Main basse sur la ville
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Main basse sur la ville
MAIN BASSE SUR LA VILLE Le mani sulla città Un film de Francesco Rosi SORTIE LE 10 JANVIER 2007 Action cinémas / Théâtre du Temple MAIN BASSE SUR LA VILLE (LE MANI SULLA CITTA) 1963 Réalisation Francesco Rosi Scénario Francesco Rosi, Raffaele La Capria Image Gianni Di Venanzo Musique Piero Piccioni Décors Sergio Canevari Montage Mario Serandrei Durée 105 min Format N&B/1:85 Avec Rod Steiger, Salvo Randone, Guido Alberti, Marcello Cannavale, Dante Di Pinto, Alberto Conocchia, Carlo Fermariello Synopsis Poussée par l'entrepreneur Nottola (Rod Steiger), la municipalité de Naples transforme des terrains agricoles en terrains constructibles pour lancer un gigantesque programme immobilier. Les spéculateurs en profitent, mais la proximité du chantier provoque l'écroulement d'une maison ancienne et la mort d'un enfant, ce qui provoque de vives polémiques au sein du conseil municipal, alors que de nouvelles élections se préparent. L'enquête sur l'accident s'enlise, mais les stratégies électorales s'affinent, et certains membres de la majorité au pouvoir s'inquiètent de voir Nottola figurer sur leur liste. Critique L’étonnant Francesco Rosi réalise Main basse sur la ville en 1963, date exacte à laquelle son maître de cinéma Luchino Visconti dont il a été l’assistant conçoit Le Guépard. Au même moment où l’aristocrate dépeint une Italie d’hier pour « mieux traiter celle d’aujourd’hui » ne pouvant s’empêcher cependant de cacher les signes annonciateurs d’un progressif repli sur soi, Francesco Rosi, a contrario, croit au potentiel du film contemporain vécu comme un acte politique. Très influencé aussi par un autre maître du néoréalisme, il emprunte à Rossellini l’idée de la « révélation » mais joue de sa transposition : cette dernière n’est pas l’apanage d’un personnage en particulier dans le film mais davantage le résultat d’une équation, un point de départ, un état de fait préalablement connu du spectateur. Ainsi Main Basse sur la ville est extraordinaire parce qu’il affiche un naturel déconcertant à nous faire vivre les déviances des milieux politiques de l‘intérieur de manière totalement assumée. Tour de force, Rosi choisi le véritable conseiller communiste Carlo Fermariello dans la vie comme acteur de son propre rôle dans le film ! Il sera le « fil rouge » des idées développées dans Main basse sur la ville et avec beaucoup de subtilité le cinéaste décrypte les attitudes, les arrangements, les alliances politiques. Sans manichéisme, l’histoire de fait navigue ainsi entre fiction et documentaire d’où se détachent avec beaucoup de finesse les entrelacs du monde des affaires et des politiques. La révolte froide de Rosi est également exemplaire lorsqu’il montre les injustices que subissent les habitants les plus pauvres au travers du mépris de tous, hommes de droite, du centre ou de la gauche. Or à notre grande stupéfaction, rien ne semble avoir évolué depuis…1963 ! Avec cette redoutable efficacité de discours tenu par une mise en scènes impeccable (notamment un grand sens du cadre) Rosi est véritablement ce que l’on peut nommer une exception cinématographique : de nos jours, à l’ère du grand découragement, plus que jamais il apparaît urgent de revisiter les films de sa carrière. Olivier Bombarda Filmographie Francesco Rosi « La vie d’un cinéaste, ce sont ses films. Pas toute sa vie bien sûr, mais la part de celle-ci à travers laquelle il a exprimé sa relation au monde, aux idées et aux hommes, avec l’intention d’apporter sa contribution – quand bien même humble et seulement sous la forme d’une incitation à réfléchir – à une société dont les valeurs dominantes seraient la liberté, la justice, la morale et la beauté. » Francesco Rosi 1958 1959 1962 1963 1965 1967 1970 1971 1973 1975 1978 1981 1984 1987 1989 1996 Le défi (La sfida) I Magliarti Salvatore Giuliano Main basse sur la ville (Le Mani sulla città) Le moment de vérité (Il Momento Della Verita) La belle et le cavalier (C’era una volta) Les hommes contre (Uomini Contro) L’affaire Mattei (Il Caso Mattei) Lucky Luciano Cadavres exquis Le Christ s’est arrêté à Elboli (Cristo si E fermato A Eboli) Trois frères (Tre fratelli) Carmen Chronique d’une mort annoncée (Cronaca da una muerte anunciada) Oublier Palerme (Dimenticare Palermo) La trêve (La tregua) Francesco Rosi est né à Naples le 15 novembre 1922. Son père étant hostile à son entrée au Centre Expérimental du cinéma à Rome, il fait des études de droit à Naples, cité qu'il retrouve en 1944 après avoir été emprisonné par les allemands. Durant un an, il travaille à la radio locale, alors sous contrôle américain (Psychological Warfare Branch). Il fait aussi du dessin et s'occupe de marionnettes. En 1946, il rejoint à Rome Ettore Giannini, un ami metteur en scène de théâtre qui en fait son assistant pour Il voto, une comédie napolitaine de Salvatore Di Giacomo. Ne désirant pas quitter la ville éternelle, où il s'est fixé depuis, il participe à des revues de music-hall, où se retrouvent de futurs grands noms du cinéma italien (Sordi, Caprioli, etc.). Il désire toujours entrer au Centre Expérimental, mais il va aborder le cinéma d'une toute autre façon en ayant la chance de remplacer un ami comme assistant du réalisateur Luchino Visconti sur La terre tremble. Dix ans durant, il parfait ses connaissances dans le métier, travaillant comme assistant, scénariste ou directeur de doublage. Il s'est notamment occupé du doublage en italien de La terre tremble, tourné en dialecte sicilien. Il collabore au scénario de Bellissima de Visconti, co-écrit celui des Coupables de Luigi Zampa. En 1952, il achève le tournage des Chemises rouges d'Alessandrin. En 1956, il co-réalise Kean avec Vittorio Gassman. En 1958, il devient réalisateur à part entière avec Le défi, un hommage à sa ville natale, qui obtient le prix spécial du Jury au Festival de Venise en 1958. En trente ans, il n'a réalisé que quinze films. C'est dire s'il tient à s'offrir un temps de réflexion entre chaque oeuvre qui, toutes répondent, à des degrés divers, à ses préoccupations, présentes dès son premier film, autrement dit (cf Positif n°69) " aux problèmes des rapports de l'homme et de la société". Dans le même interview il ajoute que devant faire une analyse de la société, il a préféré la tenter sur une société qu'il connaissait, d'où son choix de Naples et par extension le Sud de l'Italie, y compris la Sicile. Cette zone géographique est le cadre de la plupart de ses films, tandis que la misère endémique qui y règne et pousse les hommes à vivre convulsivement, souvent hors-la-loi, l'inspire pour ceux situés ailleurs dans l'espace ou le temps. Ainsi l'Espagne du Moment de Vérité et de Carmen, l'Allemagne des immigrés vendant du tissu au porte à porte dans I Magliari (oeuvre inédite en France), la guerre de 1914 marquée par les mutineries dans Les hommes contre ou enfin cette fable historique faussement récréative qu'est La belle et le cavalier. Au centre de son oeuvre une même étude sur le pouvoir et un nom : Mafia. Organisation, sous la loi de laquelle vivent le héros du Défi ou les personnages d'I Magliari et d'Oublier Palerme, et qui secrète des hommes célèbres comme ce Salvatore Giuliano sur la mort duquel s'interroge Rosi dans un film, devenu classique, qui l'a fait connaître au monde entier. C'est avec cette oeuvre qu'il met définitivement au point sa méthode du film-enquête, partant de faits réels qu'il confronte ensuite à une réalité plus contemporaine. Presse : Elise Girard [email protected] 01 42 78 69 11 Distribution : Vincent Dupré [email protected] 01 43 26 70 40