Découpage du générique Dangerous Liaisons

Transcription

Découpage du générique Dangerous Liaisons
Découpage du générique Dangerous Liaisons Stephen Frears par Alain SEBBAH,
Université de Bordeaux 3
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DÉCOUPAGE TECHNIQUE DU GÉNÉRIQUE DE DANGEROUS LIAISONS
1. Analyse du générique plan par plan.
1. Première séquence. Lettres jaunes sur fond noir.
1.Warner Bros présents . Fondu noir
2.A Lorimar film entertainment picture. Fondu noir.
3.A NHF limited production. Fondu noir.
2. Deuxième séquence. Lettres blanches sur fond noir.
4. Le nom de
GLENN CLOSE
apparaît en lettres italiques capitales blanches sur fond noir au dessous de deux mains en gros plan tenant une lettre
fermée de couleur jaune maïs sur laquelle est inscrite une adresse illisible pour le spectateur. Apparaissent ensuite
successivement les noms de
JOHN MALKOVICH
et de
MICHELLE PFEIFFER.
Au nom de MICHELLE PFEIFFER les mains retournent la lettre lentement, montrant le verso où est scellé un cachet
rouge, et dans le même mouvement assez lent, l'ouvrent, dévoilant le titre en lettres anglaises :
DANGEROUS LIAISONS.
Dans son mouvement la main fait apparaître au poignet droit un riche bracelet composé de plusieurs rangées de
perles. La lettre qui se détache sur un fond noir, est éclairée d'une manière qu'on peut qualifier de théâtrale, isolant le
papier jaune d'un rond de lumière et laissant les mains dans la pénombre. Fondu au noir.
3. Troisième séquence. Intérieur jour..
L'ensemble de la séquence est construite selon le principe du montage parallèle ("Syntagme alternant" : Christian Metz). Il en
résulte des effets dont on peut dire que, mise au service de la signification du film, cette règle de montage dénote une grande
maîtrise de la mise en scène.
Ouverture au noir.
5. Gros plan du visage de la Marquise de Merteuil reflété par le miroir où elle s'admire. Comme la prise de vue est
faite de dos, on distingue en contre-jour sa nuque, ses épaules, les bras. Jeu des mains encadrant, caressant le visage :
posture évidemment narcissique. Elle (se) sourit et, à la fin du plan, tourne lentement la tête vers la droite.
6. Plan demi-ensemble, raccord dans le mouvement : le personnage de la Marquise achève son mouvement de tête
( 3.1. ). Le décor se précise ainsi que le moment de la scène représentée. Le thème, fréquent dans les gravures du
XVIIIème siècle, (voir illustrations en annexe) est celui d'une femme à sa toilette, c'est le matin, la lumière venant
d'une haute fenêtre située sur la droite de l'écran baigne le "tableau" d'une blancheur laiteuse ( déshabillé, rideaux,
boiseries peintes de gris-clair ). Tête baissée, l'air songeur, la Marquise, prend une brosse et esquisse le geste de se
coiffer. Toute cette séquence se déroule dans le silence.
7. Une porte s'ouvre dans une pièce sombre laissant passer plusieurs silhouettes masculines. Six hommes entrent
successivement que l'on découvre lorsque les volets sont ouverts. Plan américain, travelling et panoramique
d'accompagnement. Un appartement richement décoré s'offre à nos yeux : tableau encadré de dorures représentant
Diane chasseresse (Fouquet?) . Sur l'écran ("espace plastique") s'inscrivent : Staring
SWOOSIE KURTZ
KEANU REEVES
and
UMA THURMAN
la lumière entre dans la pièce. Les activités des valets de chambre (verser un broc d'eau chaude dans une baignoire,
ouvrir un volet ...) ,leurs allées et venues semblent réglées comme un ballet et donnent une impression de mouvement
et d'efficacité. Un dernier panoramique accompagne un personnage en veste rouge qui s'approche de la droite du lit,
suivi d'un second vêtu de gris; dans le même mouvement un troisième se dirige vers la gauche du lit. Une musique
sert de fond sonore sur lequel se détachent les bruits caractérisant les différentes activités des valets.
8. Gros plan sur décor de lit, alcôve : à droite au premier plan une tasse contenant un liquide fumant présentée sur un
plateau, à gauche une serviette pliée. La personne couchée dans le lit, et qu'on ne voit pas, élève sa main et saisit
délicatement la serviette en la dépliant par légères secousses. Sur l'écran:
Casting by JULIET TAYLOR
and HOWARD FEUER.
Le personnage, toujours caché, soulève les draps de son autre main et y fait disparaître la serviette.
9. Plan rapproché taille de la Marquise de Merteuil assise, entourée de trois femmes. L'une d'elle lui applique une
poudre sur la poitrine. L'air songeur et sensuel de la Marquise qui ferme les yeux tout en renversant la tête en arrière,
laisse imaginer qu'elle est sensible à ces soins mais ailleurs en pensée.
Sur l'écran :
1
Production supervisor SUZANNE WIESENFIELD.
10. Gros plan sur le visage d'un homme occupé à soigner les ongles d'une main. Puis panoramique vers la gauche,
même cadrage serré, grâce à quoi l'on découvre un visage sur lequel est appliquée une serviette qui le masque
entièrement. Soigneuse épilation des poils des narines, les instruments qui servent à cette opération paraissent
sophistiqués ( on remarque une petite palette de bois blanc - ou d'ivoire ? ) .
11. La marquise de Merteuil en plan rapproché taille, debout dans une pièce claire, est vêtue d'un corsage bleu.
Plusieurs femmes l'entourent, lacent son corsage puis ajustent un panier autour de sa taille. Les différents mouvements
des femmes de chambre sont accompagnés d'un panoramique du haut vers le bas sur le buste et la taille de la
Marquise, qui, dans un parfait synchronisme élève les bras pour permettre l'ajustement. Au fond passe une femme en
coiffe blanche. Beaucoup d'élégance dans le mouvement. La souplesse gestuelle donne l'impression d'un ballet réglé.
Sur l'écran
Costume designer JAMES ACHESON.
12. Plan américain. Le valet de chambre en veste rouge présente à un personnage assis et vu de dos, dont la tête est
enturbannée, (Valmont ? ) une paire de chaussures qu'il fait tourner dans sa main. Au geste que fait Valmont ( ? ) il
remet la paire de chaussures dans une boîte. Un second valet tend une nouvelle paire de chaussures au premier.
13. Gros plan sur le visage de la Marquise de Merteuil debout, respirant un flacon de parfum qu'elle tient de la main
droite tandis que ses femmes fixent à ses oreilles des parures composées de perles de forme ovale. Tout en indiquant
d'un signe de tête approbateur que le parfum lui convient, elle remet le flacon entre les mains d'une de ses femmes. Le
visage de la Marquise est toujours très fermé, ses yeux sont extrêmement mobiles mais paraissent fixés sur ses
pensées et non sur ce qui l'entoure.
Sur l'écran :
Co producer CHRISTOPHER HAMPTON.
14. Gros plan en contre-jour d'un étalage de perruques reposant sur divers supports dont certains en forme de boules et
peints. Au second plan, la tête toujours enturbannée de Valmont ( ? ) , assis, et dont on ne peut distinguer les traits. Au
fond, occupant tout l'arrière plan, une grande fenêtre, par où la lumière du jour entre, laisse apercevoir un paysage
urbain ( toits, cheminées ) .Valmont se retourne et désigne à l'aide d'un masque conique une des perruques, la plus
proche du spectateur.
Sur l'écran :
Film editor : Mick AUDOLEY.
15. Raccord dans l'axe. Deux mains saisissent la perruque que le cadrage a isolé des autres par un très gros plan.
16. La Marquise de Merteuil, vue en plan rapproché poitrine : quatre femmes en coiffe ajustent le haut de sa robe.
Travelling avant, puis très gros plan sur le décolleté. Une main fixe le tissu de la robe à l'aide dune épingle de manière
à laisser passer une mince bordure de dentelle.
Sur l'écran:
Production designer STUART CRAIG.
17. Gros plan sur le bas du dos de la Marquise de Merteuil, plusieurs mains relèvent sa jupe, laissant apparaître les
lacets du corsage qu'une chambrière, dont on voit le visage au premier plan, en profil perdu, resserre d'un geste vif.
18. Appartement de Valmont (?) . Plan demi ensemble. Tons gris du décor, des vêtements. Séance de poudrage. Cinq
valets font cercle autour de Valmont (?) , debout, maintenant sur son visage le masque conique qu'il avait en main au
plan (14) . Un sixième valet projette en l'air, à l'aide d'une sorte de poire à soufflets, la poudre qui retombe sur le haut
de la tête du Vicomte.
19. Gros plan sur le visage de Valmont (?) masqué par le même instrument conique, tandis qu'autour de lui s'affaire le
valet qui le poudre.
Sur l'écran :
Director of Photography Philippe ROUSSELOT.
Le personnage enlève son masque et regarde droit devant lui en esquissant un sourire satisfait. Cependant on enlève
un drap qui protégeait son habit des projections de poudre. Un panoramique du haut vers le bas, maintenant le même
cadrage serré, montre un très riche vêtement, le panoramique s'achève sur le moment où un des valets place une épée
à pommeau d'or au côté gauche de Valmont (recadrage par un mouvement vers la droite).
20. Plan d'ensemble. Les deux battants d'une porte s'ouvrent poussés par deux chambrières qui précèdent la marquise
de Merteuil s'avançant vers nous. Les deux femmes qui se sont placées de chaque coté de la porte et lui font une
brève révérence quand elle passe entre elles. Décor gris-pâle.
Sur l'écran :
Based on the play by CHRISTOPHER HAMPTON
adapted from the novel
LES LIAISONS DANGEREUSES
by CHODERLOS DE LACLOS
[ surimpression en lettres blanches :
Texte français ERIC KAHANE].
2
21. Raccord dans l'axe. Gros plan sur la Marquise de Merteuil. Encadrant son visage, au fond, dans le flou, les deux
soubrettes se font vis à vis. La Marquise, de face, penchant légèrement la tête vers la gauche de l'écran, sourit
imperceptiblement.
22. Plan demi ensemble. Au milieu des valets, Valmont debout nous fait face.
Sur l'écran :
Produced by NORMA HEYMAN.
Puis toujours face au spectateur, se tourne vers la droite de l'écran et sort.
[Fin de la séquence intérieur jour.]
4. Quatrième séquence. Extérieur jour.
23. Le plan commence par un très gros plan le poitrail et les jambes de deux chevaux au trot attelés à un élégant
carrosse noir dont on distingue les armoiries au passage. La caméra panote1 vers le haut en accompagnant l’arrivée de
l’attelage dans la cour pavée d’un hôtel particulier. À l’intérieur du carrosse on distingue la silhouette de Valmont. Un
valet ouvre la portière dès que la voiture s’arrête, Valmont en descend et gravit d’un pas vif les degrés d’un perron à la
façade richement décorée. Un panoramique de bas en haut s’arrête sur une haute fenêtre du premier étage derrière
laquelle on distingue le visage d’une jeune fille aux aguets : Cécile Volanges, qui s’éloigne bientôt. Sur l’écran :
DIRECTED BY STEPHEN FREARS.
(Fin de l’accompagnement musical)
1
Panoter : effectuer un panoramique combiné d’un travelling.
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