JEAN COCTEAU

Transcription

JEAN COCTEAU
IntÉgrale
Jean
Cocteau
Du vendredi 2 au mercredi 28 octobre 2009, CINÉCINÉMA CLASSIC rend
hommage au poète, graphiste, dessinateur, dramaturge et cinéaste Jean
Cocteau. Treize films, grands classiques ou perles rares, réalisés, adaptés
ou scénarisés par Cocteau et deux documentaires, pour découvrir ou
revoir l’œuvre cinématographique singulière, poétique et fantasque
de celui qui a introduit le surréalisme dans le cinéma français.
Chaque vendredi à 20H40
et à l’occasion de trois soirées spéciales.
Plongez dans l’univers onirique de cet artiste de génie
sur CINÉCINÉMA CLASSIC.
Vendredi 2 octobre 2009
20H40 LA BELLE ET LA BÊTE
22H15 LE SANG D’UN POÈTE
Vendredi 9 octobre
18h45 JEAN COCTEAU, PORTRAIT SOUVENIR
20H40 L’AIGLE A DEUX TÊTES
Vendredi 1 octobre
SOIRÉE terrible famille
19h35 LA VILLA SANTO SOSPIR
20H14 COCTEAU S’ADRESSE A L’AN 2000
20H40 LES PARENTS TERRIBLES
22H55 LES ENFANTS TERRIBLES
Vendredi 23 octobre
SOIRÉE ITINÉRAIRE D’UN POÈTE
20H40 ORPHÉE
22H15 LE TESTAMENT D’ORPHÉE
23H35 LE SANG D’UN POÈTE
00H25 COCTEAU S’ADRESSE A L’AN 2000
Mercredi 28 octobre
SOIRÉE COCTEAU SCÉNARISTE
20H05 LE BEL INDIFFÉRENT
20H40 L’ÉTERNEL RETOUR
22H30 RUY BLAS
00H05 LA PRINCESSE DE CLÈVES
Cocteau...
l’enfant terrible
Esthète au tempérament de dandy, Jean Cocteau se passionne
pour l’art sous toutes ses formes, ne s’imposant aucune frontière
intellectuelle : on le retrouve tour à tour romancier, dramaturge,
cinéaste, graphiste, mais il touche aussi à la danse ou à la musique.
L’ambition d’un art total trouve son incarnation dans le personnage de
Jean Cocteau. Il côtoie toutes les grandes figures qui ont marqué la
vie artistique de son époque : on retient sa relation passionnée avec
l’acteur Jean Marais, son amitié avec Edith Piaf pour qui il écrivit
“Le Bel indifférent”, son admiration pour le chorégraphe Diaghilev
qu’il considère comme son maître, ainsi que ses innombrables
collaborations artistiques, notamment avec Picasso, Coco Chanel,
Satie ou encore François Truffaut. Il connut de nombreux succès qui lui
permirent de passer à la postérité : il fut ovationné pour nombre de ses
œuvres (LA BELLE ET LA BÊTE, LES ENFANTS TERRIBLES…), présida
le jury du Festival de Cannes et siégea à l’Académie française. Mais
la vie et l’œuvre de Cocteau ont leur part d’ombre et de subversion,
comme son addiction à l’opium et les nombreux rejets qu’il a subis
faute de n’avoir jamais caché son homosexualité. Il faut dire que
l’artiste fuit le formel et le banal et recherche un art inédit. C’est
d’ailleurs pour qualifier son opéra “Parade” que le mot surréaliste est
employé pour la première fois par Guillaume Apollinaire. C’est avec
LE SANG D’UN POÈTE qu’il fait son entrée dans le cinéma. Si on
retrouve les thèmes qui lui sont chers comme l’amitié, la beauté,
la magie et les amours impossibles, Cocteau trouve, grâce au cinéma,
une nouvelle façon de créer. Les techniques cinématographiques le forcent
à travailler son esthétique pour faire de chaque œuvre “un document
réaliste d’événements irréels” selon ses propres mots.
Personnage à la fois subversif et mondain, novateur et inscrit dans une
tradition, sa carrière fut rythmée par les lauriers comme par les scandales.
Quarante ans ont passé et Cocteau continue de nous dérouter.
Sacha Masour
rand Boulevard
Jean Cocteau
par Pierre Berge
26 min
Dans un salon de l’hôtel Scribe, avenue Marceau, Jean-Jacques Bernard
rencontre Pierre Bergé, à l’occasion d’un GRAND BOULEVARD exclusif
consacré à Jean Cocteau.
Pierre Bergé reste marqué par sa rencontre, très jeune, avec le poète
cinéaste. Grand connaisseur de l’œuvre du génial touche-à-tout,
il revient pour nous sur les films de l’intégrale Cocteau diffusée sur
CINÉCINÉMA CLASSIC, en livrant ses souvenirs, ses points de vue et
analyses sur chacun d’eux. Président du Comité Jean Cocteau, maître
d’œuvre du projet de “Maison Cocteau” à Milly-la-Forêt, Pierre Bergé
est aujourd’hui titulaire exclusif du droit moral sur l’œuvre du cinéaste.
Jean Cocteau
Portrait souvenir.
Un documentaire réalisé par Paul Seban,
commenté par Stéphane Roger.
1964 – 35 min – France
Une production ORTF
Sous la direction de Paul Seban et au rythme du commentaire
de Stéphane Roger, se dessine le portrait de Jean Cocteau,
un artiste complet : poète, dramaturge, dessinateur, peintre, cinéaste.
Un homme généreux qui redoute le monologue et préfère répondre
aux questions du commentateur. Au fil du documentaire, des images
d’archives – dessins, caricatures, photos – viennent illustrer ses souvenirs
d’enfance et les événements qui l’ont marqué, comme l’affaire Dreyfus.
Jean Cocteau évoque les personnalités qui ont influencé son art et qui
ont compté dans sa vie : la famille Rostand, et surtout Edmond Rostand,
les ballets russes, Sarah Bernhard, Coco Chanel, Igor Stravinski,
Picasso, Jean-Paul Sartre, Maurice Ravel, Claude Debussy…
Un document rare qui met à nu le génie touche à tout Jean Cocteau.
Jean Cocteau
s’adresse a l’an 2000
Un film de Jean Cocteau,
1963 - 25 min - France
Dans la salle à manger de la villa Santo Sospir à Saint-Jean-Cap-Ferrat,
Jean Cocteau s’adresse à la jeunesse de l’an 2000 en philosophant
sur la sienne et celle de 1962, comparant les mentalités des différentes
époques. La caméra se rapproche, puis Jean Cocteau, filmé en gros
plan, évoque ce que représente pour lui la poésie. Il donne sa définition
du poète, “un intermédiaire, un médium de cette force mystérieuse
qui l’habite”, avant d’aborder plus largement le rôle de l’artiste et la
notion de “génie”. Il commente son besoin de peindre, la nécessité
de travailler de ses mains, ce qui permet à sa tête de se reposer et
se ressourcer. Il traite du progrès technique, de la science, et s’interroge
sur le fait que le progrès ait pu, au fil des siècles, être stoppé par
l’intolérance et l’incompréhension, en particulier religieuses.
Jean Cocteau par Jean Cocteau, un document rare et passionnant
restauré par les Archives françaises du film.
Cinexport
Jean Cocteau s’adresse a l’an 2000
La Belle et la Bete
Un film de Jean Cocteau,
avec Jean Marais, Josette Day, Michel Auclair
et Marcel André.
1946 - 90 min - France
Belle, la fille d’un marchand au bord de la faillite, se consacre aux
travaux ménagers alors que ses sœurs égoïstes ne songent qu’aux
mondanités. Un jour, son père part en voyage d’affaires et se perd
dans les bois. Il passe la nuit dans un étrange château où les objets
s’animent. Au matin, alors qu’il cueille une rose pour la rapporter
à Belle, la Bête, propriétaire des lieux, surgit et lui ordonne de lui
ramener une de ses filles pour laver l’affront. Belle se dévoue.
Jean Cocteau adapte le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont
et signe une pépite hors du temps. Sa mise en scène inventive, la musique,
les décors féeriques, l’incroyable maquillage de Jean Marais, les effets
visuels simples mais efficaces nous font pénétrer dans un univers
étrange et merveilleux. La magie du cinéma anime l’antre de la Bête,
où les chandeliers s’allument tout seul, les carafes versent le vin sans
aide, les statues suivent du regard les résidents en fumant lentement.
Un univers onirique créé pour le spectateur à qui Jean Cocteau
demande, dans un préambule magistral et poétique, de retrouver
sa naïveté d’enfant, celle qui rend l’impossible possible.
La question du double, du personnage aux multiples facettes reflétant
la complexité de l’être humain, transparaît ici grâce à Jean Marais,
qui interprète trois personnages : la Bête, Avenant et le Prince.
L’acteur fétiche de Jean Cocteau donne la réplique à la superbe
Josette Day, hésitante face aux tromperies de l’apparence.
Prix Louis Delluc en 1946
© SNC
La Belle et la Bete
Le Sang d’un poete
Un film de Jean Cocteau,
avec Enrique Rivero et Elizabeth Lee Miller.
1930 - 50 min - France
Sur l’injonction d’une statue douée de vie, un poète plonge dans un grand
miroir et découvre, de l’autre côté, un monde étrange et fascinant.
Commandé par Charles vicomte de Noailles (qui a également financé
L’AGE D’OR de Buñuel), ce premier long-métrage de Jean Cocteau
après JEAN COCTEAU FAIT DU CINÉMA (1925) tourné en 16 mm
et dont l’unique copie fut perdue, devait être un film d’animation.
Finalement tourné en prises de vues réelles, LE SANG D’UN POÈTE
a souvent été associé au mouvement surréaliste en raison de sa forte
dimension symbolique et de ses références au rêve. Cocteau, qui qualifie
son film de “rêve dormi debout”, signe un chef-d’œuvre de poésie
cinématographique s’intéressant au rôle du poète et aux affres
de la création, thèmes récurrents dans son œuvre. LE SANG D’UN
POÈTE interroge les possibilités poétiques du cinéma grâce à l’emploi
d’effets visuels remarquables, comme celui qui substitue une piscine
à un miroir, permettant au protagoniste de le traverser. La notion de
franchissement des dimensions est au cœur de ce film où les repères
sont sans cesse brouillés, notamment grâce au jeu des perspectives.
Un hommage aux peintres tel que Piero Della Francesca, qui expérimenta
cette technique visant à donner une impression de volume (trois
dimensions) à partir d’une image plate. Dans ce premier opus d’une
trilogie consacrée à Orphée, on trouve déjà les thèmes du regard,
du passage et de l’initiation qui vont parcourir tout le “cycle orphique”,
jusqu’au TESTAMENT D’ORPHÉE, en 1959.
Sacha Masour
Le Sang d’un poete
L’Aigle a deux tetes
Un film de Jean Cocteau,
avec Edwige Feuillère et Jean Marais.
1948 - 93 min - France
A l’aube du XXème siècle, recluse dans ses appartements, une jeune
reine assume le poids du veuvage et la pression de son entourage.
Le chef de la police fomente un complot avec l’aide d’un groupe
d’anarchistes et envoie Stanislas, sosie du roi défunt, pour la tuer.
Le jeune homme s’introduit chez la souveraine et s’éprend de la belle.
Tous deux vivent une romance passionnée de trois jours mais leur
amour ne peut avoir qu’une issue tragique.
Jean Cocteau adapte sa pièce, véritable triomphe sur les planches.
Le dramaturge et cinéaste conte l’histoire d’une passion fulgurante,
intense et insensée, se déroulant dans un climat de lutte de pouvoirs.
Edwige Feuillère incarne la jeune reine, inspirée par Elizabeth d’Autriche,
plus connue sous le nom de Sissi, morte assassinée par un anarchiste.
La comédienne propose un personnage désespéré qui, attendant
la mort, s’éprend du sosie de son mari brillamment incarné par
Jean Marais. Cette romance confronte une reine d’esprit anarchiste
et un anarchiste d’esprit royal, et traite d’un amour impossible, thème
cher à Cocteau. La présence d’un sosie renvoie à la notion de double
déjà présente dans LA BELLE ET LA BÊTE et que l’on retrouve dans
le RUY BLAS de Pierre Billon, adapté par Cocteau.
L’interprétation magistrale des deux acteurs sublime cette histoire
d’amour et lui donne toute la puissance d’une tragédie antique.
Roger Corbeau
L’Aigle a deux tetes
La Villa Santo Sospir
Un film de Jean Cocteau,
avec Jean Cocteau, Francine Weisweiller, et Edouard
Dermithe.
1951 - 37 min - France
Jean Cocteau ouvre les portes de la Villa Santo Sospir, propriété de
son amie Francine Weisweiller à Saint-Jean-Cap-Ferrat, qu’il décore
depuis un an.
L’origine de ce film vient de la rencontre entre Jean Cocteau et Francine
Weisweiller, alors que le montage des ENFANTS TERRIBLES venait
de s’achever. Nicole Stéphane présente la jeune femme au poète et
une amitié de treize ans débute. Sentant Cocteau fatigué, Francine
Weisweiller le convie dans sa maison du Midi. Le génie débarque,
contemple les murs blanchis à la chaux et constate qu’ils crient “leur
silence à tue-tête”. Cocteau, armé de crayons, pinceaux et fusains,
leur donne peu à peu la parole.
Dans ce film peu connu, que Jean Cocteau présente comme une œuvre
amateur faite par un professionnel, le poète montre et commente la
fascinante demeure. Une visite au cours de laquelle transparaissent
les grands thèmes du maître que sont la création, la vie, la mort et
les mythes originels. Cocteau, caméra à l’épaule, parcourt la villa dont
les sols, murs, plafonds sont tatoués de ses fresques symboliques.
Ses coups de crayon semblent doter la villa de vie, à l’image de ces
portes dessinées qui s’ouvrent toutes seules. Dans ce moyen-métrage,
Cocteau poursuit sa réflexion sur l’acte créateur qui passe aussi par
la destruction. Il questionne le cinéma, cet art fascinant qui permet
de manipuler le réel et dote le poète du pouvoir de donner la vie.
Ainsi, une fleur déchirée se recolle, un dessin effacé réapparaît.
Une réflexion et des procédés que l’on retrouvera dix ans plus tard
dans son ultime film : LE TESTAMENT D’ORPHÉE.
Cinexport
La Villa Santo Sospir
Les Parents terribles
Un film de Jean Cocteau,
avec Jean Marais, Josette Day et Yvonne de Bray.
1948 - 105 min - France
Michel, 22 ans, aime Madeleine et souhaite l’épouser. Il se heurte à la
désapprobation de ses parents. La mère refuse de voir partir son fils
aimé et le père a pour maîtresse la future mariée. Léonie, la tante qui
les héberge, va essayer d’arranger la situation.
Après L’AIGLE A DEUX TÊTES, Jean Cocteau transpose une autre de
ses pièces à l’écran en conservant la même distribution que sur les
planches et en soulignant le côté théâtral, comme en témoignent
les trois coups à la fin du générique. “Il fallait, déclare-t-il, le cinéma pour
que le projet théâtral s’exprimât enfin librement et que LES PARENTS
TERRIBLES devinssent évidemment une tragédie de l’appartement
où l’entrebâillement d’une porte peut prendre plus de sens qu’un monologue
sur un lit.”
Ce film est également l’occasion pour le réalisateur de réunir le couple
Jean Marais et Josette Day, immortalisé dans LA BELLE ET LA BÊTE,
qu’il place au centre de ce huis clos étouffant.
A noter :
Cocteau déléguera la réalisation du pendant des PARENTS TERRIBLES
à Jean-Pierre Melville, qui signe en 1950 LES ENFANTS TERRIBLES.
Roger Corbeau
Les Parents terribles
Les Enfants terribles
Un film de Jean-Pierre Melville,
avec Nicole Stéphane, Edouard Dermithe,
Renée Cosima et la voix de Jean Cocteau.
Scénario de Jean Cocteau et Jean-Pierre Melville
D’après Jean Cocteau
1950 - 101 min - France
Elisabeth quitte rarement son appartement parisien. Elle prend soin
de sa mère infirme, et de son frère Paul. A la mort de leur mère,
le frère et sa sœur se confinent dans leur appartement avec Gérard,
un ami, puis Agathe qui ressemble étrangement à une version féminine
de Dargelos, séduisant camarade de classe de Paul. Elisabeth
se marie avec Michael, un Américain qui décède le lendemain des
noces. La veuve hérite d’un hôtel particulier où elle s’installe avec ses
compagnons. Mais Paul et Agathe s’éprennent l’un de l’autre,
au grand dam d’Elisabeth…
Pour son deuxième long-métrage, Jean-Pierre Melville adapte le roman
de Jean Cocteau. Il signe un huis clos réalisé en collaboration avec
l’auteur, qui participe à l’écriture du scénario, cosigne les dialogues
et dont la voix étrange et envoûtante résonne tout au long du film.
La beauté du texte, des dialogues, et du commentaire fait écho
à la beauté des images et à la souplesse de la réalisation qui crée un
univers intemporel et poétique.
A noter : l’influence de Cocteau se retrouve également dans la distribution.
Le personnage de Paul est incarné par Edouard Dermithe, compagnon
de l’époque du poète (et fils adoptif), qui donne la réplique à la lumineuse
Nicole Stéphane, inoubliable dans ce personnage ambigu de sœur
possessive, manipulatrice, à la limite de la perversion.
Teledis
Les Enfants terribles
Orphee
Un film de Jean Cocteau,
avec Jean Marais, Maria Casarès, François Périer,
Marie Déa, Edouard Dermithe et Juliette Gréco.
1949 - 91 min - France
Orphée, un célèbre poète, délaisse sa femme Eurydice pour écouter
les messages obsédants que lui fait parvenir la Mort par l’intermédiaire
d’une radio. Lorsque son épouse meurt, Orphée décide de se rendre
dans le monde des morts. Il passe au travers d’un miroir, et rejoint
l’univers où son épouse et la Mort cohabitent désormais. Mais laquelle
est-il venu chercher ?
Jean Cocteau revisite le mythe d’Orphée en le modernisant dans une
œuvre fascinante parcourue de symboles et de métaphores. Le cinéaste
se sert de la technique cinématographique pour faire vivre son univers
onirique et signe une mise en scène remarquable de modernité.
Une tragédie teintée de surréalisme, où la Mort, sous les traits de la
charismatique Maria Casarès, envoûte, séduit Orphée, jusqu’à contrarier
son amour pour Eurydice. De cette œuvre majeure, Jean Cocteau dit :
“C’est un film qui met cinématographiquement en œuvre le plus vrai
que le vrai, ce réalisme supérieur, cette vérité que Goethe oppose à
la réalité et qui sont la grande conquête des poètes de notre époque.”
Orphee
Roger Corbeau
Le Testament d’Orphee
Un film de Jean Cocteau,
avec Jean Cocteau, Edouard Dermithe, Maria Casarès,
Jean-Pierre Léaud, Jean Marais, François Périer et Yul
Brynner.
1959 - 77 min - France
Frappé par une balle, le poète Jean Cocteau rebondit dans un autre
temps, où il retrouve ses propres créations : le jeune Cégeste,
la Princesse, le fidèle Heurtebise. Ils le condamnent à la vie pour
crime d’innocence. Portant en guise de talisman une fleur d’hibiscus,
Cocteau reprend sa route et va explorer la “zone intermédiaire”.
Là continuent de vivre ses divinités et ses symboles favoris.
Réalisé grâce à Truffaut et dédié à la nouvelle vague, ce film à la frontière de
l’expérimental mêle les personnages d’ORPHÉE, des hommes chevaux
mais également des personnalités prestigieuses comme Pablo Picasso,
Lucia Bose, Charles Aznavour, Alice Sapritch, Luis-Miguel Dominguin,
Serge Lifar. Ultime film de Jean Cocteau, ce chef-d’œuvre constitue
un véritable testament sous forme de déclaration d’amour pour le
cinéma. Le cinéaste propose une réflexion extrêmement riche sur
le septième art et sur la création en général.
Sacha Masour
Le Testament d’Orphee
Un film de Jacques Demy d’après Jean Cocteau,
avec Jeanne Allard et Angelo Bellini
1957 - 29 min - France
Dans une chambre d’hôtel, une femme crie sa solitude et son désespoir
à son amant qui n’en a que faire. Lorsqu’il s’en va, elle promet malgré
tout de l’attendre.
En 1956, Jacques Demy rencontre Jean Marais sur le tournage de
SOS NORONHA où il est l’assistant réalisateur de Georges Rouquier.
Par son intermédiaire, il fait la connaissance de Jean Cocteau qui lui
confie les droits de sa pièce en un acte initialement prévue pour être
interprétée par Edith Piaf et Paul Meurisse. Il l’adapte en 1957 et remplace la
distribution initiale par Jeanne Allard, une actrice inconnue, et Angelo
Bellini, un jeune homme recruté dans la rue. L’acteur reste muet
pendant la demi-heure du film face au monologue de la femme qui
souffre d’être délaissée. Jacques Demy signe un huis clos étouffant
et angoissant à la mise en scène quasi statique, qui laisse entrevoir
tout le talent du futur grand cinéaste. Jean-Luc Godard décrira le film
ainsi : “Un décor d’une beauté folle tapissé par le sang du poète ou
carrelé de cet azur qui donnait la fièvre à Rimbaud. Un décor signé
Bernard Evein qui a permis à Jacques Demy de jouer placé, rigueur
absolue, beauté fatale, tragique évident. C’est le plus sensationnel
tiercé de toute l’histoire du cinéma français.”
© Ciné Tamaris
L’Eternel Retour
Un film de Jean Delannoy,
avec Jean Marais, Madeleine Sologne, Yvonne de Bray
Scénario et dialogues : Jean Cocteau
1943 - 103 min - France.
Richissime, Marc vit dans un château, entouré des siens. Parmi eux,
son neveu Patrice, que les autres détestent en raison de sa proximité
avec le maître des lieux, dont ils espèrent tous hériter. Un jour, Patrice
vient au secours d’une belle orpheline, Nathalie. Il la ramène au
château, pensant lui faire épouser Marc. La jalousie des envieux se
déchaîne alors et, pensant les empoisonner, ils font boire à Patrice et
Nathalie un philtre d’amour.
Sorti en France sous l’Occupation, L’ÉTERNEL RETOUR fait partie des
œuvres les mieux accueillies à l’époque. Le succès populaire s’associe
à celui de la critique qui n’hésite pas à parler d’“inoubliables eaux fortes”,
de “film unique sur un thème éternel”. Jean Delannoy et Jean Cocteau
s’inspirent de la traduction de Joseph Bédier de la légende du XIème siècle pour signer une adaptation moderne contemporaine du mythe
de Tristan et Yseult. Comme l’explique Jean Cocteau dans le préambule
du film, celle-ci est plutôt envisagée comme une renaissance de la
légende plus qu’une transposition moderne.
L’ÉTERNEL RETOUR marque l’entrée cinématographique de Jean Marais
dans l’univers de Cocteau. L’acteur atteint la consécration dans ce rôle
de jeune premier brûlant d’amour pour la belle Madeleine Sologne.
Mention spéciale à Yvonne de Bray pour sa première à l’écran.
© SNC
L’Eternel Retour
Ruy Blas
Un film de Pierre Billon,
avec Danielle Darrieux, Jean Marais et Marcel Herrand.
Scénario : Jean Cocteau d’après Victor Hugo
1947 - 98 min - France
Sur fond de complot contre la couronne, la tragique histoire d’amour
entre un homme du peuple, Ruy Blas, et la reine Maria de Neubourg.
Jean Cocteau adapte le drame de Victor Hugo paru en 1838, dans lequel
figurent des thèmes chers au poète : le double et l’amour impossible à
l’issue fatale. Cocteau opère quelques changements dans l’intrigue
imaginée par Victor Hugo en modifiant, dans la scène d’exposition,
le rapport entre Salluste et Ruy Blas, et en ajoutant une dimension tragique
à la passion initiale qui anime l’étudiant et la souveraine. Le héros est
interprété par Jean Marais, qui tient aussi le rôle de don César de Bazan.
A ses côtés, Danielle Darrieux propose une interprétation puissante
en reine soumise aux affres du destin. Ce film à la mise en scène
académique brille par ses décors somptueux inspirés des peintures
espagnoles de Vélasquez, qui, bercés par une lumière sombre, présagent
la mort qui menace à chaque détour de couloir.
© SNC
Ruy Blas
La Princesse de Cleves
Un film de Jean Delannoy,
avec Marina Vlady, Jean Marais, Jean-François Poron,
Lea Padovani, Henri Piégay et Piéral.
Scénario de Jean Cocteau d’après Mme de La Fayette
1961 - 108 min - France-Italie
A la cour du roi Henri II, la princesse de Clèves, mariée depuis peu, fait
la connaissance de M. de Nemours, un séduisant duc. Elle en tombe
passionnément amoureuse, mais refuse de céder à ses sentiments,
ayant promis une fidélité éternelle à son époux.
En 1944, immédiatement après le tournage de L’ÉTERNEL RETOUR,
Cocteau et Delannoy envisagent d’adapter “La Princesse de Clèves”
avec dans les rôles titres Jean Marais, Danielle Darrieux et Alain
Cuny. Mais la fin de la guerre et l’hégémonie du cinéma américain ont
raison du projet. Dix-sept ans après, les deux artistes se retrouvent
pour signer une adaptation très fidèle du roman de Mme de La Fayette.
Une entreprise audacieuse et réussie qui voit s’allier à merveille la
poésie du réalisateur de LA BELLE ET LA BÊTE et l’art de la mise en
scène et de la composition de Jean Delannoy. Par de judicieux choix
d’adaptation et de réalisation, le film acquiert une puissance d’émotion
bouleversante, portée par l’interprétation habitée de Marina Vlady (qui
reprend le rôle de Danielle Darrieux), et Jean Marais. Delannoy et Cocteau
construisent leur film autour de l’opposition entre les pulsions et la
maîtrise extrême des sentiments, qui triomphera finalement, faisant
du personnage de Mme de Clèves un modèle de fidélité, une femme
vertueuse qui ne pourra trouver d’autre échappatoire que la mort.
Studiocanal
La Princesse de Cleves