Édition 2008-09-01 (PDF document)

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Édition 2008-09-01 (PDF document)
Numéro 49 - septembre - octobre 2008
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le triomphe de Georgeta Andrunache
et Viorica Susanu aux J.O. de Pékin
Les
NOUVELLEs
ROUMANIE
Neuf médailles d'or à deux !
G
eorgeta Andrunache et Viorica Susanu ont été
sacrées championnes olympiques d'aviron en
deux sans barreuse, après avoir fait la course en
tête de bout en bout, devançant la Chine qui espérait sa première médaille d'or de son histoire dans cette discipline, et
l'équipage biélorusse. Cette victoire illustre la prédilection
de la Roumanie pour ce sport où elle compte désormais 35
médailles à son palmarès.
Avec cinq médailles d'or olympiques, obtenues dans plusieurs catégories et avec différents partenaires, Georgeta Andrunache, 32 ans, a égalé le record
mythique de sa compatriote Elisabeta Lipa et du Britannique Steve Redgrave. Elle a manqué
de peu de rentrer dans la légende de l'aviron en échouant le lendemain dans la conquête d'un
sixième titre qui semblait ouvrir les bras au huit + 1 roumain, que celui-ci détenait depuis deux
olympiades. Au cours de celles-ci, la Roumanie avait d'ailleurs été le pays le plus titré en aviron. Sa coéquipière Viorica Susanu, 33 ans, originaire de Galati, sur le Danube, n'est pas en reste, puisqu'elle détient quatre
médailles d'or.
A elles deux, les deux Roumaines totalisent neuf médailles d'or olympiques… Accessoirement, elles sont également chacune
quintuple championne du monde ! Leur performance à Pékin est d'autant plus méritoire qu'elles s'étaient retirées de la compétition
après les Jeux d'Athènes en 2004, effectuant leur retour sur l'eau seulement en 2007. Elle est aussi une récompense pour ces deux
femmes - Georgeta est mère de famille - qui consacrent onze mois de l'année à leur entraînement sur le lac Snagov, dans la banlieue nord de Bucarest, au rythme de deux sorties quotidiennes par tous les temps, effectuant 60 kilomètres à plus de 20 km/h.
64 Le directeur d'école et le pope pour convaincre ses parents
Fille de paysan, Georgeta Andrunache, "Ghica" pour ses
proches, est native d'un village de Moldavie, Dracsani, dans le judet
de Botosani. Gamine, elle s'échappait pour aller nager dans un lac
voisin. Les pêcheurs du coin se souviennent bien de cette frêle adolescente qui empruntait souvent une barque et tirait rageusement sur
les rames. De retour des travaux des champs, Ghica faussait encore
compagnie à ses parents, non pas pour aller retrouver les enfants du
village, mais pour sauter dans une embarcation. Son père n'avait pas
dit "ouf"… qu'elle était déjà au milieu du lac.
Le tournant de sa vie se produisit en 1986, alors qu'elle avait
tout juste douze ans. Un recruteur de Bucarest était en tournée dans
la région pour repérer d'éventuels talents. L'apprenant, Ghica, sans
rien dire à ses parents, s'éclipsa discrètement, les laissant à leurs travaux pour se joindre au test en cours. La fillette fut la seule sélectionnée parmi une vingtaine de candidats, mais ses parents ne voulurent rien entendre: "On a besoin d'elle aux champs ; qui va nous
donner un coup de main ?" se lamentèrent-ils. Ghica s'enfuit alors pour pleurer dans le jardin.
Le recruteur, qui avait été fortement impressionné par sa démonstration, n'était cependant pas prêt à lâcher le morceau et mobilisa le directeur de l'école et le pope pour finalement les convaincre. C'est ainsi que la petite paysanne prit le chemin de la capitale et de son club, le
Dinamo. La grande championne Elisabeta Lipa, qui
vivait dans un village au bord du Prut, avait été
découverte de la même façon.
Le jour de la finale de Pékin, la mère de
Georgeta est allée allumée un cierge et prier à l'église du village, tandis que son père, qui avait passé son costume du dimanche, se promenait dans le bourg, répétant avec fierté: "Qui
aurait crû çà, voici vingt ans ? Elle est partie d'ici maigre comme un fil de fer, d'un village oublié du reste du monde, et aujourd'hui toute la Roumanie n'a d'yeux que pour elle. Il ne peut rien arriver de mieux à des parents !".
de
SOMMAIRE
Lettre d’information bimestrielle
A la Une
Rapport de pays de l’UE
Innondations, faits divers
"C'est mal… mais continuez !"
2à5
Actualité
Bruxelles et la corruption
6 à 11
Moldavie
12 à 13
Opinions, politique
14 et 15
Economie, Social
16 à 21
Société
Evénements
Faits divers
Vie quotidienne
Insolite
Enseignement
Santé
Emigration
Religion, environnement
J. O. Pékin et Sports
22 à 24
25
26 à 28
29
30 à 31
32 et 33
34 et 35
36 et 37
38 à 45
Connaissance
et découverte
Livres, Littérature
Cinéma, Musique, Musées
Médias, Tribune
Sciences, Courrier lect.
Tourisme
Histoire, Humour
Coup de coeur
46 à 50
51 à 53
54 et 55
56 et 57
58 et 59
60 à 63
64
L
es amis de la Roumanie ont plaidé pour son admission au sein de l'UE dès
2007, afin de ne pas laisser désespérer plus longtemps les Roumains. Il
s'agissait d'un acte de foi car tous les arguments militaient en faveur d'un
ajournement: atteintes au fonctionnement d'une vraie démocratie et d'un véritable état
de droit, corruption généralisée au plus haut niveau gangrenant toute l'administration… Le feu vert finalement donné à Bucarest, après des débats intenses et un doute
maintenu jusqu'à quelques semaines de l'échéance, était un pari sur l'avenir, qualifié
de décision politique : encadrées avec fermeté par Bruxelles qui les auraient à l'oeil,
les autorités roumaines seraient bien contraintes de se conformer aux règles communes à l'UE, même si cela demandait un peu de temps. C'est aussi et surtout ce qu'espérait l'immense majorité des Roumains, qui avaient abandonné depuis longtemps tout
sentiment de confiance dans leurs dirigeants. Le jeu en valait la chandelle !
Malheureusement... dès l’adhésion en poche, Bucarest s'est empressé de n'en rien
faire et a renoué de plus belle avec ses travers. Au point que la situation de la justice
et de la corruption ont empiré depuis.Les promesses n'engagent que ceux qui y croient.
Hélas !... Le comble est de voir la commission européenne, dans son dernier rapport, remis fin juillet, quasiment fermer les yeux sur ces déviances graves et répétées,
au lieu de les sanctionner, contrairement à ce qu'elle avait claironné dès le début, en
prenant des mesures fortes, comme l'activation de la clause de sauvegarde, entraînant
la suspension des subventions, des négociations en vue de l'entrée dans la zone euro.
Sa publication avait pourtant été retardée de plusieurs mois pour donner le temps
à Bucarest de s'adapter. Bruxelles s'y contente d'une réprimande finalement amicale,
sans conséquence - qui a paru même bienvenue aux dirigeants roumains ! - du style
"peut mieux faire", largement compensée par des encouragements à continuer "les
réformes". Comme d'habitude, à Bucarest, on s'est empressé de n'y voir que la partie
pleine du verre. Et, en sous-main, une invitation à continuer. Continuer à bafouer les
principes élémentaires d'une bonne gouvernance, continuer à se servir sur le dos des
contribuables européens, continuer à voler le pays. Et surtout continuer à désespérer
les Roumains qui veulent que les choses changent, les étudiants et les jeunes qui ne
voient d'horizon qu'à l'étranger, les travailleurs qui aimeraient tant rester chez eux.
Oui, c'est là un bien mauvais signal que Bruxelles a envoyé. Pas seulement à la
Roumanie, mais aussi aux ressortissants des autres pays encore candidats à l'UE et qui
redoutent que l'opinion publique européenne, devant ce renoncement de la
Commission, ne renvoie tout nouvel élargissement aux calendes grecques.
Henri Gillet
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Bruxelles
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Mieux vaut parler
de la protection
des phoques...
2
Le rapport de pays sur la
Corruption et justice:
SUCEAVA
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L'exécutif européen avait refusé
en 2006 de repousser l'adhésion de
la Roumanie et de la Bulgarie du 1er
janvier 2007 au 1er janvier 2008,
comme elle en avait la possibilité, en
raison des insuffisances criantes de
leur Etat de droit, résistant aux nombreuses pressions qui s'étaient exercées dans ce sens. Aujourd'hui, il
apparaît que cet élargissement a été
bâclé. Certes, la responsabilité
majeure en revient aux dirigeants
des deux pays en cause qui, une fois
leur bon d'entrée en poche, se sont
empressés de ne pas respecter leurs
engagements de réforme. Mais la
Commission, qui s'est abstenue obstinément de taper du poing sur la
table, ne peut s'exonérer de toute
part. Elle s'en mord les doigts mais,
prise dans un engrenage diplomatique, semble impuissante à leur faire
rectifier le tir.
Parmi les journalistes en poste à
Bruxelles, on évoque de plus en plus
souvent la forte proximité qui s'est
établie entre le gouvernement roumain, ses groupes de pression et
l'administration européenne. Fin
juillet, lors de la présentation des
rapports de pays tant attendus,
aucun commissaire européen n'a osé
venir s'expliquer devant les médias,
préférant laisser deux porte-paroles
s'acquitter de cette tâche ingrate. En
revanche, quelques instants auparavant, Stavros Dimas, le commissaire
chargé de l'Environnement, avait
trouvé le temps de faire une longue
conférence de presse sur la protection des phoques…
Infos pratiques
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L
a Commission européenne a rendu fin juillet, son rapport sur l'état du pays
en Roumanie. Selon le porte-parole de la CE, Johannes Laitenberger, "les
éléments fondamentaux fonctionnent, mais les bases sont fragiles et les
décisions concernant la grande corruption sont trop politisées". On peut aussi lire
dans ce rapport que la lutte anti-corruption "commence à produire des premiers résultats", mais que "l'avancée des réformes continue d'être peu constante et qu'il n'existe
toujours pas de condamnations définitives dans les cas de grande corruption". En
conclusion, la CE affirme que la clause de sauvegarde prévue dans le traité d'adhésion
et synonyme de sanctions n'est pas à l'ordre du jour. Mais que "le mécanisme de
coopération et de vérification de l'Union Européenne restera nécessaire pour un certain temps".
La CE rendait également son rapport sur la
situation de la Bulgarie, se montrant nettement plus
sévère. Considérant qu'elle est gangrenée par la
mafia et la corruption sans rien vraiment entreprendre pour y remédier, elle l'a sanctionnée, gelant
800 millions d'euros d'aide financière, dans l'attente de la voir prendre des mesures adéquates.
Pour la première fois Bruxelles a appliqué des
traitements différents à Bucarest et Sofia, dont le
sort était jusqu'ici lié, espérant que les sanctions
prises à l'encontre de la seconde feront réfléchir la
première. Cette méthode avait été ébauchée au
moment de l'adhésion, mais cette fois-là, c'était la
“C’est très bien, ils nous ont juste
tiré les oreilles... Mais tu as vu Roumanie qui était menacée de voir sa candidature
ce que les Bulgares ont pris !” ajournée, ayant pris du retard sur sa voisine dans la
Gazdaru
mise en place des réformes exigées.
Toutefois, les conclusions de Bruxelles paraissent bien édulcorées en ce qui
concerne la Roumanie. Sans-doute faut-il y voir là la proximité des échéances électorales dans ce pays, avec les législatives qui se profilent, et les nombreuses pressions
que l'UE a dû subir dans ce sens: un carton jaune aurait mis dans l'embarras le gouvernement actuel, bien mal en point auprès de l'opinion publique, et faciliter la tâche
des anciens communistes du PSD, qui rêvent de revenir au pouvoir. Les "gros poissons" des tous bords peuvent donc continuer à nager tranquillement dans les eaux de
la corruption, avec la complicité de leur justice, assuré que Bruxelles fermera les yeux.
"La corruption doit être traitée comme l'ennemi public numéro un"
Bruxelles peut-elle renouveler indéfiniment sa confiance à ses deux derniers
membres et donner un blanc-seing à ceux qui frappent à sa porte ? Il faut rappeler que,
trois mois après son adhésion à l'Union Européenne, le gouvernement roumain a révoqué son ministre de la justice, l'intrépide Monica Macovei, 49 ans, pourtant issue d'une
nomenklatura qui a su bien profiter d'une transition menant à des enrichissements
scandaleux, parce qu'elle menaçait de nombreux intérêts en s'attaquant à la corruption.
Son successeur, un ancien avocat conseil de la société russe Gazprom, a tenté de renvoyer le procureur anti-corruption, Daniel Morar, qui enquêtait sur ses sponsors politiques. Toujours sur la sellette, ce dernier est sans-arrêt menacé de destitution, les
anciens communistes faisant même de son éviction la condition impérative du déblocage de la situation politique actuelle. Finalement, il a été démis de ses fonctions. "À
l'avenir, tout dépendra des progrès de l'État de droit et de la gouvernance dans ces
pays", affirme Antonio Maria Costa, directeur de l'Office des Nations unies contre la
drogue et le crime (Onudc).La politique et les affaires doivent être mieux isolées de
l'influence corrosive de la criminalité, spécialement de la criminalité économique.
La corruption doit être traitée comme l'ennemi public numéro un pour renforcer
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(1 € = 238 forints)
*Au 1er septembre 2008
Les NOUVELLES
de ROUMANIE
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Numéro 49, sept.-octobre 2008
Lettre d'information bimestrielle sur
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International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
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8 Chemin de la Sécherie
44 300 Nantes, France
Tel. : 02 40 49 79 94
E-mail : [email protected]
Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
Laurent Couderc, Jonas Mercier,
François d’Alençon, Liviu Florea,
Mircea Vasilescu, Luca Niculescu,
Cornel Ivanciuc, Michel Bührer,
Jacques-Marie Voslin, Florentina
Ciuverca, Olivier Mélennec,
Matthieu Delaunay, Benjamin
Ribout, Jean-Simon Gagné,
Virgil Tanase, Ramona Delcea,
Ion Barbu, Vali, Gazdaru.
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises,
lepetitjournal.com, Regard,
j’habite en Roumanie.com
Le Courrier des Balkans,
sites internet, télévisions roumaines,
fonds de documentation ADICA.
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Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
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(suite de la page 60)
Le coup de grâce
avec "Horizon rouge"
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Cette dernière fut un coup terrible
pour le régime, alors que son isolement s'accroissait et sa croissance
économique s'arrêtait.
La Securitate en fut déstabilisée,
devint plus vulnérable aux infiltrations des services de renseignements étrangers et commença à
perdre le contrôle du pays.
Pour éviter de nouvelles défections, Ceausescu confia à sa femme
Elena et à d'autres membres de sa
famille des postes importants dans
le gouvernement, accroissant un
népotisme qui allait contribuer à sa
chute.
La publication d'Horizon Rouge
en 1987 acheva de discréditer le dictateur aussi bien à l'étranger qu'en
Roumanie. Le 25 décembre 1989,
les Ceausescu furent condamnés à
mort à l'issue d'un simulacre de procès où une partie des accusations
avaient été extraites textuellement
de ce livre.
Il fallut cependant attendre le 7
juillet 1999 pour qu'une décision de
la Cour suprême de Roumanie
annule les condamnations à mort de
Pacepa, lui restitue son grade dans
l'armée et ordonne que ses biens
confisqués lui soient restitués.
Mais le gouvernement refusa de
se plier à cet arrêt, déclenchant une
série d'articles en Europe de l'Ouest
où l'on constatait que la Roumanie
n'était toujours pas devenue un pays
de droit. Finalement, ce n'est qu'en
décembre 2004 que le gouvernement roumain rendra discrètement à
Pacepa son grade de général.
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
(suite de la page 61)
Roumanie et la Bulgarie a été rendu public fin juillet
Les répercussions et l'agitation provoquées par cette diffusion furent énormes en
Roumanie. Mais Vlad Georgescu en paya le prix, mourrant mystérieusement d'un cancer foudroyant un an plus tard, comme cela avait déjà été le cas de son collègue, Noël
Bernard, décédé en 1981, à l'âge de 56 ans.
Six jours après l'exécution des Ceausescu, le 1er janvier 1990, le représentant du
Congrès américain Frank Wolf débarquait à Bucarest pour réclamer l'élargissement de
la fille de Pacepa et de son mari, Radu, qui vivaient depuis dix ans sous le régime de
liberté surveillée. Dana retrouvait son père cinq jours plus tard à l'aéroport de
Washington au cours d'une cérémonie retransmise en direct à la télévision américaine
et dans 45 autres pays.
Immédiatement après la mort de Vlad Georgescu, Radio Europa Libera nommait
son successeur, Nestor Ratesh. Ion Mihai Pacepa l'avait invité aussitôt afin de lui indiquer comment la Securitate utilisait des armes radioactives pour se débarrasser de ses
ennemis. Après trois ans d'études des archives disponibles de l'ancienne police politique, Nestor Ratesh doit publier prochainement un livre racontant les assassinats de
ses prédécesseurs.
l'Union Européenne ferme les yeux
Humour
Elémentaire
-Bula, pourquoi veux-tu venir en
France ? T'es pas bien en Roumanie ?
-On s'plaint pas.
-Ton boulot ne te plait pas ?
- On s'plaint pas.
-C'est ton logement qu'est pas bien ?
- On s'plaint pas.
-Peut-être tu manges mal ?
- On s'plaint pas.
-Les filles sont pas sympa ?
-On s'plaint pas.
-Alors, c'est que tu gagnes pas assez!
-On s'plaint pas.
-Bon sang, j'y comprends plus rien !
Peux-tu me dire à la fin pourquoi tu veux
venir en France?
-Parce qu'on m'a dit que là-bas on
n'arrête pas de se plaindre.
Chef
Le chef rentre dans un bureau, raconte une blague et tous les employés se mettent à rire en se tapant sur le ventre…
sauf un.
-Pourquoi tu ne ris pas ? lui demandent ses collègues
-J'en ai plus rien à faire… Je change
de boulot demain.
Justification
-Pourquoi y-a-t-il des Roumains qui
votent toujours communistes ?
-Parce qu'ils espèrent obtenir l'asile
politique.
l'intégrité et la justice, renforcer la légitimité politique des
autorités et la confiance des investisseurs". Vaste programme.
L'impérative nécessité d'un signal fort
Dans l'ensemble des pays de la région, la réforme de la
justice et la lutte contre la corruption reste un défi. Principal
problème, la qualité des lois et leur application. Pour se mettre
en conformité avec les "normes européennes", les gouvernements font adopter par leurs Parlements des lois sur la réforme
de la justice, la corruption, le blanchiment d'argent ou la
confiscation de biens acquis par des individus soupçonnés
d'association criminelle.
Mais, ces lois, parfois incomplètes ou spécieuses, restent,
la plupart du temps, lettre morte, faute d'une véritable sépara-
tion des pouvoirs et d'un État de droit pour les mettre en
œuvre. Monica Macovei cite le cas d'un décret d'urgence du
gouvernement roumain du mois de février 2007 suspendant
l'application de la loi sur les faillites pour vingt-neuf sociétés
et d'un décret similaire du mois de mars 2007 reportant l'application de plusieurs de ses amendements portant sur la transparence des donations aux partis politiques.
En Roumanie, la nomenklatura se moque bien que
Bruxelles la gronde de temps en temps, l'envoie au coin, puisse à rigueur lui montrer la porte de la classe. Depuis le 1er janvier 2007, elle est assurée que personne n'osera la renvoyer de
l'école et qu'elle peut donc continuer en toute impunité ses
affaires. Tant que l'UE n'enverra pas un signal fort, il n'y a
aucune raison pour que cela change.
(Lire également notre dossier pages 6 à 11)
Blagues à la roumaine
Décès à 91 ans de Iosif Constantin Dragan
considéré comme le Roumain le plus riche
Une faim de crocodile
Funar, l'ancien maire de Cluj (connu
pour sa haine farouche des Hongrois),
entre dans un bar, tenant en laisse un crocodile:
-Excusez-moi, dans ce bar on sert
aussi des Hongrois ?
-Bien sûr, Monsieur le maire ; ici on
ne fait aucune discrimination…
-Très bien… Alors apportez-moi un
demi et servez deux Hongrois à mon crocodile.
Délicatesse
-Bonsoir… C'est bien Radio Erevan?
-Oui, cher auditeur… Nous vous
écoutons.
-Eh bien, voilà, j'ai trouvé un portefeuille avec 10 000 € dedans et une carte
d'identité au nom de Cornel Georgiu…
-Bon… Qu'est-ce qu'on peut faire
pour vous ?
-Oh rien; je voulais seulement le
remercier.
A Priori
Bula arrive à la gare du Nord à
Bucarest et s'installe dans un taxi.
-Où est-ce que je vous conduis ?
- A Priori, s'il vous plaît !
-Comment çà à priori ? s'exclame le
chauffeur, interloqué.
-Oui, oui, c'est çà. On m'a dit qu'à
Priori, à Bucarest, on trouve toujours de
tout.
Une page sombre de la Roumanie du XXème siècle
L
e milliardaire Iosif Constantin
Dragan est décédé à l'âge de
91 ans à Palma de Mallorca.
Ayant fait fortune dans l'industrie pétrolière, les transports, l'immobilier et l'édition, il était considéré depuis plusieurs
années comme le Roumain le plus riche,
ses avoirs étant estimés à 1,5 milliard
d'euros, devançant nettement l'ancien tennisman Ion Tiriac (un milliard d'euros).
Né à Lugoj en 1917, le jeune homme,
après avoir terminé son Droit à Bucarest,
avait obtenu en 1941 une bourse pour
aller étudier à l'université de Rome à
l'époque de Mussolini. Il en profitera
pour monter sa première société qui
exportera du pétrole roumain à l'Italie
fasciste, tout en montrant sa fascination
pour cette idéologie et sa version roumaine de la Garde de fer.
De retour en Roumanie au lendemain
de la Seconde Guerre mondiale, il crée en
1948 une compagnie de distribution de
gaz méthane, Butan Gas, mais la prise en
main du pays par les communistes l'oblige à s'exiler pendant trente ans. En 1967,
le Roumain exilé pose les bases d'une
fondation à son nom, la "Fondation
Européenne Dragan" destinée à promou-
voir les valeurs de la société roumaine
dans un esprit nationaliste qui sierra à
Ceausescu, devenant un peu plus tard un
collaborateur semi-officiel de son régime.
Cette proximité lui permet d'avoir accès à
des archives inédites concernant la dictature d'Antonescu (1940-1944), dont il est
un prosélyte, et de rédiger une biographie
très complaisante du maréchal.
Parallèlement, Dragan a créé deux maisons d'édition, tout d'abord en Italie puis,
après 1990, en Roumanie.
La chute de Ceausescu et l'affairisme
qui accompagne la transition lui laissent
les coudées franches pour développer ses
affaires dans son pays natal. Devenu milliardaire, il contrôle une station de télévision roumaine, Radio Nova FM, un hebdomadaire, "Redesteptarea" ("Le Nouveau Réveil"), un quotidien régional,
"Renasterea Banateana" ("La Re-naissance du Banat"), dont les titres laissent
percer des relents d'idéologie extrémiste.
Dragan ne s'en cache pas puisque,
peu après la "Révolution", il finance les
premiers pas de Vadim Tudor et Eugen
Barbu qui lancent le journal "Romania
Mare" ("La Grande Roumanie"), avant
de fonder le parti xénophobe et ultranationaliste du même nom. Il a créé
d'ailleurs avec eux
la "Ligue du
Maréchal Ion Antonescu", qui prendra le
nom de "Ligue des Maréchalistes", après
l'adoption d'une loi interdisant le culte de
la personnalité des individus coupables
de crimes contre l'Humanité.
Dragan a également ouvert l'Uni-versité Européenne Dragan dans sa ville
natale de Lugoj, un établissement privé
dont il était propriétaire et où sa dépouille
a été exposée, avant son inhumation.
En 1995, alors âgé de 78 ans, le milliardaire avait épousé Daniela Veronica
Gusa, 22 ans, fille du général Stefan
Gusa, ancien chef d'état-major de
l'Armée roumaine sous Ceausescu (19861989), dont il a eu trois enfants. La lutte
pour son héritage avec un fils d'un précédent mariage mais qu'il ne voyait plus on lui a interdit l'entrée à ses obsèques est déjà commencée.
A elle seule, la carrière de Iosif
Constantin Dragan illustre les moments
les plus sombres de l'histoire de la
Roumanie au XXème siècle: le fascisme,
la collaboration avec les communistes,
l'affairisme débridée de la nouvelle
nomenklatura sur le dos du pays. Trois
maux qui se sont souvent nourris d'un
même nationalisme-chauvinisme tapageur, tenant lieu de justification. Dragan a
fait édifier près d'Orsova, port sur le
Danube, une immense statue de Decebal,
considéré comme le fondateur de la
Dacie, haute de 45 m et qui est toujours la
plus grande sculpture en pierre d'Europe.
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A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Intempéries
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Dévoré par un ours
en plein Brasov
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Encore des inondations
catastrophiques en juillet
Fin juillet, un homme de 30 ans a
été dévoré par un ours brun a proximité immédiate du centre historique de
Brasov et d'une zone au trafic important. Il semble qu'il se soit endormi sur
un banc d'une allée où viennent jouer
les enfants. Les enquêteurs émettent
l'hypothèse qu'il était ivre et que son
réveil brusque ait pu effrayé l'animal.
Trois équipes de chasseurs ont été
mobilisées pour rechercher et abattre
l'animal.
Une femelle ourse a été tuée
quelques heures plus tard, mais l'analyse de ses viscères a montré qu'elle
était étrangère à l'agression. Le maire
de la ville a déclaré que 45 ours
vivaient actuellement dans cette zone,
qui ne devrait en abriter qu'un maximum de 20. Il a affirmé qu'il avait déjà
alerté, par le passé, le ministère de
l'Environnement mais qu'aucune
mesure n'avait été prise.
Selon les médias, les Carpates roumaines hébergent une population de
7500 ours et des attaques de plantigrades affamés se produisent assez
souvent dans les environs de Brasov.
En mai dernier, une ourse et son
ourson avaient grimpé jusqu'au troisième étage d'un immeuble, en quête
de nourriture. En juin 2007, une ourse
avait tué une touriste américaine et
légèrement blessé une autre dans le
centre de la Roumanie.
Promeneurs et touristes se montrent souvent imprudents, approchant
de près les animaux pour les photographier, leur distribuant de la nourriture afin de les attirer.En mai, les
autorités de Brasov ont décidé de
sanctionner d'une amende de 1000 lei
(300 €) toute personne surprise à leur
donner des vivres.
L
a Roumanie a connu cet été un scénario devenu malheureusement traditionnel ces dernières années: une forte canicule sur l'ensemble du pays
(entre 35° et 40° de juin à fin août), entrecoupée d'orages torrentiels causant d'énormes dégâts et des pertes humaines. Ainsi, les inondations de juillet ont fait
22 morts en Ukraine et 5 en Roumanie, tandis que près de 20 000 personnes ont dû
être évacuées, dont 13 000 pour la Roumanie.
Dans le judet du Maramures (Baia Mare) une mère de 30 ans, son fils et un autre
jeune, qui s'étaient réfugiés dans une maison construite sur une colline, sont morts à
la suite d'un glissement de terre
qui a emporté l'habitation. Deux
autres personnes ont été portées
disparues après avoir été emportées par les eaux, dont un garçon
de 14 ans, que les flots ont arraché des mains de son père. En
Ukraine, c'est la région d'IvanoFrankivsk, frontalière de la
Roumanie, qui a été la plus touchée par le désastre.
Selon le bilan des autorités roumaines, 174 localités ont été affectées et plus de
9200 foyers inondés. Près de 19 000 hectares de cultures ont été touchés, ainsi que
6200 puits, 500 km de routes et un millier de ponts. 3650 soldats et volontaires ont été
mobilisés pour construire des digues, évacuer les personnes et les animaux en danger,
et pour distribuer des vivres. Six
départements du nord-est du pays
étaient en première ligne, dont
celui de Suceava, le plus sinistré.
Dans ce dernier, l'inspecteur général pour les situations d'urgence
(IGSU), n'est intervenu qu'avec
trois embarcations et sans hélicoptère "parce que c'était suffisant".
A Viseu de Sus, dans le
Maramu-res, 192 touristes, dont
beaucoup d'étrangers, ont eu la peur de leur vie en empruntant la "mocanitsa", le
célèbre petit train à vapeur qui serpente dans la vallée de la Vaser. La compagnie privée qui l'exploite n'a pas tenu compte des avertissements des autorités -chaque voyage rapporte 2000 € - laissant partir le convoi sous les trombes d'eau, assurant qu'il ne
s'agissait que d'une averse d'été. Le train n'a pas pu redescendre, les passagers bloqués
passant une nuit épouvantable, une quarantaine ayant réussi à
rejoindre la gare de
départ par leurs propres
moyens, dans la soirée.
Les autres étant secourus plus tard par les
autorités. En Roumanie,
les dégâts causés par ces
inondations répétitives
qui sévissent depuis quatre ans et sont la conséquence, notamment, des déforestations
massives, devraient durer encore au mois cinq ans. 2013 est en effet le terme de la
mise en place du plan de lutte contre ces calamités mis au point dans le cadre d'un projet PHARE financé par l'Europe, mais qui vient juste de débuter.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Connaissance et découverte
des services secrets roumains passait
transfuge de toute la guerre froide
de terre Pacepa
A l'époque, Tarom terminait sa course à Vienne.
L'ambassadeur de Roumanie en Autriche, Dumitru Aninoiu et
sa femme, y attendaient leur chef. Tous les deux étaient officiers de la Securitate, le mari coordonnant les actions de la
DIE dans cette capitale européenne de l'espionnage, son épouse étant chargée du service des filatures. Le lendemain, Pacepa
continuait son voyage, atterrissant à Francfort. Son comité
d'accueil était constitué par l'ambassadeur en RFA, Ion
Morega, et le chef de l'antenne de la DIE, le général Stefan
Constantin.
Un taxi pour l'ambassade américaine
Les deux hommes l'informèrent qu'ils lui avaient organisé
une rencontre le lendemain après-midi avec un ministre de la
chancellerie ouest-allemande, afin qu'il lui remette le message
de Ceausescu. Ils l'emmenèrent à son hôtel et prirent rendezvous pour le lendemain midi. Mais à l'heure dite, Pacepa n'était
plus là. Dès le matin, le général avait sauté dans un train pour
Bonn, hélé un taxi pour l'ambassade américaine où il avait
demandé aussitôt l'asile politique. A leur stupéfaction, les
USA, sans avoir bougé le petit doigt, venaient de mettre la
main sur le plus important transfuge de toute la période d'affrontement Est-Ouest.
Présenté comme espion
du KGB et trafiquant de cigarettes
A Bucarest, le choc fut immense. La nouvelle n'y fut
confirmée que quelques jours plus tard. Furieux, Ceausescu fit
arrêter immédiatement 12 généraux de la Securitate, interrogés
dans une caserne pendant 2 semaines. Outre le scandale
monumental que la fuite de Pacepa allait provoquer au sein du
camp soviétique, il redoutait d'avoir à faire à un complot. Des
dizaines d'officiers de la police politique furent démis de leurs
fonctions, des centaines, en poste à l'étranger, rappelés. Les
ambassades roumaines se vidèrent d'un coup.
Les médias occidentaux s'étant emparés de l'affaire, le
régime fut bien obligé de réagir. Il déclara que le général félon,
démasqué, avait fui seulement quelques heures avant d'être
arrêté comme… espion du KGB et trafiquant de cigarettes.
Ceausescu lança plusieurs tueurs aux trousses du "traître",
mais les Américains l'avaient mis prudemment à l'abri.
Pendant trois ans, Pacepa fut soumis à un interrogatoire incessant, invité à tout révéler de ce qu'il connaissait, ce qui est
considéré encore comme le plus long "debriefing" de l'histoire. Il collabora alors avec les services secrets américains, ceux
de l'OTAN et la DST française - la France était un pays particulièrement infiltré par la Securitate - révélant tous les rouages
des services d'espionnage du camp soviétique.
Pacepa ne reçut la nationalité américaine qu'en 1988, ce
qui tend à prouver qu'il n'y avait pas eu anguille sous roche et
qu'il n'avait pas été recruté par la CIA dès avant sa défection.
Cela n'empêche pas de
penser qu'il
fut et demeure l'un
des personnages
les
plus mystérieux du régime Ceausescu.
A Francfort, avec des
collègues roumains
également espions.
Repéré à cause des bavardages
d'une femme de ménage de la CIA
Une seule fois, la Securitate fut sur le point de retrouver la
trace de son ancien chef, à la suite d'une histoire rocambolesque et toujours pas bien éclaircie. En 1980, Nicolae
Horodinca, diplomate en poste à Washington et officier de la
DIE, fit lui aussi défection avec sa famille, demandant l'asile
politique aux USA. C'était un 2ème coup dur pour Ceausescu.
Le nouveau transfuge révéla qu'un de ses collègues en poste à
l'ambassade, le général Bebe Tanasescu était en fait chargé de
surveiller la diaspora roumaine d'Outre-Atlantique. Ce dernier
sera prié de regagner immédiatement Bucarest… y devenant
d'ailleurs après la "Révolution" chef adjoint du SIE (Service
d'Information extérieure) qui prit le relais de la Securitate.
Mais apparemment en désaccord avec son mari, la femme
d'Horodinca, Cristina, frappa un beau matin à la porte de l'ambassade roumaine à Washington, en compagnie de son enfant,
demandant à rentrer au pays. Conduite immédiatement et sous
bonne garde à l'aéroport, elle s'y évanouit et changea d'avis…
avant de se raviser à nouveau et d'embarquer.
Au cours de son interrogatoire à Bucarest, elle révéla que
pendant la période où elle était avec son mari sous la protection des services secrets américains, elle s'était liée d'amitié
avec une femme de ménage opérant pour la CIA, vraisemblablement d'origine serbe, chargée de l'entretien des résidences
où étaient mis à l'abri les transfuges du bloc soviétique. Lors
d'une promenade, celle-ci lui indiqua une maison, où habitait
un de ses compatriotes répondant au nom de Pall Michell. Il
s'agissait en fait de Ion Pacepa, qui, ce jour-là, était absent.
Mis au courant, les Américains s'empressèrent de déménager
le général et de lui donner une nouvelle vie et identité.
Les morts "mystérieuses"
de Radio Europa Libera
Ceausescu n'était pas au bout de ses peines. En 1987,
Pacepa lançait un nouveau pavé dans la mare en publiant ses
mémoires d'un chef espion communiste, véritable roman de
cape et d'épée au succès planétaire, baptisé Horizon rouge.
Radio Europa Libera le passa sous forme de feuilleton, malgré
les menaces de mort formulées préalablement à l'encontre du
rédacteur en chef de son service roumain, Vlad Georgescu.
(Lire la suite page 62)
61
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Voici trente ans, le numéro deux
à l'Ouest, devenant le principal
Histoire
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Le tremblement
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Des tueurs
aux trousses
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Intempéries
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Ion Mihai Pacepa, né en 1928 à
Bucarest, est maintenant citoyen
américain et vit aux USA. En 1978,
lors de sa défection, il était général
deux étoiles, dirigeant la Securitate,
conseiller de Ceausescu, chef de son
service des renseignements à l'étranger et secrétaire d'État du ministère
de l'Intérieur. Dès son arrivée aux
Etats-Unis, le président Jimmy Carter
lui accorda l'asile politique.
Ion Pacepa avait été étudiant en
chimie industrielle à l'Université Politehnica de Bucarest, mais quelques
mois à peine avant la remise de son
diplôme, en 1951, il fut recruté par la
Securitate et ne passa son diplôme
que quatre ans plus tard. De 1957 à
1960 il devint sous couvert diplomatique "l'honorable correspondant" de
l'antenne d'espionnage roumaine en
Allemagne de l'Ouest et accéda aux
plus hautes fonctions dans les services secrets roumains en 1972.
Après être passé à l'Ouest, Pacepa
fut deux fois condamné à mort en
Roumanie, en septembre 1978. Ceausescu aurait promit une récompense
de deux millions de dollars américains
à qui le tuerait. Yasser Arafat, qui
avait trouvé refuge un temps à Bucarest et Mouammar Kadhafi y auraient
ajouté chacun une récompense d'un
million de dollars. Au cours des
années 1980, la Securitate aurait
chargé Carlos, habitué des séjours en
Roumanie, de l'assassiner en échange d'un million de dollars. Carlos
échoua, mais le 21 février 1980, il fit
sauter une partie du siège de Radio
Europe Libre à Munich, qui donnait
des informations sur le régime de
Ceausescu et la défection de Pacepa.
(Lire la suite page 62)
A
u petit matin du 28 juillet 1978, un avion militaire
atterrissait discrètement sur l'aéroport de la base
Andrew, près de Washington, en provenance
d'Allemagne de l'Ouest. A son bord, un unique passager… mais le
plus important transfuge de toute l'histoire de la guerre froide: le général Ion Pacepa,
numéro deux des services secrets roumains, mais en fait son véritable chef. L'homme,
qui vit depuis aux USA, a conservé toute sa part de mystère. Beaucoup de Roumains,
même violemment hostiles à Ceausescu, le considèrent toujours comme un traître à
son pays. Pacepa demeure un personnage controversé, car il est loin d'avoir l'aura d'un
Willy Brandt, choisissant de combattre le nazisme à travers sa patrie, pendant la
seconde guerre mondiale, mais en ayant été un résistant de la première heure à Hitler.
Pacepa a expliqué les raisons de sa défection dans un livre retentissant, Horizon
rouge, traduit dans 27 langues, qui a
provoqué une colère noire de
Ceausescu et entraîné une purge sans
précédent dans les rangs de la
Securitate. Le passage à l'Ouest d'un
de ses principaux collaborateurs allait
ébranler les fondations du régime,
entraînant sa chute, le coup de grâce
ayant été donné par Gorbatchev. Trente
ans exactement après, une enquête du
quotidien "Jurnalul National" en dit
un peu plus sur les circonstances de la
fuite de l'homme qui légitimait les
accréditations des quelques 3000 officiers de la Securitate sous ses ordres en
signant Mihai Podeanu, et qui fêtera
ses 80 ans en octobre prochain.
Ordre d'assassiner un journaliste
dissident, bête noire de Ceausescu
Pacepa, troisième à droite,
en retrait avec des lunettes,
lors d’une visite avec Ceausescu.
Le 22 juillet 1978, Ceausescu avait convoqué Pacepa dans sa villa de la mer Noire
où il passait ses vacances. Il voulait discuter des nouvelles fonctions de chef de l'administration présidentielle qu'il allait lui confier et en faisait de facto le numéro trois
du régime. La nouvelle devait être annoncée lors de la fête nationale du 23 août.
Pacepa devant se rendre à Bonn deux jours plus tard pour remettre un message au
chancelier fédéral Helmut Schmidt, Ceausescu en profita pour préciser sa pensée. Il
attendait du général que ses services mettent hors d'état de nuire, en organisant son
assassinat, le journaliste dissident Noël Bernard, sa bête noire qui dénonçait quotidiennement ses exactions et ridiculisait son culte de la personnalité sur les ondes de
Radio Europe Libre (Radio Europa Libera). Emettant depuis Munich, ce poste financé par la CIA puis, après 1971, par le Congrès américain, était très écouté - clandestinement - par les Roumains.
Pacepa affirme dans Horizon rouge que lorsqu'il est entré comme officier dans
la Securitate, en 1951, il s'était juré de ne jamais participer à une conspiration visant
à tuer quelqu'un, même s'il était prêt à toute autre action pour défendre les intérêts de
son pays. Brutalement confronté à son serment, Pacepa n'avait plus que quarante huit
heures pour trouver une parade. Il décidait de profiter de son voyage en RFA pour passer à l'Ouest. Sa fille Dana l'emmena à l'aéroport en compagnie de ses subalternes des
services secrets, la DIE. Il s'était bien gardé de lui confier quoique ce soit pour limiter ses ennuis à venir.
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Sur fond de différent entre Bucarest et Kiev
la Roumanie menacée d'un nouveau désastre
A
u-delà des inondations de juillet, la Roumanie
risque d'être confrontée à un désastre écologique
majeur. "Une brèche s'est formée dans la digue de
protection du lac Colbu 2 (Judet du Maramures) et l'eau, qui
contient des résidus de métaux lourds et probablement du cyanure, s'est déversée dans le lac Colbu 1, représentant un danger pour toute la région, a déclaré, mardi 29 juillet, le président roumain Traian Basescu. Il faut agir rapidement pour
empêcher que ce deuxième barrage ne cède aussi, sinon nous
risquons d'être confrontés à un désastre écologique".
Huit millions de tonnes de déchets
Selon le président du conseil départemental du
Maramures, Mircea Man, plus de 8 millions de tonnes de
déchets miniers contenant des métaux lourds sont stockées
dans ces lacs de décantation, dont la fonction est de conserver
des eaux polluées. "Si ces résidus s'écoulaient dans les rivières
de la région, ils provoqueraient une pollution grave des eaux
intérieures, mais aussi transfrontalières", a-t-il averti.
La Roumanie a déjà connu, en 2000, un scénario catastrophe comparable. A l'époque, le déversement d'un lac de
décantation de Baia Mare, chef lieu du judet , avait provoqué
une grave pollution au cyanure. Plusieurs rivières, dont le
Danube, avaient été touchées, et des milliers de poissons
avaient succombé, notamment en Hongrie.
Ce genre de situation est encore plus compliqué à résoudre
aujourd'hui, en raison de la communication difficile entre la
Roumanie et l'Ukraine voisine. Plusieurs des rivières à l'origine des inondations traversent les deux pays. "Les autorités
ukrainiennes nous donnent peu d'informations ou pas du tout,
s'est plaint Cristian David, le ministre roumain de l'intérieur.
Racisme
Nous ne sommes pas avertis et nous ne pouvons que constater
les dégâts."
Lundi 28 juillet, plusieurs villages situés au nord de la
Roumanie ont été envahis par les eaux, et leurs habitants n'ont
pu être avertis à temps pour prendre les dispositions nécessaires. Kiev a rejeté la demande de Bucarest, qui souhaitait
envoyer des spécialistes côté ukrainien, afin d'être informé des
variations de débit des rivières.
Une odeur de pétrole et de gaz
Les relations entre les deux pays se sont envenimées à
cause d'un différend portant sur le partage du plateau continental de la mer Noire, chacune revendiquant la propriété de
l'Ile aux serpents. La Roumanie et l'Ukraine ont entamé un
procès devant la Cour internationale de justice de La Haye,
dont elles attendent la décision dans les mois à venir. La partie du plateau continental au coeur de la querelle, d'une superficie de 12 000 km2, recèlerait environ 100 milliards de mètres
cubes de gaz ainsi que du pétrole.
"La décision de la Cour de La Haye permettra à la
Roumanie et à l'Ukraine de commencer à exploiter ces gisements", affirme Bodgan Aurescu, secrétaire d'Etat auprès du
ministre roumain des affaires étrangères. De même, les deux
pays s'opposent sur l'exploitation du canal Bistroe que veut
approfondir l'Ukraine pour y faire passer ses bateaux sans
avoir à emprunter les bras roumains du delta du Danube
menant à la mer Noire. Ce creusement menace l'éco-système
de la région. Bucarest a obtenu l'arrêt des travaux de La Haye,
mais Kiev, après avoir indiqué qu'il se conformerait à cette
décision semble ne pas en tenir compte.
Mirel Bran (Le Monde)
L'assistante maternelle torture et tue l'enfant qu'elle avait en garde
Folie meurtrière par haine des Tsiganes
U
ne assistante maternelle de
38 ans de Bistritsa a tué un
garçonnet de 4 ans dont elle
avait la garde depuis un an, mort étouffé
en ingurgitant de force son repas.
L'autopsie a révélé qu'il portait des traces
de brûlures de cigarettes sur le corps et
d'autres sévices graves, ayant été tailladé
avec des ciseaux. L'enfant, d'origine tsigane, lui avait été confié par les services
sociaux du judet après que sa mère ait été
envoyée voici deux ans en prison pour
huit années à la suite d'un vol de bois.
La meurtrière, souffrant de troubles
psychiques et qui sera soumise à une
expertise psychiatrique, a indiqué qu'elle
voulait lui faire payer "le fait d'être
Tsigane", sa haine ayant décuplée quand
elle a appris que sa fille naturelle, âgée de
19 ans, fréquentait un garçon de cette
communauté. Elle a été incarcérée dans la
même prison que la mère de la petite victime, laquelle, bien que dans un état de
choc profond et sous calmants, a pu assister à son enterrement, sous escorte policière. La direction de l'établissement
pénitentiaire a fait en sorte que les deux
femmes soient séparées et la ville de
Bistritsa a pris en charge les frais d'obsèques. Ce drame illustre les carences de
la Roumanie dans le domaine de la protection de l'enfance. Devant l'émotion
qu'il a suscité à travers le pays, il devrait
amener le gouvernement à revoir très
prochainement sa législation, ainsi que l'a
confié Teodora Bertzi, la secrétaire d'Etat
chargée de ce secteur. Les placements
sont régis par une loi de 1998 qui exige
seulement des assistantes maternelles
qu'elles n'aient pas d'autres métiers. Ces
personnels sont recrutés après une enquête sommaire et peuvent exercer sans
aucune formation professionnelle dans le
domaine. Les services sociaux du judet
avaient donné dès 2000 leur agrément à
l'assistante de Bistritsa, lui confiant deux
enfants bien qu'elle ait chassé les siens de
sa propre maison, et soit connue dans le
voisinage pour ses problèmes avec la
boisson. "Elle avait bonne réputation"
ont-ils tenté de se justifier.
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Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
UE et corruption
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Le rêve doré des postcommunistes selon
"Romania Libera"
6
de 80 ans ne peuvent pas connaître… !"
musique des Carpates
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IASI
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ARAD
L'ancienne ministre de
"Bruxelles doit savoir
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le Parlement roumain a repoussé
le principe de poursuites pénales à
l'encontre de l'ex-premier ministre
Adrian Nastase et de l'ancien
ministre des transports Miron Mitrea,
tous les deux parlementaires, pour
présomption de corruption. C'est la
première fois que, non pas le parquet, mais les députés sont amenés
à prendre une décision concernant
des enquêtes.
Le journal "Romania Libera" écrit
à ce sujet : "Il est temps que nous
reconnaissions que le combat contre
la corruption a tout autant échoué
que la réforme de la justice. Avec le
combat contre la corruption nous
aurions dû nous débarrasser des
juges, des procureurs et des fonctionnaires corrompus tandis que la
réforme de la justice aurait dû éliminer la corruption jusqu'au plus haut
niveau. Or, la condition de son succès était la volonté de l'élite politique.
Celle-ci n'a jamais existé. Au contraire. Nous sommes près de réaliser
les rêves dorés des hommes politiques postcommunistes: une société
sans état de droit tout en étant
membre de l'UE. Une société dans
laquelle on peut voler impunément.
Notre classe politique n'aurait eu
absolument aucun argument pour à
opposer à une clause de sauvegarde
de Bruxelles dans le domaine judiciaire. Quand bien même, elle aurait
pu faire plus de dégâts que de bien.
Et puisqu'elle n'a pas été introduite,
d'autres mesures devraient suivre:
de l'abandon des fonds de l'UE à
l'abandon du droit de vote de la
Roumanie au Conseil de ministres
de l'UE".
A
ncienne ministre de la Justice de Roumanie et souvent considérée comme
la figure de proue de la lutte contre la corruption dans son pays, Monica
Macovei, mise à l'écart du gouvernement en février 2007 par le premier
ministre, Calin Popescu Tariceanu, est aujourd'hui conseillère anti-corruption du premier ministre de la République de Macédoine, pour le compte du ministère des
affaires étrangères britannique. Dans un entretien avec François d'Alançon du journal
"La Croix" elle estime que les gouvernements de la région ne feront les changements
réclamés que sous la pression extérieure.
La Croix : Comment faire pour réformer la justice et améliorer l'application des
lois dans les pays de l'Europe du Sud-Est ?
Monica Macovei : La solution, c'est de se
débarrasser de la classe politique corrompue
formée pendant la transition et d'exposer cette
corruption dans les médias pour la porter à la
connaissance du public. En Roumanie, j'ai vu
des jeunes politiciens se comporter de la
même façon que leurs anciens. Au moins la
moitié des députés sont les mêmes depuis les
années 1990. La pression publique aidée par
les médias peut inciter les partis politiques à
se restructurer et à se nettoyer. On devrait sans doute aussi supprimer la possibilité
pour les gouvernements d'adopter des décrets d'urgence ayant force de loi, de suspendre des lois et de passer des contrats. En pratique, les gouvernements violent leur
Constitution quand ils ont recours à ce genre d'instruments, normalement réservés à
des situations d'urgence.
- Comment changer les liens entre le monde des affaires, la politique et le crime
organisé ?
- Nous avons besoin de lois très claires et appliquées sur les conflits d'intérêts. Si
quelqu'un est pris dans un conflit d'intérêts, il doit partir. En Roumanie, nous avons
une législation à ce sujet mais elle n'est pas appliquée. De même, il faut prévoir le
contrôle des biens acquis au cours de leur mandat par des individus occupant une responsabilité publique et leur confiscation. J'ai institué une déclaration de revenus
longue et détaillée pour les hommes politiques mais en réalité, il n'y a pas de sanction.
"Je n'aurais rien pu faire en Roumanie
sans la pression de la Commission européenne"
- Quelle est, pour les gouvernements, la meilleure incitation au changement ?
- Tous ces pays ont besoin d'investissements étrangers et, pour cela, ils doivent
assainir leur marché, établir la concurrence et une justice non corrompue et prévisible.
La pression extérieure est également très importante avec la perspective d'une adhésion à l'Union Européenne pour tous ces pays qui veulent la rejoindre. Je n'aurais rien
pu faire en Roumanie sans la pression de la Commission européenne. L'UE a un rôle
à jouer, peut-être plus important qu'elle ne le voudrait. D'après mon expérience, les
gouvernements ne font les changements que sous la pression extérieure, que ce soit
celle de l'UE ou des pays importants.
- La Commission européenne a-t elle perdu de son influence après l'adhésion
de la Roumanie et de la Bulgarie et doit-elle changer son approche ?
- Bien sûr, il est plus difficile de faire pression sur ceux qui sont déjà des États
membres. Un mécanisme de coopération et de vérification a été mis en place par la
Commission pour la Bulgarie et la Roumanie depuis leur adhésion à l'Union
Européenne le 1er janvier 2007.
Le roi ajoute dans le parc un Petit Peles, à l'usage du prince héritier, et quelques villas du même style, charmantes,
agréables, à la fois intimes et fastueuses. Pendant les années de
"démocratie populaire" elles abritaient les vacances des
artistes roumains. Jusqu'au jour où Nicolas Ceausescu décide
d'y vivre en construisant à son tour un pavillon d'un goût douteux. Maintenant une société commerciale exploite certains
bâtiments devenus des hôtels confortables à l'usage d'une
clientèle internationale.
Le Premier ministre assassiné
sur le quai de la gare
Dès que le roi Carol Ier
s'installe à Sinaïa en 1883, la
ville s'anime. "L'air vivifiant
attire de nombreux visiteurs",
écrit-il dans une lettre de juillet
1886 adressée à sa sœur, Marie
de
Flandres.
"J'entends
constamment quatre ou cinq
langues. Une fois par semaine il
y a une soirée de théâtre. Sinaïa
est devenu un des sites les plus
visités d'Orient et le dimanche
les trains déversent dans notre paisible vallée quelque 2 000
personnes…". Et pour cause: Bucarest, la capitale, est à moins
de 150 km. Des villas coquettes surgissent entre les immenses
sapins, et tous ceux qui le peuvent s'offrent des résidences à
proximité du palais où le roi reçoit ses ministres et la reine Élisabeth tient salon littéraire et accueille parfois des hôtes
illustres, tel Pierre Loti qui y fait un long séjour en 1897.
Dans le parc de la ville, sous les immenses baies vitrées
des palaces, on peut apercevoir l'archiduc Franz Ferdinand
d'Autriche et la princesse von Hohenberg, Eleonora de Reuss,
épouse du roi Ferdinand de Saxe-Cobourg de Bulgarie, Iousif
Izedine, l'héritier du grand sultan, le grand-duc Vladimir et un
sir Noel, amiral anglais qui, peut-être après un bon repas arrosé de ces fameux vins roumains dont il est question déjà dans
Hérodote, croit se trouver "aux pieds de l'Himalaya".
L'argent coule à flots. Ce n'est pas surprenant: la
Roumanie, qui était déjà le grenier à blé de l'Europe, regorge
de pétrole. De nouvelles fortunes, immenses, se font du jour au
lendemain et se perdent encore plus vite au jeu. Sinaïa se
devait d'avoir son casino, réplique en plus petit quand même,
de celui de Monte-Carlo. Hélas, les temps changent. Le 29
décembre 1933, le premier ministre I.G. Duca est assassiné sur
le perron de la gare de Sinaïa. Une période de turbulences
commence.
Puis c'est la guerre, l'occupation soviétique, et un nouveau
régime qui répartit les profits avec parcimonie. Les anciennes
villas sont transformées en maisons de repos pour ouvriers
stakhanovistes et dans les murs de l'ancien casino on joue aux
échecs, au ping-pong, au rami. Une classe moyenne modeste
remplit en été et en
hiver les pensions de
famille clandestines.
Le faste authentique des contes de fées
Depuis que la Roumanie est entrée dans l'Union
Européenne, l'initiative privée a remis Sinaïa sur les rails. Les
hôtels de luxe, à prix encore abordables, refont surface. Les
quelque 40 km de pistes de ski et de bobsleigh sont réaménagés. Les remontées mécaniques vous portent à 2 000 m d'altitude. Rendues aux anciens propriétaires, les villas, ravalées,
retrouvent leur panache d'autrefois. Quelques restaurants pittoresques proposent une cuisine
roumaine délicieuse à ceux qui
font confiance à leur foie.
Le casino fait à nouveau
tourner ses roulettes. Des colloques et des conférences internationales ont lieu toutes les
semaines, et, tous les ans, un
concours international de violon attire les nouveaux talents à
la villa Luminis où, en 1927, Yehudi Menuhin rencontrait pendant deux mois son professeur magique, Georges Enesco.
Il n'y a plus de roi à Sinaïa, mais son nouvel éclat prolonge un faste authentique, et son charme reste celui des contes de
fées où il est question de princes et de princesses, qui habitaient un très beau château.
Virgil Tanase
Les mauvaises surprises du
"All inclusive" à la roumaine
A
fin de contrer l'exode de leurs compatriotes qui
choisissent de passer leurs vacances en Turquie,
Grèce, Italie, Espagne ou Bulgarie, attirés par les
séjours clés en main, en pension complète, buffets
copieux,chambres confortables et climatisées, nombreuses
animations, piscines impeccables, certains hôtels de la mer
Noire ont lancé à grand renfort de publicité des formules "all
inclusive " à la roumaine, garantissant à leurs futurs clients que
c'en était fini de la pingrerie faisant la mauvaise réputation du
tourisme national.
Les vacanciers n'ont pas été déçus : chambres vieillottes,
sans air conditionné, ménage pas fait, repas répétitifs sans originalité, petits déjeuners à base de parizer (crème de pâté),
salami de mauvaise qualité et margarine, piscines non ouvertes
ou bassin unique rempli d'eau trouble, distractions inexistantes. Quant aux boissons gratuites promises à volonté, dans
le meilleur des cas elles n'étaient servies qu'aux repas, les
clients devant autrement se contenter d'un café ou d'un thé.
59
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Tourisme
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SUCEAVA
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Sinaïa, la petite
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BUCAREST
CONSTANTA
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Réouverture
de la liaison Turnu
Severin-Serbie
58
la Justice Monica Macovei :
taper du poing sur la table"
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"C'est une ville que les moins
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Après douze ans d'interruption à
cause de la guerre en ex-Yougoslavie, la liaison fluviale entre Dobreta
Turnu Severin (Roumanie) et Kladovo
(Serbie), deux ports qui se font face
sur le Danube, a été réouverte à la
mi-juillet. Un bateau d'une contenance
de 174 passagers, le "Djerdap" effectue la liaison aller-retour deux fois par
jour. Les riverains, qui ont souvent de
la famille de chaque côté du fleuve,
avaient cependant réussi à garder le
contact, d'autant plus que les visas
d'entrée en Serbie pour les Roumains
avaient été supprimés en 2007 et que
ces derniers se débrouillaient pour y
aller faire certaines de leurs
emplettes, les produits électroniques,
électroménagers, alimentaire ou les
détergents y étant moins chers.
V
irgil Tanase a emprunté l'Orient Express qui effectue à nouveau la liaison
entre Paris et Istanbul. Un voyage qui n'est pas à la portée de toutes les
bourses puisqu'il en coûte 8000 € par personne, avec un retour en avion.
L'écrivain franco-roumain a décrit dans "Le Figaro" son étape à Sinaia et sa visite du
château de Peles. "À l'approche des vacances, lorsqu'il est question dans un dîner
mondain d'itinéraires surprenants mais néanmoins culturels, laissez échapper un petit
soupir: "Ah, ces Klimt!" "Lesquels? Ceux de Munich, de Vienne, celui de la
Ca'Pesaro…?" "Non, ceux de Sinaïa, voyons!" Et devant vos interlocuteurs surpris
lâchez un deuxième soupir : "C'est une ville que les moins de 80 ans ne peuvent pas
connaître…!" Ce n'est pas tout à fait vrai. Depuis qu'elle est une escale, avec visite au
palais et déjeuner traditionnel roumain, sur le trajet du nouvel Orient Express qui vous
fait traverser l'Europe pour quelque 8 000 €, Sinaïa revient à la mode et on en parle
dans les milieux fortunés.
Si la Commission et les États membres ont la volonté de
l'utiliser, cela peut produire des résultats. Sinon, ces pays ne
changeront pas. Bruxelles doit savoir taper du poing sur la
table. La sanction la plus efficace est la suspension des fonds
européens qui vont dans la poche du crime organisé et des
politiciens corrompus.
Après la régression intervenue en Bulgarie et en
Roumanie au lendemain de leur adhésion, l'approche de la
Commission européenne a changé. Désormais, les pays candidats se verront demander d'appliquer leurs législations pendant
une période assez longue avant de procéder à une évaluation et
ce sera pour eux de plus en plus difficile.
La situation dans le sud-est de l'Europe
"Une sorte de ville en pain d'épices à mettre sous l'arbre de Noël"
Une petite rivière farouche creuse son chemin sinueux entre deux parois
rocheuses de presque deux milles mètres dont la superbe est adoucie par quelques
pentes boisées. L'ombre est douce en été, l'air scintillant en hiver. En toute saison le
parfum frais des forêts de sapins vous communique une violente envie de croquer la
vie à pleines dents. Recouverte de neige, Sinaïa devient, pour les fêtes, une sorte de
ville en pain d'épices à mettre sous l'arbre de Noël.
Au milieu du XVIIe siècle, il
n'y avait sur cette route de montagne qui reliait la Valachie à
l'Empire autrichien qu'un ermitage
et quelques abris pour les bergers
qui conduisaient leurs troupeaux
vers les alpages.
Lorsqu'il traversait la vallée
dans un de ses voyages entre
Vienne et la Sublime porte, le prince Michel Cantacuzène faillit être
tué par des brigands. Échappé par
miracle, il se rend au mont Sinaï pour remercier Dieu de lui avoir laissé la vie sauve.
De retour, il fait bâtir un monastère à l'endroit même où il avait frôlé la mort. Des
montagnards en profitent pour s'établir dans les environs. Ils font du commerce avec
leurs produits et quelques aubergistes proposent aux voyageurs un refuge pour la nuit.
Label européen pour
la palinca de Zalau
A la fois chalet et palais moyenâgeux, citadelle
gothique et pavillon de chasse d'un opéra italien
Le ministre de l'Agriculture a
approuvé la classification de la
Palinca de Zalau - deux fois distillée comme produit traditionnel, qu'elle
soit de prune ou d'autre fruits, avec
appellation d'origine contrôlée indiquant la zone géographique où elle
est fabriquée, et protégée au niveau
national ainsi qu'européen. Cette
mesure devrait protéger cette tsuica
très appréciée du nord-ouest de la
Transylvanie des imitations.
Parti d'Allemagne pour gagner la capitale du petit pays qui, en 1866, lui offre la
couronne, le roi Carol premier de Roumanie, un Hohenzollern-Sigmaringen, passe par
Sinaïa. L'endroit lui rappelle sa Forêt-Noire et les Alpes bavaroises. Il décide d'y
construire un château digne de ce pays latin dont les richesses sont importantes, et qui,
libéré de la tutelle de l'Empire ottoman, regarde maintenant vers l'Occident. Un château qui puisse rivaliser avec ceux de contes de fées, qu'à la même époque un autre
souverain allemand, Louis II, fait construire en Bavière. Le roi Carol engage plusieurs
architectes autrichiens et allemands qui réussissent à réconcilier l'irréconciliable. Le
château de Peles est une merveille, à la fois chalet et palais moyenâgeux, citadelle
gothique et pavillon de chasse d'un opéra italien. La décoration intérieure est tout aussi
somptueuse, et parmi ceux appelés à y travailler se trouve le jeune Gustav Klimt qui
réalise, entre autres, le plafond et la frise de la salle de théâtre.
- Comment aider les gouvernements de la région ?
- Nous pouvons les aider pour l'adoption de lois et leur
application dans le domaine du financement des partis politiques et des campagnes électorales, de l'attribution des marchés publics, de la réforme de la police et de la justice, et de la
concurrence. En Macédoine, nous travaillons à créer une
banque de données commune. Je voudrais également introduire dans les législations des pays de la région le crime d'enrichissement illicite pour les fonctionnaires et les hommes politiques qui figure dans la convention de l'ONU contre la corruption et permet la confiscation de biens acquis illégalement.
Propos recueillis par François d'Alançon (La Croix)
D
ans son rapport sur le crime
dans les pays de l'Europe du
sud-est, publié en mai 2008,
l'Office des Nations unies contre la
drogue et le crime, fait le point sur la
situation générale dans la région:
Economie: En 2004, les dix pays de
l'Europe du sud-est (Albanie, BosnieHerzégovine,
Bulgarie,
Croatie,
République de Macédoine, Moldavie,
Monténégro, Roumanie, Serbie et le
Kosovo), comptaient pour l'équivalent de
3, 8 % du produit national brut (PNB) de
l'Union Européenne. La Croatie avait le
plus haut PNB/habitant de la région,
équivalent à un peu plus d'un quart de la
moyenne des pays de l'Union Européenne
tandis que celui de l'Albanie représentait
seulement 8 % de la moyenne européenne.
Pauvreté: Environ 20 % des habitants de la Bosnie-Herzégovine vivent en
dessous du seuil de pauvreté. Le Kosovo
a le taux de chômage le plus élevé de
l'Europe du sud-est (50 %), le salaire
moyen y est de 200 € par mois.
Droits de l'homme: Selon un classement de la Banque mondiale, tous les
pays de la région sont en dessous de la
moyenne est-européenne en matière d'État de droit. L'Albanie et le Kosovo se
classent même en dessous de la moyenne
des pays de l'Afrique sub-saharienne.
Gouvernance: La confiance dans le
gouvernement et les institutions est
faible. Selon une enquête conduite, fin
2004, par la Commission sur les Balkans,
entre 50 et 75 % des personnes interrogées évaluent leur gouvernement comme
"mauvais".
Stabilité politique: Dans l'index de
stabilité politique de la Banque mondiale
(2006), la Serbie, la République de
Macédoine, l'Albanie et la BosnieHerzégovine étaient toutes classés en
dessous de la moyenne des pays de
l'Afrique sub-saharienne. En revanche, la
Roumanie, le Monténégro, la Bulgarie et
la Croatie tiraient leur épingle du jeu, ces
deux derniers pays se situant au-dessus
de la moyenne est-européenne.
Détour par les Caraïbes avant de revenir
à la maison pour l'argent sale roumain
S
elon un rapport de l'ONU, le blanchiment d'argent
fait partie intégrante de l'activité des pays du sud-est
de l'Europe. "Dans cette région, la fraude fiscale, la
fuite des capitaux et les privatisations frauduleuses ont plus
d'importance que le crime organisé traditionnel", souligne un
rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le
crime (Onudc).
La criminalité économique couvre un vaste champ qui va
de la contrebande de viande, de cigarettes, d'alcool ou de carburants, aux fausses factures pour fraude à la TVA, en passant
par le commerce de produits de contrefaçon en provenance de
la Chine ou la fabrication de faux billets et de fausses cartes de
crédit.
Recycler cet argent dans l'économie légale implique d'en
cacher l'origine et c'est là qu'intervient le mécanisme du blanchiment de l'argent, souvent avec la complicité d'institutions
occidentales, publiques ou privées. Le sud-est de l'Europe
reste particulièrement vulnérable à cette pratique parce que les
économies sont largement fondées sur les transactions en
liquide et la régulation du secteur financier est sous-développée. Selon la Banque mondiale, 27 % seulement des foyers
disposent d'un compte bancaire en Roumanie, contre 92 % en
Belgique.
En Roumanie, l'argent acquis frauduleusement (fraude
financière, sociétés fantômes, faillite frauduleuse, fraude à la
carte bancaire sur Internet) est transféré vers des sociétés offshore dans les Caraïbes avant de revenir s'investir dans le commerce, dans la banque ou sur le marché des capitaux.
En Moldavie, les autorités estiment que les revenus des
organisations criminelles constituent plus de la moitié du revenu national brut. Une grande partie des revenus d'activités illégales est blanchie par l'intermédiaire des institutions financières officielles et des secteurs entiers de l'économie ont été
infiltrés par des organisations criminelles. Les sociétés offshore sont la source principale du blanchiment, en plus des casinos, des compagnies d'assurance et des sociétés de prêt.
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Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'éditorialiste de la
que Bruxelles manque
UE et corruption
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"Sanctionnez-nous !
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Pas d'enquête sur
Adrian Nastase
et le procureur-chef,
trop curieux, limogé
8
Les lecteurs nous écrivent
Courrier
Les trous de mémoire de "L'Humanité"
SUCEAVA
SATU
MARE
ORADEA
Le Parlement roumain a rejeté le
mercredi 13 août une demande d'enquête sur l'ancien Premier ministre
Adrian Nastase et son ministre du
transport, Miron Mitrea, impliqués
dans des affaires de corruption, un
dossier considéré par l'Union Européenne comme un test de la volonté
de Bucarest de réformer son système
judiciaire. Les deux hommes, qui sont
considérés comme le symbole même
des malversations dans leur pays,
continuent donc à bénéficier de l'immunité parlementaire, échappant ainsi
à la justice qui a mis un terme à ses
enquêtes.
Par ailleurs, deux jours auparavant,
le ministre de la Justice avait limogé
le procureur en chef des services anticorruption, Daniel Morar (notre
photo), dont le mandat arrivait à expiration. Ce dernier était la bête noire
du personnel politique, qui l'accuse de
déborder de son rôle en cherchant
l'origine de son enrichissement.
Son limogeage est une rebuffade à
l’égard de la Commission européenne, dont le rapport annuel publié en
juillet accusait justement le Parlement
de bloquer des enquêtes ouvertes par
les procureurs.
A
la suite de la publication du rapport de surveillance de la Commission
européenne sur la Roumanie et la Bulgarie (le premier depuis l'adhésion
des deux pays à l'UE, en 2007), qui ne sanctionne pas la première, l'éditorialiste Mircea Vasilescu de l'hebdomadaire "Dilema Veche" ("Vieux dilemme") ne
cache pas sa perplexité vis à vis de la Commission Européenne, déplorant que par son
manque de fermeté elle encourage son pays à persévérer dans ses mauvaises habitudes, dans un article repris et traduit par "Le Courrier International".
"Nous, les pauvres, on se débrouille…
eux, ils détournent des millions"
"Il serait bienvenu de débattre de cette question, par exemple dans les médias. Evidemment,
ce ne sera pas le cas. Parce que l'opinion
publique roumaine est rachitique et manque de
cohésion; parce qu'elle est habituée à l'idée que
"ceux d'en haut" font ce qu'ils veulent et que,
quoi que l'on puisse faire, la corruption est indéracinable. Après tout, nous aussi la pratiquons à
des degrés divers, on se débrouille, comme on a
l'habitude de dire dans ce pays… Ah, mais la
différence, c'est que nous, les pauvres, nous ver“Alors çà... Celui-là
sons des pots-de-vin aux fonctionnaires pour
c’est Karadjic ou Nastase ?”
Gazdaru
qu'ils ferment les yeux sur de petites illégalités,
tandis que "eux", ils détournent des millions d'euros.
Apparemment, la réforme de la justice est la tâche du gouvernement et du
Parlement. Que pouvons-nous faire s'"ils" n'ont créé une Agence nationale pour l'intégrité que pour la forme, s'"ils" se renvoient d'un service à l'autre les dossiers de corruption, s'"ils" ont adopté des modifications du Code pénal qui, dans certaines situations, ne laissent aux procureurs que la possibilité de prier gentiment les suspects de
bien vouloir répondre à leurs questions (avec les excuses de rigueur pour le dérangement…)? Que pouvons-nous faire si le chef de l'Etat affirme à la télévision que la
Cour constitutionnelle est le cimetière des affaires de corruption et qu'après une telle
déclaration rien ne se passe ? Que pouvons-nous faire si la presse, prétendument le
quatrième pouvoir, fait révélation sur révélation concernant le corrompu X et le corrupteur Y, et que les X et Y concernés nous sourient sereinement sur les affiches électorales, annonçant qu'ils feront notre bonheur si nous votons pour eux ?
Nous ne pouvons rien y faire. Ou alors, si, nous pouvons : nous pouvons regarder
la télévision, voyager en Europe sans visa, prendre d'assaut les supermarchés, acheter
de nouvelles voitures par dizaines de milliers, aspirer à un poste dans une multinationale qui nous permette de faire tout ça. Ah, oui ! Nous pouvons aussi "les" insulter,
devant une bière et des cacahuètes avec les copains, dire qu'"ils" ne font rien pour le
pays mais uniquement pour leur pomme.
"Arrêtons de faire semblant d'être dans l'UE"
Si nous - citoyens, petits entrepreneurs, agriculteurs, fonctionnaires… - sommes
si mécontents de la justice, si nous faisons si peu confiance aux juges et aux tribunaux,
nous devrions réagir d'une manière ou d'une autre. Il y a quelques années, en
République Tchèque, a eu lieu une grande manifestation contre une tentative de remplacement du directeur de la télévision publique; en Hongrie, des gens sortent depuis
deux ans dans la rue pour manifester contre un Premier ministre qui a avoué publiquement avoir "menti".
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
A
la suite de la publication dans nos colonnes d'un
article emprunté à Anne Roy et paru dans
"L'Humanité", sous le titre "Les étudiants de
Bucarest face à l'onde de choc de Dacia", un de nos lecteurs,
qui pratique la Roumanie depuis le début des années 70, y rencontrant sa femme, étudiante roumaine à l'époque, a tenu à
rappeler le rôle que ce journal a joué alors dans la désinformation du public français sur ce qui se passait à l'Est. Une attitude que le secrétaire général du Parti communiste français de
l'époque avait fort bien résumé en déclarant en direct à la télévision depuis Moscou que "le bilan des pays de l'Est était globalement positif". Il est vrai que l'univers communiste fréquenté par Georges Marchais se limitait aux datchas de protocole réservées au séjour des hautes personnalités étrangères et
à des vacances à la mer Noire sur le yacht de Ceausescu.
"Je ne conteste pas le fond de l'article auquel j'adhère
complètement. Mais il y a un élément qui me gêne beaucoup,
c'est que "L'Humanité" vienne aujourd'hui pleurer sur le sort
des travailleurs roumains. Je ne me souviens pas que ce journal, organe de presse officiel du PCF, ait été l'ardent défenseur
du peuple roumain lorsque celui-ci vivait sous le joug du parti
frère. Le droit de grève était interdit en République socialiste
de Roumanie (comme dans les autres pays du même bloc
d'ailleurs) et ça n'a jamais eu l'air de choquer "L'Humanité".
Les grèves des mineurs de la vallée du Jiu à l'époque de "l'âge
d'or" n'ont pas fait l'objet du même traitement.
Je me souviens d'un article paru dans les années 70 dans
"L'Humanité Dimanche" sur la Roumanie et qu'un ami
m'avait montré. "L'Humanité" était alors le propagandiste
zélé des pires régimes que le XXe siècle européen ait connu.
Ce qui me gène surtout vis-à-vis des jeunes générations, c'est
la capacité de nos communistes a faire oublier quelle fut leur
attitude jusqu'à la chute de ces régimes.
Oubliés le mur de Berlin ("le mur de la Liberté !"), le goulag, les répressions sauvages (Budapest, Prague)... L'amnésie
les frappe mais de façon sélective... C'est tout juste s'ils ne
viennent pas nous démontrer aujourd'hui combien ils ont été à
la pointe du combat pour la libération des peuples opprimés
d'Europe de l'Est.
Il me semble qu'un rappel des positions de ce journal, il y
a plus de 20 ans, ait le bienvenu. Et que si au lendemain de
1989, on a découvert la misère sociale, morale et économique
de la Roumanie, ça n'a pas été grâce aux infos de
"L'Humanité", alors abonnée à une oeuvre de désinformation
au service de Ceausescu.
J'en veux pour preuve que "L'Humanité" était le seul
journal français qu'on pouvait trouver à cette époque glorieuse
dans les kiosques roumains.
Yves Lelong
Restitution de biens confisqués : trois poids, trois mesures
A
propos de l'article du numéro
48, sur le château de Peles
que l'Etat vient de restituer à
l'ancien roi Michel, un de nos lecteurs
apporte les précisions suivantes sur les
pratiques de restitution des biens confisqués par le régime communiste: "Bien
qu'il n'y ait qu'une seule loi pour tous en
théorie, il y a en pratique trois poids, trois
mesures concernant les propriétés confisquées et revendiquées en Roumanie:
1) Vous êtes puissant et célèbre,
comme Michel de Hohenzollern: on vous
rend votre bien, et tout est réglé. Vous
avez certes attendu longtemps et subi des
avanies (à Noël 1990 j'étais le traducteur
de l'équipe de la 5 de l'époque, qui avec
TF 1 a suivi le roi de bout en bout et filmé
son expulsion manu militari), mais cela
en valait la peine.
2) Vous vivez depuis longtemps à
l'étranger, disposez de temps et d'assez
d'argent pour payer les frais de justice, et
vous estez en justice pendant plus d'une
décennie, mais finalement vous obtenez
gain de cause (à moins que Basescu ne
soit demis et que le Parlement remette en
cause la loi actuelle, n° 10 je crois). Cela
en valait la peine vus les prix actuels de
l'immobilier, mais tout de même, pour
récupérer votre bien, vous avez passé des
années dans les couloirs des tribunaux et
dépensé en frais de justice, au moins
autant qu'il vous faudra dépenser en frais
de remise en état, ce qui fait un bien
maigre gain si vous vendez votre bien.
3) Vous n'êtes ni riche, ni célèbre,
vous êtes fatigué, ou bien vous êtes plus
jeune et vous travaillez en Roumanie ou a
l'étranger : vous n'avez aucune chance (la
plupart n'essaient même pas, beaucoup
renoncent en cours de route). Les réseaux
de la mafia immobilière, qui vendent
même les biens revendiqués, ont tout
gagné, sur votre dos. Et vous, vous êtes
marron.
Pour beaucoup de Roumains le communisme n'a rien été d'autre que: Ote toi
de la que je m'y mette, un gigantesque vol
par ruse et violence. Pour eux, PCR n'a
rien signifié d'autre que Piston,
Combines, Relations. Ils sont ultra-libéraux à présent. Communistes ou capitalistes, Malheur aux vaincus a été la seule
devise à laquelle ils aient sincèrement
cru. Et les voici plus Européens que quiconque, après avoir retardé l'adhésion, le
temps nécessaire pour assurer leurs
arrières".
Ion Cepleanu
Amitié Partage
cesse ses activités
A
mitié Partage qui a joué un
rôle important dans les relations franco-roumaines au
niveau de la société civile, à partir de
1990, vient de cesser ses activités.
L'association de Quimper avait réduit ses
activités au fil des ans, se consacrant
essentiellement à la vente de billets
d'avions à prix charter mais le nombre
insuffisant de réservations l'a conduite à
prendre cette décision. Sa représentante à
Bucarest, Paula Nicu-lescu reste à la disposition des visiteurs pour toutes leurs
prestations: accompagnement d'un guide,
hôtel, location de voiture... Ses coordonnées: [email protected], telfax (00 40) (0) 21 688 11 52, portable:
(0040) (0) 744.63.19.13.
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Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Sciences
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ORADEA
ARAD
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SUCEAVA
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BENESTI
CRAIOVA
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BUCAREST
CONSTANTA
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La statue de Bob
Marley à la frontière
serbo-roumaine
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Petrache Poenaru "Haiduc"
à 22 ans pour la cause de la Roumanie
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TULCEA
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Inventeur du stylo, du premier
journal roumain… et du drapeau national
Un festival de musique rock, organisé dans le petit village de Banatski
Sokolac, à la frontière entre la Serbie
et la Roumanie, a lancé une initiative
pour ériger une statue, la première
du genre, à la mémoire de l'icône du
reggae jamaïcain, Bob Marley, décédé en mai 1981. Elle a été inaugurée
fin août.
En août 2007, Zitiste, un autre village du Banat, région dans l'est de la
Voivodine (nord de la Serbie) à cheval entre la Serbie et la Roumanie,
avait inauguré une statue du boxeur
Rocky Balboa, le célèbre personnage
de cinéma, créé et incarné par l'acteur américain Sylvester Stallone.
Le festival "Rock Village", dont la
première édition a eu lieu en 2005,
réunit principalement des groupes
rock locaux et régionaux.
"Pourquoi nous
aimons les femmes"
Enorme succès en Roumanie,
Pourquoi nous aimons les femmes
vient d'être traduit en français.
L'auteur rend hommage à la femme
en un hymne précédé de vingt nouvelles sur les déboires sentimentaux
d'un grand amoureux. De nouvelle en
nouvelle et de femme en femme, le
livre prend sens et devient un roman
total à la lecture de l'hymne, tendre,
drôle, dramatique, cocasse et sensuel. Mircea Cartarescu apparaît
comme un grand écrivain à l'écriture
onirique idéale pour transcender la
beauté de l'éternel féminin…
S
i le mot stylo est d'origine grecque mais a été
popularisé par les Français en 1923, son invention, elle, doit tout à un Roumain et remonte à
1827, soit voici 175 ans. Cette année là, Petrache Poenaru
(1799-1875), professeur dans une école de Bucarest, faisait breveter à Paris un porte-plume qu'il avait doté d'un
réservoir à encre et d'un piston lui donnant une bien plus
grande autonomie. Son inventeur le baptisa, "plume porteuse d'encre", terme qui ne fit pas fortune, contrairement
à la prodigieuse carrière que cet objet entamait et qui dure
encore. Cette invention sera développée ensuite par
Brissant et Ciffin en 1863, puis par Watterman, en 1884.
Petrache Poenaru est l'un des esprits roumains les plus brillants et complets.
Secrétaire et homme de confiance du grand révolutionnaire Tudor Vladimirescu, en
1821, il avait suivi des études à Vienne, Paris, Londres. Mathématicien, physicien,
ingénieur, inventeur, professeur, homme politique, agronome, zootechnicien, Poenaru
a apporté une contribution décisive à l'organisation de l'enseignement en Roumanie,
fondant les collèges nationaux de Bucarest et Craiova. Homme de culture autant que
de sciences, il a créé la Société Philharmonique, le Jardin Botanique et le Musée
National d'Antiquités de Bucarest. Membre de l'Académie roumaine (1870), le savant
avait publié plusieurs ouvrages, dont une étude portant sur la géométrie après
Legendre et un vocabulaire franco-roumain en deux volumes.
Petrache Poenaru fut aussi le premier Roumain a voyagé en chemin de fer, le 27
octobre 1831. Il terminait ses études en Angleterre, où, l'année précédente, le 15 septembre 1830 venait de s'ouvrir la première voie ferrée du monde, entre Liverpool et
Manchester. Le jeune homme ne cacha pas son enthousiasme : "Une seule machine a
permis à 240 personnes de voyager" écrivit-il avec son fameux stylo.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
revue "Dilema Veche" regrette
de fermeté à l'égard de son pays
Nous avons besoin d'une douche froide"
Mais nous - qui savons mieux que personne "boycotter
l'Histoire", comme disait le philosophe Lucian Blaga -, nous
continuons à vaquer à nos occupations. L'ancien adage "Ils
font semblant de nous payer, faisons semblant de travailler"
s'est transformé en "Ils font semblant de nous avoir fait entrer
dans l'Union Européenne, faisons semblant d'y être".
Les experts européens n'ont fait que constater ce que nous
savons déjà: la réforme de la justice est bloquée; les promesses
faites avant l'adhésion n'ont pas été tenues. Nous savons également que, depuis toujours, nous sommes des citoyens apathiques et fatalistes. Mais quand même ! Si la Commission
européenne assumait sérieusement son rôle d'exécutif européen, la clause de sauvegarde devrait être activée concernant
la Roumanie. Personnellement, je le ferais ! Non seulement
pour mettre un carton rouge aux institutions de l'Etat, mais
aussi pour procurer aux
citoyens roumains la sensation bienfaisante d'une
douche froide dans cette
atmosphère de douce torpeur
créée par notre adhésion à
l'UE. Mais il était peu probable que cela se fasse. La
décision de l'acceptation de
“C’est sûr que Nastase aurait
remporté l’or à Pékin, mais
la Roumanie et de la
malheureusement sa discipline
n’est
pas
olympique”. Ion Barbu
Bulgarie a été politique et le
restera. Et la réforme de la justice ne se fera véritablement que
lorsqu'"ils" prendront leur retraite et ne s'occuperont plus que
de leur vieillesse corrompue.
Mircea Vasilescu ("Dilema Veche")
Les mauvais points de "Freedom House"
L
e rapport 2007 de "Freedom
house", organisation basée à
Washington financée par les
USA, l'UE, des organisations caritatives,
et qui étudie les progrès de la démocratie
dans le monde, a relevé quatre points
négatifs et autant de pas en arrière pour la
Roumanie: la situation de la justice, toujours aussi corrompue, de plus en plus
dépendante des manœuvres du pouvoir,
et dont la réforme se fait attendre ; l'instabilité politique et les tentatives du parlement et du gouvernement de s'opposer
aux décisions de la Cour constitutionnelle conduisant au référendum visant à destituer le président; les organisations de la
société civile qui deviennent de plus en
plus vulnérables d'un point de vue financier et face aux manœuvres politiques les
fragilisant ; l'accélération de la concentra-
Compagnon d'armes de Tudor Vladimirescu
La Roumanie veut obtenir
"au plus vite" le dégel des aides agricoles
Toutefois, l'épisode le plus étonnant de la vie de ce Roumain extraordinaire, né à
Benesti, près de Râmnicu Vâlcea, se situe lorsqu'il atteint ses 22 ans et devient haiduc
- bandit d'honneur - pour servir la cause de la Roumanie contre les Turcs. Ces cinq
mois passés dans la peau d'un "Robin des Bois" vont changer son destin. Ses compagnons se rendent très vite compte que cet intellectuel n'est pas fait pour le métier des
armes, mais à la fois intrigués et amusés, le présentent au chef de la révolte, Tudor
Vladimirescu (1780-1821).
Celui-ci est impressionné par la vivacité de l'intelligence de ce jeune homme et
s'attache ses services comme secrétaire. Enthousiaste, Petrache Poenaru devient vite
son homme de confiance et le convainc de porter aussi le combat sur le plan des idées
pour populariser sa cause. C'est ainsi qu'il crée "Foia de propaganda", le premier
journal roumain. Il le persuade aussi de réunir ses partisans sous un même emblème
qui donnera naissance 60 ans plus tard, en 1881, au drapeau national roumain tricolore (bleu-jaune-rouge), s'inspirant du modèle du drapeau de la Révolution française.
Petrache Poenaru ne limitera pas cependant son engagement au seul domaine de
la création intellectuelle, mais se battra courageusement sur les champs de bataille, frisant plusieurs fois la mort. Inquiet et voulant le ménager, son mentor et aîné de vingt
ans, l'enverra continuer ses études à l'étranger. Bien lui en prendra car lui-même sera
assassiné après être tombé dans un guet-apens quelques mois plus tard. Petrache
Poenaru partira pour Vienne puis Paris, où il sera diplômé de l'Ecole Polytechnique,
commençant sa prodigieuse carrière.
près bien des tergiversations, la Commission européenne a commencé à
réagir de manière concrète à propos de la mauvaise gestion des fonds
communautaires en Bulgarie et en Roumanie. Le ministère roumain des
finances a annoncé, mercredi 20 août, le gel par Bruxelles de 30 millions d'euros
d'aides agricoles pour "déficience technique" dans leur gestion. Ces deux pays ont
été sanctionnés après avoir reçu, le 23 juillet, une mise en garde de Bruxelles dans
le cadre d'un mécanisme de coopération et de vérification établi lors de leur adhésion. Celle-ci les a invités à respecter les normes européennes de contrôle financier
afin que cessent les irrégularités constatées par les experts.
La Roumanie, n'a pas été sanctionnée pour fraude, mais la Commission attend
d'elle un plan d'action sérieux pour améliorer la gestion de ces fonds. D'ici là, les
30 millions d'euros d'aides agricoles restent gelés. Bucarest a présenté un plan le
31 juillet mais la Commission l'a jugé insuffisant et a demandé au gouvernement de
l'amender avant le dimanche 31 août.
Le ministre roumain de l'agriculture, Dacian Ciolos, a estimé que cette situation
risque de porter atteinte à la "crédibilité" de son pays. Il a toutefois souligné qu'à la
différence de la Bulgarie, la Roumanie n'est pas accusée de fraude. Des mesures vont
être prises, a-t-il assuré, pour régler "au plus vite" les difficultés signalées par
Bruxelles et permettre la reprise des versements.
De son côté, la Bulgarie a été sévèrement punie par le gel d'une partie des
sommes qui lui étaient promises, pour un montant d'environ 500 millions d'euros.
A
tion des médias dans les mains de
magnats, la qualité de leur contenu étant
affecté par des campagnes de diffamation
et de chantage de toutes sortes, servant
leurs intérêts.
Sur les autres points, comme les élections et la gouvernance locale, "Freedom
house" n'enregistre pas de changements
notables, accordant la moyenne à la
Roumanie.
Un expert…
à la bonne place
U
ne villa de 356 m2 et un
appartement de 140 m2 à
Brasov, un studio de 40 m2 à
Bucarest, le tout d'une valeur de près de
500 000 € et acquis en quelques mois
début 2007...
C’est l’état des lieux qui a été révélé
au cours d'une vérification du patrimoine
de Horia Georgescu, le secrétaire général
de l'ANI (Association Nationale
d'Intégrité)… organisme chargé de
contrôler les déclarations de fortune et de
revenus des dignitaires du régime et des
politiciens, afin de détecter toutes formes
d’enrichissement jugé suspectes (voir
page suivante).
De 2004 à 2007, ce haut fonctionnaire avait travaillé à la DNA (Direction
Nationale Anticorruption), en tant qu’
expert, puis auprès du ministère de la justice dans le même registre.
9
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
UE et corruption
l
BAIA MARE
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A la pêche aux "gros poissons"
l
SUCEAVA
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BUCAREST
CONSTANTA
l
La Roumanie
a plus d'un milliard
et demi d'euros
à récupérer auprès
de ses débiteurs
10
Des “inspecteurs d’intégrité”
Ces trois dernières années, la
Roumanie a réussi à récupérer environ 40 % des prêts qu'elle avait
consentis en dollars et roubles à
quatorze pays, avant 1989. Il lui
reste cependant 1,3 milliards de dollars et 1,1 milliards de roubles à se
faire rembourser.
Le plus grand pays débiteur reste
l'Irak avec 977 M€. Des pays comme
le Congo, le Soudan et la Somalie,
fortement endettés auprès de
Bucarest sont considérés comme
insolvables.
Par ailleurs, des négociations sont
entamés de longue date auprès de
Moscou, et sans aboutir, afin de
récupérer le trésor qui lui avait été
confié en 1917 pendant la Première
guerre mondiale afin d'être mis à
l'abri devant l'avancée des troupes
allemandes.
Ce trésor, qui a été confisqué par
les communistes, n'a pas été rendu
en totalité par la Russie. Il comprend
aujourd'hui 9,4 tonnes d'or fin pour
une valeur de 785 millions de dollars
aux taux de 1999. 9,1 des 9,4 tonnes
sont constituées de monnaies, dont
la valeur numismatique augmente
avec le temps.
En 1948, quant la Roumanie a
basculé dans leur camp, les autorités
russes ont rendu une partie des
œuvres d'art faisant partie des
valeurs confiées en 1917, mais pas
l'or. Au total, la Roumanie a plus d'un
milliard et demi d'euros à récupérer
auprès de ses débiteurs.
ls sont 42 et portent un nom étrange, "inspecteurs d'intégrité". Ils sont les
employés du tout nouvel organisme créé par la Roumanie pour lutter contre la
corruption: l'Agence nationale pour l'intégrité (ANI). Leur travail consiste à
éplucher les déclarations de fortune des officiels roumains et de les confronter à la réalité. S'il existe des doutes quant à la véracité des déclarations, les inspecteurs s'adressent à la justice, qui peut décider de la saisie d'une partie des biens. A cause notamment de l'opposition du Parlement, l'agence a commencé son travail en février, avec
un an de retard sur le calendrier prévu.
"On est contents malgré tout”, affirme
son président, Catalin Macovei (notre
photo). “Car on a déjà traité plus de 90
dossiers, dont 17 de parlementaires".
Parmi eux, un sénateur qui aurait mystérieusement gagné 3 millions d'euros en
trois mois grâce "à son flair hors pair dans
l'immobilier", ou un autre devant justifier la
provenance de 700 000 euros d'un prêt.
Les débuts ne sont pas faciles. L'ANI trouve pour l'instant ses informations
dans… la presse. "80 % de nos enquêtes démarrent avec un article de journal", reconnaît Catalin Macovei. Les officiels de l'agence appellent à une meilleure coopération
avec les autres organismes, et notamment le ministère de l'Intérieur, qui pourrait fournir des données intéressantes. "On a parfois du mal à comprendre pourquoi la
Roumanie a toujours besoin de plus d'institutions pour régler les problèmes de corruption", déplore un juge sous couvert d'anonymat. "Si les institutions qui existent
déjà faisaient bien leur travail, la situation serait meilleure."
Outre l'ANI, la Roumanie dispose également d'une Direction nationale anticorruption (DNA) qui enquête depuis des années sur les affaires douteuses des hommes
politiques. Le bilan est mitigé: il y a trois ans, la DNA avait mis en accusation plusieurs anciens ministres avec force publicité. Aucun procès n'a pour l'instant abouti.
Pis, la semaine dernière, la DNA a abandonné, faute de preuves, les investigations
contre deux ex-ministres soupçonnés d'espionnage et de trahison. "Même s'il n'y a pas
de condamnation définitive, il faudrait toutefois remarquer que plusieurs procès sont
en cours", tempère Daniel Morar, le jeune procureur en chef de la DNA.
Nomenklatura et biens volés
sous le communisme: Basescu voit rouge
L
e président Traian Basescu n'a
pas promulgué la modification de la loi sur les rétrocessions des biens immobiliers nationalisés
sous le communisme votée par les députés au mois de juin, décidant de la renvoyer au parlement pour un réexamen. "Il
s'agit d'un acte de renationalisation qui
ne dit pas son nom" a déclaré le chef de
l'Etat, ajoutant que ce texte "annulait
implicitement la qualité de propriétaire à
ceux qui ont été abusivement dépossédés
par le régime communiste".
La modification de la loi sur les
rétrocessions prévoit que les anciens propriétaires ne puissent plus bénéficier de
la restitution en nature de leur bien
immobilier si ceux-ci ont déjà été vendus
par l'Etat à la chute du régime communiste. A la place, ils seraient simplement
dédommagés. Cet aménagement permettrait à tous les nomenklaturistes qui ont
acquis leurs propriétés pour une bouchée
de pain, à la suite de combines, de dormir
en paix : ils n'auraient pas à les rendre et
c'est l'Etat qui paierait les dédommagements dus aux anciens propriétaires.
En Roumanie, le problème des rétrocessions est encore loin d'être résolu. Ces
trois dernières années, l'Etat a été
condamné 155 fois par la CEDO (Cour
européenne des droits de l'homme) pour
des affaires de ce type et devrait payer
environ 13,5 millions d'euros d'amende.
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Tribune
“Le meilleur des ondes…”
L
a décision du Sénat roumain d'adopter une loi pour
obliger les radios et les télés à diffuser au moins
50 % de nouvelles "positives" a été très commentée
à travers le monde et les malheureux élus, considérés au mieux
comme d'aimables farceurs, en ont pris pour leur grade. Elle a
permis notamment à Jean-Simon Gagné du quotidien "Le
soleil" de Québec d'exercer toute sa verve.
"Assez d'histoires déprimantes! Ras-le-bol des veuves et
des orphelins qui ne trébuchent jamais sur un coffre de diamants, le soir de Noël, comme dans un film de Walt Disney.
Ou des bébés requins qui cherchent en vain leur maman assassinée par de vils braconniers pour vendre son aileron dorsal à
un restaurant chic de Singapour.
Vous comprenez, le cœur des parlementaires roumains
saigne devant les convulsions qui agitent notre monde. Alors à
défaut de s'attaquer aux causes de la pauvreté ou de l'injustice,
ils ont décidé de viser "l'extraordinaire nocivité des informations négatives et leurs effets irréversibles sur la santé".
Laissez-moi imaginer le tableau…
Ceausescu était un grand
adepte de la pensée positive
"Chers téléspectateurs, nous venons d'atteindre notre
quota de 50 % de nouvelles négatives pour le téléjournal de ce
soir. Alors tant pis pour l'attentat ayant causé 500 morts en
Irak. À la place, nous diffuserons une entrevue réalisée avec le
vainqueur d'un concours de danse à claquettes réservé aux unijambistes. Et s'il reste du temps, nous ajouterons trois minutes
sur une miniature de char d'assaut entièrement fabriquée avec
des éclats de bambous biologiques et équitables, cultivés dans
une serre d'Abitibi."
Autant le préciser tout de suite. La loi votée par le Sénat
roumain ne sera jamais promulguée. Le président du pays a
déjà annoncé son intention de la laisser mourir au feuilleton.
En Roumanie, l'épisode a toutefois rappelé les douloureux
souvenirs du dictateur Ceausescu, renversé en 1989. Celui que
les poètes officiels surnommaient le "Danube de la pensée"
était en effet un grand adepte de la pensée positive.
À l'époque, la presse était bourrée de statistiques décrivant
l'extraordinaire prospérité du pays. Ce qui n'empêchait pas les
Roumains de manquer de tout. Pour railler l'absence de chauf-
Radio Europa Libera
a cessé ses émissions
V
L’histoire de
Radio Europe Libre
et de l’exil roumain
est paru en livre
en Roumanie.
oix de la liberté" pendant cinq décennies de communisme, contrepoids à la propagande de Ceausescu,
fenêtre audio sur l'Occident, Radio Europa Libera a
cessé d'émettre en Roumanie le 1er août. Une décision prise en
raison de l'importante concurrence existant sur le marché des
médias roumains mais aussi parce que le poste de radio, financé
par le Congrès américain et fondé il y a 60 ans, en pleine guerre
froide, se concentre désormais principalement sur le MoyenOrient. Europa Libera continue néanmoins d'émettre en Moldavie
et en Transnistrie.
fage, on disait: "il fait tellement froid dans la
maison que tu devrais fermer la fenêtre, sinon
les gens qui passent dans la rue risquent d'attraper un rhume". Mais ne nous égarons pas.
Devant la controverse suscitée par leur loi, plusieurs sénateurs
ont regretté de ne pas l'avoir examiné plus longuement. En fait,
en approuvant le projet en... cinq minutes, ils n'avaient même
pas déterminé comment on distinguerait une nouvelle positive
et une nouvelle négative.
Parions aussi qu'ils n'avaient pas pris connaissance du dicton qui sert souvent d'introduction à la profession de journaliste. "Si un homme mord un chien, c'est une nouvelle. Mais si un
chien mord un journaliste, alors c'est une bonne nouvelle."
Au Texas, on repeint les prisons en rose
Les sénateurs roumains sont pourtant de leur époque.
Même que leur projet fait écho à des initiatives surgies un peu
partout à travers le monde. Aux États-Unis, par exemple, un
petit nombre de journaux ne publient que de bonnes nouvelles.
Jusqu'ici, cependant, leurs succès ont été mitigés. En 2002, le
bimensuel Good News, publié en Floride, a fermé ses portes
après seulement 16 mois d'existence. Jusqu'à la fin, ses propriétaires ont refusé de prévenir les lecteurs des problèmes
financiers du journal. Normal. Ce genre de mauvaise nouvelle
aurait contrevenu à l'esprit de la publication.
Sur la route de l'optimisme débridé, certains ont fait mieux
encore. Au Texas, il y a quelques années, un shérif avait décidé qu'il fallait mettre du rose nanane dans la vie des prisonniers. Toute la prison du comté avait été repeinte en rose. Les
murs, les portes, les barreaux des cellules. Même les draps
étaient roses. Un véritable enfer.
Vêtus de rose de la tête aux pieds, les prisonniers avaient
tellement honte qu'ils refusaient généralement de sortir de la
prison, même quand ils obtenaient le droit de travailler à l'extérieur, durant la journée. À croire que la vie en rose ne constituait pas une si bonne nouvelle, après tout.
La morale de cette histoire revient à un écrivain anglais,
qui déclarait: "L'optimiste proclame que nous vivons dans le
meilleur des mondes possibles. Et le pessimiste craint que ce
ne soit vrai".
Jean-Simon Gagné ("Le Soleil" Québec)
Retour
aux sources ?
L
'Agence nationale de
presse ROMPRES
devient
l'Agence
nationale de presse AGERPRES,
selon le décret signé par le président Traian Basescu, revenant
ainsi au nom qu'elle avait entre
1949 et 1989, sous le régime
communiste.
55
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Médias
SUCEAVA
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BISTRITA
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SF. GHEORGHE
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BUCAREST
CONSTANTA
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L'Etoile
de la Roumanie
pour Soljenitsyne
54
Les journalistes sommés par le Sénat
de donner 50 % de nouvelles positives
GALATI
BRAILA
PITESTI
"On parle trop des choses qui ne vont pas"
La veille des funérailles
d'Alexandre Soljenitsyne, le président
Traian Basescu lui a décerné à titre
posthume la croix de commandeur
de l'ordre national de l'Etoile de
Roumanie, la plus haute distinction
roumaine, "pour le courage et la
détermination dont il a fait preuve
tout au long de sa vie dans son combat et pour sa contribution exceptionnelle au patrimoine de la littérature
universelle".
Des bibliothèques
gratuites
dans les gares
L'Union des écrivains roumains et
le ministère des Transports ont inauguré dimanche 11 mai la première
bibliothèque de gare de Roumanie.
Les voyageurs de la Gare du Nord
de Bucarest auront désormais gratuitement à leur disposition des livres
d'auteurs roumains pour patienter.
C'est l'Union des écrivains qui a mis
à leur disposition ces ouvrages d'Ana
Blandiana, Augustin Buzura, Dan
Mircea Cipariu, Nicolae Prelipceanu,
Cassian Maria Spiridon, etc.
Des bibliothèques ont également
été inaugurées dans cinq autres
gares du pays (Iasi, Suceava, Alba
Iulia, Sibiu, Sinaia). A cette occasion,
une anthologie de textes des auteurs
autochtones récompensés par des
prix littéraires depuis 1990 a été lancée. Son titre: Les écrivains prennent le train.
I
l a fallu moins de cinq minutes au Sénat roumain (chambre haute du
Parlement) pour voter le mercredi 25 juin - à l'unanimité ! - l'une des lois les
plus controversées depuis que la Roumanie a renoué avec la démocratie et qui
prévoyait que les télévisions et les radios roumaines devaient désormais diffuser 50 %
d'informations positives. Heureusement, ces dispositions ont été invalidées par la
Cour constitutionnelle.
"On parle trop des choses qui ne vont pas, on montre trop le mauvais coté de la
vie, il faut équilibrer la balance", avait affirmé Gheorghe Funar (Parti de la Grande
Roumanie, extrême droite xénophobe) l'un des initiateurs du projet et ancien maire
très controversé de Cluj. Selon lui les informations négatives ont un effet irréversible
sur "la santé et la vie des gens".
Exemple d'information positive? "Parler des succès enregistrés par les jeunes
Roumains à l'étranger, ou des bonnes performances de l'économie", avait lancé Ioan
Ghise (Parti National-Libéral, centre droit), l'autre initiateur du projet. La perplexité
était grande dans les médias: "Comment fera-t-on le partage, car une information
positive pour quelqu'un peut être négative pour quelqu'un d'autre ?" affirmaient plusieurs journaliste.s
Pour y donner une réponse, le Sénat avait chargé le Conseil national de l'audiovisuel (CNA) - le CSA local - de trouver les critères afin de déterminer quelles sont les
informations "positives" et quelles sont les "négatives". Le CNA n'avait pas entendu
pas les choses de la sorte. "C'est aberrant !" s'était révolté Gelu Trandafir, un de ses
membres. "On demande au CNA de se transformer en ministère de la Vérité, comme
dans le livre de George Orwell, 1984. Avec ce genre de décisions, le Sénat nous rappelle les pires heures de la dictature communiste".
"Formidable ! Seulement 3000 morts dans l'attentat
des tours jumelles… il y aurait pu en avoir 10 000"
Dans les médias roumains, les réactions sont allés de l'ironie amère à la pure
révolte "Comment pourrait-on "positiver" le 11 septembre ?" a lancé Dragos, journaliste radio. "Commencer par dire que sept mille personnes ont réussi à s'échapper des
tours jumelles, mais que, malheureusement, trois mille autres sont mortes ?"
Pour l'Agence de monitoring de la presse, ONG spécialisée dans la défense des
médias, les journalistes doivent refléter la réalité. "Est-ce que les sénateurs ont réalisé une étude pour montrer que la moitié de la réalité roumaine était positive et que
l'autre moitié, négative?" a ironisé Mircea Toma, son directeur. En guise de réponse,
les sénateurs ont affirméavoir lu beaucoup de livres sur le sujet, et notamment
quelques ouvrages de référence de psychologues américains qui montrent que le
"négativisme tue".
Luca Niculescu (Libération)
Les chaînes thématiques
à la conquête de l'Europe de l'Est
D
ans son rapport annuel 2007 sur la télévision dans le monde, Eurodata TV
Worldwide note que le marché de la télévision dans les pays d'Europe
Centrale et de l'Est fait preuve d'un dynamisme exceptionnel. Tout comme
dans le reste du monde, la concurrence y est très intense avec la progression du câble
et du satellite. Toutefois, d'un pays à l'autre des différences sont à observer. En
Roumanie, les chaînes thématiques connaissent, pour leur part, une très forte croissance avec 76,5 % des foyers équipés du câble, mais très peu du satellite. La durée
d'écoute moyenne de la télévision par personne et par jour y est de 3 h 54.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
épluchent les déclarations de fortune des officiels roumains
qui passent toujours entre les mailles du filet
Si les "gros poissons", comme les appelait un officiel
européen, sont toujours en liberté, la Roumanie enregistrerait
des progrès dans la lutte contre la corruption locale, celle qui
touche les maires, les conseillers municipaux et départementaux, ainsi que les policiers. En juin, la DNA a démantelé un
vaste réseau de trafic de permis de conduire. Une vingtaine de
personnes, dont plusieurs policiers, sont derrière les barreaux.
Magistrats français et allemands appelés à l'aide
"Dix huit mois après l'adhésion à l'UE, il est bien difficile de
dire s'il existe une véritable volonté politique de lutter contre
la corruption ou s'il s'agit seulement d'effets d'annonce",
constate Lucia Efrim, journaliste. "Mais des choses ont bougé
et c'est déjà bien, car le système judiciaire roumain est l'un des
plus conservateurs, les changements s'opèrent très lentement".
Pour les mener à bien, le ministre de la Justice, Catalin
Predoiu, compte sur l'appui d'autres pays de l'UE. Ainsi, c'est
avec l'aide de magistrats français que la Roumanie rédige une
nouvelle loi sur la responsabilité ministérielle, celle en vigueur
accordant trop de privilèges aux anciens titulaires de la fonction. De même, des magistrats allemands aident à la rédaction
d'un nouveau code pénal. Dix-huit ans après la chute de la dictature, la justice roumaine fonctionne toujours sur la base de
textes hérités de l'époque Ceausescu…
Luca Niculescu ("Libération")
Du berceau à la tombe, les Roumains dépensent
des dizaines de milliers d'euros en bakchichs
Une vie de spaga
T
out au long de sa vie, un Roumain dépensera (ou recevra) en "spaga" - bakchichs
et autres dessous de table - des centaines de millions d'anciens lei, soit des
dizaines de milliers d'euros, pour faciliter son existence quotidienne. Un phénomène qui n'est pas propre à la seule Roumanie dans la région, mais qui a pris des dimensions
encore plus effrayantes depuis la "Révolution". Pour le quotidien "Gardianul", Cornel
Ivanciuc en dresse le triste constat, sur un mode caustique:
"Il faut te faire à l'idée… Pour chaque heure que tu passeras dans ce monde, ton père
devra payer "o spaga". Déjà quand tu sortiras du ventre de ta mère, il aura dû donner
quelques billets à l'anesthésiste pour la césarienne et à la sage-femme pour être sûr qu'elle ne
te laissera pas tomber par terre, après avoir glissé malencontreusement sur le carreau. Lors
“Aidez nos pauvres “budgetari” de ton baptème, il s'assurera auprès du pope qu'il est bien satisfait du cierge gros comme la
(administrations auxquelles il faut
donner des bakchichs) à se payer colonne de Trajan qu'il lui aura acheté, afin que
des villas de huit chambres”.
sa flamme ne vienne pas brûler tes petites fesses
bien roses ou qu'il ne te laisse te noyer dans les fonds baptismaux.
Ce n'est pas fini…çà commence seulement. Ton père devra déjà payer pour te trouver une place en maternelle. Tu verras d'ailleurs comme tu seras à bonne école tout au
long des tes études. Tu découvriras vite combien les femmes aiment les fleurs. Surtout
le jour de leur fête, le 8 mars ! N'oublie pas cette fois là d'apporter un bouquet d'orchidées à ta prof principale si tu tiens à ne pas redoubler à la fin de l'année. Si tu es vraiment mal avec elle, et que tu as la chance que ta mère travaille dans une agence de
voyages, tu t'apercevras qu'un petit séjour aux Canaries lui fera vraiment plaisir.
Ne t'en fais pas tant que çà… c'est seulement une habitude à prendre. Tu te rendras
vite compte qu'"o spaga" par ci, "o spaga" par là, çà facilite beaucoup la vie: quand tu
sèches les cours, pour copier au bac, pour ta licence que tu vas rater parce que t'as rien
Connaissant les moeurs du temps,
fichu, pour acheter ton mémoire ou ta thèse à des petits malins qui en ont des toutes
un cafetier facétieux a baptisé son bistrot
“Fara Spaga”... soit “Sans pôt de vin”!
prêtes dans leurs tiroirs, ou au contraire parce que l'université t'as laissé bosser comme
un dingue, tout seul et sans s'occuper de toi, et qu'il est bien normal de lui témoigner ta gratitude.
Maintenant que tu as pris le pli, tu vas voir comme l'horizon se dégage: "o spaga" pour passer le permis, pour trouver un boulot, pour faire réparer ta voiture sans avoir à revenir dix fois chez le garagiste, pour ta messe de mariage, pour les tests de grossesse de ta femme, pour acheter des médicaments, pour faire sauter une contredanse, pour une place pour Steaua-Dinamo, pour ne
pas faire la queue pour ta carte d'identité, pour avoir ton passeport plus vite, pour que la mairie te donne ton certificat d'urbanisme, pour que les juges ne renvoient pas ad vitam eternam ton procès - en faisant bien attention de leur donner plus que ton adversaire ! - pour partir à la retraite à 40 ans, pour qu'on te réserve une bonne place au cimetière. Ah ! J'allais oublier le plus important… Surtout, n'oublie pas de graisser la patte au fossoyeur pour qu'il creuse un trou assez profond".
Cornel Ivanciuc ("Gardianul")
11
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Moldavie
Quand un garçon
ses parents commencent
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Musées
Grigorescu, Luchian, Tonitza… 134 tableaux et sculptures
des plus grands maîtres roumains exposés dans un musée de village
SUCEAVA
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La solde des soldats
au combat augmentée
Le ministère de la Défense a décidé d'augmenter à 80 € la solde quotidienne des officiers en mission à
l'étranger et participant à des opérations militaires (Irak, Afghanistan,
etc.), celle des sous-officiers et soldats passant à 70 €. Ces militaires
seront également assimilés au statut
des vétérans de guerre, comme leurs
aînés des Première et Seconde
Guerre mondiale, bénéficiant de soins
médicaux, prothèses et opérations
chirurgicales à l'étranger.
12
Trésors de campagne à Topalu
l
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SIBIU
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En Moldavie, les Lipovènes
IASI
BAIA MARE
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Transit libre pour
les Moldaves ayant
un visa Schengen
La Roumanie a décidé d'accorder
le libre passage sur son territoire pendant cinq jours aux citoyens moldaves
disposant d'un visa Schengen et se
rendant dans un pays de l'UE ou disposant d'une carte de séjour. Chisinau
espère que ce geste sera imité par la
Bulgarie pour ses ressortissants se
rendant en Grèce ou Turquie.
Citoyenneté roumaine
pour les étudiants
moldaves qui
le souhaitent
Le président Basescu a décidé de
proposer au Parlement roumain
l'adoption d'une loi en procédure d'urgence d'ici la fin de l'année permettant d'octroyer la nationalité roumaine
aux lycéens et étudiants moldaves
terminant leurs études en Roumanie,
particulièrement nombreux à
Bucarest mais aussi présents dans
plusieurs autres villes du pays, et qui
en feraient la demande.
A
u milieu du XVIIe siècle, des dizaines de milliers de Russes s'installent
dans le delta du Danube et sur les rives du Prut pour fuir les persécutions
religieuses dont ils sont victimes depuis la réforme du dogme et de la
liturgie orthodoxes menée par le patriarche Nikon. Plus de 30.000 de leurs descendants, appelés Lipovènes, vivent aujourd'hui en Roumanie et en Moldavie où ils perpétuent des traditions séculaires et suivent à la lettre l'ancien culte orthodoxe russe. Un
reportage dans le village de Pocrovca en Moldavie d'"Evenimentul Zilei",
("L'Evènement du Jour"), traduit par Mehdi Chebana et repris par Le Courrier des
Balkans.com.
Après 60 ans, les hommes ne se rasent plus la barbe
"Situé dans le nord de la République de Moldavie, le village de Pocrovca se distingue singulièrement de toutes les localités voisines. Ses 1030 habitants, tous Russes
lipovènes, attachent un intérêt particulier à la propreté des rues et perpétuent religieusement les traditions
héritées de leurs ancêtres. L'une
d'entre elles veut par exemple que les
hommes ne se rasent plus la barbe
après soixante ans. Mais ce n'est pas
tout. Les "vieux croyants", comme
on les appelle encore (en raison de
leur attachement à l'ancien rite orthodoxe), refusent systématiquement de
vendre leur maison et leur lopin de
terre, ce qui fait de la région l'un des endroits en Moldavie où le prix du mètre carré
est le plus élevé avec Chisinau (2.000 dollars les 100 mètres carrés). Dans le même
temps, ils rachètent les terres délaissées par les Moldaves vivant dans les villages voisins. Chaque habitant de Pocrovca connaît l'histoire de ces 17 familles russes qui ont
fui leur pays en 1820 pour se réfugier ici, achetant un petit lopin de terre aux notables
moldaves à des prix bien plus élevés que la valeur du marché à l'époque. Tous respectent encore aujourd'hui les efforts de leurs aïeux.
D'ailleurs, aucun d'entre eux n'a jamais quitté le village pour travailler à l'étranger. Les Lipovènes assurent qu'ils peuvent très bien gagner leur vie en restant chez
eux. Leur richesse? La terre. Ils possèdent des vergers avec des pruniers et bien
d'autres arbres, mais ce sont les framboisiers qui constituent leur plus grande source
de revenus. L'été dernier, ils ont réussi à vendre leur kilo de framboises à 1,40 euros.
Les Lipovènes cultivent également des pommes de terre et des melons. "Quand
nous vendons un kilo de melons, nous pouvons acheter deux kilos de blé, c'est mathématique" , explique Florii Vetrov, 71 ans. "Les Moldaves nous envient parce que nous
sommes travailleurs et unis".
À Pocrovca, seuls deux habitants parlent roumain
Chaque jour à 14 heures, les femmes lipovènes se réunissent dans le centre du village pour boire du thé noir préparé dans un samovar et déguster les framboises cultivées dans chaque ferme. Une tradition qui se perpétue depuis des générations.
Même si leurs enfants apprennent le roumain à l'école, toutes s'expriment en russe
à l'exception d'Eudochia Zamfir. D'origine moldave, la directrice de l'école communale s'est établie ici avec son mari en 1975. Elle dit avoir rapidement intégré les habitudes des Russes lipovènes, si bien qu'elle n'envisage plus aujourd'hui de vivre ailleurs
qu'à Pocrovca.
C
'est l'histoire
de Gheorghe Vintila,
un médecin roumain
passionné d'art qui a
dédié une partie de son
existence à la constitution d'une impressionnante collection de tableaux et sculptures. A la fin de sa vie, il a souhaité que les œuvres soient
exposées dans son village natal, à Topalu, dans la maison de
ses parents. Jonas Mercier, pour "Regard" s'y est déplacé et
fait partager sa découverte d'un secret bien gardé.
"A Topalu, il n'y a pas de gare. Même les "microbus" ne
s'aventurent pas jusqu'à ce petit village. Situé sur les rives
orientales du Danube, à une vingtaine de kilomètres au nord de
Cernavoda, l'endroit est peuplé d'environ 2000 âmes. Ici, les
routes en bitume alternent avec les chemins de terre, les automobiles avec les charrues et les énormes péniches avec les
petites barques de pêcheurs.
A première vue, rien ne différencie Topalu d'une autre
commune de la Dobrogea. On y trouve une garderie, une
école, un restaurant et quelques bistrots. Mais il existe pourtant
une petite singularité qui ne passe pas inaperçue. Au beau
milieu du village, une maison tout juste rénovée porte l'inscription suivante: "Muzeul de Arta" (Musée d'Art). Ici, 134
tableaux et sculptures de quelques-uns des plus grands artistes
roumains sont exposés. Un trésor inestimable du patrimoine
culturel national.
L'enfant du pays a fait don de sa collection
Il s'agit en fait de la collection de Gheorghe Vintila, un
enfant du pays, médecin à Bucarest durant l'entre-deuxguerres, "Ses parents avaient
ouvert la première école du
village, ils en ont été les premiers instituteurs. En 1960,
Vintila a fait don de sa collection à l'État roumain à la
condition que celle-ci soit
exposée dans la maison de
ses parents, à Topalu.
Aujourd'hui, on dépend du
musée d'art de Constanta, mais celui-ci a été créé en 1961,
soit un an après le musée de notre villag", explique Maria
Buzatu, la conservatrice, qui s'occupe également de l'accueil et
de la surveillance du musée.
L'histoire de Gheorghe Vintila, elle la connaît sur le bout
des doigts. "C'était un passionné. Quand il est allé à Bucarest,
il a fréquenté le milieu artistique et il s'est fait un petit groupe
d'amis parmi lesquels le peintre Nicolae Tonitza et le sculpteur
Oscar Han. C'est d'ailleurs ce dernier qui l'a conseillé dans
ses achats d'œuvres d'arts". Gheorghe Vintila est décédé en
1968. Il repose dans le jardin de la maison familiale, tout près
de "ses" œuvres. "Pourquoi devrais-je y aller? Je sais très bien
ce qu'il y a là-bas, et puis je n'ai personne à qui le raconter.
Ce musée, c'est pour les jeunes, ce sont eux qui s'intéressent à
ce genre de choses", tranche Mirica Ghiocil, un ancien du village plus préoccupé par la date des prochaines moissons que
par les chefs-d'œuvre des peintres roumains. Maria Buzatu
confirme l'attrait limité des villageois pour le musée: "Ils ne
viennent pas trop car ce ne sont pas des connaisseurs, mais
des paysans plus occupés par leurs récoltes".
En revanche, les amateurs d'art viennent de toute la
Roumanie pour admirer les trésors exposés. L'ancienne maison de Dinu et Sevasta Vintila compte treize pièces au total et
n'est pourtant pas assez spacieuse pour abriter l'intégralité de
la collection de Gheorghe Vintila. Nicolae Grigorescu, Stefan
Luchian, Nicolae Tonitza, Stefan Dimitrescu, Oscar Han…
La liste des artistes est longue... et unique dans un musée
de campagne. "On ne peut pas stocker de tableaux ici, on peut
simplement garder ceux qui sont exposés. Le reste de la collection, qui compte 228 pièces, a été offert par Gheorghe
Vintila au musée d'art de Constanta", précise la conservatrice.
Protection sommaire pour
des œuvres de grande valeur
Le 26 septembre 2007, après deux ans de travaux de rénovation, le musée a rouvert ses portes. La sécurité des lieux a été
renforcée. Des capteurs de mouvements reliés à un système
informatique et deux gardes veillent la nuit sur les lieux. Mais
la journée, Maria Buzatu est la seule à assurer la surveillance
de ce musée où les tableaux sont accrochés aux murs, sans
aucune protection.
Pour l'instant, aucun vol ni dégradation n'ont été à déplorer. La conservatrice assure en outre que "des caméras seront bientôt installées, ainsi que des détecteurs de vibrations aux
fenêtres". Un minimum
pour une collection de
cette valeur.
Mais pour que d'éventuels amateurs mal intentionnés arrivent jusqu'à Topalu (comptez au moins trois
bonnes heures en voiture de Bucarest), il faudrait d'abord franchir l'obstacle de l'invisibilité de ce musée. Celui-ci n'apparaît
ni sur le site Internet de la commune, ni sur le site touristique
du département de Constanta et il est à peine mentionné sur les
portails spécialisés. Un mystère qui rend la découverte encore
plus mémorable".
Jonas Mercier ("Regard")
Musée Dinu et Sevasta Vintila, Topalu (judet de Constantsa)
Ouvert du mercredi au dimanche de 9h à 17h. Tel: 0241 256 206.
53
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Musique
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BUCAREST
TOPALU
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CONSTANTA
L'histoire du clown
Miloud en film
52
Napoléon, Nadia et Clinton
savent à peine lire mais
font vibrer la musique tsigane
Le film Pa-ra-da relatant l'histoire
du clown français Miloud Karim Oukili
parti vivre avec les enfants de la rue
de Bucarest en 1992 et qui a créé 4
ans plus tard la fondation "Parada"
pour les aider à réintégrer une vie sociale et les scolariser, devait être présenté au festival de Venise, dans la
section "Horizons".
Il s'agit d'une co-production francoitalienne-roumaine, et du premier long
métrage du metteur en scène italien
Marco Pontecorvo, fils du réalisateur
de La bataille d'Alger. Formé à l'école du cirque d'Annie Fratellini, Miloud
avait utilisé ses talents pour entrer en
contact avec les enfants de la rue, leur
enseignant son art, organisant avec
eux des spectacles et dormant en leur
compagnie dans les bouches de métro
de la gare du Nord de la capitale.
Tony Gatliff tourne
à nouveau en Roumanie
Le réalisateur de Gadjo Dilo tournera son prochain film dans les paysages naturels de Saint-Bonnet-leChâteau, dans le Forez. Liberté évoquera le destin des Tsiganes pendant
la 2nde Guerre mondiale. L'équipe
décoration devrait être sur place dans
les prochaines semaines pour préparer la venue des équipes de tournage
en novembre. Des scènes filmées
dans le Haut-Forez, on sait peu de
choses sinon qu'elles évoqueront
notamment une famille juive en proie
aux persécutions. Une partie du film
sera également tournée en Roumanie.
Récompensé en 2004 au festival de
Cannes pour Exils (Prix de la mise en
scène) Gatliff a réalisé son dernier
film, Transylvania, en 2005.
D
ans le petit village de Gratia, à quelque 60 km à l'ouest de Bucarest,
Napoléon et Nadia Constantin font vivre la musique traditionnelle tzigane, lui de sa voix rocailleuse et de ses percussions sur un vieux baril, elle
en ondulant son corps comme une danseuse égyptienne. "C'est ça la musique traditionnelle tsigane. C'était la musique pour faire danser les ours avec lesquels j'ai moimême dansé quand j'étais petite", raconte Nadia, 38 ans, rebaptisée Nadia à six ans,
en hommage à Nadia Comaneci, l'ex-star de la gymnastique, comme les parents de
Napoléon se sont inspirés de l'empereur français. Le même procédé a été appliqué à
leurs cinq enfants, dont Clinton, en hommage à l'ancien président américain, qui n'hésite pas à jouer des cuillères pour accompagner ses parents.
Côté musique, rien n'est écrit. Le duo ne sait pas lire les notes. Et pas de violon,
ni guitare, ni trompette... Juste un caisson de récupération, des cuillères, voire des
cailloux, et des coups de talon. Idem côté texte pour un couple à la limite de l'illettrisme.
Napoléon, petit homme de 44 ans au corps sec et au visage buriné, s'inspire de la
vie de tous les jours, des souvenirs, de la musique roumaine mais aussi d'extraits rocks
ou techno entendus à la télé. Il chante les douleurs et les joies d'une famille de dix
membres vivant dans trois pièces d'une maison basique, mais aussi de toute la communauté tsigane. Devant lui, Nadia, belle brune au regard autoritaire et aux bras musclés, ondule son corps qu'elle assène de claquements de paumes. Avant de nouer
autour de ses hanches un châle doté de piécettes pour apporter une couleur orientale.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
arrive à l'âge de 7 ou 8 ans
à lui construire une maison
perpétuent des traditions séculaires
Elle se souvient du jour où elle débarqua avec son enfant
de deux mois dans ce que l'on appelle toujours aujourd'hui le
"village des barbus". Elle avait alors besoin de lait mais n'osait
pas en demander. Elle envoya donc son mari à la fontaine afin
qu'il entre en contact avec des autochtones. "Ce jour-là, beaucoup d'eau a coulé à la fontaine avant que mon mari n'ose
ouvrir la bouche", témoigne-t-elle. "Puis le lendemain matin,
quand nous nous sommes réveillés, du pain et du lait nous
attendaient sur le seuil de notre porte. Les Lipovènes sont toujours prêts à rendre service".
Ici, le malheur des uns devient celui de tous
Ici, le malheur des uns devient celui de tous. Il y a toujours
quelqu'un pour faire du porte à porte, un bonnet à la main, afin
de récolter de l'argent pour un voisin dans le besoin. Chacun
donne alors selon son bon cœur.
Lors des enterrements, tous répondent présents. Pour l'occasion, des repas copieux sont organisés avec au menu de la
viande, des cornichons et surtout 400 litres de bors (soupe)
préparé selon une recette locale. "Notre bors est fait à base de
légumes taillés en tout petits morceaux et de betterave que l'on
fait longuement mariner selon une technique particulière",
confient les femmes du village presque d'une seule voix.
Près de l'église, considérée ici comme un lieu de vie
incontournable, les villageois ont bâti une salle de prières où
ils font l'aumône. Très suivies, les messes sont par ailleurs l'occasion pour chacun de revêtir ses plus beaux atours.
La petite localité du nord de la Moldavie est régie par un
conseil des sages où siègent vingt vieillards parmi les plus lettrés. Leur verdict est rédhibitoire en matière de mariage
notamment parce que le conservatisme ambiant accentue les
risques d'inceste. Selon la tradition, les vieux sages se rassemblent aux abords de l'église pour vérifier l'arbre généalogique
des futurs mariés. Si aucun lien de sang n'est établi sur sept
générations, les jeunes peuvent se marier. À condition encore
que ce soit un dimanche.
De même, quand un garçon arrive à l'âge de sept ou huit
ans, ses parents commencent à lui construire une maison.
Quant aux parents de la mariée, ils sont chargés de constituer
une dot dès le plus jeune âge de leur enfant. "C'est un honneur
d'inviter les gens à venir voir la dot constituée par les parents
de la mariée", explique Eudochia Zamfir. "Mais cette tradition
ne relève d'aucune loi écrite".
Grâce à un touriste belge
Leurs visages s'éclairent de sourires et on peut y lire la joie d'un couple qui s'est
formé 20 ans plus tôt grâce à la musique. "Napoléon travaillait alors dans une ferme,
il a commencé à jouer sur son baril et moi, je me suis mise à danser", se souvient
Nadia, insistant sur l'unicité de leur duo. Depuis, la musique rythme leur vie, à la maison, chez les voisins, à des mariages - comme celui d'un frère de Nadia, lorsqu'un touriste belge a été séduit par la prestation du couple et leur a fait enregistrer une cassette à Bucarest.
"Ce n'est que trois ans plus tard qu'un impresario roumain est venu nous chercher
pour organiser un concert au Why Not (club bucarestois)", se souvient Nadia, sans
oublier "tous ceux qui ont depuis profité de nous". Eux qui n'avaient jamais rêvé
d'immigrer, comme le font tant d'autres, ont soudainement connu le voyage. Avec pour
première sortie du pays: une invitation pour un festival à Versailles en 2004!
"C'est le plus beau souvenir. Le château, les jardins et surtout les gens chaleureux... Mais depuis, on est allés en Belgique, au Luxembourg, en Angleterre, en
Suisse", indique Napoléon, exhibant des coupures de journaux conservés dans un sac
de supermarché, tandis que l'épouse parle des cachets européens qui améliorent leur
quotidien.
Un baril de médicaments chinois comme tambour
En septembre, le couple devait se produire à Rome et Milan, dans une Italie marquée depuis plusieurs mois par des sentiments anti-roms. "Toutes ces nouvelles d'Italie
nous vexent, car pour un ou deux cas, tous les tsiganes sont blâmés", insiste Nadia,
tandis que son époux reprend le rythme sur son baril "produits pharmaceutiques made
in China", celui qui voyagera dans la péninsule "s'il résiste car il en a déjà explosé
plus de 200!". "On va s'y produire avec la fierté d'être des représentants tsiganes. On
veut montrer que ce ne sont pas tous des voleurs", assure-t-elle.
Avec le secret espoir que la musique adoucisse les moeurs...
(AFP)
Jean-François Copé et Pierre Moscovici, petit-fils et fils
d'immigrés de Iasi et Braila, ne cachent pas leurs ambitions
Ces deux "Roumains" qui rêvent de présider la France
D
éputém a i r e
UMP de
Meaux, président de ce groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, réélu dans
sa ville par 67 % des habitants, JeanFrançois Copé, 44 ans, ancien ministre du
budget dans le gouvernement Villepin,
ancien énarque et actuellement avocat
dans un gros cabinet d'affaires, est considéré comme un rival de Nicolas Sarkozy,
ne cachant pas son ambition de devenir
un jour président de la République, dès
2012 si possible. Ce qui est moins connu
de cet admirateur du tennisman Ilie
Nastase, au temps de sa splendeur, ce
sont ses origines roumaines, par sa famille paternelle.
En 1926, un jeune médecin roumain
nommé Copelovici arrive en France. Sa
famille, juive d'origine russe, s'est installée à Iasi (Roumanie) au XIXe siècle.
L'antisémitisme provoque le départ. Le
grand-père paternel de Jean-François
Copé reprendra ses études en France,
deviendra médecin généraliste à Paris et
sera naturalisé français. La grand-mère,
française, est également d'une famille
juive d'origine roumaine. Les amis de
Jean-François Copé sont banquiers, haut
fonctionnaires, directeurs de grandes
entreprises. Il connaît de près certains
journalistes de compagnie: Anne Fulda,
Christophe Barbier. Sa femme Valérie,
conseillère en communication, est la fille
d'un ancien directeur du CNRS.
L'ambition présidentielle de JeanFrançois Copé rejoint celle d'une autre
étoile montante d'origine roumaine, dans
le camp opposé, Pierre Moscovici, 51
ans, qui, pour l'instant, brigue la succession de François Hollande à la tête du
Parti Socialiste. Il est le fils de Serge
Moscovici, né en 1925 à Braila,
(Roumanie), issu d'une famille juive,
exclu en 1938 du lycée de Bucarest par
les lois antisémites, réfugié en France en
1948 où il épousera la psychanaliste
Marie Bromberg, et naturalisé français,
devenu le pionnier de l'écologie politique
en France et un éminent chercheur en
anthropologie et en psychologie sociale.
Pierre Moscovici, également ancien
élève de l'ENA, où il eut comme professeur Dominique Strauss-Kahn, conseiller
maître à la cour des comptes et professeur à Sciences Po, est ancien ministre
des Affaires européennes de Lionel
Jospin - il rédigera l'essentiel de son programme aux présidentielles de 1982 -,
ancien député européen et vice-président
du Parlement européen. Il est présentement président de la communauté d'agglomération du Pays de Montbéliard et
député du PS. Cet ancien noctambule qui
a la réputation d'un séducteur invétéré,
est toujours célibataire.
Après un président d'origine hongroise, la France élira-t-elle un successeur
roumain? Décidément, c'est cap à l'Est
pour l'Hexagone !
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Actualité
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A 40 ans, l'acteur de Lugoj était parti tenter sa chance en Amérique
Bela Lugosi, Dracula jusqu'à la dernière goutte
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Marius Oprea
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Une loi amputerait la retraite des
Connaissance et découverte
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Un spécialiste
de la Securitate
Marius Oprea a d'abord présenté
son idée d'Institut pour l'investigation
des crimes du communisme en
Roumanie en 2005 au président
Basescu, qui n'en a pas voulu "car il
avait lui aussi fait partie du système"
dit Oprea. Le premier ministre
Tariceanu, qui n'a eu aucune position
sous l'ancien régime, a été convaincu
"en deux minutes". La mésentente
14
entre le premier ministre et son président sont notoires et ce dernier, pour
ne pas se laisser distancer, créa rapidement une "Commission présidentielle pour l'analyse de la dictature
communiste en Roumanie".
Né en 1964, Marius Oprea est un
spécialiste de la Securitate, à laquelle
il a consacré sa thèse, ("Le rôle et
l'évolution de la Securitate, 19481964"). Il est aussi coordinateur de
programmes à l'Institut roumain d'histoire contemporaine et conseiller du
premier ministre Tariceanu pour les
questions de sécurité nationale.
Ses détracteurs l'accusent d'être
un agent de "puissances étrangères"
et il ne manque pas d'ennemis. Sa
famille est actuellement à l'étranger. Il
avoue que lui-même hésite parfois à
émigrer car il se sait en danger. "Mais
cela voudrait dire que la Securitate
aurait gagné, et ça je ne peux pas
l'accepter".
E
n Roumanie, personne n'a jamais été poursuivi pour les crimes politiques
perpétrés sous le régime communiste. Marius Oprea, conseiller du premier
ministre Tariceanu, a créé un organisme pour faire la lumière sur cette
époque, l'"Institut pour l'investigation des crimes communistes en Roumanie", une
agence gouvernementale qu'il préside. Sa tâche est de documenter les graves abus
commis sous le régime communiste et qui n'ont jamais été punis. Elle est compliquée
par le fait que nombre d'apparatchiks communistes sont protégés par leur actuelle
position dans l'économie, la politique et l'administration.
Marius Oprea a également déposé un projet de loi qui amputerait la retraite d'officiers de la Securitate au profit des anciens prisonniers politiques. A l'occasion de
l'examen périodique universel de la Roumanie au Conseil des droits de l'Homme des
Nations Unies, à Genève, Michel Bührer l'a interviewé pour la "Tribune des droits
humains", journal en ligne qui offre une information indépendante et pluraliste sur les
droits de l'Homme dans le monde.
120 euros par mois pour une année de prison politique
Michel Bührer : Un projet de loi dont vous êtes l'initiateur prévoit que le montant des retraites des anciens officiers de la Securitate, soit diminué au profit de
leurs victimes. Pour quelles raisons ?
Marius Oprea : J'ai réalisé qu'un officier de la Securitate à la retraite touchait une
pension jusqu'à sept fois supérieure à celle des anciens prisonniers politiques. Ces derniers, après avoir passé des années en prison, trouvaient difficilement un emploi,
avaient peu d'occasions de travailler, d'où une faible retraite. L'idée est de réparer cette
injustice. En 1990, le Parlement avait voté une loi pour dédommager les victimes du
régime communiste. En 2005, le "prix" d'une année de prison a été fixé à 25 euros par
mois, en plus de la retraite normale. Grâce à nos efforts, cette compensation est passée à 120 euros par année de prison. Malgré cela, l'écart demeure important, et moralement indéfendable.
M.B. : Combien d'officiers sont-ils concernés par cette loi ?
M.O. : Seuls seront visés ceux dont la culpabilité sera prouvée. Actuellement,
moins de 300 personnes ont un dossier en cours, mais nous espérons en avoir bientôt
plus. Du côté des victimes, nous pensons aussi indemniser les familles des opposants
qui ont été abattus. Jusqu'à maintenant, rien n'a été fait pour elles.Notre système judiciaire refuse de qualifier ces exécutions de crimes contre l'humanité. Elles sont considérées comme des crimes "normaux", prescrits après 25 ans.
M.B. : Vous dites que les anciens cadres communistes ont presque plus de pouvoir maintenant qu'avant car ils sont partout, dans la politique, l'économie, l'administration. Quelles sont les chances de ce projet de loi devant le Parlement ?
M.O. : J'ai confiance dans la pression de l'opinion publique, car voter contre cette
loi serait avouer être "avec les autres". Mais il est vrai que nous rencontrons de nombreuses difficultés. Par exemple, j'ai envoyé deux enquêteurs demander un dossier au
Ministère de l'Intérieur. Lorsque le fonctionnaire a compris pourquoi nous voulions y
avoir accès, il a refusé de le laisser consulter, alors que le dossier était sur son bureau.
Nous avons beaucoup de preuves, mais rien ne se passe car ces personnes sont protégées.
"Les fonctionnaires de l'ancien système
ou leurs enfants sont toujours en place"
M.B.: Comment entreprenez-vous les recherches ?
M.O.: Un tiers des dossiers que nous suivons résulte de témoignages individuels.
Des gens viennent nous voir en demandant notre aide pour retrouver les corps de
membres de leur famille ou pour dénoncer un cas. Pour le reste, nous entamons nos
Q
ui était le fameux Bela
Lugosi, acteur roumain,
d'origine hongroise?
Un magnifique coup fumant pour
Hollywwod qui a lancé la déferlante des films d'horreur "made in
USA" dans les années 30 ? Un
acteur de série Z pour films à petits
budgets lamentables? Une gueule,
un charme ravageur passé maître en matière de manipulation?
Une tragédie humaine? Un peu de tout cela à coup sûr.
Bela Lugosi est l'incarnation du fantasme et de la répulsion qu'exerce Dracula depuis près d'un siècle. Le mystère
autour de l'acteur est entier, à tel point que certains croient sa
tombe non scellée. Quoi de plus normal alors que d'exploiter la destinée
de celui qui incarne l'un des mythes
de la Roumanie? Après son Johnny
Weismuller: the one, the only, the
Real Tarzan en 2005, une biographie
"formatée" de l'acteur né à Timisoara, Florin Iepan s'est attaché à une
autre personnalité née en Roumanie à Lugoj, plus précisément - et exportable à souhait. "Mon film est un
documentaire standard qui respecte
les standards télévisuels", annonce
d'emblée le réalisateur.
Une coproduction internationale de 52 minutes montée
tout exprès pour les chaînes roumaines, allemandes, françaises, autrichiennes, finlandaises et néerlandaises grâce
notamment au soutien du Centre national de la cinématographie (CNC). Déjà vendu dans plus de 20 pays, le film, intitulé
Bela Lugosi, le vampire déchu a été diffusé en octobre 2007
sur Arte, et à TVR, la télévision roumaine.
Décidé, charmeur et cabotin, il terminera
déguisé en vampire pour amuser les enfants
Le film, narré en anglais, concentre de manière classique
un grand nombre d'interviews, de spécialistes comme du fils
de l'acteur. Les grands moments appartiennent à Bela Lugosi,
l'homme et l'acteur, venu tenter sa chance aux Etats-Unis en
1919, à près de 40 ans. On y découvre un homme incroyablement décidé, charmeur et cabotin. Un grand acteur avant tout
qui prend plaisir à effrayer le présentateur lors de fausses interviews montées par les studios.
Après son refus d'interpréter Frankenstein - finalement
endossé pour l'histoire par Boris Karloff (à gauche de Lugosi
sur notre photo) -, désireux de ne plus coller à ce type de personnages, l'acteur sombrera dans l'oubli et la drogue... puis
réapparaîtra des années plus tard dans des rôles de vampire
d'opérette, à la solde d'immenses navets, tels les films d'Ed
Wood. Ou pire, lors de lancements d'autres films, sur des plateaux de télévision, déguisé en vampire pour amuser les enfants.
De Bela Lugosi, on ne retiendra
que cette silhouette devenue décadente: celle d'un homme contraint
de vivre derrière un masque. Et non
pas cet incroyable talent, ce sens de
l'auto-dérision transcendé par un
ego démesuré et une douce folie,
dont le succès fut encore amplifié
par son accent hongrois à couper au
couteau.
Benjamin Ribout ("Regard")
Bela Lugosi (1882-1956) fut inquiété au cours des années
50 dans le cadre du maccarthisme, car il était syndicaliste, et
avait participé à la République soviétique hongroise de Bela
Kun. A cette époque, suite à des problèmes de santé, il fut traité à la morphine ce qui le rendit dépendant. Il mourut d'une
crise cardiaque en plein tournage de Plan 9 from Outer Space.
Certaines rumeurs disent qu'il se prenait réellement pour un
vampire à force de jouer cette créature, mais aucune biographie complète ne confirme le fait, c'était plutôt là un signe
d'excentricité. De même, s'il a été enterré avec l'une de ses
capes, ce n'était pas à sa propre demande mais sur celle de sa
femme et de son fils.
A savoir
Arte finance
le prochain long métrage
de Razvan Radulescu
Le comité de sélection d'Arte France
Cinéma a choisi de coproduire le prochain long métrage de Razvan
Radulescu, scénariste de La mort de
Monsieur Lazarescu, de Boogie, et de
Niki et Flo. Le réalisateur tournera
Félicia plus que tout avec la réalisatrice
hollandaise Melissa de Raaf. Dans le rôle
de Félicia, Ozana Oancea interprète une
jeune roumaine immigrée aux Pays-Bas
dans ses relations mouvementées avec sa
famille restée en Roumanie. Le tournage
aura lieu en septembre et octobre à
Bucarest.
Fanny Ardant réalise son
premier film en Roumanie
La comédienne Fanny Ardant a choisi la Roumanie pour réaliser son premier
film, un drame familial intitulé Cendres
et Sang, dont le tournage devrait débuter
ce mois de septembre. En présentant son
projet devant quelques critiques de films
roumains, Fanny Ardant,qui marche sur
les traces de son ancien compagnon,
François Truffaut, a expliqué son choix
de la Roumanie par le fait qu'elle y a déjà
tourné Callas Forever et qu'il y existe
une tradition cinématographique authentique et de qualité en ce qui concerne les
studios, les techniciens, les acteurs.
51
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Mille élèves roumains
deviennent membres du jury du
prix littéraire français Chronos
Littérature
BAIA
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CLUJ
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CHISINAU
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SIBIU
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TÂRGOVISTE
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BRAILA
PLOIESTI
CRAIOVA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Les poèmes
d'Anna de Noailles
50
Très tôt, la nature enthousiasme la
poétesse : un rayon de soleil, un
arbre en fleurs, le murmure d'une
source, quelques framboises mûres,
un vol de mouettes sur les lacs de
son enfance...
"Nous étions de très petits enfants,
heureux à Amphion en octobre.
Ce mois de cristal est le plus beau
qui soit au bord du Lac Léman.
L'été finissant traîne ses caresses
ensoleillées sur les prairies encore en
fleurs et qui soupirent de satisfaction.
Les oiseaux, pris de vertige, tournoient sans discernement, dans une
confusion bleuâtre, se trompent d'élément, pénètrent les vagues , d'où ils
rejaillissent, si bien qu'on croit voir
une hirondelle qui nage ou une ablette ailée".
***
"Je ne souhaite pas d'éternité plus
douce
Que d'être le fraisier arrondi sur la
mousse,
Dans vos taillis serrés où la pie en
sifflant
Roule sous les sapins comme un
fruit noir et blanc.
Dormir dans les osiers, près des
flots de la Dranse
Où la truite glacée et fluide s'élance,
Hirondelle d'argent aux ailerons
mouillés !
Dormir dans le sol vif et luisant où
mes pieds
Dansaient aux jours légers de l'espoir et du rêve !
O mon pays divin , j'ai bu toute ta
sève,
Je t'offre ce matin un brugnon rose
et pur ,
Une abeille engourdie au bord d'un
lis d'azur,
Le songe universel que ma main
tient et palpe,
Et mon coeur, odorant comme le
miel des Alpes !"
P
armi les nombreuse initiatives prises par "Les Amis de Târgoviste", une
association de Verneuil sur Avre dans l'Eure (7000 habitants, 120 km de
Paris), active en Roumanie dès 1989, les enfants et les jeunes occupent une
place privilégiée. Ce n'est pas un hasard si sa présidente est une enseignante, Nicole
Bury, aujourd'hui en retraite. Dès 1990, cette dernière entamait une correspondance
puis des échanges de jeunes avec une école de cette ancienne capitale de la Valachie,
devenue capitale du judet de Dâmbovita et qui compte 90 000 habitants.
En 1999, alors qu'elle était institutrice en CM2,
Nicole Bury proposa à une professeur de français de cette
ville avec qui elle faisait des échanges, de faire lire les
mêmes livres à leurs élèves ; celle-ci choisit des élèves du
collège à cause du niveau de langue. La correspondance
scolaire devenait d'un coup beaucoup plus intéressante,
les jeunes échangeant leurs idées sur ces ouvrages.
L'idée lui était venue alors qu'elle faisait participer sa
classe au Prix Chronos de littérature. Créé en 1996 par la
Fondation Nationale de Gérontologie française, celui-ci
propose aux participants de lire des ouvrages ayant pour
thème les relations entre les générations, la transmission
du savoir, le parcours de la vie, la vieillesse et la mort...
Une sélection différente est prévue pour six classes d'âges :
-des albums pour les enfants des écoles maternelles et du CP
-des albums et des premiers romans pour les enfants de CE1 et CE2
-des romans pour les CM1-CM2, 6e-5e, 4e-3e, lycéens, 20 ans et +
En octobre, Nicole Bury apporte les livres dans les écoles, les enfants lisent jusqu'en février puis votent. Le matériel est fourni par la Fondation (bulletins de vote,
feuilles de dépouillement, cartes d'électeur, etc.). Le vote et le dépouillement se font
dans les établissements scolaires, les résultats sont envoyés à la Fondation ; enfin l'annonce des résultats a lieu lors Salon du Livre de Paris. Chaque participant reçoit, en
mai, un "certificat de membre du jury du Prix Chronos".
Création d'un club de lecture dans les villages, le samedi
Ne perdant pas de vue les échanges avec Târgoviste, Nicole Bury en a fait profiter ses collègues roumains. Ainsi, pour que ce prix littéraire ne soit pas qu'un simple
exercice de lecture (en français, certes) elle leur propose, outre la sélection de livres
français qu'elle leur apporte, des jeux de lecture. Elle les fait participer à des discussions sur la vie des personnes âgées (avec des personnes âgées, si possible), concours
de dessins, exposition des travaux, réalisation d'une brochure (dans les 2 langues)…
Des échanges sont faits entre les enfants de même école ou des écoles de
Târgoviste. L'initiative a même pris racine dans des villages du judet puis s'est étendue ailleurs en Roumanie. Des élèves ayant participé à ce prix littéraire depuis 3 ans
et partant au lycée en ville ont demandé à leur professeur comment faire pour continuer l'année suivante; celui-ci leur a proposé de mettre en place un club lecture qu'ils
peuvent fréquenter le samedi dans l'école du village.
Ainsi, en 2008, plus de mille jeunes participants en Roumanie de Târgoviste,
Gorgota (judet Prahova, Ploiesti), Berca (judet de Buzau), Bucarest, se sont transformés en membres d'un jury littéraire français et, après des échanges intenses menés par
l'intermédiaire de leurs enseignants avec leurs camarades français, ont été appelés à
exprimer leur choix par un vote dans leur établissement (notre photo).
Pour tous renseignements: "Les Amis de Târgoviste", Le Baudry, 27130
Verneuil Sur Avre, tél : 06 15 02 98 44, [email protected]
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
officiers de la police de Ceausescu au profit de leurs victimes
chasseur de crimes communistes
propres investigations. Sur les 35 personnes employées à
l'Institut, 20 sont des chercheurs.
M.B.: Le but est-il d'accumuler une documentation sur
ces crimes ?
M.O.: Pas seulement. Si nous trouvons des éléments qui
doivent déboucher sur une procédure, nous les communiquons
au procureur. C'est lui qui doit mener l'enquête. Mais parfois
les procureurs refusent d'ouvrir un dossier sous prétexte que
nous n'avons pas le nom complet, ou que l'adresse manque…
Il y a beaucoup de fonctionnaires de l'ancien système, ou leurs
enfants, qui sont employés dans l'appareil judiciaire et la police. Il est difficile pour eux de se remettre en question.
M.B.: Entre l'ancienne génération qui veut oublier et la
jeunesse qui n'a pas connu cette période, la population estelle encore intéressée à remuer le passé ?
M.O. : Sans aucun doute. Chaque fois que nous sortons un
cas, cela fait la une dans les journaux et à la télévision. C'est
donc qu'il y a un intérêt du public. La presse est notre plus
grand allié. Autre exemple, je donne un cours en option à l'université sur l'histoire de la Securitate, il est toujours plein. Le
troisième volet de notre activité touche d'ailleurs l'éducation.
Nous avons notamment organisé un concours dans lequel les
jeunes doivent demander à leurs parents des histoires sur
l'époque communiste.
M.B.: Quelle est votre motivation ?
M.O.: Un sentiment de revanche, mais pas seulement personnelle. Je n'ai pas été prisonnier politique, même si j'ai été à
deux doigts d'être arrêté juste avant la "révolution" de 1989.
Mais j'ai entendu des centaines de témoignages de victimes. Je
pense qu'il n'est pas trop tard pour faire éclater la vérité sur
cette période.
Michel Bührer
Renvoi de l'architecte en chef de la capitale
L
e maire de Bucarest Sorin Oprescu a décidé de renvoyer l'architecte
en chef de la capitale, Adrian Bold, en poste depuis 1997. Il lui
reproche plusieurs irrégularités, notamment l'approbation de projets
immobiliers controversés. Du côté des architectes, la nouvelle est plutôt bien
accueillie. Les motifs de son renvoi concerneraient plus particulièrement ses
absences répétées et injustifiées, et un préjudice de près de 300 000 dollars somme établie par la justice - causé à la mairie générale pour avoir refusé de
signer certains contrats immobiliers, et en avoir autorisé d'autres controversés.
Dans les rangs des architectes bucarestois, la nouvelle a été plutôt bien
accueillie. "C'est un premier pas vers une amélioration de l'urbanisme dans la
capitale", a expliqué Delia Matache, qui évoque "un homme facilement manipulable qui a permis la réalisation de certains projets très risqués. Le
Millenium Business Center par exemple, cette tour collée à l'église arménienne et qui a complètement détruit ses fondations".
Même son de cloche pour Loredana Stasisin, de l'association pour la protection des vieilles maisons de Bucarest, "Case care
plang" ("Les maisons qui pleurent"): "Même s'il existe des motifs politiques derrière ce renvoi, la décision est tout de même très
justifiée. Adrian Bold n'a pas su mener la capitale dans la bonne direction, le patrimoine de la ville n'a notamment pas bénéficié
de fonds suffisants pour échapper aux démolitions."
Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com - Bucarest)
Législatives le 30 novembre
L
es élections législatives seront organisées
le 30, quatre ans après le dernier scrutin
ayant porté au pouvoir l'alliance de
centre-droit DA. Les sénateurs et députés seront pour
la première fois élus en un seul tour, selon un mode
de scrutin combinant le vote uninominal et celui de
listes, introduit à la suite d'une modification de la loi
électorale en mars dernier. Ces élections marqueront
également une autre première, car elles ne seront
plus organisées le même jour que la présidentielle,
comme cela avait toujours été le cas depuis 1990. A
la suite d'un amendement de la Constitution, le mandat du chef de l'Etat est passé de quatre à cinq ans, en
conséquence la prochaine présidentielle ne devrait
pas être convoquée avant novembre 2009.
Restitutions des
biens en argent
L
es propriétaires dont
les biens immobiliers
ont été nationalisés par
les communistes et vendus ensuite
à leurs locataires (par l'intermédiaire de la loi 112) recevront une
indemnisation en espèces sonnantes et trébuchantes, et non plus
le bien immobilier en nature. Une
loi en ce sens a été adoptée par les
députés. A l'heure actuelle, seuls
10% des biens confisqués par le
régime communiste ont été rendus
à leurs anciens propriétaires.
Iliescu raccroche
I
on Iliescu ne se présentera
pas aux élections parlementaires de cet automne. Il a
confirmé cette information, indiquant sur son blog (journal sur
Internet), qu'il ne "s'intéresse plus à
cette compétition". L'ancien président de la Roumanie (1990-1996 et
2000-2004) argumente cette décision par le fait qu'il ne trouve "aucune motivation" à se présenter avec le
nouveau système de vote, dit uninominal, mis en place. Il ajoute toutefois qu'il ne "quittera pas son parti
(PSD) ou son activité politique".
15
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
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BISTRITA
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ROMAN
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BRAILA
PITESTI
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TULCEA
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n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Production
de fruits en chute libre
16
La grande distribution :
du Far West à l'Eldorado
Les gelées de mars ont entraîné
un véritable désastre en ce qui
concerne la récolte des cerises,
guignes, abricots et prunes précoces,
dont la production n'a atteint que 10
à 15 % de celle des années précédentes. En fait, la production de fruits
est en chute libre depuis1990, la
Roumanie n'assurant plus que 15 %
de ses besoins et ayant recours à
des importations massives. La raison? Les vergers ont été laissés à
l'abandon, les arbres n'ont pas été
entretenus ainsi que les systèmes
d'irrigation. Leur rétrocession a
conduit nombre de leurs nouveaux et anciens - propriétaires a abandonné une filière exigeant d'importants
investissements pour être relancée.
Un hectare d'arbres fruitiers équipé
coûte entre 20 000 et 35 000 €, auxquels il faut ajouter encore 10 000 €
pour se doter de systèmes anti-grêle
et de dissuasion des oiseaux.
Alors qu'elle était déjà en baisse
très sensible, la production fruitière
est tombée de 1,6 million de tonnes
en 2005 à un million en 2007. Celle
de cerises est passée de 5 à 6000
tonnes, avant 1989, à 1000 tonnes
l'an passé. Seule, celle des pommes
et prunes s'en sort à peu près.
La situation pourrait s'améliorer si
la décision était prise de planter
chaque année 1000 ha d'arbres fruitiers et si les pouvoirs publics montraient un peu plus d'intérêt à la filière, notamment en mettant en place
une autorité chargée de surveiller la
qualité des produits sur les marchés.
Ces deux dernières années, les
Roumains ont consommé moins de
40 kilos de fruits par an, soit moitié
moins que la moyenne européenne.
Q
uand les leaders de la distribution ont investi la Roumanie -2ème marché
d'Europe de l'est en nombre d'habitants - il y a quelques années, tout était
à faire. La seule forme de commerce existante était la petite boutique du
quartier et l'empreinte de dizaines d'années de communisme avait limité le développement de la distribution sous toutes ses formes. Ils ont donc tout défriché: de la
recherche de terrains pour l'implantation des magasins à la formation du personnel en
passant par la prospection de fournisseurs locaux. Aujourd'hui, tout a changé. Les
enseignes de la grande distribution sont bien installées en Roumanie et affichent des
résultats qui font rêver ! En deux ans, elles sont passées du Far West à l'Eldorado.
Métro a fait près de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2007 et une progression de 30%, Carrefour atteint les 866 M€ et 54% de progression de ses ventes,
un record pour le groupe. Quant à Auchan, il détient le record du nombre de clients :
plus de 8 millions l'an dernier dans ses 4 hypermarchés.
C'est pourquoi, les résultats obtenus leur donnent des ailes. Entre 2006 et 2007, se
sont ouverts 340 magasins. Carrefour, Auchan, Cora, Real et Lidl ont inauguré 31
hypermarchés en plus des 25 grandes surfaces déjà existantes. Et ce n'est qu'un début;
Carrefour prévoit l'ouverture de 8 hypers, Auchan vise les 16 magasins à l'horizon
2010 et Tengelmann prévoit à moyen terme 175 à 200 unités de ces magasins Plus.
Jusqu'où iront-ils, peut-on se demander ? Cette croissante quasi exponentielle ne
saurait être éternelle et les responsables de la grande distribution prévoient une maturité à l'horizon 2011/2012 et pensent à l'avenir. Avec 120 à 140 hypermarchés, la
Roumanie aura atteint son seuil de saturation.
Comment préserver cet eldorado ? La donne a changé: les coûts d'installation s'envolent, les prix des terrains ont été multipliés par 10 en 5 ans, les fournisseurs locaux
se sont organisés et ressemblent à ceux de l'Europe de l'Ouest. A ceci, s'ajoutent les
grands marques internationales qui ont aussi investi la Roumanie comme Coca-cola,
Unilever, etc. et sont maintenant les partenaires de la grande distribution.
Dans ce contexte positif, la grande distribution a encore de beaux jours devant elle
dans un pays qui s'est beaucoup occidentalisé dans son mode de vie quotidien. Faire
ses courses une ou deux fois par semaine fait partie des habitudes aujourd'hui et après
une longue période de communisme, les Roumains, à l'esprit très latin, sont des
consommateurs très gourmands et qui aiment les offres variées et attractives. La grande distribution devra s'adapter comme elle l'a fait en Espagne qui par sa culture et son
développement est très proche de la Roumanie. Mais bien sûr son essor est dépendant
du niveau de vie des Roumains et de l'augmentation de leur pouvoir d'achat.
Les managers roumains
ne motivent pas assez leurs employés
L
es managers roumains se
concentrent presque exclusivement sur les résultats de
l'entreprise et l'accroissement de leurs
résultats, comme dans tous les marchés
émergents, mais perdent de vue les questions relatives à l'organisation interne,
telles que la motivation du personnel et
l'optimisation des processus", affirme
Harry Meintassis, directeur général de la
société de conseil en ressources
humaines Hay Group Roumanie, filiale
de l'une des entreprises les plus cotées
dans ce domaine au niveau mondial.
"Les Roumains sont de bons gestionnaires, mais ils laissent beaucoup à désirer en ce qui concerne leur capacité à
motiver leurs employés, n'offrant pas de
vue d'ensemble, de plan de carrière, ne
les associant pas à la bonne marche et
aux objectifs de l'entreprise" a-t-il ajouté
considérant aussi que "le manque d'encouragement au travail d'équipe est une
autre faiblesse alors que celui-ci pourrait
être un moyen d'accroître la productivité
et apporter une solution à la crise du personnel, en suppléant aux difficultés de
recrutement".
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Anna de Noailles est considérée
française du début du XXème siècle
roumaine touche le cœur des Français
Un lyrisme féminin qui deviendra de plus en plus obsédé
par la mort au fur et à mesure que surgiront les problèmes de
santé de la jeune femme, à partir de 1912, alors qu'elle n'a que
36 ans, l'obligeant à passer une partie de son temps alitée.
Mais pour l'instant, le couple rayonne sur le tout-Paris. Il
attire dans son salon de l'avenue Hoche l'élite intellectuelle, littéraire et artistique de l'époque (photo ci-dessous) parmi lesquels Francis Jammes, Paul Claudel, Colette, André Gide,
Frédéric Mistral, Robert de Montesquiou, Paul Valéry, Jean
Cocteau, Pierre Loti, Francis Jammes, Sully Prud'homme,
Paul Morand, ou encore Max Jacob et plus tard, François
Mauriac et Henri de Montherlant. Le monde politique lui rend
également visite: Aristide Briand, Caillaux, Painlevé, Herriot,
les généraux Marchand et Mangin, le futur roi d'Angleterre
Edouard VII, amateur du Paris de la Belle Epoque…
Anna de Noailles apparaît comme l'incarnation d'un esprit
dionysiaque, une diva à la voix dorée que l'on écoute avec
ravissement lorsqu'elle convie ses invités à s'asseoir autour
d'elle sur des coussins et sofas. Sa grâce, son esprit semblent
venir d'un monde irréel, où il n'y a pas d'âge ni de sexe, si ce
n'est celui des dieux.
Créatrice du futur prix Fémina
Sous l'influence de Maurice
Barrès, dont elle avait fait la connaissance en 1896 et qui l'a éblouie, Anna
de Noailles fait de l'Orient une part
encore plus large de son inspiration
même si elle n'en ressent pas moins
l'attrait des pays de l'Aisne et de
l'Oise, où elle demeure aussi.
La jeune Roumaine entretient
une relation d'amitié amoureuse
intense avec l'écrivain et figure de
proue inspirée du nationalisme français, sans que l'on sache si celle-ci est allée plus loin. Leur correspondance passionnée ne sera d'ailleurs dévoilée qu'après la
mort de la poétesse. Elle veillera également avec une grande
tendresse et une complicité intellectuelle hors pair, sur le parcours littéraire de Marcel Proust, dont elle a deviné la fragilité
et qui sera le seul à réussir à lui faire changer la tournure d'un
vers ou de supprimer une strophe d'un de ses poèmes.
En 1904, avec d'autres femmes telles que Mme Alphonse
Daudet, dont elle a côtoyé le mari et Judith Gautier (la fille de
Théophile Gautier), Anna de Noailles crée le prix "Vie
Heureuse", issu de la revue du même nom, qui deviendra plus
tard le prix Fémina, récompensant la meilleure œuvre française écrite en prose ou en poésie.
Au début du XXe siècle, la poétesse est si connue que plusieurs artistes de renom de l'époque font son portrait comme
Antonio de la Gandara, Kees van Dongen, Jacques-Émile
Blanche ou le peintre britannique Philip Alexius de Laszlo. En
1906, elle est le modèle
d'un buste en marbre pour
Auguste Rodin, qui se trouve toujours aujourd'hui au
Metropolitan Museum à
New York (le modèle en
terre glaise est exposé au Musée Rodin à Paris).
"La France ne peut pas périr,
les dieux la défendent"
En 1914, alors que la guerre a éclaté, la princesse roumaine, devenue comtesse française par son mariage, sait trouver
les accents pour redonner l'espoir, alors que la situation semble
désespérée après les premiers revers : "La France ne peut pas
périr, les dieux la défendent". Dans les années suivantes, Anna
de Noailles va écrire plusieurs romans, une autobiographie et
un grand nombre de poèmes, où la part de la mélancolie se fait
de plus en plus présente, prenant le pas sur l'amour de la nature et la sensualité de la vie.
Sa notoriété est toujours aussi grande. La Roumaine est
devenue un monument de la vie française et pas seulement
artistique, au point qu'elle sera la première femme devenue
commandeur de la Légion d'honneur. L'Académie française créera
un prix en son honneur, qui existe
toujours et distingue une œuvre
féminine, après lui avoir décerné
son grand prix de littérature.
En 1922, Anna de Noailles est
aussi la première femme élue à
l'Académie royale de langue et de
littérature françaises de Belgique,
occupant le fauteuil 33 où lui succèderont plus tard Colette et Cocteau.
Dix mille personnes à ses obsèques
à l'église de La Madeleine à Paris
Les années passent, sa santé s'altère de plus en plus. La
poétesse tombe gravement malade au début de 1933 et meurt
le 30 avril, à 57 ans. Le 3 mai, au milieu de fleurs venues de
tous les coins du monde, dix mille personnes assistent à l'église de la Madeleine à Paris à ses funérailles officielles.
Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise mais son
cœur repose dans le cimetière d'Amphion-les-Bains, dans cette
région où elle s'était mariée et où elle aimait séjourner, y passant chaque année plusieurs mois, et dont elle chanta les paysages dans se poèmes.
Un monument fait de pierre et de verdure y a été érigé par
l'Association des amis d'Anna de Noailles. Sur la stèle, on peut
lire ces vers : "C'est là que repose mon coeur, vaste témoin du
monde".
49
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Littérature
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l
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Une jeune et belle princesse
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BRAILA
PLOIESTI
CRAIOVA
l
l
n
BUCAREST
l
l
TULCEA
CONSTANTA
l
Poèmes
Les vers suivants ont mené Anna
de Noailles au seuil de l'Académie
royale de Belgique. Commandeur de
la Légion d'Honneur, primée par l'Académie française, elle entame dès lors
une production romanesque et autobiographique. La poétesse a abordé
les grands thèmes de la nature, de
l'amour et de la mort, avec un lyrisme
que certains ont qualifié d'ensoleillé.
48
Née Bassarab de Brancoveanu,
comme la plus grande poétesse
Il fera longtemps clair ce soir, les
jours allongent,
La rumeur du jour vif se disperse et
s'enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir
la nuit,
Demeurent éveillés dans le soir
blanc, et songent...
Les marronniers, dans l'air plein
d'or et de splendeur,
Répandent leurs parfums et semblent les étendre;
On n'ose pas marcher ni remuer
l'air tendre
De peur de déranger le sommeil
des odeurs.
De lointains roulements arrivent de
la ville...
La poussière, qu'un peu de brise
soulevait,
Quittant l'arbre mouvant et las
qu'elle revêt,
Redescend doucement sur les chemins tranquilles.
Nous avons tous les jours l'habitude de voir
Cette route si simple et si souvent
suivie,
Et pourtant quelque chose est
changé dans la vie,
Nous n'aurons plus jamais notre
âme de ce soir.
(Extrait de l'Offrande Lyrique)
G
rande figure de la littérature français de la Belle Epoque jusqu'aux Années
folles, Anna de Noailles est peu connue dans son pays d'origine où une
partie seulement de son oeuvre a été traduite. Très certainement parce
qu'aux yeux de ses compatriotes, cette jeune et belle princesse roumaine était avant
tout française, portant l'empreinte jusqu'au bout des doigts de ses ongles de la terre où
elle était née et a toujours vécu, n'effectuant qu'un
seul voyage au cours de sa vie en Roumanie.
Beaucoup de Roumains passent d'ailleurs
devant le lycée français Anna de Noailles de
Bucarest sans savoir que la France rend ainsi hommage aux racines d'une de ses plus grandes poétesses. De la même façon, ils s'étonneraient de voir
le nombre de rues, avenues et établissements scolaires français portant son nom ou de découvrir
qu'à la Bibliothèque Nationale de France son portrait trône entre ceux de Voltaire et Cicéron.
L'égale féminine de Victor Hugo
Issue d'une grande famille de boyards roumains, les Bibescu et Craiovesti, Anna-Elisabeth Bassarab de Brancoveanu naît le 15
novembre 1876 à Paris. Elle est la fille du prince Grégoire Bibesco-Bassaraba, et petite-fille du prince valaque Gheorghe Bibesco de Brancovan et de sa femme Zoe
Brâncoveanu. Sa mère est la célèbre pianiste grecque Raluka (Rachel) Musurus, à qui
le compositeur Paderewski dédia nombre des ses compositions.
Toute petite déjà, la fillette s'exerce à la versification, préférant à ses peluches et
autres poupées la lecture des Parnassiens, de Musset, Jean-Jacques Rousseau et surtout Victor Hugo. Un peu plus tard ce sera le tour de Kant et Nietzche.
Parents et amis parlent français autour de la petite Roumaine qui est émue la première fois qu'elle entend la Marseillaise. C'est décidé… Appartenant pourtant à la
haute aristocratie roumaine et aussi française, elle sera républicaine et le restera toute
sa vie, tout en appréciant quand même les mérites de Bonaparte.
Très jeune, dès l'âge de treize ans, l'adolescente, qui a été profondément marquée
par la disparition de son père alors qu'elle n'avait que neuf ans, se met à écrire, des
romans et de la poésie. Douée d'une précoce facilité littéraire, elle rédige ses premiers
écrits dans un style aussi personnel qu'attachant qui trahit une vive sensibilité et la fera
considérée plus tard comme le successeur féminin de Victor Hugo.
Dans son salon, se pressent Proust, Claudel, Gide, Cocteau,
Paul Valéry, Pierre Loti, Max Jacob, Colette, le roi d'Angleterre
Anna n'a que 21 ans quand elle épouse le comte Mathieu de Noailles (1873-1942),
quatrième fils du septième duc de Noailles. Le couple n'aura qu'un fils, le comte Anne
Jules de Noailles (1900-1979). Pour l'état-civil, la jeune et très belle Roumaine est
devenue Anna de Noailles, et c'est sous ce patronyme que la littérature gardera le souvenir de la plus grande poétesse française du début du XXème siècle.
Son premier recueil ne paraît toutefois qu'en 1901. "Le coeur innombrable" reçoit
un accueil enthousiaste du public et de la critique et lui confère une célébrité qui ne se
démentira pas. C'était la révélation d'un talent hors pair, et le brillant début d'une série
de livres où s'exprimera harmonieusement un intense amour de la nature, arbres,
plantes, et surtout soleil. Cette œuvre, imprégnée du panthéisme le plus ardent, avait
exprimé aussi le culte de la jeunesse et des héros avec un sens profond de la mort, la
hantise de l'éternel et de l'absolu.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
"Un pays comblé de dons par la nature et qui n'a pas su en profiter"
Le pétrole, un mauvais souvenir en Roumanie
P
roduire du pétrole n'est pas nécessairement source
d'enrichissement. Le syndrome de l'or noir qui stérilise toute activité économique ne date pas d'aujourd'hui. La Roumanie montre l'exemple de ce qu'il ne faut pas
faire quand le sous-sol regorge de la
précieuse matière première comme
l'explique dans un article paru dans
"Le Monde" Jacques-Marie Voslin,
maître de conférences à l'IAE
d'Amiens et chercheur au Criisea.
La Roumanie est le premier pays à
se lancer dans la production de pétrole,
dès 1857. L'utilisation de nouvelles
techniques de distillation permet de
produire du pétrole lampant, alors
employé à l'éclairage public. Dès lors,
les puits ne cessent de se multiplier, transformant les Carpates
en un nouvel eldorado. Mais les capitaux locaux manquent
cruellement, et les infrastructures restent rudimentaires. A partir de 1864, les étrangers investissent massivement dans les
champs pétrolifères roumains. Les capitaux anglais, français,
américains et allemands permettent de hisser la Roumanie au
sixième rang mondial des pays producteurs de pétrole à la fin
du XIX siècle. Toutefois le pays ne profite pas de l'aubaine: à
la veille de la première guerre mondiale, plus de neuf investissements sur dix sont réalisés par des compagnies étrangères.
Déjà les dégâts de la corruption, voici un siècle
Cette manne échappe à l'Etat; pire, le système fiscal
défaillant et la corruption gangrènent les finances publiques.
La dette s'accroît inéluctablement. Le pétrole (notre photo: les
premiers derricks), les céréales, la position stratégique et la
francophilie de la Roumanie conduisent opportunément la
France à s'intéresser au pays entre les deux guerres. La
Roumanie est alors présentée sous ses plus beaux atours; un
journaliste de "La Vie financière" la décrit ainsi comme un
"pays comblé de dons par la nature (...), heureusement riche
des produits que se dispute le monde : Le blé et le pétrole".
Il est vrai qu'au cours des années 1920 son économie
connaît un essor important, avec une production croissante de
pétrole ainsi que le développement de l'industrie sidérurgique.
Mais c'est faire fi des problèmes structurels du pays. La
Roumanie reste profondément agricole, 80 % de la population
est rurale. La première guerre mondiale a aussi profondément
désorganisé le pays. Les besoins sont considérables et les
dettes endémiques; la monnaie reste
fragile. C'est alors que la Roumanie
décide de se tourner vers la France. Un
premier emprunt est émis le 12 février
1929, quelques mois avant le krach de
la Bourse de New York.
La majeure partie de cette rentrée
financière est destinée au remboursement des dettes précédentes, ainsi qu'à
des dépenses militaires. Cet emprunt
sera sans effet sur les infrastructures, et
donc sur le développement du pays.
Qui plus est, la crise des années 1930 ruine l'économie roumaine. En trois ans, le prix des produits agricoles baisse de
50%, celui du pétrole de 60 %. Les recettes d'exportation ne
suffisent plus à régler la dette.
Emprunt roumain de 1929:
les créanciers français spoliés comme en Russie
La conséquence de cette situation est détaillée par l'universitaire Loredana Ureche-Rangau dans son ouvrage Dette
souveraine en crise (publications de La Sorbonne, 2008). La
Roumanie décide de faire défaut le 15 août 1933, laissant de
nombreux créanciers français avec un goût amer, après le précédent de la Russie. Par la suite, les intérêts ne seront réglés
que pendant une courte période, après le rachat des redevances
pétrolières par une entreprise française. La chercheuse
explique dans son ouvrage comment les nombreuses tentatives
de rééchelonnement de la dette resteront lettre morte.
Les intérêts français dans le pétrole roumain passeront peu
de temps après dans l'escarcelle des Allemands, au cours de la
seconde guerre mondiale. Finalement, l'emprunt, qui ne versait
plus d'intérêts, sera remboursé pour une somme symbolique à
la suite d'un traité de 1959. La Roumanie a tellement puisé
dans ses réserves que sa production de pétrole ne suffit plus à
couvrir ses besoins dès 1976. Funeste gâchis.
Jacques-Marie Voslin
Gisement de gaz découvert près de Roman
L
a compagnie roumaine Romgaz a découvert un nouveau gisement
de gaz naturel dont les réserves s'élèveraient à 200 000 m3/jour,
près de la ville de Roman (nord- est), suite à un programme intense d'exploration amorcé en 2006 sur huit périmètres, et qui a conduit l'année
dernière à la découverte de sept gisements. Romgaz, dont l'Etat est l'actionnaire majoritaire, est le plus important producteur et fournisseur de gaz naturel de Roumanie, ocupant 41,2% du marché intérieur. En 2007, sa production
a été supérieure à cinq milliards de m3 de gaz méthane ; son budget d'investissements pour 2008 était de 300 M€.
Un tiers des "crash test "
de Renault en Roumanie
U
n centre d'essai va être installé à
Titu par Renault-Dacia et son usine
de Pitesti doit réaliser dès cette
année un tiers des "crash test" (150 sur 450) de
l'ensemble de la gamme Renault. La logique est
financière : il faut compter 18 000 € pour réaliser un crash test en France et seulement 6 000 €
en Roumanie.
17
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
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SATU MARE
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CHISINAU
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BRASOV
SAVÂRSIN
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TIMISOARA
SINAIA
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PITESTI
l
l
l
PLOIESTI TULCEA
n
l
l
CONSTANTA
BUCAREST
l
CRAIOVA
Les chiffres
18
Près de huit millions
de passagers aériens en 2007
Population : 21 542 000 habitants
Superficie : 238 391 km 2
PIB estimé pour 2008 : 132 milliards
d'euros (+5,8 %)
PIB/habitant : 6000 €
Production industrielle : + 5,4 %
Taux d'inflation annuel : + 8,6 %
Chômage (chiffre officiel) : 4,2 %
Salaire moyen net : 320 € (+ 23,2 %)
-Le plus élevé (finances) : 966 €
-Le plus faible (bois) : 181 €
Salaire minimum net : 137 €
(employés), 274 € (cadres)
Retraite mensuelle moyenne : 150 €,
agriculteurs : 60 €
Espérance de vie (hommes/femmes):
68-75 ans
Moldavie :
Population : 3 833 000 habitants
Superficie : 33 700 km 2
PIB : 3,4 milliards d'euros (+ 4 %)
PIB/habitant : 880 €
Salaire moyen : 80 €
Chômage (chiffre officiel) : 8 %
Espérance de vie (hommes/femmes):
62-70 ans
Population adulte émigrée : 25 %
Très cher
village français
Le village français, l'un des quartiers résidentiel les plus huppé du
nord de la capitale, qui s'étend sur
1,6 ha, a été cédé par l'homme d'affaires Costica Costanda au Grec
Raptis Kavouras, spécialiste de l'immobilier, pour la coquette somme de
68 millions d'euros. C'est le cabinet
notarial de Ioana Tariceanu, la
femme du premier ministre, qui a été
chargé de mener la transaction,
empochant une commission estimée
à au moins 400 000 €.
E
n 2007, le trafic aérien roumain a enregistré 7,8 millions de passagers, en
augmentation de 42 % par rapport à l'année précédente. Cette croissance a
continué pour les trois premiers mois de 2008 puisqu'elle a atteint le rythme de 47 %. L'augmentation du nombre de compagnies aériennes opérant sur le marché roumain, des vols charters, l'explosion des vols low-cost (prix réduits) -1,8 millions de passagers, soit 20 % du total du trafic, contre 9 % en 2006 - dont les succès
s'expliquent par le nombre grandissant de Roumains qui s'expatrient, sont à la base du
phénomène. Il faut noter que le trafic intérieur est lui aussi en nette progression du fait
de l'inexistence d'autoroutes et du mauvais état des infrastructures du rail, en perpétuels travaux.
A savoir
Quinze nouveaux malls à
Bucarest dans les trois ans
Pas moins d'un million de mètres carrés de surface commerciale vont être
construits dans la capitale dans les 3 ans
à venir. Au total, 15 projets de centres
commerciaux - appelés aussi mall - sont
en cours dans différents secteurs de
Bucarest. L'un des plus important et des
plus symbolique va prendre ses quartiers
dans la maison de la radio (casa radio) et
s'étendra sur une surface de 100.000 m2.
Construit sous le régime de Ceausescu,
l'édifice, qui se trouve en face de l'hôpital
militaire, sur les quais de la Dâmbovita,
n'a jamais été terminé.
Vuitton, le géant
du luxe à Bucarest
Le géant du luxe Louis Vuitton
(Groupe LVMH) a ouvert son premier
magasin à Bucarest début juin. Un million d'euros ont été investis pour ouvrir
un magasin de 130 m2 dans le Marriott
Hotel. Les produits vendus sont les
mêmes que ceux à la disposition des
clients fortunés dans les magasins Louis
Vuitton de France ou d'Italie.
Jolidon distribue sa lingerie
féminine en France
L'enseigne
roumaine
Jolidon
fabrique et distribue des articles de lingerie (féminin/masculin) sur le créneau
moyenne gamme (40 à 55 € pour un
ensemble slip + soutien-gorge). Fondée
en 1993, juste après la chute du communisme, elle réalise aujourd'hui un chiffre
d'affaires de 40 millions d'euros et comp-
te 3500 employés. Déployée sur l'Italie et
la Roumanie avec 105 boutiques, cette
entreprise a fait son apparition sur le marché français depuis un an et compte à ce
jour une dizaine de boutiques qu'elle a
développées en commission affiliation:
un mode de distribution qui correspond
bien à ses gammes de produits actualisées en permanence. Les résultats de la
filiale française sont prometteurs (environ 5000 €/m2 pour les premières boutiques). L'investissement initial (hors pas
de porte) tourne autours de 4500 € à
7500 € par m² pour une boutique de 50 à
70 m2. Quant aux droits d'entrée, il faudra débourser 15 000 € pour acquérir la
possibilité de vendre la marque.
Energie
Selon Eurostat, en 2006, les taux de
dépendance énergétique les plus élevés
dans l'UE ont été observés à Chypre
(102%), à Malte (100%), au Luxembourg
(99%) et en Irlande (91%). Les États
membres les moins dépendants des
importations d'énergie étaient la Pologne
(20%), le Royaume-Uni (20%), la
République Tchèque (28%) et la
Roumanie (29%).
Dette extérieure
La dette extérieure de la Roumanie a
augmenté de 16,6 % au premier semestre
2008, s'élevant désormais à 45 milliards
d'euros. Au cours de cette même période,
les investissements directs étrangers ont
crû de 64 %, atteignant 5 milliards d'euros; à 60 %, il s'agit de capitaux et de
bénéfices réinvestis sur place par des
entreprises déjà installées.
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Universitaire, le British Council et l'Institut
des meilleures bibliothèques de Bucarest
L’Institut
Culturel
Français
sous influence occidentale
2ème: le British Council (Calea Dorobantilor, n° 14): un
fonds de livres substantiel et récent, particulièrement en ce qui
concerne les sciences et la culture. Idem pour les livres virtuels. Un endroit idéal pour préparer le fameux Cambridge
Certificate, indispensable pour accéder à tous les examens et
formations utilisant l'anglais. Champion pour organiser des
évènements branchés. Point noir, habituel chez les
Britanniques : le coût prohibitif de l'abonnement annuel qui le
rend inaccessible à beaucoup de Roumains: 40 € pour les
adultes, 28 € pour les scolaires et étudiants. Une politique
héritée de l'époque de l'épicière Margaret Thatcher : "Give me
back my money" ("Rendez-moi mon argent") et que l'on retrouve Outre-Manche dans les tarifs pratiqués pour visiter les
musées.
L'élitisme, péché mignon
incorrigible des Français
3ème: l'Institut Culturel Français (Boulevardul Dacia,
n° 77): une très bonne moyenne ainsi que pour sa bibliothèque;
l'abonnement est relativement bon marché par rapport aux
autres instituts étrangers; dispose de la meilleure médiathèque,
spécialement pour la musique et les films. Le fonds de livres
est continuellement actualisé ainsi que la catalogue. Par
contre, son site Internet est chaotique: ainsi la médiathèque est
présentée sous forme de blog. Péché mignon des Français: les
évènements organisés sont souvent élitistes, voire prétentieux,
mais c'est une constante que l'on retrouve à travers les autres
centres culturels français à l'étranger.
4ème: la Bibliothèque Métropolitaine Mihail
Sadoveanu (Strada Tache Ionescu, n° 4): accès totalement
gratuit sauf pour les prestations du type photocopie.
Dépourvue de salle de lecture. Dispose d'une bibliothèque
sonore pour les non-voyants. Peu de livres virtuels.
Informatisation en cours mais insuffisante. S'est lancée récemment dans l'organisation d'évènements culturels s'efforçant à
ce qu'ils ne soient pas trop superficiels.
5ème: l'Institut Goethe (Henri Coanda, n° 22): tarifs
accessibles (de 4 à 7 € par an) ; livres et matériel en allemand;
emprunt d'une semaine maximum. Médiathèque bien fournie,
mise à jour. Très actif dans l'organisation d'évènements tournés
vers les jeunes, de festivals de cinéma, de débats sur des
thèmes actuels.
6ème: Institut
Cervantes (Bibliothèque Luis Rosales,
Marin Serghelescu,
n° 12): fonds de
livres en espagnol, limité à 20 000 volumes, moins tourné vers
la high tech que ses homologues occidentaux. Accès libre pour
consulter les ouvrages, abonnement annuel de 15 € pour les
emprunter. Organise peu d'évènements mais intéressants.
La Bibliothèque Nationale
et celle de l'Académie suintent l'ennui
7ème: Bibliothèque nationale (Ghica n° 4): dispose du
plus grand fonds de livres avec la Bibliothèque de l'Académie.
Nombreuses salles de lecture. Aspect rébarbatif, vieillot, communiste… Le rappel des obligations des lecteurs et du règlement est affiché partout. Accès non autorisé aux moins de 18
ans. Consultation des livres uniquement sur place. Temps d'attente long. Médiathèque basée sur les disques. Manifestations
poussiéreuses, décourageantes, académiques. Intéressant pour
avoir une idée de "comment c'était avant".
8ème: Bibliothèque de l'Académie (Calea Victoriei,
n° 125): son fonds de lecture énorme double, sans justification,
celui de la Bibliothèque Nationale. Accès très difficile : les
étudiants doivent obtenir un laisser-passer de leur doyen.
Salles de lecture convenables pour les spécialistes qui les fréquentent. Organisation d'évènements pour un public restreint.
Site Internet inutilisable.
9ème: Bibliothèque pour enfants Ion Creanga
(Christian Tell, n° 10): filiale de la Bibliothèque Métropolitaine qui s'efforce de s'adapter aux désiratas des enfants d'aujourd'hui. Fonds de livres divers, peu d'ouvrages étrangers
(collection Folio Classique). Activités complémentaires
comme un théâtre de marionnettes, une ludothèque surveillée,
des ateliers de création. Accès gratuit.
10ème: Bibliothèque Pédagogique (Zalomit, n° 12): une
bibliothèque intéressante avec un fonds de 450 000 livres, le
meilleur pour les disciplines théoriques comme les sciences
sociales. Malheureusement son avenir est incertain car le bâtiment, de style communiste mais avec une salle de lecture
aérée, doit être rétrocédé à ses anciens propriétaires. Accès
payant.
La revue "Europe Unie" se penche sur les transformations du continent
D
irigée par Michel Labori,
universitaire lillois, docteur
en sciences économiques et
président du Mouvement européen Nord,
"L'Europe Unie" publie son second
numéro consacré aux grands problèmes
européens, accordant une attention parti-
culière à la Roumanie. Au sommaire de la
revue que l'on peut consulter sur Internet,
sur le site www.prodifmultimedia.com:
- l'élargissement de l'UE et ses implications géopolitiques et économiques
- A propos des évolutions économiques actuelles dans l'Europe: mondia-
lisation, politique agricole commune,
développement rural et environnement
- aspects de la gouvernance de l'UE:
gouvernement électronique, lobbys, subsidiarité
- les défis du XXIème siècle: sécurité et énergie, éducation européenne.
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Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Livres
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L'accès à la lecture
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ADJUD
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TG. JIU
PITESTI
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BRAILA
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CRAIOVA
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TULCEA
CONSTANTA
BUCAREST
l
CARACAL
CALAFAT
(suite de la page 44)
Le samedi matin, j'étais dans le
bassin dès 6 heures pour une séance
de préparation de trois heures et
demie. Après, j'avais carte blanche
jusqu'au lundi matin pour aller me
changer les idées".
Camelia, fille à la fois équilibrée et
intelligente, ne regrette qu'une chose:
"J'aurais dû venir en France beaucoup plus tôt. Philippe est exigeant,
mais uniquement pour le travail. Avec
lui, j'ai fait des progrès formidables".
Des arrières assurés
46
La Bibliothèque Centrale
Culturel Français au hit-parade
La Roumaine de Braila nourrissait
pourtant beaucoup d'espoir, avec une
préparation toute en progression, pensant être à l'heure pour le rendezvous chinois: une médaille d'argent et
deux de bronze aux championnats
d'Europe, en mars, un titre de vicechampionne du monde du 400 mètres
nage libre à Manchester, en avril.
Mais voilà… il fallait compter avec "la
jeunesse" qui n'a aucune considération pour les anciens.
Après avoir passé plus de la moitié
de sa vie dans l'eau - son père lui
avait appris à nager dans le Danube
quand elle avait cinq ans - Camelia
Potec, qui a une peur bleue de la mer,
des méduses et des algues, va
retrouver un rythme de vie plus ordinaire. Des clubs lui ont fait des propositions pour devenir à son tour entraîneur, mais elle envisage aussi de faire
carrière dans le tourisme. De toutes
façons, la jeune femme, très mature,
a su préparer ses arrières et est déjà
à la tête d'une petite fortune, fruit de
tous ses succès antérieurs: deux
appartements, un à Bucarest, un
autre à Braila, deux maisons à
Corbeanca, banlieue nord résidentielle de la capitale, un terrain à la montagne… et une voiture de sports.
B
ien plus que les Français, les Roumains sont amateurs de lecture et, au vu
du prix des livres depuis la "Révolution" ou de la difficulté de s'en procurer venant de l'étranger auparavant, sont devenus de véritables rats de
bibliothèques, fréquentant également les centres culturels étrangers présents dans les
grandes villes. "Romania Libera" ("La Roumanie Libre") a fait le point sur ce phénomène à Bucarest, constatant des changements fondamentaux dans la diffusion de la
culture, sous l'influence occidentale.
Aujourd'hui, les bibliothèques sont devenues médiathèques. On y trouve non seulement des livres, mais des CD de musique, des films. Elles organisent aussi des évènements culturels et artistiques. Le quotidien relève que le British Council est à la
pointe de cette tendance d'ouverture sur les formes de culture alternatives, urbaines,
tournées vers les jeunes. A l'inverse, le centre d'études américaines est qualifié d'institution quasi-militaire, "d'accès aussi difficile que l'aéroport Kennedy", n'organisant
que des évènements ennuyeux, tournés vers les questions politiques, alors que le
centre culturel français se caractérise toujours par son côté élitiste. Toutes ces institutions ont à affronter le même problème: l'espace restreint dont elles disposent qui les
empêchent de stocker des fonds importants de livres.
La convivialité à la place du cadre poussiéreux communiste
"Romania Libera" souligne l'effort entrepris par la
Bibliothèque
Centrale
Universitaire de Bucarest
(notre photo), dont le
concept a changé, empruntant peu à peu le modèle
occidental pour devenir plus
conviviale, une voie choisie
aussi par une autre institution
roumaine, la Bibliothèque
Métropolitaine
d'Amzei,
quoique plus timidement.
A l'opposé, la Bibliothèque de l'Académie offre toujours le même cadre communiste, poussiéreux, rébarbatif, restreignant par des mesures bureaucratiques l'accès des
étudiants à son fond impressionnant de livres.
Le journal a entrepris d'évaluer tous ces établissements, étrangers ou roumains, en
se basant sur cinq critères : leur fonds de livres, sa diversité, l'ambiance des lieux, les
évènements organisés, l'informatisation, ce qui donne le classement suivant :
Avec les Anglais, la culture a toujours un prix
1ère : la Bibliothèque Centrale Universitaire (Strada Boteanu, n° 1): la BCU
obtient la meilleure moyenne grâce à tous les services offerts, avec ses abonnements
bon marché, gratuits pour les étudiants, un accès sans restriction à des services de qualité. Hérité du communisme, le bâtiment a été rénové, dispose d'un ascenseur et d'une
cafétéria à prix étudiant. La salle de lecture est lumineuse, aérée, garantissant en même
temps l'intimité pour lire tranquillement sans avoir à subir le regard des voisins.
La BCU dispose d'un fonds de livres roumains gigantesque et agrandit de façon
substantielle, année après année, celui des livres étrangers. Ses services sont totalement informatisés, professionnalisés et le temps d'attente pour obtenir un livre n'excède pas 20 minutes. Seuls bémols : le fonds de livres étrangers que l'on peut emprunter est limité et les évènements culturels un peu "vieux jeu", trop universitaires.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'activité des brasseurs menacée par la mondialisation
Economie
Les petits producteurs de bière ont la pression
S
era-t-il encore possible de boire une bière traditionnelle en Roumanie dans dix ans ? Rien n'est moins
sûr, car les petits producteurs s'attendent à vivre des
jours difficiles face à la concurrence des grandes multinationales. Et l'Etat roumain n'envisage nullement d'apporter un
soutien à ces sociétés, comme en Allemagne ou en Angleterre.
Paradoxalement, les Roumains boivent de plus en plus de
bière... ainsi que l'a constaté Liviu Florea du journal “Curierul
National” dans un article traduit par Ramona Delcea et paru
dans lepetitjournal.com.
Quinze brasseurs indépendants
veau projet de loi qui permettrait d'attribuer des aides financières aux petites et moyennes entreprises (PME) de l'industrie
de la bière.
Cette annonce vient quelques mois après le rejet par les
députés d'une loi similaire, en juin 2007. Celle-ci avait été
adoptée dans un premier temps par le Sénat et par le Parlement
et avait été ensuite envoyée au Président pour qu'il la promulgue le 30 novembre 2006. Cependant, Traian Basescu a
demandé le réexamen du dossier et a accusé les parlementaires
de "faire des lois pour les délinquants". La loi a été rejetée
définitivement début juin, avec 124 voix contre 51, le
Parlement ayant le dernier mot dans ce genre de cas.
La version initiale prévoyait
l'exemption pour les PME des obligations fiscales arriérées au 31 décembre
2003, ainsi que des intérêts afférents.
Ces derniers représentent l'impôt sur le
profit et la TVA que les PME de l'industrie de la bière ont accumulés.
"Les producteurs
indépendants de bières
en Roumanie pourraient
être obligées de fermer
leurs
portes
d'ici
quelques années", a
déclaré Vifor Versescu,
directeur général du
L'État grand perdant
Patronat des sociétés
Les importantes brasseries de Timisoara fabriquaient
indépendantes de bière
Victor Versescu considère que le
une bière réputée dans tout le pays (ici, à la fin du XIXème siècle).
de Roumanie (PSIPBR).
premier perdant de la fermeture éven"À cause du manque d'implication des autorités roumaines, les
tuelle de ces petits producteurs indépendants serait l'État luientreprises productrices de bière pourraient être vouées à la
même. "Tout d'abord, les entreprises indépendantes disposent
faillite dans les deux ou trois prochaines années. Les entrede plus de force de travail que les multinationales, ce qui se
prises importantes comme Bere Martens Galati, Bere Mures
traduit par des impôts et des taxes plus substantiels versés à
ou Bere Azuga pourront survivre mais tous les petits producl'État. Les budgets locaux reçoivent des suppléments qui vont
teurs devront faire face à de gros problèmes à l'avenir".
jusqu'à 100 milliards d'anciens lei (environ 3 millions euros)
Vifor Versecu évoque aussi la bataille qui se mène actuelpar an, des sommes qui proviennent de l'activité des entrelement entre globalisation et traditionalisme au sein
prises productrices de bière.
de l'industrie mondiale de la bière. "Dans d'autres
Ensuite, ces producteurs utilisent
pays de l'Union Européenne, cette tendance à la glode la matière première d'origine
balisation a frappé tous les marchés, y compris les
roumaine", explique le directeur de
marché traditionnels de la bière, mais les effets ne
la PSIPBR.
sont pas si évidents que ça. Par exemple, en
Les investissements des sociéAllemagne, il y a environ 1.200 producteurs indépentés productrices de bière sur l'année
dants de bière, en Angleterre environ 500. Les autori2007 se sont élevés à environ 80
tés de ces pays se sont considérablement impliquées
millions d'euros grâce à des prêts
pour aider les petits producteurs, ce qui les a sauvés.
bancaires, ce qui a porté leur proEn Roumanie, les autorités n'ont pas du tout la même
duction de bière à environ 3 milapproche, même si le nombre de producteurs roulions d'hectolitres, soit 500.000
mains est nettement inférieur : nous avons seulement
hectolitres de plus qu'en 2006.
15 producteurs indépendants de bière. 10 sociétés sur
Tous ces aspects doivent être
les 15 mentionnées ont une capacité de production
considérés dans le contexte de la
annuelle inférieure à 200.000 hectolitres, les 5 autres
consommation de bière en
produisent plus. La plus importante est Bere Mures ",
Roumanie, qui a tendance à auga conclut le président de la PSIPBR.
menter. La consommation devrait
“Délicieuse, sympa, du charme...
Elle est la plus appréciée atteindre 92-93 litres de bière par
dans les soirées ou après le dîner”.
habitant à la fin de cette année, la
Une nouvelle "loi sur la bière" ?
même consommation qu'en Hongrie et 20 litres plus qu'en
Bulgarie".
Liviu Florea
Des sources provenant de l'industrie roumaine de bière ont
(traduit par Ramona Delcea, lepetitjournal.com)
déclaré que les petits producteurs de bière préparent un nou-
19
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
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Plus qu'une
seule usine
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Le drame d'Athènes s'est répété à Pékin
l
SF. GHEORGHE
l
Le gymnaste Marian Dragulescu
ne sera jamais champion olympique
J. O. Pékin
Adieu Carpati, Marasesti, Snagov !
SUCEAVA
ORADEA
La production de cigarettes roumaines
s'est effondrée en moins de dix ans
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
A l'heure actuelle, une seule grande usine produit encore des cigarettes roumaines, celle de Sfantu
Gheorghe (centre). Les autres, celles
de Bucuresti, Timisoara, lasi, Râmnicu Sarat et Targu-Jiu sont fermées.
En 1990, toutes les unités de production, y compris huit unités de fermentation, six fabriques de cigarettes,
une station de recherche et une
usine de pièces détachées avaient
été réunies au sein de la Régie autonome du tabac, Cet organisme a
fonctionné jusqu'en 1997, quand il
s'est mué en Société nationale du
tabac roumain (SNTR), à capital
d'Etat. Après
s'être endettée
de 40 millions
de euros, la
SNTR a été
privatisée en
2000. La procédure fut particulièrement
contestée. Le
gagnant,
Interagro S.A.,
avait emporté
près de 54%
des actions,
mais les dettes se sont élevées en
trois ans à 89 millions de euros. Elles
n'ont jamais été honorées. Lors d'une
troisième tentative de privatisation en
2004, le consortium Tobacco, formé
de CTS (Italie) et Galaxy Energy
International (Iles Vierges), a avalé
56,4% de la SNTR.
Actuellement, la compagnie s'appelle Galaxy Tobacco. Elle emploie
quelque 500 salariés, trois fois moins
qu'en 2000. Elle est la dernière à produire du tabac roumain.
S
i les Roumains restent des fumeurs invétérés, les cigarettes nationales,
Snagov ou Carpati, semblent irrémédiablement condamnées par la concurrence anglo-américaine. Dans un article du mensuel francophone
"Regard", que nous reprenons ci-dessous, Florentina Ciuverca dresse la nécrologie
d'un pan de la vie économique roumaine qui part en fumée.
"Une Carpati, Marasesti ou Snagov contient beaucoup de nicotine, mais aussi de
nostalgie. "Comme elles étaient fortes !", se souviennent les vieux fumeurs roumains,
qui ont presque oublié l'arôme du tabac national. Après la révolution, dans les années
1990, les viriles cigarettes roumaines n'ont pas résisté à la concurrence du tabac d'importation, plus raffiné. Petit à petit, les paquets étrangers ont remplacé les marques
locales chez les "accros".
Pourtant les Roumains restent de grands fumeurs. Une récente étude montre que
les cigarettes occupaient en 2006 la première
place dans un top des ventes des biens de
consommation: 1,22 milliard d'euros pour
45000 tonnes de cigarettes écoulées dans l'année. Soit l'équivalent de la somme totale dépensé pour les jus de fruits, l'eau minérale et la bière
rassemblés! Cela n'a pas empêché les cultivateurs de tabac et les fabricants de faire faillite.
G
hinion ! Ghinion ! Ghinion !"… "La poisse !" :
Marian Dragulescu, 27 ans, n'avait que ce mot à la
bouche après avoir chuté à la réception de son
deuxième et dernier saut, lors de la finale de l'épreuve du saut
de cheval, ce qui le fit rétrograder à la quatrième place. Le
gymnaste avait réalisé un premier saut presque parfait qui
l'avait placé nettement en tête du concours. Prudent, il avait
choisi de ne pas exécuter sa spécialité, "le Dragulescu",
célèbre dans l'univers de la gymnastique pour sa difficulté, afin
de s'assurer cette médaille en or qui lui avait filé sous le nez à
Athènes… pour la même raison. Toutefois, aux JO de 2004,
après avoir obtenu un fabuleux 9,9 au premier saut, le
Roumain avait quand même décroché l'argent malgré sa chute
au second et aidé son pays à obtenir le bronze par équipe.
De l'or indispensable
pour faire opérer sa fillette
A Pékin, celui qui a été aussi deux fois champions du
monde de la spécialité à Melbourne en 2005 et à Aarhus
(Danemark) en 2006 est reparti bredouille, digne malgré son
3700 tonnes de cigarettes produites
l'an passé contre 25 000 en 1997
La production a diminué proportionnellement aux dettes de la Société nationale du Tabac Roumain (SNTR), à capital
d'Etat. Brutalement, les paquets de Bucegi, Dada, Doina ou Coloana ont disparu de la circulation. La marque la plus populaire reste Carpati, équivalent
roumain de la Gauloise française. Un rapport de 1997 du ministère de
l'Agriculture montre qu'on produisait alors 25000 tonnes de cigarettes, dont
17000 de Carpati. En 2006, la production était tombée à 3700 tonnes.
C'est surtout la concurrence qui a causé la chute des cigarettes roumaines.
Des firmes telles que British American Tobacco, Phillip Morris et JT
International ont investi le marché. D'autres comme BAT et Reynolds étaient
déjà sur place. Récemment, Gallaher, cinquième compagnie mondiale et déjà
présente dans plus de 60 pays, a fait son apparition. "Les multinationales préfèrent le tabac d'Amérique du Sud, d'Afrique ou d'ailleurs, parce qu'il est
moins cher que le roumain", résume Paula Craioveanu, conseillère au ministère de l'Agriculture. "Leur attitude est uniquement dirigée par des intérêts
commerciaux. En ce qui concerne la qualité de notre tabac, que ces firmes
considèrent comme inférieure, il existe des solutions. Un partenariat cultivateur-producteur résoudrait le problème".
La conseillère réclame par ailleurs un peu de "bienveillance" de la part de ces
compagnies. Elle évoque aussi les taxes très élevées sur le tabac roumain, alors que
les voisins jeunes adhérents de l'UE n'ont pas forcément appliqué la fiscalité européenne et ont maintenu leur activité de tabaculture.
Andreea Tartacan, directrice commerciale de Galaxy Tobacco, ajoute, pessimiste,
que "les exploitations de tabac diminuent chaque année en raison du manque de profit". Le groupe essaye maintenant de se profiler sur les cigarettes "biologiques". Les
producteurs réclament enfin l'arrêt de la contrebande en provenance de République de
Moldavie et d'Ukraine. Des cigarettes sans filtre, similaires aux Carpati ou aux
Marasesti, s'achèteraient en effet bien moins cher près des frontières... "
Florentina Ciuverca
immense désillusion. Cet or
qu'il n'aura jamais car à 27
ans, l'heure de la retraite a
sonné depuis longtemps
pour les gymnastes, Marian
Dragulescu le voulait pour
une raison extra-sportive
qui prend une dimension de
drame. Alors qu'il pensait
mettre un terme à sa carrière voici deux ans, il avait
décidé de continuer l'entraînement quand les médecins avaient
découvert que sa fillette Béatrice souffrait d'hypoacousie bilatérale, une malformation la rendant sourde.
Aujourd'hui âgée de trois ans, l'enfant devait être opérée
sans tarder, cette infirmité risquant de devenir définitive.
Rendez-vous avait été pris pour une intervention à l'automne
dans une clinique de Vienne, dont le coût était estimé à
40 000 €. Marian Dragulescu n'avait pas le choix: il devait
impérativement remporter la médaille d'or à Pékin et les
100 000 € qu'elle rapporte.
Devenue consul honoraire de la Roumanie 45
aux USA, Nadia Comaneci a “bien” grandi
E
n 1976, aux Jeux Olympiques
de Montréal, elle avait 14 ans,
cas de figure qu'on ne peut
plus voir de nos jours, l'inscription aux
J.O. étant réservée aux majeurs de 16 ans.
Et elle a bouleversé la planète sport, au
point d'être élue "meilleure gymnaste du
siècle" en 1999, et "meilleure athlète
féminine du siècle".
"Elle", c'est la petite fée roumaine
Nadia Comaneci, qui avait raflé, obtenant
sept fois la note parfaite de 10,3
médailles d'or aux J.O. de 1976, à
Montréal. C'est la première fois dans
l'histoire des Olympiades que le "10 parfait" était attribué à un athlète, à tel point
que les juges furent obligés d'inscrire 1.0,
les tableaux de notation ne permettant pas
d'écrire 10.0 !
Si durant sa carrière, entre 1975 et
1981, la Roumaine (qui a désormais également la nationalité américaine) a collectionné les récompenses, s'adjugeant 9
médailles olympiques dont 5 en or, ainsi
que 2 titres mondiaux et 9 titres européens, ne croyez pas qu'elle se repose sur
ses lauriers !
Installée depuis longtemps à Norman
en Oklahoma avec son époux l'ancien
gymnaste Bart Conner, avec qui elle a eu
le 3 juin 2006, à 45 ans, son premier
enfant (prénommé Dylan-Paul), Nadia
Comaneci multiplie les activités. Outre
ses apparitions plus ou moins heureuses
dans des talk-shows télévisés, à la faveur
de sa notoriété, elle est engagée sur de
nombreux fronts: "entre les contrats de
sponsors, les discours de motivation, ma
Fondation et ma vie familiale, je n'ai
vraiment pas le temps de m'ennuyer",
résume-t-elle. Et elle est allée à Pékin
pour faire des commentaires pour
Televisa, une chaîne mexicaine.
Elle revient régulièrement à
Bucarest, où elle a créé fin 2007 la
Fondation Comaneci, qui soutient les
jeunes sportifs roumains, et finance cette
année la construction d'une polyclinique
où "des orphelins et enfants de familles
démunies pourront être soignés mais
aussi apprendre l'anglais, étudier, être
nourris". "Ces enfants méritent une
meilleure vie", proclame-t-elle. Un beau
geste pour la capitale roumaine, dont elle
avait dû s'exiler un mois avant la
Révolution de 1989.
Et, si elle fut la toute première athlète invitée à s'exprimer à l'ONU, en 1999,
et a le titre de consul honoraire de
Roumanie aux Etats-Unis, ne pensez pas
la voir un jour suivre l'exemple d'autres
grands champions et s'engager en politique : "Je veux bien faire des choses
pour la Roumanie”, concède-t-elle,
"mais pas à travers la politique", rajoutet-elle, prudente.
Pour ceux qui souhaitent découvrir
ou re-découvrir l'incroyable destin de la
gymnaste, sachez qu'un film lui a été
consacré, en 1984 : Nadia, d'Alan Cooke.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
J. O. Pékin
l
BAIA MARE
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SUCEAVA
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SIGHET
IASI
ORADEA
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TARGU
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A. IULIA
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TIMISOARA
BRASOV
CRAIOVA
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TULCEA
n
BUCAREST
"Parmi les jeunes qui vivent dans les rues
certains ont la capacité de monter une affaire "
Social
Muhamad
Yunus
prix Nobel
de la Paix
Micro-crédit : l'idée du "banquier
des pauvres" reprise en Roumanie
CONSTANTA
l
Pas de “potion
magique” Lucas
pour Camelia Potec
44
L'honneur sauf de la
gymnastique roumaine
BACAU
GALATI
l
PITESTI
l
Sandra Izbasa perpétue la tradition
en remportant l'or aux exercices au sol
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
La championne olympique
d'Athènes sur 200 mètres dos voulait
terminer sa carrière sur une autre
médaille d'or. C'est raté ! Camelia
Potec a terminé respectivement
6ème, 5ème, et 4ème des trois
finales qu'elle a disputées, manquant
pour quelques centièmes de seconde
la médaille de bronze du 800 mètres
nage libre.
A 26 ans, profitant du "divorce" de
Philippe Lucas avec sa protégée
Laure Manaudou qu'il avait fabriquée,
la très jolie ondine roumaine avait
pourtant rejoint quelques mois avant
Pékin, le célèbre entraîneur du Canet
en Roussillon avec l'ambition de
décrocher un dernier trophée et de
tourner ainsi définitivement la page de
la compétition. "Là-bas, j'aurais enfin
une préparation digne ce nom" avaitelle confié avant son départ dans le
sud de la France, ajoutant : "En
Roumanie, nous n'avons pas de programme de repos, de repas réguliers
et équilibrés ".
En France, elle a été servie: "Tout
était extrêmement strict: entraînement, repas, sommeil… et entraînement. En semaine, je n'avais aucun
moment de liberté et j'effectuais deux
entraînements chaque jour.”
(lire la suite p. 46)
S
acrée championne olympique au sol, Sandra Izbasa a sauvé l'honneur de la
gymnastique roumaine, en lui apportant son seul titre de la compétition et
perpétuant aussi sa tradition à cet agrès, établie par Nadia Comaneci en
1980 à Moscou. La Bucarestoise est devenue en effet à 18 ans la sixième médaillée
d'or de cet exercice de son pays, après la légende Comaneci, Ecaterina Szabo à Los
Angeles (1984), Daniela Silivas à Séoul (1988), Lavinia Milosovici à Barcelone
(1992) et Calina Ponor à Athènes (2004), Simona Amanar n'ayant obtenu "que" la
médaille d'argent à Atlanta (1996) et de bronze à Sydney (2000).
Comme elle l'affectionne, la jeune gymnaste, déjà championne d'Europe et qui
pratique ce sport depuis l'âge de quatre ans, était passée la dernière dans le concours,
grâce aux évolutions constamment bonnes des qualifications, ce qui lui permettait de
jauger ses concurrentes, dont ses deux suivantes, les Américaines Shawn Johnson et
Anastasia Lukin. Sandra avait une seule idée en tête: réaliser son exercice tel qu'il a
été conçu et répété depuis des années avec son entraîneur principal Nicolae Forminte.
La précision et la détermination de la Roumaine ont été évidentes dès la première diagonale acrobatique. Évoluant sur une musique
grecque avec grâce et avec force, combinaison de l'école
roumaine de gymnastique, elle a conservé sans contestation possible le titre olympique au sol de son pays, avec
une note de 15,650 points.
Sandra Izbasa était aux anges après sa performance
qui lui a valu à un coup de téléphone immédiat du président Basescu, lui confiant "combien, elle l'avait rendu
fier d'être Roumain". La jeune fille, qui n'a pas caché
qu'elle tremblait de tous ses membres avant sa dernière
prestation, lui a promis de "concourir pendant encore
mille ans, si elle gardait la forme"! Son entraîneur, ravi
certes, était cependant moins enthousiaste en évoquant
l'avenir : "Nous avons de moins en moins de champions
et c'est un problème de fond pour la gymnastique roumaine" a-t-il regretté.
Seule fausse note à ce succès, le commentaire dans la
presse d'Outre-Atlantique de Bela Karoly, l'ancien et célèbre entraîneur de Nadia
Comaneci puis de l'équipe olympique des USA où il vit depuis plus de vingt ans, sur
sa petite ex-compatriote qui a eu le toupet de devancer deux Américaines : "Sa note a
été surévaluée… mais les Roumains ont toujours été les champions des combines d'arbitrage". "Qui connaît encore Bela Karoly?" lui a répondu sur le mode ironique
Nicolae Forminte, s'adressant à des journalistes roumains… Sandra Izbasa apportant
son grain de sel en rajoutant par-dessus son épaule: "un illustre inconnu" !
Rugby : disparition brutale
du sélectionneur national
L
'ancien rugbyman et entraîneur du Stade Toulousain,
actuellement entraîneur der
Blagnac, Daniel Santamans, 49 ans, est
décédé samedi 26 juillet, victime d'un
malaise cardiaque. Tout juste revenu de
l'enterrement de sa mère en Roumanie,
l'ancien talonneur, champion de France
1985 et 1986 comme joueur et 2001
comme entraîneur, s'est écroulé dans sa
maison de Cugnaux. Une fin tragique
pour un éducateur confirmé, également
sélectionneur de la Roumanie lors de la
dernière Coupe du monde de rugby en
France. Daniel Santamans avait la double
nationalité franco-roumaine.
L
e Centre
de ressource
pour le développement de l'économie
sociale (APEL),
présidé par Franco
Aloisio, a été l'organisateur d'une conférence nationale sur le
micro-crédit social qui s'est déroulée à la salle Elvire Popesco
de l'Institut français de Bucarest. Co-financée par l'ambassade
de France en Roumanie, cette rencontre a accueilli plusieurs
experts de l'économie sociale
"Parmi les jeunes qui vivent dans les rues, certains ont la
capacité de monter une affaire (…) L'esprit de base de cette
réunion est que les gens en difficulté peuvent devenir une ressource pour la société", a souligné Franco Aloisio, président
d'Apel, au commencement de la réunion.
Un "esprit de base" partagé par Gilles Sohm, directeur du
fonds de pension AG2R, qui a rappelé les principes fondamentaux de l'économie sociale au sein de laquelle s'inscrit le
microcrédit: "L'économie sociale, c'est la volonté de concilier
l'économique et le social, et de replacer l'homme au coeur de
l'activité économique (…) Cette économie sociale a les mêmes
exigences que l'économie capitaliste, il faut proposer des services de qualité." A ne pas confondre, et Gilles Sohm insiste,
avec l'économie solidaire… "La seule vision caritative est
moins porteuse de solutions que l'économie sociale. Il faut
savoir créer une alliance dans la société au sens large."
En Roumanie, selon la Banque mondiale, le nombre de
personnes pauvres, c'est-à-dire vivant avec moins de 3 dollars
par jour, a été réduit par trois entre 2000 et 2006, passant sous
la barre des 3 millions. "Mais les risques de pauvreté restent
très élevés, notamment dans les régions rurales du nord du
pays", souligne Cristina Loghin, secrétaire générale de Caritas
Roumanie.
L'apport d'un crédit n'est pas suffisant
Le concept de la émicrofinance est encore jeune, tant en
Roumanie qu'au sein de l'Union Européenne. C'est depuis
2005 et la remise du prix Nobel de la Paix à Muhamad Yunus,
surnommé "le banquier des pauvres" que l'idée a commencé à
mûrir. Le Réseau européen de la Microfinance a désormais un
ou plusieurs représentants dans chacun des pays de l'UE. Son
directeur, Philippe Guichandut, explique que "l'apport d'un
crédit n'est pas suffisant, des services financiers d'accompagnement sont nécessaires, c'est ce qui définit la microfinance".
Florica Chereches, directrice de l'association Integra à
Bucarest ajoute que "travailler avec des personnes en difficulté présuppose un investissement plus important que le seul fait
de prêter de l'argent. Il est très important d'accorder plus de
services comme la consultance ou le conseil (…) Le crédit
social est plus utile que le crédit simple car il est centré sur
l'insertion sociale, le développement et la crédibilité des bénéficiaires, un vrai transfert de connaissances s'effectue".
Jusqu'à 25 000 euros
"Pour la Roumanie, le besoin de microfinancement est
estimé en 2007 à environ 800 millions d'euros (…) Ici les vrais
financeurs de la microfinance sont surtout 25 instituts et ONG
non-bancaires qui offrent des services financiers non-formels.
Ils se trouvent surtout en Transylvanie et à Bucarest" explique
Maria Doiciu, représentante en Roumanie du Réseau européen
de la Microfinance. Même si quelques banques comme la
BRD-Société Générale offrent aussi des micro-crédits sociaux
de façon parallèle.
Selon une loi adoptée en Roumanie en 2005, les microcrédits peuvent aller jusqu'à 25.000 euros mais des prêts plus
larges sont en discussion. Car comme dans le reste de l'Union
Européenne, 90% des entreprises en Roumanie sont des
micro-entreprises. Et la demande ne cesse de croître. "Les
pertes du secteur sont minimes, moins de 1%. Pour la plupart
des financés, payer son prêt est une question d'honneur" ajoute Maria Doiciu.
Mais qui sont-ils ? "Nos clients sont en général des petites
entreprises familiales du milieu rural ou des femmes en difficulté", affirme Florica Chereches. Constat partagé par Mircea
Onita, directeur général du Centre de développement économique: "Nous travaillons surtout dans le domaine agricole, et
il est vrai que la catégorie des femmes est bien représentée
dans les financements que nous accordons."
Laurent Couderc (www.lepetitjournal.com - Bucarest)
Réévaluation des
nouveaux handicapés
L
a Roumanie comptait 530 000 handicapés physiques ou invalides en avril dernier contre 430 000
en 2007. Devant cette augmentation de près de
25 % en un an, la secrétaire d'Etat auprès du ministère du travail a décidé de faire réévaluer tous les nouveaux cas ainsi que
les degrés d'incapacité accordés, suspectant abus et corruption.
Sur 11 500 dossiers réexaminés dernièrement, 2300 se sont
avérés frauduleux.
La Sécurité sociale (CNAS) dépense 110 M€ chaque
année pour cette catégorie de la population qui reçoit une
indemnité mensuelle, bénéficie de déductions d'impôts, de la
gratuité des transports, de crédits gratuits et de traitements
sanitaires adaptés. En outre il a été observé de manière fréquente que les faux handicapés ont des problèmes sérieux d'intégration sociale et psychologiques.
21
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Lors de Brest 2008
le Mircea a retrouvé ses sauveteurs
Evéneménts
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SIBIU
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CLUJ
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Les basketteuses
roumaines
discriminées
en France et en Italie
22
Les basketteuses juniors roumaines ont été victimes de discrimination à l'occasion de deux tournois
disputés en juin en France et en
Italie, a déclaré Carmen Tocala, la
présidente de la Fédération roumaine de basket (FRB).
Selon elle, l'équipe roumaine fut la
seule à être hébergée par des
familles roumaines, là où les autres
équipes étaient placées à l'hôtel par
les organisateurs d'un tournoi amical
dans les environs de Lille.
Ces derniers auraient voulu éviter
ainsi d'éventuels incidents qui
auraient pu intervenir si la présence
de l'équipe roumaine dans un hôtel
de la ville avait attiré l'attention de
compatriotes résidant dans la région,
a-t-elle expliqué.
Les magasins ferment
en apercevant le sigle
“Roumanie”
Toujours selon ses dires, le traitement n'a pas été meilleur lors d'un
séjour à Naples. "On a toujours eu
des problèmes en Italie", a-t-elle
affirmé, assurant que "les magasins
fermaient en apercevant le sigle
Roumanie sur l'équipement des
joueuses", que "les filles étaient
huées à l'entrée sur le terrain" et
"n'étaient applaudies que lorsqu'elles
perdaient face à l'équipe locale".
Carmen Tocola a décidé d'informer par écrit le ministère des Affaires
étrangères, estimant "qu'il faut faire
quelque chose pour améliorer l'image des Roumains à l'étranger".
F
ierté de la marine roumaine, le trois mâts "Mircea" a participé aux fêtes
maritimes de Brest 2008, à la mi-juillet (notre photo). Les sauveteurs français venus à son aide en 1965 ont été accueillis à son bord. Le grand voilier
école blanc avait fière allure avec ses hommes d'équipage hissés dans la mâture, lorsqu'il a fait son entrée dans la rade brestoise.
Construit à Hambourg, en Allemagne, par les chantiers Blohm und Voss, ce trois
mâts barque en acier fut
lancé en 1939. Long de 83
mètres, il sert de bateau
école à la fois à la marine
marchande et à la marine
militaire.
Le
voilier
embarque un équipage de
90 marins et de 120 cadets
(élèves officiers). Tous les
marins roumains y sont
passés et c'est toujours une
grande fierté pour eux
d'avoir navigué à son bord.
Une statue du voïvode Mircea l'Ancien orne sa proue en hommage à ce souverain
roumain du XIVe siècle qui avait réussi à négocier avec les Ottomans un traité garantissant l'indépendance de la Valachie, royaume à l'origine de l'actuelle Roumanie.
SOS au large de Sein
Lui-même ancien officier de marine, le président roumain Traian Basescu avait
adressé une lettre à la fin de l'année dernière à François Cuillandre, le maire de Brest,
pour lui confirmer la venue du Mircea "à titre d'ambassadeur de la Roumanie". Cette
venue consacrait les liens qui se sont établis entre le Finistère et la Roumanie. Depuis
1993, la ville de Brest est jumelée avec Constantsa, le grand port de la mer Noire.
Ce n'était pas la première fois que le Mircea venait à Brest. En 1965, une violente tempête avait mis le bateau roumain en grand danger au large de l'île de Sein alors
qu'il revenait d'une campagne en mer Baltique. En panne de moteur, le Mircea dût lancer un SOS le 26 novembre à 22 h 30. Les opérations de sauvetage dureront 40 heures.
Le canot de sauvetage de l'île de Sein, le Patron-François-Heruis, se portait immédiatement à son secours. Au lever du jour arrivait le remorqueur Implacable, de la
Marine nationale, mais le médecin du bord se blessait grièvement et le bateau devait
faire demi-tour. Le remorqueur Rhinocéros prenait alors son relais.
Au matin du 28 novembre, après deux jours d'attente, le Rhinocéros réussissait
enfin à passer une remorque au Mircea. Le canot Patron-François-Hervis les accompagna jusqu'à Brest pour parer à une rupture éventuelle de la remorque. Le voilier
école roumain entrait dans le port de Brest en fin de journée.
Olivier Mélennec (Ouest-France)
Premier satellite roumain
C
inquante années juste après
"Spoutnik", le premier satellite roumain devrait être lancé
le 1er décembre prochain, jour de la fête
nationale, à l'aide d'une fusée Vega de
l'Agence Spatiale Européenne. Baptisé
ironiquement "Goliath", par ses concepteurs, une équipe de jeunes universitaires,
il pèse un kilo, a la forme d'un cube de 10
cm de côté et une duré de vie d'un an.
Effectuant une révolution autour de la
terre en 90 minutes, il est chargé d'une
triple mission : détecter les micro-météorites présentes sur son orbite, mesurer les
radiations gama autour de lui et prendre
des photographies de la Roumanie.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Dita-Tomescu est devenue
remporter le marathon olympique
encore bien courir à cet âge"
Du coup, Turnu Severin la fit citoyenne d'honneur de la
ville, mais la capitale s'étant enfin réveillée, son club dut la
laisser filer avec regret mais compréhension au Dinamo de
Bucarest qui lui offrait des perspectives de carrière autres.
Un mari entraîneur
de génie et plus jeune de six ans
De fait depuis fin 2005,
Constantina Dita-Tomescu s'entraîne régulièrement à Boulder
(Colorado) dans les montagnes
rocheuses, où elle s'est établie
en compagnie de son mari et
entraîneur, Valeriu Tomescu, de
six ans son cadet. Le couple, à
la manière de celui formé par la
cycliste française Jeannie
Longo et son mari, Patrice
Ciprelli, fonctionne de manière
autonome par rapport à sa fédération nationale.
Valeriu, qui termine son master de physiologie aux USA,
en attendant d'entreprendre un doctorat, a joué un rôle essentiel dans la victoire de sa femme. Ayant remarqué les dégâts
causés par la chaleur lors des JO d'Athènes, il la suivait lors de
ses entraînements, veillant à ce que sa température corporelle
ne dépasse jamais 39°, seuil à partir duquel le cerveau ne stimule plus les muscles.
Pour Pékin, il avait confectionné une veste avec de la
glace que Constantina portait pendant son échauffement avant
l'épreuve. Peu avant le départ, voyant que le temps s'était subitement rafraîchi, il avait changé de tactique en fonction de la
pluie qui s'annonçait, alors que les autres concurrentes restaient préparées pour une course par grande chaleur.
Cette stratégie allait s'avérer décisive, tout comme le soutien qu'il apporta à sa femme au long de la course. Venu en
simple touriste et à ses frais à Pékin - normalement la
Fédération roumaine d'athlétisme et le Comité national olympique devraient les rembourser,
après s'être cependant faits tirer
l'oreille - Valeriu avait loué une
bicyclette pour l'accompagner,
lui criant ses directives et encouragements… jusqu'à ce que la
police le stoppe, au 27ème kilomètre. Le Roumain avait bien
potassé le règlement: rien ne
l'interdisait du moment qu'il
était de l'autre côté des barrières.
De toutes façons, à ce
moment là, Constantina DitaTomescu, échappée depuis le 20ème kilomètre, sans provoquer de réaction de la part des autres concurrentes, avait course gagnée. Paula Radcliffe, encore grande favorite mais mal
remise d'une fracture de fatigue à un fémur, était lâchée et
abandonnait à nouveau. Apprenant l'âge de la Roumaine, la
grande championne britannique, bientôt 35 ans, se consolait en
prédisant: "Dans quatre ans, à Londres, ce sera mon tour".
Sans-doute… mais Constantina Dita-Tomescu n'a peut-être
pas encore dit son dernier mot.
Médaille d'or à Sydney, Mihai Covaliu
se rêvait encore en d'Artagnan à Pékin
L
e sabreur Mihai Covaliu avait
connu la gloire en 2000, à 23
ans, lors des J.O de Sydney, en
remportant la finale individuelle du
sabre. S'il était passé à côté du titre olympique à Athènes, terminant 7ème, il avait
montré l'année suivant qu'on devait toujours compter avec lui en devenant champion du monde à Leipzig. Le Roumain
était donc un des favoris de la discipline
à Pékin, mais perdant de peu sa demifinale contre le Français Nicolas Lopez, il
a dû se contenter du bronze.
Rien ne destinait le gamin à l'escrime, sinon de ne pouvoir continuer à jouer
au football à la suite d'un accident. La
venue d'un recruteur dans son école allait
faire basculer son destin. Fier de tenir une
épée dans sa main à tout juste 9 ans, il se
débrouilla si bien qu'il fut retenu pour
rejoindre la pépinière des bretteurs du
pays. Ses parents, qui ne pensaient nullement que leur rejeton ferait carrière dans
ce sport, étaient ravis pour une toute autre
raison : "Tant qu'il est dans la salle à
s'entraîner, il n'est pas en train de traîner
dans la rue".
On aurait pu trouver plus motivant
pour un futur champion olympique, mais
le petit Mihai, tout de suite séduit par
cette discipline, attisa sa passion naissante à travers les romans de mousquetaires
qu'il dévorait, d'Artagnan étant devenu
son idole. "Je rêvais de manier l'épée
comme lui et d'être invincible".
Le Roumain y est parvenu en 2000,
même si c'est au sabre. Sa relative
désillusion de Pékin ne devrait pas l'arrêter. Admirateur d'Alexandre Dumas, il a
lu Vingt ans après. Rendez-vous est
donc pris pour les J.O. de 2020. Mihai
Covaliu aura 43 ans, l'âge de d'Artagnan
lorsqu'il a retrouvé ses amis Athos, Portos
et Aramis, pour de nouvelles aventures.
Cette fois-ci, elles ne seront pas gasconnes mais olympiques !
43
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
A 39 ans, Constantina
la première Roumaine à
J. O. Pékin
SUCEAVA
BAIA
MARE
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TIMISOARA
T. SEVERIN
BACAU
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SIBIU
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IASI
TARGU
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TG. JIU
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CRAIOVA
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"J'ai prouvé qu'on pouvait
l
ORADEA
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PITESTI
n
BUCAREST
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TULCEA
CONSTANTA
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Le "Mututhon"…
pour un millionnaire
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Le président du Dinamo Bucarest
Cristian Borcea souhaite ouvrir un
compte de soutien à Adrian Mutu,
attaquant roumain de la Fiorentina et
vedette actuelle du football roumain,
qui a été condamné par la
Fédération Internationale de Football
(FIFA) à verser 17,2 millions d'euros
de dédommagement à son ancien
club Chelsea - la plus grosse amende jamais infligée à un joueur de
football -après avoir été contrôlé
positif à la cocaïne en octobre 2004
lors de son passage chez les Blues.
Il appelle donc tous les supporters du joueur millionnaire à voler à
son secours pour l'aider à s'acquitter
de son amende… dans un pays où
le salaire moyen net est inférieur à
250 € ! Le joueur, qui était sous
contrat avec Chelsea pour plusieurs
années, avait été licencié par son
propriétaire, l'affairiste russe
Abramovitch. Le montant de l'amende a été calculé par la chambre de
résolution des litiges de la
Fédération internationale de football
par rapport aux années de contrat
qu'il restait à effectuer à Mutu, 29
ans, lors de ce contrôle.
J
'ai prouvé qu'on pouvait encore bien courir à cet âge" s'est exclamée
Constantina Dita-Tomescu après avoir fait son entrée en solitaire dans le "Nid
d'oiseau" de Pékin, ovationnée par 90 000 spectateurs debout, laissant ses
adversaires aux portes du stade, loin derrière elle. A plus de 38 ans, cette jeune mère
d'un garçon de 13 ans, originaire de la région de Târgu Jiu, est la première Roumaine
a remporté le marathon olympique, l'épreuve reine des Jeux, ramenant par là à son
pays sa dixième médaille d'or en athlétisme de toute l'histoire de sa participation aux
JO… mais devenant aussi la plus vieille des concurrentes des Jeux ayant jamais gagné
cette épreuve phare. Une performance d'autant plus méritoire que la championne souffrait d'un début de sciatique. Sa compatriote Lidia Simon, médaille d'argent du marathon de Sydney en 2000, a terminé à la 6ème place.
Une promesse que la petite paysanne
s'était faite en gardant les vaches
Rarement une récompense n'aura été aussi méritée,
tant Constantina Dita-Tomescu a fait preuve de courage et tenacité tout au long de sa vie. Fille d'agriculteurs
du village de Spahi, élevée avec ses cinq frères, l'adolescente était élève au lycée pétrolier de la commune
voisine de Turburea, se consacrant au hand-ball pendant les heures d'éducation physique. Son professeur remarquant ses dispositions pour
les courses à pied qu'elle remportait toujours largement détachée, la recommanda à un
entraîneur d'athlétisme du club Pandurii de Târgu Jiu. A 18 ans, la jeune fille commença donc son entraînement, courant le matin dans les chemins de son village, faisant ensuite 5 km à pied pour attraper le train afin de rejoindre son travail dans une
fabrique de meubles de Târgu Jiu, qu'elle quittait le soir pour poursuivre sa préparation sur le stade de la ville. Pendant des années la jeune ouvrière s'astreignit à cette
discipline quotidienne qui ne la ramenait chez elle qu'à la nuit tombée.
Cette vie rude avait forgé sa détermination. "Quand j'étais enfant, je devais garder les vaches pendant les vacances et travailler aux champs. J'emmenais un transistor et j'écoutais les émissions sportives. Je sautais de joie quand j'entendais les reporters raconter les exploits de notre grande championne Maricica Puica (championne
olympique du 3000 mètres à Los Angeles en 2004 et deux fois championne du monde
de cross country)… et je m'étais dit que peut-être un jour je ferais comme elle".
Abandonnée par son club de Târgu Jiu
et remise en confiance à Turnu Severin
Longtemps, Constantina Dita-Tomescu fut boudée par les clubs de la capitale. A
leurs yeux, une fille obscure de Târgu Jiu ne présentait pas un grand intérêt. Sa persévérance ne fut concrétisée qu'en 2004 avec sa sélection pour les JO d'Athènes.
La chaleur suffocante qui régnait lors du Marathon l'asphyxia et elle ne termina
que 20ème. Victime également de ces conditions éprouvantes, la grande favorite de
l'épreuve, la Britannique Paula Radcliffe, détentrice du record du monde, avait abandonné, en larmes. A son retour, la Roumaine fut mise à l'écart par son club qui lui fit
comprendre à mi-mot qu'à 34 ans son avenir était derrière elle. Mais, ayant remarqué
ses qualités, un ancien marathonien de Turnu Severin la relança en créant de toutes
pièces et à son intention un club dans sa ville, distante de 60 kilomètres, le CSM Turnu
Severin, lui permettant de continuer sa carrière.
Remise en confiance, Constantina explosa, remportant le marathon de Chicago,
puis devenant championne du monde de mi-marathon en 2005, à Edmonton (Canada),
individuelle et par équipe, obtenant la médaille de bronze du marathon à Helsinki.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Evénements
Les quarante ans de la première Dacia
L
e 20 août 1968, les usines Dacia de Colibasi-Pitesti sortaient la première voiture fabriquée en Roumanie: le modèle 1100, inspiré directement de la R8 de
Renault, lequel fournissait les pièces. Il sera remplacé à partir de 1971 par la
Dacia 1300, appelée à une longue carrière. Ceausescu était venu en personne célébrer
l'évènement. Le "Conducator" était alors à l'apogée de sa popularité: quelques jours plus
tard, il condamnera l'entrée des chars soviétiques à Prague, à la grande joie de ses compatriotes. En mai, il avait reçu la reconnaissance internationale à l'occasion de la première visite d'un chef d'Etat occidental dans le pays, le général De Gaulle; l'année suivante,
il accueillera le président US Nixon.
A savoir
Bientôt une
"Chinatown" à Bucarest
Premier palais tsigane
démoli à Timisoara
Le projet d'édification d'une
"Chinatown" à Bucarest, dans le quartier
Fundeni-Colentina, au nord-est de la
capitale, se précise. Financé à 70 % par le
groupe Niro et à 30 % par un investisseur
chinois, elle sera la plus grande de toute
l'Europe du sud-est, s'étendant sur 80
hectares. Son coût est estimé à 150 millions d'euros et les travaux doivent durer
huit ans. L'ensemble comprendra une
zone commerciale, "Dragon rouge", avec
des restaurants chinois, un jardin, des
jeux, une école, un centre d'affaires de 16
étages, le "China Business center", avec
bureaux et salles de conférences, une
zone résidentielle, les "China towers", de
12 tours de 7-8 étages, offrant au total
600 appartements.
A la suite d'une longue procédure
judiciaire où elle a obtenu gain de cause,
la mairie de Timisoara a fait entreprendre
début août la démolition du premier d'un
des nombreux palais tsigane bâtis sans
autorisation à la fin des années 90 dans le
centre-ville. Celui-ci, d'un coût évalué à
plus de 200 000 €, avait été édifié par un
clan familial établi à Strasbourg grâce
aux bénéfices réalisé avec ses "affaires".
En l'absence des propriétaires, leurs
proches ont tenté d'empêcher le démarrage des travaux de démolition en déclarant
qu'ils avaient versé des bakchichs aux
représentants de la mairie pour qu'ils ferment les yeux sur la construction.
Boule de neige géante
Les autorités de Brasov vont mettre
en place un réseau de senseurs à ultrasons
afin de tenir à distance les ours, dont les
descentes en ville se sont multipliées ces
derniers temps, a annoncé le ministère de
l'Environnement. Ce système sera installé dans un premier temps autour du centre
historique de la ville, avant d'être étendu
graduellement aux autres quartiers "vulnérables", sur un périmètre total de 12
km. "Il s'agit d'un projet pilote que nous
pourrons par la suite mettre en place
dans d'autres stations touristiques à
risque", a déclaré le ministre de
l'Environnement Attila Korodi, alors que
plusieurs personnes, dont des touristes
étrangers, ont été tuées ou blessées par
des ours ces dernières années (Lire aussi
page 4). A la mi-août, un touriste allemand avait été hospitalisé après avoir été
attaqué par un ours dans sa tente dans les
Carpates, dans un lieu interdit au cam-
La Transfagarasan, spectaculaire
route qui traverse le massif du même nom
dans les Carpates, est redoutée pour ces
hivers rigoureux et particulièrement
longs, au point qu'elle est fermée à la circulation pendant de longs mois. Cette
année, elle n'a été ouverte qu'à partir du
15 juin. Une sage mesure car, tout début
juillet, une boule de neige gigantesque,
d'un poids d’une tonne, a soudain dévaler
les pentes pour venir terminer sa route
nez à nez avec un autocar de touristes
roumains, paralysant le trafic, ne faisant
heureusement aucune victime.
Abasourdis, ceux-ci sont descendus
du véhicule se livrant à une joyeuse
bataille en plein été, imprévue au programme, sans se rendre vraiment compte
qu'ils venaient d'échapper à une terrible
catastrophe.
Ultrasons contre les ours
ping en raison des descentes fréquentes
des bêtes. La tente avait été complètement détruite, l'ours l'avait déchirée, et
blessé grièvement le campeur, âgé de 26
ans, en l'attrapant par le bras et en lui griffant une jambe et la tête; ses deux camarades allemands qui se trouvaient dans la
même tente avaient réussi à s'échapper.
Avortement possible
jusqu'à 24 semaines
pour les moins de 15 ans
A la suite du drame de la petite
Florina, une fillette de onze ans, violée
par son oncle, enceinte de 17 semaines et
qui n'avait pas été autorisée à avorter
parce qu'elle avait dépassé les 14
semaines légales, le ministère de la santé
a décidé de repousser cette limite à 24
semaines - comme en Grande Bretagne pour les adolescentes de moins de quinze
ans. Il a justifié sa décision en invoquant
le risque important qu'elles encouraient.
Florina avait été contrainte d'aller avorter
dans une clinique anglaise.
6.700 m² de dessins
sur asphalte à Cluj
Plus de 2.000 enfants de Cluj ont
recouvert 6.700 m2 d'asphalte de dessins
à la craie, représentant un train gigantesque, pour réaliser le plus large dessin
sur route du livre Guinness des records.
Le projet "Sourire d'enfant" était organisé par une association militant pour les
enfants défavorisés, à l'occasion de la
Journée de l'enfant. Les artistes, âgés de 3
à 18 ans, ont donné libre cours à leur imagination sur une portion du périphérique
de la ville, pas encore en fonction. Le
record à battre était de 5.600 m2, établi
aux Pays-Bas en 2005.
23
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Evénements
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CLUJ
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IASI
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ROMAN
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SIBIU
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GALATI
BRAILA
RESITA
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TULCEA
CONSTANTA
n
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BUCAREST
CRAIOVA
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GIURGIU
L'âge moyen
des Roumains
est de 39 ans
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Le crime de lèse-majesté d'Alina Dumitru
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BRASOV
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Victime des tortionnaires de Pinochet
l
TARGU
MURES
ARAD HUNEDOARA
TIMISOARA
La judokate de Bucarest a mis un terme au règne
de la légende vivante japonaise Ryoko Tani
J. O. Pékin
SUCEAVA
SATU
MARE
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ORADEA
Le cadavre d’une Roumaine
retrouvé dans le désert d'Arica
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'Institut National de la Statistique
a publié ses dernier chiffres concernant l'évolution de la population roumaine. Celle-ci comporte 500 000
femmes de plus que d'hommes, soit
11,038 millions pour 10,491 millions,
le nombre d'habitants ayant diminué
de 0,19 % en un an, s'établissant à
21,529 millions au 1er janvier 2008.
L'âge moyen des Roumains est
de 39,1 ans (40,5 ans pour les
femmes, 37,7 ans pour les
hommes) et est de 1,4 an supérieur
en milieu rural. 55,1 % (11,872 millions) d'entre eux vivent dans les
villes et 44,9 % (9,656 millions) à la
campagne.
Dans l'ordre croissant de population ou d'importance, le pays est
divisé en villages (sat) rattachés à
des communes (comuna), villes
(oras) et municipes (municipiu).
85,6 % des municipes et villes ont
moins de 50 000 habitants, représentant 32,5 % de la population
urbaine.
Les grandes villes de plus de
100 000 habitants, en recul, totalisent 30 % de la population globale
et 54,3 % de la population urbaine.
La capitale compte 1,944 million
d'habitants officiellement enregistrés, soit 9 % de la population roumaine et 16,4 % de la population
urbaine.
Le plus petit municipe du pays
est Beius (Bihor, Oradea), qui compte 11 141 habitants, la plus petite
commune Brebu-Nou (Caras
Severin, Resita), 138 habitants,
alors que Holboca (Iasi) est la plus
grande (12 701 habitants).
L
e cadavre d'une femme d'origine roumaine a été découvert dernièrement
dans le désert chilien d'Arica, au cours d'un entraînement militaire. Le
corps, décapité, s'était conservé grâce au niveau élevé de salinité des lieux.
Les éléments retrouvés ont permis de l'identifier, de dater et reconstituer les faits. Il
s'agissait des restes de Monica Cristina Benaroyo Pencu, née en 1925 en Roumanie,
fille de l'ambassadeur de Perse dans ce pays et de sa femme, roumaine.
Lors de la prise du pouvoir par les communistes, la
famille avait émigré en Uruguay, considéré alors comme
la "petite Suisse" de l'Amartiquedu Sud, prenant la nationalité uruguayenne en 1956.
Après des études de philosophie à Montevideo,
Monica, admiratrice de la révolution cubaine avait étudié un certain temps à La Havane, vendu tous ses biens
en Uruguay et rejoint le Chili en 1971, quand le président socialiste Allende en était devenu président, occupant un poste de fonctionnaire à la marie d'Arica. Elle
avait été vue la dernière fois le 11 septembre 1973, jour
où les militaires se sont emparés du pouvoir.
Un ordre de recherche avait été lancé à son encontre
dans le cadre de la sinistre opération "Condor" mise sur
pied par les dictatures de la région (Chili, Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et
Uruguay), avec l'aide des USA, visant à éliminer physiquement les opposants, à les
pourchasser jusqu'en Europe ou sur le territoire américain, ce qui a permis d'établir
qu'elle a été enlevée, torturée et assassinée par les sbires de Pinochet, comme les 3600
autres victimes du régime. Monica Pencu avait 48 ans. On n'a jamais retrouvé non plus
la trace de sa sœur.
"En réalité prince… en apparence mendiant"
S
i vous saviez qu'un mendiant peut gagner jusqu'à 5000 lei par mois (environ 1400 euros), est-ce que vous lui donneriez encore des pièces?" Cette
grande affiche a été installée fin juillet dans le quartier Titan de Bucarest.
Elle appelle les
gens à ne plus
donner l'aumône
aux mendiants.
Un message qui
peut paraître surprenant. Cette initiative fait partie
de la campagne
"Prince et mendiant", initiée par
la police de la
capitale au début
du mois de juin.
Elle a pour but de
lutter contre l'exPhoto et texte deJonas Mercier (lepetitjournal.com)
ploitation
des
enfants par le travail. Une autre affiche de cette campagne a pour slogan "En réalité
prince et en apparence mendiant". L'ONG Salvati copii (Sauvez les enfants) est partenaire de l'initiative. En Roumanie, la mendicité est punie d'une amende pouvant aller
jusqu'à 500 lei (140 euros).
L
a petite Bucarestoise faisait des bonds sur le tatami.
Pourtant, elle n'avait pas décroché l'or... du moins
pas encore. Non, çà se passait en demi-finale de sa
catégorie des 48 kilos. Au terme d'un combat indécis, Alina
Dumitru, 26 ans, venait de mettre à terre l'innacessible impératrice Ryoko Tani. La judokate japonaise, double championne
olympique, septuple championne du monde, était devenue une
légende vivante et régnait pratiquement sans partage sur la discipline depuis près de quinze ans. Toutes les
concurrentes redoutaient de l'avoir à affronter.
Véritable star dans son pays, Ryoko Tani Tamura de son nom de jeune fille - y a créé un
nouvel engouement pour le judo après son titre
mondial obtenu à Chiba en 1995. Son image est
alors associée à celle de Yawara-chan, un héro
de manga très populaire au Japon. Des personnages de jeux vidéos s'inspirent directement de
ses combats. La moindre compétition qu'elle
dispute suscite une importante médiatisation
nippone comme lors des Jeux Olympiques d'été
de 2000 lors desquels elle remporta enfin le
titre olympique qui manquait à son palmarès. Sa popularité
grandit encore quand elle se maria avec Yoshitomo Tani, un
joueur de base-ball des Yomiuri Giants, double médaillé olympique avec l'équipe nippone en 1996 et 2004, qu'elle a rencontré dans une laverie automatique du village olympique lors des
Jeux de Sydney en 2000. Leur mariage, célébré en 2003 à
Paris, fit alors les gros titres de l'actualité au Japon.
"Vraiment, ç'aurait été
trop bête de perdre en finale"
Rokyo Tani, qui avait remporté sa seconde médaille d'or à
Athènes, en 2004, en venant à bout en finale de la Française
Frédérique Jossinet, pensait-elle ne faire qu'une bouchée de sa
concurrente roumaine? Erreur qui l'a faite tomber de son piédestal, car celle-ci, qui domine sa catégorie sur le Vieux conti-
nent, avec cinq titres européens consécutifs depuis 2004, où
elle avait été sacrée chez elle, à Bucarest, à la grande joie de
son club, le Steaua, entendait bien agrandir son royaume.
Deux fois déjà, elle avait approché l'intouchable Tani,
décrochant le bronze aux championnats du monde du Caire, en
2005, et de Rio de Janeiro, en 2007. Les JO d'Athènes, où elle
avait terminée 5ème, ratant de peu le podium, l'avaient laissée
frustrée et elle s'était fait la promesse de l'emporter quatre ans
plus tard.
A Pékin, en ce premier jour d'olympiade,
Alina Dumitru tenait une opportunité de
revanche. Dans ses deux combats du matin,
elle avait sorti facilement la Hongroise Eva
Cservnoviczki, puis la Sud-Coréenne
Youngran Kim. "L'ogre" RyokoTani pensait
s'en sortir facilement en menant un combat
basé à la fois sur la tactique et la vitesse, selon
le procédé "soto gari", mais la Roumaine
s'était préparée et sa contre-attaque se révéla
mortelle.
"Vraiment, ç'aurait été trop bête de perdre
en finale", confia Alina après son exploit. Elle retrouva donc le
tatami en étant bien décidée de ramener à son pays la première médaille en or au judo de son histoire et aussi la première
de ces olympiades 2008. Son adversaire, la Cubaine Yanet
Bermoy, championne du monde en 2005 et vice championne
en 2007, n'était pourtant pas la première venue, mais elle ne
put rien faire contre la rage de vaincre de la Bucarestoise.
Alina Dumitru n'a pu retenir ses larmes en entendant
l'hymne roumain. Elle a dédié sa victoire à son frère et à sa
famille qui vivent au Canada et qu'elle n'a pas revus depuis
plus de cinq ans. Avant Pékin, ils lui avaient promis de revenir
en Roumanie si elle gagnait. "C'est le plus beau cadeau que
j'attendais" a-t-elle déclaré. Sa médaille en or ne lui est apparamment pas montée à la tête: Alina a décidé d'arrêter la compétition pour se marier et avoir un enfant. Plus tard, peut-être,
retrouvera-t-elle le chemin des tatamis.
Vaines tentatives de récupération par les politiciens
N
e mélangeons pas les torchons avec les serviettes"…
C'est la réponse peu diplomatique adressée par plusieurs gloires
sportives aux sollicitations de différents
partis politiques qui auraient souhaité les
avoir dans leurs rangs pour bénéficier de
leur notoriété. Ainsi l'ancien champion
olympique et du monde d'aviron, Ivan
Patzaichin a décliné la proposition du
Parti National Libéral du premier
ministre Tariceanu de devenir député de
Tulcea, tout comme la médaillée en or du
5000 mètres à Athènes, Gabriela Szabo,
33 ans, sollicitée par le même parti et
s'estimant "trop jeune" pour faire de la
politique.
Nadia Comaneci a opposé le même
refus au PSD (post-communistes) qui
souhaitait la voir siéger au sein du collège des parlementaires désignés au titre de
la diaspora roumaine dans le monde, pour
représenter les Roumains d'Amérique du
Nord (elle vit au Texas). Tous ces sportifs
ont avancé le même argument : "la politique est une compétition malhonnête".
Réponse du berger à la bergère? Le
PD-L, parti qui soutient le président
Basescu, a refusé d'accepter dans ses
rangs le transfuge Mitica Dragomir, président de la Ligue professionnelle de
football et impliqué dans plusieurs scandales. Dragomir "jouait" auparavant élu
du PRM (parti xénophobe de Vadim
Tudor, en perte de vitesse d'après les sondages) et cherche à conserver son mandat
de député aux prochaines élections afin
de continuer à bénéficier de l'immunité
parlementaire.
41
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
J. O. Pékin
l
BAIA
MARE
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BOTOSANI
l
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IASI
SUCEAVA
ORADEA
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TARGU
MURES
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BRASOV
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TIMISOARA
BÂRLAD
GALATI
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PITESTI
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TULCEA
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SIBIU
CRAIOVA
n
CONSTANTA
BUCAREST
l
Tableau final
des médailles
40
"Quand nous chanterons
le temps des médailles !"
BACAU
l
l
Voici 25 ans à Los Angeles
la Roumanie était la deuxième
puissance olympique de la planète
10ème France : 40 (7 or, 16 argent,
17 bronze)
11ème Ukraine : 27 (7, 5, 15)
16ème Belarus : 19 (4, 5, 10)
17ème Roumanie : 8 (4, 1, 3)
19ème Canada : 18 (3, 9, 6)
20ème Pologne :10 (3, 6, 1)
21ème Hongrie : 10 (3, 5, 2)
24ème Rép. Tchèque: 6 (3, 3, 0)
25ème Slovaquie : 6 (3, 2, 1)
35ème Suisse : 6 (2, 0, 4)
41ème Slovénie : 5 (1, 2, 2)
42ème Bulgarie : 5 (1, 1, 3)
46ème Belgique : 5 (1, 1, 0)
48ème Estonie : 2 (1, 1, 0)
Précédentes Olympiades
depuis la "Révolution"
Barcelone 1992: 18 (4 or, 6 argent, 8
bronze)
Atlanta 1996: 20 (4, 7, 9)
Sydney 2000: 25 (11, 5, 9)
Athènes 2004: 19 (8, 5, 6)
La Moldavie
(une médaille de bronze)
termine à la 81ème place
Pour sa 4ème participation aux JO
(jusqu’en 1992, elle faisait partie de la
délégation soviétique), la République
de Moldavie a remporté une médaille
de bronze en boxe en catégorie 54 kg
hommes grâce à Veaceslav Gojan.
La délégation moldave comportait 31
athlètes dans 7 disciplines.
Dernier pays ex-aequo au nombre
des médailles obtenues, elle prend la
81ème place sur 204 pays participants (116 pays n'ont aucune
médaille).
L
a Roumanie a décroché 8 médailles à Pékin (4 en or, 1 en argent et 3 en
bronze), occupant le 17ème rang, très loin de sa performance de 1984 à Los
Angeles (53 médailles dont 20 en or) qui lui, avait valu la 2ème place, le
meilleur classement jamais obtenu (la France avait terminé 12ème avec 28 médailles).
Il est vrai que cette année là, le bloc communiste avait boycotté les JO, exception faite
de la Roumanie et de la Chine, en représailles au même boycott exercé quatre ans plus
tôt par les pays occidentaux, lors des JO de Moscou, pour dénoncer l'invasion soviétique en Afghanistan. A Moscou, la Roumanie, forte d'une délégation de 239 athlètes
(ils étaient seulement 102, répartis dans 15 disciplines à Pékin) avait également brillé
avec 25 médailles dont 6 en or et une 7ème place, tout comme en 1976 aux JO précédents de Montréal (27 médailles, 4 en or, 9ème place) qui allaient révéler Nadia
Comaneci, boycottés eux par les pays africains à la suite de la tournée des All Blacks
néo-zélandais en Afrique du Sud, alors que sévissait pleinement l'apartheid.
Mais jusqu'à la contre-performance de Pékin, la Roumanie avait conservé un rang
enviable dans des JO se déroulant cette fois sans entraves: à Séoul, en 1988, elle termina 8ème (24 médailles dont 7 en or), 14ème à Barcelone en 1992 (18 médailles, 4
en or), encore 14ème à Atlanta en 1996 (20 médailles dont 4 en or), 11ème à Sydney
en 2000 (26 médailles dont 11 en
or, meilleure performance depuis
la "Révolution"), 14ème à Athènes
(19 médailles, 8 en or).
Il faut remonter à Helsinki en
1952, à l'occasion de la première
participation d'après-guerre aux
JO de la Roumanie pour trouver un
classement plus mauvais, 23ème
avec seulement 4 médailles dont
une en or (Iosif Sârbu au tir).
Depuis, elle n'était jamais descenL’équipe d’aviron en huit femmes avec barreuse
due en dessous des dix médailles.
n’a pu renouveler ses exploits des jeux précédents.
289 médailles depuis sa première participation
et une nette prédominance féminine qui s'affirme
Au terme des JO de Pékin et depuis sa première participation aux olympiades, à
Paris en 1924 (une médaille de bronze), la Roumanie a remporté 292 médailles, dont
86 d'or - décrochant la première à Helsinki - 89 d'argent et 117 de bronze. Hommes
(145 médailles) et femmes (147) se partagent les lauriers à égalité, mais un déséquilibre très net et de plus en plus prononcé s'est installé depuis Los Angeles, en 1984,
les filles ayant décroché 107 médailles au cours des sept dernières olympiades, contre
61 pour les garçons. A Sydney, elles avaient remporté 8 médailles d'or contre 3 pour
leurs homologues masculins. A Athènes, le fossé s'est encore creusé (8 médailles d'or,
aucune pour les hommes), Pékin enfonçant le clou: les garçons ne sont plus montés
sur la première marche du podium depuis Sydney.
Dans ce tableau global, la gymnastique se taille la part du lion avec 69 médailles,
enregistrant toujours une nette prédominance féminine. A noter que trois sportifs roumains ont participé chacun à six Jeux: Lia Manoliu en athlétisme (de 1952 à 1972),
Sorin Babil et Elisabeta Lipa en aviron (de 1984 à 2004). Au total, la Roumanie a participé à 19 JO sur 26. Elle était absente aux JO d'Athènes (1896), Paris (2000), Saint
Louis (1904), Londres (1908), Stockholm (1912), Anvers (1920) et Londres (1908).
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Faits divers
Un pensionné dépouillé de son appartement
et réduit à l'état de SDF grâce
à la "bienveillance" de juges et d'un notaire
D
épouiller de leur
bien, leurs maisons les modestes propriétaires d'un
logement, surtout s'ils sont
âgés ou sans défense, est une pratique de plus en plus répandue reconnaît l'ordre des notaires qui déplore le comportement
de certains de ses membres ainsi que celui de juges complices.
Octavian Dumitrescu, 60 ans, touchant une pension de
400 lei (120 €) pour longue maladie, après 30 ans de dur
labeur, est une victime édifiante de ces pratiques d'abus de
confiance. En 2005, ayant du mal à joindre les deux bouts et
angoissé à l'idée de ne pas pouvoir s'acquitter des 80 lei (25 €)
qu'il devait à l'administration, le Timisorean acceptait la proposition d'une vague relation: louer une pièce de son appartement pour quelques semaines à un ami de celui-ci, une personne présentant très bien. Ce dernier s'éclipsa rapidement,
mais Octavian Dumitrescu reçut quelques temps après un avis
le sommant de quitter les lieux… l'informant que le "propriétaire" avait vendu l'appartement. La stupéfaction passée, la
supercherie était vite démontée: le locataire avait profité de sa
présence pour endormir la confiance de son loueur, lui voler
les actes de propriété ainsi que des papiers d'identité, en faire
des photocopies, transformées en faux grossiers, puis se rendre
chez une notaire pas regardante pour mettre en vente le logement, trouvant vite preneur pour la somme de 8000 €. En mars
2006, le tribunal de Timisoara annulait la transaction, reconnaissant qu'elle était basée sur une escroquerie… mais le nouveau "propriétaire" faisait appel de la décision, et une nouvelle délibération de la Cour lui restituait l'appartement, condamnant en outre l'infortuné pensionné à lui payer des dommages
et intérêts pour avoir occuper illégalement les lieux! Le 19 juin
dernier, Octavian Dumitrescu était expulsé de chez lui. Sans
aucune ressource, devenu SDF, il s'installait dans une forêt
proche de Timisoara, dans une cabane rudimentaire qu'il a
construite de ses mains (notre photo).
Effarés par le cours des évènements, des journalistes ont
demandé des explications à un des trois juges ayant prononcé
la dernière sentence. Assurant ne pas être très au courant, ce
dernier a rouvert le dossier pour opportunément trouver que sa
signature manquait sur certains actes. La Cour d'appel de
Timisoara s'est emparée de l'affaire pour la rejuger et examiner
les éventuelles complicités avec les escrocs ou indélicatesses
de la notaire et des trois juges.
A savoir
Coincés dans une mine d'or
deux jeunes perdent la vie
Deux personnes ont été ramenées
sans vie du fond d'une mine d'or désaffectée du judet d'Hunedoara, où ils
étaient bloqués depuis près de sept heures
suite à une excursion risquée. Le drame
s'est déroulé un samedi soir, fin juin. Les
jeunes hommes, âgés de 21 et 26 ans,
sont restés coincés à 500 m de l'entrée de
la mine, dans une zone très pauvre en
oxygène et où il faisait très froid. Le père
du plus jeune, qui a voulu les secourir,
s'est retrouvé lui aussi coincé, mais il est
le seul à avoir survécu après avoir été
ramené à la surface par les secouristes. Il
a été transféré à l'hôpital d'où il est ressorti 24 heures plus tard.
Des pirates attaquent des
bateaux sur le Danube
Le journal bulgare Monitor indique
que deux bateaux battant pavillon de leur
pays ont été attaqués début juillet alors
qu'ils circulaient dans les eaux internatio-
nales du Danube, dans le secteur de RuseGiurgiu. Les pirates, venant de Roumanie
en embarcations à moteur, ont profité de
la nuit pour les aborder silencieusement,
grimper sur le pont, se rendre maître de
l'équipage de veille et s'en retourner après
avoir dérobé des jerricans d'essence et
des batteries. Alertées dans le quart
d'heure suivant, les autorités roumaines
ont dépêché une équipe de la police fluviale sur les lieux qui a recensé les
embarcations absentes de leurs points
d'amarrage habituels et qui mène l'enquête avec son homologue bulgare, des faits
similaires s'étant déjà produits.
Racket dans les parkings
Chaque soir, les parkings de plein air
du centre de Bucarest sont envahis par
des bandes de jeunes, souvent des anciens
enfants des rues dont certains sortent tout
juste de prison, qui rançonnent les automobilistes cherchant à se garer après les
avoir menacés de manière à peine voilée:
"Il vaudrait mieux que je garde ta voiture, sinon tu vas la retrouver avec des
pneus crevés ou la peinture rayée". La
majorité s'exécute, donnant quelques lei,
parfois l'équivalent d'un euro, en plus du
ticket de stationnement qu'il faut acquitter. Ce racket rapporte près de 20 € par
heure à leurs auteurs et leur sert souvent
à acheter de la drogue. La police s'avoue
impuissant: "On est obligé de les relâcher; ils ont des centaines d'amendes
qu'ils ne paient jamais car ils ne sont pas
solvables".
Il tue sa femme parce
qu'elle fumait en cachette
Un homme de 29 ans surprenant sa
femme, âgée de 24 ans, en train de fumer,
l'a rouée de coups à mort, malgré l'intervention de ses parents, présents au
moment du drame qui s'est déroulé à
Roman. Fumeur lui-même, il lui avait
cependant interdit d'en faire de même, l'a
trouvant trop maigre pour cela et s'était
rendu compte qu'elle devait fumer en
cachette car il lui manquait deux cigarettes dans son paquet. Le couple avait
une fillette de deux ans.
25
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Société
Vie quotidienne
l
GYULA
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Hygiène précaire pour
dix millions de Roumains
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Faits divers
Dacia, marque
préférée des voleurs
26
Dans beaucoup d'écoles de campagne
les enfants refusent d'aller aux toilettes
tellement elles sont sales
Délaissées par les automobilistes
roumains, premiers clients de la
Logan, les vieilles Dacia restent toujours extrêmement populaires chez
une catégorie bien particulière de la
population : les voleurs de voitures.
C'est ce qu'affirment les statistiques
tenues par la police de la ville de
Bucarest. Sur un total de 792 voitures volées depuis le début de l'année, près de 550 étaient des Dacia
1310 (dérivé de la Renault 12), dont
environ la moitié ont été retrouvées,
a indiqué à l'AFP le porte-parole de la
police, Christian Ciocan. "Les voleurs
préfèrent les Dacia parce que leurs
systèmes de sécurité ne sont pas
très perfectionnés, et en plus on peut
en ouvrir plusieurs avec la même
clé", a-t-il expliqué. Petite note d'espoir: la forte proportion d'exemplaires
retrouvés tend à prouver que tous les
voleurs ne sont pas des professionnels. Beaucoup "emprunteraient" une
1310 faute de taxi ou de transport en
commun.
700 voitures
et pas de permis
Intriguée en constatant qu'il n'avait
pas de permis de conduire, la police
génoise a mis fin aux agissements
d'un Roumain installé en Italie et qui
avait acquis 700 véhicules ces dernières années, dont certains avaient
été utilisés lors de vols ou cambriolages. L'enquête a révélé qu'elles
avaient été revendues clandestinement, sans déclaration au fisc qui a
ainsi enregistré un préjudice de
400 000 €.
A
u coeur de la Semaine internationale de l'Eau qui s'est tenue à Stockholm,
le problème - crucial pour la santé publique - des toilettes a été abordé. Un
souci qui ne concerne pas seulement les pays du Sud où la population
continue à déféquer dans la nature. Au sein même de l'Union Européenne, 20 millions
de personnes n'ont pas accès à des installations sanitaires décentes. Les pays de l'ancien bloc de l'Est sont les premiers concernés, mais des cas isolés existent également
en Europe occidentale, en France, en Irlande ou encore dans les pays méditerranéens.
En Bulgarie, 42% de la population habite dans des zones rurales où seulement 2%
des foyers sont reliés au tout-à-l'égout. En Roumanie, ce sont 10 millions de personnes, soit près d'un Roumain sur deux, qui vivent sans canalisations. Dans les campagnes, seuls 15% des habitants ont l'eau courante. "Dans beaucoup d'écoles de campagne, les enfants refusent d'aller aux toilettes tellement elles sont sales", souligne
Diana Iskreva, de l'organisation bulgare Earth Forever. Dans ces zones rurales, les toilettes se résument souvent à un trou creusé dans le sol qui n'est jamais nettoyé.
Un phénomène aggravé par la corruption en Bulgarie
Les conséquences sur la santé sont énormes, les excréments accumulés finissant
par infiltrer la terre et polluer l'eau des puits et des cours d'eau, utilisée pour la
consommation courante. Cela provoque des maladies comme l'hépatite A ou du bébé
bleu, due à un taux élevé de nitrates dans l'eau. Le taux de nitrates autorisé est de 50
mg/litre d'eau. Dans certaines zones de Roumanie, ce taux atteint 500 mg/litre.
Le problème n'est pas un manque d'argent. Pour les cinq prochaines années, l'UE
va allouer 336 milliards d'euros aux états membres les plus nécessiteux dont 18 milliards destinés à l'amélioration des conditions sanitaires. Selon Sascha Gabizon, présidente de l'ONG Femmes en Europe pour un futur commun, "moins de 480 millions
seraient nécessaires pour une solution immédiate". "La corruption omniprésente au
sein de la classe politique bulgare bloque l'argent qui devrait aller aux gens pauvres
des campagnes", a aussi précisé Diane Iskreva. Qu'en est-il en Roumanie ? Installer le
tout-à-l'égout dans les campagnes ne semble pas être une priorité et les organisations
se battent sur place pour trouver des solutions.
("Libération" d'après AFP)
Nombre de Bucarestois
font leurs courses en Bulgarie
A
76 km de Bucarest, Ruse,
port frontalier bulgare de 175
000 habitants, en face de
Giurgiu, sur le Danube, accueille de plus
en plus de Roumains, la plupart venus de
la capitale, pour faire leurs courses de la
semaine ou même pour célébrer leur
mariage. La raison est simple: les prix,
notamment alimentaires, y sont en
moyenne 40 % moins chers. Des investisseurs, particulièrement des Israéliens,
ont décidé de profiter de l'aubaine et d'y
construire sept mall (gros centres commerciaux) d'ici 3 ans, dont deux à seulement une cinquantaine de mètres du pont
frontière. Certains occuperont jusqu'à
35 000 m2. La ville n'en comptait aucun
jusqu'ici. Les Roumains ont colonisé les
lieux et s'y bousculent chaque week-end.
Au magasin Metro, on n'entend parler
que leur langue. Pensions, hôtels, motels
se sont multipliés. Une cité-cinéma pourrait voir le jour, projetant des films en
roumain. Seul bémol: outre l'essence
nécessaire au trajet, chaque véhicule doit
acquitter 20 € de péage aller-retour pour
franchir le pont sur le Danube. Insuffisant
pour dissuader les Roumains: l'an passé,
ils étaient deux millions à les avoir
empruntés.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Société
roumain avec le plus maigre bilan enregistré depuis 56 ans
c'est désormais une autre paire de manches…
Des disciplines en perte de vitesse
sports, des piscines, des stades, des centres d'entraînement ne
sont plus entretenus, laissés à l'abandon… quant ils n'ont pas
Jusqu'à Pékin, les Roumains
été rachetés pour une bouchée de
étaient craints dans plusieurs dispain, tombant dans les mains de
ciplines. Leur règne sur la gymspéculateurs immobiliers.
nastique était proverbial : les dix
Des clubs sportifs ont dispamédailles d'Athènes dont quatre
ru. Mal payés, les entraîneurs ont
d'or, se sont réduites à une seule.
changé de métier ou sont partis à
Les sports aquatiques et nautiques
l'étranger.
étaient également pourvoyeurs de
Les conditions pour s'entraîmédailles prestigieuses. En nataner sont devenues de plus en plus
tion par exemple, avec deux en or,
précaires et la motivation fait
une en argent, une en bronze à
défaut. La piste d'athlétisme de la
Sydney, une en or, une en bronze
base sportive des jeunes de la
à Athènes… aucune à Pékin.
capitale où la médaillée d'or du
En misant sur les rameurs
5000 mètres à Sydney, Gabriela
recrutés par des entraîneurs lors
L’équipe féminine de gymnastique faisait autrefois la gloire Szabo, se préparait, est devenue
de tournées de repérage dans les de la Roumanie, mais à Pékin, elle a dû se contenter du bronze. impraticable.
écoles des villages bordant le Danube, le Prut et autres plans
Les rameurs s'entraînent entre les barques à moteurs du lac
d'eau du pays, la Roumanie s'était installée comme une puisSnagov, dans la banlieue chic de Bucarest, et les pontons prisance redoutable en aviron (3 médailles d'or à Sydney, autant
vés de la nomenklatura, sans qu'aucun couloir ne leur soit
à Athènes) et respectable en canoë-kayak (une médaille d'or et
réservé.
deux de bronze à Sydney). A Pékin, seule le double fille en
"Pour réussir, les sportifs de haut niveau doivent quitter le
aviron a rapporté une médaille, la plus belle il est vrai, les
pays", concède Mariana Bitang, qui entraînait voici peu l'équiautres équipages… n'en fichant pas une ramée !
pe olympique de gymnastique avec celui qui est devenu son
Même déception en athlétisme et en boxe, où les
mari depuis, Octavian Bellu (279 médailles obtenues en chamRoumains tiraient traditionnellement leur épingle du jeu, s'empionnats du monde, d'Europe et aux Jeux Olympiques, dont 16
parant ici ou là d'un titre, souvent prestigieux. La victoire inatmédailles d'or olympiques), le couple faisant désormais partie
tendue dans le marathon est certes une belle consolation, mais
des conseillers du président Basescu.
aussi l'arbre qui cache la désertification de ces sports. Tout
comme en hand-ball, où les filles, 7èmes, battues par la France
Retour à la formation
dans les matchs de classement, avaient habitué à mieux.
des graines de champions dès l'école?
Finalement, les Roumains ne se sont distingués que dans
cinq sports. A leur décharge pour cette maigre moisson, il faut
Le Comité Olympique Roumain, constatant les efforts
leur reconnaître qu'ils sont totalement absents de disciplines
financiers énormes consentis par les pays partenaires de l'UE,
rapportant de nombreuses médailles, comme le cyclisme - vu
souhaiterait que les sponsors, très peu nombreux jusqu'ici,
l'état des routes et l'absence de pistes d'entraînement, ce n'est
soient davantage encouragés à investir dans le sport par le
pas étonnant - mais aussi dans celles, sophistiquées, qui se sont
biais, par exemple, de déductions fiscales ou qu'ils bénéficient
multipliées ces dernières années et ont provoqué une inflation
de promotions gratuites dans les médias, lesquels ne sont pas
de médailles.
d'accord.
La Chine l'a bien compris en affirmant sa présence dans
Son président regrette que nombre d'enseignants remplades sports dont on peut douter qu'ils soient de masse, mais sercent les heures d'éducation physique dans les classes primaires
vent son image en gonflant son bilan.
par des cours de maths ou d'autres matières. "Un sportif doit
apprendre à sauter ou à courir dès l'âge de sept ans" soutientil. Il est rejoint par Gabriela Szabo, laquelle redoute que les
Face aux conditions précaires du sport
médailles d'aujourd'hui ne soient les dernières et estime aussi
de haut niveau, la motivation n'y est plus
que le sport doit devenir prioritaire à l'école et dans les
Déjà modeste, l'objectif de dix à quinze médailles que
familles.
s'était fixé le président du Comité Olympique Roumain,
La grande championne a la nostalgie des splendeurs d'auOctavian Morariu, n'a pas été atteint. Les spécialistes affirment
trefois et appelle de ses vœux le retour des méthodes qui perque c'était prévisible.
mettaient de détecter et former les graines de champions dès
Depuis la "Révolution", même si son effet n'a pas été perleur plus jeune âge… oubliant un peu vite que la chasse aux
ceptible immédiatement, le sport roumain est confronté à une
talents visait davantage à servir la propagande du régime qu'à
véritable crise. Faute de financement, des terrains et salles de
promouvoir l'épanouissement personnel.
39
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
J.O. Pékin
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Participer… oui ! Gagner,
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RM. VÂLCEA
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CONSTANTA
BUCAREST
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Les huit
médailles de Pékin
Femmes : 7 médailles
Or (4)
Athlétisme
Marathon : Constantina Dita-Tomescu
Aviron :
Deux sans barreuse : Georgeta
Andrunache et Viorica Susanu
Gymnastique
Exercices au sol : Sandra Izbasa
Judo
Catégorie 48 kg : Alina Dumitru
38
Douche froide pour le sport
Argent (1)
Escrime - Epée : Ana Maria Brînza
Bronze (2)
Aviron - Huit avec barreuse:
Georgeta Andrunache, Eniko Barabas,
Constanta Burcica, Doina Ignat, Elena
Georgescu, Simona Musat, Ioana
Papuc, Rodica Serban, Viorica Susanu
Gymnastique
Par équipe: Sandra Izbasa, Steliana
Nistor, Andreea Grigore, Andreea
Acatrinei, Anamaria Tamârjan,
Gabriela Dragoi
Hommes : 1 médaille
Bronze (1)
Escrime :
Sabre individuel : Mihai Covaliu
Au 17ème rang, au classement à partir du nombre de médailles d'or, la
Roumanie occupe la 7ème place dans
l'UE, derrière la Grande Bretagne,
l'Allemagne, L'Italie, la France, les
Pays Bas et l'Espagne), la 1ère des
pays de l'Est ayant rejoint l'UE, devant
la Pologne, la seconde des pays francophones, derrière la France et devant
le Canada.
(à suivre p. 40)
A
vec seulement huit médailles, dont quatre en or, une en argent et deux en
bronze, les 102 sportifs roumains ayant participé JO de pékin ont quitté la
capitale chinoise avec le plus maigre bilan que leur pays ait enregistré
depuis 56 ans et les JO d'Helsinki. Les optimistes diront que ç'aurait pu être pire, les
pessimistes que ce le sera encore plus dans quatre ans, à Londres.
La Roumanie pourrait se rassurer en se disant que sa 17ème place au tableau des
médailles est assez honorable. Finalement ne se classe-t-elle pas au 7ème rang des
pays de l'UE, qui, soulignons-le au passage obtient à elle seule plus de médailles (286,
dont 87 en or, 104 en argent et 95 en bronze) que la Chine, les USA et la Russie réunis
(282 médailles dont 110 en or, 80 en argent et 92 en bronze)? Elle termine même
devant la Pologne, occupant la première place des ex pays de l'Est ayant rejoint la
communauté européenne. Elle peut
aussi se flatter d'être le deuxième
pays francophone, après la France
(10ème), devançant le Canada
(19ème) et laissant très loin derrière
elle la Suisse (35ème) et la
Belgique (46ème).
Un déclin inexorable
Mais le déclin est là, inexorable. Ses champions sont vieillissants. Tous ont passé l'âge de péremption et n'ont dû
qu'à leurs qualités exceptionnelles, notamment de volonté, d'arracher un titre. A 39
ans, Constantina Dita-Tomescu, la merveilleuse gagnante de l'épreuve reine des JO, le
marathon, va ranger ses chaussures. Même avenir pour les rames des prodigieuses
Georgeta Andrunache et Viorica Susanu, la paire victorieuse du deux sans barreuse en
aviron, qui totalisent à elles deux neuf médailles d'or… mais aussi 72 ans. A 26 ans,
la judokate Alina Dumitru, qui a mis les épaules à terre d'une légende vivante, la
Japonaise Ryoko Tani avant de remporte l'or, ne rêve désormais plus de médailles,
qu'elle a pratiquement toutes obtenues… mais de l'enfant qu'elle voudrait avoir. Quant
à la petite Sandra Isbasa, 18 ans, qui a sauvé l'honneur de la gymnastique roumaine en
décrochant son seul titre, elle ne se fait guère d'illusions. Dans quatre ans, elle sera
dépassée par des fillettes qui ne se contenteront plus de médailles en chocolat.
La débâcle des hommes
Comme les autres pays, la Roumanie a enregistré des déceptions. Même dans ce registre,
elles ne sont pas porteuses d'avenir. Après son
titre olympique à Athènes, Camelia Potec voulait
sortir par la grande porte en ramenant de Pékin un
autre trophée, n'hésitant pas à se mettre sous la
férule de l'ancien entraîneur de Laure Manaudou.
Pour huit centièmes de seconde, elle a raté le
“J’étais tout près d’une médaille à
Pékin... mais je vais prendre ma bronze. Mihai Covaliu, médaillé d'or à Sydney au
revanche dans quatre ans à Londres. sabre a dû se contenter du même métal. A
Londres, il aura l'âge de d'Artagnan dans Vingt ans après. Toutefois, en remportant
la seule médaille chez les hommes, l'escrimeur leur a évité la Bérézina. Les sept autres
sont revenues aux filles, un déséquilibre très net en faveur de celles-ci, de plus en plus
prononcé, s'étant établi entre les deux sexes depuis un quart de siècle.
Marian Dragulescu, deux fois champion du monde de gymnastique, a couru en
vain après l'or qu'il n'avait jamais obtenu, terminant à la quatrième place. A 26 ans, il
avait déjà prolongé sa carrière de deux ans, alors que l'heure de la retraite avait sonné.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Vie quotidienne
Gai… Gai… marions-nous en Hongrie !
N
oces, baptêmes, ou autres évènements… de plus en plus de
Roumains des judets frontaliers de la Hongrie choisissent
d'y aller célébrer leurs fêtes familiales, soit dans des localités proches comme Orosoha, Szeged, Gyula - connue pour son strand
(grand complexe de loisirs) - Mako ou même Budapest, distante de
moins de 200 km. Le constat est sans appel: les prix y sont nettement
moins chers, de l'ordre de 30 %, et la qualité bien supérieure, qu'il s'agisse du contenu des assiettes, du service, des prestations ou des animations. Les patrons des firmes roumaines qui se chargent d'organiser les
réjouissances voient les demandes dans ce sens exploser, surtout pour
les mariages, la mode étant aux noces en plein air, sous chapiteau. "Un
mariage avec une centaine d'invités coûte environ 6000 € à Arad"
confie l'une d'entre-elle, Luminitsa Catana, ajoutant, "en Hongrie, il
reviendra de 1000 à 1500 € moins cher, voire 2000 €). A Gyula, il faut compter 18 € pour un menu copieux et appétissant de cinq
plats… A Arad, on demande le double pour des assiettes bien moins remplies et des plats moins succulents et variés".
A savoir
Les grandes villes
perdent des habitants
Seules 2 sur les 10 premières villes
roumaines ont vu leur population augmenter au cours des trois dernières
années. Il s'agit de Bucarest (+ 20 000
habitants, + 1,03%) et de Timisoara (+
9000 habitants ; + 2,82%), qui est passée du 3ème au 2ème rang. Les baisses
les plus importantes sont enregistrées par
Braila, Galati (- 4000 habitants, chacune) et Brasov (-3000). En pourcentage,
Braila et Ploiesti sont les plus touchées
(- 2,2% et - 1,3%). Toutefois, les pôles
de développement économique de la
Roumanie demeurent Bucarest-Ploiesti,
Timisoara-Arad, Constantsa-Galati, Cluj
et Craiova.
Cependant, les personnes attachées à
ce rite - essentiellement les musulmans et
les personnes âgées - pourront encore
l'observer, en utilisant des itinéraires de
déviation évitant le centre. Pour faire passer la pilule ("a indulci pastila": "adoucir
la pastille"), le maire a décidé d'apporter
une aide aux familles touchées par un
décès et dans le besoin, la commune
offrant soit un cercueil, une croix ou une
somme de 300 lei (90 €).
Cortèges funéraires interdits
dans les stations balnéaires
Afin de ne plus choquer les touristes
qui se pressent dans les stations balnéaires de la côte sud de la Mer Noire, le
maire de Mangalia a interdit aux cortèges
funéraires d'emprunter leur centre ville
pendant la saison d'été (du 1er mai au 15
septembre). L'édile a estimé que la tradition d'emmener le corps du défunt dans
un cercueil ouvert, suivi par un cortège
marchant d'un pas lent derrière, dérangeait les vacanciers et troublait la circulation, très importante à cette époque. Il a
ajouté que "dans la société moderne, la
mort n'est plus un deuil partagé par toute
la communauté, mais un évènement
d'ordre privé et familial".
Appartements
à 2 M€ à Bucarest
Le footballeur Cristian Chivu a
acquis un appartement d'une valeur de 2
M€ à Baneasa, dans la banlieue nord et
résidentielle de Bucarest, situé dans un
complexe de 10 ha, comprenant deux piscines dont une semi olympique, un restaurant de jour et un restaurant gastronomique, un bar, trois terrains de tennis en
plein air et deux couverts, quatre pistes de
bowling, une patinoire, une piste de jogging dans la forêt avoisinante - 200 hectares couverts de chênes -, un salon de
beauté, un spa. Le complexe d'un coût de
230 M€ appartient à l'affairiste milliardaire et ancienne gloire du tennis des
années 70, Ion Tiriac.
Fuites d'eau
A cause du mauvais état des réseaux,
entraînant des fuites importantes, les
communes et foyers roumains ne reçoivent que 59 % du volume d'eau potable
qui leur est facturé, en amont des compteurs pour les premières, en aval pour les
secondes. Sur environ un milliard de
mètres cubes fournis annuellement aux
Roumains, moins de 600 millions arrivent à destination. A 0,6 € le mètre cube,
ce sont plus de 2 millions d'euros qui sont
payés ainsi indûment, ce qui représente
une dépense supplémentaire de plus de
30 € par famille.
Pas de test de stress
pour les emprunteurs
La Banque nationale de Roumanie
(BNR) a renoncé, pour l'instant, à mettre
en place un test de stress pour les demandeurs de crédit bancaire, qui consiste à
effectuer des simulations sur la solvabilité d'un client à moyen et long terme.
Cependant, la BNR compte se montrer
beaucoup plus stricte envers les banques
en demandant davantage de détails sur le
bénéficiaire d'un crédit.
Et ces crédits seront moins importants. Si jusqu'à présent un client pouvait
demander jusqu'à 70% de ses revenus
nets, les nouvelles normes de la BNR
réduisent ce taux à 40%.
27
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Les Roumains seraient
plus endettés que les Américains
Souvenirs... Souvenirs
Vie quotidienne
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CONSTANTA
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Boom des cartes
de crédit… mais elles
ne remplacent pas
le porte-monnaie
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Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
En Roumanie, on a enregistré à la
fin mars plus de 12,2 millions de
cartes (de débit et de crédit), soit une
hausse de 27% par rapport au même
mois de 2007. La moyenne d'opérations reste très faible: 0,3 / mois au
débit et 0,6 / mois à la carte.
La raison principale motivant l'acquisition d'une carte est, comme
prévu, l'encaissement du salaire.
Ainsi, environ 10 millions de cartes
sont-elles réservées au seul retrait souvent l'unique opération effectuée
par les salariés dans le mois - et 2,2
millions sont de véritables cartes de
crédit, permettant l’achat chez des
commerçants.
La Roumanie est cependant un
des États où l'on note la plus forte
augmentation du nombre de cartes
et de la valeur des transactions sur
cet instrument financier.
Par exemple, au cours du premier
trimestre 2008, les Roumains ont été
débités de plus de 2 millions de lei
(environ 550 000 €) avec les cartes
de débit, soit une hausse de 80% par
rapport à même période l'an dernier.
En ce qui concerne l'utilisation de la
carte pour les achats, les Roumains
commencent seulement à s'y faire.
À la fin mars, 35% des transactions concernaient des achats chez
des détaillants, les 65% restants
étant des retraits d'espèces, mais la
progression a été cependant de plus
de 30%. Pour nombre de Roumains,
les opérations se résument à une
fois par mois, à savoir le retrait du
salaire.
A
vec une part des emprunts qu'ils doivent payer à la banque équivalente, en
moyenne, à 16% de leurs revenus, les Roumains ont fini par être les
clients les plus endettés des marchés matures d'Europe occidentale ou
même des USA. A titre de comparaison, dans la zone euro, le taux de la dette n'est que
de 10,4%, et aux États-Unis de 14%. Les Roumains sont mieux placés seulement par
rapport aux Polonais, Anglais et Hollandais (20 %). La part de la dette bancaire (qui
cumule le crédit principal et les intérêts) a connu une croissance rapide au cours des
deux dernières années. Début 2007, elle était seulement de 11% et même de 7% en
décembre 2005.
Sergiu Oprescu, président exécutif d'Alpha Bank, souligne que, entre 2001 et
2007, le crédit de détail a doublé, en moyenne, chaque année. Fin avril, la dette globale des Roumains était de 22,2 milliards d'euros. Pourtant, pour les observateurs, bien
que le niveau de 16% actuel semble inquiétant, le marché local présente des caractéristiques qui modèrent son impact réel. Contrairement aux occidentaux, plus de 90%
des emprunteurs sont propriétaires de leur logement et n'ont donc pas de charges de
loyer à assumer. D'autre part, la Roumanie fonctionne avec une part importante d'économie "grise", ce qui signifie qu'il existe des revenus non déclarés. Ces revenus supplémentaires font tomber le taux de la dette à moins de 13%.
Quatre millions de Roumains ont actuellement contracté des prêts auprès des
banques ou des sociétés de crédit à la consommation, mais le nombre total de comptes
de crédit est de 6,6 millions, ce qui veut dire que deux clients sur trois ont contracté
plus d'un emprunt. Malgré les chiffres alarmants, les banquiers se montrent optimistes,
le marché local présentant un potentiel de développement important.
Difficile de trouver un endroit pour étaler sa serviette à Costinesti.
La santé avant tout avec la boue du lac de Techirghiol.
37
Emprunter pour rembourser les dettes
Une autre étude, réalisée par le Groupe pour une économie appliquée (GEA) sur
un échantillon de 1237 personnes de 100 localités, montre que les Roumains empruntent aux banques pour rembourser leurs dettes ou pour s'acquitter de leurs factures
courantes. Elle insiste sur le fait que 40% de la population ne peut plus supporter le
poids d'un crédit.
La plupart de ceux qui sollicitent un emprunt bancaire le font pour acquérir un
bien ménager, comme un frigidaire ou une gazinière, ou pour payer des dettes, surmonter une période difficile ou faire face à des dépenses imprévues, comme des frais
médicaux. Cette étude montre aussi que 26% des Roumains qui empruntent souscrivent un prêt d'un montant inférieur à 1000 lei (300 €, valeur du salaire moyen en
décembre), 22% d'un montant entre 1000 et 3000 lei, et 21,5% entre 3000 et 6000 lei.
Tant pis pour le cadre idyllique... l’important, c’est de bronzer !
En moyenne 18 € mis de côté par mois
A
u premier trimestre 2008, les
Roumains ont perçu, en
moyenne, un revenu de
200 par mois, dépensant 182 € et mettant donc de côté 18 €, soit moins de
10 %. Ce revenu médian se situe très en
dessous du niveau du salaire moyen net
(390 €) car il prend en compte les personnes qui ne touchent que des retraites,
notamment agricoles, très faibles, des
allocations sociales ou de chômage.
Au niveau des couples, le revenu
était de 600 €, les dépenses de 540 €.
51 % était constitué par le salaire, 22 %
par les prestations sociales, 19 % par les
revenus en nature et 8 % par d'autres activités ou sources de revenus. 30 % des
dépenses étaient consacrées à l'alimentation, la boisson, le tabac, 16 % aux
impôts et taxes, le reste se partageant
entre les autres dépenses courantes (logement, eau, électricité, gaz, chauffage,
habillement, transports, enfants, etc.).
Avec 690 € par mois, les ménages
urbains disposaient de revenus supérieurs
à ceux de leurs homologues ruraux
(490 €), mais dépensaient aussi plus
(640 € contre 450 €).
Rêve de
baigneur.
Cet âge est
sans pitié.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Religion
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TULCEA
CONSTANTA
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Mgr Tit Simidrea
reconnu "Juste
parmi les nations"
36
Insolite
Congés de maternité pour policiers ventripotents
A
lexandru Hordila, chef de la police de Iasi a tapé du poing sur la table. Vexé de voir
ses 660 subalternes régulièrement moqués pour le ventre qu'ils affichaient, il leur a
enjoint de profiter de l'été pour retrouver la ligne, mettant à leur disposition une salle
d'entraînement afin qu'ils puissent se préparer aux quatre épreuves qu'il voulait leur faire passer à
la mi-juillet: endurance, vitesse, agilité et auto-défense. Pour les aiguillonner, il avait agité la menace de les renvoyer à des tâches subalternes en les remplaçant par les 83 nouveaux policiers qu'il
devait engager à la fin de ce même mois, 300 candidats plus jeunes et plus longilignes s'étant déclarés. La menace n'a été d'aucun effet: les plus bedonnants se sont mis immédiatement en congé, certains sans solde, pour échapper aux tests. Ceux qui les avaient épuisé ont pris des congés maternité, prétextant que leur femme était sur le point d'accoucher… des psychologues estimant qu'ils faisaient un transfert. Lorsqu'ils sont engagés, les policiers ne subissent aucune épreuve sportive,
l'Agence Nationale des Fonctionnaires publics ayant estimé que ce serait discriminatoire.
l
TIMISOARA
CRAIOVA
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BACAU
TARGU
MURES
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REGHIN
Communier dans
une autre église est un
péché pour les orthodoxes
Métropolite de Bucovine pendant
la seconde Guerre mondiale, Mgr Tit
Simidrea devrait être prochainement
reconnu par Israël "Juste parmi les
nations", à titre posthume, devenant
le 56ème Roumain honoré par l'Etat
hébreu pour avoir sauvé des juifs en
mettant sa vie en danger.
Le courage du hiérarque orthodoxe de Cernauti avait été salué par
de nombreuses personnes qui lui
devaient leur salut à l'époque de
l'Holocauste, le centre d'histoire de
la communauté juive de Roumanie
renforçant leurs témoignages grâce
à des archives découvertes récemment, illustrant son rôle de sauveur,
au mépris de sa position et de sa
liberté.
Le titre de "Juste parmi les
nations" a été créé par la Knesset
(parlement israélien) en 1953, quatre
ans après la création de l’état
hébreu, afin de remercier les nonjuifs qui s'étaient illustrés par leurs
actes pendant la barbarie nazie et
est attribué par l'Autorité des Martyrs
de l'Holo- causte et de la
Commémoration des Héros "Yad
Vashem" de Jérusalem. Il a surtout
été décerné après le procès
d'Eichmann, en 1963, qui avait révélé l'ampleur de la solidarité dont
avaient pu bénéficier les juifs de la
part de simples particuliers.
Au 1er janvier 2007, 21 700 personnes de 41 pays l'avaient reçu.
Toutefois, certains bienfaiteurs de la
communauté juive l'ont refusé pour
des raisons morales, religieuses ou
politiques.
L
es prêtres et les fidèles orthodoxes sont interdits de communion dans une
autre église, sous peine de sanctions, a décrété l'Eglise orthodoxe roumaine après qu'un métropolite eut provoqué un tollé en recevant l'eucharistie
des mains d'un prêtre uniate. "Aucun hiérarque, prêtre ou fidèle orthodoxe ne pourra
communier dans une autre église", a décidé le saintsynode au cours d'une réunion à Bucarest, en précisant que les sanctions pouvaient aller jusqu'à l'excommunication pour les religieux et l'exclusion de
la communion pour les laïcs.
Le synode a toutefois décidé de ne pas punir le
métropolite du Banat, Nicolae Corneanu, dont la
communion dans une église uniate (catholique de
rite byzantin) avait "semé le trouble" parmi les
orthodoxes. "Le regret et le repentir du métropolite
ont été considérés comme un pas dans la bonne
voie", a-t-il estimé. La hiérarchie de l'Eglise orthodoxe a en outre décrété que son clergé était "interdit de concélébration des sacrements avec des religieux d'autres cultes",
une décision visant l'évêque d'Oradea, Sofronie, qui avait célébré l'Epiphanie aux
côtés d'un évêque uniate. Mgr Sofronie a aussi bénéficié du pardon du synode.
Majoritaire en Roumanie, l'Eglise orthodoxe compte environ 18 millions de fidèles,
soit 88% de la population, mais le nombre de pratiquants est très nettement inférieur.
Un évêque à nouveau mis en cause
pour ses liens avec la Securitate
M
onseigneur Casian Craciun, évêque du Bas - Danube, comparaîtra
devant le tribunal de Bucarest le 22 septembre prochain à la demande
du CNSAS (Conseil National pour l'Etude
des Archives de la Securitate). L'organisme chargé de
démasquer les collaborateurs de l'ancienne police politique
occupant aujourd'hui des fonctions importantes a révélé
qu'il avait été un de ses informateurs pendant une dizaine
d'années, de 1981 jusqu'après la "Révolution", en 1991,
ayant même proposé à son successeur, le SIE (Service
d'Information Externe) de continuer à coopérer.
Casian Craciun avait été recruté sous Ceausescu sur
proposition du département des cultes, afin d'être envoyé à
l'étranger pour espionner et infiltrer les milieux de l'émigration roumaine et leurs
médias. Il avait opéré successivement sous les noms de code de Crin, Casius et Casio
et ses "employeurs", satisfaits de ses services, l'auraient récompensé en lui remettant
des sommes d'argent. Le futur évêque avait ainsi fourni d'importantes informations sur
les Roumains résidant en France et en Allemagne, les étudiants envoyés dans ces pays
et qui refusaient de rentrer au bercail. Il avait été également formé par des officiers de
la Securitate pour recruter d'autres collaborateurs, fournir des renseignements sur les
visiteurs étrangers invités en Roumanie par l'épiscopat roumain, sur les Roumains animant "Radio Europe Libre", l'Union des Roumains libres et les cercles proches du
Roi Michel, puis l'Association des anciens détenus politiques.
Mgr Casian Craciun n'est pas le premier hiérarque de l'Eglise orthodoxe mis en
cause pour ses liens avec la Securitate, ni le premier Roumain auquel celle-ci avait
confié des missions de surveillance de leurs compatriotes à l'étranger. Ces révélations
expliquent la méfiance instinctive qu'entretenaient entre-eux les Roumains de la diaspora et qui a perduré assez longtemps après les évènements de décembre 1989.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le maire voulait
son bac à tout prix
M
aire de la commune d'Ibanesti
(judet de Vaslui), Bogdan Pletea,
40 ans, n'avait retenu qu'une partie des conseils que lui avait ressassés autrefois
son instituteur : "Pour réussir, il faut travailler
et avoir des diplômes". Fin juin, il s'est donc
présenté aux épreuves du bac qui se déroulaient
dans le lycée de la commune voisine de Zorleni,
passant avec succès les épreuves orales, obtenant même la note de 9 sur 10 en français. Mais
les surveillants l'ont surpris en train de consulter
des notes dissimulées dans sa poche lors de
l'examen de roumain et l'ont exclu de la salle.
En 2004, Bogdan Pletea avait déjà été poursuivi
et condamné pour avoir trafiqué son carnet de
travail, faisant état d'un faux diplôme universitaire, afin de décrocher un emploi qualifié.
Heureusement pour lui, il n'a dû présenter aucun
parchemin du même genre à ses électeurs pour
être candidat lors des élections municipales de
juin, ceux-ci ne lui mégotant pas leur confiance,
puisqu'ils l'ont reconduit comme maire… sans
chercher à savoir s'il y avait eu bourrage des
urnes ou non.
La valeur n’attend
pas le nombre des
années... ou outrage
à personnes âgées ?
Miroir aux alouettes
N
ouvellement engagée, la jeune secrétaire d'une firme de construction de Sibiu a découvert avec surprise en lisant son contrat d'embauche, qu'outre les tâches habituelles - conduire les voitures de
service, s'occuper du fax, taper le courrier - elle devait également veiller au
bien-être de son patron et de l'actionnaire majoritaire de la société "en leur dispensant des massages de relaxation, des body-massages et des massages érotiques". Finalement, la jeune fille n'a enlevé que son tablier… pour le rendre à
ses éphémères employeurs, trouvant là l'explication du salaire confortable 1000 € par mois - qu'ils lui avaient proposé.
Radar anti-tricherie
E
29
chaudée par le nombre de fraudes qui ont émaillé la
tenue du dernier baccalauréat, entraînant l'arrestation
de candidats et d'une directrice de lycée à Sighet, la
direction de l'Université polytechnique de Timisoara a décidé de
se prémunir contre les éventuels agissements de ses propres étudiants en faisant l'acquisition d'un radar anti-tricherie installé
dans ses salles d'examens. Le dispositif s'appuie sur un détecteur
de conversations par téléphone mobile, avec ou sans oreillette
dissimulée, repérant les fraudeurs à une distance de 40 mètres
grâce à un voyant lumineux qui clignote. L'université ne s'est pas
ruinée pour s'équiper de ce système de troisième génération, mis
au point par ses enseignants du département informatique et télécommunication, puisqu'il ne lui en a coûté que 550 €.
WC-restaurant à Timisoara
L
e préfet de Timisoara ne décolère pas depuis qu'il a
constaté que le permis de construire de WC publics
sur la place de l'Opéra de Timisoara, une zone historique, avait été l'objet d'un détournement. Un bâtiment en
forme de véranda, qu'il juge en outre défigurer les lieux, lesquels sont classés, et couper cette place centrale en deux, a
poussé à leur place. Une pizzeria y a vu le jour qui sera prochainement suivie d'un fast-food. Aucune autorisation n'a été
délivrée pour leur exploitation. Située à 300 mètres de la mairie, le bâtiment appartient à une société créée initialement par
un proche du maire, Gheorghe Ciuhandu. En attendant que les
lieux reviennent à leur destination première, les passants ayant
une envie pressante peuvent toujours prendre leur mal en
patience en commandant une pizza, un hot-dog ou un coca.
L'établissement est ouvert nuit et jour.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Les pouvoirs publics
encouragent le développement
du baccalauréat international
Enseignement
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SIGHET
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GIURGIU
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SLOBOZIA TULCEA
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CALARASI
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L'histoire du
communisme roumain
matière optionnelle
en classe de terminale
30
Qui est Ceausescu, que voulait
dire "régime communiste", combien
celui-ci a-t-il fait de victimes ? Autant
de questions - et bien d'autres - auxquelles les jeunes ne savent pas
répondre. Dans une lettre au ministre
de l'Education, l'écrivaine et ancienne
dissidente Ana Blandiana, présidente
de l'Académie civique, demande que
l'histoire du communisme soit enseignée dans le tronc commun des
élèves de terminale comme matière
obligatoire, au rythme d'une heure
hebdomadaire, et qu'elle figure aux
épreuves du baccalauréat.
i les étudiants de l'UE munis de leur baccalauréat national peuvent s'inscrire dans une université roumaine sans problème, l'inverse n'est pas vraie.
Seulement six des 27 états membres accueillent des étudiants roumains
munis de ce diplôme. Dans la majorité des cas, ils seront sélectionnés sur dossier. En
France, le parcours pour être admis est particulièrement difficile, avec un examen
général, portant notamment sur la connaissance du français, et un autre concernant
l'enseignement souhaité; seulement 40 % des candidats les réussissent.
Pour aider les jeunes Roumains à franchir ces obstacles, le gouvernement a décidé d'impulser la mise en place du baccalauréat international (BI) en lui consacrant dès
cette année un budget de 4M€ pour son introduction dans une centaine d'établissements secondaires. Trois lycées d'Etat sont immédiatement concernés: le collège
national Mircea l'Ancien de Râmnicu Vâlcea, le lycée pédagogique Matei Basarab de
Slobozia, le collège national Barbu Stirbei de Calarasi. Jusqu'ici, seuls deux établissements privés de Bucarest préparaient à ce diplôme: l'école américaine, depuis 1997,
l'école internationale Mark Twain, depuis 2006.
Vingt mille euros la place
pour mendier à Saragosse
Emigration
M
endier est un métier, qui a ses règles, comme à
Saragosse en Espagne où vivent de nombreux
Roumains dont des Tsiganes qui y ont émigré,
ces derniers occupant les lieux stratégiques que sont la place
centrale et la cathédrale Pilar, lesquelles offrent huit places de
mendicité. "Chacun sait ce qu'il doit faire ou non" a expliqué
à "Romania Libera" l'un d'entre eux, Istrate, venu "faire de
l'argent en Espagne". "Il ne faut pas prendre la place d'un
autre, payer chaque jour le "chef". Ce n'est pas obligatoire
d'être Tsigane et c'est mieux si on est un peu artiste". Il ajoute: "Mais il faut venir déjà avec un peu d'argent pour le voyage et surtout pour acheter ou louer la place où tu vas mendier". Celle-ci coûte entre 15 000 et 20 000 €, si elle est bien
située, c'est-à-dire dans un endroit où on peut plus facilement
apitoyer les passants. Et comme la concurrence est rude, il
vaut mieux être recommandé auprès d'un "chef" qui organise
ce "commerce".
Les mendiants se mettent à plusieurs pour payer l'emplacement et se partagent les journées, matin, après-midi ou soirée. "C'est un travail facile" reconnaît Istrate, "mais ce n'est
plus comme avant: il y a beaucoup de travailleurs roumains à
Saragosse et quant ils nous voient, ils nous injurient, crient
qu'on les déconsidèrent, et les gens entendent et ne donnent
plus".
Originaire de Galati, le Tsigane se souvient des "jours
heureux", voici trois-quatre ans, où il gagnait jusqu'à 400 à
500 € quotidiennement les jours de fête. La somme ne lui
revenait pas intégralement. Il lui fallait payer la taxe de protection au "chef" et la location de l'emplacement, mais il
conservait la moitié de ses gains. Aujourd'hui, devenu luimême "chef", Istrate arrondi ses fins de mois en jouant de l'accordéon à la porte d'un bar. Il fait également la chasse aux
Colombiens qui essaient de prendre les bonnes places et se
montre fier de les avoir repoussés à la porte de la ville.
Pas un sésame automatique
A savoir
L'adaptation des programmes et des enseignements, très différents de ceux du bac
national, exige un investissement initial de l'ordre de 40 000 €, puis une contribution
annuelle de 4000 € de la part des établissements. Les élèves, qui doivent suivre deux
années initiales de cours en anglais, paient 450 € de frais d'inscription à l'examen. Le
BI existe depuis 1968, à l'initiative d'une organisation genevoise à but non lucratif.
2300 établissements répartis entre 129 pays permettent de le préparer. Pour autant, son
obtention n'est pas un sésame permettant d'accéder automatiquement l'entrée dans
l'enseignement supérieur d'un autre pays. S'il est reconnu en France et en Grande
Bretagne… leurs titulaires doivent s'assurer que les universités auxquelles ils postulent les acceptent. Il n'est pas suffisant aux Pays bas et en Suède. En Allemagne, il
contribue seulement à l'évaluation des candidatures. Toutefois, d'une manière générale, ce diplôme permet d'ouvrir grandement les portes des facultés étrangères. La première promotion roumaine est attendue en 2010.
Ana
Blandiana
Le gouvernement a introduit cet
enseignement par décret le 7 juillet
dernier mais seulement comme matière optionnelle, ce qui fait douter l'écrivaine de son efficience, cette mesure
étant laissée à l'appréciation des inspecteurs et directeurs d'écoles. Ana
Blandiana et sont mari Romulus
Rusan sont les organisateurs de l'école d'été de Sighet qui réunit une centaine de jeunes Roumains et
Moldaves venant d'achever le lycée,
ainsi que des professeurs d'histoire,
pour une semaine de conférences sur
l'étude de la période du communisme
en Roumanie. Ce séminaire se déroule dans l'enceinte même de l'ancienne
prison pour détenus politiques, transformée en mémorial.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Pour plus de 20 000 €, la directrice distribuait
les sujets du bac... et les solutions à ses élèves
L
a directrice d'un lycée privé de
Sighetu Marmatiei (Maramures) a été placée en détention
provisoire, à la mi-juillet. Lors d'une perquisition à son domicile, la police a
découvert environ 22 500 €, qui proviendraient des candidats au bac. Selon le
Parquet anti-corruption (DNA), "une
quarantaine d'enseignants au total ont
été impliqués dans cette tentative de fraude". Meda Leordean, la directrice impliquée a notamment "convaincu ses enseignants de résoudre les sujets d'examen,
avant de distribuer les solutions aux
élèves", a précisé le DNA. Une élève suivant les cours du soir de ce lycée a recon-
nu avoir collecté auprès de ses camarades
environ 27 000 €, qui devaient être remis
à la directrice. La police disposerait de
nombreux enregistrements de conversations téléphoniques confirmant ces accusations. Collecter de l'argent pour acheter
la bienveillance des correcteurs est une
règle fréquente en Roumanie, malgré
l’interdiction formelle du ministère de
l'Enseignement. Le bac organisé cette
année a été émaillé de nombreuses tentatives de fraude. 270 lycéens ont été éliminés après avoir été surpris en train de
copier, tandis qu'une cinquantaine de correcteurs ont été sanctionnés pour avoir
fermé les yeux sur de telles pratiques.
Un million d'habitants
en moins en 10 ans
La population de la Roumanie a
baissé de 4,5% entre 1997 et 2007, alors
qu'elle a augmenté en moyenne de 3,4 %
dans l'ensemble de l'UE, selon les
chiffres du Bureau des statistiques des
communautés européennes (Eurostat).
Elle comptait l'an passé 21 565 000 habitants contre 22 582 000 en 1997, soit une
perte de un million d'habitants en un an.
Le pays ayant enregistré la plus grande
croissance de la population a été l'Irlande
(18%), suivie par Chypre (16,9%), le
Luxembourg (14,2%) et l'Espagne
(12,5%). La population a baissé dans 8
pays membres de l'UE, les plus grands
déclins étant enregistrés en Bulgarie
(-7,9%), la Lettonie (-6,7%) et la
Lituanie (-5,7%).
La Roumanie
réclame à Rome
le retour de 2300 enfants
Bucarest réclame aux autorités italiennes le retour de 2300 enfants roumains sans parents, parfois amenés illégalement en Italie en vue d'une adoption.
55 nouveaux cas ont été enregistrés
depuis le début de l'année. Une convention a été négociée entre les deux pays
pour mettre fin à cette situation mais
Rome met beaucoup de mauvaise volonté à vouloir la signer, ce qui a conduit la
sous-secrétaire d'Etat roumaine chargée
de la protection de l'enfance à menacer
l'Italie de poursuites devant la justice
européenne.
Travailleurs émigrés
arrachés des griffes
d'esclavagistes
En collaboration avec la police roumaine, la police de Wexford, dans le sudest de l'Irlande, a arraché des griffes d'un
réseau esclavagiste plus d'une centaine de
travailleurs émigrés roumains qu'il avait
attirés en Irlande contre la promesse d'y
trouver un emploi dans la construction ou
les services d'entretien, après versement
de 2500 €. Sur place, ces travailleurs
devaient en outre remettre un tiers de leur
salaire, les récalcitrants étant menacés de
voir leur famille restée en Roumanie, battue ou torturée. La police roumaine a
arrêté trois membres du réseau, un père et
ses deux fils, originaires de la commune
de Lovrin dans le judet de Timis.
Turcs clandestins cachés
dans 20 tonnes d'abricots
Début août, la police des frontières
de Nadlac (Arad) a découvert 19 citoyens
Turcs, de18 à 49 ans, cachés dans un TIR
transportant 20 tonnes d'abricots à destination de l'Allemagne. Dépourvus de
visas Schengen, ils tentaient de gagner ce
pays. Quelques semaines auparavant, au
poste frontière voisin de Varsand, ce sont
12 Moldaves et 22 Turcs qui avaient été
trouvés dans deux TIR et qui souhaitaient
aller travailler également en Allemagne,
mais aussi en Italie.
Améliorer
l'image à l'étranger
Bucarest va investir 7,8 millions
d'euros dans des campagnes de communication visant à améliorer l'image des
Roumains en Italie et en Espagne.
L'initiative a pour but d'offrir des informations alternatives au "discours médiatique émotionnel généré par les infractions commises par certains citoyens
d'origine roumaine" dans ces deux pays,
explique un communiqué de l'Agence
pour les Stratégies Gouvernementales
(ASG). En Italie, seront présentées des
spécificités culinaires roumaines. Un site
Internet sera créé pour montrer la
Roumanie sous un autre angle. En
Espagne, "où les Roumains ont une
image meilleure qu'en Italie", selon le
directeur de l'ASG, Dan Jurcan, la campagne sera basée sur la diffusion à la télévision de messages publicitaires illustrant
la réussite d'immigrés roumains.
35
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Emigration
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Dans la Somme, l'amertume... après
"Bienvenue chez les Picards"
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Seboncourt a perdu
son médecin roumain
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TÂRGOVISTE
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Colis volés par
des transporteurs
34
Beaucoup d'émigrés partis travailler à l'étranger essaient de compenser leur absence auprès de leurs
enfants ou parents en leur envoyant
des colis contenant des sucreries,
des vêtements, des bijoux, de l'argent, notamment au moment des
grandes fêtes comme Pâques ou
Noël s'ils ne peuvent pas faire le
déplacement.
Les minibus et leurs remorques
effectuant la navette font alors le
plein de paquets. Mais le plus souvent, les transporteurs qui convoient
des chargements de plusieurs milliers d'euros, voire de dizaines de
milliers, n'offrent aucune garantie à
l'expéditeur que son envoi arrivera à
bon port. Ces derniers ne reçoivent
même pas un justificatif comme un
bordereau d'expédition.
Des colis disparaissent donc,
comme cela a encore été le cas à
Pâques pour des minibus en provenance d'Italie, et particulièrement de
Turin, à destination de Galati. Le
transporteur trouve toujours une
excuse, assurant par exemple que la
remorque s'est retournée, que les
paquets se sont défaits, qu’on ne lui
a rien remis, etc.
Le chargement étant le plus souvent destiné à des enfants ou à des
personnes âgées, il est presque certain que ceux-ci ne porteront pas
plainte.
Une fois son mauvais coup réalisé,le transporteur indélicat attend un
peu et recommence, si besoin vers
une autre destination, abusant de la
crédulité de dizaines d'autres travailleurs émigrés.
N
ous sommes très déçus!" Gérard Feuillette, maire de Seboncourt
(Somme), ne cache pas son amertume. La petite commune de 1 150 âmes
vient de perdre son unique médecin (notre photo) qu'elle avait fait venir
de… Roumanie. L'élu n'avait pourtant pas ménagé sa peine pour que ses administrés
bénéficient de soins de proximité. Quand, en juin 2007, le "médecin de famille" du village décide de prendre sa retraite, le maire entame des recherches. Il dépose plusieurs
annonces via des journaux spécialisés et Internet, prospecte à travers l'Europe du Sud
et le Maghreb avant de trouver enfin un candidat en Roumanie.
"Devant la pénurie de médecins, beaucoup d'élus de petites communes font venir
des médecins de l'Europe de l'Est, et les Roumains, dont le niveau de vie est très faible,
sont les premiers candidats", explique Xavier Deau, au Conseil national de l'ordre des
médecins. "L'année dernière, nous avons traité environ 800 dossiers de médecins roumains". Quelques agences, comme l'Arime,
se sont même spécialisées dans ces
recherches et facturent aux élus des sommes
allant jusqu'à plusieurs dizaines de milliers
d'euros pour un recrutement. Ces médecins
étrangers exercent pour les deux tiers à l'hôpital et pour un tiers en cabinet libéral.
Le Conseil de l'ordre, qui veille à ce que
les candidats possèdent les diplômes en
bonne et due forme, estime que 5 % des dossiers posent problèmes (présentation de faux,
équivalence non homologuée...).
Parti sans expliquer son geste
"Certaines universités, notamment en
Roumanie, ne sont pas très rigoureuses sur
la réalité du nombre d'années d'étude effectuées", regrette-t-il. Mais, une fois ce tri administratif effectué, "beaucoup de greffes
prennent, d'autres pas…", estime Xavier Deau. Comme à Seboncourt où le maire
n'avait pas hésité à se lancer dans des travaux d'aménagement pour que le médecin
trouve ses marques en Picardie.
"Nous avions estimé que cet homme, venant de Roumanie avec presque rien, il
était de notre devoir de le loger aux frais de la municipalité. Nous avons même réaménagé l'ancien cabinet médical que nous avons remis entièrement à neuf et ce, grâce à
la générosité du conseil général mais également des habitants de la commune". Le
maire s'était aussi démené pour l'obtention rapide d'un permis de séjour en règle. Bref,
c'était un peu "Bienvenue chez les Picards" !
Jusqu'à ce que les habitants découvrent fin juillet la disparition de leur toubib. Pas
un mot pour expliquer ce geste. Il aurait estimé ses revenus insuffisants. "Je crois que,
venant d'une économie administrée, il n'avait pas intégré la notion de revenu par le
travail…" analyse, amer, Gérard Feuillette. Il gardait ses patients en consultation près
d'une heure et demie, pendant que les autres, las d'attendre, s'en allaient."
Les habitants que le médecin aurait jugés "trop pauvres" se sentent meurtris. "Tout
le monde avait mis du sien pour l'accueillir", déplorent-ils. Seboncourt, la mort dans
l'âme, devra attendre encore longtemps avant de profiter de son cabinet médical rénové. "J'ai commencé à nouveau les recherches, mais je ne me fais pas trop d'illusions",
ajoute le maire.
Matthieu Delaunay (Le Figaro)
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
La langue roumaine
en mauvaise posture en Europe
Enseignement
L
'apprentissage de la langue roumaine à l'étranger,
mais aussi la connaissance de la culture roumaine,
sont en chute libre si on en croit un journaliste de
"Gardianul" qui a interviewé une professeur universitaire de
français de Craiova, Dana Dumitriu, titulaire d'un doctorat et
qui a enseigné sa langue maternelle à l'université de Marne la
Vallée. Selon elle, la situation est encore plus préoccupante en
Europe qu'aux Etats-Unis.
S'appuyant sur son expérience, Dana Dumitriu relève que
sur les 11 lectorats de langue roumaine qui existaient en
France en 1995, il n'en subsiste plus que 7. "Les universités
françaises engagent des lecteurs roumains avec le statut de
personnel auxiliaire et non de professeur, bien qu'ils aient un
doctorat. Ils sont payés au mieux 1200 euros par mois, alors
que les étudiants français préparant leur doctorat gagnent
entre 1500 et 1800 euros" soutient l'universitaire qui souligne
qu'en dehors des universités de Paris et de Marseille, aucune
autre ne respecte le protocole de Bologne: "Les cours ne sont
pas structurés jusqu'à la licence. Ils ne sont répartis que sur 2
ou 3 ans et, à leur terme, le diplôme délivré n'a aucune valeur,
n'est pas reconnu. Il s'agit en fait d'une simple attestation". Et
Dana Dumitriu de ne pas s'étonner de voir les effectifs des étudiants s'inscrivant en première année de cours de roumain passer de 20 à 40… à guère plus de 5, l'année suivante.
Le ministère roumain de l'Education s'est dit conscient du
problème et envisage de revaloriser le statut de lecteurs partant
à l'étranger, en leur attribuant une indemnité supplémentaire
variant de 1000 à 2000 euros par mois, suivant le pays de destination, à laquelle s'ajouterait une prime de 100 euros pour les
frais, portée à 500 euros pour les USA.
Apprentissage de la lecture : les élèves roumains
et bulgares en queue de classe dans une UE qui régresse
P
rès d'un quart des Européens
âgés de 15 ans ont de faibles
compétences en lecture. Zéro
pointé pour la France qui est passée de
15,2% d'élèves en difficulté en 2000 à
21,7% en 2006! Mais c'est encore pire
pour la Roumanie qui, avec 53,5 %
d'élèves médiocres, et la Bulgarie
(51,1 %), atteignent les bas-fonds du
classement. C'est le principal constat du
rapport annuel sur les systèmes d'enseignement de l'Union Européenne, que la
Commission européenne vient de présenter. Réduire fortement la part de jeunes
de 15 ans ayant de mauvais résultats en
lecture était pourtant l'un des objectifs
affichés en 2000. Cet idéal est loin d'être
atteint, puisque le taux est passé de
21,3 % en 2000 à 24,1 % en 2007.
La situation s'est également détériorée en Allemagne, en Italie, en Espagne et
au Portugal. Dans les pays bons élèves, la
Finlande est en tête, très loin devant tout
le monde, avec seulement 4,8 % de mauvais élèves, suivie de l'Irlande (12,1 %) et
de l'Estonie (13,6 %). Les Pays-Bas et la
Suède ont d'assez bons résultats, mais
n'ont pas progressé au contraire de la
Pologne.
Le constat de la médiocrité des
Bulgarie-Roumanie : Vorbiti româneste ?
A
Ruse, principale ville bulgare sur le Danube, ils seraient des
centaines de jeunes lycéens à vouloir apprendre la langue de
leurs voisins roumains, raconte le quotidien à grand tirage
"Standart", de Sofia. Ce qui a conduit la direction du prestigieux Lycée
britannique de la ville (un établissement d'élite où est dispensé un enseignement intensif de l'anglais) à ouvrir cette année une classe où l'on
apprendra le roumain en deuxième langue. Cette classe sera limitée à 28
élèves, a prévenu le Lycée britannique, qui a précisé "crouler sous les
demandes". Cet intérêt linguistique est réciproque, rappelle "Standart",
qui rapporte que les autorités roumaines ont même envisagé d'envoyer
des enfants étudier le bulgare de l'autre côté du Danube, à Giurgiu.
Admises en même temps dans l'Union Européenne, le 1er janvier 2007,
la Roumanie et la Bulgarie n'entretenaient que très peu de rapports pendant la période communiste, et leurs habitants n'avaient pas manifesté
jusqu'à présent une grande curiosité réciproque
jeunes lecteurs est général et loin de
concerner la seule Roumanie. En
Belgique, une enquête a révélé que trop
d'élèves décrochaient face à un texte
complexe, 15 % d'entre eux éprouvaient
de sérieuses difficultés en primaire.
En Grande-Bretagne, récemment,
l'université de Cambridge annonçait au
terme d'une étude que les coûteux programmes d'apprentissage de la lecture
mis en œuvre n'avaient servi à rien. Les
730 millions d'euros dépensés depuis dix
ans ont eu un impact "relativement
faible" sur son enseignement était-il également indiqué.
Majoration de 80 % du montant
des bourses dès cette rentrée
L
e gouvernement a augmenté de 80 % le
montant des bourses accordées aux
élèves, lycéens, étudiants - elles passent à
65 €/mois -, post-universitaires - 75 €/ mois et
85 €/mois pour les doctorants - avec effet dès cette
rentrée.
Cette mesure concerne également les Moldaves
et Ukrainiens ou ressortissants d'autres pays, d'origine roumaine, étudiant en Roumanie, ainsi que les
étudiants étrangers bénéficiant de bourses roumaines. Les boursiers continuent par ailleurs à bénéficier de la gratuité des frais d'inscription. Leur bourse est suspendue s'ils redoublent, et rétablie en cas de
réussite l'année suivante.
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Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Santé
l
SATU
MARE
ORADEA
l
CLUJ
ARAD
l
SUCEAVA
l
IASI
TARGU
MURES
"Si j'avais su..."
l
BACAU
l
l
l
l
SIBIU
l
GALATI
TIMISOARA
PLOIESTI
T. SEVERIN
l
l
SLATINA
CRAIOVA
l
l
l
CERNAVODA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Trois mois de
vacances d'été en 2009
32
Les désillusions des jeunes
médecins rentrés au pays
La rentrée scolaire 2008 est prévue ce lundi 15 septembre, l'année
2008-2009 s'étalant sur 35 semaines
effectives d'école, organisée en deux
semestres, du 15 septembre au vendredi 30 janvier, du lundi 9 février au
vendredi 12 juin. Les écoles primaires bénéficient d'une coupure
supplémentaire du vendredi soir 24
octobre au lundi matin 3 novembre
(une semaine).
Les vacances de Noël se dérouleront du vendredi soir 19 décembre
au lundi matin 5 janvier (2 semaines),
celles d'hiver, du vendredi soir 30
janvier au lundi matin 9 février (une
semaine), de Pâques du vendredi
soir 10 avril au lundi matin 20 avril
(une semaine).
Les vacances d'été retrouvent
pratiquement leur rythme d'autrefois,
trois mois, du vendredi soir 12 juin
2009 au lundi matin 14 septembre.
Après le primaire, les élèves bénéficieront au total de quatre mois de
vacances; les enseignants seront
mobilisés environ trois semaines supplémentaires pour les surveillances
des examens, les corrections et pour
assurer la rentrée.
Lycée français
de Bucarest
Le gouvernement roumain a décidé de mettre gratuitement à la disposition du lycée français de Bucarest
2,4 hectares de terrain dans le secteur un de la capitale, à proximité de
l'académie de police, pour y construire un nouvel établissement appelé à
remplacer l'actuel lycée Anna de
Noailles, trop petit pour faire face à
la demande.
L
ucian Negreanu, gastro-entérologue de l'hôpital universitaire de Bucarest,
où il donne aussi des cours, est revenu de France voici deux ans. Après ses
études, le jeune praticien était parti se spécialiser dans ce pays, puis au
Danemark et en Allemagne, avant de terminer son cycle de formation à l'hôpital
François Rabelais de Tours, pendant 18 mois. Il avait décliné une offre d'embauche,
car il avait le mal du pays et souhaitait se stabiliser auprès de ses amis et de sa famille. Inscrit à la Société française et européenne de gastro-entérologie, Lucian, marié, un
enfant, regrette son choix: "En France, dans le secteur public, je gagnerais 3000 à
3500 € en tant que débutant, et beaucoup plus dans le privé; comme mes collègues,
je passerais mes vacances aux Canaries ou aux Maldives. Qu'est-ce que vous voulez
que je fasse avec les 600 € que je touche aujourd'hui quand l'appartement que je loue
me coûte déjà 400 €?". Le médecin se montre particulièrement mortifié d'en être
réduit à demander des bakchichs à ses patients ou de l'aide à ses parents.
"L'interne est considéré comme un cheval de labour"
Sa désillusion ne s'arrête pas à son salaire. "Ici, on ne te respecte pas. Tu n'as pas
de satisfactions professionnelles. Après six ans d'études particulièrement dures, un
concours d'internat très difficile, on t'accable de tâches administratives ; tu n'as pas
de véritable contact avec les malades. Non seulement, l'interne ne gagne pratiquement
rien, mais il est considéré comme un cheval de labour. En France, je recevais 1500 €
par mois, on m'avait fourni un logement confortable pour 200-300 €, bien en dessous
du prix du marché, et si je voulais faire une spécialité, je n'avais qu'à demander à
l'université qui me donnait l'argent sur un fonds spécial. On te préparait bien, tu sentais que tu devenais meilleur, que tu avais un avenir devant toi".
Lucian ne cache pas qu'il recommande à ses étudiants de partir. "Ils font tant de
sacrifices. Qu'est-ce que je peux leur dire? Qu'ils doivent accepter de se contenter de
végéter dans un hôpital de province avec 300-400 € par mois où on les aura envoyés
parce qu'on y manque de médecins et que les bonnes places sont réservées aux enfants
des pontes de l'université? Qu'ils devront en plus se débrouiller pour leur repas, leur
logement? Qu'ils auront à leur disposition un
équipement médical misérable, ne pourront
faire des radiographies ou des analyses élémentaires qu'une fois par semaine? Qu'ils
deviendront aigris, frustrés?".
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Près de 60 % des Roumains
souhaiteraient se faire soigner à l'étranger
Santé
U
ne étude commandée par Bruxelles indique que
57 % des Roumains souhaiteraient se faire soigner
à l'étranger et estiment que l'Etat devrait prendre
en charge les frais inhérents. Du vœu à la réalité, il existe un
fossé puisque seulement 2 % d'entre-eux le font, alors que la
moyenne des autres pays de l'UE est de 4 %, la Roumanie
occupant l'avant-dernier rang. Dans leurs motivations, les
patients roumains avancent à 90 % que leur traitement n'est
pas disponible sur place, qu'on est mieux soigné à l'étranger
(83 %), les spécialistes y étant meilleurs (60 %), le traitement
plus rapide (57 %) et moins cher (50 %)… en prenant en
considération les bakchichs à verser en Roumanie.
A contrario, 70 % d’entre eux ont indiqué qu'ils ne le faisaient pas car ils n'en avaient pas les moyens, 60 % parce qu'il
était plus commode d'être soignés près de chez eux, 42 % se
montrant satisfaits de la qualité des soins en Roumaine (la
moyenne est de 80 % dans les autres pays de l'UE). 40 % des
Roumains renonçaient à se rendre à l'étranger du fait du
Soins possibles dans tous les pays
membres pour les ressortissants de l'UE
Parallèlement à cette enquête, Bruxelles a indiqué qu'elle
préparait une directive permettant aux assurés sociaux de l'UE
de pouvoir se faire soigner dans tous les pays membres. Les
patients devront cependant payer le surcoût éventuel. Ainsi, un
Bucarestois qui aurait été opéré gratuitement de l'appendicite
dans un hôpital de la capitale roumaine devrait acquitter la différence entre le coût de l'intervention et de l'hospitalisation
dans son pays (300 €) et celui pratiqué par exemple à
Beauvais (1800 €), soit 1500 €, la Sécurité sociale roumaine
prenant en charge le solde manquant.
En théorie, cela était possible déjà, mais rares étaient les
établissement hospitaliers de l'UE acceptant des patients roumains et ayant passé des conventions avec leur pays.
A Slatina, des chirurgiens affirment opérer avec des sécateurs
P
rovocation devant leurs tristes
conditions de travail ou réalité ? Même Ionesco, natif de la
ville, aurait eu du mal à y croire, tellement le fait paraît énorme: des chirurgiens de l'hôpital d'urgence de Slatina
affirment qu'ils en sont réduits à opérer
avec des sécateurs pour tailler la vigne ou
des pinces coupantes de chantier, achetés
dans un magasin de bricolage voisin,
faute de dotation de leur établissement.
En outre, ils ont indiqué que le système
de stérilisation de l'eau ne fonctionne plus
depuis un an et demi, qu'ils se lavent les
mains dans deux lavabos sur lesquels on
a bricolé un filtre.
Les médecins orthopédistes utilisent
une vieille table d'opération de plus de 30
ans, sur laquelle leurs patients ne peuvent
pas s'étendre convenablement. Quant aux
malades, soutiennent-ils, ils sortent de la
salle d'opération pour être installés dans
des chambres communes où grouillent
des cafards et dont les draps des lits n'ont
pas été changés depuis des semaines.
Interrogée, la direction de l'hôpital a
assuré que le problème de l'eau avait été
résolu, indiquant que les "instruments" de
chirurgie évoqués… servaient à la décoration. Elle a demandé par ailleurs aux
chirurgiens de faire une liste du matériel
dont ils ont besoin pour l'acquérir dès
qu'elle touchera des fonds.
A savoir
Malades renvoyés chez eux
faute de médicaments
Presque tous repartent
Laura, une de ses collègues gynécologues,
débutante, s'apprête à partir en Grande
Bretagne. "Je n'ai rien à perdre. Je gagne
150 €, là-bas on m'en propose 15 fois plus". Ce n'est pas de gaîté de cœur, mais elle
vite fait ses calculs. "Ici, pour avancer, obtenir un poste de chirurgien ou de professeur universitaire, il faut que tu donnes un bakchich entre 30 et 50 000 €, en fonction
de la spécialité. C'est au-dessus de mes moyens et je ne sais pas comment je les récupèrerais". L'horizon est en outre bouché parce que le système de santé roumain, manquant d'hôpitaux suffisamment équipés, n'a pas la capacité d'absorber davantage de
spécialistes. Le constat est sans appel: pratiquement tous les jeunes médecins qui ont
eu la possibilité d'exercer en Occident et sont revenus au pays, sont repartis au bout
de quelques mois. Les autres y songent sérieusement. Lucian s'apprête à en faire de
même: "Je n'ai vu aucune volonté des autorités de retenir les jeunes. Si on leur offrait
des bonnes conditions de travail, un salaire décent, je ne vois pas pourquoi ils choisiraient de s'exiler à des milliers de kilomètres de chez eux".
manque d'information et de la barrière de la langue.
Afin d'attirer l'attention des médias et
faire réagir les pouvoirs publics, les
médecins du centre anticancéreux de l'hôpital municipal de Ploiesti ont décidé à la
mi-juillet de renvoyer chez eux une quarantaine de leurs patients qu'ils ne pouvaient plus soigner depuis le début du
mois, faute de médicaments, étant réduits
à leur administrer des vitamines et des
calmants.
55 000 nouveaux cas
de cancers chaque année
La Roumanie compte 355 000 personnes dont on a diagnostiqué un cancer
(1,7 % de la population), dont 4400
enfants, enregistrant 55 000 nouveaux
cas chaque année. Les spécialistes estiment que ce chiffre devrait augmenter de
2000 cas par an, avec les progrès du
dépistage mais aussi la mauvaise alimentation et le tabac. Le pays dispose de seulement 250 oncologues, nombre très
insuffisant pour faire face à ce fléau.
"Le juron d'Hippocrate"
"Le juron d'Hippocrate", a titré le
quotidien "Romania Libera" pour un
article consacré à la pratique médicale en
Roumanie, article selon lequel "dans les
hôpitaux roumains, les malades doivent
souvent subir également, outre de mauvais soins, la grossièreté du personnel
médical''. Le journal estime que "les
Roumains pourraient s'inspirer des systèmes médicaux de pays occidentaux où
sont organisés des cours de communication pour les médecins''.
Trop de césariennes
"Les Roumaines sont championnes
du monde des césariennes" note le quotidien "Gândul" ("La pensée"), indiquant
que leur taux atteint parfois 80 % du total
des niassances dans certains établissements, et entre 50 à 70 % à Bucarest,
contre environ 15 % dans le reste de la
planète. La raison? Des médecins et aussi
une population ancrés dans l'enseignement d'une école obstétrique qui a fait de
ce mode d'accouchement une tradition.
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"Si j'avais su..."
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PLOIESTI
T. SEVERIN
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BUCAREST
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Trois mois de
vacances d'été en 2009
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Les désillusions des jeunes
médecins rentrés au pays
La rentrée scolaire 2008 est prévue ce lundi 15 septembre, l'année
2008-2009 s'étalant sur 35 semaines
effectives d'école, organisée en deux
semestres, du 15 septembre au vendredi 30 janvier, du lundi 9 février au
vendredi 12 juin. Les écoles primaires bénéficient d'une coupure
supplémentaire du vendredi soir 24
octobre au lundi matin 3 novembre
(une semaine).
Les vacances de Noël se dérouleront du vendredi soir 19 décembre
au lundi matin 5 janvier (2 semaines),
celles d'hiver, du vendredi soir 30
janvier au lundi matin 9 février (une
semaine), de Pâques du vendredi
soir 10 avril au lundi matin 20 avril
(une semaine).
Les vacances d'été retrouvent
pratiquement leur rythme d'autrefois,
trois mois, du vendredi soir 12 juin
2009 au lundi matin 14 septembre.
Après le primaire, les élèves bénéficieront au total de quatre mois de
vacances; les enseignants seront
mobilisés environ trois semaines supplémentaires pour les surveillances
des examens, les corrections et pour
assurer la rentrée.
Lycée français
de Bucarest
Le gouvernement roumain a décidé de mettre gratuitement à la disposition du lycée français de Bucarest
2,4 hectares de terrain dans le secteur un de la capitale, à proximité de
l'académie de police, pour y construire un nouvel établissement appelé à
remplacer l'actuel lycée Anna de
Noailles, trop petit pour faire face à
la demande.
L
ucian Negreanu, gastro-entérologue de l'hôpital universitaire de Bucarest,
où il donne aussi des cours, est revenu de France voici deux ans. Après ses
études, le jeune praticien était parti se spécialiser dans ce pays, puis au
Danemark et en Allemagne, avant de terminer son cycle de formation à l'hôpital
François Rabelais de Tours, pendant 18 mois. Il avait décliné une offre d'embauche,
car il avait le mal du pays et souhaitait se stabiliser auprès de ses amis et de sa famille. Inscrit à la Société française et européenne de gastro-entérologie, Lucian, marié, un
enfant, regrette son choix: "En France, dans le secteur public, je gagnerais 3000 à
3500 € en tant que débutant, et beaucoup plus dans le privé; comme mes collègues,
je passerais mes vacances aux Canaries ou aux Maldives. Qu'est-ce que vous voulez
que je fasse avec les 600 € que je touche aujourd'hui quand l'appartement que je loue
me coûte déjà 400 €?". Le médecin se montre particulièrement mortifié d'en être
réduit à demander des bakchichs à ses patients ou de l'aide à ses parents.
"L'interne est considéré comme un cheval de labour"
Sa désillusion ne s'arrête pas à son salaire. "Ici, on ne te respecte pas. Tu n'as pas
de satisfactions professionnelles. Après six ans d'études particulièrement dures, un
concours d'internat très difficile, on t'accable de tâches administratives ; tu n'as pas
de véritable contact avec les malades. Non seulement, l'interne ne gagne pratiquement
rien, mais il est considéré comme un cheval de labour. En France, je recevais 1500 €
par mois, on m'avait fourni un logement confortable pour 200-300 €, bien en dessous
du prix du marché, et si je voulais faire une spécialité, je n'avais qu'à demander à
l'université qui me donnait l'argent sur un fonds spécial. On te préparait bien, tu sentais que tu devenais meilleur, que tu avais un avenir devant toi".
Lucian ne cache pas qu'il recommande à ses étudiants de partir. "Ils font tant de
sacrifices. Qu'est-ce que je peux leur dire? Qu'ils doivent accepter de se contenter de
végéter dans un hôpital de province avec 300-400 € par mois où on les aura envoyés
parce qu'on y manque de médecins et que les bonnes places sont réservées aux enfants
des pontes de l'université? Qu'ils devront en plus se débrouiller pour leur repas, leur
logement? Qu'ils auront à leur disposition un
équipement médical misérable, ne pourront
faire des radiographies ou des analyses élémentaires qu'une fois par semaine? Qu'ils
deviendront aigris, frustrés?".
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Près de 60 % des Roumains
souhaiteraient se faire soigner à l'étranger
Santé
U
ne étude commandée par Bruxelles indique que
57 % des Roumains souhaiteraient se faire soigner
à l'étranger et estiment que l'Etat devrait prendre
en charge les frais inhérents. Du vœu à la réalité, il existe un
fossé puisque seulement 2 % d'entre-eux le font, alors que la
moyenne des autres pays de l'UE est de 4 %, la Roumanie
occupant l'avant-dernier rang. Dans leurs motivations, les
patients roumains avancent à 90 % que leur traitement n'est
pas disponible sur place, qu'on est mieux soigné à l'étranger
(83 %), les spécialistes y étant meilleurs (60 %), le traitement
plus rapide (57 %) et moins cher (50 %)… en prenant en
considération les bakchichs à verser en Roumanie.
A contrario, 70 % d’entre eux ont indiqué qu'ils ne le faisaient pas car ils n'en avaient pas les moyens, 60 % parce qu'il
était plus commode d'être soignés près de chez eux, 42 % se
montrant satisfaits de la qualité des soins en Roumaine (la
moyenne est de 80 % dans les autres pays de l'UE). 40 % des
Roumains renonçaient à se rendre à l'étranger du fait du
Soins possibles dans tous les pays
membres pour les ressortissants de l'UE
Parallèlement à cette enquête, Bruxelles a indiqué qu'elle
préparait une directive permettant aux assurés sociaux de l'UE
de pouvoir se faire soigner dans tous les pays membres. Les
patients devront cependant payer le surcoût éventuel. Ainsi, un
Bucarestois qui aurait été opéré gratuitement de l'appendicite
dans un hôpital de la capitale roumaine devrait acquitter la différence entre le coût de l'intervention et de l'hospitalisation
dans son pays (300 €) et celui pratiqué par exemple à
Beauvais (1800 €), soit 1500 €, la Sécurité sociale roumaine
prenant en charge le solde manquant.
En théorie, cela était possible déjà, mais rares étaient les
établissement hospitaliers de l'UE acceptant des patients roumains et ayant passé des conventions avec leur pays.
A Slatina, des chirurgiens affirment opérer avec des sécateurs
P
rovocation devant leurs tristes
conditions de travail ou réalité ? Même Ionesco, natif de la
ville, aurait eu du mal à y croire, tellement le fait paraît énorme: des chirurgiens de l'hôpital d'urgence de Slatina
affirment qu'ils en sont réduits à opérer
avec des sécateurs pour tailler la vigne ou
des pinces coupantes de chantier, achetés
dans un magasin de bricolage voisin,
faute de dotation de leur établissement.
En outre, ils ont indiqué que le système
de stérilisation de l'eau ne fonctionne plus
depuis un an et demi, qu'ils se lavent les
mains dans deux lavabos sur lesquels on
a bricolé un filtre.
Les médecins orthopédistes utilisent
une vieille table d'opération de plus de 30
ans, sur laquelle leurs patients ne peuvent
pas s'étendre convenablement. Quant aux
malades, soutiennent-ils, ils sortent de la
salle d'opération pour être installés dans
des chambres communes où grouillent
des cafards et dont les draps des lits n'ont
pas été changés depuis des semaines.
Interrogée, la direction de l'hôpital a
assuré que le problème de l'eau avait été
résolu, indiquant que les "instruments" de
chirurgie évoqués… servaient à la décoration. Elle a demandé par ailleurs aux
chirurgiens de faire une liste du matériel
dont ils ont besoin pour l'acquérir dès
qu'elle touchera des fonds.
A savoir
Malades renvoyés chez eux
faute de médicaments
Presque tous repartent
Laura, une de ses collègues gynécologues,
débutante, s'apprête à partir en Grande
Bretagne. "Je n'ai rien à perdre. Je gagne
150 €, là-bas on m'en propose 15 fois plus". Ce n'est pas de gaîté de cœur, mais elle
vite fait ses calculs. "Ici, pour avancer, obtenir un poste de chirurgien ou de professeur universitaire, il faut que tu donnes un bakchich entre 30 et 50 000 €, en fonction
de la spécialité. C'est au-dessus de mes moyens et je ne sais pas comment je les récupèrerais". L'horizon est en outre bouché parce que le système de santé roumain, manquant d'hôpitaux suffisamment équipés, n'a pas la capacité d'absorber davantage de
spécialistes. Le constat est sans appel: pratiquement tous les jeunes médecins qui ont
eu la possibilité d'exercer en Occident et sont revenus au pays, sont repartis au bout
de quelques mois. Les autres y songent sérieusement. Lucian s'apprête à en faire de
même: "Je n'ai vu aucune volonté des autorités de retenir les jeunes. Si on leur offrait
des bonnes conditions de travail, un salaire décent, je ne vois pas pourquoi ils choisiraient de s'exiler à des milliers de kilomètres de chez eux".
manque d'information et de la barrière de la langue.
Afin d'attirer l'attention des médias et
faire réagir les pouvoirs publics, les
médecins du centre anticancéreux de l'hôpital municipal de Ploiesti ont décidé à la
mi-juillet de renvoyer chez eux une quarantaine de leurs patients qu'ils ne pouvaient plus soigner depuis le début du
mois, faute de médicaments, étant réduits
à leur administrer des vitamines et des
calmants.
55 000 nouveaux cas
de cancers chaque année
La Roumanie compte 355 000 personnes dont on a diagnostiqué un cancer
(1,7 % de la population), dont 4400
enfants, enregistrant 55 000 nouveaux
cas chaque année. Les spécialistes estiment que ce chiffre devrait augmenter de
2000 cas par an, avec les progrès du
dépistage mais aussi la mauvaise alimentation et le tabac. Le pays dispose de seulement 250 oncologues, nombre très
insuffisant pour faire face à ce fléau.
"Le juron d'Hippocrate"
"Le juron d'Hippocrate", a titré le
quotidien "Romania Libera" pour un
article consacré à la pratique médicale en
Roumanie, article selon lequel "dans les
hôpitaux roumains, les malades doivent
souvent subir également, outre de mauvais soins, la grossièreté du personnel
médical''. Le journal estime que "les
Roumains pourraient s'inspirer des systèmes médicaux de pays occidentaux où
sont organisés des cours de communication pour les médecins''.
Trop de césariennes
"Les Roumaines sont championnes
du monde des césariennes" note le quotidien "Gândul" ("La pensée"), indiquant
que leur taux atteint parfois 80 % du total
des niassances dans certains établissements, et entre 50 à 70 % à Bucarest,
contre environ 15 % dans le reste de la
planète. La raison? Des médecins et aussi
une population ancrés dans l'enseignement d'une école obstétrique qui a fait de
ce mode d'accouchement une tradition.
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Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Emigration
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Dans la Somme, l'amertume... après
"Bienvenue chez les Picards"
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Seboncourt a perdu
son médecin roumain
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Colis volés par
des transporteurs
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Beaucoup d'émigrés partis travailler à l'étranger essaient de compenser leur absence auprès de leurs
enfants ou parents en leur envoyant
des colis contenant des sucreries,
des vêtements, des bijoux, de l'argent, notamment au moment des
grandes fêtes comme Pâques ou
Noël s'ils ne peuvent pas faire le
déplacement.
Les minibus et leurs remorques
effectuant la navette font alors le
plein de paquets. Mais le plus souvent, les transporteurs qui convoient
des chargements de plusieurs milliers d'euros, voire de dizaines de
milliers, n'offrent aucune garantie à
l'expéditeur que son envoi arrivera à
bon port. Ces derniers ne reçoivent
même pas un justificatif comme un
bordereau d'expédition.
Des colis disparaissent donc,
comme cela a encore été le cas à
Pâques pour des minibus en provenance d'Italie, et particulièrement de
Turin, à destination de Galati. Le
transporteur trouve toujours une
excuse, assurant par exemple que la
remorque s'est retournée, que les
paquets se sont défaits, qu’on ne lui
a rien remis, etc.
Le chargement étant le plus souvent destiné à des enfants ou à des
personnes âgées, il est presque certain que ceux-ci ne porteront pas
plainte.
Une fois son mauvais coup réalisé,le transporteur indélicat attend un
peu et recommence, si besoin vers
une autre destination, abusant de la
crédulité de dizaines d'autres travailleurs émigrés.
N
ous sommes très déçus!" Gérard Feuillette, maire de Seboncourt
(Somme), ne cache pas son amertume. La petite commune de 1 150 âmes
vient de perdre son unique médecin (notre photo) qu'elle avait fait venir
de… Roumanie. L'élu n'avait pourtant pas ménagé sa peine pour que ses administrés
bénéficient de soins de proximité. Quand, en juin 2007, le "médecin de famille" du village décide de prendre sa retraite, le maire entame des recherches. Il dépose plusieurs
annonces via des journaux spécialisés et Internet, prospecte à travers l'Europe du Sud
et le Maghreb avant de trouver enfin un candidat en Roumanie.
"Devant la pénurie de médecins, beaucoup d'élus de petites communes font venir
des médecins de l'Europe de l'Est, et les Roumains, dont le niveau de vie est très faible,
sont les premiers candidats", explique Xavier Deau, au Conseil national de l'ordre des
médecins. "L'année dernière, nous avons traité environ 800 dossiers de médecins roumains". Quelques agences, comme l'Arime,
se sont même spécialisées dans ces
recherches et facturent aux élus des sommes
allant jusqu'à plusieurs dizaines de milliers
d'euros pour un recrutement. Ces médecins
étrangers exercent pour les deux tiers à l'hôpital et pour un tiers en cabinet libéral.
Le Conseil de l'ordre, qui veille à ce que
les candidats possèdent les diplômes en
bonne et due forme, estime que 5 % des dossiers posent problèmes (présentation de faux,
équivalence non homologuée...).
Parti sans expliquer son geste
"Certaines universités, notamment en
Roumanie, ne sont pas très rigoureuses sur
la réalité du nombre d'années d'étude effectuées", regrette-t-il. Mais, une fois ce tri administratif effectué, "beaucoup de greffes
prennent, d'autres pas…", estime Xavier Deau. Comme à Seboncourt où le maire
n'avait pas hésité à se lancer dans des travaux d'aménagement pour que le médecin
trouve ses marques en Picardie.
"Nous avions estimé que cet homme, venant de Roumanie avec presque rien, il
était de notre devoir de le loger aux frais de la municipalité. Nous avons même réaménagé l'ancien cabinet médical que nous avons remis entièrement à neuf et ce, grâce à
la générosité du conseil général mais également des habitants de la commune". Le
maire s'était aussi démené pour l'obtention rapide d'un permis de séjour en règle. Bref,
c'était un peu "Bienvenue chez les Picards" !
Jusqu'à ce que les habitants découvrent fin juillet la disparition de leur toubib. Pas
un mot pour expliquer ce geste. Il aurait estimé ses revenus insuffisants. "Je crois que,
venant d'une économie administrée, il n'avait pas intégré la notion de revenu par le
travail…" analyse, amer, Gérard Feuillette. Il gardait ses patients en consultation près
d'une heure et demie, pendant que les autres, las d'attendre, s'en allaient."
Les habitants que le médecin aurait jugés "trop pauvres" se sentent meurtris. "Tout
le monde avait mis du sien pour l'accueillir", déplorent-ils. Seboncourt, la mort dans
l'âme, devra attendre encore longtemps avant de profiter de son cabinet médical rénové. "J'ai commencé à nouveau les recherches, mais je ne me fais pas trop d'illusions",
ajoute le maire.
Matthieu Delaunay (Le Figaro)
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
La langue roumaine
en mauvaise posture en Europe
Enseignement
L
'apprentissage de la langue roumaine à l'étranger,
mais aussi la connaissance de la culture roumaine,
sont en chute libre si on en croit un journaliste de
"Gardianul" qui a interviewé une professeur universitaire de
français de Craiova, Dana Dumitriu, titulaire d'un doctorat et
qui a enseigné sa langue maternelle à l'université de Marne la
Vallée. Selon elle, la situation est encore plus préoccupante en
Europe qu'aux Etats-Unis.
S'appuyant sur son expérience, Dana Dumitriu relève que
sur les 11 lectorats de langue roumaine qui existaient en
France en 1995, il n'en subsiste plus que 7. "Les universités
françaises engagent des lecteurs roumains avec le statut de
personnel auxiliaire et non de professeur, bien qu'ils aient un
doctorat. Ils sont payés au mieux 1200 euros par mois, alors
que les étudiants français préparant leur doctorat gagnent
entre 1500 et 1800 euros" soutient l'universitaire qui souligne
qu'en dehors des universités de Paris et de Marseille, aucune
autre ne respecte le protocole de Bologne: "Les cours ne sont
pas structurés jusqu'à la licence. Ils ne sont répartis que sur 2
ou 3 ans et, à leur terme, le diplôme délivré n'a aucune valeur,
n'est pas reconnu. Il s'agit en fait d'une simple attestation". Et
Dana Dumitriu de ne pas s'étonner de voir les effectifs des étudiants s'inscrivant en première année de cours de roumain passer de 20 à 40… à guère plus de 5, l'année suivante.
Le ministère roumain de l'Education s'est dit conscient du
problème et envisage de revaloriser le statut de lecteurs partant
à l'étranger, en leur attribuant une indemnité supplémentaire
variant de 1000 à 2000 euros par mois, suivant le pays de destination, à laquelle s'ajouterait une prime de 100 euros pour les
frais, portée à 500 euros pour les USA.
Apprentissage de la lecture : les élèves roumains
et bulgares en queue de classe dans une UE qui régresse
P
rès d'un quart des Européens
âgés de 15 ans ont de faibles
compétences en lecture. Zéro
pointé pour la France qui est passée de
15,2% d'élèves en difficulté en 2000 à
21,7% en 2006! Mais c'est encore pire
pour la Roumanie qui, avec 53,5 %
d'élèves médiocres, et la Bulgarie
(51,1 %), atteignent les bas-fonds du
classement. C'est le principal constat du
rapport annuel sur les systèmes d'enseignement de l'Union Européenne, que la
Commission européenne vient de présenter. Réduire fortement la part de jeunes
de 15 ans ayant de mauvais résultats en
lecture était pourtant l'un des objectifs
affichés en 2000. Cet idéal est loin d'être
atteint, puisque le taux est passé de
21,3 % en 2000 à 24,1 % en 2007.
La situation s'est également détériorée en Allemagne, en Italie, en Espagne et
au Portugal. Dans les pays bons élèves, la
Finlande est en tête, très loin devant tout
le monde, avec seulement 4,8 % de mauvais élèves, suivie de l'Irlande (12,1 %) et
de l'Estonie (13,6 %). Les Pays-Bas et la
Suède ont d'assez bons résultats, mais
n'ont pas progressé au contraire de la
Pologne.
Le constat de la médiocrité des
Bulgarie-Roumanie : Vorbiti româneste ?
A
Ruse, principale ville bulgare sur le Danube, ils seraient des
centaines de jeunes lycéens à vouloir apprendre la langue de
leurs voisins roumains, raconte le quotidien à grand tirage
"Standart", de Sofia. Ce qui a conduit la direction du prestigieux Lycée
britannique de la ville (un établissement d'élite où est dispensé un enseignement intensif de l'anglais) à ouvrir cette année une classe où l'on
apprendra le roumain en deuxième langue. Cette classe sera limitée à 28
élèves, a prévenu le Lycée britannique, qui a précisé "crouler sous les
demandes". Cet intérêt linguistique est réciproque, rappelle "Standart",
qui rapporte que les autorités roumaines ont même envisagé d'envoyer
des enfants étudier le bulgare de l'autre côté du Danube, à Giurgiu.
Admises en même temps dans l'Union Européenne, le 1er janvier 2007,
la Roumanie et la Bulgarie n'entretenaient que très peu de rapports pendant la période communiste, et leurs habitants n'avaient pas manifesté
jusqu'à présent une grande curiosité réciproque
jeunes lecteurs est général et loin de
concerner la seule Roumanie. En
Belgique, une enquête a révélé que trop
d'élèves décrochaient face à un texte
complexe, 15 % d'entre eux éprouvaient
de sérieuses difficultés en primaire.
En Grande-Bretagne, récemment,
l'université de Cambridge annonçait au
terme d'une étude que les coûteux programmes d'apprentissage de la lecture
mis en œuvre n'avaient servi à rien. Les
730 millions d'euros dépensés depuis dix
ans ont eu un impact "relativement
faible" sur son enseignement était-il également indiqué.
Majoration de 80 % du montant
des bourses dès cette rentrée
L
e gouvernement a augmenté de 80 % le
montant des bourses accordées aux
élèves, lycéens, étudiants - elles passent à
65 €/mois -, post-universitaires - 75 €/ mois et
85 €/mois pour les doctorants - avec effet dès cette
rentrée.
Cette mesure concerne également les Moldaves
et Ukrainiens ou ressortissants d'autres pays, d'origine roumaine, étudiant en Roumanie, ainsi que les
étudiants étrangers bénéficiant de bourses roumaines. Les boursiers continuent par ailleurs à bénéficier de la gratuité des frais d'inscription. Leur bourse est suspendue s'ils redoublent, et rétablie en cas de
réussite l'année suivante.
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Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Les pouvoirs publics
encouragent le développement
du baccalauréat international
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L'histoire du
communisme roumain
matière optionnelle
en classe de terminale
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Qui est Ceausescu, que voulait
dire "régime communiste", combien
celui-ci a-t-il fait de victimes ? Autant
de questions - et bien d'autres - auxquelles les jeunes ne savent pas
répondre. Dans une lettre au ministre
de l'Education, l'écrivaine et ancienne
dissidente Ana Blandiana, présidente
de l'Académie civique, demande que
l'histoire du communisme soit enseignée dans le tronc commun des
élèves de terminale comme matière
obligatoire, au rythme d'une heure
hebdomadaire, et qu'elle figure aux
épreuves du baccalauréat.
i les étudiants de l'UE munis de leur baccalauréat national peuvent s'inscrire dans une université roumaine sans problème, l'inverse n'est pas vraie.
Seulement six des 27 états membres accueillent des étudiants roumains
munis de ce diplôme. Dans la majorité des cas, ils seront sélectionnés sur dossier. En
France, le parcours pour être admis est particulièrement difficile, avec un examen
général, portant notamment sur la connaissance du français, et un autre concernant
l'enseignement souhaité; seulement 40 % des candidats les réussissent.
Pour aider les jeunes Roumains à franchir ces obstacles, le gouvernement a décidé d'impulser la mise en place du baccalauréat international (BI) en lui consacrant dès
cette année un budget de 4M€ pour son introduction dans une centaine d'établissements secondaires. Trois lycées d'Etat sont immédiatement concernés: le collège
national Mircea l'Ancien de Râmnicu Vâlcea, le lycée pédagogique Matei Basarab de
Slobozia, le collège national Barbu Stirbei de Calarasi. Jusqu'ici, seuls deux établissements privés de Bucarest préparaient à ce diplôme: l'école américaine, depuis 1997,
l'école internationale Mark Twain, depuis 2006.
Vingt mille euros la place
pour mendier à Saragosse
Emigration
M
endier est un métier, qui a ses règles, comme à
Saragosse en Espagne où vivent de nombreux
Roumains dont des Tsiganes qui y ont émigré,
ces derniers occupant les lieux stratégiques que sont la place
centrale et la cathédrale Pilar, lesquelles offrent huit places de
mendicité. "Chacun sait ce qu'il doit faire ou non" a expliqué
à "Romania Libera" l'un d'entre eux, Istrate, venu "faire de
l'argent en Espagne". "Il ne faut pas prendre la place d'un
autre, payer chaque jour le "chef". Ce n'est pas obligatoire
d'être Tsigane et c'est mieux si on est un peu artiste". Il ajoute: "Mais il faut venir déjà avec un peu d'argent pour le voyage et surtout pour acheter ou louer la place où tu vas mendier". Celle-ci coûte entre 15 000 et 20 000 €, si elle est bien
située, c'est-à-dire dans un endroit où on peut plus facilement
apitoyer les passants. Et comme la concurrence est rude, il
vaut mieux être recommandé auprès d'un "chef" qui organise
ce "commerce".
Les mendiants se mettent à plusieurs pour payer l'emplacement et se partagent les journées, matin, après-midi ou soirée. "C'est un travail facile" reconnaît Istrate, "mais ce n'est
plus comme avant: il y a beaucoup de travailleurs roumains à
Saragosse et quant ils nous voient, ils nous injurient, crient
qu'on les déconsidèrent, et les gens entendent et ne donnent
plus".
Originaire de Galati, le Tsigane se souvient des "jours
heureux", voici trois-quatre ans, où il gagnait jusqu'à 400 à
500 € quotidiennement les jours de fête. La somme ne lui
revenait pas intégralement. Il lui fallait payer la taxe de protection au "chef" et la location de l'emplacement, mais il
conservait la moitié de ses gains. Aujourd'hui, devenu luimême "chef", Istrate arrondi ses fins de mois en jouant de l'accordéon à la porte d'un bar. Il fait également la chasse aux
Colombiens qui essaient de prendre les bonnes places et se
montre fier de les avoir repoussés à la porte de la ville.
Pas un sésame automatique
A savoir
L'adaptation des programmes et des enseignements, très différents de ceux du bac
national, exige un investissement initial de l'ordre de 40 000 €, puis une contribution
annuelle de 4000 € de la part des établissements. Les élèves, qui doivent suivre deux
années initiales de cours en anglais, paient 450 € de frais d'inscription à l'examen. Le
BI existe depuis 1968, à l'initiative d'une organisation genevoise à but non lucratif.
2300 établissements répartis entre 129 pays permettent de le préparer. Pour autant, son
obtention n'est pas un sésame permettant d'accéder automatiquement l'entrée dans
l'enseignement supérieur d'un autre pays. S'il est reconnu en France et en Grande
Bretagne… leurs titulaires doivent s'assurer que les universités auxquelles ils postulent les acceptent. Il n'est pas suffisant aux Pays bas et en Suède. En Allemagne, il
contribue seulement à l'évaluation des candidatures. Toutefois, d'une manière générale, ce diplôme permet d'ouvrir grandement les portes des facultés étrangères. La première promotion roumaine est attendue en 2010.
Ana
Blandiana
Le gouvernement a introduit cet
enseignement par décret le 7 juillet
dernier mais seulement comme matière optionnelle, ce qui fait douter l'écrivaine de son efficience, cette mesure
étant laissée à l'appréciation des inspecteurs et directeurs d'écoles. Ana
Blandiana et sont mari Romulus
Rusan sont les organisateurs de l'école d'été de Sighet qui réunit une centaine de jeunes Roumains et
Moldaves venant d'achever le lycée,
ainsi que des professeurs d'histoire,
pour une semaine de conférences sur
l'étude de la période du communisme
en Roumanie. Ce séminaire se déroule dans l'enceinte même de l'ancienne
prison pour détenus politiques, transformée en mémorial.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Pour plus de 20 000 €, la directrice distribuait
les sujets du bac... et les solutions à ses élèves
L
a directrice d'un lycée privé de
Sighetu Marmatiei (Maramures) a été placée en détention
provisoire, à la mi-juillet. Lors d'une perquisition à son domicile, la police a
découvert environ 22 500 €, qui proviendraient des candidats au bac. Selon le
Parquet anti-corruption (DNA), "une
quarantaine d'enseignants au total ont
été impliqués dans cette tentative de fraude". Meda Leordean, la directrice impliquée a notamment "convaincu ses enseignants de résoudre les sujets d'examen,
avant de distribuer les solutions aux
élèves", a précisé le DNA. Une élève suivant les cours du soir de ce lycée a recon-
nu avoir collecté auprès de ses camarades
environ 27 000 €, qui devaient être remis
à la directrice. La police disposerait de
nombreux enregistrements de conversations téléphoniques confirmant ces accusations. Collecter de l'argent pour acheter
la bienveillance des correcteurs est une
règle fréquente en Roumanie, malgré
l’interdiction formelle du ministère de
l'Enseignement. Le bac organisé cette
année a été émaillé de nombreuses tentatives de fraude. 270 lycéens ont été éliminés après avoir été surpris en train de
copier, tandis qu'une cinquantaine de correcteurs ont été sanctionnés pour avoir
fermé les yeux sur de telles pratiques.
Un million d'habitants
en moins en 10 ans
La population de la Roumanie a
baissé de 4,5% entre 1997 et 2007, alors
qu'elle a augmenté en moyenne de 3,4 %
dans l'ensemble de l'UE, selon les
chiffres du Bureau des statistiques des
communautés européennes (Eurostat).
Elle comptait l'an passé 21 565 000 habitants contre 22 582 000 en 1997, soit une
perte de un million d'habitants en un an.
Le pays ayant enregistré la plus grande
croissance de la population a été l'Irlande
(18%), suivie par Chypre (16,9%), le
Luxembourg (14,2%) et l'Espagne
(12,5%). La population a baissé dans 8
pays membres de l'UE, les plus grands
déclins étant enregistrés en Bulgarie
(-7,9%), la Lettonie (-6,7%) et la
Lituanie (-5,7%).
La Roumanie
réclame à Rome
le retour de 2300 enfants
Bucarest réclame aux autorités italiennes le retour de 2300 enfants roumains sans parents, parfois amenés illégalement en Italie en vue d'une adoption.
55 nouveaux cas ont été enregistrés
depuis le début de l'année. Une convention a été négociée entre les deux pays
pour mettre fin à cette situation mais
Rome met beaucoup de mauvaise volonté à vouloir la signer, ce qui a conduit la
sous-secrétaire d'Etat roumaine chargée
de la protection de l'enfance à menacer
l'Italie de poursuites devant la justice
européenne.
Travailleurs émigrés
arrachés des griffes
d'esclavagistes
En collaboration avec la police roumaine, la police de Wexford, dans le sudest de l'Irlande, a arraché des griffes d'un
réseau esclavagiste plus d'une centaine de
travailleurs émigrés roumains qu'il avait
attirés en Irlande contre la promesse d'y
trouver un emploi dans la construction ou
les services d'entretien, après versement
de 2500 €. Sur place, ces travailleurs
devaient en outre remettre un tiers de leur
salaire, les récalcitrants étant menacés de
voir leur famille restée en Roumanie, battue ou torturée. La police roumaine a
arrêté trois membres du réseau, un père et
ses deux fils, originaires de la commune
de Lovrin dans le judet de Timis.
Turcs clandestins cachés
dans 20 tonnes d'abricots
Début août, la police des frontières
de Nadlac (Arad) a découvert 19 citoyens
Turcs, de18 à 49 ans, cachés dans un TIR
transportant 20 tonnes d'abricots à destination de l'Allemagne. Dépourvus de
visas Schengen, ils tentaient de gagner ce
pays. Quelques semaines auparavant, au
poste frontière voisin de Varsand, ce sont
12 Moldaves et 22 Turcs qui avaient été
trouvés dans deux TIR et qui souhaitaient
aller travailler également en Allemagne,
mais aussi en Italie.
Améliorer
l'image à l'étranger
Bucarest va investir 7,8 millions
d'euros dans des campagnes de communication visant à améliorer l'image des
Roumains en Italie et en Espagne.
L'initiative a pour but d'offrir des informations alternatives au "discours médiatique émotionnel généré par les infractions commises par certains citoyens
d'origine roumaine" dans ces deux pays,
explique un communiqué de l'Agence
pour les Stratégies Gouvernementales
(ASG). En Italie, seront présentées des
spécificités culinaires roumaines. Un site
Internet sera créé pour montrer la
Roumanie sous un autre angle. En
Espagne, "où les Roumains ont une
image meilleure qu'en Italie", selon le
directeur de l'ASG, Dan Jurcan, la campagne sera basée sur la diffusion à la télévision de messages publicitaires illustrant
la réussite d'immigrés roumains.
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Les NOUVELLES de ROUMANIE
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Mgr Tit Simidrea
reconnu "Juste
parmi les nations"
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Insolite
Congés de maternité pour policiers ventripotents
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lexandru Hordila, chef de la police de Iasi a tapé du poing sur la table. Vexé de voir
ses 660 subalternes régulièrement moqués pour le ventre qu'ils affichaient, il leur a
enjoint de profiter de l'été pour retrouver la ligne, mettant à leur disposition une salle
d'entraînement afin qu'ils puissent se préparer aux quatre épreuves qu'il voulait leur faire passer à
la mi-juillet: endurance, vitesse, agilité et auto-défense. Pour les aiguillonner, il avait agité la menace de les renvoyer à des tâches subalternes en les remplaçant par les 83 nouveaux policiers qu'il
devait engager à la fin de ce même mois, 300 candidats plus jeunes et plus longilignes s'étant déclarés. La menace n'a été d'aucun effet: les plus bedonnants se sont mis immédiatement en congé, certains sans solde, pour échapper aux tests. Ceux qui les avaient épuisé ont pris des congés maternité, prétextant que leur femme était sur le point d'accoucher… des psychologues estimant qu'ils faisaient un transfert. Lorsqu'ils sont engagés, les policiers ne subissent aucune épreuve sportive,
l'Agence Nationale des Fonctionnaires publics ayant estimé que ce serait discriminatoire.
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REGHIN
Communier dans
une autre église est un
péché pour les orthodoxes
Métropolite de Bucovine pendant
la seconde Guerre mondiale, Mgr Tit
Simidrea devrait être prochainement
reconnu par Israël "Juste parmi les
nations", à titre posthume, devenant
le 56ème Roumain honoré par l'Etat
hébreu pour avoir sauvé des juifs en
mettant sa vie en danger.
Le courage du hiérarque orthodoxe de Cernauti avait été salué par
de nombreuses personnes qui lui
devaient leur salut à l'époque de
l'Holocauste, le centre d'histoire de
la communauté juive de Roumanie
renforçant leurs témoignages grâce
à des archives découvertes récemment, illustrant son rôle de sauveur,
au mépris de sa position et de sa
liberté.
Le titre de "Juste parmi les
nations" a été créé par la Knesset
(parlement israélien) en 1953, quatre
ans après la création de l’état
hébreu, afin de remercier les nonjuifs qui s'étaient illustrés par leurs
actes pendant la barbarie nazie et
est attribué par l'Autorité des Martyrs
de l'Holo- causte et de la
Commémoration des Héros "Yad
Vashem" de Jérusalem. Il a surtout
été décerné après le procès
d'Eichmann, en 1963, qui avait révélé l'ampleur de la solidarité dont
avaient pu bénéficier les juifs de la
part de simples particuliers.
Au 1er janvier 2007, 21 700 personnes de 41 pays l'avaient reçu.
Toutefois, certains bienfaiteurs de la
communauté juive l'ont refusé pour
des raisons morales, religieuses ou
politiques.
L
es prêtres et les fidèles orthodoxes sont interdits de communion dans une
autre église, sous peine de sanctions, a décrété l'Eglise orthodoxe roumaine après qu'un métropolite eut provoqué un tollé en recevant l'eucharistie
des mains d'un prêtre uniate. "Aucun hiérarque, prêtre ou fidèle orthodoxe ne pourra
communier dans une autre église", a décidé le saintsynode au cours d'une réunion à Bucarest, en précisant que les sanctions pouvaient aller jusqu'à l'excommunication pour les religieux et l'exclusion de
la communion pour les laïcs.
Le synode a toutefois décidé de ne pas punir le
métropolite du Banat, Nicolae Corneanu, dont la
communion dans une église uniate (catholique de
rite byzantin) avait "semé le trouble" parmi les
orthodoxes. "Le regret et le repentir du métropolite
ont été considérés comme un pas dans la bonne
voie", a-t-il estimé. La hiérarchie de l'Eglise orthodoxe a en outre décrété que son clergé était "interdit de concélébration des sacrements avec des religieux d'autres cultes",
une décision visant l'évêque d'Oradea, Sofronie, qui avait célébré l'Epiphanie aux
côtés d'un évêque uniate. Mgr Sofronie a aussi bénéficié du pardon du synode.
Majoritaire en Roumanie, l'Eglise orthodoxe compte environ 18 millions de fidèles,
soit 88% de la population, mais le nombre de pratiquants est très nettement inférieur.
Un évêque à nouveau mis en cause
pour ses liens avec la Securitate
M
onseigneur Casian Craciun, évêque du Bas - Danube, comparaîtra
devant le tribunal de Bucarest le 22 septembre prochain à la demande
du CNSAS (Conseil National pour l'Etude
des Archives de la Securitate). L'organisme chargé de
démasquer les collaborateurs de l'ancienne police politique
occupant aujourd'hui des fonctions importantes a révélé
qu'il avait été un de ses informateurs pendant une dizaine
d'années, de 1981 jusqu'après la "Révolution", en 1991,
ayant même proposé à son successeur, le SIE (Service
d'Information Externe) de continuer à coopérer.
Casian Craciun avait été recruté sous Ceausescu sur
proposition du département des cultes, afin d'être envoyé à
l'étranger pour espionner et infiltrer les milieux de l'émigration roumaine et leurs
médias. Il avait opéré successivement sous les noms de code de Crin, Casius et Casio
et ses "employeurs", satisfaits de ses services, l'auraient récompensé en lui remettant
des sommes d'argent. Le futur évêque avait ainsi fourni d'importantes informations sur
les Roumains résidant en France et en Allemagne, les étudiants envoyés dans ces pays
et qui refusaient de rentrer au bercail. Il avait été également formé par des officiers de
la Securitate pour recruter d'autres collaborateurs, fournir des renseignements sur les
visiteurs étrangers invités en Roumanie par l'épiscopat roumain, sur les Roumains animant "Radio Europe Libre", l'Union des Roumains libres et les cercles proches du
Roi Michel, puis l'Association des anciens détenus politiques.
Mgr Casian Craciun n'est pas le premier hiérarque de l'Eglise orthodoxe mis en
cause pour ses liens avec la Securitate, ni le premier Roumain auquel celle-ci avait
confié des missions de surveillance de leurs compatriotes à l'étranger. Ces révélations
expliquent la méfiance instinctive qu'entretenaient entre-eux les Roumains de la diaspora et qui a perduré assez longtemps après les évènements de décembre 1989.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le maire voulait
son bac à tout prix
M
aire de la commune d'Ibanesti
(judet de Vaslui), Bogdan Pletea,
40 ans, n'avait retenu qu'une partie des conseils que lui avait ressassés autrefois
son instituteur : "Pour réussir, il faut travailler
et avoir des diplômes". Fin juin, il s'est donc
présenté aux épreuves du bac qui se déroulaient
dans le lycée de la commune voisine de Zorleni,
passant avec succès les épreuves orales, obtenant même la note de 9 sur 10 en français. Mais
les surveillants l'ont surpris en train de consulter
des notes dissimulées dans sa poche lors de
l'examen de roumain et l'ont exclu de la salle.
En 2004, Bogdan Pletea avait déjà été poursuivi
et condamné pour avoir trafiqué son carnet de
travail, faisant état d'un faux diplôme universitaire, afin de décrocher un emploi qualifié.
Heureusement pour lui, il n'a dû présenter aucun
parchemin du même genre à ses électeurs pour
être candidat lors des élections municipales de
juin, ceux-ci ne lui mégotant pas leur confiance,
puisqu'ils l'ont reconduit comme maire… sans
chercher à savoir s'il y avait eu bourrage des
urnes ou non.
La valeur n’attend
pas le nombre des
années... ou outrage
à personnes âgées ?
Miroir aux alouettes
N
ouvellement engagée, la jeune secrétaire d'une firme de construction de Sibiu a découvert avec surprise en lisant son contrat d'embauche, qu'outre les tâches habituelles - conduire les voitures de
service, s'occuper du fax, taper le courrier - elle devait également veiller au
bien-être de son patron et de l'actionnaire majoritaire de la société "en leur dispensant des massages de relaxation, des body-massages et des massages érotiques". Finalement, la jeune fille n'a enlevé que son tablier… pour le rendre à
ses éphémères employeurs, trouvant là l'explication du salaire confortable 1000 € par mois - qu'ils lui avaient proposé.
Radar anti-tricherie
E
29
chaudée par le nombre de fraudes qui ont émaillé la
tenue du dernier baccalauréat, entraînant l'arrestation
de candidats et d'une directrice de lycée à Sighet, la
direction de l'Université polytechnique de Timisoara a décidé de
se prémunir contre les éventuels agissements de ses propres étudiants en faisant l'acquisition d'un radar anti-tricherie installé
dans ses salles d'examens. Le dispositif s'appuie sur un détecteur
de conversations par téléphone mobile, avec ou sans oreillette
dissimulée, repérant les fraudeurs à une distance de 40 mètres
grâce à un voyant lumineux qui clignote. L'université ne s'est pas
ruinée pour s'équiper de ce système de troisième génération, mis
au point par ses enseignants du département informatique et télécommunication, puisqu'il ne lui en a coûté que 550 €.
WC-restaurant à Timisoara
L
e préfet de Timisoara ne décolère pas depuis qu'il a
constaté que le permis de construire de WC publics
sur la place de l'Opéra de Timisoara, une zone historique, avait été l'objet d'un détournement. Un bâtiment en
forme de véranda, qu'il juge en outre défigurer les lieux, lesquels sont classés, et couper cette place centrale en deux, a
poussé à leur place. Une pizzeria y a vu le jour qui sera prochainement suivie d'un fast-food. Aucune autorisation n'a été
délivrée pour leur exploitation. Située à 300 mètres de la mairie, le bâtiment appartient à une société créée initialement par
un proche du maire, Gheorghe Ciuhandu. En attendant que les
lieux reviennent à leur destination première, les passants ayant
une envie pressante peuvent toujours prendre leur mal en
patience en commandant une pizza, un hot-dog ou un coca.
L'établissement est ouvert nuit et jour.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Les Roumains seraient
plus endettés que les Américains
Souvenirs... Souvenirs
Vie quotidienne
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TIMISOARA
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BICAZ
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TULCEA
CONSTANTA
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Boom des cartes
de crédit… mais elles
ne remplacent pas
le porte-monnaie
28
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
En Roumanie, on a enregistré à la
fin mars plus de 12,2 millions de
cartes (de débit et de crédit), soit une
hausse de 27% par rapport au même
mois de 2007. La moyenne d'opérations reste très faible: 0,3 / mois au
débit et 0,6 / mois à la carte.
La raison principale motivant l'acquisition d'une carte est, comme
prévu, l'encaissement du salaire.
Ainsi, environ 10 millions de cartes
sont-elles réservées au seul retrait souvent l'unique opération effectuée
par les salariés dans le mois - et 2,2
millions sont de véritables cartes de
crédit, permettant l’achat chez des
commerçants.
La Roumanie est cependant un
des États où l'on note la plus forte
augmentation du nombre de cartes
et de la valeur des transactions sur
cet instrument financier.
Par exemple, au cours du premier
trimestre 2008, les Roumains ont été
débités de plus de 2 millions de lei
(environ 550 000 €) avec les cartes
de débit, soit une hausse de 80% par
rapport à même période l'an dernier.
En ce qui concerne l'utilisation de la
carte pour les achats, les Roumains
commencent seulement à s'y faire.
À la fin mars, 35% des transactions concernaient des achats chez
des détaillants, les 65% restants
étant des retraits d'espèces, mais la
progression a été cependant de plus
de 30%. Pour nombre de Roumains,
les opérations se résument à une
fois par mois, à savoir le retrait du
salaire.
A
vec une part des emprunts qu'ils doivent payer à la banque équivalente, en
moyenne, à 16% de leurs revenus, les Roumains ont fini par être les
clients les plus endettés des marchés matures d'Europe occidentale ou
même des USA. A titre de comparaison, dans la zone euro, le taux de la dette n'est que
de 10,4%, et aux États-Unis de 14%. Les Roumains sont mieux placés seulement par
rapport aux Polonais, Anglais et Hollandais (20 %). La part de la dette bancaire (qui
cumule le crédit principal et les intérêts) a connu une croissance rapide au cours des
deux dernières années. Début 2007, elle était seulement de 11% et même de 7% en
décembre 2005.
Sergiu Oprescu, président exécutif d'Alpha Bank, souligne que, entre 2001 et
2007, le crédit de détail a doublé, en moyenne, chaque année. Fin avril, la dette globale des Roumains était de 22,2 milliards d'euros. Pourtant, pour les observateurs, bien
que le niveau de 16% actuel semble inquiétant, le marché local présente des caractéristiques qui modèrent son impact réel. Contrairement aux occidentaux, plus de 90%
des emprunteurs sont propriétaires de leur logement et n'ont donc pas de charges de
loyer à assumer. D'autre part, la Roumanie fonctionne avec une part importante d'économie "grise", ce qui signifie qu'il existe des revenus non déclarés. Ces revenus supplémentaires font tomber le taux de la dette à moins de 13%.
Quatre millions de Roumains ont actuellement contracté des prêts auprès des
banques ou des sociétés de crédit à la consommation, mais le nombre total de comptes
de crédit est de 6,6 millions, ce qui veut dire que deux clients sur trois ont contracté
plus d'un emprunt. Malgré les chiffres alarmants, les banquiers se montrent optimistes,
le marché local présentant un potentiel de développement important.
Difficile de trouver un endroit pour étaler sa serviette à Costinesti.
La santé avant tout avec la boue du lac de Techirghiol.
37
Emprunter pour rembourser les dettes
Une autre étude, réalisée par le Groupe pour une économie appliquée (GEA) sur
un échantillon de 1237 personnes de 100 localités, montre que les Roumains empruntent aux banques pour rembourser leurs dettes ou pour s'acquitter de leurs factures
courantes. Elle insiste sur le fait que 40% de la population ne peut plus supporter le
poids d'un crédit.
La plupart de ceux qui sollicitent un emprunt bancaire le font pour acquérir un
bien ménager, comme un frigidaire ou une gazinière, ou pour payer des dettes, surmonter une période difficile ou faire face à des dépenses imprévues, comme des frais
médicaux. Cette étude montre aussi que 26% des Roumains qui empruntent souscrivent un prêt d'un montant inférieur à 1000 lei (300 €, valeur du salaire moyen en
décembre), 22% d'un montant entre 1000 et 3000 lei, et 21,5% entre 3000 et 6000 lei.
Tant pis pour le cadre idyllique... l’important, c’est de bronzer !
En moyenne 18 € mis de côté par mois
A
u premier trimestre 2008, les
Roumains ont perçu, en
moyenne, un revenu de
200 par mois, dépensant 182 € et mettant donc de côté 18 €, soit moins de
10 %. Ce revenu médian se situe très en
dessous du niveau du salaire moyen net
(390 €) car il prend en compte les personnes qui ne touchent que des retraites,
notamment agricoles, très faibles, des
allocations sociales ou de chômage.
Au niveau des couples, le revenu
était de 600 €, les dépenses de 540 €.
51 % était constitué par le salaire, 22 %
par les prestations sociales, 19 % par les
revenus en nature et 8 % par d'autres activités ou sources de revenus. 30 % des
dépenses étaient consacrées à l'alimentation, la boisson, le tabac, 16 % aux
impôts et taxes, le reste se partageant
entre les autres dépenses courantes (logement, eau, électricité, gaz, chauffage,
habillement, transports, enfants, etc.).
Avec 690 € par mois, les ménages
urbains disposaient de revenus supérieurs
à ceux de leurs homologues ruraux
(490 €), mais dépensaient aussi plus
(640 € contre 450 €).
Rêve de
baigneur.
Cet âge est
sans pitié.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
J.O. Pékin
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Participer… oui ! Gagner,
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RM. VÂLCEA
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GALATI
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Les huit
médailles de Pékin
Femmes : 7 médailles
Or (4)
Athlétisme
Marathon : Constantina Dita-Tomescu
Aviron :
Deux sans barreuse : Georgeta
Andrunache et Viorica Susanu
Gymnastique
Exercices au sol : Sandra Izbasa
Judo
Catégorie 48 kg : Alina Dumitru
38
Douche froide pour le sport
Argent (1)
Escrime - Epée : Ana Maria Brînza
Bronze (2)
Aviron - Huit avec barreuse:
Georgeta Andrunache, Eniko Barabas,
Constanta Burcica, Doina Ignat, Elena
Georgescu, Simona Musat, Ioana
Papuc, Rodica Serban, Viorica Susanu
Gymnastique
Par équipe: Sandra Izbasa, Steliana
Nistor, Andreea Grigore, Andreea
Acatrinei, Anamaria Tamârjan,
Gabriela Dragoi
Hommes : 1 médaille
Bronze (1)
Escrime :
Sabre individuel : Mihai Covaliu
Au 17ème rang, au classement à partir du nombre de médailles d'or, la
Roumanie occupe la 7ème place dans
l'UE, derrière la Grande Bretagne,
l'Allemagne, L'Italie, la France, les
Pays Bas et l'Espagne), la 1ère des
pays de l'Est ayant rejoint l'UE, devant
la Pologne, la seconde des pays francophones, derrière la France et devant
le Canada.
(à suivre p. 40)
A
vec seulement huit médailles, dont quatre en or, une en argent et deux en
bronze, les 102 sportifs roumains ayant participé JO de pékin ont quitté la
capitale chinoise avec le plus maigre bilan que leur pays ait enregistré
depuis 56 ans et les JO d'Helsinki. Les optimistes diront que ç'aurait pu être pire, les
pessimistes que ce le sera encore plus dans quatre ans, à Londres.
La Roumanie pourrait se rassurer en se disant que sa 17ème place au tableau des
médailles est assez honorable. Finalement ne se classe-t-elle pas au 7ème rang des
pays de l'UE, qui, soulignons-le au passage obtient à elle seule plus de médailles (286,
dont 87 en or, 104 en argent et 95 en bronze) que la Chine, les USA et la Russie réunis
(282 médailles dont 110 en or, 80 en argent et 92 en bronze)? Elle termine même
devant la Pologne, occupant la première place des ex pays de l'Est ayant rejoint la
communauté européenne. Elle peut
aussi se flatter d'être le deuxième
pays francophone, après la France
(10ème), devançant le Canada
(19ème) et laissant très loin derrière
elle la Suisse (35ème) et la
Belgique (46ème).
Un déclin inexorable
Mais le déclin est là, inexorable. Ses champions sont vieillissants. Tous ont passé l'âge de péremption et n'ont dû
qu'à leurs qualités exceptionnelles, notamment de volonté, d'arracher un titre. A 39
ans, Constantina Dita-Tomescu, la merveilleuse gagnante de l'épreuve reine des JO, le
marathon, va ranger ses chaussures. Même avenir pour les rames des prodigieuses
Georgeta Andrunache et Viorica Susanu, la paire victorieuse du deux sans barreuse en
aviron, qui totalisent à elles deux neuf médailles d'or… mais aussi 72 ans. A 26 ans,
la judokate Alina Dumitru, qui a mis les épaules à terre d'une légende vivante, la
Japonaise Ryoko Tani avant de remporte l'or, ne rêve désormais plus de médailles,
qu'elle a pratiquement toutes obtenues… mais de l'enfant qu'elle voudrait avoir. Quant
à la petite Sandra Isbasa, 18 ans, qui a sauvé l'honneur de la gymnastique roumaine en
décrochant son seul titre, elle ne se fait guère d'illusions. Dans quatre ans, elle sera
dépassée par des fillettes qui ne se contenteront plus de médailles en chocolat.
La débâcle des hommes
Comme les autres pays, la Roumanie a enregistré des déceptions. Même dans ce registre,
elles ne sont pas porteuses d'avenir. Après son
titre olympique à Athènes, Camelia Potec voulait
sortir par la grande porte en ramenant de Pékin un
autre trophée, n'hésitant pas à se mettre sous la
férule de l'ancien entraîneur de Laure Manaudou.
Pour huit centièmes de seconde, elle a raté le
“J’étais tout près d’une médaille à
Pékin... mais je vais prendre ma bronze. Mihai Covaliu, médaillé d'or à Sydney au
revanche dans quatre ans à Londres. sabre a dû se contenter du même métal. A
Londres, il aura l'âge de d'Artagnan dans Vingt ans après. Toutefois, en remportant
la seule médaille chez les hommes, l'escrimeur leur a évité la Bérézina. Les sept autres
sont revenues aux filles, un déséquilibre très net en faveur de celles-ci, de plus en plus
prononcé, s'étant établi entre les deux sexes depuis un quart de siècle.
Marian Dragulescu, deux fois champion du monde de gymnastique, a couru en
vain après l'or qu'il n'avait jamais obtenu, terminant à la quatrième place. A 26 ans, il
avait déjà prolongé sa carrière de deux ans, alors que l'heure de la retraite avait sonné.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Vie quotidienne
Gai… Gai… marions-nous en Hongrie !
N
oces, baptêmes, ou autres évènements… de plus en plus de
Roumains des judets frontaliers de la Hongrie choisissent
d'y aller célébrer leurs fêtes familiales, soit dans des localités proches comme Orosoha, Szeged, Gyula - connue pour son strand
(grand complexe de loisirs) - Mako ou même Budapest, distante de
moins de 200 km. Le constat est sans appel: les prix y sont nettement
moins chers, de l'ordre de 30 %, et la qualité bien supérieure, qu'il s'agisse du contenu des assiettes, du service, des prestations ou des animations. Les patrons des firmes roumaines qui se chargent d'organiser les
réjouissances voient les demandes dans ce sens exploser, surtout pour
les mariages, la mode étant aux noces en plein air, sous chapiteau. "Un
mariage avec une centaine d'invités coûte environ 6000 € à Arad"
confie l'une d'entre-elle, Luminitsa Catana, ajoutant, "en Hongrie, il
reviendra de 1000 à 1500 € moins cher, voire 2000 €). A Gyula, il faut compter 18 € pour un menu copieux et appétissant de cinq
plats… A Arad, on demande le double pour des assiettes bien moins remplies et des plats moins succulents et variés".
A savoir
Les grandes villes
perdent des habitants
Seules 2 sur les 10 premières villes
roumaines ont vu leur population augmenter au cours des trois dernières
années. Il s'agit de Bucarest (+ 20 000
habitants, + 1,03%) et de Timisoara (+
9000 habitants ; + 2,82%), qui est passée du 3ème au 2ème rang. Les baisses
les plus importantes sont enregistrées par
Braila, Galati (- 4000 habitants, chacune) et Brasov (-3000). En pourcentage,
Braila et Ploiesti sont les plus touchées
(- 2,2% et - 1,3%). Toutefois, les pôles
de développement économique de la
Roumanie demeurent Bucarest-Ploiesti,
Timisoara-Arad, Constantsa-Galati, Cluj
et Craiova.
Cependant, les personnes attachées à
ce rite - essentiellement les musulmans et
les personnes âgées - pourront encore
l'observer, en utilisant des itinéraires de
déviation évitant le centre. Pour faire passer la pilule ("a indulci pastila": "adoucir
la pastille"), le maire a décidé d'apporter
une aide aux familles touchées par un
décès et dans le besoin, la commune
offrant soit un cercueil, une croix ou une
somme de 300 lei (90 €).
Cortèges funéraires interdits
dans les stations balnéaires
Afin de ne plus choquer les touristes
qui se pressent dans les stations balnéaires de la côte sud de la Mer Noire, le
maire de Mangalia a interdit aux cortèges
funéraires d'emprunter leur centre ville
pendant la saison d'été (du 1er mai au 15
septembre). L'édile a estimé que la tradition d'emmener le corps du défunt dans
un cercueil ouvert, suivi par un cortège
marchant d'un pas lent derrière, dérangeait les vacanciers et troublait la circulation, très importante à cette époque. Il a
ajouté que "dans la société moderne, la
mort n'est plus un deuil partagé par toute
la communauté, mais un évènement
d'ordre privé et familial".
Appartements
à 2 M€ à Bucarest
Le footballeur Cristian Chivu a
acquis un appartement d'une valeur de 2
M€ à Baneasa, dans la banlieue nord et
résidentielle de Bucarest, situé dans un
complexe de 10 ha, comprenant deux piscines dont une semi olympique, un restaurant de jour et un restaurant gastronomique, un bar, trois terrains de tennis en
plein air et deux couverts, quatre pistes de
bowling, une patinoire, une piste de jogging dans la forêt avoisinante - 200 hectares couverts de chênes -, un salon de
beauté, un spa. Le complexe d'un coût de
230 M€ appartient à l'affairiste milliardaire et ancienne gloire du tennis des
années 70, Ion Tiriac.
Fuites d'eau
A cause du mauvais état des réseaux,
entraînant des fuites importantes, les
communes et foyers roumains ne reçoivent que 59 % du volume d'eau potable
qui leur est facturé, en amont des compteurs pour les premières, en aval pour les
secondes. Sur environ un milliard de
mètres cubes fournis annuellement aux
Roumains, moins de 600 millions arrivent à destination. A 0,6 € le mètre cube,
ce sont plus de 2 millions d'euros qui sont
payés ainsi indûment, ce qui représente
une dépense supplémentaire de plus de
30 € par famille.
Pas de test de stress
pour les emprunteurs
La Banque nationale de Roumanie
(BNR) a renoncé, pour l'instant, à mettre
en place un test de stress pour les demandeurs de crédit bancaire, qui consiste à
effectuer des simulations sur la solvabilité d'un client à moyen et long terme.
Cependant, la BNR compte se montrer
beaucoup plus stricte envers les banques
en demandant davantage de détails sur le
bénéficiaire d'un crédit.
Et ces crédits seront moins importants. Si jusqu'à présent un client pouvait
demander jusqu'à 70% de ses revenus
nets, les nouvelles normes de la BNR
réduisent ce taux à 40%.
27
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Société
Vie quotidienne
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GYULA
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Hygiène précaire pour
dix millions de Roumains
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GALATI
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BUCAREST
GIURGIU
MANGALIA
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RUSE
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Faits divers
Dacia, marque
préférée des voleurs
26
Dans beaucoup d'écoles de campagne
les enfants refusent d'aller aux toilettes
tellement elles sont sales
Délaissées par les automobilistes
roumains, premiers clients de la
Logan, les vieilles Dacia restent toujours extrêmement populaires chez
une catégorie bien particulière de la
population : les voleurs de voitures.
C'est ce qu'affirment les statistiques
tenues par la police de la ville de
Bucarest. Sur un total de 792 voitures volées depuis le début de l'année, près de 550 étaient des Dacia
1310 (dérivé de la Renault 12), dont
environ la moitié ont été retrouvées,
a indiqué à l'AFP le porte-parole de la
police, Christian Ciocan. "Les voleurs
préfèrent les Dacia parce que leurs
systèmes de sécurité ne sont pas
très perfectionnés, et en plus on peut
en ouvrir plusieurs avec la même
clé", a-t-il expliqué. Petite note d'espoir: la forte proportion d'exemplaires
retrouvés tend à prouver que tous les
voleurs ne sont pas des professionnels. Beaucoup "emprunteraient" une
1310 faute de taxi ou de transport en
commun.
700 voitures
et pas de permis
Intriguée en constatant qu'il n'avait
pas de permis de conduire, la police
génoise a mis fin aux agissements
d'un Roumain installé en Italie et qui
avait acquis 700 véhicules ces dernières années, dont certains avaient
été utilisés lors de vols ou cambriolages. L'enquête a révélé qu'elles
avaient été revendues clandestinement, sans déclaration au fisc qui a
ainsi enregistré un préjudice de
400 000 €.
A
u coeur de la Semaine internationale de l'Eau qui s'est tenue à Stockholm,
le problème - crucial pour la santé publique - des toilettes a été abordé. Un
souci qui ne concerne pas seulement les pays du Sud où la population
continue à déféquer dans la nature. Au sein même de l'Union Européenne, 20 millions
de personnes n'ont pas accès à des installations sanitaires décentes. Les pays de l'ancien bloc de l'Est sont les premiers concernés, mais des cas isolés existent également
en Europe occidentale, en France, en Irlande ou encore dans les pays méditerranéens.
En Bulgarie, 42% de la population habite dans des zones rurales où seulement 2%
des foyers sont reliés au tout-à-l'égout. En Roumanie, ce sont 10 millions de personnes, soit près d'un Roumain sur deux, qui vivent sans canalisations. Dans les campagnes, seuls 15% des habitants ont l'eau courante. "Dans beaucoup d'écoles de campagne, les enfants refusent d'aller aux toilettes tellement elles sont sales", souligne
Diana Iskreva, de l'organisation bulgare Earth Forever. Dans ces zones rurales, les toilettes se résument souvent à un trou creusé dans le sol qui n'est jamais nettoyé.
Un phénomène aggravé par la corruption en Bulgarie
Les conséquences sur la santé sont énormes, les excréments accumulés finissant
par infiltrer la terre et polluer l'eau des puits et des cours d'eau, utilisée pour la
consommation courante. Cela provoque des maladies comme l'hépatite A ou du bébé
bleu, due à un taux élevé de nitrates dans l'eau. Le taux de nitrates autorisé est de 50
mg/litre d'eau. Dans certaines zones de Roumanie, ce taux atteint 500 mg/litre.
Le problème n'est pas un manque d'argent. Pour les cinq prochaines années, l'UE
va allouer 336 milliards d'euros aux états membres les plus nécessiteux dont 18 milliards destinés à l'amélioration des conditions sanitaires. Selon Sascha Gabizon, présidente de l'ONG Femmes en Europe pour un futur commun, "moins de 480 millions
seraient nécessaires pour une solution immédiate". "La corruption omniprésente au
sein de la classe politique bulgare bloque l'argent qui devrait aller aux gens pauvres
des campagnes", a aussi précisé Diane Iskreva. Qu'en est-il en Roumanie ? Installer le
tout-à-l'égout dans les campagnes ne semble pas être une priorité et les organisations
se battent sur place pour trouver des solutions.
("Libération" d'après AFP)
Nombre de Bucarestois
font leurs courses en Bulgarie
A
76 km de Bucarest, Ruse,
port frontalier bulgare de 175
000 habitants, en face de
Giurgiu, sur le Danube, accueille de plus
en plus de Roumains, la plupart venus de
la capitale, pour faire leurs courses de la
semaine ou même pour célébrer leur
mariage. La raison est simple: les prix,
notamment alimentaires, y sont en
moyenne 40 % moins chers. Des investisseurs, particulièrement des Israéliens,
ont décidé de profiter de l'aubaine et d'y
construire sept mall (gros centres commerciaux) d'ici 3 ans, dont deux à seulement une cinquantaine de mètres du pont
frontière. Certains occuperont jusqu'à
35 000 m2. La ville n'en comptait aucun
jusqu'ici. Les Roumains ont colonisé les
lieux et s'y bousculent chaque week-end.
Au magasin Metro, on n'entend parler
que leur langue. Pensions, hôtels, motels
se sont multipliés. Une cité-cinéma pourrait voir le jour, projetant des films en
roumain. Seul bémol: outre l'essence
nécessaire au trajet, chaque véhicule doit
acquitter 20 € de péage aller-retour pour
franchir le pont sur le Danube. Insuffisant
pour dissuader les Roumains: l'an passé,
ils étaient deux millions à les avoir
empruntés.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Société
roumain avec le plus maigre bilan enregistré depuis 56 ans
c'est désormais une autre paire de manches…
Des disciplines en perte de vitesse
sports, des piscines, des stades, des centres d'entraînement ne
sont plus entretenus, laissés à l'abandon… quant ils n'ont pas
Jusqu'à Pékin, les Roumains
été rachetés pour une bouchée de
étaient craints dans plusieurs dispain, tombant dans les mains de
ciplines. Leur règne sur la gymspéculateurs immobiliers.
nastique était proverbial : les dix
Des clubs sportifs ont dispamédailles d'Athènes dont quatre
ru. Mal payés, les entraîneurs ont
d'or, se sont réduites à une seule.
changé de métier ou sont partis à
Les sports aquatiques et nautiques
l'étranger.
étaient également pourvoyeurs de
Les conditions pour s'entraîmédailles prestigieuses. En nataner sont devenues de plus en plus
tion par exemple, avec deux en or,
précaires et la motivation fait
une en argent, une en bronze à
défaut. La piste d'athlétisme de la
Sydney, une en or, une en bronze
base sportive des jeunes de la
à Athènes… aucune à Pékin.
capitale où la médaillée d'or du
En misant sur les rameurs
5000 mètres à Sydney, Gabriela
recrutés par des entraîneurs lors
L’équipe féminine de gymnastique faisait autrefois la gloire Szabo, se préparait, est devenue
de tournées de repérage dans les de la Roumanie, mais à Pékin, elle a dû se contenter du bronze. impraticable.
écoles des villages bordant le Danube, le Prut et autres plans
Les rameurs s'entraînent entre les barques à moteurs du lac
d'eau du pays, la Roumanie s'était installée comme une puisSnagov, dans la banlieue chic de Bucarest, et les pontons prisance redoutable en aviron (3 médailles d'or à Sydney, autant
vés de la nomenklatura, sans qu'aucun couloir ne leur soit
à Athènes) et respectable en canoë-kayak (une médaille d'or et
réservé.
deux de bronze à Sydney). A Pékin, seule le double fille en
"Pour réussir, les sportifs de haut niveau doivent quitter le
aviron a rapporté une médaille, la plus belle il est vrai, les
pays", concède Mariana Bitang, qui entraînait voici peu l'équiautres équipages… n'en fichant pas une ramée !
pe olympique de gymnastique avec celui qui est devenu son
Même déception en athlétisme et en boxe, où les
mari depuis, Octavian Bellu (279 médailles obtenues en chamRoumains tiraient traditionnellement leur épingle du jeu, s'empionnats du monde, d'Europe et aux Jeux Olympiques, dont 16
parant ici ou là d'un titre, souvent prestigieux. La victoire inatmédailles d'or olympiques), le couple faisant désormais partie
tendue dans le marathon est certes une belle consolation, mais
des conseillers du président Basescu.
aussi l'arbre qui cache la désertification de ces sports. Tout
comme en hand-ball, où les filles, 7èmes, battues par la France
Retour à la formation
dans les matchs de classement, avaient habitué à mieux.
des graines de champions dès l'école?
Finalement, les Roumains ne se sont distingués que dans
cinq sports. A leur décharge pour cette maigre moisson, il faut
Le Comité Olympique Roumain, constatant les efforts
leur reconnaître qu'ils sont totalement absents de disciplines
financiers énormes consentis par les pays partenaires de l'UE,
rapportant de nombreuses médailles, comme le cyclisme - vu
souhaiterait que les sponsors, très peu nombreux jusqu'ici,
l'état des routes et l'absence de pistes d'entraînement, ce n'est
soient davantage encouragés à investir dans le sport par le
pas étonnant - mais aussi dans celles, sophistiquées, qui se sont
biais, par exemple, de déductions fiscales ou qu'ils bénéficient
multipliées ces dernières années et ont provoqué une inflation
de promotions gratuites dans les médias, lesquels ne sont pas
de médailles.
d'accord.
La Chine l'a bien compris en affirmant sa présence dans
Son président regrette que nombre d'enseignants remplades sports dont on peut douter qu'ils soient de masse, mais sercent les heures d'éducation physique dans les classes primaires
vent son image en gonflant son bilan.
par des cours de maths ou d'autres matières. "Un sportif doit
apprendre à sauter ou à courir dès l'âge de sept ans" soutientil. Il est rejoint par Gabriela Szabo, laquelle redoute que les
Face aux conditions précaires du sport
médailles d'aujourd'hui ne soient les dernières et estime aussi
de haut niveau, la motivation n'y est plus
que le sport doit devenir prioritaire à l'école et dans les
Déjà modeste, l'objectif de dix à quinze médailles que
familles.
s'était fixé le président du Comité Olympique Roumain,
La grande championne a la nostalgie des splendeurs d'auOctavian Morariu, n'a pas été atteint. Les spécialistes affirment
trefois et appelle de ses vœux le retour des méthodes qui perque c'était prévisible.
mettaient de détecter et former les graines de champions dès
Depuis la "Révolution", même si son effet n'a pas été perleur plus jeune âge… oubliant un peu vite que la chasse aux
ceptible immédiatement, le sport roumain est confronté à une
talents visait davantage à servir la propagande du régime qu'à
véritable crise. Faute de financement, des terrains et salles de
promouvoir l'épanouissement personnel.
39
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
J. O. Pékin
l
BAIA
MARE
l
BOTOSANI
l
l
IASI
SUCEAVA
ORADEA
l
TARGU
MURES
ARAD
l
BRASOV
l
l
TIMISOARA
BÂRLAD
GALATI
BRAILA
PITESTI
l
l
l
TULCEA
l
l
l
l
SIBIU
CRAIOVA
n
CONSTANTA
BUCAREST
l
Tableau final
des médailles
40
"Quand nous chanterons
le temps des médailles !"
BACAU
l
l
Voici 25 ans à Los Angeles
la Roumanie était la deuxième
puissance olympique de la planète
10ème France : 40 (7 or, 16 argent,
17 bronze)
11ème Ukraine : 27 (7, 5, 15)
16ème Belarus : 19 (4, 5, 10)
17ème Roumanie : 8 (4, 1, 3)
19ème Canada : 18 (3, 9, 6)
20ème Pologne :10 (3, 6, 1)
21ème Hongrie : 10 (3, 5, 2)
24ème Rép. Tchèque: 6 (3, 3, 0)
25ème Slovaquie : 6 (3, 2, 1)
35ème Suisse : 6 (2, 0, 4)
41ème Slovénie : 5 (1, 2, 2)
42ème Bulgarie : 5 (1, 1, 3)
46ème Belgique : 5 (1, 1, 0)
48ème Estonie : 2 (1, 1, 0)
Précédentes Olympiades
depuis la "Révolution"
Barcelone 1992: 18 (4 or, 6 argent, 8
bronze)
Atlanta 1996: 20 (4, 7, 9)
Sydney 2000: 25 (11, 5, 9)
Athènes 2004: 19 (8, 5, 6)
La Moldavie
(une médaille de bronze)
termine à la 81ème place
Pour sa 4ème participation aux JO
(jusqu’en 1992, elle faisait partie de la
délégation soviétique), la République
de Moldavie a remporté une médaille
de bronze en boxe en catégorie 54 kg
hommes grâce à Veaceslav Gojan.
La délégation moldave comportait 31
athlètes dans 7 disciplines.
Dernier pays ex-aequo au nombre
des médailles obtenues, elle prend la
81ème place sur 204 pays participants (116 pays n'ont aucune
médaille).
L
a Roumanie a décroché 8 médailles à Pékin (4 en or, 1 en argent et 3 en
bronze), occupant le 17ème rang, très loin de sa performance de 1984 à Los
Angeles (53 médailles dont 20 en or) qui lui, avait valu la 2ème place, le
meilleur classement jamais obtenu (la France avait terminé 12ème avec 28 médailles).
Il est vrai que cette année là, le bloc communiste avait boycotté les JO, exception faite
de la Roumanie et de la Chine, en représailles au même boycott exercé quatre ans plus
tôt par les pays occidentaux, lors des JO de Moscou, pour dénoncer l'invasion soviétique en Afghanistan. A Moscou, la Roumanie, forte d'une délégation de 239 athlètes
(ils étaient seulement 102, répartis dans 15 disciplines à Pékin) avait également brillé
avec 25 médailles dont 6 en or et une 7ème place, tout comme en 1976 aux JO précédents de Montréal (27 médailles, 4 en or, 9ème place) qui allaient révéler Nadia
Comaneci, boycottés eux par les pays africains à la suite de la tournée des All Blacks
néo-zélandais en Afrique du Sud, alors que sévissait pleinement l'apartheid.
Mais jusqu'à la contre-performance de Pékin, la Roumanie avait conservé un rang
enviable dans des JO se déroulant cette fois sans entraves: à Séoul, en 1988, elle termina 8ème (24 médailles dont 7 en or), 14ème à Barcelone en 1992 (18 médailles, 4
en or), encore 14ème à Atlanta en 1996 (20 médailles dont 4 en or), 11ème à Sydney
en 2000 (26 médailles dont 11 en
or, meilleure performance depuis
la "Révolution"), 14ème à Athènes
(19 médailles, 8 en or).
Il faut remonter à Helsinki en
1952, à l'occasion de la première
participation d'après-guerre aux
JO de la Roumanie pour trouver un
classement plus mauvais, 23ème
avec seulement 4 médailles dont
une en or (Iosif Sârbu au tir).
Depuis, elle n'était jamais descenL’équipe d’aviron en huit femmes avec barreuse
due en dessous des dix médailles.
n’a pu renouveler ses exploits des jeux précédents.
289 médailles depuis sa première participation
et une nette prédominance féminine qui s'affirme
Au terme des JO de Pékin et depuis sa première participation aux olympiades, à
Paris en 1924 (une médaille de bronze), la Roumanie a remporté 292 médailles, dont
86 d'or - décrochant la première à Helsinki - 89 d'argent et 117 de bronze. Hommes
(145 médailles) et femmes (147) se partagent les lauriers à égalité, mais un déséquilibre très net et de plus en plus prononcé s'est installé depuis Los Angeles, en 1984,
les filles ayant décroché 107 médailles au cours des sept dernières olympiades, contre
61 pour les garçons. A Sydney, elles avaient remporté 8 médailles d'or contre 3 pour
leurs homologues masculins. A Athènes, le fossé s'est encore creusé (8 médailles d'or,
aucune pour les hommes), Pékin enfonçant le clou: les garçons ne sont plus montés
sur la première marche du podium depuis Sydney.
Dans ce tableau global, la gymnastique se taille la part du lion avec 69 médailles,
enregistrant toujours une nette prédominance féminine. A noter que trois sportifs roumains ont participé chacun à six Jeux: Lia Manoliu en athlétisme (de 1952 à 1972),
Sorin Babil et Elisabeta Lipa en aviron (de 1984 à 2004). Au total, la Roumanie a participé à 19 JO sur 26. Elle était absente aux JO d'Athènes (1896), Paris (2000), Saint
Louis (1904), Londres (1908), Stockholm (1912), Anvers (1920) et Londres (1908).
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Faits divers
Un pensionné dépouillé de son appartement
et réduit à l'état de SDF grâce
à la "bienveillance" de juges et d'un notaire
D
épouiller de leur
bien, leurs maisons les modestes propriétaires d'un
logement, surtout s'ils sont
âgés ou sans défense, est une pratique de plus en plus répandue reconnaît l'ordre des notaires qui déplore le comportement
de certains de ses membres ainsi que celui de juges complices.
Octavian Dumitrescu, 60 ans, touchant une pension de
400 lei (120 €) pour longue maladie, après 30 ans de dur
labeur, est une victime édifiante de ces pratiques d'abus de
confiance. En 2005, ayant du mal à joindre les deux bouts et
angoissé à l'idée de ne pas pouvoir s'acquitter des 80 lei (25 €)
qu'il devait à l'administration, le Timisorean acceptait la proposition d'une vague relation: louer une pièce de son appartement pour quelques semaines à un ami de celui-ci, une personne présentant très bien. Ce dernier s'éclipsa rapidement,
mais Octavian Dumitrescu reçut quelques temps après un avis
le sommant de quitter les lieux… l'informant que le "propriétaire" avait vendu l'appartement. La stupéfaction passée, la
supercherie était vite démontée: le locataire avait profité de sa
présence pour endormir la confiance de son loueur, lui voler
les actes de propriété ainsi que des papiers d'identité, en faire
des photocopies, transformées en faux grossiers, puis se rendre
chez une notaire pas regardante pour mettre en vente le logement, trouvant vite preneur pour la somme de 8000 €. En mars
2006, le tribunal de Timisoara annulait la transaction, reconnaissant qu'elle était basée sur une escroquerie… mais le nouveau "propriétaire" faisait appel de la décision, et une nouvelle délibération de la Cour lui restituait l'appartement, condamnant en outre l'infortuné pensionné à lui payer des dommages
et intérêts pour avoir occuper illégalement les lieux! Le 19 juin
dernier, Octavian Dumitrescu était expulsé de chez lui. Sans
aucune ressource, devenu SDF, il s'installait dans une forêt
proche de Timisoara, dans une cabane rudimentaire qu'il a
construite de ses mains (notre photo).
Effarés par le cours des évènements, des journalistes ont
demandé des explications à un des trois juges ayant prononcé
la dernière sentence. Assurant ne pas être très au courant, ce
dernier a rouvert le dossier pour opportunément trouver que sa
signature manquait sur certains actes. La Cour d'appel de
Timisoara s'est emparée de l'affaire pour la rejuger et examiner
les éventuelles complicités avec les escrocs ou indélicatesses
de la notaire et des trois juges.
A savoir
Coincés dans une mine d'or
deux jeunes perdent la vie
Deux personnes ont été ramenées
sans vie du fond d'une mine d'or désaffectée du judet d'Hunedoara, où ils
étaient bloqués depuis près de sept heures
suite à une excursion risquée. Le drame
s'est déroulé un samedi soir, fin juin. Les
jeunes hommes, âgés de 21 et 26 ans,
sont restés coincés à 500 m de l'entrée de
la mine, dans une zone très pauvre en
oxygène et où il faisait très froid. Le père
du plus jeune, qui a voulu les secourir,
s'est retrouvé lui aussi coincé, mais il est
le seul à avoir survécu après avoir été
ramené à la surface par les secouristes. Il
a été transféré à l'hôpital d'où il est ressorti 24 heures plus tard.
Des pirates attaquent des
bateaux sur le Danube
Le journal bulgare Monitor indique
que deux bateaux battant pavillon de leur
pays ont été attaqués début juillet alors
qu'ils circulaient dans les eaux internatio-
nales du Danube, dans le secteur de RuseGiurgiu. Les pirates, venant de Roumanie
en embarcations à moteur, ont profité de
la nuit pour les aborder silencieusement,
grimper sur le pont, se rendre maître de
l'équipage de veille et s'en retourner après
avoir dérobé des jerricans d'essence et
des batteries. Alertées dans le quart
d'heure suivant, les autorités roumaines
ont dépêché une équipe de la police fluviale sur les lieux qui a recensé les
embarcations absentes de leurs points
d'amarrage habituels et qui mène l'enquête avec son homologue bulgare, des faits
similaires s'étant déjà produits.
Racket dans les parkings
Chaque soir, les parkings de plein air
du centre de Bucarest sont envahis par
des bandes de jeunes, souvent des anciens
enfants des rues dont certains sortent tout
juste de prison, qui rançonnent les automobilistes cherchant à se garer après les
avoir menacés de manière à peine voilée:
"Il vaudrait mieux que je garde ta voiture, sinon tu vas la retrouver avec des
pneus crevés ou la peinture rayée". La
majorité s'exécute, donnant quelques lei,
parfois l'équivalent d'un euro, en plus du
ticket de stationnement qu'il faut acquitter. Ce racket rapporte près de 20 € par
heure à leurs auteurs et leur sert souvent
à acheter de la drogue. La police s'avoue
impuissant: "On est obligé de les relâcher; ils ont des centaines d'amendes
qu'ils ne paient jamais car ils ne sont pas
solvables".
Il tue sa femme parce
qu'elle fumait en cachette
Un homme de 29 ans surprenant sa
femme, âgée de 24 ans, en train de fumer,
l'a rouée de coups à mort, malgré l'intervention de ses parents, présents au
moment du drame qui s'est déroulé à
Roman. Fumeur lui-même, il lui avait
cependant interdit d'en faire de même, l'a
trouvant trop maigre pour cela et s'était
rendu compte qu'elle devait fumer en
cachette car il lui manquait deux cigarettes dans son paquet. Le couple avait
une fillette de deux ans.
25
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Evénements
l
CLUJ
l
l
IASI
l
l
ROMAN
l
SIBIU
l
GALATI
BRAILA
RESITA
l
l
l
TULCEA
CONSTANTA
n
l
BUCAREST
CRAIOVA
l
l
GIURGIU
L'âge moyen
des Roumains
est de 39 ans
24
Le crime de lèse-majesté d'Alina Dumitru
l
BRASOV
l
l
l
Victime des tortionnaires de Pinochet
l
TARGU
MURES
ARAD HUNEDOARA
TIMISOARA
La judokate de Bucarest a mis un terme au règne
de la légende vivante japonaise Ryoko Tani
J. O. Pékin
SUCEAVA
SATU
MARE
l
ORADEA
Le cadavre d’une Roumaine
retrouvé dans le désert d'Arica
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'Institut National de la Statistique
a publié ses dernier chiffres concernant l'évolution de la population roumaine. Celle-ci comporte 500 000
femmes de plus que d'hommes, soit
11,038 millions pour 10,491 millions,
le nombre d'habitants ayant diminué
de 0,19 % en un an, s'établissant à
21,529 millions au 1er janvier 2008.
L'âge moyen des Roumains est
de 39,1 ans (40,5 ans pour les
femmes, 37,7 ans pour les
hommes) et est de 1,4 an supérieur
en milieu rural. 55,1 % (11,872 millions) d'entre eux vivent dans les
villes et 44,9 % (9,656 millions) à la
campagne.
Dans l'ordre croissant de population ou d'importance, le pays est
divisé en villages (sat) rattachés à
des communes (comuna), villes
(oras) et municipes (municipiu).
85,6 % des municipes et villes ont
moins de 50 000 habitants, représentant 32,5 % de la population
urbaine.
Les grandes villes de plus de
100 000 habitants, en recul, totalisent 30 % de la population globale
et 54,3 % de la population urbaine.
La capitale compte 1,944 million
d'habitants officiellement enregistrés, soit 9 % de la population roumaine et 16,4 % de la population
urbaine.
Le plus petit municipe du pays
est Beius (Bihor, Oradea), qui compte 11 141 habitants, la plus petite
commune Brebu-Nou (Caras
Severin, Resita), 138 habitants,
alors que Holboca (Iasi) est la plus
grande (12 701 habitants).
L
e cadavre d'une femme d'origine roumaine a été découvert dernièrement
dans le désert chilien d'Arica, au cours d'un entraînement militaire. Le
corps, décapité, s'était conservé grâce au niveau élevé de salinité des lieux.
Les éléments retrouvés ont permis de l'identifier, de dater et reconstituer les faits. Il
s'agissait des restes de Monica Cristina Benaroyo Pencu, née en 1925 en Roumanie,
fille de l'ambassadeur de Perse dans ce pays et de sa femme, roumaine.
Lors de la prise du pouvoir par les communistes, la
famille avait émigré en Uruguay, considéré alors comme
la "petite Suisse" de l'Amartiquedu Sud, prenant la nationalité uruguayenne en 1956.
Après des études de philosophie à Montevideo,
Monica, admiratrice de la révolution cubaine avait étudié un certain temps à La Havane, vendu tous ses biens
en Uruguay et rejoint le Chili en 1971, quand le président socialiste Allende en était devenu président, occupant un poste de fonctionnaire à la marie d'Arica. Elle
avait été vue la dernière fois le 11 septembre 1973, jour
où les militaires se sont emparés du pouvoir.
Un ordre de recherche avait été lancé à son encontre
dans le cadre de la sinistre opération "Condor" mise sur
pied par les dictatures de la région (Chili, Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et
Uruguay), avec l'aide des USA, visant à éliminer physiquement les opposants, à les
pourchasser jusqu'en Europe ou sur le territoire américain, ce qui a permis d'établir
qu'elle a été enlevée, torturée et assassinée par les sbires de Pinochet, comme les 3600
autres victimes du régime. Monica Pencu avait 48 ans. On n'a jamais retrouvé non plus
la trace de sa sœur.
"En réalité prince… en apparence mendiant"
S
i vous saviez qu'un mendiant peut gagner jusqu'à 5000 lei par mois (environ 1400 euros), est-ce que vous lui donneriez encore des pièces?" Cette
grande affiche a été installée fin juillet dans le quartier Titan de Bucarest.
Elle appelle les
gens à ne plus
donner l'aumône
aux mendiants.
Un message qui
peut paraître surprenant. Cette initiative fait partie
de la campagne
"Prince et mendiant", initiée par
la police de la
capitale au début
du mois de juin.
Elle a pour but de
lutter contre l'exPhoto et texte deJonas Mercier (lepetitjournal.com)
ploitation
des
enfants par le travail. Une autre affiche de cette campagne a pour slogan "En réalité
prince et en apparence mendiant". L'ONG Salvati copii (Sauvez les enfants) est partenaire de l'initiative. En Roumanie, la mendicité est punie d'une amende pouvant aller
jusqu'à 500 lei (140 euros).
L
a petite Bucarestoise faisait des bonds sur le tatami.
Pourtant, elle n'avait pas décroché l'or... du moins
pas encore. Non, çà se passait en demi-finale de sa
catégorie des 48 kilos. Au terme d'un combat indécis, Alina
Dumitru, 26 ans, venait de mettre à terre l'innacessible impératrice Ryoko Tani. La judokate japonaise, double championne
olympique, septuple championne du monde, était devenue une
légende vivante et régnait pratiquement sans partage sur la discipline depuis près de quinze ans. Toutes les
concurrentes redoutaient de l'avoir à affronter.
Véritable star dans son pays, Ryoko Tani Tamura de son nom de jeune fille - y a créé un
nouvel engouement pour le judo après son titre
mondial obtenu à Chiba en 1995. Son image est
alors associée à celle de Yawara-chan, un héro
de manga très populaire au Japon. Des personnages de jeux vidéos s'inspirent directement de
ses combats. La moindre compétition qu'elle
dispute suscite une importante médiatisation
nippone comme lors des Jeux Olympiques d'été
de 2000 lors desquels elle remporta enfin le
titre olympique qui manquait à son palmarès. Sa popularité
grandit encore quand elle se maria avec Yoshitomo Tani, un
joueur de base-ball des Yomiuri Giants, double médaillé olympique avec l'équipe nippone en 1996 et 2004, qu'elle a rencontré dans une laverie automatique du village olympique lors des
Jeux de Sydney en 2000. Leur mariage, célébré en 2003 à
Paris, fit alors les gros titres de l'actualité au Japon.
"Vraiment, ç'aurait été
trop bête de perdre en finale"
Rokyo Tani, qui avait remporté sa seconde médaille d'or à
Athènes, en 2004, en venant à bout en finale de la Française
Frédérique Jossinet, pensait-elle ne faire qu'une bouchée de sa
concurrente roumaine? Erreur qui l'a faite tomber de son piédestal, car celle-ci, qui domine sa catégorie sur le Vieux conti-
nent, avec cinq titres européens consécutifs depuis 2004, où
elle avait été sacrée chez elle, à Bucarest, à la grande joie de
son club, le Steaua, entendait bien agrandir son royaume.
Deux fois déjà, elle avait approché l'intouchable Tani,
décrochant le bronze aux championnats du monde du Caire, en
2005, et de Rio de Janeiro, en 2007. Les JO d'Athènes, où elle
avait terminée 5ème, ratant de peu le podium, l'avaient laissée
frustrée et elle s'était fait la promesse de l'emporter quatre ans
plus tard.
A Pékin, en ce premier jour d'olympiade,
Alina Dumitru tenait une opportunité de
revanche. Dans ses deux combats du matin,
elle avait sorti facilement la Hongroise Eva
Cservnoviczki, puis la Sud-Coréenne
Youngran Kim. "L'ogre" RyokoTani pensait
s'en sortir facilement en menant un combat
basé à la fois sur la tactique et la vitesse, selon
le procédé "soto gari", mais la Roumaine
s'était préparée et sa contre-attaque se révéla
mortelle.
"Vraiment, ç'aurait été trop bête de perdre
en finale", confia Alina après son exploit. Elle retrouva donc le
tatami en étant bien décidée de ramener à son pays la première médaille en or au judo de son histoire et aussi la première
de ces olympiades 2008. Son adversaire, la Cubaine Yanet
Bermoy, championne du monde en 2005 et vice championne
en 2007, n'était pourtant pas la première venue, mais elle ne
put rien faire contre la rage de vaincre de la Bucarestoise.
Alina Dumitru n'a pu retenir ses larmes en entendant
l'hymne roumain. Elle a dédié sa victoire à son frère et à sa
famille qui vivent au Canada et qu'elle n'a pas revus depuis
plus de cinq ans. Avant Pékin, ils lui avaient promis de revenir
en Roumanie si elle gagnait. "C'est le plus beau cadeau que
j'attendais" a-t-elle déclaré. Sa médaille en or ne lui est apparamment pas montée à la tête: Alina a décidé d'arrêter la compétition pour se marier et avoir un enfant. Plus tard, peut-être,
retrouvera-t-elle le chemin des tatamis.
Vaines tentatives de récupération par les politiciens
N
e mélangeons pas les torchons avec les serviettes"…
C'est la réponse peu diplomatique adressée par plusieurs gloires
sportives aux sollicitations de différents
partis politiques qui auraient souhaité les
avoir dans leurs rangs pour bénéficier de
leur notoriété. Ainsi l'ancien champion
olympique et du monde d'aviron, Ivan
Patzaichin a décliné la proposition du
Parti National Libéral du premier
ministre Tariceanu de devenir député de
Tulcea, tout comme la médaillée en or du
5000 mètres à Athènes, Gabriela Szabo,
33 ans, sollicitée par le même parti et
s'estimant "trop jeune" pour faire de la
politique.
Nadia Comaneci a opposé le même
refus au PSD (post-communistes) qui
souhaitait la voir siéger au sein du collège des parlementaires désignés au titre de
la diaspora roumaine dans le monde, pour
représenter les Roumains d'Amérique du
Nord (elle vit au Texas). Tous ces sportifs
ont avancé le même argument : "la politique est une compétition malhonnête".
Réponse du berger à la bergère? Le
PD-L, parti qui soutient le président
Basescu, a refusé d'accepter dans ses
rangs le transfuge Mitica Dragomir, président de la Ligue professionnelle de
football et impliqué dans plusieurs scandales. Dragomir "jouait" auparavant élu
du PRM (parti xénophobe de Vadim
Tudor, en perte de vitesse d'après les sondages) et cherche à conserver son mandat
de député aux prochaines élections afin
de continuer à bénéficier de l'immunité
parlementaire.
41
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
A 39 ans, Constantina
la première Roumaine à
J. O. Pékin
SUCEAVA
BAIA
MARE
l
l
l
TIMISOARA
T. SEVERIN
BACAU
l
SIBIU
l
l
IASI
TARGU
MURES
ARAD
l
l
BRASOV
GALATI
BRAILA
TG. JIU
l
l
l
CRAIOVA
l
"J'ai prouvé qu'on pouvait
l
ORADEA
l
PITESTI
n
BUCAREST
l
l
l
TULCEA
CONSTANTA
l
Le "Mututhon"…
pour un millionnaire
42
Le président du Dinamo Bucarest
Cristian Borcea souhaite ouvrir un
compte de soutien à Adrian Mutu,
attaquant roumain de la Fiorentina et
vedette actuelle du football roumain,
qui a été condamné par la
Fédération Internationale de Football
(FIFA) à verser 17,2 millions d'euros
de dédommagement à son ancien
club Chelsea - la plus grosse amende jamais infligée à un joueur de
football -après avoir été contrôlé
positif à la cocaïne en octobre 2004
lors de son passage chez les Blues.
Il appelle donc tous les supporters du joueur millionnaire à voler à
son secours pour l'aider à s'acquitter
de son amende… dans un pays où
le salaire moyen net est inférieur à
250 € ! Le joueur, qui était sous
contrat avec Chelsea pour plusieurs
années, avait été licencié par son
propriétaire, l'affairiste russe
Abramovitch. Le montant de l'amende a été calculé par la chambre de
résolution des litiges de la
Fédération internationale de football
par rapport aux années de contrat
qu'il restait à effectuer à Mutu, 29
ans, lors de ce contrôle.
J
'ai prouvé qu'on pouvait encore bien courir à cet âge" s'est exclamée
Constantina Dita-Tomescu après avoir fait son entrée en solitaire dans le "Nid
d'oiseau" de Pékin, ovationnée par 90 000 spectateurs debout, laissant ses
adversaires aux portes du stade, loin derrière elle. A plus de 38 ans, cette jeune mère
d'un garçon de 13 ans, originaire de la région de Târgu Jiu, est la première Roumaine
a remporté le marathon olympique, l'épreuve reine des Jeux, ramenant par là à son
pays sa dixième médaille d'or en athlétisme de toute l'histoire de sa participation aux
JO… mais devenant aussi la plus vieille des concurrentes des Jeux ayant jamais gagné
cette épreuve phare. Une performance d'autant plus méritoire que la championne souffrait d'un début de sciatique. Sa compatriote Lidia Simon, médaille d'argent du marathon de Sydney en 2000, a terminé à la 6ème place.
Une promesse que la petite paysanne
s'était faite en gardant les vaches
Rarement une récompense n'aura été aussi méritée,
tant Constantina Dita-Tomescu a fait preuve de courage et tenacité tout au long de sa vie. Fille d'agriculteurs
du village de Spahi, élevée avec ses cinq frères, l'adolescente était élève au lycée pétrolier de la commune
voisine de Turburea, se consacrant au hand-ball pendant les heures d'éducation physique. Son professeur remarquant ses dispositions pour
les courses à pied qu'elle remportait toujours largement détachée, la recommanda à un
entraîneur d'athlétisme du club Pandurii de Târgu Jiu. A 18 ans, la jeune fille commença donc son entraînement, courant le matin dans les chemins de son village, faisant ensuite 5 km à pied pour attraper le train afin de rejoindre son travail dans une
fabrique de meubles de Târgu Jiu, qu'elle quittait le soir pour poursuivre sa préparation sur le stade de la ville. Pendant des années la jeune ouvrière s'astreignit à cette
discipline quotidienne qui ne la ramenait chez elle qu'à la nuit tombée.
Cette vie rude avait forgé sa détermination. "Quand j'étais enfant, je devais garder les vaches pendant les vacances et travailler aux champs. J'emmenais un transistor et j'écoutais les émissions sportives. Je sautais de joie quand j'entendais les reporters raconter les exploits de notre grande championne Maricica Puica (championne
olympique du 3000 mètres à Los Angeles en 2004 et deux fois championne du monde
de cross country)… et je m'étais dit que peut-être un jour je ferais comme elle".
Abandonnée par son club de Târgu Jiu
et remise en confiance à Turnu Severin
Longtemps, Constantina Dita-Tomescu fut boudée par les clubs de la capitale. A
leurs yeux, une fille obscure de Târgu Jiu ne présentait pas un grand intérêt. Sa persévérance ne fut concrétisée qu'en 2004 avec sa sélection pour les JO d'Athènes.
La chaleur suffocante qui régnait lors du Marathon l'asphyxia et elle ne termina
que 20ème. Victime également de ces conditions éprouvantes, la grande favorite de
l'épreuve, la Britannique Paula Radcliffe, détentrice du record du monde, avait abandonné, en larmes. A son retour, la Roumaine fut mise à l'écart par son club qui lui fit
comprendre à mi-mot qu'à 34 ans son avenir était derrière elle. Mais, ayant remarqué
ses qualités, un ancien marathonien de Turnu Severin la relança en créant de toutes
pièces et à son intention un club dans sa ville, distante de 60 kilomètres, le CSM Turnu
Severin, lui permettant de continuer sa carrière.
Remise en confiance, Constantina explosa, remportant le marathon de Chicago,
puis devenant championne du monde de mi-marathon en 2005, à Edmonton (Canada),
individuelle et par équipe, obtenant la médaille de bronze du marathon à Helsinki.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Evénements
Les quarante ans de la première Dacia
L
e 20 août 1968, les usines Dacia de Colibasi-Pitesti sortaient la première voiture fabriquée en Roumanie: le modèle 1100, inspiré directement de la R8 de
Renault, lequel fournissait les pièces. Il sera remplacé à partir de 1971 par la
Dacia 1300, appelée à une longue carrière. Ceausescu était venu en personne célébrer
l'évènement. Le "Conducator" était alors à l'apogée de sa popularité: quelques jours plus
tard, il condamnera l'entrée des chars soviétiques à Prague, à la grande joie de ses compatriotes. En mai, il avait reçu la reconnaissance internationale à l'occasion de la première visite d'un chef d'Etat occidental dans le pays, le général De Gaulle; l'année suivante,
il accueillera le président US Nixon.
A savoir
Bientôt une
"Chinatown" à Bucarest
Premier palais tsigane
démoli à Timisoara
Le projet d'édification d'une
"Chinatown" à Bucarest, dans le quartier
Fundeni-Colentina, au nord-est de la
capitale, se précise. Financé à 70 % par le
groupe Niro et à 30 % par un investisseur
chinois, elle sera la plus grande de toute
l'Europe du sud-est, s'étendant sur 80
hectares. Son coût est estimé à 150 millions d'euros et les travaux doivent durer
huit ans. L'ensemble comprendra une
zone commerciale, "Dragon rouge", avec
des restaurants chinois, un jardin, des
jeux, une école, un centre d'affaires de 16
étages, le "China Business center", avec
bureaux et salles de conférences, une
zone résidentielle, les "China towers", de
12 tours de 7-8 étages, offrant au total
600 appartements.
A la suite d'une longue procédure
judiciaire où elle a obtenu gain de cause,
la mairie de Timisoara a fait entreprendre
début août la démolition du premier d'un
des nombreux palais tsigane bâtis sans
autorisation à la fin des années 90 dans le
centre-ville. Celui-ci, d'un coût évalué à
plus de 200 000 €, avait été édifié par un
clan familial établi à Strasbourg grâce
aux bénéfices réalisé avec ses "affaires".
En l'absence des propriétaires, leurs
proches ont tenté d'empêcher le démarrage des travaux de démolition en déclarant
qu'ils avaient versé des bakchichs aux
représentants de la mairie pour qu'ils ferment les yeux sur la construction.
Boule de neige géante
Les autorités de Brasov vont mettre
en place un réseau de senseurs à ultrasons
afin de tenir à distance les ours, dont les
descentes en ville se sont multipliées ces
derniers temps, a annoncé le ministère de
l'Environnement. Ce système sera installé dans un premier temps autour du centre
historique de la ville, avant d'être étendu
graduellement aux autres quartiers "vulnérables", sur un périmètre total de 12
km. "Il s'agit d'un projet pilote que nous
pourrons par la suite mettre en place
dans d'autres stations touristiques à
risque", a déclaré le ministre de
l'Environnement Attila Korodi, alors que
plusieurs personnes, dont des touristes
étrangers, ont été tuées ou blessées par
des ours ces dernières années (Lire aussi
page 4). A la mi-août, un touriste allemand avait été hospitalisé après avoir été
attaqué par un ours dans sa tente dans les
Carpates, dans un lieu interdit au cam-
La Transfagarasan, spectaculaire
route qui traverse le massif du même nom
dans les Carpates, est redoutée pour ces
hivers rigoureux et particulièrement
longs, au point qu'elle est fermée à la circulation pendant de longs mois. Cette
année, elle n'a été ouverte qu'à partir du
15 juin. Une sage mesure car, tout début
juillet, une boule de neige gigantesque,
d'un poids d’une tonne, a soudain dévaler
les pentes pour venir terminer sa route
nez à nez avec un autocar de touristes
roumains, paralysant le trafic, ne faisant
heureusement aucune victime.
Abasourdis, ceux-ci sont descendus
du véhicule se livrant à une joyeuse
bataille en plein été, imprévue au programme, sans se rendre vraiment compte
qu'ils venaient d'échapper à une terrible
catastrophe.
Ultrasons contre les ours
ping en raison des descentes fréquentes
des bêtes. La tente avait été complètement détruite, l'ours l'avait déchirée, et
blessé grièvement le campeur, âgé de 26
ans, en l'attrapant par le bras et en lui griffant une jambe et la tête; ses deux camarades allemands qui se trouvaient dans la
même tente avaient réussi à s'échapper.
Avortement possible
jusqu'à 24 semaines
pour les moins de 15 ans
A la suite du drame de la petite
Florina, une fillette de onze ans, violée
par son oncle, enceinte de 17 semaines et
qui n'avait pas été autorisée à avorter
parce qu'elle avait dépassé les 14
semaines légales, le ministère de la santé
a décidé de repousser cette limite à 24
semaines - comme en Grande Bretagne pour les adolescentes de moins de quinze
ans. Il a justifié sa décision en invoquant
le risque important qu'elles encouraient.
Florina avait été contrainte d'aller avorter
dans une clinique anglaise.
6.700 m² de dessins
sur asphalte à Cluj
Plus de 2.000 enfants de Cluj ont
recouvert 6.700 m2 d'asphalte de dessins
à la craie, représentant un train gigantesque, pour réaliser le plus large dessin
sur route du livre Guinness des records.
Le projet "Sourire d'enfant" était organisé par une association militant pour les
enfants défavorisés, à l'occasion de la
Journée de l'enfant. Les artistes, âgés de 3
à 18 ans, ont donné libre cours à leur imagination sur une portion du périphérique
de la ville, pas encore en fonction. Le
record à battre était de 5.600 m2, établi
aux Pays-Bas en 2005.
23
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Lors de Brest 2008
le Mircea a retrouvé ses sauveteurs
Evéneménts
SUCEAVA
l
ORADEA
BAIA
MARE
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ARAD
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IASI
SIBIU
BACAU
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CLUJ
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TIMISOARA
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PITESTI
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GALATI
PLOIESTI
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BUCAREST
l
l
TULCEA
CONSTANTA
l
Les basketteuses
roumaines
discriminées
en France et en Italie
22
Les basketteuses juniors roumaines ont été victimes de discrimination à l'occasion de deux tournois
disputés en juin en France et en
Italie, a déclaré Carmen Tocala, la
présidente de la Fédération roumaine de basket (FRB).
Selon elle, l'équipe roumaine fut la
seule à être hébergée par des
familles roumaines, là où les autres
équipes étaient placées à l'hôtel par
les organisateurs d'un tournoi amical
dans les environs de Lille.
Ces derniers auraient voulu éviter
ainsi d'éventuels incidents qui
auraient pu intervenir si la présence
de l'équipe roumaine dans un hôtel
de la ville avait attiré l'attention de
compatriotes résidant dans la région,
a-t-elle expliqué.
Les magasins ferment
en apercevant le sigle
“Roumanie”
Toujours selon ses dires, le traitement n'a pas été meilleur lors d'un
séjour à Naples. "On a toujours eu
des problèmes en Italie", a-t-elle
affirmé, assurant que "les magasins
fermaient en apercevant le sigle
Roumanie sur l'équipement des
joueuses", que "les filles étaient
huées à l'entrée sur le terrain" et
"n'étaient applaudies que lorsqu'elles
perdaient face à l'équipe locale".
Carmen Tocola a décidé d'informer par écrit le ministère des Affaires
étrangères, estimant "qu'il faut faire
quelque chose pour améliorer l'image des Roumains à l'étranger".
F
ierté de la marine roumaine, le trois mâts "Mircea" a participé aux fêtes
maritimes de Brest 2008, à la mi-juillet (notre photo). Les sauveteurs français venus à son aide en 1965 ont été accueillis à son bord. Le grand voilier
école blanc avait fière allure avec ses hommes d'équipage hissés dans la mâture, lorsqu'il a fait son entrée dans la rade brestoise.
Construit à Hambourg, en Allemagne, par les chantiers Blohm und Voss, ce trois
mâts barque en acier fut
lancé en 1939. Long de 83
mètres, il sert de bateau
école à la fois à la marine
marchande et à la marine
militaire.
Le
voilier
embarque un équipage de
90 marins et de 120 cadets
(élèves officiers). Tous les
marins roumains y sont
passés et c'est toujours une
grande fierté pour eux
d'avoir navigué à son bord.
Une statue du voïvode Mircea l'Ancien orne sa proue en hommage à ce souverain
roumain du XIVe siècle qui avait réussi à négocier avec les Ottomans un traité garantissant l'indépendance de la Valachie, royaume à l'origine de l'actuelle Roumanie.
SOS au large de Sein
Lui-même ancien officier de marine, le président roumain Traian Basescu avait
adressé une lettre à la fin de l'année dernière à François Cuillandre, le maire de Brest,
pour lui confirmer la venue du Mircea "à titre d'ambassadeur de la Roumanie". Cette
venue consacrait les liens qui se sont établis entre le Finistère et la Roumanie. Depuis
1993, la ville de Brest est jumelée avec Constantsa, le grand port de la mer Noire.
Ce n'était pas la première fois que le Mircea venait à Brest. En 1965, une violente tempête avait mis le bateau roumain en grand danger au large de l'île de Sein alors
qu'il revenait d'une campagne en mer Baltique. En panne de moteur, le Mircea dût lancer un SOS le 26 novembre à 22 h 30. Les opérations de sauvetage dureront 40 heures.
Le canot de sauvetage de l'île de Sein, le Patron-François-Heruis, se portait immédiatement à son secours. Au lever du jour arrivait le remorqueur Implacable, de la
Marine nationale, mais le médecin du bord se blessait grièvement et le bateau devait
faire demi-tour. Le remorqueur Rhinocéros prenait alors son relais.
Au matin du 28 novembre, après deux jours d'attente, le Rhinocéros réussissait
enfin à passer une remorque au Mircea. Le canot Patron-François-Hervis les accompagna jusqu'à Brest pour parer à une rupture éventuelle de la remorque. Le voilier
école roumain entrait dans le port de Brest en fin de journée.
Olivier Mélennec (Ouest-France)
Premier satellite roumain
C
inquante années juste après
"Spoutnik", le premier satellite roumain devrait être lancé
le 1er décembre prochain, jour de la fête
nationale, à l'aide d'une fusée Vega de
l'Agence Spatiale Européenne. Baptisé
ironiquement "Goliath", par ses concepteurs, une équipe de jeunes universitaires,
il pèse un kilo, a la forme d'un cube de 10
cm de côté et une duré de vie d'un an.
Effectuant une révolution autour de la
terre en 90 minutes, il est chargé d'une
triple mission : détecter les micro-météorites présentes sur son orbite, mesurer les
radiations gama autour de lui et prendre
des photographies de la Roumanie.
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Dita-Tomescu est devenue
remporter le marathon olympique
encore bien courir à cet âge"
Du coup, Turnu Severin la fit citoyenne d'honneur de la
ville, mais la capitale s'étant enfin réveillée, son club dut la
laisser filer avec regret mais compréhension au Dinamo de
Bucarest qui lui offrait des perspectives de carrière autres.
Un mari entraîneur
de génie et plus jeune de six ans
De fait depuis fin 2005,
Constantina Dita-Tomescu s'entraîne régulièrement à Boulder
(Colorado) dans les montagnes
rocheuses, où elle s'est établie
en compagnie de son mari et
entraîneur, Valeriu Tomescu, de
six ans son cadet. Le couple, à
la manière de celui formé par la
cycliste française Jeannie
Longo et son mari, Patrice
Ciprelli, fonctionne de manière
autonome par rapport à sa fédération nationale.
Valeriu, qui termine son master de physiologie aux USA,
en attendant d'entreprendre un doctorat, a joué un rôle essentiel dans la victoire de sa femme. Ayant remarqué les dégâts
causés par la chaleur lors des JO d'Athènes, il la suivait lors de
ses entraînements, veillant à ce que sa température corporelle
ne dépasse jamais 39°, seuil à partir duquel le cerveau ne stimule plus les muscles.
Pour Pékin, il avait confectionné une veste avec de la
glace que Constantina portait pendant son échauffement avant
l'épreuve. Peu avant le départ, voyant que le temps s'était subitement rafraîchi, il avait changé de tactique en fonction de la
pluie qui s'annonçait, alors que les autres concurrentes restaient préparées pour une course par grande chaleur.
Cette stratégie allait s'avérer décisive, tout comme le soutien qu'il apporta à sa femme au long de la course. Venu en
simple touriste et à ses frais à Pékin - normalement la
Fédération roumaine d'athlétisme et le Comité national olympique devraient les rembourser,
après s'être cependant faits tirer
l'oreille - Valeriu avait loué une
bicyclette pour l'accompagner,
lui criant ses directives et encouragements… jusqu'à ce que la
police le stoppe, au 27ème kilomètre. Le Roumain avait bien
potassé le règlement: rien ne
l'interdisait du moment qu'il
était de l'autre côté des barrières.
De toutes façons, à ce
moment là, Constantina DitaTomescu, échappée depuis le 20ème kilomètre, sans provoquer de réaction de la part des autres concurrentes, avait course gagnée. Paula Radcliffe, encore grande favorite mais mal
remise d'une fracture de fatigue à un fémur, était lâchée et
abandonnait à nouveau. Apprenant l'âge de la Roumaine, la
grande championne britannique, bientôt 35 ans, se consolait en
prédisant: "Dans quatre ans, à Londres, ce sera mon tour".
Sans-doute… mais Constantina Dita-Tomescu n'a peut-être
pas encore dit son dernier mot.
Médaille d'or à Sydney, Mihai Covaliu
se rêvait encore en d'Artagnan à Pékin
L
e sabreur Mihai Covaliu avait
connu la gloire en 2000, à 23
ans, lors des J.O de Sydney, en
remportant la finale individuelle du
sabre. S'il était passé à côté du titre olympique à Athènes, terminant 7ème, il avait
montré l'année suivant qu'on devait toujours compter avec lui en devenant champion du monde à Leipzig. Le Roumain
était donc un des favoris de la discipline
à Pékin, mais perdant de peu sa demifinale contre le Français Nicolas Lopez, il
a dû se contenter du bronze.
Rien ne destinait le gamin à l'escrime, sinon de ne pouvoir continuer à jouer
au football à la suite d'un accident. La
venue d'un recruteur dans son école allait
faire basculer son destin. Fier de tenir une
épée dans sa main à tout juste 9 ans, il se
débrouilla si bien qu'il fut retenu pour
rejoindre la pépinière des bretteurs du
pays. Ses parents, qui ne pensaient nullement que leur rejeton ferait carrière dans
ce sport, étaient ravis pour une toute autre
raison : "Tant qu'il est dans la salle à
s'entraîner, il n'est pas en train de traîner
dans la rue".
On aurait pu trouver plus motivant
pour un futur champion olympique, mais
le petit Mihai, tout de suite séduit par
cette discipline, attisa sa passion naissante à travers les romans de mousquetaires
qu'il dévorait, d'Artagnan étant devenu
son idole. "Je rêvais de manier l'épée
comme lui et d'être invincible".
Le Roumain y est parvenu en 2000,
même si c'est au sabre. Sa relative
désillusion de Pékin ne devrait pas l'arrêter. Admirateur d'Alexandre Dumas, il a
lu Vingt ans après. Rendez-vous est
donc pris pour les J.O. de 2020. Mihai
Covaliu aura 43 ans, l'âge de d'Artagnan
lorsqu'il a retrouvé ses amis Athos, Portos
et Aramis, pour de nouvelles aventures.
Cette fois-ci, elles ne seront pas gasconnes mais olympiques !
43
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
J. O. Pékin
l
BAIA MARE
l
SUCEAVA
l
l
SIGHET
IASI
ORADEA
ARAD
l
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TARGU
MURES
A. IULIA
l
TIMISOARA
BRASOV
CRAIOVA
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TULCEA
n
BUCAREST
"Parmi les jeunes qui vivent dans les rues
certains ont la capacité de monter une affaire "
Social
Muhamad
Yunus
prix Nobel
de la Paix
Micro-crédit : l'idée du "banquier
des pauvres" reprise en Roumanie
CONSTANTA
l
Pas de “potion
magique” Lucas
pour Camelia Potec
44
L'honneur sauf de la
gymnastique roumaine
BACAU
GALATI
l
PITESTI
l
Sandra Izbasa perpétue la tradition
en remportant l'or aux exercices au sol
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
La championne olympique
d'Athènes sur 200 mètres dos voulait
terminer sa carrière sur une autre
médaille d'or. C'est raté ! Camelia
Potec a terminé respectivement
6ème, 5ème, et 4ème des trois
finales qu'elle a disputées, manquant
pour quelques centièmes de seconde
la médaille de bronze du 800 mètres
nage libre.
A 26 ans, profitant du "divorce" de
Philippe Lucas avec sa protégée
Laure Manaudou qu'il avait fabriquée,
la très jolie ondine roumaine avait
pourtant rejoint quelques mois avant
Pékin, le célèbre entraîneur du Canet
en Roussillon avec l'ambition de
décrocher un dernier trophée et de
tourner ainsi définitivement la page de
la compétition. "Là-bas, j'aurais enfin
une préparation digne ce nom" avaitelle confié avant son départ dans le
sud de la France, ajoutant : "En
Roumanie, nous n'avons pas de programme de repos, de repas réguliers
et équilibrés ".
En France, elle a été servie: "Tout
était extrêmement strict: entraînement, repas, sommeil… et entraînement. En semaine, je n'avais aucun
moment de liberté et j'effectuais deux
entraînements chaque jour.”
(lire la suite p. 46)
S
acrée championne olympique au sol, Sandra Izbasa a sauvé l'honneur de la
gymnastique roumaine, en lui apportant son seul titre de la compétition et
perpétuant aussi sa tradition à cet agrès, établie par Nadia Comaneci en
1980 à Moscou. La Bucarestoise est devenue en effet à 18 ans la sixième médaillée
d'or de cet exercice de son pays, après la légende Comaneci, Ecaterina Szabo à Los
Angeles (1984), Daniela Silivas à Séoul (1988), Lavinia Milosovici à Barcelone
(1992) et Calina Ponor à Athènes (2004), Simona Amanar n'ayant obtenu "que" la
médaille d'argent à Atlanta (1996) et de bronze à Sydney (2000).
Comme elle l'affectionne, la jeune gymnaste, déjà championne d'Europe et qui
pratique ce sport depuis l'âge de quatre ans, était passée la dernière dans le concours,
grâce aux évolutions constamment bonnes des qualifications, ce qui lui permettait de
jauger ses concurrentes, dont ses deux suivantes, les Américaines Shawn Johnson et
Anastasia Lukin. Sandra avait une seule idée en tête: réaliser son exercice tel qu'il a
été conçu et répété depuis des années avec son entraîneur principal Nicolae Forminte.
La précision et la détermination de la Roumaine ont été évidentes dès la première diagonale acrobatique. Évoluant sur une musique
grecque avec grâce et avec force, combinaison de l'école
roumaine de gymnastique, elle a conservé sans contestation possible le titre olympique au sol de son pays, avec
une note de 15,650 points.
Sandra Izbasa était aux anges après sa performance
qui lui a valu à un coup de téléphone immédiat du président Basescu, lui confiant "combien, elle l'avait rendu
fier d'être Roumain". La jeune fille, qui n'a pas caché
qu'elle tremblait de tous ses membres avant sa dernière
prestation, lui a promis de "concourir pendant encore
mille ans, si elle gardait la forme"! Son entraîneur, ravi
certes, était cependant moins enthousiaste en évoquant
l'avenir : "Nous avons de moins en moins de champions
et c'est un problème de fond pour la gymnastique roumaine" a-t-il regretté.
Seule fausse note à ce succès, le commentaire dans la
presse d'Outre-Atlantique de Bela Karoly, l'ancien et célèbre entraîneur de Nadia
Comaneci puis de l'équipe olympique des USA où il vit depuis plus de vingt ans, sur
sa petite ex-compatriote qui a eu le toupet de devancer deux Américaines : "Sa note a
été surévaluée… mais les Roumains ont toujours été les champions des combines d'arbitrage". "Qui connaît encore Bela Karoly?" lui a répondu sur le mode ironique
Nicolae Forminte, s'adressant à des journalistes roumains… Sandra Izbasa apportant
son grain de sel en rajoutant par-dessus son épaule: "un illustre inconnu" !
Rugby : disparition brutale
du sélectionneur national
L
'ancien rugbyman et entraîneur du Stade Toulousain,
actuellement entraîneur der
Blagnac, Daniel Santamans, 49 ans, est
décédé samedi 26 juillet, victime d'un
malaise cardiaque. Tout juste revenu de
l'enterrement de sa mère en Roumanie,
l'ancien talonneur, champion de France
1985 et 1986 comme joueur et 2001
comme entraîneur, s'est écroulé dans sa
maison de Cugnaux. Une fin tragique
pour un éducateur confirmé, également
sélectionneur de la Roumanie lors de la
dernière Coupe du monde de rugby en
France. Daniel Santamans avait la double
nationalité franco-roumaine.
L
e Centre
de ressource
pour le développement de l'économie
sociale (APEL),
présidé par Franco
Aloisio, a été l'organisateur d'une conférence nationale sur le
micro-crédit social qui s'est déroulée à la salle Elvire Popesco
de l'Institut français de Bucarest. Co-financée par l'ambassade
de France en Roumanie, cette rencontre a accueilli plusieurs
experts de l'économie sociale
"Parmi les jeunes qui vivent dans les rues, certains ont la
capacité de monter une affaire (…) L'esprit de base de cette
réunion est que les gens en difficulté peuvent devenir une ressource pour la société", a souligné Franco Aloisio, président
d'Apel, au commencement de la réunion.
Un "esprit de base" partagé par Gilles Sohm, directeur du
fonds de pension AG2R, qui a rappelé les principes fondamentaux de l'économie sociale au sein de laquelle s'inscrit le
microcrédit: "L'économie sociale, c'est la volonté de concilier
l'économique et le social, et de replacer l'homme au coeur de
l'activité économique (…) Cette économie sociale a les mêmes
exigences que l'économie capitaliste, il faut proposer des services de qualité." A ne pas confondre, et Gilles Sohm insiste,
avec l'économie solidaire… "La seule vision caritative est
moins porteuse de solutions que l'économie sociale. Il faut
savoir créer une alliance dans la société au sens large."
En Roumanie, selon la Banque mondiale, le nombre de
personnes pauvres, c'est-à-dire vivant avec moins de 3 dollars
par jour, a été réduit par trois entre 2000 et 2006, passant sous
la barre des 3 millions. "Mais les risques de pauvreté restent
très élevés, notamment dans les régions rurales du nord du
pays", souligne Cristina Loghin, secrétaire générale de Caritas
Roumanie.
L'apport d'un crédit n'est pas suffisant
Le concept de la émicrofinance est encore jeune, tant en
Roumanie qu'au sein de l'Union Européenne. C'est depuis
2005 et la remise du prix Nobel de la Paix à Muhamad Yunus,
surnommé "le banquier des pauvres" que l'idée a commencé à
mûrir. Le Réseau européen de la Microfinance a désormais un
ou plusieurs représentants dans chacun des pays de l'UE. Son
directeur, Philippe Guichandut, explique que "l'apport d'un
crédit n'est pas suffisant, des services financiers d'accompagnement sont nécessaires, c'est ce qui définit la microfinance".
Florica Chereches, directrice de l'association Integra à
Bucarest ajoute que "travailler avec des personnes en difficulté présuppose un investissement plus important que le seul fait
de prêter de l'argent. Il est très important d'accorder plus de
services comme la consultance ou le conseil (…) Le crédit
social est plus utile que le crédit simple car il est centré sur
l'insertion sociale, le développement et la crédibilité des bénéficiaires, un vrai transfert de connaissances s'effectue".
Jusqu'à 25 000 euros
"Pour la Roumanie, le besoin de microfinancement est
estimé en 2007 à environ 800 millions d'euros (…) Ici les vrais
financeurs de la microfinance sont surtout 25 instituts et ONG
non-bancaires qui offrent des services financiers non-formels.
Ils se trouvent surtout en Transylvanie et à Bucarest" explique
Maria Doiciu, représentante en Roumanie du Réseau européen
de la Microfinance. Même si quelques banques comme la
BRD-Société Générale offrent aussi des micro-crédits sociaux
de façon parallèle.
Selon une loi adoptée en Roumanie en 2005, les microcrédits peuvent aller jusqu'à 25.000 euros mais des prêts plus
larges sont en discussion. Car comme dans le reste de l'Union
Européenne, 90% des entreprises en Roumanie sont des
micro-entreprises. Et la demande ne cesse de croître. "Les
pertes du secteur sont minimes, moins de 1%. Pour la plupart
des financés, payer son prêt est une question d'honneur" ajoute Maria Doiciu.
Mais qui sont-ils ? "Nos clients sont en général des petites
entreprises familiales du milieu rural ou des femmes en difficulté", affirme Florica Chereches. Constat partagé par Mircea
Onita, directeur général du Centre de développement économique: "Nous travaillons surtout dans le domaine agricole, et
il est vrai que la catégorie des femmes est bien représentée
dans les financements que nous accordons."
Laurent Couderc (www.lepetitjournal.com - Bucarest)
Réévaluation des
nouveaux handicapés
L
a Roumanie comptait 530 000 handicapés physiques ou invalides en avril dernier contre 430 000
en 2007. Devant cette augmentation de près de
25 % en un an, la secrétaire d'Etat auprès du ministère du travail a décidé de faire réévaluer tous les nouveaux cas ainsi que
les degrés d'incapacité accordés, suspectant abus et corruption.
Sur 11 500 dossiers réexaminés dernièrement, 2300 se sont
avérés frauduleux.
La Sécurité sociale (CNAS) dépense 110 M€ chaque
année pour cette catégorie de la population qui reçoit une
indemnité mensuelle, bénéficie de déductions d'impôts, de la
gratuité des transports, de crédits gratuits et de traitements
sanitaires adaptés. En outre il a été observé de manière fréquente que les faux handicapés ont des problèmes sérieux d'intégration sociale et psychologiques.
21
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
l
SATU MARE
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ARAD
TARGU
MURES
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TIMISOARA
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IASI
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HUNEDOARA
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BRASOV
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n
l
CRAIOVA
BUCAREST
CALARASI
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CONSTANTA
Plus qu'une
seule usine
20
Le drame d'Athènes s'est répété à Pékin
l
SF. GHEORGHE
l
Le gymnaste Marian Dragulescu
ne sera jamais champion olympique
J. O. Pékin
Adieu Carpati, Marasesti, Snagov !
SUCEAVA
ORADEA
La production de cigarettes roumaines
s'est effondrée en moins de dix ans
Société
Les NOUVELLES de ROUMANIE
A l'heure actuelle, une seule grande usine produit encore des cigarettes roumaines, celle de Sfantu
Gheorghe (centre). Les autres, celles
de Bucuresti, Timisoara, lasi, Râmnicu Sarat et Targu-Jiu sont fermées.
En 1990, toutes les unités de production, y compris huit unités de fermentation, six fabriques de cigarettes,
une station de recherche et une
usine de pièces détachées avaient
été réunies au sein de la Régie autonome du tabac, Cet organisme a
fonctionné jusqu'en 1997, quand il
s'est mué en Société nationale du
tabac roumain (SNTR), à capital
d'Etat. Après
s'être endettée
de 40 millions
de euros, la
SNTR a été
privatisée en
2000. La procédure fut particulièrement
contestée. Le
gagnant,
Interagro S.A.,
avait emporté
près de 54%
des actions,
mais les dettes se sont élevées en
trois ans à 89 millions de euros. Elles
n'ont jamais été honorées. Lors d'une
troisième tentative de privatisation en
2004, le consortium Tobacco, formé
de CTS (Italie) et Galaxy Energy
International (Iles Vierges), a avalé
56,4% de la SNTR.
Actuellement, la compagnie s'appelle Galaxy Tobacco. Elle emploie
quelque 500 salariés, trois fois moins
qu'en 2000. Elle est la dernière à produire du tabac roumain.
S
i les Roumains restent des fumeurs invétérés, les cigarettes nationales,
Snagov ou Carpati, semblent irrémédiablement condamnées par la concurrence anglo-américaine. Dans un article du mensuel francophone
"Regard", que nous reprenons ci-dessous, Florentina Ciuverca dresse la nécrologie
d'un pan de la vie économique roumaine qui part en fumée.
"Une Carpati, Marasesti ou Snagov contient beaucoup de nicotine, mais aussi de
nostalgie. "Comme elles étaient fortes !", se souviennent les vieux fumeurs roumains,
qui ont presque oublié l'arôme du tabac national. Après la révolution, dans les années
1990, les viriles cigarettes roumaines n'ont pas résisté à la concurrence du tabac d'importation, plus raffiné. Petit à petit, les paquets étrangers ont remplacé les marques
locales chez les "accros".
Pourtant les Roumains restent de grands fumeurs. Une récente étude montre que
les cigarettes occupaient en 2006 la première
place dans un top des ventes des biens de
consommation: 1,22 milliard d'euros pour
45000 tonnes de cigarettes écoulées dans l'année. Soit l'équivalent de la somme totale dépensé pour les jus de fruits, l'eau minérale et la bière
rassemblés! Cela n'a pas empêché les cultivateurs de tabac et les fabricants de faire faillite.
G
hinion ! Ghinion ! Ghinion !"… "La poisse !" :
Marian Dragulescu, 27 ans, n'avait que ce mot à la
bouche après avoir chuté à la réception de son
deuxième et dernier saut, lors de la finale de l'épreuve du saut
de cheval, ce qui le fit rétrograder à la quatrième place. Le
gymnaste avait réalisé un premier saut presque parfait qui
l'avait placé nettement en tête du concours. Prudent, il avait
choisi de ne pas exécuter sa spécialité, "le Dragulescu",
célèbre dans l'univers de la gymnastique pour sa difficulté, afin
de s'assurer cette médaille en or qui lui avait filé sous le nez à
Athènes… pour la même raison. Toutefois, aux JO de 2004,
après avoir obtenu un fabuleux 9,9 au premier saut, le
Roumain avait quand même décroché l'argent malgré sa chute
au second et aidé son pays à obtenir le bronze par équipe.
De l'or indispensable
pour faire opérer sa fillette
A Pékin, celui qui a été aussi deux fois champions du
monde de la spécialité à Melbourne en 2005 et à Aarhus
(Danemark) en 2006 est reparti bredouille, digne malgré son
3700 tonnes de cigarettes produites
l'an passé contre 25 000 en 1997
La production a diminué proportionnellement aux dettes de la Société nationale du Tabac Roumain (SNTR), à capital
d'Etat. Brutalement, les paquets de Bucegi, Dada, Doina ou Coloana ont disparu de la circulation. La marque la plus populaire reste Carpati, équivalent
roumain de la Gauloise française. Un rapport de 1997 du ministère de
l'Agriculture montre qu'on produisait alors 25000 tonnes de cigarettes, dont
17000 de Carpati. En 2006, la production était tombée à 3700 tonnes.
C'est surtout la concurrence qui a causé la chute des cigarettes roumaines.
Des firmes telles que British American Tobacco, Phillip Morris et JT
International ont investi le marché. D'autres comme BAT et Reynolds étaient
déjà sur place. Récemment, Gallaher, cinquième compagnie mondiale et déjà
présente dans plus de 60 pays, a fait son apparition. "Les multinationales préfèrent le tabac d'Amérique du Sud, d'Afrique ou d'ailleurs, parce qu'il est
moins cher que le roumain", résume Paula Craioveanu, conseillère au ministère de l'Agriculture. "Leur attitude est uniquement dirigée par des intérêts
commerciaux. En ce qui concerne la qualité de notre tabac, que ces firmes
considèrent comme inférieure, il existe des solutions. Un partenariat cultivateur-producteur résoudrait le problème".
La conseillère réclame par ailleurs un peu de "bienveillance" de la part de ces
compagnies. Elle évoque aussi les taxes très élevées sur le tabac roumain, alors que
les voisins jeunes adhérents de l'UE n'ont pas forcément appliqué la fiscalité européenne et ont maintenu leur activité de tabaculture.
Andreea Tartacan, directrice commerciale de Galaxy Tobacco, ajoute, pessimiste,
que "les exploitations de tabac diminuent chaque année en raison du manque de profit". Le groupe essaye maintenant de se profiler sur les cigarettes "biologiques". Les
producteurs réclament enfin l'arrêt de la contrebande en provenance de République de
Moldavie et d'Ukraine. Des cigarettes sans filtre, similaires aux Carpati ou aux
Marasesti, s'achèteraient en effet bien moins cher près des frontières... "
Florentina Ciuverca
immense désillusion. Cet or
qu'il n'aura jamais car à 27
ans, l'heure de la retraite a
sonné depuis longtemps
pour les gymnastes, Marian
Dragulescu le voulait pour
une raison extra-sportive
qui prend une dimension de
drame. Alors qu'il pensait
mettre un terme à sa carrière voici deux ans, il avait
décidé de continuer l'entraînement quand les médecins avaient
découvert que sa fillette Béatrice souffrait d'hypoacousie bilatérale, une malformation la rendant sourde.
Aujourd'hui âgée de trois ans, l'enfant devait être opérée
sans tarder, cette infirmité risquant de devenir définitive.
Rendez-vous avait été pris pour une intervention à l'automne
dans une clinique de Vienne, dont le coût était estimé à
40 000 €. Marian Dragulescu n'avait pas le choix: il devait
impérativement remporter la médaille d'or à Pékin et les
100 000 € qu'elle rapporte.
Devenue consul honoraire de la Roumanie 45
aux USA, Nadia Comaneci a “bien” grandi
E
n 1976, aux Jeux Olympiques
de Montréal, elle avait 14 ans,
cas de figure qu'on ne peut
plus voir de nos jours, l'inscription aux
J.O. étant réservée aux majeurs de 16 ans.
Et elle a bouleversé la planète sport, au
point d'être élue "meilleure gymnaste du
siècle" en 1999, et "meilleure athlète
féminine du siècle".
"Elle", c'est la petite fée roumaine
Nadia Comaneci, qui avait raflé, obtenant
sept fois la note parfaite de 10,3
médailles d'or aux J.O. de 1976, à
Montréal. C'est la première fois dans
l'histoire des Olympiades que le "10 parfait" était attribué à un athlète, à tel point
que les juges furent obligés d'inscrire 1.0,
les tableaux de notation ne permettant pas
d'écrire 10.0 !
Si durant sa carrière, entre 1975 et
1981, la Roumaine (qui a désormais également la nationalité américaine) a collectionné les récompenses, s'adjugeant 9
médailles olympiques dont 5 en or, ainsi
que 2 titres mondiaux et 9 titres européens, ne croyez pas qu'elle se repose sur
ses lauriers !
Installée depuis longtemps à Norman
en Oklahoma avec son époux l'ancien
gymnaste Bart Conner, avec qui elle a eu
le 3 juin 2006, à 45 ans, son premier
enfant (prénommé Dylan-Paul), Nadia
Comaneci multiplie les activités. Outre
ses apparitions plus ou moins heureuses
dans des talk-shows télévisés, à la faveur
de sa notoriété, elle est engagée sur de
nombreux fronts: "entre les contrats de
sponsors, les discours de motivation, ma
Fondation et ma vie familiale, je n'ai
vraiment pas le temps de m'ennuyer",
résume-t-elle. Et elle est allée à Pékin
pour faire des commentaires pour
Televisa, une chaîne mexicaine.
Elle revient régulièrement à
Bucarest, où elle a créé fin 2007 la
Fondation Comaneci, qui soutient les
jeunes sportifs roumains, et finance cette
année la construction d'une polyclinique
où "des orphelins et enfants de familles
démunies pourront être soignés mais
aussi apprendre l'anglais, étudier, être
nourris". "Ces enfants méritent une
meilleure vie", proclame-t-elle. Un beau
geste pour la capitale roumaine, dont elle
avait dû s'exiler un mois avant la
Révolution de 1989.
Et, si elle fut la toute première athlète invitée à s'exprimer à l'ONU, en 1999,
et a le titre de consul honoraire de
Roumanie aux Etats-Unis, ne pensez pas
la voir un jour suivre l'exemple d'autres
grands champions et s'engager en politique : "Je veux bien faire des choses
pour la Roumanie”, concède-t-elle,
"mais pas à travers la politique", rajoutet-elle, prudente.
Pour ceux qui souhaitent découvrir
ou re-découvrir l'incroyable destin de la
gymnaste, sachez qu'un film lui a été
consacré, en 1984 : Nadia, d'Alan Cooke.
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Livres
SATUMARE
l
ORADEA
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l
SUCEAVA
TARGU
MURES
CLUJ
l
ARAD
BRASOV
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IASI
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GALATI
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TIMISOARA
L'accès à la lecture
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ADJUD
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TG. JIU
PITESTI
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BRAILA
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CRAIOVA
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n
l
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TULCEA
CONSTANTA
BUCAREST
l
CARACAL
CALAFAT
(suite de la page 44)
Le samedi matin, j'étais dans le
bassin dès 6 heures pour une séance
de préparation de trois heures et
demie. Après, j'avais carte blanche
jusqu'au lundi matin pour aller me
changer les idées".
Camelia, fille à la fois équilibrée et
intelligente, ne regrette qu'une chose:
"J'aurais dû venir en France beaucoup plus tôt. Philippe est exigeant,
mais uniquement pour le travail. Avec
lui, j'ai fait des progrès formidables".
Des arrières assurés
46
La Bibliothèque Centrale
Culturel Français au hit-parade
La Roumaine de Braila nourrissait
pourtant beaucoup d'espoir, avec une
préparation toute en progression, pensant être à l'heure pour le rendezvous chinois: une médaille d'argent et
deux de bronze aux championnats
d'Europe, en mars, un titre de vicechampionne du monde du 400 mètres
nage libre à Manchester, en avril.
Mais voilà… il fallait compter avec "la
jeunesse" qui n'a aucune considération pour les anciens.
Après avoir passé plus de la moitié
de sa vie dans l'eau - son père lui
avait appris à nager dans le Danube
quand elle avait cinq ans - Camelia
Potec, qui a une peur bleue de la mer,
des méduses et des algues, va
retrouver un rythme de vie plus ordinaire. Des clubs lui ont fait des propositions pour devenir à son tour entraîneur, mais elle envisage aussi de faire
carrière dans le tourisme. De toutes
façons, la jeune femme, très mature,
a su préparer ses arrières et est déjà
à la tête d'une petite fortune, fruit de
tous ses succès antérieurs: deux
appartements, un à Bucarest, un
autre à Braila, deux maisons à
Corbeanca, banlieue nord résidentielle de la capitale, un terrain à la montagne… et une voiture de sports.
B
ien plus que les Français, les Roumains sont amateurs de lecture et, au vu
du prix des livres depuis la "Révolution" ou de la difficulté de s'en procurer venant de l'étranger auparavant, sont devenus de véritables rats de
bibliothèques, fréquentant également les centres culturels étrangers présents dans les
grandes villes. "Romania Libera" ("La Roumanie Libre") a fait le point sur ce phénomène à Bucarest, constatant des changements fondamentaux dans la diffusion de la
culture, sous l'influence occidentale.
Aujourd'hui, les bibliothèques sont devenues médiathèques. On y trouve non seulement des livres, mais des CD de musique, des films. Elles organisent aussi des évènements culturels et artistiques. Le quotidien relève que le British Council est à la
pointe de cette tendance d'ouverture sur les formes de culture alternatives, urbaines,
tournées vers les jeunes. A l'inverse, le centre d'études américaines est qualifié d'institution quasi-militaire, "d'accès aussi difficile que l'aéroport Kennedy", n'organisant
que des évènements ennuyeux, tournés vers les questions politiques, alors que le
centre culturel français se caractérise toujours par son côté élitiste. Toutes ces institutions ont à affronter le même problème: l'espace restreint dont elles disposent qui les
empêchent de stocker des fonds importants de livres.
La convivialité à la place du cadre poussiéreux communiste
"Romania Libera" souligne l'effort entrepris par la
Bibliothèque
Centrale
Universitaire de Bucarest
(notre photo), dont le
concept a changé, empruntant peu à peu le modèle
occidental pour devenir plus
conviviale, une voie choisie
aussi par une autre institution
roumaine, la Bibliothèque
Métropolitaine
d'Amzei,
quoique plus timidement.
A l'opposé, la Bibliothèque de l'Académie offre toujours le même cadre communiste, poussiéreux, rébarbatif, restreignant par des mesures bureaucratiques l'accès des
étudiants à son fond impressionnant de livres.
Le journal a entrepris d'évaluer tous ces établissements, étrangers ou roumains, en
se basant sur cinq critères : leur fonds de livres, sa diversité, l'ambiance des lieux, les
évènements organisés, l'informatisation, ce qui donne le classement suivant :
Avec les Anglais, la culture a toujours un prix
1ère : la Bibliothèque Centrale Universitaire (Strada Boteanu, n° 1): la BCU
obtient la meilleure moyenne grâce à tous les services offerts, avec ses abonnements
bon marché, gratuits pour les étudiants, un accès sans restriction à des services de qualité. Hérité du communisme, le bâtiment a été rénové, dispose d'un ascenseur et d'une
cafétéria à prix étudiant. La salle de lecture est lumineuse, aérée, garantissant en même
temps l'intimité pour lire tranquillement sans avoir à subir le regard des voisins.
La BCU dispose d'un fonds de livres roumains gigantesque et agrandit de façon
substantielle, année après année, celui des livres étrangers. Ses services sont totalement informatisés, professionnalisés et le temps d'attente pour obtenir un livre n'excède pas 20 minutes. Seuls bémols : le fonds de livres étrangers que l'on peut emprunter est limité et les évènements culturels un peu "vieux jeu", trop universitaires.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'activité des brasseurs menacée par la mondialisation
Economie
Les petits producteurs de bière ont la pression
S
era-t-il encore possible de boire une bière traditionnelle en Roumanie dans dix ans ? Rien n'est moins
sûr, car les petits producteurs s'attendent à vivre des
jours difficiles face à la concurrence des grandes multinationales. Et l'Etat roumain n'envisage nullement d'apporter un
soutien à ces sociétés, comme en Allemagne ou en Angleterre.
Paradoxalement, les Roumains boivent de plus en plus de
bière... ainsi que l'a constaté Liviu Florea du journal “Curierul
National” dans un article traduit par Ramona Delcea et paru
dans lepetitjournal.com.
Quinze brasseurs indépendants
veau projet de loi qui permettrait d'attribuer des aides financières aux petites et moyennes entreprises (PME) de l'industrie
de la bière.
Cette annonce vient quelques mois après le rejet par les
députés d'une loi similaire, en juin 2007. Celle-ci avait été
adoptée dans un premier temps par le Sénat et par le Parlement
et avait été ensuite envoyée au Président pour qu'il la promulgue le 30 novembre 2006. Cependant, Traian Basescu a
demandé le réexamen du dossier et a accusé les parlementaires
de "faire des lois pour les délinquants". La loi a été rejetée
définitivement début juin, avec 124 voix contre 51, le
Parlement ayant le dernier mot dans ce genre de cas.
La version initiale prévoyait
l'exemption pour les PME des obligations fiscales arriérées au 31 décembre
2003, ainsi que des intérêts afférents.
Ces derniers représentent l'impôt sur le
profit et la TVA que les PME de l'industrie de la bière ont accumulés.
"Les producteurs
indépendants de bières
en Roumanie pourraient
être obligées de fermer
leurs
portes
d'ici
quelques années", a
déclaré Vifor Versescu,
directeur général du
L'État grand perdant
Patronat des sociétés
Les importantes brasseries de Timisoara fabriquaient
indépendantes de bière
Victor Versescu considère que le
une bière réputée dans tout le pays (ici, à la fin du XIXème siècle).
de Roumanie (PSIPBR).
premier perdant de la fermeture éven"À cause du manque d'implication des autorités roumaines, les
tuelle de ces petits producteurs indépendants serait l'État luientreprises productrices de bière pourraient être vouées à la
même. "Tout d'abord, les entreprises indépendantes disposent
faillite dans les deux ou trois prochaines années. Les entrede plus de force de travail que les multinationales, ce qui se
prises importantes comme Bere Martens Galati, Bere Mures
traduit par des impôts et des taxes plus substantiels versés à
ou Bere Azuga pourront survivre mais tous les petits producl'État. Les budgets locaux reçoivent des suppléments qui vont
teurs devront faire face à de gros problèmes à l'avenir".
jusqu'à 100 milliards d'anciens lei (environ 3 millions euros)
Vifor Versecu évoque aussi la bataille qui se mène actuelpar an, des sommes qui proviennent de l'activité des entrelement entre globalisation et traditionalisme au sein
prises productrices de bière.
de l'industrie mondiale de la bière. "Dans d'autres
Ensuite, ces producteurs utilisent
pays de l'Union Européenne, cette tendance à la glode la matière première d'origine
balisation a frappé tous les marchés, y compris les
roumaine", explique le directeur de
marché traditionnels de la bière, mais les effets ne
la PSIPBR.
sont pas si évidents que ça. Par exemple, en
Les investissements des sociéAllemagne, il y a environ 1.200 producteurs indépentés productrices de bière sur l'année
dants de bière, en Angleterre environ 500. Les autori2007 se sont élevés à environ 80
tés de ces pays se sont considérablement impliquées
millions d'euros grâce à des prêts
pour aider les petits producteurs, ce qui les a sauvés.
bancaires, ce qui a porté leur proEn Roumanie, les autorités n'ont pas du tout la même
duction de bière à environ 3 milapproche, même si le nombre de producteurs roulions d'hectolitres, soit 500.000
mains est nettement inférieur : nous avons seulement
hectolitres de plus qu'en 2006.
15 producteurs indépendants de bière. 10 sociétés sur
Tous ces aspects doivent être
les 15 mentionnées ont une capacité de production
considérés dans le contexte de la
annuelle inférieure à 200.000 hectolitres, les 5 autres
consommation de bière en
produisent plus. La plus importante est Bere Mures ",
Roumanie, qui a tendance à auga conclut le président de la PSIPBR.
menter. La consommation devrait
“Délicieuse, sympa, du charme...
Elle est la plus appréciée atteindre 92-93 litres de bière par
dans les soirées ou après le dîner”.
habitant à la fin de cette année, la
Une nouvelle "loi sur la bière" ?
même consommation qu'en Hongrie et 20 litres plus qu'en
Bulgarie".
Liviu Florea
Des sources provenant de l'industrie roumaine de bière ont
(traduit par Ramona Delcea, lepetitjournal.com)
déclaré que les petits producteurs de bière préparent un nou-
19
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
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SATU MARE
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PLOIESTI TULCEA
n
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CONSTANTA
BUCAREST
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CRAIOVA
Les chiffres
18
Près de huit millions
de passagers aériens en 2007
Population : 21 542 000 habitants
Superficie : 238 391 km 2
PIB estimé pour 2008 : 132 milliards
d'euros (+5,8 %)
PIB/habitant : 6000 €
Production industrielle : + 5,4 %
Taux d'inflation annuel : + 8,6 %
Chômage (chiffre officiel) : 4,2 %
Salaire moyen net : 320 € (+ 23,2 %)
-Le plus élevé (finances) : 966 €
-Le plus faible (bois) : 181 €
Salaire minimum net : 137 €
(employés), 274 € (cadres)
Retraite mensuelle moyenne : 150 €,
agriculteurs : 60 €
Espérance de vie (hommes/femmes):
68-75 ans
Moldavie :
Population : 3 833 000 habitants
Superficie : 33 700 km 2
PIB : 3,4 milliards d'euros (+ 4 %)
PIB/habitant : 880 €
Salaire moyen : 80 €
Chômage (chiffre officiel) : 8 %
Espérance de vie (hommes/femmes):
62-70 ans
Population adulte émigrée : 25 %
Très cher
village français
Le village français, l'un des quartiers résidentiel les plus huppé du
nord de la capitale, qui s'étend sur
1,6 ha, a été cédé par l'homme d'affaires Costica Costanda au Grec
Raptis Kavouras, spécialiste de l'immobilier, pour la coquette somme de
68 millions d'euros. C'est le cabinet
notarial de Ioana Tariceanu, la
femme du premier ministre, qui a été
chargé de mener la transaction,
empochant une commission estimée
à au moins 400 000 €.
E
n 2007, le trafic aérien roumain a enregistré 7,8 millions de passagers, en
augmentation de 42 % par rapport à l'année précédente. Cette croissance a
continué pour les trois premiers mois de 2008 puisqu'elle a atteint le rythme de 47 %. L'augmentation du nombre de compagnies aériennes opérant sur le marché roumain, des vols charters, l'explosion des vols low-cost (prix réduits) -1,8 millions de passagers, soit 20 % du total du trafic, contre 9 % en 2006 - dont les succès
s'expliquent par le nombre grandissant de Roumains qui s'expatrient, sont à la base du
phénomène. Il faut noter que le trafic intérieur est lui aussi en nette progression du fait
de l'inexistence d'autoroutes et du mauvais état des infrastructures du rail, en perpétuels travaux.
A savoir
Quinze nouveaux malls à
Bucarest dans les trois ans
Pas moins d'un million de mètres carrés de surface commerciale vont être
construits dans la capitale dans les 3 ans
à venir. Au total, 15 projets de centres
commerciaux - appelés aussi mall - sont
en cours dans différents secteurs de
Bucarest. L'un des plus important et des
plus symbolique va prendre ses quartiers
dans la maison de la radio (casa radio) et
s'étendra sur une surface de 100.000 m2.
Construit sous le régime de Ceausescu,
l'édifice, qui se trouve en face de l'hôpital
militaire, sur les quais de la Dâmbovita,
n'a jamais été terminé.
Vuitton, le géant
du luxe à Bucarest
Le géant du luxe Louis Vuitton
(Groupe LVMH) a ouvert son premier
magasin à Bucarest début juin. Un million d'euros ont été investis pour ouvrir
un magasin de 130 m2 dans le Marriott
Hotel. Les produits vendus sont les
mêmes que ceux à la disposition des
clients fortunés dans les magasins Louis
Vuitton de France ou d'Italie.
Jolidon distribue sa lingerie
féminine en France
L'enseigne
roumaine
Jolidon
fabrique et distribue des articles de lingerie (féminin/masculin) sur le créneau
moyenne gamme (40 à 55 € pour un
ensemble slip + soutien-gorge). Fondée
en 1993, juste après la chute du communisme, elle réalise aujourd'hui un chiffre
d'affaires de 40 millions d'euros et comp-
te 3500 employés. Déployée sur l'Italie et
la Roumanie avec 105 boutiques, cette
entreprise a fait son apparition sur le marché français depuis un an et compte à ce
jour une dizaine de boutiques qu'elle a
développées en commission affiliation:
un mode de distribution qui correspond
bien à ses gammes de produits actualisées en permanence. Les résultats de la
filiale française sont prometteurs (environ 5000 €/m2 pour les premières boutiques). L'investissement initial (hors pas
de porte) tourne autours de 4500 € à
7500 € par m² pour une boutique de 50 à
70 m2. Quant aux droits d'entrée, il faudra débourser 15 000 € pour acquérir la
possibilité de vendre la marque.
Energie
Selon Eurostat, en 2006, les taux de
dépendance énergétique les plus élevés
dans l'UE ont été observés à Chypre
(102%), à Malte (100%), au Luxembourg
(99%) et en Irlande (91%). Les États
membres les moins dépendants des
importations d'énergie étaient la Pologne
(20%), le Royaume-Uni (20%), la
République Tchèque (28%) et la
Roumanie (29%).
Dette extérieure
La dette extérieure de la Roumanie a
augmenté de 16,6 % au premier semestre
2008, s'élevant désormais à 45 milliards
d'euros. Au cours de cette même période,
les investissements directs étrangers ont
crû de 64 %, atteignant 5 milliards d'euros; à 60 %, il s'agit de capitaux et de
bénéfices réinvestis sur place par des
entreprises déjà installées.
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Universitaire, le British Council et l'Institut
des meilleures bibliothèques de Bucarest
L’Institut
Culturel
Français
sous influence occidentale
2ème: le British Council (Calea Dorobantilor, n° 14): un
fonds de livres substantiel et récent, particulièrement en ce qui
concerne les sciences et la culture. Idem pour les livres virtuels. Un endroit idéal pour préparer le fameux Cambridge
Certificate, indispensable pour accéder à tous les examens et
formations utilisant l'anglais. Champion pour organiser des
évènements branchés. Point noir, habituel chez les
Britanniques : le coût prohibitif de l'abonnement annuel qui le
rend inaccessible à beaucoup de Roumains: 40 € pour les
adultes, 28 € pour les scolaires et étudiants. Une politique
héritée de l'époque de l'épicière Margaret Thatcher : "Give me
back my money" ("Rendez-moi mon argent") et que l'on retrouve Outre-Manche dans les tarifs pratiqués pour visiter les
musées.
L'élitisme, péché mignon
incorrigible des Français
3ème: l'Institut Culturel Français (Boulevardul Dacia,
n° 77): une très bonne moyenne ainsi que pour sa bibliothèque;
l'abonnement est relativement bon marché par rapport aux
autres instituts étrangers; dispose de la meilleure médiathèque,
spécialement pour la musique et les films. Le fonds de livres
est continuellement actualisé ainsi que la catalogue. Par
contre, son site Internet est chaotique: ainsi la médiathèque est
présentée sous forme de blog. Péché mignon des Français: les
évènements organisés sont souvent élitistes, voire prétentieux,
mais c'est une constante que l'on retrouve à travers les autres
centres culturels français à l'étranger.
4ème: la Bibliothèque Métropolitaine Mihail
Sadoveanu (Strada Tache Ionescu, n° 4): accès totalement
gratuit sauf pour les prestations du type photocopie.
Dépourvue de salle de lecture. Dispose d'une bibliothèque
sonore pour les non-voyants. Peu de livres virtuels.
Informatisation en cours mais insuffisante. S'est lancée récemment dans l'organisation d'évènements culturels s'efforçant à
ce qu'ils ne soient pas trop superficiels.
5ème: l'Institut Goethe (Henri Coanda, n° 22): tarifs
accessibles (de 4 à 7 € par an) ; livres et matériel en allemand;
emprunt d'une semaine maximum. Médiathèque bien fournie,
mise à jour. Très actif dans l'organisation d'évènements tournés
vers les jeunes, de festivals de cinéma, de débats sur des
thèmes actuels.
6ème: Institut
Cervantes (Bibliothèque Luis Rosales,
Marin Serghelescu,
n° 12): fonds de
livres en espagnol, limité à 20 000 volumes, moins tourné vers
la high tech que ses homologues occidentaux. Accès libre pour
consulter les ouvrages, abonnement annuel de 15 € pour les
emprunter. Organise peu d'évènements mais intéressants.
La Bibliothèque Nationale
et celle de l'Académie suintent l'ennui
7ème: Bibliothèque nationale (Ghica n° 4): dispose du
plus grand fonds de livres avec la Bibliothèque de l'Académie.
Nombreuses salles de lecture. Aspect rébarbatif, vieillot, communiste… Le rappel des obligations des lecteurs et du règlement est affiché partout. Accès non autorisé aux moins de 18
ans. Consultation des livres uniquement sur place. Temps d'attente long. Médiathèque basée sur les disques. Manifestations
poussiéreuses, décourageantes, académiques. Intéressant pour
avoir une idée de "comment c'était avant".
8ème: Bibliothèque de l'Académie (Calea Victoriei,
n° 125): son fonds de lecture énorme double, sans justification,
celui de la Bibliothèque Nationale. Accès très difficile : les
étudiants doivent obtenir un laisser-passer de leur doyen.
Salles de lecture convenables pour les spécialistes qui les fréquentent. Organisation d'évènements pour un public restreint.
Site Internet inutilisable.
9ème: Bibliothèque pour enfants Ion Creanga
(Christian Tell, n° 10): filiale de la Bibliothèque Métropolitaine qui s'efforce de s'adapter aux désiratas des enfants d'aujourd'hui. Fonds de livres divers, peu d'ouvrages étrangers
(collection Folio Classique). Activités complémentaires
comme un théâtre de marionnettes, une ludothèque surveillée,
des ateliers de création. Accès gratuit.
10ème: Bibliothèque Pédagogique (Zalomit, n° 12): une
bibliothèque intéressante avec un fonds de 450 000 livres, le
meilleur pour les disciplines théoriques comme les sciences
sociales. Malheureusement son avenir est incertain car le bâtiment, de style communiste mais avec une salle de lecture
aérée, doit être rétrocédé à ses anciens propriétaires. Accès
payant.
La revue "Europe Unie" se penche sur les transformations du continent
D
irigée par Michel Labori,
universitaire lillois, docteur
en sciences économiques et
président du Mouvement européen Nord,
"L'Europe Unie" publie son second
numéro consacré aux grands problèmes
européens, accordant une attention parti-
culière à la Roumanie. Au sommaire de la
revue que l'on peut consulter sur Internet,
sur le site www.prodifmultimedia.com:
- l'élargissement de l'UE et ses implications géopolitiques et économiques
- A propos des évolutions économiques actuelles dans l'Europe: mondia-
lisation, politique agricole commune,
développement rural et environnement
- aspects de la gouvernance de l'UE:
gouvernement électronique, lobbys, subsidiarité
- les défis du XXIème siècle: sécurité et énergie, éducation européenne.
47
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Littérature
l
l
BAIA MARE
ORADEA
ARAD
l
l
IASI
l
CLUJ
l
Une jeune et belle princesse
SUCEAVA
TARGU
MURES
l
BRASOV
l
l
SIBIU
TIMISOARA
GALATI
l
l
BRAILA
PLOIESTI
CRAIOVA
l
l
n
BUCAREST
l
l
TULCEA
CONSTANTA
l
Poèmes
Les vers suivants ont mené Anna
de Noailles au seuil de l'Académie
royale de Belgique. Commandeur de
la Légion d'Honneur, primée par l'Académie française, elle entame dès lors
une production romanesque et autobiographique. La poétesse a abordé
les grands thèmes de la nature, de
l'amour et de la mort, avec un lyrisme
que certains ont qualifié d'ensoleillé.
48
Née Bassarab de Brancoveanu,
comme la plus grande poétesse
Il fera longtemps clair ce soir, les
jours allongent,
La rumeur du jour vif se disperse et
s'enfuit,
Et les arbres, surpris de ne pas voir
la nuit,
Demeurent éveillés dans le soir
blanc, et songent...
Les marronniers, dans l'air plein
d'or et de splendeur,
Répandent leurs parfums et semblent les étendre;
On n'ose pas marcher ni remuer
l'air tendre
De peur de déranger le sommeil
des odeurs.
De lointains roulements arrivent de
la ville...
La poussière, qu'un peu de brise
soulevait,
Quittant l'arbre mouvant et las
qu'elle revêt,
Redescend doucement sur les chemins tranquilles.
Nous avons tous les jours l'habitude de voir
Cette route si simple et si souvent
suivie,
Et pourtant quelque chose est
changé dans la vie,
Nous n'aurons plus jamais notre
âme de ce soir.
(Extrait de l'Offrande Lyrique)
G
rande figure de la littérature français de la Belle Epoque jusqu'aux Années
folles, Anna de Noailles est peu connue dans son pays d'origine où une
partie seulement de son oeuvre a été traduite. Très certainement parce
qu'aux yeux de ses compatriotes, cette jeune et belle princesse roumaine était avant
tout française, portant l'empreinte jusqu'au bout des doigts de ses ongles de la terre où
elle était née et a toujours vécu, n'effectuant qu'un
seul voyage au cours de sa vie en Roumanie.
Beaucoup de Roumains passent d'ailleurs
devant le lycée français Anna de Noailles de
Bucarest sans savoir que la France rend ainsi hommage aux racines d'une de ses plus grandes poétesses. De la même façon, ils s'étonneraient de voir
le nombre de rues, avenues et établissements scolaires français portant son nom ou de découvrir
qu'à la Bibliothèque Nationale de France son portrait trône entre ceux de Voltaire et Cicéron.
L'égale féminine de Victor Hugo
Issue d'une grande famille de boyards roumains, les Bibescu et Craiovesti, Anna-Elisabeth Bassarab de Brancoveanu naît le 15
novembre 1876 à Paris. Elle est la fille du prince Grégoire Bibesco-Bassaraba, et petite-fille du prince valaque Gheorghe Bibesco de Brancovan et de sa femme Zoe
Brâncoveanu. Sa mère est la célèbre pianiste grecque Raluka (Rachel) Musurus, à qui
le compositeur Paderewski dédia nombre des ses compositions.
Toute petite déjà, la fillette s'exerce à la versification, préférant à ses peluches et
autres poupées la lecture des Parnassiens, de Musset, Jean-Jacques Rousseau et surtout Victor Hugo. Un peu plus tard ce sera le tour de Kant et Nietzche.
Parents et amis parlent français autour de la petite Roumaine qui est émue la première fois qu'elle entend la Marseillaise. C'est décidé… Appartenant pourtant à la
haute aristocratie roumaine et aussi française, elle sera républicaine et le restera toute
sa vie, tout en appréciant quand même les mérites de Bonaparte.
Très jeune, dès l'âge de treize ans, l'adolescente, qui a été profondément marquée
par la disparition de son père alors qu'elle n'avait que neuf ans, se met à écrire, des
romans et de la poésie. Douée d'une précoce facilité littéraire, elle rédige ses premiers
écrits dans un style aussi personnel qu'attachant qui trahit une vive sensibilité et la fera
considérée plus tard comme le successeur féminin de Victor Hugo.
Dans son salon, se pressent Proust, Claudel, Gide, Cocteau,
Paul Valéry, Pierre Loti, Max Jacob, Colette, le roi d'Angleterre
Anna n'a que 21 ans quand elle épouse le comte Mathieu de Noailles (1873-1942),
quatrième fils du septième duc de Noailles. Le couple n'aura qu'un fils, le comte Anne
Jules de Noailles (1900-1979). Pour l'état-civil, la jeune et très belle Roumaine est
devenue Anna de Noailles, et c'est sous ce patronyme que la littérature gardera le souvenir de la plus grande poétesse française du début du XXème siècle.
Son premier recueil ne paraît toutefois qu'en 1901. "Le coeur innombrable" reçoit
un accueil enthousiaste du public et de la critique et lui confère une célébrité qui ne se
démentira pas. C'était la révélation d'un talent hors pair, et le brillant début d'une série
de livres où s'exprimera harmonieusement un intense amour de la nature, arbres,
plantes, et surtout soleil. Cette œuvre, imprégnée du panthéisme le plus ardent, avait
exprimé aussi le culte de la jeunesse et des héros avec un sens profond de la mort, la
hantise de l'éternel et de l'absolu.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
"Un pays comblé de dons par la nature et qui n'a pas su en profiter"
Le pétrole, un mauvais souvenir en Roumanie
P
roduire du pétrole n'est pas nécessairement source
d'enrichissement. Le syndrome de l'or noir qui stérilise toute activité économique ne date pas d'aujourd'hui. La Roumanie montre l'exemple de ce qu'il ne faut pas
faire quand le sous-sol regorge de la
précieuse matière première comme
l'explique dans un article paru dans
"Le Monde" Jacques-Marie Voslin,
maître de conférences à l'IAE
d'Amiens et chercheur au Criisea.
La Roumanie est le premier pays à
se lancer dans la production de pétrole,
dès 1857. L'utilisation de nouvelles
techniques de distillation permet de
produire du pétrole lampant, alors
employé à l'éclairage public. Dès lors,
les puits ne cessent de se multiplier, transformant les Carpates
en un nouvel eldorado. Mais les capitaux locaux manquent
cruellement, et les infrastructures restent rudimentaires. A partir de 1864, les étrangers investissent massivement dans les
champs pétrolifères roumains. Les capitaux anglais, français,
américains et allemands permettent de hisser la Roumanie au
sixième rang mondial des pays producteurs de pétrole à la fin
du XIX siècle. Toutefois le pays ne profite pas de l'aubaine: à
la veille de la première guerre mondiale, plus de neuf investissements sur dix sont réalisés par des compagnies étrangères.
Déjà les dégâts de la corruption, voici un siècle
Cette manne échappe à l'Etat; pire, le système fiscal
défaillant et la corruption gangrènent les finances publiques.
La dette s'accroît inéluctablement. Le pétrole (notre photo: les
premiers derricks), les céréales, la position stratégique et la
francophilie de la Roumanie conduisent opportunément la
France à s'intéresser au pays entre les deux guerres. La
Roumanie est alors présentée sous ses plus beaux atours; un
journaliste de "La Vie financière" la décrit ainsi comme un
"pays comblé de dons par la nature (...), heureusement riche
des produits que se dispute le monde : Le blé et le pétrole".
Il est vrai qu'au cours des années 1920 son économie
connaît un essor important, avec une production croissante de
pétrole ainsi que le développement de l'industrie sidérurgique.
Mais c'est faire fi des problèmes structurels du pays. La
Roumanie reste profondément agricole, 80 % de la population
est rurale. La première guerre mondiale a aussi profondément
désorganisé le pays. Les besoins sont considérables et les
dettes endémiques; la monnaie reste
fragile. C'est alors que la Roumanie
décide de se tourner vers la France. Un
premier emprunt est émis le 12 février
1929, quelques mois avant le krach de
la Bourse de New York.
La majeure partie de cette rentrée
financière est destinée au remboursement des dettes précédentes, ainsi qu'à
des dépenses militaires. Cet emprunt
sera sans effet sur les infrastructures, et
donc sur le développement du pays.
Qui plus est, la crise des années 1930 ruine l'économie roumaine. En trois ans, le prix des produits agricoles baisse de
50%, celui du pétrole de 60 %. Les recettes d'exportation ne
suffisent plus à régler la dette.
Emprunt roumain de 1929:
les créanciers français spoliés comme en Russie
La conséquence de cette situation est détaillée par l'universitaire Loredana Ureche-Rangau dans son ouvrage Dette
souveraine en crise (publications de La Sorbonne, 2008). La
Roumanie décide de faire défaut le 15 août 1933, laissant de
nombreux créanciers français avec un goût amer, après le précédent de la Russie. Par la suite, les intérêts ne seront réglés
que pendant une courte période, après le rachat des redevances
pétrolières par une entreprise française. La chercheuse
explique dans son ouvrage comment les nombreuses tentatives
de rééchelonnement de la dette resteront lettre morte.
Les intérêts français dans le pétrole roumain passeront peu
de temps après dans l'escarcelle des Allemands, au cours de la
seconde guerre mondiale. Finalement, l'emprunt, qui ne versait
plus d'intérêts, sera remboursé pour une somme symbolique à
la suite d'un traité de 1959. La Roumanie a tellement puisé
dans ses réserves que sa production de pétrole ne suffit plus à
couvrir ses besoins dès 1976. Funeste gâchis.
Jacques-Marie Voslin
Gisement de gaz découvert près de Roman
L
a compagnie roumaine Romgaz a découvert un nouveau gisement
de gaz naturel dont les réserves s'élèveraient à 200 000 m3/jour,
près de la ville de Roman (nord- est), suite à un programme intense d'exploration amorcé en 2006 sur huit périmètres, et qui a conduit l'année
dernière à la découverte de sept gisements. Romgaz, dont l'Etat est l'actionnaire majoritaire, est le plus important producteur et fournisseur de gaz naturel de Roumanie, ocupant 41,2% du marché intérieur. En 2007, sa production
a été supérieure à cinq milliards de m3 de gaz méthane ; son budget d'investissements pour 2008 était de 300 M€.
Un tiers des "crash test "
de Renault en Roumanie
U
n centre d'essai va être installé à
Titu par Renault-Dacia et son usine
de Pitesti doit réaliser dès cette
année un tiers des "crash test" (150 sur 450) de
l'ensemble de la gamme Renault. La logique est
financière : il faut compter 18 000 € pour réaliser un crash test en France et seulement 6 000 €
en Roumanie.
17
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Economie
BAIA
MARE
l
BISTRITA
l
ORADEA
l
l
SUCEAVA
l
IASI
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ARAD
TARGU
MURES
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ROMAN
BACAU
BRASOV
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GALATI
l
SIBIU
TIMISOARA
l
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
l
l
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TULCEA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Production
de fruits en chute libre
16
La grande distribution :
du Far West à l'Eldorado
Les gelées de mars ont entraîné
un véritable désastre en ce qui
concerne la récolte des cerises,
guignes, abricots et prunes précoces,
dont la production n'a atteint que 10
à 15 % de celle des années précédentes. En fait, la production de fruits
est en chute libre depuis1990, la
Roumanie n'assurant plus que 15 %
de ses besoins et ayant recours à
des importations massives. La raison? Les vergers ont été laissés à
l'abandon, les arbres n'ont pas été
entretenus ainsi que les systèmes
d'irrigation. Leur rétrocession a
conduit nombre de leurs nouveaux et anciens - propriétaires a abandonné une filière exigeant d'importants
investissements pour être relancée.
Un hectare d'arbres fruitiers équipé
coûte entre 20 000 et 35 000 €, auxquels il faut ajouter encore 10 000 €
pour se doter de systèmes anti-grêle
et de dissuasion des oiseaux.
Alors qu'elle était déjà en baisse
très sensible, la production fruitière
est tombée de 1,6 million de tonnes
en 2005 à un million en 2007. Celle
de cerises est passée de 5 à 6000
tonnes, avant 1989, à 1000 tonnes
l'an passé. Seule, celle des pommes
et prunes s'en sort à peu près.
La situation pourrait s'améliorer si
la décision était prise de planter
chaque année 1000 ha d'arbres fruitiers et si les pouvoirs publics montraient un peu plus d'intérêt à la filière, notamment en mettant en place
une autorité chargée de surveiller la
qualité des produits sur les marchés.
Ces deux dernières années, les
Roumains ont consommé moins de
40 kilos de fruits par an, soit moitié
moins que la moyenne européenne.
Q
uand les leaders de la distribution ont investi la Roumanie -2ème marché
d'Europe de l'est en nombre d'habitants - il y a quelques années, tout était
à faire. La seule forme de commerce existante était la petite boutique du
quartier et l'empreinte de dizaines d'années de communisme avait limité le développement de la distribution sous toutes ses formes. Ils ont donc tout défriché: de la
recherche de terrains pour l'implantation des magasins à la formation du personnel en
passant par la prospection de fournisseurs locaux. Aujourd'hui, tout a changé. Les
enseignes de la grande distribution sont bien installées en Roumanie et affichent des
résultats qui font rêver ! En deux ans, elles sont passées du Far West à l'Eldorado.
Métro a fait près de 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2007 et une progression de 30%, Carrefour atteint les 866 M€ et 54% de progression de ses ventes,
un record pour le groupe. Quant à Auchan, il détient le record du nombre de clients :
plus de 8 millions l'an dernier dans ses 4 hypermarchés.
C'est pourquoi, les résultats obtenus leur donnent des ailes. Entre 2006 et 2007, se
sont ouverts 340 magasins. Carrefour, Auchan, Cora, Real et Lidl ont inauguré 31
hypermarchés en plus des 25 grandes surfaces déjà existantes. Et ce n'est qu'un début;
Carrefour prévoit l'ouverture de 8 hypers, Auchan vise les 16 magasins à l'horizon
2010 et Tengelmann prévoit à moyen terme 175 à 200 unités de ces magasins Plus.
Jusqu'où iront-ils, peut-on se demander ? Cette croissante quasi exponentielle ne
saurait être éternelle et les responsables de la grande distribution prévoient une maturité à l'horizon 2011/2012 et pensent à l'avenir. Avec 120 à 140 hypermarchés, la
Roumanie aura atteint son seuil de saturation.
Comment préserver cet eldorado ? La donne a changé: les coûts d'installation s'envolent, les prix des terrains ont été multipliés par 10 en 5 ans, les fournisseurs locaux
se sont organisés et ressemblent à ceux de l'Europe de l'Ouest. A ceci, s'ajoutent les
grands marques internationales qui ont aussi investi la Roumanie comme Coca-cola,
Unilever, etc. et sont maintenant les partenaires de la grande distribution.
Dans ce contexte positif, la grande distribution a encore de beaux jours devant elle
dans un pays qui s'est beaucoup occidentalisé dans son mode de vie quotidien. Faire
ses courses une ou deux fois par semaine fait partie des habitudes aujourd'hui et après
une longue période de communisme, les Roumains, à l'esprit très latin, sont des
consommateurs très gourmands et qui aiment les offres variées et attractives. La grande distribution devra s'adapter comme elle l'a fait en Espagne qui par sa culture et son
développement est très proche de la Roumanie. Mais bien sûr son essor est dépendant
du niveau de vie des Roumains et de l'augmentation de leur pouvoir d'achat.
Les managers roumains
ne motivent pas assez leurs employés
L
es managers roumains se
concentrent presque exclusivement sur les résultats de
l'entreprise et l'accroissement de leurs
résultats, comme dans tous les marchés
émergents, mais perdent de vue les questions relatives à l'organisation interne,
telles que la motivation du personnel et
l'optimisation des processus", affirme
Harry Meintassis, directeur général de la
société de conseil en ressources
humaines Hay Group Roumanie, filiale
de l'une des entreprises les plus cotées
dans ce domaine au niveau mondial.
"Les Roumains sont de bons gestionnaires, mais ils laissent beaucoup à désirer en ce qui concerne leur capacité à
motiver leurs employés, n'offrant pas de
vue d'ensemble, de plan de carrière, ne
les associant pas à la bonne marche et
aux objectifs de l'entreprise" a-t-il ajouté
considérant aussi que "le manque d'encouragement au travail d'équipe est une
autre faiblesse alors que celui-ci pourrait
être un moyen d'accroître la productivité
et apporter une solution à la crise du personnel, en suppléant aux difficultés de
recrutement".
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Anna de Noailles est considérée
française du début du XXème siècle
roumaine touche le cœur des Français
Un lyrisme féminin qui deviendra de plus en plus obsédé
par la mort au fur et à mesure que surgiront les problèmes de
santé de la jeune femme, à partir de 1912, alors qu'elle n'a que
36 ans, l'obligeant à passer une partie de son temps alitée.
Mais pour l'instant, le couple rayonne sur le tout-Paris. Il
attire dans son salon de l'avenue Hoche l'élite intellectuelle, littéraire et artistique de l'époque (photo ci-dessous) parmi lesquels Francis Jammes, Paul Claudel, Colette, André Gide,
Frédéric Mistral, Robert de Montesquiou, Paul Valéry, Jean
Cocteau, Pierre Loti, Francis Jammes, Sully Prud'homme,
Paul Morand, ou encore Max Jacob et plus tard, François
Mauriac et Henri de Montherlant. Le monde politique lui rend
également visite: Aristide Briand, Caillaux, Painlevé, Herriot,
les généraux Marchand et Mangin, le futur roi d'Angleterre
Edouard VII, amateur du Paris de la Belle Epoque…
Anna de Noailles apparaît comme l'incarnation d'un esprit
dionysiaque, une diva à la voix dorée que l'on écoute avec
ravissement lorsqu'elle convie ses invités à s'asseoir autour
d'elle sur des coussins et sofas. Sa grâce, son esprit semblent
venir d'un monde irréel, où il n'y a pas d'âge ni de sexe, si ce
n'est celui des dieux.
Créatrice du futur prix Fémina
Sous l'influence de Maurice
Barrès, dont elle avait fait la connaissance en 1896 et qui l'a éblouie, Anna
de Noailles fait de l'Orient une part
encore plus large de son inspiration
même si elle n'en ressent pas moins
l'attrait des pays de l'Aisne et de
l'Oise, où elle demeure aussi.
La jeune Roumaine entretient
une relation d'amitié amoureuse
intense avec l'écrivain et figure de
proue inspirée du nationalisme français, sans que l'on sache si celle-ci est allée plus loin. Leur correspondance passionnée ne sera d'ailleurs dévoilée qu'après la
mort de la poétesse. Elle veillera également avec une grande
tendresse et une complicité intellectuelle hors pair, sur le parcours littéraire de Marcel Proust, dont elle a deviné la fragilité
et qui sera le seul à réussir à lui faire changer la tournure d'un
vers ou de supprimer une strophe d'un de ses poèmes.
En 1904, avec d'autres femmes telles que Mme Alphonse
Daudet, dont elle a côtoyé le mari et Judith Gautier (la fille de
Théophile Gautier), Anna de Noailles crée le prix "Vie
Heureuse", issu de la revue du même nom, qui deviendra plus
tard le prix Fémina, récompensant la meilleure œuvre française écrite en prose ou en poésie.
Au début du XXe siècle, la poétesse est si connue que plusieurs artistes de renom de l'époque font son portrait comme
Antonio de la Gandara, Kees van Dongen, Jacques-Émile
Blanche ou le peintre britannique Philip Alexius de Laszlo. En
1906, elle est le modèle
d'un buste en marbre pour
Auguste Rodin, qui se trouve toujours aujourd'hui au
Metropolitan Museum à
New York (le modèle en
terre glaise est exposé au Musée Rodin à Paris).
"La France ne peut pas périr,
les dieux la défendent"
En 1914, alors que la guerre a éclaté, la princesse roumaine, devenue comtesse française par son mariage, sait trouver
les accents pour redonner l'espoir, alors que la situation semble
désespérée après les premiers revers : "La France ne peut pas
périr, les dieux la défendent". Dans les années suivantes, Anna
de Noailles va écrire plusieurs romans, une autobiographie et
un grand nombre de poèmes, où la part de la mélancolie se fait
de plus en plus présente, prenant le pas sur l'amour de la nature et la sensualité de la vie.
Sa notoriété est toujours aussi grande. La Roumaine est
devenue un monument de la vie française et pas seulement
artistique, au point qu'elle sera la première femme devenue
commandeur de la Légion d'honneur. L'Académie française créera
un prix en son honneur, qui existe
toujours et distingue une œuvre
féminine, après lui avoir décerné
son grand prix de littérature.
En 1922, Anna de Noailles est
aussi la première femme élue à
l'Académie royale de langue et de
littérature françaises de Belgique,
occupant le fauteuil 33 où lui succèderont plus tard Colette et Cocteau.
Dix mille personnes à ses obsèques
à l'église de La Madeleine à Paris
Les années passent, sa santé s'altère de plus en plus. La
poétesse tombe gravement malade au début de 1933 et meurt
le 30 avril, à 57 ans. Le 3 mai, au milieu de fleurs venues de
tous les coins du monde, dix mille personnes assistent à l'église de la Madeleine à Paris à ses funérailles officielles.
Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise mais son
cœur repose dans le cimetière d'Amphion-les-Bains, dans cette
région où elle s'était mariée et où elle aimait séjourner, y passant chaque année plusieurs mois, et dont elle chanta les paysages dans se poèmes.
Un monument fait de pierre et de verdure y a été érigé par
l'Association des amis d'Anna de Noailles. Sur la stèle, on peut
lire ces vers : "C'est là que repose mon coeur, vaste témoin du
monde".
49
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Mille élèves roumains
deviennent membres du jury du
prix littéraire français Chronos
Littérature
BAIA
MARE
l
ARAD
l
l
l
SUCEAVA
ORADEA
l
CLUJ
l
l
TIMISOARA
l
IASI
TARGU
MURES
l
HUNEDOARA
l
CHISINAU
l
SIBIU
BRASOV
l
TÂRGOVISTE
l
GALATI
l
l
l
BRAILA
PLOIESTI
CRAIOVA
l
n
BUCAREST
CONSTANTA
l
Les poèmes
d'Anna de Noailles
50
Très tôt, la nature enthousiasme la
poétesse : un rayon de soleil, un
arbre en fleurs, le murmure d'une
source, quelques framboises mûres,
un vol de mouettes sur les lacs de
son enfance...
"Nous étions de très petits enfants,
heureux à Amphion en octobre.
Ce mois de cristal est le plus beau
qui soit au bord du Lac Léman.
L'été finissant traîne ses caresses
ensoleillées sur les prairies encore en
fleurs et qui soupirent de satisfaction.
Les oiseaux, pris de vertige, tournoient sans discernement, dans une
confusion bleuâtre, se trompent d'élément, pénètrent les vagues , d'où ils
rejaillissent, si bien qu'on croit voir
une hirondelle qui nage ou une ablette ailée".
***
"Je ne souhaite pas d'éternité plus
douce
Que d'être le fraisier arrondi sur la
mousse,
Dans vos taillis serrés où la pie en
sifflant
Roule sous les sapins comme un
fruit noir et blanc.
Dormir dans les osiers, près des
flots de la Dranse
Où la truite glacée et fluide s'élance,
Hirondelle d'argent aux ailerons
mouillés !
Dormir dans le sol vif et luisant où
mes pieds
Dansaient aux jours légers de l'espoir et du rêve !
O mon pays divin , j'ai bu toute ta
sève,
Je t'offre ce matin un brugnon rose
et pur ,
Une abeille engourdie au bord d'un
lis d'azur,
Le songe universel que ma main
tient et palpe,
Et mon coeur, odorant comme le
miel des Alpes !"
P
armi les nombreuse initiatives prises par "Les Amis de Târgoviste", une
association de Verneuil sur Avre dans l'Eure (7000 habitants, 120 km de
Paris), active en Roumanie dès 1989, les enfants et les jeunes occupent une
place privilégiée. Ce n'est pas un hasard si sa présidente est une enseignante, Nicole
Bury, aujourd'hui en retraite. Dès 1990, cette dernière entamait une correspondance
puis des échanges de jeunes avec une école de cette ancienne capitale de la Valachie,
devenue capitale du judet de Dâmbovita et qui compte 90 000 habitants.
En 1999, alors qu'elle était institutrice en CM2,
Nicole Bury proposa à une professeur de français de cette
ville avec qui elle faisait des échanges, de faire lire les
mêmes livres à leurs élèves ; celle-ci choisit des élèves du
collège à cause du niveau de langue. La correspondance
scolaire devenait d'un coup beaucoup plus intéressante,
les jeunes échangeant leurs idées sur ces ouvrages.
L'idée lui était venue alors qu'elle faisait participer sa
classe au Prix Chronos de littérature. Créé en 1996 par la
Fondation Nationale de Gérontologie française, celui-ci
propose aux participants de lire des ouvrages ayant pour
thème les relations entre les générations, la transmission
du savoir, le parcours de la vie, la vieillesse et la mort...
Une sélection différente est prévue pour six classes d'âges :
-des albums pour les enfants des écoles maternelles et du CP
-des albums et des premiers romans pour les enfants de CE1 et CE2
-des romans pour les CM1-CM2, 6e-5e, 4e-3e, lycéens, 20 ans et +
En octobre, Nicole Bury apporte les livres dans les écoles, les enfants lisent jusqu'en février puis votent. Le matériel est fourni par la Fondation (bulletins de vote,
feuilles de dépouillement, cartes d'électeur, etc.). Le vote et le dépouillement se font
dans les établissements scolaires, les résultats sont envoyés à la Fondation ; enfin l'annonce des résultats a lieu lors Salon du Livre de Paris. Chaque participant reçoit, en
mai, un "certificat de membre du jury du Prix Chronos".
Création d'un club de lecture dans les villages, le samedi
Ne perdant pas de vue les échanges avec Târgoviste, Nicole Bury en a fait profiter ses collègues roumains. Ainsi, pour que ce prix littéraire ne soit pas qu'un simple
exercice de lecture (en français, certes) elle leur propose, outre la sélection de livres
français qu'elle leur apporte, des jeux de lecture. Elle les fait participer à des discussions sur la vie des personnes âgées (avec des personnes âgées, si possible), concours
de dessins, exposition des travaux, réalisation d'une brochure (dans les 2 langues)…
Des échanges sont faits entre les enfants de même école ou des écoles de
Târgoviste. L'initiative a même pris racine dans des villages du judet puis s'est étendue ailleurs en Roumanie. Des élèves ayant participé à ce prix littéraire depuis 3 ans
et partant au lycée en ville ont demandé à leur professeur comment faire pour continuer l'année suivante; celui-ci leur a proposé de mettre en place un club lecture qu'ils
peuvent fréquenter le samedi dans l'école du village.
Ainsi, en 2008, plus de mille jeunes participants en Roumanie de Târgoviste,
Gorgota (judet Prahova, Ploiesti), Berca (judet de Buzau), Bucarest, se sont transformés en membres d'un jury littéraire français et, après des échanges intenses menés par
l'intermédiaire de leurs enseignants avec leurs camarades français, ont été appelés à
exprimer leur choix par un vote dans leur établissement (notre photo).
Pour tous renseignements: "Les Amis de Târgoviste", Le Baudry, 27130
Verneuil Sur Avre, tél : 06 15 02 98 44, [email protected]
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
officiers de la police de Ceausescu au profit de leurs victimes
chasseur de crimes communistes
propres investigations. Sur les 35 personnes employées à
l'Institut, 20 sont des chercheurs.
M.B.: Le but est-il d'accumuler une documentation sur
ces crimes ?
M.O.: Pas seulement. Si nous trouvons des éléments qui
doivent déboucher sur une procédure, nous les communiquons
au procureur. C'est lui qui doit mener l'enquête. Mais parfois
les procureurs refusent d'ouvrir un dossier sous prétexte que
nous n'avons pas le nom complet, ou que l'adresse manque…
Il y a beaucoup de fonctionnaires de l'ancien système, ou leurs
enfants, qui sont employés dans l'appareil judiciaire et la police. Il est difficile pour eux de se remettre en question.
M.B.: Entre l'ancienne génération qui veut oublier et la
jeunesse qui n'a pas connu cette période, la population estelle encore intéressée à remuer le passé ?
M.O. : Sans aucun doute. Chaque fois que nous sortons un
cas, cela fait la une dans les journaux et à la télévision. C'est
donc qu'il y a un intérêt du public. La presse est notre plus
grand allié. Autre exemple, je donne un cours en option à l'université sur l'histoire de la Securitate, il est toujours plein. Le
troisième volet de notre activité touche d'ailleurs l'éducation.
Nous avons notamment organisé un concours dans lequel les
jeunes doivent demander à leurs parents des histoires sur
l'époque communiste.
M.B.: Quelle est votre motivation ?
M.O.: Un sentiment de revanche, mais pas seulement personnelle. Je n'ai pas été prisonnier politique, même si j'ai été à
deux doigts d'être arrêté juste avant la "révolution" de 1989.
Mais j'ai entendu des centaines de témoignages de victimes. Je
pense qu'il n'est pas trop tard pour faire éclater la vérité sur
cette période.
Michel Bührer
Renvoi de l'architecte en chef de la capitale
L
e maire de Bucarest Sorin Oprescu a décidé de renvoyer l'architecte
en chef de la capitale, Adrian Bold, en poste depuis 1997. Il lui
reproche plusieurs irrégularités, notamment l'approbation de projets
immobiliers controversés. Du côté des architectes, la nouvelle est plutôt bien
accueillie. Les motifs de son renvoi concerneraient plus particulièrement ses
absences répétées et injustifiées, et un préjudice de près de 300 000 dollars somme établie par la justice - causé à la mairie générale pour avoir refusé de
signer certains contrats immobiliers, et en avoir autorisé d'autres controversés.
Dans les rangs des architectes bucarestois, la nouvelle a été plutôt bien
accueillie. "C'est un premier pas vers une amélioration de l'urbanisme dans la
capitale", a expliqué Delia Matache, qui évoque "un homme facilement manipulable qui a permis la réalisation de certains projets très risqués. Le
Millenium Business Center par exemple, cette tour collée à l'église arménienne et qui a complètement détruit ses fondations".
Même son de cloche pour Loredana Stasisin, de l'association pour la protection des vieilles maisons de Bucarest, "Case care
plang" ("Les maisons qui pleurent"): "Même s'il existe des motifs politiques derrière ce renvoi, la décision est tout de même très
justifiée. Adrian Bold n'a pas su mener la capitale dans la bonne direction, le patrimoine de la ville n'a notamment pas bénéficié
de fonds suffisants pour échapper aux démolitions."
Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com - Bucarest)
Législatives le 30 novembre
L
es élections législatives seront organisées
le 30, quatre ans après le dernier scrutin
ayant porté au pouvoir l'alliance de
centre-droit DA. Les sénateurs et députés seront pour
la première fois élus en un seul tour, selon un mode
de scrutin combinant le vote uninominal et celui de
listes, introduit à la suite d'une modification de la loi
électorale en mars dernier. Ces élections marqueront
également une autre première, car elles ne seront
plus organisées le même jour que la présidentielle,
comme cela avait toujours été le cas depuis 1990. A
la suite d'un amendement de la Constitution, le mandat du chef de l'Etat est passé de quatre à cinq ans, en
conséquence la prochaine présidentielle ne devrait
pas être convoquée avant novembre 2009.
Restitutions des
biens en argent
L
es propriétaires dont
les biens immobiliers
ont été nationalisés par
les communistes et vendus ensuite
à leurs locataires (par l'intermédiaire de la loi 112) recevront une
indemnisation en espèces sonnantes et trébuchantes, et non plus
le bien immobilier en nature. Une
loi en ce sens a été adoptée par les
députés. A l'heure actuelle, seuls
10% des biens confisqués par le
régime communiste ont été rendus
à leurs anciens propriétaires.
Iliescu raccroche
I
on Iliescu ne se présentera
pas aux élections parlementaires de cet automne. Il a
confirmé cette information, indiquant sur son blog (journal sur
Internet), qu'il ne "s'intéresse plus à
cette compétition". L'ancien président de la Roumanie (1990-1996 et
2000-2004) argumente cette décision par le fait qu'il ne trouve "aucune motivation" à se présenter avec le
nouveau système de vote, dit uninominal, mis en place. Il ajoute toutefois qu'il ne "quittera pas son parti
(PSD) ou son activité politique".
15
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Politique
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TIMISOARA
BUZAU
PLOIESTI
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Cinéma
A 40 ans, l'acteur de Lugoj était parti tenter sa chance en Amérique
Bela Lugosi, Dracula jusqu'à la dernière goutte
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Marius Oprea
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Une loi amputerait la retraite des
Connaissance et découverte
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GIURGIU
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Un spécialiste
de la Securitate
Marius Oprea a d'abord présenté
son idée d'Institut pour l'investigation
des crimes du communisme en
Roumanie en 2005 au président
Basescu, qui n'en a pas voulu "car il
avait lui aussi fait partie du système"
dit Oprea. Le premier ministre
Tariceanu, qui n'a eu aucune position
sous l'ancien régime, a été convaincu
"en deux minutes". La mésentente
14
entre le premier ministre et son président sont notoires et ce dernier, pour
ne pas se laisser distancer, créa rapidement une "Commission présidentielle pour l'analyse de la dictature
communiste en Roumanie".
Né en 1964, Marius Oprea est un
spécialiste de la Securitate, à laquelle
il a consacré sa thèse, ("Le rôle et
l'évolution de la Securitate, 19481964"). Il est aussi coordinateur de
programmes à l'Institut roumain d'histoire contemporaine et conseiller du
premier ministre Tariceanu pour les
questions de sécurité nationale.
Ses détracteurs l'accusent d'être
un agent de "puissances étrangères"
et il ne manque pas d'ennemis. Sa
famille est actuellement à l'étranger. Il
avoue que lui-même hésite parfois à
émigrer car il se sait en danger. "Mais
cela voudrait dire que la Securitate
aurait gagné, et ça je ne peux pas
l'accepter".
E
n Roumanie, personne n'a jamais été poursuivi pour les crimes politiques
perpétrés sous le régime communiste. Marius Oprea, conseiller du premier
ministre Tariceanu, a créé un organisme pour faire la lumière sur cette
époque, l'"Institut pour l'investigation des crimes communistes en Roumanie", une
agence gouvernementale qu'il préside. Sa tâche est de documenter les graves abus
commis sous le régime communiste et qui n'ont jamais été punis. Elle est compliquée
par le fait que nombre d'apparatchiks communistes sont protégés par leur actuelle
position dans l'économie, la politique et l'administration.
Marius Oprea a également déposé un projet de loi qui amputerait la retraite d'officiers de la Securitate au profit des anciens prisonniers politiques. A l'occasion de
l'examen périodique universel de la Roumanie au Conseil des droits de l'Homme des
Nations Unies, à Genève, Michel Bührer l'a interviewé pour la "Tribune des droits
humains", journal en ligne qui offre une information indépendante et pluraliste sur les
droits de l'Homme dans le monde.
120 euros par mois pour une année de prison politique
Michel Bührer : Un projet de loi dont vous êtes l'initiateur prévoit que le montant des retraites des anciens officiers de la Securitate, soit diminué au profit de
leurs victimes. Pour quelles raisons ?
Marius Oprea : J'ai réalisé qu'un officier de la Securitate à la retraite touchait une
pension jusqu'à sept fois supérieure à celle des anciens prisonniers politiques. Ces derniers, après avoir passé des années en prison, trouvaient difficilement un emploi,
avaient peu d'occasions de travailler, d'où une faible retraite. L'idée est de réparer cette
injustice. En 1990, le Parlement avait voté une loi pour dédommager les victimes du
régime communiste. En 2005, le "prix" d'une année de prison a été fixé à 25 euros par
mois, en plus de la retraite normale. Grâce à nos efforts, cette compensation est passée à 120 euros par année de prison. Malgré cela, l'écart demeure important, et moralement indéfendable.
M.B. : Combien d'officiers sont-ils concernés par cette loi ?
M.O. : Seuls seront visés ceux dont la culpabilité sera prouvée. Actuellement,
moins de 300 personnes ont un dossier en cours, mais nous espérons en avoir bientôt
plus. Du côté des victimes, nous pensons aussi indemniser les familles des opposants
qui ont été abattus. Jusqu'à maintenant, rien n'a été fait pour elles.Notre système judiciaire refuse de qualifier ces exécutions de crimes contre l'humanité. Elles sont considérées comme des crimes "normaux", prescrits après 25 ans.
M.B. : Vous dites que les anciens cadres communistes ont presque plus de pouvoir maintenant qu'avant car ils sont partout, dans la politique, l'économie, l'administration. Quelles sont les chances de ce projet de loi devant le Parlement ?
M.O. : J'ai confiance dans la pression de l'opinion publique, car voter contre cette
loi serait avouer être "avec les autres". Mais il est vrai que nous rencontrons de nombreuses difficultés. Par exemple, j'ai envoyé deux enquêteurs demander un dossier au
Ministère de l'Intérieur. Lorsque le fonctionnaire a compris pourquoi nous voulions y
avoir accès, il a refusé de le laisser consulter, alors que le dossier était sur son bureau.
Nous avons beaucoup de preuves, mais rien ne se passe car ces personnes sont protégées.
"Les fonctionnaires de l'ancien système
ou leurs enfants sont toujours en place"
M.B.: Comment entreprenez-vous les recherches ?
M.O.: Un tiers des dossiers que nous suivons résulte de témoignages individuels.
Des gens viennent nous voir en demandant notre aide pour retrouver les corps de
membres de leur famille ou pour dénoncer un cas. Pour le reste, nous entamons nos
Q
ui était le fameux Bela
Lugosi, acteur roumain,
d'origine hongroise?
Un magnifique coup fumant pour
Hollywwod qui a lancé la déferlante des films d'horreur "made in
USA" dans les années 30 ? Un
acteur de série Z pour films à petits
budgets lamentables? Une gueule,
un charme ravageur passé maître en matière de manipulation?
Une tragédie humaine? Un peu de tout cela à coup sûr.
Bela Lugosi est l'incarnation du fantasme et de la répulsion qu'exerce Dracula depuis près d'un siècle. Le mystère
autour de l'acteur est entier, à tel point que certains croient sa
tombe non scellée. Quoi de plus normal alors que d'exploiter la destinée
de celui qui incarne l'un des mythes
de la Roumanie? Après son Johnny
Weismuller: the one, the only, the
Real Tarzan en 2005, une biographie
"formatée" de l'acteur né à Timisoara, Florin Iepan s'est attaché à une
autre personnalité née en Roumanie à Lugoj, plus précisément - et exportable à souhait. "Mon film est un
documentaire standard qui respecte
les standards télévisuels", annonce
d'emblée le réalisateur.
Une coproduction internationale de 52 minutes montée
tout exprès pour les chaînes roumaines, allemandes, françaises, autrichiennes, finlandaises et néerlandaises grâce
notamment au soutien du Centre national de la cinématographie (CNC). Déjà vendu dans plus de 20 pays, le film, intitulé
Bela Lugosi, le vampire déchu a été diffusé en octobre 2007
sur Arte, et à TVR, la télévision roumaine.
Décidé, charmeur et cabotin, il terminera
déguisé en vampire pour amuser les enfants
Le film, narré en anglais, concentre de manière classique
un grand nombre d'interviews, de spécialistes comme du fils
de l'acteur. Les grands moments appartiennent à Bela Lugosi,
l'homme et l'acteur, venu tenter sa chance aux Etats-Unis en
1919, à près de 40 ans. On y découvre un homme incroyablement décidé, charmeur et cabotin. Un grand acteur avant tout
qui prend plaisir à effrayer le présentateur lors de fausses interviews montées par les studios.
Après son refus d'interpréter Frankenstein - finalement
endossé pour l'histoire par Boris Karloff (à gauche de Lugosi
sur notre photo) -, désireux de ne plus coller à ce type de personnages, l'acteur sombrera dans l'oubli et la drogue... puis
réapparaîtra des années plus tard dans des rôles de vampire
d'opérette, à la solde d'immenses navets, tels les films d'Ed
Wood. Ou pire, lors de lancements d'autres films, sur des plateaux de télévision, déguisé en vampire pour amuser les enfants.
De Bela Lugosi, on ne retiendra
que cette silhouette devenue décadente: celle d'un homme contraint
de vivre derrière un masque. Et non
pas cet incroyable talent, ce sens de
l'auto-dérision transcendé par un
ego démesuré et une douce folie,
dont le succès fut encore amplifié
par son accent hongrois à couper au
couteau.
Benjamin Ribout ("Regard")
Bela Lugosi (1882-1956) fut inquiété au cours des années
50 dans le cadre du maccarthisme, car il était syndicaliste, et
avait participé à la République soviétique hongroise de Bela
Kun. A cette époque, suite à des problèmes de santé, il fut traité à la morphine ce qui le rendit dépendant. Il mourut d'une
crise cardiaque en plein tournage de Plan 9 from Outer Space.
Certaines rumeurs disent qu'il se prenait réellement pour un
vampire à force de jouer cette créature, mais aucune biographie complète ne confirme le fait, c'était plutôt là un signe
d'excentricité. De même, s'il a été enterré avec l'une de ses
capes, ce n'était pas à sa propre demande mais sur celle de sa
femme et de son fils.
A savoir
Arte finance
le prochain long métrage
de Razvan Radulescu
Le comité de sélection d'Arte France
Cinéma a choisi de coproduire le prochain long métrage de Razvan
Radulescu, scénariste de La mort de
Monsieur Lazarescu, de Boogie, et de
Niki et Flo. Le réalisateur tournera
Félicia plus que tout avec la réalisatrice
hollandaise Melissa de Raaf. Dans le rôle
de Félicia, Ozana Oancea interprète une
jeune roumaine immigrée aux Pays-Bas
dans ses relations mouvementées avec sa
famille restée en Roumanie. Le tournage
aura lieu en septembre et octobre à
Bucarest.
Fanny Ardant réalise son
premier film en Roumanie
La comédienne Fanny Ardant a choisi la Roumanie pour réaliser son premier
film, un drame familial intitulé Cendres
et Sang, dont le tournage devrait débuter
ce mois de septembre. En présentant son
projet devant quelques critiques de films
roumains, Fanny Ardant,qui marche sur
les traces de son ancien compagnon,
François Truffaut, a expliqué son choix
de la Roumanie par le fait qu'elle y a déjà
tourné Callas Forever et qu'il y existe
une tradition cinématographique authentique et de qualité en ce qui concerne les
studios, les techniciens, les acteurs.
51
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Musique
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L'histoire du clown
Miloud en film
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Napoléon, Nadia et Clinton
savent à peine lire mais
font vibrer la musique tsigane
Le film Pa-ra-da relatant l'histoire
du clown français Miloud Karim Oukili
parti vivre avec les enfants de la rue
de Bucarest en 1992 et qui a créé 4
ans plus tard la fondation "Parada"
pour les aider à réintégrer une vie sociale et les scolariser, devait être présenté au festival de Venise, dans la
section "Horizons".
Il s'agit d'une co-production francoitalienne-roumaine, et du premier long
métrage du metteur en scène italien
Marco Pontecorvo, fils du réalisateur
de La bataille d'Alger. Formé à l'école du cirque d'Annie Fratellini, Miloud
avait utilisé ses talents pour entrer en
contact avec les enfants de la rue, leur
enseignant son art, organisant avec
eux des spectacles et dormant en leur
compagnie dans les bouches de métro
de la gare du Nord de la capitale.
Tony Gatliff tourne
à nouveau en Roumanie
Le réalisateur de Gadjo Dilo tournera son prochain film dans les paysages naturels de Saint-Bonnet-leChâteau, dans le Forez. Liberté évoquera le destin des Tsiganes pendant
la 2nde Guerre mondiale. L'équipe
décoration devrait être sur place dans
les prochaines semaines pour préparer la venue des équipes de tournage
en novembre. Des scènes filmées
dans le Haut-Forez, on sait peu de
choses sinon qu'elles évoqueront
notamment une famille juive en proie
aux persécutions. Une partie du film
sera également tournée en Roumanie.
Récompensé en 2004 au festival de
Cannes pour Exils (Prix de la mise en
scène) Gatliff a réalisé son dernier
film, Transylvania, en 2005.
D
ans le petit village de Gratia, à quelque 60 km à l'ouest de Bucarest,
Napoléon et Nadia Constantin font vivre la musique traditionnelle tzigane, lui de sa voix rocailleuse et de ses percussions sur un vieux baril, elle
en ondulant son corps comme une danseuse égyptienne. "C'est ça la musique traditionnelle tsigane. C'était la musique pour faire danser les ours avec lesquels j'ai moimême dansé quand j'étais petite", raconte Nadia, 38 ans, rebaptisée Nadia à six ans,
en hommage à Nadia Comaneci, l'ex-star de la gymnastique, comme les parents de
Napoléon se sont inspirés de l'empereur français. Le même procédé a été appliqué à
leurs cinq enfants, dont Clinton, en hommage à l'ancien président américain, qui n'hésite pas à jouer des cuillères pour accompagner ses parents.
Côté musique, rien n'est écrit. Le duo ne sait pas lire les notes. Et pas de violon,
ni guitare, ni trompette... Juste un caisson de récupération, des cuillères, voire des
cailloux, et des coups de talon. Idem côté texte pour un couple à la limite de l'illettrisme.
Napoléon, petit homme de 44 ans au corps sec et au visage buriné, s'inspire de la
vie de tous les jours, des souvenirs, de la musique roumaine mais aussi d'extraits rocks
ou techno entendus à la télé. Il chante les douleurs et les joies d'une famille de dix
membres vivant dans trois pièces d'une maison basique, mais aussi de toute la communauté tsigane. Devant lui, Nadia, belle brune au regard autoritaire et aux bras musclés, ondule son corps qu'elle assène de claquements de paumes. Avant de nouer
autour de ses hanches un châle doté de piécettes pour apporter une couleur orientale.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
arrive à l'âge de 7 ou 8 ans
à lui construire une maison
perpétuent des traditions séculaires
Elle se souvient du jour où elle débarqua avec son enfant
de deux mois dans ce que l'on appelle toujours aujourd'hui le
"village des barbus". Elle avait alors besoin de lait mais n'osait
pas en demander. Elle envoya donc son mari à la fontaine afin
qu'il entre en contact avec des autochtones. "Ce jour-là, beaucoup d'eau a coulé à la fontaine avant que mon mari n'ose
ouvrir la bouche", témoigne-t-elle. "Puis le lendemain matin,
quand nous nous sommes réveillés, du pain et du lait nous
attendaient sur le seuil de notre porte. Les Lipovènes sont toujours prêts à rendre service".
Ici, le malheur des uns devient celui de tous
Ici, le malheur des uns devient celui de tous. Il y a toujours
quelqu'un pour faire du porte à porte, un bonnet à la main, afin
de récolter de l'argent pour un voisin dans le besoin. Chacun
donne alors selon son bon cœur.
Lors des enterrements, tous répondent présents. Pour l'occasion, des repas copieux sont organisés avec au menu de la
viande, des cornichons et surtout 400 litres de bors (soupe)
préparé selon une recette locale. "Notre bors est fait à base de
légumes taillés en tout petits morceaux et de betterave que l'on
fait longuement mariner selon une technique particulière",
confient les femmes du village presque d'une seule voix.
Près de l'église, considérée ici comme un lieu de vie
incontournable, les villageois ont bâti une salle de prières où
ils font l'aumône. Très suivies, les messes sont par ailleurs l'occasion pour chacun de revêtir ses plus beaux atours.
La petite localité du nord de la Moldavie est régie par un
conseil des sages où siègent vingt vieillards parmi les plus lettrés. Leur verdict est rédhibitoire en matière de mariage
notamment parce que le conservatisme ambiant accentue les
risques d'inceste. Selon la tradition, les vieux sages se rassemblent aux abords de l'église pour vérifier l'arbre généalogique
des futurs mariés. Si aucun lien de sang n'est établi sur sept
générations, les jeunes peuvent se marier. À condition encore
que ce soit un dimanche.
De même, quand un garçon arrive à l'âge de sept ou huit
ans, ses parents commencent à lui construire une maison.
Quant aux parents de la mariée, ils sont chargés de constituer
une dot dès le plus jeune âge de leur enfant. "C'est un honneur
d'inviter les gens à venir voir la dot constituée par les parents
de la mariée", explique Eudochia Zamfir. "Mais cette tradition
ne relève d'aucune loi écrite".
Grâce à un touriste belge
Leurs visages s'éclairent de sourires et on peut y lire la joie d'un couple qui s'est
formé 20 ans plus tôt grâce à la musique. "Napoléon travaillait alors dans une ferme,
il a commencé à jouer sur son baril et moi, je me suis mise à danser", se souvient
Nadia, insistant sur l'unicité de leur duo. Depuis, la musique rythme leur vie, à la maison, chez les voisins, à des mariages - comme celui d'un frère de Nadia, lorsqu'un touriste belge a été séduit par la prestation du couple et leur a fait enregistrer une cassette à Bucarest.
"Ce n'est que trois ans plus tard qu'un impresario roumain est venu nous chercher
pour organiser un concert au Why Not (club bucarestois)", se souvient Nadia, sans
oublier "tous ceux qui ont depuis profité de nous". Eux qui n'avaient jamais rêvé
d'immigrer, comme le font tant d'autres, ont soudainement connu le voyage. Avec pour
première sortie du pays: une invitation pour un festival à Versailles en 2004!
"C'est le plus beau souvenir. Le château, les jardins et surtout les gens chaleureux... Mais depuis, on est allés en Belgique, au Luxembourg, en Angleterre, en
Suisse", indique Napoléon, exhibant des coupures de journaux conservés dans un sac
de supermarché, tandis que l'épouse parle des cachets européens qui améliorent leur
quotidien.
Un baril de médicaments chinois comme tambour
En septembre, le couple devait se produire à Rome et Milan, dans une Italie marquée depuis plusieurs mois par des sentiments anti-roms. "Toutes ces nouvelles d'Italie
nous vexent, car pour un ou deux cas, tous les tsiganes sont blâmés", insiste Nadia,
tandis que son époux reprend le rythme sur son baril "produits pharmaceutiques made
in China", celui qui voyagera dans la péninsule "s'il résiste car il en a déjà explosé
plus de 200!". "On va s'y produire avec la fierté d'être des représentants tsiganes. On
veut montrer que ce ne sont pas tous des voleurs", assure-t-elle.
Avec le secret espoir que la musique adoucisse les moeurs...
(AFP)
Jean-François Copé et Pierre Moscovici, petit-fils et fils
d'immigrés de Iasi et Braila, ne cachent pas leurs ambitions
Ces deux "Roumains" qui rêvent de présider la France
D
éputém a i r e
UMP de
Meaux, président de ce groupe parlementaire à l'Assemblée nationale, réélu dans
sa ville par 67 % des habitants, JeanFrançois Copé, 44 ans, ancien ministre du
budget dans le gouvernement Villepin,
ancien énarque et actuellement avocat
dans un gros cabinet d'affaires, est considéré comme un rival de Nicolas Sarkozy,
ne cachant pas son ambition de devenir
un jour président de la République, dès
2012 si possible. Ce qui est moins connu
de cet admirateur du tennisman Ilie
Nastase, au temps de sa splendeur, ce
sont ses origines roumaines, par sa famille paternelle.
En 1926, un jeune médecin roumain
nommé Copelovici arrive en France. Sa
famille, juive d'origine russe, s'est installée à Iasi (Roumanie) au XIXe siècle.
L'antisémitisme provoque le départ. Le
grand-père paternel de Jean-François
Copé reprendra ses études en France,
deviendra médecin généraliste à Paris et
sera naturalisé français. La grand-mère,
française, est également d'une famille
juive d'origine roumaine. Les amis de
Jean-François Copé sont banquiers, haut
fonctionnaires, directeurs de grandes
entreprises. Il connaît de près certains
journalistes de compagnie: Anne Fulda,
Christophe Barbier. Sa femme Valérie,
conseillère en communication, est la fille
d'un ancien directeur du CNRS.
L'ambition présidentielle de JeanFrançois Copé rejoint celle d'une autre
étoile montante d'origine roumaine, dans
le camp opposé, Pierre Moscovici, 51
ans, qui, pour l'instant, brigue la succession de François Hollande à la tête du
Parti Socialiste. Il est le fils de Serge
Moscovici, né en 1925 à Braila,
(Roumanie), issu d'une famille juive,
exclu en 1938 du lycée de Bucarest par
les lois antisémites, réfugié en France en
1948 où il épousera la psychanaliste
Marie Bromberg, et naturalisé français,
devenu le pionnier de l'écologie politique
en France et un éminent chercheur en
anthropologie et en psychologie sociale.
Pierre Moscovici, également ancien
élève de l'ENA, où il eut comme professeur Dominique Strauss-Kahn, conseiller
maître à la cour des comptes et professeur à Sciences Po, est ancien ministre
des Affaires européennes de Lionel
Jospin - il rédigera l'essentiel de son programme aux présidentielles de 1982 -,
ancien député européen et vice-président
du Parlement européen. Il est présentement président de la communauté d'agglomération du Pays de Montbéliard et
député du PS. Cet ancien noctambule qui
a la réputation d'un séducteur invétéré,
est toujours célibataire.
Après un président d'origine hongroise, la France élira-t-elle un successeur
roumain? Décidément, c'est cap à l'Est
pour l'Hexagone !
13
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Moldavie
Quand un garçon
ses parents commencent
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Musées
Grigorescu, Luchian, Tonitza… 134 tableaux et sculptures
des plus grands maîtres roumains exposés dans un musée de village
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La solde des soldats
au combat augmentée
Le ministère de la Défense a décidé d'augmenter à 80 € la solde quotidienne des officiers en mission à
l'étranger et participant à des opérations militaires (Irak, Afghanistan,
etc.), celle des sous-officiers et soldats passant à 70 €. Ces militaires
seront également assimilés au statut
des vétérans de guerre, comme leurs
aînés des Première et Seconde
Guerre mondiale, bénéficiant de soins
médicaux, prothèses et opérations
chirurgicales à l'étranger.
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Trésors de campagne à Topalu
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SIBIU
TIMISOARA
CHISINAU
TARGU MURES
HUNEDOARA
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En Moldavie, les Lipovènes
IASI
BAIA MARE
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Transit libre pour
les Moldaves ayant
un visa Schengen
La Roumanie a décidé d'accorder
le libre passage sur son territoire pendant cinq jours aux citoyens moldaves
disposant d'un visa Schengen et se
rendant dans un pays de l'UE ou disposant d'une carte de séjour. Chisinau
espère que ce geste sera imité par la
Bulgarie pour ses ressortissants se
rendant en Grèce ou Turquie.
Citoyenneté roumaine
pour les étudiants
moldaves qui
le souhaitent
Le président Basescu a décidé de
proposer au Parlement roumain
l'adoption d'une loi en procédure d'urgence d'ici la fin de l'année permettant d'octroyer la nationalité roumaine
aux lycéens et étudiants moldaves
terminant leurs études en Roumanie,
particulièrement nombreux à
Bucarest mais aussi présents dans
plusieurs autres villes du pays, et qui
en feraient la demande.
A
u milieu du XVIIe siècle, des dizaines de milliers de Russes s'installent
dans le delta du Danube et sur les rives du Prut pour fuir les persécutions
religieuses dont ils sont victimes depuis la réforme du dogme et de la
liturgie orthodoxes menée par le patriarche Nikon. Plus de 30.000 de leurs descendants, appelés Lipovènes, vivent aujourd'hui en Roumanie et en Moldavie où ils perpétuent des traditions séculaires et suivent à la lettre l'ancien culte orthodoxe russe. Un
reportage dans le village de Pocrovca en Moldavie d'"Evenimentul Zilei",
("L'Evènement du Jour"), traduit par Mehdi Chebana et repris par Le Courrier des
Balkans.com.
Après 60 ans, les hommes ne se rasent plus la barbe
"Situé dans le nord de la République de Moldavie, le village de Pocrovca se distingue singulièrement de toutes les localités voisines. Ses 1030 habitants, tous Russes
lipovènes, attachent un intérêt particulier à la propreté des rues et perpétuent religieusement les traditions
héritées de leurs ancêtres. L'une
d'entre elles veut par exemple que les
hommes ne se rasent plus la barbe
après soixante ans. Mais ce n'est pas
tout. Les "vieux croyants", comme
on les appelle encore (en raison de
leur attachement à l'ancien rite orthodoxe), refusent systématiquement de
vendre leur maison et leur lopin de
terre, ce qui fait de la région l'un des endroits en Moldavie où le prix du mètre carré
est le plus élevé avec Chisinau (2.000 dollars les 100 mètres carrés). Dans le même
temps, ils rachètent les terres délaissées par les Moldaves vivant dans les villages voisins. Chaque habitant de Pocrovca connaît l'histoire de ces 17 familles russes qui ont
fui leur pays en 1820 pour se réfugier ici, achetant un petit lopin de terre aux notables
moldaves à des prix bien plus élevés que la valeur du marché à l'époque. Tous respectent encore aujourd'hui les efforts de leurs aïeux.
D'ailleurs, aucun d'entre eux n'a jamais quitté le village pour travailler à l'étranger. Les Lipovènes assurent qu'ils peuvent très bien gagner leur vie en restant chez
eux. Leur richesse? La terre. Ils possèdent des vergers avec des pruniers et bien
d'autres arbres, mais ce sont les framboisiers qui constituent leur plus grande source
de revenus. L'été dernier, ils ont réussi à vendre leur kilo de framboises à 1,40 euros.
Les Lipovènes cultivent également des pommes de terre et des melons. "Quand
nous vendons un kilo de melons, nous pouvons acheter deux kilos de blé, c'est mathématique" , explique Florii Vetrov, 71 ans. "Les Moldaves nous envient parce que nous
sommes travailleurs et unis".
À Pocrovca, seuls deux habitants parlent roumain
Chaque jour à 14 heures, les femmes lipovènes se réunissent dans le centre du village pour boire du thé noir préparé dans un samovar et déguster les framboises cultivées dans chaque ferme. Une tradition qui se perpétue depuis des générations.
Même si leurs enfants apprennent le roumain à l'école, toutes s'expriment en russe
à l'exception d'Eudochia Zamfir. D'origine moldave, la directrice de l'école communale s'est établie ici avec son mari en 1975. Elle dit avoir rapidement intégré les habitudes des Russes lipovènes, si bien qu'elle n'envisage plus aujourd'hui de vivre ailleurs
qu'à Pocrovca.
C
'est l'histoire
de Gheorghe Vintila,
un médecin roumain
passionné d'art qui a
dédié une partie de son
existence à la constitution d'une impressionnante collection de tableaux et sculptures. A la fin de sa vie, il a souhaité que les œuvres soient
exposées dans son village natal, à Topalu, dans la maison de
ses parents. Jonas Mercier, pour "Regard" s'y est déplacé et
fait partager sa découverte d'un secret bien gardé.
"A Topalu, il n'y a pas de gare. Même les "microbus" ne
s'aventurent pas jusqu'à ce petit village. Situé sur les rives
orientales du Danube, à une vingtaine de kilomètres au nord de
Cernavoda, l'endroit est peuplé d'environ 2000 âmes. Ici, les
routes en bitume alternent avec les chemins de terre, les automobiles avec les charrues et les énormes péniches avec les
petites barques de pêcheurs.
A première vue, rien ne différencie Topalu d'une autre
commune de la Dobrogea. On y trouve une garderie, une
école, un restaurant et quelques bistrots. Mais il existe pourtant
une petite singularité qui ne passe pas inaperçue. Au beau
milieu du village, une maison tout juste rénovée porte l'inscription suivante: "Muzeul de Arta" (Musée d'Art). Ici, 134
tableaux et sculptures de quelques-uns des plus grands artistes
roumains sont exposés. Un trésor inestimable du patrimoine
culturel national.
L'enfant du pays a fait don de sa collection
Il s'agit en fait de la collection de Gheorghe Vintila, un
enfant du pays, médecin à Bucarest durant l'entre-deuxguerres, "Ses parents avaient
ouvert la première école du
village, ils en ont été les premiers instituteurs. En 1960,
Vintila a fait don de sa collection à l'État roumain à la
condition que celle-ci soit
exposée dans la maison de
ses parents, à Topalu.
Aujourd'hui, on dépend du
musée d'art de Constanta, mais celui-ci a été créé en 1961,
soit un an après le musée de notre villag", explique Maria
Buzatu, la conservatrice, qui s'occupe également de l'accueil et
de la surveillance du musée.
L'histoire de Gheorghe Vintila, elle la connaît sur le bout
des doigts. "C'était un passionné. Quand il est allé à Bucarest,
il a fréquenté le milieu artistique et il s'est fait un petit groupe
d'amis parmi lesquels le peintre Nicolae Tonitza et le sculpteur
Oscar Han. C'est d'ailleurs ce dernier qui l'a conseillé dans
ses achats d'œuvres d'arts". Gheorghe Vintila est décédé en
1968. Il repose dans le jardin de la maison familiale, tout près
de "ses" œuvres. "Pourquoi devrais-je y aller? Je sais très bien
ce qu'il y a là-bas, et puis je n'ai personne à qui le raconter.
Ce musée, c'est pour les jeunes, ce sont eux qui s'intéressent à
ce genre de choses", tranche Mirica Ghiocil, un ancien du village plus préoccupé par la date des prochaines moissons que
par les chefs-d'œuvre des peintres roumains. Maria Buzatu
confirme l'attrait limité des villageois pour le musée: "Ils ne
viennent pas trop car ce ne sont pas des connaisseurs, mais
des paysans plus occupés par leurs récoltes".
En revanche, les amateurs d'art viennent de toute la
Roumanie pour admirer les trésors exposés. L'ancienne maison de Dinu et Sevasta Vintila compte treize pièces au total et
n'est pourtant pas assez spacieuse pour abriter l'intégralité de
la collection de Gheorghe Vintila. Nicolae Grigorescu, Stefan
Luchian, Nicolae Tonitza, Stefan Dimitrescu, Oscar Han…
La liste des artistes est longue... et unique dans un musée
de campagne. "On ne peut pas stocker de tableaux ici, on peut
simplement garder ceux qui sont exposés. Le reste de la collection, qui compte 228 pièces, a été offert par Gheorghe
Vintila au musée d'art de Constanta", précise la conservatrice.
Protection sommaire pour
des œuvres de grande valeur
Le 26 septembre 2007, après deux ans de travaux de rénovation, le musée a rouvert ses portes. La sécurité des lieux a été
renforcée. Des capteurs de mouvements reliés à un système
informatique et deux gardes veillent la nuit sur les lieux. Mais
la journée, Maria Buzatu est la seule à assurer la surveillance
de ce musée où les tableaux sont accrochés aux murs, sans
aucune protection.
Pour l'instant, aucun vol ni dégradation n'ont été à déplorer. La conservatrice assure en outre que "des caméras seront bientôt installées, ainsi que des détecteurs de vibrations aux
fenêtres". Un minimum
pour une collection de
cette valeur.
Mais pour que d'éventuels amateurs mal intentionnés arrivent jusqu'à Topalu (comptez au moins trois
bonnes heures en voiture de Bucarest), il faudrait d'abord franchir l'obstacle de l'invisibilité de ce musée. Celui-ci n'apparaît
ni sur le site Internet de la commune, ni sur le site touristique
du département de Constanta et il est à peine mentionné sur les
portails spécialisés. Un mystère qui rend la découverte encore
plus mémorable".
Jonas Mercier ("Regard")
Musée Dinu et Sevasta Vintila, Topalu (judet de Constantsa)
Ouvert du mercredi au dimanche de 9h à 17h. Tel: 0241 256 206.
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Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Médias
SUCEAVA
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BISTRITA
TARGU MURES
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SF. GHEORGHE
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BRASOV
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BUCAREST
CONSTANTA
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L'Etoile
de la Roumanie
pour Soljenitsyne
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Les journalistes sommés par le Sénat
de donner 50 % de nouvelles positives
GALATI
BRAILA
PITESTI
"On parle trop des choses qui ne vont pas"
La veille des funérailles
d'Alexandre Soljenitsyne, le président
Traian Basescu lui a décerné à titre
posthume la croix de commandeur
de l'ordre national de l'Etoile de
Roumanie, la plus haute distinction
roumaine, "pour le courage et la
détermination dont il a fait preuve
tout au long de sa vie dans son combat et pour sa contribution exceptionnelle au patrimoine de la littérature
universelle".
Des bibliothèques
gratuites
dans les gares
L'Union des écrivains roumains et
le ministère des Transports ont inauguré dimanche 11 mai la première
bibliothèque de gare de Roumanie.
Les voyageurs de la Gare du Nord
de Bucarest auront désormais gratuitement à leur disposition des livres
d'auteurs roumains pour patienter.
C'est l'Union des écrivains qui a mis
à leur disposition ces ouvrages d'Ana
Blandiana, Augustin Buzura, Dan
Mircea Cipariu, Nicolae Prelipceanu,
Cassian Maria Spiridon, etc.
Des bibliothèques ont également
été inaugurées dans cinq autres
gares du pays (Iasi, Suceava, Alba
Iulia, Sibiu, Sinaia). A cette occasion,
une anthologie de textes des auteurs
autochtones récompensés par des
prix littéraires depuis 1990 a été lancée. Son titre: Les écrivains prennent le train.
I
l a fallu moins de cinq minutes au Sénat roumain (chambre haute du
Parlement) pour voter le mercredi 25 juin - à l'unanimité ! - l'une des lois les
plus controversées depuis que la Roumanie a renoué avec la démocratie et qui
prévoyait que les télévisions et les radios roumaines devaient désormais diffuser 50 %
d'informations positives. Heureusement, ces dispositions ont été invalidées par la
Cour constitutionnelle.
"On parle trop des choses qui ne vont pas, on montre trop le mauvais coté de la
vie, il faut équilibrer la balance", avait affirmé Gheorghe Funar (Parti de la Grande
Roumanie, extrême droite xénophobe) l'un des initiateurs du projet et ancien maire
très controversé de Cluj. Selon lui les informations négatives ont un effet irréversible
sur "la santé et la vie des gens".
Exemple d'information positive? "Parler des succès enregistrés par les jeunes
Roumains à l'étranger, ou des bonnes performances de l'économie", avait lancé Ioan
Ghise (Parti National-Libéral, centre droit), l'autre initiateur du projet. La perplexité
était grande dans les médias: "Comment fera-t-on le partage, car une information
positive pour quelqu'un peut être négative pour quelqu'un d'autre ?" affirmaient plusieurs journaliste.s
Pour y donner une réponse, le Sénat avait chargé le Conseil national de l'audiovisuel (CNA) - le CSA local - de trouver les critères afin de déterminer quelles sont les
informations "positives" et quelles sont les "négatives". Le CNA n'avait pas entendu
pas les choses de la sorte. "C'est aberrant !" s'était révolté Gelu Trandafir, un de ses
membres. "On demande au CNA de se transformer en ministère de la Vérité, comme
dans le livre de George Orwell, 1984. Avec ce genre de décisions, le Sénat nous rappelle les pires heures de la dictature communiste".
"Formidable ! Seulement 3000 morts dans l'attentat
des tours jumelles… il y aurait pu en avoir 10 000"
Dans les médias roumains, les réactions sont allés de l'ironie amère à la pure
révolte "Comment pourrait-on "positiver" le 11 septembre ?" a lancé Dragos, journaliste radio. "Commencer par dire que sept mille personnes ont réussi à s'échapper des
tours jumelles, mais que, malheureusement, trois mille autres sont mortes ?"
Pour l'Agence de monitoring de la presse, ONG spécialisée dans la défense des
médias, les journalistes doivent refléter la réalité. "Est-ce que les sénateurs ont réalisé une étude pour montrer que la moitié de la réalité roumaine était positive et que
l'autre moitié, négative?" a ironisé Mircea Toma, son directeur. En guise de réponse,
les sénateurs ont affirméavoir lu beaucoup de livres sur le sujet, et notamment
quelques ouvrages de référence de psychologues américains qui montrent que le
"négativisme tue".
Luca Niculescu (Libération)
Les chaînes thématiques
à la conquête de l'Europe de l'Est
D
ans son rapport annuel 2007 sur la télévision dans le monde, Eurodata TV
Worldwide note que le marché de la télévision dans les pays d'Europe
Centrale et de l'Est fait preuve d'un dynamisme exceptionnel. Tout comme
dans le reste du monde, la concurrence y est très intense avec la progression du câble
et du satellite. Toutefois, d'un pays à l'autre des différences sont à observer. En
Roumanie, les chaînes thématiques connaissent, pour leur part, une très forte croissance avec 76,5 % des foyers équipés du câble, mais très peu du satellite. La durée
d'écoute moyenne de la télévision par personne et par jour y est de 3 h 54.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
épluchent les déclarations de fortune des officiels roumains
qui passent toujours entre les mailles du filet
Si les "gros poissons", comme les appelait un officiel
européen, sont toujours en liberté, la Roumanie enregistrerait
des progrès dans la lutte contre la corruption locale, celle qui
touche les maires, les conseillers municipaux et départementaux, ainsi que les policiers. En juin, la DNA a démantelé un
vaste réseau de trafic de permis de conduire. Une vingtaine de
personnes, dont plusieurs policiers, sont derrière les barreaux.
Magistrats français et allemands appelés à l'aide
"Dix huit mois après l'adhésion à l'UE, il est bien difficile de
dire s'il existe une véritable volonté politique de lutter contre
la corruption ou s'il s'agit seulement d'effets d'annonce",
constate Lucia Efrim, journaliste. "Mais des choses ont bougé
et c'est déjà bien, car le système judiciaire roumain est l'un des
plus conservateurs, les changements s'opèrent très lentement".
Pour les mener à bien, le ministre de la Justice, Catalin
Predoiu, compte sur l'appui d'autres pays de l'UE. Ainsi, c'est
avec l'aide de magistrats français que la Roumanie rédige une
nouvelle loi sur la responsabilité ministérielle, celle en vigueur
accordant trop de privilèges aux anciens titulaires de la fonction. De même, des magistrats allemands aident à la rédaction
d'un nouveau code pénal. Dix-huit ans après la chute de la dictature, la justice roumaine fonctionne toujours sur la base de
textes hérités de l'époque Ceausescu…
Luca Niculescu ("Libération")
Du berceau à la tombe, les Roumains dépensent
des dizaines de milliers d'euros en bakchichs
Une vie de spaga
T
out au long de sa vie, un Roumain dépensera (ou recevra) en "spaga" - bakchichs
et autres dessous de table - des centaines de millions d'anciens lei, soit des
dizaines de milliers d'euros, pour faciliter son existence quotidienne. Un phénomène qui n'est pas propre à la seule Roumanie dans la région, mais qui a pris des dimensions
encore plus effrayantes depuis la "Révolution". Pour le quotidien "Gardianul", Cornel
Ivanciuc en dresse le triste constat, sur un mode caustique:
"Il faut te faire à l'idée… Pour chaque heure que tu passeras dans ce monde, ton père
devra payer "o spaga". Déjà quand tu sortiras du ventre de ta mère, il aura dû donner
quelques billets à l'anesthésiste pour la césarienne et à la sage-femme pour être sûr qu'elle ne
te laissera pas tomber par terre, après avoir glissé malencontreusement sur le carreau. Lors
“Aidez nos pauvres “budgetari” de ton baptème, il s'assurera auprès du pope qu'il est bien satisfait du cierge gros comme la
(administrations auxquelles il faut
donner des bakchichs) à se payer colonne de Trajan qu'il lui aura acheté, afin que
des villas de huit chambres”.
sa flamme ne vienne pas brûler tes petites fesses
bien roses ou qu'il ne te laisse te noyer dans les fonds baptismaux.
Ce n'est pas fini…çà commence seulement. Ton père devra déjà payer pour te trouver une place en maternelle. Tu verras d'ailleurs comme tu seras à bonne école tout au
long des tes études. Tu découvriras vite combien les femmes aiment les fleurs. Surtout
le jour de leur fête, le 8 mars ! N'oublie pas cette fois là d'apporter un bouquet d'orchidées à ta prof principale si tu tiens à ne pas redoubler à la fin de l'année. Si tu es vraiment mal avec elle, et que tu as la chance que ta mère travaille dans une agence de
voyages, tu t'apercevras qu'un petit séjour aux Canaries lui fera vraiment plaisir.
Ne t'en fais pas tant que çà… c'est seulement une habitude à prendre. Tu te rendras
vite compte qu'"o spaga" par ci, "o spaga" par là, çà facilite beaucoup la vie: quand tu
sèches les cours, pour copier au bac, pour ta licence que tu vas rater parce que t'as rien
Connaissant les moeurs du temps,
fichu, pour acheter ton mémoire ou ta thèse à des petits malins qui en ont des toutes
un cafetier facétieux a baptisé son bistrot
“Fara Spaga”... soit “Sans pôt de vin”!
prêtes dans leurs tiroirs, ou au contraire parce que l'université t'as laissé bosser comme
un dingue, tout seul et sans s'occuper de toi, et qu'il est bien normal de lui témoigner ta gratitude.
Maintenant que tu as pris le pli, tu vas voir comme l'horizon se dégage: "o spaga" pour passer le permis, pour trouver un boulot, pour faire réparer ta voiture sans avoir à revenir dix fois chez le garagiste, pour ta messe de mariage, pour les tests de grossesse de ta femme, pour acheter des médicaments, pour faire sauter une contredanse, pour une place pour Steaua-Dinamo, pour ne
pas faire la queue pour ta carte d'identité, pour avoir ton passeport plus vite, pour que la mairie te donne ton certificat d'urbanisme, pour que les juges ne renvoient pas ad vitam eternam ton procès - en faisant bien attention de leur donner plus que ton adversaire ! - pour partir à la retraite à 40 ans, pour qu'on te réserve une bonne place au cimetière. Ah ! J'allais oublier le plus important… Surtout, n'oublie pas de graisser la patte au fossoyeur pour qu'il creuse un trou assez profond".
Cornel Ivanciuc ("Gardianul")
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Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
UE et corruption
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A la pêche aux "gros poissons"
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BUCAREST
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La Roumanie
a plus d'un milliard
et demi d'euros
à récupérer auprès
de ses débiteurs
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Des “inspecteurs d’intégrité”
Ces trois dernières années, la
Roumanie a réussi à récupérer environ 40 % des prêts qu'elle avait
consentis en dollars et roubles à
quatorze pays, avant 1989. Il lui
reste cependant 1,3 milliards de dollars et 1,1 milliards de roubles à se
faire rembourser.
Le plus grand pays débiteur reste
l'Irak avec 977 M€. Des pays comme
le Congo, le Soudan et la Somalie,
fortement endettés auprès de
Bucarest sont considérés comme
insolvables.
Par ailleurs, des négociations sont
entamés de longue date auprès de
Moscou, et sans aboutir, afin de
récupérer le trésor qui lui avait été
confié en 1917 pendant la Première
guerre mondiale afin d'être mis à
l'abri devant l'avancée des troupes
allemandes.
Ce trésor, qui a été confisqué par
les communistes, n'a pas été rendu
en totalité par la Russie. Il comprend
aujourd'hui 9,4 tonnes d'or fin pour
une valeur de 785 millions de dollars
aux taux de 1999. 9,1 des 9,4 tonnes
sont constituées de monnaies, dont
la valeur numismatique augmente
avec le temps.
En 1948, quant la Roumanie a
basculé dans leur camp, les autorités
russes ont rendu une partie des
œuvres d'art faisant partie des
valeurs confiées en 1917, mais pas
l'or. Au total, la Roumanie a plus d'un
milliard et demi d'euros à récupérer
auprès de ses débiteurs.
ls sont 42 et portent un nom étrange, "inspecteurs d'intégrité". Ils sont les
employés du tout nouvel organisme créé par la Roumanie pour lutter contre la
corruption: l'Agence nationale pour l'intégrité (ANI). Leur travail consiste à
éplucher les déclarations de fortune des officiels roumains et de les confronter à la réalité. S'il existe des doutes quant à la véracité des déclarations, les inspecteurs s'adressent à la justice, qui peut décider de la saisie d'une partie des biens. A cause notamment de l'opposition du Parlement, l'agence a commencé son travail en février, avec
un an de retard sur le calendrier prévu.
"On est contents malgré tout”, affirme
son président, Catalin Macovei (notre
photo). “Car on a déjà traité plus de 90
dossiers, dont 17 de parlementaires".
Parmi eux, un sénateur qui aurait mystérieusement gagné 3 millions d'euros en
trois mois grâce "à son flair hors pair dans
l'immobilier", ou un autre devant justifier la
provenance de 700 000 euros d'un prêt.
Les débuts ne sont pas faciles. L'ANI trouve pour l'instant ses informations
dans… la presse. "80 % de nos enquêtes démarrent avec un article de journal", reconnaît Catalin Macovei. Les officiels de l'agence appellent à une meilleure coopération
avec les autres organismes, et notamment le ministère de l'Intérieur, qui pourrait fournir des données intéressantes. "On a parfois du mal à comprendre pourquoi la
Roumanie a toujours besoin de plus d'institutions pour régler les problèmes de corruption", déplore un juge sous couvert d'anonymat. "Si les institutions qui existent
déjà faisaient bien leur travail, la situation serait meilleure."
Outre l'ANI, la Roumanie dispose également d'une Direction nationale anticorruption (DNA) qui enquête depuis des années sur les affaires douteuses des hommes
politiques. Le bilan est mitigé: il y a trois ans, la DNA avait mis en accusation plusieurs anciens ministres avec force publicité. Aucun procès n'a pour l'instant abouti.
Pis, la semaine dernière, la DNA a abandonné, faute de preuves, les investigations
contre deux ex-ministres soupçonnés d'espionnage et de trahison. "Même s'il n'y a pas
de condamnation définitive, il faudrait toutefois remarquer que plusieurs procès sont
en cours", tempère Daniel Morar, le jeune procureur en chef de la DNA.
Nomenklatura et biens volés
sous le communisme: Basescu voit rouge
L
e président Traian Basescu n'a
pas promulgué la modification de la loi sur les rétrocessions des biens immobiliers nationalisés
sous le communisme votée par les députés au mois de juin, décidant de la renvoyer au parlement pour un réexamen. "Il
s'agit d'un acte de renationalisation qui
ne dit pas son nom" a déclaré le chef de
l'Etat, ajoutant que ce texte "annulait
implicitement la qualité de propriétaire à
ceux qui ont été abusivement dépossédés
par le régime communiste".
La modification de la loi sur les
rétrocessions prévoit que les anciens propriétaires ne puissent plus bénéficier de
la restitution en nature de leur bien
immobilier si ceux-ci ont déjà été vendus
par l'Etat à la chute du régime communiste. A la place, ils seraient simplement
dédommagés. Cet aménagement permettrait à tous les nomenklaturistes qui ont
acquis leurs propriétés pour une bouchée
de pain, à la suite de combines, de dormir
en paix : ils n'auraient pas à les rendre et
c'est l'Etat qui paierait les dédommagements dus aux anciens propriétaires.
En Roumanie, le problème des rétrocessions est encore loin d'être résolu. Ces
trois dernières années, l'Etat a été
condamné 155 fois par la CEDO (Cour
européenne des droits de l'homme) pour
des affaires de ce type et devrait payer
environ 13,5 millions d'euros d'amende.
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Tribune
“Le meilleur des ondes…”
L
a décision du Sénat roumain d'adopter une loi pour
obliger les radios et les télés à diffuser au moins
50 % de nouvelles "positives" a été très commentée
à travers le monde et les malheureux élus, considérés au mieux
comme d'aimables farceurs, en ont pris pour leur grade. Elle a
permis notamment à Jean-Simon Gagné du quotidien "Le
soleil" de Québec d'exercer toute sa verve.
"Assez d'histoires déprimantes! Ras-le-bol des veuves et
des orphelins qui ne trébuchent jamais sur un coffre de diamants, le soir de Noël, comme dans un film de Walt Disney.
Ou des bébés requins qui cherchent en vain leur maman assassinée par de vils braconniers pour vendre son aileron dorsal à
un restaurant chic de Singapour.
Vous comprenez, le cœur des parlementaires roumains
saigne devant les convulsions qui agitent notre monde. Alors à
défaut de s'attaquer aux causes de la pauvreté ou de l'injustice,
ils ont décidé de viser "l'extraordinaire nocivité des informations négatives et leurs effets irréversibles sur la santé".
Laissez-moi imaginer le tableau…
Ceausescu était un grand
adepte de la pensée positive
"Chers téléspectateurs, nous venons d'atteindre notre
quota de 50 % de nouvelles négatives pour le téléjournal de ce
soir. Alors tant pis pour l'attentat ayant causé 500 morts en
Irak. À la place, nous diffuserons une entrevue réalisée avec le
vainqueur d'un concours de danse à claquettes réservé aux unijambistes. Et s'il reste du temps, nous ajouterons trois minutes
sur une miniature de char d'assaut entièrement fabriquée avec
des éclats de bambous biologiques et équitables, cultivés dans
une serre d'Abitibi."
Autant le préciser tout de suite. La loi votée par le Sénat
roumain ne sera jamais promulguée. Le président du pays a
déjà annoncé son intention de la laisser mourir au feuilleton.
En Roumanie, l'épisode a toutefois rappelé les douloureux
souvenirs du dictateur Ceausescu, renversé en 1989. Celui que
les poètes officiels surnommaient le "Danube de la pensée"
était en effet un grand adepte de la pensée positive.
À l'époque, la presse était bourrée de statistiques décrivant
l'extraordinaire prospérité du pays. Ce qui n'empêchait pas les
Roumains de manquer de tout. Pour railler l'absence de chauf-
Radio Europa Libera
a cessé ses émissions
V
L’histoire de
Radio Europe Libre
et de l’exil roumain
est paru en livre
en Roumanie.
oix de la liberté" pendant cinq décennies de communisme, contrepoids à la propagande de Ceausescu,
fenêtre audio sur l'Occident, Radio Europa Libera a
cessé d'émettre en Roumanie le 1er août. Une décision prise en
raison de l'importante concurrence existant sur le marché des
médias roumains mais aussi parce que le poste de radio, financé
par le Congrès américain et fondé il y a 60 ans, en pleine guerre
froide, se concentre désormais principalement sur le MoyenOrient. Europa Libera continue néanmoins d'émettre en Moldavie
et en Transnistrie.
fage, on disait: "il fait tellement froid dans la
maison que tu devrais fermer la fenêtre, sinon
les gens qui passent dans la rue risquent d'attraper un rhume". Mais ne nous égarons pas.
Devant la controverse suscitée par leur loi, plusieurs sénateurs
ont regretté de ne pas l'avoir examiné plus longuement. En fait,
en approuvant le projet en... cinq minutes, ils n'avaient même
pas déterminé comment on distinguerait une nouvelle positive
et une nouvelle négative.
Parions aussi qu'ils n'avaient pas pris connaissance du dicton qui sert souvent d'introduction à la profession de journaliste. "Si un homme mord un chien, c'est une nouvelle. Mais si un
chien mord un journaliste, alors c'est une bonne nouvelle."
Au Texas, on repeint les prisons en rose
Les sénateurs roumains sont pourtant de leur époque.
Même que leur projet fait écho à des initiatives surgies un peu
partout à travers le monde. Aux États-Unis, par exemple, un
petit nombre de journaux ne publient que de bonnes nouvelles.
Jusqu'ici, cependant, leurs succès ont été mitigés. En 2002, le
bimensuel Good News, publié en Floride, a fermé ses portes
après seulement 16 mois d'existence. Jusqu'à la fin, ses propriétaires ont refusé de prévenir les lecteurs des problèmes
financiers du journal. Normal. Ce genre de mauvaise nouvelle
aurait contrevenu à l'esprit de la publication.
Sur la route de l'optimisme débridé, certains ont fait mieux
encore. Au Texas, il y a quelques années, un shérif avait décidé qu'il fallait mettre du rose nanane dans la vie des prisonniers. Toute la prison du comté avait été repeinte en rose. Les
murs, les portes, les barreaux des cellules. Même les draps
étaient roses. Un véritable enfer.
Vêtus de rose de la tête aux pieds, les prisonniers avaient
tellement honte qu'ils refusaient généralement de sortir de la
prison, même quand ils obtenaient le droit de travailler à l'extérieur, durant la journée. À croire que la vie en rose ne constituait pas une si bonne nouvelle, après tout.
La morale de cette histoire revient à un écrivain anglais,
qui déclarait: "L'optimiste proclame que nous vivons dans le
meilleur des mondes possibles. Et le pessimiste craint que ce
ne soit vrai".
Jean-Simon Gagné ("Le Soleil" Québec)
Retour
aux sources ?
L
'Agence nationale de
presse ROMPRES
devient
l'Agence
nationale de presse AGERPRES,
selon le décret signé par le président Traian Basescu, revenant
ainsi au nom qu'elle avait entre
1949 et 1989, sous le régime
communiste.
55
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Sciences
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ORADEA
ARAD
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CLUJ
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SUCEAVA
CHISINAU
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BISTRITA
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TARGU
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GALATI
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BENESTI
CRAIOVA
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n
BUCAREST
CONSTANTA
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La statue de Bob
Marley à la frontière
serbo-roumaine
56
Petrache Poenaru "Haiduc"
à 22 ans pour la cause de la Roumanie
l
TULCEA
l
Inventeur du stylo, du premier
journal roumain… et du drapeau national
Un festival de musique rock, organisé dans le petit village de Banatski
Sokolac, à la frontière entre la Serbie
et la Roumanie, a lancé une initiative
pour ériger une statue, la première
du genre, à la mémoire de l'icône du
reggae jamaïcain, Bob Marley, décédé en mai 1981. Elle a été inaugurée
fin août.
En août 2007, Zitiste, un autre village du Banat, région dans l'est de la
Voivodine (nord de la Serbie) à cheval entre la Serbie et la Roumanie,
avait inauguré une statue du boxeur
Rocky Balboa, le célèbre personnage
de cinéma, créé et incarné par l'acteur américain Sylvester Stallone.
Le festival "Rock Village", dont la
première édition a eu lieu en 2005,
réunit principalement des groupes
rock locaux et régionaux.
"Pourquoi nous
aimons les femmes"
Enorme succès en Roumanie,
Pourquoi nous aimons les femmes
vient d'être traduit en français.
L'auteur rend hommage à la femme
en un hymne précédé de vingt nouvelles sur les déboires sentimentaux
d'un grand amoureux. De nouvelle en
nouvelle et de femme en femme, le
livre prend sens et devient un roman
total à la lecture de l'hymne, tendre,
drôle, dramatique, cocasse et sensuel. Mircea Cartarescu apparaît
comme un grand écrivain à l'écriture
onirique idéale pour transcender la
beauté de l'éternel féminin…
S
i le mot stylo est d'origine grecque mais a été
popularisé par les Français en 1923, son invention, elle, doit tout à un Roumain et remonte à
1827, soit voici 175 ans. Cette année là, Petrache Poenaru
(1799-1875), professeur dans une école de Bucarest, faisait breveter à Paris un porte-plume qu'il avait doté d'un
réservoir à encre et d'un piston lui donnant une bien plus
grande autonomie. Son inventeur le baptisa, "plume porteuse d'encre", terme qui ne fit pas fortune, contrairement
à la prodigieuse carrière que cet objet entamait et qui dure
encore. Cette invention sera développée ensuite par
Brissant et Ciffin en 1863, puis par Watterman, en 1884.
Petrache Poenaru est l'un des esprits roumains les plus brillants et complets.
Secrétaire et homme de confiance du grand révolutionnaire Tudor Vladimirescu, en
1821, il avait suivi des études à Vienne, Paris, Londres. Mathématicien, physicien,
ingénieur, inventeur, professeur, homme politique, agronome, zootechnicien, Poenaru
a apporté une contribution décisive à l'organisation de l'enseignement en Roumanie,
fondant les collèges nationaux de Bucarest et Craiova. Homme de culture autant que
de sciences, il a créé la Société Philharmonique, le Jardin Botanique et le Musée
National d'Antiquités de Bucarest. Membre de l'Académie roumaine (1870), le savant
avait publié plusieurs ouvrages, dont une étude portant sur la géométrie après
Legendre et un vocabulaire franco-roumain en deux volumes.
Petrache Poenaru fut aussi le premier Roumain a voyagé en chemin de fer, le 27
octobre 1831. Il terminait ses études en Angleterre, où, l'année précédente, le 15 septembre 1830 venait de s'ouvrir la première voie ferrée du monde, entre Liverpool et
Manchester. Le jeune homme ne cacha pas son enthousiasme : "Une seule machine a
permis à 240 personnes de voyager" écrivit-il avec son fameux stylo.
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
revue "Dilema Veche" regrette
de fermeté à l'égard de son pays
Nous avons besoin d'une douche froide"
Mais nous - qui savons mieux que personne "boycotter
l'Histoire", comme disait le philosophe Lucian Blaga -, nous
continuons à vaquer à nos occupations. L'ancien adage "Ils
font semblant de nous payer, faisons semblant de travailler"
s'est transformé en "Ils font semblant de nous avoir fait entrer
dans l'Union Européenne, faisons semblant d'y être".
Les experts européens n'ont fait que constater ce que nous
savons déjà: la réforme de la justice est bloquée; les promesses
faites avant l'adhésion n'ont pas été tenues. Nous savons également que, depuis toujours, nous sommes des citoyens apathiques et fatalistes. Mais quand même ! Si la Commission
européenne assumait sérieusement son rôle d'exécutif européen, la clause de sauvegarde devrait être activée concernant
la Roumanie. Personnellement, je le ferais ! Non seulement
pour mettre un carton rouge aux institutions de l'Etat, mais
aussi pour procurer aux
citoyens roumains la sensation bienfaisante d'une
douche froide dans cette
atmosphère de douce torpeur
créée par notre adhésion à
l'UE. Mais il était peu probable que cela se fasse. La
décision de l'acceptation de
“C’est sûr que Nastase aurait
remporté l’or à Pékin, mais
la Roumanie et de la
malheureusement sa discipline
n’est
pas
olympique”. Ion Barbu
Bulgarie a été politique et le
restera. Et la réforme de la justice ne se fera véritablement que
lorsqu'"ils" prendront leur retraite et ne s'occuperont plus que
de leur vieillesse corrompue.
Mircea Vasilescu ("Dilema Veche")
Les mauvais points de "Freedom House"
L
e rapport 2007 de "Freedom
house", organisation basée à
Washington financée par les
USA, l'UE, des organisations caritatives,
et qui étudie les progrès de la démocratie
dans le monde, a relevé quatre points
négatifs et autant de pas en arrière pour la
Roumanie: la situation de la justice, toujours aussi corrompue, de plus en plus
dépendante des manœuvres du pouvoir,
et dont la réforme se fait attendre ; l'instabilité politique et les tentatives du parlement et du gouvernement de s'opposer
aux décisions de la Cour constitutionnelle conduisant au référendum visant à destituer le président; les organisations de la
société civile qui deviennent de plus en
plus vulnérables d'un point de vue financier et face aux manœuvres politiques les
fragilisant ; l'accélération de la concentra-
Compagnon d'armes de Tudor Vladimirescu
La Roumanie veut obtenir
"au plus vite" le dégel des aides agricoles
Toutefois, l'épisode le plus étonnant de la vie de ce Roumain extraordinaire, né à
Benesti, près de Râmnicu Vâlcea, se situe lorsqu'il atteint ses 22 ans et devient haiduc
- bandit d'honneur - pour servir la cause de la Roumanie contre les Turcs. Ces cinq
mois passés dans la peau d'un "Robin des Bois" vont changer son destin. Ses compagnons se rendent très vite compte que cet intellectuel n'est pas fait pour le métier des
armes, mais à la fois intrigués et amusés, le présentent au chef de la révolte, Tudor
Vladimirescu (1780-1821).
Celui-ci est impressionné par la vivacité de l'intelligence de ce jeune homme et
s'attache ses services comme secrétaire. Enthousiaste, Petrache Poenaru devient vite
son homme de confiance et le convainc de porter aussi le combat sur le plan des idées
pour populariser sa cause. C'est ainsi qu'il crée "Foia de propaganda", le premier
journal roumain. Il le persuade aussi de réunir ses partisans sous un même emblème
qui donnera naissance 60 ans plus tard, en 1881, au drapeau national roumain tricolore (bleu-jaune-rouge), s'inspirant du modèle du drapeau de la Révolution française.
Petrache Poenaru ne limitera pas cependant son engagement au seul domaine de
la création intellectuelle, mais se battra courageusement sur les champs de bataille, frisant plusieurs fois la mort. Inquiet et voulant le ménager, son mentor et aîné de vingt
ans, l'enverra continuer ses études à l'étranger. Bien lui en prendra car lui-même sera
assassiné après être tombé dans un guet-apens quelques mois plus tard. Petrache
Poenaru partira pour Vienne puis Paris, où il sera diplômé de l'Ecole Polytechnique,
commençant sa prodigieuse carrière.
près bien des tergiversations, la Commission européenne a commencé à
réagir de manière concrète à propos de la mauvaise gestion des fonds
communautaires en Bulgarie et en Roumanie. Le ministère roumain des
finances a annoncé, mercredi 20 août, le gel par Bruxelles de 30 millions d'euros
d'aides agricoles pour "déficience technique" dans leur gestion. Ces deux pays ont
été sanctionnés après avoir reçu, le 23 juillet, une mise en garde de Bruxelles dans
le cadre d'un mécanisme de coopération et de vérification établi lors de leur adhésion. Celle-ci les a invités à respecter les normes européennes de contrôle financier
afin que cessent les irrégularités constatées par les experts.
La Roumanie, n'a pas été sanctionnée pour fraude, mais la Commission attend
d'elle un plan d'action sérieux pour améliorer la gestion de ces fonds. D'ici là, les
30 millions d'euros d'aides agricoles restent gelés. Bucarest a présenté un plan le
31 juillet mais la Commission l'a jugé insuffisant et a demandé au gouvernement de
l'amender avant le dimanche 31 août.
Le ministre roumain de l'agriculture, Dacian Ciolos, a estimé que cette situation
risque de porter atteinte à la "crédibilité" de son pays. Il a toutefois souligné qu'à la
différence de la Bulgarie, la Roumanie n'est pas accusée de fraude. Des mesures vont
être prises, a-t-il assuré, pour régler "au plus vite" les difficultés signalées par
Bruxelles et permettre la reprise des versements.
De son côté, la Bulgarie a été sévèrement punie par le gel d'une partie des
sommes qui lui étaient promises, pour un montant d'environ 500 millions d'euros.
A
tion des médias dans les mains de
magnats, la qualité de leur contenu étant
affecté par des campagnes de diffamation
et de chantage de toutes sortes, servant
leurs intérêts.
Sur les autres points, comme les élections et la gouvernance locale, "Freedom
house" n'enregistre pas de changements
notables, accordant la moyenne à la
Roumanie.
Un expert…
à la bonne place
U
ne villa de 356 m2 et un
appartement de 140 m2 à
Brasov, un studio de 40 m2 à
Bucarest, le tout d'une valeur de près de
500 000 € et acquis en quelques mois
début 2007...
C’est l’état des lieux qui a été révélé
au cours d'une vérification du patrimoine
de Horia Georgescu, le secrétaire général
de l'ANI (Association Nationale
d'Intégrité)… organisme chargé de
contrôler les déclarations de fortune et de
revenus des dignitaires du régime et des
politiciens, afin de détecter toutes formes
d’enrichissement jugé suspectes (voir
page suivante).
De 2004 à 2007, ce haut fonctionnaire avait travaillé à la DNA (Direction
Nationale Anticorruption), en tant qu’
expert, puis auprès du ministère de la justice dans le même registre.
9
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L'éditorialiste de la
que Bruxelles manque
UE et corruption
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"Sanctionnez-nous !
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CONSTANTA
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Pas d'enquête sur
Adrian Nastase
et le procureur-chef,
trop curieux, limogé
8
Les lecteurs nous écrivent
Courrier
Les trous de mémoire de "L'Humanité"
SUCEAVA
SATU
MARE
ORADEA
Le Parlement roumain a rejeté le
mercredi 13 août une demande d'enquête sur l'ancien Premier ministre
Adrian Nastase et son ministre du
transport, Miron Mitrea, impliqués
dans des affaires de corruption, un
dossier considéré par l'Union Européenne comme un test de la volonté
de Bucarest de réformer son système
judiciaire. Les deux hommes, qui sont
considérés comme le symbole même
des malversations dans leur pays,
continuent donc à bénéficier de l'immunité parlementaire, échappant ainsi
à la justice qui a mis un terme à ses
enquêtes.
Par ailleurs, deux jours auparavant,
le ministre de la Justice avait limogé
le procureur en chef des services anticorruption, Daniel Morar (notre
photo), dont le mandat arrivait à expiration. Ce dernier était la bête noire
du personnel politique, qui l'accuse de
déborder de son rôle en cherchant
l'origine de son enrichissement.
Son limogeage est une rebuffade à
l’égard de la Commission européenne, dont le rapport annuel publié en
juillet accusait justement le Parlement
de bloquer des enquêtes ouvertes par
les procureurs.
A
la suite de la publication du rapport de surveillance de la Commission
européenne sur la Roumanie et la Bulgarie (le premier depuis l'adhésion
des deux pays à l'UE, en 2007), qui ne sanctionne pas la première, l'éditorialiste Mircea Vasilescu de l'hebdomadaire "Dilema Veche" ("Vieux dilemme") ne
cache pas sa perplexité vis à vis de la Commission Européenne, déplorant que par son
manque de fermeté elle encourage son pays à persévérer dans ses mauvaises habitudes, dans un article repris et traduit par "Le Courrier International".
"Nous, les pauvres, on se débrouille…
eux, ils détournent des millions"
"Il serait bienvenu de débattre de cette question, par exemple dans les médias. Evidemment,
ce ne sera pas le cas. Parce que l'opinion
publique roumaine est rachitique et manque de
cohésion; parce qu'elle est habituée à l'idée que
"ceux d'en haut" font ce qu'ils veulent et que,
quoi que l'on puisse faire, la corruption est indéracinable. Après tout, nous aussi la pratiquons à
des degrés divers, on se débrouille, comme on a
l'habitude de dire dans ce pays… Ah, mais la
différence, c'est que nous, les pauvres, nous ver“Alors çà... Celui-là
sons des pots-de-vin aux fonctionnaires pour
c’est Karadjic ou Nastase ?”
Gazdaru
qu'ils ferment les yeux sur de petites illégalités,
tandis que "eux", ils détournent des millions d'euros.
Apparemment, la réforme de la justice est la tâche du gouvernement et du
Parlement. Que pouvons-nous faire s'"ils" n'ont créé une Agence nationale pour l'intégrité que pour la forme, s'"ils" se renvoient d'un service à l'autre les dossiers de corruption, s'"ils" ont adopté des modifications du Code pénal qui, dans certaines situations, ne laissent aux procureurs que la possibilité de prier gentiment les suspects de
bien vouloir répondre à leurs questions (avec les excuses de rigueur pour le dérangement…)? Que pouvons-nous faire si le chef de l'Etat affirme à la télévision que la
Cour constitutionnelle est le cimetière des affaires de corruption et qu'après une telle
déclaration rien ne se passe ? Que pouvons-nous faire si la presse, prétendument le
quatrième pouvoir, fait révélation sur révélation concernant le corrompu X et le corrupteur Y, et que les X et Y concernés nous sourient sereinement sur les affiches électorales, annonçant qu'ils feront notre bonheur si nous votons pour eux ?
Nous ne pouvons rien y faire. Ou alors, si, nous pouvons : nous pouvons regarder
la télévision, voyager en Europe sans visa, prendre d'assaut les supermarchés, acheter
de nouvelles voitures par dizaines de milliers, aspirer à un poste dans une multinationale qui nous permette de faire tout ça. Ah, oui ! Nous pouvons aussi "les" insulter,
devant une bière et des cacahuètes avec les copains, dire qu'"ils" ne font rien pour le
pays mais uniquement pour leur pomme.
"Arrêtons de faire semblant d'être dans l'UE"
Si nous - citoyens, petits entrepreneurs, agriculteurs, fonctionnaires… - sommes
si mécontents de la justice, si nous faisons si peu confiance aux juges et aux tribunaux,
nous devrions réagir d'une manière ou d'une autre. Il y a quelques années, en
République Tchèque, a eu lieu une grande manifestation contre une tentative de remplacement du directeur de la télévision publique; en Hongrie, des gens sortent depuis
deux ans dans la rue pour manifester contre un Premier ministre qui a avoué publiquement avoir "menti".
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
A
la suite de la publication dans nos colonnes d'un
article emprunté à Anne Roy et paru dans
"L'Humanité", sous le titre "Les étudiants de
Bucarest face à l'onde de choc de Dacia", un de nos lecteurs,
qui pratique la Roumanie depuis le début des années 70, y rencontrant sa femme, étudiante roumaine à l'époque, a tenu à
rappeler le rôle que ce journal a joué alors dans la désinformation du public français sur ce qui se passait à l'Est. Une attitude que le secrétaire général du Parti communiste français de
l'époque avait fort bien résumé en déclarant en direct à la télévision depuis Moscou que "le bilan des pays de l'Est était globalement positif". Il est vrai que l'univers communiste fréquenté par Georges Marchais se limitait aux datchas de protocole réservées au séjour des hautes personnalités étrangères et
à des vacances à la mer Noire sur le yacht de Ceausescu.
"Je ne conteste pas le fond de l'article auquel j'adhère
complètement. Mais il y a un élément qui me gêne beaucoup,
c'est que "L'Humanité" vienne aujourd'hui pleurer sur le sort
des travailleurs roumains. Je ne me souviens pas que ce journal, organe de presse officiel du PCF, ait été l'ardent défenseur
du peuple roumain lorsque celui-ci vivait sous le joug du parti
frère. Le droit de grève était interdit en République socialiste
de Roumanie (comme dans les autres pays du même bloc
d'ailleurs) et ça n'a jamais eu l'air de choquer "L'Humanité".
Les grèves des mineurs de la vallée du Jiu à l'époque de "l'âge
d'or" n'ont pas fait l'objet du même traitement.
Je me souviens d'un article paru dans les années 70 dans
"L'Humanité Dimanche" sur la Roumanie et qu'un ami
m'avait montré. "L'Humanité" était alors le propagandiste
zélé des pires régimes que le XXe siècle européen ait connu.
Ce qui me gène surtout vis-à-vis des jeunes générations, c'est
la capacité de nos communistes a faire oublier quelle fut leur
attitude jusqu'à la chute de ces régimes.
Oubliés le mur de Berlin ("le mur de la Liberté !"), le goulag, les répressions sauvages (Budapest, Prague)... L'amnésie
les frappe mais de façon sélective... C'est tout juste s'ils ne
viennent pas nous démontrer aujourd'hui combien ils ont été à
la pointe du combat pour la libération des peuples opprimés
d'Europe de l'Est.
Il me semble qu'un rappel des positions de ce journal, il y
a plus de 20 ans, ait le bienvenu. Et que si au lendemain de
1989, on a découvert la misère sociale, morale et économique
de la Roumanie, ça n'a pas été grâce aux infos de
"L'Humanité", alors abonnée à une oeuvre de désinformation
au service de Ceausescu.
J'en veux pour preuve que "L'Humanité" était le seul
journal français qu'on pouvait trouver à cette époque glorieuse
dans les kiosques roumains.
Yves Lelong
Restitution de biens confisqués : trois poids, trois mesures
A
propos de l'article du numéro
48, sur le château de Peles
que l'Etat vient de restituer à
l'ancien roi Michel, un de nos lecteurs
apporte les précisions suivantes sur les
pratiques de restitution des biens confisqués par le régime communiste: "Bien
qu'il n'y ait qu'une seule loi pour tous en
théorie, il y a en pratique trois poids, trois
mesures concernant les propriétés confisquées et revendiquées en Roumanie:
1) Vous êtes puissant et célèbre,
comme Michel de Hohenzollern: on vous
rend votre bien, et tout est réglé. Vous
avez certes attendu longtemps et subi des
avanies (à Noël 1990 j'étais le traducteur
de l'équipe de la 5 de l'époque, qui avec
TF 1 a suivi le roi de bout en bout et filmé
son expulsion manu militari), mais cela
en valait la peine.
2) Vous vivez depuis longtemps à
l'étranger, disposez de temps et d'assez
d'argent pour payer les frais de justice, et
vous estez en justice pendant plus d'une
décennie, mais finalement vous obtenez
gain de cause (à moins que Basescu ne
soit demis et que le Parlement remette en
cause la loi actuelle, n° 10 je crois). Cela
en valait la peine vus les prix actuels de
l'immobilier, mais tout de même, pour
récupérer votre bien, vous avez passé des
années dans les couloirs des tribunaux et
dépensé en frais de justice, au moins
autant qu'il vous faudra dépenser en frais
de remise en état, ce qui fait un bien
maigre gain si vous vendez votre bien.
3) Vous n'êtes ni riche, ni célèbre,
vous êtes fatigué, ou bien vous êtes plus
jeune et vous travaillez en Roumanie ou a
l'étranger : vous n'avez aucune chance (la
plupart n'essaient même pas, beaucoup
renoncent en cours de route). Les réseaux
de la mafia immobilière, qui vendent
même les biens revendiqués, ont tout
gagné, sur votre dos. Et vous, vous êtes
marron.
Pour beaucoup de Roumains le communisme n'a rien été d'autre que: Ote toi
de la que je m'y mette, un gigantesque vol
par ruse et violence. Pour eux, PCR n'a
rien signifié d'autre que Piston,
Combines, Relations. Ils sont ultra-libéraux à présent. Communistes ou capitalistes, Malheur aux vaincus a été la seule
devise à laquelle ils aient sincèrement
cru. Et les voici plus Européens que quiconque, après avoir retardé l'adhésion, le
temps nécessaire pour assurer leurs
arrières".
Ion Cepleanu
Amitié Partage
cesse ses activités
A
mitié Partage qui a joué un
rôle important dans les relations franco-roumaines au
niveau de la société civile, à partir de
1990, vient de cesser ses activités.
L'association de Quimper avait réduit ses
activités au fil des ans, se consacrant
essentiellement à la vente de billets
d'avions à prix charter mais le nombre
insuffisant de réservations l'a conduite à
prendre cette décision. Sa représentante à
Bucarest, Paula Nicu-lescu reste à la disposition des visiteurs pour toutes leurs
prestations: accompagnement d'un guide,
hôtel, location de voiture... Ses coordonnées: [email protected], telfax (00 40) (0) 21 688 11 52, portable:
(0040) (0) 744.63.19.13.
57
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Tourisme
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SUCEAVA
BAIA MARE
CLUJ
ARAD
Sinaïa, la petite
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ORADEA
IASI
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SIBIU
TIMISOARA
T. SEVERIN PITESTI
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CRAIOVA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
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Réouverture
de la liaison Turnu
Severin-Serbie
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la Justice Monica Macovei :
taper du poing sur la table"
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"C'est une ville que les moins
Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Après douze ans d'interruption à
cause de la guerre en ex-Yougoslavie, la liaison fluviale entre Dobreta
Turnu Severin (Roumanie) et Kladovo
(Serbie), deux ports qui se font face
sur le Danube, a été réouverte à la
mi-juillet. Un bateau d'une contenance
de 174 passagers, le "Djerdap" effectue la liaison aller-retour deux fois par
jour. Les riverains, qui ont souvent de
la famille de chaque côté du fleuve,
avaient cependant réussi à garder le
contact, d'autant plus que les visas
d'entrée en Serbie pour les Roumains
avaient été supprimés en 2007 et que
ces derniers se débrouillaient pour y
aller faire certaines de leurs
emplettes, les produits électroniques,
électroménagers, alimentaire ou les
détergents y étant moins chers.
V
irgil Tanase a emprunté l'Orient Express qui effectue à nouveau la liaison
entre Paris et Istanbul. Un voyage qui n'est pas à la portée de toutes les
bourses puisqu'il en coûte 8000 € par personne, avec un retour en avion.
L'écrivain franco-roumain a décrit dans "Le Figaro" son étape à Sinaia et sa visite du
château de Peles. "À l'approche des vacances, lorsqu'il est question dans un dîner
mondain d'itinéraires surprenants mais néanmoins culturels, laissez échapper un petit
soupir: "Ah, ces Klimt!" "Lesquels? Ceux de Munich, de Vienne, celui de la
Ca'Pesaro…?" "Non, ceux de Sinaïa, voyons!" Et devant vos interlocuteurs surpris
lâchez un deuxième soupir : "C'est une ville que les moins de 80 ans ne peuvent pas
connaître…!" Ce n'est pas tout à fait vrai. Depuis qu'elle est une escale, avec visite au
palais et déjeuner traditionnel roumain, sur le trajet du nouvel Orient Express qui vous
fait traverser l'Europe pour quelque 8 000 €, Sinaïa revient à la mode et on en parle
dans les milieux fortunés.
Si la Commission et les États membres ont la volonté de
l'utiliser, cela peut produire des résultats. Sinon, ces pays ne
changeront pas. Bruxelles doit savoir taper du poing sur la
table. La sanction la plus efficace est la suspension des fonds
européens qui vont dans la poche du crime organisé et des
politiciens corrompus.
Après la régression intervenue en Bulgarie et en
Roumanie au lendemain de leur adhésion, l'approche de la
Commission européenne a changé. Désormais, les pays candidats se verront demander d'appliquer leurs législations pendant
une période assez longue avant de procéder à une évaluation et
ce sera pour eux de plus en plus difficile.
La situation dans le sud-est de l'Europe
"Une sorte de ville en pain d'épices à mettre sous l'arbre de Noël"
Une petite rivière farouche creuse son chemin sinueux entre deux parois
rocheuses de presque deux milles mètres dont la superbe est adoucie par quelques
pentes boisées. L'ombre est douce en été, l'air scintillant en hiver. En toute saison le
parfum frais des forêts de sapins vous communique une violente envie de croquer la
vie à pleines dents. Recouverte de neige, Sinaïa devient, pour les fêtes, une sorte de
ville en pain d'épices à mettre sous l'arbre de Noël.
Au milieu du XVIIe siècle, il
n'y avait sur cette route de montagne qui reliait la Valachie à
l'Empire autrichien qu'un ermitage
et quelques abris pour les bergers
qui conduisaient leurs troupeaux
vers les alpages.
Lorsqu'il traversait la vallée
dans un de ses voyages entre
Vienne et la Sublime porte, le prince Michel Cantacuzène faillit être
tué par des brigands. Échappé par
miracle, il se rend au mont Sinaï pour remercier Dieu de lui avoir laissé la vie sauve.
De retour, il fait bâtir un monastère à l'endroit même où il avait frôlé la mort. Des
montagnards en profitent pour s'établir dans les environs. Ils font du commerce avec
leurs produits et quelques aubergistes proposent aux voyageurs un refuge pour la nuit.
Label européen pour
la palinca de Zalau
A la fois chalet et palais moyenâgeux, citadelle
gothique et pavillon de chasse d'un opéra italien
Le ministre de l'Agriculture a
approuvé la classification de la
Palinca de Zalau - deux fois distillée comme produit traditionnel, qu'elle
soit de prune ou d'autre fruits, avec
appellation d'origine contrôlée indiquant la zone géographique où elle
est fabriquée, et protégée au niveau
national ainsi qu'européen. Cette
mesure devrait protéger cette tsuica
très appréciée du nord-ouest de la
Transylvanie des imitations.
Parti d'Allemagne pour gagner la capitale du petit pays qui, en 1866, lui offre la
couronne, le roi Carol premier de Roumanie, un Hohenzollern-Sigmaringen, passe par
Sinaïa. L'endroit lui rappelle sa Forêt-Noire et les Alpes bavaroises. Il décide d'y
construire un château digne de ce pays latin dont les richesses sont importantes, et qui,
libéré de la tutelle de l'Empire ottoman, regarde maintenant vers l'Occident. Un château qui puisse rivaliser avec ceux de contes de fées, qu'à la même époque un autre
souverain allemand, Louis II, fait construire en Bavière. Le roi Carol engage plusieurs
architectes autrichiens et allemands qui réussissent à réconcilier l'irréconciliable. Le
château de Peles est une merveille, à la fois chalet et palais moyenâgeux, citadelle
gothique et pavillon de chasse d'un opéra italien. La décoration intérieure est tout aussi
somptueuse, et parmi ceux appelés à y travailler se trouve le jeune Gustav Klimt qui
réalise, entre autres, le plafond et la frise de la salle de théâtre.
- Comment aider les gouvernements de la région ?
- Nous pouvons les aider pour l'adoption de lois et leur
application dans le domaine du financement des partis politiques et des campagnes électorales, de l'attribution des marchés publics, de la réforme de la police et de la justice, et de la
concurrence. En Macédoine, nous travaillons à créer une
banque de données commune. Je voudrais également introduire dans les législations des pays de la région le crime d'enrichissement illicite pour les fonctionnaires et les hommes politiques qui figure dans la convention de l'ONU contre la corruption et permet la confiscation de biens acquis illégalement.
Propos recueillis par François d'Alançon (La Croix)
D
ans son rapport sur le crime
dans les pays de l'Europe du
sud-est, publié en mai 2008,
l'Office des Nations unies contre la
drogue et le crime, fait le point sur la
situation générale dans la région:
Economie: En 2004, les dix pays de
l'Europe du sud-est (Albanie, BosnieHerzégovine,
Bulgarie,
Croatie,
République de Macédoine, Moldavie,
Monténégro, Roumanie, Serbie et le
Kosovo), comptaient pour l'équivalent de
3, 8 % du produit national brut (PNB) de
l'Union Européenne. La Croatie avait le
plus haut PNB/habitant de la région,
équivalent à un peu plus d'un quart de la
moyenne des pays de l'Union Européenne
tandis que celui de l'Albanie représentait
seulement 8 % de la moyenne européenne.
Pauvreté: Environ 20 % des habitants de la Bosnie-Herzégovine vivent en
dessous du seuil de pauvreté. Le Kosovo
a le taux de chômage le plus élevé de
l'Europe du sud-est (50 %), le salaire
moyen y est de 200 € par mois.
Droits de l'homme: Selon un classement de la Banque mondiale, tous les
pays de la région sont en dessous de la
moyenne est-européenne en matière d'État de droit. L'Albanie et le Kosovo se
classent même en dessous de la moyenne
des pays de l'Afrique sub-saharienne.
Gouvernance: La confiance dans le
gouvernement et les institutions est
faible. Selon une enquête conduite, fin
2004, par la Commission sur les Balkans,
entre 50 et 75 % des personnes interrogées évaluent leur gouvernement comme
"mauvais".
Stabilité politique: Dans l'index de
stabilité politique de la Banque mondiale
(2006), la Serbie, la République de
Macédoine, l'Albanie et la BosnieHerzégovine étaient toutes classés en
dessous de la moyenne des pays de
l'Afrique sub-saharienne. En revanche, la
Roumanie, le Monténégro, la Bulgarie et
la Croatie tiraient leur épingle du jeu, ces
deux derniers pays se situant au-dessus
de la moyenne est-européenne.
Détour par les Caraïbes avant de revenir
à la maison pour l'argent sale roumain
S
elon un rapport de l'ONU, le blanchiment d'argent
fait partie intégrante de l'activité des pays du sud-est
de l'Europe. "Dans cette région, la fraude fiscale, la
fuite des capitaux et les privatisations frauduleuses ont plus
d'importance que le crime organisé traditionnel", souligne un
rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le
crime (Onudc).
La criminalité économique couvre un vaste champ qui va
de la contrebande de viande, de cigarettes, d'alcool ou de carburants, aux fausses factures pour fraude à la TVA, en passant
par le commerce de produits de contrefaçon en provenance de
la Chine ou la fabrication de faux billets et de fausses cartes de
crédit.
Recycler cet argent dans l'économie légale implique d'en
cacher l'origine et c'est là qu'intervient le mécanisme du blanchiment de l'argent, souvent avec la complicité d'institutions
occidentales, publiques ou privées. Le sud-est de l'Europe
reste particulièrement vulnérable à cette pratique parce que les
économies sont largement fondées sur les transactions en
liquide et la régulation du secteur financier est sous-développée. Selon la Banque mondiale, 27 % seulement des foyers
disposent d'un compte bancaire en Roumanie, contre 92 % en
Belgique.
En Roumanie, l'argent acquis frauduleusement (fraude
financière, sociétés fantômes, faillite frauduleuse, fraude à la
carte bancaire sur Internet) est transféré vers des sociétés offshore dans les Caraïbes avant de revenir s'investir dans le commerce, dans la banque ou sur le marché des capitaux.
En Moldavie, les autorités estiment que les revenus des
organisations criminelles constituent plus de la moitié du revenu national brut. Une grande partie des revenus d'activités illégales est blanchie par l'intermédiaire des institutions financières officielles et des secteurs entiers de l'économie ont été
infiltrés par des organisations criminelles. Les sociétés offshore sont la source principale du blanchiment, en plus des casinos, des compagnies d'assurance et des sociétés de prêt.
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Actualité
Les NOUVELLES de ROUMANIE
UE et corruption
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Le rêve doré des postcommunistes selon
"Romania Libera"
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de 80 ans ne peuvent pas connaître… !"
musique des Carpates
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ARAD
L'ancienne ministre de
"Bruxelles doit savoir
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le Parlement roumain a repoussé
le principe de poursuites pénales à
l'encontre de l'ex-premier ministre
Adrian Nastase et de l'ancien
ministre des transports Miron Mitrea,
tous les deux parlementaires, pour
présomption de corruption. C'est la
première fois que, non pas le parquet, mais les députés sont amenés
à prendre une décision concernant
des enquêtes.
Le journal "Romania Libera" écrit
à ce sujet : "Il est temps que nous
reconnaissions que le combat contre
la corruption a tout autant échoué
que la réforme de la justice. Avec le
combat contre la corruption nous
aurions dû nous débarrasser des
juges, des procureurs et des fonctionnaires corrompus tandis que la
réforme de la justice aurait dû éliminer la corruption jusqu'au plus haut
niveau. Or, la condition de son succès était la volonté de l'élite politique.
Celle-ci n'a jamais existé. Au contraire. Nous sommes près de réaliser
les rêves dorés des hommes politiques postcommunistes: une société
sans état de droit tout en étant
membre de l'UE. Une société dans
laquelle on peut voler impunément.
Notre classe politique n'aurait eu
absolument aucun argument pour à
opposer à une clause de sauvegarde
de Bruxelles dans le domaine judiciaire. Quand bien même, elle aurait
pu faire plus de dégâts que de bien.
Et puisqu'elle n'a pas été introduite,
d'autres mesures devraient suivre:
de l'abandon des fonds de l'UE à
l'abandon du droit de vote de la
Roumanie au Conseil de ministres
de l'UE".
A
ncienne ministre de la Justice de Roumanie et souvent considérée comme
la figure de proue de la lutte contre la corruption dans son pays, Monica
Macovei, mise à l'écart du gouvernement en février 2007 par le premier
ministre, Calin Popescu Tariceanu, est aujourd'hui conseillère anti-corruption du premier ministre de la République de Macédoine, pour le compte du ministère des
affaires étrangères britannique. Dans un entretien avec François d'Alançon du journal
"La Croix" elle estime que les gouvernements de la région ne feront les changements
réclamés que sous la pression extérieure.
La Croix : Comment faire pour réformer la justice et améliorer l'application des
lois dans les pays de l'Europe du Sud-Est ?
Monica Macovei : La solution, c'est de se
débarrasser de la classe politique corrompue
formée pendant la transition et d'exposer cette
corruption dans les médias pour la porter à la
connaissance du public. En Roumanie, j'ai vu
des jeunes politiciens se comporter de la
même façon que leurs anciens. Au moins la
moitié des députés sont les mêmes depuis les
années 1990. La pression publique aidée par
les médias peut inciter les partis politiques à
se restructurer et à se nettoyer. On devrait sans doute aussi supprimer la possibilité
pour les gouvernements d'adopter des décrets d'urgence ayant force de loi, de suspendre des lois et de passer des contrats. En pratique, les gouvernements violent leur
Constitution quand ils ont recours à ce genre d'instruments, normalement réservés à
des situations d'urgence.
- Comment changer les liens entre le monde des affaires, la politique et le crime
organisé ?
- Nous avons besoin de lois très claires et appliquées sur les conflits d'intérêts. Si
quelqu'un est pris dans un conflit d'intérêts, il doit partir. En Roumanie, nous avons
une législation à ce sujet mais elle n'est pas appliquée. De même, il faut prévoir le
contrôle des biens acquis au cours de leur mandat par des individus occupant une responsabilité publique et leur confiscation. J'ai institué une déclaration de revenus
longue et détaillée pour les hommes politiques mais en réalité, il n'y a pas de sanction.
"Je n'aurais rien pu faire en Roumanie
sans la pression de la Commission européenne"
- Quelle est, pour les gouvernements, la meilleure incitation au changement ?
- Tous ces pays ont besoin d'investissements étrangers et, pour cela, ils doivent
assainir leur marché, établir la concurrence et une justice non corrompue et prévisible.
La pression extérieure est également très importante avec la perspective d'une adhésion à l'Union Européenne pour tous ces pays qui veulent la rejoindre. Je n'aurais rien
pu faire en Roumanie sans la pression de la Commission européenne. L'UE a un rôle
à jouer, peut-être plus important qu'elle ne le voudrait. D'après mon expérience, les
gouvernements ne font les changements que sous la pression extérieure, que ce soit
celle de l'UE ou des pays importants.
- La Commission européenne a-t elle perdu de son influence après l'adhésion
de la Roumanie et de la Bulgarie et doit-elle changer son approche ?
- Bien sûr, il est plus difficile de faire pression sur ceux qui sont déjà des États
membres. Un mécanisme de coopération et de vérification a été mis en place par la
Commission pour la Bulgarie et la Roumanie depuis leur adhésion à l'Union
Européenne le 1er janvier 2007.
Le roi ajoute dans le parc un Petit Peles, à l'usage du prince héritier, et quelques villas du même style, charmantes,
agréables, à la fois intimes et fastueuses. Pendant les années de
"démocratie populaire" elles abritaient les vacances des
artistes roumains. Jusqu'au jour où Nicolas Ceausescu décide
d'y vivre en construisant à son tour un pavillon d'un goût douteux. Maintenant une société commerciale exploite certains
bâtiments devenus des hôtels confortables à l'usage d'une
clientèle internationale.
Le Premier ministre assassiné
sur le quai de la gare
Dès que le roi Carol Ier
s'installe à Sinaïa en 1883, la
ville s'anime. "L'air vivifiant
attire de nombreux visiteurs",
écrit-il dans une lettre de juillet
1886 adressée à sa sœur, Marie
de
Flandres.
"J'entends
constamment quatre ou cinq
langues. Une fois par semaine il
y a une soirée de théâtre. Sinaïa
est devenu un des sites les plus
visités d'Orient et le dimanche
les trains déversent dans notre paisible vallée quelque 2 000
personnes…". Et pour cause: Bucarest, la capitale, est à moins
de 150 km. Des villas coquettes surgissent entre les immenses
sapins, et tous ceux qui le peuvent s'offrent des résidences à
proximité du palais où le roi reçoit ses ministres et la reine Élisabeth tient salon littéraire et accueille parfois des hôtes
illustres, tel Pierre Loti qui y fait un long séjour en 1897.
Dans le parc de la ville, sous les immenses baies vitrées
des palaces, on peut apercevoir l'archiduc Franz Ferdinand
d'Autriche et la princesse von Hohenberg, Eleonora de Reuss,
épouse du roi Ferdinand de Saxe-Cobourg de Bulgarie, Iousif
Izedine, l'héritier du grand sultan, le grand-duc Vladimir et un
sir Noel, amiral anglais qui, peut-être après un bon repas arrosé de ces fameux vins roumains dont il est question déjà dans
Hérodote, croit se trouver "aux pieds de l'Himalaya".
L'argent coule à flots. Ce n'est pas surprenant: la
Roumanie, qui était déjà le grenier à blé de l'Europe, regorge
de pétrole. De nouvelles fortunes, immenses, se font du jour au
lendemain et se perdent encore plus vite au jeu. Sinaïa se
devait d'avoir son casino, réplique en plus petit quand même,
de celui de Monte-Carlo. Hélas, les temps changent. Le 29
décembre 1933, le premier ministre I.G. Duca est assassiné sur
le perron de la gare de Sinaïa. Une période de turbulences
commence.
Puis c'est la guerre, l'occupation soviétique, et un nouveau
régime qui répartit les profits avec parcimonie. Les anciennes
villas sont transformées en maisons de repos pour ouvriers
stakhanovistes et dans les murs de l'ancien casino on joue aux
échecs, au ping-pong, au rami. Une classe moyenne modeste
remplit en été et en
hiver les pensions de
famille clandestines.
Le faste authentique des contes de fées
Depuis que la Roumanie est entrée dans l'Union
Européenne, l'initiative privée a remis Sinaïa sur les rails. Les
hôtels de luxe, à prix encore abordables, refont surface. Les
quelque 40 km de pistes de ski et de bobsleigh sont réaménagés. Les remontées mécaniques vous portent à 2 000 m d'altitude. Rendues aux anciens propriétaires, les villas, ravalées,
retrouvent leur panache d'autrefois. Quelques restaurants pittoresques proposent une cuisine
roumaine délicieuse à ceux qui
font confiance à leur foie.
Le casino fait à nouveau
tourner ses roulettes. Des colloques et des conférences internationales ont lieu toutes les
semaines, et, tous les ans, un
concours international de violon attire les nouveaux talents à
la villa Luminis où, en 1927, Yehudi Menuhin rencontrait pendant deux mois son professeur magique, Georges Enesco.
Il n'y a plus de roi à Sinaïa, mais son nouvel éclat prolonge un faste authentique, et son charme reste celui des contes de
fées où il est question de princes et de princesses, qui habitaient un très beau château.
Virgil Tanase
Les mauvaises surprises du
"All inclusive" à la roumaine
A
fin de contrer l'exode de leurs compatriotes qui
choisissent de passer leurs vacances en Turquie,
Grèce, Italie, Espagne ou Bulgarie, attirés par les
séjours clés en main, en pension complète, buffets
copieux,chambres confortables et climatisées, nombreuses
animations, piscines impeccables, certains hôtels de la mer
Noire ont lancé à grand renfort de publicité des formules "all
inclusive " à la roumaine, garantissant à leurs futurs clients que
c'en était fini de la pingrerie faisant la mauvaise réputation du
tourisme national.
Les vacanciers n'ont pas été déçus : chambres vieillottes,
sans air conditionné, ménage pas fait, repas répétitifs sans originalité, petits déjeuners à base de parizer (crème de pâté),
salami de mauvaise qualité et margarine, piscines non ouvertes
ou bassin unique rempli d'eau trouble, distractions inexistantes. Quant aux boissons gratuites promises à volonté, dans
le meilleur des cas elles n'étaient servies qu'aux repas, les
clients devant autrement se contenter d'un café ou d'un thé.
59
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Voici trente ans, le numéro deux
à l'Ouest, devenant le principal
Histoire
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Le tremblement
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Des tueurs
aux trousses
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Intempéries
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Ion Mihai Pacepa, né en 1928 à
Bucarest, est maintenant citoyen
américain et vit aux USA. En 1978,
lors de sa défection, il était général
deux étoiles, dirigeant la Securitate,
conseiller de Ceausescu, chef de son
service des renseignements à l'étranger et secrétaire d'État du ministère
de l'Intérieur. Dès son arrivée aux
Etats-Unis, le président Jimmy Carter
lui accorda l'asile politique.
Ion Pacepa avait été étudiant en
chimie industrielle à l'Université Politehnica de Bucarest, mais quelques
mois à peine avant la remise de son
diplôme, en 1951, il fut recruté par la
Securitate et ne passa son diplôme
que quatre ans plus tard. De 1957 à
1960 il devint sous couvert diplomatique "l'honorable correspondant" de
l'antenne d'espionnage roumaine en
Allemagne de l'Ouest et accéda aux
plus hautes fonctions dans les services secrets roumains en 1972.
Après être passé à l'Ouest, Pacepa
fut deux fois condamné à mort en
Roumanie, en septembre 1978. Ceausescu aurait promit une récompense
de deux millions de dollars américains
à qui le tuerait. Yasser Arafat, qui
avait trouvé refuge un temps à Bucarest et Mouammar Kadhafi y auraient
ajouté chacun une récompense d'un
million de dollars. Au cours des
années 1980, la Securitate aurait
chargé Carlos, habitué des séjours en
Roumanie, de l'assassiner en échange d'un million de dollars. Carlos
échoua, mais le 21 février 1980, il fit
sauter une partie du siège de Radio
Europe Libre à Munich, qui donnait
des informations sur le régime de
Ceausescu et la défection de Pacepa.
(Lire la suite page 62)
A
u petit matin du 28 juillet 1978, un avion militaire
atterrissait discrètement sur l'aéroport de la base
Andrew, près de Washington, en provenance
d'Allemagne de l'Ouest. A son bord, un unique passager… mais le
plus important transfuge de toute l'histoire de la guerre froide: le général Ion Pacepa,
numéro deux des services secrets roumains, mais en fait son véritable chef. L'homme,
qui vit depuis aux USA, a conservé toute sa part de mystère. Beaucoup de Roumains,
même violemment hostiles à Ceausescu, le considèrent toujours comme un traître à
son pays. Pacepa demeure un personnage controversé, car il est loin d'avoir l'aura d'un
Willy Brandt, choisissant de combattre le nazisme à travers sa patrie, pendant la
seconde guerre mondiale, mais en ayant été un résistant de la première heure à Hitler.
Pacepa a expliqué les raisons de sa défection dans un livre retentissant, Horizon
rouge, traduit dans 27 langues, qui a
provoqué une colère noire de
Ceausescu et entraîné une purge sans
précédent dans les rangs de la
Securitate. Le passage à l'Ouest d'un
de ses principaux collaborateurs allait
ébranler les fondations du régime,
entraînant sa chute, le coup de grâce
ayant été donné par Gorbatchev. Trente
ans exactement après, une enquête du
quotidien "Jurnalul National" en dit
un peu plus sur les circonstances de la
fuite de l'homme qui légitimait les
accréditations des quelques 3000 officiers de la Securitate sous ses ordres en
signant Mihai Podeanu, et qui fêtera
ses 80 ans en octobre prochain.
Ordre d'assassiner un journaliste
dissident, bête noire de Ceausescu
Pacepa, troisième à droite,
en retrait avec des lunettes,
lors d’une visite avec Ceausescu.
Le 22 juillet 1978, Ceausescu avait convoqué Pacepa dans sa villa de la mer Noire
où il passait ses vacances. Il voulait discuter des nouvelles fonctions de chef de l'administration présidentielle qu'il allait lui confier et en faisait de facto le numéro trois
du régime. La nouvelle devait être annoncée lors de la fête nationale du 23 août.
Pacepa devant se rendre à Bonn deux jours plus tard pour remettre un message au
chancelier fédéral Helmut Schmidt, Ceausescu en profita pour préciser sa pensée. Il
attendait du général que ses services mettent hors d'état de nuire, en organisant son
assassinat, le journaliste dissident Noël Bernard, sa bête noire qui dénonçait quotidiennement ses exactions et ridiculisait son culte de la personnalité sur les ondes de
Radio Europe Libre (Radio Europa Libera). Emettant depuis Munich, ce poste financé par la CIA puis, après 1971, par le Congrès américain, était très écouté - clandestinement - par les Roumains.
Pacepa affirme dans Horizon rouge que lorsqu'il est entré comme officier dans
la Securitate, en 1951, il s'était juré de ne jamais participer à une conspiration visant
à tuer quelqu'un, même s'il était prêt à toute autre action pour défendre les intérêts de
son pays. Brutalement confronté à son serment, Pacepa n'avait plus que quarante huit
heures pour trouver une parade. Il décidait de profiter de son voyage en RFA pour passer à l'Ouest. Sa fille Dana l'emmena à l'aéroport en compagnie de ses subalternes des
services secrets, la DIE. Il s'était bien gardé de lui confier quoique ce soit pour limiter ses ennuis à venir.
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Sur fond de différent entre Bucarest et Kiev
la Roumanie menacée d'un nouveau désastre
A
u-delà des inondations de juillet, la Roumanie
risque d'être confrontée à un désastre écologique
majeur. "Une brèche s'est formée dans la digue de
protection du lac Colbu 2 (Judet du Maramures) et l'eau, qui
contient des résidus de métaux lourds et probablement du cyanure, s'est déversée dans le lac Colbu 1, représentant un danger pour toute la région, a déclaré, mardi 29 juillet, le président roumain Traian Basescu. Il faut agir rapidement pour
empêcher que ce deuxième barrage ne cède aussi, sinon nous
risquons d'être confrontés à un désastre écologique".
Huit millions de tonnes de déchets
Selon le président du conseil départemental du
Maramures, Mircea Man, plus de 8 millions de tonnes de
déchets miniers contenant des métaux lourds sont stockées
dans ces lacs de décantation, dont la fonction est de conserver
des eaux polluées. "Si ces résidus s'écoulaient dans les rivières
de la région, ils provoqueraient une pollution grave des eaux
intérieures, mais aussi transfrontalières", a-t-il averti.
La Roumanie a déjà connu, en 2000, un scénario catastrophe comparable. A l'époque, le déversement d'un lac de
décantation de Baia Mare, chef lieu du judet , avait provoqué
une grave pollution au cyanure. Plusieurs rivières, dont le
Danube, avaient été touchées, et des milliers de poissons
avaient succombé, notamment en Hongrie.
Ce genre de situation est encore plus compliqué à résoudre
aujourd'hui, en raison de la communication difficile entre la
Roumanie et l'Ukraine voisine. Plusieurs des rivières à l'origine des inondations traversent les deux pays. "Les autorités
ukrainiennes nous donnent peu d'informations ou pas du tout,
s'est plaint Cristian David, le ministre roumain de l'intérieur.
Racisme
Nous ne sommes pas avertis et nous ne pouvons que constater
les dégâts."
Lundi 28 juillet, plusieurs villages situés au nord de la
Roumanie ont été envahis par les eaux, et leurs habitants n'ont
pu être avertis à temps pour prendre les dispositions nécessaires. Kiev a rejeté la demande de Bucarest, qui souhaitait
envoyer des spécialistes côté ukrainien, afin d'être informé des
variations de débit des rivières.
Une odeur de pétrole et de gaz
Les relations entre les deux pays se sont envenimées à
cause d'un différend portant sur le partage du plateau continental de la mer Noire, chacune revendiquant la propriété de
l'Ile aux serpents. La Roumanie et l'Ukraine ont entamé un
procès devant la Cour internationale de justice de La Haye,
dont elles attendent la décision dans les mois à venir. La partie du plateau continental au coeur de la querelle, d'une superficie de 12 000 km2, recèlerait environ 100 milliards de mètres
cubes de gaz ainsi que du pétrole.
"La décision de la Cour de La Haye permettra à la
Roumanie et à l'Ukraine de commencer à exploiter ces gisements", affirme Bodgan Aurescu, secrétaire d'Etat auprès du
ministre roumain des affaires étrangères. De même, les deux
pays s'opposent sur l'exploitation du canal Bistroe que veut
approfondir l'Ukraine pour y faire passer ses bateaux sans
avoir à emprunter les bras roumains du delta du Danube
menant à la mer Noire. Ce creusement menace l'éco-système
de la région. Bucarest a obtenu l'arrêt des travaux de La Haye,
mais Kiev, après avoir indiqué qu'il se conformerait à cette
décision semble ne pas en tenir compte.
Mirel Bran (Le Monde)
L'assistante maternelle torture et tue l'enfant qu'elle avait en garde
Folie meurtrière par haine des Tsiganes
U
ne assistante maternelle de
38 ans de Bistritsa a tué un
garçonnet de 4 ans dont elle
avait la garde depuis un an, mort étouffé
en ingurgitant de force son repas.
L'autopsie a révélé qu'il portait des traces
de brûlures de cigarettes sur le corps et
d'autres sévices graves, ayant été tailladé
avec des ciseaux. L'enfant, d'origine tsigane, lui avait été confié par les services
sociaux du judet après que sa mère ait été
envoyée voici deux ans en prison pour
huit années à la suite d'un vol de bois.
La meurtrière, souffrant de troubles
psychiques et qui sera soumise à une
expertise psychiatrique, a indiqué qu'elle
voulait lui faire payer "le fait d'être
Tsigane", sa haine ayant décuplée quand
elle a appris que sa fille naturelle, âgée de
19 ans, fréquentait un garçon de cette
communauté. Elle a été incarcérée dans la
même prison que la mère de la petite victime, laquelle, bien que dans un état de
choc profond et sous calmants, a pu assister à son enterrement, sous escorte policière. La direction de l'établissement
pénitentiaire a fait en sorte que les deux
femmes soient séparées et la ville de
Bistritsa a pris en charge les frais d'obsèques. Ce drame illustre les carences de
la Roumanie dans le domaine de la protection de l'enfance. Devant l'émotion
qu'il a suscité à travers le pays, il devrait
amener le gouvernement à revoir très
prochainement sa législation, ainsi que l'a
confié Teodora Bertzi, la secrétaire d'Etat
chargée de ce secteur. Les placements
sont régis par une loi de 1998 qui exige
seulement des assistantes maternelles
qu'elles n'aient pas d'autres métiers. Ces
personnels sont recrutés après une enquête sommaire et peuvent exercer sans
aucune formation professionnelle dans le
domaine. Les services sociaux du judet
avaient donné dès 2000 leur agrément à
l'assistante de Bistritsa, lui confiant deux
enfants bien qu'elle ait chassé les siens de
sa propre maison, et soit connue dans le
voisinage pour ses problèmes avec la
boisson. "Elle avait bonne réputation"
ont-ils tenté de se justifier.
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A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
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Dévoré par un ours
en plein Brasov
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Encore des inondations
catastrophiques en juillet
Fin juillet, un homme de 30 ans a
été dévoré par un ours brun a proximité immédiate du centre historique de
Brasov et d'une zone au trafic important. Il semble qu'il se soit endormi sur
un banc d'une allée où viennent jouer
les enfants. Les enquêteurs émettent
l'hypothèse qu'il était ivre et que son
réveil brusque ait pu effrayé l'animal.
Trois équipes de chasseurs ont été
mobilisées pour rechercher et abattre
l'animal.
Une femelle ourse a été tuée
quelques heures plus tard, mais l'analyse de ses viscères a montré qu'elle
était étrangère à l'agression. Le maire
de la ville a déclaré que 45 ours
vivaient actuellement dans cette zone,
qui ne devrait en abriter qu'un maximum de 20. Il a affirmé qu'il avait déjà
alerté, par le passé, le ministère de
l'Environnement mais qu'aucune
mesure n'avait été prise.
Selon les médias, les Carpates roumaines hébergent une population de
7500 ours et des attaques de plantigrades affamés se produisent assez
souvent dans les environs de Brasov.
En mai dernier, une ourse et son
ourson avaient grimpé jusqu'au troisième étage d'un immeuble, en quête
de nourriture. En juin 2007, une ourse
avait tué une touriste américaine et
légèrement blessé une autre dans le
centre de la Roumanie.
Promeneurs et touristes se montrent souvent imprudents, approchant
de près les animaux pour les photographier, leur distribuant de la nourriture afin de les attirer.En mai, les
autorités de Brasov ont décidé de
sanctionner d'une amende de 1000 lei
(300 €) toute personne surprise à leur
donner des vivres.
L
a Roumanie a connu cet été un scénario devenu malheureusement traditionnel ces dernières années: une forte canicule sur l'ensemble du pays
(entre 35° et 40° de juin à fin août), entrecoupée d'orages torrentiels causant d'énormes dégâts et des pertes humaines. Ainsi, les inondations de juillet ont fait
22 morts en Ukraine et 5 en Roumanie, tandis que près de 20 000 personnes ont dû
être évacuées, dont 13 000 pour la Roumanie.
Dans le judet du Maramures (Baia Mare) une mère de 30 ans, son fils et un autre
jeune, qui s'étaient réfugiés dans une maison construite sur une colline, sont morts à
la suite d'un glissement de terre
qui a emporté l'habitation. Deux
autres personnes ont été portées
disparues après avoir été emportées par les eaux, dont un garçon
de 14 ans, que les flots ont arraché des mains de son père. En
Ukraine, c'est la région d'IvanoFrankivsk, frontalière de la
Roumanie, qui a été la plus touchée par le désastre.
Selon le bilan des autorités roumaines, 174 localités ont été affectées et plus de
9200 foyers inondés. Près de 19 000 hectares de cultures ont été touchés, ainsi que
6200 puits, 500 km de routes et un millier de ponts. 3650 soldats et volontaires ont été
mobilisés pour construire des digues, évacuer les personnes et les animaux en danger,
et pour distribuer des vivres. Six
départements du nord-est du pays
étaient en première ligne, dont
celui de Suceava, le plus sinistré.
Dans ce dernier, l'inspecteur général pour les situations d'urgence
(IGSU), n'est intervenu qu'avec
trois embarcations et sans hélicoptère "parce que c'était suffisant".
A Viseu de Sus, dans le
Maramu-res, 192 touristes, dont
beaucoup d'étrangers, ont eu la peur de leur vie en empruntant la "mocanitsa", le
célèbre petit train à vapeur qui serpente dans la vallée de la Vaser. La compagnie privée qui l'exploite n'a pas tenu compte des avertissements des autorités -chaque voyage rapporte 2000 € - laissant partir le convoi sous les trombes d'eau, assurant qu'il ne
s'agissait que d'une averse d'été. Le train n'a pas pu redescendre, les passagers bloqués
passant une nuit épouvantable, une quarantaine ayant réussi à
rejoindre la gare de
départ par leurs propres
moyens, dans la soirée.
Les autres étant secourus plus tard par les
autorités. En Roumanie,
les dégâts causés par ces
inondations répétitives
qui sévissent depuis quatre ans et sont la conséquence, notamment, des déforestations
massives, devraient durer encore au mois cinq ans. 2013 est en effet le terme de la
mise en place du plan de lutte contre ces calamités mis au point dans le cadre d'un projet PHARE financé par l'Europe, mais qui vient juste de débuter.
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Connaissance et découverte
des services secrets roumains passait
transfuge de toute la guerre froide
de terre Pacepa
A l'époque, Tarom terminait sa course à Vienne.
L'ambassadeur de Roumanie en Autriche, Dumitru Aninoiu et
sa femme, y attendaient leur chef. Tous les deux étaient officiers de la Securitate, le mari coordonnant les actions de la
DIE dans cette capitale européenne de l'espionnage, son épouse étant chargée du service des filatures. Le lendemain, Pacepa
continuait son voyage, atterrissant à Francfort. Son comité
d'accueil était constitué par l'ambassadeur en RFA, Ion
Morega, et le chef de l'antenne de la DIE, le général Stefan
Constantin.
Un taxi pour l'ambassade américaine
Les deux hommes l'informèrent qu'ils lui avaient organisé
une rencontre le lendemain après-midi avec un ministre de la
chancellerie ouest-allemande, afin qu'il lui remette le message
de Ceausescu. Ils l'emmenèrent à son hôtel et prirent rendezvous pour le lendemain midi. Mais à l'heure dite, Pacepa n'était
plus là. Dès le matin, le général avait sauté dans un train pour
Bonn, hélé un taxi pour l'ambassade américaine où il avait
demandé aussitôt l'asile politique. A leur stupéfaction, les
USA, sans avoir bougé le petit doigt, venaient de mettre la
main sur le plus important transfuge de toute la période d'affrontement Est-Ouest.
Présenté comme espion
du KGB et trafiquant de cigarettes
A Bucarest, le choc fut immense. La nouvelle n'y fut
confirmée que quelques jours plus tard. Furieux, Ceausescu fit
arrêter immédiatement 12 généraux de la Securitate, interrogés
dans une caserne pendant 2 semaines. Outre le scandale
monumental que la fuite de Pacepa allait provoquer au sein du
camp soviétique, il redoutait d'avoir à faire à un complot. Des
dizaines d'officiers de la police politique furent démis de leurs
fonctions, des centaines, en poste à l'étranger, rappelés. Les
ambassades roumaines se vidèrent d'un coup.
Les médias occidentaux s'étant emparés de l'affaire, le
régime fut bien obligé de réagir. Il déclara que le général félon,
démasqué, avait fui seulement quelques heures avant d'être
arrêté comme… espion du KGB et trafiquant de cigarettes.
Ceausescu lança plusieurs tueurs aux trousses du "traître",
mais les Américains l'avaient mis prudemment à l'abri.
Pendant trois ans, Pacepa fut soumis à un interrogatoire incessant, invité à tout révéler de ce qu'il connaissait, ce qui est
considéré encore comme le plus long "debriefing" de l'histoire. Il collabora alors avec les services secrets américains, ceux
de l'OTAN et la DST française - la France était un pays particulièrement infiltré par la Securitate - révélant tous les rouages
des services d'espionnage du camp soviétique.
Pacepa ne reçut la nationalité américaine qu'en 1988, ce
qui tend à prouver qu'il n'y avait pas eu anguille sous roche et
qu'il n'avait pas été recruté par la CIA dès avant sa défection.
Cela n'empêche pas de
penser qu'il
fut et demeure l'un
des personnages
les
plus mystérieux du régime Ceausescu.
A Francfort, avec des
collègues roumains
également espions.
Repéré à cause des bavardages
d'une femme de ménage de la CIA
Une seule fois, la Securitate fut sur le point de retrouver la
trace de son ancien chef, à la suite d'une histoire rocambolesque et toujours pas bien éclaircie. En 1980, Nicolae
Horodinca, diplomate en poste à Washington et officier de la
DIE, fit lui aussi défection avec sa famille, demandant l'asile
politique aux USA. C'était un 2ème coup dur pour Ceausescu.
Le nouveau transfuge révéla qu'un de ses collègues en poste à
l'ambassade, le général Bebe Tanasescu était en fait chargé de
surveiller la diaspora roumaine d'Outre-Atlantique. Ce dernier
sera prié de regagner immédiatement Bucarest… y devenant
d'ailleurs après la "Révolution" chef adjoint du SIE (Service
d'Information extérieure) qui prit le relais de la Securitate.
Mais apparemment en désaccord avec son mari, la femme
d'Horodinca, Cristina, frappa un beau matin à la porte de l'ambassade roumaine à Washington, en compagnie de son enfant,
demandant à rentrer au pays. Conduite immédiatement et sous
bonne garde à l'aéroport, elle s'y évanouit et changea d'avis…
avant de se raviser à nouveau et d'embarquer.
Au cours de son interrogatoire à Bucarest, elle révéla que
pendant la période où elle était avec son mari sous la protection des services secrets américains, elle s'était liée d'amitié
avec une femme de ménage opérant pour la CIA, vraisemblablement d'origine serbe, chargée de l'entretien des résidences
où étaient mis à l'abri les transfuges du bloc soviétique. Lors
d'une promenade, celle-ci lui indiqua une maison, où habitait
un de ses compatriotes répondant au nom de Pall Michell. Il
s'agissait en fait de Ion Pacepa, qui, ce jour-là, était absent.
Mis au courant, les Américains s'empressèrent de déménager
le général et de lui donner une nouvelle vie et identité.
Les morts "mystérieuses"
de Radio Europa Libera
Ceausescu n'était pas au bout de ses peines. En 1987,
Pacepa lançait un nouveau pavé dans la mare en publiant ses
mémoires d'un chef espion communiste, véritable roman de
cape et d'épée au succès planétaire, baptisé Horizon rouge.
Radio Europa Libera le passa sous forme de feuilleton, malgré
les menaces de mort formulées préalablement à l'encontre du
rédacteur en chef de son service roumain, Vlad Georgescu.
(Lire la suite page 62)
61
Connaissance et découverte
Les NOUVELLES de ROUMANIE
l
ORADEA
l
l
BOTOSANI
l
BAIA MARE
SUCEAVA
l
ARAD
l
TARGU MURES
CLUJ
l
l
BACAU
l
l
TIMISOARA
BRASOV
PITESTI
CRAIOVA
l
GALATI
l
SIBIU
IASI
l
l
BRAILA
l
l
TULCEA
l
n
CONSTANTA
BUCAREST
l
(suite de la page 60)
Le coup de grâce
avec "Horizon rouge"
62
Cette dernière fut un coup terrible
pour le régime, alors que son isolement s'accroissait et sa croissance
économique s'arrêtait.
La Securitate en fut déstabilisée,
devint plus vulnérable aux infiltrations des services de renseignements étrangers et commença à
perdre le contrôle du pays.
Pour éviter de nouvelles défections, Ceausescu confia à sa femme
Elena et à d'autres membres de sa
famille des postes importants dans
le gouvernement, accroissant un
népotisme qui allait contribuer à sa
chute.
La publication d'Horizon Rouge
en 1987 acheva de discréditer le dictateur aussi bien à l'étranger qu'en
Roumanie. Le 25 décembre 1989,
les Ceausescu furent condamnés à
mort à l'issue d'un simulacre de procès où une partie des accusations
avaient été extraites textuellement
de ce livre.
Il fallut cependant attendre le 7
juillet 1999 pour qu'une décision de
la Cour suprême de Roumanie
annule les condamnations à mort de
Pacepa, lui restitue son grade dans
l'armée et ordonne que ses biens
confisqués lui soient restitués.
Mais le gouvernement refusa de
se plier à cet arrêt, déclenchant une
série d'articles en Europe de l'Ouest
où l'on constatait que la Roumanie
n'était toujours pas devenue un pays
de droit. Finalement, ce n'est qu'en
décembre 2004 que le gouvernement roumain rendra discrètement à
Pacepa son grade de général.
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
(suite de la page 61)
Roumanie et la Bulgarie a été rendu public fin juillet
Les répercussions et l'agitation provoquées par cette diffusion furent énormes en
Roumanie. Mais Vlad Georgescu en paya le prix, mourrant mystérieusement d'un cancer foudroyant un an plus tard, comme cela avait déjà été le cas de son collègue, Noël
Bernard, décédé en 1981, à l'âge de 56 ans.
Six jours après l'exécution des Ceausescu, le 1er janvier 1990, le représentant du
Congrès américain Frank Wolf débarquait à Bucarest pour réclamer l'élargissement de
la fille de Pacepa et de son mari, Radu, qui vivaient depuis dix ans sous le régime de
liberté surveillée. Dana retrouvait son père cinq jours plus tard à l'aéroport de
Washington au cours d'une cérémonie retransmise en direct à la télévision américaine
et dans 45 autres pays.
Immédiatement après la mort de Vlad Georgescu, Radio Europa Libera nommait
son successeur, Nestor Ratesh. Ion Mihai Pacepa l'avait invité aussitôt afin de lui indiquer comment la Securitate utilisait des armes radioactives pour se débarrasser de ses
ennemis. Après trois ans d'études des archives disponibles de l'ancienne police politique, Nestor Ratesh doit publier prochainement un livre racontant les assassinats de
ses prédécesseurs.
l'Union Européenne ferme les yeux
Humour
Elémentaire
-Bula, pourquoi veux-tu venir en
France ? T'es pas bien en Roumanie ?
-On s'plaint pas.
-Ton boulot ne te plait pas ?
- On s'plaint pas.
-C'est ton logement qu'est pas bien ?
- On s'plaint pas.
-Peut-être tu manges mal ?
- On s'plaint pas.
-Les filles sont pas sympa ?
-On s'plaint pas.
-Alors, c'est que tu gagnes pas assez!
-On s'plaint pas.
-Bon sang, j'y comprends plus rien !
Peux-tu me dire à la fin pourquoi tu veux
venir en France?
-Parce qu'on m'a dit que là-bas on
n'arrête pas de se plaindre.
Chef
Le chef rentre dans un bureau, raconte une blague et tous les employés se mettent à rire en se tapant sur le ventre…
sauf un.
-Pourquoi tu ne ris pas ? lui demandent ses collègues
-J'en ai plus rien à faire… Je change
de boulot demain.
Justification
-Pourquoi y-a-t-il des Roumains qui
votent toujours communistes ?
-Parce qu'ils espèrent obtenir l'asile
politique.
l'intégrité et la justice, renforcer la légitimité politique des
autorités et la confiance des investisseurs". Vaste programme.
L'impérative nécessité d'un signal fort
Dans l'ensemble des pays de la région, la réforme de la
justice et la lutte contre la corruption reste un défi. Principal
problème, la qualité des lois et leur application. Pour se mettre
en conformité avec les "normes européennes", les gouvernements font adopter par leurs Parlements des lois sur la réforme
de la justice, la corruption, le blanchiment d'argent ou la
confiscation de biens acquis par des individus soupçonnés
d'association criminelle.
Mais, ces lois, parfois incomplètes ou spécieuses, restent,
la plupart du temps, lettre morte, faute d'une véritable sépara-
tion des pouvoirs et d'un État de droit pour les mettre en
œuvre. Monica Macovei cite le cas d'un décret d'urgence du
gouvernement roumain du mois de février 2007 suspendant
l'application de la loi sur les faillites pour vingt-neuf sociétés
et d'un décret similaire du mois de mars 2007 reportant l'application de plusieurs de ses amendements portant sur la transparence des donations aux partis politiques.
En Roumanie, la nomenklatura se moque bien que
Bruxelles la gronde de temps en temps, l'envoie au coin, puisse à rigueur lui montrer la porte de la classe. Depuis le 1er janvier 2007, elle est assurée que personne n'osera la renvoyer de
l'école et qu'elle peut donc continuer en toute impunité ses
affaires. Tant que l'UE n'enverra pas un signal fort, il n'y a
aucune raison pour que cela change.
(Lire également notre dossier pages 6 à 11)
Blagues à la roumaine
Décès à 91 ans de Iosif Constantin Dragan
considéré comme le Roumain le plus riche
Une faim de crocodile
Funar, l'ancien maire de Cluj (connu
pour sa haine farouche des Hongrois),
entre dans un bar, tenant en laisse un crocodile:
-Excusez-moi, dans ce bar on sert
aussi des Hongrois ?
-Bien sûr, Monsieur le maire ; ici on
ne fait aucune discrimination…
-Très bien… Alors apportez-moi un
demi et servez deux Hongrois à mon crocodile.
Délicatesse
-Bonsoir… C'est bien Radio Erevan?
-Oui, cher auditeur… Nous vous
écoutons.
-Eh bien, voilà, j'ai trouvé un portefeuille avec 10 000 € dedans et une carte
d'identité au nom de Cornel Georgiu…
-Bon… Qu'est-ce qu'on peut faire
pour vous ?
-Oh rien; je voulais seulement le
remercier.
A Priori
Bula arrive à la gare du Nord à
Bucarest et s'installe dans un taxi.
-Où est-ce que je vous conduis ?
- A Priori, s'il vous plaît !
-Comment çà à priori ? s'exclame le
chauffeur, interloqué.
-Oui, oui, c'est çà. On m'a dit qu'à
Priori, à Bucarest, on trouve toujours de
tout.
Une page sombre de la Roumanie du XXème siècle
L
e milliardaire Iosif Constantin
Dragan est décédé à l'âge de
91 ans à Palma de Mallorca.
Ayant fait fortune dans l'industrie pétrolière, les transports, l'immobilier et l'édition, il était considéré depuis plusieurs
années comme le Roumain le plus riche,
ses avoirs étant estimés à 1,5 milliard
d'euros, devançant nettement l'ancien tennisman Ion Tiriac (un milliard d'euros).
Né à Lugoj en 1917, le jeune homme,
après avoir terminé son Droit à Bucarest,
avait obtenu en 1941 une bourse pour
aller étudier à l'université de Rome à
l'époque de Mussolini. Il en profitera
pour monter sa première société qui
exportera du pétrole roumain à l'Italie
fasciste, tout en montrant sa fascination
pour cette idéologie et sa version roumaine de la Garde de fer.
De retour en Roumanie au lendemain
de la Seconde Guerre mondiale, il crée en
1948 une compagnie de distribution de
gaz méthane, Butan Gas, mais la prise en
main du pays par les communistes l'oblige à s'exiler pendant trente ans. En 1967,
le Roumain exilé pose les bases d'une
fondation à son nom, la "Fondation
Européenne Dragan" destinée à promou-
voir les valeurs de la société roumaine
dans un esprit nationaliste qui sierra à
Ceausescu, devenant un peu plus tard un
collaborateur semi-officiel de son régime.
Cette proximité lui permet d'avoir accès à
des archives inédites concernant la dictature d'Antonescu (1940-1944), dont il est
un prosélyte, et de rédiger une biographie
très complaisante du maréchal.
Parallèlement, Dragan a créé deux maisons d'édition, tout d'abord en Italie puis,
après 1990, en Roumanie.
La chute de Ceausescu et l'affairisme
qui accompagne la transition lui laissent
les coudées franches pour développer ses
affaires dans son pays natal. Devenu milliardaire, il contrôle une station de télévision roumaine, Radio Nova FM, un hebdomadaire, "Redesteptarea" ("Le Nouveau Réveil"), un quotidien régional,
"Renasterea Banateana" ("La Re-naissance du Banat"), dont les titres laissent
percer des relents d'idéologie extrémiste.
Dragan ne s'en cache pas puisque,
peu après la "Révolution", il finance les
premiers pas de Vadim Tudor et Eugen
Barbu qui lancent le journal "Romania
Mare" ("La Grande Roumanie"), avant
de fonder le parti xénophobe et ultranationaliste du même nom. Il a créé
d'ailleurs avec eux
la "Ligue du
Maréchal Ion Antonescu", qui prendra le
nom de "Ligue des Maréchalistes", après
l'adoption d'une loi interdisant le culte de
la personnalité des individus coupables
de crimes contre l'Humanité.
Dragan a également ouvert l'Uni-versité Européenne Dragan dans sa ville
natale de Lugoj, un établissement privé
dont il était propriétaire et où sa dépouille
a été exposée, avant son inhumation.
En 1995, alors âgé de 78 ans, le milliardaire avait épousé Daniela Veronica
Gusa, 22 ans, fille du général Stefan
Gusa, ancien chef d'état-major de
l'Armée roumaine sous Ceausescu (19861989), dont il a eu trois enfants. La lutte
pour son héritage avec un fils d'un précédent mariage mais qu'il ne voyait plus on lui a interdit l'entrée à ses obsèques est déjà commencée.
A elle seule, la carrière de Iosif
Constantin Dragan illustre les moments
les plus sombres de l'histoire de la
Roumanie au XXème siècle: le fascisme,
la collaboration avec les communistes,
l'affairisme débridée de la nouvelle
nomenklatura sur le dos du pays. Trois
maux qui se sont souvent nourris d'un
même nationalisme-chauvinisme tapageur, tenant lieu de justification. Dragan a
fait édifier près d'Orsova, port sur le
Danube, une immense statue de Decebal,
considéré comme le fondateur de la
Dacie, haute de 45 m et qui est toujours la
plus grande sculpture en pierre d'Europe.
3
A la Une
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Bruxelles
BAIA
MARE
ORADEA
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TIMISOARA
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IASI
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BUCAREST
l
l
TULCEA
CONSTANTA
l
Mieux vaut parler
de la protection
des phoques...
2
Le rapport de pays sur la
Corruption et justice:
SUCEAVA
l
L'exécutif européen avait refusé
en 2006 de repousser l'adhésion de
la Roumanie et de la Bulgarie du 1er
janvier 2007 au 1er janvier 2008,
comme elle en avait la possibilité, en
raison des insuffisances criantes de
leur Etat de droit, résistant aux nombreuses pressions qui s'étaient exercées dans ce sens. Aujourd'hui, il
apparaît que cet élargissement a été
bâclé. Certes, la responsabilité
majeure en revient aux dirigeants
des deux pays en cause qui, une fois
leur bon d'entrée en poche, se sont
empressés de ne pas respecter leurs
engagements de réforme. Mais la
Commission, qui s'est abstenue obstinément de taper du poing sur la
table, ne peut s'exonérer de toute
part. Elle s'en mord les doigts mais,
prise dans un engrenage diplomatique, semble impuissante à leur faire
rectifier le tir.
Parmi les journalistes en poste à
Bruxelles, on évoque de plus en plus
souvent la forte proximité qui s'est
établie entre le gouvernement roumain, ses groupes de pression et
l'administration européenne. Fin
juillet, lors de la présentation des
rapports de pays tant attendus,
aucun commissaire européen n'a osé
venir s'expliquer devant les médias,
préférant laisser deux porte-paroles
s'acquitter de cette tâche ingrate. En
revanche, quelques instants auparavant, Stavros Dimas, le commissaire
chargé de l'Environnement, avait
trouvé le temps de faire une longue
conférence de presse sur la protection des phoques…
Infos pratiques
Les NOUVELLES de ROUMANIE
L
a Commission européenne a rendu fin juillet, son rapport sur l'état du pays
en Roumanie. Selon le porte-parole de la CE, Johannes Laitenberger, "les
éléments fondamentaux fonctionnent, mais les bases sont fragiles et les
décisions concernant la grande corruption sont trop politisées". On peut aussi lire
dans ce rapport que la lutte anti-corruption "commence à produire des premiers résultats", mais que "l'avancée des réformes continue d'être peu constante et qu'il n'existe
toujours pas de condamnations définitives dans les cas de grande corruption". En
conclusion, la CE affirme que la clause de sauvegarde prévue dans le traité d'adhésion
et synonyme de sanctions n'est pas à l'ordre du jour. Mais que "le mécanisme de
coopération et de vérification de l'Union Européenne restera nécessaire pour un certain temps".
La CE rendait également son rapport sur la
situation de la Bulgarie, se montrant nettement plus
sévère. Considérant qu'elle est gangrenée par la
mafia et la corruption sans rien vraiment entreprendre pour y remédier, elle l'a sanctionnée, gelant
800 millions d'euros d'aide financière, dans l'attente de la voir prendre des mesures adéquates.
Pour la première fois Bruxelles a appliqué des
traitements différents à Bucarest et Sofia, dont le
sort était jusqu'ici lié, espérant que les sanctions
prises à l'encontre de la seconde feront réfléchir la
première. Cette méthode avait été ébauchée au
moment de l'adhésion, mais cette fois-là, c'était la
“C’est très bien, ils nous ont juste
tiré les oreilles... Mais tu as vu Roumanie qui était menacée de voir sa candidature
ce que les Bulgares ont pris !” ajournée, ayant pris du retard sur sa voisine dans la
Gazdaru
mise en place des réformes exigées.
Toutefois, les conclusions de Bruxelles paraissent bien édulcorées en ce qui
concerne la Roumanie. Sans-doute faut-il y voir là la proximité des échéances électorales dans ce pays, avec les législatives qui se profilent, et les nombreuses pressions
que l'UE a dû subir dans ce sens: un carton jaune aurait mis dans l'embarras le gouvernement actuel, bien mal en point auprès de l'opinion publique, et faciliter la tâche
des anciens communistes du PSD, qui rêvent de revenir au pouvoir. Les "gros poissons" des tous bords peuvent donc continuer à nager tranquillement dans les eaux de
la corruption, avec la complicité de leur justice, assuré que Bruxelles fermera les yeux.
"La corruption doit être traitée comme l'ennemi public numéro un"
Bruxelles peut-elle renouveler indéfiniment sa confiance à ses deux derniers
membres et donner un blanc-seing à ceux qui frappent à sa porte ? Il faut rappeler que,
trois mois après son adhésion à l'Union Européenne, le gouvernement roumain a révoqué son ministre de la justice, l'intrépide Monica Macovei, 49 ans, pourtant issue d'une
nomenklatura qui a su bien profiter d'une transition menant à des enrichissements
scandaleux, parce qu'elle menaçait de nombreux intérêts en s'attaquant à la corruption.
Son successeur, un ancien avocat conseil de la société russe Gazprom, a tenté de renvoyer le procureur anti-corruption, Daniel Morar, qui enquêtait sur ses sponsors politiques. Toujours sur la sellette, ce dernier est sans-arrêt menacé de destitution, les
anciens communistes faisant même de son éviction la condition impérative du déblocage de la situation politique actuelle. Finalement, il a été démis de ses fonctions. "À
l'avenir, tout dépendra des progrès de l'État de droit et de la gouvernance dans ces
pays", affirme Antonio Maria Costa, directeur de l'Office des Nations unies contre la
drogue et le crime (Onudc).La politique et les affaires doivent être mieux isolées de
l'influence corrosive de la criminalité, spécialement de la criminalité économique.
La corruption doit être traitée comme l'ennemi public numéro un pour renforcer
ABONNEMENT
CHANGE*
(en nouveaux lei: RON)
Euro= 3,53 RON (1 RON = 0,28 €)
Franc suisse = 2,18 RON
Dollar = 2,39 RON
Forint hongrois 100 HUF=1,49 RON
(1 € = 238 forints)
*Au 1er septembre 2008
Les NOUVELLES
de ROUMANIE
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pour un an / 6 numéros, port compris
Entreprises, administrations : 100 € TTC / an
Associations et particuliers : 80 € TTC / an
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Numéro 49, sept.-octobre 2008
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(Association pour le Développement
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association loi 1901
Siège social, rédaction :
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Directeur de la publication
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Ont participé à ce numéro :
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François d’Alençon, Liviu Florea,
Mircea Vasilescu, Luca Niculescu,
Cornel Ivanciuc, Michel Bührer,
Jacques-Marie Voslin, Florentina
Ciuverca, Olivier Mélennec,
Matthieu Delaunay, Benjamin
Ribout, Jean-Simon Gagné,
Virgil Tanase, Ramona Delcea,
Ion Barbu, Vali, Gazdaru.
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises,
lepetitjournal.com, Regard,
j’habite en Roumanie.com
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Numéro 49 - septembre - octobre 2008
Les NOUVELLES de ROUMANIE
Le triomphe de Georgeta Andrunache
et Viorica Susanu aux J.O. de Pékin
Les
NOUVELLEs
ROUMANIE
Neuf médailles d'or à deux !
G
eorgeta Andrunache et Viorica Susanu ont été
sacrées championnes olympiques d'aviron en
deux sans barreuse, après avoir fait la course en
tête de bout en bout, devançant la Chine qui espérait sa première médaille d'or de son histoire dans cette discipline, et
l'équipage biélorusse. Cette victoire illustre la prédilection
de la Roumanie pour ce sport où elle compte désormais 35
médailles à son palmarès.
Avec cinq médailles d'or olympiques, obtenues dans plusieurs catégories et avec différents partenaires, Georgeta Andrunache, 32 ans, a égalé le record
mythique de sa compatriote Elisabeta Lipa et du Britannique Steve Redgrave. Elle a manqué
de peu de rentrer dans la légende de l'aviron en échouant le lendemain dans la conquête d'un
sixième titre qui semblait ouvrir les bras au huit + 1 roumain, que celui-ci détenait depuis deux
olympiades. Au cours de celles-ci, la Roumanie avait d'ailleurs été le pays le plus titré en aviron. Sa coéquipière Viorica Susanu, 33 ans, originaire de Galati, sur le Danube, n'est pas en reste, puisqu'elle détient quatre
médailles d'or.
A elles deux, les deux Roumaines totalisent neuf médailles d'or olympiques… Accessoirement, elles sont également chacune
quintuple championne du monde ! Leur performance à Pékin est d'autant plus méritoire qu'elles s'étaient retirées de la compétition
après les Jeux d'Athènes en 2004, effectuant leur retour sur l'eau seulement en 2007. Elle est aussi une récompense pour ces deux
femmes - Georgeta est mère de famille - qui consacrent onze mois de l'année à leur entraînement sur le lac Snagov, dans la banlieue nord de Bucarest, au rythme de deux sorties quotidiennes par tous les temps, effectuant 60 kilomètres à plus de 20 km/h.
64 Le directeur d'école et le pope pour convaincre ses parents
Fille de paysan, Georgeta Andrunache, "Ghica" pour ses
proches, est native d'un village de Moldavie, Dracsani, dans le judet
de Botosani. Gamine, elle s'échappait pour aller nager dans un lac
voisin. Les pêcheurs du coin se souviennent bien de cette frêle adolescente qui empruntait souvent une barque et tirait rageusement sur
les rames. De retour des travaux des champs, Ghica faussait encore
compagnie à ses parents, non pas pour aller retrouver les enfants du
village, mais pour sauter dans une embarcation. Son père n'avait pas
dit "ouf"… qu'elle était déjà au milieu du lac.
Le tournant de sa vie se produisit en 1986, alors qu'elle avait
tout juste douze ans. Un recruteur de Bucarest était en tournée dans
la région pour repérer d'éventuels talents. L'apprenant, Ghica, sans
rien dire à ses parents, s'éclipsa discrètement, les laissant à leurs travaux pour se joindre au test en cours. La fillette fut la seule sélectionnée parmi une vingtaine de candidats, mais ses parents ne voulurent rien entendre: "On a besoin d'elle aux champs ; qui va nous
donner un coup de main ?" se lamentèrent-ils. Ghica s'enfuit alors pour pleurer dans le jardin.
Le recruteur, qui avait été fortement impressionné par sa démonstration, n'était cependant pas prêt à lâcher le morceau et mobilisa le directeur de l'école et le pope pour finalement les convaincre. C'est ainsi que la petite paysanne prit le chemin de la capitale et de son club, le
Dinamo. La grande championne Elisabeta Lipa, qui
vivait dans un village au bord du Prut, avait été
découverte de la même façon.
Le jour de la finale de Pékin, la mère de
Georgeta est allée allumée un cierge et prier à l'église du village, tandis que son père, qui avait passé son costume du dimanche, se promenait dans le bourg, répétant avec fierté: "Qui
aurait crû çà, voici vingt ans ? Elle est partie d'ici maigre comme un fil de fer, d'un village oublié du reste du monde, et aujourd'hui toute la Roumanie n'a d'yeux que pour elle. Il ne peut rien arriver de mieux à des parents !".
de
SOMMAIRE
Lettre d’information bimestrielle
A la Une
Rapport de pays de l’UE
Innondations, faits divers
"C'est mal… mais continuez !"
2à5
Actualité
Bruxelles et la corruption
6 à 11
Moldavie
12 à 13
Opinions, politique
14 et 15
Economie, Social
16 à 21
Société
Evénements
Faits divers
Vie quotidienne
Insolite
Enseignement
Santé
Emigration
Religion, environnement
J. O. Pékin et Sports
22 à 24
25
26 à 28
29
30 à 31
32 et 33
34 et 35
36 et 37
38 à 45
Connaissance
et découverte
Livres, Littérature
Cinéma, Musique, Musées
Médias, Tribune
Sciences, Courrier lect.
Tourisme
Histoire, Humour
Coup de coeur
46 à 50
51 à 53
54 et 55
56 et 57
58 et 59
60 à 63
64
L
es amis de la Roumanie ont plaidé pour son admission au sein de l'UE dès
2007, afin de ne pas laisser désespérer plus longtemps les Roumains. Il
s'agissait d'un acte de foi car tous les arguments militaient en faveur d'un
ajournement: atteintes au fonctionnement d'une vraie démocratie et d'un véritable état
de droit, corruption généralisée au plus haut niveau gangrenant toute l'administration… Le feu vert finalement donné à Bucarest, après des débats intenses et un doute
maintenu jusqu'à quelques semaines de l'échéance, était un pari sur l'avenir, qualifié
de décision politique : encadrées avec fermeté par Bruxelles qui les auraient à l'oeil,
les autorités roumaines seraient bien contraintes de se conformer aux règles communes à l'UE, même si cela demandait un peu de temps. C'est aussi et surtout ce qu'espérait l'immense majorité des Roumains, qui avaient abandonné depuis longtemps tout
sentiment de confiance dans leurs dirigeants. Le jeu en valait la chandelle !
Malheureusement... dès l’adhésion en poche, Bucarest s'est empressé de n'en rien
faire et a renoué de plus belle avec ses travers. Au point que la situation de la justice
et de la corruption ont empiré depuis.Les promesses n'engagent que ceux qui y croient.
Hélas !... Le comble est de voir la commission européenne, dans son dernier rapport, remis fin juillet, quasiment fermer les yeux sur ces déviances graves et répétées,
au lieu de les sanctionner, contrairement à ce qu'elle avait claironné dès le début, en
prenant des mesures fortes, comme l'activation de la clause de sauvegarde, entraînant
la suspension des subventions, des négociations en vue de l'entrée dans la zone euro.
Sa publication avait pourtant été retardée de plusieurs mois pour donner le temps
à Bucarest de s'adapter. Bruxelles s'y contente d'une réprimande finalement amicale,
sans conséquence - qui a paru même bienvenue aux dirigeants roumains ! - du style
"peut mieux faire", largement compensée par des encouragements à continuer "les
réformes". Comme d'habitude, à Bucarest, on s'est empressé de n'y voir que la partie
pleine du verre. Et, en sous-main, une invitation à continuer. Continuer à bafouer les
principes élémentaires d'une bonne gouvernance, continuer à se servir sur le dos des
contribuables européens, continuer à voler le pays. Et surtout continuer à désespérer
les Roumains qui veulent que les choses changent, les étudiants et les jeunes qui ne
voient d'horizon qu'à l'étranger, les travailleurs qui aimeraient tant rester chez eux.
Oui, c'est là un bien mauvais signal que Bruxelles a envoyé. Pas seulement à la
Roumanie, mais aussi aux ressortissants des autres pays encore candidats à l'UE et qui
redoutent que l'opinion publique européenne, devant ce renoncement de la
Commission, ne renvoie tout nouvel élargissement aux calendes grecques.
Henri Gillet