III - Ordre - Pages 42 à 52

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III - Ordre - Pages 42 à 52
avaient
Enfin la LO mentionne qu'ils <<
freresen leur compagnieet qu'ils
d6jdplusieurs
avaient commencOa habiter en plusieurs
endroitsacquisau pr6alable>>...Tout celasans
rdgleet sansapprobation? C'est tres invraisemblable.Et si I'on supposeque la rdgle et
I'institutionavaientete donn6espar Ardingo
depuis 1233,oD comprend mal le silencede
Romedurant cesseizeann6es( de 1233it 1249).
Et ou seseraient-ils
etablis?
Aucun couventconnu ne remonte ir cette
date. La premidre pierre de la Santissima
Annunziataa ete( donnee)) en 1250.
Peut-on supposerque les Sept se soient
retiresdu monde dans une villa en dehorsdes
murs de Florenceen 1233? Impossibleou preseu€, note Andrea Dal Pino. En 1233,Florence
etaiten guerreavecsesvoisins.De plus, il reste
toujours ce vide de plus de dix ann6essans
laisserde traces. C'est tres long. On peut
accepterpourtant que les Sept se soientr€unis
quelquetemps dans une villa, avant l'6quip6e
du Mont Senariocomme le veut la LO. Ou ?
Celasembleassezdifficile d determiner,mOme
aprdsla notation expressede la LO ( d I'angle
de l'anciencimetidredesfreresMineurs>. Certains opteraientpour Cafaggio attendu qu'un
documentparle des < hommes de Cafaggio)),
documentdate du 9 avril 1242, d propos de
d6limitationde terrain. Aprds avoir tout pes6,
nous serionsenclinsd suivre Andrea Dal Pino
sur cette question de la date de fondation,
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pas de preuves pour une
mOmes'il n'existgo
date pr6cise.Quant d 1233, c'est tres improbable.
Nombre de Fondateurs, leurs noms,
leur condition dans le monde et
leur conversion.
La LO parle de sept hommes dignes de
grandrespectet d'honneur (LO 15). Ce chiffre
septvient seulementde la Legendaet plus precis6mentdu secondr6dacteurde la Legenda.
MOmes'il est6videntque I'auteur attribue
au chiffre sept une valeur symbolique ((en
dotant I'Ordre desseptdons du Saint Esprit>,
rien ne sembledevoir contredire cette assertion.
Au contraire: Pierre de Todi et d'autres de
l'6poque avaient connu saint Alexis, I'un des
Sept.
Quant aux noms, c'est un peu plus compliqu6. Car la tradition a transmis diff6rentes
listes.Andrea Dal Pino s'exprimeainsi: <<
Les
listesles plus ancienneset autoris6esdu nom
desSeptsont:
Celle que nous a laiss6efrere Paolo
Attavanti de Florence dans son < Dialogus>
qu'il a compos6vers 1465: Bonusfilius,Bartholomeus,Johannes,Benedictus,Gerardinus,
Ricoverus,Alexius.
Une autrelisteen dehorsde la Toscane
et d6jd inclusedans I'euvre po6tiquede frdre
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GasparinoBorro, <<
Triumphi, sonetti,canzon
e laude>,publi€een 1498aprdssa mort: Bonfilio, Maneto, Alexio, Victore, Sostegno,
Ugutio,Lotoringo.
Une troisidme liste, celle qui pr6vaut
enToscaneir la suitede la publication de < Chronicon> de frdre Michele Poccianti en 1567 et
qui rapporte 6galementcertains noms de familleattribuCsaux Sept: Bonusfilius,que certains appellent < de Monaldis> , Amideus,
Bonajuncta,Manettus de la famille de I'Antella,Alexius de Falconieri, Sosteniusde la
noblemaison de SosJenes,
Uguccioniusde la
familleUgucciona.A l'6poque de la canonisation(1888), c'est aussi cette liste qui prevaut.>>4.
Cestrois listessont tardives.Et I'officielle,
pourainsidire, est la plus tardive et probablementla moins sOre.On chercheevidemmentd
ennoblir.
Andrea Dal Pino dit qu'il lui sembleque
la premidrea plus de chance d'Otre vraie,
attenduque tous cesnoms se retrouventparmi
lessignatairesdu fameux ((acte de pauvret6>
du 7 octobre1251.Seul Gerardinusn'apparait
pas sur cette nomenclature. Il pouvait Otre
absent.D'autres frdres connus, par ailleurs,
n'y figurentpas non plus.
Cetteliste n'en est pas moins trds tardive.
Et par le fait... fragile.Comme noms assur6s,
il n'y a que Filiolo et Alessio.Pour les autres,
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on recherche
encoreun document qui remonteraitau moinsau XIIIe sidcle.Filiolo devient
Buonfiliodansune lettrede Bonusfilius,6v0que
de Sienne,qui s'adressea fratri Bonofilio,
prieur du Mont Senario,en date du 17 mars
1250.
On peut donc conclure que nos Fondateurs6taientdesFlorentins,trds probablement
septhommesd'6ge mffr, dont certains6taient
mari6s ainsi que I'atteste la legenda; qu'ils
6taientmarchandset par le fait mOmeengag6s
dansla vie civile.
Quant drleur itin6rairespirituelau sein du
monde,leur premidretentativede vie commune
et leur ( commendatio>, ou offrande d'euxm€mesd la Vierge, on se reportera tant d la
legendaqu'aux quelquespagesque consacre
AndreaDal Pino d ce suietdans( UN GROUPE
EVANGELIQUE AU XIII. SIECLE>5.
Sur ce point, ce que le r6cit de la LO
affirme est conforme aux usagesde ce temps:
la conversiond la < p6nitenceou 6tat penitentiel > en sedonnant a la Vierge; le choix d'une
vie de priere, d'aust6rit6et de charit6 fraternelle;la continenceet le retrait desdistractions
mondaines.Andrea Dal Pino aurait tendance
d accepterou d suivrela LO sur ce sujet,attendu
quele deuxidmer6dacteura 6crit son r€cit dans
un tempsorl deja cet usage6tait en voie de disparition.
On peut aussi soulignerque les Sept faisaientpartied'une soci6t6ou compagnieque la
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LO nomme Soci€t€Majeure de Notre-Dame.
Quecettesoci6t6ait et6 appel6eMajeure, lors
de la fondation de I'Ordre, cela est contest6.
Maisqu'une semblablesoci6t6ait existO,c'est
proprement
hors de toute discussion.Bien plus
ilressort
d'un documentque lesmembress'appelaientserviteursde Sainte Marie.6 Par ce
document,
on sait qu'en date du 28 mars 1245,
ungroupede serviteursde SainteMarie vend d
uneautresociEt€,dont les membressont appel6saussiserviteursde Sainte Marie, l'hOpital
deSainte-Marie
de Fonte Viva. Dans cet acte,
apparaitle nom d'Henricus Baldovini, serviteurde SainteMarie. Ce nom revientdansplusieursautresactesconcernantles Serviteursde
Marie,dont <<l'actede pauvret6> et des actes
d'acquisitions
de terrains.Cet homme ser€vdle
amidesServiteursde Marie et finit par entrer
commeoblat dans I'Ordre. Il ne peut pourtant
y demeurerd cause de son mauvais €tat de
sant6.Cette amiti6 datait probablement du
tempsof ils faisaientpartie de la m€me soci€t6
deSainte-Marie.
De tout cela, ii n'est pas difficile de saisir
d'oi vientle nom de <<
I'ORDRE,desServiteurs
deSainte-Marie
>>. Nos fondateursont porte ce
nom avant d'etre religieux. Cela est d'autant
plus6videntqu'aprdsla cessionde cet hOpital
deFonteViva d cette soci6t6de serviteursde
Sainte-Marie
et aprdsI'approbationfaite par le
cardinalRayneri le I 3 mars 1249,les membres
decettesoci6t6ne sont plus appel6s< serviteurs
deSainte-Marie
>>. Ce nom est d6sormaisreserve
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ir cettenouvellecommunaut6religieuse6tablie
surle Mont S€nario.
Les Sept ont-ilsfondd un Ordre marial ?
La LO insiste pour dire et affirmer avec
force que I'Ordre a €t€ fond6 par la Vierge,
qu'ellebn est I'unique fondatrice et qu'elle se
servit des sept Florentins. Donc les Sept n'6taientpasde vrais fondateurs.CependantI'auteur ou les auteurs(car il semblequ'il y en eut
au moins deux) se contredisent. En effet, il
6crit dds le d6but : < Rendons hommage d ces
hommesglorieux que furent nos Pdresqui, par
desseinde Dieu, nous ont engendr6sspirituellement). (LO I ). > Et un peu plus loin: <<
Mes
frdres,ils furent vraiment glorieux et dignesde
toute louangenos Pdreset premiersfondateurs
de I'Ordre.. . > ( 22) ce qui ne I'empOchenullement d'€crireque ( la fondation de I'Ordre ne
peut absolumentpas Otreattribu6eni aux sept
premiersfrdresni ir aucun d'entre eux))(24) .
Il est pour le moins difficile d'appuyer ou
de contredire ce rOle de fondatrice attribu6 d
Notre-Dame.Mais nous ne nous croirions pas
autoris6sd'en conclureque I'Ordre est marial
par le fait. De mOmela justification du nom
propre de I'Ordre des frdres Serviteurs de
SainteMarie apport6e par la Legenda: < Son
deuxidmenom est sp6cialcar il est d0 e I'activit6 propre de ceux qui le composent: d'oi
Ordre des frdres Serviteurs de sainte-Marie>
(25). Le moins que I'on pourrait demander
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c'estde pr6cisercette activitEpropre de ceux
qui le composent...Le commentaireapporte
parnotrefrereAlessioM. Rossidans une note
d ceparagraphede la Legenda: <<
On a jugd de
donnerune note amariale A ce paragraphe,
nonobstantsa clart6 et la pleine lumidre qu'il
apported tout le reste du contexte. Au contrairela Legendane peut admettre ici d'autre
sensque celui qui a toujours 6t6 exprim6 par
cesmots> Et en citant ADIMARI : ( nous ne
faisons
et nousne devonsfaire rien d'autre que
de servir fiddlement la bienheureuseMaiie,
notretrds sainteMdre> (note 60). Tout cela
estcertesfdifiant, mais... en quoi ce servicese
distingue-t-il
du servicedesautresreligieux?
Essayonsd'examiner d'un peu plus prds
ce que la Tradition nous enseigned ce sujet.
D'abordla Legenda nous rapporte comment
nosfondateurss'6taientdonn6sd la BienheureuseVierge,alors m0me qu'ils €taientdans le
monde.< Craignantleur imperfection,ils penserenten toute rectitude de devoir se mettre
avectoute la ddvotion voulue aux pieds de la
Reinedu Ciel, la glorieuseVierge Marie, afin
que,en sa qualitd de Mediatrice et d'Avocate,
elleput les rdconcilier et les recommander d
sonFils, et qu'en suppl6ant elle-m€mepar la
pl6nitude
de son amour d leur imperfection,ils
purentobtenir d'elle de fagon misdricordieuse
la fdcondit6des m6rites. En se mettant donc,
pgurI'honneurde Dieu, au servicede la Vierge
Mdre,ils voulurent d partir, de cet instant, Otie
appelds
< Serviteursde Sainte-Marie>>en assu-
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mant une rdgle de vie selon le conseil de per>,( l8) .
sonnessages
Le senset j'oseraisdire les contours de
cettedonation sont assezbien trac6s. Marie
devientleur M6diatrice et Avocate et pour le
prouver, ils entendentvivre en suivant les conseilsde personnessages.Il sembleque les conseilsde ces personnessagesles mendrent jusqu'au Mont S6nario,jusqu'd une vie 6r6mitique
et religieuse.Cette vie 6tait-elle sp6cialement
mariale?Dans sa source,dans son inspiration,
nous pouvonsle supposeravecvraisemblance.
Leur nom semblele sugg6reret la culture du
temps I'autorise. Dans sa manifestation ou
dansleur mode de vie, nous n'en avonscomme
preuveque le premier chapitre de la premidre
l6gislation connue: les constitutions dites
>>
antiques. Ce chapitre traite des <<r6v6rences
d la Vierge. Il est propre aux Serviteursde
Marie, alors que les autres chapitres le sont
trdspeu, car ils ont 6t6 emprunt6saux Dominicains. Il est vrai que ces constitutionsou ce
texte < De Reverentiis> est asseztardif, dat6
desalentoursde 1300.Mais rien ne permet de
supposerqu'il ait 6t6 compos6d cettedate. Il a
dfi Otre elabor6 article par article durant le
XIIIe sidcle,ce qui signifiedu temps mOmede
nos Fondateurs. Il prouve un attachement
sp6cialir Notre-Dame comme d notre < c6leste
> . Est-ce suffisant pour prouver
Souveraine
que nous ne faisonsrien d'autre que de servir
la ViergeMarie comme I'a 6nonc6Adimari et
repet6Rossi?7Probablement,du moins si I'on
se met dans la mentalit6 f6odale. Dans cette
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culture,on pouvait a juste titre considOrerune
viep6nitentielleou religieuse,dans une soci6t6
arborantun nom marial, comme un hommage
valabled la Mdre du Seigneur.C'est toute la
vie qui 6tait engag6eet offerte. Toute la vie
devenaitdonc mariale. Un peu plus, on aurait
pudireen parodiant saint Paul, < soit que vous
mangiez,soit que vous buviez, quoi que vous
fassiez,faites tout pour la gloire de Marie >
(Rom1
. 0 ,3 l ) .
Mais ce sgnsmarial est d resituer; Marie
estI'Eglise,I'Eglise de I'Esprit et tout I'apostolatdansle monde est inspir6 par ce mystdre.
Dans'uneculture plus < eclat6e> of I'on a d0
distinguer
et pr6ciser,on constateque I'on a
h€sit6drprCsenterI'Ordre comme devant uniquementservir la Vierge. La premiere pr6sentationofficielle que nous connaissonsdans la
lOgislation,
estcelledesconstitutionsde Venise
de 1580.L'article premier mentionne: ( QuoniamOrdo Servorum sub speciali protectione
Beatae
Mariae Virginis Deo militat)). Il est6videntque l'on se r6clame comme devant travaillerou combattre pour Dieu sous la protection de la Vierge. Les Constitutions de
1940mentionnaientque I'Ordre < servaitDieu
sousla protectionsp6cialede la Bienheureuse
Vierge
Marie>. (No I ). Cellesde Madrid definissent< l'Ordre comme une communaut6
d'hommes
rEunisau nom du SeigneurJ6sus> .
(No I ) , elles poursuivent en notant qu'ils
doivent< Otreau servicede Dieu et des hommes,
ens'inspirantconstammentde Marie, Mdre et
5l
Servantedu Seigneur ( No I ) . Et notre frdre
IgnazioCalabuig pr6cise
( que la Vierge n'est pas mentionn6ecomme
objet direct de service> . < Le terme service,
pour s uit - il...e s t e mp l o y 6d a n s s a d i me n si on
theocentrique,ecclesiale,anthropologique...
Notre service,par contre, appara?tmarial d
la lumidre de quelques-unesde ses compos ant es : a) e x e mp l a ri ted e Ma ri e ; b ) n otre
cons6crationd elle c) le climat spirituel et
I'attitude interieure ou notre servicese r€al i s e> 8 .
R6sumons ce qui a eft dit du caractCre
marial de I'Ordre. Nos Fondateursse <<donndrent> d Sainte Marie qu'ils consid6raient
commeleur souveraineet leur avocate.Quand
s'organisala vie monastigu€, ils traduisirent
)>, hommages et
ce lien vital en < r6v6rences
culte A Notre-Dame. Lorsque I'Ordre crut
devoir se d6finir, il le fit en se pr6sentantau
servicedu Seigneuret des hommes sousla protectionde la Bienheureuse
Vierge Marie. Il est
difficile d'en faire un instrument de propagande
m€memariale ou de milice charg6ed'honorer
et faire honorer la Reinedu ciel. L'dre descongregationsir but d6votionneln'6tait pas encore
arriv6elors de la fondation de I'Ordre.
Tout cecine veut pas dire que la dOvotion
d Notre-Damene changeanullementou n'€volua pas durant ces sept sidcleset demi d'existence.
Nous trouvons un exempletypique dans le
culte d Notre-Dame de la Compassion ou
Notre-DamedesDouleurs.
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