Édition 2006-03-01 (PDF document)

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Édition 2006-03-01 (PDF document)
Numéro 34 - mars - avril 2006
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Décembre 1989 : plongé au cœur
de la naissance d'une démocratie
NOUVeLLes
ROUMANIe
Les
Jean-Gabriel Barbin
ou la vie qui bascule
V
52
ingt deux décembre 1989. Ceausescu vient de disparaître de la scène et la Roumanie ouvre ses frontières. Jean-Gabriel Barbin participe à un conseil
d'administration de "Médecins du monde" à Paris quand la nouvelle éclate. La poignée de "french doctors" présents à la réunion décident de partir sur le champ, frétant un avion. Les informations en provenance de
Bucarest sont mauvaises: on dénombre des centaines de morts à la suite des combats de rue. Il
faut des chirurgiens. Jean-Gabriel Barbin est de ceux-là. Il ne fait ni une, ni deux et embarque…
sans valise et en complet veston. Il était venu ainsi de Nantes et comptait rejoindre dans la soirée
le service de chirurgie digestive qu'il dirige. A 42 ans, alors qu'il vit séparé, son destin vient de
basculer, mais il ne le sait pas encore. (nos photos: Jean-Gabriel Barbin, sa femme, Vali,
Roumaine, au cours de missions humanitaires à travers le monde, dont la Moldavie).
Le Nantais n'en est pas à son premier coup de tête. En 1982, alors que la France est plongée dans la grève du milieu médical,
un de ses confrères, responsable à "Médecins du monde" lui confie: "J'ai besoin de quelqu'un pour l'Erythrée". "Jean-Gab" répond
aussitôt présent, d'autant plus qu'il avait la furieuse envie de découvrir cette corne de l'Afrique dont l'avait fait rêver Rimbaud. Le
voilà dans le coup de l'humanitaire. Au fil de ses congés, il enfilera ensuite les missions: Kurdistan, Yémen, etc…
Qu'est-ce qui pousse donc aux aventures les plus risquées cet aîné d'une fratrie de huit garçons, partagés entre professions
médicales et artistiques, issus d'un milieu bourgeois nantais et dont le père, médecin suivant la tradition familiale, est un illustre spécialiste de gastro-entérologie ?
Sans-doute des aïeux briérons, ayant grandi dans les marais longeant l'océan, près
du port de Saint-Nazaire, et dont plusieurs sont devenus marins au long-cours.
Pourtant, après avoir hésité à faire Langues-orientales, le jeune Jean-Gabriel
choisira classiquement de suivre la voie de son père, devenant médecin. Mais son
passage au lycée catholique de Nantes l'a ouvert à l'action humanitaire, alors balbutiante. On y parle de la misère de l'Inde et le jeune homme monte une tournée théâtrale avec ses copains, interprétant "L'Alouette" d'Anouilh pour ramener des fonds.
"On ne sort pas indemne d'une aventure avec la Roumanie"
Pour l'heure, le voici plongé dans la révolution roumaine, partagé entre cauchemar, délire, enthousiasme, exaltation, effroi,
opérant dans des conditions épouvantables, frappé d'hallucinations parfois comme lorsqu'il se retrouve à sabrer le champagne avec
des révolutionnaires portant brassards, fêtant l'exécution du couple Ceausescu. Devant sa chambre du 18ème étage de l'hôtel
Intercontinental, la queue n'en finit pas: les "french doctors" consultent gratuitement.
Le Nantais prend les choses en main et devient responsable de l'antenne roumaine de "Médecins du monde, s'installant définitivement à Bucarest, se contentant de l'indemnité versée par son association aux volontaires, 400 € par mois… " suffisant pour
vivre sur place", confie-t-il. Le chirurgien a compris qu'on ne sort pas indemne d'une aventure avec la Roumanie et s'est laissé
ensorcelé, grandement aidé en la circonstance par Vali, artiste et journaliste, rencontrée pendant la folie révolutionnaire et devenue
sa femme depuis. Il vit une expérience unique, au cœur d'évènements tumultueux appelés à devenir autant de pages d'histoire: la
naissance d'une démocratie. Sa fonction l'amène à côtoyer le gotha de la nomenklatura roumaine, ministres, présidents, hommes
d'affaires, et aussi les diplomates en place, d'y rencontrer l'imposture et de mesurer les difficultés de la transition. L'homme a horreur du politiquement correct, ce qui l'amène à dénoncer ce qui lui paraît inacceptable. Ce sera la raison de sa rupture avec
"Médecins du monde" en 1996, refusant d'avaliser la politique suivie en matière d'adoptions internationales et ses dérives.
Jean-Gabriel Barbin n'en a pas moins continué ses interventions médicales, doublé d'un volet "assistante sociale". Les
Roumains sont toujours aussi nombreux à frapper à sa porte, assurés d'y trouver des soins gratuits, une aide pour obtenir des visas
s'ils doivent se faire soigner à l'étranger. Les Français expatriés, un relais pour être hospitalisé au pays natal. Il s'est également
investi dans la formation et s'efforce de faire aboutir un projet de perfectionnement des infirmières roumaines en France.
Bien que se sentant "internationaliste", sans être installé quelque part, le Nantais, âgé aujourd'hui de 58 ans, a posé ses valises
à Bucarest. Il s'est engagé sur place dans le développement de la Francophonie et a retrouvé la vocation artistique de ses frères et
de sa femme. Il écrit des pièces en français, neuf déjà, traduites en roumain, interprétées à Bucarest et à l'affiche du Théâtre national de Moldavie, à Chisinau.
de
SOMMAIRE
Lettre d’information bimestrielle
Actualité
Vie internationale
Politique
Economie
Social
Au pied du mur
2
3à6
7à9
10 et 11
Société
Evénements
Carnet
Vie quotidienne
Insolite
Santé, Environnement
Religion
Photos
Sports
12 à 14
15
16 à 18
19
20 à 23
24
25
26
Connaissance
et découverte
Cinéma
Théâtre, Chanson
Musique
Peinture
Livres
Littérature
Histoire, Destins
Traditions, Echanges,
Humour
Tourisme
Souvenirs
Abonnement, Change
Coup de coeur
27
28 et 29
30 à 32
33
34 et 35
36 et 37
38 à 41
42 et 43
44 à 47
48 à 50
51
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L
e sénat roumain a rendu un mauvais service à son pays en repoussant un
projet d'ordonnance gouvernementale prévoyant en urgence l'institution
d'un organisme chargé de démasquer la corruption dans les rangs des parlementaires et des ministres. Il s'agissait d'une des exigences, avec la réforme de la
Justice, formulées par Bruxelles pour que Bucarest puisse adhérer à l'UE dès 2007.
Autant dire que le mécontentement est vif au sein de l'Union Européenne, et
même les parlementaires européens de Strasbourg, plutôt bien disposés à l'égard de la
candidature roumaine, ont pris du recul. Le sentiment que celle-ci sera repoussée d'un
an, ainsi que le prévoyait l'accord de pré-adhésion, grandit, alors que Bruxelles s'apprête à remettre son rapport sur la Roumanie et qu'une décision définitive doit être
prise en avril. On ne peut que comprendre les réticences européennes si ce pays se
refuse à adopter des réformes élémentaires, visant notamment à ce que les importantes
contributions financières que l'UE s'engage à verser pour aider à sa modernisation et
à sa restructuration ne soient pas détournées de leur objet.
L'émotion a été grande aussi en Roumanie où l'ensemble des médias n'ont pas eu
de mots assez durs pour condamner l'attitudes des sénateurs. Ce vote vulgaire d'une
caste volant à son propre secours pour que personne ne puisse mettre le nez dans ses
affaires nauséabondes n'a pas surpris outre-mesure les Roumains qui méprisent, à
juste titre, leur classe politique. Il ne faut pas oublier que sénateurs et députés "cotisent" jusqu'à 300 000 euros pour figurer en position éligible sur les listes de leurs partis… les sommes étant avancées par de "généreux bienfaiteurs" - en général les affairistes qui ont pillé les richesses de leur pays après 1989 - qu'il s'agit de remercier
ensuite par de "menus services".
Signe qui ne trompe pas sur les mœurs et le degré universel de corruption parmi
les parlementaires: le vote négatif des sénateurs l'a été grâce à la conjonction de celui
des élus du PSD, le parti des post-communistes, volant au secours d'un de leur leader,
l'ancien Premier ministre Adrian Nastase, impliqué dans de nombreuses affaires, faisant bloc avec les extrémistes de Vadim Tudor - lequel appelle pourtant à "nettoyer les
écuries de la République" - et à l'abstention de nombreux sénateurs de la majorité dont
plusieurs dirigeants étaient menacés par le projet.
Il reste une ultime chance à Bucarest pour échapper à la sanction de Bruxelles de
retarder d'un an son adhésion: que le Président Basescu, qui en a le pouvoir, fasse
adopter en seconde lecture l'ordonnance repoussée. Mais le temps est compté et la
Roumanie est au pied du mur.
Henri Gillet
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Vie internationale
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SLOBOZIA TULCEA
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CONSTANTA
BUCAREST
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Vote des immigrés :
l'Espagne
montre la voie
2
Si on estime à un demi-million, au
minimum, le nombre de Roumains
travaillant en Espagne, plus de 30
000 d'entre-eux y sont installés de
manière définitive, dont au moins 18
000 dans la seule région de
Castellone (province de Valence).
Le président local du Parti
Populaire, Carlos Fabra (droite, formation de l'ancien Premier ministre
José-Maria Aznar), prenant en compte les réalités, a décidé de présenter
un candidat de cette communauté
sur sa liste aux prochaines élections
municipales et régionales, se déclarant non seulement favorable au droit
de vote des immigrés, mais souhaitant qu'ils puissent postuler à toutes
les fonctions électives provinciales.
Ce leader entend prendre les
devants dans le cadre de l'adhésion
prochaine de la Roumanie à l'UE et
son parti s'était impliqué activement
dans la campagne d'aide aux victimes des inondations qui ont touché
ce pays, l'an passé.
Président des associations de
Roumains de Catalogne et du
Levant, Daniel Ionitsa a souligné
dans une interview au journal "El
Pais" sa satisfaction de voir ses
compatriotes appréciés dans la
région, déclarant "Castellon est un
des endroits d'Europe où les
Roumains vivent le mieux" et attribuant la note dix sur dix aux autorités
locales pour les relations qu'elles
entretiennent avec eux.
Un exemple à méditer pour les
politiciens et administrations
françaises.
Bucarest incapable de
dépenser l'argent de l'UE
D
e 2000 à 2004, la Roumanie n'a réussi à dépenser qu'un sixième des
sommes allouées par l'Union Européenne au titre du programme ISPA,
destinées à financer les travaux d'infrastructure et d'environnement, soit
228 M€ sur les 1,3 milliards attribués. La Bulgarie se trouve dans la même situation
(100 M€ dépensés sur un fonds de 560 M€).
Cette situation irrite profondément la
Commission Européenne qui, à la suite d'un
audit mettant en évidence de graves lacunes, a
interrompu, fin 2004, ses versements aux
agences roumaines chargées de l'application du
programme. Parmi les reproches de Bruxelles,
on trouve le nombre énorme d'appels d'offres
qui échouent, l'incompétence du personnel, le
manque de contrôle interne, une comptabilité
défectueuse. L'UE a demandé à ses partenaires
roumains d'améliorer la situation jugée critique
de ses employés, aussi bien au niveau du salaire, de la formation, que des conditions de tra“Quant au niveau de vie nous sommes
dans les choux... Oui, les choux de vail. Elle a averti que la situation actuelle pouBruxelles !” Caricature de Gazdaru vait menacer l'attribution des très importants
fonds structurels et de cohésion promis aux deux pays, après leur adhésion.
Parmi les travaux financés par l'ISPA, on note l'amélioration des voies ferrées, le
contournement de Deva et d'Orastie sur le principal axe routier international du pays,
le traitement des eaux usées de Bucarest.
Plaintes à Strasbourg: la Roumanie troisième
L
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
a Cour Européenne des Droits messes des gouvernements qui se sont
de l'Homme de Strasbourg a succédés depuis dix ans, ces derniers priindiqué dans son rapport vilégiant les intérêts de ceux qui en ont
annuel que la Roumanie se trouve au profité, dont la nouvelle nomenklatura.
La situation de la Russie est différen3ème rang des pays dont elle reçoit des
te: elle y marque
plaintes
de
l'aggravation des
citoyens qui n'ont
manquements à l'épas obtenu justice
tat de Droit du
chez eux et au prepouvoir
actuel.
mier des pays
Strasbourg
reçoit
membres de l'UE
chaque
semaine
ou y entrant. Avec
300 dossiers en
12 % des dossiers,
provenance de ce
elle se situe derrièpays et en a enrere la Russie (17 %)
gistré déjà 9000.
et la Turquie (13
Parmi les plai%), devançant de
La Cour Européenne
des Droits de l’Homme de Strasbourg.
gnants,
on trouve,
peu la Pologne (11
pêle-mêle,aussibien
les
noms
du magnat
%). A eux quatre, ces pays totalisent plus
du
géant
pétrolier,
Hodorkovski,
que l'ande la moitié des 44 000 dossiers en inscien
champion
du
monde
d'échecs
Gari
tance, sur les 80 000 plaintes déposées.
Cet afflux de plaintes roumaines Kasparov, mais aussi les parents des vic(près de 10 000) est essentiellement dû times de la prise d'otages du théâtre de
aux problèmes de restitutions des biens Moscou, en octobre 2002, et des marins
confisqués par le régime communiste qui ont perdu la vie dans le naufrage du
dont le règlement n'a jamais été mis sous-marin nucléaire Kursk, en août
sérieusement en route malgré les pro- 2000.
Infos pratiques
ABONNEMENT
CHANGE*
(en lei et nouveaux lei)
Euro
Franc suisse
Dollar
Forint hongrois
*Au
36 525 = 3,52 NL
(1 NL =0,35 €)
22 630 = 2,26 NL
29 700 = 2,97 NL
140 = 0,014 NL
(1 € = 250 forints)
17 février 2006
Les NOUVeLLes
de ROUMANIe
Numéro 34, mars-avril 2006
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
International, la Culture et l’Amitié)
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8 Chemin de la Sécherie
44 300 Nantes, France
Tel. : 02 40 49 79 94
E-mail : [email protected]
Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
Karin Humbert, Natalia Comerzan,
Bernard Camboulives, Martine et
Jean Bovon-Dumoulin, Ovidiu
Gorea, Alain Chotil-Fany, Claude
Aubé, Fabrice Dubesset, Paula
Romanescu.
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises et
francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de
documentation ADICA.
Impression : Helio Graphic
11, rue Louis Armand
44 980 Sainte-Luce
Numéro de Commission paritaire:
1107 G 80172
ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro: mai 2006
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Soviétiché !
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Emotions
à la frontière
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Un jour, le contrôle des billets fit
l'objet d'un drame. Un contrôleur hongrois infligea une amende à une
dame roumaine, montée à Munich,
pour excès de bagages (elle avait
aussi un mini-vélo avec elle). Pas
sympathique, le contrôleur. Ses
collègues allemand et autrichien
avaient été moins regardants. Malgré
ses protestations véhémentes, la
brave dame dût s'exécuter. Avec le
recul, et ayant appris les mœurs qui
régnaient dans les démocraties populaires - et qui perdurent encore
aujourd'hui -, je me demande maintenant si l'amende n'est pas allée directement dans la poche du contrôleur.
A Curtici, dernier point frontière du
périple et porte d'entrée en Roumanie, le passage de la douane s'effectuait sans difficulté particulière. Une
chose remarquable: le personnel des
postes frontières, policiers, douaniers
ou agents de change, parlait souvent
un très bon français Le wagon était
fouillé aussi méthodiquement qu'à la
frontière hongroise. En revanche, les
valises faisaient l'objet d'un contrôle
relativement sommaire. J’en étais
très surpris mais je n’étais pas alors
encore familier avec la pratique du
bakchish. Lors de ma première
entrée en Roumanie, j'eus une petite
émotion au contrôle des passeports:
le policier me fit remarquer qu'il y
avait une erreur sur la date de délivrance de mon visa. Il y avait une
inversion dans les chiffres de l'année.
1972 avait été écrit 1927. Je fis un
geste d'incompréhension. Le passeport me fut rendu dûment estampillé
mais je garde encore la bizarre sensation que le flic me tenait pour responsable de cette erreur.
4 septembre 1972. J'ai été accueilli par mes hôtes roumains - ma famille invitante -qui m'attendaient à la gare de Timisoara, avec un gros bouquet de fleurs de bienvenue. A 6 heures du matin, les abords du bâtiment étaient très animés. Première
vision de la ville après une trentaine d'heures de train : une foule empressée sur le parvis se dirigeait vers les arrêts de bus et de tram et une vaste avenue face à la gare
bordée d'immeubles récents.
Autre surprise: des Renault 8 et 12 comme en France. J'ai vite appris qu'en
Roumanie, elles ne s'appelaient pas Renault mais Dacia 1100, produite à partir de
1968, et Dacia 1300 fabriquée à partir de 1969, symboles de la coopération industrielle franco-roumaine.
Le taxi que nous avons pris, mes hôtes et moi, à Timisoara était une Volga de
fabrication soviétique réservant une expérience intéressante de transition du confort
occidental au réalisme socialiste. Dans la périphérie de la ville, les rues étaient très
mal entretenues voire, pour certaines, complètement défoncées, sans revêtement
asphalté. Les amortisseurs de la Volga avaient vécus. Nous étions brinquebalés dans
tous les sens. Le chauffeur se mit à jurer. Le ton de sa voix était sans équivoque. A l'époque, je ne parlais pas un mot de roumain mais j'attrapais un seul mot au vol :
"Sovietiché". Aucun doute : il avait une dent contre l'industrie automobile soviétique.
Plus occidental que moi, tu meurs !
J'avais apporté quelques cadeaux pour mes hôtes. Ma situation faisait que je
n'avais pas beaucoup d'argent mais, surtout, je n'avais pas trop su quoi leur offrir.
D'ailleurs, je ne me
souviens
même
plus précisément ce
que j'avais apporté.
Des gadgets je
crois, du type calendrier perpétuel, un
flacon de cognac…
Fourvoiement
vite réparé. Les fois
suivantes, puisqu'il
y en a eu, je sus ce
qu'il fallait offrir:
des
savonnettes
Lux ou Palmolive,
Dans les années 70, Yves Lelong a découvert une Roumanie où l’on
savait être heureux, le charme de la campagne... et des Roumaines.
du café, des lames
de rasoir, des disques, des cigarettes… Ah ! Les cigarettes. Le comble du snobisme,
dans la Roumanie de Ceausescu, c'était de fumer des Kent. Pourquoi des Kent et pas
des Camel ou des Marlboro ? Personne n'a jamais été capable de me l'expliquer.
En tout cas, l'attirance pour tout ce qui venait d'Occident était indéniable. Les
vêtements - les jeans notamment - étaient très recherchés. J'ai donné une paire de mes
chaussures au cours de mon premier séjour en Roumanie. Snobisme ? Mauvaise qualité des produits "socialistes" ? Désir de posséder un objet qui permettait de se distinguer ? Je me demande si ce n'était pas aussi une forme de résistance passive et inconsciente contre le régime en place.
Mais c'était le côté un peu pénible de cette époque: plus occidental que moi, tu
meurs !
Aujourd'hui, les Kent sont passées de mode. La "révolution" est passée par là.
Avec l'ouverture du pays au monde occidental, elles ont été remplacées, entre autres,
par les cartes bancaires internationales. Le fin du fin est de s'afficher avec une carte
VISA ou Mastercard pour régler sa note de restaurant ou son plein d'essence.
Mais la démarche est différente: aujourd'hui, on étale sa réussite sociale.
(Lire la suite dans le prochain numéro)
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
A 73 ans, Matei Barbu, simple paysan d'un modeste village,
est devenu le conseiller écouté du ministre de l'agriculture
Politique
La Roumanie confrontée à ses petites exploitations
qui font vivre près de cinq millions de familles
L
'homme se penche sur une liasse de papiers, remplis
d'annotations : la loi sur les terres agricoles. Il a 73
ans et peine à intégrer les subtilités d'un texte dont
le but est de lui rendre justice, seize ans après la chute du régime communiste roumain. Dans sa maison de Lunguletu, petit
village situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de
Bucarest, Matei Barbu (notre photo) s'efforce de comprendre
les nouvelles règles qui gèrent la propriété foncière et qui
concernent 38 % des 22 millions de
Roumains vivant en milieu rural. L'enjeu
est très important pour ce paysan car,
dans un an, son pays devrait adhérer à
l'Union européenne. Depuis décembre
2004, lorsque la Roumanie a changé de
cap politique, Matei Barbu s'est
retrouvé, malgré lui, conseiller du
ministre de l'agriculture, ainsi que le rapporte Mirel Bran, correspondant du journal "Le Monde" à Bucarest .
Le matin au ministère
l'après-midi dans ses champs
"Je l'ai croisé par hasard en pleine campagne électorale",
déclare le ministre libéral de l'agriculture, Gheorghe Flutur :
"je me suis arrêté dans son village, je lui ai demandé son avis
sur la réforme de l'agriculture, et ses opinions m'ont laissé
perplexe". Et il ajoute: "Lorsque j'ai été nommé ministre, je me
suis retrouvé entouré de jeunes conseillers spécialistes dans ce
domaine. J'avais besoin d'avoir à mes côtés quelqu'un qui
vienne du monde réel, une sorte de courroie de transmission
du monde paysan. J'ai tout de suite pensé à lui et je lui ai proposé de devenir mon conseiller. Il est toujours aussi têtu, mais
c'est la qualité que j'apprécie le plus chez lui"
Depuis, la vie de Matei Barbu a basculé. Son programme
quotidien aussi : réveil à 5 heures, départ pour Bucarest en bus
ou en auto-stop, car il a refusé une voiture de service, réunions
et débats au ministère et retour à Lunguletu où il travaille ses
terres pour produire les pommes de terre qui font vivre sa
famille.
"Les communistes ont confisqué mes 5 hectares de terres,
mais je les ai récupérés après la chute de Nicolae Ceausescu",
affirme-t-il. "Cela n'a pas été facile et le problème de la propriété foncière n'est toujours pas réglé en Roumanie. Nous
devons tout reconstruire avant que notre pays soit intégré à
l'Union européenne."
Créer d'urgence une classe moyenne agricole
En effet, tout est à revoir dans le monde agricole roumain,
qui entend s'adapter rapidement aux nouvelles règles de l'UE.
"La Roumanie compte 4,5 millions de petites fermes, dont 2,3
millions sont des exploitations de subsistance avec environ 2,5
hectares de terre", explique Jonathan Scheele, chef de la délégation de la Commission européenne à Bucarest. "Même si la
Roumanie ne devait pas entrer dans l'Union européenne, elle
serait obligée de trouver une solution pour intégrer ses exploitations dans le circuit du marché. Entre ces petites exploitations agricoles et une minorité (0,5 %) de fermiers disposant
de grandes surfaces qui permettent la
mise en place d'une agriculture mécanisée, il n'y a rien. Ce pays a besoin de
créer d'urgence une classe moyenne
dans le monde agricole."
La mission est difficile, car le temps
presse. A partir du 1er janvier 2006, les
paysans qui atteignent l'âge de la retraite
sont encouragés à vendre leurs terres aux
jeunes afin qu'ils puissent aménager des
surfaces assez grandes pour une meilleure exploitation. Pour chaque hectare de
terre, les paysans recevront une rente viagère de 100 euros par
an et par hectare. "Nous avons aussi besoin de créer un vrai
marché des produits agricoles car, pour l'instant, les paysans
se font escroquer par les spéculateurs", explique le ministre de
l'agriculture. "Nous avons également réorienté les investissements afin d'encourager la productivité et diminué les subventions qui profitaient à certains réseaux connectés aux milieux
politiques."
"Les Roumains ont un complexe d'infériorité"
Avant 2007, la Roumanie devra aussi résoudre le problème du cadastre, la restitution intégrale des terres à leurs
anciens propriétaires, la création d'une Bourse des produits
agricoles et la mise en place de structures capables de gérer les
fonds européens, qui s'élèveront à environ un milliard d'euros
par an. Selon les spécialistes, le retard accumulé ces quinze
dernières années en matière de réforme agricole rend la mission du gouvernement des plus difficiles, aspect que reflète le
rapport d'évaluation que la Commission européenne a rendu
public fin octobre.
Pourtant, fiers des diplômes obtenus en Europe occidentale, les jeunes conseillers du ministère se montrent plutôt
confiants. "Les Roumains ont un complexe d'infériorité face à
l'agriculture occidentale", explique le conseiller Dacian
Ciolos. "Le modèle d'agriculture extensive qu'on pratique en
Occident depuis les années 1960 est maintenant victime de son
propre succès. Je crois plus aux fermes familiales que nous
essayons de mettre en place en Roumanie et qui pourraient
conserver un tissu paysan dont les Européens de l'Ouest ont la
nostalgie". "Un pari qui reste à gagner", conclut Mirel Bran.
3
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
La lutte contre
Politique
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RESITA
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TARGU MURES
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TIMISOARA
Menaces sérieuses sur l'entrée
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SUCEAVA
TÂRGOVISTE
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TULCEA
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BUCAREST
Nationaliste
pour l'éternité
Gheorghe Funar, l'ancien maire
de Cluj, a eu la désagréable surprise
de découvrir sa tombe profanée, le
jour de Noël. Elle avait été peinte en
bleu-jaune-rouge, les couleurs du
drapeau national.
4
Conformément à une tradition
assez respectée en Roumanie, le
leader ultra-nationaliste, sénateur du
Parti de la Grande Roumanie (PRM),
et compagnon de route de Corneliu
Vadim Tudor, avait préparé sa dernière demeure pour lui-même et sa
famille, faisant ériger une tombe de
marbre rose dans le carré des personnalités du cimetière des Héros de
la Révolution de Cluj, et venant s'y
recueillir. On peut y lire l'inscription
suivante: "Ici repose Funar
Gheorghe, né en 1949, décédé en
****, docteur en économie, maire de
Cluj-Napoca entre 1992 et 2004".
L'élu n'a pas porté plainte et, du
coup, aucune enquête n'a été diligentée. Lorsqu'il était maire,
Gheorghe Funar, outre sa phobie des
Hongrois et des Tsiganes, s'était fait
remarquer en faisant peindre aux
couleurs nationales les trottoirs et les
bancs publics du centre de sa ville.
C
'est un sale coup contre leur
pays auquel se sont livrés les
sénateurs roumains. Le 9
février, ils ont rejeté une ordonnance d'urgence prise par le gouvernement en septembre 2005 pour se donner les moyens de
lutter contre la corruption de haut niveau en
instituant un département spécial chargé
d'enquêter sur celle-ci parmi les parlementaires et les ministres.
Un comportement bien révélateur des
Adrian Nastase
mœurs politiciennes roumaines, mais qui
en compagnie de sa femme Dana, fille
d’un ancien dignitaire de Ceausescu.
s'explique: plusieurs d'entre-eux sont impliqués dans des "affaires", dont Adrian Nastase, président de la Chambre des députés,
L'ancien premier ministre Adrian Nastase
A
h ! Quel malheur d'avoir un
gendre"… La presse de l'époque brocardait ainsi le président de la République Jules Grévy, dont
le gendre, Daniel Wilson, s'était livré à un
commerce et trafic fructueux d'attribution
de Légions d'honneur, le contraignant à la
démission en 1887. Cette fois, l'histoire
concernant Adrian Nastase est un peu
différente mais a fait aussi les choux gras
de la presse roumaine.
La femme de l'ancien Premier
ministre s'est découverte subitement
seule héritière d'une tante, "Matusa
Tamara", décédée l'an passé à 97 ans,
quasiment inconnue d'elle jusqu'ici. Cette
tante, ancienne professeur de langues
(retraite de l'ordre de 100 €) était devenue très riche sur ses vieux jours en vendant ses bijoux pour une somme de
400 000 € à Alexandru Bittner, l'homme
lige et partenaire en affaires du couple
Nastase. La somme avait été déposée en
D
"Ah ! Quel malheur
1999 sur un compte au nom de Dana
Nastase où elle pouvait puiser.
A 93 ans, la vieille dame "s'était
aussi lancée dans la spéculation immobilière" acquérant un immeuble de style
brancovénesque de 700 m2 et 26 pièces,
en face de l'ambassade de France, à
Bucarest, pour quelques centaines de milliers d'euros, revendu l'année suivante 1,1
million d'euros et estimé aujourd'hui par
son propriétaire à 2,5 M€.
Cette "fable" avait attiré l'attention
de la banque où l'argent avait été déposé,
celle-ci avertissant l'Office national pour
combattre et prévenir le lavage d'argent
sale qui avait ouvert un dossier en avril
2000. Ce dernier a été opportunément
perdu en 2001, quand Adrian Nastase est
devenu Premier ministre.
Il ne s'agit pas de la seule affaire où
le couple Nastase est mis en cause. Il
vient d'être officiellement inculpé dans le
dossier Zambaccian, pour corruption et
Les préfets ne peuvent
epuis le 1er janvier dernier, le loi oblige les préfets à ne plus appartenir à
un parti politique, à un syndicat et leur interdit de faire grève. Ces représentants de l'Etat perdent leur statut de "dignitaire" pour devenir hauts
fonctionnaires. Sur les 42 préfets que compte la Roumanie, 39 ont choisi de renoncer
à leurs fonctions politiques, dont la préfète de Bucarest, Mioara Mantale, membre du
Parti Démocrate de Traian Basescu (notre photo). Trois, les préfets de Ilfov, (contours
de Bucarest), Dimbovita (Târgoviste) et Caras Severin (Resistsa), ont préféré abandonner leur poste pour conserver leur position au sein du PNL (Parti National Libéral
du premier ministre Tariceanu). Ce changement de statut des fonctionnaires était
réclamé haut et fort par Bruxelles, afin que la Roumanie se dote d'un corps d'admi-
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
découvre la Roumanie en 1972.
il nous conte ses souvenirs de Ceausescu à la "Révolution"
pourquoi pas ?
Au début des années 70, le train était le moyen le plus écolocomotives et le train soigneusement fouillé. Une partie du
nomique et le moins fatiguant, à défaut d'être le plus rapide,
plafond du couloir des voitures était démontée et l'espace compour se rendre en Roumanie. Du moins pour l'étudiant que j'épris sous le toit inspecté à la torche électrique. Même chose
tais à l'époque. L'avion était hors de prix et il fallait trois jours
pour le dessous des banquettes.
de voiture pour rejoindre la
Globalement, le passage des douanes honfrontière roumaine.
groise et roumaine s'effectuait sans difficultés
L'Orient-Express
reliait
notables, du moins pour ce qui me concerne,
Paris à Bucarest. Il partait de la
mais toujours avec une certaine appréhension.
gare de l'Est à 22 h 15. Il arrivait
à Bucarest le surlendemain au
Les pensées du "chef"
terme de 36 heures de voyage,
via Strasbourg, Munich, Vienne
Après le passage de la frontière roumaine, à
et Budapest. Une voiture des
Curtici, le train mettait un temps qui paraissait
CFR (chemins de fer roumains)
interminable pour rejoindre Arad. Au bout d'une
faisait la liaison directe Parisheure, il ralentissait enfin à l'approche de la ville.
Bucarest. C'était l'occasion
Spécialité des gares roumaines: pas de pancarte
idéale de faire connaissance
annonciatrice de la ville sur les quais. Au cours
“Vive le Parti Communiste Roumain et son de mes voyages en train, j'ai toujours eu la crainavec des Roumains qui rensecrétaire général, le camarade Ceausescu”.
traient au pays après un séjour
te de ne pas descendre à la bonne station.
en France ou en Allemagne, le plus souvent dans la famille.
Je garde, plus de 30 ans après, un souvenir extrêmement
J'avais notamment sympathisé avec un médecin de Iasi avec
précis de cette nuit du 3 au 4 septembre - la première que je
lequel j'ai correspondu quelques temps.
passais en Roumanie - dans la gare d'Arad, à attendre le train
pour Timisoara. Les chiens qui aboyaient dans la nuit chaude
Des bagages, des bagages, encore des bagages…
et calme (il y a toujours des chiens qui aboient dans la nuit en
Roumanie), le sifflet des locomotives, le vacarme des rares
Le voyage se déroulait immanquablement au milieu des
trains de marchandises tirés par de poussives locomotives diemonceaux de bagages qui, souvent, appartenaient à une seule
sel, les trois ou quatre employés des chemins de fer qui déambulaient et s'apostrophaient sur le quai, tous vêtus d'une veste
personne. Au fur et à mesure des arrêts en gare, les compartide bleu trop courte et rapiécée, un béret basque étriqué sur la
ments, les couloirs, les plates-formes étaient envahis de
valises, de sacs ou de cartons. Je me souviens d'un voyage en
tête, le filet d'eau qui chuintait des robinets d'une fontaine de
1972, au moment des fêtes de Noël, dans un train
pierre, sur le quai.
bondé, entre Budapest et la frontière roumaine,
Etait-ce les effets
de la fatigue qui, après
coincé au milieu des bagages, debout devant la
ces 24 heures de voyaporte des toilettes et au milieu de courants d'air glage, distillaient en moi
cials. Mémorable.
cette indéfinissable
Mais c'était, à l'époque, l'un des aspects de la
sensation de vivre des
réalité économique roumaine: un Roumain ne voyamoments d'une autre
geait jamais léger au retour d'un voyage à l'étranger
époque ?
et revenait beaucoup plus chargé qu'à l'aller.
Dans le hall de la
Le "Check Point Charlie" hongrois
gare, régnait une forte
odeur de désinfectant. Et, surplombant les têtes des voyageurs,
Hegyeshalom: c'est le lieu de passage ferroviaire de la
s'étalait un gigantesque calicot rouge, frappé d'un slogan signé
frontière hongroise, à quelques 60 kilomètres de Vienne. Je ne
Nicolae Ceausescu d'où l'on pouvait comprendre facilement
sais pas si, à l'époque, Check Point Charlie, le point d'entrée
trois mots "Partidul Comunist Român".
réservé aux Occidentaux à Berlin-Est, était plus folichon
Les pensées du "chef" souhaitaient la bienvenue aux voyaqu'Hegyeshalom mais le souvenir que je garde de mon premier
geurs. Les employés de la gare repéraient rapidement les étranpassage de la frontière hongroise reste assez sinistre.
gers. Il y en avait toujours un prêt à porter les valises contre
Ce premier contact avec le monde communiste fut comme
quelques cigarettes occidentales.
je l'attendais - je n'irai pas jusqu'à dire comme je l'espérais.
Dès potron-minet, les quais de la grande gare d'Arad
Tous les ingrédients des films d'espionnage étaient là.
grouillaient de monde. Les gens embauchaient de bonne heure
L'atmosphère pesante, les militaires positionnés tous les 10 à
et vers cinq heures du matin, un train bondé partait vers
15 mètres le long des voies, les étoiles rouges au fronton des
Timisoara.
(Lire page suivante)
49
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Souvenirs
Un jeune Français
Marié à une Roumaine depuis près de 30 ans,
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La Roumanie
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Un destin
franco-roumain
48
Yves Lelong, 54 ans, travaille dans
un important réseau bancaire, à
Tours. Il avait 21 ans lorsqu'il rencontra Doina, 20 ans, en septembre
1972, au cours d'un voyage en
Roumanie, alors qu'il était encore
étudiant. Trente trois années se sont
écoulées depuis ce premier séjour,
marquées par son mariage avec
Doina, en 1978, la naissance de
leurs deux filles, en 1980 et 1984,
mais aussi par les nombreux séjours
effectués en Roumanie. Tous l'ont été
à titre personnel et familial. Ils constituent néanmoins une perception, un
témoignage vécu, parfois de près,
parfois de loin, sur ce que pouvait
être la réalité quotidienne en
Roumanie communiste, au sein d'une
famille, sous l'ère Ceausescu. Nul
doute que nombre de Francophones,
Rien ne valait
les premières Dacia
Les premières Dacia fabriquées en
Roumanie comportaient un certain
nombre de pièces françaises, comme
la boîte de vitesse. A tel point que
ces modèles furent surcôtés par rapport aux Dacia qui, à partir de 1976,
furent entièrement fabriqués sur
place. L'un de nos proches eut la
chance de gagner, à une tombola de
la CEC (caisse d'épargne roumaine),
au début des années 80, une Dacia
1300 flambante neuve. Il préféra la
revendre pour conserver sa vieille
Dacia de 1973 qui, elle, était équipée
de pièces d'origine française. A titre
anecdotique, cette voiture a aujourd'hui 32 ans et roule encore. Au fait,
savez-vous que la première Renault
12 jamais montée sur une chaîne le
fut à l'usine de Pitesti ?
E
n 1968, paraissait sous le titre Vacances en Roumanie un petit guide touristique édité dans la collection Marabout Flash. Certains se souviendront
peut-être de cette sympathique collection de poche de petit format, très bon
marché, se définissant comme étant "l'encyclopédie permanente de la vie quotidienne". On y trouvait une foule de thèmes, de la philatélie à la taille des rosiers en passant par l'apprentissage de langues (Notre
photo: Yves Lelong, Doina et un ami).
La Roumanie, pourquoi pas?. Par ces
quatre mots et en 150 pages, ce Marabout
Flash invitait ses lecteurs à partir à la découverte de "la sœur cadette de la France". C'est
ainsi qu'à l'époque, on désignait fréquemment
la Roumanie au même titre, d'ailleurs, que
Bucarest avait été le petit Paris.
Le petit Marabout fut pour moi l'instrument du début de ma découverte de la
Roumanie. Même succinct, on y trouvait l'essentiel de ce qu'il fallait savoir sur le pays et il
s'adaptait parfaitement aux budgets modestes.
Une politique touristique très libérale
A cette époque, du moins jusqu'en 1975, la Roumanie avait, contrairement à ses
voisins, une politique touristique très libérale. "Le rideau de fer, vous ne vous apercevrez même pas que vous l'avez franchi", écrivait le petit guide Marabout. "Vous circulerez librement, comme chez vous et serez heureusement surpris par le respect de la
liberté dont on fait preuve à l'égard du touriste pourvu que, comme ailleurs, il observe les règles du pays qui l'accueille".
On se procurait les visas au consulat de Roumanie, rue de l'Exposition, à Paris,
démarche qui s'est d'ailleurs prolongée au delà de 1990. Les formalités étaient assez
simples.
C'était plutôt rassurant mais l'appréhension pouvait venir d'ailleurs. La guerre
froide était une réalité bien présente. La véritable nature des régimes communistes
avait été révélée par la répression féroce des soulèvements hongrois de Budapest en
1956 et du "Printemps de Prague" en 1968. Des ouvrages comme L'Aveu d'Arthur
London ou Une Journée d'Ivan Denissovitch d'Alexandre Solyenitsyne, des films
comme Le Rideau déchiré d'Alfred Hitchcock ont marqué leur époque mais aussi les
esprits.
C'était l'époque où Ceausescu faisait souffler sur le pays un vent de "liberté" si
tant est qu'il y en eût. Il s'était attiré les bonnes grâce des dirigeants occidentaux en
refusant notamment de participer à l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 et en en
donnant l'illusion de s'émanciper de la tutelle de Moscou. Les chars du pacte de
Varsovie avaient écrasé le printemps de Prague quatre ans auparavant et le président
roumain se plaisait à jouer les trublions dans le bloc communiste. D'ailleurs, certains
commentateurs affirmaient que la Roumanie était dans le collimateur de Brejnev et
serait le prochain pays à être écrasé sous les chenilles des chars soviétiques.
En revanche, la Hongrie était restée dans le rang. Les visas ne s'obtenait qu'après
avoir rempli un formulaire sur lequel il fallait notamment coller sa photo, préciser le
nom de jeune fille de sa mère et indiquer si les parents du demandeur avaient quitté
la Hongrie - et si tel était le cas, en quelle année ? - etc. Il était évident que certains
n'étaient pas les bienvenus en Hongrie. D'ailleurs, à l'instar de l'URSS, les touristes
occidentaux qui circulaient en Hongrie devaient, à chacune de leurs étapes, aller se
faire enregistrer au poste de police local.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
la corruption sabotée par le Sénat
de la Roumanie dans l'UE au 1er janvier 2007
et George Copos, actuel ministre d'Etat du gouvernement
Tariceanu. Grâce à un fort taux d'abstention de sénateurs
appartenant aux partis de la majorité, le Parti Social
Démocrate (post-communiste), au pouvoir jusqu'à fin 2004,
allié au parti extrémiste de la Grande Roumanie (Vadim
Tudor), a réussi à trouver une majorité pour bloquer une politique qui a entraîné ces derniers mois la mise en cause de nombreux dirigeants politiques.
Parmi eux, Dinu Patriciu, patron du groupe pétrolier
Rompetrol, un des principaux bailleurs de fonds du Parti
National Libéral, poursuivi pour fraude, évasion fiscale et
blanchiment d'argent, ami du Premier ministre Calin
Tariceanu, lequel, sans se soucier de respecter le principe de
séparation du pouvoir, lui a apporté son soutien à plusieurs
reprises. Cela tombe très mal pour la Roumanie qui est dans le
collimateur de la commission de Bruxelles, laquelle a exigé
qu'elle mène une politique active contre la corruption et pour
rendre la justice indépendante, sous peine de voir son adhésion
à l'UE, prévue au 1er janvier prochain, retardée d'un an.
Justement Bruxelles doit rendre son rapport définitif sur la
Roumanie et la Bulgarie en avril: le délai qui reste au président
Basescu pour réparer ce vote négatif et faire passer une seconde fois le projet d'ordonnance d'urgence devant le Parlement
est donc très court. Mais le mal est déjà fait et des voix de plus
en plus nombreuses s'élèvent au sein de l'UE, et jusqu'au
Parlement européen, pourtant très favorable jusqu'ici à l'entrée
de la Roumanie et de la Bulgarie dès 2007, afin de repousser
cette échéance.
et sa femme déconsidérés par plusieurs scandales financiers
d'avoir une tante !"
avoir reçu des dessous de table dans l'acquisition d'un terrain de 700 m2, situé
strada Zambaccian en plein centre de la
capitale, acquis en 1998 pour un prix 25
fois inférieur à celui du marché, auprès
de la belle-mère de l'ancien député PSD,
Gabriel Bivolaru, aujourd'hui derrière les
barreaux pour avoir détourné 50 M€
auprès de la BRD (Banque Régionale de
Développement-Société Générale).
Sur ce terrain a poussé depuis un
immeuble appartenant aux Nastase, au
fils de Ion Tiriac (qui a recédé sa part au
fils Nastase) et au frère de l'ancien maire
de Bacau, Sechelariu. A la demande du
nouveau gouvernement, un premier dossier judiciaire avait été ouvert en avril
2005 sur cette affaire par le PNA (Parquet
National Anticorruption), mais celui-ci,
encore aux ordres de l'ancien pouvoir,
l'avait vite refermé.
A la suite de la purge effectuée à la
tête du PNA, il a été cependant réouvert
et confié au Département National
Anticorruption, chargé d'enquêter sur la
corruption parmi les parlementaires et
ministres. Mais le Sénat a voté opportunément contre l'ordonnance d'urgence
instituant ce nouvel organisme. Par
ailleurs, le bureau de la Chambre des
députés, dont le président est Adrian
Nastase a bloqué la demande de perquisition du domicile de celui-ci, formulée par
la Justice. Contrairement aux usages,
Adrian Nastase a pris part au vote le
concernant, le faisant basculer en sa
faveur. Il a dénoncé "une campagne politique menée contre lui" et "l'acharnement
du pouvoir à vouloir le mettre en cause".
En difficulté au sein du PSD
Le nom de l'ancien Premier ministre
et président de l'Assemblée nationale est
souvent cité dans d'autres "affaires", le
nom de sa femme, fille d'un ancien
ministre de Ceausescu, servant de paravent. L'image du couple est en train de
devenir celle du symbole de la corruption
de haut niveau en Roumanie et Dana
Nastase jouit auprès de la population
d'une réputation qui rappelle celle
d'Elena Ceausescu.
Toutes ces péripéties ont toutefois
sérieusement assombri l'avenir politique
d'Adrian Nastase qui a été obligé de
mettre en suspens sa fonction de président exécutif du PSD (Parti Social
Démocrate post communiste), son rival et
ancien ministre des Affaires Etrangères,
Mircea Geoana, qui lui a ravi en mai dernier la présidence de ce parti et aimerait
se débarrasser de cet encombrant tuteur,
ne manquant pas les occasions d'appuyer
là où çà fait mal. Réponse du berger à la
bergère? Mircea Geoana a été mis en
cause récemment dans une affaire d'acquisition de terrains… qu'il aurait hérités
non pas d'une tante, mais d'un cousin !
plus faire de politique
nistrateurs neutres et compétents, capables de faire
prévaloir les intérêts de l'Etat sur ceux des partis et
les combines politiciennes.
Les dernières élections avaient été révélatrices
d'une situation choquante, durant depuis la
"Révolution": pendant plusieurs jours, les partis
d'opposition vainqueurs s'étaient disputés comme
des chiffonniers pour s'attribuer les fonctions administratives
juteuses qu'ils espéraient obtenir dans chaque judet. Au moins,
avec le PSD (Iliescu-Nastase), les choses étaient claires… ces
anciens communistes raflaient tout et ne rendaient
de comptes à personne !
Avec cette réforme, la Roumanie est toutefois
loin de disposer de cette armée de grands commis
de l'Etat, si nécessaire à son bon fonctionnement et
qui lui fait cruellement défaut. Il faut qu'elle commence par les former, la France l'aidant dans cette
tâche. Dans l'attente, les préfets confirmés "nouvelle version"
devront faire oublier - sans rire - qu'ils sortent tout droit de
leurs officines politiques, même s'ils ont rendu leurs cartes.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Pêcheurs et paysans de la réserve
transformés en nouveaux serfs
Politique
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Tourisme
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Main basse sur le Delta
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Le roi Michel rappelé
à ses engagements
Les villageois de Birchis (Arad)
espèrent que le roi Michel va renouveler son engagement… pris voici six
décennies lorsque, en 1945, achetant
2630 hectares de terrains à la comtesse Ecaterina Teleki, il leur en avait
attribué 290 pour que les habitants
ne restent pas sans forêt communale.
6
Ces terres avaient été confisquées
par les communistes et le Roi devrait
les récupérer. Il revendique la restitution de 7252 ha de forêts dans le
judet d'Arad, dont 4622 autour de sa
propriété de Savarsin, qu'il a déjà
récupérée, le reste se trouvant à
Birchis.
L
e président Iliescu savait, mais n'a pas bougé. C'est la conclusion de son
ancien conseiller Dan Moraru qui avait rédigé en mars 2003 un rapport
explosif dans lequel il exposait le mécanisme mis au point par le gouvernement Nastase, son ministre de l'environnement, Petru Lificiu et le gouverneur du
Delta de l'époque, Virgil Munteanu, afin de permettre à des proches de faire main
basse sur la plus grande réserve biologique régénérable d'Europe, inscrite au
Patrimoine mondial de l'UNESCO, et appelée à un avenir touristique considérable.
D'après le projet, le
Delta était menacé
d'être transformé en
système de concessions de plusieurs
milliers d'hectares,
dont certains en
zone protégée, d'une
durée de 50ans, donnant ainsi toute latitude d'exploitation à
leurs bénéficiaires.
Dan Moraru réclamait l'intervention
présidentielle pour
empêcher la naissance d'un état dans l'Etat, mais Ion Iliescu n'avait rien fait.
L'opération a été menée à bien, cinq mois plus tard, dans des conditions illégales
et immorales et de manière coercitive. Les autorités l'ont justifiée hypocritement en
mettant en cause "le surbraconnage auquel se livraient les pêcheurs", contrevenant
aux recommandations environnementales de l'UNESCO.
L'adjudication des concessions s'est faite en dehors de toutes règles, décidée parfois quelques heures avant, empêchant ainsi pêcheurs et paysans de postuler. Cela
n'avait d'ailleurs guère d'importance, puisque les lots avaient été attribués tacitement
auparavant à des proches du pouvoir, parmi lesquels Alexandru Bitner, dont on retrouve le nom lié aux affaires concernant Adrian Nastase, Ion Tiriac, le prince Sturdza et
le député PSD local, Dan Verbina, devenu un véritable boyard dans son fief.
Le leu sort
renforcé de 2005
Signal d’alarme tiré en vain
Le nouveau leu - équivalent à 10
000 anciens lei - adopté le 1er juillet
dernier, est aussi une monnaie plus
forte. Tout au long de 2005, il s'est
raffermi, après avoir atteint son
niveau le plus bas en février (1 € =
42 000 lei), pour se stabiliser aux
environs de 36 500 lei pour un euro,
à la fin de l'année et avoir fait descendre la monnaie européenne à
près de 34 000 lei, à l'automne. Le
leu s'est donc renchéri de 10 %, et,
en fait, de près de 20 %, si on tient
compte de l'inflation (+ 8,5 %). Son
gain est quasiment équivalent face
au dollar (moyenne 2005 : un dollar
= 29 500 lei).
Dans son rapport, Dan Moraru citait tous ces noms mais aussi s'alarmait des graves
conséquences à venir qui, malheureusement, se sont presque toutes réalisées: la perte
de confiance de la population locale dans les autorités et les institutions de l'Etat de
Droit; l'instauration d'un sentiment de peur, d'insécurité et d'injustice parmi les gens
simples. De fait, les pêcheurs ne peuvent plus tendre leurs filets où bon leur semble,
comme autrefois, mais dépendent des autorisation des concessionnaires auxquels ils
doivent vendre les produits de leur pêche, dont les prix ont été depuis divisés par deux.
Il en est de même pour les paysans. Le retour à une société féodale où la population
est transformée en serfs, tremblant devant leurs maîtres… ce qui est devenu une réalité ("Les Nouvelles de Roumanie" n° 29, supplément Delta du Danube). Le rapporteur dénonce également le risque de détérioration du sentiment national et de perte
d'audience du PSD auprès d'un électorat local tenté de se tourner vers des partis extrémistes (ce dernier point ne s'est pas vérifié lors des dernières élections).
Il est à noter que le représentant permanent de l'UE à Bucarest, Jonathan Scheele,
qui suivait de près le problème avait été constamment désinformé par le ministre Petru
Lificiu, lequel l'avait assuré que seulement 3 % de la population locale était hostile au
projet, alors que ce pourcentage était déjà de 50 %.
Connaissance et découverte
Sâmbata de Sus, au pied des superbes
monts Fagaras, parmi les éleveurs de buffles
I
Breaza, à 8 km au Nord-Est, abrite les ruines d'une fortedéalement situé au pied des Monts Fagaras, le village
resse
du 13ème siècle. Les murs d'une fortification dace y
de Sâmbata de Sus, proche du plus grand axe de
furent
découverts sous les fondations.
Transylvanie, mais loin de son bruit, est intéressant
pour les amateurs de tranquillité, de sports de montagne
Les Fagaras, à pied,
et aussi de sports équestres. Ses
en charrette ou en 4 x 4
habitants sont essentiellement
agriculteurs, arboriculteurs ou
C'est précisément à Breaza
éleveurs de buffles entre
que s'organisent des dizaines
autres.
d'excursions dans les Monts
Sâmbata de sus fait partie
Fagaras. En 4x4, charrette ou à
de la commune de Voïla, dans
pied, vous pouvez découvrir
laquelle plusieurs des villages
des paysages grandioses: les
ont des particularités intéreschutes et le lac glaciaire de
santes, et est située sur l'axe
Bâlea, la vallée du lac artificiel
Brasov-Sibiu (E 68), 12 km
de Vidraru, que l'on atteint par
après Fagaras; à Sâmbata de
la route N7C appelée la
Jos prendre à gauche, Sâmbata
Le magnifique monastère Brancoveanu a été construit en 1700 et Transfagaras, en véhicule norson musée possède une collection rare d’icônes en verre et sur bois.
de Sus est à 6 km.
mal, mais seulement en été car
en hiver, elle est fermée.
Des cabanes permettent de passer des nuits près du ciel en
Recueillement au monastère Brancoveanu et
compagnie des bergers. Le camping sauvage, la natation, la
fiers Lippizans de l'école d'équitation de Vienne
plongée, le parapente, tout est possible avec votre matériel,
tant que vous respectez la nature.
Sâmbata de sus (sus = en haut) est très connue en
Pour les plus aguerris, et en prenant la précation d’avoir
Roumanie grâce au monastère Brâncoveanu. Monastère de
recours
à des guides expérimentés, vous pouvez escalader les
moines, celui-ci est situé à 5 minutes de voiture, en direction
points
culminants
de Roumanie: le Negoiu, 2535m et le
de la montagne. Il fut construit en 1700 par C. Brancoveanu
Moldoveanu,
2544m.
Allez-y, vous en garderez de merqui laissa son nom à "L'art Brâncovean", expression architecveilleux
souvenirs.
turale qui essaima à la fin du 17ème siècle en Transylvanie. Sa
Pour ceux que la montagne n'attire pas, la visite de la ville
situation en pleine nature, lui confère une atmosphère propice
de
Fagaras
et de son château fortifié entouré de douves dont
au recueillement. De plus, il est reconnu pour son musée qui
l'origine
remonte
au 12ème siècle, est une alternative. C'est au
possède une rare collection d'icônes sur verre, et moindre
17ème
siécle
qu'il
a été reconstruit et son enceinte à été refaid'icônes sur bois.
te
selon
le
modèle
des forteresses de l'architecte français,
De belles balades peuvent être entreprises sur les contreVauban.
forts tous proches des Monts Fagaras.
Au village de Sâmbata de Jos (jos = en bas), se trouve le
A proximité également, vous pouvez entreprendre le cirharas dans lequel sont élevés 300 chevaux "Lipitani"
cuit des église fortifiées saxes.
(Lipizzans). Preuve du savoir faire de ces éleveurs, ce sont les
descendants des juments de Sâmbata qui aujourd'hui font les
Accueil bon enfant
beaux jours de la fameuse Ecole d'équitation de Vienne. Des
leçons d'apprentissage à la monte à cheval sont proposées,
L'accueil est très souriant, bon enfant, toute la famille où
ainsi que la location de chevaux pour les plus expérimentés et
vous serez logé se mettra en quatre pour vous satisfaire.
des promenades en calèche à travers le grand parc du haras.
Dernier-né du réseau OVR, nous avons rencontré des responDes randonnées à cheval sont aussi possibles. Pour une somme
sables enthousiastes, prêts à apprendre. Plus ils recevront de
modique, on peut également visiter le haras et faire des photos.
touristes, plus leur savoir-faire se peaufinera. Il n'existe pas
A Dragus, 3 km à l'ouest de Sâmbata, on trouve le centre
encore d'activités précises proposées aux voyageurs mais cela
ethnographique et folklorique de la région, réputé en particuviendra.
lier pour ses danses populaires.
Martine et Jean Bovon-Dumoulin
Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica
Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs.
Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse.
Joindre un chèque de 23,10 € (port compris) à son ordre.
47
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Une loi permissive qui permettait
d'être dispensé d'impôts pendant dix ans
z
z
ORADEA
z
ARAD
z
CLUJ
TURDA
z
BRASOV
z
BACAU
z
SÂMBATA DE SUS
PITESTI
CRAIOVA
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z
z
z
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TIMISOARA
IASI
BRAILA
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
L'ANTREC :
3600 membres
46
L'ANTREC compte 3.600
membres. Chaque propriétaire de
pension paie une cotisation de 20 €
par année pour chacune de ses
chambres. Avec une moyenne de six
chambres, cela fait 120 € pour
l'année. Si on multiplie ce chiffre par
3.600, on obtient 432.000 € par an.
Ajoutons pour chaque pension, 10 €,
pour la parution de son adresse dans
le guide ANTREC et 18 € pour
l'abonnement à la revue "La vie à la
campagne" éditée à 5.0000 exemplaires. Il ne faut pas oublier la contre
valeur, toujours variable, des cours de
gestion d'agro-tourisme dispensés par
des employés d'ANTREC sans lesquels on ne peut pas ouvrir une pension… Et on obtient là le portrait
financier à peine esquissé
d'ANTREC, association "ne devant
pas faire de bénéfices", dans son rôle
d'arbitre devant veiller au respect des
normes définies. Un arbitre qui
encaisse des sommes énormes, non
pas dues aux prestations dispensées
à ses membres, mais à leur nombre.
Plus encore, le rôle d'arbitre se
confond avec celui de juge, à travers
la société de tourisme "Bran Imex",
dirigée par la présidente même
d'ANTREC, Maria Stoian. Si
l'ANTREC respectait les véritables
critères de l'agrotourisme, le nombre
de cotisants diminuerait sérieusement. En outre, il est reproché à cette
association de ne promouvoir véritablement que la région de BranMoeciu. Lorsque viennent des journalistes, il faut passer par là absolument. "Pourquoi ce déséquilibre énorme au niveau de la promotion avec
tout le reste du pays?" se demandent
les professionnels.
Personne ne s'élève contre cette interprétation "industrielle" de l'agrotourisme.
Mais qui devrait veiller au respect de sa frontière avec toute autre forme de tourisme?
Il existe des commissions dispensant les autorisations, dont font partie les représentants de l'Autorité Nationale pour le Tourisme (anciennement Ministère du Tourisme),
l'un représentant la mairie, l'autre l'ANTREC, la seule association touristique autorisée. En théorie, une pension est contrôlée tous les trois ans, mais jusqu'à maintenant
on n'a jamais vu un établissement disqualifié pour non respect des normes.
La dernière loi adoptée en 2002, sur proposition de l'ANTREC, est extrêmement
permissive, précisant par exemple que seuls 20 % des aliments servis doivent provenir de la production propre à l'établissement. Ainsi, n'importe quel motel pouvait, jusqu'il y a quelques mois, s'intituler "agro-touristique" et par là être dispensé d'impôts
sur le bénéfice durant 10 ans.
Pour quelle raison l'ANTREC, qui se dit "association ne faisant pas de bénéfices"
ne tient-elle pas à créer et à respecter les normes propres à l'agrotourisme, alors que
l'une de ses fonctions est de "contrôler la qualité des produits standards"? Tout simplement, parce que, selon les observateurs, son rôle officiel d'arbitre neutre, n'est qu'un
prétexte permettant de réaliser des affaires juteuses.
A Sibiu, on redonne son sens au tourisme à la campagne
Heureusement, pour le tourisme roumain, cette interprétation de l'agrotourisme
n'est pas générale, et certains s'en inspirent pour justement ne pas tomber dans les
mêmes pièges. C'est le cas de la ville de Sibiu, ou est née une association régionale de
tourisme, comptant 47 pensions membres, portant le nom "d'Association de Tourisme
Rural de Transylvanie" (ATRT). De la même
façon que d'autres associations existant en
Bucovine, Maramures ou Apuseni, l'ATRT essaie
d'imposer à ses membres des normes plus sévères
que celles de sa rivale. Le nombre maximum de
chambres est de 6. "Notre chance est justement le
fait que nous nous soyons développés plus lentement" dit Dumitru Campean, professeur d'histoire et propriétaire d'une pension de 4 chambres à
Gura Riului. (La Source du Ruisseau). "Ceci nous
permet de tirer les leçons des erreurs de ceux qui
ont converti l'agrotourisme en industrie".
Dumitru et son épouse Chivuta, ont modifié
la maison héritée de leurs parents, afin de lui
donner un aspect plus typique. "Ma mère regrette
que nous ayons remis des poutres et des poêles en
L’agro-tourisme, au contact
avec la vie rurale traditionnelle, terre cuite, comme en 1900" se rappelle Chivuta.
est très apprécié des Occidentaux. Pour les repas elle prépare de la sauce aigre de
veau, du rôti à la sauce de groseilles, de la topsa (mamaliga ou polenta) aux œufs et
à la crème, et fabrique son propre cascaval (fromage). Son concurrent le plus proche
se trouve à l'autre extrémité de Marginea Sibiului, dans la Vallée d'Argent de la rivière Cisnadioara; c'est la Pension Salistean. Bebe Salistean, un médecin vétérinaire, gère
cet établissement de 4 chambres. On trouve dans la cour de sa ferme tout ce qui peut
être rôti dans un four, et sa cuisine sent bon la sarriette. Il possède des chiens de traîneau, des cochons, de jeunes veaux qu'on peut caresser. Il vient même d'acheter un
âne, non pas qu'il en ait besoin, mais parce que ça fait bien dans le paysage.
Ces entrepreneurs roumains ont compris que les touristes viennent chercher justement ce qu'ils trouvent difficilement dans leurs pays: le respect des traditions, un
contact véritable avec la nature, une façon de vivre indifférente aux avancées de la
technique et surtout la chaleur de relations sincères entre les êtres, la soif de connaître
l'autre et l'envie de lui donner le meilleur de soi-même.
Actualité
La Roumanie compte dix sept aéroports
mais seuls quatre d'entre eux ont un avenir assuré
Economie
L'ombre du marché unique aérien se profile
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
z
SIBIU
z
SIGHET
BAIA MARE
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
L
'entrée de la Roumanie dans l'UE devrait ouvrir de
bonnes perspectives aux aéroports roumains, sous
réserve que des campagnes promotionnelles pour
attirer les compagnies aériennes soient menées par les acteurs
concernés" estime Alina Oana dans la lettre de la Mission économique française de Bucarest. "Les administrations des aéroports sont conscientes des opportunités qui apparaîtront à partir de 2007 lorsque les compagnies aériennes de l'UE pourront
voler sans restrictions à l'intérieur de l'espace aérien du marché
unique. Néanmoins, faute de financement ou d'implication de
la part des Conseils départementaux qui gèrent 13 des 17 aéroports du pays, seuls quelques uns auront des chances réelles
d'attirer du nouveau trafic, voire de survivre".
Myair, Blue Air, Alpi Eagles. Les besoins en investissements
de cet aéroport sont de 25 M€ pour la réhabilitation complète
de la piste".
Timisoara, second aéroport du pays
"Seuls Otopeni et Baneasa arrivent à financer leurs
dépenses d'entretien par les bénéfices d'exploitation. La plupart des autres aéroports du pays se trouvent dans une situation
contradictoire: d'une part, ils ne peuvent attirer les compagnies
aériennes à cause d'infrastructures obsolètes, d'autre part les
moyens pour investir manquent, les sommes allouées par les
Conseils départementaux étant insuffisantes.
L'aéroport de Timisoara est le deuxième aéroport du pays
en terme de trafic de passagers. La proximité de la frontière
Vers les trois millions de passagers
hongroise et le grand nombre d'investisseurs étrangers ont fait
annuels pour Otopeni-Coanda
de Bucarest-Timisoara la ligne domestique la plus rentable,
"L'avenir semble bien assuré pour les quatre principaux
opérée par Tarom (la compagnie aérienne nationale).
aéroports du pays disposant d'un emplacement stratégique et
L'investissement de 2 M€ réalisé au cours des deux dernières
dépendant du Ministère des Transport - Otopeni-Coanda et
années a généré une augmentation du trafic de 12%.
Baneasa (Bucarest), Constanta et
A l'opposé, se situe l'aéroTimisoara -, qui ont déjà réalisé
port de Suceava, dont le trafic a
connu une baisse importante.
d'importants investissements de
Depuis le mois de mars il commodernisation.
mence à fonctionner en régime
L'aéroport Otopeni-Coanda
d'aéroport international en
a bénéficié dans les dix dernières
misant sur les 300 000 personnes
années de 265 M€ d'investissede la région qui travaillent à l'éments pour l'agrandissement de
tranger.
sa capacité et de la surface de son
L'aéroport de Tulcea présenterminal passager, un financete
des
perspectives importantes
ment complémentaire de 86 M€
grâce
à
la proximité du Delta du
étant destiné à la modernisation
Danube.
Des investissements
des installations jusqu'en 2008.
L’aéroport international Otopeni
de Bucarest, après sa modernisation.
d'environ
2 M€ y ont été réaCes investissements qui, pour
moitié, proviennent de ses ressources propres, commencent à
lisés, les lignes vers Bucarest, Timisoara, Târgu-Mures,
porter leurs fruits: l'année passée le trafic d'Otopeni-Coanda a
Suceava et Iasi seront réactivées.
augmenté de 13%, soit 2,6 millions de passagers, un chiffre
Une solution pour le financement des aéroports serait la
record. Pour 2005, les estimations de progression se situent au
privatisation, schéma qui est pris en compte actuellement pour
même niveau et la barre des trois millions pourrait être approl'aéroport de Târgu-Mures, au centre du pays. La future autochée.
route Transilvania (Bucarest-Brasov-Cluj-Oradea) et la
La hausse la plus spectaculaire a été enregistrée par le
construction d'un parc industriel à coté de l'aéroport de Târgu2ème aéroport de la capitale, Baneasa (lignes intérieures du
Mures sont des prémices qui devraient assurer son avenir,
pays), le trafic ayant quintuplé par rapport à 2002, suite prinespèrent les autorités locales qui estiment les investissements
cipalement à l'entrée sur le marché des compagnies low-cost
nécessaires à sa modernisation à 16 M€ environ".
Un nouvel hôtel Ibis à Bucarest
L
e groupe français Accord et
les Hôtels Continental ont
ouvert, fin septembre, le 3ème
hôtel Ibis de Roumanie et le second de
Bucarest, après celui situé près de la Gare
du Nord. L'Ibis Bucuresti Parlement se
trouve à proximité du Palais de Ceausescu, devenu siège du Parlement roumain, dans le centre de la capitale. Classé
trois étoiles, il dispose de 161 chambres,
tout confort, d'un restaurant de spécialités
méditerranéennes, d'un bar ouvert en per-
manence, et de six salles de conférences
d'une capacité maximum de 140 places.
Managé par le groupe Accord, cet ancien
hôtel Continental a été rénové pour
8,5 M€. Les tarifs des chambres sont de
74 € en semaine et de 54 €, le week-end.
7
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Economie
z
z
z
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ORADEA ZALAU
z
z
ARAD
DEVA
z
BAIA MARE
SATU MARE
SUCEAVA
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BISTRITA
TARGU MURES IASI
z
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SIBIU
TIMISOARA
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SF. GHEORGHE
BRASOV
PITESTI
CRAIOVA
BRAILA
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TULCEA
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„
BUCAREST
CONSTANTA
z
La BCR attribuée
à une banque
autrichienne
8
Les investissements étrangers
ont baissé de 20 % en 2005
z
z
z
Plus grosse privatisation restant à
effectuer, la BCR (Banque Commerciale Roumaine), plus grande banque
du pays, a été cédée à la banque
autrichienne Erste Bank, qui en a pris
le contrôle majoritaire pour la somme
de 3,75 milliards d'euros. Jusqu'ici la
BCR était détenue par l'Etat roumain
(37 % des parts), la BERD (Banque
Européenne pour la Reconstruction
et le Développement) et l'IFC (filiale
de la Banque Mondiale) étant ses
deux autres grands actionnaires.
Les chemins de fer
ont perdu 10 %
de leurs passagers
Année noir pour la CFR (Chemin
de Fer Roumains) qui comptait
atteindre les 100 millions de passagers en 2005. La compagnie a du se
contenter de 90 millions, soit 10 %
en moins sur les prévisions. Raisons
invoquées: les vingt jours de grève
qu'elle a connues et les inondations
qui ont fortement perturbé le trafic au
cours du printemps et de l'été.
60 milliards d'euros
pour le développement
entre 2007 et 2013
Le Plan National de Développement (PND) pour la période 20072013, a été estimé à près de 60 milliards d'euros, dont 43 % seront
financés par l'UE. Il devrait permettre
de réduire de 10 % l'écart enregistré
entre le PIB roumain et celui de la
moyenne des 25 états membres de
l'UE, le premier ne représentant
actuellement que 31 % du second.
De grosses opportunités d'installation
ont été gâchées, relevant nombre de
carences, administratives et humaines
L
'Agence Roumaine pour les Investissements Etrangers (ARIS) estime
ceux-ci entre 3,2 et 3,8 milliards d'euros en 2005, soit une baisse de 20 %
et un manque à gagner de 800 M€ par rapport à 2004. Plusieurs "couacs"
ont illustré les carences roumaines dans ce domaine tout au long de l'année passé, que
l'on peut résumer à des réglementations inadaptées, un manque de terrains et de zones
viabilisés, et des comportements manquant de réactivité. L'exemple le plus frappant,
qui a conduit à une enquête demandée par le Premier ministre, concerne l'implantation
ratée à Cluj de la firme française Montupet, spécialisé dans les composants automobiles, qui prévoyait un investissement de 120 M€. Après avoir été lanternée pendant
cinq mois par le Conseil du Judet (équivalent du Conseil général) pour l'acquisition
d'un terrain, que celui-ci ait mégoté les avantages octroyés pour l'installation de la
société et fait tarder ses propositions, cette dernière a finalement choisi de s'installer à
Ruse, sur les bords du Danube… mais côté bulgare.
Autre "loupé" avec le constructeur de camions allemand MAN, prêt à investir
40 M€, à la recherche désespérée d'un terrain équipé de 150 hectares que personne n'a
pu lui proposer en Roumanie, sauf Arad… où le problème s'est révélé autre: la firme
voulait être sûre de pouvoir engager 3000 personnes, ce que ne pouvait lui garantir les
autorités, invoquant le taux de chômage bas de la région. MAN a finalement pris le
chemin de la Pologne.
Le fabricant d'électroménager français Elcobrandts a également choisi ce pays qui
faisait des propositions supérieures à celles de Bucarest pour l'installation d'une usine
initialement pressentie à Dragomiresti, dans la banlieue de la capitale.
L'investissement prévu était de 23 M€, devait aboutir à la création de 800 emplois et
à la production annuelle de 350 000 machines à laver.
Quand au polonais Barlinek, désireux d'ouvrir en Roumanie une grosse unité de
fabrication de parquet stratifié, son projet se trouve dans l'impasse, Romsilva (organisme chargé de gérer la production de bois roumaine) tardant à lui apporter des assurances sur la fourniture pendant dix ans des 160 000 m3 dont il aura besoin annuellement. Avec ses seuls quatre contrats qui lui passent, ou risquent de lui passer, sous le
nez, la Roumanie a perdu près de 250 M€ d'investissements.
Profits à pas de géant pour l'éleveur… d'escargots
F
rancisc Lascu, 40 ans, avait teurs italiens - Italiens, Espagnols et
décidé d'ouvrir une ferme bien Français sont les principaux consommaque ne
teurs d'escargots
connaissant rien à
du continent - qui
l'agriculture. Cet
lui ont fourni
ingénieur de la
équipement,
région de Craiova
conseils et surtout
(Dolj) a donc cherdébouchés. Franché une spécialité
cis Lascu a acquis
peu développée en
six hectares de
Roumanie
et,
terrain près de
après avoir lonUne ferme d’élevage d’escargots: Craiova qui lui
une pratique jusqu’ici inconnue en Roumanie.
guement consulté
permettent
de
Internet et s'y être documenté, a opté pour récolter dix tonnes à l'hectare (15-20
l'élevage d'escargots, pratiquement escargots au mètre carré), vendus 4,2 €
inconnu en Roumanie. Le Doljean a réus- le kilo en Italie. Son profit net a été ainsi
si à entrer en contact avec des produc- de 40 % dès la première année, en 2004.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
300 pensions, certaines gigantesques, ont poussé comme des champignons
en train de tuer l'agrotourisme ?
Malheureusement, l'agrotourisme tend à devenir une vériL'hôtesse, Nicoleta Preda, est dans sa cuisine. Une femme
table
industrie. Un de ses hauts lieux se trouve dans la région
entre deux âges, ne quittant pas des yeux les ouvriers qui terminent une deuxième salle à manger de 60 places, dans laquelde Bran et de Moeciu, deux communes se trouvant à une trenle les touristes fêteront le Réveillon de fin d'année. Par comtaine de kilomètres de Brasov. Des citadins prospères y ont
paraison, la salle actuelle avec ses 35 places ressemble à la
construit des grappes de maisons de quatre étages, le paradis,
petite cantine d'une entreprise d'état.
selon eux, d'une fin de semaine réussie à la montagne.
Ancienne cantinière de l'armée, Nicoleta Preda a comQuelque 10.000 touristes y viennent par mois attirés par
mencé en investissant l'argent qu'un atelier de mécanique avait
l'air pur de la montagne et les promesses des agences de tourapporté à son mari. Elle disporisme. C'est ici qu'est né en 1994
sait alors de trois chambres. La
l'ANTREC (Agence Nationale
décoration révèle ses goûts, elle
de Tourisme Rural, Ecologique
qui avait rêvé toute sa vie d'habiet Culturel), la plus importante
ter en ville: des termopans, bien
entité juridique de promotion du
sûr, des teintures en plastique
tourisme rural roumain.
orange, des carreaux en faïence
Durant ces dernières années
partout, de la moquette couvrant
Moeciu a vu se construire 500
le sol, des tableaux de champs de
maisons de vacances et Bran
foire. Dans presque toutes les
quelque 200. S'y ajoutent 200
maisons de Moeciu de Sus, les
pensions à Moeciu et une centaimêmes draperies, toujours en
ne à Bran. Des maisons giganplastique orange montent la
tesques, de plus de 15 chambres,
garde devant les termopans, aux
baptisées "pensions agro-touriscôtés des chaises en inox, aux
tiques". Il existe aussi, heureuA Moeciu de Sus, près de Brasov, la Pensiunea Nicoleta,
dossiers en imitation de fourrure.
avec ses 21 chambres et sa cantine de 60 places, sement, des pensions de 4 à 5
est le contre-exemple du véritable agro-tourisme. chambres, dans lesquelles on
Quant à la cuisine normalement
élaborée avec les produits de la ferme, Nicoleta avoue: "Selon
retrouve le véritable agrotourisme. Toutes les maisons en cours
le nombre de personnes qui arrivent, je cours des fois jusqu'à"
de construction incarnent par leur taille, la négation même du
METRO "pour acheter un poulet". Mais elle jure qu'elle a le
principe d'intimité. La Pension Maria Clinciu, 18 chambres, la
temps de s'occuper de tous les touristes, même lorsque la maiPension Ioana Monte Carlo, 20 chambres, la Pension
Luminita, 24 chambres, se disent toutes "d'agrotourisme".
son est pleine. "Nous faisons de l'agrotourisme ici… Quoi
d'autre?", dit-elle, visiblement dérangée par la question.
Hôte et non client
L'agrotourisme est la branche la plus noble du tourisme
rural. Du tourisme rural, c'est aussi ce que fait n'importe que
hôtel, par le simple fait d'être situé à la campagne. A Moeciu,
le Complexe "Cheile Dimboviciorei" (les Gorges de la rivière
Dambovicioara) sont une copie réussie d'une bâtisse bavaroise, comprenant des dizaines de chambres, mais personne ici
n'a la prétention de faire de l'agrotourisme.
L'agrotourisme se pratique dans une maison de tout au
plus six chambres. Quatre aspects en font la différence avec
toute autre forme de tourisme. Il doit s'agir d'une habitation
rurale; on y sert les aliments provenant de sa propre production; on propose aux invités des activités telles que traire la
vache ou faire les foins, car de cette façon, les relations d'amitié naissent facilement entre l'hôte et ses invités à la différence
de celles d'un hôtelier avec ses clients. Le degré de confort se
compte en marguerites et non pas en étoiles comme dans les
hôtels.
On retrouve ces particularités dans le Manuel de gestion
d'agrotourisme de Maria Stoian, responsable de l'ANTREC,
qui devrait faire du touriste un hôte et non pas un client.
Sauna et jacuzzi… mais même pas un œuf dur
La Villa Bucegi, à laquelle l'ancien ministre du Tourisme,
Agathon, avait accordé cinq marguerites, est une bâtisse sévère, arborant les mêmes draperies, des fenêtres termopan et
beaucoup d'inox pour la décoration. Baptisée "villa" afin de
pouvoir dépasser le nombre de chambres autorisé pour une
pension, elle s'est intitulée "pension agro-touristique" alors
qu'on n'y trouve rien à manger, pas même un œuf dur. Par
contre elle est équipée d'un sauna et d'un jacuzzi.
A Bran, près d'un supermarché, de nombreuses indications
encouragent le touriste à faire halte à "Stâna traditionala" (la
Bergerie traditionnelles), un complexe de villas portant le nom
de la commune. Il comprend quatre bâtisses de 9 chambres
chacune - le maximum autorisé par la loi confie une fonctionnaire installée derrière un bureau surmonté de l'écriteau
"Réception" - un restaurant de 40 places, aux pieds d'une colline, et plus haut, une autre auberge proposant 75 places.
En y accédant, on peut caresser, à travers les mailles d'un
grillage, un cerf, une biche et un poney, qui donnent à l'endroit
une touche "nature". Si on souhaite prendre en photo le berger
trayant ses moutons, il faudra faire partie d'un groupe constitué, et avoir téléphoné au préalable.
(Lire page suivante)
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Tourisme
z
ORADEA
ARAD
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CLUJ
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SUCEAVA
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BISTRITA
IASI
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SIBIU
TIMISOARA
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MURES
GALATI
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CRAIOVA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
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Cinq principes
pour un véritable
agro-tourisme
44
Economie
Les Roumains sont-ils
z
BAIA MARE
z
Dans les vallées de Bran et Moeciu,
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Maria Stoian, présidente de
l'ANTREC, confie qu'un certain
nombre de pensions ont été exclues
de son association pour ne pas avoir
respecté les réservations ou pour
avoir augmenté leurs prix au moment
où le client se présentait pour prendre
possession de sa chambre. Mais elle
ne se souvient d'aucun exemple de
pension exclue pour ne pas avoir respecté les règles de l'agro-tourisme.
Quelles sont ces règles ? Cinq
principes distinguent le véritable agrotourisme:
1 - le nombre de chambres ne peut
être supérieur à six, et l'architecture
doit être représentative de la région;
2 - la nourriture se veut traditionnelle et 60 % des produits proviendront de la récolte propre de l'établissement;
3 - l'accueil doit être amical et le
touriste traité comme un invité;
4 - on proposera aux hôtes d'assister à des activités spécifiques à l'endroit: travaux des champs, repas des
animaux, travail du bois, mariage,
baptême, danses à la faveur des
fêtes;
5 - l'agrotourisme est d'autant plus
véritable lorsque les pensions sont
peu nombreuses dans une même
région.
L
orsqu'on demande à un étranger ayant séjourné souvent en Roumanie,
quelle est la meilleure façon de s'y loger, la réponse est invariablement:
"chez l'habitant". En effet, les hôtels roumains, sauf de rares exceptions,
peuvent être classés en trois catégories: les uns, bâtis entre les deux guerres mondiales,
imposants de beauté, mais aux équipements vieillots et peu confortables, gérés le plus
souvent par des personnes n'ayant pas vraiment de compétences en matière d'hôtellerie, les autres, construits durant la période communiste, aux immenses salles grandioses et glaciales, tout comme l'accueil qu'on vous y réserve, pratiquant des prix
exorbitants, et puis les nouveaux palaces, gratte-ciels jurant dans le paysage, impersonnels, servant une nourriture aussi universelle que dénuée de goût, plus chers souvent que ceux proposés par l'hôtellerie française.
Chez l'habitant, par contre, les amoureux de la Roumanie ont tous connu des
séjours de rêve où dans une maison campagnarde toute simple, et pas forcément
confortable, leurs hôtes se mettaient en quatre pour leur faire plaisir. Ils y ont fait leur
toilette au robinet de la cour, ou bien dans une baignoire installée récemment mais
dans laquelle on jetait des seaux d'eau chauffés sur le poêle à bois. Ils gardent le souvenir ému de petits déjeuners mémorables et gargantuesques ainsi que ceux de soirées
passées dans le jardin, entourés par les voisins, buvant de la tsuica et mangeant des
pâtisseries faites par la maîtresse de maison. Ils y ont chanté à
tue tête jusqu'au petit matin, des
chansons à boire françaises,
dont les plus âgés de leurs hôtes
connaissaient mieux les paroles
qu'eux-mêmes.
Mais tout évolue très vite
en Roumanie. D'une année à
l'autre les traditions laissent le
pas à une copie, pas toujours
réussie de ce qu'on trouve en
Occident et surtout à ce qui rapporte le plus d'argent. Dans certaines régions, le nombre de pensions dépassent de très
loin la demande. C'est le cas en Bucovine où l'agrotourisme apparaît comme un
Eldorado et où les pensions poussent comme des champignons. Des familles se ruinent pour entreprendre des travaux d'aménagement dans leur maison; il arrive même
qu'on ne puisse plus payer les médicaments lorsqu'on est malade, à cause de l'endettement. Pour attirer l'attention des touristes, on construit au bord même des grandes
routes, sans comprendre qu'ils sont avant tout à la recherche du calme et de l'authenticité. L'agrotourisme devient alors un miroir aux alouettes. Mais peut-on reprocher à
quiconque de chercher à mieux vivre?
Des salles à manger de 60 places
Né, voici plus d'une décennie, l'agrotourisme roumain atteint l'âge de la puberté,
mais il grandit de façon étrange, moitié homme, moitié termopan, ces fenêtres à
double vitrage, réalisées dans des matériaux modernes et isolants, et très à la mode.
La maladie qui le ronge de l'intérieur est due à ses propres initiateurs qui en ont fait
une industrie.
Dans une rue de Moeciu de Sus (Brasov) se bousculent des dizaines de maisons
dans lesquelles se précipitent en fin de semaine les habitants de la capitale, lesquels
en rentrant chez eux, racontent à qui voudra les croire qu'ils ont fait de l'agrotourisme.
Voici la pension "Nicoleta": deux corps de bâtiment, l'un comprenant 7 chambres,
l'autre 14, une énorme terrasse, une salle à manger garnie de tables à dix places Des
ouvriers y travaillent pour agrandir encore cette maison-mamouth.
Actualité
La privatisation de SIDEX Galati:
une affaire… en acier pour son repreneur
Q
consommateurs mondiaux par le biais de son réseau. Les deux
uand, en novembre 2001, SIDEX Galati a été
tiers de sa production sont exportés et le groupe détient 90-95
repris par le géant mondial du secteur de l'acier, le
% des parts du marché roumain.
groupe anglo-indien Mittal Steel, le combinat
Par étapes, qui viennent de s'achever, le personnel a été
sidérurgique perdait un million de dollars par jour. Trois ans
réduit de 30 000 à 18 000 salariés. Les employés
après, il a dégagé un profit de 450 millions de
licenciés ont reçu une prime d'environ 4000 € et
dollars, sur la seule année 2004 et est devenu la
une indemnité mensuelle de 60 € pendant un an
première compagnie privée de Roumanie avec
maximum.
un chiffre d'affaires annuel de 2,1 milliards de
Le groupe, qui est présent dans 14 pays et
dollars, contre 880 millions, lors de sa privatisasur
4
continents, réalisant un chiffre d'affaires de
tion. Dans le même laps de temps, sa production
22
milliards
de dollars en 2004 pour une proest passée de 3,7 millions de tonnes à 5 millions.
duction
de
70
millions de tonnes, a surtout bénéEn état de faillite, le combinat avait été
ficié
d'une
conjoncture
mondiale exceptionnelle,
racheté pour une bouchée de pain - 70 millions
le
prix
de
la
tonne
d'acier
passant de 200 dollars
de dollars - par son nouveau propriétaire, un
la
tonne,
en
2003,
à
600
dollars,
un an plus tard.
anglo-indien, notamment grâce aux pressions de
Cette
situation
pourrait
ne
pas
durer et des
Tony Blair sur le gouvernement Nastase et
analystes
estiment
que
Mittal
Steel
pourrait
quelques sombres arrangements, incluant, selon
Le puissant patron
Lakshmi Mittal. mettre la clé sous la porte à Galati, si le groupe
la presse britannique, pots de vins et versements
n'y dégageait plus de bénéfices, la privatisation ayant été faite
aux fonds électoraux du Labour Party… provoquant le dépit
sans qu'aucun garde-fou n'ait été prévu.
du français Usinor, qui a vu l'affaire lui passer sous le nez.
Le groupe anglo-indien détient aussi des combinés à Iasi,
Le repreneur s'était engagé à investir 350 millions de dolRoman et Hunedoara et vient d'acquérir le combinat bulgare
lars pour le moderniser, ce qu'il n'a pas fait de façon significade Kremikovtzi. Il a également porté de 11 à 89 % sa particitive jusqu'ici, redressant les comptes par une meilleure gestion.
pation dans Romportmet, l'opérateur du port de Galati, dont il
Ainsi les intermédiaires ont été supprimés, Mittal Steel se
était le principal client.
chargeant lui-même de vendre son acier auprès des grands
L
es Roumains aiment les
glaces. La profession a établi
le profil de ses amateurs et
leurs goûts. Bien sûr, les enfants de moins
de seize ans arrivent en tête, mais sont
suivis par les personnes âgées et celles
appartenant à des familles ayant des
petits revenus ou moyens, les glaces étant
un produit peu coûteux.
En tête des préférences des Roumain
vient la glace au chocolat, et particulièrement en Moldavie; suivent les glaces à la
vanille et au cappuccino, notamment
appréciées par les Bucarestois. Les
Transylvains aiment les produits plus
sophistiqués: glaces aux fruits des bois,
Les Roumains friands de glaces au chocolat
aux griottes…Pour les fabricants, la
meilleur saison se situe au printemps et
en automne. En effet, l'été ils sont obligés
de restreindre leuractivité, beaucoup de
détaillants n'étant pas suffisamment
équipés pour conserver leur stock à l'abri
de la chaleur.
Plus de soixante firmes se partagent
le marché, certaines ayant de petites
capacités de production, de l'ordre de 3
tonnes quotidiennement, d'autres pouvant
dépasser les 50 tonnes. Le numéro un est
Nestlé Roumanie, suivi d'European Food.
La marge de développement des fabricants est encore grande, les professionnels estimant que le marché ne devrait
arriver à saturation que dans un an ou
deux.
La Roumanie a exporté 800 tonnes
de glace pour une valeur de 1,5 M€
(10 MF), l'an passé, en premier lieu vers
la Hongrie (600 tonnes), et aussi vers la
République Tchèque, la Slovaquie,
l'Ukraine, la Moldova, la Bulgarie et la
Croatie.
En sens inverse, elle en a importé
270 tonnes, pour un coût de 550 000 €
(3,6 MF), principalement en provenance
de Turquie, qui pratique des prix défiant
toute concurrence, faisant crier au "dumping" les firmes roumaines, mais également de France (32 tonnes).
Premiers bénéfices pour Renault-Dacia
A
près cinq exercices déficitaires, Renault-Dacia a
enregistré ses premiers bénéfices en 2005, grâce à
l'explosion des ventes (+ 85 %), due au phénomène
de la Logan.
Le constructeur a même dépassé son objectif qui était d'atteindre un chiffre d'affaires de un milliards d'euros, réalisant 1,1
milliards, soit cinq fois plus qu'en 1999, année de sa reprise par
Renault, lequel a apporté depuis 650 M€ d'investissements.
La firme de Pitesti entre ainsi dans le club très fermé des
quatre sociétés réalisant un chiffre d'affaires annuel en
Roumanie supérieur à un milliard d'euros (dans l'ordre, Petrom,
Sidex, Petromioda et Métro). Elles n'étaient que deux en 2003
(Petrom et Sidex), mais pourraient bientôt être rejointes par un
sixième larron, RomTelecom (800 M€ de CA en 2004).
9
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Social
L
Tara Oasului
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Le marché porteur
de la traduction séduit
près de 10 000 jeunes
10
France ou Roumanie :
En Roumanie, de nombreux
jeunes, ne comptant que sur euxmêmes face à une situation économique difficile, sont hantés par une
obsession: monter leur propre affaire.
Actuellement, une opportunité est à
saisir: la traduction autorisée, un marché très porteur. La demande est en
constante augmentation et l'investissement initial est vite amorti. Deux
points noirs néanmoins: pour l'Etat,
un important manque à gagner
puisque la majorité des établissements ne déclarent pas leur activité et
pour le client, l'obligation de faire le tri
parmi des traducteurs plus ou moins
consciencieux.
D'une année sur l'autre, ce secteur
d'activité enregistre une croissance
de 20 à 30 %. Et le marché n'est pas
prêt de s'essouffler puisque les investisseurs étrangers- donc des futurs
clients - sont de plus en plus nombreux et importants ainsi que la
demande en produits électroménagers pour lesquels la traduction des
modes d'emploi est obligatoire.
Pour un entrepreneur modeste,
l'investissement initial s'élève à environ 1500 € (10 000 F) : quelques
ordinateurs, une imprimante et des
équipements de bureau. Pour les plus
ambitieux, visant déjà les grandes
compagnies étrangères, l'investissement sera plus élevé, autour de
3000 € (20 000 F): dotation des
bureaux, location du lieu de travail,
voitures de fonction, salaires des
employés... Mais le jeu semble en
valoir la chandelle: selon le niveau
des investissements, la somme de
départ s'amortit en un à cinq ans.
es causes de la pauvreté sont les mêmes en France, qu'en Grande-Bretagne,
en Espagne, au Portugal, en Roumanie, en Pologne et en Russie, malgré les
différences historiques, économiques et sociales entre ces sept pays,
indique une étude de l'Insee parue fin décembre.
"Partout, le bas de la hiérarchie socio-économique est composé de familles avec
plusieurs enfants à charge ou de parents isolés, de ménages comportant des personnes
handicapées ou des chômeurs, de foyers dont le chef ayant un emploi est peu qualifié", écrit l'Insee dans "Les approches de la pauvreté à l'épreuve des comparaisons
internationales". Elle prend soin de préciser que "l'extrême dénuement est sans doute
marginal dans l'Europe de 2000".
Si le profil des pauvres est le même, "il n'en va pas de même de leurs modes de
vie" (travail, dépenses, entraide)". "En Roumanie", illustre l'Insee, "l'alimentation est
de loin le premier poste du budget des ménages les plus pauvres et obère toutes les
autres dépenses. En France, au contraire, les ménages les plus pauvres ne consacrent
que "4 % de leur budget en plus" à l'alimentation par rapport à la structure médiane
Réveillon des "pauvres"
M
ettant en avant la fibre
sociale de son parti,
Marian Vanghelie, maire
du 5ème secteur de Bucarest et seul élu
de la capitale à ce niveau du PSD (Parti
Social Démocrate d'Adrian Nastase et
Ion Iliescu) a organisé un réveillon des
"pauvres" à l'occasion du Nouvel an, destiné aux retraités et baptisé "Réveillon des
seniors".
Un millier de places leur étaient
réservées dans les halls de Rom Expo, le
pavillon des expositions, sur les 6500
prévues. Toutefois les bénéficiaires
devaient acquitter 11 €, soit près d'un
quart d'un salaire minimum ou d'une pension des plus démunis, au lieu des 34 €
exigés des autres convives.
Dès la mise en vente des billets, délivrés sur présentation de la carte d'identité, ce fut une véritable bousculade, 3000
personnes se pressant pour essayer d'en
obtenir. Pour beaucoup, cela représentait
un sacrifice mais aussi un moment de
bonheur espéré et devenu rare, où de
vieux messieurs pouvaient danser avec
leur femme sur des airs de musique populaire, comme autrefois.
Beaucoup ouvraient de grands yeux
en découvrant le menu : dindon en gelée,
vol au vent Marshall ("Mais qu'est ce que
c'est que çà?" entendait-on), saumon
fumé, œuf garni aux queues d'écrevisses,
salade Waldorf, roulade diplomate… et
coupe de champagne roumain.
L'ambiance était assurée par des
groupes réputés: le taraf de Clejani, qui
se produit dans le monde entier, l'ensemble "florile Izei" du Maramures, les
Haiducs de Vâlcea, Gheorghe Turda,
Petrica Matu Stoian et le chanteur italien
Zucherro.
Tara Oasului fournit 40 %
A quatorze ans…
D
e plus en plus d'enfants de 14 ans ou moins quittent la Roumanie pour
aller mendier, voler, se prostituer à l'étranger, révèle une enquête menée
par la Fondation Roumaine pour les Enfants, les Communautés et les
Familles, une institution soutenue par l'UNICEF. Et si, plus d'un quart des mineurs qui
arrivent devant le juge des enfants de Paris sont Roumains, 40 % d'entre-eux proviennent de la même région, quatre communes qui forment la Tara Oasului, dans le
Maramures.
Sur place, l'enfant qui arrive à 14 ans est considéré comme un adulte. On attend
qu'il ramène de l'argent, même si cela signifie pour sa famille de le laisser partir. Et le
départ n'est pas difficile: dès cet âge, l'enfant a le droit à un passeport personnel, avec
l'accord de ses parents, le document devant être simplement légalisé devant le notaire. Il suffit ensuite de le faire accompagner par un adulte pour passer la frontière rou-
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Echanges
Connaissance et découverte
Saint-Leu-Izvoru: une amitié qui réchauffe
les cœurs... et amène un dispensaire tout neuf
I
zvoru-Berheciului revit. La commune très démunie,
située en Moldavie, à quelques kilomètres de Bacau,
se sentait bien à l'écart du monde moderne. Comme
ses voisines, avec ses six villages, on n'y trouve guère plus
qu'une population âgée et des enfants, les adultes partant travailler à l'étranger. Pourtant les habitants se réchauffent à
l'amitié que leur procure leur relation avec Saint-Leu la Forêt (Val
d'Oise) dans la région parisienne et
qui se concrétise de façon spectaculaire par l'ouverture cette année
d'un dispensaire tout neuf chargé
de remplacer celui qui existait mais
était en état de délabrement.
Il s'agit de la première maison
rurale construite aux normes
européennes, dans le secteur, avec
eau courante, chauffage central,
double vitrage. D'utilité publique évidente pour la population,
le bâtiment comprend un cabinet médical, un cabinet dentaire,
des salles de soins et un appartement de fonction pour les
médecins. Un "luxe" dont on n'aurait jamais rêvé sur place et
qui change déjà la façon d'y voir la vie.
L'affaire n'a pas été simple à mener. Il a fallu l'opiniâtreté
de l'association "Amitié Roumaine Saint-Leu-Izvoru-Berheciului" et de sa présidente, Raluca Moulinier, de son représentant
sur place, Dinu Apostu, de l'association partenaire hollandaise
Betania et le soutien de la mairie d'Izvoru pour que le projet
aboutisse. Lancés en mai 2004, les travaux aboutissent seulement maintenant, retardés par les intempéries mais aussi par
des raisons locales d'ordre administratif et politique qui, dans
d'autres endroits, ont découragé les bonnes volontés.
L'ouverture du dispensaire a
été précédée, l'été dernier, par celle
d'un point de distribution de produits pharmaceutiques qui faisait
cruellement défaut, installé dans
l'ancien cabinet dentaire. La population a grandement apprécié ce
geste de l'association d'amitié qui
lui a permis d'aborder l'hiver en
étant assurée de disposer d'un minimum de médicaments.
Les relations entre les deux
communes ne se limitent pas toutefois aux seuls aspects humanitaires. Des échanges d'étudiants et d'enseignants ont déjà eu
lieu dans les deux sens, et les écoles primaires et maternelles
d'Izvoru ont reçu des livres et du matériel pédagogique. Enfin,
à Noël dernier, "Amitié Roumaine" a soutenu l'organisation
d'un spectacle folklorique présenté pour les adultes et les
enfants par la troupe d'élèves du collège Cancicov de Bacau.
Une première à Izvoru, qui a réchauffé les cœurs.
Blagues à la roumaine
Humour
Cri du corps
Cornel rentre préoccupé chez lui et
interpelle sa femme :
- Dis donc, j'ai appris que l'administrateur de l'immeuble a couché avec
toutes les femmes de notre bloc sauf
une… Tu es au courant ?
- Oui, oui, chéri, c'est la voisine du
dessous.
Retrouvailles
Un violoniste tsigane est chargé
d'animer une soirée de nouveaux riches
d'après la "Révolution". Au cours de la
fête, un invité le questionne devant toute
l'assemblée:
-Dis moi, Tsigane, tu as joué autrefois aussi pour le Parti
-Eh oui, patron,
-Mauvais mon gars, mauvais…
-Pour la Securitate, aussi ?
-Fallait bien, patron, qu'est-ce que je
pouvais faire ?
-Et pour la nomenklatura ?
-J'étais bien obligé.
Le pauvre musicien rentre chez lui
sous les regards chargés de reproches des
néo-millionnaires et raconte sa mésaventure à sa femme :
-Mais tu ne pouvais pas leur
répondre que tu n'y avais jamais mis les
pieds ?
-Ils ne m'auraient pas cru … Ils y
étaient tous !
Contraception
Adriana explique à sa grand-mère
qu'elle prend la pilule et lui demande :
- De ton temps, vous ne connaissiez
pas çà ?
- Comment ? Bien sûr que si ! On
avait l'aspirine…
- ????
- … Le pope nous disait d'en mettre
une entre les genoux et de les garder bien
serrés.
Mesures sociales
Après avoir lancé son programme
"Laptele si cornul" (du lait et un croissant) destiné à assurer un vrai petit-déjeuner aux élèves des écoles, afin qu'ils travaillent sans avoir le ventre vide, Adrian
Nastase va visiter un asile de fous où les
52 pensionnaires se prennent pour lui.
C'est un choc pour le Premier ministre,
tant leur ressemblance est frappante:
joues roses, double menton, ventre naissant… Mais il se fait traiter tout de suite
d'imposteur par ses doublures et une
mêlée s'engage. Le directeur de l'asile a
du mal à séparer les protagonistes et surtout à reconnaître le vrai Nastase.
Finalement, il se décide, en choisit un et
le ramène à son chauffeur.
Une semaine plus tard, le gouvernement annonce le deuxième volet de ses
mesures sociales, afin de donner de l'énergie aux travailleurs dans leurs entreprises, "Tsuica et cozonac" (Tsuica et
brioche).
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Traditions
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Mise à l'écart
par les communistes
42
Après la guerre, sous le régime
communiste, Mariana Dragescu
obtient un poste d'instructeur de
pilotes à Brasov, puis est brutalement
congédiée en 1957. Elle travaillera
alors comme secrétaire dans une clinique, touchant un salaire très faible.
L'heure de la retraite venue, l'administration ne reconnaîtra pas ses états
de services, ce qui lui aurait permis
de doubler sa pension de misère.
Après la "Révolution", certains
Roumains se rappelleront de la formidable épopée de "l'Escadrille
blanche" et Mariana sortira de l'oubli.
Elle a 78 ans. On la fait lieutenantcolonel de réserve et elle reçoit
l'"Etoile de Roumanie", avec le grade
de chevalier. L'Armée se préoccupe
de son sort, lui fait parvenir à manger
deux fois par semaine, depuis la
popote, et lui procure un médecin
militaire. "Mais je n'en ai pas eu
besoin… je n'ai jamais été malade"
précise-t-elle.
En France, dans les années 80-90,
la pilote roumaine est également
honorée, recevant le diplôme de
reconnaissance des "Vieilles Tiges",
association qui regroupe les pilotes
vétérans français. Dans son ouvrage
Femmes de l'air, chronique d'une
conquête, paru aux éditions FranceEmpire en 1993, Marie-Josèphe de
Beauregard lui consacre un épisode.
Sans-doute le destin de Mariana
Dragescu aurait-il réservé de fabuleuses surprises si, à l'âge de 35 ans,
les communistes n'y avaient mis un
terme. La très vieille dame le regretteelle? "Je suis fière d'être restée féminine dans un univers et un métier
d'homme” se contente-t-elle de
répondre.
Des fromages roumains
au goût de trop peu
S
i les habitudes culinaires des Roumains proposent le fromage à chaque
repas, il est bien difficile de trouver de la variété" remarque notre confrère
"Regard franco-roumain", publié à Bucarest, dans un article signé
Luculus. "Lors de la fête nationale française, le 14 juillet dernier à la résidence de
l'ambassade de France, le Président Iliescu, interviewé sur les fromages français, avait
cité la phrase du Général de Gaulle (NDLR: attribuée aussi à Churchill): "un peuple
ayant plus de trois cents variétés de fromages est ingouvernable". On peut se demander si, à l'inverse, un peuple avec si peu de fromages est gouvernable !
La fabrication des fromages roumains - les ancêtres des Roumains, au
temps des Daces déjà, étaient des agriculteurs et des bergers - exprime une
longue tradition. D'ailleurs le mot "brânza" (fromage) fait partie du fonds lexical
dace qui nous a été transmis, un fonds
très restreint, mais qui donne une idée du
mode de vie des ancêtres des Roumains.
Les bergers, à travers le processus de la
transhumance, jouent un rôle déterminant dans l'unité des trois provinces
roumaines de la Valachie, de la Transylvanie et de la Moldavie. Il s'agit là d'unité de
langue, mais aussi de culture, de traditions, de coutumes. Les recettes de fabrication
des fromages roumains sont gardées précieusement et transmises de père en fils, et
l'on peut ainsi constater qu'elles n'ont pratiquement pas varié au fil des siècles.
Lait de vache, de brebis et de bufflonne
Les fromages roumains sont préparés à partir de lait
de vache, de brebis ou de bufflonne - le buffle est présent
dans plusieurs endroits de la Transylvanie (les régions de
Brasov, de Sibiu, de Salaj). Cette production s'articule
autour de la telemea - le type de fromage le plus répandu
préparé avec de la présure, égoutté et coupé en gros cubes.
La telemea est ensuite salée, conservée dans la saumure et
connaît plusieurs stades de maturation.
- Le fromage frais (branza proaspata) est généralement préparé à partir de lait de vache, c'est pourquoi il est
appelé aussi "branza de vaci" et il n'est pas salé du tout.
- L'urda est un fromage très riche en protéine et pratiquement sans graisse et qui, en dehors de la Roumanie,
n'est plus fabriqué qu'en Corse (style Bruccio) et en Italie
(le "Ricota").
- Le cas est préparé à partir du lait de brebis; c'est un
fromage frais, pas salé ou légèrement salé.
- Le brânza de burduf s'affine dans des outres ou
bien est enrobé dans des écorces de sapin.
- Le cascaval est un fromage dont l'origine du mot indique un rapport très étroit
avec l'histoire. D'origine aroumaine, il est fait de - Cas "fromage" et de caval "cheval"
- parce que ce type de fromage était transporté à dos de cheval à travers les montagnes
par les bergers aroumains (populations qui avec les Megleno-roumains et les
Istroroumains ont constitué des îlots de latinité au sud du Danube et qui sont aujourd'hui dispersées surtout dans les Balkans du sud du Danube). Ce type de fromage est
une pâte cuite, il en existe plusieurs sortes, à partir du lait de vache ou de brebis, frais
ou fumé, de fabrication industrielle ou artisanale au nord de la Valachie ".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
les pauvres ont des profils similaires en Europe
Autre exemple, sur la base d'une comparaison entre deux
pays: "En France et au Royaume-Uni, la dissolution du couple
n'expose pas de la même façon les hommes et les femmes."
Après une séparation, "le risque de pauvreté est du même
ordre de grandeur chez les hommes et les femmes en France,
mais il est plus grand du quart chez les femmes au RoyaumeUni. Pour les femmes seules sans enfant à charge, ce risque est
deux fois plus important".
Les auteurs rappellent que la pauvreté peut se mesurer à
partir de trois critères: pauvreté monétaire, conditions de vie,
mesures "subjectives" (retard dans les factures...). "Les standards des conditions de vie ne sont pas les mêmes d'un pays à
l'autre", soulignent-ils. "L'environnement pollué, bruyant,
vandalisé, est un critère en France, en Espagne et en Pologne,
mais ne figure pas dans la liste établie pour la Russie urbaine
ou la Roumanie." Autre exemple: "Pas de voiture et pas de
téléphone sont des privations seulement pour les pays riches:
France, Espagne, ou Pologne. Elles ne figurent pas en Russie
urbaine ou en Roumanie, pour ne s'en tenir qu'à l'Europe."
La France occupe "une position médiane" en Europe dans
le domaine des inégalités, entre la Grande-Bretagne, l'Espagne
et le Portugal (pays plus inégalitaires) et les pays du Nord
(pays moins inégalitaires). Il laissera cependant sceptique les
habitués de la Roumanie qui constatent que mieux vaut être
pauvre en France que dans ce pays, si l'on compare le niveau
et la diversité des aides sociales accordées, les "pauvres roumains " étant totalement démunis et ne pouvant guère compter
que sur eux-mêmes mais aussi sur une certaine solidarité de
leurs proches, dans une société ayant encore conservé ses
racines rurales..
pour les retraités de Bucarest
Sur les coups de minuit, un groupe
en costumes folkloriques est venu servir
une tsuica fierta (tsuica chaude),
dont les Roumains raffolent en hiver,
puis les convives les plus solides ont
pu effectuer quelques tours de
valses.
Fête populaire
dans le centre de la capitale
Les jeunes de 18 à 35 ans, eux,
avaient leur propre réveillon, toujours organisé par la mairie du 5ème,
au Palais des enfants, et dénommé
"Réveillon Béton 2006". Il leur en
coûtait 50 €, une somme qui le réservait à une classe bien déterminée, illustrant une évolution marquée ces dernières
années, particulièrement à Bucarest : cela
fait chic de se faire voir dans les lieux en
le Nouvel an avec leurs compatriotes se
sont retrouvés Place de la Révolution, où
les jeunes pouvaient assister à une
succession de concerts gratuits des
meilleurs groupes du pays, à l'appel
de radio Pro FM, ou Place de
l'Université, conviés par la mairie
générale de la capitale. Là aussi un
spectacle musical était assuré mais la
vedette de la soirée était assurément
le président Traian Basescu, venu
présenter ses vœux à ses concitoyens.
Contrairement à l'année passée,
“Voisine, je parie que tu ne te rends au moment fatidique, il ne s'est pas
même pas compte si je vais ou si je reviens
de faire mes achats pour le réveillon”. emparé d'une bouteille de chamCaricature de Vali. pagne pour boire au goulot, mais
des menus de réveillon dépassait parfois s'est fait servir élégamment une coupe
les 300 €. Les Bucarestois ordinaires qui qu'il a levée à la santé du public. Un an de
n'avaient pas les moyens, ni même l'idée, formation dans les ors des palais préside s'offrir ces fantaisies et voulaient fêter dentiels laisse des traces…
vogue, les plus recherchés étant les hôtels
et restaurants de Poiana Brasov où le prix
des mineurs conduits devant le juge des enfants de Paris
on doit gagner sa vie
maine qui n'est distante que d'une centaine de kilomètres il
continue ensuite le voyage seul.
L'enquête note aussi que de plus en plus de parents laissent leurs enfants seuls pour partir travailler à l'étranger, ce
phénomène s'étendant à l'ensemble du pays. A 12 ou 13 ans,
ceux-ci se retrouvent devant des responsabilité d'adultes: s'occuper de la maison, des frères et sœurs plus jeunes, assurer les
travaux agricoles, y compris les plus pénibles… Les abandons
scolaires sont devenus, dans ces conditions, largement répandus et les enseignants baissent les bras.
Il a toujours existé à Tara Oasului une tradition de migration, mais elle était jusqu'à présent interne. Elle fournissait la
main d'œuvre saisonnière des mines, des travaux forestiers,
des travaux publics… Tout ce qui pouvait amener un meilleur
salaire. Aujourd'hui, la population émigre, utilisant pour cela
les services des proches se trouvant déjà à l'étranger.
Plus de la moitié des habitants interrogés par la Fondation
connaissaient des enfants, ou avaient un enfant, partis travailler dans l'UE. L'enquête s'est révélée cependant particulièrement difficile à mener, se heurtant à "la loi du silence" d'une
population n'ayant confiance ni dans les autorités, ni dans les
étrangers aux villages. Certains enquêteurs ont été même
chassés et il a fallu avoir recours à des personnes du crû pour
la mener à bien, tout en montrant beaucoup de patience.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénement
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a été marié
à deux Roumaines
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L'ancien Premier ministre israélien
Ariel Sharon a été marié, successivement, à deux Roumaines d'origine
juive. En premières noces, il avait
épousé en 1950 Margolit
Zimmerman, de Brasov, qui avait
émigré avec sa famille, des commerçants, en Israël, en 1949, fuyant
le communisme. Celle-ci était
décédée dans un accident de voitures, en 1962, à l’âge de 32 ans.
Ariel Sharon s'était remarié ensuite
avec sa sœur cadette, Lily, une artiste qui a été le grand amour de sa vie.
U
n Roumain sur deux vit officiellement avec moins de 150 euros par mois,
mais le boom du marché automobile et les queues interminables devant
les caisses des hypermarchés pourrait donner l'illusion du contraire. Avec
quelque 200.000 voitures neuves immatriculées en 2005, les ventes automobiles ont
pour la première fois dépassé les 2,5 milliards d'euros. "2005 a été de loin la meilleure année pour le marché automobile roumain depuis 1990, marquée par une progression record de près de 50% des ventes", se félicite un responsable de l'association des
importateurs de voitures, Mircea Tudor. Pris d'assaut par des dizaines de milliers de
clients, les grands distributeurs font pour leur part état d'une année "exceptionnelle",
où ils ont vu leurs ventes s'envoler de 25% en moyenne.
Des produits de beauté aux chocolats, en
passant par l'électroménager, tout s'arrachait à la
veille des fêtes de fin d'année, contraignant les
employés des grandes surfaces à un difficile slalom parmi les chariots débordant de marchandises pour remplir plusieurs fois par jour les étalages. "Cette explosion de la consommation
intervient après de nombreuses années de privations", explique le sociologue Mircea Kivu.
Selon lui, l'inflation galopante des années 1990,
qui grignotait leurs maigres économies, a
contraint les Roumains de reporter de plusieurs
années l'achat d'une machine à laver ou d'un nouveau réfrigérateur. "Or, la hausse du
salaire moyen, l'accès facile aux crédits et le ralentissement de l'inflation aiguisent de
plus en plus l'appétit --jusqu'ici réprimé-- pour la consommation", estime-t-il.
Les chèques des proches travaillant à l'étranger
Ariel Sharon s’est remarié avec Lili
(notre photo), soeur de Margolit,
décédée dans un accident, en 1962.
Lily avait ainsi respecté la tradition
juive qui veut qu’une fille s’occupe
des enfants de ses frères et soeurs
en cas de décès et s’était installée
dans la maison d’Ariel, l’épousant un
an plus tard. Le couple avait visité
Brasov et sa région en 1988, à la
recherche de familles et parents juifs,
mais ceux-ci avaient presque tous
quitté le pays ou avaient disparu.
Lily Sharon est décédée en mars
2000 et est enterrée dans la ferme de
l'ancien Premier ministre.
En outre, souligne M. Kivu, les statistiques officielles ne prennent pas en compte
les revenus provenant de l'économie informelle et surtout les sommes d'argent
envoyées à leurs familles par les Roumains travaillant à l'étranger et qui se sont
élevées, selon la banque nationale (BNR), à 3 milliards d'euros en 2005.
"Nous estimons qu'environ 1,5 million de Roumains travaillent actuellement en
Italie, en Espagne et en Allemagne. Si chacun d'entre eux envoie à sa famille un
chèque de 300 euros en moyenne pour les fêtes de fin d'année, nous arrivons à un
chiffre total de 450 millions d'euros", indique Petre Dandea, vice-président du Cartel
Alfa, l'une des principales confédérations syndicales du pays.
"Cet argent va entièrement à la consommation. Sinon, avec les seuls salaires,
encore très bas, il serait impossible d'expliquer la fièvre acheteuse qui s'est emparée
du pays", ajoute-t-il. Mais alors que l'essentiel des biens de consommation, notamment l'électroménager, sont importés, cette explosion a entraîné un creusement sans
précédent du déficit commercial, qui risquait de dépasser pour la première fois en
2005 le niveau record de 10 milliards d'euros.
Soucieuse de préserver un équilibre macroéconomique déjà fragile, la BNR a
multiplié ces derniers temps les mesures visant à décourager la consommation, en rendant plus difficile l'accès des particuliers aux crédits. Selon le président de
l'Association des banques de Roumanie Radu Gratian Ghetea toutefois, les prêts à la
consommation et hypothécaire, qui ont atteint 2,4 milliards d'euros en 2005, vont augmenter de 30% l'année prochaine, en dépit des restrictions de la BNR. "Les Roumains
sont tellement avides d'améliorer leurs conditions de vie, que rien ne pourra les empêcher de s'en donner à cœur joie, même si pour cela ils doivent s'endetter lourdement",
prédit-il. Ce qui n'empêchera pas de laisser à plus de la moitié de la population la seule
possibilité de faire du lèche-vitrine, en guise de consommation.
Connaissance et découverte
A 93 ans, l'une des premières femmes pilote
roumaine se rappelle de l'épopée de l'"Escadrille blanche"
Aux commandes de son avion, Mariana Dragescu
a sauvé des centaines de blessés pendant la guerre
La fièvre acheteuse de 2005
SUCEAVA
BAIA MARE
Destins
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ORADEA
Les ventes de voitures et
les emplettes de fin d'année ont explosé
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
T
oute petite, Mariana Dragescu était fascinée par les
avions. Sa première rencontre avec eux n'avait
pourtant rien d'engageant. Elle faisait du lèchevitrine avec sa mère dans le centre de Bucarest quand, tout à
coup, l'aviation militaire allemande faisait son apparition dans
le ciel et bombardait la capitale, obligeant les passants à se
réfugier là où ils le pouvaient. C'était en 1916, pendant la
Première guerre mondiale et la fillette
avait tout juste quatre ans.
Aujourd'hui, à 93 ans accomplis,
héroïne et l'une des toutes premières
pilotes de l'histoire de l'aviation roumaine, Mariana Dragescu se souvient
fort bien des balbutiements de celle-ci.
Suivant ses parents de garnison en garnison à travers le pays - son père était
militaire de carrière - la jeune fille se
passionne pour ces "merveilleuses
machines volantes" et ne manque pas
une occasion d'aller les découvrir.
Faisant preuve d'esprit d'aventure, elle
se rend seule à Bucarest pour assister à
des meetings aériens, des courses de
voitures, et pratique l'équitation.
Quand Mariana apprend l'existence d'une école de pilotage pour civils,
l'une des toutes premières de
Roumanie, créée par le prince Ion Cantacuzino, elle s'y inscrit
sans hésiter et en est la seule fille parmi les sept élèves. Sa
mère, elle-même originale et moderne, la soutiendra dans sa
démarche, provoquant seulement les haussements d'épaule de
son mari. Mariana fait son apprentissage sur les deux avions
ramenés d'Allemagne par le fondateur de l'école, Mircea
Cantacuzino, qui se tuera un peu plus tard.
Rencontre avec Saint-Exupéry
En 1935, à 23 ans, la jeune femme obtient son brevet de
pilote et est engagée, un an plus tard, par l'Aéroclub Royal de
Roumanie. Avec sa solde, elle s'achètera son propre avion, un
Messerschmitt Sport, l'Etat en payant la moitié.
Sa vie a alors basculé du rêve à l'accomplissement.
Mariana Dragescu côtoie les noms les plus célèbres de l'aviation de l'époque, le colonel Brocard, commandant de l'escadrille française de la Grande Guerre, René Foncq, l'as de
l'aviation française, et Antoine de Saint-Exupéry. L'écrivain
est pratiquement au sommet de sa gloire. "Il était grand et
timide" se souvient la Roumaine.
La jeune pilote effectue de nombreux vols, parfois dans
des conditions difficiles, sans visibilité, au cours desquels elle
emmène ses deux amies, Lady Hoar, femme de l'ambassadeur
de Grande-Bretagne à Bucarest, et Smaranda Braescu, aussi
casse-cou qu'elle et qu'on appelle "la reine des hauteurs"
depuis qu'elle est devenue la première femme parachutiste de
Roumanie.
Sur les fronts de l'Est, de l'Ouest et à Stalingrad
Survient alors sa rencontre avec Marina Stirbei, nièce de
l'ancien Premier ministre Barbu
Stirbei, elle-même pilote, qui lui parle
de son idée de créer une escadrille
sanitaire, composée uniquement de
femmes. Alors que les bruits de bottes
se font de plus en plus entendre sur le
Vieux Continent, le projet est approuvé
par le gouvernement et celle-ci voit le
jour en 1938. Marina Stirbei en devient
le pilote n° 1 et Mariana, le n° 2. Dotés
de trois avions peints en blanc et
pilotés par des femmes en combinaison blanche, cette unité va vite être
connue et demeurée dans l'histoire
sous le nom d'"Escadrille blanche".
Les aviatrices ont tout juste le
temps de s'exercer à leur nouvelle mission, transportant des enfants malades,
apprenant à atterrir dans toutes les
conditions et sur n'importe quel terrain, qu'éclate la guerre. Elles font vite leurs preuves et, du
front de l'Est contre les Russes,au front de l'Ouest, à la fin de
la guerre, contre les Allemands, sauveront 1500 blessés.
Pour sa première mission de guerre, Mariana Dragescu,
volant très bas pour échapper à la chasse ennemie, se pose près
d'Odessa, dans une tranchée anti-tank. Quand elle s'extrait de
son cockpit, elle enjambe des cadavres d'espions qui viennent
d'être exécutés et se heurte à des amoncellements d'autres
corps. Elle doit se débrouiller avec les blessés qu'elle doit évacuer vers l'hôpital de Tiraspol, à 25 minutes de vol. Certains
ont des membres arrachés, d'autres sont défigurés. Elle les cale
tant bien que mal contre son siège, les allonge à ses pieds. Et
repart pour une autre rotation. Parfois ses passagers vomissent
sur elle. L'un s'agrippe à son bras, ne la laissant piloter que de
l'autre. Au fil des mois, tout cela devient de la routine.
Surmontant sa fatigue, Mariana Dragescu, est l'une des
trois pilotes qui résisteront au découragement, participant à la
terrible bataille de Stalingrad, avec tous les risques que cela
comportait si elle avait été faite prisonnière par les
Soviétiques. Les vols à effectuer font plus de deux mille
kilomètres. A la chaleur épouvantable du début, succède le
froid terrible de l'hiver russe. L'eau manque, la nourriture, il
n'y a pas de latrines, les infections et les épidémies menacent… Tour cela sous le bruit assourdissant, incessant et
menaçant de la canonnade ennemie.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Un leu par jour et par enfant abandonné
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Les malheurs
d'André Glucksman
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Sur place, "Médecins du monde"
ne limita pas son intervention à l'humanitaire. L'association redoutait que
les portes de la liberté si vite ouvertes
ne se referment rapidement et décida
de porter aussi son effort sur la culture et la communication. Grâce à
Jean-François Bizot, le directeur de la
revue "Actuel", qui avait amené un
émetteur très puissant, la première
radio libre roumaine, Radio Nova, vit
le jour dès Noël, transformée en
Nova 22 (en référence à la date de la
chute de Ceausescu) avec l'aide de
"Médecins du Monde", et émettant
sur la bande FM, très peu utilisée
alors, jusqu'en Bulgarie.
Le 31 décembre, un charter de
personnalités françaises, artistes,
écrivains, hommes politiques, sportifs,
débarquait à Bucarest pour passer le
réveillon avec leurs homologues roumains, afin de leur montrer qu'ils n'étaient plus seuls et pouvaient compter
sur leur solidarité. Dans la soute de
l'avion, avait été embarqué tout ce
qu'il fallait pour passer la soirée.
Dès son arrivée, le 22 décembre,
l'équipe de "Médecins du monde" s'était installée à l'Hôtel Intercontinental
qui était devenu une “rédaction mondiale" où se cotoyaient télévisions,
journalistes, humanitaires, tous bénéficiant de chambres gratuites. Mais ce
ne fut pas sans mal. Son "philosophe", André Glucksman fut pris à
partie par la foule et malmené, ses
cheveux longs - mode inconnue en
Roumanie - le faisant confondre avec
un terroriste. Quelques instants plus
tard, après avoir donné une interview
à la télévision roumaine, il ressortit de
l'hôtel et fut porté en triomphe par
ceux-là même qui l'avaient tabassé !
Il y a un "turnover" important car il s'agit de volontaires qui prennent sur leurs
vacances ou demandent des congés sans solde. Des antennes se créent à Timisoara,
Arad. En fait le nombre d'intervenants est plus important, du personnel médical vient
en franc-tireur des trois pays francophones, des CHU
(Bordeaux, Toulouse, Grenoble, etc.) entament d'euxmêmes des collaborations avec des services hospitaliers
roumains, les prenant en charge.
La première mission de Jean-Gabriel Barbin, qui va
avoir en charge également la Moldavie, la Macédoine et
la Serbie, est de faire l'état des lieux et de poser un diagnostic sur le système de santé roumain. Il s'ensuit des
enquêtes sanitaires, des visites de polycliniques, d'hôpitaux. Une des plus grandes craintes est vite balayée :
contrairement à l'URSS, la Roumanie n'a pas transformé
ses hôpitaux psychiatriques en goulags pour ses dissidents
(le régime était tellement policier qu'il n'y avait pas beauAndré Glucksman
a vécu des moments coup de dissidents non plus). Les psychiatres envoyés de
mouvementés à Bucarest. France constatent qu'il n'avait pas existé de volonté organisée de les faire disparaître de cette façon
Mais c'est une autre réalité, terrible, que découvrent les "french doctors" : ces établissements psychiatriques sont de vrais mouroirs, comme les "camin", ces orphelinats où se retrouvent les enfants abandonnés. Les uns comme les autres ne disposent
que d'un budget d'un leu d'alors (0,05 €) par jour pour chacun de leurs patients.
Comme aucun proche ne s'occupe d'eux, il n'y a personne pour "bakchicher" auprès
du personnel, ainsi que cela se fait dans les hôpitaux, afin d'améliorer leur ordinaire.
Alors, ils dépérissent, sans qu'on puisse mettre en cause employés et médecins,
condamnés à l'impuissance par leurs maigres salaires. "Médecins du monde" trouvera
même souvent des cas de dévouement exemplaires ou d'initiatives menés sans moyen,
comme à Brasov, où les médecins psychiatres occupaient leurs malades en leur faisant
faire des petits travaux, du jardinage… Des fonds importants ont été fournis par l'UE
pour tenter de remettre en route le système de santé. "L'argent ne manquait pas, mais
il était dépensé de façon ridicule" peste Jean-Gabriel Barbin. "Les fonctionnaires de
Bruxelles interdisaient de faire des dépenses supérieures à 30 000 F (4500 €), leur
réglementation ne le permettant pas. Ainsi, on pouvait acheter des pansements par
tonnes, en faisant plusieurs commandes… mais pas le matériel médical lourd dont on
avait cruellement besoin !".
Adoptions : l'occasion manquée de 1991
Outre son action d'assistance, " Médecins du monde " s'attela à d'autres tâches et,
en premier lieu au suivi de l'épidémie de SIDA pédiatrique. L'association créa aussi
l'Institut International de la Mère et de la Famille, remit en état les structures d'enfants
du judet d'Hunedoara, mis en route la formation de formateurs pour la petite enfance,
organisa le premier congrès international de Psychiatrie à Bucarest, particulièrement
apprécié des professionnels roumains dont les connaissances avaient été encadrées par
le régime pendant des décennies.
Elle oeuvra aussi pour la restructuration du processus d'adoption et le moraliser.
Hélas, alors que le Premier ministre Petre Roman s'apprêtait à signer le décret allant
dans ce sens, il fut renversé par la "minériade" de 1991. Son successeur, Theodor
Stolojan, refusa de le faire. C'était la porte ouverte à tous les problèmes, dérives et trafics qu'allaient connaître par la suite les adoptions. Cet épisode marqua une rupture à
"Médecins du monde", entraînant le départ de Jean-Gabriel Barbin, en 1996.
L'association a cessé ses activités en Roumanie à la fin des années 90. Seules interviennent sur place aujourd'hui "Médecins du monde" de Suisse et "Doctors of the
world", américain.
Henri Gillet
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Evénement
Société
Devenu richissime, le Roumain émigré a donné
cent millions de dollars pour créer un prix annuel à son nom
Dan David, rival de Nobel
J
'ai envie de redonner au monde, ce qu'il m'a apporté".
Dan David, richissime homme d'affaires juif d'origine
roumaine de 75 ans explique ainsi sa décision de créer
un prix annuel de cinq millions de dollars (30 MF) destiné à
récompenser des institutions ou des personnes ayant contribué
à mieux connaître le passé, comprendre le présent et influencer l'avenir. Concurrent direct du Prix Nobel, le Prix Dan
David, fondé en 2000, est décerné en début d'année par un jury
de l'Université de Tel-Aviv, à cinq lauréats, lesquels empochent chacun un million d'euros, à charge pour eux d'en consacrer 100 000 à l'attribution de bourses pour de jeunes chercheurs, étudiants, voire lycéens prometteurs.
Pour sa première version, le prix a distingué
notamment deux chercheurs sur le génome
humain… que le Nobel récompensait six mois
plus tard. Cette année, ce sont trois savants, spécialistes du cerveau humain, qui ont été primés et
qui sont également nobelisables.
Le Prix Dan David se veut cependant plus
éclectique et plus flexible que le Nobel, couvrant
l'ensemble des activités et de la civilisation
humaine. En 2003, les lauréats ont été le paléoantropologue français Michel Brunet, pour sa
découverte montrant que l'ancêtre de l'Homme remontait à 7
millions d'années et non à 3,5 millions, l'astrophysicien John
Bachcall pour ses recherches sur l'intérieur du soleil, le documentariste Frederik Wiseman, le photographe de guerre James
Natchway et la journaliste Oriana Fallaci, dont le récent livre
a été considéré par certains comme un pamphlet anti-islamiste. Dan David se défend cependant de toute influence juive ou
sioniste dans le choix des lauréats, faisant remarquer que sur
les vingt déjà retenus, un seul était de confession juive.
L'homme d'affaires, qui a versé cent millions de dollars à
la Fondation décernant son prix, lors de sa création, estime
avoir assuré sa pérennité. "Je n'ampute pas le capital de mes
actionnaires" indique-t-il, "ne prenant que sur les bénéfices de
la société".
Aidant au départ de
15 000 Juifs roumains vers Israël
Dan David est né en 1929 à Bucarest. Enfant, il admet
avoir assez peu souffert de sa condition de Juif sous le régime
du dictateur Antonescu. "Tout ce que j'avais à faire l'hiver,
quand j'étais lycéen, c'était de déblayer la neige pendant
quelques jours et l'été de cueillir des plantes médicinales…
rien à voir avec ce qu'ont connu les Juifs de Pologne,
Allemagne, France, Hongrie, Transnistrie et Bucovine".
Au lendemain de la Guerre, l'adolescent devient membre
d'une organisation de jeunes sionistes. Cette activité, autorisée
au début par les communistes, le conduit à organiser en 1947
le départ de l'un des sept trains qui vont transporter 15 000
Juifs jusqu'au port de Varna (Bulgarie), où ils embarqueront
dans deux bateaux à destination d'Israël. Mais, à la fin de cette
année, le régime arrête cette émigration légale.
Jeune marié, empêché de rejoindre sa femme
Dan David a alors 18 ans et s'inscrit à l'Institut de Sciences
Economiques de Bucarest, tout en se passionnant pour le
photo-reportage. Il se marie en 1950 avec son amour d'enfance. Sa toute jeune femme, Juive également, réussit à quitter la
Roumanie, avant que la possibilité d'émigrer ne soit définitivement interrompue en 1952. Lui n'obtient pas de visa de sortie malgré ses nombreuses demandes. Elles sont refusées car il
est étudiant, "l'Etat devant récupérer son investissement pour son éducation". Quelques mois plus
tard, sa femme lui enverra une lettre, lui demandant l'autorisation de divorcer pour refaire sa vie.
Alors qu'il travaillait dans une revue comme
photographe, celle-ci envisage en 1958 de l'envoyer en reportage en Allemagne de l'Ouest. Mais
on découvre qu'il a fait partie d'une organisation
juive. Il est convoqué devant toute la rédaction,
traité de "serpent", de traître et mis immédiatement à la porte. Le jeune homme se recasera en
1961 dans une autre revue, publiée en Roumanie, mais destinée à l'étranger et aux pays francophones, "La Roumanie
d'aujourd'hui". Cependant, sa mésaventure lui a ouvert les
portes de l'émigration, ce dont il profite, quittant définitivement son pays en 1962, avec sa mère, deux grands parents, 40
kg de bagages et pas un sou.
Numéro un de la photo d'identité au Japon
Arrivé en Angleterre, Dan David change de voie et entre
dans une petite entreprise de photos d'identité, "Photo Me",
que ses actionnaires, habitués des milieux boursiers ont fait
entrer au Stock Exchange, mais n'ont aucune idée sur la
manière de la développer. Le Roumain les convainc de tenter
de percer sur le marché étranger, emprunte 200 000 dollars à
un cousin vivant en France, contre promesse de le faire entrer
dans le capital, si les affaires marchent, et se lance dans l'aventure. Aujourd'hui, "Photo Me" est présent sur tous les continents, fait partie des 250 premières entreprises cotées à
Londres, a développé la technologie de la photo d'identité,
introduisant notamment la couleur, et est numéro un au Japon,
pourtant considéré comme l'empire très fermé de la photographie, avec 3500 machines installées et un chiffre d'affaires de
8 milliards de yen. Entré au conseil d'administration de "Photo
Me" dès 1968, Dan David en est devenu le PDG en 1992 et est
archi-milliardaire. Sa seconde épouse est décédée. Il s'est
marié une troisième fois, déclarant vivre aujourd'hui très heureux. Et le Roumain de déclarer "vouloir remercier et remettre
une médaille à celui qui l'avait dénoncé à la Securitate quand
il avait été chassé de son journal"…
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénement
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Les Roumains
ont grandi
de 8 cm en 30 ans
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Selon une étude de l'Institut de
Recherche Anthropologique Francisc
Rainer de Bucarest, les Roumains
ont grandi de 8 cm en 30 ans, les
chercheurs expliquant ce phénomène, qui se retrouve au niveau mondial, par une modification de l'alimentation, les changements climatiques
et la pratique du sport.
Cette croissance est cependant
inégale suivant les catégories de
population. Ainsi la taille moyenne
des hommes est-elle de 1 m 72 et
correspond à celle des citadins, plus
grands que les ruraux. Chez ces derniers, ce sont les habitants de
Dobroudja (Constantsa) qui sont les
plus grands, avec 1 m 69, devant
ceux du Banat (Timisoara), 1 m 68,
et les Transylvains, 1 m 67. La région
de Moldavie n'a pas été prise en
compte, l'étude la concernant devant
paraître à la fin de l'année. Les
Roumaines mesurent en moyenne
1 m 57 et on ne note pas de différence notoire suivant les régions.
La Roumanie a eu son géant du
XXème siècle avec Gogea Mitu, né
en 1914 près de Craiova, qui mesurait 2 m 42 et pesait 183 kg à 20 ans.
Il est décédé deux ans plus tard, des
suites de maladies. Actuellement le
plus grand Roumain est le basketteur
de Cluj Ghita Muresan, 35 ans, 2 m
30, 143 kg, qui est le plus grand
joueur opérant dans le championnat
américain de basket NBA et de toute
l'histoire de celui-ci.
Le plus petit nain a été Gherasim
Cornescu, 1 m 14, qui, en 1914 n'était classé que 16ème au rang mondial, le "record" revenant au Polonais
Borwilawsky, 0,78 m.
Le massacre de Balc:
Ion Tiriac récidive
M
algré le scandale déclenché l'an passé par le "massacre de Balc", la propriété de chasse de 11 500 hectares, dans la région d'Oradea, que Ion
Tiriac avait obtenu en concession de l'Etat pour… un loyer annuel de
240 €, le milliardaire a récidivé en janvier. Celui-ci, dont la concession a été reconduite pour dix ans, après un modeste ajustement du loyer, y a organisé un nouveau
week-end de chasse. Une centaine d'invités étaient présents dont des Allemands,
Autrichiens, Espagnols, Américains,
acheminés par charters jusqu'à l'aéroport
d'Oradea. Parmi eux l'ancien footballeur
Klaus Fischer et le Prince Sturdza, dont le
nom est mêlé à celui de Ion Tiriac dans la
liste des grands bénéficiaires de la mise
en concession du Delta du Danube, dont
ont profité des proches de l'ancien
Premier ministre Adrian Nastase.
Ces chasseurs n'ont pas été déçus: le carnage annoncé a bien eu lieu. En 2005, en
deux jours, ils avaient abattu 185 sangliers sur les 550 que compte la réserve, soit six
fois plus que le quota annuel autorisé. Avec 23 animaux à son tableau de chasse,
Adrian Nastase avait été couronné meilleure gâchette. Cette fois-ci, pour le seul samedi, ce sont deux cents sangliers qui ont été tués, trois parties de chasse étant organisées, au total, pendant le week-end. Ce serait cependant faire une grossière erreur
d'imaginer que ces bêtes avaient affaire avec des tueurs sans pitié. Au contraire…
ceux-ci ont montré qu'ils avaient un cœur "gros comme çà": les carcasses ont été sorties de la forêt en charrettes et acheminées vers un orphelinat de la région de Brasov
que Tiriac finance, pour améliorer l'ordinaire des enfants.
Huit cents réfugiés politiques Roumanie
O
n dénombre actuellement
800 réfugiés politiques en
Roumanie, dont 33 % proviennent d'Irak, 10 % d'Inde, 8 % d'Iran,
8 % de Chine, le reste venant de Somalie,
Turquie, Afghanistan, Palestine et Pakistan. Le Haut Commissariat aux Réfugiés,
dépendant de l'ONU, s'attend à un
accroissement assez sensible de leur
nombre, après l'adhésion de la Roumanie
à l'UE, en 2007, qui leur facilitera l'entrée
dans l'espace européen. Ce phénomène a
été constaté dans les dix pays d'Europe
Centrale qui ont rejoint l'UE, l'an passé.
Au cours du premier semestre 2004,
ceux-ci ont enregistré 15 000 demandes
d'asile. Pendant les six mois de l'examen
de leur demande, les réfugiés en
Roumanie perçoivent une allocation quotidienne de 25 000 lei (0,65 €), leur permettant d'acheter un pain et un litre de
lait. Cette somme représente la moitié du
minimum que l'Etat assure pour la nourriture des indigents hospitalisés.
Bucarest: trop de trous… pour des bus trop bien
L
a mairie de Bucarest vient de passer commande de 500 bus ultra-modernes
pour renouveler sa flotte vieillissante, le premier devant être livré en juin
et le dernier en décembre 2007. Ce contrat de 188 M€ (soit 376 000 € ou
2,5 MF le bus) a été passé avec la firme représentant Mercedes en Roumanie qui l'a
emporté sur son concurrent italien, Iveco, après un appel d'offres,.
Toutefois une inquiétude est apparue. Ces autobus très longs et articulés ne pourront pas circuler dans les rues pleines de trous de la capitale et devront se limiter à la
desserte du centre dont les axes ont été refaits, ou rester au garage. Il faudra donc
rajouter à l'addition finale, le coût de la rénovation du réseau de voies de Bucarest.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
"Révolution", les médecins humanitaires
découvrent l'effroyable réalité des hôpitaux roumains
les "french doctors" débarquent à Bucarest
Le convoi prit alors la route de Bucarest, distante de 60
km, dans une ambiance frisant le délire. La nouvelle s'était vite
répandue: "Les french doctors" arrivent. Ils étaient les premiers sur place, avec leurs confrère de "Médecins sans
Frontières" et "Handicap International", lesquels formaient
avec "Médecins du monde" les trois principales associations
humanitaires française de l'époque. Les gens s'agglutinaient
autour du car, frappaient aux vitres, voulaient leur toucher la
main, des femmes pleuraient.
Psychose des terroristes
et peur de l'eau empoisonnée
Dans la capitale, le convoi se dirigea vers l'hôpital d'urgence, alors qu'on entendait tirer sporadiquement. A son
entrée, l'équipe fut d'emblée soumise à la psychose ambiante:
la Securitate se cache dans les immeubles en face et s'apprête
à donner l'assaut. Même désarroi chez le directeur: "On va être
attaqué d'un instant à l'autre; je ne peux
pas assurer votre sécurité; partez-vite !".
"Un véritable cirque" se rappellent les
témoins de l'époque. Devant le refus obstiné de "Médecins du monde" de quitter
les lieux, et l'anarchie ambiante - plus
personne ne commandait - le directeur fut
bien contraint d'installer l'équipe dans une
salle commune, au 5ème étage, pour
qu'elle intervienne aussitôt. Un tour à la
morgue lui permit de dénombrer déjà 90
cadavres, tombés sous les balles. Le bilan
officiel des affrontements à Bucarest est
de 543 morts.
la Protection civile emmenée par un colonel, son avion acheminant du matériel d'urgence.
Il fallait cependant prendre la mesure de la situation. Le
système de santé roumain était en ruine, manquait de tout, de
bistouris, d'électrocardiogrammes, d'appareils de réanimation,
d'anesthésie. Les "french doctors" s'attendaient à se trouver
transplantés sur un front de guerre, où il existe des moyens,
apportant leurs compétences et leur bénévolat ainsi que le
matériel adéquat. Ils se trouvaient en fait confrontés à un
désastre, l'absence d'équipements lourds handicapant sérieusement leurs actions et se rendirent compte que tout était à faire.
Transfert des blessés graves
en France par avions militaires
De tout le pays, affluent les demandes d'intervention.
Premiers et seuls sur place - les Américains arriveront bien
plus tard - les médecins français ont un impact énorme; on fait
la queue pendant des heures pour les
consulter. Parfois, ils sont appelés à tort,
comme à Brasov où une équipe est
envoyée car l'hôpital aurait brûlé, des
massacres y ayant été perpétrés: une
rumeur de plus, heureusement fausse.
De son côté, la délégation militaire de
l'ambassade de France, en concertation
avec les "french doctors", organise le
transfert par avions de l'Armée des
blessés graves sur les hôpitaux français.
Vite sur place, les radios-amateurs
belges se montrent d'une efficacité redoutable et décisive, établissant les communications alors que le réseau téléphonique
L’hôtel Intercontinental, où les “French
"C'est pire qu'à Addis-Abeba"
doctors” avaient établi leur siège, était ne fonctionne presque pas, ce qui est
“assiégé” par la ferveur révolutionnaire. essentiel… et irritant profondément poliLes médecins français vécurent là leur plus grand choc:
ce roumaine et Securitate car leur matériel, bien plus sophistiqué, perturbe leurs liaisons.
l'effroyable misère du système hospitalier roumain, à laquelle
Les premiers convois d'OVR, Belgique, France, Suisse,
ils ne s'attendaient pas dans un pays "socialiste". Les guenilles
arrivent,
soulevant un énorme espoir dans la population qui
servaient de pansements, les chirurgiens, sans aucun matériel,
réalise
alors
que la liberté est en marche et qu'elle n'est pas
opéraient pratiquement les mains nues.
abandonnée.
Jamais
la Francophonie n'aura été autant au zéniBlindés par ce qu'ils avaient déjà vu à travers le monde,
th…
malheureusement,
cela s'estompera.
certains "french doctors"confièrent: "c'est pire qu'à AddisAbeba". Ils se mirent au travail dans la même atmosphère de
panique. Médecins roumains et jeunes policiers tremblaient de
La crainte démentie de trouver
peur, refusaient de boire de l'eau, s'attendaient à voir des terdes "goulags" psychiatriques
roristes débarquer à tout instant dans les salles de soin.
Certains priaient pour que les Soviétiques viennent mettre de
Début janvier 90, le "coup de chaud" de la "Révolution"
l'ordre, Gorbatchev apparaissant comme un messie.
passé, "Médecins du monde" décide de rester et laisse sur
La situation se détendit finalement, au fil des heures et les
place une petite équipe, animée par le chirurgien nantais Jeanmédecins français purent intervenir plus sereinement, d'autant
Gabriel Barbin. Elle s'étoffera au fil des mois, faisant interveplus que Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat aux affaires
nir directement jusqu'à 50 personnes, médecins, dont des
humanitaires dans le gouvernement de Michel Rocard, débarFranco-Roumains, infirmières, autres personnels et bénévoles
qua à Bucarest le lendemain 23 décembre, avec une équipe de
en tous genres.
(lire suite page 40)
39
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Histoire
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BRASOV
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BRAILA
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Le 22 décembre 1989 :
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ORADEA
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„
CONSTANTA
BUCAREST
z
Des signes
précurseurs
38
Premiers sur place, en pleine
reçoivent un accueil délirant et
Sans imaginer que les évènements
iraient aussi vite, "Médecins du
monde" s'attendait à ce que la situation bouge en Roumanie, en cette fin
d'année 1989.
Bizarrement, six mois plus tôt,
Jacques Lebas, son président, avait
été autorisé à se rendre dans ce
pays. Entretenant des relations privilégiées avec la fille et le gendre
français de Doina Cornea, fixés en
France dans la région de Limoges, il
avait été reçu par la célèbre dissidente qui vivait recluse dans sa petite
maison de Cluj, surveillée nuit et jour
par la Securitate. Comment un régime
aussi policier a-t-il pu permettre une
telle rencontre, se demanda-t-il ?
Doina
Cornea
Avec le recul, il en déduira que la
chute de Ceausescu se préparait
déjà dans l'ombre et que cela faisait
partie des signes envoyés à l'extérieur par ceux qui oeuvraient dans ce
sens. De la même façon, le médecin
avait pu visiter un hôpital, ce qui était
inconcevable jusqu'ici, avant d'être
expulsé pour s'être montré trop
curieux… sans-doute pour faire
bonne mesure.
Quelque chose se tramait donc
dans le dernier pion qui résistait au
changement, au cours de cette folle
année 1989 qui avait vu tous les
régimes satellites de l'URSS
emportés par le vent de la liberté.
e 22 décembre 1989, "Médecins du monde" est en pleine effervescence.
L'association tient à Paris un conseil d'administration dont la Roumanie est
le sujet principal. Devant les prémices d'une révolution qui s'annonce, une
équipe est déjà partie vers le 19-20 décembre et s'est installée à une trentaine de
kilomètres de la frontière roumaine, à Szeged, en Hongrie, pays qui s'est libéré du
communisme quelques mois plus tôt, et se tient prête à intervenir. Les portes de la
Roumanie restent, bien sûr, fermées.
L'ordre du jour du CA de "Médecins du monde" fut subitement chamboulé par une
dépêche venant de tomber: Ceausescu venait d'être chassé du pouvoir et la Roumanie
ouvrait immédiatement ses frontières. L'équipe de Szeged prenait aussitôt la route de
Timisoara, distante de 60 km, se trouvant sur place deux heures plus tard. Elle était la
première à pénétrer en Roumanie.
Otopeni fermé, l'avion est détourné sur Varna
A Paris, l'association interrompait ses délibérations et décidait de fréter un avion
le jour même. Elle battait le rappel des médecins disponibles, au total une dizaine,
dont 3-4 généralistes, 3 chirurgiens, 3 anesthésistes, certains d'origine roumaine.
Rompue aux situations d'urgence, "Médecins du monde" disposait de matériel prêt
qu'il suffisait d'embarquer. L'équipe montait à bord, certains de ses membres en complet veston et chaussures de ville, sans bagages, n'ayant pas eu le temps de faire leur
valise. Plusieurs amis journalistes furent rameutés, dont Jean-François Bizot, le directeur et propriétaire d' "Actuel"… ainsi que l'inévitable philosophe de service pour ce
genre d'expédition, André Gluscksman, Pierre-Heny Lévy et Arielle Dombasle étant
sans-doute retenus pour le réveillon qui s'annonçait.
L'avion humanitaire devait se poser à Otopeni, l'aéroport international de
Bucarest, mais on annonça pendant le vol qu'il venait d'être fermé et, finalement il
atterrit à Varna, en Bulgarie, pays qui avait "viré sa cuti" quelques semaines auparavant. Très coopératifs, les Bulgares ne demandèrent pas de présenter les visas… que
personne n'avait et chargèrent aussitôt le matériel dans des camions militaires, fournissant un car pour transporter l'équipe, forte d'une trentaine de personnes, jusqu'à la
frontière roumaine de Giurgiu. Ils la mirent aussi fortement en garde, colportant les
rumeurs se répandant aussi bien en Roumanie qu'à l'étranger: des terroristes se
cachaient dans le pays et avaient empoisonné l'eau de la capitale.
Une équipe du GIGN bloquée à la frontière bulgare
A la frontière, les Français découvrirent des compatriotes bien particuliers : une
unité du GIGN, envoyé par le ministère de l'Intérieur français pour aider les nouvelles
autorités à mettre justement hors d'état de nuire ces terroristes que l'on disaient
Syriens, Lybiens, Africains, Palestiniens, Coréens, et qui avaient séjourné dans le pays
au titre d'étudiants de pays frères… Mais ces militaires n'avaient pas reçu l'autorisation de pénétrer en Roumanie, peut-être pour éviter que ces professionnels de la lutte
anti-terroriste ne découvrent le pot aux roses… à savoir qu'il n'y en avait pas l'ombre
d'un sur le territoire, seule l'armée, et non la Securitate, ayant procédé aux massacres
ayant entraîné, officiellement, la mort de 1104 personnes, mais sans-doute davantage.
On convient aujourd'hui qu'il faut y rajouter tous les règlements de compte qui ont pu
avoir lieu à cette occasion, personnels ou autres, desquels il faut rapprocher cette coïncidence bizarre : autour de chaque siège du Comité central du Parti communiste roumain des grandes villes, on a relevé une trentaine de cadavres.
Avant de franchir la frontière, l'équipe de TV 5 reçut l'ordre de sa direction de descendre du car et de revenir à Paris: elle venait d'apprendre la mort de son reporter-photographe Jean-Louis Calderon, écrasé par un char.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Demi-frère du Roi Michel, Carol-Mircea
de Roumanie est décédé à Londres à l'âge de 86 ans
Carnet
C
Une vie d'exil jusqu’à la tombe
arol Mircea-Grigore
de Roumanie, fils
aîné du Roi Carol II
et demi-frère du Roi Michel, est
décédé à Londres, en janvier, à
l'âge de 86 ans, où il a été
enterré. Il avait exprimé le vœu
de reposer auprès de son père à
Curtea de Arges, mais ce désir ne semble pas avoir été pris en
considération par la famille royale de Roumanie.
Le prince était né en 1920 de l'union de Carol, alors prince héritier, et de sa maîtresse de l'époque, Zizi Lambrino, issue
d'une famille de l'aristocratie roumaine. Le mariage secret de
Carol, en 1918, avait fait scandale. Commandant un bataillon
de la garnison de Târgu Neamt, en pleine guerre contre les
Austro-allemands, le prince avait déserté pour aller convoler à
Odessa, en Ukraine, déguisé en officier russe et muni d'un faux
passeport… ce qui aurait dû lui valoir la cour martiale et le
peloton d'exécution. Cette union religieuse avait mis hors
d'eux ses parents, le roi Ferdinand et la reine Marie, qui
l'avaient fait annuler par le tribunal d'Ilfov, en 1919.
L'ordre de succession prévoyait que le prince héritier ne
pouvait se marier qu'avec l'accord des souverains, du Premier
ministre et du Patriarche de l'église orthodoxe, sa future
femme devant obligatoirement appartenir au même rang que
lui, issue d'une famille royale européenne. A la suite de l'annulation de son mariage, Zizi Lambrino était partie en exil
avec son fils, lequel avait été reconnu par son père et enregistré sous le nom de Mircea-Grigore Lambrino. L'origine royale
du prince avait été confirmée à la suite de deux procès qu'il
avait gagnés, au Portugal et en France. Après la "Révolution"
de décembre 1989, celui-ci a engagé une procédure en
Roumanie pour y faire reconnaître ces deux décisions, mais ce
procès est toujours à l'instruction. Toutefois, en 2004, un pas
avait été fait, la mairie de Bucarest lui délivrant un certificat de
naissance établissant sa filiation directe avec Carol II. Un élément important en vue du partage des biens de l'ancien souverain encore en possession de l'Etat roumain, avec son demifrère Michel.
La rencontre impossible
Carol Mircea de Roumanie a vécu toute son existence en
exil; d'abord en France, puis en Angleterre, dans la dernière
partie de sa vie. Il n'était retourné en Roumanie qu'à deux
occasions: lors de l'enterrement de sa grand-mère, la reine
Marie, en 1938, puis l'an passé, 67 ans plus tard, lors d'une
visite privée. Il a eu deux fils: le prince Paul de Roumanie, qui
revendique l'héritage royal de son père, et le prince Alexandru,
lequel vit aux USA. Le fils aîné de Carol II n'a jamais pu rencontrer son demi-frère, le Roi Michel - son cadet d'un an, âgé
de 85 ans - celui-ci s'opposant formellement à cette reconnaissance, malgré les tentatives infructueuses de rapprochement
faites par plusieurs maisons royales européennes.
Ludovic Spiess: une grande voix s'est éteinte
L
e ténor Ludovic Spiess est
décédé, début janvier, à l'âge
de 67 ans, des suites d'un
infarctus, au cours d'une partie de chasse
dans le judet de Teleorman. Dans les
années 60, il avait été considéré comme
l'un des plus grands ténors du monde, se
produisant sur les scènes de Milan,
Vienne, New-York, Tokyo, etc., obtenant
de nombreuses distinctions dans les
concours internationaux (Toulouse, 1964,
Rio de Janeiro, 1965, Amsterdam, 1966).
Sa carrière n'avait duré que 14 ans car, en
1976, à l'âge de 38 ans, il avait dû être
opéré de nodules sur les cordes vocales,
ce qui lui avait fait perdre sa voix. Le
chanteur avait d'ailleurs pris sa retraite
pour maladie professionnelle à 46 ans.
Natif de Cluj, ouvrier aux usines
“Tractorul”, Ludovic Spiess avait commencé sa carrière par hasard, à l'âge de 19
ans. Un de ses collègues l'avait emmené
assister à un concert de la philharmonie
de Brasov et, stupéfait, il avait découvert
l'existence de la musique d'opéra. Il avait
rejoint immédiatement les chœurs de son
usine, puis, pendant son service militaire,
s'était inscrit aux chœurs de l'armée roumaine. Il suivait ensuite les cours de l'é-
cole populaire d'art de Brasov, malgré
l'opposition de professeurs qui trouvaient
qu'il n'avait aucune disposition musicale.
A 24 ans, Ludovic Spiess faisait ses premiers pas sur la scène du théâtre musical
de Brasov. C'était le début d'une prodigieuse carrière qui allait le conduire à
l'opéra de Bucarest et de Vienne.
D'origine allemande, bien que ne
parlant pas cette langue, le ténor avait
changé un temps son nom en Liviu Spinu,
à une époque où le régime communiste
inspirait une politique déconsidérant cette
communauté. L'une des distinctions les
plus appréciées du chanteur aura été son
titre de docteur honoris causa décerné par
l'université de musique de Bucarest, lui
qui n'avait suivi que sept classes, entre
primaire et collège technique.
En 1991, Ludovic Spiess était devenu ministre de la culture du gouvernement PSD de Teodor Stolojan. On lui doit
notamment la transformation du château
royal de Peles, à Sinaia, en musée. Puis,
en 2001, après le retour du PSD au pouvoir, il avait été nommé directeur de
l'Opéra de Bucarest, fonction qu'il a
occupé jusqu'en 2005.
La brutalité de son comportement
était souvent dénoncée ainsi que ses abus
de fonction et le harcèlement exercé
auprès de ballerines. Mais sa notoriété et
sa popularité lui avaient permis de surmonter les critiques.
15
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Vie quotidienne
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BUCAREST
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La Roumanie
"scannée"
par les experts
des Nations Unies
16
22
Szeged, la hongroise, brille
Un tiers des Roumains pauvres,
selon les critères internationaux,
un autre tiers se considère pauvre
Dans leur rapport sur le développement humain, les experts des
Nations Unies ont fait une radiographie de la société roumaine, notant
qu'elle était de plus en plus divisée
entre riches et pauvres. La pauvreté,
la corruption et le chômage, sont ses
problèmes majeurs. La première
touche en priorité les personnes
âgées, la seconde, les jeunes.
Un pour cent des Roumains vivent
avec moins d'un dollar par jour, ce
qui, d'après les normes internationales, est considéré comme de la
pauvreté extrême; 12 % sont affectés
de pauvreté "sévère" (besoins importants non satisfaits, empêchant une
vie normale dans la société), 17 % de
pauvreté (manque de ressources par
rapport aux standards minima d'une
vie décente). A ce premier tiers de la
population, il faut en ajouter un
second, concerné par ce que l'ONU
qualifie de pauvreté "relative" (personnes en difficultés économiques à
la suite du processus de la transition).
Le rapport note que 7 Roumains
sur dix ont été affectés directement
par la transition, qui dure depuis 15
ans. Pour 43 % de la population qui
avait entre 18 et 65 ans en 1989, cela
a signifié licenciement, chômage et
mise à la retraite anticipée, ce pourcentage étant le plus fort (53 %) en
Dobroudja (Constantsa); 10 % affirment que rien n'a changé pour eux, et
7 % sont devenus patrons.
(suite page 18)
ans les jours précédents Noël, plus de 25 000 Roumains faisaient la queue
quotidiennement aux différents postes frontières avec la Hongrie, proches
des deux grandes villes du Banat, Timisoara et Arad, afin d'aller faire
leurs emplettes à Sezged. La cité magyare n'est qu'à une heure de distance en voiture.
Comptant 180 000 habitants, elle n'est pourtant pas plus grande que ses deux voisines
roumaines, mais elle a déjà
un air européen que cellesci lui envient, avec ses
nombreux super-marchés,
galeries
commerciales
jalonnées de boutiques élégantes où l'on trouve les
plus grandes marques et
des produits de qualité.
Venus pour la journée,
les frontaliers roumains
entendent bien remplir leur
coffre car l'autre avantage de la Hongrie ce sont les prix. Tout y est moins cher, le
coca-cola, l'huile, le fromage, le salami, les saucisses piquantes, les détergents, la margarine, le sucre et même le pain.
Près de 20 radars automatiques sur la DN1,
R
âleur parmi les râleurs, l'automobiliste français trouvera le
paradis, lui permettant de
libérer totalement son courroux, sur la
DN 1 (Nationale 1) reliant la capitale à
Brasov. Entre Bucarest et Azuga (140
km), à l'entrée du judet de Brasov, on
dénombre pas moins de 59 caméras vidéo
jouant le rôle de radars automatiques, disposées dans les deux sens, en 19 points
différents. Elles ont été installées début
décembre et peuvent être changées de
place. La vitesse, limitée à 100 km en
rase campagne, tombe fréquemment à 50
km sur cet axe traversant des agglomérations à touche-touche, sans qu'on puisse
bien discerner leurs limites. Au seul point
de contrôle de Baneasa, on dresse 700 PV
par jour et les sanctions peuvent être
lourdes: 60-80 lei (15-20 €) pour un
dépassement de la vitesse légale de
moins de 30 km/h, 100-300 lei (28 à 85
€), entre 30 et 50 km/h, 200-800 lei (56225 €) au-delà, avec retrait du permis.
Un "vitezomane" (comme le roumain, langue qui s'adapte à toutes les
situations, le désigne) pourrait ainsi être
taxé de 15 200 lei, soit 4000 € s'il se faisait prendre à grande vitesse à tous les
points de contrôle… Et, à priori, pas
question de compter sur les bakchichs
nécessaires à la récupération de son permis, les contraventions étant envoyées
par la poste, mais traitées, au préalable,
Les Roumains
I
ntroduite à la fin des années 90, l'agriculture biologique gagne de plus en plus
de terrain dans le pays. Réglementée suivant les normes européennes, elle voit
croître le nombre de producteurs, le premier ayant obtenu sa certification, en
2000, étant un jeune agriculteur de Lupusel (Maramures), Mircea Burde.
Au début, cette agriculture ne concernait que les céréales, mais aujourd'hui on
produit des fraises, du raisin pour le vin, des radis, des épinards, des poivrons, des
condiments, du fromage, des produits laitiers, des conserves et même des glaces. Des
restaurants spécialisés et des boutiques s'ouvrent, alors que les grandes surfaces commencent à lui consacrer des rayons spécialisés.
En 2000, les surfaces cultivées biologiquement ne représentaient qu'un peu plus
de 17 000 hectares. Cette superficie est passée à 73 000 ha en 2004 et devait atteindre
104 000 ha, fin 2005. Dans la même période, la production bondissait de 13 500
tonnes à plus de 100 000 tonnes en 2004.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
d'Istrati grâce à la réédition complète de son œuvre
Suivent des saisons de grande âpreté. En janvier 1921, à
tantôt acteur d'une fresque bouillonnante qui embrasse des
Nice, à bout de forces et "dépité de vingt-cinq ans de luttes
dizaines de destins, incorpore la légende balkanique à l'autoavec la vie", il tente de se suicider en se tranchant la gorge.
biographie et aux faits historiques.
Ceux qui l'ont sauvé in extremis ont trouvé sur lui une lettre
En référence centrale à cette épopée flamboyante, les haïadressée à Romain Rolland. Elle est expédiée. L'auteur de Audoucs, ces hordes de cavaliers justiciers du temps des occupadessus de la mêlée, bouleversé, lui répond et l'incite rudement:
tions turque et grecque en Roumanie. Fils du vent ou "amantes
"Je n'attends pas de vous des lettres exaltées. J'attends
de la forêt" en lutte sanglante contre les oppresseurs, dont
l'œuvre! Réalisez l'œuvre, plus essentielle que vous, plus
Zograffi et ses semblables sont les dignes héritiers. De ses
durable que vous, dont vous êtes
mille et une vies, Panaït Istrati
la gousse."
a extrait la matière de mille et
Et c'est ainsi que Panaït
un récits mis en abyme au fil
Istrati est né écrivain, à près de
desquels le lecteur se perd avec
40 ans (son premier récit, Kyra
délices, poussé au galop d'un
Kyralina, conçu à Paris chez son
périple foisonnant, écrit dans
ami le bottier Georges Ionesco,
une langue puissamment
est publié en 1923, et c'est en
visuelle et sonore. Tantôt profait le deuxième qu'il écrit,
pulsée dans un lyrisme étoilé,
après Oncle Anghel, paru en
tantôt ciselée à la pointe sèche.
1924).
Ode à la nature et à la liberté
C'est ainsi que prend corps
où l'abjection fraye avec le
Adrien Zograffi, alter ego
Le port de Braila tel que l’a connu le jeune Panaït Istrati. sublime.
d'Istrati l'idéaliste. Linda Lê en
La délicatesse du verbe et
reprend la source dans un texte de 1929: "Ma nature, trop peu
du cœur avec l'ordure. Le désespoir le plus intense avec l'éfaite pour l'étude livresque, me poussait avec force vers la
merveillement enfantin. Un chapelet de romans d'apprentissaconnaissance de l'homme tel que je le voyais dans la rue: il
ge, de vies sauvages et vaillantes dédiées à la défense des
aimait et souffrait comme moi, c'est à lui que je dois aller; il
opprimés, et où chacun éprouve que "ce que l'amour crée avec
est le A et le Z de la vie."
difficulté, la haine le détruit en un instant".
Du désespoir à l'émerveillement
Au fil des cycles narratifs, ce double est tantôt témoin,
ŒUVRES de Panaït Istrati. Edition préparée et présentée par
Linda Lê. Phébus, "Libretto". Volume 1, 928 p., 14,90 euros.
Les volumes 2 et 3 des oeuvres de Panaït Istrati sont parus ou
paraissent en librairie le 17 février et le 13 mars.
avait subjugué Romain Rolland
Vingt ans de vie errante, d'extraordinaires aventures, de travaux exténuants,
de flâneries et de peines, brûlé par le
soleil, trempé par la pluie, sans gîte et traqué par les gardes de nuit, affamé, malade, possédé de passions et crevant de
misère."
Trompant sa faim
en lisant voracement
"Il fait tous les métiers: garçon de
cabaret, pâtissier, serrurier, chaudronnier,
mécanicien, manœuvre, terrassier,
déchargeur, domestique, homme-sandwich, peintre d'enseignes, peintre en bâtiment, journalise, photographe. Il se mêle
pendant un temps aux mouvements révolutionnaires. Il parcourt l'Egypte, la
Syrie, Jaffa, Beyrouth, Damas et le
Liban, l'Orient et la Grèce, l'Italie, fréquemment sans un sou, et se cachant par-
fois sur un bateau où on le découvre en
route, et d'où on le jette sur la côte, à la
première escale." "Il est dénué de tout,
mais il emmagasine un monde de souvenirs et souvent trompe sa faim en lisant
voracement, surtout les maîtres russes et
les écrivains d'Occident."
"Il est conteur-né, un conteur
d'Orient, qui s'enchante et s'émeut de ses
propres récits, et si bien s'y laisse prendre
qu'une fois l'histoire commencée, nul ne
sait, ni lui-même, si elle durera une heure,
ou bien mille et une nuits. Le Danube et
ses méandres…
Ce génie de conteur est si irrésistible
que, dans la lettre écrite à la veille de son
suicide, par deux fois il interrompt ses
plaintes désespérées pour narrer deux histoires humoristiques ayant trait à sa vie
passée".
"Je l'ai décidé à noter une partie de
ses récits; et il s'est engagé dans une
oeuvre de longue haleine, dont deux
volumes sont actuellement écrits. C'est
une évocation de sa vie; et l'œuvre,
comme sa vie, pourrait être dédiée à
l'Amitié: car elle est, en cet homme, une
passion sacrée ".
"Tout le long de sa route, il s'arrête, au
souvenir des figures rencontrées; chacune a l'énigme de sa destinée, qu'il
cherche à pénétrer. Et chaque chapitre
du roman forme comme une nouvelle.
Trois ou quatre de ces nouvelles, dont
les volumes que je connais sont dignes
des maîtres russes.
Il en diffère par le tempérament et la
lumière, la décision d'esprit, une gaîté
tragique, cette joie du conteur qui
délivre l'âme oppressée.
On voudra bien se souvenir que l'homme
qui a écrit ces pages si alertes a appris
seul le français, il y a sept ans, en lisant
nos classiques ".
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Littérature
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Les mille et une vies
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st-ce parce que le romantisme révolutionnaire dont son oeuvre est imprégnée est devenu obsolète, ou parce qu'il a usé de la langue de Voltaire pour
y rouler des accents et des rythmes orientaux que le Roumain Panaït Istrati
(1884-1935) est, par deux fois, tombé dans l'oubli? Dans un article du "Monde",
Valérie Cadet rappelle qu'à la fin des années 1960, à l'incitation de Joseph Kessel,
Roger Grenier sauvait une première fois du purgatoire "le Gorki des Balkans" en
rachetant les droits de tous ses récits, dispersés ou épuisés, recueillis alors en quatre
volumes chez Gallimard. Ce corpus de référence, à son tour épuisé, a servi de fil
conducteur à celui (échelonné en trois forts volumes) que propose aujourd'hui Phébus,
dans une édition établie et présentée avec une belle acuité par l'écrivain Linda Lê. S'y
ajoutent un ensemble de textes parus en revue ainsi que Vers l'autre flamme (1929),
chronique désillusionnée et prophétique de seize mois de voyage à travers l'URSS, qui
vaudra à son auteur l'incompréhension et le rejet criminel de ses pairs ou admirateurs.
Marquée au sceau d'une apologie de l'homme libre, l'œuvre de Panaït Istrati n'a
guère d'équivalent. Sans doute parce qu'elle est inextricablement mêlée à cette vie de
vagabondage qui fut la sienne depuis l'âge de 12 ans. Fils naturel d'une lavandière de
Braïla (port danubien) et d'un contrebandier grec tué par des gardes-côtes quand l'enfant n'avait pas encore 9 mois, cet autodidacte n'a cessé d'ouvrir plus grand son horizon. Se jouant des frontières, pratiquant les métiers les plus divers et prenant part aux
luttes sociales. Cent fois livré au désespoir et à la tentation du renoncement, cent fois
reprenant courage pour d'autres rencontres, de nouvelles façons d'éprouver le monde.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
de mille feux aux yeux des habitants de Timisoara et d'Arad
Les prix peuvent être inférieurs de moitié et cela concerne
aussi les achats de Noël: cadeaux, jeux, parfums, cosmétiques,
chocolats, confiserie, etc. Metro, Praktiker, le Mall (galerie
commerciale à étages) Szeged Plaza sont les lieux les plus fréquentés, mais c'est l'hypermarché Cora qui attire le plus cette
nouvelle clientèle. Ses dirigeants ont compris l'enjeu et assurent l'apprentissage du roumain à leurs caissières.
"Ici, tout est moins cher, de bien
meilleure qualité et le choix est plus grand"
Le même leitmotiv revient incessamment: "Ici, tout est
moins cher, de bien meilleure qualité et le choix est plus
grand".
Depuis la "Révolution", les habitants du Banat ont ainsi
pris le pli de se précipiter chaque fin d'année à Szeged; mais
ils font aussi le trajet le reste de l'année, souvent une fois par
mois, n'oubliant pas de s'arrêter aux "Duty free shops" des
postes frontières, dévalisés au moment des fêtes : on y trouve
le litre de vodka "Absolut", la plus prisée, à 8 € au lieu de 14.
par les policiers.
36
Près de dix ans avant Gide et son
fameux Retour de l'URSS Panaït
Istrati, militant syndical et conteur
visionnaire, avait découvert, au
cours d'un voyage à Moscou, les
tares qui minaient l'utopie communiste et les avaient dénoncées, tentant de convaincre ses camarades
qu'il ne pouvait y avoir de socialisme
sans la liberté. Cette prise de position allait lui attirer la colère de la
gauche de l'époque et le désaveu de
Romain Rolland.
Considéré par les uns comme un
dangereux bolchevique, par les
autres comme un traite à la classe
ouvrière, Panaït Istrati est mort seul
et abandonné, en 1935, dans une
Roumanie où déjà le fascisme et
l'antisémitisme, ses ennemis de toujours, consolidaient leur emprise au
sein d'une classe politique hésitante
et désorientée. Honnête, refusant
l'aveuglement, l'écrivain s'était
retrouvé seul face à une intelligentsia française partagée entre les deux
idéologies monstrueuses du XXème
siècle.
Dans une Autobiographie publiée dans la revue Europe en août 1923, il lâche à
jets serrés le récit de ses pérégrinations à travers les Balkans, l'Egypte et l'Europe,
scandé par une antienne qui pourrait se résumer à ceci: "Misère, famine, manque
d'abri, poux, mégots." Pendant la première guerre mondiale, atteint par cette tuberculose qui l'emportera en 1935, il décide d'apprendre le français et découvre les grands
classiques. Rechute en 1919. Année noire où il perd également sa mère; année de
rédemption par la lecture éblouie du Jean-Christophe de Romain Rolland.
Le "Gorki" des Balkans
P
anaït Istrati est disparu prématurément au printemps 1935, à
l'âge de 51 ans. L'écrivain roumain avait connu une notoriété mondiale
foudroyante avec son roman Kyra
Kyralina , "un récit aérien et lumineux
comme un vol de papillons au soleil,
coloré comme une troupe de bohémiens
en marche, mélancolique et tendre
comme une chanson de route qui n'a
jamais de fin" commentera Joseph
Kessel.
L'auteur, qui s'était imposé à Paris,
écrivant en français, avait ouvert la voie à
une pléiade de prodigieux intellectuels
roumains qui s'installeront en France:
Emil Cioran, Mathila Ghica, Mircea
Eliade, Eugen Ionesco, Tristan Tzara…
Dans la préface de Kyra Kyralina,
en 1924, Romain Rolland avait dressé le
portrait saisissant de cet inconnu qui était
devenu par la suite son ami, retraçant
Les étudiants s'y fournissent en cartouches de cigarettes qu'ils
revendent au noir sur le campus de Timisoara.
Le mouvement devrait encore s'accélérer dans les mois
qui viennent avec le prolongement de l'autoroute BudapestSzeged jusqu'à la frontière roumaine, réduisant cette dernière
distance à vingt minutes. D'ailleurs, certains Roumains se dirigent déjà directement vers la capitale hongroise qui n'est plus
qu'à deux heures et s'offrent, pour le prix d'une vignette d'autoroute (5 €), l'accès aux grands magasins d'une métropole
européenne.
Les achats importants sont également moins chers. Le
même aragaz (gazinière), vaut 25 % de moins, côté hongrois,
et on peut, en outre, se faire reverser la TVA à la douane, divisant ainsi son prix pratiquement par deux. Avant la
"Révolution", les échanges existaient… mais plutôt dans
l'autre sens: les Roumains passaient la frontière pour y proposer des produits de leur fabrication à des prix défiant toute
concurrence. Mais depuis la chute du rideau de fer, les
Hongrois ont pris le goût des articles occidentaux et s'en sont
détournés, le commerce n'étant plus qu'à sens unique.
entre Bucarest et Brasov… soit un tous les sept kilomètres
Né écrivain à près de quarante ans
Dénonçant Moscou
bien avant Gide
Société
mieux que quiconque ce que fût son destin: "Dans les premiers jours de janvier
1921, une lettre me fût transmise, de l'hôpital de Nice. Elle avait été trouvée sur le
corps d'un désespéré, qui venait de se
trancher la gorge. On avait peu d'espoirs
qu'il survécût à sa blessure. Je lus, et je
fus saisi du tumulte du génie. Un vent
brûlant sur la plaine... C'était la confession d'un nouveau Gorki des pays balkaniques. On réussit à le sauver. Je voulus
le connaître. Une correspondance s'engagea. Nous devînmes amis."
"Il se nomme Istrati. Il est né à
Braïla", en 1884, d'un contrebandier grec,
qu'il n' a point connu, et d'une paysanne
roumaine, une admirable femme, dont la
vie de travail sans relâche lui fût vouée.
Malgré son affection pour elle, à
douze ans il la quitte, poussé par un
démon de vagabondage, ou plutôt par le
besoin dévorant de connaître et d'aimer.
Spray invisible miracle
Mais les Roumains ont d'autres
moyens pour déjouer les pièges de la
police routière. De l'avis même de celleci, les plaques d'immatriculation sales ne
permettent pas de bien identifier les
contrevenants. De même, rouler avec les
rayons rasants du coucher ou du lever du
soleil perturbe l'enregistrement des clichés établissant la faute. Certains
conducteurs ramènent également de l'étranger des dispositifs (illégaux) leur permettant de détecter un ou deux kilomètres
à l'avance la présence des radars (n'est-ce
pas L… qui se reconnaîtra !), ou se les font
envoyer d'Amérique
par leurs proches qui y
sont établis. Enfin, on
trouve à faire livrer par
Internet des feuilles de
protection
transparentes qui se collent en
moins de cinq minutes
sur les plaques avant et arrière et ne permettent de les photographier que de face,
alors que les radars ont un angle de prise
de vue d'environ 30°. Il en coûte 50 €.
Leur emploi est interdit et on peut se faire
verbaliser. Qu'à cela ne tienne… un spray
invisible miracle, "Photoshopper", pro-
duit le même effet et
se révèle particulièrement efficace la nuit,
face aux flashs. Il suffit de l'appliquer une
fois et le flacon, utilisable pour six véhicules, ne coûte que 20
€. Avantage supplémentaire: dans l'attente d'une modification de la réglementation, ce n'est pas - encore - répréhensible
aux yeux de la loi, car il ne s'agit pas d'un
dispositif supplémentaire.
L'ensemble de ces moyens permettent à 10 % des contrevenants d'échapper
aux sanctions !
se mettent à l'agriculture biologique
Spécificité roumaine: celle-ci était en bonne partie écoulée
sur les marchés par des petits agriculteurs exploitant une ferme
familiale et vendant leurs produits guère plus cher que les
autres. Il faut souligner qu'une bonne partie de la production
assurée par ces petites unités est naturellement biologique,
même si elle n'est pas homologuée, les paysans roumains
n'ayant ni l'habitude, ni les moyens d'utiliser des engrais chimiques.
D'après les professionnels du secteur, ces produits sont
vendus dans les magasins spécialisés à une classe sociale qui
dispose de plus de 500 € de revenus mensuels et peut s'offrir
un kilo de fraises à 2 ou 3 €, le producteur les mettant sur le
marché à un euro. Ils sont aussi exportés à l'étranger, notam-
ment en Grèce, où leur prix double.
Les conserves ou fabrications à bases de légumes et fruits
biologiques se développent également, ayant atteint 50 000
tonnes l'an passé; on trouve des haricots, des cornichons, des
macédoines, des jus de poivron et de tomate. Une firme britannique s'est installée à Rupea, près de Brasov et le prince
Charles lui-même a acquis une ferme dans la région pour se
consacrer à l'agriculture biologique. Elle a investi 5 M€ et
prévoit de produire dès 2006 une sorte de roquefort, de la mozzarella, des yaourts, des glaces avec des fruits des bois, utilisant pour tous ses produits laitiers du lait de buffle, particulièrement apprécié en Occident parce qu'il contient 40 % de
moins de cholestérol.
17
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Un maire du Maramures
en guerre ouverte avec les "manele"
Vie quotidienne
z
z
SATU MARE
z
ARAD
z
ORADEA
CLUJ
IASI
z
z
z
BRASOV
TIMISOARA
z
TARGU
MURES
z
z
ALBA I.
BOTOSANI
z
SUCEAVA
z
z
BAIA MARE
z
PITESTI
z
SF. GHEORGHE
z
RESITA
CRAIOVA
M. CIUC
GALATI
z
BRAILA
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
GIURGIU
z
CONSTANTA
z
z
Disparités régionales (suite)
18
Les experts des Nations Unies ont
aussi relevé de grandes disparités
régionales, les Moldaves ayant un
niveau de vie quatre fois inférieur à
celui des Bucarestois, bien que la
région reçoive quatre fois plus de
fonds d'Etat que la capitale. La
Moldavie est devenue la principale
terre d'émigration du pays, avec les
judets d'Alba Iulia et de Vâlcea,
caractéristique qui affectait autrefois
les judets de Satu Mare, Bihor
(Oradea), Caras-Severin (Resita),
Dolj (Craiova), Constantsa, Harghita
(Miercurea Ciuc) et Covasna (Sfântu
Gheorghe), où la situation s'est
retournée, au moins sur ce plan.
Une gouvernance
mise en question
Le rapport rappelle que l'indice de
perception de la corruption par la
population place la Roumanie au
87ème rang sur 146 pays classés. Il
souligne l'inéquité de la répartition
des fonds d'Etat au niveau local, souvent attribués sur des critères politiques. Ainsi, en 2002, le judet de
Bacau avait reçu 5 fois plus de fonds
pour refaire ses routes que celui de
Giurgiu. Enfin, il reprend une étude
de la Banque Mondiale sur la bonne
gouvernance qui met en lumière tous
les manquements de la Roumanie.
Que ce soit sur les chapitres de la
responsabilisation et de l'implication
des citoyens, de la stabilité politique,
de l'efficacité des pouvoirs publics,
de la qualité de la réglementation, de
la lutte contre la corruption, la
Roumanie obtient seulement la moitié des points attribués à la Hongrie
et est devancée par la Bulgarie.
L
es "manele", airs balkano-tsiganes vulgaires, ont envahi l'espace musical
roumain depuis maintenant près de cinq années. Populaires auprès des
jeunes, déversés à longueur de journée par les radios, envahissant les discothèques, ils irritent au plus haut point les adultes. C'est le cas de Anton Ardelean,
maire de Tautii Magheraus, dans la banlieue de Baia Mare, dans le Nord du pays, qui
s'emporte contre ce "fléau sudiste". Depuis 2003, l'élu ne supportait plus d'entendre
sortir ces effluves sonores agressives des endroits où se réunissaient les jeunes pour
s'enivrer à longueur de soirée. Au début, le maire a tenté de les convaincre qu'ils abîmaient leurs oreilles et leur foie, mais rien n'y a fait.
Alors Anton Ardelean a décidé d'employer les grands moyens, interdisant les
"manele" dans les lieux publics et s'entendant avec le directeur de la maison de la culture locale pour organiser des fêtes gratuites, où le jus d'orange remplace la bière et le
rap, la house, le pop et le rock, la musique criarde honnie. Il a même fait glisser dans
les programmes des valses et des tangos pour que les jeunes découvrent la danse "civilisée" en couple, et que leurs aînés puissent se joindre à eux.
Mais comme ces mesures ne se révélaient pas suffisantes, le maire a menacé les
propriétaires des trois discothèques de la ville de faire descendre chez eux la redoutable Garde Financière (le fisc) pour vérifier leur comptabilité ainsi que le contrôle de
l'Environnement, pour le respect des mesures de sécurité. Ce chantage s'est révélé plus
efficace, et même si certains jeunes de Tautii Magheraus traitent le maire de "dictateur" et de "raciste", on n'entend guère plus les "manele" qu'en sourdine, à la sauvette, tard dans la nuit. Les 137 commerces et 36 lieux publics de la commune où ces airs
de "sauvage" régnaient jusque là en maître ne passent plus que de la musique civilisée, à savoir les Rolling Stones, Bonnie M, Queen et leur fameux "We are the champions", Freddy Mercury…
Anton Ardelean a une philosophie bien à lui. Quand il était médecin vétérinaire,
il avait introduit la diffusion d'airs d'opéras dans les étables de la ferme bovine qu'il
dirigeait et se félicitait que les vaches donnent 15 à 20 % de lait supplémentaire. Alors
le maire se pose cette question : "ce que j'ai réussi avec les vaches… pour quoi cela
ne marcherait-il pas avec nos enfants, si on leur donne de la bonne musique ?".
L'élu s'attendait à être sanctionné par les mécontents lors des dernières municipales. Il a été reconduit à son poste avec 82 % des suffrages… soit le deuxième
meilleur score de Roumanie, après le maire de Sibiu !
Les voitures sans permis arrivent en Roumanie
L
es voitures sans permis viennent de faire leur apparition en
Roumanie, importées de
France par la firme Reva Romania qui
commercialise
deux modèles du
fabricant Microcar.
Ces voiturettes sont
équipés de moteurs
diesel,
consommant 3,5 litres au
100 kilomètres, ont
une longueur de 2 m 80 pour une largeur
d'1m 50 et un poids de 350 kg. Leur
vitesse maximum est de 45 km/h, ils disposent de freins à disque, d'un airbag
pour le conducteur. Leur prix varie entre
9000 et 10 000 €, hors taxes.
Ces voitures n'ont pas besoin d'immatriculation et peuvent être conduites à
partir de 16 ans. L'importateur espère en
vendre 12 par trimestre. Il vise particulièrement la clientèle
féminine, les Roumaines étant beaucoup plus nombreuses que les
hommes à ne pas
posséder le permis
de conduire, mais
aussi la "jeunesse dorée" de 16 à 18 ans,
et ceux qui n'arrivent pas à décrocher le
permis. Contrairement à la France, il
n'espère pas toucher le créneau du troisième âge, vue la faiblesse des revenus de
cette catégorie de population.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Livres
S
Connaissance et découverte
"Solitude et destin", écrits de jeunesse d'Emil Cioran
Le talent et l'anti-conformisme du philosophe
au service d'une entreprise de camouflage ?
ous le titre Un Cioran très politiquement correct,
Alexandra Laignel-Lavastine analysait dans une critique parue dans le Monde des Livres du 1/07/2004
le dernier ouvrage rassemblant les écrits de jeunesse du philosophe Emil Cioran. Voici quatre ans, en publiant Cioran,
Eliade, Ionesco: l'oubli du fascisme (Voir "Les Nouvelles de
Roumanie", n° 12, p. 28 et 29), l'historienne française avait
déclenché une véritable tempête parmi les intellectuels roumains, relayée par la presse, qui
n'acceptaient pas que l'on mette en
cause le passé de ces "monstres
sacrés" de la littérature et de la
pensée roumaine, la vérité historique
ayant bien du mal à s'accommoder
de l'exaspération du sentiment national. Avec son dernier article (lire cidessous), gageons qu'Alexandra
Laignel-Lavastine ne se fera pas de
nouveaux amis en Roumanie…
Emil Cioran
"Comment ne pas se réjouir de la
parution de Solitude et destin, un ouvrage qui rassemble près
de 80 articles publiés en Roumanie par le jeune Cioran entre
1931 et 1943 ? D'autant que depuis leur publication à
Bucarest, les amoureux non roumanophones de l'écrivain
auront dû attendre... treize ans avant d'y accéder.
Mais à quoi accèdent-ils ici au juste ? Précisons-le d'emblée puisque cette édition française n'en dit rien: ce recueil est
le fruit d'un choix opéré par Cioran lui-même en 1990, qui
préféra en sortir l'ensemble de ses écrits trop ouvertement politiques de la période. Comme sa série d'articles envoyés du
Reich en 1933-1934, preuves de sa fascination pour le nazisme; ou ceux de 1935-1940, témoins de son ralliement à la
Garde de fer, organisation fasciste et antisémite parmi les plus
violentes de l'entre-deux-guerres.
Ce parti pris que rien n'indique ni n'éclaire - ni avant-propos, ni postface, ni appareil critique - prive le lecteur de l'intelligence d'un chapitre crucial de l'histoire intellectuelle des
années 1920 et 1930, dont Cioran reste une figure emblématique. Ce moment où, d'un bout à l'autre du Vieux Continent,
apparaît une nouvelle génération en révolte, soudée par le mot
d'ordre de "révolution spirituelle". Certains s'y tiendront;
d'autres, dont Cioran, glisseront après 1933 vers la "révolution
nationale".
Dans un style flamboyant, Solitude et destin restitue bien
les ingrédients de cette humeur d'abord contestataire : aversion
pour les "vieillards", haine du parlementarisme et de la démo-
L
cratie, rejet de la morale humaniste et de "l'esprit français". Ce
qu'il leur oppose ? "Le culte de la force" et de l'authenticité,
l'exaltation de l'irrationnel et de l'élan vital. Bref, la matrice
même de son engagement politique.
Une seule face de la médaille
Pour autant, le lecteur français en sortira comblé: il croira
y retrouver, un zeste de mal-pensance en plus, son Cioran de
toujours, certes anticonformiste, mais déjà si talentueux. Le
problème, c'est qu'on ne lui montre dans ces pages qu'une face
de la médaille. Il se laissera bercer par cette correspondance de
Munich, publiée dans "Vremea" en mai 1934 et joliment intitulée Eloge de la prophétie. Ce
qu'il ignore, c'est qu'en novembre
1933 et dans le même journal,
l'auteur saluait dans le nationalsocialisme une salutaire "barbarie créatrice". Il ne sait pas non
plus que deux mois plus tard, le
15 juillet 1934, le sens de ladite
prophétie s'éclairait grâce à
"Hitler dans la conscience allemande": Cioran nous assure en
effet dans cet article-là (et dans
beaucoup d'autres) qu'"il n'existe
Alexandra Laignel-Lavastine
pas d'homme politique qui m'inspire une sympathie et une admiration plus grande qu'Hitler".
Et l'on pourrait multiplier les exemples.
Cette entreprise de camouflage a aujourd'hui, quelque
chose d'absurde. La publication du Journal de Drieu La
Rochelle a-t-elle jamais empêché quiconque de lire et relire
l'écrivain ? Alors pourquoi ces quatrièmes de couverture agrémentées des mêmes poncifs dès qu'il s'agit des écrits roumains
de Cioran ? Ainsi de son "pessimisme". Pessimiste, vraiment,
son plaidoyer d'alors en faveur d'une Roumanie fanatisée dans
la "mystique d'un effort collectif de la nation"? Ou encore de
ses éternels "vingt ans". En 1940, Cioran allait tout de même
vers la trentaine... ".
Alexandra Laignel-Lavastine (Le Monde, 1er juillet 2004)
E.-M. Cioran, Solitude et Destin (Singuratate si Destin), de
Traduit du roumain par Alain Paruit, Gallimard, "Arcades", 426 p.,
15 € (100 F).
Alexandra Laignel-Lavastine, Cioran, Eliade, Ionesco: l'oubli
du fascisme, PUF (Presse Universitaire de France), Perspectives critiques, avril 2002, 552 pages, 29 € (190 F).
Herta Muller, prix de littérature européenne
'écrivaine d'origine roumaine Herta Muller a reçu, à Stuttgart, le prix Wurth de littérature européenne, doté de 25 000 €, décerné tous les deux ans et dont la création remonte à 1998. Agée de 53 ans, Herta Muller a émigré en Allemagne en 1987 et vit désormais à Berlin. Elle est devenue l'une des plus importants écrivains allemands actuels.
35
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
"Le Paradis des poules":
le regard truculent et caustique de
Dan Lungu sur la Roumanie populaire
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Livres
BOTOSANI
BAIA
MARE
z
ORADEA
z
CLUJ
z
ARAD
z
ALBA IULIA
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z
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SUCEAVA
TARGU
MURES
z
TIMISOARA
IASI
FOCSANI
z
z
z
z
z
GALATI
SIBIU BRASOV
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
"Moi, c'est à l'usine
que je me suis
habitué au café"
34
Dans son roman, Dan Lungu
explique, à sa manière narquoise,
l'importance prise par le café sous le
communisme et le rythme de travail
observé dans les usines roumaines:
"…Moi, c'est à l'usine que je me
suis habitué au café. Là-bas, il y en
avait sans arrêt, de ces temps morts;
jusqu'à l'arrivée de la matière première, on attendait, mais au lieu d'attendre, on buvait un petit café bouilli
sur le réchaud.
Quand la matière première arrivait,
on nous coupait le courant. Qu'est-ce
qu'on faisait ? On buvait un petit
café. Quand le courant revenait, c'était la pause du déjeuner. On mangeait, et puis après, hop ! un petit
café. Après la pause, la machine
tombait en panne. Qu'est-ce que
vous voulez ? Elle était vieille, c'était
comme çà. Jusqu'à l'arrivée du
mécanicien chargé de l'entretien, qui
arrivait en prenant son temps, on en
reprenait un. Quand il l'avait réparée,
on restait avec le mécanicien autour
d'une goutte et d'un café, si on en
pouvait encore, pour qu'il nous
raconte ce que la machine avait. Et
ainsi de suite. Moi, je crois que c'était
pour çà que le café était tellement
recherché; avant, tout le monde avait
de ces moments là sans rien faire. Il
fallait tuer le temps d'une manière ou
d'une autre. Et c'est comme çà qu'on
s'est habitués… Maint'nant, tu peux
pas faire un enterrement sans finir
par un petit café avec la coliva* ".
* Plat sucré, servi froid, préparé avec
des germes de blé bouillis avec des noix
concassées, de la cannelle, du sucre, et
que l'on distribue lors des enterrements.
A
l'occasion des "Belles Etrangères", les éditions Jacqueline Chambon ont
publié un roman de Dan Lungu, "Le paradis des poules", traduit par
Laure Hinckel, dont il faut saluer le remarquable travail dans un genre
littéraire particulier. Dan Lungu, fin observateur de ses contemporains, plonge sa
plume panoramique dans les jardins et les maisons qui bordent la rue des Acacias. On
y découvre l'incroyable rumeur qui prend forme le jour où Mme Milica passe le seuil
de la maison du colonel afin d'utiliser son téléphone… Elle va ensuite raconter encore et encore, de porte en porte, son expérience. Et la pauvre connaîtra les affres de la
célébrité dans sa rue ("incroyable, on n'avait jamais d'huile dans le placard, les poules
ne voulaient plus pondre et le sucre vanillé était
introuvable") puis le retour, douloureux, à l'anonymat le plus cruel: "plus personne soudain
n'avait besoin de son huile, des œufs de ses
poules, du sucre vanillé dont elle avait des
réserves…".
Au café du "Tracteur chiffonné", où se
retrouvent les hommes de la rue des Acacias, les
commentaires vont bon train devant un verre de
tsuica distillé dans le bistrot même, sur le "bon
vieux temps de Ceausescu", ce qui provoque des
disputes, sur la transition et la "nouvelle économie", le "dieu dollar". Chaque événement qui se
Dan Lungu a été l’un des invités passe dans la rue, est disséqué, sujet à controverroumains des “Belles Etrangères”.
se et donne une image d'une Roumanie quotidienne qui se cherche sans jamais se trouver
On est loin de la langue de bois des années communistes. Le langage populaire de
Dan Lungu fait rire. La truculence est au rendez-vous. Les situations sont tragicomiques. On fait aussi connaissance avec un petit monde qui porte sur nous,
"Occidentaux", un curieux regard.
Dan Lungu est né à Botosani le 15 septembre 1969. Il est actuellement maître de
conférences à la chaire de sociologie de l'Université Al. I. Cuza de Iasi. Rédacteur en
chef pendant plusieurs années de la revue culturelle "Timpul", il a publié plusieurs
volumes de poésie, de prose et des essais, et reçu plusieurs prix. Il a été un des douze
écrivains roumains invités en France lors des "Belles Etrangères".
Dan Jungu, Le Paradis des poules, Editions Jacqueline Chambon, collection "Metro",
224 pages, 18 €.
Un nouveau lycée français à Bucarest
H
ervé Bolot, ambassadeur de
France en Roumanie, a
confirmé la mise en chantier,
dès ce printemps, d'un nouveau lycée
français à Bucarest, l'actuel lycée Ana de
Noailles, situé près de l'ambassade, s'avérant trop petit pour faire face à la demande. Les travaux devraient durer un an et
l'établissement être prêt pour la rentrée
2007. Ils coûteront 7,8 M€, le quart étant
à la charge de l'Etat français, le reste à
celle de l'association des parents d'élèves.
Jacques Chirac devrait poser la première
pierre symbolique du lycée, fin septembre prochain, à l'occasion du sommet
des chefs d'Etats francophones qui doit se
tenir dans la capitale roumaine.
Par ailleurs, l'ambassadeur a annoncé
le projet de la France de créer une université francophone européenne dont le
centre se trouverait à Bucarest. Il a également indiqué que les autorités françaises
négociaient un accord avec le ministère
de l'Education et de la Recherche roumain en vue de développer l'enseignement franco-roumain.
Insolite
Société
A Aiud, le paradis commence… en enfer
J
oseph effectue dix-sept années pour crime passionnel,
les rois mages, trois ans pour vol qualifié et dix ans
pour coups ayant entraîné la mort, un ange, cinq ans
pour escroquerie, un berger, sept ans pour violences
aggravées… Depuis 1999, quatorze des mille détenus de la
prison de haute sécurité de Aiud (Alba), sélectionnés par le
prêtre de l'établissement, interprètent la scène de la Nativité, la
nuit de Noël, devant 300 de leurs jeunes co-détenus, regroupés
dans la chapelle du pénitencier, transformée en théâtre pour la
circonstance. Le spectacle est retransmis par circuit interne de
télévision dans toute la prison, notamment à l'intention des 33
femmes incarcérées que les gardiens ont jugé plus prudent de
tenir à l'écart.
Le récitant, un vénérable prisonnier, purge vingt ans pour
avoir tué, par jalousie, son meilleur ami. Un ensemble de dix
choristes interprète des “colinde” (cantiques de Noël),
emmené par son chef, condamné à trois ans pour récidive de
vol de téléphone portable. Il n'a pas eu de chance: sa seconde
victime, un banquier, disposait du système GPS, ce qui a permis de le localiser immédiatement.
A Aiud, la vie des détenus s'est améliorée ces dernières
années. Ils reçoivent des cours, disposent d'une bibliothèque,
de la télévision par câble. Certains travaillent ; chaque mois de
labeur raccourcit leur peine d'une semaine et leur rapporte un
pécule de 12 €. Au milieu des années 90, une équipe de trois
d'entre eux avait été retenue pour peindre la chapelle de la prison. L'un, condamné à une très longue peine, avait travaillé
avec d'autant plus d'acharnement et de talent que la direction
et le prêtre lui avaient promis qu'il serait libéré de façon anticipée, à l'occasion de Noël 1996, mais le président Iliescu a
refusé sa grâce. Dix ans après, il chante toujours des colinde
dans la chapelle qu'il a décorée.
Réconfort
P
our apporter un réconfort
moral aux malades et aux
blessés de son judet, le
directeur du service des ambulances
d'Arges (Pitesti) a décidé d'engager
quatre prêtres qui accompagneront
les secours. Se succédant par
tranches de huit heures, y compris la
nuit et le dimanche, ils les suivront
dans un véhicule à part, et devront
prévoir d'emmener les saintes huiles
pour l'extrême onction. Ce sont les
médecins qui décideront de leur
intervention, suivant la gravité des
cas… ce qui ne manquera pas de
rassurer ceux qui les verront arriver
!Jugeant l'initiative sympathique,
l'Eglise a donné son feu vert et désignera les officiants.
19
Retour du
marché,
cochons
vendus...
A faire
dresser les
cheveux sur
la tête des
féministes !
"Soûl comme un Polonais"
C
haque jour, le "déssoûloir" de
Varsovie accueille 110 à 130 personnes arrêtées par la police. La
plus jeune jusqu'ici enregistrée n'avait que
onze ans et l'on peut y croiser de temps en
temps des octogénaires. Dernièrement, l'établissement a été équipé de nouveaux alcootests, conformes aux normes européennes.
Malheureusement, les policiers ne peuvent pas les utiliser et sont obligés de se servir des anciens. Les nouveaux appareils ne
mesurent en effet pas les taux dépassant
quatre grammes d'alcool… "ce qui est assez
fréquent dans ces lieux" s'est plaint un
médecin.
Q
Le Père Noël veut des villes propres
uelques jours avant Noël, plusieurs dizaines d'enfants des maternelles
ont défilé dans le centre de Pitesti et fait une présentation de mode au
théâtre Aschiuta dans des tenues fabriqués à partir de rebuts de papier
et de bouteilles en plastique. Il s'agissait, à l'initiative des autorités locales, de
signifier aux adultes qui continuent à jeter n'importe où leurs détritus, malgré
l'installation de conteneurs prévus à cet effet, que le Père Noël ne pouvait pas
venir déposer ces cadeaux dans un lieu envahi par les ordures. Pitesti est pourtant
considérée comme une des villes les plus propres du pays.
Distillerie clandestine
L
es gardiens de la prison de haute sécurité de Botosani, intervenant dans
une cellule où une bagarre générale avait éclaté entre la dizaine de
détenus qui y étaient enfermés, ont eu la surprise de constater qu'ils
étaient tous dans un état d'ébriété avancée, bien que la consommation d'alcool soit
interdite dans l'établissement. Entreprenant des recherches, ils ont découvert une
mini-distillerie clandestine qui fonctionnait déjà depuis un moment. Les autorités
essaient maintenant de déterminer de quelle manière les ingrédients nécessaires à
la fabrication de cette tsuica fabriquée derrière les barreaux ont pu entrer dans ce
lieu très surveillé, sans attirer l'attention.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Santé
SATU MARE
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SUCEAVA
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IASI
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BACAU
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VASLUI
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TIMISOARA
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SLATINA
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RESITA
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TARGOVISTE
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SLOBOZIA
BUCAREST
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CONSTANTA
Les Roumains
ont mal au foie
20
Les premiers cas ont été détectés grâce
Peinture
SIDA pédiatrique: un chirurgien
z
ORADEA
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Les maladies du foie sont une des
affections qui ont le triste privilège de
placer les Roumains en tête, en
Europe, avec la tuberculose, les
maladies du cœur et le Sida des
enfants. On estime à environ 10 %
de la population les personnes touchées par l'hépatite B ou C, la fréquence de la première étant particulièrement élevée chez les enfants,
les jeunes de moins de dix-huit ans
et les hommes. L'alcool en est la
première cause, suivie par une alimentation laissant à désirer, la transmission sexuelle et des négligences
au niveau des soins dentaires.
Un an d'attente
pour se faire opérer
Les patients qui doivent de faire
opérer sont très souvent obligés d'attendre un an, voire plus, tant les
listes d'attente sont surchargées, les
hôpitaux n'ayant pas les moyens
financiers de faire face. Certains, tout
bonnement, manquent de sang. A
Bucarest, seulement un patient sur
dix nécessitant une intervention compliquée au niveau cardiaque arrive
sur la table d'opération.
La situation est identique pour les
patients qui ont besoin d'une prothèse. Ainsi à Resita, Timofte Florica, 63
ans, a patienté un an avant d'avoir
accès à un chirurgien car il n'y avait
pas de fonds pour financer l'achat de
sa prothèse de la hanche, d'un coût
de 1000 €. Mais au moment de
l'opérer, le praticien n'a pas trouvé
cet appareillage bien qu'il ait joint
tous ces collègues du pays. Après
l'avoir maintenue hospitalisée en vain
plusieurs semaines, il a dû renvoyé
sa patiente chez elle.
L
'épidémie de SIDA pédiatrique de Roumanie a été un des évènements les
plus médiatisés de ces vingt dernières années, nuisant considérablement à
l'image de ce pays tout en révélant une réalité effroyable. Comment a-t-elle
été déclenchée et mise à jour ? Respon-sable de l'équipe de "Médecins du monde" sur
place, arrivé à Bucarest en pleine "Révolution", dès le 22 décembre 1989, et où il
demeure toujours, le chirurgien nantais Jean-Gabriel Barbin est celui qui l'a découverte et en a informé les autorités compétentes.
En exclusivité pour les lecteurs des "Nouvelles de Roumanie" et pour la première fois, il évoque ce moment d'histoire qui n'a encore jamais été rendu public,
répondant aux questions d'Henri Gillet.
Il n'existait qu'un cas officiel en Roumanie
Henri Gillet: En débarquant à Bucarest avec vos confrères, avez-vous imaginé
que la Roumanie était aux prises avec ce fléau du SIDA ?
Jean-Gabriel Barbin: Pas le moins du monde ; notre préoccupation première
était de soigner les victimes des évènements. A cette époque, il faut dire que, même
en France, le SIDA apparaissait encore comme une maladie émergente, touchant surtout les homosexuels. "Médecins du monde" était impliqué au plan mondial dans cette
lutte, mais c'était une affaire de spécialistes. En Roumanie, il n'existait qu'un seul cas
officiel: celui d'un steward de train international qui, aux dires de la propagande, l'aurait contracté en Occident. D'ailleurs, début janvier 90, une délégation de
l'Organisation Mondiale de la Santé, en visite à Bucarest, n'a rien décelé… pas plus
que l'épidémie de tuberculose, pourtant déjà très préoccupante.
La confidence d'un vieux médecin victime d'un infarctus
H.G.: Comment avez-vous découvert l'existence de l'épidémie ?
J.G.B: Fin janvier, je me trouvais avec un vieux médecin roumain dans une polyclinique de Bucarest dont je voulais faire l'évaluation. Au cours de notre visite, il a fait
un pré-infarctus; je l'ai fait immédiatement hospitaliser, sa famille est venue. Il m'a
demandé de m'approcher et m'a confié: "Je ne veux pas mourir comme çà. Il faut que
vous vous rendiez à l'Institut Victor Babes. C'est un véritable scandale".
Il y avait deux établissements à ce nom; finalement j'ai trouvé le bon.
Accompagné d'un interprète, j'ai pu pénétrer, non sans résistance et difficulté, dans le
service des maladies tropicales et d'infectiologie, et je suis tombé sur le professeur
Paun qui m'a emmené dans l'unité des enfants. Le choc a été terrible. Je n'étais pas
face à des petits mômes, mais à de véritables zombies, totalement décharnés. Je
n'avais jamais vu çà… même pendant la famine en Ethiopie.
C'était ahurissant. Paun était visiblement dépassé, confiant qu'il ne savait pas de
quoi il s'agissait. L'idée du SIDA ne lui était même pas venue à l'esprit et il continuait
à renvoyer mourir vers leurs orphelinats ou institutions les enfants qu'on lui envoyait
pour procéder à des analyses, sans se poser plus de questions. Cela ne l'a pas empêché d'être nommé par la suite responsable de la lutte contre le SIDA en Roumanie, par
l'OMS.
Il m'a toutefois donné l'adresse d'un institut de virologie où des vétérinaires utilisaient des test de rétro-virus Elisa pour dépister des infections dans le bétail, mais
identiques à ceux employés dans le cas du SIDA.
J'y ai rencontré des médecins alarmés de trouver de plus en plus de bébés victimes
de pneumonies, suivies d'une importante perte de poids et d'un décès rapide. Comme
les cas se multipliaient, on pouvait presque parler d'épidémie. Plusieurs de ces jeunes
praticiens ont suspecté l'existence du SIDA et se sont retournés vers le directeur de
l'Institut vétérinaire, le professeur Cajal, un académicien réputé, qui leur a fourni 600
tests vétérinaires. Ils se sont tous révélés positifs !
Connaissance et découverte
L'aquarelliste Iulia Halaucescu rend compte de la construction
du premier grand barrage de Roumanie au musée de Bicaz
Une vallée martyrisée qui pourrait retrouver son lustre
I
ulia Halaucescu a aujourd'hui 82 ans et vit à Piatra
Neamt. Mais c'est à Tarcau (son village natal) et à
Bicaz, dans ce même département de Neamt, que peut
se voir sa peinture. A Tarcau, un musée vient d'être inauguré à
son nom et possède une grande partie de son œuvre d'aquarelliste. A Bicaz (distant de quelques kilomètres seulement de
Tarcau) sont exposées plus spécifiquement les œuvres en rapport avec la construction du barrage de cette petite ville.
L'histoire (roumaine) n'a retenu de cet immense chantier
des années 50 (le barrage est devenu opérationnel en 1960),
que l'avancée prodigieuse qu'il a représentée pour le pays.
Premier de ce genre en Roumanie (depuis, il y a eu celui des
Portes de Fer), le barrage de Bicaz illustrait alors à merveille
l'entrée du pays dans la technologie moderne et dans l'industrialisation. La propagande d'Etat ne manqua pas, bien sûr, de
faire jouer ses rouages à plein régime. L'enthousiasme devait
être général.
Quatre à cinq communes englouties
Aujourd'hui, un regard libre sur ce passé indique que telle
ne fut pas l'absolue vérité. Certes, la réalisation technique que
représente cette construction ne se discute apparemment pas.
Le barrage de Bicaz a la réputation d'être un solide édifice bien
conçu. Il a reçu 1625 millions de mètres cubes de béton pour
une hauteur de 127
mètres et une longueur de 435 mètres.
La retenue d'eau qu'il
occasionne ainsi est
d'une longueur de 35
à 40 kilomètres. C'est
désormais le lac de
Bicaz alimenté par la
rivière Bistritsa. A
l'occasion de sa mise en eau, il a provoqué l'engloutissement
de 4 à 5 communes de plusieurs villages. Les expropriés,
volontaires ou non (c'est-à-dire indemnisés ou non), furent
relogés sur Bicaz dans des blocs et se virent attribués des petits
lopins. Bicaz changea alors de visage. D'un village, elle devint
ville. D'un centre agro-touristique traditionnel (le roi, par
exemple, possédait là un domaine pour ses vacances d'été),
elle devint une ville sans âme marquée par la présence d'une
cimenterie à ses portes et par de multiples blocs en son sein.
Les Plutash disparurent, eux qui transportaient sur la Bistritsa
le bois sur des radeaux depuis des générations.
L'oubli le plus net toutefois sur cette construction est relatif aux populations qui travaillèrent là. Si sur la rive droite se
trouvaient des civils et des appelés du contingent militaire
(désarmés), sur la rive gauche étaient employés des détenus
politiques qui étaient installés, hors travail, dans un camp fortifié situé entre la sortie de Bicaz et le barrage. De l'aveu même
d'un ancien habitant de Bicaz, la mortalité sur cette rive
gauche était de 10 % plus forte environ que sur l'autre.
Un manque d'enthousiasme
bien loin de la propagande
La représentation par Iulia Halaucescu de cette épisode de
l'histoire locale (et nationale) n'échappe pas, par certains
aspects, à l'engouement voulu
par le régime d'alors. Installée
sur les abords du chantier, l'artiste laisse transparaître en peignant son admiration pour un tel
gigantisme. Difficile probablement, à ce moment-là, d'échapper à un réel sentiment de fierté
face à cette entreprise monumentale de modernisation.
La Roumanie n'avait, après
tout, pas tant d'expérience que
cela en la matière. Ainsi,
quelques tableaux évoquent ce sentiment d'un progrès en
marche tel ceux, par exemple, représentant la cimenterie et ses
gigantesques tuyaux ou ceux montrant le chantier avec ses
murs colossaux en construction. Les tableaux qui touchent le
plus sont ceux montrant les ouvriers au travail. Pas de visages
particuliers dans cette peinture mais des corps voûtés sur la
machine ou pelle en main. Des hommes sans identité propre,
tous en chemise rouge, pour travailler le long d'une table roulante. L'artiste rend compte ainsi (volontairement ou non, peu
importe !) que, quelque part sur ce chantier, l'enthousiasme
faisait défaut loin de la volonté affichée par la dictature.
Scènes fluviales de l'ancien temps
Par ailleurs, les aquarelles de Iulia Halaucescu évoquent
un monde en transition, certes, mais un monde poétique. Le
charme est certain dans les peintures qui représentent aussi
bien les scènes fluviales de l'ancien temps que celles qui évoquent les promeneurs et les mariniers sur le barrage par temps
de pluie ou sur le lac. Un amour certain du lieu transparaît au
détour de ces quelques salles consacrées à Iulia Halaucescu et,
par voie de conséquence, elles ne sont pas sans laisser insensible le visiteur qui les parcourt.
Au total donc, heureuse visite que celle-ci au musée de
Bicaz. Un Bicaz certes martyrisé par l'histoire des hommes
mais aussi porteur d'avenir. Situé au carrefour de voies importantes entre Transylvanie et Moldavie et positionné aussi en
situation de carrefour historique, Bicaz ne manque finalement
pas de potentiel pour (re)devenir un lieu stratégique tant du
point touristique qu'économique. Le tout dans un bel écrin
naturel que lui offre sa localisation de porte d'entrée (ou de
sortie) dans les Carpates orientales.
Bernard Camboulives
33
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Mise en musique des grands mythes de la cuture roumaine
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PLOIESTI
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Un concours
à son nom
32
B.C: Depuis quand le lycée de
Deva porte-t-il ce nom ?
A.F: Depuis 1997 mais il existe
depuis 1958. C'est un établissement
scolaire qui regroupe des élèves de
la maternelle au baccalauréat. Nous
avons actuellement plus de 800
élèves et quelque 40 professeurs de
musique. Mais nous enseignons également les Beaux-arts et l'architecture. Les élèves font un choix dès l'âge
de 6-7 ans mais cette option n'est
évidemment pas définitive. Elle les
occupe de 5 à 13 heures par semaine selon le niveau et l'engagement
de l'élève. Le temps hebdomadaire
d'enseignement reste à 32-33
heures. Après obtention du baccalauréat, l'élève peut poursuivre son
option à la faculté ou changer totalement de voie (l'économie, par
exemple).
Nous souhaitons fortement
ouvrir le lycée sur l'extérieur. Ainsi,
nous avons déjà été en contact avec
des lycéens et des groupes musicaux en Allemagne, en Slovaquie.
Nous avons également des contacts
en France (Strasbourg, Paris,
Belfort...) par le biais de concours, de
festivals, etc.
Enfin, chaque année nous
essayons de mettre nous-mêmes en
place un concours international en
hommage à Sigismund Toduta. Les
candidats sont notamment invités
durant leur séjour à Deva à visiter la
commune où est né notre musicien
et où il est également enterré. Ce
lieu se trouve à Simeria tout près de
Deva.
Propos recueillis par Bernard
Camboulives
Site Internet : www.sigismundtoduta.org
Comme créateur, Sigismund Toduta s'est inspiré de trois sources musicales. La première lui vient d'Italie où il a terminé avant-guerre (1936-1938) ses études à l'Institut
pontifical de musique sacrée de Rome. Il sera d'ailleurs le premier docteur roumain en
musicologie. Là, tout en perfectionnant son apprentissage
du piano et de la composition initié à Cluj, il côtoie l'orgue
et la musique religieuse. Pour ce qui est de l'art vocal, il
s'initie à la musique de Palestrina qui laissera une trace
profonde en lui.
Bach est la deuxième grande source à l'œuvre dans sa
création. Sur la musique du Cantor de Leipzig, il effectue
des recherches importantes afin d'en dégager les formes
musicales du baroque (il publie à ce sujet trois volumes
entre 1969 et 1978).
Enfin, sa troisième source musicale réside bien entendu dans la musique traditionnelle roumaine. Il s'initie
Sigismund Toduta directement sur le terrain au folklore roumain et utilise les
thèmes roumains pour ses compositions personnelles. Les
grands mythes de la culture roumaine sont ainsi mis en musique par Toduta. Maître
Manole fait l'objet d'un opéra oratorio tout comme Mioritsa. La poésie de nos grands
poètes Eminescu, Blaga, Blandiana est également mise en musique et donne des lieder de toute beauté. Mais Sigismund Toduta ne s'en tient pas à notre seule poésie roumaine. Il compose également des lieder sur des textes de Baudelaire, de Rilke, etc.
Un musicologue acharné et un grand pédagogue
B.C: Ses sources et son inspiration poétique, tout comme d'ailleurs sa formation, ne sont donc pas seulement roumaines mais européennes ?
A.F: Toduta a incontestablement assimilé les plus importantes techniques de
musique occidentale et sa musique puise autant dans le répertoire textuel religieux que
profane... Sigismund Toduta fut aussi un musicologue acharné. Ses travaux, études,
conférences sont innombrables. En plus de livres sur la musique de Bach, il a effectué
des recherches sur manuscrits religieux. Il a également écrit des articles sur Haendel,
sur Georges Enesco, sur Claude Debussy. Il n'a en rien laissé la musique contemporaine à l'écart puisqu'il a étudié également la musique d'Anton Webern.
Pour ce qui est de son apport de pédagogue, je le considère personnellement
comme très important. Je vous ai déjà dit quel était son niveau d'exigence. Certains de
ses élèves sont devenus des musiciens de renom comme, par exemple, le hongrois
Gyorgy Orban ou le roumain Hans Peter Turk. Pendant de très longues années
Sigismund Toduta a enseigné au Conservatoire de musique de Cluj la théorie, le solfège, la dictée, le contrepoint, la fugue et la composition. Après quoi, peu avant sa retraite survenue en 1973, il a dirigé la Philharmonique de Cluj (1971-1974).
A Deva, 800 élèves fréquentent le lycée artistique portant son nom
B.C: Votre émotion en évoquant ce personnage est tout à fait palpable. L'avezvous rencontré personnellement ?
A.F: - Je n'ai pas été son élève car il était déjà en retraite lorsque j'ai fait mes
études de piano. Mais je le voyais tout de même fréquemment car il était resté professeur consultant au Conservatoire. Je l'ai toutefois abordé directement peu après la
révolution roumaine et peu avant sa mort. Je lui ai rendu visite chez lui dans le but de
faire un film pour la télévision roumaine. Le film a bien été réalisé mais il n'est jamais
passé à la télé. Il a disparu dans la mouvance de l'époque.
Je garde de Sigismund Toduta l'image d'un homme très digne, à la fois d'une grande humanité et d’une grande simplicité mais toujours rigoureux. C'est tout cet
ensemble de qualités que je souhaite voir appliqué dans l'établissement que j'ai l'honneur de diriger actuellement.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
à des tests vétérinaires pratiqués par de jeunes médecins roumains
nantais déclenche l’alerte fin janvier 1990
D'abord sceptique, Paris envoie
un spécialiste qui confirme les 600 cas décelés
"Médecins du monde", venu spécialement à Bucarest a
dévoilé, au cours d'une conférence de presse l'existence de l'épidémie, ç'a été l'horreur. Les chaînes américaines, CNN en
H.G.: Quelle a été la réaction de vos confrères de
tête, japonaises, etc, se sont déchaînées. Pourtant le même
"Médecins du monde", à Paris,
problème existait ailleurs, dans la
lorsque vous les avez alertés?
banlieue de Moscou, par exemple.
J.G.B: Ils n'y ont pas cru.
D'ailleurs les Russes, très inté"Qu'est-ce que c'est çà ? C'est
ressés, ont envoyé des équipes
encore un bobard. Ce chirurgien
pour venir voir comment çà se
n'y connaît rien". A leur décharpassait… mais personne n'en a
ge, je dirais qu'on était en plein
parlé.
scandale de la fausse rumeur des
Ce fut le début de l'engrenage
charniers de Timisoara. Tout ce
qui fait cette image de la
qui venait de Roumanie était sujet
Roumanie aujourd'hui: les charà caution. Mais j'ai insisté et
niers de Timisoara, l'exécution des
j'avais à faire quand même à des
Ceaucescu, le SIDA des enfants,
gens sérieux. Paris a donc décidé
les orphelinats. Sous le déferled'envoyer sur place un virologue
ment médiatique, la réaction a été
de haute volée, Dublanchet.
affective: c'était la Roumanie
Pendant quatre jours, celui-ci
"mauvaise mère".
a testé la chaîne d'examen d'Elisa,
Je dois dire que j'en suis encone relevant aucune erreur méthoJean-Gabriel Barbin a découvert l’épidémie de SIDA re meurtri et que cela me tarabuspédiatrique, fin janvier 1990, se heurtant au scepticisme. te, comme si j'y avais une part de
dologique, ce qui commença déjà
fortement à l'inquiéter. Puis, il est retourné à Paris, emportant
responsabilité.
les 600 sérums qui avaient servi aux tests pour les analyser
dans son laboratoire. Son verdict est tombé quelques jours plus
Principalement à Bucarest et Constantsa
tard: 599 tests étaient positifs, un douteux. Il existait bien une
épidémie de SIDA pédiatrique en Roumanie.
H.G.: D'où vient cette épidémie ?
J.G.B.: Il y a plusieurs facteurs. Il n'existait aucun contrôH.G.: Les autorités roumaines étaient-elles au courant ?
le des sangs transfusés. Faute de moyens, le manque d'hygièJ.G.B: Non, elles ont découvert le problème quand j'ai
ne était total, avec réutilisation des seringues, des pansements.
alerté le Premier ministre Petre Roman, lorsque l'épidémie a
Et puis, dans le cas des enfants, le recours à une pratiques antéété avérée, fin mars. Même Ceausescu n'était sûrement pas au
diluvienne, utilisée en Afrique ou dans la France des années
courant. Elles n'y étaient pour rien, mais je les ai sérieusement
30, la micro-transfusion pour ceux qui étaient faibles. Les
mises en garde sur le déferlement médiatique qui allait suivre.
risques étaient multipliés, car, avec un même donneur, on en
On était en pleine période électorale. Les première élections
faisait plusieurs et, en outre, on les répétait souvent. Par
ailleurs, on contaminait le matériel.
libres du pays devaient avoir lieu quelques semaines plus tard
et Bucarest était redevenu le centre d'attraction du monde
H.G.: Quelle a été la riposte ?
entier. Tous les jours débarquaient des équipes de télévision,
J.G.B.: Tout d'abord, on a procédé à un dépistage dans
des fournées de journalistes.
toutes les institutions (camin, orphelinats), ce qui a permis de
L'enfer médiatique
constater que le gros des problèmes se situait à Bucarest et à
Constantsa. A Bucarest, parce qu'il y avait beaucoup d'étuH.G.: Quelle a été l'attitude des médias ?
diants africains et qu'une des souches du VIH la plus répandue
J.G.B.: Le délire; ç'à été l'enfer. J'ai tenté de prendre les
que l'on ait trouvée est celle du virus présent en Afrique. A
devants, en prévenant quelques journalistes amis d'Antenne 2
Constantsa, parce que c'est un port, avec ses marins qui vienet de l'AFP. "Les gars, j'ai un truc énorme à vous annoncer…
nent du monde entier et ses prostituées.
mais pédale douce, cela peut faire de gros dégâts". Ils ont eu
Ensuite, il a fallu former le personnel qui avait une peur
panique du SIDA, penser à la scolarisation de tous ces enfants
en priorité l'information et ont été “réglo", ne trahissant pas
qui grandissaient malgré les progrès de la maladie, et vaincre
ma confiance, rendant compte de ce terrible problème sans
les réticences des enseignants. Je dois dire que l'accompagnefard mais avec sobriété. D'eux-mêmes, ils n'ont pas publié ou
ment et l'aide apportés par les organismes internationaux a été
diffusé les photos et les images les plus affreuses, qui sont touénorme.
jours dans leurs tiroirs.
Propos recueillis par Henri Gillet
Par contre, dès que Jacques Lebas, le président de
21
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Santé
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BUCAREST
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TULCEA
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Entrée en vigueur
d'un Traité
protégeant la région
des Carpates
22
La Convention des Carpates,
signée en mai 2003 pour protéger
l'environnement dans cette région
est-européenne, est entrée en
vigueur début janvier, a annoncé
l'ONU dans un communiqué à
Vienne. La Hongrie a en effet ratifié,
après la République tchèque, la
Slovaquie et l'Ukraine ce traité
devant protéger la faune et la flore
locales, exceptionnelles en Europe,
selon un communiqué du Programme
des Nations unies pour l'environnement (PNUE).
Hommes d'affaires allemands
et italiens, mais aussi Roumains
de l'étranger viennent s'y faire soigner
Tourisme dentaire dans
les cliniques spécialisées de Timisoara
L
es cliniques de Timisoara, spécialisées dans les traitements dentaires, ont
été débordées en fin d'année. Nombre de Roumains fixés à l'étranger et rentrés à l'occasion des fêtes, en ont profité pour se faire soigner et un rush du
même genre est attendu à l'occasion de Pâques. Dans ces établissements souvent
neufs, disposant de matériel moderne et de personnel compétent, les prix sont de
quatre à cinq fois inférieurs à ceux pratiqués en Occident, à qualité de soins égale.
Ainsi un plombage y revient à 20 € au lieu de 100 € en Allemagne, une dent en
céramique et sa pose à 80 € au lieu de 400 €, un implant dentaire à 500 € (2500 €),
un traitement d'orthodontie à 500-1000 € (4000 €). Autre avantage: les délais. Le
plombage se fait immédiatement, en une séance, couronnes et prothèses sont réalisées
en moins d'une semaine.
Les hommes d'affaires italiens et allemands, nombreux dans la région, ont vite
compris l'intérêt de ces cliniques stomatologiques qu'ils fréquentent de plus en plus et
qui ont doté leurs salles d'attente d'ordinateurs avec Internet. On trouve leurs coordonnées et tout le descriptif de leurs services, avec tarifs, sur leurs sites Internet, à partir desquels on peut programmer les interventions.
La Roumanie emprunte ainsi la voie du tourisme dentaire, initiée voici environ
cinq ans en Hongrie, mais en proposant des prix plus avantageux… qui baissent encore si l'on va à l'intérieur du pays. Un de nos lecteurs s'est ainsi fait poser à Târgu Jiu
cinq prothèses en céramique, de la meilleur qualité, pour 300 €, somme comprenant
d'autres soins, le tout en dix jours, appréciant particulièrement l'accueil, la "douceur"
de l'intervention et le professionnalisme manifesté. Il faut préciser qu'il avait choisi sa
clinique à l'avance, sur recommandation d'amis roumains. En France, le devis se montait à 4000 €, dont moins de 500 remboursés.
Les lunettes aussi
La convention couvre aussi le territoire de trois autres pays, Roumanie,
Pologne et Serbie-Monténégro. La
région des Carpates contient la plus
grande réserve de forêts à l'état sauvage d'Europe et l'on y trouve des
animaux devenus rares tels que
l'ours brun, le loup, le bison, le lynx et
l'aigle. Le programme de travail sera
décidé lors d'une première rencontre
des pays membres de la Convention
en juin 2006.
Une agence de tourisme de Bucarest se spécialise d'ailleurs dans le tourisme
médical, proposant des soins esthétiques (liposuccion, seins au silicone…), traitements gériatriques, interventions ophtalmologiques, stomatologiques. Elle se charge
de la réservation des billets d'avion, du transfert depuis l'aéroport, de l'hébergement,
du programme d'intervention médicale… et des excursions touristiques pour meubler
les moments libres.
Autre opportunité très intéressante en Roumanie: l'opticien. Pour 40 €, on vous
fabrique une paire de lunettes avec des verres normaux, en un quart d'heure, après
avoir mesuré sur place votre vue… et sans avoir à prendre un rendez-vous chez le spécialiste six mois à l'avance. Les montures sont très présentables, mais il ne faut pas
bien sûr choisir celles portant des griffes étrangères. Aux prix pratiqués en France, on
comprend pourquoi Afflelou offre si généreusement sa seconde paire gratuitement !
D
2000 patients ont besoin d'une greffe
'après le président de
l'Agence Nationale pour les
transplantations, deux millepatients sont inscrits sur des listes d'attente en vue d'une greffe du cœur, du foie
ou des reins.
Victor Zota souhaite la mise en place
d'un registre unifié, respectant les proto-
coles internationaux pour la sélection des
patients, copié sur le modèle britannique
où les listes d'attente sont scrupuleusement respectées, ce qui évite de faire la
queue chez les médecins.
Un des problèmes rencontrés réside
dans le financement des interventions, les
hôpitaux manquant de fonds.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
romantiques
musique classique de leur pays
Quand en 1888 l'on lui présenta ce jeune garçon si doué
nommé George Enescu, Eduard Caudella eut la clairvoyance
de recommander le jeune prodige à Vienne, estimant qu'il n'aurait rien à lui apprendre. Enescu et
Caudella restèrent en contact dorénavant, manifestant une sincère et
désintéressée estime réciproque.
Caudella composa pour Enescu
son premier Concerto pour violon
en 1915; Enescu dédia à son
ancien professeur ses Impressions
d'Enfance pour violon et piano.
En musicologue cultivé,
Eduard Caudella n'ignorait pas les
Ecoles Nationales qui fleurissaient
en Europe. Son œuvre, influencée
Ciprian Porumbescu par le premier romantisme, révèle
un métier accompli et influencé
par le folklore, mais guère novateur. Il est difficile de croire
que ses dernières compositions, d'un romantisme très classique, sont contemporaines de la maturité créatrice de compositeurs comme Bartok, Schönberg ou Stravinsky.
Cela mis à part, le charme indéniable de sa musique symphonique, les rythmes de danses populaires bien proches, à
bien des égards, des Rhapsodies roumaines d'Enescu, font des
partitions de Caudella autant d'œuvres qui méritent l'attention
des mélomanes et des interprètes.
Ciprian Porumbescu (1853 - 1883):
instrumentalisé par le régime communiste
Alors que Caudella et Stephanescu vécurent bien au-delà
du XIXème siècle et atteignirent tous deux les 80 ans, Ciprian
Porumbescu satisfit davantage aux stéréotypes romantiques en
disparaissant, tuberculeux, dans sa trentième année, ce qui
rend son image mythique.
Cet éternel jeune homme, farouche défenseur de la patrie
roumaine, nationaliste exacerbé aux déclarations enflammées,
dont les excès le menèrent en prison, n'a cependant laissé
qu'une poignée d'œuvres, agréables mais sans grande profondeur. Ainsi son opérette Crai Nou (la nouvelle lune), exploite
avec bonheur des rythmes de Transylvanie. Sa rhapsodie roumaine pour piano suit sans surprise le modèle lizstien, encore
que la version orchestrale (qui n'est pas de la plume de
Porumbescu) trouve davantage matière à secouer les auditeurs,
même non patriotes, à grands renforts de grosse caisse et de
cymbales. Quant à la Ballade pour violon et piano, elle est
depuis longtemps adoptée par les Roumains en raison de sa
ferveur tranquille.
Il est aujourd'hui étonnant de constater à quel point le régime communiste a essayé de faire de Porumbescu un symbole
national. En l'absence de grand compositeur national romantique, le pouvoir communiste roumain a visiblement tenté de
convaincre qu'en Porumbescu, la Roumanie possédait l'équivalent d'un Liszt ou d'un Dvorak.
La visite du musée Porumbescu, dans la campagne moldave, a quelque chose de déconcertant. Rien n'y a changé
depuis la fin de Ceausescu. Des articles d'anciens musicologues officiels fustigent toujours "l'ancien régime bourgeois"
qui a tenté de minimiser l'apport de Porumbescu à l'art romantique. Une statue sévère, à l'entrée du musée, nous rappelle que
ce jeune homme, mort avant d'avoir pu aborder les grandes
formes musicales, était avant tout un nationaliste en bois brut,
tout entier dévoué à l'amour de son pays qui lui doit, d'ailleurs,
des hymnes patriotiques.
Alain Chotil-Fani
Sigismund Toduta (1908-1991), est un compositeur
malheureusement méconnu, même dans son pays
Inspiré par la musique sacrée, Bach et le folklore roumain
A
na Fodor n'est pas seulement
la directrice du Lycée de
musique et d'arts plastiques
Sigismund Toduta (prononcez Todutsa)
de Deva mais elle est aussi une fervente
adepte de la musique et de la personnalité
de celui qui porte le nom de "son" lycée.
Pour avoir fréquenté le conservatoire de
musique de Cluj en Transylvanie, où officia comme professeur Sigismund Toduta
durant de longues années après-guerre
(1946-1973), elle garde un souvenir ému
et reconnaissant pour ce maître très digne
et très exigeant, pour cette haute person-
nalité de la culture roumaine du XXème
siècle. En l'interviewant, Bernard
Camboulives est parti à la découverte de
ce grand musicien roumain méconnu.
Premier docteur
roumain en musicologie
Bernard Camboulives: Qui était
Sigismund Toduta que nous ne connaissons pas du tout en France ?
Ana Fodor: Malheureusement, il ne
l'est pas beaucoup non plus en Roumanie
même car il n'a pas fait de démarches par-
ticulières pour accéder à la célébrité. Il a
reçu de nombreux prix mais ses enregistrements ne se trouvent pas facilement
aujourd'hui bien qu'il y ait désormais une
Fondation Toduta à Cluj qui possède un
site Internet. Il faut dire aussi que sa
musique est très élaborée et très exigeante. Je situe l'action et l'apport de Toduta à
la musique roumaine sur trois plans. Il fut
tout à la fois un créateur de musique
vocale symphonique, un musicologue
passionné et un pédagogue créateur d'une
école de musicologues de très haut
niveau.
(Lire page suivante)
31
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Musique
SUCEAVA
z
z
ORADEA
z
ARAD
BAIA
MARE
z
IASI
z
TARGU
MURES
CLUJ
BACAU
z
z
z
z
z
z
z
SIBIU
TIMISOARA
BRASOV
z
SINAIA
ORAVITA
PITESTI
CRAIOVA
z
GALATI
BRAILA
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Humour
Histoires vraies
"Traître" à la classe ouvrière…
qui mange des huîtres
30
Adrian s'est mis rapidement aux
huîtres quand il est arrivé sur la côte
Atlantique, s'y installant. Jusque là, il
n'en avait vu que dans des livres. En
Roumanie, elles passaient pour un
luxe d'Occidentaux et on imaginait
que seul Ceausescu en mangeait.
Invitant un jour un ami français à sa
table, celui-ci eut la surprise de le voir
donner systématiquement à son chat
les plus belles, d'un vert vif rappelant
et sentant l'océan. S'en étonnant, il
s'entendit dire: "Mais tu ne vois pas
qu'elles sont pourries".
Son père venu lui rendre visite dans sa jeunesse fervent communiste, ce dont il était revenu tout en gardant sa conscience ouvrière - ne se
fit pas prier pour goûter avec beaucoup d'appétit ce mets que l'on disait
réservé aux capitalistes… ce qui lui
valut le regard sombre de sa femme
et cette flèche terrible "Traître!".
Au cours de son séjour, le vieil
homme se fit très bien à la société
occidentale. A la grande surprise de
son fils, il n'hésitait pas à aller seul
acheter le pain, bien que ne parlant
pas un mot de français. Un jour, il
décida de se rendre à la pharmacie,
ce qui était plus compliqué, et refusa
la proposition d'Adrian de l'accompagner. Il revint en effet avec les médicaments dont il avait besoin et, tout
fier, lança à son fils, stupéfait : "tu
oublies qu'il n'y a pas que le roumain
que je parle, il y a aussi le hongrois ".
Bien sûr, en Bretagne, çà allait de
soi…
Trois compositeurs
roumains précurseurs de la
S
i vous demandez à un mélomane, même éclairé, de vous citer un compositeur romantique roumain, il y a fort à parier qu'il se grattera le crâne et finira par avouer son ignorance. S'il est vrai que les œuvres de jeunesse du
grand George Enescu sont empreintes d'un romantisme proche de Brahms, il n'est
cependant pas l'initiateur du romantisme national de son pays natal. Ce mouvement est
en effet incarné par des compositeurs aujourd'hui méconnus mais ayant joué un rôle
non négligeable dans l'éveil de la nation musicale roumaine.
Alain Chotil-Fani, mélomane passionné de musique roumaine - il lui consacre un
remarquable site Internet, www.souvenirs des carpates - se penche sur la destinée et la
carrière de trois d'entre-eux.
George Stephanescu (1843 - 1925):
l'éveil du nationalisme musical roumain
George Stephanescu fait partie de la prolifique génération de romantiques nés
dans les années 1840, comme Tchaikovsky, Dvorak, Saint-Saëns ou Bizet. Professeur
de chant, chef lyrique, compositeur d'innombrables œuvres pour la scène, il a poursuivi toute sa vie l'ambition de faire de l'Opéra de Bucarest un théâtre de renommée
internationale.
Infatigable promoteur de la musique de son pays - comme le sera, un demi-siècle
plus tard, George Enescu - George Stephanescu, à l'instar du composteur Bedrich
Smetana en Bohême, consacre toute son existence à l'éveil du nationalisme musical
roumain.
Paradoxalement, l'une des seules œuvres aujourd'hui accessibles au disque de
Stephanescu est une symphonie de jeunesse en la majeur. Cette pièce plaisante, d'un
jeune homme de 26 ans, alors étudiant au Conservatoire de Paris, a connu le même
sort que d'autres de ses prestigieuses consœurs (les premières symphonies de Bizet,
Dvorak ou Bruckner) puisqu'elle ne fut jamais jouée du vivant de son auteur. Elle ne
sera créée qu'en 1959, pour la radio roumaine.
Classiquement en quatre mouvements, la Symphonie de Stephanescu, résolument
optimiste, respire une certaine joie de vivre et utilise déjà des éléments folkloriques
roumains dans son final. Les deux mouvements médians - le Larghetto, en forme de
lied, et surtout le bondissant Scherzo Allegretto assai - sont cependant plus intéressants, construits avec un métier déjà sûr.
Cette symphonie, d'une manière générale, ne cache pas ses influences multiples,
de Ludwig van Beethoven, Franz Schubert et Félix Mendelssohn. Elle souffre cependant et regrettablement, de la faiblesse de son ultime mouvement, ce qui peut expliquer la rareté au disque mais aussi dans les salles de concert de la "première symphonie roumaine".
Eduard Caudella (1841 - 1924):
mentor du jeune George Enescu
Exact contemporain de George Stephanescu, Eduard Caudella jouit encore de nos
jours d'une excellent réputation de pédagogue. Professeur respecté au conservatoire de
Iasi, ville située à l'est de la Roumanie et renommée pour sa dimension culturelle,
Caudella fut aussi un musicien accompli, virtuose du violon (il a étudié avec Henri
Vieuxtemps), chef d'orchestre et critique musical.
Né dans une famille de musiciens - son grand-père était déjà compositeur et professeur de musique, son père violoncelliste et l'un de ses cousins chanteur à l'Opéra
Impérial de Vienne - Eduard Caudella a composé de nombreuses œuvres musicales
dans de multiples genres. Particulièrement attaché à sa terre natale, où il s'est établi
définitivement après ses tournées européennes, Caudella a mis en valeur la richesse
musicale populaire roumaine dans ses œuvres classiques.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Santé
Société
Les faux-dentistes italiens demandent
qu'on leur rembourse les dessous de table versés
L
'affaire avait fait grand bruit en 2000 et causé le
plus grand scandale jamais enregistré jusqu'alors
dans l'enseignement roumain, mettant en relief ses
dérives qui n'ont fait que s'accentuer depuis sous l'effet d'une
corruption galopante et d'une autonomie des universités permettant tous les abus.
63 ressortissants italiens avaient obtenu leurs faux
diplômes de dentistes auprès de l'Université de Médecine et de
Pharmacie de Iasi, entre 1997 et 2000, certains ayant ensuite
exercé comme stomatologues en Roumanie. C'est lorsque plusieurs de ces pseudo-diplômés avaient demandé la reconnaissance de leurs titres que l'ambassade d'Italie en Roumanie
avait découvert le pot aux roses.
Bakchich à l'appui, les " étudiants " italiens avaient obtenu des autorités universitaires de Iasi d'y passer leur examen
de licence, après avoir suivi les cours d'une université italienne non accréditée et avoir été inscrits à l'Université Privée
Ecologique de Bucarest, grâce à de faux titres, comme le baccalauréat, leur en autorisant l'accès. Le ministre de l'Education
nationale de l'époque avait décidé de révoquer les recteurs en
cause et d'annuler les diplômes.
Estimant qu'ils ont été spoliés par cette décision qui les
empêche d'exercer, 24 de ces faux-dentistes ont entamé un
procès. Déboutés, cinq d'entre-eux ont fait appel, réclamant
chacun 50 000 € de dédommagements pour le remboursement
de leurs frais d'études - ils ont passé en tout et pour tout quinze jours à Iasi - les voyages effectués entre l'Italie et la
Roumanie… et les pourboires versés! Les universités
concernées, et complices à l'époque des faits, s'en renvoient
chacune la responsabilité.
En 2000, le scandale ne s'était pas arrêté là. Le Conseil
National d'Evaluation Académique et d'Accréditation
(CNEAA) avait également démarré une enquête sur des titres
de doctorats obtenus par des étudiants israéliens. Une firme de
ce pays avait proposé à l'Université de Bucarest un "arrangement" pour organiser des programmes dans ce sens, ce qu'elle
avait refusé… à la surprise du demandeur qui lui avait indiqué
que cela se pratiquait avec d'autres universités roumaines.
Certains diplômes avaient été délivrés en échange de sommes
pouvant atteindre 50 000 €.
Les Roumains vont se faire soigner mieux et moins cher en Hongrie
C
e ne sont pas seulement les
commerces, mieux achalandés et moins chers, qui
attirent les Roumains en Hongrie. Pour
des raisons équivalentes, ceux-ci se rendent de plus en plus fréquemment dans le
pays voisin pour s'y faire soigner, les
hôpitaux de Sezged et Budapest ayant la
réputation de prodiguer une médecine de
bien meilleure qualité, dans des établissements propres et pour un coût moins
élevé.
Les habitants du Banat (Timisoara et
Arad) sont devenus les patients étrangers
les plus nombreux des cliniques de
Szeged, ville située à moins d'une demiheure de la frontière. Ils sont attirés par la
réputation des médecins locaux qui
excellent dans les domaines de l'orthopédie, de l'ophtalmologie et de la gynécologie, entreprenant notamment des opérations qui ne s'effectuent pas encore en
Roumanie.
Autre avantage, les patients sont
assurés d'être opérés dans la semaine
alors que chez eux ils doivent attendre
des mois et parfois jusqu'à un an. Ils trouvent également des établissements où la
propreté est une règle absolue. Les murs
sont fraîchement repeints, le carrelage
régulièrement lavé, les toilettes impeccables, le mobilier neuf. Il est interdit de
fumer, contrairement à la Roumanie,
règle qui s'applique aussi aux médecins.
Le coût d'une hospitalisation est
l'autre élément décisif. En Roumanie,
théoriquement, les soins sont gratuits
pour les assurés… mais il en va tout
autrement dans la réalité. Il faut sans arrêt
rajouter des bakchichs… au chirurgien, à
l'anesthésiste, au médecin de garde, aux
infirmières, aux femmes de service, pour
avoir un examen, pour acheter ses médicaments, pour utiliser du matériel moderne, pour se faire livrer de quoi manger à
sa faim…
Dans le meilleur des cas, au total cela
représentera une centaine d'euros, mais
ce coût peut se multiplier par dix, voire
plus, les familles se mobilisant pour trouver les sommes nécessaires.
Bakchich légalisé mais limité
Ainsi, pour l'implantation d'une
valve cardiaque on doit, au minimum,
verser 1000 € au chirurgien, auxquels il
faudra ajouter plusieurs centaines
d'autres pour le matériel, 100 € pour
l'anesthésiste et ainsi de suite. Les per-
sonnels médicaux justifient ces pourboires par les salaires misérables qu'ils
reçoivent.
En Hongrie, la même intervention
coûtera 1100 €, tout compris ; à savoir
1000 € pour l'opération (prise en charge
pour les Hongrois)… et 100 € maximum
de bakchich, à l'initiative du malade. Ce
pays, reconnaissant qu'il ne pouvait pas
payer un juste prix ses médecins et autres
personnels a légalisé le système des pourboires, dans les années 50, tout en le
réglementant. S'il est content de l'intervention, le patient peut manifester sa gratitude en versant une somme qui ne doit
pas dépasser au total 100 €; ce geste n'est
pas obligatoire, mais en général pratiqué,
et ne peut en aucun cas être fait avant
l'opération, seulement à la fin de l'hospitalisation.
Certes les médecins hongrois
gagnent nettement plus que leurs
confrères roumains (1000 € au lieu de
200), lesquels sont méprisés par un système de santé corrompu, où l'argent des
assurés est détourné, mais le résultat est
là: les Roumains préfèrent encore payer
leurs soins plutôt que d’avoir recours à
une médecine soi-disant gratuite. Encore
faut-il en avoir les moyens.
23
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Religion
z
ORADEA
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IASI
VASLUI
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Le "Postul mare" de Pâques
est de plus en plus observé
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ROSIA M.
TIMISOARA
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BUCAREST
CONSTANTA
z
182 jours de jeûne, soit
la moitié de l'année
24
Jeûne, parfois noir, abstinence
et continence pendant sept semaines
L'Eglise orthodoxe a défini les
périodes de jeûne, pendant lesquelles elle ne pratique également
aucun mariage religieux, de la façon
suivante:
Jeûnes hebdomadaires réguliers:
le mercredi et le vendredi
Jeûnes d'un jour: le 5 janvier,
Boboteaza (baptême du Christ), le 29
août (décapitation de Saint Jean
Baptiste), le 14 septembre (élévation
de la Sainte Croix)
Jeûnes précédant les grandes
fêtes religieuses: sept semaines
avant Pâques, deux semaines avant
l'Assomption (le 15 août), une période variable pour les saints apostoliques, et six semaines avant Noël.
Au total, cela fait 182 jours… soit la
moitié de l'année !
Réalisé à l'occasion de Pâques
2005, un sondage a permis d'en
savoir plus sur les Roumains et les
fêtes religieuses. 72 % sont allés à la
messe de Pâques, les Transylvains
étant les plus nombreux (72 %), la
Dobroudja (Constantsa) se classant
en queue (61 %). 17 % des paysans
ont observé le "post", et seulement
12 % des habitants des villes. 97 %
des provinciaux ont fabriqué leur
"cozonac" (brioche) et peint leurs
oeufs à la maison, ce qui n'est le cas
que de 56 % des Bucarestois. Trois
quarts des Moldaves préparent le
repas de Pâques à la maison, les
sarmale y trônant en roi sur la table,
tout comme en Transylvanie, mais
étant également servis dans toutes
les régions. L'agneau pascal est le
plus apprécié des Oltènes (Craiova),
dans le Banat (Timisoara) et la région
d'Oradea, étant servi huit fois sur dix.
S
ept semaines avant Pâques, les croyants orthodoxes commencent une période de jeune particulièrement rigoureuse appelée "Postul mare" ("Le grand
jeûne"). Beaucoup plus strict que le jeûne des catholiques qui permet de
consommer du poisson, des œufs et des produits laitiers, celui-ci interdit tout aliment
de nature animale (viandes, charcuterie, œufs, lait, beurre, fromage, autres produits
laitiers), proscrit le vin, l'huile… et les relations sexuelles. Les fidèles doivent entièrement se consacrer à la purification de leur corps, à la méditation, à la prière. Seuls sont
dispensés de cette ascèse, les
personnes âgées, les enfants,
les malades, les voyageurs, les
militaires et les détenus.
Pendant pratiquement cinquante jours, les fidèles vont se
partager entre les jours où ils
ne mangeront et ne boiront
absolument rien ("Postul
negru", "Jeûne noir"), ceux où
ils absorberont seulement une
soupe et des légumes cuits, le
soir, une entorse étant autorisée le samedi où ils peuvent consommer des aliments secs
et un peu de vin, ainsi que les jours de fêtes religieuses, le 25 mars, jour de l'Annonce
faite à Marie et le dimanche précédant Pâques, appelé "Florii" ("Rameaux"), correspondant à l'entrée de Jésus dans Jérusalem, où le poisson est permis.
Le regain de pratique du "Post" s'est manifesté dès la "Révolution" de décembre
1989. Malgré tous les obstacles mis par les communistes, les Roumains restaient un
peuple profondément religieux - on affirme même qu'il est le plus croyant d'Europe bien que seulement 18 % d'entre eux continuent à aller à la messe le dimanche. Mais
son observance est surtout le fait des personnes âgées, des femmes, et des jeunes de
moins de vingt cinq ans, la classe d'âge moyen ayant plutôt fait sien le matérialisme
de l'époque communiste, considérant qu'il s'agit d'une coutume d'un autre temps, liée
aux mœurs rurales.
Un phénomène de mode joue aussi dans son observance, car, le "post" permet de
suivre un régime diététique et végétarien recommandé par les nutritionnistes.
Un créneau pour les magasins d'alimentation et les restaurants
Les professions de l'alimentation ont compris qu'elles disposaient là d'un créneau
et les rayons où figurent les préparations et produits spéciaux pour cette période se
sont multipliés dans les magasins. On y propose des "cozonacii (brioches) de Post",
confectionnées sans œufs, ni lait, de la charcuterie ou des sarmale à base de soja, graminée dont la consommation se développe beaucoup, des pâtés de champignons, de la
mayonnaise, des fromages et des saucissons végétaux…
De plus en plus de restaurants s'y mettent, avec des menus appropriés, où figurent
en bonne place soupes de légumes et salades… même si l'endroit n'est pas très indiqué pour une période sensée être dévolue au recueillement. Etonnement, la vente des
autres catégories de produits alimentaires (viandes, œufs…) ne baisse pas pendant
cette période. Si elles sont les premières à observer le "Post", les maîtresses de maison, chargées généralement des courses, sont bien obligées de composer avec les exigences de leur mari et la santé de leurs enfants.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Théâtre
Connaissance et découverte
La pièce de la jeune dramaturge Gianina Carbunariu reprise en France
Trois Roumains dans le noir
L
e théâtre contemporain roumain existe et s'exporte
même, comme l'a constaté Brigitte Salino, dans le
Monde, dans une critique consacrée à "Stop the
tempo", une pièce de Gianina Carbunariu,
reprise au Théâtre-Studio d'Alfortville, dans la
banlieue parisienne, fin 2005, et mise en scène
par Christian Benedetti.
"Et si on débranchait tout ? On l'a rêvé,
Christian Benedetti le fait dans son beau
théâtre-studio d'Alfortville: après avoir mis à
fond la caisse une musique de boîte de nuit, il
éteint tout, faisant éprouver le silence et l'obscurité pendant plusieurs minutes. C'est Stop
the Tempo !, la pièce d'une jeune Roumaine
de 28 ans que l'on découvre en France,
Gianina Carbunariu. Une pièce qui cogne: désespérée et radicale. Soit donc trois jeunes gens, Maria, Paula et Rolando,
dans la Roumanie d'aujourd'hui. Et, visiblement, il ne fait pas
bon vivre dans l'ex-royaume du Père Ubu-Ceausescu, devenu
celui de la consommation à outrance et de la dérégulation
effrénée. De quoi péter les plombs: les trois jeunes gens de
Stop the Tempo!, eux, décident de les faire sauter : terroristes
Chanson
S
d'un nouveau genre, ils débranchent l'électricité de tous ces
lieux qui font leur beurre sur le bonheur en plastique. Gianina
Carbunariu (notre photo), la plume trempée dans le vitriol,
érafle au passage cette injonction contemporaine qui veut que l'on soit toujours "cool",
que l'on "s'éclate".
La jeune dramaturge roumaine fait exploser les codes mêmes de la représentation théâtrale: sa pièce est destinée à être jouée dans le
noir, ses trois interprètes seulement éclairés
par des lampes torches. Et c'est ce que font
Christian Benedetti et ses jeunes - et très
justes - acteurs, donnant à la représentation
une force et une étrangeté qui ramènent à un
rôle très ancien du théâtre.
Ce théâtre-là dit la rage et le désarroi d'une jeunesse, ici
roumaine, aspirée par le vide, qui parvient pourtant, ici, à
dépasser cette déréliction dans l'invention d'une forme de communauté. Il faut saluer la démarche de Christian Benedetti, qui
s'obstine, avec peu de moyens, à offrir un théâtre engagé dans
le contemporain, sans concessions, mais sans prendre de haut
le spectateur".
Stefan Hrusca ramène dans les maisons des Roumains
expatriés le parfum sacré de leurs fêtes traditionnelles
tefan Hrusca, l'un des plus
grands chanteurs roumains
actuels, a vu le jour au
Maramures, le 8 décembre 1957.
Jusqu'en 1981 il a été enseignant à Borsa,
dans le même judet. C'est à cette époque
qu'il est découvert par les promoteurs du
mouvement artistique Cenaclul Flacara et
change alors complètement de direction.
En trois ans, de 1981 à 1984, le jeune
artiste donne plus de mille concerts à travers le pays, son talent exceptionnel étant
reconnu par l'attribution du Grand Prix de
la musique folk et du Prix de Création
musicale.
Stefan Hrusca quitte Cenaclul
Flacara en 1984 et poursuit sa carrière
artistique comme chanteur solo ou, encore, en compagnie des chanteurs Vasile
Seicaru et Victor Socaciu. Ses albums
solo "Prière pour les parents" (1984),
"Souhait aux amoureux" (1986), ainsi
que celui sorti en collaboration avec
Vasile Seicaru, intitulé "Voyageurs
rêveurs" (1988) connaissent un succès
retentissant.
A partir de1990, au lendemain de la
"Révolution", Stefan Hrusca se lance
dans la redécouverte des cantiques de
Noël qu'il interprète dans un style unique,
original. Ses disques connaissent un
succès énorme en Roumanie, il enregistre
des records de vente avec les albums
"Cantiques de Noël" (1990), "À la fin
du monde" (1993), "Noël avec
Hrusca" (2000), "Sainte nuit de Noël"
(2001).
Établi au Canada, proche de Toronto,
depuis 1991, Stefan Hrusca fait le tour du
monde et ses chansons résonnent partout
dans les communautés roumaines. Mais
le chanteur retourne chaque année en
Roumanie où il est toujours aussi populaire. D'ailleurs le Disque d'or remis par
la maison de disque Electrecord ainsi que
le Prix de l'Union des Artistes en témoignent.
Sa conversion aux chants religieux
ne l'ont cependant pas fait abandonner
pour autant le style folk. En 1996, Stefan
Hrusca a sorti l'album folk "Amours
passés" et organisé le festival de
musique folk "Mesterul Manole"
("Maître Manole", célèbre légende roumaine), en qualité de directeur artistique.
En 2001, un nouvel album "20 ans"
compilait quelques uns des grands succès
de sa carrière, comme "Feuilles",
"Prière pour les parents", "Un arbre
fleuri", "Tes yeux".
La musique de Stefan Hrusca touche
profondément l'âme roumaine partout
dans le monde et ramène dans les maisons des Roumains expatriés le parfum
sacré de leurs fêtes traditionnelles.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Thêatre
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BAIA
MARE
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ORADEA
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SIBIU
BICAZ
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GALATI
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TULCEA
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CRAIOVA
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BRASOV
PITESTI
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BUCAREST
CONSTANTA
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Sibiu prépare 2007
28
Sibiu prépare dans la fièvre
l'année 2007 qui va voir la ville devenir capitale européenne de la culture
en même temps que sa partenaire
Luxembourg. Son festival international de Théâtre, qui en était à sa douzième édition l'an passé sert, pendant dix jours fin mai, de répétition
générale à l'évènement.
L'association Sibiu 2007 s'est
fixée comme objectif de changer
l'image de la Roumanie en Europe.
Les organisateurs veulent présenter
un calendrier culturel exceptionnel
mais doivent aussi résoudre de multiples problèmes d'infrastructures et
de logistique. Ils ont déjà réalisé un
guide du développement de la ville
en mettant à contribution un millier
de ses habitants pour déterminer les
mauvais et les bons points qui la
caractérise.
L'offre des services publics sera
ainsi améliorée. La grande place se
trouve en pleine rénovation. La mairie vient d'être déplacée dans un
grand bâtiment, riche en ornementations. Des statues sont en cours
d'installation. Sibiu entend être prête
à l'heure dite.
Société
Retour de Moldavie et Transnistrie
L'intégrisme religieux
n'épargne pas la Roumanie
z
TARGU
MURES
DEVA
TIMISOARA
IASI
BORSA
z
ARAD
BOTOSANI
SUCEAVA
z
Orthodoxes en tête,
les églises chrétiennes tentent de faire
interdire la pièce "Les Evangélistes"
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
L
'intégrisme et ses débordements n'affectent pas seulement le monde musulman, comme le montrent les réactions provoquées par une pièce de Théâtre
en Roumanie et présentée à Iasi, ainsi que le rapporte le correspondant du
"Monde" à Bucarest, Mirel Bran. La pièce a pour titre Les Evangélistes. Le metteur
en scène, Benoît Vitse, Français, 58 ans, directeur du Théâtre Athénée d'Iasi, résume
la situation: "Les églises veulent faire interdire le spectacle, explique-t-il. Les prêtres
demandent à leurs fidèles de ne pas venir voir la pièce. Le maire déclare que c'est à
cause de gens comme moi qu'il y a eu des émeutes dans les banlieues de France.
Pendant les représentations, des étudiants en théologie ont prié à genoux devant l'entrée du théâtre, bougie à la main. J'ai reçu un couteau dans une enveloppe et je suis
traité d'homosexuel, de pédophile, de juif et d'alcoolique. Vadim Tudor, le Le Pen roumain, affirme à la télévision qu'à cause de cette pièce il y a eu un tremblement de terre
dans le département voisin."
Toute la Roumanie tremble depuis la première de la pièce, en décembre 2005.
Ecrits par Alina Mungiu-Pippidi (notre photo), 42 ans, ancienne médecin, journaliste
et politologue, Les Evangélistes racontent l'histoire d'un Jésus sans transcendance,
personnage un peu paumé dans un monde plutôt violent et qui voudrait ressusciter à
travers ce que chacun pourrait faire en son nom. La bataille est délicate, car il se fait
tuer par l'apôtre Paul, misogyne, colporteur et manipulateur. En dépit de leur énorme
succès, Les Evangélistes n'ont été joués qu'à Iasi et une seule fois à Bucarest, dans la
plus grande discrétion, afin de ne pas provoquer des manifestations. Après une pause,
la pièce est donnée depuis le 18 janvier une fois par semaine aux risques et périls des
acteurs et du metteur en scène.
"Avant nous étions tous communistes,
aujourd'hui nous sommes tous orthodoxes"
"Je m'attendais à une réaction violente, mais j'aurais préféré que ma pièce ne soit
pas le révélateur du primitivisme de notre société, témoigne Alina Mungiu-Pippidi.
Nous vivons dans une société hypocrite comme au temps du dictateur Ceausescu. A
l'époque, nous étions tous des communistes; aujourd'hui, nous sommes tous des orthodoxes. Notre christianisme de vitrine cache un incroyable retardement." Ce n'est pas
un discours pour se faire aimer dans un pays à 87 % orthodoxe, où l'Eglise officielle
est l'institution à laquelle les Roumains font le plus confiance. "Cette pièce est une
insulte à notre Eglise", s'insurge Teoctist, le patriarche de l'Eglise orthodoxe de
Roumanie, lequel est souvent apparu comme une marionnette de l'ancien régime, le
servant apparemment sans montrer d'état d'âme particulier.. "C'est un blasphème
contre notre vie et notre foi", ajoute l'archevêque catholique Ioan Robu.
L'onde de choc du scandale est arrivée aux USA, où une association de Roumains
a écrit à la présidence pour lui demander d'interdire ce spectacle au motif qu'il "rend
la Roumanie vulnérable et menace la sécurité nationale". A quelques rares exceptions
près, la presse roumaine s'est déchaînée contre l'auteur et le metteur en scène français
a été déclaré persona non grata. "J'ai peur pour les jeunes acteurs, qui prennent beaucoup de risques, affirme Benoît Vitse. Je bénéficie d'une protection de la police."
Les menaces sont loin d'être théoriques. Gigi Becali, patron d'un club de football,
a appelé les supporteurs de son équipe, réputés pour leur violence, à donner une leçon
aux acteurs. Quant à Alina Mungiu-Pippidi, elle veut continuer, sans gardes du corps,
à bousculer la société. "Je ne suis pas théologienne, mais écrivaine. Je n'ai aucune
intention de dénigrer Jésus. J'écris pour poser des questions, non pour y répondre.
C'est ce que j'appelle une pièce de théâtre."
25
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Andrei Pavel : l'arbre qui
cache le désert du tennis roumain
Sports
BAIA
MARE
z
CLUJ
ARAD
z
z
ORADEA
ALBA I.
z
SIBIU
z
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
BACAU
z
BRASOV
CARANSEBES
RESITA
z
z
M. CIUC
z
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IASI
VASLUI
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TIMISOARA
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
GALATI
z
z
BUZAU
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Religion
Les Roumains de
Serbie de la vallée
de Timoc auront un
second lieu de culte
26
Depuis 1833, les Roumains de la
vallée de Timoc, en Serbie du NordEst, voyaient leur existence culturelle
et linguistique niée, dans une région
qui a compté jusqu'à 87 églises et 17
monastères orthodoxes roumains. Le
processus de libéralisation dans ce
pays semble porter ses fruits puisque
les autorités serbes ont accepté la
construction d'une seconde église
dans le village de Isacova, après
celle reconstruite en 2003 à
Malainita.
L
'équipe roumaine de tennis s'est incliné 4-1 devant celle des Etats-Unis, en
match qualificatif de la coupe Davis, à Bucarest, et devra disputer les barrages pour figurer dans le groupe mondial, l'an prochain. La seule satisfaction de cette rencontre réside dans la victoire du vétéran Andrei Pavel, 67ème mondial, sur Andy Roddick, n° 3 mondial, en cinq sets.
Le tennis roumain peut se poser des questions sur le fait de voir son niveau végéter dans la médiocrité et se limiter aux seules
performances de Pavel, alors qu'il avait atteint le
sommet de la hiérarchie mondiale au début des
années 70, disputant deux finales de la coupe
Davis - toujours contre les USA - emmené par le
redoutable duo de l'époque, Ilie Nastase-Ion
Tiriac.
Pourtant la Roumanie ne manque pas de
jeunes talents mais, apparemment, elle ne sait
pas les faire éclore. Ainsi en est-il de la paire
Tecau-Mergea qui dominait voici trois ans le
double du tennis mondial junior. En 2003, Florin
Mergea s'était qualifié pour la finale junior de
l'Open d'Australie, s'inclinant devant un
Cypriote inconnu, Marcos Bagdadatis… lequel
vient de disputer la finale du même tournoi,
mais senior cette fois, battu par le n° 1 mondial
Roger Federer. Cette même année 2003, Florea s'était qualifié pour les demi-finales de
l'US Open junior et avait remporté le tournoi junior de Wimbledon.
Depuis, Florea est rentré dans l'anonymat, disparaissant dès les premiers tours des
tournois internationaux alors que des joueurs qu'il avait dominé auparavant, comme
l'Australien Chris Guccionne, a qualifié son pays pour le tour suivant de la coupe
Davis en venant à bout du redoutable Suisse Michaël Lammer. Il en est de même pour
Horia Tecau ou pour Razvan Sabau, autre étoile éteinte, un des meilleurs juniors mondiaux, voici douze ou treize ans, qui avait également remporté Wimbledon.
Les joueurs et leur entourage sont certainement fautifs pour ce manque de
constance et ces espoirs déçus, mais la Fédération Roumaine de Tennis a aussi sa large
part de responsabilité pour ne pas savoir encadrer le passage de ces jeunes vers le tennis adulte et ne pas manifester la volonté de les aider.
Championnat d'Europe de football: la Roumanie
retrouve les Pays-Bas sur son chemin
Les leaders de la communauté
roumaine de la vallée de Timoc,
en Serbie, annoncent la bonne nouvelle.
Les offices s'y dérouleront dans la
langue maternelle roumaine et deux
prêtres ont été consacrés récemment pour s'occuper de ces
paroisses. L'église sera construite
sur un terrain de deux hectares
donné par une famille d'origine roumaine pour édifier un centre culturel,
linguistique et religieux roumain.
L
a Roumanie
aura
les
Pays-Bas
comme principal adversaire, lors de la phase de
qualification des prochains championnats
d'Europe de football,
qui doivent se dérouler
en 2008 en Autriche et
Suisse, et qui débutera
dès septembre prochain.
Pour se qualifier, les joueurs du sélectionneur Victor Piturca (notre photo)
devront terminer au moins deuxième de
leur groupe G qui comprend,
outre
les
Hollandais, qui leur ont
déjà barré la route de la
coupe du monde en
Allemagne: la Bulgarie,
la Slovénie, l'Albanie, le
Belarus, le Luxembourg.
La dernière participation de la Roumanie à
la phase finale du championnat d'Europe remonte à 2000, en
Belgique-Hollande, et en coupe du
monde, en 1998, en France.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Cinéma
Connaissance et découverte
Une belle histoire franco-roumaine qui fait monter
les larmes aux yeux… tout en faisant beaucoup rire
"Je vous trouve très beau":
une petite merveille de film à ne pas manquer
P
our son premier long métrage, Isabelle Mergault,
La jeune comédienne a mené également de front une carscénariste, comédienne et partenaire de Laurent
rière au cinéma, avec une vingtaine de films… jouant pour la
Ruquier au théâtre, a réalisé une petite merveille
première fois à l'âge de trois ans ! A six ans, elle interprétait le
avec Je vous trouve très beau. Le succès est tel que, six
rôle de Mirabela dans Maria Mirabela de Gopo, (réalisateur
semaines après sa sortie, le film figure encore au top des
primé par la palme d'or à Cannes en 1959), qui la fit connaître
meilleures entrées en France avec deux millions de spectaet apprécié du grand public roumain. A onze ans elle recevait
teurs, bien qu'il n'ait
le prix de la meilleure actrice décernée par
bénéficié que de la
l'Association du Cinéma Roumain. Afin de la
seule publicité du
récompenser pour sa jeune mais riche carrière, elle
"bouche à oreille". La
a reçu en 2004 la prestigieuse "Etoile Roumaine"
performance est d'aupour mérite culturel. Ne parlant pas français, elle a
tant plus à saluer que la
appris notre langue en trois mois, avant de tourner
réalisatrice a écrit ellele film. Il lui reste à persévérer dans cette voie, tant
même le scénario.
elle a séduit le public français qui espère la revoir
Le sujet remonte
bientôt dans un autre rôle.
jusqu'à la tradition d'un
Il ne faut pas oublier non plus les seconds rôles
cinéma
pittoresque
du film qui contribuent à son charme, dressant une
cher à Pagnol. On rit,
galerie de portraits croquignolets et contribuent
on pleure, tant le ton est
Michel Blanc et Medeea Marinescu, en compagnie de grandement à son succès.
la réalisatrice du film, Isabelle Mergault (à gauche).
juste; une belle réussite
pour ce film qui parvient tout doucement à nous faire monter
"Je vous trouve très beau", film français d'Isabelle
les larmes aux yeux sans qu'on s'en rende compte vraiment.
Mergault avec Michel Blanc, Medeea Marinescu, Wladimir
Nombre de "franco-roumains" y reconnaîtront une partie de
Yordanoff. Genre: Comédie dramatique - Durée: 1 h 37 mn
leur histoire et, enfin et surtout, la Roumanie présentée échapAymé Pigrenet (Michel Blanc) vient de perdre sa femme,
pe aux clichés, la réalisatrice en donnant une image à la fois
électrocutée par une trayeuse électrique défectueuse. Il n'est
authentique et délicate.
pas submergé par le
Quand aux deux principaux interprètes, ils sont
chagrin,
mais
tout simplement prodigieux. On y découvre un
anéanti par le travail
Michel Blanc comme on a rarement eu l'occasion de
qu'il va devoir
rencontrer, profond et tendre en paysan bourru qui
désormais effectuer
apprend à s'aimer en découvrant l'amour qu'il n'avait
tout seul à la ferme.
jamais connu. Bien loin des pitreries de son Jean
Très vite, Aymé
Claude Dus des "Bronzés”, il réussit à nous toucher
s'aperçoit qu'il ne
au cœur de son regard d'âme perdu qui aime pour la
peut pas s'en sortir :
première fois, en râleur maladroit, jaloux et étonl'intendance de la
nant de justesse et d'humanité.
maison, le travail au
poulailler, les bêtes
à s'occuper… Il doit
Medeea Marinescu meilleure
impérativement trouver une autre femme. Mais dans ce villaactrice roumaine à l'âge de onze ans !
ge de la Drôme (Valence), la chose n'est pas facile. Aymé déciQuant à Medeea Marinescu, elle est délicieuse, pleine de
de alors de faire appel à une agence matrimoniale.
charme, de naturel et de sensibilité. L'actrice roumaine est
Contrairement aux autres "clients ", il ne recherche pas
lumineuse, "un soleil", et on comprend que tout le monde en
l'âme sœur mais seulement une femme solide, bien plantée sur
tombe amoureux.
ses deux jambes, susceptible de le seconder. Comprenant qu'il
Née à Bucarest le 27 mai 1974, Medeea Marinescu, 32 ans
ne recherche pas l'affectif mais l'utile, la directrice de l'agence
a suivi une double formation: musicale, dans un lycée de
propose à Aymé de se rendre en Roumanie où il va rencontrer
musique de Bucarest puis dans une école de jazz, mais surtout
Elena (Medeea Marinescu).
théâtrale, dans la prestigieuse Académie de Théâtre et de
Elena lui plaît, elle a l'air robuste, en bonne santé et parFilms de Bucarest. Employée pendant 7 ans au théâtre
faitement capable d'assurer un travail à la ferme. De son côté,
National de la ville, elle s'est illustrée dans un grand nombre
Elena est prête à suivre cet homme qui ne lui plaît pas pour que
de pièces, en Roumanie mais aussi en Angleterre.
sa fille de six ans ne connaisse pas la même vie difficile.
27
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Andrei Pavel : l'arbre qui
cache le désert du tennis roumain
Sports
BAIA
MARE
z
CLUJ
ARAD
z
z
ORADEA
ALBA I.
z
SIBIU
z
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
BACAU
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BRASOV
CARANSEBES
RESITA
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M. CIUC
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IASI
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TIMISOARA
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SUCEAVA
TARGU
MURES
GALATI
z
z
BUZAU
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Religion
Les Roumains de
Serbie de la vallée
de Timoc auront un
second lieu de culte
26
Depuis 1833, les Roumains de la
vallée de Timoc, en Serbie du NordEst, voyaient leur existence culturelle
et linguistique niée, dans une région
qui a compté jusqu'à 87 églises et 17
monastères orthodoxes roumains. Le
processus de libéralisation dans ce
pays semble porter ses fruits puisque
les autorités serbes ont accepté la
construction d'une seconde église
dans le village de Isacova, après
celle reconstruite en 2003 à
Malainita.
L
'équipe roumaine de tennis s'est incliné 4-1 devant celle des Etats-Unis, en
match qualificatif de la coupe Davis, à Bucarest, et devra disputer les barrages pour figurer dans le groupe mondial, l'an prochain. La seule satisfaction de cette rencontre réside dans la victoire du vétéran Andrei Pavel, 67ème mondial, sur Andy Roddick, n° 3 mondial, en cinq sets.
Le tennis roumain peut se poser des questions sur le fait de voir son niveau végéter dans la médiocrité et se limiter aux seules
performances de Pavel, alors qu'il avait atteint le
sommet de la hiérarchie mondiale au début des
années 70, disputant deux finales de la coupe
Davis - toujours contre les USA - emmené par le
redoutable duo de l'époque, Ilie Nastase-Ion
Tiriac.
Pourtant la Roumanie ne manque pas de
jeunes talents mais, apparemment, elle ne sait
pas les faire éclore. Ainsi en est-il de la paire
Tecau-Mergea qui dominait voici trois ans le
double du tennis mondial junior. En 2003, Florin
Mergea s'était qualifié pour la finale junior de
l'Open d'Australie, s'inclinant devant un
Cypriote inconnu, Marcos Bagdadatis… lequel
vient de disputer la finale du même tournoi,
mais senior cette fois, battu par le n° 1 mondial
Roger Federer. Cette même année 2003, Florea s'était qualifié pour les demi-finales de
l'US Open junior et avait remporté le tournoi junior de Wimbledon.
Depuis, Florea est rentré dans l'anonymat, disparaissant dès les premiers tours des
tournois internationaux alors que des joueurs qu'il avait dominé auparavant, comme
l'Australien Chris Guccionne, a qualifié son pays pour le tour suivant de la coupe
Davis en venant à bout du redoutable Suisse Michaël Lammer. Il en est de même pour
Horia Tecau ou pour Razvan Sabau, autre étoile éteinte, un des meilleurs juniors mondiaux, voici douze ou treize ans, qui avait également remporté Wimbledon.
Les joueurs et leur entourage sont certainement fautifs pour ce manque de
constance et ces espoirs déçus, mais la Fédération Roumaine de Tennis a aussi sa large
part de responsabilité pour ne pas savoir encadrer le passage de ces jeunes vers le tennis adulte et ne pas manifester la volonté de les aider.
Championnat d'Europe de football: la Roumanie
retrouve les Pays-Bas sur son chemin
Les leaders de la communauté
roumaine de la vallée de Timoc,
en Serbie, annoncent la bonne nouvelle.
Les offices s'y dérouleront dans la
langue maternelle roumaine et deux
prêtres ont été consacrés récemment pour s'occuper de ces
paroisses. L'église sera construite
sur un terrain de deux hectares
donné par une famille d'origine roumaine pour édifier un centre culturel,
linguistique et religieux roumain.
L
a Roumanie
aura
les
Pays-Bas
comme principal adversaire, lors de la phase de
qualification des prochains championnats
d'Europe de football,
qui doivent se dérouler
en 2008 en Autriche et
Suisse, et qui débutera
dès septembre prochain.
Pour se qualifier, les joueurs du sélectionneur Victor Piturca (notre photo)
devront terminer au moins deuxième de
leur groupe G qui comprend,
outre
les
Hollandais, qui leur ont
déjà barré la route de la
coupe du monde en
Allemagne: la Bulgarie,
la Slovénie, l'Albanie, le
Belarus, le Luxembourg.
La dernière participation de la Roumanie à
la phase finale du championnat d'Europe remonte à 2000, en
Belgique-Hollande, et en coupe du
monde, en 1998, en France.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Cinéma
Connaissance et découverte
Une belle histoire franco-roumaine qui fait monter
les larmes aux yeux… tout en faisant beaucoup rire
"Je vous trouve très beau":
une petite merveille de film à ne pas manquer
P
our son premier long métrage, Isabelle Mergault,
La jeune comédienne a mené également de front une carscénariste, comédienne et partenaire de Laurent
rière au cinéma, avec une vingtaine de films… jouant pour la
Ruquier au théâtre, a réalisé une petite merveille
première fois à l'âge de trois ans ! A six ans, elle interprétait le
avec Je vous trouve très beau. Le succès est tel que, six
rôle de Mirabela dans Maria Mirabela de Gopo, (réalisateur
semaines après sa sortie, le film figure encore au top des
primé par la palme d'or à Cannes en 1959), qui la fit connaître
meilleures entrées en France avec deux millions de spectaet apprécié du grand public roumain. A onze ans elle recevait
teurs, bien qu'il n'ait
le prix de la meilleure actrice décernée par
bénéficié que de la
l'Association du Cinéma Roumain. Afin de la
seule publicité du
récompenser pour sa jeune mais riche carrière, elle
"bouche à oreille". La
a reçu en 2004 la prestigieuse "Etoile Roumaine"
performance est d'aupour mérite culturel. Ne parlant pas français, elle a
tant plus à saluer que la
appris notre langue en trois mois, avant de tourner
réalisatrice a écrit ellele film. Il lui reste à persévérer dans cette voie, tant
même le scénario.
elle a séduit le public français qui espère la revoir
Le sujet remonte
bientôt dans un autre rôle.
jusqu'à la tradition d'un
Il ne faut pas oublier non plus les seconds rôles
cinéma
pittoresque
du film qui contribuent à son charme, dressant une
cher à Pagnol. On rit,
galerie de portraits croquignolets et contribuent
on pleure, tant le ton est
Michel Blanc et Medeea Marinescu, en compagnie de grandement à son succès.
la réalisatrice du film, Isabelle Mergault (à gauche).
juste; une belle réussite
pour ce film qui parvient tout doucement à nous faire monter
"Je vous trouve très beau", film français d'Isabelle
les larmes aux yeux sans qu'on s'en rende compte vraiment.
Mergault avec Michel Blanc, Medeea Marinescu, Wladimir
Nombre de "franco-roumains" y reconnaîtront une partie de
Yordanoff. Genre: Comédie dramatique - Durée: 1 h 37 mn
leur histoire et, enfin et surtout, la Roumanie présentée échapAymé Pigrenet (Michel Blanc) vient de perdre sa femme,
pe aux clichés, la réalisatrice en donnant une image à la fois
électrocutée par une trayeuse électrique défectueuse. Il n'est
authentique et délicate.
pas submergé par le
Quand aux deux principaux interprètes, ils sont
chagrin,
mais
tout simplement prodigieux. On y découvre un
anéanti par le travail
Michel Blanc comme on a rarement eu l'occasion de
qu'il va devoir
rencontrer, profond et tendre en paysan bourru qui
désormais effectuer
apprend à s'aimer en découvrant l'amour qu'il n'avait
tout seul à la ferme.
jamais connu. Bien loin des pitreries de son Jean
Très vite, Aymé
Claude Dus des "Bronzés”, il réussit à nous toucher
s'aperçoit qu'il ne
au cœur de son regard d'âme perdu qui aime pour la
peut pas s'en sortir :
première fois, en râleur maladroit, jaloux et étonl'intendance de la
nant de justesse et d'humanité.
maison, le travail au
poulailler, les bêtes
à s'occuper… Il doit
Medeea Marinescu meilleure
impérativement trouver une autre femme. Mais dans ce villaactrice roumaine à l'âge de onze ans !
ge de la Drôme (Valence), la chose n'est pas facile. Aymé déciQuant à Medeea Marinescu, elle est délicieuse, pleine de
de alors de faire appel à une agence matrimoniale.
charme, de naturel et de sensibilité. L'actrice roumaine est
Contrairement aux autres "clients ", il ne recherche pas
lumineuse, "un soleil", et on comprend que tout le monde en
l'âme sœur mais seulement une femme solide, bien plantée sur
tombe amoureux.
ses deux jambes, susceptible de le seconder. Comprenant qu'il
Née à Bucarest le 27 mai 1974, Medeea Marinescu, 32 ans
ne recherche pas l'affectif mais l'utile, la directrice de l'agence
a suivi une double formation: musicale, dans un lycée de
propose à Aymé de se rendre en Roumanie où il va rencontrer
musique de Bucarest puis dans une école de jazz, mais surtout
Elena (Medeea Marinescu).
théâtrale, dans la prestigieuse Académie de Théâtre et de
Elena lui plaît, elle a l'air robuste, en bonne santé et parFilms de Bucarest. Employée pendant 7 ans au théâtre
faitement capable d'assurer un travail à la ferme. De son côté,
National de la ville, elle s'est illustrée dans un grand nombre
Elena est prête à suivre cet homme qui ne lui plaît pas pour que
de pièces, en Roumanie mais aussi en Angleterre.
sa fille de six ans ne connaisse pas la même vie difficile.
27
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Thêatre
z
BAIA
MARE
z
z
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z
z
ORADEA
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z
SIBIU
BICAZ
BACAU
z
GALATI
BRAILA
z
z
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z
TULCEA
z
CRAIOVA
z
BRASOV
PITESTI
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Sibiu prépare 2007
28
Sibiu prépare dans la fièvre
l'année 2007 qui va voir la ville devenir capitale européenne de la culture
en même temps que sa partenaire
Luxembourg. Son festival international de Théâtre, qui en était à sa douzième édition l'an passé sert, pendant dix jours fin mai, de répétition
générale à l'évènement.
L'association Sibiu 2007 s'est
fixée comme objectif de changer
l'image de la Roumanie en Europe.
Les organisateurs veulent présenter
un calendrier culturel exceptionnel
mais doivent aussi résoudre de multiples problèmes d'infrastructures et
de logistique. Ils ont déjà réalisé un
guide du développement de la ville
en mettant à contribution un millier
de ses habitants pour déterminer les
mauvais et les bons points qui la
caractérise.
L'offre des services publics sera
ainsi améliorée. La grande place se
trouve en pleine rénovation. La mairie vient d'être déplacée dans un
grand bâtiment, riche en ornementations. Des statues sont en cours
d'installation. Sibiu entend être prête
à l'heure dite.
Société
Retour de Moldavie et Transnistrie
L'intégrisme religieux
n'épargne pas la Roumanie
z
TARGU
MURES
DEVA
TIMISOARA
IASI
BORSA
z
ARAD
BOTOSANI
SUCEAVA
z
Orthodoxes en tête,
les églises chrétiennes tentent de faire
interdire la pièce "Les Evangélistes"
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
L
'intégrisme et ses débordements n'affectent pas seulement le monde musulman, comme le montrent les réactions provoquées par une pièce de Théâtre
en Roumanie et présentée à Iasi, ainsi que le rapporte le correspondant du
"Monde" à Bucarest, Mirel Bran. La pièce a pour titre Les Evangélistes. Le metteur
en scène, Benoît Vitse, Français, 58 ans, directeur du Théâtre Athénée d'Iasi, résume
la situation: "Les églises veulent faire interdire le spectacle, explique-t-il. Les prêtres
demandent à leurs fidèles de ne pas venir voir la pièce. Le maire déclare que c'est à
cause de gens comme moi qu'il y a eu des émeutes dans les banlieues de France.
Pendant les représentations, des étudiants en théologie ont prié à genoux devant l'entrée du théâtre, bougie à la main. J'ai reçu un couteau dans une enveloppe et je suis
traité d'homosexuel, de pédophile, de juif et d'alcoolique. Vadim Tudor, le Le Pen roumain, affirme à la télévision qu'à cause de cette pièce il y a eu un tremblement de terre
dans le département voisin."
Toute la Roumanie tremble depuis la première de la pièce, en décembre 2005.
Ecrits par Alina Mungiu-Pippidi (notre photo), 42 ans, ancienne médecin, journaliste
et politologue, Les Evangélistes racontent l'histoire d'un Jésus sans transcendance,
personnage un peu paumé dans un monde plutôt violent et qui voudrait ressusciter à
travers ce que chacun pourrait faire en son nom. La bataille est délicate, car il se fait
tuer par l'apôtre Paul, misogyne, colporteur et manipulateur. En dépit de leur énorme
succès, Les Evangélistes n'ont été joués qu'à Iasi et une seule fois à Bucarest, dans la
plus grande discrétion, afin de ne pas provoquer des manifestations. Après une pause,
la pièce est donnée depuis le 18 janvier une fois par semaine aux risques et périls des
acteurs et du metteur en scène.
"Avant nous étions tous communistes,
aujourd'hui nous sommes tous orthodoxes"
"Je m'attendais à une réaction violente, mais j'aurais préféré que ma pièce ne soit
pas le révélateur du primitivisme de notre société, témoigne Alina Mungiu-Pippidi.
Nous vivons dans une société hypocrite comme au temps du dictateur Ceausescu. A
l'époque, nous étions tous des communistes; aujourd'hui, nous sommes tous des orthodoxes. Notre christianisme de vitrine cache un incroyable retardement." Ce n'est pas
un discours pour se faire aimer dans un pays à 87 % orthodoxe, où l'Eglise officielle
est l'institution à laquelle les Roumains font le plus confiance. "Cette pièce est une
insulte à notre Eglise", s'insurge Teoctist, le patriarche de l'Eglise orthodoxe de
Roumanie, lequel est souvent apparu comme une marionnette de l'ancien régime, le
servant apparemment sans montrer d'état d'âme particulier.. "C'est un blasphème
contre notre vie et notre foi", ajoute l'archevêque catholique Ioan Robu.
L'onde de choc du scandale est arrivée aux USA, où une association de Roumains
a écrit à la présidence pour lui demander d'interdire ce spectacle au motif qu'il "rend
la Roumanie vulnérable et menace la sécurité nationale". A quelques rares exceptions
près, la presse roumaine s'est déchaînée contre l'auteur et le metteur en scène français
a été déclaré persona non grata. "J'ai peur pour les jeunes acteurs, qui prennent beaucoup de risques, affirme Benoît Vitse. Je bénéficie d'une protection de la police."
Les menaces sont loin d'être théoriques. Gigi Becali, patron d'un club de football,
a appelé les supporteurs de son équipe, réputés pour leur violence, à donner une leçon
aux acteurs. Quant à Alina Mungiu-Pippidi, elle veut continuer, sans gardes du corps,
à bousculer la société. "Je ne suis pas théologienne, mais écrivaine. Je n'ai aucune
intention de dénigrer Jésus. J'écris pour poser des questions, non pour y répondre.
C'est ce que j'appelle une pièce de théâtre."
25
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Religion
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Le "Postul mare" de Pâques
est de plus en plus observé
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182 jours de jeûne, soit
la moitié de l'année
24
Jeûne, parfois noir, abstinence
et continence pendant sept semaines
L'Eglise orthodoxe a défini les
périodes de jeûne, pendant lesquelles elle ne pratique également
aucun mariage religieux, de la façon
suivante:
Jeûnes hebdomadaires réguliers:
le mercredi et le vendredi
Jeûnes d'un jour: le 5 janvier,
Boboteaza (baptême du Christ), le 29
août (décapitation de Saint Jean
Baptiste), le 14 septembre (élévation
de la Sainte Croix)
Jeûnes précédant les grandes
fêtes religieuses: sept semaines
avant Pâques, deux semaines avant
l'Assomption (le 15 août), une période variable pour les saints apostoliques, et six semaines avant Noël.
Au total, cela fait 182 jours… soit la
moitié de l'année !
Réalisé à l'occasion de Pâques
2005, un sondage a permis d'en
savoir plus sur les Roumains et les
fêtes religieuses. 72 % sont allés à la
messe de Pâques, les Transylvains
étant les plus nombreux (72 %), la
Dobroudja (Constantsa) se classant
en queue (61 %). 17 % des paysans
ont observé le "post", et seulement
12 % des habitants des villes. 97 %
des provinciaux ont fabriqué leur
"cozonac" (brioche) et peint leurs
oeufs à la maison, ce qui n'est le cas
que de 56 % des Bucarestois. Trois
quarts des Moldaves préparent le
repas de Pâques à la maison, les
sarmale y trônant en roi sur la table,
tout comme en Transylvanie, mais
étant également servis dans toutes
les régions. L'agneau pascal est le
plus apprécié des Oltènes (Craiova),
dans le Banat (Timisoara) et la région
d'Oradea, étant servi huit fois sur dix.
S
ept semaines avant Pâques, les croyants orthodoxes commencent une période de jeune particulièrement rigoureuse appelée "Postul mare" ("Le grand
jeûne"). Beaucoup plus strict que le jeûne des catholiques qui permet de
consommer du poisson, des œufs et des produits laitiers, celui-ci interdit tout aliment
de nature animale (viandes, charcuterie, œufs, lait, beurre, fromage, autres produits
laitiers), proscrit le vin, l'huile… et les relations sexuelles. Les fidèles doivent entièrement se consacrer à la purification de leur corps, à la méditation, à la prière. Seuls sont
dispensés de cette ascèse, les
personnes âgées, les enfants,
les malades, les voyageurs, les
militaires et les détenus.
Pendant pratiquement cinquante jours, les fidèles vont se
partager entre les jours où ils
ne mangeront et ne boiront
absolument rien ("Postul
negru", "Jeûne noir"), ceux où
ils absorberont seulement une
soupe et des légumes cuits, le
soir, une entorse étant autorisée le samedi où ils peuvent consommer des aliments secs
et un peu de vin, ainsi que les jours de fêtes religieuses, le 25 mars, jour de l'Annonce
faite à Marie et le dimanche précédant Pâques, appelé "Florii" ("Rameaux"), correspondant à l'entrée de Jésus dans Jérusalem, où le poisson est permis.
Le regain de pratique du "Post" s'est manifesté dès la "Révolution" de décembre
1989. Malgré tous les obstacles mis par les communistes, les Roumains restaient un
peuple profondément religieux - on affirme même qu'il est le plus croyant d'Europe bien que seulement 18 % d'entre eux continuent à aller à la messe le dimanche. Mais
son observance est surtout le fait des personnes âgées, des femmes, et des jeunes de
moins de vingt cinq ans, la classe d'âge moyen ayant plutôt fait sien le matérialisme
de l'époque communiste, considérant qu'il s'agit d'une coutume d'un autre temps, liée
aux mœurs rurales.
Un phénomène de mode joue aussi dans son observance, car, le "post" permet de
suivre un régime diététique et végétarien recommandé par les nutritionnistes.
Un créneau pour les magasins d'alimentation et les restaurants
Les professions de l'alimentation ont compris qu'elles disposaient là d'un créneau
et les rayons où figurent les préparations et produits spéciaux pour cette période se
sont multipliés dans les magasins. On y propose des "cozonacii (brioches) de Post",
confectionnées sans œufs, ni lait, de la charcuterie ou des sarmale à base de soja, graminée dont la consommation se développe beaucoup, des pâtés de champignons, de la
mayonnaise, des fromages et des saucissons végétaux…
De plus en plus de restaurants s'y mettent, avec des menus appropriés, où figurent
en bonne place soupes de légumes et salades… même si l'endroit n'est pas très indiqué pour une période sensée être dévolue au recueillement. Etonnement, la vente des
autres catégories de produits alimentaires (viandes, œufs…) ne baisse pas pendant
cette période. Si elles sont les premières à observer le "Post", les maîtresses de maison, chargées généralement des courses, sont bien obligées de composer avec les exigences de leur mari et la santé de leurs enfants.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Théâtre
Connaissance et découverte
La pièce de la jeune dramaturge Gianina Carbunariu reprise en France
Trois Roumains dans le noir
L
e théâtre contemporain roumain existe et s'exporte
même, comme l'a constaté Brigitte Salino, dans le
Monde, dans une critique consacrée à "Stop the
tempo", une pièce de Gianina Carbunariu,
reprise au Théâtre-Studio d'Alfortville, dans la
banlieue parisienne, fin 2005, et mise en scène
par Christian Benedetti.
"Et si on débranchait tout ? On l'a rêvé,
Christian Benedetti le fait dans son beau
théâtre-studio d'Alfortville: après avoir mis à
fond la caisse une musique de boîte de nuit, il
éteint tout, faisant éprouver le silence et l'obscurité pendant plusieurs minutes. C'est Stop
the Tempo !, la pièce d'une jeune Roumaine
de 28 ans que l'on découvre en France,
Gianina Carbunariu. Une pièce qui cogne: désespérée et radicale. Soit donc trois jeunes gens, Maria, Paula et Rolando,
dans la Roumanie d'aujourd'hui. Et, visiblement, il ne fait pas
bon vivre dans l'ex-royaume du Père Ubu-Ceausescu, devenu
celui de la consommation à outrance et de la dérégulation
effrénée. De quoi péter les plombs: les trois jeunes gens de
Stop the Tempo!, eux, décident de les faire sauter : terroristes
Chanson
S
d'un nouveau genre, ils débranchent l'électricité de tous ces
lieux qui font leur beurre sur le bonheur en plastique. Gianina
Carbunariu (notre photo), la plume trempée dans le vitriol,
érafle au passage cette injonction contemporaine qui veut que l'on soit toujours "cool",
que l'on "s'éclate".
La jeune dramaturge roumaine fait exploser les codes mêmes de la représentation théâtrale: sa pièce est destinée à être jouée dans le
noir, ses trois interprètes seulement éclairés
par des lampes torches. Et c'est ce que font
Christian Benedetti et ses jeunes - et très
justes - acteurs, donnant à la représentation
une force et une étrangeté qui ramènent à un
rôle très ancien du théâtre.
Ce théâtre-là dit la rage et le désarroi d'une jeunesse, ici
roumaine, aspirée par le vide, qui parvient pourtant, ici, à
dépasser cette déréliction dans l'invention d'une forme de communauté. Il faut saluer la démarche de Christian Benedetti, qui
s'obstine, avec peu de moyens, à offrir un théâtre engagé dans
le contemporain, sans concessions, mais sans prendre de haut
le spectateur".
Stefan Hrusca ramène dans les maisons des Roumains
expatriés le parfum sacré de leurs fêtes traditionnelles
tefan Hrusca, l'un des plus
grands chanteurs roumains
actuels, a vu le jour au
Maramures, le 8 décembre 1957.
Jusqu'en 1981 il a été enseignant à Borsa,
dans le même judet. C'est à cette époque
qu'il est découvert par les promoteurs du
mouvement artistique Cenaclul Flacara et
change alors complètement de direction.
En trois ans, de 1981 à 1984, le jeune
artiste donne plus de mille concerts à travers le pays, son talent exceptionnel étant
reconnu par l'attribution du Grand Prix de
la musique folk et du Prix de Création
musicale.
Stefan Hrusca quitte Cenaclul
Flacara en 1984 et poursuit sa carrière
artistique comme chanteur solo ou, encore, en compagnie des chanteurs Vasile
Seicaru et Victor Socaciu. Ses albums
solo "Prière pour les parents" (1984),
"Souhait aux amoureux" (1986), ainsi
que celui sorti en collaboration avec
Vasile Seicaru, intitulé "Voyageurs
rêveurs" (1988) connaissent un succès
retentissant.
A partir de1990, au lendemain de la
"Révolution", Stefan Hrusca se lance
dans la redécouverte des cantiques de
Noël qu'il interprète dans un style unique,
original. Ses disques connaissent un
succès énorme en Roumanie, il enregistre
des records de vente avec les albums
"Cantiques de Noël" (1990), "À la fin
du monde" (1993), "Noël avec
Hrusca" (2000), "Sainte nuit de Noël"
(2001).
Établi au Canada, proche de Toronto,
depuis 1991, Stefan Hrusca fait le tour du
monde et ses chansons résonnent partout
dans les communautés roumaines. Mais
le chanteur retourne chaque année en
Roumanie où il est toujours aussi populaire. D'ailleurs le Disque d'or remis par
la maison de disque Electrecord ainsi que
le Prix de l'Union des Artistes en témoignent.
Sa conversion aux chants religieux
ne l'ont cependant pas fait abandonner
pour autant le style folk. En 1996, Stefan
Hrusca a sorti l'album folk "Amours
passés" et organisé le festival de
musique folk "Mesterul Manole"
("Maître Manole", célèbre légende roumaine), en qualité de directeur artistique.
En 2001, un nouvel album "20 ans"
compilait quelques uns des grands succès
de sa carrière, comme "Feuilles",
"Prière pour les parents", "Un arbre
fleuri", "Tes yeux".
La musique de Stefan Hrusca touche
profondément l'âme roumaine partout
dans le monde et ramène dans les maisons des Roumains expatriés le parfum
sacré de leurs fêtes traditionnelles.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Musique
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Humour
Histoires vraies
"Traître" à la classe ouvrière…
qui mange des huîtres
30
Adrian s'est mis rapidement aux
huîtres quand il est arrivé sur la côte
Atlantique, s'y installant. Jusque là, il
n'en avait vu que dans des livres. En
Roumanie, elles passaient pour un
luxe d'Occidentaux et on imaginait
que seul Ceausescu en mangeait.
Invitant un jour un ami français à sa
table, celui-ci eut la surprise de le voir
donner systématiquement à son chat
les plus belles, d'un vert vif rappelant
et sentant l'océan. S'en étonnant, il
s'entendit dire: "Mais tu ne vois pas
qu'elles sont pourries".
Son père venu lui rendre visite dans sa jeunesse fervent communiste, ce dont il était revenu tout en gardant sa conscience ouvrière - ne se
fit pas prier pour goûter avec beaucoup d'appétit ce mets que l'on disait
réservé aux capitalistes… ce qui lui
valut le regard sombre de sa femme
et cette flèche terrible "Traître!".
Au cours de son séjour, le vieil
homme se fit très bien à la société
occidentale. A la grande surprise de
son fils, il n'hésitait pas à aller seul
acheter le pain, bien que ne parlant
pas un mot de français. Un jour, il
décida de se rendre à la pharmacie,
ce qui était plus compliqué, et refusa
la proposition d'Adrian de l'accompagner. Il revint en effet avec les médicaments dont il avait besoin et, tout
fier, lança à son fils, stupéfait : "tu
oublies qu'il n'y a pas que le roumain
que je parle, il y a aussi le hongrois ".
Bien sûr, en Bretagne, çà allait de
soi…
Trois compositeurs
roumains précurseurs de la
S
i vous demandez à un mélomane, même éclairé, de vous citer un compositeur romantique roumain, il y a fort à parier qu'il se grattera le crâne et finira par avouer son ignorance. S'il est vrai que les œuvres de jeunesse du
grand George Enescu sont empreintes d'un romantisme proche de Brahms, il n'est
cependant pas l'initiateur du romantisme national de son pays natal. Ce mouvement est
en effet incarné par des compositeurs aujourd'hui méconnus mais ayant joué un rôle
non négligeable dans l'éveil de la nation musicale roumaine.
Alain Chotil-Fani, mélomane passionné de musique roumaine - il lui consacre un
remarquable site Internet, www.souvenirs des carpates - se penche sur la destinée et la
carrière de trois d'entre-eux.
George Stephanescu (1843 - 1925):
l'éveil du nationalisme musical roumain
George Stephanescu fait partie de la prolifique génération de romantiques nés
dans les années 1840, comme Tchaikovsky, Dvorak, Saint-Saëns ou Bizet. Professeur
de chant, chef lyrique, compositeur d'innombrables œuvres pour la scène, il a poursuivi toute sa vie l'ambition de faire de l'Opéra de Bucarest un théâtre de renommée
internationale.
Infatigable promoteur de la musique de son pays - comme le sera, un demi-siècle
plus tard, George Enescu - George Stephanescu, à l'instar du composteur Bedrich
Smetana en Bohême, consacre toute son existence à l'éveil du nationalisme musical
roumain.
Paradoxalement, l'une des seules œuvres aujourd'hui accessibles au disque de
Stephanescu est une symphonie de jeunesse en la majeur. Cette pièce plaisante, d'un
jeune homme de 26 ans, alors étudiant au Conservatoire de Paris, a connu le même
sort que d'autres de ses prestigieuses consœurs (les premières symphonies de Bizet,
Dvorak ou Bruckner) puisqu'elle ne fut jamais jouée du vivant de son auteur. Elle ne
sera créée qu'en 1959, pour la radio roumaine.
Classiquement en quatre mouvements, la Symphonie de Stephanescu, résolument
optimiste, respire une certaine joie de vivre et utilise déjà des éléments folkloriques
roumains dans son final. Les deux mouvements médians - le Larghetto, en forme de
lied, et surtout le bondissant Scherzo Allegretto assai - sont cependant plus intéressants, construits avec un métier déjà sûr.
Cette symphonie, d'une manière générale, ne cache pas ses influences multiples,
de Ludwig van Beethoven, Franz Schubert et Félix Mendelssohn. Elle souffre cependant et regrettablement, de la faiblesse de son ultime mouvement, ce qui peut expliquer la rareté au disque mais aussi dans les salles de concert de la "première symphonie roumaine".
Eduard Caudella (1841 - 1924):
mentor du jeune George Enescu
Exact contemporain de George Stephanescu, Eduard Caudella jouit encore de nos
jours d'une excellent réputation de pédagogue. Professeur respecté au conservatoire de
Iasi, ville située à l'est de la Roumanie et renommée pour sa dimension culturelle,
Caudella fut aussi un musicien accompli, virtuose du violon (il a étudié avec Henri
Vieuxtemps), chef d'orchestre et critique musical.
Né dans une famille de musiciens - son grand-père était déjà compositeur et professeur de musique, son père violoncelliste et l'un de ses cousins chanteur à l'Opéra
Impérial de Vienne - Eduard Caudella a composé de nombreuses œuvres musicales
dans de multiples genres. Particulièrement attaché à sa terre natale, où il s'est établi
définitivement après ses tournées européennes, Caudella a mis en valeur la richesse
musicale populaire roumaine dans ses œuvres classiques.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Santé
Société
Les faux-dentistes italiens demandent
qu'on leur rembourse les dessous de table versés
L
'affaire avait fait grand bruit en 2000 et causé le
plus grand scandale jamais enregistré jusqu'alors
dans l'enseignement roumain, mettant en relief ses
dérives qui n'ont fait que s'accentuer depuis sous l'effet d'une
corruption galopante et d'une autonomie des universités permettant tous les abus.
63 ressortissants italiens avaient obtenu leurs faux
diplômes de dentistes auprès de l'Université de Médecine et de
Pharmacie de Iasi, entre 1997 et 2000, certains ayant ensuite
exercé comme stomatologues en Roumanie. C'est lorsque plusieurs de ces pseudo-diplômés avaient demandé la reconnaissance de leurs titres que l'ambassade d'Italie en Roumanie
avait découvert le pot aux roses.
Bakchich à l'appui, les " étudiants " italiens avaient obtenu des autorités universitaires de Iasi d'y passer leur examen
de licence, après avoir suivi les cours d'une université italienne non accréditée et avoir été inscrits à l'Université Privée
Ecologique de Bucarest, grâce à de faux titres, comme le baccalauréat, leur en autorisant l'accès. Le ministre de l'Education
nationale de l'époque avait décidé de révoquer les recteurs en
cause et d'annuler les diplômes.
Estimant qu'ils ont été spoliés par cette décision qui les
empêche d'exercer, 24 de ces faux-dentistes ont entamé un
procès. Déboutés, cinq d'entre-eux ont fait appel, réclamant
chacun 50 000 € de dédommagements pour le remboursement
de leurs frais d'études - ils ont passé en tout et pour tout quinze jours à Iasi - les voyages effectués entre l'Italie et la
Roumanie… et les pourboires versés! Les universités
concernées, et complices à l'époque des faits, s'en renvoient
chacune la responsabilité.
En 2000, le scandale ne s'était pas arrêté là. Le Conseil
National d'Evaluation Académique et d'Accréditation
(CNEAA) avait également démarré une enquête sur des titres
de doctorats obtenus par des étudiants israéliens. Une firme de
ce pays avait proposé à l'Université de Bucarest un "arrangement" pour organiser des programmes dans ce sens, ce qu'elle
avait refusé… à la surprise du demandeur qui lui avait indiqué
que cela se pratiquait avec d'autres universités roumaines.
Certains diplômes avaient été délivrés en échange de sommes
pouvant atteindre 50 000 €.
Les Roumains vont se faire soigner mieux et moins cher en Hongrie
C
e ne sont pas seulement les
commerces, mieux achalandés et moins chers, qui
attirent les Roumains en Hongrie. Pour
des raisons équivalentes, ceux-ci se rendent de plus en plus fréquemment dans le
pays voisin pour s'y faire soigner, les
hôpitaux de Sezged et Budapest ayant la
réputation de prodiguer une médecine de
bien meilleure qualité, dans des établissements propres et pour un coût moins
élevé.
Les habitants du Banat (Timisoara et
Arad) sont devenus les patients étrangers
les plus nombreux des cliniques de
Szeged, ville située à moins d'une demiheure de la frontière. Ils sont attirés par la
réputation des médecins locaux qui
excellent dans les domaines de l'orthopédie, de l'ophtalmologie et de la gynécologie, entreprenant notamment des opérations qui ne s'effectuent pas encore en
Roumanie.
Autre avantage, les patients sont
assurés d'être opérés dans la semaine
alors que chez eux ils doivent attendre
des mois et parfois jusqu'à un an. Ils trouvent également des établissements où la
propreté est une règle absolue. Les murs
sont fraîchement repeints, le carrelage
régulièrement lavé, les toilettes impeccables, le mobilier neuf. Il est interdit de
fumer, contrairement à la Roumanie,
règle qui s'applique aussi aux médecins.
Le coût d'une hospitalisation est
l'autre élément décisif. En Roumanie,
théoriquement, les soins sont gratuits
pour les assurés… mais il en va tout
autrement dans la réalité. Il faut sans arrêt
rajouter des bakchichs… au chirurgien, à
l'anesthésiste, au médecin de garde, aux
infirmières, aux femmes de service, pour
avoir un examen, pour acheter ses médicaments, pour utiliser du matériel moderne, pour se faire livrer de quoi manger à
sa faim…
Dans le meilleur des cas, au total cela
représentera une centaine d'euros, mais
ce coût peut se multiplier par dix, voire
plus, les familles se mobilisant pour trouver les sommes nécessaires.
Bakchich légalisé mais limité
Ainsi, pour l'implantation d'une
valve cardiaque on doit, au minimum,
verser 1000 € au chirurgien, auxquels il
faudra ajouter plusieurs centaines
d'autres pour le matériel, 100 € pour
l'anesthésiste et ainsi de suite. Les per-
sonnels médicaux justifient ces pourboires par les salaires misérables qu'ils
reçoivent.
En Hongrie, la même intervention
coûtera 1100 €, tout compris ; à savoir
1000 € pour l'opération (prise en charge
pour les Hongrois)… et 100 € maximum
de bakchich, à l'initiative du malade. Ce
pays, reconnaissant qu'il ne pouvait pas
payer un juste prix ses médecins et autres
personnels a légalisé le système des pourboires, dans les années 50, tout en le
réglementant. S'il est content de l'intervention, le patient peut manifester sa gratitude en versant une somme qui ne doit
pas dépasser au total 100 €; ce geste n'est
pas obligatoire, mais en général pratiqué,
et ne peut en aucun cas être fait avant
l'opération, seulement à la fin de l'hospitalisation.
Certes les médecins hongrois
gagnent nettement plus que leurs
confrères roumains (1000 € au lieu de
200), lesquels sont méprisés par un système de santé corrompu, où l'argent des
assurés est détourné, mais le résultat est
là: les Roumains préfèrent encore payer
leurs soins plutôt que d’avoir recours à
une médecine soi-disant gratuite. Encore
faut-il en avoir les moyens.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Santé
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Entrée en vigueur
d'un Traité
protégeant la région
des Carpates
22
La Convention des Carpates,
signée en mai 2003 pour protéger
l'environnement dans cette région
est-européenne, est entrée en
vigueur début janvier, a annoncé
l'ONU dans un communiqué à
Vienne. La Hongrie a en effet ratifié,
après la République tchèque, la
Slovaquie et l'Ukraine ce traité
devant protéger la faune et la flore
locales, exceptionnelles en Europe,
selon un communiqué du Programme
des Nations unies pour l'environnement (PNUE).
Hommes d'affaires allemands
et italiens, mais aussi Roumains
de l'étranger viennent s'y faire soigner
Tourisme dentaire dans
les cliniques spécialisées de Timisoara
L
es cliniques de Timisoara, spécialisées dans les traitements dentaires, ont
été débordées en fin d'année. Nombre de Roumains fixés à l'étranger et rentrés à l'occasion des fêtes, en ont profité pour se faire soigner et un rush du
même genre est attendu à l'occasion de Pâques. Dans ces établissements souvent
neufs, disposant de matériel moderne et de personnel compétent, les prix sont de
quatre à cinq fois inférieurs à ceux pratiqués en Occident, à qualité de soins égale.
Ainsi un plombage y revient à 20 € au lieu de 100 € en Allemagne, une dent en
céramique et sa pose à 80 € au lieu de 400 €, un implant dentaire à 500 € (2500 €),
un traitement d'orthodontie à 500-1000 € (4000 €). Autre avantage: les délais. Le
plombage se fait immédiatement, en une séance, couronnes et prothèses sont réalisées
en moins d'une semaine.
Les hommes d'affaires italiens et allemands, nombreux dans la région, ont vite
compris l'intérêt de ces cliniques stomatologiques qu'ils fréquentent de plus en plus et
qui ont doté leurs salles d'attente d'ordinateurs avec Internet. On trouve leurs coordonnées et tout le descriptif de leurs services, avec tarifs, sur leurs sites Internet, à partir desquels on peut programmer les interventions.
La Roumanie emprunte ainsi la voie du tourisme dentaire, initiée voici environ
cinq ans en Hongrie, mais en proposant des prix plus avantageux… qui baissent encore si l'on va à l'intérieur du pays. Un de nos lecteurs s'est ainsi fait poser à Târgu Jiu
cinq prothèses en céramique, de la meilleur qualité, pour 300 €, somme comprenant
d'autres soins, le tout en dix jours, appréciant particulièrement l'accueil, la "douceur"
de l'intervention et le professionnalisme manifesté. Il faut préciser qu'il avait choisi sa
clinique à l'avance, sur recommandation d'amis roumains. En France, le devis se montait à 4000 €, dont moins de 500 remboursés.
Les lunettes aussi
La convention couvre aussi le territoire de trois autres pays, Roumanie,
Pologne et Serbie-Monténégro. La
région des Carpates contient la plus
grande réserve de forêts à l'état sauvage d'Europe et l'on y trouve des
animaux devenus rares tels que
l'ours brun, le loup, le bison, le lynx et
l'aigle. Le programme de travail sera
décidé lors d'une première rencontre
des pays membres de la Convention
en juin 2006.
Une agence de tourisme de Bucarest se spécialise d'ailleurs dans le tourisme
médical, proposant des soins esthétiques (liposuccion, seins au silicone…), traitements gériatriques, interventions ophtalmologiques, stomatologiques. Elle se charge
de la réservation des billets d'avion, du transfert depuis l'aéroport, de l'hébergement,
du programme d'intervention médicale… et des excursions touristiques pour meubler
les moments libres.
Autre opportunité très intéressante en Roumanie: l'opticien. Pour 40 €, on vous
fabrique une paire de lunettes avec des verres normaux, en un quart d'heure, après
avoir mesuré sur place votre vue… et sans avoir à prendre un rendez-vous chez le spécialiste six mois à l'avance. Les montures sont très présentables, mais il ne faut pas
bien sûr choisir celles portant des griffes étrangères. Aux prix pratiqués en France, on
comprend pourquoi Afflelou offre si généreusement sa seconde paire gratuitement !
D
2000 patients ont besoin d'une greffe
'après le président de
l'Agence Nationale pour les
transplantations, deux millepatients sont inscrits sur des listes d'attente en vue d'une greffe du cœur, du foie
ou des reins.
Victor Zota souhaite la mise en place
d'un registre unifié, respectant les proto-
coles internationaux pour la sélection des
patients, copié sur le modèle britannique
où les listes d'attente sont scrupuleusement respectées, ce qui évite de faire la
queue chez les médecins.
Un des problèmes rencontrés réside
dans le financement des interventions, les
hôpitaux manquant de fonds.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
romantiques
musique classique de leur pays
Quand en 1888 l'on lui présenta ce jeune garçon si doué
nommé George Enescu, Eduard Caudella eut la clairvoyance
de recommander le jeune prodige à Vienne, estimant qu'il n'aurait rien à lui apprendre. Enescu et
Caudella restèrent en contact dorénavant, manifestant une sincère et
désintéressée estime réciproque.
Caudella composa pour Enescu
son premier Concerto pour violon
en 1915; Enescu dédia à son
ancien professeur ses Impressions
d'Enfance pour violon et piano.
En musicologue cultivé,
Eduard Caudella n'ignorait pas les
Ecoles Nationales qui fleurissaient
en Europe. Son œuvre, influencée
Ciprian Porumbescu par le premier romantisme, révèle
un métier accompli et influencé
par le folklore, mais guère novateur. Il est difficile de croire
que ses dernières compositions, d'un romantisme très classique, sont contemporaines de la maturité créatrice de compositeurs comme Bartok, Schönberg ou Stravinsky.
Cela mis à part, le charme indéniable de sa musique symphonique, les rythmes de danses populaires bien proches, à
bien des égards, des Rhapsodies roumaines d'Enescu, font des
partitions de Caudella autant d'œuvres qui méritent l'attention
des mélomanes et des interprètes.
Ciprian Porumbescu (1853 - 1883):
instrumentalisé par le régime communiste
Alors que Caudella et Stephanescu vécurent bien au-delà
du XIXème siècle et atteignirent tous deux les 80 ans, Ciprian
Porumbescu satisfit davantage aux stéréotypes romantiques en
disparaissant, tuberculeux, dans sa trentième année, ce qui
rend son image mythique.
Cet éternel jeune homme, farouche défenseur de la patrie
roumaine, nationaliste exacerbé aux déclarations enflammées,
dont les excès le menèrent en prison, n'a cependant laissé
qu'une poignée d'œuvres, agréables mais sans grande profondeur. Ainsi son opérette Crai Nou (la nouvelle lune), exploite
avec bonheur des rythmes de Transylvanie. Sa rhapsodie roumaine pour piano suit sans surprise le modèle lizstien, encore
que la version orchestrale (qui n'est pas de la plume de
Porumbescu) trouve davantage matière à secouer les auditeurs,
même non patriotes, à grands renforts de grosse caisse et de
cymbales. Quant à la Ballade pour violon et piano, elle est
depuis longtemps adoptée par les Roumains en raison de sa
ferveur tranquille.
Il est aujourd'hui étonnant de constater à quel point le régime communiste a essayé de faire de Porumbescu un symbole
national. En l'absence de grand compositeur national romantique, le pouvoir communiste roumain a visiblement tenté de
convaincre qu'en Porumbescu, la Roumanie possédait l'équivalent d'un Liszt ou d'un Dvorak.
La visite du musée Porumbescu, dans la campagne moldave, a quelque chose de déconcertant. Rien n'y a changé
depuis la fin de Ceausescu. Des articles d'anciens musicologues officiels fustigent toujours "l'ancien régime bourgeois"
qui a tenté de minimiser l'apport de Porumbescu à l'art romantique. Une statue sévère, à l'entrée du musée, nous rappelle que
ce jeune homme, mort avant d'avoir pu aborder les grandes
formes musicales, était avant tout un nationaliste en bois brut,
tout entier dévoué à l'amour de son pays qui lui doit, d'ailleurs,
des hymnes patriotiques.
Alain Chotil-Fani
Sigismund Toduta (1908-1991), est un compositeur
malheureusement méconnu, même dans son pays
Inspiré par la musique sacrée, Bach et le folklore roumain
A
na Fodor n'est pas seulement
la directrice du Lycée de
musique et d'arts plastiques
Sigismund Toduta (prononcez Todutsa)
de Deva mais elle est aussi une fervente
adepte de la musique et de la personnalité
de celui qui porte le nom de "son" lycée.
Pour avoir fréquenté le conservatoire de
musique de Cluj en Transylvanie, où officia comme professeur Sigismund Toduta
durant de longues années après-guerre
(1946-1973), elle garde un souvenir ému
et reconnaissant pour ce maître très digne
et très exigeant, pour cette haute person-
nalité de la culture roumaine du XXème
siècle. En l'interviewant, Bernard
Camboulives est parti à la découverte de
ce grand musicien roumain méconnu.
Premier docteur
roumain en musicologie
Bernard Camboulives: Qui était
Sigismund Toduta que nous ne connaissons pas du tout en France ?
Ana Fodor: Malheureusement, il ne
l'est pas beaucoup non plus en Roumanie
même car il n'a pas fait de démarches par-
ticulières pour accéder à la célébrité. Il a
reçu de nombreux prix mais ses enregistrements ne se trouvent pas facilement
aujourd'hui bien qu'il y ait désormais une
Fondation Toduta à Cluj qui possède un
site Internet. Il faut dire aussi que sa
musique est très élaborée et très exigeante. Je situe l'action et l'apport de Toduta à
la musique roumaine sur trois plans. Il fut
tout à la fois un créateur de musique
vocale symphonique, un musicologue
passionné et un pédagogue créateur d'une
école de musicologues de très haut
niveau.
(Lire page suivante)
31
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Mise en musique des grands mythes de la cuture roumaine
SUCEAVA
BAIA MARE
z
z
z
ORADEA
ARAD
CLUJ
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z
IASI
TARGU
MURES
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BICAZ
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z
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z
BACAU
DEVA
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TIMISOARA
BRASOV
PITESTI
CRAIOVA
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z
z
BRAILA
PLOIESTI
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Un concours
à son nom
32
B.C: Depuis quand le lycée de
Deva porte-t-il ce nom ?
A.F: Depuis 1997 mais il existe
depuis 1958. C'est un établissement
scolaire qui regroupe des élèves de
la maternelle au baccalauréat. Nous
avons actuellement plus de 800
élèves et quelque 40 professeurs de
musique. Mais nous enseignons également les Beaux-arts et l'architecture. Les élèves font un choix dès l'âge
de 6-7 ans mais cette option n'est
évidemment pas définitive. Elle les
occupe de 5 à 13 heures par semaine selon le niveau et l'engagement
de l'élève. Le temps hebdomadaire
d'enseignement reste à 32-33
heures. Après obtention du baccalauréat, l'élève peut poursuivre son
option à la faculté ou changer totalement de voie (l'économie, par
exemple).
Nous souhaitons fortement
ouvrir le lycée sur l'extérieur. Ainsi,
nous avons déjà été en contact avec
des lycéens et des groupes musicaux en Allemagne, en Slovaquie.
Nous avons également des contacts
en France (Strasbourg, Paris,
Belfort...) par le biais de concours, de
festivals, etc.
Enfin, chaque année nous
essayons de mettre nous-mêmes en
place un concours international en
hommage à Sigismund Toduta. Les
candidats sont notamment invités
durant leur séjour à Deva à visiter la
commune où est né notre musicien
et où il est également enterré. Ce
lieu se trouve à Simeria tout près de
Deva.
Propos recueillis par Bernard
Camboulives
Site Internet : www.sigismundtoduta.org
Comme créateur, Sigismund Toduta s'est inspiré de trois sources musicales. La première lui vient d'Italie où il a terminé avant-guerre (1936-1938) ses études à l'Institut
pontifical de musique sacrée de Rome. Il sera d'ailleurs le premier docteur roumain en
musicologie. Là, tout en perfectionnant son apprentissage
du piano et de la composition initié à Cluj, il côtoie l'orgue
et la musique religieuse. Pour ce qui est de l'art vocal, il
s'initie à la musique de Palestrina qui laissera une trace
profonde en lui.
Bach est la deuxième grande source à l'œuvre dans sa
création. Sur la musique du Cantor de Leipzig, il effectue
des recherches importantes afin d'en dégager les formes
musicales du baroque (il publie à ce sujet trois volumes
entre 1969 et 1978).
Enfin, sa troisième source musicale réside bien entendu dans la musique traditionnelle roumaine. Il s'initie
Sigismund Toduta directement sur le terrain au folklore roumain et utilise les
thèmes roumains pour ses compositions personnelles. Les
grands mythes de la culture roumaine sont ainsi mis en musique par Toduta. Maître
Manole fait l'objet d'un opéra oratorio tout comme Mioritsa. La poésie de nos grands
poètes Eminescu, Blaga, Blandiana est également mise en musique et donne des lieder de toute beauté. Mais Sigismund Toduta ne s'en tient pas à notre seule poésie roumaine. Il compose également des lieder sur des textes de Baudelaire, de Rilke, etc.
Un musicologue acharné et un grand pédagogue
B.C: Ses sources et son inspiration poétique, tout comme d'ailleurs sa formation, ne sont donc pas seulement roumaines mais européennes ?
A.F: Toduta a incontestablement assimilé les plus importantes techniques de
musique occidentale et sa musique puise autant dans le répertoire textuel religieux que
profane... Sigismund Toduta fut aussi un musicologue acharné. Ses travaux, études,
conférences sont innombrables. En plus de livres sur la musique de Bach, il a effectué
des recherches sur manuscrits religieux. Il a également écrit des articles sur Haendel,
sur Georges Enesco, sur Claude Debussy. Il n'a en rien laissé la musique contemporaine à l'écart puisqu'il a étudié également la musique d'Anton Webern.
Pour ce qui est de son apport de pédagogue, je le considère personnellement
comme très important. Je vous ai déjà dit quel était son niveau d'exigence. Certains de
ses élèves sont devenus des musiciens de renom comme, par exemple, le hongrois
Gyorgy Orban ou le roumain Hans Peter Turk. Pendant de très longues années
Sigismund Toduta a enseigné au Conservatoire de musique de Cluj la théorie, le solfège, la dictée, le contrepoint, la fugue et la composition. Après quoi, peu avant sa retraite survenue en 1973, il a dirigé la Philharmonique de Cluj (1971-1974).
A Deva, 800 élèves fréquentent le lycée artistique portant son nom
B.C: Votre émotion en évoquant ce personnage est tout à fait palpable. L'avezvous rencontré personnellement ?
A.F: - Je n'ai pas été son élève car il était déjà en retraite lorsque j'ai fait mes
études de piano. Mais je le voyais tout de même fréquemment car il était resté professeur consultant au Conservatoire. Je l'ai toutefois abordé directement peu après la
révolution roumaine et peu avant sa mort. Je lui ai rendu visite chez lui dans le but de
faire un film pour la télévision roumaine. Le film a bien été réalisé mais il n'est jamais
passé à la télé. Il a disparu dans la mouvance de l'époque.
Je garde de Sigismund Toduta l'image d'un homme très digne, à la fois d'une grande humanité et d’une grande simplicité mais toujours rigoureux. C'est tout cet
ensemble de qualités que je souhaite voir appliqué dans l'établissement que j'ai l'honneur de diriger actuellement.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
à des tests vétérinaires pratiqués par de jeunes médecins roumains
nantais déclenche l’alerte fin janvier 1990
D'abord sceptique, Paris envoie
un spécialiste qui confirme les 600 cas décelés
"Médecins du monde", venu spécialement à Bucarest a
dévoilé, au cours d'une conférence de presse l'existence de l'épidémie, ç'a été l'horreur. Les chaînes américaines, CNN en
H.G.: Quelle a été la réaction de vos confrères de
tête, japonaises, etc, se sont déchaînées. Pourtant le même
"Médecins du monde", à Paris,
problème existait ailleurs, dans la
lorsque vous les avez alertés?
banlieue de Moscou, par exemple.
J.G.B: Ils n'y ont pas cru.
D'ailleurs les Russes, très inté"Qu'est-ce que c'est çà ? C'est
ressés, ont envoyé des équipes
encore un bobard. Ce chirurgien
pour venir voir comment çà se
n'y connaît rien". A leur décharpassait… mais personne n'en a
ge, je dirais qu'on était en plein
parlé.
scandale de la fausse rumeur des
Ce fut le début de l'engrenage
charniers de Timisoara. Tout ce
qui fait cette image de la
qui venait de Roumanie était sujet
Roumanie aujourd'hui: les charà caution. Mais j'ai insisté et
niers de Timisoara, l'exécution des
j'avais à faire quand même à des
Ceaucescu, le SIDA des enfants,
gens sérieux. Paris a donc décidé
les orphelinats. Sous le déferled'envoyer sur place un virologue
ment médiatique, la réaction a été
de haute volée, Dublanchet.
affective: c'était la Roumanie
Pendant quatre jours, celui-ci
"mauvaise mère".
a testé la chaîne d'examen d'Elisa,
Je dois dire que j'en suis encone relevant aucune erreur méthoJean-Gabriel Barbin a découvert l’épidémie de SIDA re meurtri et que cela me tarabuspédiatrique, fin janvier 1990, se heurtant au scepticisme. te, comme si j'y avais une part de
dologique, ce qui commença déjà
fortement à l'inquiéter. Puis, il est retourné à Paris, emportant
responsabilité.
les 600 sérums qui avaient servi aux tests pour les analyser
dans son laboratoire. Son verdict est tombé quelques jours plus
Principalement à Bucarest et Constantsa
tard: 599 tests étaient positifs, un douteux. Il existait bien une
épidémie de SIDA pédiatrique en Roumanie.
H.G.: D'où vient cette épidémie ?
J.G.B.: Il y a plusieurs facteurs. Il n'existait aucun contrôH.G.: Les autorités roumaines étaient-elles au courant ?
le des sangs transfusés. Faute de moyens, le manque d'hygièJ.G.B: Non, elles ont découvert le problème quand j'ai
ne était total, avec réutilisation des seringues, des pansements.
alerté le Premier ministre Petre Roman, lorsque l'épidémie a
Et puis, dans le cas des enfants, le recours à une pratiques antéété avérée, fin mars. Même Ceausescu n'était sûrement pas au
diluvienne, utilisée en Afrique ou dans la France des années
courant. Elles n'y étaient pour rien, mais je les ai sérieusement
30, la micro-transfusion pour ceux qui étaient faibles. Les
mises en garde sur le déferlement médiatique qui allait suivre.
risques étaient multipliés, car, avec un même donneur, on en
On était en pleine période électorale. Les première élections
faisait plusieurs et, en outre, on les répétait souvent. Par
ailleurs, on contaminait le matériel.
libres du pays devaient avoir lieu quelques semaines plus tard
et Bucarest était redevenu le centre d'attraction du monde
H.G.: Quelle a été la riposte ?
entier. Tous les jours débarquaient des équipes de télévision,
J.G.B.: Tout d'abord, on a procédé à un dépistage dans
des fournées de journalistes.
toutes les institutions (camin, orphelinats), ce qui a permis de
L'enfer médiatique
constater que le gros des problèmes se situait à Bucarest et à
Constantsa. A Bucarest, parce qu'il y avait beaucoup d'étuH.G.: Quelle a été l'attitude des médias ?
diants africains et qu'une des souches du VIH la plus répandue
J.G.B.: Le délire; ç'à été l'enfer. J'ai tenté de prendre les
que l'on ait trouvée est celle du virus présent en Afrique. A
devants, en prévenant quelques journalistes amis d'Antenne 2
Constantsa, parce que c'est un port, avec ses marins qui vienet de l'AFP. "Les gars, j'ai un truc énorme à vous annoncer…
nent du monde entier et ses prostituées.
mais pédale douce, cela peut faire de gros dégâts". Ils ont eu
Ensuite, il a fallu former le personnel qui avait une peur
panique du SIDA, penser à la scolarisation de tous ces enfants
en priorité l'information et ont été “réglo", ne trahissant pas
qui grandissaient malgré les progrès de la maladie, et vaincre
ma confiance, rendant compte de ce terrible problème sans
les réticences des enseignants. Je dois dire que l'accompagnefard mais avec sobriété. D'eux-mêmes, ils n'ont pas publié ou
ment et l'aide apportés par les organismes internationaux a été
diffusé les photos et les images les plus affreuses, qui sont touénorme.
jours dans leurs tiroirs.
Propos recueillis par Henri Gillet
Par contre, dès que Jacques Lebas, le président de
21
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Santé
SATU MARE
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SUCEAVA
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IASI
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TARGU
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BACAU
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VASLUI
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TIMISOARA
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HUNEDOARA
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SLATINA
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CRAIOVA
BRAILA
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RESITA
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TARGOVISTE
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SLOBOZIA
BUCAREST
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CONSTANTA
Les Roumains
ont mal au foie
20
Les premiers cas ont été détectés grâce
Peinture
SIDA pédiatrique: un chirurgien
z
ORADEA
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Les maladies du foie sont une des
affections qui ont le triste privilège de
placer les Roumains en tête, en
Europe, avec la tuberculose, les
maladies du cœur et le Sida des
enfants. On estime à environ 10 %
de la population les personnes touchées par l'hépatite B ou C, la fréquence de la première étant particulièrement élevée chez les enfants,
les jeunes de moins de dix-huit ans
et les hommes. L'alcool en est la
première cause, suivie par une alimentation laissant à désirer, la transmission sexuelle et des négligences
au niveau des soins dentaires.
Un an d'attente
pour se faire opérer
Les patients qui doivent de faire
opérer sont très souvent obligés d'attendre un an, voire plus, tant les
listes d'attente sont surchargées, les
hôpitaux n'ayant pas les moyens
financiers de faire face. Certains, tout
bonnement, manquent de sang. A
Bucarest, seulement un patient sur
dix nécessitant une intervention compliquée au niveau cardiaque arrive
sur la table d'opération.
La situation est identique pour les
patients qui ont besoin d'une prothèse. Ainsi à Resita, Timofte Florica, 63
ans, a patienté un an avant d'avoir
accès à un chirurgien car il n'y avait
pas de fonds pour financer l'achat de
sa prothèse de la hanche, d'un coût
de 1000 €. Mais au moment de
l'opérer, le praticien n'a pas trouvé
cet appareillage bien qu'il ait joint
tous ces collègues du pays. Après
l'avoir maintenue hospitalisée en vain
plusieurs semaines, il a dû renvoyé
sa patiente chez elle.
L
'épidémie de SIDA pédiatrique de Roumanie a été un des évènements les
plus médiatisés de ces vingt dernières années, nuisant considérablement à
l'image de ce pays tout en révélant une réalité effroyable. Comment a-t-elle
été déclenchée et mise à jour ? Respon-sable de l'équipe de "Médecins du monde" sur
place, arrivé à Bucarest en pleine "Révolution", dès le 22 décembre 1989, et où il
demeure toujours, le chirurgien nantais Jean-Gabriel Barbin est celui qui l'a découverte et en a informé les autorités compétentes.
En exclusivité pour les lecteurs des "Nouvelles de Roumanie" et pour la première fois, il évoque ce moment d'histoire qui n'a encore jamais été rendu public,
répondant aux questions d'Henri Gillet.
Il n'existait qu'un cas officiel en Roumanie
Henri Gillet: En débarquant à Bucarest avec vos confrères, avez-vous imaginé
que la Roumanie était aux prises avec ce fléau du SIDA ?
Jean-Gabriel Barbin: Pas le moins du monde ; notre préoccupation première
était de soigner les victimes des évènements. A cette époque, il faut dire que, même
en France, le SIDA apparaissait encore comme une maladie émergente, touchant surtout les homosexuels. "Médecins du monde" était impliqué au plan mondial dans cette
lutte, mais c'était une affaire de spécialistes. En Roumanie, il n'existait qu'un seul cas
officiel: celui d'un steward de train international qui, aux dires de la propagande, l'aurait contracté en Occident. D'ailleurs, début janvier 90, une délégation de
l'Organisation Mondiale de la Santé, en visite à Bucarest, n'a rien décelé… pas plus
que l'épidémie de tuberculose, pourtant déjà très préoccupante.
La confidence d'un vieux médecin victime d'un infarctus
H.G.: Comment avez-vous découvert l'existence de l'épidémie ?
J.G.B: Fin janvier, je me trouvais avec un vieux médecin roumain dans une polyclinique de Bucarest dont je voulais faire l'évaluation. Au cours de notre visite, il a fait
un pré-infarctus; je l'ai fait immédiatement hospitaliser, sa famille est venue. Il m'a
demandé de m'approcher et m'a confié: "Je ne veux pas mourir comme çà. Il faut que
vous vous rendiez à l'Institut Victor Babes. C'est un véritable scandale".
Il y avait deux établissements à ce nom; finalement j'ai trouvé le bon.
Accompagné d'un interprète, j'ai pu pénétrer, non sans résistance et difficulté, dans le
service des maladies tropicales et d'infectiologie, et je suis tombé sur le professeur
Paun qui m'a emmené dans l'unité des enfants. Le choc a été terrible. Je n'étais pas
face à des petits mômes, mais à de véritables zombies, totalement décharnés. Je
n'avais jamais vu çà… même pendant la famine en Ethiopie.
C'était ahurissant. Paun était visiblement dépassé, confiant qu'il ne savait pas de
quoi il s'agissait. L'idée du SIDA ne lui était même pas venue à l'esprit et il continuait
à renvoyer mourir vers leurs orphelinats ou institutions les enfants qu'on lui envoyait
pour procéder à des analyses, sans se poser plus de questions. Cela ne l'a pas empêché d'être nommé par la suite responsable de la lutte contre le SIDA en Roumanie, par
l'OMS.
Il m'a toutefois donné l'adresse d'un institut de virologie où des vétérinaires utilisaient des test de rétro-virus Elisa pour dépister des infections dans le bétail, mais
identiques à ceux employés dans le cas du SIDA.
J'y ai rencontré des médecins alarmés de trouver de plus en plus de bébés victimes
de pneumonies, suivies d'une importante perte de poids et d'un décès rapide. Comme
les cas se multipliaient, on pouvait presque parler d'épidémie. Plusieurs de ces jeunes
praticiens ont suspecté l'existence du SIDA et se sont retournés vers le directeur de
l'Institut vétérinaire, le professeur Cajal, un académicien réputé, qui leur a fourni 600
tests vétérinaires. Ils se sont tous révélés positifs !
Connaissance et découverte
L'aquarelliste Iulia Halaucescu rend compte de la construction
du premier grand barrage de Roumanie au musée de Bicaz
Une vallée martyrisée qui pourrait retrouver son lustre
I
ulia Halaucescu a aujourd'hui 82 ans et vit à Piatra
Neamt. Mais c'est à Tarcau (son village natal) et à
Bicaz, dans ce même département de Neamt, que peut
se voir sa peinture. A Tarcau, un musée vient d'être inauguré à
son nom et possède une grande partie de son œuvre d'aquarelliste. A Bicaz (distant de quelques kilomètres seulement de
Tarcau) sont exposées plus spécifiquement les œuvres en rapport avec la construction du barrage de cette petite ville.
L'histoire (roumaine) n'a retenu de cet immense chantier
des années 50 (le barrage est devenu opérationnel en 1960),
que l'avancée prodigieuse qu'il a représentée pour le pays.
Premier de ce genre en Roumanie (depuis, il y a eu celui des
Portes de Fer), le barrage de Bicaz illustrait alors à merveille
l'entrée du pays dans la technologie moderne et dans l'industrialisation. La propagande d'Etat ne manqua pas, bien sûr, de
faire jouer ses rouages à plein régime. L'enthousiasme devait
être général.
Quatre à cinq communes englouties
Aujourd'hui, un regard libre sur ce passé indique que telle
ne fut pas l'absolue vérité. Certes, la réalisation technique que
représente cette construction ne se discute apparemment pas.
Le barrage de Bicaz a la réputation d'être un solide édifice bien
conçu. Il a reçu 1625 millions de mètres cubes de béton pour
une hauteur de 127
mètres et une longueur de 435 mètres.
La retenue d'eau qu'il
occasionne ainsi est
d'une longueur de 35
à 40 kilomètres. C'est
désormais le lac de
Bicaz alimenté par la
rivière Bistritsa. A
l'occasion de sa mise en eau, il a provoqué l'engloutissement
de 4 à 5 communes de plusieurs villages. Les expropriés,
volontaires ou non (c'est-à-dire indemnisés ou non), furent
relogés sur Bicaz dans des blocs et se virent attribués des petits
lopins. Bicaz changea alors de visage. D'un village, elle devint
ville. D'un centre agro-touristique traditionnel (le roi, par
exemple, possédait là un domaine pour ses vacances d'été),
elle devint une ville sans âme marquée par la présence d'une
cimenterie à ses portes et par de multiples blocs en son sein.
Les Plutash disparurent, eux qui transportaient sur la Bistritsa
le bois sur des radeaux depuis des générations.
L'oubli le plus net toutefois sur cette construction est relatif aux populations qui travaillèrent là. Si sur la rive droite se
trouvaient des civils et des appelés du contingent militaire
(désarmés), sur la rive gauche étaient employés des détenus
politiques qui étaient installés, hors travail, dans un camp fortifié situé entre la sortie de Bicaz et le barrage. De l'aveu même
d'un ancien habitant de Bicaz, la mortalité sur cette rive
gauche était de 10 % plus forte environ que sur l'autre.
Un manque d'enthousiasme
bien loin de la propagande
La représentation par Iulia Halaucescu de cette épisode de
l'histoire locale (et nationale) n'échappe pas, par certains
aspects, à l'engouement voulu
par le régime d'alors. Installée
sur les abords du chantier, l'artiste laisse transparaître en peignant son admiration pour un tel
gigantisme. Difficile probablement, à ce moment-là, d'échapper à un réel sentiment de fierté
face à cette entreprise monumentale de modernisation.
La Roumanie n'avait, après
tout, pas tant d'expérience que
cela en la matière. Ainsi,
quelques tableaux évoquent ce sentiment d'un progrès en
marche tel ceux, par exemple, représentant la cimenterie et ses
gigantesques tuyaux ou ceux montrant le chantier avec ses
murs colossaux en construction. Les tableaux qui touchent le
plus sont ceux montrant les ouvriers au travail. Pas de visages
particuliers dans cette peinture mais des corps voûtés sur la
machine ou pelle en main. Des hommes sans identité propre,
tous en chemise rouge, pour travailler le long d'une table roulante. L'artiste rend compte ainsi (volontairement ou non, peu
importe !) que, quelque part sur ce chantier, l'enthousiasme
faisait défaut loin de la volonté affichée par la dictature.
Scènes fluviales de l'ancien temps
Par ailleurs, les aquarelles de Iulia Halaucescu évoquent
un monde en transition, certes, mais un monde poétique. Le
charme est certain dans les peintures qui représentent aussi
bien les scènes fluviales de l'ancien temps que celles qui évoquent les promeneurs et les mariniers sur le barrage par temps
de pluie ou sur le lac. Un amour certain du lieu transparaît au
détour de ces quelques salles consacrées à Iulia Halaucescu et,
par voie de conséquence, elles ne sont pas sans laisser insensible le visiteur qui les parcourt.
Au total donc, heureuse visite que celle-ci au musée de
Bicaz. Un Bicaz certes martyrisé par l'histoire des hommes
mais aussi porteur d'avenir. Situé au carrefour de voies importantes entre Transylvanie et Moldavie et positionné aussi en
situation de carrefour historique, Bicaz ne manque finalement
pas de potentiel pour (re)devenir un lieu stratégique tant du
point touristique qu'économique. Le tout dans un bel écrin
naturel que lui offre sa localisation de porte d'entrée (ou de
sortie) dans les Carpates orientales.
Bernard Camboulives
33
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
"Le Paradis des poules":
le regard truculent et caustique de
Dan Lungu sur la Roumanie populaire
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Livres
BOTOSANI
BAIA
MARE
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ORADEA
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CLUJ
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ARAD
z
ALBA IULIA
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z
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
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TIMISOARA
IASI
FOCSANI
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z
z
z
GALATI
SIBIU BRASOV
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
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BUCAREST
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TULCEA
CONSTANTA
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"Moi, c'est à l'usine
que je me suis
habitué au café"
34
Dans son roman, Dan Lungu
explique, à sa manière narquoise,
l'importance prise par le café sous le
communisme et le rythme de travail
observé dans les usines roumaines:
"…Moi, c'est à l'usine que je me
suis habitué au café. Là-bas, il y en
avait sans arrêt, de ces temps morts;
jusqu'à l'arrivée de la matière première, on attendait, mais au lieu d'attendre, on buvait un petit café bouilli
sur le réchaud.
Quand la matière première arrivait,
on nous coupait le courant. Qu'est-ce
qu'on faisait ? On buvait un petit
café. Quand le courant revenait, c'était la pause du déjeuner. On mangeait, et puis après, hop ! un petit
café. Après la pause, la machine
tombait en panne. Qu'est-ce que
vous voulez ? Elle était vieille, c'était
comme çà. Jusqu'à l'arrivée du
mécanicien chargé de l'entretien, qui
arrivait en prenant son temps, on en
reprenait un. Quand il l'avait réparée,
on restait avec le mécanicien autour
d'une goutte et d'un café, si on en
pouvait encore, pour qu'il nous
raconte ce que la machine avait. Et
ainsi de suite. Moi, je crois que c'était
pour çà que le café était tellement
recherché; avant, tout le monde avait
de ces moments là sans rien faire. Il
fallait tuer le temps d'une manière ou
d'une autre. Et c'est comme çà qu'on
s'est habitués… Maint'nant, tu peux
pas faire un enterrement sans finir
par un petit café avec la coliva* ".
* Plat sucré, servi froid, préparé avec
des germes de blé bouillis avec des noix
concassées, de la cannelle, du sucre, et
que l'on distribue lors des enterrements.
A
l'occasion des "Belles Etrangères", les éditions Jacqueline Chambon ont
publié un roman de Dan Lungu, "Le paradis des poules", traduit par
Laure Hinckel, dont il faut saluer le remarquable travail dans un genre
littéraire particulier. Dan Lungu, fin observateur de ses contemporains, plonge sa
plume panoramique dans les jardins et les maisons qui bordent la rue des Acacias. On
y découvre l'incroyable rumeur qui prend forme le jour où Mme Milica passe le seuil
de la maison du colonel afin d'utiliser son téléphone… Elle va ensuite raconter encore et encore, de porte en porte, son expérience. Et la pauvre connaîtra les affres de la
célébrité dans sa rue ("incroyable, on n'avait jamais d'huile dans le placard, les poules
ne voulaient plus pondre et le sucre vanillé était
introuvable") puis le retour, douloureux, à l'anonymat le plus cruel: "plus personne soudain
n'avait besoin de son huile, des œufs de ses
poules, du sucre vanillé dont elle avait des
réserves…".
Au café du "Tracteur chiffonné", où se
retrouvent les hommes de la rue des Acacias, les
commentaires vont bon train devant un verre de
tsuica distillé dans le bistrot même, sur le "bon
vieux temps de Ceausescu", ce qui provoque des
disputes, sur la transition et la "nouvelle économie", le "dieu dollar". Chaque événement qui se
Dan Lungu a été l’un des invités passe dans la rue, est disséqué, sujet à controverroumains des “Belles Etrangères”.
se et donne une image d'une Roumanie quotidienne qui se cherche sans jamais se trouver
On est loin de la langue de bois des années communistes. Le langage populaire de
Dan Lungu fait rire. La truculence est au rendez-vous. Les situations sont tragicomiques. On fait aussi connaissance avec un petit monde qui porte sur nous,
"Occidentaux", un curieux regard.
Dan Lungu est né à Botosani le 15 septembre 1969. Il est actuellement maître de
conférences à la chaire de sociologie de l'Université Al. I. Cuza de Iasi. Rédacteur en
chef pendant plusieurs années de la revue culturelle "Timpul", il a publié plusieurs
volumes de poésie, de prose et des essais, et reçu plusieurs prix. Il a été un des douze
écrivains roumains invités en France lors des "Belles Etrangères".
Dan Jungu, Le Paradis des poules, Editions Jacqueline Chambon, collection "Metro",
224 pages, 18 €.
Un nouveau lycée français à Bucarest
H
ervé Bolot, ambassadeur de
France en Roumanie, a
confirmé la mise en chantier,
dès ce printemps, d'un nouveau lycée
français à Bucarest, l'actuel lycée Ana de
Noailles, situé près de l'ambassade, s'avérant trop petit pour faire face à la demande. Les travaux devraient durer un an et
l'établissement être prêt pour la rentrée
2007. Ils coûteront 7,8 M€, le quart étant
à la charge de l'Etat français, le reste à
celle de l'association des parents d'élèves.
Jacques Chirac devrait poser la première
pierre symbolique du lycée, fin septembre prochain, à l'occasion du sommet
des chefs d'Etats francophones qui doit se
tenir dans la capitale roumaine.
Par ailleurs, l'ambassadeur a annoncé
le projet de la France de créer une université francophone européenne dont le
centre se trouverait à Bucarest. Il a également indiqué que les autorités françaises
négociaient un accord avec le ministère
de l'Education et de la Recherche roumain en vue de développer l'enseignement franco-roumain.
Insolite
Société
A Aiud, le paradis commence… en enfer
J
oseph effectue dix-sept années pour crime passionnel,
les rois mages, trois ans pour vol qualifié et dix ans
pour coups ayant entraîné la mort, un ange, cinq ans
pour escroquerie, un berger, sept ans pour violences
aggravées… Depuis 1999, quatorze des mille détenus de la
prison de haute sécurité de Aiud (Alba), sélectionnés par le
prêtre de l'établissement, interprètent la scène de la Nativité, la
nuit de Noël, devant 300 de leurs jeunes co-détenus, regroupés
dans la chapelle du pénitencier, transformée en théâtre pour la
circonstance. Le spectacle est retransmis par circuit interne de
télévision dans toute la prison, notamment à l'intention des 33
femmes incarcérées que les gardiens ont jugé plus prudent de
tenir à l'écart.
Le récitant, un vénérable prisonnier, purge vingt ans pour
avoir tué, par jalousie, son meilleur ami. Un ensemble de dix
choristes interprète des “colinde” (cantiques de Noël),
emmené par son chef, condamné à trois ans pour récidive de
vol de téléphone portable. Il n'a pas eu de chance: sa seconde
victime, un banquier, disposait du système GPS, ce qui a permis de le localiser immédiatement.
A Aiud, la vie des détenus s'est améliorée ces dernières
années. Ils reçoivent des cours, disposent d'une bibliothèque,
de la télévision par câble. Certains travaillent ; chaque mois de
labeur raccourcit leur peine d'une semaine et leur rapporte un
pécule de 12 €. Au milieu des années 90, une équipe de trois
d'entre eux avait été retenue pour peindre la chapelle de la prison. L'un, condamné à une très longue peine, avait travaillé
avec d'autant plus d'acharnement et de talent que la direction
et le prêtre lui avaient promis qu'il serait libéré de façon anticipée, à l'occasion de Noël 1996, mais le président Iliescu a
refusé sa grâce. Dix ans après, il chante toujours des colinde
dans la chapelle qu'il a décorée.
Réconfort
P
our apporter un réconfort
moral aux malades et aux
blessés de son judet, le
directeur du service des ambulances
d'Arges (Pitesti) a décidé d'engager
quatre prêtres qui accompagneront
les secours. Se succédant par
tranches de huit heures, y compris la
nuit et le dimanche, ils les suivront
dans un véhicule à part, et devront
prévoir d'emmener les saintes huiles
pour l'extrême onction. Ce sont les
médecins qui décideront de leur
intervention, suivant la gravité des
cas… ce qui ne manquera pas de
rassurer ceux qui les verront arriver
!Jugeant l'initiative sympathique,
l'Eglise a donné son feu vert et désignera les officiants.
19
Retour du
marché,
cochons
vendus...
A faire
dresser les
cheveux sur
la tête des
féministes !
"Soûl comme un Polonais"
C
haque jour, le "déssoûloir" de
Varsovie accueille 110 à 130 personnes arrêtées par la police. La
plus jeune jusqu'ici enregistrée n'avait que
onze ans et l'on peut y croiser de temps en
temps des octogénaires. Dernièrement, l'établissement a été équipé de nouveaux alcootests, conformes aux normes européennes.
Malheureusement, les policiers ne peuvent pas les utiliser et sont obligés de se servir des anciens. Les nouveaux appareils ne
mesurent en effet pas les taux dépassant
quatre grammes d'alcool… "ce qui est assez
fréquent dans ces lieux" s'est plaint un
médecin.
Q
Le Père Noël veut des villes propres
uelques jours avant Noël, plusieurs dizaines d'enfants des maternelles
ont défilé dans le centre de Pitesti et fait une présentation de mode au
théâtre Aschiuta dans des tenues fabriqués à partir de rebuts de papier
et de bouteilles en plastique. Il s'agissait, à l'initiative des autorités locales, de
signifier aux adultes qui continuent à jeter n'importe où leurs détritus, malgré
l'installation de conteneurs prévus à cet effet, que le Père Noël ne pouvait pas
venir déposer ces cadeaux dans un lieu envahi par les ordures. Pitesti est pourtant
considérée comme une des villes les plus propres du pays.
Distillerie clandestine
L
es gardiens de la prison de haute sécurité de Botosani, intervenant dans
une cellule où une bagarre générale avait éclaté entre la dizaine de
détenus qui y étaient enfermés, ont eu la surprise de constater qu'ils
étaient tous dans un état d'ébriété avancée, bien que la consommation d'alcool soit
interdite dans l'établissement. Entreprenant des recherches, ils ont découvert une
mini-distillerie clandestine qui fonctionnait déjà depuis un moment. Les autorités
essaient maintenant de déterminer de quelle manière les ingrédients nécessaires à
la fabrication de cette tsuica fabriquée derrière les barreaux ont pu entrer dans ce
lieu très surveillé, sans attirer l'attention.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Un maire du Maramures
en guerre ouverte avec les "manele"
Vie quotidienne
z
z
SATU MARE
z
ARAD
z
ORADEA
CLUJ
IASI
z
z
z
BRASOV
TIMISOARA
z
TARGU
MURES
z
z
ALBA I.
BOTOSANI
z
SUCEAVA
z
z
BAIA MARE
z
PITESTI
z
SF. GHEORGHE
z
RESITA
CRAIOVA
M. CIUC
GALATI
z
BRAILA
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
GIURGIU
z
CONSTANTA
z
z
Disparités régionales (suite)
18
Les experts des Nations Unies ont
aussi relevé de grandes disparités
régionales, les Moldaves ayant un
niveau de vie quatre fois inférieur à
celui des Bucarestois, bien que la
région reçoive quatre fois plus de
fonds d'Etat que la capitale. La
Moldavie est devenue la principale
terre d'émigration du pays, avec les
judets d'Alba Iulia et de Vâlcea,
caractéristique qui affectait autrefois
les judets de Satu Mare, Bihor
(Oradea), Caras-Severin (Resita),
Dolj (Craiova), Constantsa, Harghita
(Miercurea Ciuc) et Covasna (Sfântu
Gheorghe), où la situation s'est
retournée, au moins sur ce plan.
Une gouvernance
mise en question
Le rapport rappelle que l'indice de
perception de la corruption par la
population place la Roumanie au
87ème rang sur 146 pays classés. Il
souligne l'inéquité de la répartition
des fonds d'Etat au niveau local, souvent attribués sur des critères politiques. Ainsi, en 2002, le judet de
Bacau avait reçu 5 fois plus de fonds
pour refaire ses routes que celui de
Giurgiu. Enfin, il reprend une étude
de la Banque Mondiale sur la bonne
gouvernance qui met en lumière tous
les manquements de la Roumanie.
Que ce soit sur les chapitres de la
responsabilisation et de l'implication
des citoyens, de la stabilité politique,
de l'efficacité des pouvoirs publics,
de la qualité de la réglementation, de
la lutte contre la corruption, la
Roumanie obtient seulement la moitié des points attribués à la Hongrie
et est devancée par la Bulgarie.
L
es "manele", airs balkano-tsiganes vulgaires, ont envahi l'espace musical
roumain depuis maintenant près de cinq années. Populaires auprès des
jeunes, déversés à longueur de journée par les radios, envahissant les discothèques, ils irritent au plus haut point les adultes. C'est le cas de Anton Ardelean,
maire de Tautii Magheraus, dans la banlieue de Baia Mare, dans le Nord du pays, qui
s'emporte contre ce "fléau sudiste". Depuis 2003, l'élu ne supportait plus d'entendre
sortir ces effluves sonores agressives des endroits où se réunissaient les jeunes pour
s'enivrer à longueur de soirée. Au début, le maire a tenté de les convaincre qu'ils abîmaient leurs oreilles et leur foie, mais rien n'y a fait.
Alors Anton Ardelean a décidé d'employer les grands moyens, interdisant les
"manele" dans les lieux publics et s'entendant avec le directeur de la maison de la culture locale pour organiser des fêtes gratuites, où le jus d'orange remplace la bière et le
rap, la house, le pop et le rock, la musique criarde honnie. Il a même fait glisser dans
les programmes des valses et des tangos pour que les jeunes découvrent la danse "civilisée" en couple, et que leurs aînés puissent se joindre à eux.
Mais comme ces mesures ne se révélaient pas suffisantes, le maire a menacé les
propriétaires des trois discothèques de la ville de faire descendre chez eux la redoutable Garde Financière (le fisc) pour vérifier leur comptabilité ainsi que le contrôle de
l'Environnement, pour le respect des mesures de sécurité. Ce chantage s'est révélé plus
efficace, et même si certains jeunes de Tautii Magheraus traitent le maire de "dictateur" et de "raciste", on n'entend guère plus les "manele" qu'en sourdine, à la sauvette, tard dans la nuit. Les 137 commerces et 36 lieux publics de la commune où ces airs
de "sauvage" régnaient jusque là en maître ne passent plus que de la musique civilisée, à savoir les Rolling Stones, Bonnie M, Queen et leur fameux "We are the champions", Freddy Mercury…
Anton Ardelean a une philosophie bien à lui. Quand il était médecin vétérinaire,
il avait introduit la diffusion d'airs d'opéras dans les étables de la ferme bovine qu'il
dirigeait et se félicitait que les vaches donnent 15 à 20 % de lait supplémentaire. Alors
le maire se pose cette question : "ce que j'ai réussi avec les vaches… pour quoi cela
ne marcherait-il pas avec nos enfants, si on leur donne de la bonne musique ?".
L'élu s'attendait à être sanctionné par les mécontents lors des dernières municipales. Il a été reconduit à son poste avec 82 % des suffrages… soit le deuxième
meilleur score de Roumanie, après le maire de Sibiu !
Les voitures sans permis arrivent en Roumanie
L
es voitures sans permis viennent de faire leur apparition en
Roumanie, importées de
France par la firme Reva Romania qui
commercialise
deux modèles du
fabricant Microcar.
Ces voiturettes sont
équipés de moteurs
diesel,
consommant 3,5 litres au
100 kilomètres, ont
une longueur de 2 m 80 pour une largeur
d'1m 50 et un poids de 350 kg. Leur
vitesse maximum est de 45 km/h, ils disposent de freins à disque, d'un airbag
pour le conducteur. Leur prix varie entre
9000 et 10 000 €, hors taxes.
Ces voitures n'ont pas besoin d'immatriculation et peuvent être conduites à
partir de 16 ans. L'importateur espère en
vendre 12 par trimestre. Il vise particulièrement la clientèle
féminine, les Roumaines étant beaucoup plus nombreuses que les
hommes à ne pas
posséder le permis
de conduire, mais
aussi la "jeunesse dorée" de 16 à 18 ans,
et ceux qui n'arrivent pas à décrocher le
permis. Contrairement à la France, il
n'espère pas toucher le créneau du troisième âge, vue la faiblesse des revenus de
cette catégorie de population.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Livres
S
Connaissance et découverte
"Solitude et destin", écrits de jeunesse d'Emil Cioran
Le talent et l'anti-conformisme du philosophe
au service d'une entreprise de camouflage ?
ous le titre Un Cioran très politiquement correct,
Alexandra Laignel-Lavastine analysait dans une critique parue dans le Monde des Livres du 1/07/2004
le dernier ouvrage rassemblant les écrits de jeunesse du philosophe Emil Cioran. Voici quatre ans, en publiant Cioran,
Eliade, Ionesco: l'oubli du fascisme (Voir "Les Nouvelles de
Roumanie", n° 12, p. 28 et 29), l'historienne française avait
déclenché une véritable tempête parmi les intellectuels roumains, relayée par la presse, qui
n'acceptaient pas que l'on mette en
cause le passé de ces "monstres
sacrés" de la littérature et de la
pensée roumaine, la vérité historique
ayant bien du mal à s'accommoder
de l'exaspération du sentiment national. Avec son dernier article (lire cidessous), gageons qu'Alexandra
Laignel-Lavastine ne se fera pas de
nouveaux amis en Roumanie…
Emil Cioran
"Comment ne pas se réjouir de la
parution de Solitude et destin, un ouvrage qui rassemble près
de 80 articles publiés en Roumanie par le jeune Cioran entre
1931 et 1943 ? D'autant que depuis leur publication à
Bucarest, les amoureux non roumanophones de l'écrivain
auront dû attendre... treize ans avant d'y accéder.
Mais à quoi accèdent-ils ici au juste ? Précisons-le d'emblée puisque cette édition française n'en dit rien: ce recueil est
le fruit d'un choix opéré par Cioran lui-même en 1990, qui
préféra en sortir l'ensemble de ses écrits trop ouvertement politiques de la période. Comme sa série d'articles envoyés du
Reich en 1933-1934, preuves de sa fascination pour le nazisme; ou ceux de 1935-1940, témoins de son ralliement à la
Garde de fer, organisation fasciste et antisémite parmi les plus
violentes de l'entre-deux-guerres.
Ce parti pris que rien n'indique ni n'éclaire - ni avant-propos, ni postface, ni appareil critique - prive le lecteur de l'intelligence d'un chapitre crucial de l'histoire intellectuelle des
années 1920 et 1930, dont Cioran reste une figure emblématique. Ce moment où, d'un bout à l'autre du Vieux Continent,
apparaît une nouvelle génération en révolte, soudée par le mot
d'ordre de "révolution spirituelle". Certains s'y tiendront;
d'autres, dont Cioran, glisseront après 1933 vers la "révolution
nationale".
Dans un style flamboyant, Solitude et destin restitue bien
les ingrédients de cette humeur d'abord contestataire : aversion
pour les "vieillards", haine du parlementarisme et de la démo-
L
cratie, rejet de la morale humaniste et de "l'esprit français". Ce
qu'il leur oppose ? "Le culte de la force" et de l'authenticité,
l'exaltation de l'irrationnel et de l'élan vital. Bref, la matrice
même de son engagement politique.
Une seule face de la médaille
Pour autant, le lecteur français en sortira comblé: il croira
y retrouver, un zeste de mal-pensance en plus, son Cioran de
toujours, certes anticonformiste, mais déjà si talentueux. Le
problème, c'est qu'on ne lui montre dans ces pages qu'une face
de la médaille. Il se laissera bercer par cette correspondance de
Munich, publiée dans "Vremea" en mai 1934 et joliment intitulée Eloge de la prophétie. Ce
qu'il ignore, c'est qu'en novembre
1933 et dans le même journal,
l'auteur saluait dans le nationalsocialisme une salutaire "barbarie créatrice". Il ne sait pas non
plus que deux mois plus tard, le
15 juillet 1934, le sens de ladite
prophétie s'éclairait grâce à
"Hitler dans la conscience allemande": Cioran nous assure en
effet dans cet article-là (et dans
beaucoup d'autres) qu'"il n'existe
Alexandra Laignel-Lavastine
pas d'homme politique qui m'inspire une sympathie et une admiration plus grande qu'Hitler".
Et l'on pourrait multiplier les exemples.
Cette entreprise de camouflage a aujourd'hui, quelque
chose d'absurde. La publication du Journal de Drieu La
Rochelle a-t-elle jamais empêché quiconque de lire et relire
l'écrivain ? Alors pourquoi ces quatrièmes de couverture agrémentées des mêmes poncifs dès qu'il s'agit des écrits roumains
de Cioran ? Ainsi de son "pessimisme". Pessimiste, vraiment,
son plaidoyer d'alors en faveur d'une Roumanie fanatisée dans
la "mystique d'un effort collectif de la nation"? Ou encore de
ses éternels "vingt ans". En 1940, Cioran allait tout de même
vers la trentaine... ".
Alexandra Laignel-Lavastine (Le Monde, 1er juillet 2004)
E.-M. Cioran, Solitude et Destin (Singuratate si Destin), de
Traduit du roumain par Alain Paruit, Gallimard, "Arcades", 426 p.,
15 € (100 F).
Alexandra Laignel-Lavastine, Cioran, Eliade, Ionesco: l'oubli
du fascisme, PUF (Presse Universitaire de France), Perspectives critiques, avril 2002, 552 pages, 29 € (190 F).
Herta Muller, prix de littérature européenne
'écrivaine d'origine roumaine Herta Muller a reçu, à Stuttgart, le prix Wurth de littérature européenne, doté de 25 000 €, décerné tous les deux ans et dont la création remonte à 1998. Agée de 53 ans, Herta Muller a émigré en Allemagne en 1987 et vit désormais à Berlin. Elle est devenue l'une des plus importants écrivains allemands actuels.
35
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Littérature
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BAIA MARE
ORADEA
ARAD
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IASI
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CLUJ
BRASOV
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SIBIU
TIMISOARA
GALATI
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BRAILA
PLOIESTI
CRAIOVA
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E
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SUCEAVA
TARGU
MURES
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BUCAREST
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Les mille et une vies
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TULCEA
CONSTANTA
z
st-ce parce que le romantisme révolutionnaire dont son oeuvre est imprégnée est devenu obsolète, ou parce qu'il a usé de la langue de Voltaire pour
y rouler des accents et des rythmes orientaux que le Roumain Panaït Istrati
(1884-1935) est, par deux fois, tombé dans l'oubli? Dans un article du "Monde",
Valérie Cadet rappelle qu'à la fin des années 1960, à l'incitation de Joseph Kessel,
Roger Grenier sauvait une première fois du purgatoire "le Gorki des Balkans" en
rachetant les droits de tous ses récits, dispersés ou épuisés, recueillis alors en quatre
volumes chez Gallimard. Ce corpus de référence, à son tour épuisé, a servi de fil
conducteur à celui (échelonné en trois forts volumes) que propose aujourd'hui Phébus,
dans une édition établie et présentée avec une belle acuité par l'écrivain Linda Lê. S'y
ajoutent un ensemble de textes parus en revue ainsi que Vers l'autre flamme (1929),
chronique désillusionnée et prophétique de seize mois de voyage à travers l'URSS, qui
vaudra à son auteur l'incompréhension et le rejet criminel de ses pairs ou admirateurs.
Marquée au sceau d'une apologie de l'homme libre, l'œuvre de Panaït Istrati n'a
guère d'équivalent. Sans doute parce qu'elle est inextricablement mêlée à cette vie de
vagabondage qui fut la sienne depuis l'âge de 12 ans. Fils naturel d'une lavandière de
Braïla (port danubien) et d'un contrebandier grec tué par des gardes-côtes quand l'enfant n'avait pas encore 9 mois, cet autodidacte n'a cessé d'ouvrir plus grand son horizon. Se jouant des frontières, pratiquant les métiers les plus divers et prenant part aux
luttes sociales. Cent fois livré au désespoir et à la tentation du renoncement, cent fois
reprenant courage pour d'autres rencontres, de nouvelles façons d'éprouver le monde.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
de mille feux aux yeux des habitants de Timisoara et d'Arad
Les prix peuvent être inférieurs de moitié et cela concerne
aussi les achats de Noël: cadeaux, jeux, parfums, cosmétiques,
chocolats, confiserie, etc. Metro, Praktiker, le Mall (galerie
commerciale à étages) Szeged Plaza sont les lieux les plus fréquentés, mais c'est l'hypermarché Cora qui attire le plus cette
nouvelle clientèle. Ses dirigeants ont compris l'enjeu et assurent l'apprentissage du roumain à leurs caissières.
"Ici, tout est moins cher, de bien
meilleure qualité et le choix est plus grand"
Le même leitmotiv revient incessamment: "Ici, tout est
moins cher, de bien meilleure qualité et le choix est plus
grand".
Depuis la "Révolution", les habitants du Banat ont ainsi
pris le pli de se précipiter chaque fin d'année à Szeged; mais
ils font aussi le trajet le reste de l'année, souvent une fois par
mois, n'oubliant pas de s'arrêter aux "Duty free shops" des
postes frontières, dévalisés au moment des fêtes : on y trouve
le litre de vodka "Absolut", la plus prisée, à 8 € au lieu de 14.
par les policiers.
36
Près de dix ans avant Gide et son
fameux Retour de l'URSS Panaït
Istrati, militant syndical et conteur
visionnaire, avait découvert, au
cours d'un voyage à Moscou, les
tares qui minaient l'utopie communiste et les avaient dénoncées, tentant de convaincre ses camarades
qu'il ne pouvait y avoir de socialisme
sans la liberté. Cette prise de position allait lui attirer la colère de la
gauche de l'époque et le désaveu de
Romain Rolland.
Considéré par les uns comme un
dangereux bolchevique, par les
autres comme un traite à la classe
ouvrière, Panaït Istrati est mort seul
et abandonné, en 1935, dans une
Roumanie où déjà le fascisme et
l'antisémitisme, ses ennemis de toujours, consolidaient leur emprise au
sein d'une classe politique hésitante
et désorientée. Honnête, refusant
l'aveuglement, l'écrivain s'était
retrouvé seul face à une intelligentsia française partagée entre les deux
idéologies monstrueuses du XXème
siècle.
Dans une Autobiographie publiée dans la revue Europe en août 1923, il lâche à
jets serrés le récit de ses pérégrinations à travers les Balkans, l'Egypte et l'Europe,
scandé par une antienne qui pourrait se résumer à ceci: "Misère, famine, manque
d'abri, poux, mégots." Pendant la première guerre mondiale, atteint par cette tuberculose qui l'emportera en 1935, il décide d'apprendre le français et découvre les grands
classiques. Rechute en 1919. Année noire où il perd également sa mère; année de
rédemption par la lecture éblouie du Jean-Christophe de Romain Rolland.
Le "Gorki" des Balkans
P
anaït Istrati est disparu prématurément au printemps 1935, à
l'âge de 51 ans. L'écrivain roumain avait connu une notoriété mondiale
foudroyante avec son roman Kyra
Kyralina , "un récit aérien et lumineux
comme un vol de papillons au soleil,
coloré comme une troupe de bohémiens
en marche, mélancolique et tendre
comme une chanson de route qui n'a
jamais de fin" commentera Joseph
Kessel.
L'auteur, qui s'était imposé à Paris,
écrivant en français, avait ouvert la voie à
une pléiade de prodigieux intellectuels
roumains qui s'installeront en France:
Emil Cioran, Mathila Ghica, Mircea
Eliade, Eugen Ionesco, Tristan Tzara…
Dans la préface de Kyra Kyralina,
en 1924, Romain Rolland avait dressé le
portrait saisissant de cet inconnu qui était
devenu par la suite son ami, retraçant
Les étudiants s'y fournissent en cartouches de cigarettes qu'ils
revendent au noir sur le campus de Timisoara.
Le mouvement devrait encore s'accélérer dans les mois
qui viennent avec le prolongement de l'autoroute BudapestSzeged jusqu'à la frontière roumaine, réduisant cette dernière
distance à vingt minutes. D'ailleurs, certains Roumains se dirigent déjà directement vers la capitale hongroise qui n'est plus
qu'à deux heures et s'offrent, pour le prix d'une vignette d'autoroute (5 €), l'accès aux grands magasins d'une métropole
européenne.
Les achats importants sont également moins chers. Le
même aragaz (gazinière), vaut 25 % de moins, côté hongrois,
et on peut, en outre, se faire reverser la TVA à la douane, divisant ainsi son prix pratiquement par deux. Avant la
"Révolution", les échanges existaient… mais plutôt dans
l'autre sens: les Roumains passaient la frontière pour y proposer des produits de leur fabrication à des prix défiant toute
concurrence. Mais depuis la chute du rideau de fer, les
Hongrois ont pris le goût des articles occidentaux et s'en sont
détournés, le commerce n'étant plus qu'à sens unique.
entre Bucarest et Brasov… soit un tous les sept kilomètres
Né écrivain à près de quarante ans
Dénonçant Moscou
bien avant Gide
Société
mieux que quiconque ce que fût son destin: "Dans les premiers jours de janvier
1921, une lettre me fût transmise, de l'hôpital de Nice. Elle avait été trouvée sur le
corps d'un désespéré, qui venait de se
trancher la gorge. On avait peu d'espoirs
qu'il survécût à sa blessure. Je lus, et je
fus saisi du tumulte du génie. Un vent
brûlant sur la plaine... C'était la confession d'un nouveau Gorki des pays balkaniques. On réussit à le sauver. Je voulus
le connaître. Une correspondance s'engagea. Nous devînmes amis."
"Il se nomme Istrati. Il est né à
Braïla", en 1884, d'un contrebandier grec,
qu'il n' a point connu, et d'une paysanne
roumaine, une admirable femme, dont la
vie de travail sans relâche lui fût vouée.
Malgré son affection pour elle, à
douze ans il la quitte, poussé par un
démon de vagabondage, ou plutôt par le
besoin dévorant de connaître et d'aimer.
Spray invisible miracle
Mais les Roumains ont d'autres
moyens pour déjouer les pièges de la
police routière. De l'avis même de celleci, les plaques d'immatriculation sales ne
permettent pas de bien identifier les
contrevenants. De même, rouler avec les
rayons rasants du coucher ou du lever du
soleil perturbe l'enregistrement des clichés établissant la faute. Certains
conducteurs ramènent également de l'étranger des dispositifs (illégaux) leur permettant de détecter un ou deux kilomètres
à l'avance la présence des radars (n'est-ce
pas L… qui se reconnaîtra !), ou se les font
envoyer d'Amérique
par leurs proches qui y
sont établis. Enfin, on
trouve à faire livrer par
Internet des feuilles de
protection
transparentes qui se collent en
moins de cinq minutes
sur les plaques avant et arrière et ne permettent de les photographier que de face,
alors que les radars ont un angle de prise
de vue d'environ 30°. Il en coûte 50 €.
Leur emploi est interdit et on peut se faire
verbaliser. Qu'à cela ne tienne… un spray
invisible miracle, "Photoshopper", pro-
duit le même effet et
se révèle particulièrement efficace la nuit,
face aux flashs. Il suffit de l'appliquer une
fois et le flacon, utilisable pour six véhicules, ne coûte que 20
€. Avantage supplémentaire: dans l'attente d'une modification de la réglementation, ce n'est pas - encore - répréhensible
aux yeux de la loi, car il ne s'agit pas d'un
dispositif supplémentaire.
L'ensemble de ces moyens permettent à 10 % des contrevenants d'échapper
aux sanctions !
se mettent à l'agriculture biologique
Spécificité roumaine: celle-ci était en bonne partie écoulée
sur les marchés par des petits agriculteurs exploitant une ferme
familiale et vendant leurs produits guère plus cher que les
autres. Il faut souligner qu'une bonne partie de la production
assurée par ces petites unités est naturellement biologique,
même si elle n'est pas homologuée, les paysans roumains
n'ayant ni l'habitude, ni les moyens d'utiliser des engrais chimiques.
D'après les professionnels du secteur, ces produits sont
vendus dans les magasins spécialisés à une classe sociale qui
dispose de plus de 500 € de revenus mensuels et peut s'offrir
un kilo de fraises à 2 ou 3 €, le producteur les mettant sur le
marché à un euro. Ils sont aussi exportés à l'étranger, notam-
ment en Grèce, où leur prix double.
Les conserves ou fabrications à bases de légumes et fruits
biologiques se développent également, ayant atteint 50 000
tonnes l'an passé; on trouve des haricots, des cornichons, des
macédoines, des jus de poivron et de tomate. Une firme britannique s'est installée à Rupea, près de Brasov et le prince
Charles lui-même a acquis une ferme dans la région pour se
consacrer à l'agriculture biologique. Elle a investi 5 M€ et
prévoit de produire dès 2006 une sorte de roquefort, de la mozzarella, des yaourts, des glaces avec des fruits des bois, utilisant pour tous ses produits laitiers du lait de buffle, particulièrement apprécié en Occident parce qu'il contient 40 % de
moins de cholestérol.
17
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Vie quotidienne
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CONSTANTA
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La Roumanie
"scannée"
par les experts
des Nations Unies
16
22
Szeged, la hongroise, brille
Un tiers des Roumains pauvres,
selon les critères internationaux,
un autre tiers se considère pauvre
Dans leur rapport sur le développement humain, les experts des
Nations Unies ont fait une radiographie de la société roumaine, notant
qu'elle était de plus en plus divisée
entre riches et pauvres. La pauvreté,
la corruption et le chômage, sont ses
problèmes majeurs. La première
touche en priorité les personnes
âgées, la seconde, les jeunes.
Un pour cent des Roumains vivent
avec moins d'un dollar par jour, ce
qui, d'après les normes internationales, est considéré comme de la
pauvreté extrême; 12 % sont affectés
de pauvreté "sévère" (besoins importants non satisfaits, empêchant une
vie normale dans la société), 17 % de
pauvreté (manque de ressources par
rapport aux standards minima d'une
vie décente). A ce premier tiers de la
population, il faut en ajouter un
second, concerné par ce que l'ONU
qualifie de pauvreté "relative" (personnes en difficultés économiques à
la suite du processus de la transition).
Le rapport note que 7 Roumains
sur dix ont été affectés directement
par la transition, qui dure depuis 15
ans. Pour 43 % de la population qui
avait entre 18 et 65 ans en 1989, cela
a signifié licenciement, chômage et
mise à la retraite anticipée, ce pourcentage étant le plus fort (53 %) en
Dobroudja (Constantsa); 10 % affirment que rien n'a changé pour eux, et
7 % sont devenus patrons.
(suite page 18)
ans les jours précédents Noël, plus de 25 000 Roumains faisaient la queue
quotidiennement aux différents postes frontières avec la Hongrie, proches
des deux grandes villes du Banat, Timisoara et Arad, afin d'aller faire
leurs emplettes à Sezged. La cité magyare n'est qu'à une heure de distance en voiture.
Comptant 180 000 habitants, elle n'est pourtant pas plus grande que ses deux voisines
roumaines, mais elle a déjà
un air européen que cellesci lui envient, avec ses
nombreux super-marchés,
galeries
commerciales
jalonnées de boutiques élégantes où l'on trouve les
plus grandes marques et
des produits de qualité.
Venus pour la journée,
les frontaliers roumains
entendent bien remplir leur
coffre car l'autre avantage de la Hongrie ce sont les prix. Tout y est moins cher, le
coca-cola, l'huile, le fromage, le salami, les saucisses piquantes, les détergents, la margarine, le sucre et même le pain.
Près de 20 radars automatiques sur la DN1,
R
âleur parmi les râleurs, l'automobiliste français trouvera le
paradis, lui permettant de
libérer totalement son courroux, sur la
DN 1 (Nationale 1) reliant la capitale à
Brasov. Entre Bucarest et Azuga (140
km), à l'entrée du judet de Brasov, on
dénombre pas moins de 59 caméras vidéo
jouant le rôle de radars automatiques, disposées dans les deux sens, en 19 points
différents. Elles ont été installées début
décembre et peuvent être changées de
place. La vitesse, limitée à 100 km en
rase campagne, tombe fréquemment à 50
km sur cet axe traversant des agglomérations à touche-touche, sans qu'on puisse
bien discerner leurs limites. Au seul point
de contrôle de Baneasa, on dresse 700 PV
par jour et les sanctions peuvent être
lourdes: 60-80 lei (15-20 €) pour un
dépassement de la vitesse légale de
moins de 30 km/h, 100-300 lei (28 à 85
€), entre 30 et 50 km/h, 200-800 lei (56225 €) au-delà, avec retrait du permis.
Un "vitezomane" (comme le roumain, langue qui s'adapte à toutes les
situations, le désigne) pourrait ainsi être
taxé de 15 200 lei, soit 4000 € s'il se faisait prendre à grande vitesse à tous les
points de contrôle… Et, à priori, pas
question de compter sur les bakchichs
nécessaires à la récupération de son permis, les contraventions étant envoyées
par la poste, mais traitées, au préalable,
Les Roumains
I
ntroduite à la fin des années 90, l'agriculture biologique gagne de plus en plus
de terrain dans le pays. Réglementée suivant les normes européennes, elle voit
croître le nombre de producteurs, le premier ayant obtenu sa certification, en
2000, étant un jeune agriculteur de Lupusel (Maramures), Mircea Burde.
Au début, cette agriculture ne concernait que les céréales, mais aujourd'hui on
produit des fraises, du raisin pour le vin, des radis, des épinards, des poivrons, des
condiments, du fromage, des produits laitiers, des conserves et même des glaces. Des
restaurants spécialisés et des boutiques s'ouvrent, alors que les grandes surfaces commencent à lui consacrer des rayons spécialisés.
En 2000, les surfaces cultivées biologiquement ne représentaient qu'un peu plus
de 17 000 hectares. Cette superficie est passée à 73 000 ha en 2004 et devait atteindre
104 000 ha, fin 2005. Dans la même période, la production bondissait de 13 500
tonnes à plus de 100 000 tonnes en 2004.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
d'Istrati grâce à la réédition complète de son œuvre
Suivent des saisons de grande âpreté. En janvier 1921, à
tantôt acteur d'une fresque bouillonnante qui embrasse des
Nice, à bout de forces et "dépité de vingt-cinq ans de luttes
dizaines de destins, incorpore la légende balkanique à l'autoavec la vie", il tente de se suicider en se tranchant la gorge.
biographie et aux faits historiques.
Ceux qui l'ont sauvé in extremis ont trouvé sur lui une lettre
En référence centrale à cette épopée flamboyante, les haïadressée à Romain Rolland. Elle est expédiée. L'auteur de Audoucs, ces hordes de cavaliers justiciers du temps des occupadessus de la mêlée, bouleversé, lui répond et l'incite rudement:
tions turque et grecque en Roumanie. Fils du vent ou "amantes
"Je n'attends pas de vous des lettres exaltées. J'attends
de la forêt" en lutte sanglante contre les oppresseurs, dont
l'œuvre! Réalisez l'œuvre, plus essentielle que vous, plus
Zograffi et ses semblables sont les dignes héritiers. De ses
durable que vous, dont vous êtes
mille et une vies, Panaït Istrati
la gousse."
a extrait la matière de mille et
Et c'est ainsi que Panaït
un récits mis en abyme au fil
Istrati est né écrivain, à près de
desquels le lecteur se perd avec
40 ans (son premier récit, Kyra
délices, poussé au galop d'un
Kyralina, conçu à Paris chez son
périple foisonnant, écrit dans
ami le bottier Georges Ionesco,
une langue puissamment
est publié en 1923, et c'est en
visuelle et sonore. Tantôt profait le deuxième qu'il écrit,
pulsée dans un lyrisme étoilé,
après Oncle Anghel, paru en
tantôt ciselée à la pointe sèche.
1924).
Ode à la nature et à la liberté
C'est ainsi que prend corps
où l'abjection fraye avec le
Adrien Zograffi, alter ego
Le port de Braila tel que l’a connu le jeune Panaït Istrati. sublime.
d'Istrati l'idéaliste. Linda Lê en
La délicatesse du verbe et
reprend la source dans un texte de 1929: "Ma nature, trop peu
du cœur avec l'ordure. Le désespoir le plus intense avec l'éfaite pour l'étude livresque, me poussait avec force vers la
merveillement enfantin. Un chapelet de romans d'apprentissaconnaissance de l'homme tel que je le voyais dans la rue: il
ge, de vies sauvages et vaillantes dédiées à la défense des
aimait et souffrait comme moi, c'est à lui que je dois aller; il
opprimés, et où chacun éprouve que "ce que l'amour crée avec
est le A et le Z de la vie."
difficulté, la haine le détruit en un instant".
Du désespoir à l'émerveillement
Au fil des cycles narratifs, ce double est tantôt témoin,
ŒUVRES de Panaït Istrati. Edition préparée et présentée par
Linda Lê. Phébus, "Libretto". Volume 1, 928 p., 14,90 euros.
Les volumes 2 et 3 des oeuvres de Panaït Istrati sont parus ou
paraissent en librairie le 17 février et le 13 mars.
avait subjugué Romain Rolland
Vingt ans de vie errante, d'extraordinaires aventures, de travaux exténuants,
de flâneries et de peines, brûlé par le
soleil, trempé par la pluie, sans gîte et traqué par les gardes de nuit, affamé, malade, possédé de passions et crevant de
misère."
Trompant sa faim
en lisant voracement
"Il fait tous les métiers: garçon de
cabaret, pâtissier, serrurier, chaudronnier,
mécanicien, manœuvre, terrassier,
déchargeur, domestique, homme-sandwich, peintre d'enseignes, peintre en bâtiment, journalise, photographe. Il se mêle
pendant un temps aux mouvements révolutionnaires. Il parcourt l'Egypte, la
Syrie, Jaffa, Beyrouth, Damas et le
Liban, l'Orient et la Grèce, l'Italie, fréquemment sans un sou, et se cachant par-
fois sur un bateau où on le découvre en
route, et d'où on le jette sur la côte, à la
première escale." "Il est dénué de tout,
mais il emmagasine un monde de souvenirs et souvent trompe sa faim en lisant
voracement, surtout les maîtres russes et
les écrivains d'Occident."
"Il est conteur-né, un conteur
d'Orient, qui s'enchante et s'émeut de ses
propres récits, et si bien s'y laisse prendre
qu'une fois l'histoire commencée, nul ne
sait, ni lui-même, si elle durera une heure,
ou bien mille et une nuits. Le Danube et
ses méandres…
Ce génie de conteur est si irrésistible
que, dans la lettre écrite à la veille de son
suicide, par deux fois il interrompt ses
plaintes désespérées pour narrer deux histoires humoristiques ayant trait à sa vie
passée".
"Je l'ai décidé à noter une partie de
ses récits; et il s'est engagé dans une
oeuvre de longue haleine, dont deux
volumes sont actuellement écrits. C'est
une évocation de sa vie; et l'œuvre,
comme sa vie, pourrait être dédiée à
l'Amitié: car elle est, en cet homme, une
passion sacrée ".
"Tout le long de sa route, il s'arrête, au
souvenir des figures rencontrées; chacune a l'énigme de sa destinée, qu'il
cherche à pénétrer. Et chaque chapitre
du roman forme comme une nouvelle.
Trois ou quatre de ces nouvelles, dont
les volumes que je connais sont dignes
des maîtres russes.
Il en diffère par le tempérament et la
lumière, la décision d'esprit, une gaîté
tragique, cette joie du conteur qui
délivre l'âme oppressée.
On voudra bien se souvenir que l'homme
qui a écrit ces pages si alertes a appris
seul le français, il y a sept ans, en lisant
nos classiques ".
37
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Histoire
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Le 22 décembre 1989 :
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Des signes
précurseurs
38
Premiers sur place, en pleine
reçoivent un accueil délirant et
Sans imaginer que les évènements
iraient aussi vite, "Médecins du
monde" s'attendait à ce que la situation bouge en Roumanie, en cette fin
d'année 1989.
Bizarrement, six mois plus tôt,
Jacques Lebas, son président, avait
été autorisé à se rendre dans ce
pays. Entretenant des relations privilégiées avec la fille et le gendre
français de Doina Cornea, fixés en
France dans la région de Limoges, il
avait été reçu par la célèbre dissidente qui vivait recluse dans sa petite
maison de Cluj, surveillée nuit et jour
par la Securitate. Comment un régime
aussi policier a-t-il pu permettre une
telle rencontre, se demanda-t-il ?
Doina
Cornea
Avec le recul, il en déduira que la
chute de Ceausescu se préparait
déjà dans l'ombre et que cela faisait
partie des signes envoyés à l'extérieur par ceux qui oeuvraient dans ce
sens. De la même façon, le médecin
avait pu visiter un hôpital, ce qui était
inconcevable jusqu'ici, avant d'être
expulsé pour s'être montré trop
curieux… sans-doute pour faire
bonne mesure.
Quelque chose se tramait donc
dans le dernier pion qui résistait au
changement, au cours de cette folle
année 1989 qui avait vu tous les
régimes satellites de l'URSS
emportés par le vent de la liberté.
e 22 décembre 1989, "Médecins du monde" est en pleine effervescence.
L'association tient à Paris un conseil d'administration dont la Roumanie est
le sujet principal. Devant les prémices d'une révolution qui s'annonce, une
équipe est déjà partie vers le 19-20 décembre et s'est installée à une trentaine de
kilomètres de la frontière roumaine, à Szeged, en Hongrie, pays qui s'est libéré du
communisme quelques mois plus tôt, et se tient prête à intervenir. Les portes de la
Roumanie restent, bien sûr, fermées.
L'ordre du jour du CA de "Médecins du monde" fut subitement chamboulé par une
dépêche venant de tomber: Ceausescu venait d'être chassé du pouvoir et la Roumanie
ouvrait immédiatement ses frontières. L'équipe de Szeged prenait aussitôt la route de
Timisoara, distante de 60 km, se trouvant sur place deux heures plus tard. Elle était la
première à pénétrer en Roumanie.
Otopeni fermé, l'avion est détourné sur Varna
A Paris, l'association interrompait ses délibérations et décidait de fréter un avion
le jour même. Elle battait le rappel des médecins disponibles, au total une dizaine,
dont 3-4 généralistes, 3 chirurgiens, 3 anesthésistes, certains d'origine roumaine.
Rompue aux situations d'urgence, "Médecins du monde" disposait de matériel prêt
qu'il suffisait d'embarquer. L'équipe montait à bord, certains de ses membres en complet veston et chaussures de ville, sans bagages, n'ayant pas eu le temps de faire leur
valise. Plusieurs amis journalistes furent rameutés, dont Jean-François Bizot, le directeur et propriétaire d' "Actuel"… ainsi que l'inévitable philosophe de service pour ce
genre d'expédition, André Gluscksman, Pierre-Heny Lévy et Arielle Dombasle étant
sans-doute retenus pour le réveillon qui s'annonçait.
L'avion humanitaire devait se poser à Otopeni, l'aéroport international de
Bucarest, mais on annonça pendant le vol qu'il venait d'être fermé et, finalement il
atterrit à Varna, en Bulgarie, pays qui avait "viré sa cuti" quelques semaines auparavant. Très coopératifs, les Bulgares ne demandèrent pas de présenter les visas… que
personne n'avait et chargèrent aussitôt le matériel dans des camions militaires, fournissant un car pour transporter l'équipe, forte d'une trentaine de personnes, jusqu'à la
frontière roumaine de Giurgiu. Ils la mirent aussi fortement en garde, colportant les
rumeurs se répandant aussi bien en Roumanie qu'à l'étranger: des terroristes se
cachaient dans le pays et avaient empoisonné l'eau de la capitale.
Une équipe du GIGN bloquée à la frontière bulgare
A la frontière, les Français découvrirent des compatriotes bien particuliers : une
unité du GIGN, envoyé par le ministère de l'Intérieur français pour aider les nouvelles
autorités à mettre justement hors d'état de nuire ces terroristes que l'on disaient
Syriens, Lybiens, Africains, Palestiniens, Coréens, et qui avaient séjourné dans le pays
au titre d'étudiants de pays frères… Mais ces militaires n'avaient pas reçu l'autorisation de pénétrer en Roumanie, peut-être pour éviter que ces professionnels de la lutte
anti-terroriste ne découvrent le pot aux roses… à savoir qu'il n'y en avait pas l'ombre
d'un sur le territoire, seule l'armée, et non la Securitate, ayant procédé aux massacres
ayant entraîné, officiellement, la mort de 1104 personnes, mais sans-doute davantage.
On convient aujourd'hui qu'il faut y rajouter tous les règlements de compte qui ont pu
avoir lieu à cette occasion, personnels ou autres, desquels il faut rapprocher cette coïncidence bizarre : autour de chaque siège du Comité central du Parti communiste roumain des grandes villes, on a relevé une trentaine de cadavres.
Avant de franchir la frontière, l'équipe de TV 5 reçut l'ordre de sa direction de descendre du car et de revenir à Paris: elle venait d'apprendre la mort de son reporter-photographe Jean-Louis Calderon, écrasé par un char.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Demi-frère du Roi Michel, Carol-Mircea
de Roumanie est décédé à Londres à l'âge de 86 ans
Carnet
C
Une vie d'exil jusqu’à la tombe
arol Mircea-Grigore
de Roumanie, fils
aîné du Roi Carol II
et demi-frère du Roi Michel, est
décédé à Londres, en janvier, à
l'âge de 86 ans, où il a été
enterré. Il avait exprimé le vœu
de reposer auprès de son père à
Curtea de Arges, mais ce désir ne semble pas avoir été pris en
considération par la famille royale de Roumanie.
Le prince était né en 1920 de l'union de Carol, alors prince héritier, et de sa maîtresse de l'époque, Zizi Lambrino, issue
d'une famille de l'aristocratie roumaine. Le mariage secret de
Carol, en 1918, avait fait scandale. Commandant un bataillon
de la garnison de Târgu Neamt, en pleine guerre contre les
Austro-allemands, le prince avait déserté pour aller convoler à
Odessa, en Ukraine, déguisé en officier russe et muni d'un faux
passeport… ce qui aurait dû lui valoir la cour martiale et le
peloton d'exécution. Cette union religieuse avait mis hors
d'eux ses parents, le roi Ferdinand et la reine Marie, qui
l'avaient fait annuler par le tribunal d'Ilfov, en 1919.
L'ordre de succession prévoyait que le prince héritier ne
pouvait se marier qu'avec l'accord des souverains, du Premier
ministre et du Patriarche de l'église orthodoxe, sa future
femme devant obligatoirement appartenir au même rang que
lui, issue d'une famille royale européenne. A la suite de l'annulation de son mariage, Zizi Lambrino était partie en exil
avec son fils, lequel avait été reconnu par son père et enregistré sous le nom de Mircea-Grigore Lambrino. L'origine royale
du prince avait été confirmée à la suite de deux procès qu'il
avait gagnés, au Portugal et en France. Après la "Révolution"
de décembre 1989, celui-ci a engagé une procédure en
Roumanie pour y faire reconnaître ces deux décisions, mais ce
procès est toujours à l'instruction. Toutefois, en 2004, un pas
avait été fait, la mairie de Bucarest lui délivrant un certificat de
naissance établissant sa filiation directe avec Carol II. Un élément important en vue du partage des biens de l'ancien souverain encore en possession de l'Etat roumain, avec son demifrère Michel.
La rencontre impossible
Carol Mircea de Roumanie a vécu toute son existence en
exil; d'abord en France, puis en Angleterre, dans la dernière
partie de sa vie. Il n'était retourné en Roumanie qu'à deux
occasions: lors de l'enterrement de sa grand-mère, la reine
Marie, en 1938, puis l'an passé, 67 ans plus tard, lors d'une
visite privée. Il a eu deux fils: le prince Paul de Roumanie, qui
revendique l'héritage royal de son père, et le prince Alexandru,
lequel vit aux USA. Le fils aîné de Carol II n'a jamais pu rencontrer son demi-frère, le Roi Michel - son cadet d'un an, âgé
de 85 ans - celui-ci s'opposant formellement à cette reconnaissance, malgré les tentatives infructueuses de rapprochement
faites par plusieurs maisons royales européennes.
Ludovic Spiess: une grande voix s'est éteinte
L
e ténor Ludovic Spiess est
décédé, début janvier, à l'âge
de 67 ans, des suites d'un
infarctus, au cours d'une partie de chasse
dans le judet de Teleorman. Dans les
années 60, il avait été considéré comme
l'un des plus grands ténors du monde, se
produisant sur les scènes de Milan,
Vienne, New-York, Tokyo, etc., obtenant
de nombreuses distinctions dans les
concours internationaux (Toulouse, 1964,
Rio de Janeiro, 1965, Amsterdam, 1966).
Sa carrière n'avait duré que 14 ans car, en
1976, à l'âge de 38 ans, il avait dû être
opéré de nodules sur les cordes vocales,
ce qui lui avait fait perdre sa voix. Le
chanteur avait d'ailleurs pris sa retraite
pour maladie professionnelle à 46 ans.
Natif de Cluj, ouvrier aux usines
“Tractorul”, Ludovic Spiess avait commencé sa carrière par hasard, à l'âge de 19
ans. Un de ses collègues l'avait emmené
assister à un concert de la philharmonie
de Brasov et, stupéfait, il avait découvert
l'existence de la musique d'opéra. Il avait
rejoint immédiatement les chœurs de son
usine, puis, pendant son service militaire,
s'était inscrit aux chœurs de l'armée roumaine. Il suivait ensuite les cours de l'é-
cole populaire d'art de Brasov, malgré
l'opposition de professeurs qui trouvaient
qu'il n'avait aucune disposition musicale.
A 24 ans, Ludovic Spiess faisait ses premiers pas sur la scène du théâtre musical
de Brasov. C'était le début d'une prodigieuse carrière qui allait le conduire à
l'opéra de Bucarest et de Vienne.
D'origine allemande, bien que ne
parlant pas cette langue, le ténor avait
changé un temps son nom en Liviu Spinu,
à une époque où le régime communiste
inspirait une politique déconsidérant cette
communauté. L'une des distinctions les
plus appréciées du chanteur aura été son
titre de docteur honoris causa décerné par
l'université de musique de Bucarest, lui
qui n'avait suivi que sept classes, entre
primaire et collège technique.
En 1991, Ludovic Spiess était devenu ministre de la culture du gouvernement PSD de Teodor Stolojan. On lui doit
notamment la transformation du château
royal de Peles, à Sinaia, en musée. Puis,
en 2001, après le retour du PSD au pouvoir, il avait été nommé directeur de
l'Opéra de Bucarest, fonction qu'il a
occupé jusqu'en 2005.
La brutalité de son comportement
était souvent dénoncée ainsi que ses abus
de fonction et le harcèlement exercé
auprès de ballerines. Mais sa notoriété et
sa popularité lui avaient permis de surmonter les critiques.
15
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénement
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TIMISOARA
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SF. GHEORGHE
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Les Roumains
ont grandi
de 8 cm en 30 ans
14
Selon une étude de l'Institut de
Recherche Anthropologique Francisc
Rainer de Bucarest, les Roumains
ont grandi de 8 cm en 30 ans, les
chercheurs expliquant ce phénomène, qui se retrouve au niveau mondial, par une modification de l'alimentation, les changements climatiques
et la pratique du sport.
Cette croissance est cependant
inégale suivant les catégories de
population. Ainsi la taille moyenne
des hommes est-elle de 1 m 72 et
correspond à celle des citadins, plus
grands que les ruraux. Chez ces derniers, ce sont les habitants de
Dobroudja (Constantsa) qui sont les
plus grands, avec 1 m 69, devant
ceux du Banat (Timisoara), 1 m 68,
et les Transylvains, 1 m 67. La région
de Moldavie n'a pas été prise en
compte, l'étude la concernant devant
paraître à la fin de l'année. Les
Roumaines mesurent en moyenne
1 m 57 et on ne note pas de différence notoire suivant les régions.
La Roumanie a eu son géant du
XXème siècle avec Gogea Mitu, né
en 1914 près de Craiova, qui mesurait 2 m 42 et pesait 183 kg à 20 ans.
Il est décédé deux ans plus tard, des
suites de maladies. Actuellement le
plus grand Roumain est le basketteur
de Cluj Ghita Muresan, 35 ans, 2 m
30, 143 kg, qui est le plus grand
joueur opérant dans le championnat
américain de basket NBA et de toute
l'histoire de celui-ci.
Le plus petit nain a été Gherasim
Cornescu, 1 m 14, qui, en 1914 n'était classé que 16ème au rang mondial, le "record" revenant au Polonais
Borwilawsky, 0,78 m.
Le massacre de Balc:
Ion Tiriac récidive
M
algré le scandale déclenché l'an passé par le "massacre de Balc", la propriété de chasse de 11 500 hectares, dans la région d'Oradea, que Ion
Tiriac avait obtenu en concession de l'Etat pour… un loyer annuel de
240 €, le milliardaire a récidivé en janvier. Celui-ci, dont la concession a été reconduite pour dix ans, après un modeste ajustement du loyer, y a organisé un nouveau
week-end de chasse. Une centaine d'invités étaient présents dont des Allemands,
Autrichiens, Espagnols, Américains,
acheminés par charters jusqu'à l'aéroport
d'Oradea. Parmi eux l'ancien footballeur
Klaus Fischer et le Prince Sturdza, dont le
nom est mêlé à celui de Ion Tiriac dans la
liste des grands bénéficiaires de la mise
en concession du Delta du Danube, dont
ont profité des proches de l'ancien
Premier ministre Adrian Nastase.
Ces chasseurs n'ont pas été déçus: le carnage annoncé a bien eu lieu. En 2005, en
deux jours, ils avaient abattu 185 sangliers sur les 550 que compte la réserve, soit six
fois plus que le quota annuel autorisé. Avec 23 animaux à son tableau de chasse,
Adrian Nastase avait été couronné meilleure gâchette. Cette fois-ci, pour le seul samedi, ce sont deux cents sangliers qui ont été tués, trois parties de chasse étant organisées, au total, pendant le week-end. Ce serait cependant faire une grossière erreur
d'imaginer que ces bêtes avaient affaire avec des tueurs sans pitié. Au contraire…
ceux-ci ont montré qu'ils avaient un cœur "gros comme çà": les carcasses ont été sorties de la forêt en charrettes et acheminées vers un orphelinat de la région de Brasov
que Tiriac finance, pour améliorer l'ordinaire des enfants.
Huit cents réfugiés politiques Roumanie
O
n dénombre actuellement
800 réfugiés politiques en
Roumanie, dont 33 % proviennent d'Irak, 10 % d'Inde, 8 % d'Iran,
8 % de Chine, le reste venant de Somalie,
Turquie, Afghanistan, Palestine et Pakistan. Le Haut Commissariat aux Réfugiés,
dépendant de l'ONU, s'attend à un
accroissement assez sensible de leur
nombre, après l'adhésion de la Roumanie
à l'UE, en 2007, qui leur facilitera l'entrée
dans l'espace européen. Ce phénomène a
été constaté dans les dix pays d'Europe
Centrale qui ont rejoint l'UE, l'an passé.
Au cours du premier semestre 2004,
ceux-ci ont enregistré 15 000 demandes
d'asile. Pendant les six mois de l'examen
de leur demande, les réfugiés en
Roumanie perçoivent une allocation quotidienne de 25 000 lei (0,65 €), leur permettant d'acheter un pain et un litre de
lait. Cette somme représente la moitié du
minimum que l'Etat assure pour la nourriture des indigents hospitalisés.
Bucarest: trop de trous… pour des bus trop bien
L
a mairie de Bucarest vient de passer commande de 500 bus ultra-modernes
pour renouveler sa flotte vieillissante, le premier devant être livré en juin
et le dernier en décembre 2007. Ce contrat de 188 M€ (soit 376 000 € ou
2,5 MF le bus) a été passé avec la firme représentant Mercedes en Roumanie qui l'a
emporté sur son concurrent italien, Iveco, après un appel d'offres,.
Toutefois une inquiétude est apparue. Ces autobus très longs et articulés ne pourront pas circuler dans les rues pleines de trous de la capitale et devront se limiter à la
desserte du centre dont les axes ont été refaits, ou rester au garage. Il faudra donc
rajouter à l'addition finale, le coût de la rénovation du réseau de voies de Bucarest.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
"Révolution", les médecins humanitaires
découvrent l'effroyable réalité des hôpitaux roumains
les "french doctors" débarquent à Bucarest
Le convoi prit alors la route de Bucarest, distante de 60
km, dans une ambiance frisant le délire. La nouvelle s'était vite
répandue: "Les french doctors" arrivent. Ils étaient les premiers sur place, avec leurs confrère de "Médecins sans
Frontières" et "Handicap International", lesquels formaient
avec "Médecins du monde" les trois principales associations
humanitaires française de l'époque. Les gens s'agglutinaient
autour du car, frappaient aux vitres, voulaient leur toucher la
main, des femmes pleuraient.
Psychose des terroristes
et peur de l'eau empoisonnée
Dans la capitale, le convoi se dirigea vers l'hôpital d'urgence, alors qu'on entendait tirer sporadiquement. A son
entrée, l'équipe fut d'emblée soumise à la psychose ambiante:
la Securitate se cache dans les immeubles en face et s'apprête
à donner l'assaut. Même désarroi chez le directeur: "On va être
attaqué d'un instant à l'autre; je ne peux
pas assurer votre sécurité; partez-vite !".
"Un véritable cirque" se rappellent les
témoins de l'époque. Devant le refus obstiné de "Médecins du monde" de quitter
les lieux, et l'anarchie ambiante - plus
personne ne commandait - le directeur fut
bien contraint d'installer l'équipe dans une
salle commune, au 5ème étage, pour
qu'elle intervienne aussitôt. Un tour à la
morgue lui permit de dénombrer déjà 90
cadavres, tombés sous les balles. Le bilan
officiel des affrontements à Bucarest est
de 543 morts.
la Protection civile emmenée par un colonel, son avion acheminant du matériel d'urgence.
Il fallait cependant prendre la mesure de la situation. Le
système de santé roumain était en ruine, manquait de tout, de
bistouris, d'électrocardiogrammes, d'appareils de réanimation,
d'anesthésie. Les "french doctors" s'attendaient à se trouver
transplantés sur un front de guerre, où il existe des moyens,
apportant leurs compétences et leur bénévolat ainsi que le
matériel adéquat. Ils se trouvaient en fait confrontés à un
désastre, l'absence d'équipements lourds handicapant sérieusement leurs actions et se rendirent compte que tout était à faire.
Transfert des blessés graves
en France par avions militaires
De tout le pays, affluent les demandes d'intervention.
Premiers et seuls sur place - les Américains arriveront bien
plus tard - les médecins français ont un impact énorme; on fait
la queue pendant des heures pour les
consulter. Parfois, ils sont appelés à tort,
comme à Brasov où une équipe est
envoyée car l'hôpital aurait brûlé, des
massacres y ayant été perpétrés: une
rumeur de plus, heureusement fausse.
De son côté, la délégation militaire de
l'ambassade de France, en concertation
avec les "french doctors", organise le
transfert par avions de l'Armée des
blessés graves sur les hôpitaux français.
Vite sur place, les radios-amateurs
belges se montrent d'une efficacité redoutable et décisive, établissant les communications alors que le réseau téléphonique
L’hôtel Intercontinental, où les “French
"C'est pire qu'à Addis-Abeba"
doctors” avaient établi leur siège, était ne fonctionne presque pas, ce qui est
“assiégé” par la ferveur révolutionnaire. essentiel… et irritant profondément poliLes médecins français vécurent là leur plus grand choc:
ce roumaine et Securitate car leur matériel, bien plus sophistiqué, perturbe leurs liaisons.
l'effroyable misère du système hospitalier roumain, à laquelle
Les premiers convois d'OVR, Belgique, France, Suisse,
ils ne s'attendaient pas dans un pays "socialiste". Les guenilles
arrivent,
soulevant un énorme espoir dans la population qui
servaient de pansements, les chirurgiens, sans aucun matériel,
réalise
alors
que la liberté est en marche et qu'elle n'est pas
opéraient pratiquement les mains nues.
abandonnée.
Jamais
la Francophonie n'aura été autant au zéniBlindés par ce qu'ils avaient déjà vu à travers le monde,
th…
malheureusement,
cela s'estompera.
certains "french doctors"confièrent: "c'est pire qu'à AddisAbeba". Ils se mirent au travail dans la même atmosphère de
panique. Médecins roumains et jeunes policiers tremblaient de
La crainte démentie de trouver
peur, refusaient de boire de l'eau, s'attendaient à voir des terdes "goulags" psychiatriques
roristes débarquer à tout instant dans les salles de soin.
Certains priaient pour que les Soviétiques viennent mettre de
Début janvier 90, le "coup de chaud" de la "Révolution"
l'ordre, Gorbatchev apparaissant comme un messie.
passé, "Médecins du monde" décide de rester et laisse sur
La situation se détendit finalement, au fil des heures et les
place une petite équipe, animée par le chirurgien nantais Jeanmédecins français purent intervenir plus sereinement, d'autant
Gabriel Barbin. Elle s'étoffera au fil des mois, faisant interveplus que Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat aux affaires
nir directement jusqu'à 50 personnes, médecins, dont des
humanitaires dans le gouvernement de Michel Rocard, débarFranco-Roumains, infirmières, autres personnels et bénévoles
qua à Bucarest le lendemain 23 décembre, avec une équipe de
en tous genres.
(lire suite page 40)
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Un leu par jour et par enfant abandonné
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BAIA
MARE
ORADEA
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ARAD
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CLUJ
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SIBIU
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SINAIA
CRAIOVA
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P. NEAMT
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BRASOV
TIMISOARA
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TARGU
MURES
FOCSANI
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BRAILA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
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Les malheurs
d'André Glucksman
40
Sur place, "Médecins du monde"
ne limita pas son intervention à l'humanitaire. L'association redoutait que
les portes de la liberté si vite ouvertes
ne se referment rapidement et décida
de porter aussi son effort sur la culture et la communication. Grâce à
Jean-François Bizot, le directeur de la
revue "Actuel", qui avait amené un
émetteur très puissant, la première
radio libre roumaine, Radio Nova, vit
le jour dès Noël, transformée en
Nova 22 (en référence à la date de la
chute de Ceausescu) avec l'aide de
"Médecins du Monde", et émettant
sur la bande FM, très peu utilisée
alors, jusqu'en Bulgarie.
Le 31 décembre, un charter de
personnalités françaises, artistes,
écrivains, hommes politiques, sportifs,
débarquait à Bucarest pour passer le
réveillon avec leurs homologues roumains, afin de leur montrer qu'ils n'étaient plus seuls et pouvaient compter
sur leur solidarité. Dans la soute de
l'avion, avait été embarqué tout ce
qu'il fallait pour passer la soirée.
Dès son arrivée, le 22 décembre,
l'équipe de "Médecins du monde" s'était installée à l'Hôtel Intercontinental
qui était devenu une “rédaction mondiale" où se cotoyaient télévisions,
journalistes, humanitaires, tous bénéficiant de chambres gratuites. Mais ce
ne fut pas sans mal. Son "philosophe", André Glucksman fut pris à
partie par la foule et malmené, ses
cheveux longs - mode inconnue en
Roumanie - le faisant confondre avec
un terroriste. Quelques instants plus
tard, après avoir donné une interview
à la télévision roumaine, il ressortit de
l'hôtel et fut porté en triomphe par
ceux-là même qui l'avaient tabassé !
Il y a un "turnover" important car il s'agit de volontaires qui prennent sur leurs
vacances ou demandent des congés sans solde. Des antennes se créent à Timisoara,
Arad. En fait le nombre d'intervenants est plus important, du personnel médical vient
en franc-tireur des trois pays francophones, des CHU
(Bordeaux, Toulouse, Grenoble, etc.) entament d'euxmêmes des collaborations avec des services hospitaliers
roumains, les prenant en charge.
La première mission de Jean-Gabriel Barbin, qui va
avoir en charge également la Moldavie, la Macédoine et
la Serbie, est de faire l'état des lieux et de poser un diagnostic sur le système de santé roumain. Il s'ensuit des
enquêtes sanitaires, des visites de polycliniques, d'hôpitaux. Une des plus grandes craintes est vite balayée :
contrairement à l'URSS, la Roumanie n'a pas transformé
ses hôpitaux psychiatriques en goulags pour ses dissidents
(le régime était tellement policier qu'il n'y avait pas beauAndré Glucksman
a vécu des moments coup de dissidents non plus). Les psychiatres envoyés de
mouvementés à Bucarest. France constatent qu'il n'avait pas existé de volonté organisée de les faire disparaître de cette façon
Mais c'est une autre réalité, terrible, que découvrent les "french doctors" : ces établissements psychiatriques sont de vrais mouroirs, comme les "camin", ces orphelinats où se retrouvent les enfants abandonnés. Les uns comme les autres ne disposent
que d'un budget d'un leu d'alors (0,05 €) par jour pour chacun de leurs patients.
Comme aucun proche ne s'occupe d'eux, il n'y a personne pour "bakchicher" auprès
du personnel, ainsi que cela se fait dans les hôpitaux, afin d'améliorer leur ordinaire.
Alors, ils dépérissent, sans qu'on puisse mettre en cause employés et médecins,
condamnés à l'impuissance par leurs maigres salaires. "Médecins du monde" trouvera
même souvent des cas de dévouement exemplaires ou d'initiatives menés sans moyen,
comme à Brasov, où les médecins psychiatres occupaient leurs malades en leur faisant
faire des petits travaux, du jardinage… Des fonds importants ont été fournis par l'UE
pour tenter de remettre en route le système de santé. "L'argent ne manquait pas, mais
il était dépensé de façon ridicule" peste Jean-Gabriel Barbin. "Les fonctionnaires de
Bruxelles interdisaient de faire des dépenses supérieures à 30 000 F (4500 €), leur
réglementation ne le permettant pas. Ainsi, on pouvait acheter des pansements par
tonnes, en faisant plusieurs commandes… mais pas le matériel médical lourd dont on
avait cruellement besoin !".
Adoptions : l'occasion manquée de 1991
Outre son action d'assistance, " Médecins du monde " s'attela à d'autres tâches et,
en premier lieu au suivi de l'épidémie de SIDA pédiatrique. L'association créa aussi
l'Institut International de la Mère et de la Famille, remit en état les structures d'enfants
du judet d'Hunedoara, mis en route la formation de formateurs pour la petite enfance,
organisa le premier congrès international de Psychiatrie à Bucarest, particulièrement
apprécié des professionnels roumains dont les connaissances avaient été encadrées par
le régime pendant des décennies.
Elle oeuvra aussi pour la restructuration du processus d'adoption et le moraliser.
Hélas, alors que le Premier ministre Petre Roman s'apprêtait à signer le décret allant
dans ce sens, il fut renversé par la "minériade" de 1991. Son successeur, Theodor
Stolojan, refusa de le faire. C'était la porte ouverte à tous les problèmes, dérives et trafics qu'allaient connaître par la suite les adoptions. Cet épisode marqua une rupture à
"Médecins du monde", entraînant le départ de Jean-Gabriel Barbin, en 1996.
L'association a cessé ses activités en Roumanie à la fin des années 90. Seules interviennent sur place aujourd'hui "Médecins du monde" de Suisse et "Doctors of the
world", américain.
Henri Gillet
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Evénement
Société
Devenu richissime, le Roumain émigré a donné
cent millions de dollars pour créer un prix annuel à son nom
Dan David, rival de Nobel
J
'ai envie de redonner au monde, ce qu'il m'a apporté".
Dan David, richissime homme d'affaires juif d'origine
roumaine de 75 ans explique ainsi sa décision de créer
un prix annuel de cinq millions de dollars (30 MF) destiné à
récompenser des institutions ou des personnes ayant contribué
à mieux connaître le passé, comprendre le présent et influencer l'avenir. Concurrent direct du Prix Nobel, le Prix Dan
David, fondé en 2000, est décerné en début d'année par un jury
de l'Université de Tel-Aviv, à cinq lauréats, lesquels empochent chacun un million d'euros, à charge pour eux d'en consacrer 100 000 à l'attribution de bourses pour de jeunes chercheurs, étudiants, voire lycéens prometteurs.
Pour sa première version, le prix a distingué
notamment deux chercheurs sur le génome
humain… que le Nobel récompensait six mois
plus tard. Cette année, ce sont trois savants, spécialistes du cerveau humain, qui ont été primés et
qui sont également nobelisables.
Le Prix Dan David se veut cependant plus
éclectique et plus flexible que le Nobel, couvrant
l'ensemble des activités et de la civilisation
humaine. En 2003, les lauréats ont été le paléoantropologue français Michel Brunet, pour sa
découverte montrant que l'ancêtre de l'Homme remontait à 7
millions d'années et non à 3,5 millions, l'astrophysicien John
Bachcall pour ses recherches sur l'intérieur du soleil, le documentariste Frederik Wiseman, le photographe de guerre James
Natchway et la journaliste Oriana Fallaci, dont le récent livre
a été considéré par certains comme un pamphlet anti-islamiste. Dan David se défend cependant de toute influence juive ou
sioniste dans le choix des lauréats, faisant remarquer que sur
les vingt déjà retenus, un seul était de confession juive.
L'homme d'affaires, qui a versé cent millions de dollars à
la Fondation décernant son prix, lors de sa création, estime
avoir assuré sa pérennité. "Je n'ampute pas le capital de mes
actionnaires" indique-t-il, "ne prenant que sur les bénéfices de
la société".
Aidant au départ de
15 000 Juifs roumains vers Israël
Dan David est né en 1929 à Bucarest. Enfant, il admet
avoir assez peu souffert de sa condition de Juif sous le régime
du dictateur Antonescu. "Tout ce que j'avais à faire l'hiver,
quand j'étais lycéen, c'était de déblayer la neige pendant
quelques jours et l'été de cueillir des plantes médicinales…
rien à voir avec ce qu'ont connu les Juifs de Pologne,
Allemagne, France, Hongrie, Transnistrie et Bucovine".
Au lendemain de la Guerre, l'adolescent devient membre
d'une organisation de jeunes sionistes. Cette activité, autorisée
au début par les communistes, le conduit à organiser en 1947
le départ de l'un des sept trains qui vont transporter 15 000
Juifs jusqu'au port de Varna (Bulgarie), où ils embarqueront
dans deux bateaux à destination d'Israël. Mais, à la fin de cette
année, le régime arrête cette émigration légale.
Jeune marié, empêché de rejoindre sa femme
Dan David a alors 18 ans et s'inscrit à l'Institut de Sciences
Economiques de Bucarest, tout en se passionnant pour le
photo-reportage. Il se marie en 1950 avec son amour d'enfance. Sa toute jeune femme, Juive également, réussit à quitter la
Roumanie, avant que la possibilité d'émigrer ne soit définitivement interrompue en 1952. Lui n'obtient pas de visa de sortie malgré ses nombreuses demandes. Elles sont refusées car il
est étudiant, "l'Etat devant récupérer son investissement pour son éducation". Quelques mois plus
tard, sa femme lui enverra une lettre, lui demandant l'autorisation de divorcer pour refaire sa vie.
Alors qu'il travaillait dans une revue comme
photographe, celle-ci envisage en 1958 de l'envoyer en reportage en Allemagne de l'Ouest. Mais
on découvre qu'il a fait partie d'une organisation
juive. Il est convoqué devant toute la rédaction,
traité de "serpent", de traître et mis immédiatement à la porte. Le jeune homme se recasera en
1961 dans une autre revue, publiée en Roumanie, mais destinée à l'étranger et aux pays francophones, "La Roumanie
d'aujourd'hui". Cependant, sa mésaventure lui a ouvert les
portes de l'émigration, ce dont il profite, quittant définitivement son pays en 1962, avec sa mère, deux grands parents, 40
kg de bagages et pas un sou.
Numéro un de la photo d'identité au Japon
Arrivé en Angleterre, Dan David change de voie et entre
dans une petite entreprise de photos d'identité, "Photo Me",
que ses actionnaires, habitués des milieux boursiers ont fait
entrer au Stock Exchange, mais n'ont aucune idée sur la
manière de la développer. Le Roumain les convainc de tenter
de percer sur le marché étranger, emprunte 200 000 dollars à
un cousin vivant en France, contre promesse de le faire entrer
dans le capital, si les affaires marchent, et se lance dans l'aventure. Aujourd'hui, "Photo Me" est présent sur tous les continents, fait partie des 250 premières entreprises cotées à
Londres, a développé la technologie de la photo d'identité,
introduisant notamment la couleur, et est numéro un au Japon,
pourtant considéré comme l'empire très fermé de la photographie, avec 3500 machines installées et un chiffre d'affaires de
8 milliards de yen. Entré au conseil d'administration de "Photo
Me" dès 1968, Dan David en est devenu le PDG en 1992 et est
archi-milliardaire. Sa seconde épouse est décédée. Il s'est
marié une troisième fois, déclarant vivre aujourd'hui très heureux. Et le Roumain de déclarer "vouloir remercier et remettre
une médaille à celui qui l'avait dénoncé à la Securitate quand
il avait été chassé de son journal"…
13
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénement
BOTOSANI
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GALATI
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BUCAREST
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Ariel Sharon
a été marié
à deux Roumaines
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L'ancien Premier ministre israélien
Ariel Sharon a été marié, successivement, à deux Roumaines d'origine
juive. En premières noces, il avait
épousé en 1950 Margolit
Zimmerman, de Brasov, qui avait
émigré avec sa famille, des commerçants, en Israël, en 1949, fuyant
le communisme. Celle-ci était
décédée dans un accident de voitures, en 1962, à l’âge de 32 ans.
Ariel Sharon s'était remarié ensuite
avec sa sœur cadette, Lily, une artiste qui a été le grand amour de sa vie.
U
n Roumain sur deux vit officiellement avec moins de 150 euros par mois,
mais le boom du marché automobile et les queues interminables devant
les caisses des hypermarchés pourrait donner l'illusion du contraire. Avec
quelque 200.000 voitures neuves immatriculées en 2005, les ventes automobiles ont
pour la première fois dépassé les 2,5 milliards d'euros. "2005 a été de loin la meilleure année pour le marché automobile roumain depuis 1990, marquée par une progression record de près de 50% des ventes", se félicite un responsable de l'association des
importateurs de voitures, Mircea Tudor. Pris d'assaut par des dizaines de milliers de
clients, les grands distributeurs font pour leur part état d'une année "exceptionnelle",
où ils ont vu leurs ventes s'envoler de 25% en moyenne.
Des produits de beauté aux chocolats, en
passant par l'électroménager, tout s'arrachait à la
veille des fêtes de fin d'année, contraignant les
employés des grandes surfaces à un difficile slalom parmi les chariots débordant de marchandises pour remplir plusieurs fois par jour les étalages. "Cette explosion de la consommation
intervient après de nombreuses années de privations", explique le sociologue Mircea Kivu.
Selon lui, l'inflation galopante des années 1990,
qui grignotait leurs maigres économies, a
contraint les Roumains de reporter de plusieurs
années l'achat d'une machine à laver ou d'un nouveau réfrigérateur. "Or, la hausse du
salaire moyen, l'accès facile aux crédits et le ralentissement de l'inflation aiguisent de
plus en plus l'appétit --jusqu'ici réprimé-- pour la consommation", estime-t-il.
Les chèques des proches travaillant à l'étranger
Ariel Sharon s’est remarié avec Lili
(notre photo), soeur de Margolit,
décédée dans un accident, en 1962.
Lily avait ainsi respecté la tradition
juive qui veut qu’une fille s’occupe
des enfants de ses frères et soeurs
en cas de décès et s’était installée
dans la maison d’Ariel, l’épousant un
an plus tard. Le couple avait visité
Brasov et sa région en 1988, à la
recherche de familles et parents juifs,
mais ceux-ci avaient presque tous
quitté le pays ou avaient disparu.
Lily Sharon est décédée en mars
2000 et est enterrée dans la ferme de
l'ancien Premier ministre.
En outre, souligne M. Kivu, les statistiques officielles ne prennent pas en compte
les revenus provenant de l'économie informelle et surtout les sommes d'argent
envoyées à leurs familles par les Roumains travaillant à l'étranger et qui se sont
élevées, selon la banque nationale (BNR), à 3 milliards d'euros en 2005.
"Nous estimons qu'environ 1,5 million de Roumains travaillent actuellement en
Italie, en Espagne et en Allemagne. Si chacun d'entre eux envoie à sa famille un
chèque de 300 euros en moyenne pour les fêtes de fin d'année, nous arrivons à un
chiffre total de 450 millions d'euros", indique Petre Dandea, vice-président du Cartel
Alfa, l'une des principales confédérations syndicales du pays.
"Cet argent va entièrement à la consommation. Sinon, avec les seuls salaires,
encore très bas, il serait impossible d'expliquer la fièvre acheteuse qui s'est emparée
du pays", ajoute-t-il. Mais alors que l'essentiel des biens de consommation, notamment l'électroménager, sont importés, cette explosion a entraîné un creusement sans
précédent du déficit commercial, qui risquait de dépasser pour la première fois en
2005 le niveau record de 10 milliards d'euros.
Soucieuse de préserver un équilibre macroéconomique déjà fragile, la BNR a
multiplié ces derniers temps les mesures visant à décourager la consommation, en rendant plus difficile l'accès des particuliers aux crédits. Selon le président de
l'Association des banques de Roumanie Radu Gratian Ghetea toutefois, les prêts à la
consommation et hypothécaire, qui ont atteint 2,4 milliards d'euros en 2005, vont augmenter de 30% l'année prochaine, en dépit des restrictions de la BNR. "Les Roumains
sont tellement avides d'améliorer leurs conditions de vie, que rien ne pourra les empêcher de s'en donner à cœur joie, même si pour cela ils doivent s'endetter lourdement",
prédit-il. Ce qui n'empêchera pas de laisser à plus de la moitié de la population la seule
possibilité de faire du lèche-vitrine, en guise de consommation.
Connaissance et découverte
A 93 ans, l'une des premières femmes pilote
roumaine se rappelle de l'épopée de l'"Escadrille blanche"
Aux commandes de son avion, Mariana Dragescu
a sauvé des centaines de blessés pendant la guerre
La fièvre acheteuse de 2005
SUCEAVA
BAIA MARE
Destins
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ORADEA
Les ventes de voitures et
les emplettes de fin d'année ont explosé
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
T
oute petite, Mariana Dragescu était fascinée par les
avions. Sa première rencontre avec eux n'avait
pourtant rien d'engageant. Elle faisait du lèchevitrine avec sa mère dans le centre de Bucarest quand, tout à
coup, l'aviation militaire allemande faisait son apparition dans
le ciel et bombardait la capitale, obligeant les passants à se
réfugier là où ils le pouvaient. C'était en 1916, pendant la
Première guerre mondiale et la fillette
avait tout juste quatre ans.
Aujourd'hui, à 93 ans accomplis,
héroïne et l'une des toutes premières
pilotes de l'histoire de l'aviation roumaine, Mariana Dragescu se souvient
fort bien des balbutiements de celle-ci.
Suivant ses parents de garnison en garnison à travers le pays - son père était
militaire de carrière - la jeune fille se
passionne pour ces "merveilleuses
machines volantes" et ne manque pas
une occasion d'aller les découvrir.
Faisant preuve d'esprit d'aventure, elle
se rend seule à Bucarest pour assister à
des meetings aériens, des courses de
voitures, et pratique l'équitation.
Quand Mariana apprend l'existence d'une école de pilotage pour civils,
l'une des toutes premières de
Roumanie, créée par le prince Ion Cantacuzino, elle s'y inscrit
sans hésiter et en est la seule fille parmi les sept élèves. Sa
mère, elle-même originale et moderne, la soutiendra dans sa
démarche, provoquant seulement les haussements d'épaule de
son mari. Mariana fait son apprentissage sur les deux avions
ramenés d'Allemagne par le fondateur de l'école, Mircea
Cantacuzino, qui se tuera un peu plus tard.
Rencontre avec Saint-Exupéry
En 1935, à 23 ans, la jeune femme obtient son brevet de
pilote et est engagée, un an plus tard, par l'Aéroclub Royal de
Roumanie. Avec sa solde, elle s'achètera son propre avion, un
Messerschmitt Sport, l'Etat en payant la moitié.
Sa vie a alors basculé du rêve à l'accomplissement.
Mariana Dragescu côtoie les noms les plus célèbres de l'aviation de l'époque, le colonel Brocard, commandant de l'escadrille française de la Grande Guerre, René Foncq, l'as de
l'aviation française, et Antoine de Saint-Exupéry. L'écrivain
est pratiquement au sommet de sa gloire. "Il était grand et
timide" se souvient la Roumaine.
La jeune pilote effectue de nombreux vols, parfois dans
des conditions difficiles, sans visibilité, au cours desquels elle
emmène ses deux amies, Lady Hoar, femme de l'ambassadeur
de Grande-Bretagne à Bucarest, et Smaranda Braescu, aussi
casse-cou qu'elle et qu'on appelle "la reine des hauteurs"
depuis qu'elle est devenue la première femme parachutiste de
Roumanie.
Sur les fronts de l'Est, de l'Ouest et à Stalingrad
Survient alors sa rencontre avec Marina Stirbei, nièce de
l'ancien Premier ministre Barbu
Stirbei, elle-même pilote, qui lui parle
de son idée de créer une escadrille
sanitaire, composée uniquement de
femmes. Alors que les bruits de bottes
se font de plus en plus entendre sur le
Vieux Continent, le projet est approuvé
par le gouvernement et celle-ci voit le
jour en 1938. Marina Stirbei en devient
le pilote n° 1 et Mariana, le n° 2. Dotés
de trois avions peints en blanc et
pilotés par des femmes en combinaison blanche, cette unité va vite être
connue et demeurée dans l'histoire
sous le nom d'"Escadrille blanche".
Les aviatrices ont tout juste le
temps de s'exercer à leur nouvelle mission, transportant des enfants malades,
apprenant à atterrir dans toutes les
conditions et sur n'importe quel terrain, qu'éclate la guerre. Elles font vite leurs preuves et, du
front de l'Est contre les Russes,au front de l'Ouest, à la fin de
la guerre, contre les Allemands, sauveront 1500 blessés.
Pour sa première mission de guerre, Mariana Dragescu,
volant très bas pour échapper à la chasse ennemie, se pose près
d'Odessa, dans une tranchée anti-tank. Quand elle s'extrait de
son cockpit, elle enjambe des cadavres d'espions qui viennent
d'être exécutés et se heurte à des amoncellements d'autres
corps. Elle doit se débrouiller avec les blessés qu'elle doit évacuer vers l'hôpital de Tiraspol, à 25 minutes de vol. Certains
ont des membres arrachés, d'autres sont défigurés. Elle les cale
tant bien que mal contre son siège, les allonge à ses pieds. Et
repart pour une autre rotation. Parfois ses passagers vomissent
sur elle. L'un s'agrippe à son bras, ne la laissant piloter que de
l'autre. Au fil des mois, tout cela devient de la routine.
Surmontant sa fatigue, Mariana Dragescu, est l'une des
trois pilotes qui résisteront au découragement, participant à la
terrible bataille de Stalingrad, avec tous les risques que cela
comportait si elle avait été faite prisonnière par les
Soviétiques. Les vols à effectuer font plus de deux mille
kilomètres. A la chaleur épouvantable du début, succède le
froid terrible de l'hiver russe. L'eau manque, la nourriture, il
n'y a pas de latrines, les infections et les épidémies menacent… Tour cela sous le bruit assourdissant, incessant et
menaçant de la canonnade ennemie.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Traditions
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Mise à l'écart
par les communistes
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Après la guerre, sous le régime
communiste, Mariana Dragescu
obtient un poste d'instructeur de
pilotes à Brasov, puis est brutalement
congédiée en 1957. Elle travaillera
alors comme secrétaire dans une clinique, touchant un salaire très faible.
L'heure de la retraite venue, l'administration ne reconnaîtra pas ses états
de services, ce qui lui aurait permis
de doubler sa pension de misère.
Après la "Révolution", certains
Roumains se rappelleront de la formidable épopée de "l'Escadrille
blanche" et Mariana sortira de l'oubli.
Elle a 78 ans. On la fait lieutenantcolonel de réserve et elle reçoit
l'"Etoile de Roumanie", avec le grade
de chevalier. L'Armée se préoccupe
de son sort, lui fait parvenir à manger
deux fois par semaine, depuis la
popote, et lui procure un médecin
militaire. "Mais je n'en ai pas eu
besoin… je n'ai jamais été malade"
précise-t-elle.
En France, dans les années 80-90,
la pilote roumaine est également
honorée, recevant le diplôme de
reconnaissance des "Vieilles Tiges",
association qui regroupe les pilotes
vétérans français. Dans son ouvrage
Femmes de l'air, chronique d'une
conquête, paru aux éditions FranceEmpire en 1993, Marie-Josèphe de
Beauregard lui consacre un épisode.
Sans-doute le destin de Mariana
Dragescu aurait-il réservé de fabuleuses surprises si, à l'âge de 35 ans,
les communistes n'y avaient mis un
terme. La très vieille dame le regretteelle? "Je suis fière d'être restée féminine dans un univers et un métier
d'homme” se contente-t-elle de
répondre.
Des fromages roumains
au goût de trop peu
S
i les habitudes culinaires des Roumains proposent le fromage à chaque
repas, il est bien difficile de trouver de la variété" remarque notre confrère
"Regard franco-roumain", publié à Bucarest, dans un article signé
Luculus. "Lors de la fête nationale française, le 14 juillet dernier à la résidence de
l'ambassade de France, le Président Iliescu, interviewé sur les fromages français, avait
cité la phrase du Général de Gaulle (NDLR: attribuée aussi à Churchill): "un peuple
ayant plus de trois cents variétés de fromages est ingouvernable". On peut se demander si, à l'inverse, un peuple avec si peu de fromages est gouvernable !
La fabrication des fromages roumains - les ancêtres des Roumains, au
temps des Daces déjà, étaient des agriculteurs et des bergers - exprime une
longue tradition. D'ailleurs le mot "brânza" (fromage) fait partie du fonds lexical
dace qui nous a été transmis, un fonds
très restreint, mais qui donne une idée du
mode de vie des ancêtres des Roumains.
Les bergers, à travers le processus de la
transhumance, jouent un rôle déterminant dans l'unité des trois provinces
roumaines de la Valachie, de la Transylvanie et de la Moldavie. Il s'agit là d'unité de
langue, mais aussi de culture, de traditions, de coutumes. Les recettes de fabrication
des fromages roumains sont gardées précieusement et transmises de père en fils, et
l'on peut ainsi constater qu'elles n'ont pratiquement pas varié au fil des siècles.
Lait de vache, de brebis et de bufflonne
Les fromages roumains sont préparés à partir de lait
de vache, de brebis ou de bufflonne - le buffle est présent
dans plusieurs endroits de la Transylvanie (les régions de
Brasov, de Sibiu, de Salaj). Cette production s'articule
autour de la telemea - le type de fromage le plus répandu
préparé avec de la présure, égoutté et coupé en gros cubes.
La telemea est ensuite salée, conservée dans la saumure et
connaît plusieurs stades de maturation.
- Le fromage frais (branza proaspata) est généralement préparé à partir de lait de vache, c'est pourquoi il est
appelé aussi "branza de vaci" et il n'est pas salé du tout.
- L'urda est un fromage très riche en protéine et pratiquement sans graisse et qui, en dehors de la Roumanie,
n'est plus fabriqué qu'en Corse (style Bruccio) et en Italie
(le "Ricota").
- Le cas est préparé à partir du lait de brebis; c'est un
fromage frais, pas salé ou légèrement salé.
- Le brânza de burduf s'affine dans des outres ou
bien est enrobé dans des écorces de sapin.
- Le cascaval est un fromage dont l'origine du mot indique un rapport très étroit
avec l'histoire. D'origine aroumaine, il est fait de - Cas "fromage" et de caval "cheval"
- parce que ce type de fromage était transporté à dos de cheval à travers les montagnes
par les bergers aroumains (populations qui avec les Megleno-roumains et les
Istroroumains ont constitué des îlots de latinité au sud du Danube et qui sont aujourd'hui dispersées surtout dans les Balkans du sud du Danube). Ce type de fromage est
une pâte cuite, il en existe plusieurs sortes, à partir du lait de vache ou de brebis, frais
ou fumé, de fabrication industrielle ou artisanale au nord de la Valachie ".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
les pauvres ont des profils similaires en Europe
Autre exemple, sur la base d'une comparaison entre deux
pays: "En France et au Royaume-Uni, la dissolution du couple
n'expose pas de la même façon les hommes et les femmes."
Après une séparation, "le risque de pauvreté est du même
ordre de grandeur chez les hommes et les femmes en France,
mais il est plus grand du quart chez les femmes au RoyaumeUni. Pour les femmes seules sans enfant à charge, ce risque est
deux fois plus important".
Les auteurs rappellent que la pauvreté peut se mesurer à
partir de trois critères: pauvreté monétaire, conditions de vie,
mesures "subjectives" (retard dans les factures...). "Les standards des conditions de vie ne sont pas les mêmes d'un pays à
l'autre", soulignent-ils. "L'environnement pollué, bruyant,
vandalisé, est un critère en France, en Espagne et en Pologne,
mais ne figure pas dans la liste établie pour la Russie urbaine
ou la Roumanie." Autre exemple: "Pas de voiture et pas de
téléphone sont des privations seulement pour les pays riches:
France, Espagne, ou Pologne. Elles ne figurent pas en Russie
urbaine ou en Roumanie, pour ne s'en tenir qu'à l'Europe."
La France occupe "une position médiane" en Europe dans
le domaine des inégalités, entre la Grande-Bretagne, l'Espagne
et le Portugal (pays plus inégalitaires) et les pays du Nord
(pays moins inégalitaires). Il laissera cependant sceptique les
habitués de la Roumanie qui constatent que mieux vaut être
pauvre en France que dans ce pays, si l'on compare le niveau
et la diversité des aides sociales accordées, les "pauvres roumains " étant totalement démunis et ne pouvant guère compter
que sur eux-mêmes mais aussi sur une certaine solidarité de
leurs proches, dans une société ayant encore conservé ses
racines rurales..
pour les retraités de Bucarest
Sur les coups de minuit, un groupe
en costumes folkloriques est venu servir
une tsuica fierta (tsuica chaude),
dont les Roumains raffolent en hiver,
puis les convives les plus solides ont
pu effectuer quelques tours de
valses.
Fête populaire
dans le centre de la capitale
Les jeunes de 18 à 35 ans, eux,
avaient leur propre réveillon, toujours organisé par la mairie du 5ème,
au Palais des enfants, et dénommé
"Réveillon Béton 2006". Il leur en
coûtait 50 €, une somme qui le réservait à une classe bien déterminée, illustrant une évolution marquée ces dernières
années, particulièrement à Bucarest : cela
fait chic de se faire voir dans les lieux en
le Nouvel an avec leurs compatriotes se
sont retrouvés Place de la Révolution, où
les jeunes pouvaient assister à une
succession de concerts gratuits des
meilleurs groupes du pays, à l'appel
de radio Pro FM, ou Place de
l'Université, conviés par la mairie
générale de la capitale. Là aussi un
spectacle musical était assuré mais la
vedette de la soirée était assurément
le président Traian Basescu, venu
présenter ses vœux à ses concitoyens.
Contrairement à l'année passée,
“Voisine, je parie que tu ne te rends au moment fatidique, il ne s'est pas
même pas compte si je vais ou si je reviens
de faire mes achats pour le réveillon”. emparé d'une bouteille de chamCaricature de Vali. pagne pour boire au goulot, mais
des menus de réveillon dépassait parfois s'est fait servir élégamment une coupe
les 300 €. Les Bucarestois ordinaires qui qu'il a levée à la santé du public. Un an de
n'avaient pas les moyens, ni même l'idée, formation dans les ors des palais préside s'offrir ces fantaisies et voulaient fêter dentiels laisse des traces…
vogue, les plus recherchés étant les hôtels
et restaurants de Poiana Brasov où le prix
des mineurs conduits devant le juge des enfants de Paris
on doit gagner sa vie
maine qui n'est distante que d'une centaine de kilomètres il
continue ensuite le voyage seul.
L'enquête note aussi que de plus en plus de parents laissent leurs enfants seuls pour partir travailler à l'étranger, ce
phénomène s'étendant à l'ensemble du pays. A 12 ou 13 ans,
ceux-ci se retrouvent devant des responsabilité d'adultes: s'occuper de la maison, des frères et sœurs plus jeunes, assurer les
travaux agricoles, y compris les plus pénibles… Les abandons
scolaires sont devenus, dans ces conditions, largement répandus et les enseignants baissent les bras.
Il a toujours existé à Tara Oasului une tradition de migration, mais elle était jusqu'à présent interne. Elle fournissait la
main d'œuvre saisonnière des mines, des travaux forestiers,
des travaux publics… Tout ce qui pouvait amener un meilleur
salaire. Aujourd'hui, la population émigre, utilisant pour cela
les services des proches se trouvant déjà à l'étranger.
Plus de la moitié des habitants interrogés par la Fondation
connaissaient des enfants, ou avaient un enfant, partis travailler dans l'UE. L'enquête s'est révélée cependant particulièrement difficile à mener, se heurtant à "la loi du silence" d'une
population n'ayant confiance ni dans les autorités, ni dans les
étrangers aux villages. Certains enquêteurs ont été même
chassés et il a fallu avoir recours à des personnes du crû pour
la mener à bien, tout en montrant beaucoup de patience.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Social
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Le marché porteur
de la traduction séduit
près de 10 000 jeunes
10
France ou Roumanie :
En Roumanie, de nombreux
jeunes, ne comptant que sur euxmêmes face à une situation économique difficile, sont hantés par une
obsession: monter leur propre affaire.
Actuellement, une opportunité est à
saisir: la traduction autorisée, un marché très porteur. La demande est en
constante augmentation et l'investissement initial est vite amorti. Deux
points noirs néanmoins: pour l'Etat,
un important manque à gagner
puisque la majorité des établissements ne déclarent pas leur activité et
pour le client, l'obligation de faire le tri
parmi des traducteurs plus ou moins
consciencieux.
D'une année sur l'autre, ce secteur
d'activité enregistre une croissance
de 20 à 30 %. Et le marché n'est pas
prêt de s'essouffler puisque les investisseurs étrangers- donc des futurs
clients - sont de plus en plus nombreux et importants ainsi que la
demande en produits électroménagers pour lesquels la traduction des
modes d'emploi est obligatoire.
Pour un entrepreneur modeste,
l'investissement initial s'élève à environ 1500 € (10 000 F) : quelques
ordinateurs, une imprimante et des
équipements de bureau. Pour les plus
ambitieux, visant déjà les grandes
compagnies étrangères, l'investissement sera plus élevé, autour de
3000 € (20 000 F): dotation des
bureaux, location du lieu de travail,
voitures de fonction, salaires des
employés... Mais le jeu semble en
valoir la chandelle: selon le niveau
des investissements, la somme de
départ s'amortit en un à cinq ans.
es causes de la pauvreté sont les mêmes en France, qu'en Grande-Bretagne,
en Espagne, au Portugal, en Roumanie, en Pologne et en Russie, malgré les
différences historiques, économiques et sociales entre ces sept pays,
indique une étude de l'Insee parue fin décembre.
"Partout, le bas de la hiérarchie socio-économique est composé de familles avec
plusieurs enfants à charge ou de parents isolés, de ménages comportant des personnes
handicapées ou des chômeurs, de foyers dont le chef ayant un emploi est peu qualifié", écrit l'Insee dans "Les approches de la pauvreté à l'épreuve des comparaisons
internationales". Elle prend soin de préciser que "l'extrême dénuement est sans doute
marginal dans l'Europe de 2000".
Si le profil des pauvres est le même, "il n'en va pas de même de leurs modes de
vie" (travail, dépenses, entraide)". "En Roumanie", illustre l'Insee, "l'alimentation est
de loin le premier poste du budget des ménages les plus pauvres et obère toutes les
autres dépenses. En France, au contraire, les ménages les plus pauvres ne consacrent
que "4 % de leur budget en plus" à l'alimentation par rapport à la structure médiane
Réveillon des "pauvres"
M
ettant en avant la fibre
sociale de son parti,
Marian Vanghelie, maire
du 5ème secteur de Bucarest et seul élu
de la capitale à ce niveau du PSD (Parti
Social Démocrate d'Adrian Nastase et
Ion Iliescu) a organisé un réveillon des
"pauvres" à l'occasion du Nouvel an, destiné aux retraités et baptisé "Réveillon des
seniors".
Un millier de places leur étaient
réservées dans les halls de Rom Expo, le
pavillon des expositions, sur les 6500
prévues. Toutefois les bénéficiaires
devaient acquitter 11 €, soit près d'un
quart d'un salaire minimum ou d'une pension des plus démunis, au lieu des 34 €
exigés des autres convives.
Dès la mise en vente des billets, délivrés sur présentation de la carte d'identité, ce fut une véritable bousculade, 3000
personnes se pressant pour essayer d'en
obtenir. Pour beaucoup, cela représentait
un sacrifice mais aussi un moment de
bonheur espéré et devenu rare, où de
vieux messieurs pouvaient danser avec
leur femme sur des airs de musique populaire, comme autrefois.
Beaucoup ouvraient de grands yeux
en découvrant le menu : dindon en gelée,
vol au vent Marshall ("Mais qu'est ce que
c'est que çà?" entendait-on), saumon
fumé, œuf garni aux queues d'écrevisses,
salade Waldorf, roulade diplomate… et
coupe de champagne roumain.
L'ambiance était assurée par des
groupes réputés: le taraf de Clejani, qui
se produit dans le monde entier, l'ensemble "florile Izei" du Maramures, les
Haiducs de Vâlcea, Gheorghe Turda,
Petrica Matu Stoian et le chanteur italien
Zucherro.
Tara Oasului fournit 40 %
A quatorze ans…
D
e plus en plus d'enfants de 14 ans ou moins quittent la Roumanie pour
aller mendier, voler, se prostituer à l'étranger, révèle une enquête menée
par la Fondation Roumaine pour les Enfants, les Communautés et les
Familles, une institution soutenue par l'UNICEF. Et si, plus d'un quart des mineurs qui
arrivent devant le juge des enfants de Paris sont Roumains, 40 % d'entre-eux proviennent de la même région, quatre communes qui forment la Tara Oasului, dans le
Maramures.
Sur place, l'enfant qui arrive à 14 ans est considéré comme un adulte. On attend
qu'il ramène de l'argent, même si cela signifie pour sa famille de le laisser partir. Et le
départ n'est pas difficile: dès cet âge, l'enfant a le droit à un passeport personnel, avec
l'accord de ses parents, le document devant être simplement légalisé devant le notaire. Il suffit ensuite de le faire accompagner par un adulte pour passer la frontière rou-
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Echanges
Connaissance et découverte
Saint-Leu-Izvoru: une amitié qui réchauffe
les cœurs... et amène un dispensaire tout neuf
I
zvoru-Berheciului revit. La commune très démunie,
située en Moldavie, à quelques kilomètres de Bacau,
se sentait bien à l'écart du monde moderne. Comme
ses voisines, avec ses six villages, on n'y trouve guère plus
qu'une population âgée et des enfants, les adultes partant travailler à l'étranger. Pourtant les habitants se réchauffent à
l'amitié que leur procure leur relation avec Saint-Leu la Forêt (Val
d'Oise) dans la région parisienne et
qui se concrétise de façon spectaculaire par l'ouverture cette année
d'un dispensaire tout neuf chargé
de remplacer celui qui existait mais
était en état de délabrement.
Il s'agit de la première maison
rurale construite aux normes
européennes, dans le secteur, avec
eau courante, chauffage central,
double vitrage. D'utilité publique évidente pour la population,
le bâtiment comprend un cabinet médical, un cabinet dentaire,
des salles de soins et un appartement de fonction pour les
médecins. Un "luxe" dont on n'aurait jamais rêvé sur place et
qui change déjà la façon d'y voir la vie.
L'affaire n'a pas été simple à mener. Il a fallu l'opiniâtreté
de l'association "Amitié Roumaine Saint-Leu-Izvoru-Berheciului" et de sa présidente, Raluca Moulinier, de son représentant
sur place, Dinu Apostu, de l'association partenaire hollandaise
Betania et le soutien de la mairie d'Izvoru pour que le projet
aboutisse. Lancés en mai 2004, les travaux aboutissent seulement maintenant, retardés par les intempéries mais aussi par
des raisons locales d'ordre administratif et politique qui, dans
d'autres endroits, ont découragé les bonnes volontés.
L'ouverture du dispensaire a
été précédée, l'été dernier, par celle
d'un point de distribution de produits pharmaceutiques qui faisait
cruellement défaut, installé dans
l'ancien cabinet dentaire. La population a grandement apprécié ce
geste de l'association d'amitié qui
lui a permis d'aborder l'hiver en
étant assurée de disposer d'un minimum de médicaments.
Les relations entre les deux
communes ne se limitent pas toutefois aux seuls aspects humanitaires. Des échanges d'étudiants et d'enseignants ont déjà eu
lieu dans les deux sens, et les écoles primaires et maternelles
d'Izvoru ont reçu des livres et du matériel pédagogique. Enfin,
à Noël dernier, "Amitié Roumaine" a soutenu l'organisation
d'un spectacle folklorique présenté pour les adultes et les
enfants par la troupe d'élèves du collège Cancicov de Bacau.
Une première à Izvoru, qui a réchauffé les cœurs.
Blagues à la roumaine
Humour
Cri du corps
Cornel rentre préoccupé chez lui et
interpelle sa femme :
- Dis donc, j'ai appris que l'administrateur de l'immeuble a couché avec
toutes les femmes de notre bloc sauf
une… Tu es au courant ?
- Oui, oui, chéri, c'est la voisine du
dessous.
Retrouvailles
Un violoniste tsigane est chargé
d'animer une soirée de nouveaux riches
d'après la "Révolution". Au cours de la
fête, un invité le questionne devant toute
l'assemblée:
-Dis moi, Tsigane, tu as joué autrefois aussi pour le Parti
-Eh oui, patron,
-Mauvais mon gars, mauvais…
-Pour la Securitate, aussi ?
-Fallait bien, patron, qu'est-ce que je
pouvais faire ?
-Et pour la nomenklatura ?
-J'étais bien obligé.
Le pauvre musicien rentre chez lui
sous les regards chargés de reproches des
néo-millionnaires et raconte sa mésaventure à sa femme :
-Mais tu ne pouvais pas leur
répondre que tu n'y avais jamais mis les
pieds ?
-Ils ne m'auraient pas cru … Ils y
étaient tous !
Contraception
Adriana explique à sa grand-mère
qu'elle prend la pilule et lui demande :
- De ton temps, vous ne connaissiez
pas çà ?
- Comment ? Bien sûr que si ! On
avait l'aspirine…
- ????
- … Le pope nous disait d'en mettre
une entre les genoux et de les garder bien
serrés.
Mesures sociales
Après avoir lancé son programme
"Laptele si cornul" (du lait et un croissant) destiné à assurer un vrai petit-déjeuner aux élèves des écoles, afin qu'ils travaillent sans avoir le ventre vide, Adrian
Nastase va visiter un asile de fous où les
52 pensionnaires se prennent pour lui.
C'est un choc pour le Premier ministre,
tant leur ressemblance est frappante:
joues roses, double menton, ventre naissant… Mais il se fait traiter tout de suite
d'imposteur par ses doublures et une
mêlée s'engage. Le directeur de l'asile a
du mal à séparer les protagonistes et surtout à reconnaître le vrai Nastase.
Finalement, il se décide, en choisit un et
le ramène à son chauffeur.
Une semaine plus tard, le gouvernement annonce le deuxième volet de ses
mesures sociales, afin de donner de l'énergie aux travailleurs dans leurs entreprises, "Tsuica et cozonac" (Tsuica et
brioche).
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Tourisme
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Cinq principes
pour un véritable
agro-tourisme
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Economie
Les Roumains sont-ils
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Dans les vallées de Bran et Moeciu,
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Maria Stoian, présidente de
l'ANTREC, confie qu'un certain
nombre de pensions ont été exclues
de son association pour ne pas avoir
respecté les réservations ou pour
avoir augmenté leurs prix au moment
où le client se présentait pour prendre
possession de sa chambre. Mais elle
ne se souvient d'aucun exemple de
pension exclue pour ne pas avoir respecté les règles de l'agro-tourisme.
Quelles sont ces règles ? Cinq
principes distinguent le véritable agrotourisme:
1 - le nombre de chambres ne peut
être supérieur à six, et l'architecture
doit être représentative de la région;
2 - la nourriture se veut traditionnelle et 60 % des produits proviendront de la récolte propre de l'établissement;
3 - l'accueil doit être amical et le
touriste traité comme un invité;
4 - on proposera aux hôtes d'assister à des activités spécifiques à l'endroit: travaux des champs, repas des
animaux, travail du bois, mariage,
baptême, danses à la faveur des
fêtes;
5 - l'agrotourisme est d'autant plus
véritable lorsque les pensions sont
peu nombreuses dans une même
région.
L
orsqu'on demande à un étranger ayant séjourné souvent en Roumanie,
quelle est la meilleure façon de s'y loger, la réponse est invariablement:
"chez l'habitant". En effet, les hôtels roumains, sauf de rares exceptions,
peuvent être classés en trois catégories: les uns, bâtis entre les deux guerres mondiales,
imposants de beauté, mais aux équipements vieillots et peu confortables, gérés le plus
souvent par des personnes n'ayant pas vraiment de compétences en matière d'hôtellerie, les autres, construits durant la période communiste, aux immenses salles grandioses et glaciales, tout comme l'accueil qu'on vous y réserve, pratiquant des prix
exorbitants, et puis les nouveaux palaces, gratte-ciels jurant dans le paysage, impersonnels, servant une nourriture aussi universelle que dénuée de goût, plus chers souvent que ceux proposés par l'hôtellerie française.
Chez l'habitant, par contre, les amoureux de la Roumanie ont tous connu des
séjours de rêve où dans une maison campagnarde toute simple, et pas forcément
confortable, leurs hôtes se mettaient en quatre pour leur faire plaisir. Ils y ont fait leur
toilette au robinet de la cour, ou bien dans une baignoire installée récemment mais
dans laquelle on jetait des seaux d'eau chauffés sur le poêle à bois. Ils gardent le souvenir ému de petits déjeuners mémorables et gargantuesques ainsi que ceux de soirées
passées dans le jardin, entourés par les voisins, buvant de la tsuica et mangeant des
pâtisseries faites par la maîtresse de maison. Ils y ont chanté à
tue tête jusqu'au petit matin, des
chansons à boire françaises,
dont les plus âgés de leurs hôtes
connaissaient mieux les paroles
qu'eux-mêmes.
Mais tout évolue très vite
en Roumanie. D'une année à
l'autre les traditions laissent le
pas à une copie, pas toujours
réussie de ce qu'on trouve en
Occident et surtout à ce qui rapporte le plus d'argent. Dans certaines régions, le nombre de pensions dépassent de très
loin la demande. C'est le cas en Bucovine où l'agrotourisme apparaît comme un
Eldorado et où les pensions poussent comme des champignons. Des familles se ruinent pour entreprendre des travaux d'aménagement dans leur maison; il arrive même
qu'on ne puisse plus payer les médicaments lorsqu'on est malade, à cause de l'endettement. Pour attirer l'attention des touristes, on construit au bord même des grandes
routes, sans comprendre qu'ils sont avant tout à la recherche du calme et de l'authenticité. L'agrotourisme devient alors un miroir aux alouettes. Mais peut-on reprocher à
quiconque de chercher à mieux vivre?
Des salles à manger de 60 places
Né, voici plus d'une décennie, l'agrotourisme roumain atteint l'âge de la puberté,
mais il grandit de façon étrange, moitié homme, moitié termopan, ces fenêtres à
double vitrage, réalisées dans des matériaux modernes et isolants, et très à la mode.
La maladie qui le ronge de l'intérieur est due à ses propres initiateurs qui en ont fait
une industrie.
Dans une rue de Moeciu de Sus (Brasov) se bousculent des dizaines de maisons
dans lesquelles se précipitent en fin de semaine les habitants de la capitale, lesquels
en rentrant chez eux, racontent à qui voudra les croire qu'ils ont fait de l'agrotourisme.
Voici la pension "Nicoleta": deux corps de bâtiment, l'un comprenant 7 chambres,
l'autre 14, une énorme terrasse, une salle à manger garnie de tables à dix places Des
ouvriers y travaillent pour agrandir encore cette maison-mamouth.
Actualité
La privatisation de SIDEX Galati:
une affaire… en acier pour son repreneur
Q
consommateurs mondiaux par le biais de son réseau. Les deux
uand, en novembre 2001, SIDEX Galati a été
tiers de sa production sont exportés et le groupe détient 90-95
repris par le géant mondial du secteur de l'acier, le
% des parts du marché roumain.
groupe anglo-indien Mittal Steel, le combinat
Par étapes, qui viennent de s'achever, le personnel a été
sidérurgique perdait un million de dollars par jour. Trois ans
réduit de 30 000 à 18 000 salariés. Les employés
après, il a dégagé un profit de 450 millions de
licenciés ont reçu une prime d'environ 4000 € et
dollars, sur la seule année 2004 et est devenu la
une indemnité mensuelle de 60 € pendant un an
première compagnie privée de Roumanie avec
maximum.
un chiffre d'affaires annuel de 2,1 milliards de
Le groupe, qui est présent dans 14 pays et
dollars, contre 880 millions, lors de sa privatisasur
4
continents, réalisant un chiffre d'affaires de
tion. Dans le même laps de temps, sa production
22
milliards
de dollars en 2004 pour une proest passée de 3,7 millions de tonnes à 5 millions.
duction
de
70
millions de tonnes, a surtout bénéEn état de faillite, le combinat avait été
ficié
d'une
conjoncture
mondiale exceptionnelle,
racheté pour une bouchée de pain - 70 millions
le
prix
de
la
tonne
d'acier
passant de 200 dollars
de dollars - par son nouveau propriétaire, un
la
tonne,
en
2003,
à
600
dollars,
un an plus tard.
anglo-indien, notamment grâce aux pressions de
Cette
situation
pourrait
ne
pas
durer et des
Tony Blair sur le gouvernement Nastase et
analystes
estiment
que
Mittal
Steel
pourrait
quelques sombres arrangements, incluant, selon
Le puissant patron
Lakshmi Mittal. mettre la clé sous la porte à Galati, si le groupe
la presse britannique, pots de vins et versements
n'y dégageait plus de bénéfices, la privatisation ayant été faite
aux fonds électoraux du Labour Party… provoquant le dépit
sans qu'aucun garde-fou n'ait été prévu.
du français Usinor, qui a vu l'affaire lui passer sous le nez.
Le groupe anglo-indien détient aussi des combinés à Iasi,
Le repreneur s'était engagé à investir 350 millions de dolRoman et Hunedoara et vient d'acquérir le combinat bulgare
lars pour le moderniser, ce qu'il n'a pas fait de façon significade Kremikovtzi. Il a également porté de 11 à 89 % sa particitive jusqu'ici, redressant les comptes par une meilleure gestion.
pation dans Romportmet, l'opérateur du port de Galati, dont il
Ainsi les intermédiaires ont été supprimés, Mittal Steel se
était le principal client.
chargeant lui-même de vendre son acier auprès des grands
L
es Roumains aiment les
glaces. La profession a établi
le profil de ses amateurs et
leurs goûts. Bien sûr, les enfants de moins
de seize ans arrivent en tête, mais sont
suivis par les personnes âgées et celles
appartenant à des familles ayant des
petits revenus ou moyens, les glaces étant
un produit peu coûteux.
En tête des préférences des Roumain
vient la glace au chocolat, et particulièrement en Moldavie; suivent les glaces à la
vanille et au cappuccino, notamment
appréciées par les Bucarestois. Les
Transylvains aiment les produits plus
sophistiqués: glaces aux fruits des bois,
Les Roumains friands de glaces au chocolat
aux griottes…Pour les fabricants, la
meilleur saison se situe au printemps et
en automne. En effet, l'été ils sont obligés
de restreindre leuractivité, beaucoup de
détaillants n'étant pas suffisamment
équipés pour conserver leur stock à l'abri
de la chaleur.
Plus de soixante firmes se partagent
le marché, certaines ayant de petites
capacités de production, de l'ordre de 3
tonnes quotidiennement, d'autres pouvant
dépasser les 50 tonnes. Le numéro un est
Nestlé Roumanie, suivi d'European Food.
La marge de développement des fabricants est encore grande, les professionnels estimant que le marché ne devrait
arriver à saturation que dans un an ou
deux.
La Roumanie a exporté 800 tonnes
de glace pour une valeur de 1,5 M€
(10 MF), l'an passé, en premier lieu vers
la Hongrie (600 tonnes), et aussi vers la
République Tchèque, la Slovaquie,
l'Ukraine, la Moldova, la Bulgarie et la
Croatie.
En sens inverse, elle en a importé
270 tonnes, pour un coût de 550 000 €
(3,6 MF), principalement en provenance
de Turquie, qui pratique des prix défiant
toute concurrence, faisant crier au "dumping" les firmes roumaines, mais également de France (32 tonnes).
Premiers bénéfices pour Renault-Dacia
A
près cinq exercices déficitaires, Renault-Dacia a
enregistré ses premiers bénéfices en 2005, grâce à
l'explosion des ventes (+ 85 %), due au phénomène
de la Logan.
Le constructeur a même dépassé son objectif qui était d'atteindre un chiffre d'affaires de un milliards d'euros, réalisant 1,1
milliards, soit cinq fois plus qu'en 1999, année de sa reprise par
Renault, lequel a apporté depuis 650 M€ d'investissements.
La firme de Pitesti entre ainsi dans le club très fermé des
quatre sociétés réalisant un chiffre d'affaires annuel en
Roumanie supérieur à un milliard d'euros (dans l'ordre, Petrom,
Sidex, Petromioda et Métro). Elles n'étaient que deux en 2003
(Petrom et Sidex), mais pourraient bientôt être rejointes par un
sixième larron, RomTelecom (800 M€ de CA en 2004).
9
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Economie
z
z
z
z
ORADEA ZALAU
z
z
ARAD
DEVA
z
BAIA MARE
SATU MARE
SUCEAVA
z
BISTRITA
TARGU MURES IASI
z
z
SIBIU
TIMISOARA
z
z
SF. GHEORGHE
BRASOV
PITESTI
CRAIOVA
BRAILA
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
La BCR attribuée
à une banque
autrichienne
8
Les investissements étrangers
ont baissé de 20 % en 2005
z
z
z
Plus grosse privatisation restant à
effectuer, la BCR (Banque Commerciale Roumaine), plus grande banque
du pays, a été cédée à la banque
autrichienne Erste Bank, qui en a pris
le contrôle majoritaire pour la somme
de 3,75 milliards d'euros. Jusqu'ici la
BCR était détenue par l'Etat roumain
(37 % des parts), la BERD (Banque
Européenne pour la Reconstruction
et le Développement) et l'IFC (filiale
de la Banque Mondiale) étant ses
deux autres grands actionnaires.
Les chemins de fer
ont perdu 10 %
de leurs passagers
Année noir pour la CFR (Chemin
de Fer Roumains) qui comptait
atteindre les 100 millions de passagers en 2005. La compagnie a du se
contenter de 90 millions, soit 10 %
en moins sur les prévisions. Raisons
invoquées: les vingt jours de grève
qu'elle a connues et les inondations
qui ont fortement perturbé le trafic au
cours du printemps et de l'été.
60 milliards d'euros
pour le développement
entre 2007 et 2013
Le Plan National de Développement (PND) pour la période 20072013, a été estimé à près de 60 milliards d'euros, dont 43 % seront
financés par l'UE. Il devrait permettre
de réduire de 10 % l'écart enregistré
entre le PIB roumain et celui de la
moyenne des 25 états membres de
l'UE, le premier ne représentant
actuellement que 31 % du second.
De grosses opportunités d'installation
ont été gâchées, relevant nombre de
carences, administratives et humaines
L
'Agence Roumaine pour les Investissements Etrangers (ARIS) estime
ceux-ci entre 3,2 et 3,8 milliards d'euros en 2005, soit une baisse de 20 %
et un manque à gagner de 800 M€ par rapport à 2004. Plusieurs "couacs"
ont illustré les carences roumaines dans ce domaine tout au long de l'année passé, que
l'on peut résumer à des réglementations inadaptées, un manque de terrains et de zones
viabilisés, et des comportements manquant de réactivité. L'exemple le plus frappant,
qui a conduit à une enquête demandée par le Premier ministre, concerne l'implantation
ratée à Cluj de la firme française Montupet, spécialisé dans les composants automobiles, qui prévoyait un investissement de 120 M€. Après avoir été lanternée pendant
cinq mois par le Conseil du Judet (équivalent du Conseil général) pour l'acquisition
d'un terrain, que celui-ci ait mégoté les avantages octroyés pour l'installation de la
société et fait tarder ses propositions, cette dernière a finalement choisi de s'installer à
Ruse, sur les bords du Danube… mais côté bulgare.
Autre "loupé" avec le constructeur de camions allemand MAN, prêt à investir
40 M€, à la recherche désespérée d'un terrain équipé de 150 hectares que personne n'a
pu lui proposer en Roumanie, sauf Arad… où le problème s'est révélé autre: la firme
voulait être sûre de pouvoir engager 3000 personnes, ce que ne pouvait lui garantir les
autorités, invoquant le taux de chômage bas de la région. MAN a finalement pris le
chemin de la Pologne.
Le fabricant d'électroménager français Elcobrandts a également choisi ce pays qui
faisait des propositions supérieures à celles de Bucarest pour l'installation d'une usine
initialement pressentie à Dragomiresti, dans la banlieue de la capitale.
L'investissement prévu était de 23 M€, devait aboutir à la création de 800 emplois et
à la production annuelle de 350 000 machines à laver.
Quand au polonais Barlinek, désireux d'ouvrir en Roumanie une grosse unité de
fabrication de parquet stratifié, son projet se trouve dans l'impasse, Romsilva (organisme chargé de gérer la production de bois roumaine) tardant à lui apporter des assurances sur la fourniture pendant dix ans des 160 000 m3 dont il aura besoin annuellement. Avec ses seuls quatre contrats qui lui passent, ou risquent de lui passer, sous le
nez, la Roumanie a perdu près de 250 M€ d'investissements.
Profits à pas de géant pour l'éleveur… d'escargots
F
rancisc Lascu, 40 ans, avait teurs italiens - Italiens, Espagnols et
décidé d'ouvrir une ferme bien Français sont les principaux consommaque ne
teurs d'escargots
connaissant rien à
du continent - qui
l'agriculture. Cet
lui ont fourni
ingénieur de la
équipement,
région de Craiova
conseils et surtout
(Dolj) a donc cherdébouchés. Franché une spécialité
cis Lascu a acquis
peu développée en
six hectares de
Roumanie
et,
terrain près de
après avoir lonUne ferme d’élevage d’escargots: Craiova qui lui
une pratique jusqu’ici inconnue en Roumanie.
guement consulté
permettent
de
Internet et s'y être documenté, a opté pour récolter dix tonnes à l'hectare (15-20
l'élevage d'escargots, pratiquement escargots au mètre carré), vendus 4,2 €
inconnu en Roumanie. Le Doljean a réus- le kilo en Italie. Son profit net a été ainsi
si à entrer en contact avec des produc- de 40 % dès la première année, en 2004.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
300 pensions, certaines gigantesques, ont poussé comme des champignons
en train de tuer l'agrotourisme ?
Malheureusement, l'agrotourisme tend à devenir une vériL'hôtesse, Nicoleta Preda, est dans sa cuisine. Une femme
table
industrie. Un de ses hauts lieux se trouve dans la région
entre deux âges, ne quittant pas des yeux les ouvriers qui terminent une deuxième salle à manger de 60 places, dans laquelde Bran et de Moeciu, deux communes se trouvant à une trenle les touristes fêteront le Réveillon de fin d'année. Par comtaine de kilomètres de Brasov. Des citadins prospères y ont
paraison, la salle actuelle avec ses 35 places ressemble à la
construit des grappes de maisons de quatre étages, le paradis,
petite cantine d'une entreprise d'état.
selon eux, d'une fin de semaine réussie à la montagne.
Ancienne cantinière de l'armée, Nicoleta Preda a comQuelque 10.000 touristes y viennent par mois attirés par
mencé en investissant l'argent qu'un atelier de mécanique avait
l'air pur de la montagne et les promesses des agences de tourapporté à son mari. Elle disporisme. C'est ici qu'est né en 1994
sait alors de trois chambres. La
l'ANTREC (Agence Nationale
décoration révèle ses goûts, elle
de Tourisme Rural, Ecologique
qui avait rêvé toute sa vie d'habiet Culturel), la plus importante
ter en ville: des termopans, bien
entité juridique de promotion du
sûr, des teintures en plastique
tourisme rural roumain.
orange, des carreaux en faïence
Durant ces dernières années
partout, de la moquette couvrant
Moeciu a vu se construire 500
le sol, des tableaux de champs de
maisons de vacances et Bran
foire. Dans presque toutes les
quelque 200. S'y ajoutent 200
maisons de Moeciu de Sus, les
pensions à Moeciu et une centaimêmes draperies, toujours en
ne à Bran. Des maisons giganplastique orange montent la
tesques, de plus de 15 chambres,
garde devant les termopans, aux
baptisées "pensions agro-touriscôtés des chaises en inox, aux
tiques". Il existe aussi, heureuA Moeciu de Sus, près de Brasov, la Pensiunea Nicoleta,
dossiers en imitation de fourrure.
avec ses 21 chambres et sa cantine de 60 places, sement, des pensions de 4 à 5
est le contre-exemple du véritable agro-tourisme. chambres, dans lesquelles on
Quant à la cuisine normalement
élaborée avec les produits de la ferme, Nicoleta avoue: "Selon
retrouve le véritable agrotourisme. Toutes les maisons en cours
le nombre de personnes qui arrivent, je cours des fois jusqu'à"
de construction incarnent par leur taille, la négation même du
METRO "pour acheter un poulet". Mais elle jure qu'elle a le
principe d'intimité. La Pension Maria Clinciu, 18 chambres, la
temps de s'occuper de tous les touristes, même lorsque la maiPension Ioana Monte Carlo, 20 chambres, la Pension
Luminita, 24 chambres, se disent toutes "d'agrotourisme".
son est pleine. "Nous faisons de l'agrotourisme ici… Quoi
d'autre?", dit-elle, visiblement dérangée par la question.
Hôte et non client
L'agrotourisme est la branche la plus noble du tourisme
rural. Du tourisme rural, c'est aussi ce que fait n'importe que
hôtel, par le simple fait d'être situé à la campagne. A Moeciu,
le Complexe "Cheile Dimboviciorei" (les Gorges de la rivière
Dambovicioara) sont une copie réussie d'une bâtisse bavaroise, comprenant des dizaines de chambres, mais personne ici
n'a la prétention de faire de l'agrotourisme.
L'agrotourisme se pratique dans une maison de tout au
plus six chambres. Quatre aspects en font la différence avec
toute autre forme de tourisme. Il doit s'agir d'une habitation
rurale; on y sert les aliments provenant de sa propre production; on propose aux invités des activités telles que traire la
vache ou faire les foins, car de cette façon, les relations d'amitié naissent facilement entre l'hôte et ses invités à la différence
de celles d'un hôtelier avec ses clients. Le degré de confort se
compte en marguerites et non pas en étoiles comme dans les
hôtels.
On retrouve ces particularités dans le Manuel de gestion
d'agrotourisme de Maria Stoian, responsable de l'ANTREC,
qui devrait faire du touriste un hôte et non pas un client.
Sauna et jacuzzi… mais même pas un œuf dur
La Villa Bucegi, à laquelle l'ancien ministre du Tourisme,
Agathon, avait accordé cinq marguerites, est une bâtisse sévère, arborant les mêmes draperies, des fenêtres termopan et
beaucoup d'inox pour la décoration. Baptisée "villa" afin de
pouvoir dépasser le nombre de chambres autorisé pour une
pension, elle s'est intitulée "pension agro-touristique" alors
qu'on n'y trouve rien à manger, pas même un œuf dur. Par
contre elle est équipée d'un sauna et d'un jacuzzi.
A Bran, près d'un supermarché, de nombreuses indications
encouragent le touriste à faire halte à "Stâna traditionala" (la
Bergerie traditionnelles), un complexe de villas portant le nom
de la commune. Il comprend quatre bâtisses de 9 chambres
chacune - le maximum autorisé par la loi confie une fonctionnaire installée derrière un bureau surmonté de l'écriteau
"Réception" - un restaurant de 40 places, aux pieds d'une colline, et plus haut, une autre auberge proposant 75 places.
En y accédant, on peut caresser, à travers les mailles d'un
grillage, un cerf, une biche et un poney, qui donnent à l'endroit
une touche "nature". Si on souhaite prendre en photo le berger
trayant ses moutons, il faudra faire partie d'un groupe constitué, et avoir téléphoné au préalable.
(Lire page suivante)
45
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Une loi permissive qui permettait
d'être dispensé d'impôts pendant dix ans
z
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ORADEA
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CLUJ
TURDA
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BACAU
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SÂMBATA DE SUS
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TIMISOARA
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BRAILA
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TULCEA
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„
BUCAREST
CONSTANTA
z
L'ANTREC :
3600 membres
46
L'ANTREC compte 3.600
membres. Chaque propriétaire de
pension paie une cotisation de 20 €
par année pour chacune de ses
chambres. Avec une moyenne de six
chambres, cela fait 120 € pour
l'année. Si on multiplie ce chiffre par
3.600, on obtient 432.000 € par an.
Ajoutons pour chaque pension, 10 €,
pour la parution de son adresse dans
le guide ANTREC et 18 € pour
l'abonnement à la revue "La vie à la
campagne" éditée à 5.0000 exemplaires. Il ne faut pas oublier la contre
valeur, toujours variable, des cours de
gestion d'agro-tourisme dispensés par
des employés d'ANTREC sans lesquels on ne peut pas ouvrir une pension… Et on obtient là le portrait
financier à peine esquissé
d'ANTREC, association "ne devant
pas faire de bénéfices", dans son rôle
d'arbitre devant veiller au respect des
normes définies. Un arbitre qui
encaisse des sommes énormes, non
pas dues aux prestations dispensées
à ses membres, mais à leur nombre.
Plus encore, le rôle d'arbitre se
confond avec celui de juge, à travers
la société de tourisme "Bran Imex",
dirigée par la présidente même
d'ANTREC, Maria Stoian. Si
l'ANTREC respectait les véritables
critères de l'agrotourisme, le nombre
de cotisants diminuerait sérieusement. En outre, il est reproché à cette
association de ne promouvoir véritablement que la région de BranMoeciu. Lorsque viennent des journalistes, il faut passer par là absolument. "Pourquoi ce déséquilibre énorme au niveau de la promotion avec
tout le reste du pays?" se demandent
les professionnels.
Personne ne s'élève contre cette interprétation "industrielle" de l'agrotourisme.
Mais qui devrait veiller au respect de sa frontière avec toute autre forme de tourisme?
Il existe des commissions dispensant les autorisations, dont font partie les représentants de l'Autorité Nationale pour le Tourisme (anciennement Ministère du Tourisme),
l'un représentant la mairie, l'autre l'ANTREC, la seule association touristique autorisée. En théorie, une pension est contrôlée tous les trois ans, mais jusqu'à maintenant
on n'a jamais vu un établissement disqualifié pour non respect des normes.
La dernière loi adoptée en 2002, sur proposition de l'ANTREC, est extrêmement
permissive, précisant par exemple que seuls 20 % des aliments servis doivent provenir de la production propre à l'établissement. Ainsi, n'importe quel motel pouvait, jusqu'il y a quelques mois, s'intituler "agro-touristique" et par là être dispensé d'impôts
sur le bénéfice durant 10 ans.
Pour quelle raison l'ANTREC, qui se dit "association ne faisant pas de bénéfices"
ne tient-elle pas à créer et à respecter les normes propres à l'agrotourisme, alors que
l'une de ses fonctions est de "contrôler la qualité des produits standards"? Tout simplement, parce que, selon les observateurs, son rôle officiel d'arbitre neutre, n'est qu'un
prétexte permettant de réaliser des affaires juteuses.
A Sibiu, on redonne son sens au tourisme à la campagne
Heureusement, pour le tourisme roumain, cette interprétation de l'agrotourisme
n'est pas générale, et certains s'en inspirent pour justement ne pas tomber dans les
mêmes pièges. C'est le cas de la ville de Sibiu, ou est née une association régionale de
tourisme, comptant 47 pensions membres, portant le nom "d'Association de Tourisme
Rural de Transylvanie" (ATRT). De la même
façon que d'autres associations existant en
Bucovine, Maramures ou Apuseni, l'ATRT essaie
d'imposer à ses membres des normes plus sévères
que celles de sa rivale. Le nombre maximum de
chambres est de 6. "Notre chance est justement le
fait que nous nous soyons développés plus lentement" dit Dumitru Campean, professeur d'histoire et propriétaire d'une pension de 4 chambres à
Gura Riului. (La Source du Ruisseau). "Ceci nous
permet de tirer les leçons des erreurs de ceux qui
ont converti l'agrotourisme en industrie".
Dumitru et son épouse Chivuta, ont modifié
la maison héritée de leurs parents, afin de lui
donner un aspect plus typique. "Ma mère regrette
que nous ayons remis des poutres et des poêles en
L’agro-tourisme, au contact
avec la vie rurale traditionnelle, terre cuite, comme en 1900" se rappelle Chivuta.
est très apprécié des Occidentaux. Pour les repas elle prépare de la sauce aigre de
veau, du rôti à la sauce de groseilles, de la topsa (mamaliga ou polenta) aux œufs et
à la crème, et fabrique son propre cascaval (fromage). Son concurrent le plus proche
se trouve à l'autre extrémité de Marginea Sibiului, dans la Vallée d'Argent de la rivière Cisnadioara; c'est la Pension Salistean. Bebe Salistean, un médecin vétérinaire, gère
cet établissement de 4 chambres. On trouve dans la cour de sa ferme tout ce qui peut
être rôti dans un four, et sa cuisine sent bon la sarriette. Il possède des chiens de traîneau, des cochons, de jeunes veaux qu'on peut caresser. Il vient même d'acheter un
âne, non pas qu'il en ait besoin, mais parce que ça fait bien dans le paysage.
Ces entrepreneurs roumains ont compris que les touristes viennent chercher justement ce qu'ils trouvent difficilement dans leurs pays: le respect des traditions, un
contact véritable avec la nature, une façon de vivre indifférente aux avancées de la
technique et surtout la chaleur de relations sincères entre les êtres, la soif de connaître
l'autre et l'envie de lui donner le meilleur de soi-même.
Actualité
La Roumanie compte dix sept aéroports
mais seuls quatre d'entre eux ont un avenir assuré
Economie
L'ombre du marché unique aérien se profile
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
z
SIBIU
z
SIGHET
BAIA MARE
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
L
'entrée de la Roumanie dans l'UE devrait ouvrir de
bonnes perspectives aux aéroports roumains, sous
réserve que des campagnes promotionnelles pour
attirer les compagnies aériennes soient menées par les acteurs
concernés" estime Alina Oana dans la lettre de la Mission économique française de Bucarest. "Les administrations des aéroports sont conscientes des opportunités qui apparaîtront à partir de 2007 lorsque les compagnies aériennes de l'UE pourront
voler sans restrictions à l'intérieur de l'espace aérien du marché
unique. Néanmoins, faute de financement ou d'implication de
la part des Conseils départementaux qui gèrent 13 des 17 aéroports du pays, seuls quelques uns auront des chances réelles
d'attirer du nouveau trafic, voire de survivre".
Myair, Blue Air, Alpi Eagles. Les besoins en investissements
de cet aéroport sont de 25 M€ pour la réhabilitation complète
de la piste".
Timisoara, second aéroport du pays
"Seuls Otopeni et Baneasa arrivent à financer leurs
dépenses d'entretien par les bénéfices d'exploitation. La plupart des autres aéroports du pays se trouvent dans une situation
contradictoire: d'une part, ils ne peuvent attirer les compagnies
aériennes à cause d'infrastructures obsolètes, d'autre part les
moyens pour investir manquent, les sommes allouées par les
Conseils départementaux étant insuffisantes.
L'aéroport de Timisoara est le deuxième aéroport du pays
en terme de trafic de passagers. La proximité de la frontière
Vers les trois millions de passagers
hongroise et le grand nombre d'investisseurs étrangers ont fait
annuels pour Otopeni-Coanda
de Bucarest-Timisoara la ligne domestique la plus rentable,
"L'avenir semble bien assuré pour les quatre principaux
opérée par Tarom (la compagnie aérienne nationale).
aéroports du pays disposant d'un emplacement stratégique et
L'investissement de 2 M€ réalisé au cours des deux dernières
dépendant du Ministère des Transport - Otopeni-Coanda et
années a généré une augmentation du trafic de 12%.
Baneasa (Bucarest), Constanta et
A l'opposé, se situe l'aéroTimisoara -, qui ont déjà réalisé
port de Suceava, dont le trafic a
connu une baisse importante.
d'importants investissements de
Depuis le mois de mars il commodernisation.
mence à fonctionner en régime
L'aéroport Otopeni-Coanda
d'aéroport international en
a bénéficié dans les dix dernières
misant sur les 300 000 personnes
années de 265 M€ d'investissede la région qui travaillent à l'éments pour l'agrandissement de
tranger.
sa capacité et de la surface de son
L'aéroport de Tulcea présenterminal passager, un financete
des
perspectives importantes
ment complémentaire de 86 M€
grâce
à
la proximité du Delta du
étant destiné à la modernisation
Danube.
Des investissements
des installations jusqu'en 2008.
L’aéroport international Otopeni
de Bucarest, après sa modernisation.
d'environ
2 M€ y ont été réaCes investissements qui, pour
moitié, proviennent de ses ressources propres, commencent à
lisés, les lignes vers Bucarest, Timisoara, Târgu-Mures,
porter leurs fruits: l'année passée le trafic d'Otopeni-Coanda a
Suceava et Iasi seront réactivées.
augmenté de 13%, soit 2,6 millions de passagers, un chiffre
Une solution pour le financement des aéroports serait la
record. Pour 2005, les estimations de progression se situent au
privatisation, schéma qui est pris en compte actuellement pour
même niveau et la barre des trois millions pourrait être approl'aéroport de Târgu-Mures, au centre du pays. La future autochée.
route Transilvania (Bucarest-Brasov-Cluj-Oradea) et la
La hausse la plus spectaculaire a été enregistrée par le
construction d'un parc industriel à coté de l'aéroport de Târgu2ème aéroport de la capitale, Baneasa (lignes intérieures du
Mures sont des prémices qui devraient assurer son avenir,
pays), le trafic ayant quintuplé par rapport à 2002, suite prinespèrent les autorités locales qui estiment les investissements
cipalement à l'entrée sur le marché des compagnies low-cost
nécessaires à sa modernisation à 16 M€ environ".
Un nouvel hôtel Ibis à Bucarest
L
e groupe français Accord et
les Hôtels Continental ont
ouvert, fin septembre, le 3ème
hôtel Ibis de Roumanie et le second de
Bucarest, après celui situé près de la Gare
du Nord. L'Ibis Bucuresti Parlement se
trouve à proximité du Palais de Ceausescu, devenu siège du Parlement roumain, dans le centre de la capitale. Classé
trois étoiles, il dispose de 161 chambres,
tout confort, d'un restaurant de spécialités
méditerranéennes, d'un bar ouvert en per-
manence, et de six salles de conférences
d'une capacité maximum de 140 places.
Managé par le groupe Accord, cet ancien
hôtel Continental a été rénové pour
8,5 M€. Les tarifs des chambres sont de
74 € en semaine et de 54 €, le week-end.
7
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Pêcheurs et paysans de la réserve
transformés en nouveaux serfs
Politique
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Tourisme
SUCEAVA
z
z
ORADEA
ARAD
z
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CLUJ
z
z
SIBIU
TIMISOARA
PIATRA
NEAMT
z
BACAU
BRASOV
z
BRAILA
z
z
z
CHISINAU
z
PLOIESTI
CRAIOVA
z
IASI
TARGU
MURES
z
Main basse sur le Delta
z
BAIA MARE
z
z
z
BUZAU
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Le roi Michel rappelé
à ses engagements
Les villageois de Birchis (Arad)
espèrent que le roi Michel va renouveler son engagement… pris voici six
décennies lorsque, en 1945, achetant
2630 hectares de terrains à la comtesse Ecaterina Teleki, il leur en avait
attribué 290 pour que les habitants
ne restent pas sans forêt communale.
6
Ces terres avaient été confisquées
par les communistes et le Roi devrait
les récupérer. Il revendique la restitution de 7252 ha de forêts dans le
judet d'Arad, dont 4622 autour de sa
propriété de Savarsin, qu'il a déjà
récupérée, le reste se trouvant à
Birchis.
L
e président Iliescu savait, mais n'a pas bougé. C'est la conclusion de son
ancien conseiller Dan Moraru qui avait rédigé en mars 2003 un rapport
explosif dans lequel il exposait le mécanisme mis au point par le gouvernement Nastase, son ministre de l'environnement, Petru Lificiu et le gouverneur du
Delta de l'époque, Virgil Munteanu, afin de permettre à des proches de faire main
basse sur la plus grande réserve biologique régénérable d'Europe, inscrite au
Patrimoine mondial de l'UNESCO, et appelée à un avenir touristique considérable.
D'après le projet, le
Delta était menacé
d'être transformé en
système de concessions de plusieurs
milliers d'hectares,
dont certains en
zone protégée, d'une
durée de 50ans, donnant ainsi toute latitude d'exploitation à
leurs bénéficiaires.
Dan Moraru réclamait l'intervention
présidentielle pour
empêcher la naissance d'un état dans l'Etat, mais Ion Iliescu n'avait rien fait.
L'opération a été menée à bien, cinq mois plus tard, dans des conditions illégales
et immorales et de manière coercitive. Les autorités l'ont justifiée hypocritement en
mettant en cause "le surbraconnage auquel se livraient les pêcheurs", contrevenant
aux recommandations environnementales de l'UNESCO.
L'adjudication des concessions s'est faite en dehors de toutes règles, décidée parfois quelques heures avant, empêchant ainsi pêcheurs et paysans de postuler. Cela
n'avait d'ailleurs guère d'importance, puisque les lots avaient été attribués tacitement
auparavant à des proches du pouvoir, parmi lesquels Alexandru Bitner, dont on retrouve le nom lié aux affaires concernant Adrian Nastase, Ion Tiriac, le prince Sturdza et
le député PSD local, Dan Verbina, devenu un véritable boyard dans son fief.
Le leu sort
renforcé de 2005
Signal d’alarme tiré en vain
Le nouveau leu - équivalent à 10
000 anciens lei - adopté le 1er juillet
dernier, est aussi une monnaie plus
forte. Tout au long de 2005, il s'est
raffermi, après avoir atteint son
niveau le plus bas en février (1 € =
42 000 lei), pour se stabiliser aux
environs de 36 500 lei pour un euro,
à la fin de l'année et avoir fait descendre la monnaie européenne à
près de 34 000 lei, à l'automne. Le
leu s'est donc renchéri de 10 %, et,
en fait, de près de 20 %, si on tient
compte de l'inflation (+ 8,5 %). Son
gain est quasiment équivalent face
au dollar (moyenne 2005 : un dollar
= 29 500 lei).
Dans son rapport, Dan Moraru citait tous ces noms mais aussi s'alarmait des graves
conséquences à venir qui, malheureusement, se sont presque toutes réalisées: la perte
de confiance de la population locale dans les autorités et les institutions de l'Etat de
Droit; l'instauration d'un sentiment de peur, d'insécurité et d'injustice parmi les gens
simples. De fait, les pêcheurs ne peuvent plus tendre leurs filets où bon leur semble,
comme autrefois, mais dépendent des autorisation des concessionnaires auxquels ils
doivent vendre les produits de leur pêche, dont les prix ont été depuis divisés par deux.
Il en est de même pour les paysans. Le retour à une société féodale où la population
est transformée en serfs, tremblant devant leurs maîtres… ce qui est devenu une réalité ("Les Nouvelles de Roumanie" n° 29, supplément Delta du Danube). Le rapporteur dénonce également le risque de détérioration du sentiment national et de perte
d'audience du PSD auprès d'un électorat local tenté de se tourner vers des partis extrémistes (ce dernier point ne s'est pas vérifié lors des dernières élections).
Il est à noter que le représentant permanent de l'UE à Bucarest, Jonathan Scheele,
qui suivait de près le problème avait été constamment désinformé par le ministre Petru
Lificiu, lequel l'avait assuré que seulement 3 % de la population locale était hostile au
projet, alors que ce pourcentage était déjà de 50 %.
Connaissance et découverte
Sâmbata de Sus, au pied des superbes
monts Fagaras, parmi les éleveurs de buffles
I
Breaza, à 8 km au Nord-Est, abrite les ruines d'une fortedéalement situé au pied des Monts Fagaras, le village
resse
du 13ème siècle. Les murs d'une fortification dace y
de Sâmbata de Sus, proche du plus grand axe de
furent
découverts sous les fondations.
Transylvanie, mais loin de son bruit, est intéressant
pour les amateurs de tranquillité, de sports de montagne
Les Fagaras, à pied,
et aussi de sports équestres. Ses
en charrette ou en 4 x 4
habitants sont essentiellement
agriculteurs, arboriculteurs ou
C'est précisément à Breaza
éleveurs de buffles entre
que s'organisent des dizaines
autres.
d'excursions dans les Monts
Sâmbata de sus fait partie
Fagaras. En 4x4, charrette ou à
de la commune de Voïla, dans
pied, vous pouvez découvrir
laquelle plusieurs des villages
des paysages grandioses: les
ont des particularités intéreschutes et le lac glaciaire de
santes, et est située sur l'axe
Bâlea, la vallée du lac artificiel
Brasov-Sibiu (E 68), 12 km
de Vidraru, que l'on atteint par
après Fagaras; à Sâmbata de
la route N7C appelée la
Jos prendre à gauche, Sâmbata
Le magnifique monastère Brancoveanu a été construit en 1700 et Transfagaras, en véhicule norson musée possède une collection rare d’icônes en verre et sur bois.
de Sus est à 6 km.
mal, mais seulement en été car
en hiver, elle est fermée.
Des cabanes permettent de passer des nuits près du ciel en
Recueillement au monastère Brancoveanu et
compagnie des bergers. Le camping sauvage, la natation, la
fiers Lippizans de l'école d'équitation de Vienne
plongée, le parapente, tout est possible avec votre matériel,
tant que vous respectez la nature.
Sâmbata de sus (sus = en haut) est très connue en
Pour les plus aguerris, et en prenant la précation d’avoir
Roumanie grâce au monastère Brâncoveanu. Monastère de
recours
à des guides expérimentés, vous pouvez escalader les
moines, celui-ci est situé à 5 minutes de voiture, en direction
points
culminants
de Roumanie: le Negoiu, 2535m et le
de la montagne. Il fut construit en 1700 par C. Brancoveanu
Moldoveanu,
2544m.
Allez-y, vous en garderez de merqui laissa son nom à "L'art Brâncovean", expression architecveilleux
souvenirs.
turale qui essaima à la fin du 17ème siècle en Transylvanie. Sa
Pour ceux que la montagne n'attire pas, la visite de la ville
situation en pleine nature, lui confère une atmosphère propice
de
Fagaras
et de son château fortifié entouré de douves dont
au recueillement. De plus, il est reconnu pour son musée qui
l'origine
remonte
au 12ème siècle, est une alternative. C'est au
possède une rare collection d'icônes sur verre, et moindre
17ème
siécle
qu'il
a été reconstruit et son enceinte à été refaid'icônes sur bois.
te
selon
le
modèle
des forteresses de l'architecte français,
De belles balades peuvent être entreprises sur les contreVauban.
forts tous proches des Monts Fagaras.
Au village de Sâmbata de Jos (jos = en bas), se trouve le
A proximité également, vous pouvez entreprendre le cirharas dans lequel sont élevés 300 chevaux "Lipitani"
cuit des église fortifiées saxes.
(Lipizzans). Preuve du savoir faire de ces éleveurs, ce sont les
descendants des juments de Sâmbata qui aujourd'hui font les
Accueil bon enfant
beaux jours de la fameuse Ecole d'équitation de Vienne. Des
leçons d'apprentissage à la monte à cheval sont proposées,
L'accueil est très souriant, bon enfant, toute la famille où
ainsi que la location de chevaux pour les plus expérimentés et
vous serez logé se mettra en quatre pour vous satisfaire.
des promenades en calèche à travers le grand parc du haras.
Dernier-né du réseau OVR, nous avons rencontré des responDes randonnées à cheval sont aussi possibles. Pour une somme
sables enthousiastes, prêts à apprendre. Plus ils recevront de
modique, on peut également visiter le haras et faire des photos.
touristes, plus leur savoir-faire se peaufinera. Il n'existe pas
A Dragus, 3 km à l'ouest de Sâmbata, on trouve le centre
encore d'activités précises proposées aux voyageurs mais cela
ethnographique et folklorique de la région, réputé en particuviendra.
lier pour ses danses populaires.
Martine et Jean Bovon-Dumoulin
Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica
Au pays des Villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs.
Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse.
Joindre un chèque de 23,10 € (port compris) à son ordre.
47
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Souvenirs
Un jeune Français
Marié à une Roumaine depuis près de 30 ans,
z
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ORADEA
CURTIz
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z
DEVA
BACAU
SIBIU
TIMISOARA
IASI
z
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SUCEAVA
TARGU
MURES
CLUJ
ARAD
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GALATI
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BRASOV
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BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
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La Roumanie
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SATU MARE
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TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Un destin
franco-roumain
48
Yves Lelong, 54 ans, travaille dans
un important réseau bancaire, à
Tours. Il avait 21 ans lorsqu'il rencontra Doina, 20 ans, en septembre
1972, au cours d'un voyage en
Roumanie, alors qu'il était encore
étudiant. Trente trois années se sont
écoulées depuis ce premier séjour,
marquées par son mariage avec
Doina, en 1978, la naissance de
leurs deux filles, en 1980 et 1984,
mais aussi par les nombreux séjours
effectués en Roumanie. Tous l'ont été
à titre personnel et familial. Ils constituent néanmoins une perception, un
témoignage vécu, parfois de près,
parfois de loin, sur ce que pouvait
être la réalité quotidienne en
Roumanie communiste, au sein d'une
famille, sous l'ère Ceausescu. Nul
doute que nombre de Francophones,
Rien ne valait
les premières Dacia
Les premières Dacia fabriquées en
Roumanie comportaient un certain
nombre de pièces françaises, comme
la boîte de vitesse. A tel point que
ces modèles furent surcôtés par rapport aux Dacia qui, à partir de 1976,
furent entièrement fabriqués sur
place. L'un de nos proches eut la
chance de gagner, à une tombola de
la CEC (caisse d'épargne roumaine),
au début des années 80, une Dacia
1300 flambante neuve. Il préféra la
revendre pour conserver sa vieille
Dacia de 1973 qui, elle, était équipée
de pièces d'origine française. A titre
anecdotique, cette voiture a aujourd'hui 32 ans et roule encore. Au fait,
savez-vous que la première Renault
12 jamais montée sur une chaîne le
fut à l'usine de Pitesti ?
E
n 1968, paraissait sous le titre Vacances en Roumanie un petit guide touristique édité dans la collection Marabout Flash. Certains se souviendront
peut-être de cette sympathique collection de poche de petit format, très bon
marché, se définissant comme étant "l'encyclopédie permanente de la vie quotidienne". On y trouvait une foule de thèmes, de la philatélie à la taille des rosiers en passant par l'apprentissage de langues (Notre
photo: Yves Lelong, Doina et un ami).
La Roumanie, pourquoi pas?. Par ces
quatre mots et en 150 pages, ce Marabout
Flash invitait ses lecteurs à partir à la découverte de "la sœur cadette de la France". C'est
ainsi qu'à l'époque, on désignait fréquemment
la Roumanie au même titre, d'ailleurs, que
Bucarest avait été le petit Paris.
Le petit Marabout fut pour moi l'instrument du début de ma découverte de la
Roumanie. Même succinct, on y trouvait l'essentiel de ce qu'il fallait savoir sur le pays et il
s'adaptait parfaitement aux budgets modestes.
Une politique touristique très libérale
A cette époque, du moins jusqu'en 1975, la Roumanie avait, contrairement à ses
voisins, une politique touristique très libérale. "Le rideau de fer, vous ne vous apercevrez même pas que vous l'avez franchi", écrivait le petit guide Marabout. "Vous circulerez librement, comme chez vous et serez heureusement surpris par le respect de la
liberté dont on fait preuve à l'égard du touriste pourvu que, comme ailleurs, il observe les règles du pays qui l'accueille".
On se procurait les visas au consulat de Roumanie, rue de l'Exposition, à Paris,
démarche qui s'est d'ailleurs prolongée au delà de 1990. Les formalités étaient assez
simples.
C'était plutôt rassurant mais l'appréhension pouvait venir d'ailleurs. La guerre
froide était une réalité bien présente. La véritable nature des régimes communistes
avait été révélée par la répression féroce des soulèvements hongrois de Budapest en
1956 et du "Printemps de Prague" en 1968. Des ouvrages comme L'Aveu d'Arthur
London ou Une Journée d'Ivan Denissovitch d'Alexandre Solyenitsyne, des films
comme Le Rideau déchiré d'Alfred Hitchcock ont marqué leur époque mais aussi les
esprits.
C'était l'époque où Ceausescu faisait souffler sur le pays un vent de "liberté" si
tant est qu'il y en eût. Il s'était attiré les bonnes grâce des dirigeants occidentaux en
refusant notamment de participer à l'invasion de la Tchécoslovaquie en 1968 et en en
donnant l'illusion de s'émanciper de la tutelle de Moscou. Les chars du pacte de
Varsovie avaient écrasé le printemps de Prague quatre ans auparavant et le président
roumain se plaisait à jouer les trublions dans le bloc communiste. D'ailleurs, certains
commentateurs affirmaient que la Roumanie était dans le collimateur de Brejnev et
serait le prochain pays à être écrasé sous les chenilles des chars soviétiques.
En revanche, la Hongrie était restée dans le rang. Les visas ne s'obtenait qu'après
avoir rempli un formulaire sur lequel il fallait notamment coller sa photo, préciser le
nom de jeune fille de sa mère et indiquer si les parents du demandeur avaient quitté
la Hongrie - et si tel était le cas, en quelle année ? - etc. Il était évident que certains
n'étaient pas les bienvenus en Hongrie. D'ailleurs, à l'instar de l'URSS, les touristes
occidentaux qui circulaient en Hongrie devaient, à chacune de leurs étapes, aller se
faire enregistrer au poste de police local.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
la corruption sabotée par le Sénat
de la Roumanie dans l'UE au 1er janvier 2007
et George Copos, actuel ministre d'Etat du gouvernement
Tariceanu. Grâce à un fort taux d'abstention de sénateurs
appartenant aux partis de la majorité, le Parti Social
Démocrate (post-communiste), au pouvoir jusqu'à fin 2004,
allié au parti extrémiste de la Grande Roumanie (Vadim
Tudor), a réussi à trouver une majorité pour bloquer une politique qui a entraîné ces derniers mois la mise en cause de nombreux dirigeants politiques.
Parmi eux, Dinu Patriciu, patron du groupe pétrolier
Rompetrol, un des principaux bailleurs de fonds du Parti
National Libéral, poursuivi pour fraude, évasion fiscale et
blanchiment d'argent, ami du Premier ministre Calin
Tariceanu, lequel, sans se soucier de respecter le principe de
séparation du pouvoir, lui a apporté son soutien à plusieurs
reprises. Cela tombe très mal pour la Roumanie qui est dans le
collimateur de la commission de Bruxelles, laquelle a exigé
qu'elle mène une politique active contre la corruption et pour
rendre la justice indépendante, sous peine de voir son adhésion
à l'UE, prévue au 1er janvier prochain, retardée d'un an.
Justement Bruxelles doit rendre son rapport définitif sur la
Roumanie et la Bulgarie en avril: le délai qui reste au président
Basescu pour réparer ce vote négatif et faire passer une seconde fois le projet d'ordonnance d'urgence devant le Parlement
est donc très court. Mais le mal est déjà fait et des voix de plus
en plus nombreuses s'élèvent au sein de l'UE, et jusqu'au
Parlement européen, pourtant très favorable jusqu'ici à l'entrée
de la Roumanie et de la Bulgarie dès 2007, afin de repousser
cette échéance.
et sa femme déconsidérés par plusieurs scandales financiers
d'avoir une tante !"
avoir reçu des dessous de table dans l'acquisition d'un terrain de 700 m2, situé
strada Zambaccian en plein centre de la
capitale, acquis en 1998 pour un prix 25
fois inférieur à celui du marché, auprès
de la belle-mère de l'ancien député PSD,
Gabriel Bivolaru, aujourd'hui derrière les
barreaux pour avoir détourné 50 M€
auprès de la BRD (Banque Régionale de
Développement-Société Générale).
Sur ce terrain a poussé depuis un
immeuble appartenant aux Nastase, au
fils de Ion Tiriac (qui a recédé sa part au
fils Nastase) et au frère de l'ancien maire
de Bacau, Sechelariu. A la demande du
nouveau gouvernement, un premier dossier judiciaire avait été ouvert en avril
2005 sur cette affaire par le PNA (Parquet
National Anticorruption), mais celui-ci,
encore aux ordres de l'ancien pouvoir,
l'avait vite refermé.
A la suite de la purge effectuée à la
tête du PNA, il a été cependant réouvert
et confié au Département National
Anticorruption, chargé d'enquêter sur la
corruption parmi les parlementaires et
ministres. Mais le Sénat a voté opportunément contre l'ordonnance d'urgence
instituant ce nouvel organisme. Par
ailleurs, le bureau de la Chambre des
députés, dont le président est Adrian
Nastase a bloqué la demande de perquisition du domicile de celui-ci, formulée par
la Justice. Contrairement aux usages,
Adrian Nastase a pris part au vote le
concernant, le faisant basculer en sa
faveur. Il a dénoncé "une campagne politique menée contre lui" et "l'acharnement
du pouvoir à vouloir le mettre en cause".
En difficulté au sein du PSD
Le nom de l'ancien Premier ministre
et président de l'Assemblée nationale est
souvent cité dans d'autres "affaires", le
nom de sa femme, fille d'un ancien
ministre de Ceausescu, servant de paravent. L'image du couple est en train de
devenir celle du symbole de la corruption
de haut niveau en Roumanie et Dana
Nastase jouit auprès de la population
d'une réputation qui rappelle celle
d'Elena Ceausescu.
Toutes ces péripéties ont toutefois
sérieusement assombri l'avenir politique
d'Adrian Nastase qui a été obligé de
mettre en suspens sa fonction de président exécutif du PSD (Parti Social
Démocrate post communiste), son rival et
ancien ministre des Affaires Etrangères,
Mircea Geoana, qui lui a ravi en mai dernier la présidence de ce parti et aimerait
se débarrasser de cet encombrant tuteur,
ne manquant pas les occasions d'appuyer
là où çà fait mal. Réponse du berger à la
bergère? Mircea Geoana a été mis en
cause récemment dans une affaire d'acquisition de terrains… qu'il aurait hérités
non pas d'une tante, mais d'un cousin !
plus faire de politique
nistrateurs neutres et compétents, capables de faire
prévaloir les intérêts de l'Etat sur ceux des partis et
les combines politiciennes.
Les dernières élections avaient été révélatrices
d'une situation choquante, durant depuis la
"Révolution": pendant plusieurs jours, les partis
d'opposition vainqueurs s'étaient disputés comme
des chiffonniers pour s'attribuer les fonctions administratives
juteuses qu'ils espéraient obtenir dans chaque judet. Au moins,
avec le PSD (Iliescu-Nastase), les choses étaient claires… ces
anciens communistes raflaient tout et ne rendaient
de comptes à personne !
Avec cette réforme, la Roumanie est toutefois
loin de disposer de cette armée de grands commis
de l'Etat, si nécessaire à son bon fonctionnement et
qui lui fait cruellement défaut. Il faut qu'elle commence par les former, la France l'aidant dans cette
tâche. Dans l'attente, les préfets confirmés "nouvelle version"
devront faire oublier - sans rire - qu'ils sortent tout droit de
leurs officines politiques, même s'ils ont rendu leurs cartes.
5
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
La lutte contre
Politique
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BAIA MARE
ORADEA
CLUJ
ARAD
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RESITA
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BRASOV
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SIBIU
CRAIOVA
IASI
TARGU MURES
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TIMISOARA
Menaces sérieuses sur l'entrée
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SUCEAVA
TÂRGOVISTE
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TULCEA
z
„
BUCAREST
Nationaliste
pour l'éternité
Gheorghe Funar, l'ancien maire
de Cluj, a eu la désagréable surprise
de découvrir sa tombe profanée, le
jour de Noël. Elle avait été peinte en
bleu-jaune-rouge, les couleurs du
drapeau national.
4
Conformément à une tradition
assez respectée en Roumanie, le
leader ultra-nationaliste, sénateur du
Parti de la Grande Roumanie (PRM),
et compagnon de route de Corneliu
Vadim Tudor, avait préparé sa dernière demeure pour lui-même et sa
famille, faisant ériger une tombe de
marbre rose dans le carré des personnalités du cimetière des Héros de
la Révolution de Cluj, et venant s'y
recueillir. On peut y lire l'inscription
suivante: "Ici repose Funar
Gheorghe, né en 1949, décédé en
****, docteur en économie, maire de
Cluj-Napoca entre 1992 et 2004".
L'élu n'a pas porté plainte et, du
coup, aucune enquête n'a été diligentée. Lorsqu'il était maire,
Gheorghe Funar, outre sa phobie des
Hongrois et des Tsiganes, s'était fait
remarquer en faisant peindre aux
couleurs nationales les trottoirs et les
bancs publics du centre de sa ville.
C
'est un sale coup contre leur
pays auquel se sont livrés les
sénateurs roumains. Le 9
février, ils ont rejeté une ordonnance d'urgence prise par le gouvernement en septembre 2005 pour se donner les moyens de
lutter contre la corruption de haut niveau en
instituant un département spécial chargé
d'enquêter sur celle-ci parmi les parlementaires et les ministres.
Un comportement bien révélateur des
Adrian Nastase
mœurs politiciennes roumaines, mais qui
en compagnie de sa femme Dana, fille
d’un ancien dignitaire de Ceausescu.
s'explique: plusieurs d'entre-eux sont impliqués dans des "affaires", dont Adrian Nastase, président de la Chambre des députés,
L'ancien premier ministre Adrian Nastase
A
h ! Quel malheur d'avoir un
gendre"… La presse de l'époque brocardait ainsi le président de la République Jules Grévy, dont
le gendre, Daniel Wilson, s'était livré à un
commerce et trafic fructueux d'attribution
de Légions d'honneur, le contraignant à la
démission en 1887. Cette fois, l'histoire
concernant Adrian Nastase est un peu
différente mais a fait aussi les choux gras
de la presse roumaine.
La femme de l'ancien Premier
ministre s'est découverte subitement
seule héritière d'une tante, "Matusa
Tamara", décédée l'an passé à 97 ans,
quasiment inconnue d'elle jusqu'ici. Cette
tante, ancienne professeur de langues
(retraite de l'ordre de 100 €) était devenue très riche sur ses vieux jours en vendant ses bijoux pour une somme de
400 000 € à Alexandru Bittner, l'homme
lige et partenaire en affaires du couple
Nastase. La somme avait été déposée en
D
"Ah ! Quel malheur
1999 sur un compte au nom de Dana
Nastase où elle pouvait puiser.
A 93 ans, la vieille dame "s'était
aussi lancée dans la spéculation immobilière" acquérant un immeuble de style
brancovénesque de 700 m2 et 26 pièces,
en face de l'ambassade de France, à
Bucarest, pour quelques centaines de milliers d'euros, revendu l'année suivante 1,1
million d'euros et estimé aujourd'hui par
son propriétaire à 2,5 M€.
Cette "fable" avait attiré l'attention
de la banque où l'argent avait été déposé,
celle-ci avertissant l'Office national pour
combattre et prévenir le lavage d'argent
sale qui avait ouvert un dossier en avril
2000. Ce dernier a été opportunément
perdu en 2001, quand Adrian Nastase est
devenu Premier ministre.
Il ne s'agit pas de la seule affaire où
le couple Nastase est mis en cause. Il
vient d'être officiellement inculpé dans le
dossier Zambaccian, pour corruption et
Les préfets ne peuvent
epuis le 1er janvier dernier, le loi oblige les préfets à ne plus appartenir à
un parti politique, à un syndicat et leur interdit de faire grève. Ces représentants de l'Etat perdent leur statut de "dignitaire" pour devenir hauts
fonctionnaires. Sur les 42 préfets que compte la Roumanie, 39 ont choisi de renoncer
à leurs fonctions politiques, dont la préfète de Bucarest, Mioara Mantale, membre du
Parti Démocrate de Traian Basescu (notre photo). Trois, les préfets de Ilfov, (contours
de Bucarest), Dimbovita (Târgoviste) et Caras Severin (Resistsa), ont préféré abandonner leur poste pour conserver leur position au sein du PNL (Parti National Libéral
du premier ministre Tariceanu). Ce changement de statut des fonctionnaires était
réclamé haut et fort par Bruxelles, afin que la Roumanie se dote d'un corps d'admi-
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
découvre la Roumanie en 1972.
il nous conte ses souvenirs de Ceausescu à la "Révolution"
pourquoi pas ?
Au début des années 70, le train était le moyen le plus écolocomotives et le train soigneusement fouillé. Une partie du
nomique et le moins fatiguant, à défaut d'être le plus rapide,
plafond du couloir des voitures était démontée et l'espace compour se rendre en Roumanie. Du moins pour l'étudiant que j'épris sous le toit inspecté à la torche électrique. Même chose
tais à l'époque. L'avion était hors de prix et il fallait trois jours
pour le dessous des banquettes.
de voiture pour rejoindre la
Globalement, le passage des douanes honfrontière roumaine.
groise et roumaine s'effectuait sans difficultés
L'Orient-Express
reliait
notables, du moins pour ce qui me concerne,
Paris à Bucarest. Il partait de la
mais toujours avec une certaine appréhension.
gare de l'Est à 22 h 15. Il arrivait
à Bucarest le surlendemain au
Les pensées du "chef"
terme de 36 heures de voyage,
via Strasbourg, Munich, Vienne
Après le passage de la frontière roumaine, à
et Budapest. Une voiture des
Curtici, le train mettait un temps qui paraissait
CFR (chemins de fer roumains)
interminable pour rejoindre Arad. Au bout d'une
faisait la liaison directe Parisheure, il ralentissait enfin à l'approche de la ville.
Bucarest. C'était l'occasion
Spécialité des gares roumaines: pas de pancarte
idéale de faire connaissance
annonciatrice de la ville sur les quais. Au cours
“Vive le Parti Communiste Roumain et son de mes voyages en train, j'ai toujours eu la crainavec des Roumains qui rensecrétaire général, le camarade Ceausescu”.
traient au pays après un séjour
te de ne pas descendre à la bonne station.
en France ou en Allemagne, le plus souvent dans la famille.
Je garde, plus de 30 ans après, un souvenir extrêmement
J'avais notamment sympathisé avec un médecin de Iasi avec
précis de cette nuit du 3 au 4 septembre - la première que je
lequel j'ai correspondu quelques temps.
passais en Roumanie - dans la gare d'Arad, à attendre le train
pour Timisoara. Les chiens qui aboyaient dans la nuit chaude
Des bagages, des bagages, encore des bagages…
et calme (il y a toujours des chiens qui aboient dans la nuit en
Roumanie), le sifflet des locomotives, le vacarme des rares
Le voyage se déroulait immanquablement au milieu des
trains de marchandises tirés par de poussives locomotives diemonceaux de bagages qui, souvent, appartenaient à une seule
sel, les trois ou quatre employés des chemins de fer qui déambulaient et s'apostrophaient sur le quai, tous vêtus d'une veste
personne. Au fur et à mesure des arrêts en gare, les compartide bleu trop courte et rapiécée, un béret basque étriqué sur la
ments, les couloirs, les plates-formes étaient envahis de
valises, de sacs ou de cartons. Je me souviens d'un voyage en
tête, le filet d'eau qui chuintait des robinets d'une fontaine de
1972, au moment des fêtes de Noël, dans un train
pierre, sur le quai.
bondé, entre Budapest et la frontière roumaine,
Etait-ce les effets
de la fatigue qui, après
coincé au milieu des bagages, debout devant la
ces 24 heures de voyaporte des toilettes et au milieu de courants d'air glage, distillaient en moi
cials. Mémorable.
cette indéfinissable
Mais c'était, à l'époque, l'un des aspects de la
sensation de vivre des
réalité économique roumaine: un Roumain ne voyamoments d'une autre
geait jamais léger au retour d'un voyage à l'étranger
époque ?
et revenait beaucoup plus chargé qu'à l'aller.
Dans le hall de la
Le "Check Point Charlie" hongrois
gare, régnait une forte
odeur de désinfectant. Et, surplombant les têtes des voyageurs,
Hegyeshalom: c'est le lieu de passage ferroviaire de la
s'étalait un gigantesque calicot rouge, frappé d'un slogan signé
frontière hongroise, à quelques 60 kilomètres de Vienne. Je ne
Nicolae Ceausescu d'où l'on pouvait comprendre facilement
sais pas si, à l'époque, Check Point Charlie, le point d'entrée
trois mots "Partidul Comunist Român".
réservé aux Occidentaux à Berlin-Est, était plus folichon
Les pensées du "chef" souhaitaient la bienvenue aux voyaqu'Hegyeshalom mais le souvenir que je garde de mon premier
geurs. Les employés de la gare repéraient rapidement les étranpassage de la frontière hongroise reste assez sinistre.
gers. Il y en avait toujours un prêt à porter les valises contre
Ce premier contact avec le monde communiste fut comme
quelques cigarettes occidentales.
je l'attendais - je n'irai pas jusqu'à dire comme je l'espérais.
Dès potron-minet, les quais de la grande gare d'Arad
Tous les ingrédients des films d'espionnage étaient là.
grouillaient de monde. Les gens embauchaient de bonne heure
L'atmosphère pesante, les militaires positionnés tous les 10 à
et vers cinq heures du matin, un train bondé partait vers
15 mètres le long des voies, les étoiles rouges au fronton des
Timisoara.
(Lire page suivante)
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Soviétiché !
ORADEA
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TARGU MURES
CLUJ
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TIMISOARA
SUCEAVA
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VARSAND
ARAD
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BAIA MARE
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BRASOV
PITESTI
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IASI
GALATI
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SIBIU
CRAIOVA
BACAU
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BRAILA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
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Emotions
à la frontière
50
Un jour, le contrôle des billets fit
l'objet d'un drame. Un contrôleur hongrois infligea une amende à une
dame roumaine, montée à Munich,
pour excès de bagages (elle avait
aussi un mini-vélo avec elle). Pas
sympathique, le contrôleur. Ses
collègues allemand et autrichien
avaient été moins regardants. Malgré
ses protestations véhémentes, la
brave dame dût s'exécuter. Avec le
recul, et ayant appris les mœurs qui
régnaient dans les démocraties populaires - et qui perdurent encore
aujourd'hui -, je me demande maintenant si l'amende n'est pas allée directement dans la poche du contrôleur.
A Curtici, dernier point frontière du
périple et porte d'entrée en Roumanie, le passage de la douane s'effectuait sans difficulté particulière. Une
chose remarquable: le personnel des
postes frontières, policiers, douaniers
ou agents de change, parlait souvent
un très bon français Le wagon était
fouillé aussi méthodiquement qu'à la
frontière hongroise. En revanche, les
valises faisaient l'objet d'un contrôle
relativement sommaire. J’en étais
très surpris mais je n’étais pas alors
encore familier avec la pratique du
bakchish. Lors de ma première
entrée en Roumanie, j'eus une petite
émotion au contrôle des passeports:
le policier me fit remarquer qu'il y
avait une erreur sur la date de délivrance de mon visa. Il y avait une
inversion dans les chiffres de l'année.
1972 avait été écrit 1927. Je fis un
geste d'incompréhension. Le passeport me fut rendu dûment estampillé
mais je garde encore la bizarre sensation que le flic me tenait pour responsable de cette erreur.
4 septembre 1972. J'ai été accueilli par mes hôtes roumains - ma famille invitante -qui m'attendaient à la gare de Timisoara, avec un gros bouquet de fleurs de bienvenue. A 6 heures du matin, les abords du bâtiment étaient très animés. Première
vision de la ville après une trentaine d'heures de train : une foule empressée sur le parvis se dirigeait vers les arrêts de bus et de tram et une vaste avenue face à la gare
bordée d'immeubles récents.
Autre surprise: des Renault 8 et 12 comme en France. J'ai vite appris qu'en
Roumanie, elles ne s'appelaient pas Renault mais Dacia 1100, produite à partir de
1968, et Dacia 1300 fabriquée à partir de 1969, symboles de la coopération industrielle franco-roumaine.
Le taxi que nous avons pris, mes hôtes et moi, à Timisoara était une Volga de
fabrication soviétique réservant une expérience intéressante de transition du confort
occidental au réalisme socialiste. Dans la périphérie de la ville, les rues étaient très
mal entretenues voire, pour certaines, complètement défoncées, sans revêtement
asphalté. Les amortisseurs de la Volga avaient vécus. Nous étions brinquebalés dans
tous les sens. Le chauffeur se mit à jurer. Le ton de sa voix était sans équivoque. A l'époque, je ne parlais pas un mot de roumain mais j'attrapais un seul mot au vol :
"Sovietiché". Aucun doute : il avait une dent contre l'industrie automobile soviétique.
Plus occidental que moi, tu meurs !
J'avais apporté quelques cadeaux pour mes hôtes. Ma situation faisait que je
n'avais pas beaucoup d'argent mais, surtout, je n'avais pas trop su quoi leur offrir.
D'ailleurs, je ne me
souviens
même
plus précisément ce
que j'avais apporté.
Des gadgets je
crois, du type calendrier perpétuel, un
flacon de cognac…
Fourvoiement
vite réparé. Les fois
suivantes, puisqu'il
y en a eu, je sus ce
qu'il fallait offrir:
des
savonnettes
Lux ou Palmolive,
Dans les années 70, Yves Lelong a découvert une Roumanie où l’on
savait être heureux, le charme de la campagne... et des Roumaines.
du café, des lames
de rasoir, des disques, des cigarettes… Ah ! Les cigarettes. Le comble du snobisme,
dans la Roumanie de Ceausescu, c'était de fumer des Kent. Pourquoi des Kent et pas
des Camel ou des Marlboro ? Personne n'a jamais été capable de me l'expliquer.
En tout cas, l'attirance pour tout ce qui venait d'Occident était indéniable. Les
vêtements - les jeans notamment - étaient très recherchés. J'ai donné une paire de mes
chaussures au cours de mon premier séjour en Roumanie. Snobisme ? Mauvaise qualité des produits "socialistes" ? Désir de posséder un objet qui permettait de se distinguer ? Je me demande si ce n'était pas aussi une forme de résistance passive et inconsciente contre le régime en place.
Mais c'était le côté un peu pénible de cette époque: plus occidental que moi, tu
meurs !
Aujourd'hui, les Kent sont passées de mode. La "révolution" est passée par là.
Avec l'ouverture du pays au monde occidental, elles ont été remplacées, entre autres,
par les cartes bancaires internationales. Le fin du fin est de s'afficher avec une carte
VISA ou Mastercard pour régler sa note de restaurant ou son plein d'essence.
Mais la démarche est différente: aujourd'hui, on étale sa réussite sociale.
(Lire la suite dans le prochain numéro)
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
A 73 ans, Matei Barbu, simple paysan d'un modeste village,
est devenu le conseiller écouté du ministre de l'agriculture
Politique
La Roumanie confrontée à ses petites exploitations
qui font vivre près de cinq millions de familles
L
'homme se penche sur une liasse de papiers, remplis
d'annotations : la loi sur les terres agricoles. Il a 73
ans et peine à intégrer les subtilités d'un texte dont
le but est de lui rendre justice, seize ans après la chute du régime communiste roumain. Dans sa maison de Lunguletu, petit
village situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de
Bucarest, Matei Barbu (notre photo) s'efforce de comprendre
les nouvelles règles qui gèrent la propriété foncière et qui
concernent 38 % des 22 millions de
Roumains vivant en milieu rural. L'enjeu
est très important pour ce paysan car,
dans un an, son pays devrait adhérer à
l'Union européenne. Depuis décembre
2004, lorsque la Roumanie a changé de
cap politique, Matei Barbu s'est
retrouvé, malgré lui, conseiller du
ministre de l'agriculture, ainsi que le rapporte Mirel Bran, correspondant du journal "Le Monde" à Bucarest .
Le matin au ministère
l'après-midi dans ses champs
"Je l'ai croisé par hasard en pleine campagne électorale",
déclare le ministre libéral de l'agriculture, Gheorghe Flutur :
"je me suis arrêté dans son village, je lui ai demandé son avis
sur la réforme de l'agriculture, et ses opinions m'ont laissé
perplexe". Et il ajoute: "Lorsque j'ai été nommé ministre, je me
suis retrouvé entouré de jeunes conseillers spécialistes dans ce
domaine. J'avais besoin d'avoir à mes côtés quelqu'un qui
vienne du monde réel, une sorte de courroie de transmission
du monde paysan. J'ai tout de suite pensé à lui et je lui ai proposé de devenir mon conseiller. Il est toujours aussi têtu, mais
c'est la qualité que j'apprécie le plus chez lui"
Depuis, la vie de Matei Barbu a basculé. Son programme
quotidien aussi : réveil à 5 heures, départ pour Bucarest en bus
ou en auto-stop, car il a refusé une voiture de service, réunions
et débats au ministère et retour à Lunguletu où il travaille ses
terres pour produire les pommes de terre qui font vivre sa
famille.
"Les communistes ont confisqué mes 5 hectares de terres,
mais je les ai récupérés après la chute de Nicolae Ceausescu",
affirme-t-il. "Cela n'a pas été facile et le problème de la propriété foncière n'est toujours pas réglé en Roumanie. Nous
devons tout reconstruire avant que notre pays soit intégré à
l'Union européenne."
Créer d'urgence une classe moyenne agricole
En effet, tout est à revoir dans le monde agricole roumain,
qui entend s'adapter rapidement aux nouvelles règles de l'UE.
"La Roumanie compte 4,5 millions de petites fermes, dont 2,3
millions sont des exploitations de subsistance avec environ 2,5
hectares de terre", explique Jonathan Scheele, chef de la délégation de la Commission européenne à Bucarest. "Même si la
Roumanie ne devait pas entrer dans l'Union européenne, elle
serait obligée de trouver une solution pour intégrer ses exploitations dans le circuit du marché. Entre ces petites exploitations agricoles et une minorité (0,5 %) de fermiers disposant
de grandes surfaces qui permettent la
mise en place d'une agriculture mécanisée, il n'y a rien. Ce pays a besoin de
créer d'urgence une classe moyenne
dans le monde agricole."
La mission est difficile, car le temps
presse. A partir du 1er janvier 2006, les
paysans qui atteignent l'âge de la retraite
sont encouragés à vendre leurs terres aux
jeunes afin qu'ils puissent aménager des
surfaces assez grandes pour une meilleure exploitation. Pour chaque hectare de
terre, les paysans recevront une rente viagère de 100 euros par
an et par hectare. "Nous avons aussi besoin de créer un vrai
marché des produits agricoles car, pour l'instant, les paysans
se font escroquer par les spéculateurs", explique le ministre de
l'agriculture. "Nous avons également réorienté les investissements afin d'encourager la productivité et diminué les subventions qui profitaient à certains réseaux connectés aux milieux
politiques."
"Les Roumains ont un complexe d'infériorité"
Avant 2007, la Roumanie devra aussi résoudre le problème du cadastre, la restitution intégrale des terres à leurs
anciens propriétaires, la création d'une Bourse des produits
agricoles et la mise en place de structures capables de gérer les
fonds européens, qui s'élèveront à environ un milliard d'euros
par an. Selon les spécialistes, le retard accumulé ces quinze
dernières années en matière de réforme agricole rend la mission du gouvernement des plus difficiles, aspect que reflète le
rapport d'évaluation que la Commission européenne a rendu
public fin octobre.
Pourtant, fiers des diplômes obtenus en Europe occidentale, les jeunes conseillers du ministère se montrent plutôt
confiants. "Les Roumains ont un complexe d'infériorité face à
l'agriculture occidentale", explique le conseiller Dacian
Ciolos. "Le modèle d'agriculture extensive qu'on pratique en
Occident depuis les années 1960 est maintenant victime de son
propre succès. Je crois plus aux fermes familiales que nous
essayons de mettre en place en Roumanie et qui pourraient
conserver un tissu paysan dont les Européens de l'Ouest ont la
nostalgie". "Un pari qui reste à gagner", conclut Mirel Bran.
3
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Vie internationale
SUCEAVA
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ORADEA
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ARAD
BAIA
MARE
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IASI
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TARGU
MURES
CLUJ
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BACAU
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VASLUI
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TIMISOARA
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SIBIU
BRASOV GALATI
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BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
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SLOBOZIA TULCEA
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CONSTANTA
BUCAREST
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Vote des immigrés :
l'Espagne
montre la voie
2
Si on estime à un demi-million, au
minimum, le nombre de Roumains
travaillant en Espagne, plus de 30
000 d'entre-eux y sont installés de
manière définitive, dont au moins 18
000 dans la seule région de
Castellone (province de Valence).
Le président local du Parti
Populaire, Carlos Fabra (droite, formation de l'ancien Premier ministre
José-Maria Aznar), prenant en compte les réalités, a décidé de présenter
un candidat de cette communauté
sur sa liste aux prochaines élections
municipales et régionales, se déclarant non seulement favorable au droit
de vote des immigrés, mais souhaitant qu'ils puissent postuler à toutes
les fonctions électives provinciales.
Ce leader entend prendre les
devants dans le cadre de l'adhésion
prochaine de la Roumanie à l'UE et
son parti s'était impliqué activement
dans la campagne d'aide aux victimes des inondations qui ont touché
ce pays, l'an passé.
Président des associations de
Roumains de Catalogne et du
Levant, Daniel Ionitsa a souligné
dans une interview au journal "El
Pais" sa satisfaction de voir ses
compatriotes appréciés dans la
région, déclarant "Castellon est un
des endroits d'Europe où les
Roumains vivent le mieux" et attribuant la note dix sur dix aux autorités
locales pour les relations qu'elles
entretiennent avec eux.
Un exemple à méditer pour les
politiciens et administrations
françaises.
Bucarest incapable de
dépenser l'argent de l'UE
D
e 2000 à 2004, la Roumanie n'a réussi à dépenser qu'un sixième des
sommes allouées par l'Union Européenne au titre du programme ISPA,
destinées à financer les travaux d'infrastructure et d'environnement, soit
228 M€ sur les 1,3 milliards attribués. La Bulgarie se trouve dans la même situation
(100 M€ dépensés sur un fonds de 560 M€).
Cette situation irrite profondément la
Commission Européenne qui, à la suite d'un
audit mettant en évidence de graves lacunes, a
interrompu, fin 2004, ses versements aux
agences roumaines chargées de l'application du
programme. Parmi les reproches de Bruxelles,
on trouve le nombre énorme d'appels d'offres
qui échouent, l'incompétence du personnel, le
manque de contrôle interne, une comptabilité
défectueuse. L'UE a demandé à ses partenaires
roumains d'améliorer la situation jugée critique
de ses employés, aussi bien au niveau du salaire, de la formation, que des conditions de tra“Quant au niveau de vie nous sommes
dans les choux... Oui, les choux de vail. Elle a averti que la situation actuelle pouBruxelles !” Caricature de Gazdaru vait menacer l'attribution des très importants
fonds structurels et de cohésion promis aux deux pays, après leur adhésion.
Parmi les travaux financés par l'ISPA, on note l'amélioration des voies ferrées, le
contournement de Deva et d'Orastie sur le principal axe routier international du pays,
le traitement des eaux usées de Bucarest.
Plaintes à Strasbourg: la Roumanie troisième
L
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
a Cour Européenne des Droits messes des gouvernements qui se sont
de l'Homme de Strasbourg a succédés depuis dix ans, ces derniers priindiqué dans son rapport vilégiant les intérêts de ceux qui en ont
annuel que la Roumanie se trouve au profité, dont la nouvelle nomenklatura.
La situation de la Russie est différen3ème rang des pays dont elle reçoit des
te: elle y marque
plaintes
de
l'aggravation des
citoyens qui n'ont
manquements à l'épas obtenu justice
tat de Droit du
chez eux et au prepouvoir
actuel.
mier des pays
Strasbourg
reçoit
membres de l'UE
chaque
semaine
ou y entrant. Avec
300 dossiers en
12 % des dossiers,
provenance de ce
elle se situe derrièpays et en a enrere la Russie (17 %)
gistré déjà 9000.
et la Turquie (13
Parmi les plai%), devançant de
La Cour Européenne
des Droits de l’Homme de Strasbourg.
gnants,
on trouve,
peu la Pologne (11
pêle-mêle,aussibien
les
noms
du magnat
%). A eux quatre, ces pays totalisent plus
du
géant
pétrolier,
Hodorkovski,
que l'ande la moitié des 44 000 dossiers en inscien
champion
du
monde
d'échecs
Gari
tance, sur les 80 000 plaintes déposées.
Cet afflux de plaintes roumaines Kasparov, mais aussi les parents des vic(près de 10 000) est essentiellement dû times de la prise d'otages du théâtre de
aux problèmes de restitutions des biens Moscou, en octobre 2002, et des marins
confisqués par le régime communiste qui ont perdu la vie dans le naufrage du
dont le règlement n'a jamais été mis sous-marin nucléaire Kursk, en août
sérieusement en route malgré les pro- 2000.
Infos pratiques
ABONNEMENT
CHANGE*
(en lei et nouveaux lei)
Euro
Franc suisse
Dollar
Forint hongrois
*Au
36 525 = 3,52 NL
(1 NL =0,35 €)
22 630 = 2,26 NL
29 700 = 2,97 NL
140 = 0,014 NL
(1 € = 250 forints)
17 février 2006
Les NOUVeLLes
de ROUMANIe
Numéro 34, mars-avril 2006
Lettre d'information bimestrielle sur
abonnement éditée par ADICA
(Association pour le Développement
International, la Culture et l’Amitié)
association loi 1901
Siège social, rédaction :
8 Chemin de la Sécherie
44 300 Nantes, France
Tel. : 02 40 49 79 94
E-mail : [email protected]
Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
Ont participé à ce numéro :
Karin Humbert, Natalia Comerzan,
Bernard Camboulives, Martine et
Jean Bovon-Dumoulin, Ovidiu
Gorea, Alain Chotil-Fany, Claude
Aubé, Fabrice Dubesset, Paula
Romanescu.
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises et
francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de
documentation ADICA.
Impression : Helio Graphic
11, rue Louis Armand
44 980 Sainte-Luce
Numéro de Commission paritaire:
1107 G 80172
ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro: mai 2006
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Numéro 34 - mars - avril 2006
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Décembre 1989 : plongé au cœur
de la naissance d'une démocratie
NOUVeLLes
ROUMANIe
Les
Jean-Gabriel Barbin
ou la vie qui bascule
V
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ingt deux décembre 1989. Ceausescu vient de disparaître de la scène et la Roumanie ouvre ses frontières. Jean-Gabriel Barbin participe à un conseil
d'administration de "Médecins du monde" à Paris quand la nouvelle éclate. La poignée de "french doctors" présents à la réunion décident de partir sur le champ, frétant un avion. Les informations en provenance de
Bucarest sont mauvaises: on dénombre des centaines de morts à la suite des combats de rue. Il
faut des chirurgiens. Jean-Gabriel Barbin est de ceux-là. Il ne fait ni une, ni deux et embarque…
sans valise et en complet veston. Il était venu ainsi de Nantes et comptait rejoindre dans la soirée
le service de chirurgie digestive qu'il dirige. A 42 ans, alors qu'il vit séparé, son destin vient de
basculer, mais il ne le sait pas encore. (nos photos: Jean-Gabriel Barbin, sa femme, Vali,
Roumaine, au cours de missions humanitaires à travers le monde, dont la Moldavie).
Le Nantais n'en est pas à son premier coup de tête. En 1982, alors que la France est plongée dans la grève du milieu médical,
un de ses confrères, responsable à "Médecins du monde" lui confie: "J'ai besoin de quelqu'un pour l'Erythrée". "Jean-Gab" répond
aussitôt présent, d'autant plus qu'il avait la furieuse envie de découvrir cette corne de l'Afrique dont l'avait fait rêver Rimbaud. Le
voilà dans le coup de l'humanitaire. Au fil de ses congés, il enfilera ensuite les missions: Kurdistan, Yémen, etc…
Qu'est-ce qui pousse donc aux aventures les plus risquées cet aîné d'une fratrie de huit garçons, partagés entre professions
médicales et artistiques, issus d'un milieu bourgeois nantais et dont le père, médecin suivant la tradition familiale, est un illustre spécialiste de gastro-entérologie ?
Sans-doute des aïeux briérons, ayant grandi dans les marais longeant l'océan, près
du port de Saint-Nazaire, et dont plusieurs sont devenus marins au long-cours.
Pourtant, après avoir hésité à faire Langues-orientales, le jeune Jean-Gabriel
choisira classiquement de suivre la voie de son père, devenant médecin. Mais son
passage au lycée catholique de Nantes l'a ouvert à l'action humanitaire, alors balbutiante. On y parle de la misère de l'Inde et le jeune homme monte une tournée théâtrale avec ses copains, interprétant "L'Alouette" d'Anouilh pour ramener des fonds.
"On ne sort pas indemne d'une aventure avec la Roumanie"
Pour l'heure, le voici plongé dans la révolution roumaine, partagé entre cauchemar, délire, enthousiasme, exaltation, effroi,
opérant dans des conditions épouvantables, frappé d'hallucinations parfois comme lorsqu'il se retrouve à sabrer le champagne avec
des révolutionnaires portant brassards, fêtant l'exécution du couple Ceausescu. Devant sa chambre du 18ème étage de l'hôtel
Intercontinental, la queue n'en finit pas: les "french doctors" consultent gratuitement.
Le Nantais prend les choses en main et devient responsable de l'antenne roumaine de "Médecins du monde, s'installant définitivement à Bucarest, se contentant de l'indemnité versée par son association aux volontaires, 400 € par mois… " suffisant pour
vivre sur place", confie-t-il. Le chirurgien a compris qu'on ne sort pas indemne d'une aventure avec la Roumanie et s'est laissé
ensorcelé, grandement aidé en la circonstance par Vali, artiste et journaliste, rencontrée pendant la folie révolutionnaire et devenue
sa femme depuis. Il vit une expérience unique, au cœur d'évènements tumultueux appelés à devenir autant de pages d'histoire: la
naissance d'une démocratie. Sa fonction l'amène à côtoyer le gotha de la nomenklatura roumaine, ministres, présidents, hommes
d'affaires, et aussi les diplomates en place, d'y rencontrer l'imposture et de mesurer les difficultés de la transition. L'homme a horreur du politiquement correct, ce qui l'amène à dénoncer ce qui lui paraît inacceptable. Ce sera la raison de sa rupture avec
"Médecins du monde" en 1996, refusant d'avaliser la politique suivie en matière d'adoptions internationales et ses dérives.
Jean-Gabriel Barbin n'en a pas moins continué ses interventions médicales, doublé d'un volet "assistante sociale". Les
Roumains sont toujours aussi nombreux à frapper à sa porte, assurés d'y trouver des soins gratuits, une aide pour obtenir des visas
s'ils doivent se faire soigner à l'étranger. Les Français expatriés, un relais pour être hospitalisé au pays natal. Il s'est également
investi dans la formation et s'efforce de faire aboutir un projet de perfectionnement des infirmières roumaines en France.
Bien que se sentant "internationaliste", sans être installé quelque part, le Nantais, âgé aujourd'hui de 58 ans, a posé ses valises
à Bucarest. Il s'est engagé sur place dans le développement de la Francophonie et a retrouvé la vocation artistique de ses frères et
de sa femme. Il écrit des pièces en français, neuf déjà, traduites en roumain, interprétées à Bucarest et à l'affiche du Théâtre national de Moldavie, à Chisinau.
de
SOMMAIRE
Lettre d’information bimestrielle
Actualité
Vie internationale
Politique
Economie
Social
Au pied du mur
2
3à6
7à9
10 et 11
Société
Evénements
Carnet
Vie quotidienne
Insolite
Santé, Environnement
Religion
Photos
Sports
12 à 14
15
16 à 18
19
20 à 23
24
25
26
Connaissance
et découverte
Cinéma
Théâtre, Chanson
Musique
Peinture
Livres
Littérature
Histoire, Destins
Traditions, Echanges,
Humour
Tourisme
Souvenirs
Abonnement, Change
Coup de coeur
27
28 et 29
30 à 32
33
34 et 35
36 et 37
38 à 41
42 et 43
44 à 47
48 à 50
51
52
L
e sénat roumain a rendu un mauvais service à son pays en repoussant un
projet d'ordonnance gouvernementale prévoyant en urgence l'institution
d'un organisme chargé de démasquer la corruption dans les rangs des parlementaires et des ministres. Il s'agissait d'une des exigences, avec la réforme de la
Justice, formulées par Bruxelles pour que Bucarest puisse adhérer à l'UE dès 2007.
Autant dire que le mécontentement est vif au sein de l'Union Européenne, et
même les parlementaires européens de Strasbourg, plutôt bien disposés à l'égard de la
candidature roumaine, ont pris du recul. Le sentiment que celle-ci sera repoussée d'un
an, ainsi que le prévoyait l'accord de pré-adhésion, grandit, alors que Bruxelles s'apprête à remettre son rapport sur la Roumanie et qu'une décision définitive doit être
prise en avril. On ne peut que comprendre les réticences européennes si ce pays se
refuse à adopter des réformes élémentaires, visant notamment à ce que les importantes
contributions financières que l'UE s'engage à verser pour aider à sa modernisation et
à sa restructuration ne soient pas détournées de leur objet.
L'émotion a été grande aussi en Roumanie où l'ensemble des médias n'ont pas eu
de mots assez durs pour condamner l'attitudes des sénateurs. Ce vote vulgaire d'une
caste volant à son propre secours pour que personne ne puisse mettre le nez dans ses
affaires nauséabondes n'a pas surpris outre-mesure les Roumains qui méprisent, à
juste titre, leur classe politique. Il ne faut pas oublier que sénateurs et députés "cotisent" jusqu'à 300 000 euros pour figurer en position éligible sur les listes de leurs partis… les sommes étant avancées par de "généreux bienfaiteurs" - en général les affairistes qui ont pillé les richesses de leur pays après 1989 - qu'il s'agit de remercier
ensuite par de "menus services".
Signe qui ne trompe pas sur les mœurs et le degré universel de corruption parmi
les parlementaires: le vote négatif des sénateurs l'a été grâce à la conjonction de celui
des élus du PSD, le parti des post-communistes, volant au secours d'un de leur leader,
l'ancien Premier ministre Adrian Nastase, impliqué dans de nombreuses affaires, faisant bloc avec les extrémistes de Vadim Tudor - lequel appelle pourtant à "nettoyer les
écuries de la République" - et à l'abstention de nombreux sénateurs de la majorité dont
plusieurs dirigeants étaient menacés par le projet.
Il reste une ultime chance à Bucarest pour échapper à la sanction de Bruxelles de
retarder d'un an son adhésion: que le Président Basescu, qui en a le pouvoir, fasse
adopter en seconde lecture l'ordonnance repoussée. Mais le temps est compté et la
Roumanie est au pied du mur.
Henri Gillet