Entretien avec Alain AREZKI - Vitrolles, un laboratoire de l`extrême

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Entretien avec Alain AREZKI - Vitrolles, un laboratoire de l`extrême
INTERVIEW D’ALAIN AREZKI
- Chargé de mission (liaison avec le mouvement associatif) au cabinet de
JJ ANGLADE, maire de Vitrolles lorsque François Frenay est directeur
de cabinet de … ??? … à …
- Administrateur de l’hebdomadaire POLITIS de… ?? ? à …
- Métier ??? … formation ??? ….
Dans le cabinet de JJA et la DGS il y avait des infiltrés de Mégret
dont certains sont encore aujourd’hui à la mairie. Le local de campagne
était « scanné »( ?).Il y avait tout un système d’espionnage monté par
Mégret, notamment arriver à faire recruter une secrétaire au cabinet
de JJA…
La campagne de Mégret en 1997 a été basée sur la dé-crédibilisation
du candidat Anglade. Nous avions JJA et moi une très grande
affection, du respect et de l’estime.
Ce qui est intéressant : Vitrolles est monté trop vite par rapport à sa
population en termes de com’ « Vitrolles qui gagne, la ville la plus
sportive »,stars et vedettes, par rapport aux vitrollais qui perdent.
L’époque GUY NOEL ABRAHAM. C’était dangereux et ça a créé une
rupture. Vitrolles avait un taux de vie associative avant Mégret
extraordinaire, grâce à JJA qui est issu du monde associatif (le
vélo).Avant 1983 le combat de JJA est un combat de proximité.. Quand
les gens sont proches ils ont toutes les raisons pour gagner.
La section du PS à Vitrolles était libre et autonome, dans les derniers
mois ceux qui étaient contre JJA l’avaient quitté(le 1/3 de la section) la
section avait perdu la pêche et ceux qui restaient ne comprenaient pas
ce qui se tramait ailleurs, sachant aussi que certains ex proches
faisaient campagne contre, qui par surcroît ne proposaient pas de quoi
sortir de la situation.
En interne, il y a eu plusieurs moments. Le 2ème mandat de JJA
que certains qualifient de pharaonique, notamment avec le Stadium qui
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est un faux problème, comme Vitrolles Hand-ball, autre faux problème :
certains élus, devant la raréfaction des moyens ont essayé d’arrêter
ces projets. A la différence de nombreux maires, JJA alimentait ses
adversaires internes en les affrontant mais il les respectait. Le
Stadium a été globalement payé par les autres collectivités et quand il a
fonctionné, on voit qu’il aurait pu fonctionner plus encore. Quant au club
OM/Vitrolles, c’est plus le fait qu’il y ait eu un Tapie que son prix
exorbitant qui gênait tout le monde. Les élus se sentaient
complètement exclus, pas ou mal invités aux matchs même s’ils y
allaient. Il y avait une dégradation par le dédain. Même si le prix de
l’équipe de hand était exorbitant, il n’était pas autant payé que cela par
la ville par rapport au renom apporté par la ville et au hand-ball en
général. Les autres collectivités payaient aussi l’équipe. Le Stadium est
un lieu de cristallisation : quand on connaît le prix des places, la qualité
acoustique et architecturale…que peut-on reprocher ? D’être
pharaonique, trop proche du hand, d’avoir coûté cher à la ville ? C’est
faux. Il y a eu aussi la dépollution du site des boues rouges et une
réalisation moins chère que le dôme et la halle de Martigues qui a un
prix à la place plus élevé. Quand au reproche architectural, ça
ressemblait à la Qaâba de la Mecque, il s’est posé là : il cristallisait des
haines. Le rejet de JJA comme homme, le rejet de quelqu’un qui
construit un temple, ambition pharaonique, mais que ce temple
ressemble à «ça »… Or les gens allaient au Stadium : les spectacles
faisaient le plein. Depuis sa fermeture, il s’est créé autour de Vitrolles
des salles semblables (Aix, Martigues). C’était donc la bonne taille pour
le bon endroit. On aurait pu avoir des spectacles d’art lyrique de la CPA
à Vitrolles. Le vrai problème des gens de culture c’était l’ambivalence du
sport et de la culture. Le Stadium rayonnait avec le hand-ball quand les
« cultureux » étaient endettés. J’ai vu I AM et des spectateurs
heureux. Hommage à un architecte. JJA a fait le Stadium seul, avec le
financement des autres mais pas avec son équipe. Mais c’est un maire
visionnaire qui aime sa ville. Or un visionnaire finit par s’enfermer, à la
fin du 2ème mandat. Il connaissait tous les détails de sa ville, arbres,
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racines…Il avait une opposition interne avec des gens de valeur qui
savaient dire les choses, il savait faire vivre ses propres opposants en
interne. J’en ai été témoin. Ils sont partis, moi, je suis resté parce que
c’était face à Mégret.
JJA s’est suicidé politiquement : il avait une forte opposition de
l’extrême droite, une opposition interne, peu d’appuis dans les réseaux,
loup solitaire même chez les rocardiens, et ça, ça gênait. Lors d’une
législative (DATE ?????) D’Attilio est minoritaire à Vitrolles, Stirbois
obtient plus de 50% des voix. On en a voulu à JJA les années qui ont
suivi et, du coup, on l’a accusé de tous les maux. Or quand l’extrême
droite monte, personne ne réagit : ni les républicains de droite, ni ceux
de gauche. Je m’interroge donc : à qui profite le crime ? JJA a perdu
lors d’une élection partielle. On aurait pu penser qu’il aurait pu
bénéficier de tous les moyens et les concours au 2ème tour des
républicains de droite. Qui avait intérêt à faire gagner Mégret ? JJA
est conscient que l’élection va être perdue. Je l’ai vécu ainsi. JJA est
dans le bateau et doit mener le combat sauf si on trouvait meilleur
candidat que lui. JJA va mourir face à Mégret puisque personne ne veut
ni perdre ni essayer de gagner. Pourquoi personne n’a empêché JJA
d’être candidat ? Il n’y a pas de moyens humains du PS local ou national
pour aider à cette campagne. Le soir du 1er tour, les résultats sont
meilleurs que prévu et il aurait fallu dès le lendemain un sursaut de la
droite républicaine : on ne peut pas laisser gagner Mégret. Or, la droite
locale a plus d’affinités avec Mégret et la droite départementale a
cogéré la Région avec Le Pen en 1986. A gauche, où étaient-ils ? Pour la
gauche, au niveau national, ils ont pensé qu’il fallait que l’expérience
Mégret se déroule à Vitrolles et, comme à droite, ils ont tout fait pour
que ça arrive. Mégret était aussi une épine dans le talon de Le Pen.
Le message interne que fait passer JJA c’est : qui à part moi ? Il
ne réalise pas alors qu’ils ont décidé à Paris que Vitrolles était perdue.
J’ai entendu, lors du meeting avant le 1er tour, un grand élu marseillais
dire à l’oreille de Jospin : c’est mort pour Vitrolles. On n’a pas aidé ni
demandé à JJA qu’il se retire. Je suis persuadé que certains étaient
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déjà dans la campagne présidentielle suivante et qui pensaient que
l’expérience Mégret devait se dérouler. Nous avons été protégés. Le
soir du 2ème tour, j’ai trouvé mon petit chat mort, empoisonné. Ceux qui
ont été les plus solides, ce sont ceux du PC, physiquement présents au
combat. Il y avait 3 codirecteurs de campagne : Richard Dubrey pour le
PC, Philippe Gardiole pour le PS et Michel Sarocchi pour les Verts.
On me prévient que pour le marché du mardi qui suit le 1er tour,
Gaudin sera présent et qu’in ne faut pas que le PC soit là. C’est le Front
Républicain qui devait apparaître. Or, le mardi il n’y avait ni PC ni
Gaudin ! La droite s’est contentée d’exclure un de leurs colistiers qui
avait appelé à voter Mégret. C’est tout ce qu’ils ont fait.
JJA avait fait pour le personnel municipal des avancées
considérables : 33h avant qu’on parle des 35h, les comités
d’entreprises… Or, le personnel municipal n’était pas pour JJA. J’ignore
pourquoi.
Comme j’ignore pourquoi des quartiers pépères ont voté Mégret à
60%. Qu’est-ce qui a fait que le vase de l’extrémisme s’est rempli à ce
point ? Personne ne l’a analysé pour Vitrolles, qui était peut-être en
avance. Le danger c’est de se cacher derrière « l’arbre » JJA.
Il faut aussi analyser la technique politique de l’extrême droite :
les réseaux, les faisceaux, le fascisme. Qu’est-ce qui fait que des gens
s’en remettent à l’extrême droite ? Il y a eu aussi en interne des
défections de dernière minute : comme ce 2ème de la liste qui se retire
in extremis. Il y avait des « chicayas » de bas étage mais pas plus
graves qu’ailleurs.
Je me suis retrouvé au cabinet de JJA par le réseau des
rocardiens qui a aussi proposé François Fresnet( qui n’était pas très au
courant des dessous des iceberg locaux) et il m’a demandé de venir
l’aider.
L’augmentation des effectifs de la police municipale comme
l’implantation de la vidéo surveillance se sont faites à Vitrolles il y a
près de 20 ans, maintenant, c’est monnaie courante dans les grandes
villes en France. Mais, dans le même temps, JJA crée Vitrolles-Emploi4
Services et crée un immeuble d’échanges de services entre l’ANPE et
l’ASSEDIC. Au début, la vidéo surveillance c’était pour lutter contre le
sentiment d’insécurité, à la limite, point n’était besoin de mettre
quelqu’un derrière les caméras. Si la population en veut, le rôle des
politiques c’est de le faire ou bien d’accepter de n’être plus élu.
Sur l’insécurité il y avait une amplification organisée par
l’extrême droite. On a même vu le témoignage d’une vieille dame soidisant agressée se produisant en plusieurs endroits différents.
La ville a été mal bâtie par l’EPAREB, JJA a essayé de lui donner
une âme. Ca s’est effondré car, je le répète, Mitterrand après avoir
utilisé Le Pen en 1984, a fait monter Mégret contre Le Pen. On m’a
demandé de lâcher JJA au moment du match. Après sa défaite tout le
monde m’a oublié et je me suis retrouvé au chômage.
Fin de l’ITW.
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