -Bon sang, j'y comprends plus rien ! Peux-tu me dire à la fin pourquoi tu veux venir en France? -Parce qu'on m'a dit que là-bas on n'arrête pas de se plaindre. Chef Le chef rentre dans un bureau, raconte une blague et tous les employés se mettent à rire en se tapant sur le ventre… sauf un. -Pourquoi tu ne ris pas ? lui demandent ses collègues -J'en ai plus rien à faire… Je change de boulot demain. Justification -Pourquoi y-a-t-il des Roumains qui votent toujours communistes ? -Parce qu'ils espèrent obtenir l'asile politique. l'intégrité et la justice, renforcer la légitimité politique des autorités et la confiance des investisseurs". Vaste programme. L'impérative nécessité d'un signal fort Dans l'ensemble des pays de la région, la réforme de la justice et la lutte contre la corruption reste un défi. Principal problème, la qualité des lois et leur application. Pour se mettre en conformité avec les "normes européennes", les gouvernements font adopter par leurs Parlements des lois sur la réforme de la justice, la corruption, le blanchiment d'argent ou la confiscation de biens acquis par des individus soupçonnés d'association criminelle. Mais, ces lois, parfois incomplètes ou spécieuses, restent, la plupart du temps, lettre morte, faute d'une véritable sépara- tion des pouvoirs et d'un État de droit pour les mettre en œuvre. Monica Macovei cite le cas d'un décret d'urgence du gouvernement roumain du mois de février 2007 suspendant l'application de la loi sur les faillites pour vingt-neuf sociétés et d'un décret similaire du mois de mars 2007 reportant l'application de plusieurs de ses amendements portant sur la transparence des donations aux partis politiques. En Roumanie, la nomenklatura se moque bien que Bruxelles la gronde de temps en temps, l'envoie au coin, puisse à rigueur lui montrer la porte de la classe. Depuis le 1er janvier 2007, elle est assurée que personne n'osera la renvoyer de l'école et qu'elle peut donc continuer en toute impunité ses affaires. Tant que l'UE n'enverra pas un signal fort, il n'y a aucune raison pour que cela change. (Lire également notre dossier pages 6 à 11) Blagues à la roumaine Décès à 91 ans de Iosif Constantin Dragan considéré comme le Roumain le plus riche Une faim de crocodile Funar, l'ancien maire de Cluj (connu pour sa haine farouche des Hongrois), entre dans un bar, tenant en laisse un crocodile: -Excusez-moi, dans ce bar on sert aussi des Hongrois ? -Bien sûr, Monsieur le maire ; ici on ne fait aucune discrimination… -Très bien… Alors apportez-moi un demi et servez deux Hongrois à mon crocodile. Délicatesse -Bonsoir… C'est bien Radio Erevan? -Oui, cher auditeur… Nous vous écoutons. -Eh bien, voilà, j'ai trouvé un portefeuille avec 10 000 € dedans et une carte d'identité au nom de Cornel Georgiu… -Bon… Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous ? -Oh rien; je voulais seulement le remercier. A Priori Bula arrive à la gare du Nord à Bucarest et s'installe dans un taxi. -Où est-ce que je vous conduis ? - A Priori, s'il vous plaît ! -Comment çà à priori ? s'exclame le chauffeur, interloqué. -Oui, oui, c'est çà. On m'a dit qu'à Priori, à Bucarest, on trouve toujours de tout. Une page sombre de la Roumanie du XXème siècle L e milliardaire Iosif Constantin Dragan est décédé à l'âge de 91 ans à Palma de Mallorca. Ayant fait fortune dans l'industrie pétrolière, les transports, l'immobilier et l'édition, il était considéré depuis plusieurs années comme le Roumain le plus riche, ses avoirs étant estimés à 1,5 milliard d'euros, devançant nettement l'ancien tennisman Ion Tiriac (un milliard d'euros). Né à Lugoj en 1917, le jeune homme, après avoir terminé son Droit à Bucarest, avait obtenu en 1941 une bourse pour aller étudier à l'université de Rome à l'époque de Mussolini. Il en profitera pour monter sa première société qui exportera du pétrole roumain à l'Italie fasciste, tout en montrant sa fascination pour cette idéologie et sa version roumaine de la Garde de fer. De retour en Roumanie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il crée en 1948 une compagnie de distribution de gaz méthane, Butan Gas, mais la prise en main du pays par les communistes l'oblige à s'exiler pendant trente ans. En 1967, le Roumain exilé pose les bases d'une fondation à son nom, la "Fondation Européenne Dragan" destinée à promou- voir les valeurs de la société roumaine dans un esprit nationaliste qui sierra à Ceausescu, devenant un peu plus tard un collaborateur semi-officiel de son régime. Cette proximité lui permet d'avoir accès à des archives inédites concernant la dictature d'Antonescu (1940-1944), dont il est un prosélyte, et de rédiger une biographie très complaisante du maréchal. Parallèlement, Dragan a créé deux maisons d'édition, tout d'abord en Italie puis, après 1990, en Roumanie. La chute de Ceausescu et l'affairisme qui accompagne la transition lui laissent les coudées franches pour développer ses affaires dans son pays natal. Devenu milliardaire, il contrôle une station de télévision roumaine, Radio Nova FM, un hebdomadaire, "Redesteptarea" ("Le Nouveau Réveil"), un quotidien régional, "Renasterea Banateana" ("La Re-naissance du Banat"), dont les titres laissent percer des relents d'idéologie extrémiste. Dragan ne s'en cache pas puisque, peu après la "Révolution", il finance les premiers pas de Vadim Tudor et Eugen Barbu qui lancent le journal "Romania Mare" ("La Grande Roumanie"), avant de fonder le parti xénophobe et ultranationaliste du même nom. Il a créé d'ailleurs avec eux la "Ligue du Maréchal Ion Antonescu", qui prendra le nom de "Ligue des Maréchalistes", après l'adoption d'une loi interdisant le culte de la personnalité des individus coupables de crimes contre l'Humanité. Dragan a également ouvert l'Uni-versité Européenne Dragan dans sa ville natale de Lugoj, un établissement privé dont il était propriétaire et où sa dépouille a été exposée, avant son inhumation. En 1995, alors âgé de 78 ans, le milliardaire avait épousé Daniela Veronica Gusa, 22 ans, fille du général Stefan Gusa, ancien chef d'état-major de l'Armée roumaine sous Ceausescu (19861989), dont il a eu trois enfants. La lutte pour son héritage avec un fils d'un précédent mariage mais qu'il ne voyait plus on lui a interdit l'entrée à ses obsèques est déjà commencée. A elle seule, la carrière de Iosif Constantin Dragan illustre les moments les plus sombres de l'histoire de la Roumanie au XXème siècle: le fascisme, la collaboration avec les communistes, l'affairisme débridée de la nouvelle nomenklatura sur le dos du pays. Trois maux qui se sont souvent nourris d'un même nationalisme-chauvinisme tapageur, tenant lieu de justification. Dragan a fait édifier près d'Orsova, port sur le Danube, une immense statue de Decebal, considéré comme le fondateur de la Dacie, haute de 45 m et qui est toujours la plus grande sculpture en pierre d'Europe. 3 A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE Intempéries SUCEAVA BAIA MARE l ORADEA l l l l ARAD l TIMISOARA IASI l TARGU MURES CLUJ l BISTRITA BACAU l l l SIBIU l BRASOV GALATI l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Dévoré par un ours en plein Brasov 4 Encore des inondations catastrophiques en juillet Fin juillet, un homme de 30 ans a été dévoré par un ours brun a proximité immédiate du centre historique de Brasov et d'une zone au trafic important. Il semble qu'il se soit endormi sur un banc d'une allée où viennent jouer les enfants. Les enquêteurs émettent l'hypothèse qu'il était ivre et que son réveil brusque ait pu effrayé l'animal. Trois équipes de chasseurs ont été mobilisées pour rechercher et abattre l'animal. Une femelle ourse a été tuée quelques heures plus tard, mais l'analyse de ses viscères a montré qu'elle était étrangère à l'agression. Le maire de la ville a déclaré que 45 ours vivaient actuellement dans cette zone, qui ne devrait en abriter qu'un maximum de 20. Il a affirmé qu'il avait déjà alerté, par le passé, le ministère de l'Environnement mais qu'aucune mesure n'avait été prise. Selon les médias, les Carpates roumaines hébergent une population de 7500 ours et des attaques de plantigrades affamés se produisent assez souvent dans les environs de Brasov. En mai dernier, une ourse et son ourson avaient grimpé jusqu'au troisième étage d'un immeuble, en quête de nourriture. En juin 2007, une ourse avait tué une touriste américaine et légèrement blessé une autre dans le centre de la Roumanie. Promeneurs et touristes se montrent souvent imprudents, approchant de près les animaux pour les photographier, leur distribuant de la nourriture afin de les attirer.En mai, les autorités de Brasov ont décidé de sanctionner d'une amende de 1000 lei (300 €) toute personne surprise à leur donner des vivres. L a Roumanie a connu cet été un scénario devenu malheureusement traditionnel ces dernières années: une forte canicule sur l'ensemble du pays (entre 35° et 40° de juin à fin août), entrecoupée d'orages torrentiels causant d'énormes dégâts et des pertes humaines. Ainsi, les inondations de juillet ont fait 22 morts en Ukraine et 5 en Roumanie, tandis que près de 20 000 personnes ont dû être évacuées, dont 13 000 pour la Roumanie. Dans le judet du Maramures (Baia Mare) une mère de 30 ans, son fils et un autre jeune, qui s'étaient réfugiés dans une maison construite sur une colline, sont morts à la suite d'un glissement de terre qui a emporté l'habitation. Deux autres personnes ont été portées disparues après avoir été emportées par les eaux, dont un garçon de 14 ans, que les flots ont arraché des mains de son père. En Ukraine, c'est la région d'IvanoFrankivsk, frontalière de la Roumanie, qui a été la plus touchée par le désastre. Selon le bilan des autorités roumaines, 174 localités ont été affectées et plus de 9200 foyers inondés. Près de 19 000 hectares de cultures ont été touchés, ainsi que 6200 puits, 500 km de routes et un millier de ponts. 3650 soldats et volontaires ont été mobilisés pour construire des digues, évacuer les personnes et les animaux en danger, et pour distribuer des vivres. Six départements du nord-est du pays étaient en première ligne, dont celui de Suceava, le plus sinistré. Dans ce dernier, l'inspecteur général pour les situations d'urgence (IGSU), n'est intervenu qu'avec trois embarcations et sans hélicoptère "parce que c'était suffisant". A Viseu de Sus, dans le Maramu-res, 192 touristes, dont beaucoup d'étrangers, ont eu la peur de leur vie en empruntant la "mocanitsa", le célèbre petit train à vapeur qui serpente dans la vallée de la Vaser. La compagnie privée qui l'exploite n'a pas tenu compte des avertissements des autorités -chaque voyage rapporte 2000 € - laissant partir le convoi sous les trombes d'eau, assurant qu'il ne s'agissait que d'une averse d'été. Le train n'a pas pu redescendre, les passagers bloqués passant une nuit épouvantable, une quarantaine ayant réussi à rejoindre la gare de départ par leurs propres moyens, dans la soirée. Les autres étant secourus plus tard par les autorités. En Roumanie, les dégâts causés par ces inondations répétitives qui sévissent depuis quatre ans et sont la conséquence, notamment, des déforestations massives, devraient durer encore au mois cinq ans. 2013 est en effet le terme de la mise en place du plan de lutte contre ces calamités mis au point dans le cadre d'un projet PHARE financé par l'Europe, mais qui vient juste de débuter. Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte des services secrets roumains passait transfuge de toute la guerre froide de terre Pacepa A l'époque, Tarom terminait sa course à Vienne. L'ambassadeur de Roumanie en Autriche, Dumitru Aninoiu et sa femme, y attendaient leur chef. Tous les deux étaient officiers de la Securitate, le mari coordonnant les actions de la DIE dans cette capitale européenne de l'espionnage, son épouse étant chargée du service des filatures. Le lendemain, Pacepa continuait son voyage, atterrissant à Francfort. Son comité d'accueil était constitué par l'ambassadeur en RFA, Ion Morega, et le chef de l'antenne de la DIE, le général Stefan Constantin. Un taxi pour l'ambassade américaine Les deux hommes l'informèrent qu'ils lui avaient organisé une rencontre le lendemain après-midi avec un ministre de la chancellerie ouest-allemande, afin qu'il lui remette le message de Ceausescu. Ils l'emmenèrent à son hôtel et prirent rendezvous pour le lendemain midi. Mais à l'heure dite, Pacepa n'était plus là. Dès le matin, le général avait sauté dans un train pour Bonn, hélé un taxi pour l'ambassade américaine où il avait demandé aussitôt l'asile politique. A leur stupéfaction, les USA, sans avoir bougé le petit doigt, venaient de mettre la main sur le plus important transfuge de toute la période d'affrontement Est-Ouest. Présenté comme espion du KGB et trafiquant de cigarettes A Bucarest, le choc fut immense. La nouvelle n'y fut confirmée que quelques jours plus tard. Furieux, Ceausescu fit arrêter immédiatement 12 généraux de la Securitate, interrogés dans une caserne pendant 2 semaines. Outre le scandale monumental que la fuite de Pacepa allait provoquer au sein du camp soviétique, il redoutait d'avoir à faire à un complot. Des dizaines d'officiers de la police politique furent démis de leurs fonctions, des centaines, en poste à l'étranger, rappelés. Les ambassades roumaines se vidèrent d'un coup. Les médias occidentaux s'étant emparés de l'affaire, le régime fut bien obligé de réagir. Il déclara que le général félon, démasqué, avait fui seulement quelques heures avant d'être arrêté comme… espion du KGB et trafiquant de cigarettes. Ceausescu lança plusieurs tueurs aux trousses du "traître", mais les Américains l'avaient mis prudemment à l'abri. Pendant trois ans, Pacepa fut soumis à un interrogatoire incessant, invité à tout révéler de ce qu'il connaissait, ce qui est considéré encore comme le plus long "debriefing" de l'histoire. Il collabora alors avec les services secrets américains, ceux de l'OTAN et la DST française - la France était un pays particulièrement infiltré par la Securitate - révélant tous les rouages des services d'espionnage du camp soviétique. Pacepa ne reçut la nationalité américaine qu'en 1988, ce qui tend à prouver qu'il n'y avait pas eu anguille sous roche et qu'il n'avait pas été recruté par la CIA dès avant sa défection. Cela n'empêche pas de penser qu'il fut et demeure l'un des personnages les plus mystérieux du régime Ceausescu. A Francfort, avec des collègues roumains également espions. Repéré à cause des bavardages d'une femme de ménage de la CIA Une seule fois, la Securitate fut sur le point de retrouver la trace de son ancien chef, à la suite d'une histoire rocambolesque et toujours pas bien éclaircie. En 1980, Nicolae Horodinca, diplomate en poste à Washington et officier de la DIE, fit lui aussi défection avec sa famille, demandant l'asile politique aux USA. C'était un 2ème coup dur pour Ceausescu. Le nouveau transfuge révéla qu'un de ses collègues en poste à l'ambassade, le général Bebe Tanasescu était en fait chargé de surveiller la diaspora roumaine d'Outre-Atlantique. Ce dernier sera prié de regagner immédiatement Bucarest… y devenant d'ailleurs après la "Révolution" chef adjoint du SIE (Service d'Information extérieure) qui prit le relais de la Securitate. Mais apparemment en désaccord avec son mari, la femme d'Horodinca, Cristina, frappa un beau matin à la porte de l'ambassade roumaine à Washington, en compagnie de son enfant, demandant à rentrer au pays. Conduite immédiatement et sous bonne garde à l'aéroport, elle s'y évanouit et changea d'avis… avant de se raviser à nouveau et d'embarquer. Au cours de son interrogatoire à Bucarest, elle révéla que pendant la période où elle était avec son mari sous la protection des services secrets américains, elle s'était liée d'amitié avec une femme de ménage opérant pour la CIA, vraisemblablement d'origine serbe, chargée de l'entretien des résidences où étaient mis à l'abri les transfuges du bloc soviétique. Lors d'une promenade, celle-ci lui indiqua une maison, où habitait un de ses compatriotes répondant au nom de Pall Michell. Il s'agissait en fait de Ion Pacepa, qui, ce jour-là, était absent. Mis au courant, les Américains s'empressèrent de déménager le général et de lui donner une nouvelle vie et identité. Les morts "mystérieuses" de Radio Europa Libera Ceausescu n'était pas au bout de ses peines. En 1987, Pacepa lançait un nouveau pavé dans la mare en publiant ses mémoires d'un chef espion communiste, véritable roman de cape et d'épée au succès planétaire, baptisé Horizon rouge. Radio Europa Libera le passa sous forme de feuilleton, malgré les menaces de mort formulées préalablement à l'encontre du rédacteur en chef de son service roumain, Vlad Georgescu. (Lire la suite page 62) 61 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Voici trente ans, le numéro deux à l'Ouest, devenant le principal Histoire l l CLUJ l l TARGU MURES l TIMISOARA BACAU l BRAN l GALATI l l MARASTI BRAILA PITESTI CRAIOVA l Le tremblement l IASI l ARAD BRASOV l l l l TULCEA l n CONSTANTA BUCAREST l Des tueurs aux trousses 60 Intempéries SUCEAVA SATU MARE ORADEA Ion Mihai Pacepa, né en 1928 à Bucarest, est maintenant citoyen américain et vit aux USA. En 1978, lors de sa défection, il était général deux étoiles, dirigeant la Securitate, conseiller de Ceausescu, chef de son service des renseignements à l'étranger et secrétaire d'État du ministère de l'Intérieur. Dès son arrivée aux Etats-Unis, le président Jimmy Carter lui accorda l'asile politique. Ion Pacepa avait été étudiant en chimie industrielle à l'Université Politehnica de Bucarest, mais quelques mois à peine avant la remise de son diplôme, en 1951, il fut recruté par la Securitate et ne passa son diplôme que quatre ans plus tard. De 1957 à 1960 il devint sous couvert diplomatique "l'honorable correspondant" de l'antenne d'espionnage roumaine en Allemagne de l'Ouest et accéda aux plus hautes fonctions dans les services secrets roumains en 1972. Après être passé à l'Ouest, Pacepa fut deux fois condamné à mort en Roumanie, en septembre 1978. Ceausescu aurait promit une récompense de deux millions de dollars américains à qui le tuerait. Yasser Arafat, qui avait trouvé refuge un temps à Bucarest et Mouammar Kadhafi y auraient ajouté chacun une récompense d'un million de dollars. Au cours des années 1980, la Securitate aurait chargé Carlos, habitué des séjours en Roumanie, de l'assassiner en échange d'un million de dollars. Carlos échoua, mais le 21 février 1980, il fit sauter une partie du siège de Radio Europe Libre à Munich, qui donnait des informations sur le régime de Ceausescu et la défection de Pacepa. (Lire la suite page 62) A u petit matin du 28 juillet 1978, un avion militaire atterrissait discrètement sur l'aéroport de la base Andrew, près de Washington, en provenance d'Allemagne de l'Ouest. A son bord, un unique passager… mais le plus important transfuge de toute l'histoire de la guerre froide: le général Ion Pacepa, numéro deux des services secrets roumains, mais en fait son véritable chef. L'homme, qui vit depuis aux USA, a conservé toute sa part de mystère. Beaucoup de Roumains, même violemment hostiles à Ceausescu, le considèrent toujours comme un traître à son pays. Pacepa demeure un personnage controversé, car il est loin d'avoir l'aura d'un Willy Brandt, choisissant de combattre le nazisme à travers sa patrie, pendant la seconde guerre mondiale, mais en ayant été un résistant de la première heure à Hitler. Pacepa a expliqué les raisons de sa défection dans un livre retentissant, Horizon rouge, traduit dans 27 langues, qui a provoqué une colère noire de Ceausescu et entraîné une purge sans précédent dans les rangs de la Securitate. Le passage à l'Ouest d'un de ses principaux collaborateurs allait ébranler les fondations du régime, entraînant sa chute, le coup de grâce ayant été donné par Gorbatchev. Trente ans exactement après, une enquête du quotidien "Jurnalul National" en dit un peu plus sur les circonstances de la fuite de l'homme qui légitimait les accréditations des quelques 3000 officiers de la Securitate sous ses ordres en signant Mihai Podeanu, et qui fêtera ses 80 ans en octobre prochain. Ordre d'assassiner un journaliste dissident, bête noire de Ceausescu Pacepa, troisième à droite, en retrait avec des lunettes, lors d’une visite avec Ceausescu. Le 22 juillet 1978, Ceausescu avait convoqué Pacepa dans sa villa de la mer Noire où il passait ses vacances. Il voulait discuter des nouvelles fonctions de chef de l'administration présidentielle qu'il allait lui confier et en faisait de facto le numéro trois du régime. La nouvelle devait être annoncée lors de la fête nationale du 23 août. Pacepa devant se rendre à Bonn deux jours plus tard pour remettre un message au chancelier fédéral Helmut Schmidt, Ceausescu en profita pour préciser sa pensée. Il attendait du général que ses services mettent hors d'état de nuire, en organisant son assassinat, le journaliste dissident Noël Bernard, sa bête noire qui dénonçait quotidiennement ses exactions et ridiculisait son culte de la personnalité sur les ondes de Radio Europe Libre (Radio Europa Libera). Emettant depuis Munich, ce poste financé par la CIA puis, après 1971, par le Congrès américain, était très écouté - clandestinement - par les Roumains. Pacepa affirme dans Horizon rouge que lorsqu'il est entré comme officier dans la Securitate, en 1951, il s'était juré de ne jamais participer à une conspiration visant à tuer quelqu'un, même s'il était prêt à toute autre action pour défendre les intérêts de son pays. Brutalement confronté à son serment, Pacepa n'avait plus que quarante huit heures pour trouver une parade. Il décidait de profiter de son voyage en RFA pour passer à l'Ouest. Sa fille Dana l'emmena à l'aéroport en compagnie de ses subalternes des services secrets, la DIE. Il s'était bien gardé de lui confier quoique ce soit pour limiter ses ennuis à venir. A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE Sur fond de différent entre Bucarest et Kiev la Roumanie menacée d'un nouveau désastre A u-delà des inondations de juillet, la Roumanie risque d'être confrontée à un désastre écologique majeur. "Une brèche s'est formée dans la digue de protection du lac Colbu 2 (Judet du Maramures) et l'eau, qui contient des résidus de métaux lourds et probablement du cyanure, s'est déversée dans le lac Colbu 1, représentant un danger pour toute la région, a déclaré, mardi 29 juillet, le président roumain Traian Basescu. Il faut agir rapidement pour empêcher que ce deuxième barrage ne cède aussi, sinon nous risquons d'être confrontés à un désastre écologique". Huit millions de tonnes de déchets Selon le président du conseil départemental du Maramures, Mircea Man, plus de 8 millions de tonnes de déchets miniers contenant des métaux lourds sont stockées dans ces lacs de décantation, dont la fonction est de conserver des eaux polluées. "Si ces résidus s'écoulaient dans les rivières de la région, ils provoqueraient une pollution grave des eaux intérieures, mais aussi transfrontalières", a-t-il averti. La Roumanie a déjà connu, en 2000, un scénario catastrophe comparable. A l'époque, le déversement d'un lac de décantation de Baia Mare, chef lieu du judet , avait provoqué une grave pollution au cyanure. Plusieurs rivières, dont le Danube, avaient été touchées, et des milliers de poissons avaient succombé, notamment en Hongrie. Ce genre de situation est encore plus compliqué à résoudre aujourd'hui, en raison de la communication difficile entre la Roumanie et l'Ukraine voisine. Plusieurs des rivières à l'origine des inondations traversent les deux pays. "Les autorités ukrainiennes nous donnent peu d'informations ou pas du tout, s'est plaint Cristian David, le ministre roumain de l'intérieur. Racisme Nous ne sommes pas avertis et nous ne pouvons que constater les dégâts." Lundi 28 juillet, plusieurs villages situés au nord de la Roumanie ont été envahis par les eaux, et leurs habitants n'ont pu être avertis à temps pour prendre les dispositions nécessaires. Kiev a rejeté la demande de Bucarest, qui souhaitait envoyer des spécialistes côté ukrainien, afin d'être informé des variations de débit des rivières. Une odeur de pétrole et de gaz Les relations entre les deux pays se sont envenimées à cause d'un différend portant sur le partage du plateau continental de la mer Noire, chacune revendiquant la propriété de l'Ile aux serpents. La Roumanie et l'Ukraine ont entamé un procès devant la Cour internationale de justice de La Haye, dont elles attendent la décision dans les mois à venir. La partie du plateau continental au coeur de la querelle, d'une superficie de 12 000 km2, recèlerait environ 100 milliards de mètres cubes de gaz ainsi que du pétrole. "La décision de la Cour de La Haye permettra à la Roumanie et à l'Ukraine de commencer à exploiter ces gisements", affirme Bodgan Aurescu, secrétaire d'Etat auprès du ministre roumain des affaires étrangères. De même, les deux pays s'opposent sur l'exploitation du canal Bistroe que veut approfondir l'Ukraine pour y faire passer ses bateaux sans avoir à emprunter les bras roumains du delta du Danube menant à la mer Noire. Ce creusement menace l'éco-système de la région. Bucarest a obtenu l'arrêt des travaux de La Haye, mais Kiev, après avoir indiqué qu'il se conformerait à cette décision semble ne pas en tenir compte. Mirel Bran (Le Monde) L'assistante maternelle torture et tue l'enfant qu'elle avait en garde Folie meurtrière par haine des Tsiganes U ne assistante maternelle de 38 ans de Bistritsa a tué un garçonnet de 4 ans dont elle avait la garde depuis un an, mort étouffé en ingurgitant de force son repas. L'autopsie a révélé qu'il portait des traces de brûlures de cigarettes sur le corps et d'autres sévices graves, ayant été tailladé avec des ciseaux. L'enfant, d'origine tsigane, lui avait été confié par les services sociaux du judet après que sa mère ait été envoyée voici deux ans en prison pour huit années à la suite d'un vol de bois. La meurtrière, souffrant de troubles psychiques et qui sera soumise à une expertise psychiatrique, a indiqué qu'elle voulait lui faire payer "le fait d'être Tsigane", sa haine ayant décuplée quand elle a appris que sa fille naturelle, âgée de 19 ans, fréquentait un garçon de cette communauté. Elle a été incarcérée dans la même prison que la mère de la petite victime, laquelle, bien que dans un état de choc profond et sous calmants, a pu assister à son enterrement, sous escorte policière. La direction de l'établissement pénitentiaire a fait en sorte que les deux femmes soient séparées et la ville de Bistritsa a pris en charge les frais d'obsèques. Ce drame illustre les carences de la Roumanie dans le domaine de la protection de l'enfance. Devant l'émotion qu'il a suscité à travers le pays, il devrait amener le gouvernement à revoir très prochainement sa législation, ainsi que l'a confié Teodora Bertzi, la secrétaire d'Etat chargée de ce secteur. Les placements sont régis par une loi de 1998 qui exige seulement des assistantes maternelles qu'elles n'aient pas d'autres métiers. Ces personnels sont recrutés après une enquête sommaire et peuvent exercer sans aucune formation professionnelle dans le domaine. Les services sociaux du judet avaient donné dès 2000 leur agrément à l'assistante de Bistritsa, lui confiant deux enfants bien qu'elle ait chassé les siens de sa propre maison, et soit connue dans le voisinage pour ses problèmes avec la boisson. "Elle avait bonne réputation" ont-ils tenté de se justifier. 5 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE UE et corruption l l CLUJ l SUCEAVA SATU MARE ORADEA l TARGU MURES l BACAU l BRASOV l TIMISOARA BRAN l GALATI l l MARASTI BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Le rêve doré des postcommunistes selon "Romania Libera" 6 de 80 ans ne peuvent pas connaître… !" musique des Carpates l IASI l ARAD L'ancienne ministre de "Bruxelles doit savoir Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Le Parlement roumain a repoussé le principe de poursuites pénales à l'encontre de l'ex-premier ministre Adrian Nastase et de l'ancien ministre des transports Miron Mitrea, tous les deux parlementaires, pour présomption de corruption. C'est la première fois que, non pas le parquet, mais les députés sont amenés à prendre une décision concernant des enquêtes. Le journal "Romania Libera" écrit à ce sujet : "Il est temps que nous reconnaissions que le combat contre la corruption a tout autant échoué que la réforme de la justice. Avec le combat contre la corruption nous aurions dû nous débarrasser des juges, des procureurs et des fonctionnaires corrompus tandis que la réforme de la justice aurait dû éliminer la corruption jusqu'au plus haut niveau. Or, la condition de son succès était la volonté de l'élite politique. Celle-ci n'a jamais existé. Au contraire. Nous sommes près de réaliser les rêves dorés des hommes politiques postcommunistes: une société sans état de droit tout en étant membre de l'UE. Une société dans laquelle on peut voler impunément. Notre classe politique n'aurait eu absolument aucun argument pour à opposer à une clause de sauvegarde de Bruxelles dans le domaine judiciaire. Quand bien même, elle aurait pu faire plus de dégâts que de bien. Et puisqu'elle n'a pas été introduite, d'autres mesures devraient suivre: de l'abandon des fonds de l'UE à l'abandon du droit de vote de la Roumanie au Conseil de ministres de l'UE". A ncienne ministre de la Justice de Roumanie et souvent considérée comme la figure de proue de la lutte contre la corruption dans son pays, Monica Macovei, mise à l'écart du gouvernement en février 2007 par le premier ministre, Calin Popescu Tariceanu, est aujourd'hui conseillère anti-corruption du premier ministre de la République de Macédoine, pour le compte du ministère des affaires étrangères britannique. Dans un entretien avec François d'Alançon du journal "La Croix" elle estime que les gouvernements de la région ne feront les changements réclamés que sous la pression extérieure. La Croix : Comment faire pour réformer la justice et améliorer l'application des lois dans les pays de l'Europe du Sud-Est ? Monica Macovei : La solution, c'est de se débarrasser de la classe politique corrompue formée pendant la transition et d'exposer cette corruption dans les médias pour la porter à la connaissance du public. En Roumanie, j'ai vu des jeunes politiciens se comporter de la même façon que leurs anciens. Au moins la moitié des députés sont les mêmes depuis les années 1990. La pression publique aidée par les médias peut inciter les partis politiques à se restructurer et à se nettoyer. On devrait sans doute aussi supprimer la possibilité pour les gouvernements d'adopter des décrets d'urgence ayant force de loi, de suspendre des lois et de passer des contrats. En pratique, les gouvernements violent leur Constitution quand ils ont recours à ce genre d'instruments, normalement réservés à des situations d'urgence. - Comment changer les liens entre le monde des affaires, la politique et le crime organisé ? - Nous avons besoin de lois très claires et appliquées sur les conflits d'intérêts. Si quelqu'un est pris dans un conflit d'intérêts, il doit partir. En Roumanie, nous avons une législation à ce sujet mais elle n'est pas appliquée. De même, il faut prévoir le contrôle des biens acquis au cours de leur mandat par des individus occupant une responsabilité publique et leur confiscation. J'ai institué une déclaration de revenus longue et détaillée pour les hommes politiques mais en réalité, il n'y a pas de sanction. "Je n'aurais rien pu faire en Roumanie sans la pression de la Commission européenne" - Quelle est, pour les gouvernements, la meilleure incitation au changement ? - Tous ces pays ont besoin d'investissements étrangers et, pour cela, ils doivent assainir leur marché, établir la concurrence et une justice non corrompue et prévisible. La pression extérieure est également très importante avec la perspective d'une adhésion à l'Union Européenne pour tous ces pays qui veulent la rejoindre. Je n'aurais rien pu faire en Roumanie sans la pression de la Commission européenne. L'UE a un rôle à jouer, peut-être plus important qu'elle ne le voudrait. D'après mon expérience, les gouvernements ne font les changements que sous la pression extérieure, que ce soit celle de l'UE ou des pays importants. - La Commission européenne a-t elle perdu de son influence après l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie et doit-elle changer son approche ? - Bien sûr, il est plus difficile de faire pression sur ceux qui sont déjà des États membres. Un mécanisme de coopération et de vérification a été mis en place par la Commission pour la Bulgarie et la Roumanie depuis leur adhésion à l'Union Européenne le 1er janvier 2007. Le roi ajoute dans le parc un Petit Peles, à l'usage du prince héritier, et quelques villas du même style, charmantes, agréables, à la fois intimes et fastueuses. Pendant les années de "démocratie populaire" elles abritaient les vacances des artistes roumains. Jusqu'au jour où Nicolas Ceausescu décide d'y vivre en construisant à son tour un pavillon d'un goût douteux. Maintenant une société commerciale exploite certains bâtiments devenus des hôtels confortables à l'usage d'une clientèle internationale. Le Premier ministre assassiné sur le quai de la gare Dès que le roi Carol Ier s'installe à Sinaïa en 1883, la ville s'anime. "L'air vivifiant attire de nombreux visiteurs", écrit-il dans une lettre de juillet 1886 adressée à sa sœur, Marie de Flandres. "J'entends constamment quatre ou cinq langues. Une fois par semaine il y a une soirée de théâtre. Sinaïa est devenu un des sites les plus visités d'Orient et le dimanche les trains déversent dans notre paisible vallée quelque 2 000 personnes…". Et pour cause: Bucarest, la capitale, est à moins de 150 km. Des villas coquettes surgissent entre les immenses sapins, et tous ceux qui le peuvent s'offrent des résidences à proximité du palais où le roi reçoit ses ministres et la reine Élisabeth tient salon littéraire et accueille parfois des hôtes illustres, tel Pierre Loti qui y fait un long séjour en 1897. Dans le parc de la ville, sous les immenses baies vitrées des palaces, on peut apercevoir l'archiduc Franz Ferdinand d'Autriche et la princesse von Hohenberg, Eleonora de Reuss, épouse du roi Ferdinand de Saxe-Cobourg de Bulgarie, Iousif Izedine, l'héritier du grand sultan, le grand-duc Vladimir et un sir Noel, amiral anglais qui, peut-être après un bon repas arrosé de ces fameux vins roumains dont il est question déjà dans Hérodote, croit se trouver "aux pieds de l'Himalaya". L'argent coule à flots. Ce n'est pas surprenant: la Roumanie, qui était déjà le grenier à blé de l'Europe, regorge de pétrole. De nouvelles fortunes, immenses, se font du jour au lendemain et se perdent encore plus vite au jeu. Sinaïa se devait d'avoir son casino, réplique en plus petit quand même, de celui de Monte-Carlo. Hélas, les temps changent. Le 29 décembre 1933, le premier ministre I.G. Duca est assassiné sur le perron de la gare de Sinaïa. Une période de turbulences commence. Puis c'est la guerre, l'occupation soviétique, et un nouveau régime qui répartit les profits avec parcimonie. Les anciennes villas sont transformées en maisons de repos pour ouvriers stakhanovistes et dans les murs de l'ancien casino on joue aux échecs, au ping-pong, au rami. Une classe moyenne modeste remplit en été et en hiver les pensions de famille clandestines. Le faste authentique des contes de fées Depuis que la Roumanie est entrée dans l'Union Européenne, l'initiative privée a remis Sinaïa sur les rails. Les hôtels de luxe, à prix encore abordables, refont surface. Les quelque 40 km de pistes de ski et de bobsleigh sont réaménagés. Les remontées mécaniques vous portent à 2 000 m d'altitude. Rendues aux anciens propriétaires, les villas, ravalées, retrouvent leur panache d'autrefois. Quelques restaurants pittoresques proposent une cuisine roumaine délicieuse à ceux qui font confiance à leur foie. Le casino fait à nouveau tourner ses roulettes. Des colloques et des conférences internationales ont lieu toutes les semaines, et, tous les ans, un concours international de violon attire les nouveaux talents à la villa Luminis où, en 1927, Yehudi Menuhin rencontrait pendant deux mois son professeur magique, Georges Enesco. Il n'y a plus de roi à Sinaïa, mais son nouvel éclat prolonge un faste authentique, et son charme reste celui des contes de fées où il est question de princes et de princesses, qui habitaient un très beau château. Virgil Tanase Les mauvaises surprises du "All inclusive" à la roumaine A fin de contrer l'exode de leurs compatriotes qui choisissent de passer leurs vacances en Turquie, Grèce, Italie, Espagne ou Bulgarie, attirés par les séjours clés en main, en pension complète, buffets copieux,chambres confortables et climatisées, nombreuses animations, piscines impeccables, certains hôtels de la mer Noire ont lancé à grand renfort de publicité des formules "all inclusive " à la roumaine, garantissant à leurs futurs clients que c'en était fini de la pingrerie faisant la mauvaise réputation du tourisme national. Les vacanciers n'ont pas été déçus : chambres vieillottes, sans air conditionné, ménage pas fait, repas répétitifs sans originalité, petits déjeuners à base de parizer (crème de pâté), salami de mauvaise qualité et margarine, piscines non ouvertes ou bassin unique rempli d'eau trouble, distractions inexistantes. Quant aux boissons gratuites promises à volonté, dans le meilleur des cas elles n'étaient servies qu'aux repas, les clients devant autrement se contenter d'un café ou d'un thé. 59 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Tourisme l SUCEAVA BAIA MARE CLUJ ARAD Sinaïa, la petite l l ORADEA IASI TARGU MURES l l l BACAU BRASOV l l SIBIU TIMISOARA T. SEVERIN PITESTI l CRAIOVA l l SINAIA BRAILA l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Réouverture de la liaison Turnu Severin-Serbie 58 la Justice Monica Macovei : taper du poing sur la table" l l l "C'est une ville que les moins Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Après douze ans d'interruption à cause de la guerre en ex-Yougoslavie, la liaison fluviale entre Dobreta Turnu Severin (Roumanie) et Kladovo (Serbie), deux ports qui se font face sur le Danube, a été réouverte à la mi-juillet. Un bateau d'une contenance de 174 passagers, le "Djerdap" effectue la liaison aller-retour deux fois par jour. Les riverains, qui ont souvent de la famille de chaque côté du fleuve, avaient cependant réussi à garder le contact, d'autant plus que les visas d'entrée en Serbie pour les Roumains avaient été supprimés en 2007 et que ces derniers se débrouillaient pour y aller faire certaines de leurs emplettes, les produits électroniques, électroménagers, alimentaire ou les détergents y étant moins chers. V irgil Tanase a emprunté l'Orient Express qui effectue à nouveau la liaison entre Paris et Istanbul. Un voyage qui n'est pas à la portée de toutes les bourses puisqu'il en coûte 8000 € par personne, avec un retour en avion. L'écrivain franco-roumain a décrit dans "Le Figaro" son étape à Sinaia et sa visite du château de Peles. "À l'approche des vacances, lorsqu'il est question dans un dîner mondain d'itinéraires surprenants mais néanmoins culturels, laissez échapper un petit soupir: "Ah, ces Klimt!" "Lesquels? Ceux de Munich, de Vienne, celui de la Ca'Pesaro…?" "Non, ceux de Sinaïa, voyons!" Et devant vos interlocuteurs surpris lâchez un deuxième soupir : "C'est une ville que les moins de 80 ans ne peuvent pas connaître…!" Ce n'est pas tout à fait vrai. Depuis qu'elle est une escale, avec visite au palais et déjeuner traditionnel roumain, sur le trajet du nouvel Orient Express qui vous fait traverser l'Europe pour quelque 8 000 €, Sinaïa revient à la mode et on en parle dans les milieux fortunés. Si la Commission et les États membres ont la volonté de l'utiliser, cela peut produire des résultats. Sinon, ces pays ne changeront pas. Bruxelles doit savoir taper du poing sur la table. La sanction la plus efficace est la suspension des fonds européens qui vont dans la poche du crime organisé et des politiciens corrompus. Après la régression intervenue en Bulgarie et en Roumanie au lendemain de leur adhésion, l'approche de la Commission européenne a changé. Désormais, les pays candidats se verront demander d'appliquer leurs législations pendant une période assez longue avant de procéder à une évaluation et ce sera pour eux de plus en plus difficile. La situation dans le sud-est de l'Europe "Une sorte de ville en pain d'épices à mettre sous l'arbre de Noël" Une petite rivière farouche creuse son chemin sinueux entre deux parois rocheuses de presque deux milles mètres dont la superbe est adoucie par quelques pentes boisées. L'ombre est douce en été, l'air scintillant en hiver. En toute saison le parfum frais des forêts de sapins vous communique une violente envie de croquer la vie à pleines dents. Recouverte de neige, Sinaïa devient, pour les fêtes, une sorte de ville en pain d'épices à mettre sous l'arbre de Noël. Au milieu du XVIIe siècle, il n'y avait sur cette route de montagne qui reliait la Valachie à l'Empire autrichien qu'un ermitage et quelques abris pour les bergers qui conduisaient leurs troupeaux vers les alpages. Lorsqu'il traversait la vallée dans un de ses voyages entre Vienne et la Sublime porte, le prince Michel Cantacuzène faillit être tué par des brigands. Échappé par miracle, il se rend au mont Sinaï pour remercier Dieu de lui avoir laissé la vie sauve. De retour, il fait bâtir un monastère à l'endroit même où il avait frôlé la mort. Des montagnards en profitent pour s'établir dans les environs. Ils font du commerce avec leurs produits et quelques aubergistes proposent aux voyageurs un refuge pour la nuit. Label européen pour la palinca de Zalau A la fois chalet et palais moyenâgeux, citadelle gothique et pavillon de chasse d'un opéra italien Le ministre de l'Agriculture a approuvé la classification de la Palinca de Zalau - deux fois distillée comme produit traditionnel, qu'elle soit de prune ou d'autre fruits, avec appellation d'origine contrôlée indiquant la zone géographique où elle est fabriquée, et protégée au niveau national ainsi qu'européen. Cette mesure devrait protéger cette tsuica très appréciée du nord-ouest de la Transylvanie des imitations. Parti d'Allemagne pour gagner la capitale du petit pays qui, en 1866, lui offre la couronne, le roi Carol premier de Roumanie, un Hohenzollern-Sigmaringen, passe par Sinaïa. L'endroit lui rappelle sa Forêt-Noire et les Alpes bavaroises. Il décide d'y construire un château digne de ce pays latin dont les richesses sont importantes, et qui, libéré de la tutelle de l'Empire ottoman, regarde maintenant vers l'Occident. Un château qui puisse rivaliser avec ceux de contes de fées, qu'à la même époque un autre souverain allemand, Louis II, fait construire en Bavière. Le roi Carol engage plusieurs architectes autrichiens et allemands qui réussissent à réconcilier l'irréconciliable. Le château de Peles est une merveille, à la fois chalet et palais moyenâgeux, citadelle gothique et pavillon de chasse d'un opéra italien. La décoration intérieure est tout aussi somptueuse, et parmi ceux appelés à y travailler se trouve le jeune Gustav Klimt qui réalise, entre autres, le plafond et la frise de la salle de théâtre. - Comment aider les gouvernements de la région ? - Nous pouvons les aider pour l'adoption de lois et leur application dans le domaine du financement des partis politiques et des campagnes électorales, de l'attribution des marchés publics, de la réforme de la police et de la justice, et de la concurrence. En Macédoine, nous travaillons à créer une banque de données commune. Je voudrais également introduire dans les législations des pays de la région le crime d'enrichissement illicite pour les fonctionnaires et les hommes politiques qui figure dans la convention de l'ONU contre la corruption et permet la confiscation de biens acquis illégalement. Propos recueillis par François d'Alançon (La Croix) D ans son rapport sur le crime dans les pays de l'Europe du sud-est, publié en mai 2008, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, fait le point sur la situation générale dans la région: Economie: En 2004, les dix pays de l'Europe du sud-est (Albanie, BosnieHerzégovine, Bulgarie, Croatie, République de Macédoine, Moldavie, Monténégro, Roumanie, Serbie et le Kosovo), comptaient pour l'équivalent de 3, 8 % du produit national brut (PNB) de l'Union Européenne. La Croatie avait le plus haut PNB/habitant de la région, équivalent à un peu plus d'un quart de la moyenne des pays de l'Union Européenne tandis que celui de l'Albanie représentait seulement 8 % de la moyenne européenne. Pauvreté: Environ 20 % des habitants de la Bosnie-Herzégovine vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le Kosovo a le taux de chômage le plus élevé de l'Europe du sud-est (50 %), le salaire moyen y est de 200 € par mois. Droits de l'homme: Selon un classement de la Banque mondiale, tous les pays de la région sont en dessous de la moyenne est-européenne en matière d'État de droit. L'Albanie et le Kosovo se classent même en dessous de la moyenne des pays de l'Afrique sub-saharienne. Gouvernance: La confiance dans le gouvernement et les institutions est faible. Selon une enquête conduite, fin 2004, par la Commission sur les Balkans, entre 50 et 75 % des personnes interrogées évaluent leur gouvernement comme "mauvais". Stabilité politique: Dans l'index de stabilité politique de la Banque mondiale (2006), la Serbie, la République de Macédoine, l'Albanie et la BosnieHerzégovine étaient toutes classés en dessous de la moyenne des pays de l'Afrique sub-saharienne. En revanche, la Roumanie, le Monténégro, la Bulgarie et la Croatie tiraient leur épingle du jeu, ces deux derniers pays se situant au-dessus de la moyenne est-européenne. Détour par les Caraïbes avant de revenir à la maison pour l'argent sale roumain S elon un rapport de l'ONU, le blanchiment d'argent fait partie intégrante de l'activité des pays du sud-est de l'Europe. "Dans cette région, la fraude fiscale, la fuite des capitaux et les privatisations frauduleuses ont plus d'importance que le crime organisé traditionnel", souligne un rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc). La criminalité économique couvre un vaste champ qui va de la contrebande de viande, de cigarettes, d'alcool ou de carburants, aux fausses factures pour fraude à la TVA, en passant par le commerce de produits de contrefaçon en provenance de la Chine ou la fabrication de faux billets et de fausses cartes de crédit. Recycler cet argent dans l'économie légale implique d'en cacher l'origine et c'est là qu'intervient le mécanisme du blanchiment de l'argent, souvent avec la complicité d'institutions occidentales, publiques ou privées. Le sud-est de l'Europe reste particulièrement vulnérable à cette pratique parce que les économies sont largement fondées sur les transactions en liquide et la régulation du secteur financier est sous-développée. Selon la Banque mondiale, 27 % seulement des foyers disposent d'un compte bancaire en Roumanie, contre 92 % en Belgique. En Roumanie, l'argent acquis frauduleusement (fraude financière, sociétés fantômes, faillite frauduleuse, fraude à la carte bancaire sur Internet) est transféré vers des sociétés offshore dans les Caraïbes avant de revenir s'investir dans le commerce, dans la banque ou sur le marché des capitaux. En Moldavie, les autorités estiment que les revenus des organisations criminelles constituent plus de la moitié du revenu national brut. Une grande partie des revenus d'activités illégales est blanchie par l'intermédiaire des institutions financières officielles et des secteurs entiers de l'économie ont été infiltrés par des organisations criminelles. Les sociétés offshore sont la source principale du blanchiment, en plus des casinos, des compagnies d'assurance et des sociétés de prêt. 7 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE L'éditorialiste de la que Bruxelles manque UE et corruption l l CLUJ l l TARGU MURES l BACAU l ARAD TIMISOARA l BRAN l GALATI l l MARASTI BRAILA PITESTI CRAIOVA l "Sanctionnez-nous ! l IASI BRASOV l l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Pas d'enquête sur Adrian Nastase et le procureur-chef, trop curieux, limogé 8 Les lecteurs nous écrivent Courrier Les trous de mémoire de "L'Humanité" SUCEAVA SATU MARE ORADEA Le Parlement roumain a rejeté le mercredi 13 août une demande d'enquête sur l'ancien Premier ministre Adrian Nastase et son ministre du transport, Miron Mitrea, impliqués dans des affaires de corruption, un dossier considéré par l'Union Européenne comme un test de la volonté de Bucarest de réformer son système judiciaire. Les deux hommes, qui sont considérés comme le symbole même des malversations dans leur pays, continuent donc à bénéficier de l'immunité parlementaire, échappant ainsi à la justice qui a mis un terme à ses enquêtes. Par ailleurs, deux jours auparavant, le ministre de la Justice avait limogé le procureur en chef des services anticorruption, Daniel Morar (notre photo), dont le mandat arrivait à expiration. Ce dernier était la bête noire du personnel politique, qui l'accuse de déborder de son rôle en cherchant l'origine de son enrichissement. Son limogeage est une rebuffade à l’égard de la Commission européenne, dont le rapport annuel publié en juillet accusait justement le Parlement de bloquer des enquêtes ouvertes par les procureurs. A la suite de la publication du rapport de surveillance de la Commission européenne sur la Roumanie et la Bulgarie (le premier depuis l'adhésion des deux pays à l'UE, en 2007), qui ne sanctionne pas la première, l'éditorialiste Mircea Vasilescu de l'hebdomadaire "Dilema Veche" ("Vieux dilemme") ne cache pas sa perplexité vis à vis de la Commission Européenne, déplorant que par son manque de fermeté elle encourage son pays à persévérer dans ses mauvaises habitudes, dans un article repris et traduit par "Le Courrier International". "Nous, les pauvres, on se débrouille… eux, ils détournent des millions" "Il serait bienvenu de débattre de cette question, par exemple dans les médias. Evidemment, ce ne sera pas le cas. Parce que l'opinion publique roumaine est rachitique et manque de cohésion; parce qu'elle est habituée à l'idée que "ceux d'en haut" font ce qu'ils veulent et que, quoi que l'on puisse faire, la corruption est indéracinable. Après tout, nous aussi la pratiquons à des degrés divers, on se débrouille, comme on a l'habitude de dire dans ce pays… Ah, mais la différence, c'est que nous, les pauvres, nous ver“Alors çà... Celui-là sons des pots-de-vin aux fonctionnaires pour c’est Karadjic ou Nastase ?” Gazdaru qu'ils ferment les yeux sur de petites illégalités, tandis que "eux", ils détournent des millions d'euros. Apparemment, la réforme de la justice est la tâche du gouvernement et du Parlement. Que pouvons-nous faire s'"ils" n'ont créé une Agence nationale pour l'intégrité que pour la forme, s'"ils" se renvoient d'un service à l'autre les dossiers de corruption, s'"ils" ont adopté des modifications du Code pénal qui, dans certaines situations, ne laissent aux procureurs que la possibilité de prier gentiment les suspects de bien vouloir répondre à leurs questions (avec les excuses de rigueur pour le dérangement…)? Que pouvons-nous faire si le chef de l'Etat affirme à la télévision que la Cour constitutionnelle est le cimetière des affaires de corruption et qu'après une telle déclaration rien ne se passe ? Que pouvons-nous faire si la presse, prétendument le quatrième pouvoir, fait révélation sur révélation concernant le corrompu X et le corrupteur Y, et que les X et Y concernés nous sourient sereinement sur les affiches électorales, annonçant qu'ils feront notre bonheur si nous votons pour eux ? Nous ne pouvons rien y faire. Ou alors, si, nous pouvons : nous pouvons regarder la télévision, voyager en Europe sans visa, prendre d'assaut les supermarchés, acheter de nouvelles voitures par dizaines de milliers, aspirer à un poste dans une multinationale qui nous permette de faire tout ça. Ah, oui ! Nous pouvons aussi "les" insulter, devant une bière et des cacahuètes avec les copains, dire qu'"ils" ne font rien pour le pays mais uniquement pour leur pomme. "Arrêtons de faire semblant d'être dans l'UE" Si nous - citoyens, petits entrepreneurs, agriculteurs, fonctionnaires… - sommes si mécontents de la justice, si nous faisons si peu confiance aux juges et aux tribunaux, nous devrions réagir d'une manière ou d'une autre. Il y a quelques années, en République Tchèque, a eu lieu une grande manifestation contre une tentative de remplacement du directeur de la télévision publique; en Hongrie, des gens sortent depuis deux ans dans la rue pour manifester contre un Premier ministre qui a avoué publiquement avoir "menti". Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE A la suite de la publication dans nos colonnes d'un article emprunté à Anne Roy et paru dans "L'Humanité", sous le titre "Les étudiants de Bucarest face à l'onde de choc de Dacia", un de nos lecteurs, qui pratique la Roumanie depuis le début des années 70, y rencontrant sa femme, étudiante roumaine à l'époque, a tenu à rappeler le rôle que ce journal a joué alors dans la désinformation du public français sur ce qui se passait à l'Est. Une attitude que le secrétaire général du Parti communiste français de l'époque avait fort bien résumé en déclarant en direct à la télévision depuis Moscou que "le bilan des pays de l'Est était globalement positif". Il est vrai que l'univers communiste fréquenté par Georges Marchais se limitait aux datchas de protocole réservées au séjour des hautes personnalités étrangères et à des vacances à la mer Noire sur le yacht de Ceausescu. "Je ne conteste pas le fond de l'article auquel j'adhère complètement. Mais il y a un élément qui me gêne beaucoup, c'est que "L'Humanité" vienne aujourd'hui pleurer sur le sort des travailleurs roumains. Je ne me souviens pas que ce journal, organe de presse officiel du PCF, ait été l'ardent défenseur du peuple roumain lorsque celui-ci vivait sous le joug du parti frère. Le droit de grève était interdit en République socialiste de Roumanie (comme dans les autres pays du même bloc d'ailleurs) et ça n'a jamais eu l'air de choquer "L'Humanité". Les grèves des mineurs de la vallée du Jiu à l'époque de "l'âge d'or" n'ont pas fait l'objet du même traitement. Je me souviens d'un article paru dans les années 70 dans "L'Humanité Dimanche" sur la Roumanie et qu'un ami m'avait montré. "L'Humanité" était alors le propagandiste zélé des pires régimes que le XXe siècle européen ait connu. Ce qui me gène surtout vis-à-vis des jeunes générations, c'est la capacité de nos communistes a faire oublier quelle fut leur attitude jusqu'à la chute de ces régimes. Oubliés le mur de Berlin ("le mur de la Liberté !"), le goulag, les répressions sauvages (Budapest, Prague)... L'amnésie les frappe mais de façon sélective... C'est tout juste s'ils ne viennent pas nous démontrer aujourd'hui combien ils ont été à la pointe du combat pour la libération des peuples opprimés d'Europe de l'Est. Il me semble qu'un rappel des positions de ce journal, il y a plus de 20 ans, ait le bienvenu. Et que si au lendemain de 1989, on a découvert la misère sociale, morale et économique de la Roumanie, ça n'a pas été grâce aux infos de "L'Humanité", alors abonnée à une oeuvre de désinformation au service de Ceausescu. J'en veux pour preuve que "L'Humanité" était le seul journal français qu'on pouvait trouver à cette époque glorieuse dans les kiosques roumains. Yves Lelong Restitution de biens confisqués : trois poids, trois mesures A propos de l'article du numéro 48, sur le château de Peles que l'Etat vient de restituer à l'ancien roi Michel, un de nos lecteurs apporte les précisions suivantes sur les pratiques de restitution des biens confisqués par le régime communiste: "Bien qu'il n'y ait qu'une seule loi pour tous en théorie, il y a en pratique trois poids, trois mesures concernant les propriétés confisquées et revendiquées en Roumanie: 1) Vous êtes puissant et célèbre, comme Michel de Hohenzollern: on vous rend votre bien, et tout est réglé. Vous avez certes attendu longtemps et subi des avanies (à Noël 1990 j'étais le traducteur de l'équipe de la 5 de l'époque, qui avec TF 1 a suivi le roi de bout en bout et filmé son expulsion manu militari), mais cela en valait la peine. 2) Vous vivez depuis longtemps à l'étranger, disposez de temps et d'assez d'argent pour payer les frais de justice, et vous estez en justice pendant plus d'une décennie, mais finalement vous obtenez gain de cause (à moins que Basescu ne soit demis et que le Parlement remette en cause la loi actuelle, n° 10 je crois). Cela en valait la peine vus les prix actuels de l'immobilier, mais tout de même, pour récupérer votre bien, vous avez passé des années dans les couloirs des tribunaux et dépensé en frais de justice, au moins autant qu'il vous faudra dépenser en frais de remise en état, ce qui fait un bien maigre gain si vous vendez votre bien. 3) Vous n'êtes ni riche, ni célèbre, vous êtes fatigué, ou bien vous êtes plus jeune et vous travaillez en Roumanie ou a l'étranger : vous n'avez aucune chance (la plupart n'essaient même pas, beaucoup renoncent en cours de route). Les réseaux de la mafia immobilière, qui vendent même les biens revendiqués, ont tout gagné, sur votre dos. Et vous, vous êtes marron. Pour beaucoup de Roumains le communisme n'a rien été d'autre que: Ote toi de la que je m'y mette, un gigantesque vol par ruse et violence. Pour eux, PCR n'a rien signifié d'autre que Piston, Combines, Relations. Ils sont ultra-libéraux à présent. Communistes ou capitalistes, Malheur aux vaincus a été la seule devise à laquelle ils aient sincèrement cru. Et les voici plus Européens que quiconque, après avoir retardé l'adhésion, le temps nécessaire pour assurer leurs arrières". Ion Cepleanu Amitié Partage cesse ses activités A mitié Partage qui a joué un rôle important dans les relations franco-roumaines au niveau de la société civile, à partir de 1990, vient de cesser ses activités. L'association de Quimper avait réduit ses activités au fil des ans, se consacrant essentiellement à la vente de billets d'avions à prix charter mais le nombre insuffisant de réservations l'a conduite à prendre cette décision. Sa représentante à Bucarest, Paula Nicu-lescu reste à la disposition des visiteurs pour toutes leurs prestations: accompagnement d'un guide, hôtel, location de voiture... Ses coordonnées: [email protected], telfax (00 40) (0) 21 688 11 52, portable: (0040) (0) 744.63.19.13. 57 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Sciences l ORADEA ARAD l CLUJ l SUCEAVA CHISINAU l BISTRITA l IASI l l l l SIBIU TIMISOARA l BAIA MARE l TARGU MURES GALATI l BRASOV l BRAILA BENESTI CRAIOVA l l n BUCAREST CONSTANTA l La statue de Bob Marley à la frontière serbo-roumaine 56 Petrache Poenaru "Haiduc" à 22 ans pour la cause de la Roumanie l TULCEA l Inventeur du stylo, du premier journal roumain… et du drapeau national Un festival de musique rock, organisé dans le petit village de Banatski Sokolac, à la frontière entre la Serbie et la Roumanie, a lancé une initiative pour ériger une statue, la première du genre, à la mémoire de l'icône du reggae jamaïcain, Bob Marley, décédé en mai 1981. Elle a été inaugurée fin août. En août 2007, Zitiste, un autre village du Banat, région dans l'est de la Voivodine (nord de la Serbie) à cheval entre la Serbie et la Roumanie, avait inauguré une statue du boxeur Rocky Balboa, le célèbre personnage de cinéma, créé et incarné par l'acteur américain Sylvester Stallone. Le festival "Rock Village", dont la première édition a eu lieu en 2005, réunit principalement des groupes rock locaux et régionaux. "Pourquoi nous aimons les femmes" Enorme succès en Roumanie, Pourquoi nous aimons les femmes vient d'être traduit en français. L'auteur rend hommage à la femme en un hymne précédé de vingt nouvelles sur les déboires sentimentaux d'un grand amoureux. De nouvelle en nouvelle et de femme en femme, le livre prend sens et devient un roman total à la lecture de l'hymne, tendre, drôle, dramatique, cocasse et sensuel. Mircea Cartarescu apparaît comme un grand écrivain à l'écriture onirique idéale pour transcender la beauté de l'éternel féminin… S i le mot stylo est d'origine grecque mais a été popularisé par les Français en 1923, son invention, elle, doit tout à un Roumain et remonte à 1827, soit voici 175 ans. Cette année là, Petrache Poenaru (1799-1875), professeur dans une école de Bucarest, faisait breveter à Paris un porte-plume qu'il avait doté d'un réservoir à encre et d'un piston lui donnant une bien plus grande autonomie. Son inventeur le baptisa, "plume porteuse d'encre", terme qui ne fit pas fortune, contrairement à la prodigieuse carrière que cet objet entamait et qui dure encore. Cette invention sera développée ensuite par Brissant et Ciffin en 1863, puis par Watterman, en 1884. Petrache Poenaru est l'un des esprits roumains les plus brillants et complets. Secrétaire et homme de confiance du grand révolutionnaire Tudor Vladimirescu, en 1821, il avait suivi des études à Vienne, Paris, Londres. Mathématicien, physicien, ingénieur, inventeur, professeur, homme politique, agronome, zootechnicien, Poenaru a apporté une contribution décisive à l'organisation de l'enseignement en Roumanie, fondant les collèges nationaux de Bucarest et Craiova. Homme de culture autant que de sciences, il a créé la Société Philharmonique, le Jardin Botanique et le Musée National d'Antiquités de Bucarest. Membre de l'Académie roumaine (1870), le savant avait publié plusieurs ouvrages, dont une étude portant sur la géométrie après Legendre et un vocabulaire franco-roumain en deux volumes. Petrache Poenaru fut aussi le premier Roumain a voyagé en chemin de fer, le 27 octobre 1831. Il terminait ses études en Angleterre, où, l'année précédente, le 15 septembre 1830 venait de s'ouvrir la première voie ferrée du monde, entre Liverpool et Manchester. Le jeune homme ne cacha pas son enthousiasme : "Une seule machine a permis à 240 personnes de voyager" écrivit-il avec son fameux stylo. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE revue "Dilema Veche" regrette de fermeté à l'égard de son pays Nous avons besoin d'une douche froide" Mais nous - qui savons mieux que personne "boycotter l'Histoire", comme disait le philosophe Lucian Blaga -, nous continuons à vaquer à nos occupations. L'ancien adage "Ils font semblant de nous payer, faisons semblant de travailler" s'est transformé en "Ils font semblant de nous avoir fait entrer dans l'Union Européenne, faisons semblant d'y être". Les experts européens n'ont fait que constater ce que nous savons déjà: la réforme de la justice est bloquée; les promesses faites avant l'adhésion n'ont pas été tenues. Nous savons également que, depuis toujours, nous sommes des citoyens apathiques et fatalistes. Mais quand même ! Si la Commission européenne assumait sérieusement son rôle d'exécutif européen, la clause de sauvegarde devrait être activée concernant la Roumanie. Personnellement, je le ferais ! Non seulement pour mettre un carton rouge aux institutions de l'Etat, mais aussi pour procurer aux citoyens roumains la sensation bienfaisante d'une douche froide dans cette atmosphère de douce torpeur créée par notre adhésion à l'UE. Mais il était peu probable que cela se fasse. La décision de l'acceptation de “C’est sûr que Nastase aurait remporté l’or à Pékin, mais la Roumanie et de la malheureusement sa discipline n’est pas olympique”. Ion Barbu Bulgarie a été politique et le restera. Et la réforme de la justice ne se fera véritablement que lorsqu'"ils" prendront leur retraite et ne s'occuperont plus que de leur vieillesse corrompue. Mircea Vasilescu ("Dilema Veche") Les mauvais points de "Freedom House" L e rapport 2007 de "Freedom house", organisation basée à Washington financée par les USA, l'UE, des organisations caritatives, et qui étudie les progrès de la démocratie dans le monde, a relevé quatre points négatifs et autant de pas en arrière pour la Roumanie: la situation de la justice, toujours aussi corrompue, de plus en plus dépendante des manœuvres du pouvoir, et dont la réforme se fait attendre ; l'instabilité politique et les tentatives du parlement et du gouvernement de s'opposer aux décisions de la Cour constitutionnelle conduisant au référendum visant à destituer le président; les organisations de la société civile qui deviennent de plus en plus vulnérables d'un point de vue financier et face aux manœuvres politiques les fragilisant ; l'accélération de la concentra- Compagnon d'armes de Tudor Vladimirescu La Roumanie veut obtenir "au plus vite" le dégel des aides agricoles Toutefois, l'épisode le plus étonnant de la vie de ce Roumain extraordinaire, né à Benesti, près de Râmnicu Vâlcea, se situe lorsqu'il atteint ses 22 ans et devient haiduc - bandit d'honneur - pour servir la cause de la Roumanie contre les Turcs. Ces cinq mois passés dans la peau d'un "Robin des Bois" vont changer son destin. Ses compagnons se rendent très vite compte que cet intellectuel n'est pas fait pour le métier des armes, mais à la fois intrigués et amusés, le présentent au chef de la révolte, Tudor Vladimirescu (1780-1821). Celui-ci est impressionné par la vivacité de l'intelligence de ce jeune homme et s'attache ses services comme secrétaire. Enthousiaste, Petrache Poenaru devient vite son homme de confiance et le convainc de porter aussi le combat sur le plan des idées pour populariser sa cause. C'est ainsi qu'il crée "Foia de propaganda", le premier journal roumain. Il le persuade aussi de réunir ses partisans sous un même emblème qui donnera naissance 60 ans plus tard, en 1881, au drapeau national roumain tricolore (bleu-jaune-rouge), s'inspirant du modèle du drapeau de la Révolution française. Petrache Poenaru ne limitera pas cependant son engagement au seul domaine de la création intellectuelle, mais se battra courageusement sur les champs de bataille, frisant plusieurs fois la mort. Inquiet et voulant le ménager, son mentor et aîné de vingt ans, l'enverra continuer ses études à l'étranger. Bien lui en prendra car lui-même sera assassiné après être tombé dans un guet-apens quelques mois plus tard. Petrache Poenaru partira pour Vienne puis Paris, où il sera diplômé de l'Ecole Polytechnique, commençant sa prodigieuse carrière. près bien des tergiversations, la Commission européenne a commencé à réagir de manière concrète à propos de la mauvaise gestion des fonds communautaires en Bulgarie et en Roumanie. Le ministère roumain des finances a annoncé, mercredi 20 août, le gel par Bruxelles de 30 millions d'euros d'aides agricoles pour "déficience technique" dans leur gestion. Ces deux pays ont été sanctionnés après avoir reçu, le 23 juillet, une mise en garde de Bruxelles dans le cadre d'un mécanisme de coopération et de vérification établi lors de leur adhésion. Celle-ci les a invités à respecter les normes européennes de contrôle financier afin que cessent les irrégularités constatées par les experts. La Roumanie, n'a pas été sanctionnée pour fraude, mais la Commission attend d'elle un plan d'action sérieux pour améliorer la gestion de ces fonds. D'ici là, les 30 millions d'euros d'aides agricoles restent gelés. Bucarest a présenté un plan le 31 juillet mais la Commission l'a jugé insuffisant et a demandé au gouvernement de l'amender avant le dimanche 31 août. Le ministre roumain de l'agriculture, Dacian Ciolos, a estimé que cette situation risque de porter atteinte à la "crédibilité" de son pays. Il a toutefois souligné qu'à la différence de la Bulgarie, la Roumanie n'est pas accusée de fraude. Des mesures vont être prises, a-t-il assuré, pour régler "au plus vite" les difficultés signalées par Bruxelles et permettre la reprise des versements. De son côté, la Bulgarie a été sévèrement punie par le gel d'une partie des sommes qui lui étaient promises, pour un montant d'environ 500 millions d'euros. A tion des médias dans les mains de magnats, la qualité de leur contenu étant affecté par des campagnes de diffamation et de chantage de toutes sortes, servant leurs intérêts. Sur les autres points, comme les élections et la gouvernance locale, "Freedom house" n'enregistre pas de changements notables, accordant la moyenne à la Roumanie. Un expert… à la bonne place U ne villa de 356 m2 et un appartement de 140 m2 à Brasov, un studio de 40 m2 à Bucarest, le tout d'une valeur de près de 500 000 € et acquis en quelques mois début 2007... C’est l’état des lieux qui a été révélé au cours d'une vérification du patrimoine de Horia Georgescu, le secrétaire général de l'ANI (Association Nationale d'Intégrité)… organisme chargé de contrôler les déclarations de fortune et de revenus des dignitaires du régime et des politiciens, afin de détecter toutes formes d’enrichissement jugé suspectes (voir page suivante). De 2004 à 2007, ce haut fonctionnaire avait travaillé à la DNA (Direction Nationale Anticorruption), en tant qu’ expert, puis auprès du ministère de la justice dans le même registre. 9 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE UE et corruption l BAIA MARE ORADEA l l l TARGU MURES ARAD I BRASOV l l l IASI l DEVA l A la pêche aux "gros poissons" l SUCEAVA CLUJ GALATI l SIBIU TIMISOARA l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l n BUCAREST CONSTANTA l La Roumanie a plus d'un milliard et demi d'euros à récupérer auprès de ses débiteurs 10 Des “inspecteurs d’intégrité” Ces trois dernières années, la Roumanie a réussi à récupérer environ 40 % des prêts qu'elle avait consentis en dollars et roubles à quatorze pays, avant 1989. Il lui reste cependant 1,3 milliards de dollars et 1,1 milliards de roubles à se faire rembourser. Le plus grand pays débiteur reste l'Irak avec 977 M€. Des pays comme le Congo, le Soudan et la Somalie, fortement endettés auprès de Bucarest sont considérés comme insolvables. Par ailleurs, des négociations sont entamés de longue date auprès de Moscou, et sans aboutir, afin de récupérer le trésor qui lui avait été confié en 1917 pendant la Première guerre mondiale afin d'être mis à l'abri devant l'avancée des troupes allemandes. Ce trésor, qui a été confisqué par les communistes, n'a pas été rendu en totalité par la Russie. Il comprend aujourd'hui 9,4 tonnes d'or fin pour une valeur de 785 millions de dollars aux taux de 1999. 9,1 des 9,4 tonnes sont constituées de monnaies, dont la valeur numismatique augmente avec le temps. En 1948, quant la Roumanie a basculé dans leur camp, les autorités russes ont rendu une partie des œuvres d'art faisant partie des valeurs confiées en 1917, mais pas l'or. Au total, la Roumanie a plus d'un milliard et demi d'euros à récupérer auprès de ses débiteurs. ls sont 42 et portent un nom étrange, "inspecteurs d'intégrité". Ils sont les employés du tout nouvel organisme créé par la Roumanie pour lutter contre la corruption: l'Agence nationale pour l'intégrité (ANI). Leur travail consiste à éplucher les déclarations de fortune des officiels roumains et de les confronter à la réalité. S'il existe des doutes quant à la véracité des déclarations, les inspecteurs s'adressent à la justice, qui peut décider de la saisie d'une partie des biens. A cause notamment de l'opposition du Parlement, l'agence a commencé son travail en février, avec un an de retard sur le calendrier prévu. "On est contents malgré tout”, affirme son président, Catalin Macovei (notre photo). “Car on a déjà traité plus de 90 dossiers, dont 17 de parlementaires". Parmi eux, un sénateur qui aurait mystérieusement gagné 3 millions d'euros en trois mois grâce "à son flair hors pair dans l'immobilier", ou un autre devant justifier la provenance de 700 000 euros d'un prêt. Les débuts ne sont pas faciles. L'ANI trouve pour l'instant ses informations dans… la presse. "80 % de nos enquêtes démarrent avec un article de journal", reconnaît Catalin Macovei. Les officiels de l'agence appellent à une meilleure coopération avec les autres organismes, et notamment le ministère de l'Intérieur, qui pourrait fournir des données intéressantes. "On a parfois du mal à comprendre pourquoi la Roumanie a toujours besoin de plus d'institutions pour régler les problèmes de corruption", déplore un juge sous couvert d'anonymat. "Si les institutions qui existent déjà faisaient bien leur travail, la situation serait meilleure." Outre l'ANI, la Roumanie dispose également d'une Direction nationale anticorruption (DNA) qui enquête depuis des années sur les affaires douteuses des hommes politiques. Le bilan est mitigé: il y a trois ans, la DNA avait mis en accusation plusieurs anciens ministres avec force publicité. Aucun procès n'a pour l'instant abouti. Pis, la semaine dernière, la DNA a abandonné, faute de preuves, les investigations contre deux ex-ministres soupçonnés d'espionnage et de trahison. "Même s'il n'y a pas de condamnation définitive, il faudrait toutefois remarquer que plusieurs procès sont en cours", tempère Daniel Morar, le jeune procureur en chef de la DNA. Nomenklatura et biens volés sous le communisme: Basescu voit rouge L e président Traian Basescu n'a pas promulgué la modification de la loi sur les rétrocessions des biens immobiliers nationalisés sous le communisme votée par les députés au mois de juin, décidant de la renvoyer au parlement pour un réexamen. "Il s'agit d'un acte de renationalisation qui ne dit pas son nom" a déclaré le chef de l'Etat, ajoutant que ce texte "annulait implicitement la qualité de propriétaire à ceux qui ont été abusivement dépossédés par le régime communiste". La modification de la loi sur les rétrocessions prévoit que les anciens propriétaires ne puissent plus bénéficier de la restitution en nature de leur bien immobilier si ceux-ci ont déjà été vendus par l'Etat à la chute du régime communiste. A la place, ils seraient simplement dédommagés. Cet aménagement permettrait à tous les nomenklaturistes qui ont acquis leurs propriétés pour une bouchée de pain, à la suite de combines, de dormir en paix : ils n'auraient pas à les rendre et c'est l'Etat qui paierait les dédommagements dus aux anciens propriétaires. En Roumanie, le problème des rétrocessions est encore loin d'être résolu. Ces trois dernières années, l'Etat a été condamné 155 fois par la CEDO (Cour européenne des droits de l'homme) pour des affaires de ce type et devrait payer environ 13,5 millions d'euros d'amende. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Tribune “Le meilleur des ondes…” L a décision du Sénat roumain d'adopter une loi pour obliger les radios et les télés à diffuser au moins 50 % de nouvelles "positives" a été très commentée à travers le monde et les malheureux élus, considérés au mieux comme d'aimables farceurs, en ont pris pour leur grade. Elle a permis notamment à Jean-Simon Gagné du quotidien "Le soleil" de Québec d'exercer toute sa verve. "Assez d'histoires déprimantes! Ras-le-bol des veuves et des orphelins qui ne trébuchent jamais sur un coffre de diamants, le soir de Noël, comme dans un film de Walt Disney. Ou des bébés requins qui cherchent en vain leur maman assassinée par de vils braconniers pour vendre son aileron dorsal à un restaurant chic de Singapour. Vous comprenez, le cœur des parlementaires roumains saigne devant les convulsions qui agitent notre monde. Alors à défaut de s'attaquer aux causes de la pauvreté ou de l'injustice, ils ont décidé de viser "l'extraordinaire nocivité des informations négatives et leurs effets irréversibles sur la santé". Laissez-moi imaginer le tableau… Ceausescu était un grand adepte de la pensée positive "Chers téléspectateurs, nous venons d'atteindre notre quota de 50 % de nouvelles négatives pour le téléjournal de ce soir. Alors tant pis pour l'attentat ayant causé 500 morts en Irak. À la place, nous diffuserons une entrevue réalisée avec le vainqueur d'un concours de danse à claquettes réservé aux unijambistes. Et s'il reste du temps, nous ajouterons trois minutes sur une miniature de char d'assaut entièrement fabriquée avec des éclats de bambous biologiques et équitables, cultivés dans une serre d'Abitibi." Autant le préciser tout de suite. La loi votée par le Sénat roumain ne sera jamais promulguée. Le président du pays a déjà annoncé son intention de la laisser mourir au feuilleton. En Roumanie, l'épisode a toutefois rappelé les douloureux souvenirs du dictateur Ceausescu, renversé en 1989. Celui que les poètes officiels surnommaient le "Danube de la pensée" était en effet un grand adepte de la pensée positive. À l'époque, la presse était bourrée de statistiques décrivant l'extraordinaire prospérité du pays. Ce qui n'empêchait pas les Roumains de manquer de tout. Pour railler l'absence de chauf- Radio Europa Libera a cessé ses émissions V L’histoire de Radio Europe Libre et de l’exil roumain est paru en livre en Roumanie. oix de la liberté" pendant cinq décennies de communisme, contrepoids à la propagande de Ceausescu, fenêtre audio sur l'Occident, Radio Europa Libera a cessé d'émettre en Roumanie le 1er août. Une décision prise en raison de l'importante concurrence existant sur le marché des médias roumains mais aussi parce que le poste de radio, financé par le Congrès américain et fondé il y a 60 ans, en pleine guerre froide, se concentre désormais principalement sur le MoyenOrient. Europa Libera continue néanmoins d'émettre en Moldavie et en Transnistrie. fage, on disait: "il fait tellement froid dans la maison que tu devrais fermer la fenêtre, sinon les gens qui passent dans la rue risquent d'attraper un rhume". Mais ne nous égarons pas. Devant la controverse suscitée par leur loi, plusieurs sénateurs ont regretté de ne pas l'avoir examiné plus longuement. En fait, en approuvant le projet en... cinq minutes, ils n'avaient même pas déterminé comment on distinguerait une nouvelle positive et une nouvelle négative. Parions aussi qu'ils n'avaient pas pris connaissance du dicton qui sert souvent d'introduction à la profession de journaliste. "Si un homme mord un chien, c'est une nouvelle. Mais si un chien mord un journaliste, alors c'est une bonne nouvelle." Au Texas, on repeint les prisons en rose Les sénateurs roumains sont pourtant de leur époque. Même que leur projet fait écho à des initiatives surgies un peu partout à travers le monde. Aux États-Unis, par exemple, un petit nombre de journaux ne publient que de bonnes nouvelles. Jusqu'ici, cependant, leurs succès ont été mitigés. En 2002, le bimensuel Good News, publié en Floride, a fermé ses portes après seulement 16 mois d'existence. Jusqu'à la fin, ses propriétaires ont refusé de prévenir les lecteurs des problèmes financiers du journal. Normal. Ce genre de mauvaise nouvelle aurait contrevenu à l'esprit de la publication. Sur la route de l'optimisme débridé, certains ont fait mieux encore. Au Texas, il y a quelques années, un shérif avait décidé qu'il fallait mettre du rose nanane dans la vie des prisonniers. Toute la prison du comté avait été repeinte en rose. Les murs, les portes, les barreaux des cellules. Même les draps étaient roses. Un véritable enfer. Vêtus de rose de la tête aux pieds, les prisonniers avaient tellement honte qu'ils refusaient généralement de sortir de la prison, même quand ils obtenaient le droit de travailler à l'extérieur, durant la journée. À croire que la vie en rose ne constituait pas une si bonne nouvelle, après tout. La morale de cette histoire revient à un écrivain anglais, qui déclarait: "L'optimiste proclame que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles. Et le pessimiste craint que ce ne soit vrai". Jean-Simon Gagné ("Le Soleil" Québec) Retour aux sources ? L 'Agence nationale de presse ROMPRES devient l'Agence nationale de presse AGERPRES, selon le décret signé par le président Traian Basescu, revenant ainsi au nom qu'elle avait entre 1949 et 1989, sous le régime communiste. 55 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Médias SUCEAVA l l CLUJ l BAIA MARE ORADEA l l BISTRITA TARGU MURES ARAD l l IASI SF. GHEORGHE l SIBIU TIMISOARA l BRASOV l l l CRAIOVA l l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l L'Etoile de la Roumanie pour Soljenitsyne 54 Les journalistes sommés par le Sénat de donner 50 % de nouvelles positives GALATI BRAILA PITESTI "On parle trop des choses qui ne vont pas" La veille des funérailles d'Alexandre Soljenitsyne, le président Traian Basescu lui a décerné à titre posthume la croix de commandeur de l'ordre national de l'Etoile de Roumanie, la plus haute distinction roumaine, "pour le courage et la détermination dont il a fait preuve tout au long de sa vie dans son combat et pour sa contribution exceptionnelle au patrimoine de la littérature universelle". Des bibliothèques gratuites dans les gares L'Union des écrivains roumains et le ministère des Transports ont inauguré dimanche 11 mai la première bibliothèque de gare de Roumanie. Les voyageurs de la Gare du Nord de Bucarest auront désormais gratuitement à leur disposition des livres d'auteurs roumains pour patienter. C'est l'Union des écrivains qui a mis à leur disposition ces ouvrages d'Ana Blandiana, Augustin Buzura, Dan Mircea Cipariu, Nicolae Prelipceanu, Cassian Maria Spiridon, etc. Des bibliothèques ont également été inaugurées dans cinq autres gares du pays (Iasi, Suceava, Alba Iulia, Sibiu, Sinaia). A cette occasion, une anthologie de textes des auteurs autochtones récompensés par des prix littéraires depuis 1990 a été lancée. Son titre: Les écrivains prennent le train. I l a fallu moins de cinq minutes au Sénat roumain (chambre haute du Parlement) pour voter le mercredi 25 juin - à l'unanimité ! - l'une des lois les plus controversées depuis que la Roumanie a renoué avec la démocratie et qui prévoyait que les télévisions et les radios roumaines devaient désormais diffuser 50 % d'informations positives. Heureusement, ces dispositions ont été invalidées par la Cour constitutionnelle. "On parle trop des choses qui ne vont pas, on montre trop le mauvais coté de la vie, il faut équilibrer la balance", avait affirmé Gheorghe Funar (Parti de la Grande Roumanie, extrême droite xénophobe) l'un des initiateurs du projet et ancien maire très controversé de Cluj. Selon lui les informations négatives ont un effet irréversible sur "la santé et la vie des gens". Exemple d'information positive? "Parler des succès enregistrés par les jeunes Roumains à l'étranger, ou des bonnes performances de l'économie", avait lancé Ioan Ghise (Parti National-Libéral, centre droit), l'autre initiateur du projet. La perplexité était grande dans les médias: "Comment fera-t-on le partage, car une information positive pour quelqu'un peut être négative pour quelqu'un d'autre ?" affirmaient plusieurs journaliste.s Pour y donner une réponse, le Sénat avait chargé le Conseil national de l'audiovisuel (CNA) - le CSA local - de trouver les critères afin de déterminer quelles sont les informations "positives" et quelles sont les "négatives". Le CNA n'avait pas entendu pas les choses de la sorte. "C'est aberrant !" s'était révolté Gelu Trandafir, un de ses membres. "On demande au CNA de se transformer en ministère de la Vérité, comme dans le livre de George Orwell, 1984. Avec ce genre de décisions, le Sénat nous rappelle les pires heures de la dictature communiste". "Formidable ! Seulement 3000 morts dans l'attentat des tours jumelles… il y aurait pu en avoir 10 000" Dans les médias roumains, les réactions sont allés de l'ironie amère à la pure révolte "Comment pourrait-on "positiver" le 11 septembre ?" a lancé Dragos, journaliste radio. "Commencer par dire que sept mille personnes ont réussi à s'échapper des tours jumelles, mais que, malheureusement, trois mille autres sont mortes ?" Pour l'Agence de monitoring de la presse, ONG spécialisée dans la défense des médias, les journalistes doivent refléter la réalité. "Est-ce que les sénateurs ont réalisé une étude pour montrer que la moitié de la réalité roumaine était positive et que l'autre moitié, négative?" a ironisé Mircea Toma, son directeur. En guise de réponse, les sénateurs ont affirméavoir lu beaucoup de livres sur le sujet, et notamment quelques ouvrages de référence de psychologues américains qui montrent que le "négativisme tue". Luca Niculescu (Libération) Les chaînes thématiques à la conquête de l'Europe de l'Est D ans son rapport annuel 2007 sur la télévision dans le monde, Eurodata TV Worldwide note que le marché de la télévision dans les pays d'Europe Centrale et de l'Est fait preuve d'un dynamisme exceptionnel. Tout comme dans le reste du monde, la concurrence y est très intense avec la progression du câble et du satellite. Toutefois, d'un pays à l'autre des différences sont à observer. En Roumanie, les chaînes thématiques connaissent, pour leur part, une très forte croissance avec 76,5 % des foyers équipés du câble, mais très peu du satellite. La durée d'écoute moyenne de la télévision par personne et par jour y est de 3 h 54. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE épluchent les déclarations de fortune des officiels roumains qui passent toujours entre les mailles du filet Si les "gros poissons", comme les appelait un officiel européen, sont toujours en liberté, la Roumanie enregistrerait des progrès dans la lutte contre la corruption locale, celle qui touche les maires, les conseillers municipaux et départementaux, ainsi que les policiers. En juin, la DNA a démantelé un vaste réseau de trafic de permis de conduire. Une vingtaine de personnes, dont plusieurs policiers, sont derrière les barreaux. Magistrats français et allemands appelés à l'aide "Dix huit mois après l'adhésion à l'UE, il est bien difficile de dire s'il existe une véritable volonté politique de lutter contre la corruption ou s'il s'agit seulement d'effets d'annonce", constate Lucia Efrim, journaliste. "Mais des choses ont bougé et c'est déjà bien, car le système judiciaire roumain est l'un des plus conservateurs, les changements s'opèrent très lentement". Pour les mener à bien, le ministre de la Justice, Catalin Predoiu, compte sur l'appui d'autres pays de l'UE. Ainsi, c'est avec l'aide de magistrats français que la Roumanie rédige une nouvelle loi sur la responsabilité ministérielle, celle en vigueur accordant trop de privilèges aux anciens titulaires de la fonction. De même, des magistrats allemands aident à la rédaction d'un nouveau code pénal. Dix-huit ans après la chute de la dictature, la justice roumaine fonctionne toujours sur la base de textes hérités de l'époque Ceausescu… Luca Niculescu ("Libération") Du berceau à la tombe, les Roumains dépensent des dizaines de milliers d'euros en bakchichs Une vie de spaga T out au long de sa vie, un Roumain dépensera (ou recevra) en "spaga" - bakchichs et autres dessous de table - des centaines de millions d'anciens lei, soit des dizaines de milliers d'euros, pour faciliter son existence quotidienne. Un phénomène qui n'est pas propre à la seule Roumanie dans la région, mais qui a pris des dimensions encore plus effrayantes depuis la "Révolution". Pour le quotidien "Gardianul", Cornel Ivanciuc en dresse le triste constat, sur un mode caustique: "Il faut te faire à l'idée… Pour chaque heure que tu passeras dans ce monde, ton père devra payer "o spaga". Déjà quand tu sortiras du ventre de ta mère, il aura dû donner quelques billets à l'anesthésiste pour la césarienne et à la sage-femme pour être sûr qu'elle ne te laissera pas tomber par terre, après avoir glissé malencontreusement sur le carreau. Lors “Aidez nos pauvres “budgetari” de ton baptème, il s'assurera auprès du pope qu'il est bien satisfait du cierge gros comme la (administrations auxquelles il faut donner des bakchichs) à se payer colonne de Trajan qu'il lui aura acheté, afin que des villas de huit chambres”. sa flamme ne vienne pas brûler tes petites fesses bien roses ou qu'il ne te laisse te noyer dans les fonds baptismaux. Ce n'est pas fini…çà commence seulement. Ton père devra déjà payer pour te trouver une place en maternelle. Tu verras d'ailleurs comme tu seras à bonne école tout au long des tes études. Tu découvriras vite combien les femmes aiment les fleurs. Surtout le jour de leur fête, le 8 mars ! N'oublie pas cette fois là d'apporter un bouquet d'orchidées à ta prof principale si tu tiens à ne pas redoubler à la fin de l'année. Si tu es vraiment mal avec elle, et que tu as la chance que ta mère travaille dans une agence de voyages, tu t'apercevras qu'un petit séjour aux Canaries lui fera vraiment plaisir. Ne t'en fais pas tant que çà… c'est seulement une habitude à prendre. Tu te rendras vite compte qu'"o spaga" par ci, "o spaga" par là, çà facilite beaucoup la vie: quand tu sèches les cours, pour copier au bac, pour ta licence que tu vas rater parce que t'as rien Connaissant les moeurs du temps, fichu, pour acheter ton mémoire ou ta thèse à des petits malins qui en ont des toutes un cafetier facétieux a baptisé son bistrot “Fara Spaga”... soit “Sans pôt de vin”! prêtes dans leurs tiroirs, ou au contraire parce que l'université t'as laissé bosser comme un dingue, tout seul et sans s'occuper de toi, et qu'il est bien normal de lui témoigner ta gratitude. Maintenant que tu as pris le pli, tu vas voir comme l'horizon se dégage: "o spaga" pour passer le permis, pour trouver un boulot, pour faire réparer ta voiture sans avoir à revenir dix fois chez le garagiste, pour ta messe de mariage, pour les tests de grossesse de ta femme, pour acheter des médicaments, pour faire sauter une contredanse, pour une place pour Steaua-Dinamo, pour ne pas faire la queue pour ta carte d'identité, pour avoir ton passeport plus vite, pour que la mairie te donne ton certificat d'urbanisme, pour que les juges ne renvoient pas ad vitam eternam ton procès - en faisant bien attention de leur donner plus que ton adversaire ! - pour partir à la retraite à 40 ans, pour qu'on te réserve une bonne place au cimetière. Ah ! J'allais oublier le plus important… Surtout, n'oublie pas de graisser la patte au fossoyeur pour qu'il creuse un trou assez profond". Cornel Ivanciuc ("Gardianul") 11 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie Quand un garçon ses parents commencent Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Musées Grigorescu, Luchian, Tonitza… 134 tableaux et sculptures des plus grands maîtres roumains exposés dans un musée de village SUCEAVA l l ORADEA CLUJ ARAD l BACAU l GALATI l l BRASOV PLOIESTI PITESTI CRAIOVA l l l n BUCAREST l TULCEA CONSTANTA l La solde des soldats au combat augmentée Le ministère de la Défense a décidé d'augmenter à 80 € la solde quotidienne des officiers en mission à l'étranger et participant à des opérations militaires (Irak, Afghanistan, etc.), celle des sous-officiers et soldats passant à 70 €. Ces militaires seront également assimilés au statut des vétérans de guerre, comme leurs aînés des Première et Seconde Guerre mondiale, bénéficiant de soins médicaux, prothèses et opérations chirurgicales à l'étranger. 12 Trésors de campagne à Topalu l l SIBIU TIMISOARA CHISINAU TARGU MURES HUNEDOARA l l l l l En Moldavie, les Lipovènes IASI BAIA MARE l Transit libre pour les Moldaves ayant un visa Schengen La Roumanie a décidé d'accorder le libre passage sur son territoire pendant cinq jours aux citoyens moldaves disposant d'un visa Schengen et se rendant dans un pays de l'UE ou disposant d'une carte de séjour. Chisinau espère que ce geste sera imité par la Bulgarie pour ses ressortissants se rendant en Grèce ou Turquie. Citoyenneté roumaine pour les étudiants moldaves qui le souhaitent Le président Basescu a décidé de proposer au Parlement roumain l'adoption d'une loi en procédure d'urgence d'ici la fin de l'année permettant d'octroyer la nationalité roumaine aux lycéens et étudiants moldaves terminant leurs études en Roumanie, particulièrement nombreux à Bucarest mais aussi présents dans plusieurs autres villes du pays, et qui en feraient la demande. A u milieu du XVIIe siècle, des dizaines de milliers de Russes s'installent dans le delta du Danube et sur les rives du Prut pour fuir les persécutions religieuses dont ils sont victimes depuis la réforme du dogme et de la liturgie orthodoxes menée par le patriarche Nikon. Plus de 30.000 de leurs descendants, appelés Lipovènes, vivent aujourd'hui en Roumanie et en Moldavie où ils perpétuent des traditions séculaires et suivent à la lettre l'ancien culte orthodoxe russe. Un reportage dans le village de Pocrovca en Moldavie d'"Evenimentul Zilei", ("L'Evènement du Jour"), traduit par Mehdi Chebana et repris par Le Courrier des Balkans.com. Après 60 ans, les hommes ne se rasent plus la barbe "Situé dans le nord de la République de Moldavie, le village de Pocrovca se distingue singulièrement de toutes les localités voisines. Ses 1030 habitants, tous Russes lipovènes, attachent un intérêt particulier à la propreté des rues et perpétuent religieusement les traditions héritées de leurs ancêtres. L'une d'entre elles veut par exemple que les hommes ne se rasent plus la barbe après soixante ans. Mais ce n'est pas tout. Les "vieux croyants", comme on les appelle encore (en raison de leur attachement à l'ancien rite orthodoxe), refusent systématiquement de vendre leur maison et leur lopin de terre, ce qui fait de la région l'un des endroits en Moldavie où le prix du mètre carré est le plus élevé avec Chisinau (2.000 dollars les 100 mètres carrés). Dans le même temps, ils rachètent les terres délaissées par les Moldaves vivant dans les villages voisins. Chaque habitant de Pocrovca connaît l'histoire de ces 17 familles russes qui ont fui leur pays en 1820 pour se réfugier ici, achetant un petit lopin de terre aux notables moldaves à des prix bien plus élevés que la valeur du marché à l'époque. Tous respectent encore aujourd'hui les efforts de leurs aïeux. D'ailleurs, aucun d'entre eux n'a jamais quitté le village pour travailler à l'étranger. Les Lipovènes assurent qu'ils peuvent très bien gagner leur vie en restant chez eux. Leur richesse? La terre. Ils possèdent des vergers avec des pruniers et bien d'autres arbres, mais ce sont les framboisiers qui constituent leur plus grande source de revenus. L'été dernier, ils ont réussi à vendre leur kilo de framboises à 1,40 euros. Les Lipovènes cultivent également des pommes de terre et des melons. "Quand nous vendons un kilo de melons, nous pouvons acheter deux kilos de blé, c'est mathématique" , explique Florii Vetrov, 71 ans. "Les Moldaves nous envient parce que nous sommes travailleurs et unis". À Pocrovca, seuls deux habitants parlent roumain Chaque jour à 14 heures, les femmes lipovènes se réunissent dans le centre du village pour boire du thé noir préparé dans un samovar et déguster les framboises cultivées dans chaque ferme. Une tradition qui se perpétue depuis des générations. Même si leurs enfants apprennent le roumain à l'école, toutes s'expriment en russe à l'exception d'Eudochia Zamfir. D'origine moldave, la directrice de l'école communale s'est établie ici avec son mari en 1975. Elle dit avoir rapidement intégré les habitudes des Russes lipovènes, si bien qu'elle n'envisage plus aujourd'hui de vivre ailleurs qu'à Pocrovca. C 'est l'histoire de Gheorghe Vintila, un médecin roumain passionné d'art qui a dédié une partie de son existence à la constitution d'une impressionnante collection de tableaux et sculptures. A la fin de sa vie, il a souhaité que les œuvres soient exposées dans son village natal, à Topalu, dans la maison de ses parents. Jonas Mercier, pour "Regard" s'y est déplacé et fait partager sa découverte d'un secret bien gardé. "A Topalu, il n'y a pas de gare. Même les "microbus" ne s'aventurent pas jusqu'à ce petit village. Situé sur les rives orientales du Danube, à une vingtaine de kilomètres au nord de Cernavoda, l'endroit est peuplé d'environ 2000 âmes. Ici, les routes en bitume alternent avec les chemins de terre, les automobiles avec les charrues et les énormes péniches avec les petites barques de pêcheurs. A première vue, rien ne différencie Topalu d'une autre commune de la Dobrogea. On y trouve une garderie, une école, un restaurant et quelques bistrots. Mais il existe pourtant une petite singularité qui ne passe pas inaperçue. Au beau milieu du village, une maison tout juste rénovée porte l'inscription suivante: "Muzeul de Arta" (Musée d'Art). Ici, 134 tableaux et sculptures de quelques-uns des plus grands artistes roumains sont exposés. Un trésor inestimable du patrimoine culturel national. L'enfant du pays a fait don de sa collection Il s'agit en fait de la collection de Gheorghe Vintila, un enfant du pays, médecin à Bucarest durant l'entre-deuxguerres, "Ses parents avaient ouvert la première école du village, ils en ont été les premiers instituteurs. En 1960, Vintila a fait don de sa collection à l'État roumain à la condition que celle-ci soit exposée dans la maison de ses parents, à Topalu. Aujourd'hui, on dépend du musée d'art de Constanta, mais celui-ci a été créé en 1961, soit un an après le musée de notre villag", explique Maria Buzatu, la conservatrice, qui s'occupe également de l'accueil et de la surveillance du musée. L'histoire de Gheorghe Vintila, elle la connaît sur le bout des doigts. "C'était un passionné. Quand il est allé à Bucarest, il a fréquenté le milieu artistique et il s'est fait un petit groupe d'amis parmi lesquels le peintre Nicolae Tonitza et le sculpteur Oscar Han. C'est d'ailleurs ce dernier qui l'a conseillé dans ses achats d'œuvres d'arts". Gheorghe Vintila est décédé en 1968. Il repose dans le jardin de la maison familiale, tout près de "ses" œuvres. "Pourquoi devrais-je y aller? Je sais très bien ce qu'il y a là-bas, et puis je n'ai personne à qui le raconter. Ce musée, c'est pour les jeunes, ce sont eux qui s'intéressent à ce genre de choses", tranche Mirica Ghiocil, un ancien du village plus préoccupé par la date des prochaines moissons que par les chefs-d'œuvre des peintres roumains. Maria Buzatu confirme l'attrait limité des villageois pour le musée: "Ils ne viennent pas trop car ce ne sont pas des connaisseurs, mais des paysans plus occupés par leurs récoltes". En revanche, les amateurs d'art viennent de toute la Roumanie pour admirer les trésors exposés. L'ancienne maison de Dinu et Sevasta Vintila compte treize pièces au total et n'est pourtant pas assez spacieuse pour abriter l'intégralité de la collection de Gheorghe Vintila. Nicolae Grigorescu, Stefan Luchian, Nicolae Tonitza, Stefan Dimitrescu, Oscar Han… La liste des artistes est longue... et unique dans un musée de campagne. "On ne peut pas stocker de tableaux ici, on peut simplement garder ceux qui sont exposés. Le reste de la collection, qui compte 228 pièces, a été offert par Gheorghe Vintila au musée d'art de Constanta", précise la conservatrice. Protection sommaire pour des œuvres de grande valeur Le 26 septembre 2007, après deux ans de travaux de rénovation, le musée a rouvert ses portes. La sécurité des lieux a été renforcée. Des capteurs de mouvements reliés à un système informatique et deux gardes veillent la nuit sur les lieux. Mais la journée, Maria Buzatu est la seule à assurer la surveillance de ce musée où les tableaux sont accrochés aux murs, sans aucune protection. Pour l'instant, aucun vol ni dégradation n'ont été à déplorer. La conservatrice assure en outre que "des caméras seront bientôt installées, ainsi que des détecteurs de vibrations aux fenêtres". Un minimum pour une collection de cette valeur. Mais pour que d'éventuels amateurs mal intentionnés arrivent jusqu'à Topalu (comptez au moins trois bonnes heures en voiture de Bucarest), il faudrait d'abord franchir l'obstacle de l'invisibilité de ce musée. Celui-ci n'apparaît ni sur le site Internet de la commune, ni sur le site touristique du département de Constanta et il est à peine mentionné sur les portails spécialisés. Un mystère qui rend la découverte encore plus mémorable". Jonas Mercier ("Regard") Musée Dinu et Sevasta Vintila, Topalu (judet de Constantsa) Ouvert du mercredi au dimanche de 9h à 17h. Tel: 0241 256 206. 53 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Musique l l ORADEA l ARAD l TARGU MURES l l CLUJ SIBIU l l SUCEAVA l BAIA MARE l BRASOV l l l TIMISOARA IASI BACAU ADJUD l PITESTI CRAIOVA l TULCEA l n BUCAREST TOPALU l l CONSTANTA L'histoire du clown Miloud en film 52 Napoléon, Nadia et Clinton savent à peine lire mais font vibrer la musique tsigane Le film Pa-ra-da relatant l'histoire du clown français Miloud Karim Oukili parti vivre avec les enfants de la rue de Bucarest en 1992 et qui a créé 4 ans plus tard la fondation "Parada" pour les aider à réintégrer une vie sociale et les scolariser, devait être présenté au festival de Venise, dans la section "Horizons". Il s'agit d'une co-production francoitalienne-roumaine, et du premier long métrage du metteur en scène italien Marco Pontecorvo, fils du réalisateur de La bataille d'Alger. Formé à l'école du cirque d'Annie Fratellini, Miloud avait utilisé ses talents pour entrer en contact avec les enfants de la rue, leur enseignant son art, organisant avec eux des spectacles et dormant en leur compagnie dans les bouches de métro de la gare du Nord de la capitale. Tony Gatliff tourne à nouveau en Roumanie Le réalisateur de Gadjo Dilo tournera son prochain film dans les paysages naturels de Saint-Bonnet-leChâteau, dans le Forez. Liberté évoquera le destin des Tsiganes pendant la 2nde Guerre mondiale. L'équipe décoration devrait être sur place dans les prochaines semaines pour préparer la venue des équipes de tournage en novembre. Des scènes filmées dans le Haut-Forez, on sait peu de choses sinon qu'elles évoqueront notamment une famille juive en proie aux persécutions. Une partie du film sera également tournée en Roumanie. Récompensé en 2004 au festival de Cannes pour Exils (Prix de la mise en scène) Gatliff a réalisé son dernier film, Transylvania, en 2005. D ans le petit village de Gratia, à quelque 60 km à l'ouest de Bucarest, Napoléon et Nadia Constantin font vivre la musique traditionnelle tzigane, lui de sa voix rocailleuse et de ses percussions sur un vieux baril, elle en ondulant son corps comme une danseuse égyptienne. "C'est ça la musique traditionnelle tsigane. C'était la musique pour faire danser les ours avec lesquels j'ai moimême dansé quand j'étais petite", raconte Nadia, 38 ans, rebaptisée Nadia à six ans, en hommage à Nadia Comaneci, l'ex-star de la gymnastique, comme les parents de Napoléon se sont inspirés de l'empereur français. Le même procédé a été appliqué à leurs cinq enfants, dont Clinton, en hommage à l'ancien président américain, qui n'hésite pas à jouer des cuillères pour accompagner ses parents. Côté musique, rien n'est écrit. Le duo ne sait pas lire les notes. Et pas de violon, ni guitare, ni trompette... Juste un caisson de récupération, des cuillères, voire des cailloux, et des coups de talon. Idem côté texte pour un couple à la limite de l'illettrisme. Napoléon, petit homme de 44 ans au corps sec et au visage buriné, s'inspire de la vie de tous les jours, des souvenirs, de la musique roumaine mais aussi d'extraits rocks ou techno entendus à la télé. Il chante les douleurs et les joies d'une famille de dix membres vivant dans trois pièces d'une maison basique, mais aussi de toute la communauté tsigane. Devant lui, Nadia, belle brune au regard autoritaire et aux bras musclés, ondule son corps qu'elle assène de claquements de paumes. Avant de nouer autour de ses hanches un châle doté de piécettes pour apporter une couleur orientale. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE arrive à l'âge de 7 ou 8 ans à lui construire une maison perpétuent des traditions séculaires Elle se souvient du jour où elle débarqua avec son enfant de deux mois dans ce que l'on appelle toujours aujourd'hui le "village des barbus". Elle avait alors besoin de lait mais n'osait pas en demander. Elle envoya donc son mari à la fontaine afin qu'il entre en contact avec des autochtones. "Ce jour-là, beaucoup d'eau a coulé à la fontaine avant que mon mari n'ose ouvrir la bouche", témoigne-t-elle. "Puis le lendemain matin, quand nous nous sommes réveillés, du pain et du lait nous attendaient sur le seuil de notre porte. Les Lipovènes sont toujours prêts à rendre service". Ici, le malheur des uns devient celui de tous Ici, le malheur des uns devient celui de tous. Il y a toujours quelqu'un pour faire du porte à porte, un bonnet à la main, afin de récolter de l'argent pour un voisin dans le besoin. Chacun donne alors selon son bon cœur. Lors des enterrements, tous répondent présents. Pour l'occasion, des repas copieux sont organisés avec au menu de la viande, des cornichons et surtout 400 litres de bors (soupe) préparé selon une recette locale. "Notre bors est fait à base de légumes taillés en tout petits morceaux et de betterave que l'on fait longuement mariner selon une technique particulière", confient les femmes du village presque d'une seule voix. Près de l'église, considérée ici comme un lieu de vie incontournable, les villageois ont bâti une salle de prières où ils font l'aumône. Très suivies, les messes sont par ailleurs l'occasion pour chacun de revêtir ses plus beaux atours. La petite localité du nord de la Moldavie est régie par un conseil des sages où siègent vingt vieillards parmi les plus lettrés. Leur verdict est rédhibitoire en matière de mariage notamment parce que le conservatisme ambiant accentue les risques d'inceste. Selon la tradition, les vieux sages se rassemblent aux abords de l'église pour vérifier l'arbre généalogique des futurs mariés. Si aucun lien de sang n'est établi sur sept générations, les jeunes peuvent se marier. À condition encore que ce soit un dimanche. De même, quand un garçon arrive à l'âge de sept ou huit ans, ses parents commencent à lui construire une maison. Quant aux parents de la mariée, ils sont chargés de constituer une dot dès le plus jeune âge de leur enfant. "C'est un honneur d'inviter les gens à venir voir la dot constituée par les parents de la mariée", explique Eudochia Zamfir. "Mais cette tradition ne relève d'aucune loi écrite". Grâce à un touriste belge Leurs visages s'éclairent de sourires et on peut y lire la joie d'un couple qui s'est formé 20 ans plus tôt grâce à la musique. "Napoléon travaillait alors dans une ferme, il a commencé à jouer sur son baril et moi, je me suis mise à danser", se souvient Nadia, insistant sur l'unicité de leur duo. Depuis, la musique rythme leur vie, à la maison, chez les voisins, à des mariages - comme celui d'un frère de Nadia, lorsqu'un touriste belge a été séduit par la prestation du couple et leur a fait enregistrer une cassette à Bucarest. "Ce n'est que trois ans plus tard qu'un impresario roumain est venu nous chercher pour organiser un concert au Why Not (club bucarestois)", se souvient Nadia, sans oublier "tous ceux qui ont depuis profité de nous". Eux qui n'avaient jamais rêvé d'immigrer, comme le font tant d'autres, ont soudainement connu le voyage. Avec pour première sortie du pays: une invitation pour un festival à Versailles en 2004! "C'est le plus beau souvenir. Le château, les jardins et surtout les gens chaleureux... Mais depuis, on est allés en Belgique, au Luxembourg, en Angleterre, en Suisse", indique Napoléon, exhibant des coupures de journaux conservés dans un sac de supermarché, tandis que l'épouse parle des cachets européens qui améliorent leur quotidien. Un baril de médicaments chinois comme tambour En septembre, le couple devait se produire à Rome et Milan, dans une Italie marquée depuis plusieurs mois par des sentiments anti-roms. "Toutes ces nouvelles d'Italie nous vexent, car pour un ou deux cas, tous les tsiganes sont blâmés", insiste Nadia, tandis que son époux reprend le rythme sur son baril "produits pharmaceutiques made in China", celui qui voyagera dans la péninsule "s'il résiste car il en a déjà explosé plus de 200!". "On va s'y produire avec la fierté d'être des représentants tsiganes. On veut montrer que ce ne sont pas tous des voleurs", assure-t-elle. Avec le secret espoir que la musique adoucisse les moeurs... (AFP) Jean-François Copé et Pierre Moscovici, petit-fils et fils d'immigrés de Iasi et Braila, ne cachent pas leurs ambitions Ces deux "Roumains" qui rêvent de présider la France D éputém a i r e UMP de Meaux, président de ce groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, réélu dans sa ville par 67 % des habitants, JeanFrançois Copé, 44 ans, ancien ministre du budget dans le gouvernement Villepin, ancien énarque et actuellement avocat dans un gros cabinet d'affaires, est considéré comme un rival de Nicolas Sarkozy, ne cachant pas son ambition de devenir un jour président de la République, dès 2012 si possible. Ce qui est moins connu de cet admirateur du tennisman Ilie Nastase, au temps de sa splendeur, ce sont ses origines roumaines, par sa famille paternelle. En 1926, un jeune médecin roumain nommé Copelovici arrive en France. Sa famille, juive d'origine russe, s'est installée à Iasi (Roumanie) au XIXe siècle. L'antisémitisme provoque le départ. Le grand-père paternel de Jean-François Copé reprendra ses études en France, deviendra médecin généraliste à Paris et sera naturalisé français. La grand-mère, française, est également d'une famille juive d'origine roumaine. Les amis de Jean-François Copé sont banquiers, haut fonctionnaires, directeurs de grandes entreprises. Il connaît de près certains journalistes de compagnie: Anne Fulda, Christophe Barbier. Sa femme Valérie, conseillère en communication, est la fille d'un ancien directeur du CNRS. L'ambition présidentielle de JeanFrançois Copé rejoint celle d'une autre étoile montante d'origine roumaine, dans le camp opposé, Pierre Moscovici, 51 ans, qui, pour l'instant, brigue la succession de François Hollande à la tête du Parti Socialiste. Il est le fils de Serge Moscovici, né en 1925 à Braila, (Roumanie), issu d'une famille juive, exclu en 1938 du lycée de Bucarest par les lois antisémites, réfugié en France en 1948 où il épousera la psychanaliste Marie Bromberg, et naturalisé français, devenu le pionnier de l'écologie politique en France et un éminent chercheur en anthropologie et en psychologie sociale. Pierre Moscovici, également ancien élève de l'ENA, où il eut comme professeur Dominique Strauss-Kahn, conseiller maître à la cour des comptes et professeur à Sciences Po, est ancien ministre des Affaires européennes de Lionel Jospin - il rédigera l'essentiel de son programme aux présidentielles de 1982 -, ancien député européen et vice-président du Parlement européen. Il est présentement président de la communauté d'agglomération du Pays de Montbéliard et député du PS. Cet ancien noctambule qui a la réputation d'un séducteur invétéré, est toujours célibataire. Après un président d'origine hongroise, la France élira-t-elle un successeur roumain? Décidément, c'est cap à l'Est pour l'Hexagone ! 13 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Politique l l ORADEA CLUJ l BAIA MARE IASI BRASOV SIBIU BÂRLAD l GALATI l TIMISOARA BUZAU PLOIESTI CRAIOVA l Cinéma A 40 ans, l'acteur de Lugoj était parti tenter sa chance en Amérique Bela Lugosi, Dracula jusqu'à la dernière goutte l l l l Marius Oprea l SUCEAVA TARGU MURES ARAD Une loi amputerait la retraite des Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE l l l CONSTANTA n BUCAREST GIURGIU l TULCEA l l Un spécialiste de la Securitate Marius Oprea a d'abord présenté son idée d'Institut pour l'investigation des crimes du communisme en Roumanie en 2005 au président Basescu, qui n'en a pas voulu "car il avait lui aussi fait partie du système" dit Oprea. Le premier ministre Tariceanu, qui n'a eu aucune position sous l'ancien régime, a été convaincu "en deux minutes". La mésentente 14 entre le premier ministre et son président sont notoires et ce dernier, pour ne pas se laisser distancer, créa rapidement une "Commission présidentielle pour l'analyse de la dictature communiste en Roumanie". Né en 1964, Marius Oprea est un spécialiste de la Securitate, à laquelle il a consacré sa thèse, ("Le rôle et l'évolution de la Securitate, 19481964"). Il est aussi coordinateur de programmes à l'Institut roumain d'histoire contemporaine et conseiller du premier ministre Tariceanu pour les questions de sécurité nationale. Ses détracteurs l'accusent d'être un agent de "puissances étrangères" et il ne manque pas d'ennemis. Sa famille est actuellement à l'étranger. Il avoue que lui-même hésite parfois à émigrer car il se sait en danger. "Mais cela voudrait dire que la Securitate aurait gagné, et ça je ne peux pas l'accepter". E n Roumanie, personne n'a jamais été poursuivi pour les crimes politiques perpétrés sous le régime communiste. Marius Oprea, conseiller du premier ministre Tariceanu, a créé un organisme pour faire la lumière sur cette époque, l'"Institut pour l'investigation des crimes communistes en Roumanie", une agence gouvernementale qu'il préside. Sa tâche est de documenter les graves abus commis sous le régime communiste et qui n'ont jamais été punis. Elle est compliquée par le fait que nombre d'apparatchiks communistes sont protégés par leur actuelle position dans l'économie, la politique et l'administration. Marius Oprea a également déposé un projet de loi qui amputerait la retraite d'officiers de la Securitate au profit des anciens prisonniers politiques. A l'occasion de l'examen périodique universel de la Roumanie au Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies, à Genève, Michel Bührer l'a interviewé pour la "Tribune des droits humains", journal en ligne qui offre une information indépendante et pluraliste sur les droits de l'Homme dans le monde. 120 euros par mois pour une année de prison politique Michel Bührer : Un projet de loi dont vous êtes l'initiateur prévoit que le montant des retraites des anciens officiers de la Securitate, soit diminué au profit de leurs victimes. Pour quelles raisons ? Marius Oprea : J'ai réalisé qu'un officier de la Securitate à la retraite touchait une pension jusqu'à sept fois supérieure à celle des anciens prisonniers politiques. Ces derniers, après avoir passé des années en prison, trouvaient difficilement un emploi, avaient peu d'occasions de travailler, d'où une faible retraite. L'idée est de réparer cette injustice. En 1990, le Parlement avait voté une loi pour dédommager les victimes du régime communiste. En 2005, le "prix" d'une année de prison a été fixé à 25 euros par mois, en plus de la retraite normale. Grâce à nos efforts, cette compensation est passée à 120 euros par année de prison. Malgré cela, l'écart demeure important, et moralement indéfendable. M.B. : Combien d'officiers sont-ils concernés par cette loi ? M.O. : Seuls seront visés ceux dont la culpabilité sera prouvée. Actuellement, moins de 300 personnes ont un dossier en cours, mais nous espérons en avoir bientôt plus. Du côté des victimes, nous pensons aussi indemniser les familles des opposants qui ont été abattus. Jusqu'à maintenant, rien n'a été fait pour elles.Notre système judiciaire refuse de qualifier ces exécutions de crimes contre l'humanité. Elles sont considérées comme des crimes "normaux", prescrits après 25 ans. M.B. : Vous dites que les anciens cadres communistes ont presque plus de pouvoir maintenant qu'avant car ils sont partout, dans la politique, l'économie, l'administration. Quelles sont les chances de ce projet de loi devant le Parlement ? M.O. : J'ai confiance dans la pression de l'opinion publique, car voter contre cette loi serait avouer être "avec les autres". Mais il est vrai que nous rencontrons de nombreuses difficultés. Par exemple, j'ai envoyé deux enquêteurs demander un dossier au Ministère de l'Intérieur. Lorsque le fonctionnaire a compris pourquoi nous voulions y avoir accès, il a refusé de le laisser consulter, alors que le dossier était sur son bureau. Nous avons beaucoup de preuves, mais rien ne se passe car ces personnes sont protégées. "Les fonctionnaires de l'ancien système ou leurs enfants sont toujours en place" M.B.: Comment entreprenez-vous les recherches ? M.O.: Un tiers des dossiers que nous suivons résulte de témoignages individuels. Des gens viennent nous voir en demandant notre aide pour retrouver les corps de membres de leur famille ou pour dénoncer un cas. Pour le reste, nous entamons nos Q ui était le fameux Bela Lugosi, acteur roumain, d'origine hongroise? Un magnifique coup fumant pour Hollywwod qui a lancé la déferlante des films d'horreur "made in USA" dans les années 30 ? Un acteur de série Z pour films à petits budgets lamentables? Une gueule, un charme ravageur passé maître en matière de manipulation? Une tragédie humaine? Un peu de tout cela à coup sûr. Bela Lugosi est l'incarnation du fantasme et de la répulsion qu'exerce Dracula depuis près d'un siècle. Le mystère autour de l'acteur est entier, à tel point que certains croient sa tombe non scellée. Quoi de plus normal alors que d'exploiter la destinée de celui qui incarne l'un des mythes de la Roumanie? Après son Johnny Weismuller: the one, the only, the Real Tarzan en 2005, une biographie "formatée" de l'acteur né à Timisoara, Florin Iepan s'est attaché à une autre personnalité née en Roumanie à Lugoj, plus précisément - et exportable à souhait. "Mon film est un documentaire standard qui respecte les standards télévisuels", annonce d'emblée le réalisateur. Une coproduction internationale de 52 minutes montée tout exprès pour les chaînes roumaines, allemandes, françaises, autrichiennes, finlandaises et néerlandaises grâce notamment au soutien du Centre national de la cinématographie (CNC). Déjà vendu dans plus de 20 pays, le film, intitulé Bela Lugosi, le vampire déchu a été diffusé en octobre 2007 sur Arte, et à TVR, la télévision roumaine. Décidé, charmeur et cabotin, il terminera déguisé en vampire pour amuser les enfants Le film, narré en anglais, concentre de manière classique un grand nombre d'interviews, de spécialistes comme du fils de l'acteur. Les grands moments appartiennent à Bela Lugosi, l'homme et l'acteur, venu tenter sa chance aux Etats-Unis en 1919, à près de 40 ans. On y découvre un homme incroyablement décidé, charmeur et cabotin. Un grand acteur avant tout qui prend plaisir à effrayer le présentateur lors de fausses interviews montées par les studios. Après son refus d'interpréter Frankenstein - finalement endossé pour l'histoire par Boris Karloff (à gauche de Lugosi sur notre photo) -, désireux de ne plus coller à ce type de personnages, l'acteur sombrera dans l'oubli et la drogue... puis réapparaîtra des années plus tard dans des rôles de vampire d'opérette, à la solde d'immenses navets, tels les films d'Ed Wood. Ou pire, lors de lancements d'autres films, sur des plateaux de télévision, déguisé en vampire pour amuser les enfants. De Bela Lugosi, on ne retiendra que cette silhouette devenue décadente: celle d'un homme contraint de vivre derrière un masque. Et non pas cet incroyable talent, ce sens de l'auto-dérision transcendé par un ego démesuré et une douce folie, dont le succès fut encore amplifié par son accent hongrois à couper au couteau. Benjamin Ribout ("Regard") Bela Lugosi (1882-1956) fut inquiété au cours des années 50 dans le cadre du maccarthisme, car il était syndicaliste, et avait participé à la République soviétique hongroise de Bela Kun. A cette époque, suite à des problèmes de santé, il fut traité à la morphine ce qui le rendit dépendant. Il mourut d'une crise cardiaque en plein tournage de Plan 9 from Outer Space. Certaines rumeurs disent qu'il se prenait réellement pour un vampire à force de jouer cette créature, mais aucune biographie complète ne confirme le fait, c'était plutôt là un signe d'excentricité. De même, s'il a été enterré avec l'une de ses capes, ce n'était pas à sa propre demande mais sur celle de sa femme et de son fils. A savoir Arte finance le prochain long métrage de Razvan Radulescu Le comité de sélection d'Arte France Cinéma a choisi de coproduire le prochain long métrage de Razvan Radulescu, scénariste de La mort de Monsieur Lazarescu, de Boogie, et de Niki et Flo. Le réalisateur tournera Félicia plus que tout avec la réalisatrice hollandaise Melissa de Raaf. Dans le rôle de Félicia, Ozana Oancea interprète une jeune roumaine immigrée aux Pays-Bas dans ses relations mouvementées avec sa famille restée en Roumanie. Le tournage aura lieu en septembre et octobre à Bucarest. Fanny Ardant réalise son premier film en Roumanie La comédienne Fanny Ardant a choisi la Roumanie pour réaliser son premier film, un drame familial intitulé Cendres et Sang, dont le tournage devrait débuter ce mois de septembre. En présentant son projet devant quelques critiques de films roumains, Fanny Ardant,qui marche sur les traces de son ancien compagnon, François Truffaut, a expliqué son choix de la Roumanie par le fait qu'elle y a déjà tourné Callas Forever et qu'il y existe une tradition cinématographique authentique et de qualité en ce qui concerne les studios, les techniciens, les acteurs. 51 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Mille élèves roumains deviennent membres du jury du prix littéraire français Chronos Littérature BAIA MARE l ARAD l l l SUCEAVA ORADEA l CLUJ l l TIMISOARA l IASI TARGU MURES l HUNEDOARA l CHISINAU l SIBIU BRASOV l TÂRGOVISTE l GALATI l l l BRAILA PLOIESTI CRAIOVA l n BUCAREST CONSTANTA l Les poèmes d'Anna de Noailles 50 Très tôt, la nature enthousiasme la poétesse : un rayon de soleil, un arbre en fleurs, le murmure d'une source, quelques framboises mûres, un vol de mouettes sur les lacs de son enfance... "Nous étions de très petits enfants, heureux à Amphion en octobre. Ce mois de cristal est le plus beau qui soit au bord du Lac Léman. L'été finissant traîne ses caresses ensoleillées sur les prairies encore en fleurs et qui soupirent de satisfaction. Les oiseaux, pris de vertige, tournoient sans discernement, dans une confusion bleuâtre, se trompent d'élément, pénètrent les vagues , d'où ils rejaillissent, si bien qu'on croit voir une hirondelle qui nage ou une ablette ailée". *** "Je ne souhaite pas d'éternité plus douce Que d'être le fraisier arrondi sur la mousse, Dans vos taillis serrés où la pie en sifflant Roule sous les sapins comme un fruit noir et blanc. Dormir dans les osiers, près des flots de la Dranse Où la truite glacée et fluide s'élance, Hirondelle d'argent aux ailerons mouillés ! Dormir dans le sol vif et luisant où mes pieds Dansaient aux jours légers de l'espoir et du rêve ! O mon pays divin , j'ai bu toute ta sève, Je t'offre ce matin un brugnon rose et pur , Une abeille engourdie au bord d'un lis d'azur, Le songe universel que ma main tient et palpe, Et mon coeur, odorant comme le miel des Alpes !" P armi les nombreuse initiatives prises par "Les Amis de Târgoviste", une association de Verneuil sur Avre dans l'Eure (7000 habitants, 120 km de Paris), active en Roumanie dès 1989, les enfants et les jeunes occupent une place privilégiée. Ce n'est pas un hasard si sa présidente est une enseignante, Nicole Bury, aujourd'hui en retraite. Dès 1990, cette dernière entamait une correspondance puis des échanges de jeunes avec une école de cette ancienne capitale de la Valachie, devenue capitale du judet de Dâmbovita et qui compte 90 000 habitants. En 1999, alors qu'elle était institutrice en CM2, Nicole Bury proposa à une professeur de français de cette ville avec qui elle faisait des échanges, de faire lire les mêmes livres à leurs élèves ; celle-ci choisit des élèves du collège à cause du niveau de langue. La correspondance scolaire devenait d'un coup beaucoup plus intéressante, les jeunes échangeant leurs idées sur ces ouvrages. L'idée lui était venue alors qu'elle faisait participer sa classe au Prix Chronos de littérature. Créé en 1996 par la Fondation Nationale de Gérontologie française, celui-ci propose aux participants de lire des ouvrages ayant pour thème les relations entre les générations, la transmission du savoir, le parcours de la vie, la vieillesse et la mort... Une sélection différente est prévue pour six classes d'âges : -des albums pour les enfants des écoles maternelles et du CP -des albums et des premiers romans pour les enfants de CE1 et CE2 -des romans pour les CM1-CM2, 6e-5e, 4e-3e, lycéens, 20 ans et + En octobre, Nicole Bury apporte les livres dans les écoles, les enfants lisent jusqu'en février puis votent. Le matériel est fourni par la Fondation (bulletins de vote, feuilles de dépouillement, cartes d'électeur, etc.). Le vote et le dépouillement se font dans les établissements scolaires, les résultats sont envoyés à la Fondation ; enfin l'annonce des résultats a lieu lors Salon du Livre de Paris. Chaque participant reçoit, en mai, un "certificat de membre du jury du Prix Chronos". Création d'un club de lecture dans les villages, le samedi Ne perdant pas de vue les échanges avec Târgoviste, Nicole Bury en a fait profiter ses collègues roumains. Ainsi, pour que ce prix littéraire ne soit pas qu'un simple exercice de lecture (en français, certes) elle leur propose, outre la sélection de livres français qu'elle leur apporte, des jeux de lecture. Elle les fait participer à des discussions sur la vie des personnes âgées (avec des personnes âgées, si possible), concours de dessins, exposition des travaux, réalisation d'une brochure (dans les 2 langues)… Des échanges sont faits entre les enfants de même école ou des écoles de Târgoviste. L'initiative a même pris racine dans des villages du judet puis s'est étendue ailleurs en Roumanie. Des élèves ayant participé à ce prix littéraire depuis 3 ans et partant au lycée en ville ont demandé à leur professeur comment faire pour continuer l'année suivante; celui-ci leur a proposé de mettre en place un club lecture qu'ils peuvent fréquenter le samedi dans l'école du village. Ainsi, en 2008, plus de mille jeunes participants en Roumanie de Târgoviste, Gorgota (judet Prahova, Ploiesti), Berca (judet de Buzau), Bucarest, se sont transformés en membres d'un jury littéraire français et, après des échanges intenses menés par l'intermédiaire de leurs enseignants avec leurs camarades français, ont été appelés à exprimer leur choix par un vote dans leur établissement (notre photo). Pour tous renseignements: "Les Amis de Târgoviste", Le Baudry, 27130 Verneuil Sur Avre, tél : 06 15 02 98 44, [email protected] Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE officiers de la police de Ceausescu au profit de leurs victimes chasseur de crimes communistes propres investigations. Sur les 35 personnes employées à l'Institut, 20 sont des chercheurs. M.B.: Le but est-il d'accumuler une documentation sur ces crimes ? M.O.: Pas seulement. Si nous trouvons des éléments qui doivent déboucher sur une procédure, nous les communiquons au procureur. C'est lui qui doit mener l'enquête. Mais parfois les procureurs refusent d'ouvrir un dossier sous prétexte que nous n'avons pas le nom complet, ou que l'adresse manque… Il y a beaucoup de fonctionnaires de l'ancien système, ou leurs enfants, qui sont employés dans l'appareil judiciaire et la police. Il est difficile pour eux de se remettre en question. M.B.: Entre l'ancienne génération qui veut oublier et la jeunesse qui n'a pas connu cette période, la population estelle encore intéressée à remuer le passé ? M.O. : Sans aucun doute. Chaque fois que nous sortons un cas, cela fait la une dans les journaux et à la télévision. C'est donc qu'il y a un intérêt du public. La presse est notre plus grand allié. Autre exemple, je donne un cours en option à l'université sur l'histoire de la Securitate, il est toujours plein. Le troisième volet de notre activité touche d'ailleurs l'éducation. Nous avons notamment organisé un concours dans lequel les jeunes doivent demander à leurs parents des histoires sur l'époque communiste. M.B.: Quelle est votre motivation ? M.O.: Un sentiment de revanche, mais pas seulement personnelle. Je n'ai pas été prisonnier politique, même si j'ai été à deux doigts d'être arrêté juste avant la "révolution" de 1989. Mais j'ai entendu des centaines de témoignages de victimes. Je pense qu'il n'est pas trop tard pour faire éclater la vérité sur cette période. Michel Bührer Renvoi de l'architecte en chef de la capitale L e maire de Bucarest Sorin Oprescu a décidé de renvoyer l'architecte en chef de la capitale, Adrian Bold, en poste depuis 1997. Il lui reproche plusieurs irrégularités, notamment l'approbation de projets immobiliers controversés. Du côté des architectes, la nouvelle est plutôt bien accueillie. Les motifs de son renvoi concerneraient plus particulièrement ses absences répétées et injustifiées, et un préjudice de près de 300 000 dollars somme établie par la justice - causé à la mairie générale pour avoir refusé de signer certains contrats immobiliers, et en avoir autorisé d'autres controversés. Dans les rangs des architectes bucarestois, la nouvelle a été plutôt bien accueillie. "C'est un premier pas vers une amélioration de l'urbanisme dans la capitale", a expliqué Delia Matache, qui évoque "un homme facilement manipulable qui a permis la réalisation de certains projets très risqués. Le Millenium Business Center par exemple, cette tour collée à l'église arménienne et qui a complètement détruit ses fondations". Même son de cloche pour Loredana Stasisin, de l'association pour la protection des vieilles maisons de Bucarest, "Case care plang" ("Les maisons qui pleurent"): "Même s'il existe des motifs politiques derrière ce renvoi, la décision est tout de même très justifiée. Adrian Bold n'a pas su mener la capitale dans la bonne direction, le patrimoine de la ville n'a notamment pas bénéficié de fonds suffisants pour échapper aux démolitions." Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com - Bucarest) Législatives le 30 novembre L es élections législatives seront organisées le 30, quatre ans après le dernier scrutin ayant porté au pouvoir l'alliance de centre-droit DA. Les sénateurs et députés seront pour la première fois élus en un seul tour, selon un mode de scrutin combinant le vote uninominal et celui de listes, introduit à la suite d'une modification de la loi électorale en mars dernier. Ces élections marqueront également une autre première, car elles ne seront plus organisées le même jour que la présidentielle, comme cela avait toujours été le cas depuis 1990. A la suite d'un amendement de la Constitution, le mandat du chef de l'Etat est passé de quatre à cinq ans, en conséquence la prochaine présidentielle ne devrait pas être convoquée avant novembre 2009. Restitutions des biens en argent L es propriétaires dont les biens immobiliers ont été nationalisés par les communistes et vendus ensuite à leurs locataires (par l'intermédiaire de la loi 112) recevront une indemnisation en espèces sonnantes et trébuchantes, et non plus le bien immobilier en nature. Une loi en ce sens a été adoptée par les députés. A l'heure actuelle, seuls 10% des biens confisqués par le régime communiste ont été rendus à leurs anciens propriétaires. Iliescu raccroche I on Iliescu ne se présentera pas aux élections parlementaires de cet automne. Il a confirmé cette information, indiquant sur son blog (journal sur Internet), qu'il ne "s'intéresse plus à cette compétition". L'ancien président de la Roumanie (1990-1996 et 2000-2004) argumente cette décision par le fait qu'il ne trouve "aucune motivation" à se présenter avec le nouveau système de vote, dit uninominal, mis en place. Il ajoute toutefois qu'il ne "quittera pas son parti (PSD) ou son activité politique". 15 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Economie BAIA MARE l BISTRITA l ORADEA l l SUCEAVA l IASI l ARAD TARGU MURES l l l ROMAN BACAU BRASOV l l GALATI l SIBIU TIMISOARA l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Production de fruits en chute libre 16 La grande distribution : du Far West à l'Eldorado Les gelées de mars ont entraîné un véritable désastre en ce qui concerne la récolte des cerises, guignes, abricots et prunes précoces, dont la production n'a atteint que 10 à 15 % de celle des années précédentes. En fait, la production de fruits est en chute libre depuis1990, la Roumanie n'assurant plus que 15 % de ses besoins et ayant recours à des importations massives. La raison? Les vergers ont été laissés à l'abandon, les arbres n'ont pas été entretenus ainsi que les systèmes d'irrigation. Leur rétrocession a conduit nombre de leurs nouveaux et anciens - propriétaires a abandonné une filière exigeant d'importants investissements pour être relancée. Un hectare d'arbres fruitiers équipé coûte entre 20 000 et 35 000 €, auxquels il faut ajouter encore 10 000 € pour se doter de systèmes anti-grêle et de dissuasion des oiseaux. Alors qu'elle était déjà en baisse très sensible, la production fruitière est tombée de 1,6 million de tonnes en 2005 à un million en 2007. Celle de cerises est passée de 5 à 6000 tonnes, avant 1989, à 1000 tonnes l'an passé. Seule, celle des pommes et prunes s'en sort à peu près. La situation pourrait s'améliorer si la décision était prise de planter chaque année 1000 ha d'arbres fruitiers et si les pouvoirs publics montraient un peu plus d'intérêt à la filière, notamment en mettant en place une autorité chargée de surveiller la qualité des produits sur les marchés. Ces deux dernières années, les Roumains ont consommé moins de 40 kilos de fruits par an, soit moitié moins que la moyenne européenne. Q uand les leaders de la distribution ont investi la Roumanie -2ème marché d'Europe de l'est en nombre d'habitants - il y a quelques années, tout était à faire. La seule forme de commerce existante était la petite boutique du quartier et l'empreinte de dizaines d'années de communisme avait limité le développement de la distribution sous toutes ses formes. Ils ont donc tout défriché: de la recherche de terrains pour l'implantation des magasins à la formation du personnel en passant par la prospection de fournisseurs locaux. Aujourd'hui, tout a changé. Les enseignes de la grande distribution sont bien installées en Roumanie et affichent des résultats qui font rêver ! En deux ans, elles sont passées du Far West à l'Eldorado. Métro a fait près de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2007 et une progression de 30%, Carrefour atteint les 866 M€ et 54% de progression de ses ventes, un record pour le groupe. Quant à Auchan, il détient le record du nombre de clients : plus de 8 millions l'an dernier dans ses 4 hypermarchés. C'est pourquoi, les résultats obtenus leur donnent des ailes. Entre 2006 et 2007, se sont ouverts 340 magasins. Carrefour, Auchan, Cora, Real et Lidl ont inauguré 31 hypermarchés en plus des 25 grandes surfaces déjà existantes. Et ce n'est qu'un début; Carrefour prévoit l'ouverture de 8 hypers, Auchan vise les 16 magasins à l'horizon 2010 et Tengelmann prévoit à moyen terme 175 à 200 unités de ces magasins Plus. Jusqu'où iront-ils, peut-on se demander ? Cette croissante quasi exponentielle ne saurait être éternelle et les responsables de la grande distribution prévoient une maturité à l'horizon 2011/2012 et pensent à l'avenir. Avec 120 à 140 hypermarchés, la Roumanie aura atteint son seuil de saturation. Comment préserver cet eldorado ? La donne a changé: les coûts d'installation s'envolent, les prix des terrains ont été multipliés par 10 en 5 ans, les fournisseurs locaux se sont organisés et ressemblent à ceux de l'Europe de l'Ouest. A ceci, s'ajoutent les grands marques internationales qui ont aussi investi la Roumanie comme Coca-cola, Unilever, etc. et sont maintenant les partenaires de la grande distribution. Dans ce contexte positif, la grande distribution a encore de beaux jours devant elle dans un pays qui s'est beaucoup occidentalisé dans son mode de vie quotidien. Faire ses courses une ou deux fois par semaine fait partie des habitudes aujourd'hui et après une longue période de communisme, les Roumains, à l'esprit très latin, sont des consommateurs très gourmands et qui aiment les offres variées et attractives. La grande distribution devra s'adapter comme elle l'a fait en Espagne qui par sa culture et son développement est très proche de la Roumanie. Mais bien sûr son essor est dépendant du niveau de vie des Roumains et de l'augmentation de leur pouvoir d'achat. Les managers roumains ne motivent pas assez leurs employés L es managers roumains se concentrent presque exclusivement sur les résultats de l'entreprise et l'accroissement de leurs résultats, comme dans tous les marchés émergents, mais perdent de vue les questions relatives à l'organisation interne, telles que la motivation du personnel et l'optimisation des processus", affirme Harry Meintassis, directeur général de la société de conseil en ressources humaines Hay Group Roumanie, filiale de l'une des entreprises les plus cotées dans ce domaine au niveau mondial. "Les Roumains sont de bons gestionnaires, mais ils laissent beaucoup à désirer en ce qui concerne leur capacité à motiver leurs employés, n'offrant pas de vue d'ensemble, de plan de carrière, ne les associant pas à la bonne marche et aux objectifs de l'entreprise" a-t-il ajouté considérant aussi que "le manque d'encouragement au travail d'équipe est une autre faiblesse alors que celui-ci pourrait être un moyen d'accroître la productivité et apporter une solution à la crise du personnel, en suppléant aux difficultés de recrutement". Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Anna de Noailles est considérée française du début du XXème siècle roumaine touche le cœur des Français Un lyrisme féminin qui deviendra de plus en plus obsédé par la mort au fur et à mesure que surgiront les problèmes de santé de la jeune femme, à partir de 1912, alors qu'elle n'a que 36 ans, l'obligeant à passer une partie de son temps alitée. Mais pour l'instant, le couple rayonne sur le tout-Paris. Il attire dans son salon de l'avenue Hoche l'élite intellectuelle, littéraire et artistique de l'époque (photo ci-dessous) parmi lesquels Francis Jammes, Paul Claudel, Colette, André Gide, Frédéric Mistral, Robert de Montesquiou, Paul Valéry, Jean Cocteau, Pierre Loti, Francis Jammes, Sully Prud'homme, Paul Morand, ou encore Max Jacob et plus tard, François Mauriac et Henri de Montherlant. Le monde politique lui rend également visite: Aristide Briand, Caillaux, Painlevé, Herriot, les généraux Marchand et Mangin, le futur roi d'Angleterre Edouard VII, amateur du Paris de la Belle Epoque… Anna de Noailles apparaît comme l'incarnation d'un esprit dionysiaque, une diva à la voix dorée que l'on écoute avec ravissement lorsqu'elle convie ses invités à s'asseoir autour d'elle sur des coussins et sofas. Sa grâce, son esprit semblent venir d'un monde irréel, où il n'y a pas d'âge ni de sexe, si ce n'est celui des dieux. Créatrice du futur prix Fémina Sous l'influence de Maurice Barrès, dont elle avait fait la connaissance en 1896 et qui l'a éblouie, Anna de Noailles fait de l'Orient une part encore plus large de son inspiration même si elle n'en ressent pas moins l'attrait des pays de l'Aisne et de l'Oise, où elle demeure aussi. La jeune Roumaine entretient une relation d'amitié amoureuse intense avec l'écrivain et figure de proue inspirée du nationalisme français, sans que l'on sache si celle-ci est allée plus loin. Leur correspondance passionnée ne sera d'ailleurs dévoilée qu'après la mort de la poétesse. Elle veillera également avec une grande tendresse et une complicité intellectuelle hors pair, sur le parcours littéraire de Marcel Proust, dont elle a deviné la fragilité et qui sera le seul à réussir à lui faire changer la tournure d'un vers ou de supprimer une strophe d'un de ses poèmes. En 1904, avec d'autres femmes telles que Mme Alphonse Daudet, dont elle a côtoyé le mari et Judith Gautier (la fille de Théophile Gautier), Anna de Noailles crée le prix "Vie Heureuse", issu de la revue du même nom, qui deviendra plus tard le prix Fémina, récompensant la meilleure œuvre française écrite en prose ou en poésie. Au début du XXe siècle, la poétesse est si connue que plusieurs artistes de renom de l'époque font son portrait comme Antonio de la Gandara, Kees van Dongen, Jacques-Émile Blanche ou le peintre britannique Philip Alexius de Laszlo. En 1906, elle est le modèle d'un buste en marbre pour Auguste Rodin, qui se trouve toujours aujourd'hui au Metropolitan Museum à New York (le modèle en terre glaise est exposé au Musée Rodin à Paris). "La France ne peut pas périr, les dieux la défendent" En 1914, alors que la guerre a éclaté, la princesse roumaine, devenue comtesse française par son mariage, sait trouver les accents pour redonner l'espoir, alors que la situation semble désespérée après les premiers revers : "La France ne peut pas périr, les dieux la défendent". Dans les années suivantes, Anna de Noailles va écrire plusieurs romans, une autobiographie et un grand nombre de poèmes, où la part de la mélancolie se fait de plus en plus présente, prenant le pas sur l'amour de la nature et la sensualité de la vie. Sa notoriété est toujours aussi grande. La Roumaine est devenue un monument de la vie française et pas seulement artistique, au point qu'elle sera la première femme devenue commandeur de la Légion d'honneur. L'Académie française créera un prix en son honneur, qui existe toujours et distingue une œuvre féminine, après lui avoir décerné son grand prix de littérature. En 1922, Anna de Noailles est aussi la première femme élue à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, occupant le fauteuil 33 où lui succèderont plus tard Colette et Cocteau. Dix mille personnes à ses obsèques à l'église de La Madeleine à Paris Les années passent, sa santé s'altère de plus en plus. La poétesse tombe gravement malade au début de 1933 et meurt le 30 avril, à 57 ans. Le 3 mai, au milieu de fleurs venues de tous les coins du monde, dix mille personnes assistent à l'église de la Madeleine à Paris à ses funérailles officielles. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise mais son cœur repose dans le cimetière d'Amphion-les-Bains, dans cette région où elle s'était mariée et où elle aimait séjourner, y passant chaque année plusieurs mois, et dont elle chanta les paysages dans se poèmes. Un monument fait de pierre et de verdure y a été érigé par l'Association des amis d'Anna de Noailles. Sur la stèle, on peut lire ces vers : "C'est là que repose mon coeur, vaste témoin du monde". 49 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Littérature l l BAIA MARE ORADEA ARAD l l IASI l CLUJ l Une jeune et belle princesse SUCEAVA TARGU MURES l BRASOV l l SIBIU TIMISOARA GALATI l l BRAILA PLOIESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Poèmes Les vers suivants ont mené Anna de Noailles au seuil de l'Académie royale de Belgique. Commandeur de la Légion d'Honneur, primée par l'Académie française, elle entame dès lors une production romanesque et autobiographique. La poétesse a abordé les grands thèmes de la nature, de l'amour et de la mort, avec un lyrisme que certains ont qualifié d'ensoleillé. 48 Née Bassarab de Brancoveanu, comme la plus grande poétesse Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent, La rumeur du jour vif se disperse et s'enfuit, Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit, Demeurent éveillés dans le soir blanc, et songent... Les marronniers, dans l'air plein d'or et de splendeur, Répandent leurs parfums et semblent les étendre; On n'ose pas marcher ni remuer l'air tendre De peur de déranger le sommeil des odeurs. De lointains roulements arrivent de la ville... La poussière, qu'un peu de brise soulevait, Quittant l'arbre mouvant et las qu'elle revêt, Redescend doucement sur les chemins tranquilles. Nous avons tous les jours l'habitude de voir Cette route si simple et si souvent suivie, Et pourtant quelque chose est changé dans la vie, Nous n'aurons plus jamais notre âme de ce soir. (Extrait de l'Offrande Lyrique) G rande figure de la littérature français de la Belle Epoque jusqu'aux Années folles, Anna de Noailles est peu connue dans son pays d'origine où une partie seulement de son oeuvre a été traduite. Très certainement parce qu'aux yeux de ses compatriotes, cette jeune et belle princesse roumaine était avant tout française, portant l'empreinte jusqu'au bout des doigts de ses ongles de la terre où elle était née et a toujours vécu, n'effectuant qu'un seul voyage au cours de sa vie en Roumanie. Beaucoup de Roumains passent d'ailleurs devant le lycée français Anna de Noailles de Bucarest sans savoir que la France rend ainsi hommage aux racines d'une de ses plus grandes poétesses. De la même façon, ils s'étonneraient de voir le nombre de rues, avenues et établissements scolaires français portant son nom ou de découvrir qu'à la Bibliothèque Nationale de France son portrait trône entre ceux de Voltaire et Cicéron. L'égale féminine de Victor Hugo Issue d'une grande famille de boyards roumains, les Bibescu et Craiovesti, Anna-Elisabeth Bassarab de Brancoveanu naît le 15 novembre 1876 à Paris. Elle est la fille du prince Grégoire Bibesco-Bassaraba, et petite-fille du prince valaque Gheorghe Bibesco de Brancovan et de sa femme Zoe Brâncoveanu. Sa mère est la célèbre pianiste grecque Raluka (Rachel) Musurus, à qui le compositeur Paderewski dédia nombre des ses compositions. Toute petite déjà, la fillette s'exerce à la versification, préférant à ses peluches et autres poupées la lecture des Parnassiens, de Musset, Jean-Jacques Rousseau et surtout Victor Hugo. Un peu plus tard ce sera le tour de Kant et Nietzche. Parents et amis parlent français autour de la petite Roumaine qui est émue la première fois qu'elle entend la Marseillaise. C'est décidé… Appartenant pourtant à la haute aristocratie roumaine et aussi française, elle sera républicaine et le restera toute sa vie, tout en appréciant quand même les mérites de Bonaparte. Très jeune, dès l'âge de treize ans, l'adolescente, qui a été profondément marquée par la disparition de son père alors qu'elle n'avait que neuf ans, se met à écrire, des romans et de la poésie. Douée d'une précoce facilité littéraire, elle rédige ses premiers écrits dans un style aussi personnel qu'attachant qui trahit une vive sensibilité et la fera considérée plus tard comme le successeur féminin de Victor Hugo. Dans son salon, se pressent Proust, Claudel, Gide, Cocteau, Paul Valéry, Pierre Loti, Max Jacob, Colette, le roi d'Angleterre Anna n'a que 21 ans quand elle épouse le comte Mathieu de Noailles (1873-1942), quatrième fils du septième duc de Noailles. Le couple n'aura qu'un fils, le comte Anne Jules de Noailles (1900-1979). Pour l'état-civil, la jeune et très belle Roumaine est devenue Anna de Noailles, et c'est sous ce patronyme que la littérature gardera le souvenir de la plus grande poétesse française du début du XXème siècle. Son premier recueil ne paraît toutefois qu'en 1901. "Le coeur innombrable" reçoit un accueil enthousiaste du public et de la critique et lui confère une célébrité qui ne se démentira pas. C'était la révélation d'un talent hors pair, et le brillant début d'une série de livres où s'exprimera harmonieusement un intense amour de la nature, arbres, plantes, et surtout soleil. Cette œuvre, imprégnée du panthéisme le plus ardent, avait exprimé aussi le culte de la jeunesse et des héros avec un sens profond de la mort, la hantise de l'éternel et de l'absolu. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Economie "Un pays comblé de dons par la nature et qui n'a pas su en profiter" Le pétrole, un mauvais souvenir en Roumanie P roduire du pétrole n'est pas nécessairement source d'enrichissement. Le syndrome de l'or noir qui stérilise toute activité économique ne date pas d'aujourd'hui. La Roumanie montre l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire quand le sous-sol regorge de la précieuse matière première comme l'explique dans un article paru dans "Le Monde" Jacques-Marie Voslin, maître de conférences à l'IAE d'Amiens et chercheur au Criisea. La Roumanie est le premier pays à se lancer dans la production de pétrole, dès 1857. L'utilisation de nouvelles techniques de distillation permet de produire du pétrole lampant, alors employé à l'éclairage public. Dès lors, les puits ne cessent de se multiplier, transformant les Carpates en un nouvel eldorado. Mais les capitaux locaux manquent cruellement, et les infrastructures restent rudimentaires. A partir de 1864, les étrangers investissent massivement dans les champs pétrolifères roumains. Les capitaux anglais, français, américains et allemands permettent de hisser la Roumanie au sixième rang mondial des pays producteurs de pétrole à la fin du XIX siècle. Toutefois le pays ne profite pas de l'aubaine: à la veille de la première guerre mondiale, plus de neuf investissements sur dix sont réalisés par des compagnies étrangères. Déjà les dégâts de la corruption, voici un siècle Cette manne échappe à l'Etat; pire, le système fiscal défaillant et la corruption gangrènent les finances publiques. La dette s'accroît inéluctablement. Le pétrole (notre photo: les premiers derricks), les céréales, la position stratégique et la francophilie de la Roumanie conduisent opportunément la France à s'intéresser au pays entre les deux guerres. La Roumanie est alors présentée sous ses plus beaux atours; un journaliste de "La Vie financière" la décrit ainsi comme un "pays comblé de dons par la nature (...), heureusement riche des produits que se dispute le monde : Le blé et le pétrole". Il est vrai qu'au cours des années 1920 son économie connaît un essor important, avec une production croissante de pétrole ainsi que le développement de l'industrie sidérurgique. Mais c'est faire fi des problèmes structurels du pays. La Roumanie reste profondément agricole, 80 % de la population est rurale. La première guerre mondiale a aussi profondément désorganisé le pays. Les besoins sont considérables et les dettes endémiques; la monnaie reste fragile. C'est alors que la Roumanie décide de se tourner vers la France. Un premier emprunt est émis le 12 février 1929, quelques mois avant le krach de la Bourse de New York. La majeure partie de cette rentrée financière est destinée au remboursement des dettes précédentes, ainsi qu'à des dépenses militaires. Cet emprunt sera sans effet sur les infrastructures, et donc sur le développement du pays. Qui plus est, la crise des années 1930 ruine l'économie roumaine. En trois ans, le prix des produits agricoles baisse de 50%, celui du pétrole de 60 %. Les recettes d'exportation ne suffisent plus à régler la dette. Emprunt roumain de 1929: les créanciers français spoliés comme en Russie La conséquence de cette situation est détaillée par l'universitaire Loredana Ureche-Rangau dans son ouvrage Dette souveraine en crise (publications de La Sorbonne, 2008). La Roumanie décide de faire défaut le 15 août 1933, laissant de nombreux créanciers français avec un goût amer, après le précédent de la Russie. Par la suite, les intérêts ne seront réglés que pendant une courte période, après le rachat des redevances pétrolières par une entreprise française. La chercheuse explique dans son ouvrage comment les nombreuses tentatives de rééchelonnement de la dette resteront lettre morte. Les intérêts français dans le pétrole roumain passeront peu de temps après dans l'escarcelle des Allemands, au cours de la seconde guerre mondiale. Finalement, l'emprunt, qui ne versait plus d'intérêts, sera remboursé pour une somme symbolique à la suite d'un traité de 1959. La Roumanie a tellement puisé dans ses réserves que sa production de pétrole ne suffit plus à couvrir ses besoins dès 1976. Funeste gâchis. Jacques-Marie Voslin Gisement de gaz découvert près de Roman L a compagnie roumaine Romgaz a découvert un nouveau gisement de gaz naturel dont les réserves s'élèveraient à 200 000 m3/jour, près de la ville de Roman (nord- est), suite à un programme intense d'exploration amorcé en 2006 sur huit périmètres, et qui a conduit l'année dernière à la découverte de sept gisements. Romgaz, dont l'Etat est l'actionnaire majoritaire, est le plus important producteur et fournisseur de gaz naturel de Roumanie, ocupant 41,2% du marché intérieur. En 2007, sa production a été supérieure à cinq milliards de m3 de gaz méthane ; son budget d'investissements pour 2008 était de 300 M€. Un tiers des "crash test " de Renault en Roumanie U n centre d'essai va être installé à Titu par Renault-Dacia et son usine de Pitesti doit réaliser dès cette année un tiers des "crash test" (150 sur 450) de l'ensemble de la gamme Renault. La logique est financière : il faut compter 18 000 € pour réaliser un crash test en France et seulement 6 000 € en Roumanie. 17 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Economie l SATU MARE l BAIA MARE l SUCEAVA l ARAD l l ORADEA CLUJ l l TARGU MURES l IASI CHISINAU l BACAU l BRASOV SAVÂRSIN GALATI l l TIMISOARA SINAIA l PITESTI l l l PLOIESTI TULCEA n l l CONSTANTA BUCAREST l CRAIOVA Les chiffres 18 Près de huit millions de passagers aériens en 2007 Population : 21 542 000 habitants Superficie : 238 391 km 2 PIB estimé pour 2008 : 132 milliards d'euros (+5,8 %) PIB/habitant : 6000 € Production industrielle : + 5,4 % Taux d'inflation annuel : + 8,6 % Chômage (chiffre officiel) : 4,2 % Salaire moyen net : 320 € (+ 23,2 %) -Le plus élevé (finances) : 966 € -Le plus faible (bois) : 181 € Salaire minimum net : 137 € (employés), 274 € (cadres) Retraite mensuelle moyenne : 150 €, agriculteurs : 60 € Espérance de vie (hommes/femmes): 68-75 ans Moldavie : Population : 3 833 000 habitants Superficie : 33 700 km 2 PIB : 3,4 milliards d'euros (+ 4 %) PIB/habitant : 880 € Salaire moyen : 80 € Chômage (chiffre officiel) : 8 % Espérance de vie (hommes/femmes): 62-70 ans Population adulte émigrée : 25 % Très cher village français Le village français, l'un des quartiers résidentiel les plus huppé du nord de la capitale, qui s'étend sur 1,6 ha, a été cédé par l'homme d'affaires Costica Costanda au Grec Raptis Kavouras, spécialiste de l'immobilier, pour la coquette somme de 68 millions d'euros. C'est le cabinet notarial de Ioana Tariceanu, la femme du premier ministre, qui a été chargé de mener la transaction, empochant une commission estimée à au moins 400 000 €. E n 2007, le trafic aérien roumain a enregistré 7,8 millions de passagers, en augmentation de 42 % par rapport à l'année précédente. Cette croissance a continué pour les trois premiers mois de 2008 puisqu'elle a atteint le rythme de 47 %. L'augmentation du nombre de compagnies aériennes opérant sur le marché roumain, des vols charters, l'explosion des vols low-cost (prix réduits) -1,8 millions de passagers, soit 20 % du total du trafic, contre 9 % en 2006 - dont les succès s'expliquent par le nombre grandissant de Roumains qui s'expatrient, sont à la base du phénomène. Il faut noter que le trafic intérieur est lui aussi en nette progression du fait de l'inexistence d'autoroutes et du mauvais état des infrastructures du rail, en perpétuels travaux. A savoir Quinze nouveaux malls à Bucarest dans les trois ans Pas moins d'un million de mètres carrés de surface commerciale vont être construits dans la capitale dans les 3 ans à venir. Au total, 15 projets de centres commerciaux - appelés aussi mall - sont en cours dans différents secteurs de Bucarest. L'un des plus important et des plus symbolique va prendre ses quartiers dans la maison de la radio (casa radio) et s'étendra sur une surface de 100.000 m2. Construit sous le régime de Ceausescu, l'édifice, qui se trouve en face de l'hôpital militaire, sur les quais de la Dâmbovita, n'a jamais été terminé. Vuitton, le géant du luxe à Bucarest Le géant du luxe Louis Vuitton (Groupe LVMH) a ouvert son premier magasin à Bucarest début juin. Un million d'euros ont été investis pour ouvrir un magasin de 130 m2 dans le Marriott Hotel. Les produits vendus sont les mêmes que ceux à la disposition des clients fortunés dans les magasins Louis Vuitton de France ou d'Italie. Jolidon distribue sa lingerie féminine en France L'enseigne roumaine Jolidon fabrique et distribue des articles de lingerie (féminin/masculin) sur le créneau moyenne gamme (40 à 55 € pour un ensemble slip + soutien-gorge). Fondée en 1993, juste après la chute du communisme, elle réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros et comp- te 3500 employés. Déployée sur l'Italie et la Roumanie avec 105 boutiques, cette entreprise a fait son apparition sur le marché français depuis un an et compte à ce jour une dizaine de boutiques qu'elle a développées en commission affiliation: un mode de distribution qui correspond bien à ses gammes de produits actualisées en permanence. Les résultats de la filiale française sont prometteurs (environ 5000 €/m2 pour les premières boutiques). L'investissement initial (hors pas de porte) tourne autours de 4500 € à 7500 € par m² pour une boutique de 50 à 70 m2. Quant aux droits d'entrée, il faudra débourser 15 000 € pour acquérir la possibilité de vendre la marque. Energie Selon Eurostat, en 2006, les taux de dépendance énergétique les plus élevés dans l'UE ont été observés à Chypre (102%), à Malte (100%), au Luxembourg (99%) et en Irlande (91%). Les États membres les moins dépendants des importations d'énergie étaient la Pologne (20%), le Royaume-Uni (20%), la République Tchèque (28%) et la Roumanie (29%). Dette extérieure La dette extérieure de la Roumanie a augmenté de 16,6 % au premier semestre 2008, s'élevant désormais à 45 milliards d'euros. Au cours de cette même période, les investissements directs étrangers ont crû de 64 %, atteignant 5 milliards d'euros; à 60 %, il s'agit de capitaux et de bénéfices réinvestis sur place par des entreprises déjà installées. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Universitaire, le British Council et l'Institut des meilleures bibliothèques de Bucarest L’Institut Culturel Français sous influence occidentale 2ème: le British Council (Calea Dorobantilor, n° 14): un fonds de livres substantiel et récent, particulièrement en ce qui concerne les sciences et la culture. Idem pour les livres virtuels. Un endroit idéal pour préparer le fameux Cambridge Certificate, indispensable pour accéder à tous les examens et formations utilisant l'anglais. Champion pour organiser des évènements branchés. Point noir, habituel chez les Britanniques : le coût prohibitif de l'abonnement annuel qui le rend inaccessible à beaucoup de Roumains: 40 € pour les adultes, 28 € pour les scolaires et étudiants. Une politique héritée de l'époque de l'épicière Margaret Thatcher : "Give me back my money" ("Rendez-moi mon argent") et que l'on retrouve Outre-Manche dans les tarifs pratiqués pour visiter les musées. L'élitisme, péché mignon incorrigible des Français 3ème: l'Institut Culturel Français (Boulevardul Dacia, n° 77): une très bonne moyenne ainsi que pour sa bibliothèque; l'abonnement est relativement bon marché par rapport aux autres instituts étrangers; dispose de la meilleure médiathèque, spécialement pour la musique et les films. Le fonds de livres est continuellement actualisé ainsi que la catalogue. Par contre, son site Internet est chaotique: ainsi la médiathèque est présentée sous forme de blog. Péché mignon des Français: les évènements organisés sont souvent élitistes, voire prétentieux, mais c'est une constante que l'on retrouve à travers les autres centres culturels français à l'étranger. 4ème: la Bibliothèque Métropolitaine Mihail Sadoveanu (Strada Tache Ionescu, n° 4): accès totalement gratuit sauf pour les prestations du type photocopie. Dépourvue de salle de lecture. Dispose d'une bibliothèque sonore pour les non-voyants. Peu de livres virtuels. Informatisation en cours mais insuffisante. S'est lancée récemment dans l'organisation d'évènements culturels s'efforçant à ce qu'ils ne soient pas trop superficiels. 5ème: l'Institut Goethe (Henri Coanda, n° 22): tarifs accessibles (de 4 à 7 € par an) ; livres et matériel en allemand; emprunt d'une semaine maximum. Médiathèque bien fournie, mise à jour. Très actif dans l'organisation d'évènements tournés vers les jeunes, de festivals de cinéma, de débats sur des thèmes actuels. 6ème: Institut Cervantes (Bibliothèque Luis Rosales, Marin Serghelescu, n° 12): fonds de livres en espagnol, limité à 20 000 volumes, moins tourné vers la high tech que ses homologues occidentaux. Accès libre pour consulter les ouvrages, abonnement annuel de 15 € pour les emprunter. Organise peu d'évènements mais intéressants. La Bibliothèque Nationale et celle de l'Académie suintent l'ennui 7ème: Bibliothèque nationale (Ghica n° 4): dispose du plus grand fonds de livres avec la Bibliothèque de l'Académie. Nombreuses salles de lecture. Aspect rébarbatif, vieillot, communiste… Le rappel des obligations des lecteurs et du règlement est affiché partout. Accès non autorisé aux moins de 18 ans. Consultation des livres uniquement sur place. Temps d'attente long. Médiathèque basée sur les disques. Manifestations poussiéreuses, décourageantes, académiques. Intéressant pour avoir une idée de "comment c'était avant". 8ème: Bibliothèque de l'Académie (Calea Victoriei, n° 125): son fonds de lecture énorme double, sans justification, celui de la Bibliothèque Nationale. Accès très difficile : les étudiants doivent obtenir un laisser-passer de leur doyen. Salles de lecture convenables pour les spécialistes qui les fréquentent. Organisation d'évènements pour un public restreint. Site Internet inutilisable. 9ème: Bibliothèque pour enfants Ion Creanga (Christian Tell, n° 10): filiale de la Bibliothèque Métropolitaine qui s'efforce de s'adapter aux désiratas des enfants d'aujourd'hui. Fonds de livres divers, peu d'ouvrages étrangers (collection Folio Classique). Activités complémentaires comme un théâtre de marionnettes, une ludothèque surveillée, des ateliers de création. Accès gratuit. 10ème: Bibliothèque Pédagogique (Zalomit, n° 12): une bibliothèque intéressante avec un fonds de 450 000 livres, le meilleur pour les disciplines théoriques comme les sciences sociales. Malheureusement son avenir est incertain car le bâtiment, de style communiste mais avec une salle de lecture aérée, doit être rétrocédé à ses anciens propriétaires. Accès payant. La revue "Europe Unie" se penche sur les transformations du continent D irigée par Michel Labori, universitaire lillois, docteur en sciences économiques et président du Mouvement européen Nord, "L'Europe Unie" publie son second numéro consacré aux grands problèmes européens, accordant une attention parti- culière à la Roumanie. Au sommaire de la revue que l'on peut consulter sur Internet, sur le site www.prodifmultimedia.com: - l'élargissement de l'UE et ses implications géopolitiques et économiques - A propos des évolutions économiques actuelles dans l'Europe: mondia- lisation, politique agricole commune, développement rural et environnement - aspects de la gouvernance de l'UE: gouvernement électronique, lobbys, subsidiarité - les défis du XXIème siècle: sécurité et énergie, éducation européenne. 47 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Livres SATUMARE l ORADEA l l SUCEAVA TARGU MURES CLUJ l ARAD BRASOV l IASI l GALATI l TIMISOARA L'accès à la lecture l ADJUD l l l TG. JIU PITESTI l l l BRAILA l CRAIOVA l n l l TULCEA CONSTANTA BUCAREST l CARACAL CALAFAT (suite de la page 44) Le samedi matin, j'étais dans le bassin dès 6 heures pour une séance de préparation de trois heures et demie. Après, j'avais carte blanche jusqu'au lundi matin pour aller me changer les idées". Camelia, fille à la fois équilibrée et intelligente, ne regrette qu'une chose: "J'aurais dû venir en France beaucoup plus tôt. Philippe est exigeant, mais uniquement pour le travail. Avec lui, j'ai fait des progrès formidables". Des arrières assurés 46 La Bibliothèque Centrale Culturel Français au hit-parade La Roumaine de Braila nourrissait pourtant beaucoup d'espoir, avec une préparation toute en progression, pensant être à l'heure pour le rendezvous chinois: une médaille d'argent et deux de bronze aux championnats d'Europe, en mars, un titre de vicechampionne du monde du 400 mètres nage libre à Manchester, en avril. Mais voilà… il fallait compter avec "la jeunesse" qui n'a aucune considération pour les anciens. Après avoir passé plus de la moitié de sa vie dans l'eau - son père lui avait appris à nager dans le Danube quand elle avait cinq ans - Camelia Potec, qui a une peur bleue de la mer, des méduses et des algues, va retrouver un rythme de vie plus ordinaire. Des clubs lui ont fait des propositions pour devenir à son tour entraîneur, mais elle envisage aussi de faire carrière dans le tourisme. De toutes façons, la jeune femme, très mature, a su préparer ses arrières et est déjà à la tête d'une petite fortune, fruit de tous ses succès antérieurs: deux appartements, un à Bucarest, un autre à Braila, deux maisons à Corbeanca, banlieue nord résidentielle de la capitale, un terrain à la montagne… et une voiture de sports. B ien plus que les Français, les Roumains sont amateurs de lecture et, au vu du prix des livres depuis la "Révolution" ou de la difficulté de s'en procurer venant de l'étranger auparavant, sont devenus de véritables rats de bibliothèques, fréquentant également les centres culturels étrangers présents dans les grandes villes. "Romania Libera" ("La Roumanie Libre") a fait le point sur ce phénomène à Bucarest, constatant des changements fondamentaux dans la diffusion de la culture, sous l'influence occidentale. Aujourd'hui, les bibliothèques sont devenues médiathèques. On y trouve non seulement des livres, mais des CD de musique, des films. Elles organisent aussi des évènements culturels et artistiques. Le quotidien relève que le British Council est à la pointe de cette tendance d'ouverture sur les formes de culture alternatives, urbaines, tournées vers les jeunes. A l'inverse, le centre d'études américaines est qualifié d'institution quasi-militaire, "d'accès aussi difficile que l'aéroport Kennedy", n'organisant que des évènements ennuyeux, tournés vers les questions politiques, alors que le centre culturel français se caractérise toujours par son côté élitiste. Toutes ces institutions ont à affronter le même problème: l'espace restreint dont elles disposent qui les empêchent de stocker des fonds importants de livres. La convivialité à la place du cadre poussiéreux communiste "Romania Libera" souligne l'effort entrepris par la Bibliothèque Centrale Universitaire de Bucarest (notre photo), dont le concept a changé, empruntant peu à peu le modèle occidental pour devenir plus conviviale, une voie choisie aussi par une autre institution roumaine, la Bibliothèque Métropolitaine d'Amzei, quoique plus timidement. A l'opposé, la Bibliothèque de l'Académie offre toujours le même cadre communiste, poussiéreux, rébarbatif, restreignant par des mesures bureaucratiques l'accès des étudiants à son fond impressionnant de livres. Le journal a entrepris d'évaluer tous ces établissements, étrangers ou roumains, en se basant sur cinq critères : leur fonds de livres, sa diversité, l'ambiance des lieux, les évènements organisés, l'informatisation, ce qui donne le classement suivant : Avec les Anglais, la culture a toujours un prix 1ère : la Bibliothèque Centrale Universitaire (Strada Boteanu, n° 1): la BCU obtient la meilleure moyenne grâce à tous les services offerts, avec ses abonnements bon marché, gratuits pour les étudiants, un accès sans restriction à des services de qualité. Hérité du communisme, le bâtiment a été rénové, dispose d'un ascenseur et d'une cafétéria à prix étudiant. La salle de lecture est lumineuse, aérée, garantissant en même temps l'intimité pour lire tranquillement sans avoir à subir le regard des voisins. La BCU dispose d'un fonds de livres roumains gigantesque et agrandit de façon substantielle, année après année, celui des livres étrangers. Ses services sont totalement informatisés, professionnalisés et le temps d'attente pour obtenir un livre n'excède pas 20 minutes. Seuls bémols : le fonds de livres étrangers que l'on peut emprunter est limité et les évènements culturels un peu "vieux jeu", trop universitaires. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE L'activité des brasseurs menacée par la mondialisation Economie Les petits producteurs de bière ont la pression S era-t-il encore possible de boire une bière traditionnelle en Roumanie dans dix ans ? Rien n'est moins sûr, car les petits producteurs s'attendent à vivre des jours difficiles face à la concurrence des grandes multinationales. Et l'Etat roumain n'envisage nullement d'apporter un soutien à ces sociétés, comme en Allemagne ou en Angleterre. Paradoxalement, les Roumains boivent de plus en plus de bière... ainsi que l'a constaté Liviu Florea du journal “Curierul National” dans un article traduit par Ramona Delcea et paru dans lepetitjournal.com. Quinze brasseurs indépendants veau projet de loi qui permettrait d'attribuer des aides financières aux petites et moyennes entreprises (PME) de l'industrie de la bière. Cette annonce vient quelques mois après le rejet par les députés d'une loi similaire, en juin 2007. Celle-ci avait été adoptée dans un premier temps par le Sénat et par le Parlement et avait été ensuite envoyée au Président pour qu'il la promulgue le 30 novembre 2006. Cependant, Traian Basescu a demandé le réexamen du dossier et a accusé les parlementaires de "faire des lois pour les délinquants". La loi a été rejetée définitivement début juin, avec 124 voix contre 51, le Parlement ayant le dernier mot dans ce genre de cas. La version initiale prévoyait l'exemption pour les PME des obligations fiscales arriérées au 31 décembre 2003, ainsi que des intérêts afférents. Ces derniers représentent l'impôt sur le profit et la TVA que les PME de l'industrie de la bière ont accumulés. "Les producteurs indépendants de bières en Roumanie pourraient être obligées de fermer leurs portes d'ici quelques années", a déclaré Vifor Versescu, directeur général du L'État grand perdant Patronat des sociétés Les importantes brasseries de Timisoara fabriquaient indépendantes de bière Victor Versescu considère que le une bière réputée dans tout le pays (ici, à la fin du XIXème siècle). de Roumanie (PSIPBR). premier perdant de la fermeture éven"À cause du manque d'implication des autorités roumaines, les tuelle de ces petits producteurs indépendants serait l'État luientreprises productrices de bière pourraient être vouées à la même. "Tout d'abord, les entreprises indépendantes disposent faillite dans les deux ou trois prochaines années. Les entrede plus de force de travail que les multinationales, ce qui se prises importantes comme Bere Martens Galati, Bere Mures traduit par des impôts et des taxes plus substantiels versés à ou Bere Azuga pourront survivre mais tous les petits producl'État. Les budgets locaux reçoivent des suppléments qui vont teurs devront faire face à de gros problèmes à l'avenir". jusqu'à 100 milliards d'anciens lei (environ 3 millions euros) Vifor Versecu évoque aussi la bataille qui se mène actuelpar an, des sommes qui proviennent de l'activité des entrelement entre globalisation et traditionalisme au sein prises productrices de bière. de l'industrie mondiale de la bière. "Dans d'autres Ensuite, ces producteurs utilisent pays de l'Union Européenne, cette tendance à la glode la matière première d'origine balisation a frappé tous les marchés, y compris les roumaine", explique le directeur de marché traditionnels de la bière, mais les effets ne la PSIPBR. sont pas si évidents que ça. Par exemple, en Les investissements des sociéAllemagne, il y a environ 1.200 producteurs indépentés productrices de bière sur l'année dants de bière, en Angleterre environ 500. Les autori2007 se sont élevés à environ 80 tés de ces pays se sont considérablement impliquées millions d'euros grâce à des prêts pour aider les petits producteurs, ce qui les a sauvés. bancaires, ce qui a porté leur proEn Roumanie, les autorités n'ont pas du tout la même duction de bière à environ 3 milapproche, même si le nombre de producteurs roulions d'hectolitres, soit 500.000 mains est nettement inférieur : nous avons seulement hectolitres de plus qu'en 2006. 15 producteurs indépendants de bière. 10 sociétés sur Tous ces aspects doivent être les 15 mentionnées ont une capacité de production considérés dans le contexte de la annuelle inférieure à 200.000 hectolitres, les 5 autres consommation de bière en produisent plus. La plus importante est Bere Mures ", Roumanie, qui a tendance à auga conclut le président de la PSIPBR. menter. La consommation devrait “Délicieuse, sympa, du charme... Elle est la plus appréciée atteindre 92-93 litres de bière par dans les soirées ou après le dîner”. habitant à la fin de cette année, la Une nouvelle "loi sur la bière" ? même consommation qu'en Hongrie et 20 litres plus qu'en Bulgarie". Liviu Florea Des sources provenant de l'industrie roumaine de bière ont (traduit par Ramona Delcea, lepetitjournal.com) déclaré que les petits producteurs de bière préparent un nou- 19 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Economie l SATU MARE l ARAD TARGU MURES BACAU l l l l l TIMISOARA l IASI l HUNEDOARA BRAILA BRASOV l TULCEA l PITESTI l n l CRAIOVA BUCAREST CALARASI l l CONSTANTA Plus qu'une seule usine 20 Le drame d'Athènes s'est répété à Pékin l SF. GHEORGHE l Le gymnaste Marian Dragulescu ne sera jamais champion olympique J. O. Pékin Adieu Carpati, Marasesti, Snagov ! SUCEAVA ORADEA La production de cigarettes roumaines s'est effondrée en moins de dix ans Société Les NOUVELLES de ROUMANIE A l'heure actuelle, une seule grande usine produit encore des cigarettes roumaines, celle de Sfantu Gheorghe (centre). Les autres, celles de Bucuresti, Timisoara, lasi, Râmnicu Sarat et Targu-Jiu sont fermées. En 1990, toutes les unités de production, y compris huit unités de fermentation, six fabriques de cigarettes, une station de recherche et une usine de pièces détachées avaient été réunies au sein de la Régie autonome du tabac, Cet organisme a fonctionné jusqu'en 1997, quand il s'est mué en Société nationale du tabac roumain (SNTR), à capital d'Etat. Après s'être endettée de 40 millions de euros, la SNTR a été privatisée en 2000. La procédure fut particulièrement contestée. Le gagnant, Interagro S.A., avait emporté près de 54% des actions, mais les dettes se sont élevées en trois ans à 89 millions de euros. Elles n'ont jamais été honorées. Lors d'une troisième tentative de privatisation en 2004, le consortium Tobacco, formé de CTS (Italie) et Galaxy Energy International (Iles Vierges), a avalé 56,4% de la SNTR. Actuellement, la compagnie s'appelle Galaxy Tobacco. Elle emploie quelque 500 salariés, trois fois moins qu'en 2000. Elle est la dernière à produire du tabac roumain. S i les Roumains restent des fumeurs invétérés, les cigarettes nationales, Snagov ou Carpati, semblent irrémédiablement condamnées par la concurrence anglo-américaine. Dans un article du mensuel francophone "Regard", que nous reprenons ci-dessous, Florentina Ciuverca dresse la nécrologie d'un pan de la vie économique roumaine qui part en fumée. "Une Carpati, Marasesti ou Snagov contient beaucoup de nicotine, mais aussi de nostalgie. "Comme elles étaient fortes !", se souviennent les vieux fumeurs roumains, qui ont presque oublié l'arôme du tabac national. Après la révolution, dans les années 1990, les viriles cigarettes roumaines n'ont pas résisté à la concurrence du tabac d'importation, plus raffiné. Petit à petit, les paquets étrangers ont remplacé les marques locales chez les "accros". Pourtant les Roumains restent de grands fumeurs. Une récente étude montre que les cigarettes occupaient en 2006 la première place dans un top des ventes des biens de consommation: 1,22 milliard d'euros pour 45000 tonnes de cigarettes écoulées dans l'année. Soit l'équivalent de la somme totale dépensé pour les jus de fruits, l'eau minérale et la bière rassemblés! Cela n'a pas empêché les cultivateurs de tabac et les fabricants de faire faillite. G hinion ! Ghinion ! Ghinion !"… "La poisse !" : Marian Dragulescu, 27 ans, n'avait que ce mot à la bouche après avoir chuté à la réception de son deuxième et dernier saut, lors de la finale de l'épreuve du saut de cheval, ce qui le fit rétrograder à la quatrième place. Le gymnaste avait réalisé un premier saut presque parfait qui l'avait placé nettement en tête du concours. Prudent, il avait choisi de ne pas exécuter sa spécialité, "le Dragulescu", célèbre dans l'univers de la gymnastique pour sa difficulté, afin de s'assurer cette médaille en or qui lui avait filé sous le nez à Athènes… pour la même raison. Toutefois, aux JO de 2004, après avoir obtenu un fabuleux 9,9 au premier saut, le Roumain avait quand même décroché l'argent malgré sa chute au second et aidé son pays à obtenir le bronze par équipe. De l'or indispensable pour faire opérer sa fillette A Pékin, celui qui a été aussi deux fois champions du monde de la spécialité à Melbourne en 2005 et à Aarhus (Danemark) en 2006 est reparti bredouille, digne malgré son 3700 tonnes de cigarettes produites l'an passé contre 25 000 en 1997 La production a diminué proportionnellement aux dettes de la Société nationale du Tabac Roumain (SNTR), à capital d'Etat. Brutalement, les paquets de Bucegi, Dada, Doina ou Coloana ont disparu de la circulation. La marque la plus populaire reste Carpati, équivalent roumain de la Gauloise française. Un rapport de 1997 du ministère de l'Agriculture montre qu'on produisait alors 25000 tonnes de cigarettes, dont 17000 de Carpati. En 2006, la production était tombée à 3700 tonnes. C'est surtout la concurrence qui a causé la chute des cigarettes roumaines. Des firmes telles que British American Tobacco, Phillip Morris et JT International ont investi le marché. D'autres comme BAT et Reynolds étaient déjà sur place. Récemment, Gallaher, cinquième compagnie mondiale et déjà présente dans plus de 60 pays, a fait son apparition. "Les multinationales préfèrent le tabac d'Amérique du Sud, d'Afrique ou d'ailleurs, parce qu'il est moins cher que le roumain", résume Paula Craioveanu, conseillère au ministère de l'Agriculture. "Leur attitude est uniquement dirigée par des intérêts commerciaux. En ce qui concerne la qualité de notre tabac, que ces firmes considèrent comme inférieure, il existe des solutions. Un partenariat cultivateur-producteur résoudrait le problème". La conseillère réclame par ailleurs un peu de "bienveillance" de la part de ces compagnies. Elle évoque aussi les taxes très élevées sur le tabac roumain, alors que les voisins jeunes adhérents de l'UE n'ont pas forcément appliqué la fiscalité européenne et ont maintenu leur activité de tabaculture. Andreea Tartacan, directrice commerciale de Galaxy Tobacco, ajoute, pessimiste, que "les exploitations de tabac diminuent chaque année en raison du manque de profit". Le groupe essaye maintenant de se profiler sur les cigarettes "biologiques". Les producteurs réclament enfin l'arrêt de la contrebande en provenance de République de Moldavie et d'Ukraine. Des cigarettes sans filtre, similaires aux Carpati ou aux Marasesti, s'achèteraient en effet bien moins cher près des frontières... " Florentina Ciuverca immense désillusion. Cet or qu'il n'aura jamais car à 27 ans, l'heure de la retraite a sonné depuis longtemps pour les gymnastes, Marian Dragulescu le voulait pour une raison extra-sportive qui prend une dimension de drame. Alors qu'il pensait mettre un terme à sa carrière voici deux ans, il avait décidé de continuer l'entraînement quand les médecins avaient découvert que sa fillette Béatrice souffrait d'hypoacousie bilatérale, une malformation la rendant sourde. Aujourd'hui âgée de trois ans, l'enfant devait être opérée sans tarder, cette infirmité risquant de devenir définitive. Rendez-vous avait été pris pour une intervention à l'automne dans une clinique de Vienne, dont le coût était estimé à 40 000 €. Marian Dragulescu n'avait pas le choix: il devait impérativement remporter la médaille d'or à Pékin et les 100 000 € qu'elle rapporte. Devenue consul honoraire de la Roumanie 45 aux USA, Nadia Comaneci a “bien” grandi E n 1976, aux Jeux Olympiques de Montréal, elle avait 14 ans, cas de figure qu'on ne peut plus voir de nos jours, l'inscription aux J.O. étant réservée aux majeurs de 16 ans. Et elle a bouleversé la planète sport, au point d'être élue "meilleure gymnaste du siècle" en 1999, et "meilleure athlète féminine du siècle". "Elle", c'est la petite fée roumaine Nadia Comaneci, qui avait raflé, obtenant sept fois la note parfaite de 10,3 médailles d'or aux J.O. de 1976, à Montréal. C'est la première fois dans l'histoire des Olympiades que le "10 parfait" était attribué à un athlète, à tel point que les juges furent obligés d'inscrire 1.0, les tableaux de notation ne permettant pas d'écrire 10.0 ! Si durant sa carrière, entre 1975 et 1981, la Roumaine (qui a désormais également la nationalité américaine) a collectionné les récompenses, s'adjugeant 9 médailles olympiques dont 5 en or, ainsi que 2 titres mondiaux et 9 titres européens, ne croyez pas qu'elle se repose sur ses lauriers ! Installée depuis longtemps à Norman en Oklahoma avec son époux l'ancien gymnaste Bart Conner, avec qui elle a eu le 3 juin 2006, à 45 ans, son premier enfant (prénommé Dylan-Paul), Nadia Comaneci multiplie les activités. Outre ses apparitions plus ou moins heureuses dans des talk-shows télévisés, à la faveur de sa notoriété, elle est engagée sur de nombreux fronts: "entre les contrats de sponsors, les discours de motivation, ma Fondation et ma vie familiale, je n'ai vraiment pas le temps de m'ennuyer", résume-t-elle. Et elle est allée à Pékin pour faire des commentaires pour Televisa, une chaîne mexicaine. Elle revient régulièrement à Bucarest, où elle a créé fin 2007 la Fondation Comaneci, qui soutient les jeunes sportifs roumains, et finance cette année la construction d'une polyclinique où "des orphelins et enfants de familles démunies pourront être soignés mais aussi apprendre l'anglais, étudier, être nourris". "Ces enfants méritent une meilleure vie", proclame-t-elle. Un beau geste pour la capitale roumaine, dont elle avait dû s'exiler un mois avant la Révolution de 1989. Et, si elle fut la toute première athlète invitée à s'exprimer à l'ONU, en 1999, et a le titre de consul honoraire de Roumanie aux Etats-Unis, ne pensez pas la voir un jour suivre l'exemple d'autres grands champions et s'engager en politique : "Je veux bien faire des choses pour la Roumanie”, concède-t-elle, "mais pas à travers la politique", rajoutet-elle, prudente. Pour ceux qui souhaitent découvrir ou re-découvrir l'incroyable destin de la gymnaste, sachez qu'un film lui a été consacré, en 1984 : Nadia, d'Alan Cooke. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE J. O. Pékin l BAIA MARE l SUCEAVA l l SIGHET IASI ORADEA ARAD l l l TARGU MURES A. IULIA l TIMISOARA BRASOV CRAIOVA l l l l l TULCEA n BUCAREST "Parmi les jeunes qui vivent dans les rues certains ont la capacité de monter une affaire " Social Muhamad Yunus prix Nobel de la Paix Micro-crédit : l'idée du "banquier des pauvres" reprise en Roumanie CONSTANTA l Pas de “potion magique” Lucas pour Camelia Potec 44 L'honneur sauf de la gymnastique roumaine BACAU GALATI l PITESTI l Sandra Izbasa perpétue la tradition en remportant l'or aux exercices au sol Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE La championne olympique d'Athènes sur 200 mètres dos voulait terminer sa carrière sur une autre médaille d'or. C'est raté ! Camelia Potec a terminé respectivement 6ème, 5ème, et 4ème des trois finales qu'elle a disputées, manquant pour quelques centièmes de seconde la médaille de bronze du 800 mètres nage libre. A 26 ans, profitant du "divorce" de Philippe Lucas avec sa protégée Laure Manaudou qu'il avait fabriquée, la très jolie ondine roumaine avait pourtant rejoint quelques mois avant Pékin, le célèbre entraîneur du Canet en Roussillon avec l'ambition de décrocher un dernier trophée et de tourner ainsi définitivement la page de la compétition. "Là-bas, j'aurais enfin une préparation digne ce nom" avaitelle confié avant son départ dans le sud de la France, ajoutant : "En Roumanie, nous n'avons pas de programme de repos, de repas réguliers et équilibrés ". En France, elle a été servie: "Tout était extrêmement strict: entraînement, repas, sommeil… et entraînement. En semaine, je n'avais aucun moment de liberté et j'effectuais deux entraînements chaque jour.” (lire la suite p. 46) S acrée championne olympique au sol, Sandra Izbasa a sauvé l'honneur de la gymnastique roumaine, en lui apportant son seul titre de la compétition et perpétuant aussi sa tradition à cet agrès, établie par Nadia Comaneci en 1980 à Moscou. La Bucarestoise est devenue en effet à 18 ans la sixième médaillée d'or de cet exercice de son pays, après la légende Comaneci, Ecaterina Szabo à Los Angeles (1984), Daniela Silivas à Séoul (1988), Lavinia Milosovici à Barcelone (1992) et Calina Ponor à Athènes (2004), Simona Amanar n'ayant obtenu "que" la médaille d'argent à Atlanta (1996) et de bronze à Sydney (2000). Comme elle l'affectionne, la jeune gymnaste, déjà championne d'Europe et qui pratique ce sport depuis l'âge de quatre ans, était passée la dernière dans le concours, grâce aux évolutions constamment bonnes des qualifications, ce qui lui permettait de jauger ses concurrentes, dont ses deux suivantes, les Américaines Shawn Johnson et Anastasia Lukin. Sandra avait une seule idée en tête: réaliser son exercice tel qu'il a été conçu et répété depuis des années avec son entraîneur principal Nicolae Forminte. La précision et la détermination de la Roumaine ont été évidentes dès la première diagonale acrobatique. Évoluant sur une musique grecque avec grâce et avec force, combinaison de l'école roumaine de gymnastique, elle a conservé sans contestation possible le titre olympique au sol de son pays, avec une note de 15,650 points. Sandra Izbasa était aux anges après sa performance qui lui a valu à un coup de téléphone immédiat du président Basescu, lui confiant "combien, elle l'avait rendu fier d'être Roumain". La jeune fille, qui n'a pas caché qu'elle tremblait de tous ses membres avant sa dernière prestation, lui a promis de "concourir pendant encore mille ans, si elle gardait la forme"! Son entraîneur, ravi certes, était cependant moins enthousiaste en évoquant l'avenir : "Nous avons de moins en moins de champions et c'est un problème de fond pour la gymnastique roumaine" a-t-il regretté. Seule fausse note à ce succès, le commentaire dans la presse d'Outre-Atlantique de Bela Karoly, l'ancien et célèbre entraîneur de Nadia Comaneci puis de l'équipe olympique des USA où il vit depuis plus de vingt ans, sur sa petite ex-compatriote qui a eu le toupet de devancer deux Américaines : "Sa note a été surévaluée… mais les Roumains ont toujours été les champions des combines d'arbitrage". "Qui connaît encore Bela Karoly?" lui a répondu sur le mode ironique Nicolae Forminte, s'adressant à des journalistes roumains… Sandra Izbasa apportant son grain de sel en rajoutant par-dessus son épaule: "un illustre inconnu" ! Rugby : disparition brutale du sélectionneur national L 'ancien rugbyman et entraîneur du Stade Toulousain, actuellement entraîneur der Blagnac, Daniel Santamans, 49 ans, est décédé samedi 26 juillet, victime d'un malaise cardiaque. Tout juste revenu de l'enterrement de sa mère en Roumanie, l'ancien talonneur, champion de France 1985 et 1986 comme joueur et 2001 comme entraîneur, s'est écroulé dans sa maison de Cugnaux. Une fin tragique pour un éducateur confirmé, également sélectionneur de la Roumanie lors de la dernière Coupe du monde de rugby en France. Daniel Santamans avait la double nationalité franco-roumaine. L e Centre de ressource pour le développement de l'économie sociale (APEL), présidé par Franco Aloisio, a été l'organisateur d'une conférence nationale sur le micro-crédit social qui s'est déroulée à la salle Elvire Popesco de l'Institut français de Bucarest. Co-financée par l'ambassade de France en Roumanie, cette rencontre a accueilli plusieurs experts de l'économie sociale "Parmi les jeunes qui vivent dans les rues, certains ont la capacité de monter une affaire (…) L'esprit de base de cette réunion est que les gens en difficulté peuvent devenir une ressource pour la société", a souligné Franco Aloisio, président d'Apel, au commencement de la réunion. Un "esprit de base" partagé par Gilles Sohm, directeur du fonds de pension AG2R, qui a rappelé les principes fondamentaux de l'économie sociale au sein de laquelle s'inscrit le microcrédit: "L'économie sociale, c'est la volonté de concilier l'économique et le social, et de replacer l'homme au coeur de l'activité économique (…) Cette économie sociale a les mêmes exigences que l'économie capitaliste, il faut proposer des services de qualité." A ne pas confondre, et Gilles Sohm insiste, avec l'économie solidaire… "La seule vision caritative est moins porteuse de solutions que l'économie sociale. Il faut savoir créer une alliance dans la société au sens large." En Roumanie, selon la Banque mondiale, le nombre de personnes pauvres, c'est-à-dire vivant avec moins de 3 dollars par jour, a été réduit par trois entre 2000 et 2006, passant sous la barre des 3 millions. "Mais les risques de pauvreté restent très élevés, notamment dans les régions rurales du nord du pays", souligne Cristina Loghin, secrétaire générale de Caritas Roumanie. L'apport d'un crédit n'est pas suffisant Le concept de la émicrofinance est encore jeune, tant en Roumanie qu'au sein de l'Union Européenne. C'est depuis 2005 et la remise du prix Nobel de la Paix à Muhamad Yunus, surnommé "le banquier des pauvres" que l'idée a commencé à mûrir. Le Réseau européen de la Microfinance a désormais un ou plusieurs représentants dans chacun des pays de l'UE. Son directeur, Philippe Guichandut, explique que "l'apport d'un crédit n'est pas suffisant, des services financiers d'accompagnement sont nécessaires, c'est ce qui définit la microfinance". Florica Chereches, directrice de l'association Integra à Bucarest ajoute que "travailler avec des personnes en difficulté présuppose un investissement plus important que le seul fait de prêter de l'argent. Il est très important d'accorder plus de services comme la consultance ou le conseil (…) Le crédit social est plus utile que le crédit simple car il est centré sur l'insertion sociale, le développement et la crédibilité des bénéficiaires, un vrai transfert de connaissances s'effectue". Jusqu'à 25 000 euros "Pour la Roumanie, le besoin de microfinancement est estimé en 2007 à environ 800 millions d'euros (…) Ici les vrais financeurs de la microfinance sont surtout 25 instituts et ONG non-bancaires qui offrent des services financiers non-formels. Ils se trouvent surtout en Transylvanie et à Bucarest" explique Maria Doiciu, représentante en Roumanie du Réseau européen de la Microfinance. Même si quelques banques comme la BRD-Société Générale offrent aussi des micro-crédits sociaux de façon parallèle. Selon une loi adoptée en Roumanie en 2005, les microcrédits peuvent aller jusqu'à 25.000 euros mais des prêts plus larges sont en discussion. Car comme dans le reste de l'Union Européenne, 90% des entreprises en Roumanie sont des micro-entreprises. Et la demande ne cesse de croître. "Les pertes du secteur sont minimes, moins de 1%. Pour la plupart des financés, payer son prêt est une question d'honneur" ajoute Maria Doiciu. Mais qui sont-ils ? "Nos clients sont en général des petites entreprises familiales du milieu rural ou des femmes en difficulté", affirme Florica Chereches. Constat partagé par Mircea Onita, directeur général du Centre de développement économique: "Nous travaillons surtout dans le domaine agricole, et il est vrai que la catégorie des femmes est bien représentée dans les financements que nous accordons." Laurent Couderc (www.lepetitjournal.com - Bucarest) Réévaluation des nouveaux handicapés L a Roumanie comptait 530 000 handicapés physiques ou invalides en avril dernier contre 430 000 en 2007. Devant cette augmentation de près de 25 % en un an, la secrétaire d'Etat auprès du ministère du travail a décidé de faire réévaluer tous les nouveaux cas ainsi que les degrés d'incapacité accordés, suspectant abus et corruption. Sur 11 500 dossiers réexaminés dernièrement, 2300 se sont avérés frauduleux. La Sécurité sociale (CNAS) dépense 110 M€ chaque année pour cette catégorie de la population qui reçoit une indemnité mensuelle, bénéficie de déductions d'impôts, de la gratuité des transports, de crédits gratuits et de traitements sanitaires adaptés. En outre il a été observé de manière fréquente que les faux handicapés ont des problèmes sérieux d'intégration sociale et psychologiques. 21 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Lors de Brest 2008 le Mircea a retrouvé ses sauveteurs Evéneménts SUCEAVA l ORADEA BAIA MARE l l ARAD l IASI SIBIU BACAU l CLUJ l l l TARGU MURES l l l FAGARAS l TIMISOARA BRASOV PITESTI CRAIOVA l l l GALATI PLOIESTI n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Les basketteuses roumaines discriminées en France et en Italie 22 Les basketteuses juniors roumaines ont été victimes de discrimination à l'occasion de deux tournois disputés en juin en France et en Italie, a déclaré Carmen Tocala, la présidente de la Fédération roumaine de basket (FRB). Selon elle, l'équipe roumaine fut la seule à être hébergée par des familles roumaines, là où les autres équipes étaient placées à l'hôtel par les organisateurs d'un tournoi amical dans les environs de Lille. Ces derniers auraient voulu éviter ainsi d'éventuels incidents qui auraient pu intervenir si la présence de l'équipe roumaine dans un hôtel de la ville avait attiré l'attention de compatriotes résidant dans la région, a-t-elle expliqué. Les magasins ferment en apercevant le sigle “Roumanie” Toujours selon ses dires, le traitement n'a pas été meilleur lors d'un séjour à Naples. "On a toujours eu des problèmes en Italie", a-t-elle affirmé, assurant que "les magasins fermaient en apercevant le sigle Roumanie sur l'équipement des joueuses", que "les filles étaient huées à l'entrée sur le terrain" et "n'étaient applaudies que lorsqu'elles perdaient face à l'équipe locale". Carmen Tocola a décidé d'informer par écrit le ministère des Affaires étrangères, estimant "qu'il faut faire quelque chose pour améliorer l'image des Roumains à l'étranger". F ierté de la marine roumaine, le trois mâts "Mircea" a participé aux fêtes maritimes de Brest 2008, à la mi-juillet (notre photo). Les sauveteurs français venus à son aide en 1965 ont été accueillis à son bord. Le grand voilier école blanc avait fière allure avec ses hommes d'équipage hissés dans la mâture, lorsqu'il a fait son entrée dans la rade brestoise. Construit à Hambourg, en Allemagne, par les chantiers Blohm und Voss, ce trois mâts barque en acier fut lancé en 1939. Long de 83 mètres, il sert de bateau école à la fois à la marine marchande et à la marine militaire. Le voilier embarque un équipage de 90 marins et de 120 cadets (élèves officiers). Tous les marins roumains y sont passés et c'est toujours une grande fierté pour eux d'avoir navigué à son bord. Une statue du voïvode Mircea l'Ancien orne sa proue en hommage à ce souverain roumain du XIVe siècle qui avait réussi à négocier avec les Ottomans un traité garantissant l'indépendance de la Valachie, royaume à l'origine de l'actuelle Roumanie. SOS au large de Sein Lui-même ancien officier de marine, le président roumain Traian Basescu avait adressé une lettre à la fin de l'année dernière à François Cuillandre, le maire de Brest, pour lui confirmer la venue du Mircea "à titre d'ambassadeur de la Roumanie". Cette venue consacrait les liens qui se sont établis entre le Finistère et la Roumanie. Depuis 1993, la ville de Brest est jumelée avec Constantsa, le grand port de la mer Noire. Ce n'était pas la première fois que le Mircea venait à Brest. En 1965, une violente tempête avait mis le bateau roumain en grand danger au large de l'île de Sein alors qu'il revenait d'une campagne en mer Baltique. En panne de moteur, le Mircea dût lancer un SOS le 26 novembre à 22 h 30. Les opérations de sauvetage dureront 40 heures. Le canot de sauvetage de l'île de Sein, le Patron-François-Heruis, se portait immédiatement à son secours. Au lever du jour arrivait le remorqueur Implacable, de la Marine nationale, mais le médecin du bord se blessait grièvement et le bateau devait faire demi-tour. Le remorqueur Rhinocéros prenait alors son relais. Au matin du 28 novembre, après deux jours d'attente, le Rhinocéros réussissait enfin à passer une remorque au Mircea. Le canot Patron-François-Hervis les accompagna jusqu'à Brest pour parer à une rupture éventuelle de la remorque. Le voilier école roumain entrait dans le port de Brest en fin de journée. Olivier Mélennec (Ouest-France) Premier satellite roumain C inquante années juste après "Spoutnik", le premier satellite roumain devrait être lancé le 1er décembre prochain, jour de la fête nationale, à l'aide d'une fusée Vega de l'Agence Spatiale Européenne. Baptisé ironiquement "Goliath", par ses concepteurs, une équipe de jeunes universitaires, il pèse un kilo, a la forme d'un cube de 10 cm de côté et une duré de vie d'un an. Effectuant une révolution autour de la terre en 90 minutes, il est chargé d'une triple mission : détecter les micro-météorites présentes sur son orbite, mesurer les radiations gama autour de lui et prendre des photographies de la Roumanie. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Dita-Tomescu est devenue remporter le marathon olympique encore bien courir à cet âge" Du coup, Turnu Severin la fit citoyenne d'honneur de la ville, mais la capitale s'étant enfin réveillée, son club dut la laisser filer avec regret mais compréhension au Dinamo de Bucarest qui lui offrait des perspectives de carrière autres. Un mari entraîneur de génie et plus jeune de six ans De fait depuis fin 2005, Constantina Dita-Tomescu s'entraîne régulièrement à Boulder (Colorado) dans les montagnes rocheuses, où elle s'est établie en compagnie de son mari et entraîneur, Valeriu Tomescu, de six ans son cadet. Le couple, à la manière de celui formé par la cycliste française Jeannie Longo et son mari, Patrice Ciprelli, fonctionne de manière autonome par rapport à sa fédération nationale. Valeriu, qui termine son master de physiologie aux USA, en attendant d'entreprendre un doctorat, a joué un rôle essentiel dans la victoire de sa femme. Ayant remarqué les dégâts causés par la chaleur lors des JO d'Athènes, il la suivait lors de ses entraînements, veillant à ce que sa température corporelle ne dépasse jamais 39°, seuil à partir duquel le cerveau ne stimule plus les muscles. Pour Pékin, il avait confectionné une veste avec de la glace que Constantina portait pendant son échauffement avant l'épreuve. Peu avant le départ, voyant que le temps s'était subitement rafraîchi, il avait changé de tactique en fonction de la pluie qui s'annonçait, alors que les autres concurrentes restaient préparées pour une course par grande chaleur. Cette stratégie allait s'avérer décisive, tout comme le soutien qu'il apporta à sa femme au long de la course. Venu en simple touriste et à ses frais à Pékin - normalement la Fédération roumaine d'athlétisme et le Comité national olympique devraient les rembourser, après s'être cependant faits tirer l'oreille - Valeriu avait loué une bicyclette pour l'accompagner, lui criant ses directives et encouragements… jusqu'à ce que la police le stoppe, au 27ème kilomètre. Le Roumain avait bien potassé le règlement: rien ne l'interdisait du moment qu'il était de l'autre côté des barrières. De toutes façons, à ce moment là, Constantina DitaTomescu, échappée depuis le 20ème kilomètre, sans provoquer de réaction de la part des autres concurrentes, avait course gagnée. Paula Radcliffe, encore grande favorite mais mal remise d'une fracture de fatigue à un fémur, était lâchée et abandonnait à nouveau. Apprenant l'âge de la Roumaine, la grande championne britannique, bientôt 35 ans, se consolait en prédisant: "Dans quatre ans, à Londres, ce sera mon tour". Sans-doute… mais Constantina Dita-Tomescu n'a peut-être pas encore dit son dernier mot. Médaille d'or à Sydney, Mihai Covaliu se rêvait encore en d'Artagnan à Pékin L e sabreur Mihai Covaliu avait connu la gloire en 2000, à 23 ans, lors des J.O de Sydney, en remportant la finale individuelle du sabre. S'il était passé à côté du titre olympique à Athènes, terminant 7ème, il avait montré l'année suivant qu'on devait toujours compter avec lui en devenant champion du monde à Leipzig. Le Roumain était donc un des favoris de la discipline à Pékin, mais perdant de peu sa demifinale contre le Français Nicolas Lopez, il a dû se contenter du bronze. Rien ne destinait le gamin à l'escrime, sinon de ne pouvoir continuer à jouer au football à la suite d'un accident. La venue d'un recruteur dans son école allait faire basculer son destin. Fier de tenir une épée dans sa main à tout juste 9 ans, il se débrouilla si bien qu'il fut retenu pour rejoindre la pépinière des bretteurs du pays. Ses parents, qui ne pensaient nullement que leur rejeton ferait carrière dans ce sport, étaient ravis pour une toute autre raison : "Tant qu'il est dans la salle à s'entraîner, il n'est pas en train de traîner dans la rue". On aurait pu trouver plus motivant pour un futur champion olympique, mais le petit Mihai, tout de suite séduit par cette discipline, attisa sa passion naissante à travers les romans de mousquetaires qu'il dévorait, d'Artagnan étant devenu son idole. "Je rêvais de manier l'épée comme lui et d'être invincible". Le Roumain y est parvenu en 2000, même si c'est au sabre. Sa relative désillusion de Pékin ne devrait pas l'arrêter. Admirateur d'Alexandre Dumas, il a lu Vingt ans après. Rendez-vous est donc pris pour les J.O. de 2020. Mihai Covaliu aura 43 ans, l'âge de d'Artagnan lorsqu'il a retrouvé ses amis Athos, Portos et Aramis, pour de nouvelles aventures. Cette fois-ci, elles ne seront pas gasconnes mais olympiques ! 43 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE A 39 ans, Constantina la première Roumaine à J. O. Pékin SUCEAVA BAIA MARE l l l TIMISOARA T. SEVERIN BACAU l SIBIU l l IASI TARGU MURES ARAD l l BRASOV GALATI BRAILA TG. JIU l l l CRAIOVA l "J'ai prouvé qu'on pouvait l ORADEA l PITESTI n BUCAREST l l l TULCEA CONSTANTA l Le "Mututhon"… pour un millionnaire 42 Le président du Dinamo Bucarest Cristian Borcea souhaite ouvrir un compte de soutien à Adrian Mutu, attaquant roumain de la Fiorentina et vedette actuelle du football roumain, qui a été condamné par la Fédération Internationale de Football (FIFA) à verser 17,2 millions d'euros de dédommagement à son ancien club Chelsea - la plus grosse amende jamais infligée à un joueur de football -après avoir été contrôlé positif à la cocaïne en octobre 2004 lors de son passage chez les Blues. Il appelle donc tous les supporters du joueur millionnaire à voler à son secours pour l'aider à s'acquitter de son amende… dans un pays où le salaire moyen net est inférieur à 250 € ! Le joueur, qui était sous contrat avec Chelsea pour plusieurs années, avait été licencié par son propriétaire, l'affairiste russe Abramovitch. Le montant de l'amende a été calculé par la chambre de résolution des litiges de la Fédération internationale de football par rapport aux années de contrat qu'il restait à effectuer à Mutu, 29 ans, lors de ce contrôle. J 'ai prouvé qu'on pouvait encore bien courir à cet âge" s'est exclamée Constantina Dita-Tomescu après avoir fait son entrée en solitaire dans le "Nid d'oiseau" de Pékin, ovationnée par 90 000 spectateurs debout, laissant ses adversaires aux portes du stade, loin derrière elle. A plus de 38 ans, cette jeune mère d'un garçon de 13 ans, originaire de la région de Târgu Jiu, est la première Roumaine a remporté le marathon olympique, l'épreuve reine des Jeux, ramenant par là à son pays sa dixième médaille d'or en athlétisme de toute l'histoire de sa participation aux JO… mais devenant aussi la plus vieille des concurrentes des Jeux ayant jamais gagné cette épreuve phare. Une performance d'autant plus méritoire que la championne souffrait d'un début de sciatique. Sa compatriote Lidia Simon, médaille d'argent du marathon de Sydney en 2000, a terminé à la 6ème place. Une promesse que la petite paysanne s'était faite en gardant les vaches Rarement une récompense n'aura été aussi méritée, tant Constantina Dita-Tomescu a fait preuve de courage et tenacité tout au long de sa vie. Fille d'agriculteurs du village de Spahi, élevée avec ses cinq frères, l'adolescente était élève au lycée pétrolier de la commune voisine de Turburea, se consacrant au hand-ball pendant les heures d'éducation physique. Son professeur remarquant ses dispositions pour les courses à pied qu'elle remportait toujours largement détachée, la recommanda à un entraîneur d'athlétisme du club Pandurii de Târgu Jiu. A 18 ans, la jeune fille commença donc son entraînement, courant le matin dans les chemins de son village, faisant ensuite 5 km à pied pour attraper le train afin de rejoindre son travail dans une fabrique de meubles de Târgu Jiu, qu'elle quittait le soir pour poursuivre sa préparation sur le stade de la ville. Pendant des années la jeune ouvrière s'astreignit à cette discipline quotidienne qui ne la ramenait chez elle qu'à la nuit tombée. Cette vie rude avait forgé sa détermination. "Quand j'étais enfant, je devais garder les vaches pendant les vacances et travailler aux champs. J'emmenais un transistor et j'écoutais les émissions sportives. Je sautais de joie quand j'entendais les reporters raconter les exploits de notre grande championne Maricica Puica (championne olympique du 3000 mètres à Los Angeles en 2004 et deux fois championne du monde de cross country)… et je m'étais dit que peut-être un jour je ferais comme elle". Abandonnée par son club de Târgu Jiu et remise en confiance à Turnu Severin Longtemps, Constantina Dita-Tomescu fut boudée par les clubs de la capitale. A leurs yeux, une fille obscure de Târgu Jiu ne présentait pas un grand intérêt. Sa persévérance ne fut concrétisée qu'en 2004 avec sa sélection pour les JO d'Athènes. La chaleur suffocante qui régnait lors du Marathon l'asphyxia et elle ne termina que 20ème. Victime également de ces conditions éprouvantes, la grande favorite de l'épreuve, la Britannique Paula Radcliffe, détentrice du record du monde, avait abandonné, en larmes. A son retour, la Roumaine fut mise à l'écart par son club qui lui fit comprendre à mi-mot qu'à 34 ans son avenir était derrière elle. Mais, ayant remarqué ses qualités, un ancien marathonien de Turnu Severin la relança en créant de toutes pièces et à son intention un club dans sa ville, distante de 60 kilomètres, le CSM Turnu Severin, lui permettant de continuer sa carrière. Remise en confiance, Constantina explosa, remportant le marathon de Chicago, puis devenant championne du monde de mi-marathon en 2005, à Edmonton (Canada), individuelle et par équipe, obtenant la médaille de bronze du marathon à Helsinki. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Evénements Les quarante ans de la première Dacia L e 20 août 1968, les usines Dacia de Colibasi-Pitesti sortaient la première voiture fabriquée en Roumanie: le modèle 1100, inspiré directement de la R8 de Renault, lequel fournissait les pièces. Il sera remplacé à partir de 1971 par la Dacia 1300, appelée à une longue carrière. Ceausescu était venu en personne célébrer l'évènement. Le "Conducator" était alors à l'apogée de sa popularité: quelques jours plus tard, il condamnera l'entrée des chars soviétiques à Prague, à la grande joie de ses compatriotes. En mai, il avait reçu la reconnaissance internationale à l'occasion de la première visite d'un chef d'Etat occidental dans le pays, le général De Gaulle; l'année suivante, il accueillera le président US Nixon. A savoir Bientôt une "Chinatown" à Bucarest Premier palais tsigane démoli à Timisoara Le projet d'édification d'une "Chinatown" à Bucarest, dans le quartier Fundeni-Colentina, au nord-est de la capitale, se précise. Financé à 70 % par le groupe Niro et à 30 % par un investisseur chinois, elle sera la plus grande de toute l'Europe du sud-est, s'étendant sur 80 hectares. Son coût est estimé à 150 millions d'euros et les travaux doivent durer huit ans. L'ensemble comprendra une zone commerciale, "Dragon rouge", avec des restaurants chinois, un jardin, des jeux, une école, un centre d'affaires de 16 étages, le "China Business center", avec bureaux et salles de conférences, une zone résidentielle, les "China towers", de 12 tours de 7-8 étages, offrant au total 600 appartements. A la suite d'une longue procédure judiciaire où elle a obtenu gain de cause, la mairie de Timisoara a fait entreprendre début août la démolition du premier d'un des nombreux palais tsigane bâtis sans autorisation à la fin des années 90 dans le centre-ville. Celui-ci, d'un coût évalué à plus de 200 000 €, avait été édifié par un clan familial établi à Strasbourg grâce aux bénéfices réalisé avec ses "affaires". En l'absence des propriétaires, leurs proches ont tenté d'empêcher le démarrage des travaux de démolition en déclarant qu'ils avaient versé des bakchichs aux représentants de la mairie pour qu'ils ferment les yeux sur la construction. Boule de neige géante Les autorités de Brasov vont mettre en place un réseau de senseurs à ultrasons afin de tenir à distance les ours, dont les descentes en ville se sont multipliées ces derniers temps, a annoncé le ministère de l'Environnement. Ce système sera installé dans un premier temps autour du centre historique de la ville, avant d'être étendu graduellement aux autres quartiers "vulnérables", sur un périmètre total de 12 km. "Il s'agit d'un projet pilote que nous pourrons par la suite mettre en place dans d'autres stations touristiques à risque", a déclaré le ministre de l'Environnement Attila Korodi, alors que plusieurs personnes, dont des touristes étrangers, ont été tuées ou blessées par des ours ces dernières années (Lire aussi page 4). A la mi-août, un touriste allemand avait été hospitalisé après avoir été attaqué par un ours dans sa tente dans les Carpates, dans un lieu interdit au cam- La Transfagarasan, spectaculaire route qui traverse le massif du même nom dans les Carpates, est redoutée pour ces hivers rigoureux et particulièrement longs, au point qu'elle est fermée à la circulation pendant de longs mois. Cette année, elle n'a été ouverte qu'à partir du 15 juin. Une sage mesure car, tout début juillet, une boule de neige gigantesque, d'un poids d’une tonne, a soudain dévaler les pentes pour venir terminer sa route nez à nez avec un autocar de touristes roumains, paralysant le trafic, ne faisant heureusement aucune victime. Abasourdis, ceux-ci sont descendus du véhicule se livrant à une joyeuse bataille en plein été, imprévue au programme, sans se rendre vraiment compte qu'ils venaient d'échapper à une terrible catastrophe. Ultrasons contre les ours ping en raison des descentes fréquentes des bêtes. La tente avait été complètement détruite, l'ours l'avait déchirée, et blessé grièvement le campeur, âgé de 26 ans, en l'attrapant par le bras et en lui griffant une jambe et la tête; ses deux camarades allemands qui se trouvaient dans la même tente avaient réussi à s'échapper. Avortement possible jusqu'à 24 semaines pour les moins de 15 ans A la suite du drame de la petite Florina, une fillette de onze ans, violée par son oncle, enceinte de 17 semaines et qui n'avait pas été autorisée à avorter parce qu'elle avait dépassé les 14 semaines légales, le ministère de la santé a décidé de repousser cette limite à 24 semaines - comme en Grande Bretagne pour les adolescentes de moins de quinze ans. Il a justifié sa décision en invoquant le risque important qu'elles encouraient. Florina avait été contrainte d'aller avorter dans une clinique anglaise. 6.700 m² de dessins sur asphalte à Cluj Plus de 2.000 enfants de Cluj ont recouvert 6.700 m2 d'asphalte de dessins à la craie, représentant un train gigantesque, pour réaliser le plus large dessin sur route du livre Guinness des records. Le projet "Sourire d'enfant" était organisé par une association militant pour les enfants défavorisés, à l'occasion de la Journée de l'enfant. Les artistes, âgés de 3 à 18 ans, ont donné libre cours à leur imagination sur une portion du périphérique de la ville, pas encore en fonction. Le record à battre était de 5.600 m2, établi aux Pays-Bas en 2005. 23 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Evénements l CLUJ l l IASI l l ROMAN l SIBIU l GALATI BRAILA RESITA l l l TULCEA CONSTANTA n l BUCAREST CRAIOVA l l GIURGIU L'âge moyen des Roumains est de 39 ans 24 Le crime de lèse-majesté d'Alina Dumitru l BRASOV l l l Victime des tortionnaires de Pinochet l TARGU MURES ARAD HUNEDOARA TIMISOARA La judokate de Bucarest a mis un terme au règne de la légende vivante japonaise Ryoko Tani J. O. Pékin SUCEAVA SATU MARE l ORADEA Le cadavre d’une Roumaine retrouvé dans le désert d'Arica Société Les NOUVELLES de ROUMANIE L'Institut National de la Statistique a publié ses dernier chiffres concernant l'évolution de la population roumaine. Celle-ci comporte 500 000 femmes de plus que d'hommes, soit 11,038 millions pour 10,491 millions, le nombre d'habitants ayant diminué de 0,19 % en un an, s'établissant à 21,529 millions au 1er janvier 2008. L'âge moyen des Roumains est de 39,1 ans (40,5 ans pour les femmes, 37,7 ans pour les hommes) et est de 1,4 an supérieur en milieu rural. 55,1 % (11,872 millions) d'entre eux vivent dans les villes et 44,9 % (9,656 millions) à la campagne. Dans l'ordre croissant de population ou d'importance, le pays est divisé en villages (sat) rattachés à des communes (comuna), villes (oras) et municipes (municipiu). 85,6 % des municipes et villes ont moins de 50 000 habitants, représentant 32,5 % de la population urbaine. Les grandes villes de plus de 100 000 habitants, en recul, totalisent 30 % de la population globale et 54,3 % de la population urbaine. La capitale compte 1,944 million d'habitants officiellement enregistrés, soit 9 % de la population roumaine et 16,4 % de la population urbaine. Le plus petit municipe du pays est Beius (Bihor, Oradea), qui compte 11 141 habitants, la plus petite commune Brebu-Nou (Caras Severin, Resita), 138 habitants, alors que Holboca (Iasi) est la plus grande (12 701 habitants). L e cadavre d'une femme d'origine roumaine a été découvert dernièrement dans le désert chilien d'Arica, au cours d'un entraînement militaire. Le corps, décapité, s'était conservé grâce au niveau élevé de salinité des lieux. Les éléments retrouvés ont permis de l'identifier, de dater et reconstituer les faits. Il s'agissait des restes de Monica Cristina Benaroyo Pencu, née en 1925 en Roumanie, fille de l'ambassadeur de Perse dans ce pays et de sa femme, roumaine. Lors de la prise du pouvoir par les communistes, la famille avait émigré en Uruguay, considéré alors comme la "petite Suisse" de l'Amartiquedu Sud, prenant la nationalité uruguayenne en 1956. Après des études de philosophie à Montevideo, Monica, admiratrice de la révolution cubaine avait étudié un certain temps à La Havane, vendu tous ses biens en Uruguay et rejoint le Chili en 1971, quand le président socialiste Allende en était devenu président, occupant un poste de fonctionnaire à la marie d'Arica. Elle avait été vue la dernière fois le 11 septembre 1973, jour où les militaires se sont emparés du pouvoir. Un ordre de recherche avait été lancé à son encontre dans le cadre de la sinistre opération "Condor" mise sur pied par les dictatures de la région (Chili, Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay), avec l'aide des USA, visant à éliminer physiquement les opposants, à les pourchasser jusqu'en Europe ou sur le territoire américain, ce qui a permis d'établir qu'elle a été enlevée, torturée et assassinée par les sbires de Pinochet, comme les 3600 autres victimes du régime. Monica Pencu avait 48 ans. On n'a jamais retrouvé non plus la trace de sa sœur. "En réalité prince… en apparence mendiant" S i vous saviez qu'un mendiant peut gagner jusqu'à 5000 lei par mois (environ 1400 euros), est-ce que vous lui donneriez encore des pièces?" Cette grande affiche a été installée fin juillet dans le quartier Titan de Bucarest. Elle appelle les gens à ne plus donner l'aumône aux mendiants. Un message qui peut paraître surprenant. Cette initiative fait partie de la campagne "Prince et mendiant", initiée par la police de la capitale au début du mois de juin. Elle a pour but de lutter contre l'exPhoto et texte deJonas Mercier (lepetitjournal.com) ploitation des enfants par le travail. Une autre affiche de cette campagne a pour slogan "En réalité prince et en apparence mendiant". L'ONG Salvati copii (Sauvez les enfants) est partenaire de l'initiative. En Roumanie, la mendicité est punie d'une amende pouvant aller jusqu'à 500 lei (140 euros). L a petite Bucarestoise faisait des bonds sur le tatami. Pourtant, elle n'avait pas décroché l'or... du moins pas encore. Non, çà se passait en demi-finale de sa catégorie des 48 kilos. Au terme d'un combat indécis, Alina Dumitru, 26 ans, venait de mettre à terre l'innacessible impératrice Ryoko Tani. La judokate japonaise, double championne olympique, septuple championne du monde, était devenue une légende vivante et régnait pratiquement sans partage sur la discipline depuis près de quinze ans. Toutes les concurrentes redoutaient de l'avoir à affronter. Véritable star dans son pays, Ryoko Tani Tamura de son nom de jeune fille - y a créé un nouvel engouement pour le judo après son titre mondial obtenu à Chiba en 1995. Son image est alors associée à celle de Yawara-chan, un héro de manga très populaire au Japon. Des personnages de jeux vidéos s'inspirent directement de ses combats. La moindre compétition qu'elle dispute suscite une importante médiatisation nippone comme lors des Jeux Olympiques d'été de 2000 lors desquels elle remporta enfin le titre olympique qui manquait à son palmarès. Sa popularité grandit encore quand elle se maria avec Yoshitomo Tani, un joueur de base-ball des Yomiuri Giants, double médaillé olympique avec l'équipe nippone en 1996 et 2004, qu'elle a rencontré dans une laverie automatique du village olympique lors des Jeux de Sydney en 2000. Leur mariage, célébré en 2003 à Paris, fit alors les gros titres de l'actualité au Japon. "Vraiment, ç'aurait été trop bête de perdre en finale" Rokyo Tani, qui avait remporté sa seconde médaille d'or à Athènes, en 2004, en venant à bout en finale de la Française Frédérique Jossinet, pensait-elle ne faire qu'une bouchée de sa concurrente roumaine? Erreur qui l'a faite tomber de son piédestal, car celle-ci, qui domine sa catégorie sur le Vieux conti- nent, avec cinq titres européens consécutifs depuis 2004, où elle avait été sacrée chez elle, à Bucarest, à la grande joie de son club, le Steaua, entendait bien agrandir son royaume. Deux fois déjà, elle avait approché l'intouchable Tani, décrochant le bronze aux championnats du monde du Caire, en 2005, et de Rio de Janeiro, en 2007. Les JO d'Athènes, où elle avait terminée 5ème, ratant de peu le podium, l'avaient laissée frustrée et elle s'était fait la promesse de l'emporter quatre ans plus tard. A Pékin, en ce premier jour d'olympiade, Alina Dumitru tenait une opportunité de revanche. Dans ses deux combats du matin, elle avait sorti facilement la Hongroise Eva Cservnoviczki, puis la Sud-Coréenne Youngran Kim. "L'ogre" RyokoTani pensait s'en sortir facilement en menant un combat basé à la fois sur la tactique et la vitesse, selon le procédé "soto gari", mais la Roumaine s'était préparée et sa contre-attaque se révéla mortelle. "Vraiment, ç'aurait été trop bête de perdre en finale", confia Alina après son exploit. Elle retrouva donc le tatami en étant bien décidée de ramener à son pays la première médaille en or au judo de son histoire et aussi la première de ces olympiades 2008. Son adversaire, la Cubaine Yanet Bermoy, championne du monde en 2005 et vice championne en 2007, n'était pourtant pas la première venue, mais elle ne put rien faire contre la rage de vaincre de la Bucarestoise. Alina Dumitru n'a pu retenir ses larmes en entendant l'hymne roumain. Elle a dédié sa victoire à son frère et à sa famille qui vivent au Canada et qu'elle n'a pas revus depuis plus de cinq ans. Avant Pékin, ils lui avaient promis de revenir en Roumanie si elle gagnait. "C'est le plus beau cadeau que j'attendais" a-t-elle déclaré. Sa médaille en or ne lui est apparamment pas montée à la tête: Alina a décidé d'arrêter la compétition pour se marier et avoir un enfant. Plus tard, peut-être, retrouvera-t-elle le chemin des tatamis. Vaines tentatives de récupération par les politiciens N e mélangeons pas les torchons avec les serviettes"… C'est la réponse peu diplomatique adressée par plusieurs gloires sportives aux sollicitations de différents partis politiques qui auraient souhaité les avoir dans leurs rangs pour bénéficier de leur notoriété. Ainsi l'ancien champion olympique et du monde d'aviron, Ivan Patzaichin a décliné la proposition du Parti National Libéral du premier ministre Tariceanu de devenir député de Tulcea, tout comme la médaillée en or du 5000 mètres à Athènes, Gabriela Szabo, 33 ans, sollicitée par le même parti et s'estimant "trop jeune" pour faire de la politique. Nadia Comaneci a opposé le même refus au PSD (post-communistes) qui souhaitait la voir siéger au sein du collège des parlementaires désignés au titre de la diaspora roumaine dans le monde, pour représenter les Roumains d'Amérique du Nord (elle vit au Texas). Tous ces sportifs ont avancé le même argument : "la politique est une compétition malhonnête". Réponse du berger à la bergère? Le PD-L, parti qui soutient le président Basescu, a refusé d'accepter dans ses rangs le transfuge Mitica Dragomir, président de la Ligue professionnelle de football et impliqué dans plusieurs scandales. Dragomir "jouait" auparavant élu du PRM (parti xénophobe de Vadim Tudor, en perte de vitesse d'après les sondages) et cherche à conserver son mandat de député aux prochaines élections afin de continuer à bénéficier de l'immunité parlementaire. 41 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE J. O. Pékin l BAIA MARE l BOTOSANI l l IASI SUCEAVA ORADEA l TARGU MURES ARAD l BRASOV l l TIMISOARA BÂRLAD GALATI BRAILA PITESTI l l l TULCEA l l l l SIBIU CRAIOVA n CONSTANTA BUCAREST l Tableau final des médailles 40 "Quand nous chanterons le temps des médailles !" BACAU l l Voici 25 ans à Los Angeles la Roumanie était la deuxième puissance olympique de la planète 10ème France : 40 (7 or, 16 argent, 17 bronze) 11ème Ukraine : 27 (7, 5, 15) 16ème Belarus : 19 (4, 5, 10) 17ème Roumanie : 8 (4, 1, 3) 19ème Canada : 18 (3, 9, 6) 20ème Pologne :10 (3, 6, 1) 21ème Hongrie : 10 (3, 5, 2) 24ème Rép. Tchèque: 6 (3, 3, 0) 25ème Slovaquie : 6 (3, 2, 1) 35ème Suisse : 6 (2, 0, 4) 41ème Slovénie : 5 (1, 2, 2) 42ème Bulgarie : 5 (1, 1, 3) 46ème Belgique : 5 (1, 1, 0) 48ème Estonie : 2 (1, 1, 0) Précédentes Olympiades depuis la "Révolution" Barcelone 1992: 18 (4 or, 6 argent, 8 bronze) Atlanta 1996: 20 (4, 7, 9) Sydney 2000: 25 (11, 5, 9) Athènes 2004: 19 (8, 5, 6) La Moldavie (une médaille de bronze) termine à la 81ème place Pour sa 4ème participation aux JO (jusqu’en 1992, elle faisait partie de la délégation soviétique), la République de Moldavie a remporté une médaille de bronze en boxe en catégorie 54 kg hommes grâce à Veaceslav Gojan. La délégation moldave comportait 31 athlètes dans 7 disciplines. Dernier pays ex-aequo au nombre des médailles obtenues, elle prend la 81ème place sur 204 pays participants (116 pays n'ont aucune médaille). L a Roumanie a décroché 8 médailles à Pékin (4 en or, 1 en argent et 3 en bronze), occupant le 17ème rang, très loin de sa performance de 1984 à Los Angeles (53 médailles dont 20 en or) qui lui, avait valu la 2ème place, le meilleur classement jamais obtenu (la France avait terminé 12ème avec 28 médailles). Il est vrai que cette année là, le bloc communiste avait boycotté les JO, exception faite de la Roumanie et de la Chine, en représailles au même boycott exercé quatre ans plus tôt par les pays occidentaux, lors des JO de Moscou, pour dénoncer l'invasion soviétique en Afghanistan. A Moscou, la Roumanie, forte d'une délégation de 239 athlètes (ils étaient seulement 102, répartis dans 15 disciplines à Pékin) avait également brillé avec 25 médailles dont 6 en or et une 7ème place, tout comme en 1976 aux JO précédents de Montréal (27 médailles, 4 en or, 9ème place) qui allaient révéler Nadia Comaneci, boycottés eux par les pays africains à la suite de la tournée des All Blacks néo-zélandais en Afrique du Sud, alors que sévissait pleinement l'apartheid. Mais jusqu'à la contre-performance de Pékin, la Roumanie avait conservé un rang enviable dans des JO se déroulant cette fois sans entraves: à Séoul, en 1988, elle termina 8ème (24 médailles dont 7 en or), 14ème à Barcelone en 1992 (18 médailles, 4 en or), encore 14ème à Atlanta en 1996 (20 médailles dont 4 en or), 11ème à Sydney en 2000 (26 médailles dont 11 en or, meilleure performance depuis la "Révolution"), 14ème à Athènes (19 médailles, 8 en or). Il faut remonter à Helsinki en 1952, à l'occasion de la première participation d'après-guerre aux JO de la Roumanie pour trouver un classement plus mauvais, 23ème avec seulement 4 médailles dont une en or (Iosif Sârbu au tir). Depuis, elle n'était jamais descenL’équipe d’aviron en huit femmes avec barreuse due en dessous des dix médailles. n’a pu renouveler ses exploits des jeux précédents. 289 médailles depuis sa première participation et une nette prédominance féminine qui s'affirme Au terme des JO de Pékin et depuis sa première participation aux olympiades, à Paris en 1924 (une médaille de bronze), la Roumanie a remporté 292 médailles, dont 86 d'or - décrochant la première à Helsinki - 89 d'argent et 117 de bronze. Hommes (145 médailles) et femmes (147) se partagent les lauriers à égalité, mais un déséquilibre très net et de plus en plus prononcé s'est installé depuis Los Angeles, en 1984, les filles ayant décroché 107 médailles au cours des sept dernières olympiades, contre 61 pour les garçons. A Sydney, elles avaient remporté 8 médailles d'or contre 3 pour leurs homologues masculins. A Athènes, le fossé s'est encore creusé (8 médailles d'or, aucune pour les hommes), Pékin enfonçant le clou: les garçons ne sont plus montés sur la première marche du podium depuis Sydney. Dans ce tableau global, la gymnastique se taille la part du lion avec 69 médailles, enregistrant toujours une nette prédominance féminine. A noter que trois sportifs roumains ont participé chacun à six Jeux: Lia Manoliu en athlétisme (de 1952 à 1972), Sorin Babil et Elisabeta Lipa en aviron (de 1984 à 2004). Au total, la Roumanie a participé à 19 JO sur 26. Elle était absente aux JO d'Athènes (1896), Paris (2000), Saint Louis (1904), Londres (1908), Stockholm (1912), Anvers (1920) et Londres (1908). Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Faits divers Un pensionné dépouillé de son appartement et réduit à l'état de SDF grâce à la "bienveillance" de juges et d'un notaire D épouiller de leur bien, leurs maisons les modestes propriétaires d'un logement, surtout s'ils sont âgés ou sans défense, est une pratique de plus en plus répandue reconnaît l'ordre des notaires qui déplore le comportement de certains de ses membres ainsi que celui de juges complices. Octavian Dumitrescu, 60 ans, touchant une pension de 400 lei (120 €) pour longue maladie, après 30 ans de dur labeur, est une victime édifiante de ces pratiques d'abus de confiance. En 2005, ayant du mal à joindre les deux bouts et angoissé à l'idée de ne pas pouvoir s'acquitter des 80 lei (25 €) qu'il devait à l'administration, le Timisorean acceptait la proposition d'une vague relation: louer une pièce de son appartement pour quelques semaines à un ami de celui-ci, une personne présentant très bien. Ce dernier s'éclipsa rapidement, mais Octavian Dumitrescu reçut quelques temps après un avis le sommant de quitter les lieux… l'informant que le "propriétaire" avait vendu l'appartement. La stupéfaction passée, la supercherie était vite démontée: le locataire avait profité de sa présence pour endormir la confiance de son loueur, lui voler les actes de propriété ainsi que des papiers d'identité, en faire des photocopies, transformées en faux grossiers, puis se rendre chez une notaire pas regardante pour mettre en vente le logement, trouvant vite preneur pour la somme de 8000 €. En mars 2006, le tribunal de Timisoara annulait la transaction, reconnaissant qu'elle était basée sur une escroquerie… mais le nouveau "propriétaire" faisait appel de la décision, et une nouvelle délibération de la Cour lui restituait l'appartement, condamnant en outre l'infortuné pensionné à lui payer des dommages et intérêts pour avoir occuper illégalement les lieux! Le 19 juin dernier, Octavian Dumitrescu était expulsé de chez lui. Sans aucune ressource, devenu SDF, il s'installait dans une forêt proche de Timisoara, dans une cabane rudimentaire qu'il a construite de ses mains (notre photo). Effarés par le cours des évènements, des journalistes ont demandé des explications à un des trois juges ayant prononcé la dernière sentence. Assurant ne pas être très au courant, ce dernier a rouvert le dossier pour opportunément trouver que sa signature manquait sur certains actes. La Cour d'appel de Timisoara s'est emparée de l'affaire pour la rejuger et examiner les éventuelles complicités avec les escrocs ou indélicatesses de la notaire et des trois juges. A savoir Coincés dans une mine d'or deux jeunes perdent la vie Deux personnes ont été ramenées sans vie du fond d'une mine d'or désaffectée du judet d'Hunedoara, où ils étaient bloqués depuis près de sept heures suite à une excursion risquée. Le drame s'est déroulé un samedi soir, fin juin. Les jeunes hommes, âgés de 21 et 26 ans, sont restés coincés à 500 m de l'entrée de la mine, dans une zone très pauvre en oxygène et où il faisait très froid. Le père du plus jeune, qui a voulu les secourir, s'est retrouvé lui aussi coincé, mais il est le seul à avoir survécu après avoir été ramené à la surface par les secouristes. Il a été transféré à l'hôpital d'où il est ressorti 24 heures plus tard. Des pirates attaquent des bateaux sur le Danube Le journal bulgare Monitor indique que deux bateaux battant pavillon de leur pays ont été attaqués début juillet alors qu'ils circulaient dans les eaux internatio- nales du Danube, dans le secteur de RuseGiurgiu. Les pirates, venant de Roumanie en embarcations à moteur, ont profité de la nuit pour les aborder silencieusement, grimper sur le pont, se rendre maître de l'équipage de veille et s'en retourner après avoir dérobé des jerricans d'essence et des batteries. Alertées dans le quart d'heure suivant, les autorités roumaines ont dépêché une équipe de la police fluviale sur les lieux qui a recensé les embarcations absentes de leurs points d'amarrage habituels et qui mène l'enquête avec son homologue bulgare, des faits similaires s'étant déjà produits. Racket dans les parkings Chaque soir, les parkings de plein air du centre de Bucarest sont envahis par des bandes de jeunes, souvent des anciens enfants des rues dont certains sortent tout juste de prison, qui rançonnent les automobilistes cherchant à se garer après les avoir menacés de manière à peine voilée: "Il vaudrait mieux que je garde ta voiture, sinon tu vas la retrouver avec des pneus crevés ou la peinture rayée". La majorité s'exécute, donnant quelques lei, parfois l'équivalent d'un euro, en plus du ticket de stationnement qu'il faut acquitter. Ce racket rapporte près de 20 € par heure à leurs auteurs et leur sert souvent à acheter de la drogue. La police s'avoue impuissant: "On est obligé de les relâcher; ils ont des centaines d'amendes qu'ils ne paient jamais car ils ne sont pas solvables". Il tue sa femme parce qu'elle fumait en cachette Un homme de 29 ans surprenant sa femme, âgée de 24 ans, en train de fumer, l'a rouée de coups à mort, malgré l'intervention de ses parents, présents au moment du drame qui s'est déroulé à Roman. Fumeur lui-même, il lui avait cependant interdit d'en faire de même, l'a trouvant trop maigre pour cela et s'était rendu compte qu'elle devait fumer en cachette car il lui manquait deux cigarettes dans son paquet. Le couple avait une fillette de deux ans. 25 Les NOUVELLES de ROUMANIE Société Vie quotidienne l GYULA l SATU MARE l CLUJ l IASI TARGU MURES l SIBIU l Hygiène précaire pour dix millions de Roumains BACAU l ARAD l l SUCEAVA ORADEA l l TIMISOARA PLOIESTI GALATI l l PITESTI CRAIOVA l l CONSTANTA n BUCAREST GIURGIU MANGALIA l RUSE l l l Faits divers Dacia, marque préférée des voleurs 26 Dans beaucoup d'écoles de campagne les enfants refusent d'aller aux toilettes tellement elles sont sales Délaissées par les automobilistes roumains, premiers clients de la Logan, les vieilles Dacia restent toujours extrêmement populaires chez une catégorie bien particulière de la population : les voleurs de voitures. C'est ce qu'affirment les statistiques tenues par la police de la ville de Bucarest. Sur un total de 792 voitures volées depuis le début de l'année, près de 550 étaient des Dacia 1310 (dérivé de la Renault 12), dont environ la moitié ont été retrouvées, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la police, Christian Ciocan. "Les voleurs préfèrent les Dacia parce que leurs systèmes de sécurité ne sont pas très perfectionnés, et en plus on peut en ouvrir plusieurs avec la même clé", a-t-il expliqué. Petite note d'espoir: la forte proportion d'exemplaires retrouvés tend à prouver que tous les voleurs ne sont pas des professionnels. Beaucoup "emprunteraient" une 1310 faute de taxi ou de transport en commun. 700 voitures et pas de permis Intriguée en constatant qu'il n'avait pas de permis de conduire, la police génoise a mis fin aux agissements d'un Roumain installé en Italie et qui avait acquis 700 véhicules ces dernières années, dont certains avaient été utilisés lors de vols ou cambriolages. L'enquête a révélé qu'elles avaient été revendues clandestinement, sans déclaration au fisc qui a ainsi enregistré un préjudice de 400 000 €. A u coeur de la Semaine internationale de l'Eau qui s'est tenue à Stockholm, le problème - crucial pour la santé publique - des toilettes a été abordé. Un souci qui ne concerne pas seulement les pays du Sud où la population continue à déféquer dans la nature. Au sein même de l'Union Européenne, 20 millions de personnes n'ont pas accès à des installations sanitaires décentes. Les pays de l'ancien bloc de l'Est sont les premiers concernés, mais des cas isolés existent également en Europe occidentale, en France, en Irlande ou encore dans les pays méditerranéens. En Bulgarie, 42% de la population habite dans des zones rurales où seulement 2% des foyers sont reliés au tout-à-l'égout. En Roumanie, ce sont 10 millions de personnes, soit près d'un Roumain sur deux, qui vivent sans canalisations. Dans les campagnes, seuls 15% des habitants ont l'eau courante. "Dans beaucoup d'écoles de campagne, les enfants refusent d'aller aux toilettes tellement elles sont sales", souligne Diana Iskreva, de l'organisation bulgare Earth Forever. Dans ces zones rurales, les toilettes se résument souvent à un trou creusé dans le sol qui n'est jamais nettoyé. Un phénomène aggravé par la corruption en Bulgarie Les conséquences sur la santé sont énormes, les excréments accumulés finissant par infiltrer la terre et polluer l'eau des puits et des cours d'eau, utilisée pour la consommation courante. Cela provoque des maladies comme l'hépatite A ou du bébé bleu, due à un taux élevé de nitrates dans l'eau. Le taux de nitrates autorisé est de 50 mg/litre d'eau. Dans certaines zones de Roumanie, ce taux atteint 500 mg/litre. Le problème n'est pas un manque d'argent. Pour les cinq prochaines années, l'UE va allouer 336 milliards d'euros aux états membres les plus nécessiteux dont 18 milliards destinés à l'amélioration des conditions sanitaires. Selon Sascha Gabizon, présidente de l'ONG Femmes en Europe pour un futur commun, "moins de 480 millions seraient nécessaires pour une solution immédiate". "La corruption omniprésente au sein de la classe politique bulgare bloque l'argent qui devrait aller aux gens pauvres des campagnes", a aussi précisé Diane Iskreva. Qu'en est-il en Roumanie ? Installer le tout-à-l'égout dans les campagnes ne semble pas être une priorité et les organisations se battent sur place pour trouver des solutions. ("Libération" d'après AFP) Nombre de Bucarestois font leurs courses en Bulgarie A 76 km de Bucarest, Ruse, port frontalier bulgare de 175 000 habitants, en face de Giurgiu, sur le Danube, accueille de plus en plus de Roumains, la plupart venus de la capitale, pour faire leurs courses de la semaine ou même pour célébrer leur mariage. La raison est simple: les prix, notamment alimentaires, y sont en moyenne 40 % moins chers. Des investisseurs, particulièrement des Israéliens, ont décidé de profiter de l'aubaine et d'y construire sept mall (gros centres commerciaux) d'ici 3 ans, dont deux à seulement une cinquantaine de mètres du pont frontière. Certains occuperont jusqu'à 35 000 m2. La ville n'en comptait aucun jusqu'ici. Les Roumains ont colonisé les lieux et s'y bousculent chaque week-end. Au magasin Metro, on n'entend parler que leur langue. Pensions, hôtels, motels se sont multipliés. Une cité-cinéma pourrait voir le jour, projetant des films en roumain. Seul bémol: outre l'essence nécessaire au trajet, chaque véhicule doit acquitter 20 € de péage aller-retour pour franchir le pont sur le Danube. Insuffisant pour dissuader les Roumains: l'an passé, ils étaient deux millions à les avoir empruntés. Les NOUVELLES de ROUMANIE Société roumain avec le plus maigre bilan enregistré depuis 56 ans c'est désormais une autre paire de manches… Des disciplines en perte de vitesse sports, des piscines, des stades, des centres d'entraînement ne sont plus entretenus, laissés à l'abandon… quant ils n'ont pas Jusqu'à Pékin, les Roumains été rachetés pour une bouchée de étaient craints dans plusieurs dispain, tombant dans les mains de ciplines. Leur règne sur la gymspéculateurs immobiliers. nastique était proverbial : les dix Des clubs sportifs ont dispamédailles d'Athènes dont quatre ru. Mal payés, les entraîneurs ont d'or, se sont réduites à une seule. changé de métier ou sont partis à Les sports aquatiques et nautiques l'étranger. étaient également pourvoyeurs de Les conditions pour s'entraîmédailles prestigieuses. En nataner sont devenues de plus en plus tion par exemple, avec deux en or, précaires et la motivation fait une en argent, une en bronze à défaut. La piste d'athlétisme de la Sydney, une en or, une en bronze base sportive des jeunes de la à Athènes… aucune à Pékin. capitale où la médaillée d'or du En misant sur les rameurs 5000 mètres à Sydney, Gabriela recrutés par des entraîneurs lors L’équipe féminine de gymnastique faisait autrefois la gloire Szabo, se préparait, est devenue de tournées de repérage dans les de la Roumanie, mais à Pékin, elle a dû se contenter du bronze. impraticable. écoles des villages bordant le Danube, le Prut et autres plans Les rameurs s'entraînent entre les barques à moteurs du lac d'eau du pays, la Roumanie s'était installée comme une puisSnagov, dans la banlieue chic de Bucarest, et les pontons prisance redoutable en aviron (3 médailles d'or à Sydney, autant vés de la nomenklatura, sans qu'aucun couloir ne leur soit à Athènes) et respectable en canoë-kayak (une médaille d'or et réservé. deux de bronze à Sydney). A Pékin, seule le double fille en "Pour réussir, les sportifs de haut niveau doivent quitter le aviron a rapporté une médaille, la plus belle il est vrai, les pays", concède Mariana Bitang, qui entraînait voici peu l'équiautres équipages… n'en fichant pas une ramée ! pe olympique de gymnastique avec celui qui est devenu son Même déception en athlétisme et en boxe, où les mari depuis, Octavian Bellu (279 médailles obtenues en chamRoumains tiraient traditionnellement leur épingle du jeu, s'empionnats du monde, d'Europe et aux Jeux Olympiques, dont 16 parant ici ou là d'un titre, souvent prestigieux. La victoire inatmédailles d'or olympiques), le couple faisant désormais partie tendue dans le marathon est certes une belle consolation, mais des conseillers du président Basescu. aussi l'arbre qui cache la désertification de ces sports. Tout comme en hand-ball, où les filles, 7èmes, battues par la France Retour à la formation dans les matchs de classement, avaient habitué à mieux. des graines de champions dès l'école? Finalement, les Roumains ne se sont distingués que dans cinq sports. A leur décharge pour cette maigre moisson, il faut Le Comité Olympique Roumain, constatant les efforts leur reconnaître qu'ils sont totalement absents de disciplines financiers énormes consentis par les pays partenaires de l'UE, rapportant de nombreuses médailles, comme le cyclisme - vu souhaiterait que les sponsors, très peu nombreux jusqu'ici, l'état des routes et l'absence de pistes d'entraînement, ce n'est soient davantage encouragés à investir dans le sport par le pas étonnant - mais aussi dans celles, sophistiquées, qui se sont biais, par exemple, de déductions fiscales ou qu'ils bénéficient multipliées ces dernières années et ont provoqué une inflation de promotions gratuites dans les médias, lesquels ne sont pas de médailles. d'accord. La Chine l'a bien compris en affirmant sa présence dans Son président regrette que nombre d'enseignants remplades sports dont on peut douter qu'ils soient de masse, mais sercent les heures d'éducation physique dans les classes primaires vent son image en gonflant son bilan. par des cours de maths ou d'autres matières. "Un sportif doit apprendre à sauter ou à courir dès l'âge de sept ans" soutientil. Il est rejoint par Gabriela Szabo, laquelle redoute que les Face aux conditions précaires du sport médailles d'aujourd'hui ne soient les dernières et estime aussi de haut niveau, la motivation n'y est plus que le sport doit devenir prioritaire à l'école et dans les Déjà modeste, l'objectif de dix à quinze médailles que familles. s'était fixé le président du Comité Olympique Roumain, La grande championne a la nostalgie des splendeurs d'auOctavian Morariu, n'a pas été atteint. Les spécialistes affirment trefois et appelle de ses vœux le retour des méthodes qui perque c'était prévisible. mettaient de détecter et former les graines de champions dès Depuis la "Révolution", même si son effet n'a pas été perleur plus jeune âge… oubliant un peu vite que la chasse aux ceptible immédiatement, le sport roumain est confronté à une talents visait davantage à servir la propagande du régime qu'à véritable crise. Faute de financement, des terrains et salles de promouvoir l'épanouissement personnel. 39 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE J.O. Pékin l l SATU MARE SUCEAVA ORADEA CLUJ ARAD Participer… oui ! Gagner, l IASI l l BACAU TARGU MURES l l l l SIBIU l TIMISOARA RM. VÂLCEA l PLOIESTI PITESTI CRAIOVA l GALATI l l n l l TULCEA CONSTANTA BUCAREST l Les huit médailles de Pékin Femmes : 7 médailles Or (4) Athlétisme Marathon : Constantina Dita-Tomescu Aviron : Deux sans barreuse : Georgeta Andrunache et Viorica Susanu Gymnastique Exercices au sol : Sandra Izbasa Judo Catégorie 48 kg : Alina Dumitru 38 Douche froide pour le sport Argent (1) Escrime - Epée : Ana Maria Brînza Bronze (2) Aviron - Huit avec barreuse: Georgeta Andrunache, Eniko Barabas, Constanta Burcica, Doina Ignat, Elena Georgescu, Simona Musat, Ioana Papuc, Rodica Serban, Viorica Susanu Gymnastique Par équipe: Sandra Izbasa, Steliana Nistor, Andreea Grigore, Andreea Acatrinei, Anamaria Tamârjan, Gabriela Dragoi Hommes : 1 médaille Bronze (1) Escrime : Sabre individuel : Mihai Covaliu Au 17ème rang, au classement à partir du nombre de médailles d'or, la Roumanie occupe la 7ème place dans l'UE, derrière la Grande Bretagne, l'Allemagne, L'Italie, la France, les Pays Bas et l'Espagne), la 1ère des pays de l'Est ayant rejoint l'UE, devant la Pologne, la seconde des pays francophones, derrière la France et devant le Canada. (à suivre p. 40) A vec seulement huit médailles, dont quatre en or, une en argent et deux en bronze, les 102 sportifs roumains ayant participé JO de pékin ont quitté la capitale chinoise avec le plus maigre bilan que leur pays ait enregistré depuis 56 ans et les JO d'Helsinki. Les optimistes diront que ç'aurait pu être pire, les pessimistes que ce le sera encore plus dans quatre ans, à Londres. La Roumanie pourrait se rassurer en se disant que sa 17ème place au tableau des médailles est assez honorable. Finalement ne se classe-t-elle pas au 7ème rang des pays de l'UE, qui, soulignons-le au passage obtient à elle seule plus de médailles (286, dont 87 en or, 104 en argent et 95 en bronze) que la Chine, les USA et la Russie réunis (282 médailles dont 110 en or, 80 en argent et 92 en bronze)? Elle termine même devant la Pologne, occupant la première place des ex pays de l'Est ayant rejoint la communauté européenne. Elle peut aussi se flatter d'être le deuxième pays francophone, après la France (10ème), devançant le Canada (19ème) et laissant très loin derrière elle la Suisse (35ème) et la Belgique (46ème). Un déclin inexorable Mais le déclin est là, inexorable. Ses champions sont vieillissants. Tous ont passé l'âge de péremption et n'ont dû qu'à leurs qualités exceptionnelles, notamment de volonté, d'arracher un titre. A 39 ans, Constantina Dita-Tomescu, la merveilleuse gagnante de l'épreuve reine des JO, le marathon, va ranger ses chaussures. Même avenir pour les rames des prodigieuses Georgeta Andrunache et Viorica Susanu, la paire victorieuse du deux sans barreuse en aviron, qui totalisent à elles deux neuf médailles d'or… mais aussi 72 ans. A 26 ans, la judokate Alina Dumitru, qui a mis les épaules à terre d'une légende vivante, la Japonaise Ryoko Tani avant de remporte l'or, ne rêve désormais plus de médailles, qu'elle a pratiquement toutes obtenues… mais de l'enfant qu'elle voudrait avoir. Quant à la petite Sandra Isbasa, 18 ans, qui a sauvé l'honneur de la gymnastique roumaine en décrochant son seul titre, elle ne se fait guère d'illusions. Dans quatre ans, elle sera dépassée par des fillettes qui ne se contenteront plus de médailles en chocolat. La débâcle des hommes Comme les autres pays, la Roumanie a enregistré des déceptions. Même dans ce registre, elles ne sont pas porteuses d'avenir. Après son titre olympique à Athènes, Camelia Potec voulait sortir par la grande porte en ramenant de Pékin un autre trophée, n'hésitant pas à se mettre sous la férule de l'ancien entraîneur de Laure Manaudou. Pour huit centièmes de seconde, elle a raté le “J’étais tout près d’une médaille à Pékin... mais je vais prendre ma bronze. Mihai Covaliu, médaillé d'or à Sydney au revanche dans quatre ans à Londres. sabre a dû se contenter du même métal. A Londres, il aura l'âge de d'Artagnan dans Vingt ans après. Toutefois, en remportant la seule médaille chez les hommes, l'escrimeur leur a évité la Bérézina. Les sept autres sont revenues aux filles, un déséquilibre très net en faveur de celles-ci, de plus en plus prononcé, s'étant établi entre les deux sexes depuis un quart de siècle. Marian Dragulescu, deux fois champion du monde de gymnastique, a couru en vain après l'or qu'il n'avait jamais obtenu, terminant à la quatrième place. A 26 ans, il avait déjà prolongé sa carrière de deux ans, alors que l'heure de la retraite avait sonné. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Vie quotidienne Gai… Gai… marions-nous en Hongrie ! N oces, baptêmes, ou autres évènements… de plus en plus de Roumains des judets frontaliers de la Hongrie choisissent d'y aller célébrer leurs fêtes familiales, soit dans des localités proches comme Orosoha, Szeged, Gyula - connue pour son strand (grand complexe de loisirs) - Mako ou même Budapest, distante de moins de 200 km. Le constat est sans appel: les prix y sont nettement moins chers, de l'ordre de 30 %, et la qualité bien supérieure, qu'il s'agisse du contenu des assiettes, du service, des prestations ou des animations. Les patrons des firmes roumaines qui se chargent d'organiser les réjouissances voient les demandes dans ce sens exploser, surtout pour les mariages, la mode étant aux noces en plein air, sous chapiteau. "Un mariage avec une centaine d'invités coûte environ 6000 € à Arad" confie l'une d'entre-elle, Luminitsa Catana, ajoutant, "en Hongrie, il reviendra de 1000 à 1500 € moins cher, voire 2000 €). A Gyula, il faut compter 18 € pour un menu copieux et appétissant de cinq plats… A Arad, on demande le double pour des assiettes bien moins remplies et des plats moins succulents et variés". A savoir Les grandes villes perdent des habitants Seules 2 sur les 10 premières villes roumaines ont vu leur population augmenter au cours des trois dernières années. Il s'agit de Bucarest (+ 20 000 habitants, + 1,03%) et de Timisoara (+ 9000 habitants ; + 2,82%), qui est passée du 3ème au 2ème rang. Les baisses les plus importantes sont enregistrées par Braila, Galati (- 4000 habitants, chacune) et Brasov (-3000). En pourcentage, Braila et Ploiesti sont les plus touchées (- 2,2% et - 1,3%). Toutefois, les pôles de développement économique de la Roumanie demeurent Bucarest-Ploiesti, Timisoara-Arad, Constantsa-Galati, Cluj et Craiova. Cependant, les personnes attachées à ce rite - essentiellement les musulmans et les personnes âgées - pourront encore l'observer, en utilisant des itinéraires de déviation évitant le centre. Pour faire passer la pilule ("a indulci pastila": "adoucir la pastille"), le maire a décidé d'apporter une aide aux familles touchées par un décès et dans le besoin, la commune offrant soit un cercueil, une croix ou une somme de 300 lei (90 €). Cortèges funéraires interdits dans les stations balnéaires Afin de ne plus choquer les touristes qui se pressent dans les stations balnéaires de la côte sud de la Mer Noire, le maire de Mangalia a interdit aux cortèges funéraires d'emprunter leur centre ville pendant la saison d'été (du 1er mai au 15 septembre). L'édile a estimé que la tradition d'emmener le corps du défunt dans un cercueil ouvert, suivi par un cortège marchant d'un pas lent derrière, dérangeait les vacanciers et troublait la circulation, très importante à cette époque. Il a ajouté que "dans la société moderne, la mort n'est plus un deuil partagé par toute la communauté, mais un évènement d'ordre privé et familial". Appartements à 2 M€ à Bucarest Le footballeur Cristian Chivu a acquis un appartement d'une valeur de 2 M€ à Baneasa, dans la banlieue nord et résidentielle de Bucarest, situé dans un complexe de 10 ha, comprenant deux piscines dont une semi olympique, un restaurant de jour et un restaurant gastronomique, un bar, trois terrains de tennis en plein air et deux couverts, quatre pistes de bowling, une patinoire, une piste de jogging dans la forêt avoisinante - 200 hectares couverts de chênes -, un salon de beauté, un spa. Le complexe d'un coût de 230 M€ appartient à l'affairiste milliardaire et ancienne gloire du tennis des années 70, Ion Tiriac. Fuites d'eau A cause du mauvais état des réseaux, entraînant des fuites importantes, les communes et foyers roumains ne reçoivent que 59 % du volume d'eau potable qui leur est facturé, en amont des compteurs pour les premières, en aval pour les secondes. Sur environ un milliard de mètres cubes fournis annuellement aux Roumains, moins de 600 millions arrivent à destination. A 0,6 € le mètre cube, ce sont plus de 2 millions d'euros qui sont payés ainsi indûment, ce qui représente une dépense supplémentaire de plus de 30 € par famille. Pas de test de stress pour les emprunteurs La Banque nationale de Roumanie (BNR) a renoncé, pour l'instant, à mettre en place un test de stress pour les demandeurs de crédit bancaire, qui consiste à effectuer des simulations sur la solvabilité d'un client à moyen et long terme. Cependant, la BNR compte se montrer beaucoup plus stricte envers les banques en demandant davantage de détails sur le bénéficiaire d'un crédit. Et ces crédits seront moins importants. Si jusqu'à présent un client pouvait demander jusqu'à 70% de ses revenus nets, les nouvelles normes de la BNR réduisent ce taux à 40%. 27 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Les Roumains seraient plus endettés que les Américains Souvenirs... Souvenirs Vie quotidienne l l SATU MARE ORADEA ARAD CLUJ l l SUCEAVA SIGHET l IASI TARGU MURES l l SIBIU l PLOIESTI GALATI l PITESTI l VASLUI l BACAU l TIMISOARA CRAIOVA l l BICAZ l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Boom des cartes de crédit… mais elles ne remplacent pas le porte-monnaie 28 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE En Roumanie, on a enregistré à la fin mars plus de 12,2 millions de cartes (de débit et de crédit), soit une hausse de 27% par rapport au même mois de 2007. La moyenne d'opérations reste très faible: 0,3 / mois au débit et 0,6 / mois à la carte. La raison principale motivant l'acquisition d'une carte est, comme prévu, l'encaissement du salaire. Ainsi, environ 10 millions de cartes sont-elles réservées au seul retrait souvent l'unique opération effectuée par les salariés dans le mois - et 2,2 millions sont de véritables cartes de crédit, permettant l’achat chez des commerçants. La Roumanie est cependant un des États où l'on note la plus forte augmentation du nombre de cartes et de la valeur des transactions sur cet instrument financier. Par exemple, au cours du premier trimestre 2008, les Roumains ont été débités de plus de 2 millions de lei (environ 550 000 €) avec les cartes de débit, soit une hausse de 80% par rapport à même période l'an dernier. En ce qui concerne l'utilisation de la carte pour les achats, les Roumains commencent seulement à s'y faire. À la fin mars, 35% des transactions concernaient des achats chez des détaillants, les 65% restants étant des retraits d'espèces, mais la progression a été cependant de plus de 30%. Pour nombre de Roumains, les opérations se résument à une fois par mois, à savoir le retrait du salaire. A vec une part des emprunts qu'ils doivent payer à la banque équivalente, en moyenne, à 16% de leurs revenus, les Roumains ont fini par être les clients les plus endettés des marchés matures d'Europe occidentale ou même des USA. A titre de comparaison, dans la zone euro, le taux de la dette n'est que de 10,4%, et aux États-Unis de 14%. Les Roumains sont mieux placés seulement par rapport aux Polonais, Anglais et Hollandais (20 %). La part de la dette bancaire (qui cumule le crédit principal et les intérêts) a connu une croissance rapide au cours des deux dernières années. Début 2007, elle était seulement de 11% et même de 7% en décembre 2005. Sergiu Oprescu, président exécutif d'Alpha Bank, souligne que, entre 2001 et 2007, le crédit de détail a doublé, en moyenne, chaque année. Fin avril, la dette globale des Roumains était de 22,2 milliards d'euros. Pourtant, pour les observateurs, bien que le niveau de 16% actuel semble inquiétant, le marché local présente des caractéristiques qui modèrent son impact réel. Contrairement aux occidentaux, plus de 90% des emprunteurs sont propriétaires de leur logement et n'ont donc pas de charges de loyer à assumer. D'autre part, la Roumanie fonctionne avec une part importante d'économie "grise", ce qui signifie qu'il existe des revenus non déclarés. Ces revenus supplémentaires font tomber le taux de la dette à moins de 13%. Quatre millions de Roumains ont actuellement contracté des prêts auprès des banques ou des sociétés de crédit à la consommation, mais le nombre total de comptes de crédit est de 6,6 millions, ce qui veut dire que deux clients sur trois ont contracté plus d'un emprunt. Malgré les chiffres alarmants, les banquiers se montrent optimistes, le marché local présentant un potentiel de développement important. Difficile de trouver un endroit pour étaler sa serviette à Costinesti. La santé avant tout avec la boue du lac de Techirghiol. 37 Emprunter pour rembourser les dettes Une autre étude, réalisée par le Groupe pour une économie appliquée (GEA) sur un échantillon de 1237 personnes de 100 localités, montre que les Roumains empruntent aux banques pour rembourser leurs dettes ou pour s'acquitter de leurs factures courantes. Elle insiste sur le fait que 40% de la population ne peut plus supporter le poids d'un crédit. La plupart de ceux qui sollicitent un emprunt bancaire le font pour acquérir un bien ménager, comme un frigidaire ou une gazinière, ou pour payer des dettes, surmonter une période difficile ou faire face à des dépenses imprévues, comme des frais médicaux. Cette étude montre aussi que 26% des Roumains qui empruntent souscrivent un prêt d'un montant inférieur à 1000 lei (300 €, valeur du salaire moyen en décembre), 22% d'un montant entre 1000 et 3000 lei, et 21,5% entre 3000 et 6000 lei. Tant pis pour le cadre idyllique... l’important, c’est de bronzer ! En moyenne 18 € mis de côté par mois A u premier trimestre 2008, les Roumains ont perçu, en moyenne, un revenu de 200 par mois, dépensant 182 € et mettant donc de côté 18 €, soit moins de 10 %. Ce revenu médian se situe très en dessous du niveau du salaire moyen net (390 €) car il prend en compte les personnes qui ne touchent que des retraites, notamment agricoles, très faibles, des allocations sociales ou de chômage. Au niveau des couples, le revenu était de 600 €, les dépenses de 540 €. 51 % était constitué par le salaire, 22 % par les prestations sociales, 19 % par les revenus en nature et 8 % par d'autres activités ou sources de revenus. 30 % des dépenses étaient consacrées à l'alimentation, la boisson, le tabac, 16 % aux impôts et taxes, le reste se partageant entre les autres dépenses courantes (logement, eau, électricité, gaz, chauffage, habillement, transports, enfants, etc.). Avec 690 € par mois, les ménages urbains disposaient de revenus supérieurs à ceux de leurs homologues ruraux (490 €), mais dépensaient aussi plus (640 € contre 450 €). Rêve de baigneur. Cet âge est sans pitié. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Religion l l SATU MARE SUCEAVA ORADEA ARAD CLUJ l l SIBIU l IASI l PLOIESTI GALATI l PITESTI l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Mgr Tit Simidrea reconnu "Juste parmi les nations" 36 Insolite Congés de maternité pour policiers ventripotents A lexandru Hordila, chef de la police de Iasi a tapé du poing sur la table. Vexé de voir ses 660 subalternes régulièrement moqués pour le ventre qu'ils affichaient, il leur a enjoint de profiter de l'été pour retrouver la ligne, mettant à leur disposition une salle d'entraînement afin qu'ils puissent se préparer aux quatre épreuves qu'il voulait leur faire passer à la mi-juillet: endurance, vitesse, agilité et auto-défense. Pour les aiguillonner, il avait agité la menace de les renvoyer à des tâches subalternes en les remplaçant par les 83 nouveaux policiers qu'il devait engager à la fin de ce même mois, 300 candidats plus jeunes et plus longilignes s'étant déclarés. La menace n'a été d'aucun effet: les plus bedonnants se sont mis immédiatement en congé, certains sans solde, pour échapper aux tests. Ceux qui les avaient épuisé ont pris des congés maternité, prétextant que leur femme était sur le point d'accoucher… des psychologues estimant qu'ils faisaient un transfert. Lorsqu'ils sont engagés, les policiers ne subissent aucune épreuve sportive, l'Agence Nationale des Fonctionnaires publics ayant estimé que ce serait discriminatoire. l TIMISOARA CRAIOVA l BACAU TARGU MURES l l l REGHIN Communier dans une autre église est un péché pour les orthodoxes Métropolite de Bucovine pendant la seconde Guerre mondiale, Mgr Tit Simidrea devrait être prochainement reconnu par Israël "Juste parmi les nations", à titre posthume, devenant le 56ème Roumain honoré par l'Etat hébreu pour avoir sauvé des juifs en mettant sa vie en danger. Le courage du hiérarque orthodoxe de Cernauti avait été salué par de nombreuses personnes qui lui devaient leur salut à l'époque de l'Holocauste, le centre d'histoire de la communauté juive de Roumanie renforçant leurs témoignages grâce à des archives découvertes récemment, illustrant son rôle de sauveur, au mépris de sa position et de sa liberté. Le titre de "Juste parmi les nations" a été créé par la Knesset (parlement israélien) en 1953, quatre ans après la création de l’état hébreu, afin de remercier les nonjuifs qui s'étaient illustrés par leurs actes pendant la barbarie nazie et est attribué par l'Autorité des Martyrs de l'Holo- causte et de la Commémoration des Héros "Yad Vashem" de Jérusalem. Il a surtout été décerné après le procès d'Eichmann, en 1963, qui avait révélé l'ampleur de la solidarité dont avaient pu bénéficier les juifs de la part de simples particuliers. Au 1er janvier 2007, 21 700 personnes de 41 pays l'avaient reçu. Toutefois, certains bienfaiteurs de la communauté juive l'ont refusé pour des raisons morales, religieuses ou politiques. L es prêtres et les fidèles orthodoxes sont interdits de communion dans une autre église, sous peine de sanctions, a décrété l'Eglise orthodoxe roumaine après qu'un métropolite eut provoqué un tollé en recevant l'eucharistie des mains d'un prêtre uniate. "Aucun hiérarque, prêtre ou fidèle orthodoxe ne pourra communier dans une autre église", a décidé le saintsynode au cours d'une réunion à Bucarest, en précisant que les sanctions pouvaient aller jusqu'à l'excommunication pour les religieux et l'exclusion de la communion pour les laïcs. Le synode a toutefois décidé de ne pas punir le métropolite du Banat, Nicolae Corneanu, dont la communion dans une église uniate (catholique de rite byzantin) avait "semé le trouble" parmi les orthodoxes. "Le regret et le repentir du métropolite ont été considérés comme un pas dans la bonne voie", a-t-il estimé. La hiérarchie de l'Eglise orthodoxe a en outre décrété que son clergé était "interdit de concélébration des sacrements avec des religieux d'autres cultes", une décision visant l'évêque d'Oradea, Sofronie, qui avait célébré l'Epiphanie aux côtés d'un évêque uniate. Mgr Sofronie a aussi bénéficié du pardon du synode. Majoritaire en Roumanie, l'Eglise orthodoxe compte environ 18 millions de fidèles, soit 88% de la population, mais le nombre de pratiquants est très nettement inférieur. Un évêque à nouveau mis en cause pour ses liens avec la Securitate M onseigneur Casian Craciun, évêque du Bas - Danube, comparaîtra devant le tribunal de Bucarest le 22 septembre prochain à la demande du CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives de la Securitate). L'organisme chargé de démasquer les collaborateurs de l'ancienne police politique occupant aujourd'hui des fonctions importantes a révélé qu'il avait été un de ses informateurs pendant une dizaine d'années, de 1981 jusqu'après la "Révolution", en 1991, ayant même proposé à son successeur, le SIE (Service d'Information Externe) de continuer à coopérer. Casian Craciun avait été recruté sous Ceausescu sur proposition du département des cultes, afin d'être envoyé à l'étranger pour espionner et infiltrer les milieux de l'émigration roumaine et leurs médias. Il avait opéré successivement sous les noms de code de Crin, Casius et Casio et ses "employeurs", satisfaits de ses services, l'auraient récompensé en lui remettant des sommes d'argent. Le futur évêque avait ainsi fourni d'importantes informations sur les Roumains résidant en France et en Allemagne, les étudiants envoyés dans ces pays et qui refusaient de rentrer au bercail. Il avait été également formé par des officiers de la Securitate pour recruter d'autres collaborateurs, fournir des renseignements sur les visiteurs étrangers invités en Roumanie par l'épiscopat roumain, sur les Roumains animant "Radio Europe Libre", l'Union des Roumains libres et les cercles proches du Roi Michel, puis l'Association des anciens détenus politiques. Mgr Casian Craciun n'est pas le premier hiérarque de l'Eglise orthodoxe mis en cause pour ses liens avec la Securitate, ni le premier Roumain auquel celle-ci avait confié des missions de surveillance de leurs compatriotes à l'étranger. Ces révélations expliquent la méfiance instinctive qu'entretenaient entre-eux les Roumains de la diaspora et qui a perduré assez longtemps après les évènements de décembre 1989. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Le maire voulait son bac à tout prix M aire de la commune d'Ibanesti (judet de Vaslui), Bogdan Pletea, 40 ans, n'avait retenu qu'une partie des conseils que lui avait ressassés autrefois son instituteur : "Pour réussir, il faut travailler et avoir des diplômes". Fin juin, il s'est donc présenté aux épreuves du bac qui se déroulaient dans le lycée de la commune voisine de Zorleni, passant avec succès les épreuves orales, obtenant même la note de 9 sur 10 en français. Mais les surveillants l'ont surpris en train de consulter des notes dissimulées dans sa poche lors de l'examen de roumain et l'ont exclu de la salle. En 2004, Bogdan Pletea avait déjà été poursuivi et condamné pour avoir trafiqué son carnet de travail, faisant état d'un faux diplôme universitaire, afin de décrocher un emploi qualifié. Heureusement pour lui, il n'a dû présenter aucun parchemin du même genre à ses électeurs pour être candidat lors des élections municipales de juin, ceux-ci ne lui mégotant pas leur confiance, puisqu'ils l'ont reconduit comme maire… sans chercher à savoir s'il y avait eu bourrage des urnes ou non. La valeur n’attend pas le nombre des années... ou outrage à personnes âgées ? Miroir aux alouettes N ouvellement engagée, la jeune secrétaire d'une firme de construction de Sibiu a découvert avec surprise en lisant son contrat d'embauche, qu'outre les tâches habituelles - conduire les voitures de service, s'occuper du fax, taper le courrier - elle devait également veiller au bien-être de son patron et de l'actionnaire majoritaire de la société "en leur dispensant des massages de relaxation, des body-massages et des massages érotiques". Finalement, la jeune fille n'a enlevé que son tablier… pour le rendre à ses éphémères employeurs, trouvant là l'explication du salaire confortable 1000 € par mois - qu'ils lui avaient proposé. Radar anti-tricherie E 29 chaudée par le nombre de fraudes qui ont émaillé la tenue du dernier baccalauréat, entraînant l'arrestation de candidats et d'une directrice de lycée à Sighet, la direction de l'Université polytechnique de Timisoara a décidé de se prémunir contre les éventuels agissements de ses propres étudiants en faisant l'acquisition d'un radar anti-tricherie installé dans ses salles d'examens. Le dispositif s'appuie sur un détecteur de conversations par téléphone mobile, avec ou sans oreillette dissimulée, repérant les fraudeurs à une distance de 40 mètres grâce à un voyant lumineux qui clignote. L'université ne s'est pas ruinée pour s'équiper de ce système de troisième génération, mis au point par ses enseignants du département informatique et télécommunication, puisqu'il ne lui en a coûté que 550 €. WC-restaurant à Timisoara L e préfet de Timisoara ne décolère pas depuis qu'il a constaté que le permis de construire de WC publics sur la place de l'Opéra de Timisoara, une zone historique, avait été l'objet d'un détournement. Un bâtiment en forme de véranda, qu'il juge en outre défigurer les lieux, lesquels sont classés, et couper cette place centrale en deux, a poussé à leur place. Une pizzeria y a vu le jour qui sera prochainement suivie d'un fast-food. Aucune autorisation n'a été délivrée pour leur exploitation. Située à 300 mètres de la mairie, le bâtiment appartient à une société créée initialement par un proche du maire, Gheorghe Ciuhandu. En attendant que les lieux reviennent à leur destination première, les passants ayant une envie pressante peuvent toujours prendre leur mal en patience en commandant une pizza, un hot-dog ou un coca. L'établissement est ouvert nuit et jour. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Les pouvoirs publics encouragent le développement du baccalauréat international Enseignement l l SATU MARE ARAD CLUJ SUCEAVA l l SIGHET ORADEA IASI TARGU MURES l l BACAU l l l l l SIBIU TIMISOARA R. VALCEA PLOIESTI l l l CRAIOVA l PITESTI GALATI RUSE S l l n BUCAREST GIURGIU l SLOBOZIA TULCEA CONSTANTA l l CALARASI l l L'histoire du communisme roumain matière optionnelle en classe de terminale 30 Qui est Ceausescu, que voulait dire "régime communiste", combien celui-ci a-t-il fait de victimes ? Autant de questions - et bien d'autres - auxquelles les jeunes ne savent pas répondre. Dans une lettre au ministre de l'Education, l'écrivaine et ancienne dissidente Ana Blandiana, présidente de l'Académie civique, demande que l'histoire du communisme soit enseignée dans le tronc commun des élèves de terminale comme matière obligatoire, au rythme d'une heure hebdomadaire, et qu'elle figure aux épreuves du baccalauréat. i les étudiants de l'UE munis de leur baccalauréat national peuvent s'inscrire dans une université roumaine sans problème, l'inverse n'est pas vraie. Seulement six des 27 états membres accueillent des étudiants roumains munis de ce diplôme. Dans la majorité des cas, ils seront sélectionnés sur dossier. En France, le parcours pour être admis est particulièrement difficile, avec un examen général, portant notamment sur la connaissance du français, et un autre concernant l'enseignement souhaité; seulement 40 % des candidats les réussissent. Pour aider les jeunes Roumains à franchir ces obstacles, le gouvernement a décidé d'impulser la mise en place du baccalauréat international (BI) en lui consacrant dès cette année un budget de 4M€ pour son introduction dans une centaine d'établissements secondaires. Trois lycées d'Etat sont immédiatement concernés: le collège national Mircea l'Ancien de Râmnicu Vâlcea, le lycée pédagogique Matei Basarab de Slobozia, le collège national Barbu Stirbei de Calarasi. Jusqu'ici, seuls deux établissements privés de Bucarest préparaient à ce diplôme: l'école américaine, depuis 1997, l'école internationale Mark Twain, depuis 2006. Vingt mille euros la place pour mendier à Saragosse Emigration M endier est un métier, qui a ses règles, comme à Saragosse en Espagne où vivent de nombreux Roumains dont des Tsiganes qui y ont émigré, ces derniers occupant les lieux stratégiques que sont la place centrale et la cathédrale Pilar, lesquelles offrent huit places de mendicité. "Chacun sait ce qu'il doit faire ou non" a expliqué à "Romania Libera" l'un d'entre eux, Istrate, venu "faire de l'argent en Espagne". "Il ne faut pas prendre la place d'un autre, payer chaque jour le "chef". Ce n'est pas obligatoire d'être Tsigane et c'est mieux si on est un peu artiste". Il ajoute: "Mais il faut venir déjà avec un peu d'argent pour le voyage et surtout pour acheter ou louer la place où tu vas mendier". Celle-ci coûte entre 15 000 et 20 000 €, si elle est bien située, c'est-à-dire dans un endroit où on peut plus facilement apitoyer les passants. Et comme la concurrence est rude, il vaut mieux être recommandé auprès d'un "chef" qui organise ce "commerce". Les mendiants se mettent à plusieurs pour payer l'emplacement et se partagent les journées, matin, après-midi ou soirée. "C'est un travail facile" reconnaît Istrate, "mais ce n'est plus comme avant: il y a beaucoup de travailleurs roumains à Saragosse et quant ils nous voient, ils nous injurient, crient qu'on les déconsidèrent, et les gens entendent et ne donnent plus". Originaire de Galati, le Tsigane se souvient des "jours heureux", voici trois-quatre ans, où il gagnait jusqu'à 400 à 500 € quotidiennement les jours de fête. La somme ne lui revenait pas intégralement. Il lui fallait payer la taxe de protection au "chef" et la location de l'emplacement, mais il conservait la moitié de ses gains. Aujourd'hui, devenu luimême "chef", Istrate arrondi ses fins de mois en jouant de l'accordéon à la porte d'un bar. Il fait également la chasse aux Colombiens qui essaient de prendre les bonnes places et se montre fier de les avoir repoussés à la porte de la ville. Pas un sésame automatique A savoir L'adaptation des programmes et des enseignements, très différents de ceux du bac national, exige un investissement initial de l'ordre de 40 000 €, puis une contribution annuelle de 4000 € de la part des établissements. Les élèves, qui doivent suivre deux années initiales de cours en anglais, paient 450 € de frais d'inscription à l'examen. Le BI existe depuis 1968, à l'initiative d'une organisation genevoise à but non lucratif. 2300 établissements répartis entre 129 pays permettent de le préparer. Pour autant, son obtention n'est pas un sésame permettant d'accéder automatiquement l'entrée dans l'enseignement supérieur d'un autre pays. S'il est reconnu en France et en Grande Bretagne… leurs titulaires doivent s'assurer que les universités auxquelles ils postulent les acceptent. Il n'est pas suffisant aux Pays bas et en Suède. En Allemagne, il contribue seulement à l'évaluation des candidatures. Toutefois, d'une manière générale, ce diplôme permet d'ouvrir grandement les portes des facultés étrangères. La première promotion roumaine est attendue en 2010. Ana Blandiana Le gouvernement a introduit cet enseignement par décret le 7 juillet dernier mais seulement comme matière optionnelle, ce qui fait douter l'écrivaine de son efficience, cette mesure étant laissée à l'appréciation des inspecteurs et directeurs d'écoles. Ana Blandiana et sont mari Romulus Rusan sont les organisateurs de l'école d'été de Sighet qui réunit une centaine de jeunes Roumains et Moldaves venant d'achever le lycée, ainsi que des professeurs d'histoire, pour une semaine de conférences sur l'étude de la période du communisme en Roumanie. Ce séminaire se déroule dans l'enceinte même de l'ancienne prison pour détenus politiques, transformée en mémorial. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Pour plus de 20 000 €, la directrice distribuait les sujets du bac... et les solutions à ses élèves L a directrice d'un lycée privé de Sighetu Marmatiei (Maramures) a été placée en détention provisoire, à la mi-juillet. Lors d'une perquisition à son domicile, la police a découvert environ 22 500 €, qui proviendraient des candidats au bac. Selon le Parquet anti-corruption (DNA), "une quarantaine d'enseignants au total ont été impliqués dans cette tentative de fraude". Meda Leordean, la directrice impliquée a notamment "convaincu ses enseignants de résoudre les sujets d'examen, avant de distribuer les solutions aux élèves", a précisé le DNA. Une élève suivant les cours du soir de ce lycée a recon- nu avoir collecté auprès de ses camarades environ 27 000 €, qui devaient être remis à la directrice. La police disposerait de nombreux enregistrements de conversations téléphoniques confirmant ces accusations. Collecter de l'argent pour acheter la bienveillance des correcteurs est une règle fréquente en Roumanie, malgré l’interdiction formelle du ministère de l'Enseignement. Le bac organisé cette année a été émaillé de nombreuses tentatives de fraude. 270 lycéens ont été éliminés après avoir été surpris en train de copier, tandis qu'une cinquantaine de correcteurs ont été sanctionnés pour avoir fermé les yeux sur de telles pratiques. Un million d'habitants en moins en 10 ans La population de la Roumanie a baissé de 4,5% entre 1997 et 2007, alors qu'elle a augmenté en moyenne de 3,4 % dans l'ensemble de l'UE, selon les chiffres du Bureau des statistiques des communautés européennes (Eurostat). Elle comptait l'an passé 21 565 000 habitants contre 22 582 000 en 1997, soit une perte de un million d'habitants en un an. Le pays ayant enregistré la plus grande croissance de la population a été l'Irlande (18%), suivie par Chypre (16,9%), le Luxembourg (14,2%) et l'Espagne (12,5%). La population a baissé dans 8 pays membres de l'UE, les plus grands déclins étant enregistrés en Bulgarie (-7,9%), la Lettonie (-6,7%) et la Lituanie (-5,7%). La Roumanie réclame à Rome le retour de 2300 enfants Bucarest réclame aux autorités italiennes le retour de 2300 enfants roumains sans parents, parfois amenés illégalement en Italie en vue d'une adoption. 55 nouveaux cas ont été enregistrés depuis le début de l'année. Une convention a été négociée entre les deux pays pour mettre fin à cette situation mais Rome met beaucoup de mauvaise volonté à vouloir la signer, ce qui a conduit la sous-secrétaire d'Etat roumaine chargée de la protection de l'enfance à menacer l'Italie de poursuites devant la justice européenne. Travailleurs émigrés arrachés des griffes d'esclavagistes En collaboration avec la police roumaine, la police de Wexford, dans le sudest de l'Irlande, a arraché des griffes d'un réseau esclavagiste plus d'une centaine de travailleurs émigrés roumains qu'il avait attirés en Irlande contre la promesse d'y trouver un emploi dans la construction ou les services d'entretien, après versement de 2500 €. Sur place, ces travailleurs devaient en outre remettre un tiers de leur salaire, les récalcitrants étant menacés de voir leur famille restée en Roumanie, battue ou torturée. La police roumaine a arrêté trois membres du réseau, un père et ses deux fils, originaires de la commune de Lovrin dans le judet de Timis. Turcs clandestins cachés dans 20 tonnes d'abricots Début août, la police des frontières de Nadlac (Arad) a découvert 19 citoyens Turcs, de18 à 49 ans, cachés dans un TIR transportant 20 tonnes d'abricots à destination de l'Allemagne. Dépourvus de visas Schengen, ils tentaient de gagner ce pays. Quelques semaines auparavant, au poste frontière voisin de Varsand, ce sont 12 Moldaves et 22 Turcs qui avaient été trouvés dans deux TIR et qui souhaitaient aller travailler également en Allemagne, mais aussi en Italie. Améliorer l'image à l'étranger Bucarest va investir 7,8 millions d'euros dans des campagnes de communication visant à améliorer l'image des Roumains en Italie et en Espagne. L'initiative a pour but d'offrir des informations alternatives au "discours médiatique émotionnel généré par les infractions commises par certains citoyens d'origine roumaine" dans ces deux pays, explique un communiqué de l'Agence pour les Stratégies Gouvernementales (ASG). En Italie, seront présentées des spécificités culinaires roumaines. Un site Internet sera créé pour montrer la Roumanie sous un autre angle. En Espagne, "où les Roumains ont une image meilleure qu'en Italie", selon le directeur de l'ASG, Dan Jurcan, la campagne sera basée sur la diffusion à la télévision de messages publicitaires illustrant la réussite d'immigrés roumains. 35 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Emigration l l SATU MARE ORADEA ARAD CLUJ l Dans la Somme, l'amertume... après "Bienvenue chez les Picards" l SUCEAVA IASI TARGU MURES Seboncourt a perdu son médecin roumain l BACAU l l l l SIBIU l GALATI TIMISOARA PLOIESTI TÂRGOVISTE l PITESTI CRAIOVA l l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Colis volés par des transporteurs 34 Beaucoup d'émigrés partis travailler à l'étranger essaient de compenser leur absence auprès de leurs enfants ou parents en leur envoyant des colis contenant des sucreries, des vêtements, des bijoux, de l'argent, notamment au moment des grandes fêtes comme Pâques ou Noël s'ils ne peuvent pas faire le déplacement. Les minibus et leurs remorques effectuant la navette font alors le plein de paquets. Mais le plus souvent, les transporteurs qui convoient des chargements de plusieurs milliers d'euros, voire de dizaines de milliers, n'offrent aucune garantie à l'expéditeur que son envoi arrivera à bon port. Ces derniers ne reçoivent même pas un justificatif comme un bordereau d'expédition. Des colis disparaissent donc, comme cela a encore été le cas à Pâques pour des minibus en provenance d'Italie, et particulièrement de Turin, à destination de Galati. Le transporteur trouve toujours une excuse, assurant par exemple que la remorque s'est retournée, que les paquets se sont défaits, qu’on ne lui a rien remis, etc. Le chargement étant le plus souvent destiné à des enfants ou à des personnes âgées, il est presque certain que ceux-ci ne porteront pas plainte. Une fois son mauvais coup réalisé,le transporteur indélicat attend un peu et recommence, si besoin vers une autre destination, abusant de la crédulité de dizaines d'autres travailleurs émigrés. N ous sommes très déçus!" Gérard Feuillette, maire de Seboncourt (Somme), ne cache pas son amertume. La petite commune de 1 150 âmes vient de perdre son unique médecin (notre photo) qu'elle avait fait venir de… Roumanie. L'élu n'avait pourtant pas ménagé sa peine pour que ses administrés bénéficient de soins de proximité. Quand, en juin 2007, le "médecin de famille" du village décide de prendre sa retraite, le maire entame des recherches. Il dépose plusieurs annonces via des journaux spécialisés et Internet, prospecte à travers l'Europe du Sud et le Maghreb avant de trouver enfin un candidat en Roumanie. "Devant la pénurie de médecins, beaucoup d'élus de petites communes font venir des médecins de l'Europe de l'Est, et les Roumains, dont le niveau de vie est très faible, sont les premiers candidats", explique Xavier Deau, au Conseil national de l'ordre des médecins. "L'année dernière, nous avons traité environ 800 dossiers de médecins roumains". Quelques agences, comme l'Arime, se sont même spécialisées dans ces recherches et facturent aux élus des sommes allant jusqu'à plusieurs dizaines de milliers d'euros pour un recrutement. Ces médecins étrangers exercent pour les deux tiers à l'hôpital et pour un tiers en cabinet libéral. Le Conseil de l'ordre, qui veille à ce que les candidats possèdent les diplômes en bonne et due forme, estime que 5 % des dossiers posent problèmes (présentation de faux, équivalence non homologuée...). Parti sans expliquer son geste "Certaines universités, notamment en Roumanie, ne sont pas très rigoureuses sur la réalité du nombre d'années d'étude effectuées", regrette-t-il. Mais, une fois ce tri administratif effectué, "beaucoup de greffes prennent, d'autres pas…", estime Xavier Deau. Comme à Seboncourt où le maire n'avait pas hésité à se lancer dans des travaux d'aménagement pour que le médecin trouve ses marques en Picardie. "Nous avions estimé que cet homme, venant de Roumanie avec presque rien, il était de notre devoir de le loger aux frais de la municipalité. Nous avons même réaménagé l'ancien cabinet médical que nous avons remis entièrement à neuf et ce, grâce à la générosité du conseil général mais également des habitants de la commune". Le maire s'était aussi démené pour l'obtention rapide d'un permis de séjour en règle. Bref, c'était un peu "Bienvenue chez les Picards" ! Jusqu'à ce que les habitants découvrent fin juillet la disparition de leur toubib. Pas un mot pour expliquer ce geste. Il aurait estimé ses revenus insuffisants. "Je crois que, venant d'une économie administrée, il n'avait pas intégré la notion de revenu par le travail…" analyse, amer, Gérard Feuillette. Il gardait ses patients en consultation près d'une heure et demie, pendant que les autres, las d'attendre, s'en allaient." Les habitants que le médecin aurait jugés "trop pauvres" se sentent meurtris. "Tout le monde avait mis du sien pour l'accueillir", déplorent-ils. Seboncourt, la mort dans l'âme, devra attendre encore longtemps avant de profiter de son cabinet médical rénové. "J'ai commencé à nouveau les recherches, mais je ne me fais pas trop d'illusions", ajoute le maire. Matthieu Delaunay (Le Figaro) Société Les NOUVELLES de ROUMANIE La langue roumaine en mauvaise posture en Europe Enseignement L 'apprentissage de la langue roumaine à l'étranger, mais aussi la connaissance de la culture roumaine, sont en chute libre si on en croit un journaliste de "Gardianul" qui a interviewé une professeur universitaire de français de Craiova, Dana Dumitriu, titulaire d'un doctorat et qui a enseigné sa langue maternelle à l'université de Marne la Vallée. Selon elle, la situation est encore plus préoccupante en Europe qu'aux Etats-Unis. S'appuyant sur son expérience, Dana Dumitriu relève que sur les 11 lectorats de langue roumaine qui existaient en France en 1995, il n'en subsiste plus que 7. "Les universités françaises engagent des lecteurs roumains avec le statut de personnel auxiliaire et non de professeur, bien qu'ils aient un doctorat. Ils sont payés au mieux 1200 euros par mois, alors que les étudiants français préparant leur doctorat gagnent entre 1500 et 1800 euros" soutient l'universitaire qui souligne qu'en dehors des universités de Paris et de Marseille, aucune autre ne respecte le protocole de Bologne: "Les cours ne sont pas structurés jusqu'à la licence. Ils ne sont répartis que sur 2 ou 3 ans et, à leur terme, le diplôme délivré n'a aucune valeur, n'est pas reconnu. Il s'agit en fait d'une simple attestation". Et Dana Dumitriu de ne pas s'étonner de voir les effectifs des étudiants s'inscrivant en première année de cours de roumain passer de 20 à 40… à guère plus de 5, l'année suivante. Le ministère roumain de l'Education s'est dit conscient du problème et envisage de revaloriser le statut de lecteurs partant à l'étranger, en leur attribuant une indemnité supplémentaire variant de 1000 à 2000 euros par mois, suivant le pays de destination, à laquelle s'ajouterait une prime de 100 euros pour les frais, portée à 500 euros pour les USA. Apprentissage de la lecture : les élèves roumains et bulgares en queue de classe dans une UE qui régresse P rès d'un quart des Européens âgés de 15 ans ont de faibles compétences en lecture. Zéro pointé pour la France qui est passée de 15,2% d'élèves en difficulté en 2000 à 21,7% en 2006! Mais c'est encore pire pour la Roumanie qui, avec 53,5 % d'élèves médiocres, et la Bulgarie (51,1 %), atteignent les bas-fonds du classement. C'est le principal constat du rapport annuel sur les systèmes d'enseignement de l'Union Européenne, que la Commission européenne vient de présenter. Réduire fortement la part de jeunes de 15 ans ayant de mauvais résultats en lecture était pourtant l'un des objectifs affichés en 2000. Cet idéal est loin d'être atteint, puisque le taux est passé de 21,3 % en 2000 à 24,1 % en 2007. La situation s'est également détériorée en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Portugal. Dans les pays bons élèves, la Finlande est en tête, très loin devant tout le monde, avec seulement 4,8 % de mauvais élèves, suivie de l'Irlande (12,1 %) et de l'Estonie (13,6 %). Les Pays-Bas et la Suède ont d'assez bons résultats, mais n'ont pas progressé au contraire de la Pologne. Le constat de la médiocrité des Bulgarie-Roumanie : Vorbiti româneste ? A Ruse, principale ville bulgare sur le Danube, ils seraient des centaines de jeunes lycéens à vouloir apprendre la langue de leurs voisins roumains, raconte le quotidien à grand tirage "Standart", de Sofia. Ce qui a conduit la direction du prestigieux Lycée britannique de la ville (un établissement d'élite où est dispensé un enseignement intensif de l'anglais) à ouvrir cette année une classe où l'on apprendra le roumain en deuxième langue. Cette classe sera limitée à 28 élèves, a prévenu le Lycée britannique, qui a précisé "crouler sous les demandes". Cet intérêt linguistique est réciproque, rappelle "Standart", qui rapporte que les autorités roumaines ont même envisagé d'envoyer des enfants étudier le bulgare de l'autre côté du Danube, à Giurgiu. Admises en même temps dans l'Union Européenne, le 1er janvier 2007, la Roumanie et la Bulgarie n'entretenaient que très peu de rapports pendant la période communiste, et leurs habitants n'avaient pas manifesté jusqu'à présent une grande curiosité réciproque jeunes lecteurs est général et loin de concerner la seule Roumanie. En Belgique, une enquête a révélé que trop d'élèves décrochaient face à un texte complexe, 15 % d'entre eux éprouvaient de sérieuses difficultés en primaire. En Grande-Bretagne, récemment, l'université de Cambridge annonçait au terme d'une étude que les coûteux programmes d'apprentissage de la lecture mis en œuvre n'avaient servi à rien. Les 730 millions d'euros dépensés depuis dix ans ont eu un impact "relativement faible" sur son enseignement était-il également indiqué. Majoration de 80 % du montant des bourses dès cette rentrée L e gouvernement a augmenté de 80 % le montant des bourses accordées aux élèves, lycéens, étudiants - elles passent à 65 €/mois -, post-universitaires - 75 €/ mois et 85 €/mois pour les doctorants - avec effet dès cette rentrée. Cette mesure concerne également les Moldaves et Ukrainiens ou ressortissants d'autres pays, d'origine roumaine, étudiant en Roumanie, ainsi que les étudiants étrangers bénéficiant de bourses roumaines. Les boursiers continuent par ailleurs à bénéficier de la gratuité des frais d'inscription. Leur bourse est suspendue s'ils redoublent, et rétablie en cas de réussite l'année suivante. 31 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Santé l SATU MARE ORADEA l CLUJ ARAD l SUCEAVA l IASI TARGU MURES "Si j'avais su..." l BACAU l l l l SIBIU l GALATI TIMISOARA PLOIESTI T. SEVERIN l l SLATINA CRAIOVA l l l CERNAVODA l n BUCAREST CONSTANTA l Trois mois de vacances d'été en 2009 32 Les désillusions des jeunes médecins rentrés au pays La rentrée scolaire 2008 est prévue ce lundi 15 septembre, l'année 2008-2009 s'étalant sur 35 semaines effectives d'école, organisée en deux semestres, du 15 septembre au vendredi 30 janvier, du lundi 9 février au vendredi 12 juin. Les écoles primaires bénéficient d'une coupure supplémentaire du vendredi soir 24 octobre au lundi matin 3 novembre (une semaine). Les vacances de Noël se dérouleront du vendredi soir 19 décembre au lundi matin 5 janvier (2 semaines), celles d'hiver, du vendredi soir 30 janvier au lundi matin 9 février (une semaine), de Pâques du vendredi soir 10 avril au lundi matin 20 avril (une semaine). Les vacances d'été retrouvent pratiquement leur rythme d'autrefois, trois mois, du vendredi soir 12 juin 2009 au lundi matin 14 septembre. Après le primaire, les élèves bénéficieront au total de quatre mois de vacances; les enseignants seront mobilisés environ trois semaines supplémentaires pour les surveillances des examens, les corrections et pour assurer la rentrée. Lycée français de Bucarest Le gouvernement roumain a décidé de mettre gratuitement à la disposition du lycée français de Bucarest 2,4 hectares de terrain dans le secteur un de la capitale, à proximité de l'académie de police, pour y construire un nouvel établissement appelé à remplacer l'actuel lycée Anna de Noailles, trop petit pour faire face à la demande. L ucian Negreanu, gastro-entérologue de l'hôpital universitaire de Bucarest, où il donne aussi des cours, est revenu de France voici deux ans. Après ses études, le jeune praticien était parti se spécialiser dans ce pays, puis au Danemark et en Allemagne, avant de terminer son cycle de formation à l'hôpital François Rabelais de Tours, pendant 18 mois. Il avait décliné une offre d'embauche, car il avait le mal du pays et souhaitait se stabiliser auprès de ses amis et de sa famille. Inscrit à la Société française et européenne de gastro-entérologie, Lucian, marié, un enfant, regrette son choix: "En France, dans le secteur public, je gagnerais 3000 à 3500 € en tant que débutant, et beaucoup plus dans le privé; comme mes collègues, je passerais mes vacances aux Canaries ou aux Maldives. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse avec les 600 € que je touche aujourd'hui quand l'appartement que je loue me coûte déjà 400 €?". Le médecin se montre particulièrement mortifié d'en être réduit à demander des bakchichs à ses patients ou de l'aide à ses parents. "L'interne est considéré comme un cheval de labour" Sa désillusion ne s'arrête pas à son salaire. "Ici, on ne te respecte pas. Tu n'as pas de satisfactions professionnelles. Après six ans d'études particulièrement dures, un concours d'internat très difficile, on t'accable de tâches administratives ; tu n'as pas de véritable contact avec les malades. Non seulement, l'interne ne gagne pratiquement rien, mais il est considéré comme un cheval de labour. En France, je recevais 1500 € par mois, on m'avait fourni un logement confortable pour 200-300 €, bien en dessous du prix du marché, et si je voulais faire une spécialité, je n'avais qu'à demander à l'université qui me donnait l'argent sur un fonds spécial. On te préparait bien, tu sentais que tu devenais meilleur, que tu avais un avenir devant toi". Lucian ne cache pas qu'il recommande à ses étudiants de partir. "Ils font tant de sacrifices. Qu'est-ce que je peux leur dire? Qu'ils doivent accepter de se contenter de végéter dans un hôpital de province avec 300-400 € par mois où on les aura envoyés parce qu'on y manque de médecins et que les bonnes places sont réservées aux enfants des pontes de l'université? Qu'ils devront en plus se débrouiller pour leur repas, leur logement? Qu'ils auront à leur disposition un équipement médical misérable, ne pourront faire des radiographies ou des analyses élémentaires qu'une fois par semaine? Qu'ils deviendront aigris, frustrés?". Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Près de 60 % des Roumains souhaiteraient se faire soigner à l'étranger Santé U ne étude commandée par Bruxelles indique que 57 % des Roumains souhaiteraient se faire soigner à l'étranger et estiment que l'Etat devrait prendre en charge les frais inhérents. Du vœu à la réalité, il existe un fossé puisque seulement 2 % d'entre-eux le font, alors que la moyenne des autres pays de l'UE est de 4 %, la Roumanie occupant l'avant-dernier rang. Dans leurs motivations, les patients roumains avancent à 90 % que leur traitement n'est pas disponible sur place, qu'on est mieux soigné à l'étranger (83 %), les spécialistes y étant meilleurs (60 %), le traitement plus rapide (57 %) et moins cher (50 %)… en prenant en considération les bakchichs à verser en Roumanie. A contrario, 70 % d’entre eux ont indiqué qu'ils ne le faisaient pas car ils n'en avaient pas les moyens, 60 % parce qu'il était plus commode d'être soignés près de chez eux, 42 % se montrant satisfaits de la qualité des soins en Roumaine (la moyenne est de 80 % dans les autres pays de l'UE). 40 % des Roumains renonçaient à se rendre à l'étranger du fait du Soins possibles dans tous les pays membres pour les ressortissants de l'UE Parallèlement à cette enquête, Bruxelles a indiqué qu'elle préparait une directive permettant aux assurés sociaux de l'UE de pouvoir se faire soigner dans tous les pays membres. Les patients devront cependant payer le surcoût éventuel. Ainsi, un Bucarestois qui aurait été opéré gratuitement de l'appendicite dans un hôpital de la capitale roumaine devrait acquitter la différence entre le coût de l'intervention et de l'hospitalisation dans son pays (300 €) et celui pratiqué par exemple à Beauvais (1800 €), soit 1500 €, la Sécurité sociale roumaine prenant en charge le solde manquant. En théorie, cela était possible déjà, mais rares étaient les établissement hospitaliers de l'UE acceptant des patients roumains et ayant passé des conventions avec leur pays. A Slatina, des chirurgiens affirment opérer avec des sécateurs P rovocation devant leurs tristes conditions de travail ou réalité ? Même Ionesco, natif de la ville, aurait eu du mal à y croire, tellement le fait paraît énorme: des chirurgiens de l'hôpital d'urgence de Slatina affirment qu'ils en sont réduits à opérer avec des sécateurs pour tailler la vigne ou des pinces coupantes de chantier, achetés dans un magasin de bricolage voisin, faute de dotation de leur établissement. En outre, ils ont indiqué que le système de stérilisation de l'eau ne fonctionne plus depuis un an et demi, qu'ils se lavent les mains dans deux lavabos sur lesquels on a bricolé un filtre. Les médecins orthopédistes utilisent une vieille table d'opération de plus de 30 ans, sur laquelle leurs patients ne peuvent pas s'étendre convenablement. Quant aux malades, soutiennent-ils, ils sortent de la salle d'opération pour être installés dans des chambres communes où grouillent des cafards et dont les draps des lits n'ont pas été changés depuis des semaines. Interrogée, la direction de l'hôpital a assuré que le problème de l'eau avait été résolu, indiquant que les "instruments" de chirurgie évoqués… servaient à la décoration. Elle a demandé par ailleurs aux chirurgiens de faire une liste du matériel dont ils ont besoin pour l'acquérir dès qu'elle touchera des fonds. A savoir Malades renvoyés chez eux faute de médicaments Presque tous repartent Laura, une de ses collègues gynécologues, débutante, s'apprête à partir en Grande Bretagne. "Je n'ai rien à perdre. Je gagne 150 €, là-bas on m'en propose 15 fois plus". Ce n'est pas de gaîté de cœur, mais elle vite fait ses calculs. "Ici, pour avancer, obtenir un poste de chirurgien ou de professeur universitaire, il faut que tu donnes un bakchich entre 30 et 50 000 €, en fonction de la spécialité. C'est au-dessus de mes moyens et je ne sais pas comment je les récupèrerais". L'horizon est en outre bouché parce que le système de santé roumain, manquant d'hôpitaux suffisamment équipés, n'a pas la capacité d'absorber davantage de spécialistes. Le constat est sans appel: pratiquement tous les jeunes médecins qui ont eu la possibilité d'exercer en Occident et sont revenus au pays, sont repartis au bout de quelques mois. Les autres y songent sérieusement. Lucian s'apprête à en faire de même: "Je n'ai vu aucune volonté des autorités de retenir les jeunes. Si on leur offrait des bonnes conditions de travail, un salaire décent, je ne vois pas pourquoi ils choisiraient de s'exiler à des milliers de kilomètres de chez eux". manque d'information et de la barrière de la langue. Afin d'attirer l'attention des médias et faire réagir les pouvoirs publics, les médecins du centre anticancéreux de l'hôpital municipal de Ploiesti ont décidé à la mi-juillet de renvoyer chez eux une quarantaine de leurs patients qu'ils ne pouvaient plus soigner depuis le début du mois, faute de médicaments, étant réduits à leur administrer des vitamines et des calmants. 55 000 nouveaux cas de cancers chaque année La Roumanie compte 355 000 personnes dont on a diagnostiqué un cancer (1,7 % de la population), dont 4400 enfants, enregistrant 55 000 nouveaux cas chaque année. Les spécialistes estiment que ce chiffre devrait augmenter de 2000 cas par an, avec les progrès du dépistage mais aussi la mauvaise alimentation et le tabac. Le pays dispose de seulement 250 oncologues, nombre très insuffisant pour faire face à ce fléau. "Le juron d'Hippocrate" "Le juron d'Hippocrate", a titré le quotidien "Romania Libera" pour un article consacré à la pratique médicale en Roumanie, article selon lequel "dans les hôpitaux roumains, les malades doivent souvent subir également, outre de mauvais soins, la grossièreté du personnel médical''. Le journal estime que "les Roumains pourraient s'inspirer des systèmes médicaux de pays occidentaux où sont organisés des cours de communication pour les médecins''. Trop de césariennes "Les Roumaines sont championnes du monde des césariennes" note le quotidien "Gândul" ("La pensée"), indiquant que leur taux atteint parfois 80 % du total des niassances dans certains établissements, et entre 50 à 70 % à Bucarest, contre environ 15 % dans le reste de la planète. La raison? Des médecins et aussi une population ancrés dans l'enseignement d'une école obstétrique qui a fait de ce mode d'accouchement une tradition. 33 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Santé l SATU MARE ORADEA l CLUJ ARAD l SUCEAVA l IASI TARGU MURES "Si j'avais su..." l BACAU l l l l SIBIU l GALATI TIMISOARA PLOIESTI T. SEVERIN l l SLATINA CRAIOVA l l l CERNAVODA l n BUCAREST CONSTANTA l Trois mois de vacances d'été en 2009 32 Les désillusions des jeunes médecins rentrés au pays La rentrée scolaire 2008 est prévue ce lundi 15 septembre, l'année 2008-2009 s'étalant sur 35 semaines effectives d'école, organisée en deux semestres, du 15 septembre au vendredi 30 janvier, du lundi 9 février au vendredi 12 juin. Les écoles primaires bénéficient d'une coupure supplémentaire du vendredi soir 24 octobre au lundi matin 3 novembre (une semaine). Les vacances de Noël se dérouleront du vendredi soir 19 décembre au lundi matin 5 janvier (2 semaines), celles d'hiver, du vendredi soir 30 janvier au lundi matin 9 février (une semaine), de Pâques du vendredi soir 10 avril au lundi matin 20 avril (une semaine). Les vacances d'été retrouvent pratiquement leur rythme d'autrefois, trois mois, du vendredi soir 12 juin 2009 au lundi matin 14 septembre. Après le primaire, les élèves bénéficieront au total de quatre mois de vacances; les enseignants seront mobilisés environ trois semaines supplémentaires pour les surveillances des examens, les corrections et pour assurer la rentrée. Lycée français de Bucarest Le gouvernement roumain a décidé de mettre gratuitement à la disposition du lycée français de Bucarest 2,4 hectares de terrain dans le secteur un de la capitale, à proximité de l'académie de police, pour y construire un nouvel établissement appelé à remplacer l'actuel lycée Anna de Noailles, trop petit pour faire face à la demande. L ucian Negreanu, gastro-entérologue de l'hôpital universitaire de Bucarest, où il donne aussi des cours, est revenu de France voici deux ans. Après ses études, le jeune praticien était parti se spécialiser dans ce pays, puis au Danemark et en Allemagne, avant de terminer son cycle de formation à l'hôpital François Rabelais de Tours, pendant 18 mois. Il avait décliné une offre d'embauche, car il avait le mal du pays et souhaitait se stabiliser auprès de ses amis et de sa famille. Inscrit à la Société française et européenne de gastro-entérologie, Lucian, marié, un enfant, regrette son choix: "En France, dans le secteur public, je gagnerais 3000 à 3500 € en tant que débutant, et beaucoup plus dans le privé; comme mes collègues, je passerais mes vacances aux Canaries ou aux Maldives. Qu'est-ce que vous voulez que je fasse avec les 600 € que je touche aujourd'hui quand l'appartement que je loue me coûte déjà 400 €?". Le médecin se montre particulièrement mortifié d'en être réduit à demander des bakchichs à ses patients ou de l'aide à ses parents. "L'interne est considéré comme un cheval de labour" Sa désillusion ne s'arrête pas à son salaire. "Ici, on ne te respecte pas. Tu n'as pas de satisfactions professionnelles. Après six ans d'études particulièrement dures, un concours d'internat très difficile, on t'accable de tâches administratives ; tu n'as pas de véritable contact avec les malades. Non seulement, l'interne ne gagne pratiquement rien, mais il est considéré comme un cheval de labour. En France, je recevais 1500 € par mois, on m'avait fourni un logement confortable pour 200-300 €, bien en dessous du prix du marché, et si je voulais faire une spécialité, je n'avais qu'à demander à l'université qui me donnait l'argent sur un fonds spécial. On te préparait bien, tu sentais que tu devenais meilleur, que tu avais un avenir devant toi". Lucian ne cache pas qu'il recommande à ses étudiants de partir. "Ils font tant de sacrifices. Qu'est-ce que je peux leur dire? Qu'ils doivent accepter de se contenter de végéter dans un hôpital de province avec 300-400 € par mois où on les aura envoyés parce qu'on y manque de médecins et que les bonnes places sont réservées aux enfants des pontes de l'université? Qu'ils devront en plus se débrouiller pour leur repas, leur logement? Qu'ils auront à leur disposition un équipement médical misérable, ne pourront faire des radiographies ou des analyses élémentaires qu'une fois par semaine? Qu'ils deviendront aigris, frustrés?". Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Près de 60 % des Roumains souhaiteraient se faire soigner à l'étranger Santé U ne étude commandée par Bruxelles indique que 57 % des Roumains souhaiteraient se faire soigner à l'étranger et estiment que l'Etat devrait prendre en charge les frais inhérents. Du vœu à la réalité, il existe un fossé puisque seulement 2 % d'entre-eux le font, alors que la moyenne des autres pays de l'UE est de 4 %, la Roumanie occupant l'avant-dernier rang. Dans leurs motivations, les patients roumains avancent à 90 % que leur traitement n'est pas disponible sur place, qu'on est mieux soigné à l'étranger (83 %), les spécialistes y étant meilleurs (60 %), le traitement plus rapide (57 %) et moins cher (50 %)… en prenant en considération les bakchichs à verser en Roumanie. A contrario, 70 % d’entre eux ont indiqué qu'ils ne le faisaient pas car ils n'en avaient pas les moyens, 60 % parce qu'il était plus commode d'être soignés près de chez eux, 42 % se montrant satisfaits de la qualité des soins en Roumaine (la moyenne est de 80 % dans les autres pays de l'UE). 40 % des Roumains renonçaient à se rendre à l'étranger du fait du Soins possibles dans tous les pays membres pour les ressortissants de l'UE Parallèlement à cette enquête, Bruxelles a indiqué qu'elle préparait une directive permettant aux assurés sociaux de l'UE de pouvoir se faire soigner dans tous les pays membres. Les patients devront cependant payer le surcoût éventuel. Ainsi, un Bucarestois qui aurait été opéré gratuitement de l'appendicite dans un hôpital de la capitale roumaine devrait acquitter la différence entre le coût de l'intervention et de l'hospitalisation dans son pays (300 €) et celui pratiqué par exemple à Beauvais (1800 €), soit 1500 €, la Sécurité sociale roumaine prenant en charge le solde manquant. En théorie, cela était possible déjà, mais rares étaient les établissement hospitaliers de l'UE acceptant des patients roumains et ayant passé des conventions avec leur pays. A Slatina, des chirurgiens affirment opérer avec des sécateurs P rovocation devant leurs tristes conditions de travail ou réalité ? Même Ionesco, natif de la ville, aurait eu du mal à y croire, tellement le fait paraît énorme: des chirurgiens de l'hôpital d'urgence de Slatina affirment qu'ils en sont réduits à opérer avec des sécateurs pour tailler la vigne ou des pinces coupantes de chantier, achetés dans un magasin de bricolage voisin, faute de dotation de leur établissement. En outre, ils ont indiqué que le système de stérilisation de l'eau ne fonctionne plus depuis un an et demi, qu'ils se lavent les mains dans deux lavabos sur lesquels on a bricolé un filtre. Les médecins orthopédistes utilisent une vieille table d'opération de plus de 30 ans, sur laquelle leurs patients ne peuvent pas s'étendre convenablement. Quant aux malades, soutiennent-ils, ils sortent de la salle d'opération pour être installés dans des chambres communes où grouillent des cafards et dont les draps des lits n'ont pas été changés depuis des semaines. Interrogée, la direction de l'hôpital a assuré que le problème de l'eau avait été résolu, indiquant que les "instruments" de chirurgie évoqués… servaient à la décoration. Elle a demandé par ailleurs aux chirurgiens de faire une liste du matériel dont ils ont besoin pour l'acquérir dès qu'elle touchera des fonds. A savoir Malades renvoyés chez eux faute de médicaments Presque tous repartent Laura, une de ses collègues gynécologues, débutante, s'apprête à partir en Grande Bretagne. "Je n'ai rien à perdre. Je gagne 150 €, là-bas on m'en propose 15 fois plus". Ce n'est pas de gaîté de cœur, mais elle vite fait ses calculs. "Ici, pour avancer, obtenir un poste de chirurgien ou de professeur universitaire, il faut que tu donnes un bakchich entre 30 et 50 000 €, en fonction de la spécialité. C'est au-dessus de mes moyens et je ne sais pas comment je les récupèrerais". L'horizon est en outre bouché parce que le système de santé roumain, manquant d'hôpitaux suffisamment équipés, n'a pas la capacité d'absorber davantage de spécialistes. Le constat est sans appel: pratiquement tous les jeunes médecins qui ont eu la possibilité d'exercer en Occident et sont revenus au pays, sont repartis au bout de quelques mois. Les autres y songent sérieusement. Lucian s'apprête à en faire de même: "Je n'ai vu aucune volonté des autorités de retenir les jeunes. Si on leur offrait des bonnes conditions de travail, un salaire décent, je ne vois pas pourquoi ils choisiraient de s'exiler à des milliers de kilomètres de chez eux". manque d'information et de la barrière de la langue. Afin d'attirer l'attention des médias et faire réagir les pouvoirs publics, les médecins du centre anticancéreux de l'hôpital municipal de Ploiesti ont décidé à la mi-juillet de renvoyer chez eux une quarantaine de leurs patients qu'ils ne pouvaient plus soigner depuis le début du mois, faute de médicaments, étant réduits à leur administrer des vitamines et des calmants. 55 000 nouveaux cas de cancers chaque année La Roumanie compte 355 000 personnes dont on a diagnostiqué un cancer (1,7 % de la population), dont 4400 enfants, enregistrant 55 000 nouveaux cas chaque année. Les spécialistes estiment que ce chiffre devrait augmenter de 2000 cas par an, avec les progrès du dépistage mais aussi la mauvaise alimentation et le tabac. Le pays dispose de seulement 250 oncologues, nombre très insuffisant pour faire face à ce fléau. "Le juron d'Hippocrate" "Le juron d'Hippocrate", a titré le quotidien "Romania Libera" pour un article consacré à la pratique médicale en Roumanie, article selon lequel "dans les hôpitaux roumains, les malades doivent souvent subir également, outre de mauvais soins, la grossièreté du personnel médical''. Le journal estime que "les Roumains pourraient s'inspirer des systèmes médicaux de pays occidentaux où sont organisés des cours de communication pour les médecins''. Trop de césariennes "Les Roumaines sont championnes du monde des césariennes" note le quotidien "Gândul" ("La pensée"), indiquant que leur taux atteint parfois 80 % du total des niassances dans certains établissements, et entre 50 à 70 % à Bucarest, contre environ 15 % dans le reste de la planète. La raison? Des médecins et aussi une population ancrés dans l'enseignement d'une école obstétrique qui a fait de ce mode d'accouchement une tradition. 33 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Emigration l l SATU MARE ORADEA ARAD CLUJ l Dans la Somme, l'amertume... après "Bienvenue chez les Picards" l SUCEAVA IASI TARGU MURES Seboncourt a perdu son médecin roumain l BACAU l l l l SIBIU l GALATI TIMISOARA PLOIESTI TÂRGOVISTE l PITESTI CRAIOVA l l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Colis volés par des transporteurs 34 Beaucoup d'émigrés partis travailler à l'étranger essaient de compenser leur absence auprès de leurs enfants ou parents en leur envoyant des colis contenant des sucreries, des vêtements, des bijoux, de l'argent, notamment au moment des grandes fêtes comme Pâques ou Noël s'ils ne peuvent pas faire le déplacement. Les minibus et leurs remorques effectuant la navette font alors le plein de paquets. Mais le plus souvent, les transporteurs qui convoient des chargements de plusieurs milliers d'euros, voire de dizaines de milliers, n'offrent aucune garantie à l'expéditeur que son envoi arrivera à bon port. Ces derniers ne reçoivent même pas un justificatif comme un bordereau d'expédition. Des colis disparaissent donc, comme cela a encore été le cas à Pâques pour des minibus en provenance d'Italie, et particulièrement de Turin, à destination de Galati. Le transporteur trouve toujours une excuse, assurant par exemple que la remorque s'est retournée, que les paquets se sont défaits, qu’on ne lui a rien remis, etc. Le chargement étant le plus souvent destiné à des enfants ou à des personnes âgées, il est presque certain que ceux-ci ne porteront pas plainte. Une fois son mauvais coup réalisé,le transporteur indélicat attend un peu et recommence, si besoin vers une autre destination, abusant de la crédulité de dizaines d'autres travailleurs émigrés. N ous sommes très déçus!" Gérard Feuillette, maire de Seboncourt (Somme), ne cache pas son amertume. La petite commune de 1 150 âmes vient de perdre son unique médecin (notre photo) qu'elle avait fait venir de… Roumanie. L'élu n'avait pourtant pas ménagé sa peine pour que ses administrés bénéficient de soins de proximité. Quand, en juin 2007, le "médecin de famille" du village décide de prendre sa retraite, le maire entame des recherches. Il dépose plusieurs annonces via des journaux spécialisés et Internet, prospecte à travers l'Europe du Sud et le Maghreb avant de trouver enfin un candidat en Roumanie. "Devant la pénurie de médecins, beaucoup d'élus de petites communes font venir des médecins de l'Europe de l'Est, et les Roumains, dont le niveau de vie est très faible, sont les premiers candidats", explique Xavier Deau, au Conseil national de l'ordre des médecins. "L'année dernière, nous avons traité environ 800 dossiers de médecins roumains". Quelques agences, comme l'Arime, se sont même spécialisées dans ces recherches et facturent aux élus des sommes allant jusqu'à plusieurs dizaines de milliers d'euros pour un recrutement. Ces médecins étrangers exercent pour les deux tiers à l'hôpital et pour un tiers en cabinet libéral. Le Conseil de l'ordre, qui veille à ce que les candidats possèdent les diplômes en bonne et due forme, estime que 5 % des dossiers posent problèmes (présentation de faux, équivalence non homologuée...). Parti sans expliquer son geste "Certaines universités, notamment en Roumanie, ne sont pas très rigoureuses sur la réalité du nombre d'années d'étude effectuées", regrette-t-il. Mais, une fois ce tri administratif effectué, "beaucoup de greffes prennent, d'autres pas…", estime Xavier Deau. Comme à Seboncourt où le maire n'avait pas hésité à se lancer dans des travaux d'aménagement pour que le médecin trouve ses marques en Picardie. "Nous avions estimé que cet homme, venant de Roumanie avec presque rien, il était de notre devoir de le loger aux frais de la municipalité. Nous avons même réaménagé l'ancien cabinet médical que nous avons remis entièrement à neuf et ce, grâce à la générosité du conseil général mais également des habitants de la commune". Le maire s'était aussi démené pour l'obtention rapide d'un permis de séjour en règle. Bref, c'était un peu "Bienvenue chez les Picards" ! Jusqu'à ce que les habitants découvrent fin juillet la disparition de leur toubib. Pas un mot pour expliquer ce geste. Il aurait estimé ses revenus insuffisants. "Je crois que, venant d'une économie administrée, il n'avait pas intégré la notion de revenu par le travail…" analyse, amer, Gérard Feuillette. Il gardait ses patients en consultation près d'une heure et demie, pendant que les autres, las d'attendre, s'en allaient." Les habitants que le médecin aurait jugés "trop pauvres" se sentent meurtris. "Tout le monde avait mis du sien pour l'accueillir", déplorent-ils. Seboncourt, la mort dans l'âme, devra attendre encore longtemps avant de profiter de son cabinet médical rénové. "J'ai commencé à nouveau les recherches, mais je ne me fais pas trop d'illusions", ajoute le maire. Matthieu Delaunay (Le Figaro) Société Les NOUVELLES de ROUMANIE La langue roumaine en mauvaise posture en Europe Enseignement L 'apprentissage de la langue roumaine à l'étranger, mais aussi la connaissance de la culture roumaine, sont en chute libre si on en croit un journaliste de "Gardianul" qui a interviewé une professeur universitaire de français de Craiova, Dana Dumitriu, titulaire d'un doctorat et qui a enseigné sa langue maternelle à l'université de Marne la Vallée. Selon elle, la situation est encore plus préoccupante en Europe qu'aux Etats-Unis. S'appuyant sur son expérience, Dana Dumitriu relève que sur les 11 lectorats de langue roumaine qui existaient en France en 1995, il n'en subsiste plus que 7. "Les universités françaises engagent des lecteurs roumains avec le statut de personnel auxiliaire et non de professeur, bien qu'ils aient un doctorat. Ils sont payés au mieux 1200 euros par mois, alors que les étudiants français préparant leur doctorat gagnent entre 1500 et 1800 euros" soutient l'universitaire qui souligne qu'en dehors des universités de Paris et de Marseille, aucune autre ne respecte le protocole de Bologne: "Les cours ne sont pas structurés jusqu'à la licence. Ils ne sont répartis que sur 2 ou 3 ans et, à leur terme, le diplôme délivré n'a aucune valeur, n'est pas reconnu. Il s'agit en fait d'une simple attestation". Et Dana Dumitriu de ne pas s'étonner de voir les effectifs des étudiants s'inscrivant en première année de cours de roumain passer de 20 à 40… à guère plus de 5, l'année suivante. Le ministère roumain de l'Education s'est dit conscient du problème et envisage de revaloriser le statut de lecteurs partant à l'étranger, en leur attribuant une indemnité supplémentaire variant de 1000 à 2000 euros par mois, suivant le pays de destination, à laquelle s'ajouterait une prime de 100 euros pour les frais, portée à 500 euros pour les USA. Apprentissage de la lecture : les élèves roumains et bulgares en queue de classe dans une UE qui régresse P rès d'un quart des Européens âgés de 15 ans ont de faibles compétences en lecture. Zéro pointé pour la France qui est passée de 15,2% d'élèves en difficulté en 2000 à 21,7% en 2006! Mais c'est encore pire pour la Roumanie qui, avec 53,5 % d'élèves médiocres, et la Bulgarie (51,1 %), atteignent les bas-fonds du classement. C'est le principal constat du rapport annuel sur les systèmes d'enseignement de l'Union Européenne, que la Commission européenne vient de présenter. Réduire fortement la part de jeunes de 15 ans ayant de mauvais résultats en lecture était pourtant l'un des objectifs affichés en 2000. Cet idéal est loin d'être atteint, puisque le taux est passé de 21,3 % en 2000 à 24,1 % en 2007. La situation s'est également détériorée en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Portugal. Dans les pays bons élèves, la Finlande est en tête, très loin devant tout le monde, avec seulement 4,8 % de mauvais élèves, suivie de l'Irlande (12,1 %) et de l'Estonie (13,6 %). Les Pays-Bas et la Suède ont d'assez bons résultats, mais n'ont pas progressé au contraire de la Pologne. Le constat de la médiocrité des Bulgarie-Roumanie : Vorbiti româneste ? A Ruse, principale ville bulgare sur le Danube, ils seraient des centaines de jeunes lycéens à vouloir apprendre la langue de leurs voisins roumains, raconte le quotidien à grand tirage "Standart", de Sofia. Ce qui a conduit la direction du prestigieux Lycée britannique de la ville (un établissement d'élite où est dispensé un enseignement intensif de l'anglais) à ouvrir cette année une classe où l'on apprendra le roumain en deuxième langue. Cette classe sera limitée à 28 élèves, a prévenu le Lycée britannique, qui a précisé "crouler sous les demandes". Cet intérêt linguistique est réciproque, rappelle "Standart", qui rapporte que les autorités roumaines ont même envisagé d'envoyer des enfants étudier le bulgare de l'autre côté du Danube, à Giurgiu. Admises en même temps dans l'Union Européenne, le 1er janvier 2007, la Roumanie et la Bulgarie n'entretenaient que très peu de rapports pendant la période communiste, et leurs habitants n'avaient pas manifesté jusqu'à présent une grande curiosité réciproque jeunes lecteurs est général et loin de concerner la seule Roumanie. En Belgique, une enquête a révélé que trop d'élèves décrochaient face à un texte complexe, 15 % d'entre eux éprouvaient de sérieuses difficultés en primaire. En Grande-Bretagne, récemment, l'université de Cambridge annonçait au terme d'une étude que les coûteux programmes d'apprentissage de la lecture mis en œuvre n'avaient servi à rien. Les 730 millions d'euros dépensés depuis dix ans ont eu un impact "relativement faible" sur son enseignement était-il également indiqué. Majoration de 80 % du montant des bourses dès cette rentrée L e gouvernement a augmenté de 80 % le montant des bourses accordées aux élèves, lycéens, étudiants - elles passent à 65 €/mois -, post-universitaires - 75 €/ mois et 85 €/mois pour les doctorants - avec effet dès cette rentrée. Cette mesure concerne également les Moldaves et Ukrainiens ou ressortissants d'autres pays, d'origine roumaine, étudiant en Roumanie, ainsi que les étudiants étrangers bénéficiant de bourses roumaines. Les boursiers continuent par ailleurs à bénéficier de la gratuité des frais d'inscription. Leur bourse est suspendue s'ils redoublent, et rétablie en cas de réussite l'année suivante. 31 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Les pouvoirs publics encouragent le développement du baccalauréat international Enseignement l l SATU MARE ARAD CLUJ SUCEAVA l l SIGHET ORADEA IASI TARGU MURES l l BACAU l l l l l SIBIU TIMISOARA R. VALCEA PLOIESTI l l l CRAIOVA l PITESTI GALATI RUSE S l l n BUCAREST GIURGIU l SLOBOZIA TULCEA CONSTANTA l l CALARASI l l L'histoire du communisme roumain matière optionnelle en classe de terminale 30 Qui est Ceausescu, que voulait dire "régime communiste", combien celui-ci a-t-il fait de victimes ? Autant de questions - et bien d'autres - auxquelles les jeunes ne savent pas répondre. Dans une lettre au ministre de l'Education, l'écrivaine et ancienne dissidente Ana Blandiana, présidente de l'Académie civique, demande que l'histoire du communisme soit enseignée dans le tronc commun des élèves de terminale comme matière obligatoire, au rythme d'une heure hebdomadaire, et qu'elle figure aux épreuves du baccalauréat. i les étudiants de l'UE munis de leur baccalauréat national peuvent s'inscrire dans une université roumaine sans problème, l'inverse n'est pas vraie. Seulement six des 27 états membres accueillent des étudiants roumains munis de ce diplôme. Dans la majorité des cas, ils seront sélectionnés sur dossier. En France, le parcours pour être admis est particulièrement difficile, avec un examen général, portant notamment sur la connaissance du français, et un autre concernant l'enseignement souhaité; seulement 40 % des candidats les réussissent. Pour aider les jeunes Roumains à franchir ces obstacles, le gouvernement a décidé d'impulser la mise en place du baccalauréat international (BI) en lui consacrant dès cette année un budget de 4M€ pour son introduction dans une centaine d'établissements secondaires. Trois lycées d'Etat sont immédiatement concernés: le collège national Mircea l'Ancien de Râmnicu Vâlcea, le lycée pédagogique Matei Basarab de Slobozia, le collège national Barbu Stirbei de Calarasi. Jusqu'ici, seuls deux établissements privés de Bucarest préparaient à ce diplôme: l'école américaine, depuis 1997, l'école internationale Mark Twain, depuis 2006. Vingt mille euros la place pour mendier à Saragosse Emigration M endier est un métier, qui a ses règles, comme à Saragosse en Espagne où vivent de nombreux Roumains dont des Tsiganes qui y ont émigré, ces derniers occupant les lieux stratégiques que sont la place centrale et la cathédrale Pilar, lesquelles offrent huit places de mendicité. "Chacun sait ce qu'il doit faire ou non" a expliqué à "Romania Libera" l'un d'entre eux, Istrate, venu "faire de l'argent en Espagne". "Il ne faut pas prendre la place d'un autre, payer chaque jour le "chef". Ce n'est pas obligatoire d'être Tsigane et c'est mieux si on est un peu artiste". Il ajoute: "Mais il faut venir déjà avec un peu d'argent pour le voyage et surtout pour acheter ou louer la place où tu vas mendier". Celle-ci coûte entre 15 000 et 20 000 €, si elle est bien située, c'est-à-dire dans un endroit où on peut plus facilement apitoyer les passants. Et comme la concurrence est rude, il vaut mieux être recommandé auprès d'un "chef" qui organise ce "commerce". Les mendiants se mettent à plusieurs pour payer l'emplacement et se partagent les journées, matin, après-midi ou soirée. "C'est un travail facile" reconnaît Istrate, "mais ce n'est plus comme avant: il y a beaucoup de travailleurs roumains à Saragosse et quant ils nous voient, ils nous injurient, crient qu'on les déconsidèrent, et les gens entendent et ne donnent plus". Originaire de Galati, le Tsigane se souvient des "jours heureux", voici trois-quatre ans, où il gagnait jusqu'à 400 à 500 € quotidiennement les jours de fête. La somme ne lui revenait pas intégralement. Il lui fallait payer la taxe de protection au "chef" et la location de l'emplacement, mais il conservait la moitié de ses gains. Aujourd'hui, devenu luimême "chef", Istrate arrondi ses fins de mois en jouant de l'accordéon à la porte d'un bar. Il fait également la chasse aux Colombiens qui essaient de prendre les bonnes places et se montre fier de les avoir repoussés à la porte de la ville. Pas un sésame automatique A savoir L'adaptation des programmes et des enseignements, très différents de ceux du bac national, exige un investissement initial de l'ordre de 40 000 €, puis une contribution annuelle de 4000 € de la part des établissements. Les élèves, qui doivent suivre deux années initiales de cours en anglais, paient 450 € de frais d'inscription à l'examen. Le BI existe depuis 1968, à l'initiative d'une organisation genevoise à but non lucratif. 2300 établissements répartis entre 129 pays permettent de le préparer. Pour autant, son obtention n'est pas un sésame permettant d'accéder automatiquement l'entrée dans l'enseignement supérieur d'un autre pays. S'il est reconnu en France et en Grande Bretagne… leurs titulaires doivent s'assurer que les universités auxquelles ils postulent les acceptent. Il n'est pas suffisant aux Pays bas et en Suède. En Allemagne, il contribue seulement à l'évaluation des candidatures. Toutefois, d'une manière générale, ce diplôme permet d'ouvrir grandement les portes des facultés étrangères. La première promotion roumaine est attendue en 2010. Ana Blandiana Le gouvernement a introduit cet enseignement par décret le 7 juillet dernier mais seulement comme matière optionnelle, ce qui fait douter l'écrivaine de son efficience, cette mesure étant laissée à l'appréciation des inspecteurs et directeurs d'écoles. Ana Blandiana et sont mari Romulus Rusan sont les organisateurs de l'école d'été de Sighet qui réunit une centaine de jeunes Roumains et Moldaves venant d'achever le lycée, ainsi que des professeurs d'histoire, pour une semaine de conférences sur l'étude de la période du communisme en Roumanie. Ce séminaire se déroule dans l'enceinte même de l'ancienne prison pour détenus politiques, transformée en mémorial. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Pour plus de 20 000 €, la directrice distribuait les sujets du bac... et les solutions à ses élèves L a directrice d'un lycée privé de Sighetu Marmatiei (Maramures) a été placée en détention provisoire, à la mi-juillet. Lors d'une perquisition à son domicile, la police a découvert environ 22 500 €, qui proviendraient des candidats au bac. Selon le Parquet anti-corruption (DNA), "une quarantaine d'enseignants au total ont été impliqués dans cette tentative de fraude". Meda Leordean, la directrice impliquée a notamment "convaincu ses enseignants de résoudre les sujets d'examen, avant de distribuer les solutions aux élèves", a précisé le DNA. Une élève suivant les cours du soir de ce lycée a recon- nu avoir collecté auprès de ses camarades environ 27 000 €, qui devaient être remis à la directrice. La police disposerait de nombreux enregistrements de conversations téléphoniques confirmant ces accusations. Collecter de l'argent pour acheter la bienveillance des correcteurs est une règle fréquente en Roumanie, malgré l’interdiction formelle du ministère de l'Enseignement. Le bac organisé cette année a été émaillé de nombreuses tentatives de fraude. 270 lycéens ont été éliminés après avoir été surpris en train de copier, tandis qu'une cinquantaine de correcteurs ont été sanctionnés pour avoir fermé les yeux sur de telles pratiques. Un million d'habitants en moins en 10 ans La population de la Roumanie a baissé de 4,5% entre 1997 et 2007, alors qu'elle a augmenté en moyenne de 3,4 % dans l'ensemble de l'UE, selon les chiffres du Bureau des statistiques des communautés européennes (Eurostat). Elle comptait l'an passé 21 565 000 habitants contre 22 582 000 en 1997, soit une perte de un million d'habitants en un an. Le pays ayant enregistré la plus grande croissance de la population a été l'Irlande (18%), suivie par Chypre (16,9%), le Luxembourg (14,2%) et l'Espagne (12,5%). La population a baissé dans 8 pays membres de l'UE, les plus grands déclins étant enregistrés en Bulgarie (-7,9%), la Lettonie (-6,7%) et la Lituanie (-5,7%). La Roumanie réclame à Rome le retour de 2300 enfants Bucarest réclame aux autorités italiennes le retour de 2300 enfants roumains sans parents, parfois amenés illégalement en Italie en vue d'une adoption. 55 nouveaux cas ont été enregistrés depuis le début de l'année. Une convention a été négociée entre les deux pays pour mettre fin à cette situation mais Rome met beaucoup de mauvaise volonté à vouloir la signer, ce qui a conduit la sous-secrétaire d'Etat roumaine chargée de la protection de l'enfance à menacer l'Italie de poursuites devant la justice européenne. Travailleurs émigrés arrachés des griffes d'esclavagistes En collaboration avec la police roumaine, la police de Wexford, dans le sudest de l'Irlande, a arraché des griffes d'un réseau esclavagiste plus d'une centaine de travailleurs émigrés roumains qu'il avait attirés en Irlande contre la promesse d'y trouver un emploi dans la construction ou les services d'entretien, après versement de 2500 €. Sur place, ces travailleurs devaient en outre remettre un tiers de leur salaire, les récalcitrants étant menacés de voir leur famille restée en Roumanie, battue ou torturée. La police roumaine a arrêté trois membres du réseau, un père et ses deux fils, originaires de la commune de Lovrin dans le judet de Timis. Turcs clandestins cachés dans 20 tonnes d'abricots Début août, la police des frontières de Nadlac (Arad) a découvert 19 citoyens Turcs, de18 à 49 ans, cachés dans un TIR transportant 20 tonnes d'abricots à destination de l'Allemagne. Dépourvus de visas Schengen, ils tentaient de gagner ce pays. Quelques semaines auparavant, au poste frontière voisin de Varsand, ce sont 12 Moldaves et 22 Turcs qui avaient été trouvés dans deux TIR et qui souhaitaient aller travailler également en Allemagne, mais aussi en Italie. Améliorer l'image à l'étranger Bucarest va investir 7,8 millions d'euros dans des campagnes de communication visant à améliorer l'image des Roumains en Italie et en Espagne. L'initiative a pour but d'offrir des informations alternatives au "discours médiatique émotionnel généré par les infractions commises par certains citoyens d'origine roumaine" dans ces deux pays, explique un communiqué de l'Agence pour les Stratégies Gouvernementales (ASG). En Italie, seront présentées des spécificités culinaires roumaines. Un site Internet sera créé pour montrer la Roumanie sous un autre angle. En Espagne, "où les Roumains ont une image meilleure qu'en Italie", selon le directeur de l'ASG, Dan Jurcan, la campagne sera basée sur la diffusion à la télévision de messages publicitaires illustrant la réussite d'immigrés roumains. 35 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Religion l l SATU MARE SUCEAVA ORADEA ARAD CLUJ l l SIBIU l IASI l PLOIESTI GALATI l PITESTI l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Mgr Tit Simidrea reconnu "Juste parmi les nations" 36 Insolite Congés de maternité pour policiers ventripotents A lexandru Hordila, chef de la police de Iasi a tapé du poing sur la table. Vexé de voir ses 660 subalternes régulièrement moqués pour le ventre qu'ils affichaient, il leur a enjoint de profiter de l'été pour retrouver la ligne, mettant à leur disposition une salle d'entraînement afin qu'ils puissent se préparer aux quatre épreuves qu'il voulait leur faire passer à la mi-juillet: endurance, vitesse, agilité et auto-défense. Pour les aiguillonner, il avait agité la menace de les renvoyer à des tâches subalternes en les remplaçant par les 83 nouveaux policiers qu'il devait engager à la fin de ce même mois, 300 candidats plus jeunes et plus longilignes s'étant déclarés. La menace n'a été d'aucun effet: les plus bedonnants se sont mis immédiatement en congé, certains sans solde, pour échapper aux tests. Ceux qui les avaient épuisé ont pris des congés maternité, prétextant que leur femme était sur le point d'accoucher… des psychologues estimant qu'ils faisaient un transfert. Lorsqu'ils sont engagés, les policiers ne subissent aucune épreuve sportive, l'Agence Nationale des Fonctionnaires publics ayant estimé que ce serait discriminatoire. l TIMISOARA CRAIOVA l BACAU TARGU MURES l l l REGHIN Communier dans une autre église est un péché pour les orthodoxes Métropolite de Bucovine pendant la seconde Guerre mondiale, Mgr Tit Simidrea devrait être prochainement reconnu par Israël "Juste parmi les nations", à titre posthume, devenant le 56ème Roumain honoré par l'Etat hébreu pour avoir sauvé des juifs en mettant sa vie en danger. Le courage du hiérarque orthodoxe de Cernauti avait été salué par de nombreuses personnes qui lui devaient leur salut à l'époque de l'Holocauste, le centre d'histoire de la communauté juive de Roumanie renforçant leurs témoignages grâce à des archives découvertes récemment, illustrant son rôle de sauveur, au mépris de sa position et de sa liberté. Le titre de "Juste parmi les nations" a été créé par la Knesset (parlement israélien) en 1953, quatre ans après la création de l’état hébreu, afin de remercier les nonjuifs qui s'étaient illustrés par leurs actes pendant la barbarie nazie et est attribué par l'Autorité des Martyrs de l'Holo- causte et de la Commémoration des Héros "Yad Vashem" de Jérusalem. Il a surtout été décerné après le procès d'Eichmann, en 1963, qui avait révélé l'ampleur de la solidarité dont avaient pu bénéficier les juifs de la part de simples particuliers. Au 1er janvier 2007, 21 700 personnes de 41 pays l'avaient reçu. Toutefois, certains bienfaiteurs de la communauté juive l'ont refusé pour des raisons morales, religieuses ou politiques. L es prêtres et les fidèles orthodoxes sont interdits de communion dans une autre église, sous peine de sanctions, a décrété l'Eglise orthodoxe roumaine après qu'un métropolite eut provoqué un tollé en recevant l'eucharistie des mains d'un prêtre uniate. "Aucun hiérarque, prêtre ou fidèle orthodoxe ne pourra communier dans une autre église", a décidé le saintsynode au cours d'une réunion à Bucarest, en précisant que les sanctions pouvaient aller jusqu'à l'excommunication pour les religieux et l'exclusion de la communion pour les laïcs. Le synode a toutefois décidé de ne pas punir le métropolite du Banat, Nicolae Corneanu, dont la communion dans une église uniate (catholique de rite byzantin) avait "semé le trouble" parmi les orthodoxes. "Le regret et le repentir du métropolite ont été considérés comme un pas dans la bonne voie", a-t-il estimé. La hiérarchie de l'Eglise orthodoxe a en outre décrété que son clergé était "interdit de concélébration des sacrements avec des religieux d'autres cultes", une décision visant l'évêque d'Oradea, Sofronie, qui avait célébré l'Epiphanie aux côtés d'un évêque uniate. Mgr Sofronie a aussi bénéficié du pardon du synode. Majoritaire en Roumanie, l'Eglise orthodoxe compte environ 18 millions de fidèles, soit 88% de la population, mais le nombre de pratiquants est très nettement inférieur. Un évêque à nouveau mis en cause pour ses liens avec la Securitate M onseigneur Casian Craciun, évêque du Bas - Danube, comparaîtra devant le tribunal de Bucarest le 22 septembre prochain à la demande du CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives de la Securitate). L'organisme chargé de démasquer les collaborateurs de l'ancienne police politique occupant aujourd'hui des fonctions importantes a révélé qu'il avait été un de ses informateurs pendant une dizaine d'années, de 1981 jusqu'après la "Révolution", en 1991, ayant même proposé à son successeur, le SIE (Service d'Information Externe) de continuer à coopérer. Casian Craciun avait été recruté sous Ceausescu sur proposition du département des cultes, afin d'être envoyé à l'étranger pour espionner et infiltrer les milieux de l'émigration roumaine et leurs médias. Il avait opéré successivement sous les noms de code de Crin, Casius et Casio et ses "employeurs", satisfaits de ses services, l'auraient récompensé en lui remettant des sommes d'argent. Le futur évêque avait ainsi fourni d'importantes informations sur les Roumains résidant en France et en Allemagne, les étudiants envoyés dans ces pays et qui refusaient de rentrer au bercail. Il avait été également formé par des officiers de la Securitate pour recruter d'autres collaborateurs, fournir des renseignements sur les visiteurs étrangers invités en Roumanie par l'épiscopat roumain, sur les Roumains animant "Radio Europe Libre", l'Union des Roumains libres et les cercles proches du Roi Michel, puis l'Association des anciens détenus politiques. Mgr Casian Craciun n'est pas le premier hiérarque de l'Eglise orthodoxe mis en cause pour ses liens avec la Securitate, ni le premier Roumain auquel celle-ci avait confié des missions de surveillance de leurs compatriotes à l'étranger. Ces révélations expliquent la méfiance instinctive qu'entretenaient entre-eux les Roumains de la diaspora et qui a perduré assez longtemps après les évènements de décembre 1989. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Le maire voulait son bac à tout prix M aire de la commune d'Ibanesti (judet de Vaslui), Bogdan Pletea, 40 ans, n'avait retenu qu'une partie des conseils que lui avait ressassés autrefois son instituteur : "Pour réussir, il faut travailler et avoir des diplômes". Fin juin, il s'est donc présenté aux épreuves du bac qui se déroulaient dans le lycée de la commune voisine de Zorleni, passant avec succès les épreuves orales, obtenant même la note de 9 sur 10 en français. Mais les surveillants l'ont surpris en train de consulter des notes dissimulées dans sa poche lors de l'examen de roumain et l'ont exclu de la salle. En 2004, Bogdan Pletea avait déjà été poursuivi et condamné pour avoir trafiqué son carnet de travail, faisant état d'un faux diplôme universitaire, afin de décrocher un emploi qualifié. Heureusement pour lui, il n'a dû présenter aucun parchemin du même genre à ses électeurs pour être candidat lors des élections municipales de juin, ceux-ci ne lui mégotant pas leur confiance, puisqu'ils l'ont reconduit comme maire… sans chercher à savoir s'il y avait eu bourrage des urnes ou non. La valeur n’attend pas le nombre des années... ou outrage à personnes âgées ? Miroir aux alouettes N ouvellement engagée, la jeune secrétaire d'une firme de construction de Sibiu a découvert avec surprise en lisant son contrat d'embauche, qu'outre les tâches habituelles - conduire les voitures de service, s'occuper du fax, taper le courrier - elle devait également veiller au bien-être de son patron et de l'actionnaire majoritaire de la société "en leur dispensant des massages de relaxation, des body-massages et des massages érotiques". Finalement, la jeune fille n'a enlevé que son tablier… pour le rendre à ses éphémères employeurs, trouvant là l'explication du salaire confortable 1000 € par mois - qu'ils lui avaient proposé. Radar anti-tricherie E 29 chaudée par le nombre de fraudes qui ont émaillé la tenue du dernier baccalauréat, entraînant l'arrestation de candidats et d'une directrice de lycée à Sighet, la direction de l'Université polytechnique de Timisoara a décidé de se prémunir contre les éventuels agissements de ses propres étudiants en faisant l'acquisition d'un radar anti-tricherie installé dans ses salles d'examens. Le dispositif s'appuie sur un détecteur de conversations par téléphone mobile, avec ou sans oreillette dissimulée, repérant les fraudeurs à une distance de 40 mètres grâce à un voyant lumineux qui clignote. L'université ne s'est pas ruinée pour s'équiper de ce système de troisième génération, mis au point par ses enseignants du département informatique et télécommunication, puisqu'il ne lui en a coûté que 550 €. WC-restaurant à Timisoara L e préfet de Timisoara ne décolère pas depuis qu'il a constaté que le permis de construire de WC publics sur la place de l'Opéra de Timisoara, une zone historique, avait été l'objet d'un détournement. Un bâtiment en forme de véranda, qu'il juge en outre défigurer les lieux, lesquels sont classés, et couper cette place centrale en deux, a poussé à leur place. Une pizzeria y a vu le jour qui sera prochainement suivie d'un fast-food. Aucune autorisation n'a été délivrée pour leur exploitation. Située à 300 mètres de la mairie, le bâtiment appartient à une société créée initialement par un proche du maire, Gheorghe Ciuhandu. En attendant que les lieux reviennent à leur destination première, les passants ayant une envie pressante peuvent toujours prendre leur mal en patience en commandant une pizza, un hot-dog ou un coca. L'établissement est ouvert nuit et jour. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Les Roumains seraient plus endettés que les Américains Souvenirs... Souvenirs Vie quotidienne l l SATU MARE ORADEA ARAD CLUJ l l SUCEAVA SIGHET l IASI TARGU MURES l l SIBIU l PLOIESTI GALATI l PITESTI l VASLUI l BACAU l TIMISOARA CRAIOVA l l BICAZ l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Boom des cartes de crédit… mais elles ne remplacent pas le porte-monnaie 28 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE En Roumanie, on a enregistré à la fin mars plus de 12,2 millions de cartes (de débit et de crédit), soit une hausse de 27% par rapport au même mois de 2007. La moyenne d'opérations reste très faible: 0,3 / mois au débit et 0,6 / mois à la carte. La raison principale motivant l'acquisition d'une carte est, comme prévu, l'encaissement du salaire. Ainsi, environ 10 millions de cartes sont-elles réservées au seul retrait souvent l'unique opération effectuée par les salariés dans le mois - et 2,2 millions sont de véritables cartes de crédit, permettant l’achat chez des commerçants. La Roumanie est cependant un des États où l'on note la plus forte augmentation du nombre de cartes et de la valeur des transactions sur cet instrument financier. Par exemple, au cours du premier trimestre 2008, les Roumains ont été débités de plus de 2 millions de lei (environ 550 000 €) avec les cartes de débit, soit une hausse de 80% par rapport à même période l'an dernier. En ce qui concerne l'utilisation de la carte pour les achats, les Roumains commencent seulement à s'y faire. À la fin mars, 35% des transactions concernaient des achats chez des détaillants, les 65% restants étant des retraits d'espèces, mais la progression a été cependant de plus de 30%. Pour nombre de Roumains, les opérations se résument à une fois par mois, à savoir le retrait du salaire. A vec une part des emprunts qu'ils doivent payer à la banque équivalente, en moyenne, à 16% de leurs revenus, les Roumains ont fini par être les clients les plus endettés des marchés matures d'Europe occidentale ou même des USA. A titre de comparaison, dans la zone euro, le taux de la dette n'est que de 10,4%, et aux États-Unis de 14%. Les Roumains sont mieux placés seulement par rapport aux Polonais, Anglais et Hollandais (20 %). La part de la dette bancaire (qui cumule le crédit principal et les intérêts) a connu une croissance rapide au cours des deux dernières années. Début 2007, elle était seulement de 11% et même de 7% en décembre 2005. Sergiu Oprescu, président exécutif d'Alpha Bank, souligne que, entre 2001 et 2007, le crédit de détail a doublé, en moyenne, chaque année. Fin avril, la dette globale des Roumains était de 22,2 milliards d'euros. Pourtant, pour les observateurs, bien que le niveau de 16% actuel semble inquiétant, le marché local présente des caractéristiques qui modèrent son impact réel. Contrairement aux occidentaux, plus de 90% des emprunteurs sont propriétaires de leur logement et n'ont donc pas de charges de loyer à assumer. D'autre part, la Roumanie fonctionne avec une part importante d'économie "grise", ce qui signifie qu'il existe des revenus non déclarés. Ces revenus supplémentaires font tomber le taux de la dette à moins de 13%. Quatre millions de Roumains ont actuellement contracté des prêts auprès des banques ou des sociétés de crédit à la consommation, mais le nombre total de comptes de crédit est de 6,6 millions, ce qui veut dire que deux clients sur trois ont contracté plus d'un emprunt. Malgré les chiffres alarmants, les banquiers se montrent optimistes, le marché local présentant un potentiel de développement important. Difficile de trouver un endroit pour étaler sa serviette à Costinesti. La santé avant tout avec la boue du lac de Techirghiol. 37 Emprunter pour rembourser les dettes Une autre étude, réalisée par le Groupe pour une économie appliquée (GEA) sur un échantillon de 1237 personnes de 100 localités, montre que les Roumains empruntent aux banques pour rembourser leurs dettes ou pour s'acquitter de leurs factures courantes. Elle insiste sur le fait que 40% de la population ne peut plus supporter le poids d'un crédit. La plupart de ceux qui sollicitent un emprunt bancaire le font pour acquérir un bien ménager, comme un frigidaire ou une gazinière, ou pour payer des dettes, surmonter une période difficile ou faire face à des dépenses imprévues, comme des frais médicaux. Cette étude montre aussi que 26% des Roumains qui empruntent souscrivent un prêt d'un montant inférieur à 1000 lei (300 €, valeur du salaire moyen en décembre), 22% d'un montant entre 1000 et 3000 lei, et 21,5% entre 3000 et 6000 lei. Tant pis pour le cadre idyllique... l’important, c’est de bronzer ! En moyenne 18 € mis de côté par mois A u premier trimestre 2008, les Roumains ont perçu, en moyenne, un revenu de 200 par mois, dépensant 182 € et mettant donc de côté 18 €, soit moins de 10 %. Ce revenu médian se situe très en dessous du niveau du salaire moyen net (390 €) car il prend en compte les personnes qui ne touchent que des retraites, notamment agricoles, très faibles, des allocations sociales ou de chômage. Au niveau des couples, le revenu était de 600 €, les dépenses de 540 €. 51 % était constitué par le salaire, 22 % par les prestations sociales, 19 % par les revenus en nature et 8 % par d'autres activités ou sources de revenus. 30 % des dépenses étaient consacrées à l'alimentation, la boisson, le tabac, 16 % aux impôts et taxes, le reste se partageant entre les autres dépenses courantes (logement, eau, électricité, gaz, chauffage, habillement, transports, enfants, etc.). Avec 690 € par mois, les ménages urbains disposaient de revenus supérieurs à ceux de leurs homologues ruraux (490 €), mais dépensaient aussi plus (640 € contre 450 €). Rêve de baigneur. Cet âge est sans pitié. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE J.O. Pékin l l SATU MARE SUCEAVA ORADEA CLUJ ARAD Participer… oui ! Gagner, l IASI l l BACAU TARGU MURES l l l l SIBIU l TIMISOARA RM. VÂLCEA l PLOIESTI PITESTI CRAIOVA l GALATI l l n l l TULCEA CONSTANTA BUCAREST l Les huit médailles de Pékin Femmes : 7 médailles Or (4) Athlétisme Marathon : Constantina Dita-Tomescu Aviron : Deux sans barreuse : Georgeta Andrunache et Viorica Susanu Gymnastique Exercices au sol : Sandra Izbasa Judo Catégorie 48 kg : Alina Dumitru 38 Douche froide pour le sport Argent (1) Escrime - Epée : Ana Maria Brînza Bronze (2) Aviron - Huit avec barreuse: Georgeta Andrunache, Eniko Barabas, Constanta Burcica, Doina Ignat, Elena Georgescu, Simona Musat, Ioana Papuc, Rodica Serban, Viorica Susanu Gymnastique Par équipe: Sandra Izbasa, Steliana Nistor, Andreea Grigore, Andreea Acatrinei, Anamaria Tamârjan, Gabriela Dragoi Hommes : 1 médaille Bronze (1) Escrime : Sabre individuel : Mihai Covaliu Au 17ème rang, au classement à partir du nombre de médailles d'or, la Roumanie occupe la 7ème place dans l'UE, derrière la Grande Bretagne, l'Allemagne, L'Italie, la France, les Pays Bas et l'Espagne), la 1ère des pays de l'Est ayant rejoint l'UE, devant la Pologne, la seconde des pays francophones, derrière la France et devant le Canada. (à suivre p. 40) A vec seulement huit médailles, dont quatre en or, une en argent et deux en bronze, les 102 sportifs roumains ayant participé JO de pékin ont quitté la capitale chinoise avec le plus maigre bilan que leur pays ait enregistré depuis 56 ans et les JO d'Helsinki. Les optimistes diront que ç'aurait pu être pire, les pessimistes que ce le sera encore plus dans quatre ans, à Londres. La Roumanie pourrait se rassurer en se disant que sa 17ème place au tableau des médailles est assez honorable. Finalement ne se classe-t-elle pas au 7ème rang des pays de l'UE, qui, soulignons-le au passage obtient à elle seule plus de médailles (286, dont 87 en or, 104 en argent et 95 en bronze) que la Chine, les USA et la Russie réunis (282 médailles dont 110 en or, 80 en argent et 92 en bronze)? Elle termine même devant la Pologne, occupant la première place des ex pays de l'Est ayant rejoint la communauté européenne. Elle peut aussi se flatter d'être le deuxième pays francophone, après la France (10ème), devançant le Canada (19ème) et laissant très loin derrière elle la Suisse (35ème) et la Belgique (46ème). Un déclin inexorable Mais le déclin est là, inexorable. Ses champions sont vieillissants. Tous ont passé l'âge de péremption et n'ont dû qu'à leurs qualités exceptionnelles, notamment de volonté, d'arracher un titre. A 39 ans, Constantina Dita-Tomescu, la merveilleuse gagnante de l'épreuve reine des JO, le marathon, va ranger ses chaussures. Même avenir pour les rames des prodigieuses Georgeta Andrunache et Viorica Susanu, la paire victorieuse du deux sans barreuse en aviron, qui totalisent à elles deux neuf médailles d'or… mais aussi 72 ans. A 26 ans, la judokate Alina Dumitru, qui a mis les épaules à terre d'une légende vivante, la Japonaise Ryoko Tani avant de remporte l'or, ne rêve désormais plus de médailles, qu'elle a pratiquement toutes obtenues… mais de l'enfant qu'elle voudrait avoir. Quant à la petite Sandra Isbasa, 18 ans, qui a sauvé l'honneur de la gymnastique roumaine en décrochant son seul titre, elle ne se fait guère d'illusions. Dans quatre ans, elle sera dépassée par des fillettes qui ne se contenteront plus de médailles en chocolat. La débâcle des hommes Comme les autres pays, la Roumanie a enregistré des déceptions. Même dans ce registre, elles ne sont pas porteuses d'avenir. Après son titre olympique à Athènes, Camelia Potec voulait sortir par la grande porte en ramenant de Pékin un autre trophée, n'hésitant pas à se mettre sous la férule de l'ancien entraîneur de Laure Manaudou. Pour huit centièmes de seconde, elle a raté le “J’étais tout près d’une médaille à Pékin... mais je vais prendre ma bronze. Mihai Covaliu, médaillé d'or à Sydney au revanche dans quatre ans à Londres. sabre a dû se contenter du même métal. A Londres, il aura l'âge de d'Artagnan dans Vingt ans après. Toutefois, en remportant la seule médaille chez les hommes, l'escrimeur leur a évité la Bérézina. Les sept autres sont revenues aux filles, un déséquilibre très net en faveur de celles-ci, de plus en plus prononcé, s'étant établi entre les deux sexes depuis un quart de siècle. Marian Dragulescu, deux fois champion du monde de gymnastique, a couru en vain après l'or qu'il n'avait jamais obtenu, terminant à la quatrième place. A 26 ans, il avait déjà prolongé sa carrière de deux ans, alors que l'heure de la retraite avait sonné. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Vie quotidienne Gai… Gai… marions-nous en Hongrie ! N oces, baptêmes, ou autres évènements… de plus en plus de Roumains des judets frontaliers de la Hongrie choisissent d'y aller célébrer leurs fêtes familiales, soit dans des localités proches comme Orosoha, Szeged, Gyula - connue pour son strand (grand complexe de loisirs) - Mako ou même Budapest, distante de moins de 200 km. Le constat est sans appel: les prix y sont nettement moins chers, de l'ordre de 30 %, et la qualité bien supérieure, qu'il s'agisse du contenu des assiettes, du service, des prestations ou des animations. Les patrons des firmes roumaines qui se chargent d'organiser les réjouissances voient les demandes dans ce sens exploser, surtout pour les mariages, la mode étant aux noces en plein air, sous chapiteau. "Un mariage avec une centaine d'invités coûte environ 6000 € à Arad" confie l'une d'entre-elle, Luminitsa Catana, ajoutant, "en Hongrie, il reviendra de 1000 à 1500 € moins cher, voire 2000 €). A Gyula, il faut compter 18 € pour un menu copieux et appétissant de cinq plats… A Arad, on demande le double pour des assiettes bien moins remplies et des plats moins succulents et variés". A savoir Les grandes villes perdent des habitants Seules 2 sur les 10 premières villes roumaines ont vu leur population augmenter au cours des trois dernières années. Il s'agit de Bucarest (+ 20 000 habitants, + 1,03%) et de Timisoara (+ 9000 habitants ; + 2,82%), qui est passée du 3ème au 2ème rang. Les baisses les plus importantes sont enregistrées par Braila, Galati (- 4000 habitants, chacune) et Brasov (-3000). En pourcentage, Braila et Ploiesti sont les plus touchées (- 2,2% et - 1,3%). Toutefois, les pôles de développement économique de la Roumanie demeurent Bucarest-Ploiesti, Timisoara-Arad, Constantsa-Galati, Cluj et Craiova. Cependant, les personnes attachées à ce rite - essentiellement les musulmans et les personnes âgées - pourront encore l'observer, en utilisant des itinéraires de déviation évitant le centre. Pour faire passer la pilule ("a indulci pastila": "adoucir la pastille"), le maire a décidé d'apporter une aide aux familles touchées par un décès et dans le besoin, la commune offrant soit un cercueil, une croix ou une somme de 300 lei (90 €). Cortèges funéraires interdits dans les stations balnéaires Afin de ne plus choquer les touristes qui se pressent dans les stations balnéaires de la côte sud de la Mer Noire, le maire de Mangalia a interdit aux cortèges funéraires d'emprunter leur centre ville pendant la saison d'été (du 1er mai au 15 septembre). L'édile a estimé que la tradition d'emmener le corps du défunt dans un cercueil ouvert, suivi par un cortège marchant d'un pas lent derrière, dérangeait les vacanciers et troublait la circulation, très importante à cette époque. Il a ajouté que "dans la société moderne, la mort n'est plus un deuil partagé par toute la communauté, mais un évènement d'ordre privé et familial". Appartements à 2 M€ à Bucarest Le footballeur Cristian Chivu a acquis un appartement d'une valeur de 2 M€ à Baneasa, dans la banlieue nord et résidentielle de Bucarest, situé dans un complexe de 10 ha, comprenant deux piscines dont une semi olympique, un restaurant de jour et un restaurant gastronomique, un bar, trois terrains de tennis en plein air et deux couverts, quatre pistes de bowling, une patinoire, une piste de jogging dans la forêt avoisinante - 200 hectares couverts de chênes -, un salon de beauté, un spa. Le complexe d'un coût de 230 M€ appartient à l'affairiste milliardaire et ancienne gloire du tennis des années 70, Ion Tiriac. Fuites d'eau A cause du mauvais état des réseaux, entraînant des fuites importantes, les communes et foyers roumains ne reçoivent que 59 % du volume d'eau potable qui leur est facturé, en amont des compteurs pour les premières, en aval pour les secondes. Sur environ un milliard de mètres cubes fournis annuellement aux Roumains, moins de 600 millions arrivent à destination. A 0,6 € le mètre cube, ce sont plus de 2 millions d'euros qui sont payés ainsi indûment, ce qui représente une dépense supplémentaire de plus de 30 € par famille. Pas de test de stress pour les emprunteurs La Banque nationale de Roumanie (BNR) a renoncé, pour l'instant, à mettre en place un test de stress pour les demandeurs de crédit bancaire, qui consiste à effectuer des simulations sur la solvabilité d'un client à moyen et long terme. Cependant, la BNR compte se montrer beaucoup plus stricte envers les banques en demandant davantage de détails sur le bénéficiaire d'un crédit. Et ces crédits seront moins importants. Si jusqu'à présent un client pouvait demander jusqu'à 70% de ses revenus nets, les nouvelles normes de la BNR réduisent ce taux à 40%. 27 Les NOUVELLES de ROUMANIE Société Vie quotidienne l GYULA l SATU MARE l CLUJ l IASI TARGU MURES l SIBIU l Hygiène précaire pour dix millions de Roumains BACAU l ARAD l l SUCEAVA ORADEA l l TIMISOARA PLOIESTI GALATI l l PITESTI CRAIOVA l l CONSTANTA n BUCAREST GIURGIU MANGALIA l RUSE l l l Faits divers Dacia, marque préférée des voleurs 26 Dans beaucoup d'écoles de campagne les enfants refusent d'aller aux toilettes tellement elles sont sales Délaissées par les automobilistes roumains, premiers clients de la Logan, les vieilles Dacia restent toujours extrêmement populaires chez une catégorie bien particulière de la population : les voleurs de voitures. C'est ce qu'affirment les statistiques tenues par la police de la ville de Bucarest. Sur un total de 792 voitures volées depuis le début de l'année, près de 550 étaient des Dacia 1310 (dérivé de la Renault 12), dont environ la moitié ont été retrouvées, a indiqué à l'AFP le porte-parole de la police, Christian Ciocan. "Les voleurs préfèrent les Dacia parce que leurs systèmes de sécurité ne sont pas très perfectionnés, et en plus on peut en ouvrir plusieurs avec la même clé", a-t-il expliqué. Petite note d'espoir: la forte proportion d'exemplaires retrouvés tend à prouver que tous les voleurs ne sont pas des professionnels. Beaucoup "emprunteraient" une 1310 faute de taxi ou de transport en commun. 700 voitures et pas de permis Intriguée en constatant qu'il n'avait pas de permis de conduire, la police génoise a mis fin aux agissements d'un Roumain installé en Italie et qui avait acquis 700 véhicules ces dernières années, dont certains avaient été utilisés lors de vols ou cambriolages. L'enquête a révélé qu'elles avaient été revendues clandestinement, sans déclaration au fisc qui a ainsi enregistré un préjudice de 400 000 €. A u coeur de la Semaine internationale de l'Eau qui s'est tenue à Stockholm, le problème - crucial pour la santé publique - des toilettes a été abordé. Un souci qui ne concerne pas seulement les pays du Sud où la population continue à déféquer dans la nature. Au sein même de l'Union Européenne, 20 millions de personnes n'ont pas accès à des installations sanitaires décentes. Les pays de l'ancien bloc de l'Est sont les premiers concernés, mais des cas isolés existent également en Europe occidentale, en France, en Irlande ou encore dans les pays méditerranéens. En Bulgarie, 42% de la population habite dans des zones rurales où seulement 2% des foyers sont reliés au tout-à-l'égout. En Roumanie, ce sont 10 millions de personnes, soit près d'un Roumain sur deux, qui vivent sans canalisations. Dans les campagnes, seuls 15% des habitants ont l'eau courante. "Dans beaucoup d'écoles de campagne, les enfants refusent d'aller aux toilettes tellement elles sont sales", souligne Diana Iskreva, de l'organisation bulgare Earth Forever. Dans ces zones rurales, les toilettes se résument souvent à un trou creusé dans le sol qui n'est jamais nettoyé. Un phénomène aggravé par la corruption en Bulgarie Les conséquences sur la santé sont énormes, les excréments accumulés finissant par infiltrer la terre et polluer l'eau des puits et des cours d'eau, utilisée pour la consommation courante. Cela provoque des maladies comme l'hépatite A ou du bébé bleu, due à un taux élevé de nitrates dans l'eau. Le taux de nitrates autorisé est de 50 mg/litre d'eau. Dans certaines zones de Roumanie, ce taux atteint 500 mg/litre. Le problème n'est pas un manque d'argent. Pour les cinq prochaines années, l'UE va allouer 336 milliards d'euros aux états membres les plus nécessiteux dont 18 milliards destinés à l'amélioration des conditions sanitaires. Selon Sascha Gabizon, présidente de l'ONG Femmes en Europe pour un futur commun, "moins de 480 millions seraient nécessaires pour une solution immédiate". "La corruption omniprésente au sein de la classe politique bulgare bloque l'argent qui devrait aller aux gens pauvres des campagnes", a aussi précisé Diane Iskreva. Qu'en est-il en Roumanie ? Installer le tout-à-l'égout dans les campagnes ne semble pas être une priorité et les organisations se battent sur place pour trouver des solutions. ("Libération" d'après AFP) Nombre de Bucarestois font leurs courses en Bulgarie A 76 km de Bucarest, Ruse, port frontalier bulgare de 175 000 habitants, en face de Giurgiu, sur le Danube, accueille de plus en plus de Roumains, la plupart venus de la capitale, pour faire leurs courses de la semaine ou même pour célébrer leur mariage. La raison est simple: les prix, notamment alimentaires, y sont en moyenne 40 % moins chers. Des investisseurs, particulièrement des Israéliens, ont décidé de profiter de l'aubaine et d'y construire sept mall (gros centres commerciaux) d'ici 3 ans, dont deux à seulement une cinquantaine de mètres du pont frontière. Certains occuperont jusqu'à 35 000 m2. La ville n'en comptait aucun jusqu'ici. Les Roumains ont colonisé les lieux et s'y bousculent chaque week-end. Au magasin Metro, on n'entend parler que leur langue. Pensions, hôtels, motels se sont multipliés. Une cité-cinéma pourrait voir le jour, projetant des films en roumain. Seul bémol: outre l'essence nécessaire au trajet, chaque véhicule doit acquitter 20 € de péage aller-retour pour franchir le pont sur le Danube. Insuffisant pour dissuader les Roumains: l'an passé, ils étaient deux millions à les avoir empruntés. Les NOUVELLES de ROUMANIE Société roumain avec le plus maigre bilan enregistré depuis 56 ans c'est désormais une autre paire de manches… Des disciplines en perte de vitesse sports, des piscines, des stades, des centres d'entraînement ne sont plus entretenus, laissés à l'abandon… quant ils n'ont pas Jusqu'à Pékin, les Roumains été rachetés pour une bouchée de étaient craints dans plusieurs dispain, tombant dans les mains de ciplines. Leur règne sur la gymspéculateurs immobiliers. nastique était proverbial : les dix Des clubs sportifs ont dispamédailles d'Athènes dont quatre ru. Mal payés, les entraîneurs ont d'or, se sont réduites à une seule. changé de métier ou sont partis à Les sports aquatiques et nautiques l'étranger. étaient également pourvoyeurs de Les conditions pour s'entraîmédailles prestigieuses. En nataner sont devenues de plus en plus tion par exemple, avec deux en or, précaires et la motivation fait une en argent, une en bronze à défaut. La piste d'athlétisme de la Sydney, une en or, une en bronze base sportive des jeunes de la à Athènes… aucune à Pékin. capitale où la médaillée d'or du En misant sur les rameurs 5000 mètres à Sydney, Gabriela recrutés par des entraîneurs lors L’équipe féminine de gymnastique faisait autrefois la gloire Szabo, se préparait, est devenue de tournées de repérage dans les de la Roumanie, mais à Pékin, elle a dû se contenter du bronze. impraticable. écoles des villages bordant le Danube, le Prut et autres plans Les rameurs s'entraînent entre les barques à moteurs du lac d'eau du pays, la Roumanie s'était installée comme une puisSnagov, dans la banlieue chic de Bucarest, et les pontons prisance redoutable en aviron (3 médailles d'or à Sydney, autant vés de la nomenklatura, sans qu'aucun couloir ne leur soit à Athènes) et respectable en canoë-kayak (une médaille d'or et réservé. deux de bronze à Sydney). A Pékin, seule le double fille en "Pour réussir, les sportifs de haut niveau doivent quitter le aviron a rapporté une médaille, la plus belle il est vrai, les pays", concède Mariana Bitang, qui entraînait voici peu l'équiautres équipages… n'en fichant pas une ramée ! pe olympique de gymnastique avec celui qui est devenu son Même déception en athlétisme et en boxe, où les mari depuis, Octavian Bellu (279 médailles obtenues en chamRoumains tiraient traditionnellement leur épingle du jeu, s'empionnats du monde, d'Europe et aux Jeux Olympiques, dont 16 parant ici ou là d'un titre, souvent prestigieux. La victoire inatmédailles d'or olympiques), le couple faisant désormais partie tendue dans le marathon est certes une belle consolation, mais des conseillers du président Basescu. aussi l'arbre qui cache la désertification de ces sports. Tout comme en hand-ball, où les filles, 7èmes, battues par la France Retour à la formation dans les matchs de classement, avaient habitué à mieux. des graines de champions dès l'école? Finalement, les Roumains ne se sont distingués que dans cinq sports. A leur décharge pour cette maigre moisson, il faut Le Comité Olympique Roumain, constatant les efforts leur reconnaître qu'ils sont totalement absents de disciplines financiers énormes consentis par les pays partenaires de l'UE, rapportant de nombreuses médailles, comme le cyclisme - vu souhaiterait que les sponsors, très peu nombreux jusqu'ici, l'état des routes et l'absence de pistes d'entraînement, ce n'est soient davantage encouragés à investir dans le sport par le pas étonnant - mais aussi dans celles, sophistiquées, qui se sont biais, par exemple, de déductions fiscales ou qu'ils bénéficient multipliées ces dernières années et ont provoqué une inflation de promotions gratuites dans les médias, lesquels ne sont pas de médailles. d'accord. La Chine l'a bien compris en affirmant sa présence dans Son président regrette que nombre d'enseignants remplades sports dont on peut douter qu'ils soient de masse, mais sercent les heures d'éducation physique dans les classes primaires vent son image en gonflant son bilan. par des cours de maths ou d'autres matières. "Un sportif doit apprendre à sauter ou à courir dès l'âge de sept ans" soutientil. Il est rejoint par Gabriela Szabo, laquelle redoute que les Face aux conditions précaires du sport médailles d'aujourd'hui ne soient les dernières et estime aussi de haut niveau, la motivation n'y est plus que le sport doit devenir prioritaire à l'école et dans les Déjà modeste, l'objectif de dix à quinze médailles que familles. s'était fixé le président du Comité Olympique Roumain, La grande championne a la nostalgie des splendeurs d'auOctavian Morariu, n'a pas été atteint. Les spécialistes affirment trefois et appelle de ses vœux le retour des méthodes qui perque c'était prévisible. mettaient de détecter et former les graines de champions dès Depuis la "Révolution", même si son effet n'a pas été perleur plus jeune âge… oubliant un peu vite que la chasse aux ceptible immédiatement, le sport roumain est confronté à une talents visait davantage à servir la propagande du régime qu'à véritable crise. Faute de financement, des terrains et salles de promouvoir l'épanouissement personnel. 39 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE J. O. Pékin l BAIA MARE l BOTOSANI l l IASI SUCEAVA ORADEA l TARGU MURES ARAD l BRASOV l l TIMISOARA BÂRLAD GALATI BRAILA PITESTI l l l TULCEA l l l l SIBIU CRAIOVA n CONSTANTA BUCAREST l Tableau final des médailles 40 "Quand nous chanterons le temps des médailles !" BACAU l l Voici 25 ans à Los Angeles la Roumanie était la deuxième puissance olympique de la planète 10ème France : 40 (7 or, 16 argent, 17 bronze) 11ème Ukraine : 27 (7, 5, 15) 16ème Belarus : 19 (4, 5, 10) 17ème Roumanie : 8 (4, 1, 3) 19ème Canada : 18 (3, 9, 6) 20ème Pologne :10 (3, 6, 1) 21ème Hongrie : 10 (3, 5, 2) 24ème Rép. Tchèque: 6 (3, 3, 0) 25ème Slovaquie : 6 (3, 2, 1) 35ème Suisse : 6 (2, 0, 4) 41ème Slovénie : 5 (1, 2, 2) 42ème Bulgarie : 5 (1, 1, 3) 46ème Belgique : 5 (1, 1, 0) 48ème Estonie : 2 (1, 1, 0) Précédentes Olympiades depuis la "Révolution" Barcelone 1992: 18 (4 or, 6 argent, 8 bronze) Atlanta 1996: 20 (4, 7, 9) Sydney 2000: 25 (11, 5, 9) Athènes 2004: 19 (8, 5, 6) La Moldavie (une médaille de bronze) termine à la 81ème place Pour sa 4ème participation aux JO (jusqu’en 1992, elle faisait partie de la délégation soviétique), la République de Moldavie a remporté une médaille de bronze en boxe en catégorie 54 kg hommes grâce à Veaceslav Gojan. La délégation moldave comportait 31 athlètes dans 7 disciplines. Dernier pays ex-aequo au nombre des médailles obtenues, elle prend la 81ème place sur 204 pays participants (116 pays n'ont aucune médaille). L a Roumanie a décroché 8 médailles à Pékin (4 en or, 1 en argent et 3 en bronze), occupant le 17ème rang, très loin de sa performance de 1984 à Los Angeles (53 médailles dont 20 en or) qui lui, avait valu la 2ème place, le meilleur classement jamais obtenu (la France avait terminé 12ème avec 28 médailles). Il est vrai que cette année là, le bloc communiste avait boycotté les JO, exception faite de la Roumanie et de la Chine, en représailles au même boycott exercé quatre ans plus tôt par les pays occidentaux, lors des JO de Moscou, pour dénoncer l'invasion soviétique en Afghanistan. A Moscou, la Roumanie, forte d'une délégation de 239 athlètes (ils étaient seulement 102, répartis dans 15 disciplines à Pékin) avait également brillé avec 25 médailles dont 6 en or et une 7ème place, tout comme en 1976 aux JO précédents de Montréal (27 médailles, 4 en or, 9ème place) qui allaient révéler Nadia Comaneci, boycottés eux par les pays africains à la suite de la tournée des All Blacks néo-zélandais en Afrique du Sud, alors que sévissait pleinement l'apartheid. Mais jusqu'à la contre-performance de Pékin, la Roumanie avait conservé un rang enviable dans des JO se déroulant cette fois sans entraves: à Séoul, en 1988, elle termina 8ème (24 médailles dont 7 en or), 14ème à Barcelone en 1992 (18 médailles, 4 en or), encore 14ème à Atlanta en 1996 (20 médailles dont 4 en or), 11ème à Sydney en 2000 (26 médailles dont 11 en or, meilleure performance depuis la "Révolution"), 14ème à Athènes (19 médailles, 8 en or). Il faut remonter à Helsinki en 1952, à l'occasion de la première participation d'après-guerre aux JO de la Roumanie pour trouver un classement plus mauvais, 23ème avec seulement 4 médailles dont une en or (Iosif Sârbu au tir). Depuis, elle n'était jamais descenL’équipe d’aviron en huit femmes avec barreuse due en dessous des dix médailles. n’a pu renouveler ses exploits des jeux précédents. 289 médailles depuis sa première participation et une nette prédominance féminine qui s'affirme Au terme des JO de Pékin et depuis sa première participation aux olympiades, à Paris en 1924 (une médaille de bronze), la Roumanie a remporté 292 médailles, dont 86 d'or - décrochant la première à Helsinki - 89 d'argent et 117 de bronze. Hommes (145 médailles) et femmes (147) se partagent les lauriers à égalité, mais un déséquilibre très net et de plus en plus prononcé s'est installé depuis Los Angeles, en 1984, les filles ayant décroché 107 médailles au cours des sept dernières olympiades, contre 61 pour les garçons. A Sydney, elles avaient remporté 8 médailles d'or contre 3 pour leurs homologues masculins. A Athènes, le fossé s'est encore creusé (8 médailles d'or, aucune pour les hommes), Pékin enfonçant le clou: les garçons ne sont plus montés sur la première marche du podium depuis Sydney. Dans ce tableau global, la gymnastique se taille la part du lion avec 69 médailles, enregistrant toujours une nette prédominance féminine. A noter que trois sportifs roumains ont participé chacun à six Jeux: Lia Manoliu en athlétisme (de 1952 à 1972), Sorin Babil et Elisabeta Lipa en aviron (de 1984 à 2004). Au total, la Roumanie a participé à 19 JO sur 26. Elle était absente aux JO d'Athènes (1896), Paris (2000), Saint Louis (1904), Londres (1908), Stockholm (1912), Anvers (1920) et Londres (1908). Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Faits divers Un pensionné dépouillé de son appartement et réduit à l'état de SDF grâce à la "bienveillance" de juges et d'un notaire D épouiller de leur bien, leurs maisons les modestes propriétaires d'un logement, surtout s'ils sont âgés ou sans défense, est une pratique de plus en plus répandue reconnaît l'ordre des notaires qui déplore le comportement de certains de ses membres ainsi que celui de juges complices. Octavian Dumitrescu, 60 ans, touchant une pension de 400 lei (120 €) pour longue maladie, après 30 ans de dur labeur, est une victime édifiante de ces pratiques d'abus de confiance. En 2005, ayant du mal à joindre les deux bouts et angoissé à l'idée de ne pas pouvoir s'acquitter des 80 lei (25 €) qu'il devait à l'administration, le Timisorean acceptait la proposition d'une vague relation: louer une pièce de son appartement pour quelques semaines à un ami de celui-ci, une personne présentant très bien. Ce dernier s'éclipsa rapidement, mais Octavian Dumitrescu reçut quelques temps après un avis le sommant de quitter les lieux… l'informant que le "propriétaire" avait vendu l'appartement. La stupéfaction passée, la supercherie était vite démontée: le locataire avait profité de sa présence pour endormir la confiance de son loueur, lui voler les actes de propriété ainsi que des papiers d'identité, en faire des photocopies, transformées en faux grossiers, puis se rendre chez une notaire pas regardante pour mettre en vente le logement, trouvant vite preneur pour la somme de 8000 €. En mars 2006, le tribunal de Timisoara annulait la transaction, reconnaissant qu'elle était basée sur une escroquerie… mais le nouveau "propriétaire" faisait appel de la décision, et une nouvelle délibération de la Cour lui restituait l'appartement, condamnant en outre l'infortuné pensionné à lui payer des dommages et intérêts pour avoir occuper illégalement les lieux! Le 19 juin dernier, Octavian Dumitrescu était expulsé de chez lui. Sans aucune ressource, devenu SDF, il s'installait dans une forêt proche de Timisoara, dans une cabane rudimentaire qu'il a construite de ses mains (notre photo). Effarés par le cours des évènements, des journalistes ont demandé des explications à un des trois juges ayant prononcé la dernière sentence. Assurant ne pas être très au courant, ce dernier a rouvert le dossier pour opportunément trouver que sa signature manquait sur certains actes. La Cour d'appel de Timisoara s'est emparée de l'affaire pour la rejuger et examiner les éventuelles complicités avec les escrocs ou indélicatesses de la notaire et des trois juges. A savoir Coincés dans une mine d'or deux jeunes perdent la vie Deux personnes ont été ramenées sans vie du fond d'une mine d'or désaffectée du judet d'Hunedoara, où ils étaient bloqués depuis près de sept heures suite à une excursion risquée. Le drame s'est déroulé un samedi soir, fin juin. Les jeunes hommes, âgés de 21 et 26 ans, sont restés coincés à 500 m de l'entrée de la mine, dans une zone très pauvre en oxygène et où il faisait très froid. Le père du plus jeune, qui a voulu les secourir, s'est retrouvé lui aussi coincé, mais il est le seul à avoir survécu après avoir été ramené à la surface par les secouristes. Il a été transféré à l'hôpital d'où il est ressorti 24 heures plus tard. Des pirates attaquent des bateaux sur le Danube Le journal bulgare Monitor indique que deux bateaux battant pavillon de leur pays ont été attaqués début juillet alors qu'ils circulaient dans les eaux internatio- nales du Danube, dans le secteur de RuseGiurgiu. Les pirates, venant de Roumanie en embarcations à moteur, ont profité de la nuit pour les aborder silencieusement, grimper sur le pont, se rendre maître de l'équipage de veille et s'en retourner après avoir dérobé des jerricans d'essence et des batteries. Alertées dans le quart d'heure suivant, les autorités roumaines ont dépêché une équipe de la police fluviale sur les lieux qui a recensé les embarcations absentes de leurs points d'amarrage habituels et qui mène l'enquête avec son homologue bulgare, des faits similaires s'étant déjà produits. Racket dans les parkings Chaque soir, les parkings de plein air du centre de Bucarest sont envahis par des bandes de jeunes, souvent des anciens enfants des rues dont certains sortent tout juste de prison, qui rançonnent les automobilistes cherchant à se garer après les avoir menacés de manière à peine voilée: "Il vaudrait mieux que je garde ta voiture, sinon tu vas la retrouver avec des pneus crevés ou la peinture rayée". La majorité s'exécute, donnant quelques lei, parfois l'équivalent d'un euro, en plus du ticket de stationnement qu'il faut acquitter. Ce racket rapporte près de 20 € par heure à leurs auteurs et leur sert souvent à acheter de la drogue. La police s'avoue impuissant: "On est obligé de les relâcher; ils ont des centaines d'amendes qu'ils ne paient jamais car ils ne sont pas solvables". Il tue sa femme parce qu'elle fumait en cachette Un homme de 29 ans surprenant sa femme, âgée de 24 ans, en train de fumer, l'a rouée de coups à mort, malgré l'intervention de ses parents, présents au moment du drame qui s'est déroulé à Roman. Fumeur lui-même, il lui avait cependant interdit d'en faire de même, l'a trouvant trop maigre pour cela et s'était rendu compte qu'elle devait fumer en cachette car il lui manquait deux cigarettes dans son paquet. Le couple avait une fillette de deux ans. 25 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Evénements l CLUJ l l IASI l l ROMAN l SIBIU l GALATI BRAILA RESITA l l l TULCEA CONSTANTA n l BUCAREST CRAIOVA l l GIURGIU L'âge moyen des Roumains est de 39 ans 24 Le crime de lèse-majesté d'Alina Dumitru l BRASOV l l l Victime des tortionnaires de Pinochet l TARGU MURES ARAD HUNEDOARA TIMISOARA La judokate de Bucarest a mis un terme au règne de la légende vivante japonaise Ryoko Tani J. O. Pékin SUCEAVA SATU MARE l ORADEA Le cadavre d’une Roumaine retrouvé dans le désert d'Arica Société Les NOUVELLES de ROUMANIE L'Institut National de la Statistique a publié ses dernier chiffres concernant l'évolution de la population roumaine. Celle-ci comporte 500 000 femmes de plus que d'hommes, soit 11,038 millions pour 10,491 millions, le nombre d'habitants ayant diminué de 0,19 % en un an, s'établissant à 21,529 millions au 1er janvier 2008. L'âge moyen des Roumains est de 39,1 ans (40,5 ans pour les femmes, 37,7 ans pour les hommes) et est de 1,4 an supérieur en milieu rural. 55,1 % (11,872 millions) d'entre eux vivent dans les villes et 44,9 % (9,656 millions) à la campagne. Dans l'ordre croissant de population ou d'importance, le pays est divisé en villages (sat) rattachés à des communes (comuna), villes (oras) et municipes (municipiu). 85,6 % des municipes et villes ont moins de 50 000 habitants, représentant 32,5 % de la population urbaine. Les grandes villes de plus de 100 000 habitants, en recul, totalisent 30 % de la population globale et 54,3 % de la population urbaine. La capitale compte 1,944 million d'habitants officiellement enregistrés, soit 9 % de la population roumaine et 16,4 % de la population urbaine. Le plus petit municipe du pays est Beius (Bihor, Oradea), qui compte 11 141 habitants, la plus petite commune Brebu-Nou (Caras Severin, Resita), 138 habitants, alors que Holboca (Iasi) est la plus grande (12 701 habitants). L e cadavre d'une femme d'origine roumaine a été découvert dernièrement dans le désert chilien d'Arica, au cours d'un entraînement militaire. Le corps, décapité, s'était conservé grâce au niveau élevé de salinité des lieux. Les éléments retrouvés ont permis de l'identifier, de dater et reconstituer les faits. Il s'agissait des restes de Monica Cristina Benaroyo Pencu, née en 1925 en Roumanie, fille de l'ambassadeur de Perse dans ce pays et de sa femme, roumaine. Lors de la prise du pouvoir par les communistes, la famille avait émigré en Uruguay, considéré alors comme la "petite Suisse" de l'Amartiquedu Sud, prenant la nationalité uruguayenne en 1956. Après des études de philosophie à Montevideo, Monica, admiratrice de la révolution cubaine avait étudié un certain temps à La Havane, vendu tous ses biens en Uruguay et rejoint le Chili en 1971, quand le président socialiste Allende en était devenu président, occupant un poste de fonctionnaire à la marie d'Arica. Elle avait été vue la dernière fois le 11 septembre 1973, jour où les militaires se sont emparés du pouvoir. Un ordre de recherche avait été lancé à son encontre dans le cadre de la sinistre opération "Condor" mise sur pied par les dictatures de la région (Chili, Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay), avec l'aide des USA, visant à éliminer physiquement les opposants, à les pourchasser jusqu'en Europe ou sur le territoire américain, ce qui a permis d'établir qu'elle a été enlevée, torturée et assassinée par les sbires de Pinochet, comme les 3600 autres victimes du régime. Monica Pencu avait 48 ans. On n'a jamais retrouvé non plus la trace de sa sœur. "En réalité prince… en apparence mendiant" S i vous saviez qu'un mendiant peut gagner jusqu'à 5000 lei par mois (environ 1400 euros), est-ce que vous lui donneriez encore des pièces?" Cette grande affiche a été installée fin juillet dans le quartier Titan de Bucarest. Elle appelle les gens à ne plus donner l'aumône aux mendiants. Un message qui peut paraître surprenant. Cette initiative fait partie de la campagne "Prince et mendiant", initiée par la police de la capitale au début du mois de juin. Elle a pour but de lutter contre l'exPhoto et texte deJonas Mercier (lepetitjournal.com) ploitation des enfants par le travail. Une autre affiche de cette campagne a pour slogan "En réalité prince et en apparence mendiant". L'ONG Salvati copii (Sauvez les enfants) est partenaire de l'initiative. En Roumanie, la mendicité est punie d'une amende pouvant aller jusqu'à 500 lei (140 euros). L a petite Bucarestoise faisait des bonds sur le tatami. Pourtant, elle n'avait pas décroché l'or... du moins pas encore. Non, çà se passait en demi-finale de sa catégorie des 48 kilos. Au terme d'un combat indécis, Alina Dumitru, 26 ans, venait de mettre à terre l'innacessible impératrice Ryoko Tani. La judokate japonaise, double championne olympique, septuple championne du monde, était devenue une légende vivante et régnait pratiquement sans partage sur la discipline depuis près de quinze ans. Toutes les concurrentes redoutaient de l'avoir à affronter. Véritable star dans son pays, Ryoko Tani Tamura de son nom de jeune fille - y a créé un nouvel engouement pour le judo après son titre mondial obtenu à Chiba en 1995. Son image est alors associée à celle de Yawara-chan, un héro de manga très populaire au Japon. Des personnages de jeux vidéos s'inspirent directement de ses combats. La moindre compétition qu'elle dispute suscite une importante médiatisation nippone comme lors des Jeux Olympiques d'été de 2000 lors desquels elle remporta enfin le titre olympique qui manquait à son palmarès. Sa popularité grandit encore quand elle se maria avec Yoshitomo Tani, un joueur de base-ball des Yomiuri Giants, double médaillé olympique avec l'équipe nippone en 1996 et 2004, qu'elle a rencontré dans une laverie automatique du village olympique lors des Jeux de Sydney en 2000. Leur mariage, célébré en 2003 à Paris, fit alors les gros titres de l'actualité au Japon. "Vraiment, ç'aurait été trop bête de perdre en finale" Rokyo Tani, qui avait remporté sa seconde médaille d'or à Athènes, en 2004, en venant à bout en finale de la Française Frédérique Jossinet, pensait-elle ne faire qu'une bouchée de sa concurrente roumaine? Erreur qui l'a faite tomber de son piédestal, car celle-ci, qui domine sa catégorie sur le Vieux conti- nent, avec cinq titres européens consécutifs depuis 2004, où elle avait été sacrée chez elle, à Bucarest, à la grande joie de son club, le Steaua, entendait bien agrandir son royaume. Deux fois déjà, elle avait approché l'intouchable Tani, décrochant le bronze aux championnats du monde du Caire, en 2005, et de Rio de Janeiro, en 2007. Les JO d'Athènes, où elle avait terminée 5ème, ratant de peu le podium, l'avaient laissée frustrée et elle s'était fait la promesse de l'emporter quatre ans plus tard. A Pékin, en ce premier jour d'olympiade, Alina Dumitru tenait une opportunité de revanche. Dans ses deux combats du matin, elle avait sorti facilement la Hongroise Eva Cservnoviczki, puis la Sud-Coréenne Youngran Kim. "L'ogre" RyokoTani pensait s'en sortir facilement en menant un combat basé à la fois sur la tactique et la vitesse, selon le procédé "soto gari", mais la Roumaine s'était préparée et sa contre-attaque se révéla mortelle. "Vraiment, ç'aurait été trop bête de perdre en finale", confia Alina après son exploit. Elle retrouva donc le tatami en étant bien décidée de ramener à son pays la première médaille en or au judo de son histoire et aussi la première de ces olympiades 2008. Son adversaire, la Cubaine Yanet Bermoy, championne du monde en 2005 et vice championne en 2007, n'était pourtant pas la première venue, mais elle ne put rien faire contre la rage de vaincre de la Bucarestoise. Alina Dumitru n'a pu retenir ses larmes en entendant l'hymne roumain. Elle a dédié sa victoire à son frère et à sa famille qui vivent au Canada et qu'elle n'a pas revus depuis plus de cinq ans. Avant Pékin, ils lui avaient promis de revenir en Roumanie si elle gagnait. "C'est le plus beau cadeau que j'attendais" a-t-elle déclaré. Sa médaille en or ne lui est apparamment pas montée à la tête: Alina a décidé d'arrêter la compétition pour se marier et avoir un enfant. Plus tard, peut-être, retrouvera-t-elle le chemin des tatamis. Vaines tentatives de récupération par les politiciens N e mélangeons pas les torchons avec les serviettes"… C'est la réponse peu diplomatique adressée par plusieurs gloires sportives aux sollicitations de différents partis politiques qui auraient souhaité les avoir dans leurs rangs pour bénéficier de leur notoriété. Ainsi l'ancien champion olympique et du monde d'aviron, Ivan Patzaichin a décliné la proposition du Parti National Libéral du premier ministre Tariceanu de devenir député de Tulcea, tout comme la médaillée en or du 5000 mètres à Athènes, Gabriela Szabo, 33 ans, sollicitée par le même parti et s'estimant "trop jeune" pour faire de la politique. Nadia Comaneci a opposé le même refus au PSD (post-communistes) qui souhaitait la voir siéger au sein du collège des parlementaires désignés au titre de la diaspora roumaine dans le monde, pour représenter les Roumains d'Amérique du Nord (elle vit au Texas). Tous ces sportifs ont avancé le même argument : "la politique est une compétition malhonnête". Réponse du berger à la bergère? Le PD-L, parti qui soutient le président Basescu, a refusé d'accepter dans ses rangs le transfuge Mitica Dragomir, président de la Ligue professionnelle de football et impliqué dans plusieurs scandales. Dragomir "jouait" auparavant élu du PRM (parti xénophobe de Vadim Tudor, en perte de vitesse d'après les sondages) et cherche à conserver son mandat de député aux prochaines élections afin de continuer à bénéficier de l'immunité parlementaire. 41 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE A 39 ans, Constantina la première Roumaine à J. O. Pékin SUCEAVA BAIA MARE l l l TIMISOARA T. SEVERIN BACAU l SIBIU l l IASI TARGU MURES ARAD l l BRASOV GALATI BRAILA TG. JIU l l l CRAIOVA l "J'ai prouvé qu'on pouvait l ORADEA l PITESTI n BUCAREST l l l TULCEA CONSTANTA l Le "Mututhon"… pour un millionnaire 42 Le président du Dinamo Bucarest Cristian Borcea souhaite ouvrir un compte de soutien à Adrian Mutu, attaquant roumain de la Fiorentina et vedette actuelle du football roumain, qui a été condamné par la Fédération Internationale de Football (FIFA) à verser 17,2 millions d'euros de dédommagement à son ancien club Chelsea - la plus grosse amende jamais infligée à un joueur de football -après avoir été contrôlé positif à la cocaïne en octobre 2004 lors de son passage chez les Blues. Il appelle donc tous les supporters du joueur millionnaire à voler à son secours pour l'aider à s'acquitter de son amende… dans un pays où le salaire moyen net est inférieur à 250 € ! Le joueur, qui était sous contrat avec Chelsea pour plusieurs années, avait été licencié par son propriétaire, l'affairiste russe Abramovitch. Le montant de l'amende a été calculé par la chambre de résolution des litiges de la Fédération internationale de football par rapport aux années de contrat qu'il restait à effectuer à Mutu, 29 ans, lors de ce contrôle. J 'ai prouvé qu'on pouvait encore bien courir à cet âge" s'est exclamée Constantina Dita-Tomescu après avoir fait son entrée en solitaire dans le "Nid d'oiseau" de Pékin, ovationnée par 90 000 spectateurs debout, laissant ses adversaires aux portes du stade, loin derrière elle. A plus de 38 ans, cette jeune mère d'un garçon de 13 ans, originaire de la région de Târgu Jiu, est la première Roumaine a remporté le marathon olympique, l'épreuve reine des Jeux, ramenant par là à son pays sa dixième médaille d'or en athlétisme de toute l'histoire de sa participation aux JO… mais devenant aussi la plus vieille des concurrentes des Jeux ayant jamais gagné cette épreuve phare. Une performance d'autant plus méritoire que la championne souffrait d'un début de sciatique. Sa compatriote Lidia Simon, médaille d'argent du marathon de Sydney en 2000, a terminé à la 6ème place. Une promesse que la petite paysanne s'était faite en gardant les vaches Rarement une récompense n'aura été aussi méritée, tant Constantina Dita-Tomescu a fait preuve de courage et tenacité tout au long de sa vie. Fille d'agriculteurs du village de Spahi, élevée avec ses cinq frères, l'adolescente était élève au lycée pétrolier de la commune voisine de Turburea, se consacrant au hand-ball pendant les heures d'éducation physique. Son professeur remarquant ses dispositions pour les courses à pied qu'elle remportait toujours largement détachée, la recommanda à un entraîneur d'athlétisme du club Pandurii de Târgu Jiu. A 18 ans, la jeune fille commença donc son entraînement, courant le matin dans les chemins de son village, faisant ensuite 5 km à pied pour attraper le train afin de rejoindre son travail dans une fabrique de meubles de Târgu Jiu, qu'elle quittait le soir pour poursuivre sa préparation sur le stade de la ville. Pendant des années la jeune ouvrière s'astreignit à cette discipline quotidienne qui ne la ramenait chez elle qu'à la nuit tombée. Cette vie rude avait forgé sa détermination. "Quand j'étais enfant, je devais garder les vaches pendant les vacances et travailler aux champs. J'emmenais un transistor et j'écoutais les émissions sportives. Je sautais de joie quand j'entendais les reporters raconter les exploits de notre grande championne Maricica Puica (championne olympique du 3000 mètres à Los Angeles en 2004 et deux fois championne du monde de cross country)… et je m'étais dit que peut-être un jour je ferais comme elle". Abandonnée par son club de Târgu Jiu et remise en confiance à Turnu Severin Longtemps, Constantina Dita-Tomescu fut boudée par les clubs de la capitale. A leurs yeux, une fille obscure de Târgu Jiu ne présentait pas un grand intérêt. Sa persévérance ne fut concrétisée qu'en 2004 avec sa sélection pour les JO d'Athènes. La chaleur suffocante qui régnait lors du Marathon l'asphyxia et elle ne termina que 20ème. Victime également de ces conditions éprouvantes, la grande favorite de l'épreuve, la Britannique Paula Radcliffe, détentrice du record du monde, avait abandonné, en larmes. A son retour, la Roumaine fut mise à l'écart par son club qui lui fit comprendre à mi-mot qu'à 34 ans son avenir était derrière elle. Mais, ayant remarqué ses qualités, un ancien marathonien de Turnu Severin la relança en créant de toutes pièces et à son intention un club dans sa ville, distante de 60 kilomètres, le CSM Turnu Severin, lui permettant de continuer sa carrière. Remise en confiance, Constantina explosa, remportant le marathon de Chicago, puis devenant championne du monde de mi-marathon en 2005, à Edmonton (Canada), individuelle et par équipe, obtenant la médaille de bronze du marathon à Helsinki. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Evénements Les quarante ans de la première Dacia L e 20 août 1968, les usines Dacia de Colibasi-Pitesti sortaient la première voiture fabriquée en Roumanie: le modèle 1100, inspiré directement de la R8 de Renault, lequel fournissait les pièces. Il sera remplacé à partir de 1971 par la Dacia 1300, appelée à une longue carrière. Ceausescu était venu en personne célébrer l'évènement. Le "Conducator" était alors à l'apogée de sa popularité: quelques jours plus tard, il condamnera l'entrée des chars soviétiques à Prague, à la grande joie de ses compatriotes. En mai, il avait reçu la reconnaissance internationale à l'occasion de la première visite d'un chef d'Etat occidental dans le pays, le général De Gaulle; l'année suivante, il accueillera le président US Nixon. A savoir Bientôt une "Chinatown" à Bucarest Premier palais tsigane démoli à Timisoara Le projet d'édification d'une "Chinatown" à Bucarest, dans le quartier Fundeni-Colentina, au nord-est de la capitale, se précise. Financé à 70 % par le groupe Niro et à 30 % par un investisseur chinois, elle sera la plus grande de toute l'Europe du sud-est, s'étendant sur 80 hectares. Son coût est estimé à 150 millions d'euros et les travaux doivent durer huit ans. L'ensemble comprendra une zone commerciale, "Dragon rouge", avec des restaurants chinois, un jardin, des jeux, une école, un centre d'affaires de 16 étages, le "China Business center", avec bureaux et salles de conférences, une zone résidentielle, les "China towers", de 12 tours de 7-8 étages, offrant au total 600 appartements. A la suite d'une longue procédure judiciaire où elle a obtenu gain de cause, la mairie de Timisoara a fait entreprendre début août la démolition du premier d'un des nombreux palais tsigane bâtis sans autorisation à la fin des années 90 dans le centre-ville. Celui-ci, d'un coût évalué à plus de 200 000 €, avait été édifié par un clan familial établi à Strasbourg grâce aux bénéfices réalisé avec ses "affaires". En l'absence des propriétaires, leurs proches ont tenté d'empêcher le démarrage des travaux de démolition en déclarant qu'ils avaient versé des bakchichs aux représentants de la mairie pour qu'ils ferment les yeux sur la construction. Boule de neige géante Les autorités de Brasov vont mettre en place un réseau de senseurs à ultrasons afin de tenir à distance les ours, dont les descentes en ville se sont multipliées ces derniers temps, a annoncé le ministère de l'Environnement. Ce système sera installé dans un premier temps autour du centre historique de la ville, avant d'être étendu graduellement aux autres quartiers "vulnérables", sur un périmètre total de 12 km. "Il s'agit d'un projet pilote que nous pourrons par la suite mettre en place dans d'autres stations touristiques à risque", a déclaré le ministre de l'Environnement Attila Korodi, alors que plusieurs personnes, dont des touristes étrangers, ont été tuées ou blessées par des ours ces dernières années (Lire aussi page 4). A la mi-août, un touriste allemand avait été hospitalisé après avoir été attaqué par un ours dans sa tente dans les Carpates, dans un lieu interdit au cam- La Transfagarasan, spectaculaire route qui traverse le massif du même nom dans les Carpates, est redoutée pour ces hivers rigoureux et particulièrement longs, au point qu'elle est fermée à la circulation pendant de longs mois. Cette année, elle n'a été ouverte qu'à partir du 15 juin. Une sage mesure car, tout début juillet, une boule de neige gigantesque, d'un poids d’une tonne, a soudain dévaler les pentes pour venir terminer sa route nez à nez avec un autocar de touristes roumains, paralysant le trafic, ne faisant heureusement aucune victime. Abasourdis, ceux-ci sont descendus du véhicule se livrant à une joyeuse bataille en plein été, imprévue au programme, sans se rendre vraiment compte qu'ils venaient d'échapper à une terrible catastrophe. Ultrasons contre les ours ping en raison des descentes fréquentes des bêtes. La tente avait été complètement détruite, l'ours l'avait déchirée, et blessé grièvement le campeur, âgé de 26 ans, en l'attrapant par le bras et en lui griffant une jambe et la tête; ses deux camarades allemands qui se trouvaient dans la même tente avaient réussi à s'échapper. Avortement possible jusqu'à 24 semaines pour les moins de 15 ans A la suite du drame de la petite Florina, une fillette de onze ans, violée par son oncle, enceinte de 17 semaines et qui n'avait pas été autorisée à avorter parce qu'elle avait dépassé les 14 semaines légales, le ministère de la santé a décidé de repousser cette limite à 24 semaines - comme en Grande Bretagne pour les adolescentes de moins de quinze ans. Il a justifié sa décision en invoquant le risque important qu'elles encouraient. Florina avait été contrainte d'aller avorter dans une clinique anglaise. 6.700 m² de dessins sur asphalte à Cluj Plus de 2.000 enfants de Cluj ont recouvert 6.700 m2 d'asphalte de dessins à la craie, représentant un train gigantesque, pour réaliser le plus large dessin sur route du livre Guinness des records. Le projet "Sourire d'enfant" était organisé par une association militant pour les enfants défavorisés, à l'occasion de la Journée de l'enfant. Les artistes, âgés de 3 à 18 ans, ont donné libre cours à leur imagination sur une portion du périphérique de la ville, pas encore en fonction. Le record à battre était de 5.600 m2, établi aux Pays-Bas en 2005. 23 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Lors de Brest 2008 le Mircea a retrouvé ses sauveteurs Evéneménts SUCEAVA l ORADEA BAIA MARE l l ARAD l IASI SIBIU BACAU l CLUJ l l l TARGU MURES l l l FAGARAS l TIMISOARA BRASOV PITESTI CRAIOVA l l l GALATI PLOIESTI n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Les basketteuses roumaines discriminées en France et en Italie 22 Les basketteuses juniors roumaines ont été victimes de discrimination à l'occasion de deux tournois disputés en juin en France et en Italie, a déclaré Carmen Tocala, la présidente de la Fédération roumaine de basket (FRB). Selon elle, l'équipe roumaine fut la seule à être hébergée par des familles roumaines, là où les autres équipes étaient placées à l'hôtel par les organisateurs d'un tournoi amical dans les environs de Lille. Ces derniers auraient voulu éviter ainsi d'éventuels incidents qui auraient pu intervenir si la présence de l'équipe roumaine dans un hôtel de la ville avait attiré l'attention de compatriotes résidant dans la région, a-t-elle expliqué. Les magasins ferment en apercevant le sigle “Roumanie” Toujours selon ses dires, le traitement n'a pas été meilleur lors d'un séjour à Naples. "On a toujours eu des problèmes en Italie", a-t-elle affirmé, assurant que "les magasins fermaient en apercevant le sigle Roumanie sur l'équipement des joueuses", que "les filles étaient huées à l'entrée sur le terrain" et "n'étaient applaudies que lorsqu'elles perdaient face à l'équipe locale". Carmen Tocola a décidé d'informer par écrit le ministère des Affaires étrangères, estimant "qu'il faut faire quelque chose pour améliorer l'image des Roumains à l'étranger". F ierté de la marine roumaine, le trois mâts "Mircea" a participé aux fêtes maritimes de Brest 2008, à la mi-juillet (notre photo). Les sauveteurs français venus à son aide en 1965 ont été accueillis à son bord. Le grand voilier école blanc avait fière allure avec ses hommes d'équipage hissés dans la mâture, lorsqu'il a fait son entrée dans la rade brestoise. Construit à Hambourg, en Allemagne, par les chantiers Blohm und Voss, ce trois mâts barque en acier fut lancé en 1939. Long de 83 mètres, il sert de bateau école à la fois à la marine marchande et à la marine militaire. Le voilier embarque un équipage de 90 marins et de 120 cadets (élèves officiers). Tous les marins roumains y sont passés et c'est toujours une grande fierté pour eux d'avoir navigué à son bord. Une statue du voïvode Mircea l'Ancien orne sa proue en hommage à ce souverain roumain du XIVe siècle qui avait réussi à négocier avec les Ottomans un traité garantissant l'indépendance de la Valachie, royaume à l'origine de l'actuelle Roumanie. SOS au large de Sein Lui-même ancien officier de marine, le président roumain Traian Basescu avait adressé une lettre à la fin de l'année dernière à François Cuillandre, le maire de Brest, pour lui confirmer la venue du Mircea "à titre d'ambassadeur de la Roumanie". Cette venue consacrait les liens qui se sont établis entre le Finistère et la Roumanie. Depuis 1993, la ville de Brest est jumelée avec Constantsa, le grand port de la mer Noire. Ce n'était pas la première fois que le Mircea venait à Brest. En 1965, une violente tempête avait mis le bateau roumain en grand danger au large de l'île de Sein alors qu'il revenait d'une campagne en mer Baltique. En panne de moteur, le Mircea dût lancer un SOS le 26 novembre à 22 h 30. Les opérations de sauvetage dureront 40 heures. Le canot de sauvetage de l'île de Sein, le Patron-François-Heruis, se portait immédiatement à son secours. Au lever du jour arrivait le remorqueur Implacable, de la Marine nationale, mais le médecin du bord se blessait grièvement et le bateau devait faire demi-tour. Le remorqueur Rhinocéros prenait alors son relais. Au matin du 28 novembre, après deux jours d'attente, le Rhinocéros réussissait enfin à passer une remorque au Mircea. Le canot Patron-François-Hervis les accompagna jusqu'à Brest pour parer à une rupture éventuelle de la remorque. Le voilier école roumain entrait dans le port de Brest en fin de journée. Olivier Mélennec (Ouest-France) Premier satellite roumain C inquante années juste après "Spoutnik", le premier satellite roumain devrait être lancé le 1er décembre prochain, jour de la fête nationale, à l'aide d'une fusée Vega de l'Agence Spatiale Européenne. Baptisé ironiquement "Goliath", par ses concepteurs, une équipe de jeunes universitaires, il pèse un kilo, a la forme d'un cube de 10 cm de côté et une duré de vie d'un an. Effectuant une révolution autour de la terre en 90 minutes, il est chargé d'une triple mission : détecter les micro-météorites présentes sur son orbite, mesurer les radiations gama autour de lui et prendre des photographies de la Roumanie. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Dita-Tomescu est devenue remporter le marathon olympique encore bien courir à cet âge" Du coup, Turnu Severin la fit citoyenne d'honneur de la ville, mais la capitale s'étant enfin réveillée, son club dut la laisser filer avec regret mais compréhension au Dinamo de Bucarest qui lui offrait des perspectives de carrière autres. Un mari entraîneur de génie et plus jeune de six ans De fait depuis fin 2005, Constantina Dita-Tomescu s'entraîne régulièrement à Boulder (Colorado) dans les montagnes rocheuses, où elle s'est établie en compagnie de son mari et entraîneur, Valeriu Tomescu, de six ans son cadet. Le couple, à la manière de celui formé par la cycliste française Jeannie Longo et son mari, Patrice Ciprelli, fonctionne de manière autonome par rapport à sa fédération nationale. Valeriu, qui termine son master de physiologie aux USA, en attendant d'entreprendre un doctorat, a joué un rôle essentiel dans la victoire de sa femme. Ayant remarqué les dégâts causés par la chaleur lors des JO d'Athènes, il la suivait lors de ses entraînements, veillant à ce que sa température corporelle ne dépasse jamais 39°, seuil à partir duquel le cerveau ne stimule plus les muscles. Pour Pékin, il avait confectionné une veste avec de la glace que Constantina portait pendant son échauffement avant l'épreuve. Peu avant le départ, voyant que le temps s'était subitement rafraîchi, il avait changé de tactique en fonction de la pluie qui s'annonçait, alors que les autres concurrentes restaient préparées pour une course par grande chaleur. Cette stratégie allait s'avérer décisive, tout comme le soutien qu'il apporta à sa femme au long de la course. Venu en simple touriste et à ses frais à Pékin - normalement la Fédération roumaine d'athlétisme et le Comité national olympique devraient les rembourser, après s'être cependant faits tirer l'oreille - Valeriu avait loué une bicyclette pour l'accompagner, lui criant ses directives et encouragements… jusqu'à ce que la police le stoppe, au 27ème kilomètre. Le Roumain avait bien potassé le règlement: rien ne l'interdisait du moment qu'il était de l'autre côté des barrières. De toutes façons, à ce moment là, Constantina DitaTomescu, échappée depuis le 20ème kilomètre, sans provoquer de réaction de la part des autres concurrentes, avait course gagnée. Paula Radcliffe, encore grande favorite mais mal remise d'une fracture de fatigue à un fémur, était lâchée et abandonnait à nouveau. Apprenant l'âge de la Roumaine, la grande championne britannique, bientôt 35 ans, se consolait en prédisant: "Dans quatre ans, à Londres, ce sera mon tour". Sans-doute… mais Constantina Dita-Tomescu n'a peut-être pas encore dit son dernier mot. Médaille d'or à Sydney, Mihai Covaliu se rêvait encore en d'Artagnan à Pékin L e sabreur Mihai Covaliu avait connu la gloire en 2000, à 23 ans, lors des J.O de Sydney, en remportant la finale individuelle du sabre. S'il était passé à côté du titre olympique à Athènes, terminant 7ème, il avait montré l'année suivant qu'on devait toujours compter avec lui en devenant champion du monde à Leipzig. Le Roumain était donc un des favoris de la discipline à Pékin, mais perdant de peu sa demifinale contre le Français Nicolas Lopez, il a dû se contenter du bronze. Rien ne destinait le gamin à l'escrime, sinon de ne pouvoir continuer à jouer au football à la suite d'un accident. La venue d'un recruteur dans son école allait faire basculer son destin. Fier de tenir une épée dans sa main à tout juste 9 ans, il se débrouilla si bien qu'il fut retenu pour rejoindre la pépinière des bretteurs du pays. Ses parents, qui ne pensaient nullement que leur rejeton ferait carrière dans ce sport, étaient ravis pour une toute autre raison : "Tant qu'il est dans la salle à s'entraîner, il n'est pas en train de traîner dans la rue". On aurait pu trouver plus motivant pour un futur champion olympique, mais le petit Mihai, tout de suite séduit par cette discipline, attisa sa passion naissante à travers les romans de mousquetaires qu'il dévorait, d'Artagnan étant devenu son idole. "Je rêvais de manier l'épée comme lui et d'être invincible". Le Roumain y est parvenu en 2000, même si c'est au sabre. Sa relative désillusion de Pékin ne devrait pas l'arrêter. Admirateur d'Alexandre Dumas, il a lu Vingt ans après. Rendez-vous est donc pris pour les J.O. de 2020. Mihai Covaliu aura 43 ans, l'âge de d'Artagnan lorsqu'il a retrouvé ses amis Athos, Portos et Aramis, pour de nouvelles aventures. Cette fois-ci, elles ne seront pas gasconnes mais olympiques ! 43 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE J. O. Pékin l BAIA MARE l SUCEAVA l l SIGHET IASI ORADEA ARAD l l l TARGU MURES A. IULIA l TIMISOARA BRASOV CRAIOVA l l l l l TULCEA n BUCAREST "Parmi les jeunes qui vivent dans les rues certains ont la capacité de monter une affaire " Social Muhamad Yunus prix Nobel de la Paix Micro-crédit : l'idée du "banquier des pauvres" reprise en Roumanie CONSTANTA l Pas de “potion magique” Lucas pour Camelia Potec 44 L'honneur sauf de la gymnastique roumaine BACAU GALATI l PITESTI l Sandra Izbasa perpétue la tradition en remportant l'or aux exercices au sol Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE La championne olympique d'Athènes sur 200 mètres dos voulait terminer sa carrière sur une autre médaille d'or. C'est raté ! Camelia Potec a terminé respectivement 6ème, 5ème, et 4ème des trois finales qu'elle a disputées, manquant pour quelques centièmes de seconde la médaille de bronze du 800 mètres nage libre. A 26 ans, profitant du "divorce" de Philippe Lucas avec sa protégée Laure Manaudou qu'il avait fabriquée, la très jolie ondine roumaine avait pourtant rejoint quelques mois avant Pékin, le célèbre entraîneur du Canet en Roussillon avec l'ambition de décrocher un dernier trophée et de tourner ainsi définitivement la page de la compétition. "Là-bas, j'aurais enfin une préparation digne ce nom" avaitelle confié avant son départ dans le sud de la France, ajoutant : "En Roumanie, nous n'avons pas de programme de repos, de repas réguliers et équilibrés ". En France, elle a été servie: "Tout était extrêmement strict: entraînement, repas, sommeil… et entraînement. En semaine, je n'avais aucun moment de liberté et j'effectuais deux entraînements chaque jour.” (lire la suite p. 46) S acrée championne olympique au sol, Sandra Izbasa a sauvé l'honneur de la gymnastique roumaine, en lui apportant son seul titre de la compétition et perpétuant aussi sa tradition à cet agrès, établie par Nadia Comaneci en 1980 à Moscou. La Bucarestoise est devenue en effet à 18 ans la sixième médaillée d'or de cet exercice de son pays, après la légende Comaneci, Ecaterina Szabo à Los Angeles (1984), Daniela Silivas à Séoul (1988), Lavinia Milosovici à Barcelone (1992) et Calina Ponor à Athènes (2004), Simona Amanar n'ayant obtenu "que" la médaille d'argent à Atlanta (1996) et de bronze à Sydney (2000). Comme elle l'affectionne, la jeune gymnaste, déjà championne d'Europe et qui pratique ce sport depuis l'âge de quatre ans, était passée la dernière dans le concours, grâce aux évolutions constamment bonnes des qualifications, ce qui lui permettait de jauger ses concurrentes, dont ses deux suivantes, les Américaines Shawn Johnson et Anastasia Lukin. Sandra avait une seule idée en tête: réaliser son exercice tel qu'il a été conçu et répété depuis des années avec son entraîneur principal Nicolae Forminte. La précision et la détermination de la Roumaine ont été évidentes dès la première diagonale acrobatique. Évoluant sur une musique grecque avec grâce et avec force, combinaison de l'école roumaine de gymnastique, elle a conservé sans contestation possible le titre olympique au sol de son pays, avec une note de 15,650 points. Sandra Izbasa était aux anges après sa performance qui lui a valu à un coup de téléphone immédiat du président Basescu, lui confiant "combien, elle l'avait rendu fier d'être Roumain". La jeune fille, qui n'a pas caché qu'elle tremblait de tous ses membres avant sa dernière prestation, lui a promis de "concourir pendant encore mille ans, si elle gardait la forme"! Son entraîneur, ravi certes, était cependant moins enthousiaste en évoquant l'avenir : "Nous avons de moins en moins de champions et c'est un problème de fond pour la gymnastique roumaine" a-t-il regretté. Seule fausse note à ce succès, le commentaire dans la presse d'Outre-Atlantique de Bela Karoly, l'ancien et célèbre entraîneur de Nadia Comaneci puis de l'équipe olympique des USA où il vit depuis plus de vingt ans, sur sa petite ex-compatriote qui a eu le toupet de devancer deux Américaines : "Sa note a été surévaluée… mais les Roumains ont toujours été les champions des combines d'arbitrage". "Qui connaît encore Bela Karoly?" lui a répondu sur le mode ironique Nicolae Forminte, s'adressant à des journalistes roumains… Sandra Izbasa apportant son grain de sel en rajoutant par-dessus son épaule: "un illustre inconnu" ! Rugby : disparition brutale du sélectionneur national L 'ancien rugbyman et entraîneur du Stade Toulousain, actuellement entraîneur der Blagnac, Daniel Santamans, 49 ans, est décédé samedi 26 juillet, victime d'un malaise cardiaque. Tout juste revenu de l'enterrement de sa mère en Roumanie, l'ancien talonneur, champion de France 1985 et 1986 comme joueur et 2001 comme entraîneur, s'est écroulé dans sa maison de Cugnaux. Une fin tragique pour un éducateur confirmé, également sélectionneur de la Roumanie lors de la dernière Coupe du monde de rugby en France. Daniel Santamans avait la double nationalité franco-roumaine. L e Centre de ressource pour le développement de l'économie sociale (APEL), présidé par Franco Aloisio, a été l'organisateur d'une conférence nationale sur le micro-crédit social qui s'est déroulée à la salle Elvire Popesco de l'Institut français de Bucarest. Co-financée par l'ambassade de France en Roumanie, cette rencontre a accueilli plusieurs experts de l'économie sociale "Parmi les jeunes qui vivent dans les rues, certains ont la capacité de monter une affaire (…) L'esprit de base de cette réunion est que les gens en difficulté peuvent devenir une ressource pour la société", a souligné Franco Aloisio, président d'Apel, au commencement de la réunion. Un "esprit de base" partagé par Gilles Sohm, directeur du fonds de pension AG2R, qui a rappelé les principes fondamentaux de l'économie sociale au sein de laquelle s'inscrit le microcrédit: "L'économie sociale, c'est la volonté de concilier l'économique et le social, et de replacer l'homme au coeur de l'activité économique (…) Cette économie sociale a les mêmes exigences que l'économie capitaliste, il faut proposer des services de qualité." A ne pas confondre, et Gilles Sohm insiste, avec l'économie solidaire… "La seule vision caritative est moins porteuse de solutions que l'économie sociale. Il faut savoir créer une alliance dans la société au sens large." En Roumanie, selon la Banque mondiale, le nombre de personnes pauvres, c'est-à-dire vivant avec moins de 3 dollars par jour, a été réduit par trois entre 2000 et 2006, passant sous la barre des 3 millions. "Mais les risques de pauvreté restent très élevés, notamment dans les régions rurales du nord du pays", souligne Cristina Loghin, secrétaire générale de Caritas Roumanie. L'apport d'un crédit n'est pas suffisant Le concept de la émicrofinance est encore jeune, tant en Roumanie qu'au sein de l'Union Européenne. C'est depuis 2005 et la remise du prix Nobel de la Paix à Muhamad Yunus, surnommé "le banquier des pauvres" que l'idée a commencé à mûrir. Le Réseau européen de la Microfinance a désormais un ou plusieurs représentants dans chacun des pays de l'UE. Son directeur, Philippe Guichandut, explique que "l'apport d'un crédit n'est pas suffisant, des services financiers d'accompagnement sont nécessaires, c'est ce qui définit la microfinance". Florica Chereches, directrice de l'association Integra à Bucarest ajoute que "travailler avec des personnes en difficulté présuppose un investissement plus important que le seul fait de prêter de l'argent. Il est très important d'accorder plus de services comme la consultance ou le conseil (…) Le crédit social est plus utile que le crédit simple car il est centré sur l'insertion sociale, le développement et la crédibilité des bénéficiaires, un vrai transfert de connaissances s'effectue". Jusqu'à 25 000 euros "Pour la Roumanie, le besoin de microfinancement est estimé en 2007 à environ 800 millions d'euros (…) Ici les vrais financeurs de la microfinance sont surtout 25 instituts et ONG non-bancaires qui offrent des services financiers non-formels. Ils se trouvent surtout en Transylvanie et à Bucarest" explique Maria Doiciu, représentante en Roumanie du Réseau européen de la Microfinance. Même si quelques banques comme la BRD-Société Générale offrent aussi des micro-crédits sociaux de façon parallèle. Selon une loi adoptée en Roumanie en 2005, les microcrédits peuvent aller jusqu'à 25.000 euros mais des prêts plus larges sont en discussion. Car comme dans le reste de l'Union Européenne, 90% des entreprises en Roumanie sont des micro-entreprises. Et la demande ne cesse de croître. "Les pertes du secteur sont minimes, moins de 1%. Pour la plupart des financés, payer son prêt est une question d'honneur" ajoute Maria Doiciu. Mais qui sont-ils ? "Nos clients sont en général des petites entreprises familiales du milieu rural ou des femmes en difficulté", affirme Florica Chereches. Constat partagé par Mircea Onita, directeur général du Centre de développement économique: "Nous travaillons surtout dans le domaine agricole, et il est vrai que la catégorie des femmes est bien représentée dans les financements que nous accordons." Laurent Couderc (www.lepetitjournal.com - Bucarest) Réévaluation des nouveaux handicapés L a Roumanie comptait 530 000 handicapés physiques ou invalides en avril dernier contre 430 000 en 2007. Devant cette augmentation de près de 25 % en un an, la secrétaire d'Etat auprès du ministère du travail a décidé de faire réévaluer tous les nouveaux cas ainsi que les degrés d'incapacité accordés, suspectant abus et corruption. Sur 11 500 dossiers réexaminés dernièrement, 2300 se sont avérés frauduleux. La Sécurité sociale (CNAS) dépense 110 M€ chaque année pour cette catégorie de la population qui reçoit une indemnité mensuelle, bénéficie de déductions d'impôts, de la gratuité des transports, de crédits gratuits et de traitements sanitaires adaptés. En outre il a été observé de manière fréquente que les faux handicapés ont des problèmes sérieux d'intégration sociale et psychologiques. 21 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Economie l SATU MARE l ARAD TARGU MURES BACAU l l l l l TIMISOARA l IASI l HUNEDOARA BRAILA BRASOV l TULCEA l PITESTI l n l CRAIOVA BUCAREST CALARASI l l CONSTANTA Plus qu'une seule usine 20 Le drame d'Athènes s'est répété à Pékin l SF. GHEORGHE l Le gymnaste Marian Dragulescu ne sera jamais champion olympique J. O. Pékin Adieu Carpati, Marasesti, Snagov ! SUCEAVA ORADEA La production de cigarettes roumaines s'est effondrée en moins de dix ans Société Les NOUVELLES de ROUMANIE A l'heure actuelle, une seule grande usine produit encore des cigarettes roumaines, celle de Sfantu Gheorghe (centre). Les autres, celles de Bucuresti, Timisoara, lasi, Râmnicu Sarat et Targu-Jiu sont fermées. En 1990, toutes les unités de production, y compris huit unités de fermentation, six fabriques de cigarettes, une station de recherche et une usine de pièces détachées avaient été réunies au sein de la Régie autonome du tabac, Cet organisme a fonctionné jusqu'en 1997, quand il s'est mué en Société nationale du tabac roumain (SNTR), à capital d'Etat. Après s'être endettée de 40 millions de euros, la SNTR a été privatisée en 2000. La procédure fut particulièrement contestée. Le gagnant, Interagro S.A., avait emporté près de 54% des actions, mais les dettes se sont élevées en trois ans à 89 millions de euros. Elles n'ont jamais été honorées. Lors d'une troisième tentative de privatisation en 2004, le consortium Tobacco, formé de CTS (Italie) et Galaxy Energy International (Iles Vierges), a avalé 56,4% de la SNTR. Actuellement, la compagnie s'appelle Galaxy Tobacco. Elle emploie quelque 500 salariés, trois fois moins qu'en 2000. Elle est la dernière à produire du tabac roumain. S i les Roumains restent des fumeurs invétérés, les cigarettes nationales, Snagov ou Carpati, semblent irrémédiablement condamnées par la concurrence anglo-américaine. Dans un article du mensuel francophone "Regard", que nous reprenons ci-dessous, Florentina Ciuverca dresse la nécrologie d'un pan de la vie économique roumaine qui part en fumée. "Une Carpati, Marasesti ou Snagov contient beaucoup de nicotine, mais aussi de nostalgie. "Comme elles étaient fortes !", se souviennent les vieux fumeurs roumains, qui ont presque oublié l'arôme du tabac national. Après la révolution, dans les années 1990, les viriles cigarettes roumaines n'ont pas résisté à la concurrence du tabac d'importation, plus raffiné. Petit à petit, les paquets étrangers ont remplacé les marques locales chez les "accros". Pourtant les Roumains restent de grands fumeurs. Une récente étude montre que les cigarettes occupaient en 2006 la première place dans un top des ventes des biens de consommation: 1,22 milliard d'euros pour 45000 tonnes de cigarettes écoulées dans l'année. Soit l'équivalent de la somme totale dépensé pour les jus de fruits, l'eau minérale et la bière rassemblés! Cela n'a pas empêché les cultivateurs de tabac et les fabricants de faire faillite. G hinion ! Ghinion ! Ghinion !"… "La poisse !" : Marian Dragulescu, 27 ans, n'avait que ce mot à la bouche après avoir chuté à la réception de son deuxième et dernier saut, lors de la finale de l'épreuve du saut de cheval, ce qui le fit rétrograder à la quatrième place. Le gymnaste avait réalisé un premier saut presque parfait qui l'avait placé nettement en tête du concours. Prudent, il avait choisi de ne pas exécuter sa spécialité, "le Dragulescu", célèbre dans l'univers de la gymnastique pour sa difficulté, afin de s'assurer cette médaille en or qui lui avait filé sous le nez à Athènes… pour la même raison. Toutefois, aux JO de 2004, après avoir obtenu un fabuleux 9,9 au premier saut, le Roumain avait quand même décroché l'argent malgré sa chute au second et aidé son pays à obtenir le bronze par équipe. De l'or indispensable pour faire opérer sa fillette A Pékin, celui qui a été aussi deux fois champions du monde de la spécialité à Melbourne en 2005 et à Aarhus (Danemark) en 2006 est reparti bredouille, digne malgré son 3700 tonnes de cigarettes produites l'an passé contre 25 000 en 1997 La production a diminué proportionnellement aux dettes de la Société nationale du Tabac Roumain (SNTR), à capital d'Etat. Brutalement, les paquets de Bucegi, Dada, Doina ou Coloana ont disparu de la circulation. La marque la plus populaire reste Carpati, équivalent roumain de la Gauloise française. Un rapport de 1997 du ministère de l'Agriculture montre qu'on produisait alors 25000 tonnes de cigarettes, dont 17000 de Carpati. En 2006, la production était tombée à 3700 tonnes. C'est surtout la concurrence qui a causé la chute des cigarettes roumaines. Des firmes telles que British American Tobacco, Phillip Morris et JT International ont investi le marché. D'autres comme BAT et Reynolds étaient déjà sur place. Récemment, Gallaher, cinquième compagnie mondiale et déjà présente dans plus de 60 pays, a fait son apparition. "Les multinationales préfèrent le tabac d'Amérique du Sud, d'Afrique ou d'ailleurs, parce qu'il est moins cher que le roumain", résume Paula Craioveanu, conseillère au ministère de l'Agriculture. "Leur attitude est uniquement dirigée par des intérêts commerciaux. En ce qui concerne la qualité de notre tabac, que ces firmes considèrent comme inférieure, il existe des solutions. Un partenariat cultivateur-producteur résoudrait le problème". La conseillère réclame par ailleurs un peu de "bienveillance" de la part de ces compagnies. Elle évoque aussi les taxes très élevées sur le tabac roumain, alors que les voisins jeunes adhérents de l'UE n'ont pas forcément appliqué la fiscalité européenne et ont maintenu leur activité de tabaculture. Andreea Tartacan, directrice commerciale de Galaxy Tobacco, ajoute, pessimiste, que "les exploitations de tabac diminuent chaque année en raison du manque de profit". Le groupe essaye maintenant de se profiler sur les cigarettes "biologiques". Les producteurs réclament enfin l'arrêt de la contrebande en provenance de République de Moldavie et d'Ukraine. Des cigarettes sans filtre, similaires aux Carpati ou aux Marasesti, s'achèteraient en effet bien moins cher près des frontières... " Florentina Ciuverca immense désillusion. Cet or qu'il n'aura jamais car à 27 ans, l'heure de la retraite a sonné depuis longtemps pour les gymnastes, Marian Dragulescu le voulait pour une raison extra-sportive qui prend une dimension de drame. Alors qu'il pensait mettre un terme à sa carrière voici deux ans, il avait décidé de continuer l'entraînement quand les médecins avaient découvert que sa fillette Béatrice souffrait d'hypoacousie bilatérale, une malformation la rendant sourde. Aujourd'hui âgée de trois ans, l'enfant devait être opérée sans tarder, cette infirmité risquant de devenir définitive. Rendez-vous avait été pris pour une intervention à l'automne dans une clinique de Vienne, dont le coût était estimé à 40 000 €. Marian Dragulescu n'avait pas le choix: il devait impérativement remporter la médaille d'or à Pékin et les 100 000 € qu'elle rapporte. Devenue consul honoraire de la Roumanie 45 aux USA, Nadia Comaneci a “bien” grandi E n 1976, aux Jeux Olympiques de Montréal, elle avait 14 ans, cas de figure qu'on ne peut plus voir de nos jours, l'inscription aux J.O. étant réservée aux majeurs de 16 ans. Et elle a bouleversé la planète sport, au point d'être élue "meilleure gymnaste du siècle" en 1999, et "meilleure athlète féminine du siècle". "Elle", c'est la petite fée roumaine Nadia Comaneci, qui avait raflé, obtenant sept fois la note parfaite de 10,3 médailles d'or aux J.O. de 1976, à Montréal. C'est la première fois dans l'histoire des Olympiades que le "10 parfait" était attribué à un athlète, à tel point que les juges furent obligés d'inscrire 1.0, les tableaux de notation ne permettant pas d'écrire 10.0 ! Si durant sa carrière, entre 1975 et 1981, la Roumaine (qui a désormais également la nationalité américaine) a collectionné les récompenses, s'adjugeant 9 médailles olympiques dont 5 en or, ainsi que 2 titres mondiaux et 9 titres européens, ne croyez pas qu'elle se repose sur ses lauriers ! Installée depuis longtemps à Norman en Oklahoma avec son époux l'ancien gymnaste Bart Conner, avec qui elle a eu le 3 juin 2006, à 45 ans, son premier enfant (prénommé Dylan-Paul), Nadia Comaneci multiplie les activités. Outre ses apparitions plus ou moins heureuses dans des talk-shows télévisés, à la faveur de sa notoriété, elle est engagée sur de nombreux fronts: "entre les contrats de sponsors, les discours de motivation, ma Fondation et ma vie familiale, je n'ai vraiment pas le temps de m'ennuyer", résume-t-elle. Et elle est allée à Pékin pour faire des commentaires pour Televisa, une chaîne mexicaine. Elle revient régulièrement à Bucarest, où elle a créé fin 2007 la Fondation Comaneci, qui soutient les jeunes sportifs roumains, et finance cette année la construction d'une polyclinique où "des orphelins et enfants de familles démunies pourront être soignés mais aussi apprendre l'anglais, étudier, être nourris". "Ces enfants méritent une meilleure vie", proclame-t-elle. Un beau geste pour la capitale roumaine, dont elle avait dû s'exiler un mois avant la Révolution de 1989. Et, si elle fut la toute première athlète invitée à s'exprimer à l'ONU, en 1999, et a le titre de consul honoraire de Roumanie aux Etats-Unis, ne pensez pas la voir un jour suivre l'exemple d'autres grands champions et s'engager en politique : "Je veux bien faire des choses pour la Roumanie”, concède-t-elle, "mais pas à travers la politique", rajoutet-elle, prudente. Pour ceux qui souhaitent découvrir ou re-découvrir l'incroyable destin de la gymnaste, sachez qu'un film lui a été consacré, en 1984 : Nadia, d'Alan Cooke. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Livres SATUMARE l ORADEA l l SUCEAVA TARGU MURES CLUJ l ARAD BRASOV l IASI l GALATI l TIMISOARA L'accès à la lecture l ADJUD l l l TG. JIU PITESTI l l l BRAILA l CRAIOVA l n l l TULCEA CONSTANTA BUCAREST l CARACAL CALAFAT (suite de la page 44) Le samedi matin, j'étais dans le bassin dès 6 heures pour une séance de préparation de trois heures et demie. Après, j'avais carte blanche jusqu'au lundi matin pour aller me changer les idées". Camelia, fille à la fois équilibrée et intelligente, ne regrette qu'une chose: "J'aurais dû venir en France beaucoup plus tôt. Philippe est exigeant, mais uniquement pour le travail. Avec lui, j'ai fait des progrès formidables". Des arrières assurés 46 La Bibliothèque Centrale Culturel Français au hit-parade La Roumaine de Braila nourrissait pourtant beaucoup d'espoir, avec une préparation toute en progression, pensant être à l'heure pour le rendezvous chinois: une médaille d'argent et deux de bronze aux championnats d'Europe, en mars, un titre de vicechampionne du monde du 400 mètres nage libre à Manchester, en avril. Mais voilà… il fallait compter avec "la jeunesse" qui n'a aucune considération pour les anciens. Après avoir passé plus de la moitié de sa vie dans l'eau - son père lui avait appris à nager dans le Danube quand elle avait cinq ans - Camelia Potec, qui a une peur bleue de la mer, des méduses et des algues, va retrouver un rythme de vie plus ordinaire. Des clubs lui ont fait des propositions pour devenir à son tour entraîneur, mais elle envisage aussi de faire carrière dans le tourisme. De toutes façons, la jeune femme, très mature, a su préparer ses arrières et est déjà à la tête d'une petite fortune, fruit de tous ses succès antérieurs: deux appartements, un à Bucarest, un autre à Braila, deux maisons à Corbeanca, banlieue nord résidentielle de la capitale, un terrain à la montagne… et une voiture de sports. B ien plus que les Français, les Roumains sont amateurs de lecture et, au vu du prix des livres depuis la "Révolution" ou de la difficulté de s'en procurer venant de l'étranger auparavant, sont devenus de véritables rats de bibliothèques, fréquentant également les centres culturels étrangers présents dans les grandes villes. "Romania Libera" ("La Roumanie Libre") a fait le point sur ce phénomène à Bucarest, constatant des changements fondamentaux dans la diffusion de la culture, sous l'influence occidentale. Aujourd'hui, les bibliothèques sont devenues médiathèques. On y trouve non seulement des livres, mais des CD de musique, des films. Elles organisent aussi des évènements culturels et artistiques. Le quotidien relève que le British Council est à la pointe de cette tendance d'ouverture sur les formes de culture alternatives, urbaines, tournées vers les jeunes. A l'inverse, le centre d'études américaines est qualifié d'institution quasi-militaire, "d'accès aussi difficile que l'aéroport Kennedy", n'organisant que des évènements ennuyeux, tournés vers les questions politiques, alors que le centre culturel français se caractérise toujours par son côté élitiste. Toutes ces institutions ont à affronter le même problème: l'espace restreint dont elles disposent qui les empêchent de stocker des fonds importants de livres. La convivialité à la place du cadre poussiéreux communiste "Romania Libera" souligne l'effort entrepris par la Bibliothèque Centrale Universitaire de Bucarest (notre photo), dont le concept a changé, empruntant peu à peu le modèle occidental pour devenir plus conviviale, une voie choisie aussi par une autre institution roumaine, la Bibliothèque Métropolitaine d'Amzei, quoique plus timidement. A l'opposé, la Bibliothèque de l'Académie offre toujours le même cadre communiste, poussiéreux, rébarbatif, restreignant par des mesures bureaucratiques l'accès des étudiants à son fond impressionnant de livres. Le journal a entrepris d'évaluer tous ces établissements, étrangers ou roumains, en se basant sur cinq critères : leur fonds de livres, sa diversité, l'ambiance des lieux, les évènements organisés, l'informatisation, ce qui donne le classement suivant : Avec les Anglais, la culture a toujours un prix 1ère : la Bibliothèque Centrale Universitaire (Strada Boteanu, n° 1): la BCU obtient la meilleure moyenne grâce à tous les services offerts, avec ses abonnements bon marché, gratuits pour les étudiants, un accès sans restriction à des services de qualité. Hérité du communisme, le bâtiment a été rénové, dispose d'un ascenseur et d'une cafétéria à prix étudiant. La salle de lecture est lumineuse, aérée, garantissant en même temps l'intimité pour lire tranquillement sans avoir à subir le regard des voisins. La BCU dispose d'un fonds de livres roumains gigantesque et agrandit de façon substantielle, année après année, celui des livres étrangers. Ses services sont totalement informatisés, professionnalisés et le temps d'attente pour obtenir un livre n'excède pas 20 minutes. Seuls bémols : le fonds de livres étrangers que l'on peut emprunter est limité et les évènements culturels un peu "vieux jeu", trop universitaires. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE L'activité des brasseurs menacée par la mondialisation Economie Les petits producteurs de bière ont la pression S era-t-il encore possible de boire une bière traditionnelle en Roumanie dans dix ans ? Rien n'est moins sûr, car les petits producteurs s'attendent à vivre des jours difficiles face à la concurrence des grandes multinationales. Et l'Etat roumain n'envisage nullement d'apporter un soutien à ces sociétés, comme en Allemagne ou en Angleterre. Paradoxalement, les Roumains boivent de plus en plus de bière... ainsi que l'a constaté Liviu Florea du journal “Curierul National” dans un article traduit par Ramona Delcea et paru dans lepetitjournal.com. Quinze brasseurs indépendants veau projet de loi qui permettrait d'attribuer des aides financières aux petites et moyennes entreprises (PME) de l'industrie de la bière. Cette annonce vient quelques mois après le rejet par les députés d'une loi similaire, en juin 2007. Celle-ci avait été adoptée dans un premier temps par le Sénat et par le Parlement et avait été ensuite envoyée au Président pour qu'il la promulgue le 30 novembre 2006. Cependant, Traian Basescu a demandé le réexamen du dossier et a accusé les parlementaires de "faire des lois pour les délinquants". La loi a été rejetée définitivement début juin, avec 124 voix contre 51, le Parlement ayant le dernier mot dans ce genre de cas. La version initiale prévoyait l'exemption pour les PME des obligations fiscales arriérées au 31 décembre 2003, ainsi que des intérêts afférents. Ces derniers représentent l'impôt sur le profit et la TVA que les PME de l'industrie de la bière ont accumulés. "Les producteurs indépendants de bières en Roumanie pourraient être obligées de fermer leurs portes d'ici quelques années", a déclaré Vifor Versescu, directeur général du L'État grand perdant Patronat des sociétés Les importantes brasseries de Timisoara fabriquaient indépendantes de bière Victor Versescu considère que le une bière réputée dans tout le pays (ici, à la fin du XIXème siècle). de Roumanie (PSIPBR). premier perdant de la fermeture éven"À cause du manque d'implication des autorités roumaines, les tuelle de ces petits producteurs indépendants serait l'État luientreprises productrices de bière pourraient être vouées à la même. "Tout d'abord, les entreprises indépendantes disposent faillite dans les deux ou trois prochaines années. Les entrede plus de force de travail que les multinationales, ce qui se prises importantes comme Bere Martens Galati, Bere Mures traduit par des impôts et des taxes plus substantiels versés à ou Bere Azuga pourront survivre mais tous les petits producl'État. Les budgets locaux reçoivent des suppléments qui vont teurs devront faire face à de gros problèmes à l'avenir". jusqu'à 100 milliards d'anciens lei (environ 3 millions euros) Vifor Versecu évoque aussi la bataille qui se mène actuelpar an, des sommes qui proviennent de l'activité des entrelement entre globalisation et traditionalisme au sein prises productrices de bière. de l'industrie mondiale de la bière. "Dans d'autres Ensuite, ces producteurs utilisent pays de l'Union Européenne, cette tendance à la glode la matière première d'origine balisation a frappé tous les marchés, y compris les roumaine", explique le directeur de marché traditionnels de la bière, mais les effets ne la PSIPBR. sont pas si évidents que ça. Par exemple, en Les investissements des sociéAllemagne, il y a environ 1.200 producteurs indépentés productrices de bière sur l'année dants de bière, en Angleterre environ 500. Les autori2007 se sont élevés à environ 80 tés de ces pays se sont considérablement impliquées millions d'euros grâce à des prêts pour aider les petits producteurs, ce qui les a sauvés. bancaires, ce qui a porté leur proEn Roumanie, les autorités n'ont pas du tout la même duction de bière à environ 3 milapproche, même si le nombre de producteurs roulions d'hectolitres, soit 500.000 mains est nettement inférieur : nous avons seulement hectolitres de plus qu'en 2006. 15 producteurs indépendants de bière. 10 sociétés sur Tous ces aspects doivent être les 15 mentionnées ont une capacité de production considérés dans le contexte de la annuelle inférieure à 200.000 hectolitres, les 5 autres consommation de bière en produisent plus. La plus importante est Bere Mures ", Roumanie, qui a tendance à auga conclut le président de la PSIPBR. menter. La consommation devrait “Délicieuse, sympa, du charme... Elle est la plus appréciée atteindre 92-93 litres de bière par dans les soirées ou après le dîner”. habitant à la fin de cette année, la Une nouvelle "loi sur la bière" ? même consommation qu'en Hongrie et 20 litres plus qu'en Bulgarie". Liviu Florea Des sources provenant de l'industrie roumaine de bière ont (traduit par Ramona Delcea, lepetitjournal.com) déclaré que les petits producteurs de bière préparent un nou- 19 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Economie l SATU MARE l BAIA MARE l SUCEAVA l ARAD l l ORADEA CLUJ l l TARGU MURES l IASI CHISINAU l BACAU l BRASOV SAVÂRSIN GALATI l l TIMISOARA SINAIA l PITESTI l l l PLOIESTI TULCEA n l l CONSTANTA BUCAREST l CRAIOVA Les chiffres 18 Près de huit millions de passagers aériens en 2007 Population : 21 542 000 habitants Superficie : 238 391 km 2 PIB estimé pour 2008 : 132 milliards d'euros (+5,8 %) PIB/habitant : 6000 € Production industrielle : + 5,4 % Taux d'inflation annuel : + 8,6 % Chômage (chiffre officiel) : 4,2 % Salaire moyen net : 320 € (+ 23,2 %) -Le plus élevé (finances) : 966 € -Le plus faible (bois) : 181 € Salaire minimum net : 137 € (employés), 274 € (cadres) Retraite mensuelle moyenne : 150 €, agriculteurs : 60 € Espérance de vie (hommes/femmes): 68-75 ans Moldavie : Population : 3 833 000 habitants Superficie : 33 700 km 2 PIB : 3,4 milliards d'euros (+ 4 %) PIB/habitant : 880 € Salaire moyen : 80 € Chômage (chiffre officiel) : 8 % Espérance de vie (hommes/femmes): 62-70 ans Population adulte émigrée : 25 % Très cher village français Le village français, l'un des quartiers résidentiel les plus huppé du nord de la capitale, qui s'étend sur 1,6 ha, a été cédé par l'homme d'affaires Costica Costanda au Grec Raptis Kavouras, spécialiste de l'immobilier, pour la coquette somme de 68 millions d'euros. C'est le cabinet notarial de Ioana Tariceanu, la femme du premier ministre, qui a été chargé de mener la transaction, empochant une commission estimée à au moins 400 000 €. E n 2007, le trafic aérien roumain a enregistré 7,8 millions de passagers, en augmentation de 42 % par rapport à l'année précédente. Cette croissance a continué pour les trois premiers mois de 2008 puisqu'elle a atteint le rythme de 47 %. L'augmentation du nombre de compagnies aériennes opérant sur le marché roumain, des vols charters, l'explosion des vols low-cost (prix réduits) -1,8 millions de passagers, soit 20 % du total du trafic, contre 9 % en 2006 - dont les succès s'expliquent par le nombre grandissant de Roumains qui s'expatrient, sont à la base du phénomène. Il faut noter que le trafic intérieur est lui aussi en nette progression du fait de l'inexistence d'autoroutes et du mauvais état des infrastructures du rail, en perpétuels travaux. A savoir Quinze nouveaux malls à Bucarest dans les trois ans Pas moins d'un million de mètres carrés de surface commerciale vont être construits dans la capitale dans les 3 ans à venir. Au total, 15 projets de centres commerciaux - appelés aussi mall - sont en cours dans différents secteurs de Bucarest. L'un des plus important et des plus symbolique va prendre ses quartiers dans la maison de la radio (casa radio) et s'étendra sur une surface de 100.000 m2. Construit sous le régime de Ceausescu, l'édifice, qui se trouve en face de l'hôpital militaire, sur les quais de la Dâmbovita, n'a jamais été terminé. Vuitton, le géant du luxe à Bucarest Le géant du luxe Louis Vuitton (Groupe LVMH) a ouvert son premier magasin à Bucarest début juin. Un million d'euros ont été investis pour ouvrir un magasin de 130 m2 dans le Marriott Hotel. Les produits vendus sont les mêmes que ceux à la disposition des clients fortunés dans les magasins Louis Vuitton de France ou d'Italie. Jolidon distribue sa lingerie féminine en France L'enseigne roumaine Jolidon fabrique et distribue des articles de lingerie (féminin/masculin) sur le créneau moyenne gamme (40 à 55 € pour un ensemble slip + soutien-gorge). Fondée en 1993, juste après la chute du communisme, elle réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros et comp- te 3500 employés. Déployée sur l'Italie et la Roumanie avec 105 boutiques, cette entreprise a fait son apparition sur le marché français depuis un an et compte à ce jour une dizaine de boutiques qu'elle a développées en commission affiliation: un mode de distribution qui correspond bien à ses gammes de produits actualisées en permanence. Les résultats de la filiale française sont prometteurs (environ 5000 €/m2 pour les premières boutiques). L'investissement initial (hors pas de porte) tourne autours de 4500 € à 7500 € par m² pour une boutique de 50 à 70 m2. Quant aux droits d'entrée, il faudra débourser 15 000 € pour acquérir la possibilité de vendre la marque. Energie Selon Eurostat, en 2006, les taux de dépendance énergétique les plus élevés dans l'UE ont été observés à Chypre (102%), à Malte (100%), au Luxembourg (99%) et en Irlande (91%). Les États membres les moins dépendants des importations d'énergie étaient la Pologne (20%), le Royaume-Uni (20%), la République Tchèque (28%) et la Roumanie (29%). Dette extérieure La dette extérieure de la Roumanie a augmenté de 16,6 % au premier semestre 2008, s'élevant désormais à 45 milliards d'euros. Au cours de cette même période, les investissements directs étrangers ont crû de 64 %, atteignant 5 milliards d'euros; à 60 %, il s'agit de capitaux et de bénéfices réinvestis sur place par des entreprises déjà installées. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Universitaire, le British Council et l'Institut des meilleures bibliothèques de Bucarest L’Institut Culturel Français sous influence occidentale 2ème: le British Council (Calea Dorobantilor, n° 14): un fonds de livres substantiel et récent, particulièrement en ce qui concerne les sciences et la culture. Idem pour les livres virtuels. Un endroit idéal pour préparer le fameux Cambridge Certificate, indispensable pour accéder à tous les examens et formations utilisant l'anglais. Champion pour organiser des évènements branchés. Point noir, habituel chez les Britanniques : le coût prohibitif de l'abonnement annuel qui le rend inaccessible à beaucoup de Roumains: 40 € pour les adultes, 28 € pour les scolaires et étudiants. Une politique héritée de l'époque de l'épicière Margaret Thatcher : "Give me back my money" ("Rendez-moi mon argent") et que l'on retrouve Outre-Manche dans les tarifs pratiqués pour visiter les musées. L'élitisme, péché mignon incorrigible des Français 3ème: l'Institut Culturel Français (Boulevardul Dacia, n° 77): une très bonne moyenne ainsi que pour sa bibliothèque; l'abonnement est relativement bon marché par rapport aux autres instituts étrangers; dispose de la meilleure médiathèque, spécialement pour la musique et les films. Le fonds de livres est continuellement actualisé ainsi que la catalogue. Par contre, son site Internet est chaotique: ainsi la médiathèque est présentée sous forme de blog. Péché mignon des Français: les évènements organisés sont souvent élitistes, voire prétentieux, mais c'est une constante que l'on retrouve à travers les autres centres culturels français à l'étranger. 4ème: la Bibliothèque Métropolitaine Mihail Sadoveanu (Strada Tache Ionescu, n° 4): accès totalement gratuit sauf pour les prestations du type photocopie. Dépourvue de salle de lecture. Dispose d'une bibliothèque sonore pour les non-voyants. Peu de livres virtuels. Informatisation en cours mais insuffisante. S'est lancée récemment dans l'organisation d'évènements culturels s'efforçant à ce qu'ils ne soient pas trop superficiels. 5ème: l'Institut Goethe (Henri Coanda, n° 22): tarifs accessibles (de 4 à 7 € par an) ; livres et matériel en allemand; emprunt d'une semaine maximum. Médiathèque bien fournie, mise à jour. Très actif dans l'organisation d'évènements tournés vers les jeunes, de festivals de cinéma, de débats sur des thèmes actuels. 6ème: Institut Cervantes (Bibliothèque Luis Rosales, Marin Serghelescu, n° 12): fonds de livres en espagnol, limité à 20 000 volumes, moins tourné vers la high tech que ses homologues occidentaux. Accès libre pour consulter les ouvrages, abonnement annuel de 15 € pour les emprunter. Organise peu d'évènements mais intéressants. La Bibliothèque Nationale et celle de l'Académie suintent l'ennui 7ème: Bibliothèque nationale (Ghica n° 4): dispose du plus grand fonds de livres avec la Bibliothèque de l'Académie. Nombreuses salles de lecture. Aspect rébarbatif, vieillot, communiste… Le rappel des obligations des lecteurs et du règlement est affiché partout. Accès non autorisé aux moins de 18 ans. Consultation des livres uniquement sur place. Temps d'attente long. Médiathèque basée sur les disques. Manifestations poussiéreuses, décourageantes, académiques. Intéressant pour avoir une idée de "comment c'était avant". 8ème: Bibliothèque de l'Académie (Calea Victoriei, n° 125): son fonds de lecture énorme double, sans justification, celui de la Bibliothèque Nationale. Accès très difficile : les étudiants doivent obtenir un laisser-passer de leur doyen. Salles de lecture convenables pour les spécialistes qui les fréquentent. Organisation d'évènements pour un public restreint. Site Internet inutilisable. 9ème: Bibliothèque pour enfants Ion Creanga (Christian Tell, n° 10): filiale de la Bibliothèque Métropolitaine qui s'efforce de s'adapter aux désiratas des enfants d'aujourd'hui. Fonds de livres divers, peu d'ouvrages étrangers (collection Folio Classique). Activités complémentaires comme un théâtre de marionnettes, une ludothèque surveillée, des ateliers de création. Accès gratuit. 10ème: Bibliothèque Pédagogique (Zalomit, n° 12): une bibliothèque intéressante avec un fonds de 450 000 livres, le meilleur pour les disciplines théoriques comme les sciences sociales. Malheureusement son avenir est incertain car le bâtiment, de style communiste mais avec une salle de lecture aérée, doit être rétrocédé à ses anciens propriétaires. Accès payant. La revue "Europe Unie" se penche sur les transformations du continent D irigée par Michel Labori, universitaire lillois, docteur en sciences économiques et président du Mouvement européen Nord, "L'Europe Unie" publie son second numéro consacré aux grands problèmes européens, accordant une attention parti- culière à la Roumanie. Au sommaire de la revue que l'on peut consulter sur Internet, sur le site www.prodifmultimedia.com: - l'élargissement de l'UE et ses implications géopolitiques et économiques - A propos des évolutions économiques actuelles dans l'Europe: mondia- lisation, politique agricole commune, développement rural et environnement - aspects de la gouvernance de l'UE: gouvernement électronique, lobbys, subsidiarité - les défis du XXIème siècle: sécurité et énergie, éducation européenne. 47 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Littérature l l BAIA MARE ORADEA ARAD l l IASI l CLUJ l Une jeune et belle princesse SUCEAVA TARGU MURES l BRASOV l l SIBIU TIMISOARA GALATI l l BRAILA PLOIESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Poèmes Les vers suivants ont mené Anna de Noailles au seuil de l'Académie royale de Belgique. Commandeur de la Légion d'Honneur, primée par l'Académie française, elle entame dès lors une production romanesque et autobiographique. La poétesse a abordé les grands thèmes de la nature, de l'amour et de la mort, avec un lyrisme que certains ont qualifié d'ensoleillé. 48 Née Bassarab de Brancoveanu, comme la plus grande poétesse Il fera longtemps clair ce soir, les jours allongent, La rumeur du jour vif se disperse et s'enfuit, Et les arbres, surpris de ne pas voir la nuit, Demeurent éveillés dans le soir blanc, et songent... Les marronniers, dans l'air plein d'or et de splendeur, Répandent leurs parfums et semblent les étendre; On n'ose pas marcher ni remuer l'air tendre De peur de déranger le sommeil des odeurs. De lointains roulements arrivent de la ville... La poussière, qu'un peu de brise soulevait, Quittant l'arbre mouvant et las qu'elle revêt, Redescend doucement sur les chemins tranquilles. Nous avons tous les jours l'habitude de voir Cette route si simple et si souvent suivie, Et pourtant quelque chose est changé dans la vie, Nous n'aurons plus jamais notre âme de ce soir. (Extrait de l'Offrande Lyrique) G rande figure de la littérature français de la Belle Epoque jusqu'aux Années folles, Anna de Noailles est peu connue dans son pays d'origine où une partie seulement de son oeuvre a été traduite. Très certainement parce qu'aux yeux de ses compatriotes, cette jeune et belle princesse roumaine était avant tout française, portant l'empreinte jusqu'au bout des doigts de ses ongles de la terre où elle était née et a toujours vécu, n'effectuant qu'un seul voyage au cours de sa vie en Roumanie. Beaucoup de Roumains passent d'ailleurs devant le lycée français Anna de Noailles de Bucarest sans savoir que la France rend ainsi hommage aux racines d'une de ses plus grandes poétesses. De la même façon, ils s'étonneraient de voir le nombre de rues, avenues et établissements scolaires français portant son nom ou de découvrir qu'à la Bibliothèque Nationale de France son portrait trône entre ceux de Voltaire et Cicéron. L'égale féminine de Victor Hugo Issue d'une grande famille de boyards roumains, les Bibescu et Craiovesti, Anna-Elisabeth Bassarab de Brancoveanu naît le 15 novembre 1876 à Paris. Elle est la fille du prince Grégoire Bibesco-Bassaraba, et petite-fille du prince valaque Gheorghe Bibesco de Brancovan et de sa femme Zoe Brâncoveanu. Sa mère est la célèbre pianiste grecque Raluka (Rachel) Musurus, à qui le compositeur Paderewski dédia nombre des ses compositions. Toute petite déjà, la fillette s'exerce à la versification, préférant à ses peluches et autres poupées la lecture des Parnassiens, de Musset, Jean-Jacques Rousseau et surtout Victor Hugo. Un peu plus tard ce sera le tour de Kant et Nietzche. Parents et amis parlent français autour de la petite Roumaine qui est émue la première fois qu'elle entend la Marseillaise. C'est décidé… Appartenant pourtant à la haute aristocratie roumaine et aussi française, elle sera républicaine et le restera toute sa vie, tout en appréciant quand même les mérites de Bonaparte. Très jeune, dès l'âge de treize ans, l'adolescente, qui a été profondément marquée par la disparition de son père alors qu'elle n'avait que neuf ans, se met à écrire, des romans et de la poésie. Douée d'une précoce facilité littéraire, elle rédige ses premiers écrits dans un style aussi personnel qu'attachant qui trahit une vive sensibilité et la fera considérée plus tard comme le successeur féminin de Victor Hugo. Dans son salon, se pressent Proust, Claudel, Gide, Cocteau, Paul Valéry, Pierre Loti, Max Jacob, Colette, le roi d'Angleterre Anna n'a que 21 ans quand elle épouse le comte Mathieu de Noailles (1873-1942), quatrième fils du septième duc de Noailles. Le couple n'aura qu'un fils, le comte Anne Jules de Noailles (1900-1979). Pour l'état-civil, la jeune et très belle Roumaine est devenue Anna de Noailles, et c'est sous ce patronyme que la littérature gardera le souvenir de la plus grande poétesse française du début du XXème siècle. Son premier recueil ne paraît toutefois qu'en 1901. "Le coeur innombrable" reçoit un accueil enthousiaste du public et de la critique et lui confère une célébrité qui ne se démentira pas. C'était la révélation d'un talent hors pair, et le brillant début d'une série de livres où s'exprimera harmonieusement un intense amour de la nature, arbres, plantes, et surtout soleil. Cette œuvre, imprégnée du panthéisme le plus ardent, avait exprimé aussi le culte de la jeunesse et des héros avec un sens profond de la mort, la hantise de l'éternel et de l'absolu. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Economie "Un pays comblé de dons par la nature et qui n'a pas su en profiter" Le pétrole, un mauvais souvenir en Roumanie P roduire du pétrole n'est pas nécessairement source d'enrichissement. Le syndrome de l'or noir qui stérilise toute activité économique ne date pas d'aujourd'hui. La Roumanie montre l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire quand le sous-sol regorge de la précieuse matière première comme l'explique dans un article paru dans "Le Monde" Jacques-Marie Voslin, maître de conférences à l'IAE d'Amiens et chercheur au Criisea. La Roumanie est le premier pays à se lancer dans la production de pétrole, dès 1857. L'utilisation de nouvelles techniques de distillation permet de produire du pétrole lampant, alors employé à l'éclairage public. Dès lors, les puits ne cessent de se multiplier, transformant les Carpates en un nouvel eldorado. Mais les capitaux locaux manquent cruellement, et les infrastructures restent rudimentaires. A partir de 1864, les étrangers investissent massivement dans les champs pétrolifères roumains. Les capitaux anglais, français, américains et allemands permettent de hisser la Roumanie au sixième rang mondial des pays producteurs de pétrole à la fin du XIX siècle. Toutefois le pays ne profite pas de l'aubaine: à la veille de la première guerre mondiale, plus de neuf investissements sur dix sont réalisés par des compagnies étrangères. Déjà les dégâts de la corruption, voici un siècle Cette manne échappe à l'Etat; pire, le système fiscal défaillant et la corruption gangrènent les finances publiques. La dette s'accroît inéluctablement. Le pétrole (notre photo: les premiers derricks), les céréales, la position stratégique et la francophilie de la Roumanie conduisent opportunément la France à s'intéresser au pays entre les deux guerres. La Roumanie est alors présentée sous ses plus beaux atours; un journaliste de "La Vie financière" la décrit ainsi comme un "pays comblé de dons par la nature (...), heureusement riche des produits que se dispute le monde : Le blé et le pétrole". Il est vrai qu'au cours des années 1920 son économie connaît un essor important, avec une production croissante de pétrole ainsi que le développement de l'industrie sidérurgique. Mais c'est faire fi des problèmes structurels du pays. La Roumanie reste profondément agricole, 80 % de la population est rurale. La première guerre mondiale a aussi profondément désorganisé le pays. Les besoins sont considérables et les dettes endémiques; la monnaie reste fragile. C'est alors que la Roumanie décide de se tourner vers la France. Un premier emprunt est émis le 12 février 1929, quelques mois avant le krach de la Bourse de New York. La majeure partie de cette rentrée financière est destinée au remboursement des dettes précédentes, ainsi qu'à des dépenses militaires. Cet emprunt sera sans effet sur les infrastructures, et donc sur le développement du pays. Qui plus est, la crise des années 1930 ruine l'économie roumaine. En trois ans, le prix des produits agricoles baisse de 50%, celui du pétrole de 60 %. Les recettes d'exportation ne suffisent plus à régler la dette. Emprunt roumain de 1929: les créanciers français spoliés comme en Russie La conséquence de cette situation est détaillée par l'universitaire Loredana Ureche-Rangau dans son ouvrage Dette souveraine en crise (publications de La Sorbonne, 2008). La Roumanie décide de faire défaut le 15 août 1933, laissant de nombreux créanciers français avec un goût amer, après le précédent de la Russie. Par la suite, les intérêts ne seront réglés que pendant une courte période, après le rachat des redevances pétrolières par une entreprise française. La chercheuse explique dans son ouvrage comment les nombreuses tentatives de rééchelonnement de la dette resteront lettre morte. Les intérêts français dans le pétrole roumain passeront peu de temps après dans l'escarcelle des Allemands, au cours de la seconde guerre mondiale. Finalement, l'emprunt, qui ne versait plus d'intérêts, sera remboursé pour une somme symbolique à la suite d'un traité de 1959. La Roumanie a tellement puisé dans ses réserves que sa production de pétrole ne suffit plus à couvrir ses besoins dès 1976. Funeste gâchis. Jacques-Marie Voslin Gisement de gaz découvert près de Roman L a compagnie roumaine Romgaz a découvert un nouveau gisement de gaz naturel dont les réserves s'élèveraient à 200 000 m3/jour, près de la ville de Roman (nord- est), suite à un programme intense d'exploration amorcé en 2006 sur huit périmètres, et qui a conduit l'année dernière à la découverte de sept gisements. Romgaz, dont l'Etat est l'actionnaire majoritaire, est le plus important producteur et fournisseur de gaz naturel de Roumanie, ocupant 41,2% du marché intérieur. En 2007, sa production a été supérieure à cinq milliards de m3 de gaz méthane ; son budget d'investissements pour 2008 était de 300 M€. Un tiers des "crash test " de Renault en Roumanie U n centre d'essai va être installé à Titu par Renault-Dacia et son usine de Pitesti doit réaliser dès cette année un tiers des "crash test" (150 sur 450) de l'ensemble de la gamme Renault. La logique est financière : il faut compter 18 000 € pour réaliser un crash test en France et seulement 6 000 € en Roumanie. 17 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Economie BAIA MARE l BISTRITA l ORADEA l l SUCEAVA l IASI l ARAD TARGU MURES l l l ROMAN BACAU BRASOV l l GALATI l SIBIU TIMISOARA l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Production de fruits en chute libre 16 La grande distribution : du Far West à l'Eldorado Les gelées de mars ont entraîné un véritable désastre en ce qui concerne la récolte des cerises, guignes, abricots et prunes précoces, dont la production n'a atteint que 10 à 15 % de celle des années précédentes. En fait, la production de fruits est en chute libre depuis1990, la Roumanie n'assurant plus que 15 % de ses besoins et ayant recours à des importations massives. La raison? Les vergers ont été laissés à l'abandon, les arbres n'ont pas été entretenus ainsi que les systèmes d'irrigation. Leur rétrocession a conduit nombre de leurs nouveaux et anciens - propriétaires a abandonné une filière exigeant d'importants investissements pour être relancée. Un hectare d'arbres fruitiers équipé coûte entre 20 000 et 35 000 €, auxquels il faut ajouter encore 10 000 € pour se doter de systèmes anti-grêle et de dissuasion des oiseaux. Alors qu'elle était déjà en baisse très sensible, la production fruitière est tombée de 1,6 million de tonnes en 2005 à un million en 2007. Celle de cerises est passée de 5 à 6000 tonnes, avant 1989, à 1000 tonnes l'an passé. Seule, celle des pommes et prunes s'en sort à peu près. La situation pourrait s'améliorer si la décision était prise de planter chaque année 1000 ha d'arbres fruitiers et si les pouvoirs publics montraient un peu plus d'intérêt à la filière, notamment en mettant en place une autorité chargée de surveiller la qualité des produits sur les marchés. Ces deux dernières années, les Roumains ont consommé moins de 40 kilos de fruits par an, soit moitié moins que la moyenne européenne. Q uand les leaders de la distribution ont investi la Roumanie -2ème marché d'Europe de l'est en nombre d'habitants - il y a quelques années, tout était à faire. La seule forme de commerce existante était la petite boutique du quartier et l'empreinte de dizaines d'années de communisme avait limité le développement de la distribution sous toutes ses formes. Ils ont donc tout défriché: de la recherche de terrains pour l'implantation des magasins à la formation du personnel en passant par la prospection de fournisseurs locaux. Aujourd'hui, tout a changé. Les enseignes de la grande distribution sont bien installées en Roumanie et affichent des résultats qui font rêver ! En deux ans, elles sont passées du Far West à l'Eldorado. Métro a fait près de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2007 et une progression de 30%, Carrefour atteint les 866 M€ et 54% de progression de ses ventes, un record pour le groupe. Quant à Auchan, il détient le record du nombre de clients : plus de 8 millions l'an dernier dans ses 4 hypermarchés. C'est pourquoi, les résultats obtenus leur donnent des ailes. Entre 2006 et 2007, se sont ouverts 340 magasins. Carrefour, Auchan, Cora, Real et Lidl ont inauguré 31 hypermarchés en plus des 25 grandes surfaces déjà existantes. Et ce n'est qu'un début; Carrefour prévoit l'ouverture de 8 hypers, Auchan vise les 16 magasins à l'horizon 2010 et Tengelmann prévoit à moyen terme 175 à 200 unités de ces magasins Plus. Jusqu'où iront-ils, peut-on se demander ? Cette croissante quasi exponentielle ne saurait être éternelle et les responsables de la grande distribution prévoient une maturité à l'horizon 2011/2012 et pensent à l'avenir. Avec 120 à 140 hypermarchés, la Roumanie aura atteint son seuil de saturation. Comment préserver cet eldorado ? La donne a changé: les coûts d'installation s'envolent, les prix des terrains ont été multipliés par 10 en 5 ans, les fournisseurs locaux se sont organisés et ressemblent à ceux de l'Europe de l'Ouest. A ceci, s'ajoutent les grands marques internationales qui ont aussi investi la Roumanie comme Coca-cola, Unilever, etc. et sont maintenant les partenaires de la grande distribution. Dans ce contexte positif, la grande distribution a encore de beaux jours devant elle dans un pays qui s'est beaucoup occidentalisé dans son mode de vie quotidien. Faire ses courses une ou deux fois par semaine fait partie des habitudes aujourd'hui et après une longue période de communisme, les Roumains, à l'esprit très latin, sont des consommateurs très gourmands et qui aiment les offres variées et attractives. La grande distribution devra s'adapter comme elle l'a fait en Espagne qui par sa culture et son développement est très proche de la Roumanie. Mais bien sûr son essor est dépendant du niveau de vie des Roumains et de l'augmentation de leur pouvoir d'achat. Les managers roumains ne motivent pas assez leurs employés L es managers roumains se concentrent presque exclusivement sur les résultats de l'entreprise et l'accroissement de leurs résultats, comme dans tous les marchés émergents, mais perdent de vue les questions relatives à l'organisation interne, telles que la motivation du personnel et l'optimisation des processus", affirme Harry Meintassis, directeur général de la société de conseil en ressources humaines Hay Group Roumanie, filiale de l'une des entreprises les plus cotées dans ce domaine au niveau mondial. "Les Roumains sont de bons gestionnaires, mais ils laissent beaucoup à désirer en ce qui concerne leur capacité à motiver leurs employés, n'offrant pas de vue d'ensemble, de plan de carrière, ne les associant pas à la bonne marche et aux objectifs de l'entreprise" a-t-il ajouté considérant aussi que "le manque d'encouragement au travail d'équipe est une autre faiblesse alors que celui-ci pourrait être un moyen d'accroître la productivité et apporter une solution à la crise du personnel, en suppléant aux difficultés de recrutement". Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Anna de Noailles est considérée française du début du XXème siècle roumaine touche le cœur des Français Un lyrisme féminin qui deviendra de plus en plus obsédé par la mort au fur et à mesure que surgiront les problèmes de santé de la jeune femme, à partir de 1912, alors qu'elle n'a que 36 ans, l'obligeant à passer une partie de son temps alitée. Mais pour l'instant, le couple rayonne sur le tout-Paris. Il attire dans son salon de l'avenue Hoche l'élite intellectuelle, littéraire et artistique de l'époque (photo ci-dessous) parmi lesquels Francis Jammes, Paul Claudel, Colette, André Gide, Frédéric Mistral, Robert de Montesquiou, Paul Valéry, Jean Cocteau, Pierre Loti, Francis Jammes, Sully Prud'homme, Paul Morand, ou encore Max Jacob et plus tard, François Mauriac et Henri de Montherlant. Le monde politique lui rend également visite: Aristide Briand, Caillaux, Painlevé, Herriot, les généraux Marchand et Mangin, le futur roi d'Angleterre Edouard VII, amateur du Paris de la Belle Epoque… Anna de Noailles apparaît comme l'incarnation d'un esprit dionysiaque, une diva à la voix dorée que l'on écoute avec ravissement lorsqu'elle convie ses invités à s'asseoir autour d'elle sur des coussins et sofas. Sa grâce, son esprit semblent venir d'un monde irréel, où il n'y a pas d'âge ni de sexe, si ce n'est celui des dieux. Créatrice du futur prix Fémina Sous l'influence de Maurice Barrès, dont elle avait fait la connaissance en 1896 et qui l'a éblouie, Anna de Noailles fait de l'Orient une part encore plus large de son inspiration même si elle n'en ressent pas moins l'attrait des pays de l'Aisne et de l'Oise, où elle demeure aussi. La jeune Roumaine entretient une relation d'amitié amoureuse intense avec l'écrivain et figure de proue inspirée du nationalisme français, sans que l'on sache si celle-ci est allée plus loin. Leur correspondance passionnée ne sera d'ailleurs dévoilée qu'après la mort de la poétesse. Elle veillera également avec une grande tendresse et une complicité intellectuelle hors pair, sur le parcours littéraire de Marcel Proust, dont elle a deviné la fragilité et qui sera le seul à réussir à lui faire changer la tournure d'un vers ou de supprimer une strophe d'un de ses poèmes. En 1904, avec d'autres femmes telles que Mme Alphonse Daudet, dont elle a côtoyé le mari et Judith Gautier (la fille de Théophile Gautier), Anna de Noailles crée le prix "Vie Heureuse", issu de la revue du même nom, qui deviendra plus tard le prix Fémina, récompensant la meilleure œuvre française écrite en prose ou en poésie. Au début du XXe siècle, la poétesse est si connue que plusieurs artistes de renom de l'époque font son portrait comme Antonio de la Gandara, Kees van Dongen, Jacques-Émile Blanche ou le peintre britannique Philip Alexius de Laszlo. En 1906, elle est le modèle d'un buste en marbre pour Auguste Rodin, qui se trouve toujours aujourd'hui au Metropolitan Museum à New York (le modèle en terre glaise est exposé au Musée Rodin à Paris). "La France ne peut pas périr, les dieux la défendent" En 1914, alors que la guerre a éclaté, la princesse roumaine, devenue comtesse française par son mariage, sait trouver les accents pour redonner l'espoir, alors que la situation semble désespérée après les premiers revers : "La France ne peut pas périr, les dieux la défendent". Dans les années suivantes, Anna de Noailles va écrire plusieurs romans, une autobiographie et un grand nombre de poèmes, où la part de la mélancolie se fait de plus en plus présente, prenant le pas sur l'amour de la nature et la sensualité de la vie. Sa notoriété est toujours aussi grande. La Roumaine est devenue un monument de la vie française et pas seulement artistique, au point qu'elle sera la première femme devenue commandeur de la Légion d'honneur. L'Académie française créera un prix en son honneur, qui existe toujours et distingue une œuvre féminine, après lui avoir décerné son grand prix de littérature. En 1922, Anna de Noailles est aussi la première femme élue à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, occupant le fauteuil 33 où lui succèderont plus tard Colette et Cocteau. Dix mille personnes à ses obsèques à l'église de La Madeleine à Paris Les années passent, sa santé s'altère de plus en plus. La poétesse tombe gravement malade au début de 1933 et meurt le 30 avril, à 57 ans. Le 3 mai, au milieu de fleurs venues de tous les coins du monde, dix mille personnes assistent à l'église de la Madeleine à Paris à ses funérailles officielles. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise mais son cœur repose dans le cimetière d'Amphion-les-Bains, dans cette région où elle s'était mariée et où elle aimait séjourner, y passant chaque année plusieurs mois, et dont elle chanta les paysages dans se poèmes. Un monument fait de pierre et de verdure y a été érigé par l'Association des amis d'Anna de Noailles. Sur la stèle, on peut lire ces vers : "C'est là que repose mon coeur, vaste témoin du monde". 49 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Mille élèves roumains deviennent membres du jury du prix littéraire français Chronos Littérature BAIA MARE l ARAD l l l SUCEAVA ORADEA l CLUJ l l TIMISOARA l IASI TARGU MURES l HUNEDOARA l CHISINAU l SIBIU BRASOV l TÂRGOVISTE l GALATI l l l BRAILA PLOIESTI CRAIOVA l n BUCAREST CONSTANTA l Les poèmes d'Anna de Noailles 50 Très tôt, la nature enthousiasme la poétesse : un rayon de soleil, un arbre en fleurs, le murmure d'une source, quelques framboises mûres, un vol de mouettes sur les lacs de son enfance... "Nous étions de très petits enfants, heureux à Amphion en octobre. Ce mois de cristal est le plus beau qui soit au bord du Lac Léman. L'été finissant traîne ses caresses ensoleillées sur les prairies encore en fleurs et qui soupirent de satisfaction. Les oiseaux, pris de vertige, tournoient sans discernement, dans une confusion bleuâtre, se trompent d'élément, pénètrent les vagues , d'où ils rejaillissent, si bien qu'on croit voir une hirondelle qui nage ou une ablette ailée". *** "Je ne souhaite pas d'éternité plus douce Que d'être le fraisier arrondi sur la mousse, Dans vos taillis serrés où la pie en sifflant Roule sous les sapins comme un fruit noir et blanc. Dormir dans les osiers, près des flots de la Dranse Où la truite glacée et fluide s'élance, Hirondelle d'argent aux ailerons mouillés ! Dormir dans le sol vif et luisant où mes pieds Dansaient aux jours légers de l'espoir et du rêve ! O mon pays divin , j'ai bu toute ta sève, Je t'offre ce matin un brugnon rose et pur , Une abeille engourdie au bord d'un lis d'azur, Le songe universel que ma main tient et palpe, Et mon coeur, odorant comme le miel des Alpes !" P armi les nombreuse initiatives prises par "Les Amis de Târgoviste", une association de Verneuil sur Avre dans l'Eure (7000 habitants, 120 km de Paris), active en Roumanie dès 1989, les enfants et les jeunes occupent une place privilégiée. Ce n'est pas un hasard si sa présidente est une enseignante, Nicole Bury, aujourd'hui en retraite. Dès 1990, cette dernière entamait une correspondance puis des échanges de jeunes avec une école de cette ancienne capitale de la Valachie, devenue capitale du judet de Dâmbovita et qui compte 90 000 habitants. En 1999, alors qu'elle était institutrice en CM2, Nicole Bury proposa à une professeur de français de cette ville avec qui elle faisait des échanges, de faire lire les mêmes livres à leurs élèves ; celle-ci choisit des élèves du collège à cause du niveau de langue. La correspondance scolaire devenait d'un coup beaucoup plus intéressante, les jeunes échangeant leurs idées sur ces ouvrages. L'idée lui était venue alors qu'elle faisait participer sa classe au Prix Chronos de littérature. Créé en 1996 par la Fondation Nationale de Gérontologie française, celui-ci propose aux participants de lire des ouvrages ayant pour thème les relations entre les générations, la transmission du savoir, le parcours de la vie, la vieillesse et la mort... Une sélection différente est prévue pour six classes d'âges : -des albums pour les enfants des écoles maternelles et du CP -des albums et des premiers romans pour les enfants de CE1 et CE2 -des romans pour les CM1-CM2, 6e-5e, 4e-3e, lycéens, 20 ans et + En octobre, Nicole Bury apporte les livres dans les écoles, les enfants lisent jusqu'en février puis votent. Le matériel est fourni par la Fondation (bulletins de vote, feuilles de dépouillement, cartes d'électeur, etc.). Le vote et le dépouillement se font dans les établissements scolaires, les résultats sont envoyés à la Fondation ; enfin l'annonce des résultats a lieu lors Salon du Livre de Paris. Chaque participant reçoit, en mai, un "certificat de membre du jury du Prix Chronos". Création d'un club de lecture dans les villages, le samedi Ne perdant pas de vue les échanges avec Târgoviste, Nicole Bury en a fait profiter ses collègues roumains. Ainsi, pour que ce prix littéraire ne soit pas qu'un simple exercice de lecture (en français, certes) elle leur propose, outre la sélection de livres français qu'elle leur apporte, des jeux de lecture. Elle les fait participer à des discussions sur la vie des personnes âgées (avec des personnes âgées, si possible), concours de dessins, exposition des travaux, réalisation d'une brochure (dans les 2 langues)… Des échanges sont faits entre les enfants de même école ou des écoles de Târgoviste. L'initiative a même pris racine dans des villages du judet puis s'est étendue ailleurs en Roumanie. Des élèves ayant participé à ce prix littéraire depuis 3 ans et partant au lycée en ville ont demandé à leur professeur comment faire pour continuer l'année suivante; celui-ci leur a proposé de mettre en place un club lecture qu'ils peuvent fréquenter le samedi dans l'école du village. Ainsi, en 2008, plus de mille jeunes participants en Roumanie de Târgoviste, Gorgota (judet Prahova, Ploiesti), Berca (judet de Buzau), Bucarest, se sont transformés en membres d'un jury littéraire français et, après des échanges intenses menés par l'intermédiaire de leurs enseignants avec leurs camarades français, ont été appelés à exprimer leur choix par un vote dans leur établissement (notre photo). Pour tous renseignements: "Les Amis de Târgoviste", Le Baudry, 27130 Verneuil Sur Avre, tél : 06 15 02 98 44, [email protected] Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE officiers de la police de Ceausescu au profit de leurs victimes chasseur de crimes communistes propres investigations. Sur les 35 personnes employées à l'Institut, 20 sont des chercheurs. M.B.: Le but est-il d'accumuler une documentation sur ces crimes ? M.O.: Pas seulement. Si nous trouvons des éléments qui doivent déboucher sur une procédure, nous les communiquons au procureur. C'est lui qui doit mener l'enquête. Mais parfois les procureurs refusent d'ouvrir un dossier sous prétexte que nous n'avons pas le nom complet, ou que l'adresse manque… Il y a beaucoup de fonctionnaires de l'ancien système, ou leurs enfants, qui sont employés dans l'appareil judiciaire et la police. Il est difficile pour eux de se remettre en question. M.B.: Entre l'ancienne génération qui veut oublier et la jeunesse qui n'a pas connu cette période, la population estelle encore intéressée à remuer le passé ? M.O. : Sans aucun doute. Chaque fois que nous sortons un cas, cela fait la une dans les journaux et à la télévision. C'est donc qu'il y a un intérêt du public. La presse est notre plus grand allié. Autre exemple, je donne un cours en option à l'université sur l'histoire de la Securitate, il est toujours plein. Le troisième volet de notre activité touche d'ailleurs l'éducation. Nous avons notamment organisé un concours dans lequel les jeunes doivent demander à leurs parents des histoires sur l'époque communiste. M.B.: Quelle est votre motivation ? M.O.: Un sentiment de revanche, mais pas seulement personnelle. Je n'ai pas été prisonnier politique, même si j'ai été à deux doigts d'être arrêté juste avant la "révolution" de 1989. Mais j'ai entendu des centaines de témoignages de victimes. Je pense qu'il n'est pas trop tard pour faire éclater la vérité sur cette période. Michel Bührer Renvoi de l'architecte en chef de la capitale L e maire de Bucarest Sorin Oprescu a décidé de renvoyer l'architecte en chef de la capitale, Adrian Bold, en poste depuis 1997. Il lui reproche plusieurs irrégularités, notamment l'approbation de projets immobiliers controversés. Du côté des architectes, la nouvelle est plutôt bien accueillie. Les motifs de son renvoi concerneraient plus particulièrement ses absences répétées et injustifiées, et un préjudice de près de 300 000 dollars somme établie par la justice - causé à la mairie générale pour avoir refusé de signer certains contrats immobiliers, et en avoir autorisé d'autres controversés. Dans les rangs des architectes bucarestois, la nouvelle a été plutôt bien accueillie. "C'est un premier pas vers une amélioration de l'urbanisme dans la capitale", a expliqué Delia Matache, qui évoque "un homme facilement manipulable qui a permis la réalisation de certains projets très risqués. Le Millenium Business Center par exemple, cette tour collée à l'église arménienne et qui a complètement détruit ses fondations". Même son de cloche pour Loredana Stasisin, de l'association pour la protection des vieilles maisons de Bucarest, "Case care plang" ("Les maisons qui pleurent"): "Même s'il existe des motifs politiques derrière ce renvoi, la décision est tout de même très justifiée. Adrian Bold n'a pas su mener la capitale dans la bonne direction, le patrimoine de la ville n'a notamment pas bénéficié de fonds suffisants pour échapper aux démolitions." Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com - Bucarest) Législatives le 30 novembre L es élections législatives seront organisées le 30, quatre ans après le dernier scrutin ayant porté au pouvoir l'alliance de centre-droit DA. Les sénateurs et députés seront pour la première fois élus en un seul tour, selon un mode de scrutin combinant le vote uninominal et celui de listes, introduit à la suite d'une modification de la loi électorale en mars dernier. Ces élections marqueront également une autre première, car elles ne seront plus organisées le même jour que la présidentielle, comme cela avait toujours été le cas depuis 1990. A la suite d'un amendement de la Constitution, le mandat du chef de l'Etat est passé de quatre à cinq ans, en conséquence la prochaine présidentielle ne devrait pas être convoquée avant novembre 2009. Restitutions des biens en argent L es propriétaires dont les biens immobiliers ont été nationalisés par les communistes et vendus ensuite à leurs locataires (par l'intermédiaire de la loi 112) recevront une indemnisation en espèces sonnantes et trébuchantes, et non plus le bien immobilier en nature. Une loi en ce sens a été adoptée par les députés. A l'heure actuelle, seuls 10% des biens confisqués par le régime communiste ont été rendus à leurs anciens propriétaires. Iliescu raccroche I on Iliescu ne se présentera pas aux élections parlementaires de cet automne. Il a confirmé cette information, indiquant sur son blog (journal sur Internet), qu'il ne "s'intéresse plus à cette compétition". L'ancien président de la Roumanie (1990-1996 et 2000-2004) argumente cette décision par le fait qu'il ne trouve "aucune motivation" à se présenter avec le nouveau système de vote, dit uninominal, mis en place. Il ajoute toutefois qu'il ne "quittera pas son parti (PSD) ou son activité politique". 15 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Politique l l ORADEA CLUJ l BAIA MARE IASI BRASOV SIBIU BÂRLAD l GALATI l TIMISOARA BUZAU PLOIESTI CRAIOVA l Cinéma A 40 ans, l'acteur de Lugoj était parti tenter sa chance en Amérique Bela Lugosi, Dracula jusqu'à la dernière goutte l l l l Marius Oprea l SUCEAVA TARGU MURES ARAD Une loi amputerait la retraite des Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE l l l CONSTANTA n BUCAREST GIURGIU l TULCEA l l Un spécialiste de la Securitate Marius Oprea a d'abord présenté son idée d'Institut pour l'investigation des crimes du communisme en Roumanie en 2005 au président Basescu, qui n'en a pas voulu "car il avait lui aussi fait partie du système" dit Oprea. Le premier ministre Tariceanu, qui n'a eu aucune position sous l'ancien régime, a été convaincu "en deux minutes". La mésentente 14 entre le premier ministre et son président sont notoires et ce dernier, pour ne pas se laisser distancer, créa rapidement une "Commission présidentielle pour l'analyse de la dictature communiste en Roumanie". Né en 1964, Marius Oprea est un spécialiste de la Securitate, à laquelle il a consacré sa thèse, ("Le rôle et l'évolution de la Securitate, 19481964"). Il est aussi coordinateur de programmes à l'Institut roumain d'histoire contemporaine et conseiller du premier ministre Tariceanu pour les questions de sécurité nationale. Ses détracteurs l'accusent d'être un agent de "puissances étrangères" et il ne manque pas d'ennemis. Sa famille est actuellement à l'étranger. Il avoue que lui-même hésite parfois à émigrer car il se sait en danger. "Mais cela voudrait dire que la Securitate aurait gagné, et ça je ne peux pas l'accepter". E n Roumanie, personne n'a jamais été poursuivi pour les crimes politiques perpétrés sous le régime communiste. Marius Oprea, conseiller du premier ministre Tariceanu, a créé un organisme pour faire la lumière sur cette époque, l'"Institut pour l'investigation des crimes communistes en Roumanie", une agence gouvernementale qu'il préside. Sa tâche est de documenter les graves abus commis sous le régime communiste et qui n'ont jamais été punis. Elle est compliquée par le fait que nombre d'apparatchiks communistes sont protégés par leur actuelle position dans l'économie, la politique et l'administration. Marius Oprea a également déposé un projet de loi qui amputerait la retraite d'officiers de la Securitate au profit des anciens prisonniers politiques. A l'occasion de l'examen périodique universel de la Roumanie au Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies, à Genève, Michel Bührer l'a interviewé pour la "Tribune des droits humains", journal en ligne qui offre une information indépendante et pluraliste sur les droits de l'Homme dans le monde. 120 euros par mois pour une année de prison politique Michel Bührer : Un projet de loi dont vous êtes l'initiateur prévoit que le montant des retraites des anciens officiers de la Securitate, soit diminué au profit de leurs victimes. Pour quelles raisons ? Marius Oprea : J'ai réalisé qu'un officier de la Securitate à la retraite touchait une pension jusqu'à sept fois supérieure à celle des anciens prisonniers politiques. Ces derniers, après avoir passé des années en prison, trouvaient difficilement un emploi, avaient peu d'occasions de travailler, d'où une faible retraite. L'idée est de réparer cette injustice. En 1990, le Parlement avait voté une loi pour dédommager les victimes du régime communiste. En 2005, le "prix" d'une année de prison a été fixé à 25 euros par mois, en plus de la retraite normale. Grâce à nos efforts, cette compensation est passée à 120 euros par année de prison. Malgré cela, l'écart demeure important, et moralement indéfendable. M.B. : Combien d'officiers sont-ils concernés par cette loi ? M.O. : Seuls seront visés ceux dont la culpabilité sera prouvée. Actuellement, moins de 300 personnes ont un dossier en cours, mais nous espérons en avoir bientôt plus. Du côté des victimes, nous pensons aussi indemniser les familles des opposants qui ont été abattus. Jusqu'à maintenant, rien n'a été fait pour elles.Notre système judiciaire refuse de qualifier ces exécutions de crimes contre l'humanité. Elles sont considérées comme des crimes "normaux", prescrits après 25 ans. M.B. : Vous dites que les anciens cadres communistes ont presque plus de pouvoir maintenant qu'avant car ils sont partout, dans la politique, l'économie, l'administration. Quelles sont les chances de ce projet de loi devant le Parlement ? M.O. : J'ai confiance dans la pression de l'opinion publique, car voter contre cette loi serait avouer être "avec les autres". Mais il est vrai que nous rencontrons de nombreuses difficultés. Par exemple, j'ai envoyé deux enquêteurs demander un dossier au Ministère de l'Intérieur. Lorsque le fonctionnaire a compris pourquoi nous voulions y avoir accès, il a refusé de le laisser consulter, alors que le dossier était sur son bureau. Nous avons beaucoup de preuves, mais rien ne se passe car ces personnes sont protégées. "Les fonctionnaires de l'ancien système ou leurs enfants sont toujours en place" M.B.: Comment entreprenez-vous les recherches ? M.O.: Un tiers des dossiers que nous suivons résulte de témoignages individuels. Des gens viennent nous voir en demandant notre aide pour retrouver les corps de membres de leur famille ou pour dénoncer un cas. Pour le reste, nous entamons nos Q ui était le fameux Bela Lugosi, acteur roumain, d'origine hongroise? Un magnifique coup fumant pour Hollywwod qui a lancé la déferlante des films d'horreur "made in USA" dans les années 30 ? Un acteur de série Z pour films à petits budgets lamentables? Une gueule, un charme ravageur passé maître en matière de manipulation? Une tragédie humaine? Un peu de tout cela à coup sûr. Bela Lugosi est l'incarnation du fantasme et de la répulsion qu'exerce Dracula depuis près d'un siècle. Le mystère autour de l'acteur est entier, à tel point que certains croient sa tombe non scellée. Quoi de plus normal alors que d'exploiter la destinée de celui qui incarne l'un des mythes de la Roumanie? Après son Johnny Weismuller: the one, the only, the Real Tarzan en 2005, une biographie "formatée" de l'acteur né à Timisoara, Florin Iepan s'est attaché à une autre personnalité née en Roumanie à Lugoj, plus précisément - et exportable à souhait. "Mon film est un documentaire standard qui respecte les standards télévisuels", annonce d'emblée le réalisateur. Une coproduction internationale de 52 minutes montée tout exprès pour les chaînes roumaines, allemandes, françaises, autrichiennes, finlandaises et néerlandaises grâce notamment au soutien du Centre national de la cinématographie (CNC). Déjà vendu dans plus de 20 pays, le film, intitulé Bela Lugosi, le vampire déchu a été diffusé en octobre 2007 sur Arte, et à TVR, la télévision roumaine. Décidé, charmeur et cabotin, il terminera déguisé en vampire pour amuser les enfants Le film, narré en anglais, concentre de manière classique un grand nombre d'interviews, de spécialistes comme du fils de l'acteur. Les grands moments appartiennent à Bela Lugosi, l'homme et l'acteur, venu tenter sa chance aux Etats-Unis en 1919, à près de 40 ans. On y découvre un homme incroyablement décidé, charmeur et cabotin. Un grand acteur avant tout qui prend plaisir à effrayer le présentateur lors de fausses interviews montées par les studios. Après son refus d'interpréter Frankenstein - finalement endossé pour l'histoire par Boris Karloff (à gauche de Lugosi sur notre photo) -, désireux de ne plus coller à ce type de personnages, l'acteur sombrera dans l'oubli et la drogue... puis réapparaîtra des années plus tard dans des rôles de vampire d'opérette, à la solde d'immenses navets, tels les films d'Ed Wood. Ou pire, lors de lancements d'autres films, sur des plateaux de télévision, déguisé en vampire pour amuser les enfants. De Bela Lugosi, on ne retiendra que cette silhouette devenue décadente: celle d'un homme contraint de vivre derrière un masque. Et non pas cet incroyable talent, ce sens de l'auto-dérision transcendé par un ego démesuré et une douce folie, dont le succès fut encore amplifié par son accent hongrois à couper au couteau. Benjamin Ribout ("Regard") Bela Lugosi (1882-1956) fut inquiété au cours des années 50 dans le cadre du maccarthisme, car il était syndicaliste, et avait participé à la République soviétique hongroise de Bela Kun. A cette époque, suite à des problèmes de santé, il fut traité à la morphine ce qui le rendit dépendant. Il mourut d'une crise cardiaque en plein tournage de Plan 9 from Outer Space. Certaines rumeurs disent qu'il se prenait réellement pour un vampire à force de jouer cette créature, mais aucune biographie complète ne confirme le fait, c'était plutôt là un signe d'excentricité. De même, s'il a été enterré avec l'une de ses capes, ce n'était pas à sa propre demande mais sur celle de sa femme et de son fils. A savoir Arte finance le prochain long métrage de Razvan Radulescu Le comité de sélection d'Arte France Cinéma a choisi de coproduire le prochain long métrage de Razvan Radulescu, scénariste de La mort de Monsieur Lazarescu, de Boogie, et de Niki et Flo. Le réalisateur tournera Félicia plus que tout avec la réalisatrice hollandaise Melissa de Raaf. Dans le rôle de Félicia, Ozana Oancea interprète une jeune roumaine immigrée aux Pays-Bas dans ses relations mouvementées avec sa famille restée en Roumanie. Le tournage aura lieu en septembre et octobre à Bucarest. Fanny Ardant réalise son premier film en Roumanie La comédienne Fanny Ardant a choisi la Roumanie pour réaliser son premier film, un drame familial intitulé Cendres et Sang, dont le tournage devrait débuter ce mois de septembre. En présentant son projet devant quelques critiques de films roumains, Fanny Ardant,qui marche sur les traces de son ancien compagnon, François Truffaut, a expliqué son choix de la Roumanie par le fait qu'elle y a déjà tourné Callas Forever et qu'il y existe une tradition cinématographique authentique et de qualité en ce qui concerne les studios, les techniciens, les acteurs. 51 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Musique l l ORADEA l ARAD l TARGU MURES l l CLUJ SIBIU l l SUCEAVA l BAIA MARE l BRASOV l l l TIMISOARA IASI BACAU ADJUD l PITESTI CRAIOVA l TULCEA l n BUCAREST TOPALU l l CONSTANTA L'histoire du clown Miloud en film 52 Napoléon, Nadia et Clinton savent à peine lire mais font vibrer la musique tsigane Le film Pa-ra-da relatant l'histoire du clown français Miloud Karim Oukili parti vivre avec les enfants de la rue de Bucarest en 1992 et qui a créé 4 ans plus tard la fondation "Parada" pour les aider à réintégrer une vie sociale et les scolariser, devait être présenté au festival de Venise, dans la section "Horizons". Il s'agit d'une co-production francoitalienne-roumaine, et du premier long métrage du metteur en scène italien Marco Pontecorvo, fils du réalisateur de La bataille d'Alger. Formé à l'école du cirque d'Annie Fratellini, Miloud avait utilisé ses talents pour entrer en contact avec les enfants de la rue, leur enseignant son art, organisant avec eux des spectacles et dormant en leur compagnie dans les bouches de métro de la gare du Nord de la capitale. Tony Gatliff tourne à nouveau en Roumanie Le réalisateur de Gadjo Dilo tournera son prochain film dans les paysages naturels de Saint-Bonnet-leChâteau, dans le Forez. Liberté évoquera le destin des Tsiganes pendant la 2nde Guerre mondiale. L'équipe décoration devrait être sur place dans les prochaines semaines pour préparer la venue des équipes de tournage en novembre. Des scènes filmées dans le Haut-Forez, on sait peu de choses sinon qu'elles évoqueront notamment une famille juive en proie aux persécutions. Une partie du film sera également tournée en Roumanie. Récompensé en 2004 au festival de Cannes pour Exils (Prix de la mise en scène) Gatliff a réalisé son dernier film, Transylvania, en 2005. D ans le petit village de Gratia, à quelque 60 km à l'ouest de Bucarest, Napoléon et Nadia Constantin font vivre la musique traditionnelle tzigane, lui de sa voix rocailleuse et de ses percussions sur un vieux baril, elle en ondulant son corps comme une danseuse égyptienne. "C'est ça la musique traditionnelle tsigane. C'était la musique pour faire danser les ours avec lesquels j'ai moimême dansé quand j'étais petite", raconte Nadia, 38 ans, rebaptisée Nadia à six ans, en hommage à Nadia Comaneci, l'ex-star de la gymnastique, comme les parents de Napoléon se sont inspirés de l'empereur français. Le même procédé a été appliqué à leurs cinq enfants, dont Clinton, en hommage à l'ancien président américain, qui n'hésite pas à jouer des cuillères pour accompagner ses parents. Côté musique, rien n'est écrit. Le duo ne sait pas lire les notes. Et pas de violon, ni guitare, ni trompette... Juste un caisson de récupération, des cuillères, voire des cailloux, et des coups de talon. Idem côté texte pour un couple à la limite de l'illettrisme. Napoléon, petit homme de 44 ans au corps sec et au visage buriné, s'inspire de la vie de tous les jours, des souvenirs, de la musique roumaine mais aussi d'extraits rocks ou techno entendus à la télé. Il chante les douleurs et les joies d'une famille de dix membres vivant dans trois pièces d'une maison basique, mais aussi de toute la communauté tsigane. Devant lui, Nadia, belle brune au regard autoritaire et aux bras musclés, ondule son corps qu'elle assène de claquements de paumes. Avant de nouer autour de ses hanches un châle doté de piécettes pour apporter une couleur orientale. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE arrive à l'âge de 7 ou 8 ans à lui construire une maison perpétuent des traditions séculaires Elle se souvient du jour où elle débarqua avec son enfant de deux mois dans ce que l'on appelle toujours aujourd'hui le "village des barbus". Elle avait alors besoin de lait mais n'osait pas en demander. Elle envoya donc son mari à la fontaine afin qu'il entre en contact avec des autochtones. "Ce jour-là, beaucoup d'eau a coulé à la fontaine avant que mon mari n'ose ouvrir la bouche", témoigne-t-elle. "Puis le lendemain matin, quand nous nous sommes réveillés, du pain et du lait nous attendaient sur le seuil de notre porte. Les Lipovènes sont toujours prêts à rendre service". Ici, le malheur des uns devient celui de tous Ici, le malheur des uns devient celui de tous. Il y a toujours quelqu'un pour faire du porte à porte, un bonnet à la main, afin de récolter de l'argent pour un voisin dans le besoin. Chacun donne alors selon son bon cœur. Lors des enterrements, tous répondent présents. Pour l'occasion, des repas copieux sont organisés avec au menu de la viande, des cornichons et surtout 400 litres de bors (soupe) préparé selon une recette locale. "Notre bors est fait à base de légumes taillés en tout petits morceaux et de betterave que l'on fait longuement mariner selon une technique particulière", confient les femmes du village presque d'une seule voix. Près de l'église, considérée ici comme un lieu de vie incontournable, les villageois ont bâti une salle de prières où ils font l'aumône. Très suivies, les messes sont par ailleurs l'occasion pour chacun de revêtir ses plus beaux atours. La petite localité du nord de la Moldavie est régie par un conseil des sages où siègent vingt vieillards parmi les plus lettrés. Leur verdict est rédhibitoire en matière de mariage notamment parce que le conservatisme ambiant accentue les risques d'inceste. Selon la tradition, les vieux sages se rassemblent aux abords de l'église pour vérifier l'arbre généalogique des futurs mariés. Si aucun lien de sang n'est établi sur sept générations, les jeunes peuvent se marier. À condition encore que ce soit un dimanche. De même, quand un garçon arrive à l'âge de sept ou huit ans, ses parents commencent à lui construire une maison. Quant aux parents de la mariée, ils sont chargés de constituer une dot dès le plus jeune âge de leur enfant. "C'est un honneur d'inviter les gens à venir voir la dot constituée par les parents de la mariée", explique Eudochia Zamfir. "Mais cette tradition ne relève d'aucune loi écrite". Grâce à un touriste belge Leurs visages s'éclairent de sourires et on peut y lire la joie d'un couple qui s'est formé 20 ans plus tôt grâce à la musique. "Napoléon travaillait alors dans une ferme, il a commencé à jouer sur son baril et moi, je me suis mise à danser", se souvient Nadia, insistant sur l'unicité de leur duo. Depuis, la musique rythme leur vie, à la maison, chez les voisins, à des mariages - comme celui d'un frère de Nadia, lorsqu'un touriste belge a été séduit par la prestation du couple et leur a fait enregistrer une cassette à Bucarest. "Ce n'est que trois ans plus tard qu'un impresario roumain est venu nous chercher pour organiser un concert au Why Not (club bucarestois)", se souvient Nadia, sans oublier "tous ceux qui ont depuis profité de nous". Eux qui n'avaient jamais rêvé d'immigrer, comme le font tant d'autres, ont soudainement connu le voyage. Avec pour première sortie du pays: une invitation pour un festival à Versailles en 2004! "C'est le plus beau souvenir. Le château, les jardins et surtout les gens chaleureux... Mais depuis, on est allés en Belgique, au Luxembourg, en Angleterre, en Suisse", indique Napoléon, exhibant des coupures de journaux conservés dans un sac de supermarché, tandis que l'épouse parle des cachets européens qui améliorent leur quotidien. Un baril de médicaments chinois comme tambour En septembre, le couple devait se produire à Rome et Milan, dans une Italie marquée depuis plusieurs mois par des sentiments anti-roms. "Toutes ces nouvelles d'Italie nous vexent, car pour un ou deux cas, tous les tsiganes sont blâmés", insiste Nadia, tandis que son époux reprend le rythme sur son baril "produits pharmaceutiques made in China", celui qui voyagera dans la péninsule "s'il résiste car il en a déjà explosé plus de 200!". "On va s'y produire avec la fierté d'être des représentants tsiganes. On veut montrer que ce ne sont pas tous des voleurs", assure-t-elle. Avec le secret espoir que la musique adoucisse les moeurs... (AFP) Jean-François Copé et Pierre Moscovici, petit-fils et fils d'immigrés de Iasi et Braila, ne cachent pas leurs ambitions Ces deux "Roumains" qui rêvent de présider la France D éputém a i r e UMP de Meaux, président de ce groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, réélu dans sa ville par 67 % des habitants, JeanFrançois Copé, 44 ans, ancien ministre du budget dans le gouvernement Villepin, ancien énarque et actuellement avocat dans un gros cabinet d'affaires, est considéré comme un rival de Nicolas Sarkozy, ne cachant pas son ambition de devenir un jour président de la République, dès 2012 si possible. Ce qui est moins connu de cet admirateur du tennisman Ilie Nastase, au temps de sa splendeur, ce sont ses origines roumaines, par sa famille paternelle. En 1926, un jeune médecin roumain nommé Copelovici arrive en France. Sa famille, juive d'origine russe, s'est installée à Iasi (Roumanie) au XIXe siècle. L'antisémitisme provoque le départ. Le grand-père paternel de Jean-François Copé reprendra ses études en France, deviendra médecin généraliste à Paris et sera naturalisé français. La grand-mère, française, est également d'une famille juive d'origine roumaine. Les amis de Jean-François Copé sont banquiers, haut fonctionnaires, directeurs de grandes entreprises. Il connaît de près certains journalistes de compagnie: Anne Fulda, Christophe Barbier. Sa femme Valérie, conseillère en communication, est la fille d'un ancien directeur du CNRS. L'ambition présidentielle de JeanFrançois Copé rejoint celle d'une autre étoile montante d'origine roumaine, dans le camp opposé, Pierre Moscovici, 51 ans, qui, pour l'instant, brigue la succession de François Hollande à la tête du Parti Socialiste. Il est le fils de Serge Moscovici, né en 1925 à Braila, (Roumanie), issu d'une famille juive, exclu en 1938 du lycée de Bucarest par les lois antisémites, réfugié en France en 1948 où il épousera la psychanaliste Marie Bromberg, et naturalisé français, devenu le pionnier de l'écologie politique en France et un éminent chercheur en anthropologie et en psychologie sociale. Pierre Moscovici, également ancien élève de l'ENA, où il eut comme professeur Dominique Strauss-Kahn, conseiller maître à la cour des comptes et professeur à Sciences Po, est ancien ministre des Affaires européennes de Lionel Jospin - il rédigera l'essentiel de son programme aux présidentielles de 1982 -, ancien député européen et vice-président du Parlement européen. Il est présentement président de la communauté d'agglomération du Pays de Montbéliard et député du PS. Cet ancien noctambule qui a la réputation d'un séducteur invétéré, est toujours célibataire. Après un président d'origine hongroise, la France élira-t-elle un successeur roumain? Décidément, c'est cap à l'Est pour l'Hexagone ! 13 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie Quand un garçon ses parents commencent Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Musées Grigorescu, Luchian, Tonitza… 134 tableaux et sculptures des plus grands maîtres roumains exposés dans un musée de village SUCEAVA l l ORADEA CLUJ ARAD l BACAU l GALATI l l BRASOV PLOIESTI PITESTI CRAIOVA l l l n BUCAREST l TULCEA CONSTANTA l La solde des soldats au combat augmentée Le ministère de la Défense a décidé d'augmenter à 80 € la solde quotidienne des officiers en mission à l'étranger et participant à des opérations militaires (Irak, Afghanistan, etc.), celle des sous-officiers et soldats passant à 70 €. Ces militaires seront également assimilés au statut des vétérans de guerre, comme leurs aînés des Première et Seconde Guerre mondiale, bénéficiant de soins médicaux, prothèses et opérations chirurgicales à l'étranger. 12 Trésors de campagne à Topalu l l SIBIU TIMISOARA CHISINAU TARGU MURES HUNEDOARA l l l l l En Moldavie, les Lipovènes IASI BAIA MARE l Transit libre pour les Moldaves ayant un visa Schengen La Roumanie a décidé d'accorder le libre passage sur son territoire pendant cinq jours aux citoyens moldaves disposant d'un visa Schengen et se rendant dans un pays de l'UE ou disposant d'une carte de séjour. Chisinau espère que ce geste sera imité par la Bulgarie pour ses ressortissants se rendant en Grèce ou Turquie. Citoyenneté roumaine pour les étudiants moldaves qui le souhaitent Le président Basescu a décidé de proposer au Parlement roumain l'adoption d'une loi en procédure d'urgence d'ici la fin de l'année permettant d'octroyer la nationalité roumaine aux lycéens et étudiants moldaves terminant leurs études en Roumanie, particulièrement nombreux à Bucarest mais aussi présents dans plusieurs autres villes du pays, et qui en feraient la demande. A u milieu du XVIIe siècle, des dizaines de milliers de Russes s'installent dans le delta du Danube et sur les rives du Prut pour fuir les persécutions religieuses dont ils sont victimes depuis la réforme du dogme et de la liturgie orthodoxes menée par le patriarche Nikon. Plus de 30.000 de leurs descendants, appelés Lipovènes, vivent aujourd'hui en Roumanie et en Moldavie où ils perpétuent des traditions séculaires et suivent à la lettre l'ancien culte orthodoxe russe. Un reportage dans le village de Pocrovca en Moldavie d'"Evenimentul Zilei", ("L'Evènement du Jour"), traduit par Mehdi Chebana et repris par Le Courrier des Balkans.com. Après 60 ans, les hommes ne se rasent plus la barbe "Situé dans le nord de la République de Moldavie, le village de Pocrovca se distingue singulièrement de toutes les localités voisines. Ses 1030 habitants, tous Russes lipovènes, attachent un intérêt particulier à la propreté des rues et perpétuent religieusement les traditions héritées de leurs ancêtres. L'une d'entre elles veut par exemple que les hommes ne se rasent plus la barbe après soixante ans. Mais ce n'est pas tout. Les "vieux croyants", comme on les appelle encore (en raison de leur attachement à l'ancien rite orthodoxe), refusent systématiquement de vendre leur maison et leur lopin de terre, ce qui fait de la région l'un des endroits en Moldavie où le prix du mètre carré est le plus élevé avec Chisinau (2.000 dollars les 100 mètres carrés). Dans le même temps, ils rachètent les terres délaissées par les Moldaves vivant dans les villages voisins. Chaque habitant de Pocrovca connaît l'histoire de ces 17 familles russes qui ont fui leur pays en 1820 pour se réfugier ici, achetant un petit lopin de terre aux notables moldaves à des prix bien plus élevés que la valeur du marché à l'époque. Tous respectent encore aujourd'hui les efforts de leurs aïeux. D'ailleurs, aucun d'entre eux n'a jamais quitté le village pour travailler à l'étranger. Les Lipovènes assurent qu'ils peuvent très bien gagner leur vie en restant chez eux. Leur richesse? La terre. Ils possèdent des vergers avec des pruniers et bien d'autres arbres, mais ce sont les framboisiers qui constituent leur plus grande source de revenus. L'été dernier, ils ont réussi à vendre leur kilo de framboises à 1,40 euros. Les Lipovènes cultivent également des pommes de terre et des melons. "Quand nous vendons un kilo de melons, nous pouvons acheter deux kilos de blé, c'est mathématique" , explique Florii Vetrov, 71 ans. "Les Moldaves nous envient parce que nous sommes travailleurs et unis". À Pocrovca, seuls deux habitants parlent roumain Chaque jour à 14 heures, les femmes lipovènes se réunissent dans le centre du village pour boire du thé noir préparé dans un samovar et déguster les framboises cultivées dans chaque ferme. Une tradition qui se perpétue depuis des générations. Même si leurs enfants apprennent le roumain à l'école, toutes s'expriment en russe à l'exception d'Eudochia Zamfir. D'origine moldave, la directrice de l'école communale s'est établie ici avec son mari en 1975. Elle dit avoir rapidement intégré les habitudes des Russes lipovènes, si bien qu'elle n'envisage plus aujourd'hui de vivre ailleurs qu'à Pocrovca. C 'est l'histoire de Gheorghe Vintila, un médecin roumain passionné d'art qui a dédié une partie de son existence à la constitution d'une impressionnante collection de tableaux et sculptures. A la fin de sa vie, il a souhaité que les œuvres soient exposées dans son village natal, à Topalu, dans la maison de ses parents. Jonas Mercier, pour "Regard" s'y est déplacé et fait partager sa découverte d'un secret bien gardé. "A Topalu, il n'y a pas de gare. Même les "microbus" ne s'aventurent pas jusqu'à ce petit village. Situé sur les rives orientales du Danube, à une vingtaine de kilomètres au nord de Cernavoda, l'endroit est peuplé d'environ 2000 âmes. Ici, les routes en bitume alternent avec les chemins de terre, les automobiles avec les charrues et les énormes péniches avec les petites barques de pêcheurs. A première vue, rien ne différencie Topalu d'une autre commune de la Dobrogea. On y trouve une garderie, une école, un restaurant et quelques bistrots. Mais il existe pourtant une petite singularité qui ne passe pas inaperçue. Au beau milieu du village, une maison tout juste rénovée porte l'inscription suivante: "Muzeul de Arta" (Musée d'Art). Ici, 134 tableaux et sculptures de quelques-uns des plus grands artistes roumains sont exposés. Un trésor inestimable du patrimoine culturel national. L'enfant du pays a fait don de sa collection Il s'agit en fait de la collection de Gheorghe Vintila, un enfant du pays, médecin à Bucarest durant l'entre-deuxguerres, "Ses parents avaient ouvert la première école du village, ils en ont été les premiers instituteurs. En 1960, Vintila a fait don de sa collection à l'État roumain à la condition que celle-ci soit exposée dans la maison de ses parents, à Topalu. Aujourd'hui, on dépend du musée d'art de Constanta, mais celui-ci a été créé en 1961, soit un an après le musée de notre villag", explique Maria Buzatu, la conservatrice, qui s'occupe également de l'accueil et de la surveillance du musée. L'histoire de Gheorghe Vintila, elle la connaît sur le bout des doigts. "C'était un passionné. Quand il est allé à Bucarest, il a fréquenté le milieu artistique et il s'est fait un petit groupe d'amis parmi lesquels le peintre Nicolae Tonitza et le sculpteur Oscar Han. C'est d'ailleurs ce dernier qui l'a conseillé dans ses achats d'œuvres d'arts". Gheorghe Vintila est décédé en 1968. Il repose dans le jardin de la maison familiale, tout près de "ses" œuvres. "Pourquoi devrais-je y aller? Je sais très bien ce qu'il y a là-bas, et puis je n'ai personne à qui le raconter. Ce musée, c'est pour les jeunes, ce sont eux qui s'intéressent à ce genre de choses", tranche Mirica Ghiocil, un ancien du village plus préoccupé par la date des prochaines moissons que par les chefs-d'œuvre des peintres roumains. Maria Buzatu confirme l'attrait limité des villageois pour le musée: "Ils ne viennent pas trop car ce ne sont pas des connaisseurs, mais des paysans plus occupés par leurs récoltes". En revanche, les amateurs d'art viennent de toute la Roumanie pour admirer les trésors exposés. L'ancienne maison de Dinu et Sevasta Vintila compte treize pièces au total et n'est pourtant pas assez spacieuse pour abriter l'intégralité de la collection de Gheorghe Vintila. Nicolae Grigorescu, Stefan Luchian, Nicolae Tonitza, Stefan Dimitrescu, Oscar Han… La liste des artistes est longue... et unique dans un musée de campagne. "On ne peut pas stocker de tableaux ici, on peut simplement garder ceux qui sont exposés. Le reste de la collection, qui compte 228 pièces, a été offert par Gheorghe Vintila au musée d'art de Constanta", précise la conservatrice. Protection sommaire pour des œuvres de grande valeur Le 26 septembre 2007, après deux ans de travaux de rénovation, le musée a rouvert ses portes. La sécurité des lieux a été renforcée. Des capteurs de mouvements reliés à un système informatique et deux gardes veillent la nuit sur les lieux. Mais la journée, Maria Buzatu est la seule à assurer la surveillance de ce musée où les tableaux sont accrochés aux murs, sans aucune protection. Pour l'instant, aucun vol ni dégradation n'ont été à déplorer. La conservatrice assure en outre que "des caméras seront bientôt installées, ainsi que des détecteurs de vibrations aux fenêtres". Un minimum pour une collection de cette valeur. Mais pour que d'éventuels amateurs mal intentionnés arrivent jusqu'à Topalu (comptez au moins trois bonnes heures en voiture de Bucarest), il faudrait d'abord franchir l'obstacle de l'invisibilité de ce musée. Celui-ci n'apparaît ni sur le site Internet de la commune, ni sur le site touristique du département de Constanta et il est à peine mentionné sur les portails spécialisés. Un mystère qui rend la découverte encore plus mémorable". Jonas Mercier ("Regard") Musée Dinu et Sevasta Vintila, Topalu (judet de Constantsa) Ouvert du mercredi au dimanche de 9h à 17h. Tel: 0241 256 206. 53 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Médias SUCEAVA l l CLUJ l BAIA MARE ORADEA l l BISTRITA TARGU MURES ARAD l l IASI SF. GHEORGHE l SIBIU TIMISOARA l BRASOV l l l CRAIOVA l l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l L'Etoile de la Roumanie pour Soljenitsyne 54 Les journalistes sommés par le Sénat de donner 50 % de nouvelles positives GALATI BRAILA PITESTI "On parle trop des choses qui ne vont pas" La veille des funérailles d'Alexandre Soljenitsyne, le président Traian Basescu lui a décerné à titre posthume la croix de commandeur de l'ordre national de l'Etoile de Roumanie, la plus haute distinction roumaine, "pour le courage et la détermination dont il a fait preuve tout au long de sa vie dans son combat et pour sa contribution exceptionnelle au patrimoine de la littérature universelle". Des bibliothèques gratuites dans les gares L'Union des écrivains roumains et le ministère des Transports ont inauguré dimanche 11 mai la première bibliothèque de gare de Roumanie. Les voyageurs de la Gare du Nord de Bucarest auront désormais gratuitement à leur disposition des livres d'auteurs roumains pour patienter. C'est l'Union des écrivains qui a mis à leur disposition ces ouvrages d'Ana Blandiana, Augustin Buzura, Dan Mircea Cipariu, Nicolae Prelipceanu, Cassian Maria Spiridon, etc. Des bibliothèques ont également été inaugurées dans cinq autres gares du pays (Iasi, Suceava, Alba Iulia, Sibiu, Sinaia). A cette occasion, une anthologie de textes des auteurs autochtones récompensés par des prix littéraires depuis 1990 a été lancée. Son titre: Les écrivains prennent le train. I l a fallu moins de cinq minutes au Sénat roumain (chambre haute du Parlement) pour voter le mercredi 25 juin - à l'unanimité ! - l'une des lois les plus controversées depuis que la Roumanie a renoué avec la démocratie et qui prévoyait que les télévisions et les radios roumaines devaient désormais diffuser 50 % d'informations positives. Heureusement, ces dispositions ont été invalidées par la Cour constitutionnelle. "On parle trop des choses qui ne vont pas, on montre trop le mauvais coté de la vie, il faut équilibrer la balance", avait affirmé Gheorghe Funar (Parti de la Grande Roumanie, extrême droite xénophobe) l'un des initiateurs du projet et ancien maire très controversé de Cluj. Selon lui les informations négatives ont un effet irréversible sur "la santé et la vie des gens". Exemple d'information positive? "Parler des succès enregistrés par les jeunes Roumains à l'étranger, ou des bonnes performances de l'économie", avait lancé Ioan Ghise (Parti National-Libéral, centre droit), l'autre initiateur du projet. La perplexité était grande dans les médias: "Comment fera-t-on le partage, car une information positive pour quelqu'un peut être négative pour quelqu'un d'autre ?" affirmaient plusieurs journaliste.s Pour y donner une réponse, le Sénat avait chargé le Conseil national de l'audiovisuel (CNA) - le CSA local - de trouver les critères afin de déterminer quelles sont les informations "positives" et quelles sont les "négatives". Le CNA n'avait pas entendu pas les choses de la sorte. "C'est aberrant !" s'était révolté Gelu Trandafir, un de ses membres. "On demande au CNA de se transformer en ministère de la Vérité, comme dans le livre de George Orwell, 1984. Avec ce genre de décisions, le Sénat nous rappelle les pires heures de la dictature communiste". "Formidable ! Seulement 3000 morts dans l'attentat des tours jumelles… il y aurait pu en avoir 10 000" Dans les médias roumains, les réactions sont allés de l'ironie amère à la pure révolte "Comment pourrait-on "positiver" le 11 septembre ?" a lancé Dragos, journaliste radio. "Commencer par dire que sept mille personnes ont réussi à s'échapper des tours jumelles, mais que, malheureusement, trois mille autres sont mortes ?" Pour l'Agence de monitoring de la presse, ONG spécialisée dans la défense des médias, les journalistes doivent refléter la réalité. "Est-ce que les sénateurs ont réalisé une étude pour montrer que la moitié de la réalité roumaine était positive et que l'autre moitié, négative?" a ironisé Mircea Toma, son directeur. En guise de réponse, les sénateurs ont affirméavoir lu beaucoup de livres sur le sujet, et notamment quelques ouvrages de référence de psychologues américains qui montrent que le "négativisme tue". Luca Niculescu (Libération) Les chaînes thématiques à la conquête de l'Europe de l'Est D ans son rapport annuel 2007 sur la télévision dans le monde, Eurodata TV Worldwide note que le marché de la télévision dans les pays d'Europe Centrale et de l'Est fait preuve d'un dynamisme exceptionnel. Tout comme dans le reste du monde, la concurrence y est très intense avec la progression du câble et du satellite. Toutefois, d'un pays à l'autre des différences sont à observer. En Roumanie, les chaînes thématiques connaissent, pour leur part, une très forte croissance avec 76,5 % des foyers équipés du câble, mais très peu du satellite. La durée d'écoute moyenne de la télévision par personne et par jour y est de 3 h 54. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE épluchent les déclarations de fortune des officiels roumains qui passent toujours entre les mailles du filet Si les "gros poissons", comme les appelait un officiel européen, sont toujours en liberté, la Roumanie enregistrerait des progrès dans la lutte contre la corruption locale, celle qui touche les maires, les conseillers municipaux et départementaux, ainsi que les policiers. En juin, la DNA a démantelé un vaste réseau de trafic de permis de conduire. Une vingtaine de personnes, dont plusieurs policiers, sont derrière les barreaux. Magistrats français et allemands appelés à l'aide "Dix huit mois après l'adhésion à l'UE, il est bien difficile de dire s'il existe une véritable volonté politique de lutter contre la corruption ou s'il s'agit seulement d'effets d'annonce", constate Lucia Efrim, journaliste. "Mais des choses ont bougé et c'est déjà bien, car le système judiciaire roumain est l'un des plus conservateurs, les changements s'opèrent très lentement". Pour les mener à bien, le ministre de la Justice, Catalin Predoiu, compte sur l'appui d'autres pays de l'UE. Ainsi, c'est avec l'aide de magistrats français que la Roumanie rédige une nouvelle loi sur la responsabilité ministérielle, celle en vigueur accordant trop de privilèges aux anciens titulaires de la fonction. De même, des magistrats allemands aident à la rédaction d'un nouveau code pénal. Dix-huit ans après la chute de la dictature, la justice roumaine fonctionne toujours sur la base de textes hérités de l'époque Ceausescu… Luca Niculescu ("Libération") Du berceau à la tombe, les Roumains dépensent des dizaines de milliers d'euros en bakchichs Une vie de spaga T out au long de sa vie, un Roumain dépensera (ou recevra) en "spaga" - bakchichs et autres dessous de table - des centaines de millions d'anciens lei, soit des dizaines de milliers d'euros, pour faciliter son existence quotidienne. Un phénomène qui n'est pas propre à la seule Roumanie dans la région, mais qui a pris des dimensions encore plus effrayantes depuis la "Révolution". Pour le quotidien "Gardianul", Cornel Ivanciuc en dresse le triste constat, sur un mode caustique: "Il faut te faire à l'idée… Pour chaque heure que tu passeras dans ce monde, ton père devra payer "o spaga". Déjà quand tu sortiras du ventre de ta mère, il aura dû donner quelques billets à l'anesthésiste pour la césarienne et à la sage-femme pour être sûr qu'elle ne te laissera pas tomber par terre, après avoir glissé malencontreusement sur le carreau. Lors “Aidez nos pauvres “budgetari” de ton baptème, il s'assurera auprès du pope qu'il est bien satisfait du cierge gros comme la (administrations auxquelles il faut donner des bakchichs) à se payer colonne de Trajan qu'il lui aura acheté, afin que des villas de huit chambres”. sa flamme ne vienne pas brûler tes petites fesses bien roses ou qu'il ne te laisse te noyer dans les fonds baptismaux. Ce n'est pas fini…çà commence seulement. Ton père devra déjà payer pour te trouver une place en maternelle. Tu verras d'ailleurs comme tu seras à bonne école tout au long des tes études. Tu découvriras vite combien les femmes aiment les fleurs. Surtout le jour de leur fête, le 8 mars ! N'oublie pas cette fois là d'apporter un bouquet d'orchidées à ta prof principale si tu tiens à ne pas redoubler à la fin de l'année. Si tu es vraiment mal avec elle, et que tu as la chance que ta mère travaille dans une agence de voyages, tu t'apercevras qu'un petit séjour aux Canaries lui fera vraiment plaisir. Ne t'en fais pas tant que çà… c'est seulement une habitude à prendre. Tu te rendras vite compte qu'"o spaga" par ci, "o spaga" par là, çà facilite beaucoup la vie: quand tu sèches les cours, pour copier au bac, pour ta licence que tu vas rater parce que t'as rien Connaissant les moeurs du temps, fichu, pour acheter ton mémoire ou ta thèse à des petits malins qui en ont des toutes un cafetier facétieux a baptisé son bistrot “Fara Spaga”... soit “Sans pôt de vin”! prêtes dans leurs tiroirs, ou au contraire parce que l'université t'as laissé bosser comme un dingue, tout seul et sans s'occuper de toi, et qu'il est bien normal de lui témoigner ta gratitude. Maintenant que tu as pris le pli, tu vas voir comme l'horizon se dégage: "o spaga" pour passer le permis, pour trouver un boulot, pour faire réparer ta voiture sans avoir à revenir dix fois chez le garagiste, pour ta messe de mariage, pour les tests de grossesse de ta femme, pour acheter des médicaments, pour faire sauter une contredanse, pour une place pour Steaua-Dinamo, pour ne pas faire la queue pour ta carte d'identité, pour avoir ton passeport plus vite, pour que la mairie te donne ton certificat d'urbanisme, pour que les juges ne renvoient pas ad vitam eternam ton procès - en faisant bien attention de leur donner plus que ton adversaire ! - pour partir à la retraite à 40 ans, pour qu'on te réserve une bonne place au cimetière. Ah ! J'allais oublier le plus important… Surtout, n'oublie pas de graisser la patte au fossoyeur pour qu'il creuse un trou assez profond". Cornel Ivanciuc ("Gardianul") 11 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE UE et corruption l BAIA MARE ORADEA l l l TARGU MURES ARAD I BRASOV l l l IASI l DEVA l A la pêche aux "gros poissons" l SUCEAVA CLUJ GALATI l SIBIU TIMISOARA l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l n BUCAREST CONSTANTA l La Roumanie a plus d'un milliard et demi d'euros à récupérer auprès de ses débiteurs 10 Des “inspecteurs d’intégrité” Ces trois dernières années, la Roumanie a réussi à récupérer environ 40 % des prêts qu'elle avait consentis en dollars et roubles à quatorze pays, avant 1989. Il lui reste cependant 1,3 milliards de dollars et 1,1 milliards de roubles à se faire rembourser. Le plus grand pays débiteur reste l'Irak avec 977 M€. Des pays comme le Congo, le Soudan et la Somalie, fortement endettés auprès de Bucarest sont considérés comme insolvables. Par ailleurs, des négociations sont entamés de longue date auprès de Moscou, et sans aboutir, afin de récupérer le trésor qui lui avait été confié en 1917 pendant la Première guerre mondiale afin d'être mis à l'abri devant l'avancée des troupes allemandes. Ce trésor, qui a été confisqué par les communistes, n'a pas été rendu en totalité par la Russie. Il comprend aujourd'hui 9,4 tonnes d'or fin pour une valeur de 785 millions de dollars aux taux de 1999. 9,1 des 9,4 tonnes sont constituées de monnaies, dont la valeur numismatique augmente avec le temps. En 1948, quant la Roumanie a basculé dans leur camp, les autorités russes ont rendu une partie des œuvres d'art faisant partie des valeurs confiées en 1917, mais pas l'or. Au total, la Roumanie a plus d'un milliard et demi d'euros à récupérer auprès de ses débiteurs. ls sont 42 et portent un nom étrange, "inspecteurs d'intégrité". Ils sont les employés du tout nouvel organisme créé par la Roumanie pour lutter contre la corruption: l'Agence nationale pour l'intégrité (ANI). Leur travail consiste à éplucher les déclarations de fortune des officiels roumains et de les confronter à la réalité. S'il existe des doutes quant à la véracité des déclarations, les inspecteurs s'adressent à la justice, qui peut décider de la saisie d'une partie des biens. A cause notamment de l'opposition du Parlement, l'agence a commencé son travail en février, avec un an de retard sur le calendrier prévu. "On est contents malgré tout”, affirme son président, Catalin Macovei (notre photo). “Car on a déjà traité plus de 90 dossiers, dont 17 de parlementaires". Parmi eux, un sénateur qui aurait mystérieusement gagné 3 millions d'euros en trois mois grâce "à son flair hors pair dans l'immobilier", ou un autre devant justifier la provenance de 700 000 euros d'un prêt. Les débuts ne sont pas faciles. L'ANI trouve pour l'instant ses informations dans… la presse. "80 % de nos enquêtes démarrent avec un article de journal", reconnaît Catalin Macovei. Les officiels de l'agence appellent à une meilleure coopération avec les autres organismes, et notamment le ministère de l'Intérieur, qui pourrait fournir des données intéressantes. "On a parfois du mal à comprendre pourquoi la Roumanie a toujours besoin de plus d'institutions pour régler les problèmes de corruption", déplore un juge sous couvert d'anonymat. "Si les institutions qui existent déjà faisaient bien leur travail, la situation serait meilleure." Outre l'ANI, la Roumanie dispose également d'une Direction nationale anticorruption (DNA) qui enquête depuis des années sur les affaires douteuses des hommes politiques. Le bilan est mitigé: il y a trois ans, la DNA avait mis en accusation plusieurs anciens ministres avec force publicité. Aucun procès n'a pour l'instant abouti. Pis, la semaine dernière, la DNA a abandonné, faute de preuves, les investigations contre deux ex-ministres soupçonnés d'espionnage et de trahison. "Même s'il n'y a pas de condamnation définitive, il faudrait toutefois remarquer que plusieurs procès sont en cours", tempère Daniel Morar, le jeune procureur en chef de la DNA. Nomenklatura et biens volés sous le communisme: Basescu voit rouge L e président Traian Basescu n'a pas promulgué la modification de la loi sur les rétrocessions des biens immobiliers nationalisés sous le communisme votée par les députés au mois de juin, décidant de la renvoyer au parlement pour un réexamen. "Il s'agit d'un acte de renationalisation qui ne dit pas son nom" a déclaré le chef de l'Etat, ajoutant que ce texte "annulait implicitement la qualité de propriétaire à ceux qui ont été abusivement dépossédés par le régime communiste". La modification de la loi sur les rétrocessions prévoit que les anciens propriétaires ne puissent plus bénéficier de la restitution en nature de leur bien immobilier si ceux-ci ont déjà été vendus par l'Etat à la chute du régime communiste. A la place, ils seraient simplement dédommagés. Cet aménagement permettrait à tous les nomenklaturistes qui ont acquis leurs propriétés pour une bouchée de pain, à la suite de combines, de dormir en paix : ils n'auraient pas à les rendre et c'est l'Etat qui paierait les dédommagements dus aux anciens propriétaires. En Roumanie, le problème des rétrocessions est encore loin d'être résolu. Ces trois dernières années, l'Etat a été condamné 155 fois par la CEDO (Cour européenne des droits de l'homme) pour des affaires de ce type et devrait payer environ 13,5 millions d'euros d'amende. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Tribune “Le meilleur des ondes…” L a décision du Sénat roumain d'adopter une loi pour obliger les radios et les télés à diffuser au moins 50 % de nouvelles "positives" a été très commentée à travers le monde et les malheureux élus, considérés au mieux comme d'aimables farceurs, en ont pris pour leur grade. Elle a permis notamment à Jean-Simon Gagné du quotidien "Le soleil" de Québec d'exercer toute sa verve. "Assez d'histoires déprimantes! Ras-le-bol des veuves et des orphelins qui ne trébuchent jamais sur un coffre de diamants, le soir de Noël, comme dans un film de Walt Disney. Ou des bébés requins qui cherchent en vain leur maman assassinée par de vils braconniers pour vendre son aileron dorsal à un restaurant chic de Singapour. Vous comprenez, le cœur des parlementaires roumains saigne devant les convulsions qui agitent notre monde. Alors à défaut de s'attaquer aux causes de la pauvreté ou de l'injustice, ils ont décidé de viser "l'extraordinaire nocivité des informations négatives et leurs effets irréversibles sur la santé". Laissez-moi imaginer le tableau… Ceausescu était un grand adepte de la pensée positive "Chers téléspectateurs, nous venons d'atteindre notre quota de 50 % de nouvelles négatives pour le téléjournal de ce soir. Alors tant pis pour l'attentat ayant causé 500 morts en Irak. À la place, nous diffuserons une entrevue réalisée avec le vainqueur d'un concours de danse à claquettes réservé aux unijambistes. Et s'il reste du temps, nous ajouterons trois minutes sur une miniature de char d'assaut entièrement fabriquée avec des éclats de bambous biologiques et équitables, cultivés dans une serre d'Abitibi." Autant le préciser tout de suite. La loi votée par le Sénat roumain ne sera jamais promulguée. Le président du pays a déjà annoncé son intention de la laisser mourir au feuilleton. En Roumanie, l'épisode a toutefois rappelé les douloureux souvenirs du dictateur Ceausescu, renversé en 1989. Celui que les poètes officiels surnommaient le "Danube de la pensée" était en effet un grand adepte de la pensée positive. À l'époque, la presse était bourrée de statistiques décrivant l'extraordinaire prospérité du pays. Ce qui n'empêchait pas les Roumains de manquer de tout. Pour railler l'absence de chauf- Radio Europa Libera a cessé ses émissions V L’histoire de Radio Europe Libre et de l’exil roumain est paru en livre en Roumanie. oix de la liberté" pendant cinq décennies de communisme, contrepoids à la propagande de Ceausescu, fenêtre audio sur l'Occident, Radio Europa Libera a cessé d'émettre en Roumanie le 1er août. Une décision prise en raison de l'importante concurrence existant sur le marché des médias roumains mais aussi parce que le poste de radio, financé par le Congrès américain et fondé il y a 60 ans, en pleine guerre froide, se concentre désormais principalement sur le MoyenOrient. Europa Libera continue néanmoins d'émettre en Moldavie et en Transnistrie. fage, on disait: "il fait tellement froid dans la maison que tu devrais fermer la fenêtre, sinon les gens qui passent dans la rue risquent d'attraper un rhume". Mais ne nous égarons pas. Devant la controverse suscitée par leur loi, plusieurs sénateurs ont regretté de ne pas l'avoir examiné plus longuement. En fait, en approuvant le projet en... cinq minutes, ils n'avaient même pas déterminé comment on distinguerait une nouvelle positive et une nouvelle négative. Parions aussi qu'ils n'avaient pas pris connaissance du dicton qui sert souvent d'introduction à la profession de journaliste. "Si un homme mord un chien, c'est une nouvelle. Mais si un chien mord un journaliste, alors c'est une bonne nouvelle." Au Texas, on repeint les prisons en rose Les sénateurs roumains sont pourtant de leur époque. Même que leur projet fait écho à des initiatives surgies un peu partout à travers le monde. Aux États-Unis, par exemple, un petit nombre de journaux ne publient que de bonnes nouvelles. Jusqu'ici, cependant, leurs succès ont été mitigés. En 2002, le bimensuel Good News, publié en Floride, a fermé ses portes après seulement 16 mois d'existence. Jusqu'à la fin, ses propriétaires ont refusé de prévenir les lecteurs des problèmes financiers du journal. Normal. Ce genre de mauvaise nouvelle aurait contrevenu à l'esprit de la publication. Sur la route de l'optimisme débridé, certains ont fait mieux encore. Au Texas, il y a quelques années, un shérif avait décidé qu'il fallait mettre du rose nanane dans la vie des prisonniers. Toute la prison du comté avait été repeinte en rose. Les murs, les portes, les barreaux des cellules. Même les draps étaient roses. Un véritable enfer. Vêtus de rose de la tête aux pieds, les prisonniers avaient tellement honte qu'ils refusaient généralement de sortir de la prison, même quand ils obtenaient le droit de travailler à l'extérieur, durant la journée. À croire que la vie en rose ne constituait pas une si bonne nouvelle, après tout. La morale de cette histoire revient à un écrivain anglais, qui déclarait: "L'optimiste proclame que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles. Et le pessimiste craint que ce ne soit vrai". Jean-Simon Gagné ("Le Soleil" Québec) Retour aux sources ? L 'Agence nationale de presse ROMPRES devient l'Agence nationale de presse AGERPRES, selon le décret signé par le président Traian Basescu, revenant ainsi au nom qu'elle avait entre 1949 et 1989, sous le régime communiste. 55 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Sciences l ORADEA ARAD l CLUJ l SUCEAVA CHISINAU l BISTRITA l IASI l l l l SIBIU TIMISOARA l BAIA MARE l TARGU MURES GALATI l BRASOV l BRAILA BENESTI CRAIOVA l l n BUCAREST CONSTANTA l La statue de Bob Marley à la frontière serbo-roumaine 56 Petrache Poenaru "Haiduc" à 22 ans pour la cause de la Roumanie l TULCEA l Inventeur du stylo, du premier journal roumain… et du drapeau national Un festival de musique rock, organisé dans le petit village de Banatski Sokolac, à la frontière entre la Serbie et la Roumanie, a lancé une initiative pour ériger une statue, la première du genre, à la mémoire de l'icône du reggae jamaïcain, Bob Marley, décédé en mai 1981. Elle a été inaugurée fin août. En août 2007, Zitiste, un autre village du Banat, région dans l'est de la Voivodine (nord de la Serbie) à cheval entre la Serbie et la Roumanie, avait inauguré une statue du boxeur Rocky Balboa, le célèbre personnage de cinéma, créé et incarné par l'acteur américain Sylvester Stallone. Le festival "Rock Village", dont la première édition a eu lieu en 2005, réunit principalement des groupes rock locaux et régionaux. "Pourquoi nous aimons les femmes" Enorme succès en Roumanie, Pourquoi nous aimons les femmes vient d'être traduit en français. L'auteur rend hommage à la femme en un hymne précédé de vingt nouvelles sur les déboires sentimentaux d'un grand amoureux. De nouvelle en nouvelle et de femme en femme, le livre prend sens et devient un roman total à la lecture de l'hymne, tendre, drôle, dramatique, cocasse et sensuel. Mircea Cartarescu apparaît comme un grand écrivain à l'écriture onirique idéale pour transcender la beauté de l'éternel féminin… S i le mot stylo est d'origine grecque mais a été popularisé par les Français en 1923, son invention, elle, doit tout à un Roumain et remonte à 1827, soit voici 175 ans. Cette année là, Petrache Poenaru (1799-1875), professeur dans une école de Bucarest, faisait breveter à Paris un porte-plume qu'il avait doté d'un réservoir à encre et d'un piston lui donnant une bien plus grande autonomie. Son inventeur le baptisa, "plume porteuse d'encre", terme qui ne fit pas fortune, contrairement à la prodigieuse carrière que cet objet entamait et qui dure encore. Cette invention sera développée ensuite par Brissant et Ciffin en 1863, puis par Watterman, en 1884. Petrache Poenaru est l'un des esprits roumains les plus brillants et complets. Secrétaire et homme de confiance du grand révolutionnaire Tudor Vladimirescu, en 1821, il avait suivi des études à Vienne, Paris, Londres. Mathématicien, physicien, ingénieur, inventeur, professeur, homme politique, agronome, zootechnicien, Poenaru a apporté une contribution décisive à l'organisation de l'enseignement en Roumanie, fondant les collèges nationaux de Bucarest et Craiova. Homme de culture autant que de sciences, il a créé la Société Philharmonique, le Jardin Botanique et le Musée National d'Antiquités de Bucarest. Membre de l'Académie roumaine (1870), le savant avait publié plusieurs ouvrages, dont une étude portant sur la géométrie après Legendre et un vocabulaire franco-roumain en deux volumes. Petrache Poenaru fut aussi le premier Roumain a voyagé en chemin de fer, le 27 octobre 1831. Il terminait ses études en Angleterre, où, l'année précédente, le 15 septembre 1830 venait de s'ouvrir la première voie ferrée du monde, entre Liverpool et Manchester. Le jeune homme ne cacha pas son enthousiasme : "Une seule machine a permis à 240 personnes de voyager" écrivit-il avec son fameux stylo. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE revue "Dilema Veche" regrette de fermeté à l'égard de son pays Nous avons besoin d'une douche froide" Mais nous - qui savons mieux que personne "boycotter l'Histoire", comme disait le philosophe Lucian Blaga -, nous continuons à vaquer à nos occupations. L'ancien adage "Ils font semblant de nous payer, faisons semblant de travailler" s'est transformé en "Ils font semblant de nous avoir fait entrer dans l'Union Européenne, faisons semblant d'y être". Les experts européens n'ont fait que constater ce que nous savons déjà: la réforme de la justice est bloquée; les promesses faites avant l'adhésion n'ont pas été tenues. Nous savons également que, depuis toujours, nous sommes des citoyens apathiques et fatalistes. Mais quand même ! Si la Commission européenne assumait sérieusement son rôle d'exécutif européen, la clause de sauvegarde devrait être activée concernant la Roumanie. Personnellement, je le ferais ! Non seulement pour mettre un carton rouge aux institutions de l'Etat, mais aussi pour procurer aux citoyens roumains la sensation bienfaisante d'une douche froide dans cette atmosphère de douce torpeur créée par notre adhésion à l'UE. Mais il était peu probable que cela se fasse. La décision de l'acceptation de “C’est sûr que Nastase aurait remporté l’or à Pékin, mais la Roumanie et de la malheureusement sa discipline n’est pas olympique”. Ion Barbu Bulgarie a été politique et le restera. Et la réforme de la justice ne se fera véritablement que lorsqu'"ils" prendront leur retraite et ne s'occuperont plus que de leur vieillesse corrompue. Mircea Vasilescu ("Dilema Veche") Les mauvais points de "Freedom House" L e rapport 2007 de "Freedom house", organisation basée à Washington financée par les USA, l'UE, des organisations caritatives, et qui étudie les progrès de la démocratie dans le monde, a relevé quatre points négatifs et autant de pas en arrière pour la Roumanie: la situation de la justice, toujours aussi corrompue, de plus en plus dépendante des manœuvres du pouvoir, et dont la réforme se fait attendre ; l'instabilité politique et les tentatives du parlement et du gouvernement de s'opposer aux décisions de la Cour constitutionnelle conduisant au référendum visant à destituer le président; les organisations de la société civile qui deviennent de plus en plus vulnérables d'un point de vue financier et face aux manœuvres politiques les fragilisant ; l'accélération de la concentra- Compagnon d'armes de Tudor Vladimirescu La Roumanie veut obtenir "au plus vite" le dégel des aides agricoles Toutefois, l'épisode le plus étonnant de la vie de ce Roumain extraordinaire, né à Benesti, près de Râmnicu Vâlcea, se situe lorsqu'il atteint ses 22 ans et devient haiduc - bandit d'honneur - pour servir la cause de la Roumanie contre les Turcs. Ces cinq mois passés dans la peau d'un "Robin des Bois" vont changer son destin. Ses compagnons se rendent très vite compte que cet intellectuel n'est pas fait pour le métier des armes, mais à la fois intrigués et amusés, le présentent au chef de la révolte, Tudor Vladimirescu (1780-1821). Celui-ci est impressionné par la vivacité de l'intelligence de ce jeune homme et s'attache ses services comme secrétaire. Enthousiaste, Petrache Poenaru devient vite son homme de confiance et le convainc de porter aussi le combat sur le plan des idées pour populariser sa cause. C'est ainsi qu'il crée "Foia de propaganda", le premier journal roumain. Il le persuade aussi de réunir ses partisans sous un même emblème qui donnera naissance 60 ans plus tard, en 1881, au drapeau national roumain tricolore (bleu-jaune-rouge), s'inspirant du modèle du drapeau de la Révolution française. Petrache Poenaru ne limitera pas cependant son engagement au seul domaine de la création intellectuelle, mais se battra courageusement sur les champs de bataille, frisant plusieurs fois la mort. Inquiet et voulant le ménager, son mentor et aîné de vingt ans, l'enverra continuer ses études à l'étranger. Bien lui en prendra car lui-même sera assassiné après être tombé dans un guet-apens quelques mois plus tard. Petrache Poenaru partira pour Vienne puis Paris, où il sera diplômé de l'Ecole Polytechnique, commençant sa prodigieuse carrière. près bien des tergiversations, la Commission européenne a commencé à réagir de manière concrète à propos de la mauvaise gestion des fonds communautaires en Bulgarie et en Roumanie. Le ministère roumain des finances a annoncé, mercredi 20 août, le gel par Bruxelles de 30 millions d'euros d'aides agricoles pour "déficience technique" dans leur gestion. Ces deux pays ont été sanctionnés après avoir reçu, le 23 juillet, une mise en garde de Bruxelles dans le cadre d'un mécanisme de coopération et de vérification établi lors de leur adhésion. Celle-ci les a invités à respecter les normes européennes de contrôle financier afin que cessent les irrégularités constatées par les experts. La Roumanie, n'a pas été sanctionnée pour fraude, mais la Commission attend d'elle un plan d'action sérieux pour améliorer la gestion de ces fonds. D'ici là, les 30 millions d'euros d'aides agricoles restent gelés. Bucarest a présenté un plan le 31 juillet mais la Commission l'a jugé insuffisant et a demandé au gouvernement de l'amender avant le dimanche 31 août. Le ministre roumain de l'agriculture, Dacian Ciolos, a estimé que cette situation risque de porter atteinte à la "crédibilité" de son pays. Il a toutefois souligné qu'à la différence de la Bulgarie, la Roumanie n'est pas accusée de fraude. Des mesures vont être prises, a-t-il assuré, pour régler "au plus vite" les difficultés signalées par Bruxelles et permettre la reprise des versements. De son côté, la Bulgarie a été sévèrement punie par le gel d'une partie des sommes qui lui étaient promises, pour un montant d'environ 500 millions d'euros. A tion des médias dans les mains de magnats, la qualité de leur contenu étant affecté par des campagnes de diffamation et de chantage de toutes sortes, servant leurs intérêts. Sur les autres points, comme les élections et la gouvernance locale, "Freedom house" n'enregistre pas de changements notables, accordant la moyenne à la Roumanie. Un expert… à la bonne place U ne villa de 356 m2 et un appartement de 140 m2 à Brasov, un studio de 40 m2 à Bucarest, le tout d'une valeur de près de 500 000 € et acquis en quelques mois début 2007... C’est l’état des lieux qui a été révélé au cours d'une vérification du patrimoine de Horia Georgescu, le secrétaire général de l'ANI (Association Nationale d'Intégrité)… organisme chargé de contrôler les déclarations de fortune et de revenus des dignitaires du régime et des politiciens, afin de détecter toutes formes d’enrichissement jugé suspectes (voir page suivante). De 2004 à 2007, ce haut fonctionnaire avait travaillé à la DNA (Direction Nationale Anticorruption), en tant qu’ expert, puis auprès du ministère de la justice dans le même registre. 9 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE L'éditorialiste de la que Bruxelles manque UE et corruption l l CLUJ l l TARGU MURES l BACAU l ARAD TIMISOARA l BRAN l GALATI l l MARASTI BRAILA PITESTI CRAIOVA l "Sanctionnez-nous ! l IASI BRASOV l l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Pas d'enquête sur Adrian Nastase et le procureur-chef, trop curieux, limogé 8 Les lecteurs nous écrivent Courrier Les trous de mémoire de "L'Humanité" SUCEAVA SATU MARE ORADEA Le Parlement roumain a rejeté le mercredi 13 août une demande d'enquête sur l'ancien Premier ministre Adrian Nastase et son ministre du transport, Miron Mitrea, impliqués dans des affaires de corruption, un dossier considéré par l'Union Européenne comme un test de la volonté de Bucarest de réformer son système judiciaire. Les deux hommes, qui sont considérés comme le symbole même des malversations dans leur pays, continuent donc à bénéficier de l'immunité parlementaire, échappant ainsi à la justice qui a mis un terme à ses enquêtes. Par ailleurs, deux jours auparavant, le ministre de la Justice avait limogé le procureur en chef des services anticorruption, Daniel Morar (notre photo), dont le mandat arrivait à expiration. Ce dernier était la bête noire du personnel politique, qui l'accuse de déborder de son rôle en cherchant l'origine de son enrichissement. Son limogeage est une rebuffade à l’égard de la Commission européenne, dont le rapport annuel publié en juillet accusait justement le Parlement de bloquer des enquêtes ouvertes par les procureurs. A la suite de la publication du rapport de surveillance de la Commission européenne sur la Roumanie et la Bulgarie (le premier depuis l'adhésion des deux pays à l'UE, en 2007), qui ne sanctionne pas la première, l'éditorialiste Mircea Vasilescu de l'hebdomadaire "Dilema Veche" ("Vieux dilemme") ne cache pas sa perplexité vis à vis de la Commission Européenne, déplorant que par son manque de fermeté elle encourage son pays à persévérer dans ses mauvaises habitudes, dans un article repris et traduit par "Le Courrier International". "Nous, les pauvres, on se débrouille… eux, ils détournent des millions" "Il serait bienvenu de débattre de cette question, par exemple dans les médias. Evidemment, ce ne sera pas le cas. Parce que l'opinion publique roumaine est rachitique et manque de cohésion; parce qu'elle est habituée à l'idée que "ceux d'en haut" font ce qu'ils veulent et que, quoi que l'on puisse faire, la corruption est indéracinable. Après tout, nous aussi la pratiquons à des degrés divers, on se débrouille, comme on a l'habitude de dire dans ce pays… Ah, mais la différence, c'est que nous, les pauvres, nous ver“Alors çà... Celui-là sons des pots-de-vin aux fonctionnaires pour c’est Karadjic ou Nastase ?” Gazdaru qu'ils ferment les yeux sur de petites illégalités, tandis que "eux", ils détournent des millions d'euros. Apparemment, la réforme de la justice est la tâche du gouvernement et du Parlement. Que pouvons-nous faire s'"ils" n'ont créé une Agence nationale pour l'intégrité que pour la forme, s'"ils" se renvoient d'un service à l'autre les dossiers de corruption, s'"ils" ont adopté des modifications du Code pénal qui, dans certaines situations, ne laissent aux procureurs que la possibilité de prier gentiment les suspects de bien vouloir répondre à leurs questions (avec les excuses de rigueur pour le dérangement…)? Que pouvons-nous faire si le chef de l'Etat affirme à la télévision que la Cour constitutionnelle est le cimetière des affaires de corruption et qu'après une telle déclaration rien ne se passe ? Que pouvons-nous faire si la presse, prétendument le quatrième pouvoir, fait révélation sur révélation concernant le corrompu X et le corrupteur Y, et que les X et Y concernés nous sourient sereinement sur les affiches électorales, annonçant qu'ils feront notre bonheur si nous votons pour eux ? Nous ne pouvons rien y faire. Ou alors, si, nous pouvons : nous pouvons regarder la télévision, voyager en Europe sans visa, prendre d'assaut les supermarchés, acheter de nouvelles voitures par dizaines de milliers, aspirer à un poste dans une multinationale qui nous permette de faire tout ça. Ah, oui ! Nous pouvons aussi "les" insulter, devant une bière et des cacahuètes avec les copains, dire qu'"ils" ne font rien pour le pays mais uniquement pour leur pomme. "Arrêtons de faire semblant d'être dans l'UE" Si nous - citoyens, petits entrepreneurs, agriculteurs, fonctionnaires… - sommes si mécontents de la justice, si nous faisons si peu confiance aux juges et aux tribunaux, nous devrions réagir d'une manière ou d'une autre. Il y a quelques années, en République Tchèque, a eu lieu une grande manifestation contre une tentative de remplacement du directeur de la télévision publique; en Hongrie, des gens sortent depuis deux ans dans la rue pour manifester contre un Premier ministre qui a avoué publiquement avoir "menti". Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE A la suite de la publication dans nos colonnes d'un article emprunté à Anne Roy et paru dans "L'Humanité", sous le titre "Les étudiants de Bucarest face à l'onde de choc de Dacia", un de nos lecteurs, qui pratique la Roumanie depuis le début des années 70, y rencontrant sa femme, étudiante roumaine à l'époque, a tenu à rappeler le rôle que ce journal a joué alors dans la désinformation du public français sur ce qui se passait à l'Est. Une attitude que le secrétaire général du Parti communiste français de l'époque avait fort bien résumé en déclarant en direct à la télévision depuis Moscou que "le bilan des pays de l'Est était globalement positif". Il est vrai que l'univers communiste fréquenté par Georges Marchais se limitait aux datchas de protocole réservées au séjour des hautes personnalités étrangères et à des vacances à la mer Noire sur le yacht de Ceausescu. "Je ne conteste pas le fond de l'article auquel j'adhère complètement. Mais il y a un élément qui me gêne beaucoup, c'est que "L'Humanité" vienne aujourd'hui pleurer sur le sort des travailleurs roumains. Je ne me souviens pas que ce journal, organe de presse officiel du PCF, ait été l'ardent défenseur du peuple roumain lorsque celui-ci vivait sous le joug du parti frère. Le droit de grève était interdit en République socialiste de Roumanie (comme dans les autres pays du même bloc d'ailleurs) et ça n'a jamais eu l'air de choquer "L'Humanité". Les grèves des mineurs de la vallée du Jiu à l'époque de "l'âge d'or" n'ont pas fait l'objet du même traitement. Je me souviens d'un article paru dans les années 70 dans "L'Humanité Dimanche" sur la Roumanie et qu'un ami m'avait montré. "L'Humanité" était alors le propagandiste zélé des pires régimes que le XXe siècle européen ait connu. Ce qui me gène surtout vis-à-vis des jeunes générations, c'est la capacité de nos communistes a faire oublier quelle fut leur attitude jusqu'à la chute de ces régimes. Oubliés le mur de Berlin ("le mur de la Liberté !"), le goulag, les répressions sauvages (Budapest, Prague)... L'amnésie les frappe mais de façon sélective... C'est tout juste s'ils ne viennent pas nous démontrer aujourd'hui combien ils ont été à la pointe du combat pour la libération des peuples opprimés d'Europe de l'Est. Il me semble qu'un rappel des positions de ce journal, il y a plus de 20 ans, ait le bienvenu. Et que si au lendemain de 1989, on a découvert la misère sociale, morale et économique de la Roumanie, ça n'a pas été grâce aux infos de "L'Humanité", alors abonnée à une oeuvre de désinformation au service de Ceausescu. J'en veux pour preuve que "L'Humanité" était le seul journal français qu'on pouvait trouver à cette époque glorieuse dans les kiosques roumains. Yves Lelong Restitution de biens confisqués : trois poids, trois mesures A propos de l'article du numéro 48, sur le château de Peles que l'Etat vient de restituer à l'ancien roi Michel, un de nos lecteurs apporte les précisions suivantes sur les pratiques de restitution des biens confisqués par le régime communiste: "Bien qu'il n'y ait qu'une seule loi pour tous en théorie, il y a en pratique trois poids, trois mesures concernant les propriétés confisquées et revendiquées en Roumanie: 1) Vous êtes puissant et célèbre, comme Michel de Hohenzollern: on vous rend votre bien, et tout est réglé. Vous avez certes attendu longtemps et subi des avanies (à Noël 1990 j'étais le traducteur de l'équipe de la 5 de l'époque, qui avec TF 1 a suivi le roi de bout en bout et filmé son expulsion manu militari), mais cela en valait la peine. 2) Vous vivez depuis longtemps à l'étranger, disposez de temps et d'assez d'argent pour payer les frais de justice, et vous estez en justice pendant plus d'une décennie, mais finalement vous obtenez gain de cause (à moins que Basescu ne soit demis et que le Parlement remette en cause la loi actuelle, n° 10 je crois). Cela en valait la peine vus les prix actuels de l'immobilier, mais tout de même, pour récupérer votre bien, vous avez passé des années dans les couloirs des tribunaux et dépensé en frais de justice, au moins autant qu'il vous faudra dépenser en frais de remise en état, ce qui fait un bien maigre gain si vous vendez votre bien. 3) Vous n'êtes ni riche, ni célèbre, vous êtes fatigué, ou bien vous êtes plus jeune et vous travaillez en Roumanie ou a l'étranger : vous n'avez aucune chance (la plupart n'essaient même pas, beaucoup renoncent en cours de route). Les réseaux de la mafia immobilière, qui vendent même les biens revendiqués, ont tout gagné, sur votre dos. Et vous, vous êtes marron. Pour beaucoup de Roumains le communisme n'a rien été d'autre que: Ote toi de la que je m'y mette, un gigantesque vol par ruse et violence. Pour eux, PCR n'a rien signifié d'autre que Piston, Combines, Relations. Ils sont ultra-libéraux à présent. Communistes ou capitalistes, Malheur aux vaincus a été la seule devise à laquelle ils aient sincèrement cru. Et les voici plus Européens que quiconque, après avoir retardé l'adhésion, le temps nécessaire pour assurer leurs arrières". Ion Cepleanu Amitié Partage cesse ses activités A mitié Partage qui a joué un rôle important dans les relations franco-roumaines au niveau de la société civile, à partir de 1990, vient de cesser ses activités. L'association de Quimper avait réduit ses activités au fil des ans, se consacrant essentiellement à la vente de billets d'avions à prix charter mais le nombre insuffisant de réservations l'a conduite à prendre cette décision. Sa représentante à Bucarest, Paula Nicu-lescu reste à la disposition des visiteurs pour toutes leurs prestations: accompagnement d'un guide, hôtel, location de voiture... Ses coordonnées: [email protected], telfax (00 40) (0) 21 688 11 52, portable: (0040) (0) 744.63.19.13. 57 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Tourisme l SUCEAVA BAIA MARE CLUJ ARAD Sinaïa, la petite l l ORADEA IASI TARGU MURES l l l BACAU BRASOV l l SIBIU TIMISOARA T. SEVERIN PITESTI l CRAIOVA l l SINAIA BRAILA l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Réouverture de la liaison Turnu Severin-Serbie 58 la Justice Monica Macovei : taper du poing sur la table" l l l "C'est une ville que les moins Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Après douze ans d'interruption à cause de la guerre en ex-Yougoslavie, la liaison fluviale entre Dobreta Turnu Severin (Roumanie) et Kladovo (Serbie), deux ports qui se font face sur le Danube, a été réouverte à la mi-juillet. Un bateau d'une contenance de 174 passagers, le "Djerdap" effectue la liaison aller-retour deux fois par jour. Les riverains, qui ont souvent de la famille de chaque côté du fleuve, avaient cependant réussi à garder le contact, d'autant plus que les visas d'entrée en Serbie pour les Roumains avaient été supprimés en 2007 et que ces derniers se débrouillaient pour y aller faire certaines de leurs emplettes, les produits électroniques, électroménagers, alimentaire ou les détergents y étant moins chers. V irgil Tanase a emprunté l'Orient Express qui effectue à nouveau la liaison entre Paris et Istanbul. Un voyage qui n'est pas à la portée de toutes les bourses puisqu'il en coûte 8000 € par personne, avec un retour en avion. L'écrivain franco-roumain a décrit dans "Le Figaro" son étape à Sinaia et sa visite du château de Peles. "À l'approche des vacances, lorsqu'il est question dans un dîner mondain d'itinéraires surprenants mais néanmoins culturels, laissez échapper un petit soupir: "Ah, ces Klimt!" "Lesquels? Ceux de Munich, de Vienne, celui de la Ca'Pesaro…?" "Non, ceux de Sinaïa, voyons!" Et devant vos interlocuteurs surpris lâchez un deuxième soupir : "C'est une ville que les moins de 80 ans ne peuvent pas connaître…!" Ce n'est pas tout à fait vrai. Depuis qu'elle est une escale, avec visite au palais et déjeuner traditionnel roumain, sur le trajet du nouvel Orient Express qui vous fait traverser l'Europe pour quelque 8 000 €, Sinaïa revient à la mode et on en parle dans les milieux fortunés. Si la Commission et les États membres ont la volonté de l'utiliser, cela peut produire des résultats. Sinon, ces pays ne changeront pas. Bruxelles doit savoir taper du poing sur la table. La sanction la plus efficace est la suspension des fonds européens qui vont dans la poche du crime organisé et des politiciens corrompus. Après la régression intervenue en Bulgarie et en Roumanie au lendemain de leur adhésion, l'approche de la Commission européenne a changé. Désormais, les pays candidats se verront demander d'appliquer leurs législations pendant une période assez longue avant de procéder à une évaluation et ce sera pour eux de plus en plus difficile. La situation dans le sud-est de l'Europe "Une sorte de ville en pain d'épices à mettre sous l'arbre de Noël" Une petite rivière farouche creuse son chemin sinueux entre deux parois rocheuses de presque deux milles mètres dont la superbe est adoucie par quelques pentes boisées. L'ombre est douce en été, l'air scintillant en hiver. En toute saison le parfum frais des forêts de sapins vous communique une violente envie de croquer la vie à pleines dents. Recouverte de neige, Sinaïa devient, pour les fêtes, une sorte de ville en pain d'épices à mettre sous l'arbre de Noël. Au milieu du XVIIe siècle, il n'y avait sur cette route de montagne qui reliait la Valachie à l'Empire autrichien qu'un ermitage et quelques abris pour les bergers qui conduisaient leurs troupeaux vers les alpages. Lorsqu'il traversait la vallée dans un de ses voyages entre Vienne et la Sublime porte, le prince Michel Cantacuzène faillit être tué par des brigands. Échappé par miracle, il se rend au mont Sinaï pour remercier Dieu de lui avoir laissé la vie sauve. De retour, il fait bâtir un monastère à l'endroit même où il avait frôlé la mort. Des montagnards en profitent pour s'établir dans les environs. Ils font du commerce avec leurs produits et quelques aubergistes proposent aux voyageurs un refuge pour la nuit. Label européen pour la palinca de Zalau A la fois chalet et palais moyenâgeux, citadelle gothique et pavillon de chasse d'un opéra italien Le ministre de l'Agriculture a approuvé la classification de la Palinca de Zalau - deux fois distillée comme produit traditionnel, qu'elle soit de prune ou d'autre fruits, avec appellation d'origine contrôlée indiquant la zone géographique où elle est fabriquée, et protégée au niveau national ainsi qu'européen. Cette mesure devrait protéger cette tsuica très appréciée du nord-ouest de la Transylvanie des imitations. Parti d'Allemagne pour gagner la capitale du petit pays qui, en 1866, lui offre la couronne, le roi Carol premier de Roumanie, un Hohenzollern-Sigmaringen, passe par Sinaïa. L'endroit lui rappelle sa Forêt-Noire et les Alpes bavaroises. Il décide d'y construire un château digne de ce pays latin dont les richesses sont importantes, et qui, libéré de la tutelle de l'Empire ottoman, regarde maintenant vers l'Occident. Un château qui puisse rivaliser avec ceux de contes de fées, qu'à la même époque un autre souverain allemand, Louis II, fait construire en Bavière. Le roi Carol engage plusieurs architectes autrichiens et allemands qui réussissent à réconcilier l'irréconciliable. Le château de Peles est une merveille, à la fois chalet et palais moyenâgeux, citadelle gothique et pavillon de chasse d'un opéra italien. La décoration intérieure est tout aussi somptueuse, et parmi ceux appelés à y travailler se trouve le jeune Gustav Klimt qui réalise, entre autres, le plafond et la frise de la salle de théâtre. - Comment aider les gouvernements de la région ? - Nous pouvons les aider pour l'adoption de lois et leur application dans le domaine du financement des partis politiques et des campagnes électorales, de l'attribution des marchés publics, de la réforme de la police et de la justice, et de la concurrence. En Macédoine, nous travaillons à créer une banque de données commune. Je voudrais également introduire dans les législations des pays de la région le crime d'enrichissement illicite pour les fonctionnaires et les hommes politiques qui figure dans la convention de l'ONU contre la corruption et permet la confiscation de biens acquis illégalement. Propos recueillis par François d'Alançon (La Croix) D ans son rapport sur le crime dans les pays de l'Europe du sud-est, publié en mai 2008, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, fait le point sur la situation générale dans la région: Economie: En 2004, les dix pays de l'Europe du sud-est (Albanie, BosnieHerzégovine, Bulgarie, Croatie, République de Macédoine, Moldavie, Monténégro, Roumanie, Serbie et le Kosovo), comptaient pour l'équivalent de 3, 8 % du produit national brut (PNB) de l'Union Européenne. La Croatie avait le plus haut PNB/habitant de la région, équivalent à un peu plus d'un quart de la moyenne des pays de l'Union Européenne tandis que celui de l'Albanie représentait seulement 8 % de la moyenne européenne. Pauvreté: Environ 20 % des habitants de la Bosnie-Herzégovine vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le Kosovo a le taux de chômage le plus élevé de l'Europe du sud-est (50 %), le salaire moyen y est de 200 € par mois. Droits de l'homme: Selon un classement de la Banque mondiale, tous les pays de la région sont en dessous de la moyenne est-européenne en matière d'État de droit. L'Albanie et le Kosovo se classent même en dessous de la moyenne des pays de l'Afrique sub-saharienne. Gouvernance: La confiance dans le gouvernement et les institutions est faible. Selon une enquête conduite, fin 2004, par la Commission sur les Balkans, entre 50 et 75 % des personnes interrogées évaluent leur gouvernement comme "mauvais". Stabilité politique: Dans l'index de stabilité politique de la Banque mondiale (2006), la Serbie, la République de Macédoine, l'Albanie et la BosnieHerzégovine étaient toutes classés en dessous de la moyenne des pays de l'Afrique sub-saharienne. En revanche, la Roumanie, le Monténégro, la Bulgarie et la Croatie tiraient leur épingle du jeu, ces deux derniers pays se situant au-dessus de la moyenne est-européenne. Détour par les Caraïbes avant de revenir à la maison pour l'argent sale roumain S elon un rapport de l'ONU, le blanchiment d'argent fait partie intégrante de l'activité des pays du sud-est de l'Europe. "Dans cette région, la fraude fiscale, la fuite des capitaux et les privatisations frauduleuses ont plus d'importance que le crime organisé traditionnel", souligne un rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc). La criminalité économique couvre un vaste champ qui va de la contrebande de viande, de cigarettes, d'alcool ou de carburants, aux fausses factures pour fraude à la TVA, en passant par le commerce de produits de contrefaçon en provenance de la Chine ou la fabrication de faux billets et de fausses cartes de crédit. Recycler cet argent dans l'économie légale implique d'en cacher l'origine et c'est là qu'intervient le mécanisme du blanchiment de l'argent, souvent avec la complicité d'institutions occidentales, publiques ou privées. Le sud-est de l'Europe reste particulièrement vulnérable à cette pratique parce que les économies sont largement fondées sur les transactions en liquide et la régulation du secteur financier est sous-développée. Selon la Banque mondiale, 27 % seulement des foyers disposent d'un compte bancaire en Roumanie, contre 92 % en Belgique. En Roumanie, l'argent acquis frauduleusement (fraude financière, sociétés fantômes, faillite frauduleuse, fraude à la carte bancaire sur Internet) est transféré vers des sociétés offshore dans les Caraïbes avant de revenir s'investir dans le commerce, dans la banque ou sur le marché des capitaux. En Moldavie, les autorités estiment que les revenus des organisations criminelles constituent plus de la moitié du revenu national brut. Une grande partie des revenus d'activités illégales est blanchie par l'intermédiaire des institutions financières officielles et des secteurs entiers de l'économie ont été infiltrés par des organisations criminelles. Les sociétés offshore sont la source principale du blanchiment, en plus des casinos, des compagnies d'assurance et des sociétés de prêt. 7 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE UE et corruption l l CLUJ l SUCEAVA SATU MARE ORADEA l TARGU MURES l BACAU l BRASOV l TIMISOARA BRAN l GALATI l l MARASTI BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Le rêve doré des postcommunistes selon "Romania Libera" 6 de 80 ans ne peuvent pas connaître… !" musique des Carpates l IASI l ARAD L'ancienne ministre de "Bruxelles doit savoir Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Le Parlement roumain a repoussé le principe de poursuites pénales à l'encontre de l'ex-premier ministre Adrian Nastase et de l'ancien ministre des transports Miron Mitrea, tous les deux parlementaires, pour présomption de corruption. C'est la première fois que, non pas le parquet, mais les députés sont amenés à prendre une décision concernant des enquêtes. Le journal "Romania Libera" écrit à ce sujet : "Il est temps que nous reconnaissions que le combat contre la corruption a tout autant échoué que la réforme de la justice. Avec le combat contre la corruption nous aurions dû nous débarrasser des juges, des procureurs et des fonctionnaires corrompus tandis que la réforme de la justice aurait dû éliminer la corruption jusqu'au plus haut niveau. Or, la condition de son succès était la volonté de l'élite politique. Celle-ci n'a jamais existé. Au contraire. Nous sommes près de réaliser les rêves dorés des hommes politiques postcommunistes: une société sans état de droit tout en étant membre de l'UE. Une société dans laquelle on peut voler impunément. Notre classe politique n'aurait eu absolument aucun argument pour à opposer à une clause de sauvegarde de Bruxelles dans le domaine judiciaire. Quand bien même, elle aurait pu faire plus de dégâts que de bien. Et puisqu'elle n'a pas été introduite, d'autres mesures devraient suivre: de l'abandon des fonds de l'UE à l'abandon du droit de vote de la Roumanie au Conseil de ministres de l'UE". A ncienne ministre de la Justice de Roumanie et souvent considérée comme la figure de proue de la lutte contre la corruption dans son pays, Monica Macovei, mise à l'écart du gouvernement en février 2007 par le premier ministre, Calin Popescu Tariceanu, est aujourd'hui conseillère anti-corruption du premier ministre de la République de Macédoine, pour le compte du ministère des affaires étrangères britannique. Dans un entretien avec François d'Alançon du journal "La Croix" elle estime que les gouvernements de la région ne feront les changements réclamés que sous la pression extérieure. La Croix : Comment faire pour réformer la justice et améliorer l'application des lois dans les pays de l'Europe du Sud-Est ? Monica Macovei : La solution, c'est de se débarrasser de la classe politique corrompue formée pendant la transition et d'exposer cette corruption dans les médias pour la porter à la connaissance du public. En Roumanie, j'ai vu des jeunes politiciens se comporter de la même façon que leurs anciens. Au moins la moitié des députés sont les mêmes depuis les années 1990. La pression publique aidée par les médias peut inciter les partis politiques à se restructurer et à se nettoyer. On devrait sans doute aussi supprimer la possibilité pour les gouvernements d'adopter des décrets d'urgence ayant force de loi, de suspendre des lois et de passer des contrats. En pratique, les gouvernements violent leur Constitution quand ils ont recours à ce genre d'instruments, normalement réservés à des situations d'urgence. - Comment changer les liens entre le monde des affaires, la politique et le crime organisé ? - Nous avons besoin de lois très claires et appliquées sur les conflits d'intérêts. Si quelqu'un est pris dans un conflit d'intérêts, il doit partir. En Roumanie, nous avons une législation à ce sujet mais elle n'est pas appliquée. De même, il faut prévoir le contrôle des biens acquis au cours de leur mandat par des individus occupant une responsabilité publique et leur confiscation. J'ai institué une déclaration de revenus longue et détaillée pour les hommes politiques mais en réalité, il n'y a pas de sanction. "Je n'aurais rien pu faire en Roumanie sans la pression de la Commission européenne" - Quelle est, pour les gouvernements, la meilleure incitation au changement ? - Tous ces pays ont besoin d'investissements étrangers et, pour cela, ils doivent assainir leur marché, établir la concurrence et une justice non corrompue et prévisible. La pression extérieure est également très importante avec la perspective d'une adhésion à l'Union Européenne pour tous ces pays qui veulent la rejoindre. Je n'aurais rien pu faire en Roumanie sans la pression de la Commission européenne. L'UE a un rôle à jouer, peut-être plus important qu'elle ne le voudrait. D'après mon expérience, les gouvernements ne font les changements que sous la pression extérieure, que ce soit celle de l'UE ou des pays importants. - La Commission européenne a-t elle perdu de son influence après l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie et doit-elle changer son approche ? - Bien sûr, il est plus difficile de faire pression sur ceux qui sont déjà des États membres. Un mécanisme de coopération et de vérification a été mis en place par la Commission pour la Bulgarie et la Roumanie depuis leur adhésion à l'Union Européenne le 1er janvier 2007. Le roi ajoute dans le parc un Petit Peles, à l'usage du prince héritier, et quelques villas du même style, charmantes, agréables, à la fois intimes et fastueuses. Pendant les années de "démocratie populaire" elles abritaient les vacances des artistes roumains. Jusqu'au jour où Nicolas Ceausescu décide d'y vivre en construisant à son tour un pavillon d'un goût douteux. Maintenant une société commerciale exploite certains bâtiments devenus des hôtels confortables à l'usage d'une clientèle internationale. Le Premier ministre assassiné sur le quai de la gare Dès que le roi Carol Ier s'installe à Sinaïa en 1883, la ville s'anime. "L'air vivifiant attire de nombreux visiteurs", écrit-il dans une lettre de juillet 1886 adressée à sa sœur, Marie de Flandres. "J'entends constamment quatre ou cinq langues. Une fois par semaine il y a une soirée de théâtre. Sinaïa est devenu un des sites les plus visités d'Orient et le dimanche les trains déversent dans notre paisible vallée quelque 2 000 personnes…". Et pour cause: Bucarest, la capitale, est à moins de 150 km. Des villas coquettes surgissent entre les immenses sapins, et tous ceux qui le peuvent s'offrent des résidences à proximité du palais où le roi reçoit ses ministres et la reine Élisabeth tient salon littéraire et accueille parfois des hôtes illustres, tel Pierre Loti qui y fait un long séjour en 1897. Dans le parc de la ville, sous les immenses baies vitrées des palaces, on peut apercevoir l'archiduc Franz Ferdinand d'Autriche et la princesse von Hohenberg, Eleonora de Reuss, épouse du roi Ferdinand de Saxe-Cobourg de Bulgarie, Iousif Izedine, l'héritier du grand sultan, le grand-duc Vladimir et un sir Noel, amiral anglais qui, peut-être après un bon repas arrosé de ces fameux vins roumains dont il est question déjà dans Hérodote, croit se trouver "aux pieds de l'Himalaya". L'argent coule à flots. Ce n'est pas surprenant: la Roumanie, qui était déjà le grenier à blé de l'Europe, regorge de pétrole. De nouvelles fortunes, immenses, se font du jour au lendemain et se perdent encore plus vite au jeu. Sinaïa se devait d'avoir son casino, réplique en plus petit quand même, de celui de Monte-Carlo. Hélas, les temps changent. Le 29 décembre 1933, le premier ministre I.G. Duca est assassiné sur le perron de la gare de Sinaïa. Une période de turbulences commence. Puis c'est la guerre, l'occupation soviétique, et un nouveau régime qui répartit les profits avec parcimonie. Les anciennes villas sont transformées en maisons de repos pour ouvriers stakhanovistes et dans les murs de l'ancien casino on joue aux échecs, au ping-pong, au rami. Une classe moyenne modeste remplit en été et en hiver les pensions de famille clandestines. Le faste authentique des contes de fées Depuis que la Roumanie est entrée dans l'Union Européenne, l'initiative privée a remis Sinaïa sur les rails. Les hôtels de luxe, à prix encore abordables, refont surface. Les quelque 40 km de pistes de ski et de bobsleigh sont réaménagés. Les remontées mécaniques vous portent à 2 000 m d'altitude. Rendues aux anciens propriétaires, les villas, ravalées, retrouvent leur panache d'autrefois. Quelques restaurants pittoresques proposent une cuisine roumaine délicieuse à ceux qui font confiance à leur foie. Le casino fait à nouveau tourner ses roulettes. Des colloques et des conférences internationales ont lieu toutes les semaines, et, tous les ans, un concours international de violon attire les nouveaux talents à la villa Luminis où, en 1927, Yehudi Menuhin rencontrait pendant deux mois son professeur magique, Georges Enesco. Il n'y a plus de roi à Sinaïa, mais son nouvel éclat prolonge un faste authentique, et son charme reste celui des contes de fées où il est question de princes et de princesses, qui habitaient un très beau château. Virgil Tanase Les mauvaises surprises du "All inclusive" à la roumaine A fin de contrer l'exode de leurs compatriotes qui choisissent de passer leurs vacances en Turquie, Grèce, Italie, Espagne ou Bulgarie, attirés par les séjours clés en main, en pension complète, buffets copieux,chambres confortables et climatisées, nombreuses animations, piscines impeccables, certains hôtels de la mer Noire ont lancé à grand renfort de publicité des formules "all inclusive " à la roumaine, garantissant à leurs futurs clients que c'en était fini de la pingrerie faisant la mauvaise réputation du tourisme national. Les vacanciers n'ont pas été déçus : chambres vieillottes, sans air conditionné, ménage pas fait, repas répétitifs sans originalité, petits déjeuners à base de parizer (crème de pâté), salami de mauvaise qualité et margarine, piscines non ouvertes ou bassin unique rempli d'eau trouble, distractions inexistantes. Quant aux boissons gratuites promises à volonté, dans le meilleur des cas elles n'étaient servies qu'aux repas, les clients devant autrement se contenter d'un café ou d'un thé. 59 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Voici trente ans, le numéro deux à l'Ouest, devenant le principal Histoire l l CLUJ l l TARGU MURES l TIMISOARA BACAU l BRAN l GALATI l l MARASTI BRAILA PITESTI CRAIOVA l Le tremblement l IASI l ARAD BRASOV l l l l TULCEA l n CONSTANTA BUCAREST l Des tueurs aux trousses 60 Intempéries SUCEAVA SATU MARE ORADEA Ion Mihai Pacepa, né en 1928 à Bucarest, est maintenant citoyen américain et vit aux USA. En 1978, lors de sa défection, il était général deux étoiles, dirigeant la Securitate, conseiller de Ceausescu, chef de son service des renseignements à l'étranger et secrétaire d'État du ministère de l'Intérieur. Dès son arrivée aux Etats-Unis, le président Jimmy Carter lui accorda l'asile politique. Ion Pacepa avait été étudiant en chimie industrielle à l'Université Politehnica de Bucarest, mais quelques mois à peine avant la remise de son diplôme, en 1951, il fut recruté par la Securitate et ne passa son diplôme que quatre ans plus tard. De 1957 à 1960 il devint sous couvert diplomatique "l'honorable correspondant" de l'antenne d'espionnage roumaine en Allemagne de l'Ouest et accéda aux plus hautes fonctions dans les services secrets roumains en 1972. Après être passé à l'Ouest, Pacepa fut deux fois condamné à mort en Roumanie, en septembre 1978. Ceausescu aurait promit une récompense de deux millions de dollars américains à qui le tuerait. Yasser Arafat, qui avait trouvé refuge un temps à Bucarest et Mouammar Kadhafi y auraient ajouté chacun une récompense d'un million de dollars. Au cours des années 1980, la Securitate aurait chargé Carlos, habitué des séjours en Roumanie, de l'assassiner en échange d'un million de dollars. Carlos échoua, mais le 21 février 1980, il fit sauter une partie du siège de Radio Europe Libre à Munich, qui donnait des informations sur le régime de Ceausescu et la défection de Pacepa. (Lire la suite page 62) A u petit matin du 28 juillet 1978, un avion militaire atterrissait discrètement sur l'aéroport de la base Andrew, près de Washington, en provenance d'Allemagne de l'Ouest. A son bord, un unique passager… mais le plus important transfuge de toute l'histoire de la guerre froide: le général Ion Pacepa, numéro deux des services secrets roumains, mais en fait son véritable chef. L'homme, qui vit depuis aux USA, a conservé toute sa part de mystère. Beaucoup de Roumains, même violemment hostiles à Ceausescu, le considèrent toujours comme un traître à son pays. Pacepa demeure un personnage controversé, car il est loin d'avoir l'aura d'un Willy Brandt, choisissant de combattre le nazisme à travers sa patrie, pendant la seconde guerre mondiale, mais en ayant été un résistant de la première heure à Hitler. Pacepa a expliqué les raisons de sa défection dans un livre retentissant, Horizon rouge, traduit dans 27 langues, qui a provoqué une colère noire de Ceausescu et entraîné une purge sans précédent dans les rangs de la Securitate. Le passage à l'Ouest d'un de ses principaux collaborateurs allait ébranler les fondations du régime, entraînant sa chute, le coup de grâce ayant été donné par Gorbatchev. Trente ans exactement après, une enquête du quotidien "Jurnalul National" en dit un peu plus sur les circonstances de la fuite de l'homme qui légitimait les accréditations des quelques 3000 officiers de la Securitate sous ses ordres en signant Mihai Podeanu, et qui fêtera ses 80 ans en octobre prochain. Ordre d'assassiner un journaliste dissident, bête noire de Ceausescu Pacepa, troisième à droite, en retrait avec des lunettes, lors d’une visite avec Ceausescu. Le 22 juillet 1978, Ceausescu avait convoqué Pacepa dans sa villa de la mer Noire où il passait ses vacances. Il voulait discuter des nouvelles fonctions de chef de l'administration présidentielle qu'il allait lui confier et en faisait de facto le numéro trois du régime. La nouvelle devait être annoncée lors de la fête nationale du 23 août. Pacepa devant se rendre à Bonn deux jours plus tard pour remettre un message au chancelier fédéral Helmut Schmidt, Ceausescu en profita pour préciser sa pensée. Il attendait du général que ses services mettent hors d'état de nuire, en organisant son assassinat, le journaliste dissident Noël Bernard, sa bête noire qui dénonçait quotidiennement ses exactions et ridiculisait son culte de la personnalité sur les ondes de Radio Europe Libre (Radio Europa Libera). Emettant depuis Munich, ce poste financé par la CIA puis, après 1971, par le Congrès américain, était très écouté - clandestinement - par les Roumains. Pacepa affirme dans Horizon rouge que lorsqu'il est entré comme officier dans la Securitate, en 1951, il s'était juré de ne jamais participer à une conspiration visant à tuer quelqu'un, même s'il était prêt à toute autre action pour défendre les intérêts de son pays. Brutalement confronté à son serment, Pacepa n'avait plus que quarante huit heures pour trouver une parade. Il décidait de profiter de son voyage en RFA pour passer à l'Ouest. Sa fille Dana l'emmena à l'aéroport en compagnie de ses subalternes des services secrets, la DIE. Il s'était bien gardé de lui confier quoique ce soit pour limiter ses ennuis à venir. A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE Sur fond de différent entre Bucarest et Kiev la Roumanie menacée d'un nouveau désastre A u-delà des inondations de juillet, la Roumanie risque d'être confrontée à un désastre écologique majeur. "Une brèche s'est formée dans la digue de protection du lac Colbu 2 (Judet du Maramures) et l'eau, qui contient des résidus de métaux lourds et probablement du cyanure, s'est déversée dans le lac Colbu 1, représentant un danger pour toute la région, a déclaré, mardi 29 juillet, le président roumain Traian Basescu. Il faut agir rapidement pour empêcher que ce deuxième barrage ne cède aussi, sinon nous risquons d'être confrontés à un désastre écologique". Huit millions de tonnes de déchets Selon le président du conseil départemental du Maramures, Mircea Man, plus de 8 millions de tonnes de déchets miniers contenant des métaux lourds sont stockées dans ces lacs de décantation, dont la fonction est de conserver des eaux polluées. "Si ces résidus s'écoulaient dans les rivières de la région, ils provoqueraient une pollution grave des eaux intérieures, mais aussi transfrontalières", a-t-il averti. La Roumanie a déjà connu, en 2000, un scénario catastrophe comparable. A l'époque, le déversement d'un lac de décantation de Baia Mare, chef lieu du judet , avait provoqué une grave pollution au cyanure. Plusieurs rivières, dont le Danube, avaient été touchées, et des milliers de poissons avaient succombé, notamment en Hongrie. Ce genre de situation est encore plus compliqué à résoudre aujourd'hui, en raison de la communication difficile entre la Roumanie et l'Ukraine voisine. Plusieurs des rivières à l'origine des inondations traversent les deux pays. "Les autorités ukrainiennes nous donnent peu d'informations ou pas du tout, s'est plaint Cristian David, le ministre roumain de l'intérieur. Racisme Nous ne sommes pas avertis et nous ne pouvons que constater les dégâts." Lundi 28 juillet, plusieurs villages situés au nord de la Roumanie ont été envahis par les eaux, et leurs habitants n'ont pu être avertis à temps pour prendre les dispositions nécessaires. Kiev a rejeté la demande de Bucarest, qui souhaitait envoyer des spécialistes côté ukrainien, afin d'être informé des variations de débit des rivières. Une odeur de pétrole et de gaz Les relations entre les deux pays se sont envenimées à cause d'un différend portant sur le partage du plateau continental de la mer Noire, chacune revendiquant la propriété de l'Ile aux serpents. La Roumanie et l'Ukraine ont entamé un procès devant la Cour internationale de justice de La Haye, dont elles attendent la décision dans les mois à venir. La partie du plateau continental au coeur de la querelle, d'une superficie de 12 000 km2, recèlerait environ 100 milliards de mètres cubes de gaz ainsi que du pétrole. "La décision de la Cour de La Haye permettra à la Roumanie et à l'Ukraine de commencer à exploiter ces gisements", affirme Bodgan Aurescu, secrétaire d'Etat auprès du ministre roumain des affaires étrangères. De même, les deux pays s'opposent sur l'exploitation du canal Bistroe que veut approfondir l'Ukraine pour y faire passer ses bateaux sans avoir à emprunter les bras roumains du delta du Danube menant à la mer Noire. Ce creusement menace l'éco-système de la région. Bucarest a obtenu l'arrêt des travaux de La Haye, mais Kiev, après avoir indiqué qu'il se conformerait à cette décision semble ne pas en tenir compte. Mirel Bran (Le Monde) L'assistante maternelle torture et tue l'enfant qu'elle avait en garde Folie meurtrière par haine des Tsiganes U ne assistante maternelle de 38 ans de Bistritsa a tué un garçonnet de 4 ans dont elle avait la garde depuis un an, mort étouffé en ingurgitant de force son repas. L'autopsie a révélé qu'il portait des traces de brûlures de cigarettes sur le corps et d'autres sévices graves, ayant été tailladé avec des ciseaux. L'enfant, d'origine tsigane, lui avait été confié par les services sociaux du judet après que sa mère ait été envoyée voici deux ans en prison pour huit années à la suite d'un vol de bois. La meurtrière, souffrant de troubles psychiques et qui sera soumise à une expertise psychiatrique, a indiqué qu'elle voulait lui faire payer "le fait d'être Tsigane", sa haine ayant décuplée quand elle a appris que sa fille naturelle, âgée de 19 ans, fréquentait un garçon de cette communauté. Elle a été incarcérée dans la même prison que la mère de la petite victime, laquelle, bien que dans un état de choc profond et sous calmants, a pu assister à son enterrement, sous escorte policière. La direction de l'établissement pénitentiaire a fait en sorte que les deux femmes soient séparées et la ville de Bistritsa a pris en charge les frais d'obsèques. Ce drame illustre les carences de la Roumanie dans le domaine de la protection de l'enfance. Devant l'émotion qu'il a suscité à travers le pays, il devrait amener le gouvernement à revoir très prochainement sa législation, ainsi que l'a confié Teodora Bertzi, la secrétaire d'Etat chargée de ce secteur. Les placements sont régis par une loi de 1998 qui exige seulement des assistantes maternelles qu'elles n'aient pas d'autres métiers. Ces personnels sont recrutés après une enquête sommaire et peuvent exercer sans aucune formation professionnelle dans le domaine. Les services sociaux du judet avaient donné dès 2000 leur agrément à l'assistante de Bistritsa, lui confiant deux enfants bien qu'elle ait chassé les siens de sa propre maison, et soit connue dans le voisinage pour ses problèmes avec la boisson. "Elle avait bonne réputation" ont-ils tenté de se justifier. 5 A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE Intempéries SUCEAVA BAIA MARE l ORADEA l l l l ARAD l TIMISOARA IASI l TARGU MURES CLUJ l BISTRITA BACAU l l l SIBIU l BRASOV GALATI l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Dévoré par un ours en plein Brasov 4 Encore des inondations catastrophiques en juillet Fin juillet, un homme de 30 ans a été dévoré par un ours brun a proximité immédiate du centre historique de Brasov et d'une zone au trafic important. Il semble qu'il se soit endormi sur un banc d'une allée où viennent jouer les enfants. Les enquêteurs émettent l'hypothèse qu'il était ivre et que son réveil brusque ait pu effrayé l'animal. Trois équipes de chasseurs ont été mobilisées pour rechercher et abattre l'animal. Une femelle ourse a été tuée quelques heures plus tard, mais l'analyse de ses viscères a montré qu'elle était étrangère à l'agression. Le maire de la ville a déclaré que 45 ours vivaient actuellement dans cette zone, qui ne devrait en abriter qu'un maximum de 20. Il a affirmé qu'il avait déjà alerté, par le passé, le ministère de l'Environnement mais qu'aucune mesure n'avait été prise. Selon les médias, les Carpates roumaines hébergent une population de 7500 ours et des attaques de plantigrades affamés se produisent assez souvent dans les environs de Brasov. En mai dernier, une ourse et son ourson avaient grimpé jusqu'au troisième étage d'un immeuble, en quête de nourriture. En juin 2007, une ourse avait tué une touriste américaine et légèrement blessé une autre dans le centre de la Roumanie. Promeneurs et touristes se montrent souvent imprudents, approchant de près les animaux pour les photographier, leur distribuant de la nourriture afin de les attirer.En mai, les autorités de Brasov ont décidé de sanctionner d'une amende de 1000 lei (300 €) toute personne surprise à leur donner des vivres. L a Roumanie a connu cet été un scénario devenu malheureusement traditionnel ces dernières années: une forte canicule sur l'ensemble du pays (entre 35° et 40° de juin à fin août), entrecoupée d'orages torrentiels causant d'énormes dégâts et des pertes humaines. Ainsi, les inondations de juillet ont fait 22 morts en Ukraine et 5 en Roumanie, tandis que près de 20 000 personnes ont dû être évacuées, dont 13 000 pour la Roumanie. Dans le judet du Maramures (Baia Mare) une mère de 30 ans, son fils et un autre jeune, qui s'étaient réfugiés dans une maison construite sur une colline, sont morts à la suite d'un glissement de terre qui a emporté l'habitation. Deux autres personnes ont été portées disparues après avoir été emportées par les eaux, dont un garçon de 14 ans, que les flots ont arraché des mains de son père. En Ukraine, c'est la région d'IvanoFrankivsk, frontalière de la Roumanie, qui a été la plus touchée par le désastre. Selon le bilan des autorités roumaines, 174 localités ont été affectées et plus de 9200 foyers inondés. Près de 19 000 hectares de cultures ont été touchés, ainsi que 6200 puits, 500 km de routes et un millier de ponts. 3650 soldats et volontaires ont été mobilisés pour construire des digues, évacuer les personnes et les animaux en danger, et pour distribuer des vivres. Six départements du nord-est du pays étaient en première ligne, dont celui de Suceava, le plus sinistré. Dans ce dernier, l'inspecteur général pour les situations d'urgence (IGSU), n'est intervenu qu'avec trois embarcations et sans hélicoptère "parce que c'était suffisant". A Viseu de Sus, dans le Maramu-res, 192 touristes, dont beaucoup d'étrangers, ont eu la peur de leur vie en empruntant la "mocanitsa", le célèbre petit train à vapeur qui serpente dans la vallée de la Vaser. La compagnie privée qui l'exploite n'a pas tenu compte des avertissements des autorités -chaque voyage rapporte 2000 € - laissant partir le convoi sous les trombes d'eau, assurant qu'il ne s'agissait que d'une averse d'été. Le train n'a pas pu redescendre, les passagers bloqués passant une nuit épouvantable, une quarantaine ayant réussi à rejoindre la gare de départ par leurs propres moyens, dans la soirée. Les autres étant secourus plus tard par les autorités. En Roumanie, les dégâts causés par ces inondations répétitives qui sévissent depuis quatre ans et sont la conséquence, notamment, des déforestations massives, devraient durer encore au mois cinq ans. 2013 est en effet le terme de la mise en place du plan de lutte contre ces calamités mis au point dans le cadre d'un projet PHARE financé par l'Europe, mais qui vient juste de débuter. Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte des services secrets roumains passait transfuge de toute la guerre froide de terre Pacepa A l'époque, Tarom terminait sa course à Vienne. L'ambassadeur de Roumanie en Autriche, Dumitru Aninoiu et sa femme, y attendaient leur chef. Tous les deux étaient officiers de la Securitate, le mari coordonnant les actions de la DIE dans cette capitale européenne de l'espionnage, son épouse étant chargée du service des filatures. Le lendemain, Pacepa continuait son voyage, atterrissant à Francfort. Son comité d'accueil était constitué par l'ambassadeur en RFA, Ion Morega, et le chef de l'antenne de la DIE, le général Stefan Constantin. Un taxi pour l'ambassade américaine Les deux hommes l'informèrent qu'ils lui avaient organisé une rencontre le lendemain après-midi avec un ministre de la chancellerie ouest-allemande, afin qu'il lui remette le message de Ceausescu. Ils l'emmenèrent à son hôtel et prirent rendezvous pour le lendemain midi. Mais à l'heure dite, Pacepa n'était plus là. Dès le matin, le général avait sauté dans un train pour Bonn, hélé un taxi pour l'ambassade américaine où il avait demandé aussitôt l'asile politique. A leur stupéfaction, les USA, sans avoir bougé le petit doigt, venaient de mettre la main sur le plus important transfuge de toute la période d'affrontement Est-Ouest. Présenté comme espion du KGB et trafiquant de cigarettes A Bucarest, le choc fut immense. La nouvelle n'y fut confirmée que quelques jours plus tard. Furieux, Ceausescu fit arrêter immédiatement 12 généraux de la Securitate, interrogés dans une caserne pendant 2 semaines. Outre le scandale monumental que la fuite de Pacepa allait provoquer au sein du camp soviétique, il redoutait d'avoir à faire à un complot. Des dizaines d'officiers de la police politique furent démis de leurs fonctions, des centaines, en poste à l'étranger, rappelés. Les ambassades roumaines se vidèrent d'un coup. Les médias occidentaux s'étant emparés de l'affaire, le régime fut bien obligé de réagir. Il déclara que le général félon, démasqué, avait fui seulement quelques heures avant d'être arrêté comme… espion du KGB et trafiquant de cigarettes. Ceausescu lança plusieurs tueurs aux trousses du "traître", mais les Américains l'avaient mis prudemment à l'abri. Pendant trois ans, Pacepa fut soumis à un interrogatoire incessant, invité à tout révéler de ce qu'il connaissait, ce qui est considéré encore comme le plus long "debriefing" de l'histoire. Il collabora alors avec les services secrets américains, ceux de l'OTAN et la DST française - la France était un pays particulièrement infiltré par la Securitate - révélant tous les rouages des services d'espionnage du camp soviétique. Pacepa ne reçut la nationalité américaine qu'en 1988, ce qui tend à prouver qu'il n'y avait pas eu anguille sous roche et qu'il n'avait pas été recruté par la CIA dès avant sa défection. Cela n'empêche pas de penser qu'il fut et demeure l'un des personnages les plus mystérieux du régime Ceausescu. A Francfort, avec des collègues roumains également espions. Repéré à cause des bavardages d'une femme de ménage de la CIA Une seule fois, la Securitate fut sur le point de retrouver la trace de son ancien chef, à la suite d'une histoire rocambolesque et toujours pas bien éclaircie. En 1980, Nicolae Horodinca, diplomate en poste à Washington et officier de la DIE, fit lui aussi défection avec sa famille, demandant l'asile politique aux USA. C'était un 2ème coup dur pour Ceausescu. Le nouveau transfuge révéla qu'un de ses collègues en poste à l'ambassade, le général Bebe Tanasescu était en fait chargé de surveiller la diaspora roumaine d'Outre-Atlantique. Ce dernier sera prié de regagner immédiatement Bucarest… y devenant d'ailleurs après la "Révolution" chef adjoint du SIE (Service d'Information extérieure) qui prit le relais de la Securitate. Mais apparemment en désaccord avec son mari, la femme d'Horodinca, Cristina, frappa un beau matin à la porte de l'ambassade roumaine à Washington, en compagnie de son enfant, demandant à rentrer au pays. Conduite immédiatement et sous bonne garde à l'aéroport, elle s'y évanouit et changea d'avis… avant de se raviser à nouveau et d'embarquer. Au cours de son interrogatoire à Bucarest, elle révéla que pendant la période où elle était avec son mari sous la protection des services secrets américains, elle s'était liée d'amitié avec une femme de ménage opérant pour la CIA, vraisemblablement d'origine serbe, chargée de l'entretien des résidences où étaient mis à l'abri les transfuges du bloc soviétique. Lors d'une promenade, celle-ci lui indiqua une maison, où habitait un de ses compatriotes répondant au nom de Pall Michell. Il s'agissait en fait de Ion Pacepa, qui, ce jour-là, était absent. Mis au courant, les Américains s'empressèrent de déménager le général et de lui donner une nouvelle vie et identité. Les morts "mystérieuses" de Radio Europa Libera Ceausescu n'était pas au bout de ses peines. En 1987, Pacepa lançait un nouveau pavé dans la mare en publiant ses mémoires d'un chef espion communiste, véritable roman de cape et d'épée au succès planétaire, baptisé Horizon rouge. Radio Europa Libera le passa sous forme de feuilleton, malgré les menaces de mort formulées préalablement à l'encontre du rédacteur en chef de son service roumain, Vlad Georgescu. (Lire la suite page 62) 61 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE l ORADEA l l BOTOSANI l BAIA MARE SUCEAVA l ARAD l TARGU MURES CLUJ l l BACAU l l TIMISOARA BRASOV PITESTI CRAIOVA l GALATI l SIBIU IASI l l BRAILA l l TULCEA l n CONSTANTA BUCAREST l (suite de la page 60) Le coup de grâce avec "Horizon rouge" 62 Cette dernière fut un coup terrible pour le régime, alors que son isolement s'accroissait et sa croissance économique s'arrêtait. La Securitate en fut déstabilisée, devint plus vulnérable aux infiltrations des services de renseignements étrangers et commença à perdre le contrôle du pays. Pour éviter de nouvelles défections, Ceausescu confia à sa femme Elena et à d'autres membres de sa famille des postes importants dans le gouvernement, accroissant un népotisme qui allait contribuer à sa chute. La publication d'Horizon Rouge en 1987 acheva de discréditer le dictateur aussi bien à l'étranger qu'en Roumanie. Le 25 décembre 1989, les Ceausescu furent condamnés à mort à l'issue d'un simulacre de procès où une partie des accusations avaient été extraites textuellement de ce livre. Il fallut cependant attendre le 7 juillet 1999 pour qu'une décision de la Cour suprême de Roumanie annule les condamnations à mort de Pacepa, lui restitue son grade dans l'armée et ordonne que ses biens confisqués lui soient restitués. Mais le gouvernement refusa de se plier à cet arrêt, déclenchant une série d'articles en Europe de l'Ouest où l'on constatait que la Roumanie n'était toujours pas devenue un pays de droit. Finalement, ce n'est qu'en décembre 2004 que le gouvernement roumain rendra discrètement à Pacepa son grade de général. A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE (suite de la page 61) Roumanie et la Bulgarie a été rendu public fin juillet Les répercussions et l'agitation provoquées par cette diffusion furent énormes en Roumanie. Mais Vlad Georgescu en paya le prix, mourrant mystérieusement d'un cancer foudroyant un an plus tard, comme cela avait déjà été le cas de son collègue, Noël Bernard, décédé en 1981, à l'âge de 56 ans. Six jours après l'exécution des Ceausescu, le 1er janvier 1990, le représentant du Congrès américain Frank Wolf débarquait à Bucarest pour réclamer l'élargissement de la fille de Pacepa et de son mari, Radu, qui vivaient depuis dix ans sous le régime de liberté surveillée. Dana retrouvait son père cinq jours plus tard à l'aéroport de Washington au cours d'une cérémonie retransmise en direct à la télévision américaine et dans 45 autres pays. Immédiatement après la mort de Vlad Georgescu, Radio Europa Libera nommait son successeur, Nestor Ratesh. Ion Mihai Pacepa l'avait invité aussitôt afin de lui indiquer comment la Securitate utilisait des armes radioactives pour se débarrasser de ses ennemis. Après trois ans d'études des archives disponibles de l'ancienne police politique, Nestor Ratesh doit publier prochainement un livre racontant les assassinats de ses prédécesseurs. l'Union Européenne ferme les yeux Humour Elémentaire -Bula, pourquoi veux-tu venir en France ? T'es pas bien en Roumanie ? -On s'plaint pas. -Ton boulot ne te plait pas ? - On s'plaint pas. -C'est ton logement qu'est pas bien ? - On s'plaint pas. -Peut-être tu manges mal ? - On s'plaint pas. -Les filles sont pas sympa ? -On s'plaint pas. -Alors, c'est que tu gagnes pas assez! -On s'plaint pas. -Bon sang, j'y comprends plus rien ! Peux-tu me dire à la fin pourquoi tu veux venir en France? -Parce qu'on m'a dit que là-bas on n'arrête pas de se plaindre. Chef Le chef rentre dans un bureau, raconte une blague et tous les employés se mettent à rire en se tapant sur le ventre… sauf un. -Pourquoi tu ne ris pas ? lui demandent ses collègues -J'en ai plus rien à faire… Je change de boulot demain. Justification -Pourquoi y-a-t-il des Roumains qui votent toujours communistes ? -Parce qu'ils espèrent obtenir l'asile politique. l'intégrité et la justice, renforcer la légitimité politique des autorités et la confiance des investisseurs". Vaste programme. L'impérative nécessité d'un signal fort Dans l'ensemble des pays de la région, la réforme de la justice et la lutte contre la corruption reste un défi. Principal problème, la qualité des lois et leur application. Pour se mettre en conformité avec les "normes européennes", les gouvernements font adopter par leurs Parlements des lois sur la réforme de la justice, la corruption, le blanchiment d'argent ou la confiscation de biens acquis par des individus soupçonnés d'association criminelle. Mais, ces lois, parfois incomplètes ou spécieuses, restent, la plupart du temps, lettre morte, faute d'une véritable sépara- tion des pouvoirs et d'un État de droit pour les mettre en œuvre. Monica Macovei cite le cas d'un décret d'urgence du gouvernement roumain du mois de février 2007 suspendant l'application de la loi sur les faillites pour vingt-neuf sociétés et d'un décret similaire du mois de mars 2007 reportant l'application de plusieurs de ses amendements portant sur la transparence des donations aux partis politiques. En Roumanie, la nomenklatura se moque bien que Bruxelles la gronde de temps en temps, l'envoie au coin, puisse à rigueur lui montrer la porte de la classe. Depuis le 1er janvier 2007, elle est assurée que personne n'osera la renvoyer de l'école et qu'elle peut donc continuer en toute impunité ses affaires. Tant que l'UE n'enverra pas un signal fort, il n'y a aucune raison pour que cela change. (Lire également notre dossier pages 6 à 11) Blagues à la roumaine Décès à 91 ans de Iosif Constantin Dragan considéré comme le Roumain le plus riche Une faim de crocodile Funar, l'ancien maire de Cluj (connu pour sa haine farouche des Hongrois), entre dans un bar, tenant en laisse un crocodile: -Excusez-moi, dans ce bar on sert aussi des Hongrois ? -Bien sûr, Monsieur le maire ; ici on ne fait aucune discrimination… -Très bien… Alors apportez-moi un demi et servez deux Hongrois à mon crocodile. Délicatesse -Bonsoir… C'est bien Radio Erevan? -Oui, cher auditeur… Nous vous écoutons. -Eh bien, voilà, j'ai trouvé un portefeuille avec 10 000 € dedans et une carte d'identité au nom de Cornel Georgiu… -Bon… Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous ? -Oh rien; je voulais seulement le remercier. A Priori Bula arrive à la gare du Nord à Bucarest et s'installe dans un taxi. -Où est-ce que je vous conduis ? - A Priori, s'il vous plaît ! -Comment çà à priori ? s'exclame le chauffeur, interloqué. -Oui, oui, c'est çà. On m'a dit qu'à Priori, à Bucarest, on trouve toujours de tout. Une page sombre de la Roumanie du XXème siècle L e milliardaire Iosif Constantin Dragan est décédé à l'âge de 91 ans à Palma de Mallorca. Ayant fait fortune dans l'industrie pétrolière, les transports, l'immobilier et l'édition, il était considéré depuis plusieurs années comme le Roumain le plus riche, ses avoirs étant estimés à 1,5 milliard d'euros, devançant nettement l'ancien tennisman Ion Tiriac (un milliard d'euros). Né à Lugoj en 1917, le jeune homme, après avoir terminé son Droit à Bucarest, avait obtenu en 1941 une bourse pour aller étudier à l'université de Rome à l'époque de Mussolini. Il en profitera pour monter sa première société qui exportera du pétrole roumain à l'Italie fasciste, tout en montrant sa fascination pour cette idéologie et sa version roumaine de la Garde de fer. De retour en Roumanie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il crée en 1948 une compagnie de distribution de gaz méthane, Butan Gas, mais la prise en main du pays par les communistes l'oblige à s'exiler pendant trente ans. En 1967, le Roumain exilé pose les bases d'une fondation à son nom, la "Fondation Européenne Dragan" destinée à promou- voir les valeurs de la société roumaine dans un esprit nationaliste qui sierra à Ceausescu, devenant un peu plus tard un collaborateur semi-officiel de son régime. Cette proximité lui permet d'avoir accès à des archives inédites concernant la dictature d'Antonescu (1940-1944), dont il est un prosélyte, et de rédiger une biographie très complaisante du maréchal. Parallèlement, Dragan a créé deux maisons d'édition, tout d'abord en Italie puis, après 1990, en Roumanie. La chute de Ceausescu et l'affairisme qui accompagne la transition lui laissent les coudées franches pour développer ses affaires dans son pays natal. Devenu milliardaire, il contrôle une station de télévision roumaine, Radio Nova FM, un hebdomadaire, "Redesteptarea" ("Le Nouveau Réveil"), un quotidien régional, "Renasterea Banateana" ("La Re-naissance du Banat"), dont les titres laissent percer des relents d'idéologie extrémiste. Dragan ne s'en cache pas puisque, peu après la "Révolution", il finance les premiers pas de Vadim Tudor et Eugen Barbu qui lancent le journal "Romania Mare" ("La Grande Roumanie"), avant de fonder le parti xénophobe et ultranationaliste du même nom. Il a créé d'ailleurs avec eux la "Ligue du Maréchal Ion Antonescu", qui prendra le nom de "Ligue des Maréchalistes", après l'adoption d'une loi interdisant le culte de la personnalité des individus coupables de crimes contre l'Humanité. Dragan a également ouvert l'Uni-versité Européenne Dragan dans sa ville natale de Lugoj, un établissement privé dont il était propriétaire et où sa dépouille a été exposée, avant son inhumation. En 1995, alors âgé de 78 ans, le milliardaire avait épousé Daniela Veronica Gusa, 22 ans, fille du général Stefan Gusa, ancien chef d'état-major de l'Armée roumaine sous Ceausescu (19861989), dont il a eu trois enfants. La lutte pour son héritage avec un fils d'un précédent mariage mais qu'il ne voyait plus on lui a interdit l'entrée à ses obsèques est déjà commencée. A elle seule, la carrière de Iosif Constantin Dragan illustre les moments les plus sombres de l'histoire de la Roumanie au XXème siècle: le fascisme, la collaboration avec les communistes, l'affairisme débridée de la nouvelle nomenklatura sur le dos du pays. Trois maux qui se sont souvent nourris d'un même nationalisme-chauvinisme tapageur, tenant lieu de justification. Dragan a fait édifier près d'Orsova, port sur le Danube, une immense statue de Decebal, considéré comme le fondateur de la Dacie, haute de 45 m et qui est toujours la plus grande sculpture en pierre d'Europe. 3 A la Une Les NOUVELLES de ROUMANIE Bruxelles BAIA MARE ORADEA l l l ARAD l TIMISOARA l IASI l TARGU MURES CLUJ l l BACAU l SIBIU l BRASOV GALATI l l BRAILA LUGOJ PITESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Mieux vaut parler de la protection des phoques... 2 Le rapport de pays sur la Corruption et justice: SUCEAVA l L'exécutif européen avait refusé en 2006 de repousser l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie du 1er janvier 2007 au 1er janvier 2008, comme elle en avait la possibilité, en raison des insuffisances criantes de leur Etat de droit, résistant aux nombreuses pressions qui s'étaient exercées dans ce sens. Aujourd'hui, il apparaît que cet élargissement a été bâclé. Certes, la responsabilité majeure en revient aux dirigeants des deux pays en cause qui, une fois leur bon d'entrée en poche, se sont empressés de ne pas respecter leurs engagements de réforme. Mais la Commission, qui s'est abstenue obstinément de taper du poing sur la table, ne peut s'exonérer de toute part. Elle s'en mord les doigts mais, prise dans un engrenage diplomatique, semble impuissante à leur faire rectifier le tir. Parmi les journalistes en poste à Bruxelles, on évoque de plus en plus souvent la forte proximité qui s'est établie entre le gouvernement roumain, ses groupes de pression et l'administration européenne. Fin juillet, lors de la présentation des rapports de pays tant attendus, aucun commissaire européen n'a osé venir s'expliquer devant les médias, préférant laisser deux porte-paroles s'acquitter de cette tâche ingrate. En revanche, quelques instants auparavant, Stavros Dimas, le commissaire chargé de l'Environnement, avait trouvé le temps de faire une longue conférence de presse sur la protection des phoques… Infos pratiques Les NOUVELLES de ROUMANIE L a Commission européenne a rendu fin juillet, son rapport sur l'état du pays en Roumanie. Selon le porte-parole de la CE, Johannes Laitenberger, "les éléments fondamentaux fonctionnent, mais les bases sont fragiles et les décisions concernant la grande corruption sont trop politisées". On peut aussi lire dans ce rapport que la lutte anti-corruption "commence à produire des premiers résultats", mais que "l'avancée des réformes continue d'être peu constante et qu'il n'existe toujours pas de condamnations définitives dans les cas de grande corruption". En conclusion, la CE affirme que la clause de sauvegarde prévue dans le traité d'adhésion et synonyme de sanctions n'est pas à l'ordre du jour. Mais que "le mécanisme de coopération et de vérification de l'Union Européenne restera nécessaire pour un certain temps". La CE rendait également son rapport sur la situation de la Bulgarie, se montrant nettement plus sévère. Considérant qu'elle est gangrenée par la mafia et la corruption sans rien vraiment entreprendre pour y remédier, elle l'a sanctionnée, gelant 800 millions d'euros d'aide financière, dans l'attente de la voir prendre des mesures adéquates. Pour la première fois Bruxelles a appliqué des traitements différents à Bucarest et Sofia, dont le sort était jusqu'ici lié, espérant que les sanctions prises à l'encontre de la seconde feront réfléchir la première. Cette méthode avait été ébauchée au moment de l'adhésion, mais cette fois-là, c'était la “C’est très bien, ils nous ont juste tiré les oreilles... Mais tu as vu Roumanie qui était menacée de voir sa candidature ce que les Bulgares ont pris !” ajournée, ayant pris du retard sur sa voisine dans la Gazdaru mise en place des réformes exigées. Toutefois, les conclusions de Bruxelles paraissent bien édulcorées en ce qui concerne la Roumanie. Sans-doute faut-il y voir là la proximité des échéances électorales dans ce pays, avec les législatives qui se profilent, et les nombreuses pressions que l'UE a dû subir dans ce sens: un carton jaune aurait mis dans l'embarras le gouvernement actuel, bien mal en point auprès de l'opinion publique, et faciliter la tâche des anciens communistes du PSD, qui rêvent de revenir au pouvoir. Les "gros poissons" des tous bords peuvent donc continuer à nager tranquillement dans les eaux de la corruption, avec la complicité de leur justice, assuré que Bruxelles fermera les yeux. "La corruption doit être traitée comme l'ennemi public numéro un" Bruxelles peut-elle renouveler indéfiniment sa confiance à ses deux derniers membres et donner un blanc-seing à ceux qui frappent à sa porte ? Il faut rappeler que, trois mois après son adhésion à l'Union Européenne, le gouvernement roumain a révoqué son ministre de la justice, l'intrépide Monica Macovei, 49 ans, pourtant issue d'une nomenklatura qui a su bien profiter d'une transition menant à des enrichissements scandaleux, parce qu'elle menaçait de nombreux intérêts en s'attaquant à la corruption. Son successeur, un ancien avocat conseil de la société russe Gazprom, a tenté de renvoyer le procureur anti-corruption, Daniel Morar, qui enquêtait sur ses sponsors politiques. Toujours sur la sellette, ce dernier est sans-arrêt menacé de destitution, les anciens communistes faisant même de son éviction la condition impérative du déblocage de la situation politique actuelle. Finalement, il a été démis de ses fonctions. "À l'avenir, tout dépendra des progrès de l'État de droit et de la gouvernance dans ces pays", affirme Antonio Maria Costa, directeur de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (Onudc).La politique et les affaires doivent être mieux isolées de l'influence corrosive de la criminalité, spécialement de la criminalité économique. La corruption doit être traitée comme l'ennemi public numéro un pour renforcer ABONNEMENT CHANGE* (en nouveaux lei: RON) Euro= 3,53 RON (1 RON = 0,28 €) Franc suisse = 2,18 RON Dollar = 2,39 RON Forint hongrois 100 HUF=1,49 RON (1 € = 238 forints) *Au 1er septembre 2008 Les NOUVELLES de ROUMANIE Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Entreprises, administrations : 100 € TTC / an Associations et particuliers : 80 € TTC / an Multi-abonnement Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement. Numéro 49, sept.-octobre 2008 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 E-mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : Laurent Couderc, Jonas Mercier, François d’Alençon, Liviu Florea, Mircea Vasilescu, Luca Niculescu, Cornel Ivanciuc, Michel Bührer, Jacques-Marie Voslin, Florentina Ciuverca, Olivier Mélennec, Matthieu Delaunay, Benjamin Ribout, Jean-Simon Gagné, Virgil Tanase, Ramona Delcea, Ion Barbu, Vali, Gazdaru. Autres sources : agences de presse et presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, Regard, j’habite en Roumanie.com Le Courrier des Balkans, sites internet, télévisions roumaines, fonds de documentation ADICA. Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 € à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €). Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 € Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €). Nom:………………………………………………………………………… Adresse:…………………………………………………………………….. Code postal:.......................Ville…………………….................................... Pays:.................................Tel:………………........ Fax:…………………… E-mail:……………………………………. Cachet, signature : Paiement Impression : Helio Graphic 2 rue Gutenberg 44 981 Sainte-Luce sur Loire Cedex Numéro de Commission paritaire: 1112 G 80172; ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro: début nov. France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA. Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire sans frais. Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros). Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie, 44 300 NANTES - France. 63 Numéro 49 - septembre - octobre 2008 Les NOUVELLES de ROUMANIE Le triomphe de Georgeta Andrunache et Viorica Susanu aux J.O. de Pékin Les NOUVELLEs ROUMANIE Neuf médailles d'or à deux ! G eorgeta Andrunache et Viorica Susanu ont été sacrées championnes olympiques d'aviron en deux sans barreuse, après avoir fait la course en tête de bout en bout, devançant la Chine qui espérait sa première médaille d'or de son histoire dans cette discipline, et l'équipage biélorusse. Cette victoire illustre la prédilection de la Roumanie pour ce sport où elle compte désormais 35 médailles à son palmarès. Avec cinq médailles d'or olympiques, obtenues dans plusieurs catégories et avec différents partenaires, Georgeta Andrunache, 32 ans, a égalé le record mythique de sa compatriote Elisabeta Lipa et du Britannique Steve Redgrave. Elle a manqué de peu de rentrer dans la légende de l'aviron en échouant le lendemain dans la conquête d'un sixième titre qui semblait ouvrir les bras au huit + 1 roumain, que celui-ci détenait depuis deux olympiades. Au cours de celles-ci, la Roumanie avait d'ailleurs été le pays le plus titré en aviron. Sa coéquipière Viorica Susanu, 33 ans, originaire de Galati, sur le Danube, n'est pas en reste, puisqu'elle détient quatre médailles d'or. A elles deux, les deux Roumaines totalisent neuf médailles d'or olympiques… Accessoirement, elles sont également chacune quintuple championne du monde ! Leur performance à Pékin est d'autant plus méritoire qu'elles s'étaient retirées de la compétition après les Jeux d'Athènes en 2004, effectuant leur retour sur l'eau seulement en 2007. Elle est aussi une récompense pour ces deux femmes - Georgeta est mère de famille - qui consacrent onze mois de l'année à leur entraînement sur le lac Snagov, dans la banlieue nord de Bucarest, au rythme de deux sorties quotidiennes par tous les temps, effectuant 60 kilomètres à plus de 20 km/h. 64 Le directeur d'école et le pope pour convaincre ses parents Fille de paysan, Georgeta Andrunache, "Ghica" pour ses proches, est native d'un village de Moldavie, Dracsani, dans le judet de Botosani. Gamine, elle s'échappait pour aller nager dans un lac voisin. Les pêcheurs du coin se souviennent bien de cette frêle adolescente qui empruntait souvent une barque et tirait rageusement sur les rames. De retour des travaux des champs, Ghica faussait encore compagnie à ses parents, non pas pour aller retrouver les enfants du village, mais pour sauter dans une embarcation. Son père n'avait pas dit "ouf"… qu'elle était déjà au milieu du lac. Le tournant de sa vie se produisit en 1986, alors qu'elle avait tout juste douze ans. Un recruteur de Bucarest était en tournée dans la région pour repérer d'éventuels talents. L'apprenant, Ghica, sans rien dire à ses parents, s'éclipsa discrètement, les laissant à leurs travaux pour se joindre au test en cours. La fillette fut la seule sélectionnée parmi une vingtaine de candidats, mais ses parents ne voulurent rien entendre: "On a besoin d'elle aux champs ; qui va nous donner un coup de main ?" se lamentèrent-ils. Ghica s'enfuit alors pour pleurer dans le jardin. Le recruteur, qui avait été fortement impressionné par sa démonstration, n'était cependant pas prêt à lâcher le morceau et mobilisa le directeur de l'école et le pope pour finalement les convaincre. C'est ainsi que la petite paysanne prit le chemin de la capitale et de son club, le Dinamo. La grande championne Elisabeta Lipa, qui vivait dans un village au bord du Prut, avait été découverte de la même façon. Le jour de la finale de Pékin, la mère de Georgeta est allée allumée un cierge et prier à l'église du village, tandis que son père, qui avait passé son costume du dimanche, se promenait dans le bourg, répétant avec fierté: "Qui aurait crû çà, voici vingt ans ? Elle est partie d'ici maigre comme un fil de fer, d'un village oublié du reste du monde, et aujourd'hui toute la Roumanie n'a d'yeux que pour elle. Il ne peut rien arriver de mieux à des parents !". de SOMMAIRE Lettre d’information bimestrielle A la Une Rapport de pays de l’UE Innondations, faits divers "C'est mal… mais continuez !" 2à5 Actualité Bruxelles et la corruption 6 à 11 Moldavie 12 à 13 Opinions, politique 14 et 15 Economie, Social 16 à 21 Société Evénements Faits divers Vie quotidienne Insolite Enseignement Santé Emigration Religion, environnement J. O. Pékin et Sports 22 à 24 25 26 à 28 29 30 à 31 32 et 33 34 et 35 36 et 37 38 à 45 Connaissance et découverte Livres, Littérature Cinéma, Musique, Musées Médias, Tribune Sciences, Courrier lect. Tourisme Histoire, Humour Coup de coeur 46 à 50 51 à 53 54 et 55 56 et 57 58 et 59 60 à 63 64 L es amis de la Roumanie ont plaidé pour son admission au sein de l'UE dès 2007, afin de ne pas laisser désespérer plus longtemps les Roumains. Il s'agissait d'un acte de foi car tous les arguments militaient en faveur d'un ajournement: atteintes au fonctionnement d'une vraie démocratie et d'un véritable état de droit, corruption généralisée au plus haut niveau gangrenant toute l'administration… Le feu vert finalement donné à Bucarest, après des débats intenses et un doute maintenu jusqu'à quelques semaines de l'échéance, était un pari sur l'avenir, qualifié de décision politique : encadrées avec fermeté par Bruxelles qui les auraient à l'oeil, les autorités roumaines seraient bien contraintes de se conformer aux règles communes à l'UE, même si cela demandait un peu de temps. C'est aussi et surtout ce qu'espérait l'immense majorité des Roumains, qui avaient abandonné depuis longtemps tout sentiment de confiance dans leurs dirigeants. Le jeu en valait la chandelle ! Malheureusement... dès l’adhésion en poche, Bucarest s'est empressé de n'en rien faire et a renoué de plus belle avec ses travers. Au point que la situation de la justice et de la corruption ont empiré depuis.Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Hélas !... Le comble est de voir la commission européenne, dans son dernier rapport, remis fin juillet, quasiment fermer les yeux sur ces déviances graves et répétées, au lieu de les sanctionner, contrairement à ce qu'elle avait claironné dès le début, en prenant des mesures fortes, comme l'activation de la clause de sauvegarde, entraînant la suspension des subventions, des négociations en vue de l'entrée dans la zone euro. Sa publication avait pourtant été retardée de plusieurs mois pour donner le temps à Bucarest de s'adapter. Bruxelles s'y contente d'une réprimande finalement amicale, sans conséquence - qui a paru même bienvenue aux dirigeants roumains ! - du style "peut mieux faire", largement compensée par des encouragements à continuer "les réformes". Comme d'habitude, à Bucarest, on s'est empressé de n'y voir que la partie pleine du verre. Et, en sous-main, une invitation à continuer. Continuer à bafouer les principes élémentaires d'une bonne gouvernance, continuer à se servir sur le dos des contribuables européens, continuer à voler le pays. Et surtout continuer à désespérer les Roumains qui veulent que les choses changent, les étudiants et les jeunes qui ne voient d'horizon qu'à l'étranger, les travailleurs qui aimeraient tant rester chez eux. Oui, c'est là un bien mauvais signal que Bruxelles a envoyé. Pas seulement à la Roumanie, mais aussi aux ressortissants des autres pays encore candidats à l'UE et qui redoutent que l'opinion publique européenne, devant ce renoncement de la Commission, ne renvoie tout nouvel élargissement aux calendes grecques. Henri Gillet