La boutique de l-apothicaire

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La boutique de l-apothicaire
LA BOUTIQUE DE L’APOTHICAIRE EST AUSSI UNE MORGUE…
Par l’homme de verre
L’apothicairerie est une belle échoppe dont les murs sont habillés d’étagères aux
rayonnages en bois de merisier. Plutôt que de vous risquer à courir les rues chez
d’hypothétiques charlatans, miroirs aux alouettes, vous y serez toujours assurés de
trouver toutes les drogues véritables et médicaments légaux nécessaires à soigner vos
malades : décoctions, sirops, poudres, thériaques, sucres et poudres de tabac.
Ici, le maître apothicaire est aussi un ancien médecin chirurgien. Il fut, un temps, en
charge de la famille du grand électeur. Il a d’ailleurs suivi maintes fois ses héritiers
sur les chemins de la guerre.
Depuis que sa femme n’est plus, il a fondé cette coquette et prospère enseigne pour
rester auprès de ses deux filles et subvenir ainsi aux besoins de sa famille. Ces
charmantes demoiselles d’une vingtaine d’années ont été initiées aux formulaires et
ordonnances des médecins et rares sorciers. Personne mieux qu’elles ne réalise de
tours de mains plus experts et mesurés pour réussir les préparations. Leur grâce et
leur joie de vivre sont des remèdes à eux seuls. Il se dégage de la boutique une odeur
vivifiante et sucrée de camphre et de caramel qui vous libère des miasmes et du stress
de la rue.
Mais les souris savent que ces parfums masquent aussi l’odeur de la mort. Depuis les
murs dans leurs souricières, elles voient ce qui se passe dans l’arrière boutique. Elles
n’ignorent pas non plus que dans l’officine Macha le molosse, un vieux chien de
guerre, fait la sieste pour protéger les deux jeunes filles, mais aussi la tranquillité du
maître apothicaire. Car dans l’arrière boutique on dissèque, on perce, on découpe, on
broie et on éviscère.
L’apothicaire a cessé officiellement toute pratique de la médecine. Les horreurs de la
guerre lui ont donné l’opportunité d’assouvir sa soif de curiosité sans cesse
grandissante pour les mystères du corps humain. A la mort de sa femme, il a continué
clandestinement ses recherches malgré la sédentarité que la charge familiale de ses
filles encore petites lui imposait.
C’est un honnête homme, mais sa passion démesurée pour la médecine l’entraîne à
poursuivre la dissection des cadavres jugée de part trop suspecte et malsaine pour
l’homme de la rue. L’apothicaire profite de ses expériences interdites pour venir en
aide aux plus démunis. A la nuit tombée, il ramène les plus mal en point de la rue,
afin de leur sauver la vie. Il n’est pas rare qu’il ampute certains mutants de leurs
appendices chaotiques. C’est un bienfaiteur de l’ombre qui œuvre au sein d’une
morgue secrète, dans l’arrière boutique de son apothicairerie. Un passage souterrain
dans la cave permet de rejoindre discrètement les égouts et de là, les rues et le
cimetière. Sous ses airs de bon père de famille vieillissant, l’apothicaire n’a pas la
force de ramener seul les cadavres et les malheureux chez lui. Cette aide lui est
prodiguée par un colosse de plus de deux mètres de haut. C’est un ancien mutant qu’il
a soigné de l’atrocité. Depuis, il le seconde et le protège dans tous ses déplacements
nocturnes. En plus d’être un superbe athlète et plutôt bel homme, l’ancien mutant
s’est révélé très reconnaissant, intelligent, sensible et honnête. L’apothicaire a accepté
de le prendre à son service. Il fait même à présent partie de la famille, puisque fiancé
à une des filles de l’apothicaire tombée follement amoureuse de lui.
Première amorce scénaristique :
Le duo infernal s’est révélé moins discret que d’habitude, et a été surpris sans pour
autant être reconnu. Comme cela coïncide avec les disparitions d’individus (les
cadavres et les malades), le rapprochement a été vite fait et la rumeur court. Les PJ
en ayant entendu parler pourraient tomber par hasard sur leur petit manège, et les
suivre pour en savoir plus. Cela les mènera alors, non sans mal à l’apothicairerie
(l’apothicaire et le colosse faisant attention à ne pas être suivis : fils et clochettes
d’alarme)… De là je vous laisse deviner les possibles : tentatives d’infiltration, tests de
risque, d’écoute, de crochetage et de discrétion… ou attaque surprise en règle, d’un
côté, comme de l’autre (n’oubliez pas Macha le chien)… quiproquos… tentatives
d’explication… roleplays… etc.
Quelle que soit la situation, un effroyable évènement va les rapprocher.
En effet, nous sommes toujours en pleine nuit, et l’apothicairerie est prise d’assaut
par ce qui semble être une foule de citadins en furie. Ils tentent par tous les moyens
d’entrer dans la boutique. C’est avec horreur que les PJ et les habitants de
l’apothicairerie découvrent alors que les agresseurs sont des zombies, et pire
encore… des clients de la boutique transformés en mort-vivants.
La petite histoire :
L’apothicaire a ramené d’une de ses tournées ce qu’il avait pris pour un cadavre et qui
s’avère être une jeune liche en catalepsie. Son corps ayant été découpé en plusieurs
gros morceaux, la pauvre liche très affaiblie a pu, par un effort désespéré de l’esprit et
l’aide d’un anneau magique, lancer le sort silencieux de malédiction de la « mortvivante » sur les drogues, décoctions et autres médicaments pour que ceux qui en
consomment se retrouvent sous son emprise, viennent la libérer et l’aider à se
reconstituer.
Deuxième amorce scénaristique :
L’apothicaire et le colosse sont suivis à distance respectable par les PJ dans les
égouts, comme dans la première amorce. Seulement cette fois, ils les voient soudain
revenir sur leurs pas en courant. Alors qu’ils arrivent à leur hauteur ils
s’immobilisent. Les PJ voient alors qu’ils sont tous cernés par une vingtaine de
gaillards au bas du visage masqué par des foulards. Deux grenades fumigènes
explosent, la fumée fait tousser les PJ et les empêche de voir à plus d’un mètre. S’ils
ratent leur test de FM, ils ne peuvent rien faire d’autre que tousser. Puis, les hommes
masqués donnent l’assaut. C’est la mêlée… Lorsqu’enfin la fumée se dissipe, les
agresseurs ont disparu, le colosse et l’apothicaire sont toujours là, mais un des PJ
manque à l’appel.
La petite histoire :
Un membre important de la pègre de la ville (peut-être un notable) a besoin des soins
particuliers de l’apothicaire. Il développe une mutation qui le défigure et le fait
abominablement souffrir. Il a appris l’existence du chirurgien de l’ombre. Ses
hommes à l’affut l’ont déjà suivi une première fois lui et son acolyte. Ils ont ensuite
attendu leur prochaine sortie pour agir. Leur embuscade a bien fonctionné, mais ils
se sont trompés d’homme. Ils le présentent à leur chef comme l’apothicaire. Le PJ
aura beau essayer de leur expliquer la méprise, ils n’en démordront pas. La seule
chance qui lui reste est de revenir à l’apothicairerie. S’il ne connaît pas le chemin, ses
ravisseurs le guideront. Et s’il ne lui vient pas à l’idée de les conduire à la boutique
(puisqu’ils lui ont dit savoir « qui » il est et « où » il habite), prétextant qu’il a besoin
de son matériel, les membres de la pègre pourraient vouloir l’y emmener de force,
pour voir si leur otage refuse toujours de soigner leur chef, une fois ses deux filles à
leur entière merci.
Entre temps l’apothicaire aura proposé aux PJ de les soigner de l’escarmouche
(notamment s’il l’un d’entre eux à eu les yeux « brûlés » par les fumigènes, et se
trouve momentanément aveugle), s’ils veulent bien le suivre jusqu’à la morgue de son
arrière boutique.
Ainsi tout ce joli petit monde aura de fortes chances de se retrouver en même temps
dans l’apothicairerie. La prochaine rencontre pourrait s’avérer particulièrement
explosive… notamment si un nécromant fait partie du groupe de la pègre et que la
morgue regorge encore de cadavres éviscérés. Mais cette fois l’apothicaire, le colosse
et les PJ pourraient voir les membres de la pègre arriver à la boutique et leur préparer
un accueil bien senti…
On peut d’ailleurs relier ici la première amorce scénaristique à celle-ci, les zombies
se conviant à la fête pour libérer la liche aux morceaux dispersés.