Édition 2009-05-01 (PDF document)
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Numéro 53 - mai - juin 2009 Les NOUVELLES de ROUMANIE L'histoire d'amour entre la France et la Roumanie pour les jeunes de 9 à 99 ans Les NOUVELLEs ROUMANIE L 52 e 1er décembre 1918, un général français entre triomphalement dans Bucarest aux côtés des souverains roumains Ferdinand 1er et son épouse, la reine Marie. Des milliers de Roumains acclament ainsi Henri Mathias Berthelot, qui, à la tête de l'armée alliée du Danube, vient de défaire les armées du général allemand von Mackensen… Belle revanche pour celui qui avait conduit la reconstruction de l'armée roumaine entre 1916 et 1917 sur le front moldave. Proclamée le même jour par l'assemblée d’Alba Iulia, la réunification des provinces roumaines qui étaient sous domination austrohongroise crée "la Grande Roumanie" dont le territoire sera confirmé par les actes du traité de Versailles. Français et Roumains dans la Grande Guerre, album-texte réunissant 164 photographies inédites, permet de saisir toute l'importance de l'évènement qui va donner une formidable impulsion aux relations entre les deux pays. Fruit de la volonté d'un collectif d'historiens français et roumains d'apporter un regard nouveau sur un théâtre méconnu de la Première Guerre mondiale, cet ouvrage est un véritable petit bijou, indispensable pour comprendre les ressorts de l'amitié indéfectible que la France et la Roumanie se vouent. Il a été publié récemment par l'ECPAD (Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense) qui, depuis 1915, date de la création des Sections cinématographiques et photographiques du ministère de la Défense, collecte, conserve, décrit et enrichit ses archives audiovisuelles et photographiques. On y apprend ainsi qu'en août 1914 le roi Carol 1er, un Hohenzollern pure souche, avait demandé à ses ministres, en français - la seule langue comprise par tous à l'époque en Roumanie - l'autorisation d'entrer en guerre aux côtés de Guillaume II… contre le France et les puissances de la Triple Entente. Permission refusée par le Premier Ministre Ion Bratianu, soutenu par tout son cabinet. Persuadé de la victoire de son pays natal, le vieux roi ne s'en remettra pas et mourra autant de chagrin que de vieillesse quelques semaines plus tard. En 1916, son successeur et neveux, Ferdinand Ier engagera la Roumanie aux côtés des Alliés, changeant le destin de son pays. “Papa Berthelot” en album, bande dessinée, DVD… Un cadeaux de choix ! Dans la mission qu'il s'est fixé de rappeler qu'entre 1916 et 1919 s'est livré dans l'Est de l'Europe une guerre largement oubliée, l'ECPAD vient aussi de produire un film documentaire de 52 minutes, d'une qualité exceptionnelle, à partir d'images d'archives militaires françaises et roumaines, portant à l'écran pour la première fois le récit de l'aventure épique du général Berthelot, devenu un héros national en Roumanie. Réalisé par Marcela Feraru, ce DVD présente indistinctement deux versions, l'une en français, l'autre en roumain. Il illustre les luttes de pouvoir au plus haut niveau des monarchies européennes pour faire entrer la Roumanie en guerre à leurs côtés. Le rôle essentiel tenu par la charismatique et très belle Reine Marie (en photo avec le général Berthelot). afin que son pays ne tombe pas dans le camp des Austro-Hongrois et Allemands, jouant de l'influence qu'elle exerce sur son mari, mais aussi transcendée par ses origines russe et anglaise ainsi que par sa profonde francophilie, apparaît de manière éclatante. La détermination de la souveraine sera décisive quand la Révolution d'octobre frappera la Roumanie d'un coup de poignard dans le dos, la laissant seule face à ses puissants ennemis. Sa sollicitude aidera le général Berthelot, homme de confiance de Joffre, à conduire son armée de 1000 officiers et soldats français jusqu'à la victoire finale. Son charme vaincra également les fortes résistances de Clémenceau à la création de "la Grande Roumanie", lors des difficiles négociations du traité de Versailles. L'ECPAD prépare par ailleurs un ouvrage consacré au général Berthelot - qui a donné son nom à un village roumain, situé près de Hateg (Hunedoara) - et dont il annonce la parution prochaine. Il a également entrepris de raconter aux enfants l'histoire de cette grande figure militaire et politique ainsi que celle de l'amitié franco-roumaine née à cette époque à travers une bande dessinée La mission Berthelot. Deux cahiers interactifs joints permettent de jouer en complétant des dessins ou en identifiant des personnages célèbres dont, bien sûr, "Papa Berthelot". Petits et grands trouveront leur bonheur dans ces différentes publications cadeau de choix à faire aux amis roumains et auxamis de la Roumanie. Français et Roumains dans la Grande Guerre, album en français de 224 pages et 164 photos, 25 € Français et Roumains, la mission du Général Berthelot, DVD de 52 mn, en français et en roumain, 14,90 € La mission Berthelot, la Roumanie dans la Grande Guerre, BD pour enfants en français, comportant deux cahiers interactifs ainsi qu'un DVD de 11 mn bilingue franco-roumain, 14 €. Commander: Internet www.boutique.ecpad.fr, par courrier: ECPAD, département ventes, 2 à 8 route du Fort, 94 205 Ivry sur Seine Cedex, tel: 01 49 60 59 61, fax: 01 49 60 58 91. de SOMMAIRE Lettre d’information bimestrielle Une Moldavie qui rêve d'Europe Actualité Révolte en Moldavie Politique, Economie Tribune Social 2à7 8 à 13 14 à 16 Société Page photos Evénements Vie quotidienne Faits divers Enseignement Minorités Environnement Emigration Sports Insolite 17 18 à 21 22 à 25 26 et 27 28 à 30 30 à 32 33 Connaissance et découverte Cinéma, Expositions Littérature, Cioran Histoire Révolution 1989 Maramures, Tourisme Infos pratiques, Humour Abonnements Coup de coeur 34 à 36 37 à 41 42 à 45 46 à 50 51 52 L es Européens sont appelés aux urnes le 7 juin prochain. Enquêtes d'opinion et médias pronostiquent une très forte abstention. Même en Roumanie, où les électeurs désigneront eux-mêmes pour la première fois leurs représentants à Strasbourg, les observateurs s'attendent à une participation qui ne devrait pas dépasser les 30 %. Pourtant les Roumains, membres de l'Union Européenne depuis seulement 2007, ont piétiné à sa porte pendant près d'une quinzaine d'années, guettant avec une impatience fébrile le feu vert à leur adhésion. Sont-ils aujourd'hui déçus par leur qualité de membre à part entière de la Communauté Européenne? Non, leur ancrage au Vieux Continent les rassure, les rend fiers. Pour eux comme pour la grande majorité des Européens, si on s'en réfère aux sondages, l'Europe est synonyme d'espoir. A tous, elle apparaît même comme la seule solution aux grands défis de notre siècle. Mais pourtant, comme les Roumains déjà habitués au confort de leur récente liberté, les citoyens européens n'iront pas non plus voter. Justement… Voter, mais librement, pour décider de son avenir. Des milliers de jeunes moldaves qui ne peuvent le faire l'ont crié, réclamé, dans les rues de Chisinau, début avril, au lendemain d'élections largement truquées reconduisant au pouvoir une oligarchie d'inspiration communiste, sans imagination, régnant par la coercition, la corruption, la soumission. Rejoints par leurs aînés, ils ont fait flotter un air de révolution sur leur capitale, agitant des forêts de drapeaux étoilés aux couleurs de l'Europe. Leur révolte traduisait le désespoir d'une jeunesse sans avenir qui ne supporte plus les privations de liberté, ni la pauvreté et la précarité. Une jeunesse qui a vu partir ses parents par centaine de milliers pour fuir la misère en allant travailler dans le reste du continent ou en Russie. Une jeunesse qui ne s'est jamais sentie autant à l'étroit dans ce petit pays abandonné, à la lisière de la riche Europe, mais une jeunesse qui a osé braver le climat de peur diffuse instauré par le pouvoir. "Nous voulons l'Europe" scandaient les manifestants, comme hier en Ukraine ou en Georgie. Aujourd'hui, répression aidant, tout est rentré dans l'ordre à Chisinau où quelques optimistes s'évertuent à croire qu'ils viennent de vivre le début d'une "Révolution orange", beaucoup d'autres craignant malheureusement plutôt de voir leur pays s'acheminer vers un régime dictatorial à la biélorusse. "J'aime mon pays, mais j'ai dû le quitter pour me donner une chance" se désolait un étudiant moldave inscrit dans une université d'une Roumanie rendue plus attirante depuis son entrée dans l' UE. Comme nombre de ses jeunes compatriotes qui rèvent d’être Européens, il ne se pose même pas la question: il irait voter le 7 juin prochain. Henri Gillet Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie Entre Révolution orange Chisinau prise de vertige SUCEAVA l BAIA MARE ORADEA l l ARAD l TIMISOARA l l l l BRASOV GALATI l BRAILA CRAIOVA l l CHISINAU BACAU l SIBIU PITESTI l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l La victoire écrasante des communistes 2 La jeunesse moldave en révolte IASI TARGU MURES CLUJ l l Le Parti communiste moldave a remporté une victoire écrasante aux élections législatives du 5 avril, qui lui permet d'obtenir la majorité absolue au Parlement de cette ancienne république soviétique. Avec 50% des voix, il devait obtenir 61 des 101 sièges de l'assemblée, soit exactement la majorité des trois cinquièmes (61 députés) requise pour élire un nouveau président d'ici le 8 juin. Mais un nouveau décompte avait été décidé à la suite des émeutes déclenchées dans la capitale par les résultats; il les a confirmés à un siège prêt que les communistes ne devraient avoir aucun mal à trouver. L'opposition a refusé de participer à ce recomptage et a décidé de saisir la justice en raison des fraudes massives qu'elle a constatées. Arrivé au pouvoir en 2001, le PCM apparaît ainsi en progression de près de quatre points par rapport aux précédentes législatives de 2005, où il avait recueilli 46,1% des voix (55 sièges). Loin derrière arrivent le Parti libéral (12,75%), le Parti libéral-démocrate (12,26%) et Notre Moldavie (9,82%). Ces trois formations de droite, pro-européennes comme le PCM qui a effectué un virage voici deux ans, se répartissent les 40 sièges restants. Les autres partis n'ont pas franchi le seuil de 6% pour entrer à l'assemblée.Le taux de participation aurait été de 59,49%, chiffre très contesté. L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a estimé que ces élections avaient été dans l'ensemble conformes aux normes internationales, mais que des améliorations étaient nécessaires, déclenchant un beau tollé, tant la manipulation du scrutin a paru évidente. e mardi 7 avril, à Chisinau, environ 20 000 jeunes, dont beaucoup n'avaient pas encore le droit de vote, sont sortis sur le boulevard Stefan Cel Mare, l'axe central de la capitale moldave, en signe de protestation contre des fraudes électorales survenues pendant les élections législatives du dimanche précédent, lesquelles ont reconduit les communistes au pouvoir à une majorité écrasante. La manifestation a pris l'allure d'une révolution pendant quelques jours, face à des autorités déconcertées, voire désemparées, le mouvement se calmant - momentanément ? - par la suite. Le coup de colère de Chisinau recouvrait un cri de désespoir d'une jeunesse sans avenir, qui ne supporte plus les privations de liberté ni la précarité et a vu partir ses parents par centaines de milliers pour fuir la misère en allant travailler en Europe ou en Russie. Une jeunesse révoltée qui se sent à l'étroit dans ce pays dont les dirigeants ne savent pas s'il doit se tourner vers l'Europe ou la Russie et a perdu patience. Une jeunesse qui ne peut plus supporter le régime et le système actuels, incarné par le Président Vladimir Voronine, un ancien apparatchik âgé de 68 ans adepte des méthodes autoritaires et proche de Moscou*. L "Il faut croire que 400 000 morts ont voté" La campagne électorale avait été émaillée de fréquentes tentatives d'intimidations d'électeurs et de candidats. Les communistes, contrôlant la grande majorité des médias auxquels les autres partis avaient peu accès, tenaient si bien la situation en mains que leur large victoire avait été claironnée à l'avance, conduisant à une forte abstention, d'autant plus que l'opposition, ayant perdu sa crédibilité, n'avait pas réussi à mobiliser l'opinion. Pourtant le Pouvoir, qui n'en n'avait nul besoin, a eu recours aux irrégularités de façon beaucoup plus importante que d'ordinaire. Arrogance, désir de tout contrôler ? Bourrage des urnes, morts qui votent ont dominé le scrutin… À son insu, le Bureau national des statistiques a confirmé ces fraudes: en deux ans, le nombre d'électeurs aurait augmenté de 10% alors que le taux de natalité est en chute libre et qu'un million de Moldaves ont quitté le pays. "Il faut croire que 400 000 morts ont voté", ironisait un observateur occidental dont l'un des amis moldaves avait découvert le jour du scrutin que 5 personnes vivaient Trois femmes sont allées voter... Deux mortes et une vivante... Combien de voix cela fait au total ? dans son studio de 28 m²." La première révolution en direct sur Internet Le lendemain duvote, jamais la Moldavie ne s'était sentie aussi abandonnée. Cette formalité accomplie, nombre d'observateurs estimaient qu'elle continuerait son chemin terne, sans espoir, accablée par la pauvreté et tiraillée entre son identité russoeuropéenne. C'était sans compter avec les jeunes Moldaves qui s'organisaient, bravant le climat de peur passive et de soumission instauré par les autorités. "Tout a été organisé par téléphone portable et Internet", expliquera plus tard Victor, un étudiant de vingt ans en relations internationales. "Après l'annonce des premiers résultats de l'élection, on a évoqué l'idée de se rassembler, sur les blogs, sur les sites de réseaux sociaux comme Facebook, par SMS. Le message s'est répandu à toute vitesse", assurait-il, surpris lui aussi de l'ampleur des événements. Infos pratiques Les NOUVELLES de ROUMANIE ABONNEMENT CHANGE* (en lei et nouveaux lei, RON**) Euro Franc suisse Dollar Forint hongrois 41 835 = 4,18 RON (1 RON = 0,24 €) 27 700 = 2,77 RON 31 447 = 3,14 RON 145 = 0,014 RON (1 € = 289 forints) *Au 30 avril 2009 ** 1 RON = 10 000 anciens lei Les NOUVELLES de ROUMANIE Numéro 53, mai-juin 2009 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 E-mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : Laurent Couderc, Marion Guyonvarch, Jonas Mercier, Dodo Nita, Vali Gazdaru, Adela et Teofil Ivanciuc Alexandre Billette, Julien Trambouze Gabriela Dobos, Benoît Kubiak Joëlle Kuntz, Jean-Luc Douin Iris Gaillardet, Sébastien Lapaque Marc Semo, Georges Mink Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Entreprises, administrations : 100 € TTC / an Associations et particuliers : 80 € TTC / an Multi-abonnement Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement. Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 € à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €). Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 € Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €). Nom:………………………………………………………………………… Adresse:…………………………………………………………………….. Autres sources: agences de presse et presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, télévisions roumaines, Roumanie.com, Le Courrier des Balkans, sites internet, fonds de documentation ADICA. Code postal:.......................Ville…………………….................................... Impression: Helio Graphic 2 rue Gutenberg 44 981 Sainte-Luce sur Loire Cedex Numéro de Commission paritaire: 1112 G 80172; ISSN 1624-4699 France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA. Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire sans frais. Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros). Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie, 44 300 NANTES - France. Prochain numéro: juillet 2009 Pays:.................................Tel:………………........ Fax:…………………… E-mail:……………………………………. Cachet, signature : Paiement 51 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE (suite de la page 49) Autrefois, la deuxième communauté juive du pays l ORADEA l BAIA MARE l SUCEAVA l CLUJ l ARAD l l l l IASI TARGU MURES BACAU l BAIA DE CRIS GALATI l TIMISOARA BRASOV PITESTI CRAIOVA l l BRAILA l l TULCEA l CONSTANTA n BUCAREST l Humour Pénurie 50 A l'école, l'institutrice interroge ses élèves pour savoir s'il leur manque quelque chose chez eux que l'Etat providentiel ne leur aurait pas encore apporté. Les enfants répondent à tour de rôle: - Moi, c'est une télévision, mais Papa a dit que çà ne servait à rien avec les coupures de courant. - Moi, c'est un frigidaire, mais maman dit que comme on n’a pas le chauffage, ce n'est pas grave. - Moi, c'est une machine à laver, mais on n'a pas encore installé l'eau à la maison. - Et toi Bula, tu ne parles pas. Qu'est-ce qui vous manque à la maison? - Rien ! - Comment çà rien… Notre Parti bien aimé vous a donc tout apporté? - Non, mais l'autre jour, ma sœur a annoncé qu'elle était enceinte et Papa lui a crié dessus: "Il ne manquait plus que çà !" Déduction Gheorghe entrant dans la cuisine voit Maria donnant furieusement des coups de torchon. - Qu'est ce que tu fais ? - Je chasse les mouches - Et tu en as tuées ? - Oui, cinq ! Trois mâles et deux femelles ! Intrigué, Gheorghe demande des précisions -C'est simple. Il y en avait trois sur ta bière et deux au téléphone. Les Juifs ont pratiquement disparu. On en compte une trentaine de familles à Sighet et quelques centaines à travers le département. Dans certains villages, ils étaient pourtant majoritaires entre les deux guerres, comme à Rozavlea où seule une famille de sept nains a pu échapper dans des circonstances invraisemblables à l'Holocauste après avoir été envoyée à Auschwitz, ainsi que le raconte l'extraordinaire livre de Yehuda Koren et Eilat Negev, Nous étions des géants *. La communauté juive du Maramures, la deuxième de Roumanie, avait grossi lors des pogroms** organisés en Pologne à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, le judet accueillant alors de nombreux réfugiés. Plus proche de la culture hongroise que de la roumaine, elle s'était intégrée sans problème, se liant avec la population, tout en gardant une grande solidarité en son sein, et représentait une force économique de premier ordre, notamment dans le commerce. On estime à 39 000 le nombre des Juifs du Maramures déportés pendant la Guerre par les Hongrois de l'amiral Horthy, qui occupaient la Transylvanie. Le prix Nobel Elie Wiesel, natif de Sighet, était du nombre et, rescapé de cette terrible expérience, en témoignera dans plusieurs de ses romans. Certains Juifs communistes choisirent l'exil en URSS. Le cinéaste Radu Mihaileanu a adapté librement leur histoire dans son film "Le train de vie". * Nous étions des géants, de Yehuda Koren et Eilat Negev, éditions Payot, 2005, 285 pages, 18,50 € **Pogrom: vient du russe "po" (entièrement) et "gromit" (détruire) Un sens de la propriété que le communisme n'a pas réussi à briser A u Maramures, le sens de la propriété est sacré. Pas tant au plan économique qu'au sens patrimonial. Il s'agit d'un transfert d'une génération à l'autre. Ici, face à une très forte résistance qui a pris des allures de fronde, le pouvoir communiste n'a pu mener à bien le processus de collectivisation, d'autant plus que le relief montagneux ne s'y prêtait pas. Un paysage de bocage composé de multiples exploitations morcelées a rendu très difficile la tâche des autorités, les contraignant à fermer les yeux. D'ailleurs, Ceausescu ne s'est aventuré qu'à deux occasions dans les parages, au début des années 70 et en mai 1986. Pourtant, dans les années 50, le régime a bien tenté de mettre en place son système. A Ieud, Dragomiresti, des familles entières qui se refusaient à cour- ber l'échine ont été déportées. Une époque très sombre marquée aussi par la répression des gréco-catholiques, néoprotestants. Malgré l'athéisme officiel, les orthodoxes ont pu continuer leurs pratiques religieuses, beaucoup d'églises étant même construites, les communistes préférant pactiser avec des prêtres acceptant de collaborer, afin de ne pas se mettre à dos une population fortement pieuse. Les tentatives de collectivisation se sont traduites par un désastre, les coopératives agricoles (CAP) n'arrivant pas à assurer la survie des familles. Celles-ci y envoyaient travailler un ou deux membres, souvent les plus âgés, les jeunes partant à la ville pour servir de force de travail au régime. Bien des années plus tard, ils sont revenus au pays et y ont construit leur maison. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE et régime dictatorial à la biélorusse après des élections suspectées de fraude se sent abandonnée et en appelle à l'Europe Le lundi, mille, cinq mille étudiants affluèrent dans le centre, se retrouvant à 20 000 le mardi, rejoints par des adultes et nombres de membres de l'opposition pour une immense manifestation qui prit des allures de première révolution en direct sur Internet - tout comme la révolution roumaine avait été la première télévisée en direct - grâce aux images transmises par les portables, les autorités ayant coupé les autres moyens de communication. Les manifestants brandissaient des drapeaux européens, roumains, moldaves, clamant et scandant leur immense désir de rejoindre le destin de l'Europe, montrant que, comme l'Ukraine ou la Géorgie, la petite Moldavie désespère de rejoindre l'espace européen. Parlement en feu, Présidence saccagée… Provocation ou colère ? Les forces de l'ordre furent vite débordées, laissant cours à une violence inédite dans cette ex-république soviétique, l'une des rares à ne pas avoir connu de révolution post-communiste. Mal équipés et très jeunes, les policiers ne purent résister à la foule. Autodafés des portraits du Président Voronine et de drapeaux communistes, parlement moldave en feu, bâtiments administratifs de la Présidence de la République saccagés, laissèrent croire un moment que le Pouvoir était à l'agonie. La manifestation avait dégénéré en émeute. Elle fera deux morts et une centaine de blessés. L'opposition démocratique accusera des casseurs à la solde des services secrets russes ou moldaves d'être à l'origine de provocations qui permirent à Vladimir Voronine de justifier les mesures de répression prises ensuite et destinées surtout à briser le mouvement de protestation. Dans le plus pur style soviétique, celui-ci affirma que les manifestants, des "fascistes ivres de colère" manipulés par la Roumanie, avait tenté de "commettre un coup d'État". Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, lui apportait son soutien. L'ambassadeur roumain était sommé de quitter le pays et, dans la foulée, Chisinau introduisait un régime de visas avec la Roumanie, tandis que des manifestations de soutien aux révolutionnaires se déroulaient à Bucarest. La frontière était fermée aux journalistes, les étudiants moldaves des universités roumaines tentant de rentrer chez eux, soumis à des interrogatoires aux postes frontaliers. Environ 200 manifestants seront arrêtés, disparaîtront pour certains pendant plusieurs jours, et remis en liberté après avoir été violemment battus et sommés de se tenir tranquilles s'ils tenaient la vie. L'UE, dans l'expectative, se contentait d'appeler au dialogue. Menaces à l'encontre des lycéens Par ailleurs, les communications téléphoniques, et notamment par téléphone portable, avec la Moldavie devenaient de plus en plus difficiles et la connexion à l'Internet demeurait très instable, après l'interruption de l'accès au web via la compagnie de télécommunications nationale, Moldtelecom. Plusieurs sites d'informations indépendants étaient bloqués. Les médias publics rendaient très peu compte des évènements, les télévisions présentant des programmes de divertissement et des dessins animés. Cette répression portait ses fruits. Malgré les mots d'ordre, le nombre des manifestants se réduisait comme peau de chagrin au cours des jours suivants. Deux jours après les émeutes, les forces de police s'invitaient dans les lycées pour expliquer aux élèves qu'ils n'hésiteraient pas à faire usage de la force en cas de nouvelles manifestations. Les commissariats relevaient les noms des lycéens absents le mardi. Certains étaient interrogés. Le même jour, une vieille camionnette arpentait les rues de Chisinau en diffusant un message à l'attention des parents: "Dites à vos enfants de ne pas écouter les provocateurs qui veulent déstabiliser la République de Moldavie. La police prendra des mesures pour les en empêcher". Chisinau retrouve ses airs de petite ville de province Tout rentrait alors dans l'ordre à Chisinau. Des orateurs avaient beau continuer à se succéder devant les manifestants face au bâtiment du gouvernement, tandis qu'une rangée de policiers, plutôt débonnaires, protégeait l'accès principal de l'édifice, le moral n'y était plus. Dans les ruelles adjacentes, quelques dizaines d'entre eux, désoeuvrés, profitaient même du soleil printanier, assis sur l'herbe ou se prenant en photos avec leur uniforme anti-émeute. (suite page 4) 3 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE l l BAIA MARE l SUCEAVA ORADEA CLUJ ARAD CHISINAU l l IASI TARGU MURES l l l l l BACAU BRASOV l l SIBIU TIMISOARA PITESTI CRAIOVA l GALATI l l l l TULCEA n BUCAREST (suite de la page 2) 4 Elu pour la première fois en 2001, le président communiste, Vladimir Voronine, ne peut plus se représenter, ayant atteint la limite de 2 mandats de 4 ans. En 2005, il avait été réélu avec les voix d'une partie de l'opposition. Certains lui prêtent l'intention d'imiter le scénario mis au point par Vladimir Poutine pour rester aux commandes en Russie, en se faisant nommer Premier ministre. Mais il semble contesté par une fraction du PCM qui, échaudé par les évènements postélectoraux, lui reproche de s'être comporté comme un "potentat capitaliste", préoccupé avant tout de faire la fortune de sa famille. Son fils, Oleg Voronine, est à la tête d'une des principales firmes moldaves et est considéré comme ayant accumulé une des plus grandes fortunes du pays. Moscoutaires... pro-européens Revenus au pouvoir il y a 8 ans sur un programme pro-russe, les communistes ont opéré un virage radical en se tournant vers l'UE, tout en continuant à ménager Moscou dont Chisinau reste très dépendante, notamment pour son gaz et le règlement du conflit dans la région séparatiste de Transnistrie, qui n'a pas organisé ces élections sur son territoire. Les communistes, qui ne demandent pas l'adhésion à l'UE, se disent pro-européens pour des raisons assez pragmatiques, la Moldavie percevant une aide assez importante de Bruxelles pour son développement économique. Fin 2008, la Commission européenne s'était déclarée prête à négocier avec Chisinau des accords d'association et des zones de libreéchange approfondies. (suite de la page 3) Au-delà du quadrilatère central, Chisinau retrouvait ses airs de petite ville de province. Aucun policier n'était visible dans les rues, aucun contrôle d'identité n'était effectué. Dans les commerces, sur les trottoirs, les passants restaient indifférents à la petite foule qui s'agitait à quelques centaines de mètres de là. "Mardi, c'était la soirée des casseurs… Ceux qui ont brûlé la présidence, c'était des ivrognes, des SDF… N'y cherchez pas un geste politique", assurait Alexandre, un chauffeur de taxi. "Cette semaine, c'est simplement un coup de gueule", analysait Alexandre, un étudiant en économie de 19 ans présent dans le dernier carré et ne cachant pas son amertume. "On a des salaires ridicules ou pas de boulot, il faut se battre pour obtenir le moindre visa, on s'ennuie. Et voilà!", ajoutaitil. Les manifestations de cette semaine post-électorale marqueraient-elles le début d'une "révolution orange" moldave, à l'instar de l'Ukraine en 2005, comme il l'espérait encore… ou s'acheminerait-elle vers un régime dictatorial à la biélorusse, comme le redoutait sa copine ? région revêt ses habits de fête se visite le dimanche Le soin porté aux costumes en est l'expression la plus forte. Ils sont toujours confectionnés à la maison, même si aujourd'hui on ne fabrique plus soi-même les tissus, mais on les achète. Des costumes si beaux qu'ils donneraient vie même à des troncs d'arbres Les femmes ont appris de leurs mères et enseignent à leurs petites filles à broder les corsages. Leur valeur n'est pas seulement sentimentale. Ils coûtent jusqu'à huit millions de lei (plus de 250 €) et les vestes des hommes dépassent les vingt millions, soit 600 €. Peu de gens ont les moyens de s'offrir ces tenues, véritables trésors, conservés précieusement et transmis d'une génération à l'autre. "Elles sont si belles, qu'elles donneraient vie même à un tronc d'arbre" a-t-on l'habitude d'entendre. Certains n'hésitent pas à vendre un lopin de terre, une vigne ou un cochon pour se procurer une simple chemise en dentelle. Paradoxalement, le Maramures n'a pas peur de perdre son âme avec l'Europe et la mondialisation. Au contraire même. Sur place, on y voit une chance de promotion et de défense des minorités qui risquaient autrement de se dissoudre dans l'indifférence. Pour peu que la population demeure persuadée que ses traditions et sa culture sont irremplaçables ! Une mosaïque de minorités malgré les exodes Une Roumanie attirante pour les étudiants moldaves A Bucarest, une bonne partie des étudiants moldaves venus étudier en Roumanie s'étaient réunis pour apporter leur soutien à leurs camarades restés au pays, scandant "A bas le communisme" et agitant les drapeaux étoilés de l'Union européenne. "Nous ne sommes pas là pour demander une réunification avec la Roumanie, mais nous voulons que la Moldavie fasse partie de cette Europe à laquelle la Roumanie a adhéré il y a deux ans", lançait Andreï, un jeune étudiant originaire de Chisinau, inscrit à l'Académie des sciences économiques de Bucarest. "J'aime mon pays et j'aimerais bien y vivre, mais j'ai dû le quitter pour me donner une chance en Roumanie. Tant que les communistes seront au pouvoir, la Moldavie n'a aucun espoir d'évoluer", ajoutait-il. Le jeune homme affirmait des convictions largement partagées par les dizaines de milliers de ses compatriotes qui ont émigré en Roumanie devenu encore plus attirante depuis son adhésion à l'Union Européenne. Séquence réalisée par Les Nouvelles de Roumanie à partir des reportages parus dans la presse française et roumaine et sur les sites Internet moldaves *En 2003, las des pressions de Moscou sur le statut de la république sécessionniste de Transnistrie, Vladimir Voronine avait affiché l'intégration européenne comme une priorité. Mais la politique de voisinage mise en place par l'UE n'a pas fait le poids face à la guerre du gaz et aux multiples embargos russes sur divers produits agricoles moldaves, principales ressources de ce pays. Voronine a donc opéré en 2007 un nouveau virage en se rapprochant d'une Russie déterminée à reprendre le contrôle de ses anciens satellites. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE L e Maramures compte aujourd'hui 515 000 habitants. Il a subi une hémorragie d'au moins 25 000 personnes ces dernières années, auxquels il faut ajouter 35 à 40 000 travailleurs émigrés temporaires, toujours enregistrés à l'état-civil, qui reviennent régulièrement. Cette saignée est particulièrement ressentie dans une ville comme Borsa, appelée "le petit Milan", dont la population est passée de 25 000 à 10 000 personnes, 15 000 de ses habitants s'étant installés dans la cité lombarde. Si elle est formée aux trois quarts de Roumains, la population du Maramures n'en forme pas moins une mosaïque de minorités, avec 11 % de Hongrois, 5-6 % d'Ukrainiens, 3-4 % de Tsiganes, mais aussi des Souabes, d'origine allemande, des Polonais. Des minorités qui co-existent sans problèmes particuliers, ceux-ci ne surgissant guère que lorsqu'ils sont créés par des extrémistes. L'émigration des intellectuels hongrois Aujourd'hui, les Hongrois sont concentrés autour de Baia Mare, Viseu, Sighet, Câmpulung, Coltau. En général population plutôt riche, conservatrice, elle forme une communauté assez repliée sur elle-même, bien qu'elle se soit ouverte depuis la "Révolution", sa prépondérance rurale d'aujourd'hui la rapprochant des Roumains. Cette époque récente a conduit à un nouvel exode vers la Hongrie de ses secteurs les plus cultivés, après ceux de 1918, conséquence du rat- tachement de la Transylvanie à la Roumanie, et la période communiste qui avait exacerbé le sentiment nationaliste roumain, provoquant une désaffection des Magyars. Vers le milieu du XVIIIème siècle, les Hongrois d'origine avaient reçu le renfort d'une immigration italienne qui s'était magyarisée. Cette minorité entreprenante s'était retrouvée à la tête de l'exploitation des ressources naturelles de la région, mines de sel, sources d'eau minérales… Des ukrainiens mieux intégrés Les Ukrainiens ont longtemps formé population la plus pauvre du Maramures. Peu revendicatifs, s'intégrant mieux que les Hongrois quant ils sont amenés à côtoyer les Roumains, ils sont souvent regroupés dans des villages isolés pittoresques - Poieni, Repedea, Ruscova - où leur culture a résisté et où ils continuent à cultiver leurs traditions, notamment religieuses, utilisant aussi l'alphabet cyrillique. Ces dernières années, cette minorité a connu un développement économique sensible, autour des mines de fer, de plomb, de la sylviculture et de l'élevage. Les maisons en dur ont poussé. Plusieurs villages ont été classés en zone défavorisée, au même titre que le judet, recevant des fonds européens pour la construction ou la modernisation des routes, l'aménagement des rivières et la protection des berges pour prévenir les inondations. (Suite page 50) la 49 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Ce jour-là, toute la Tourisme l l CLUJ l l TARGU MURES l IASI l BRASOV l TIMISOARA GALATI l Valea Jiului l PITESTI BRAILA CRAIOVA l l l TULCEA l n CONSTANTA BUCAREST l (suite de la page 46) Puis viennent les beaux jours et l'été qui permettent d'assister dans la montagne à des scènes rurales comme la transhumance, ici locale, les troupeaux ne se déplaçant guère que d'une cinquantaine de kilomètres car on trouve en abondance dans les parages ce dont ils ont besoin. Bétail, chevaux accompagnent les travaux des champs encore faits à la main avec les gestes augustes des paysans. Cette époque culmine avec le grand pèlerinage de Moisei, le 15 août. 48 Des jours encore plus durs à venir l BACAU l ARAD Le pays est menacé d'asphyxie économique Moldavie Le Maramures SUCEAVA SATU MARE ORADEA Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Pirita, le village qui n'existe pas Le visiteur doit cependant faire attention aux dates des festivités qui changent chaque année. L'hiver, elles sont plus stables. Ainsi peut-il assister au remarquable festival de coutumes et traditions populaires de Sighet, qui se déroule les 25 et 26 décembre. Toujours dans cette ville, il ne faut pas manquer la foire qui se tient chaque premier lundi du mois et permet de côtoyer les paysans, leurs animaux, leur étals de fruits et légumes, les fabricants de palinka… On peut aussi laisser guider ses pas vers le vieux bac (trecere cu bacu) sur la rivière Somes, près de Circalau. Et, si on est intrépide, partir à la découverte d'un village qui n'existe pas, Pirita, vers Bosanta, à 3 km à la sortie de Baia mare, en direction de Cluj. Son nom ne figure sur aucune carte pour la bonne raison qu'il est totalement clandestin. Des Tsiganes pauvres s'y sont installés, sans autorisation, sur des terrains miniers abandonnés. Il n'y a pas d'église, pas d'école, pas de magasins, pas d'eau, pas d'électricité… B ien sûr, saisir le Maramures demande du temps. Toutefois, c'est le dimanche qu'il se révèle de la manière la plus spectaculaire. Ce jour-là, dans les villages, les femmes revêtent leurs costumes traditionnels - jupe courte et fichu colorés, corsage en dentelle, bas -, les hommes arborent leur tenue des grands jours, pantalon et gilet noir sur chemise blanche et petit chapeau conique. Enfants, jeunes, parents avec leurs bébés dans les bras, grands parents, prennent le chemin de l'église, cheminant en groupes sur des kilomètres. Il ne faut surtout pas manquer la sortie de la messe. Tout au long de cette journée dominicale, le visiteur croisera des rangées de vieux, sagement assis sur le pas de leur porte, appuyés sur une canne et bavardant tranquillement, ou de femmes, filant leurs écheveaux de laine tout en devisant avec leurs voisines. Lors des fêtes religieuses, à Pâques, à la Pentecôte, à l'Assomption, le Maramures prend un éclat encore plus intense. Processions, fêtes et festivals de danse s'enchaînent, réunissant les foules. Si on veut le rencontrer, il faut alors s'enfoncer dans le pays car les villes sont désertées. Leurs habitants ont rejoint leurs familles, à moins qu'ils ne soient partis faire des "gratar" (grillades) dans les forêts environnantes ou sur les hauteurs de Cavnic et de sa montagne qui domine un superbe paysage. Imagine-t-on des étudiants bretons se promenant en coiffes, sabots et binious ? Dans les campagnes, l'étranger ne cache pas sa surprise de découvrir une multitude de jeunes portant fièrement leur tenue traditionnelle. Imagine-t-on un instant des étudiants bretons se promenant en coiffes, sabots et binious ? Ici, les jours de fête, s'habiller comme à la ville est l'exception. Voilà ce qui fait la singularité du Maramures en Europe. Certes, on n'y construit plus des maisons en bois, mais en pierre ou en brique. La physionomie des villages a également changé au cours de la dernière décennie et le Maramures authentique aurait tendance à ne plus se retrouver que dans les musées de plein air. La tradition qui voulait que l'on affiche sa richesse en coiffant les branches des arbres de faitouts colorés ou d'indiquer qu'une fille était à marier en installant au sommet une casserole rouge, n'a guère plus cours. Mais cependant, ici, les valeurs ont encore du sens: la fête, la joie, le rituel, la famille, les croyances et la religion. Elles se manifestent par une créativité populaire qui ne s'est pas démentie au fil des années, revêtant souvent un caractère anonyme: sculpture, poésie, métiers du bois, chants… Toutes relèvent du même fort désir de perpétuer les traditions. Une forme de spiritualité que chacun préserve et défend depuis l'enfance. D ans Chisinau, capitale de la petite Moldavie, le nombre de chantiers de maisons en construction est trompeur. Loin de refléter la santé économique réelle de ce pays - au bord de l'asphyxie -, les façades ravalées indiquent seulement que le propriétaire est parti travailler à l'étranger. Ce mouvement migratoire massif a maintenu la Moldavie à flot depuis l'effondrement de l'URSS en 1991. Pour combien de temps encore? Pays essentiellement agricole, l'ancien "grenier à fruits" de l'Union Soviétique risque en effet de subir de plein fouet les conséquences de la crise économique mondiale. Car la Moldavie souffre d'une hémorragie démographique. En 2008, faute d'emplois, au moins 350 000 Moldaves sont allés gagner leur vie à l'étranger, soit 10 % de la population totale, 25 % des actifs. "L'année passée, les virements bancaires en Moldavie des travailleurs à l'étranger se chiffraient à 2,72 milliard d'euros; c'est 38 % du PIB!", explique Ghenadie Credu, de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dans le monde, seul le Tadjikistan dépend davantage de ses travailleurs expatriés. Le tiers des réserves de la banque centrale aurait été dépensé pendant la campagne Or, avec la crise économique, la diminution des transferts de fonds, voire le retour des travailleurs migrants, pourraient déstabiliser ce pays enclavé entre la Roumanie et l'Ukraine. "C'est une bombe sociale à retardement, avertit Ghenadie Credu. Les Moldaves qui ont pris la route de l'Europe vont probablement y rester, mais 60 % des migrants travaillent en Russie et en Ukraine, surtout dans le secteur de la construction. Ils sont revenus cet hiver, et avec la crise qui frappe làbas, ils risquent de rester ici, faute de mieux." Mais inutile de chercher une référence à ce phénomène durant la campagne électorale pour les législatives du 5 avril, soldées par une écrasante victoire du Parti communiste moldave (PCM), au pouvoir à Chisinau depuis 2001. "Les autorités ont fait mine d'ignorer la crise", remarque Vasile Botnaru, rédacteur en chef de Radio Free Europe. Le parti du président Voronine (en portrait sur notre photo) a préféré vanter la "stabilité" de la Moldavie, "en route vers l'intégration européenne". Une stabilité qui a un coût: "Pour maintenir le leu (la monnaie nationale) stable jusqu'au scrutin, les autorités puisent dans les réserves de devises", explique Vasile Botnaru. En 3 mois, la Banque centrale aurait dépensé le tiers de ses 100 millions de dollars; certains assurent même à Chisinau que la cessation de paiement menace. L'opposition libérale aurait pu profiter de ce contexte économique dégradé. Elle s'est au contraire divisée, éclatée entre une dizaine de formations différentes. Vasile Botnaru s'interro- ge: "Et si l'opposition avait préféré laisser la main aux communistes pour ne pas devoir gérer les conséquences désastreuses de la crise ?" En mal de projet et en l'absence de leader, l'opposition libérale n'a pas su montrer sa différence. Tous les partis - y compris les communistes - sont en faveur de l'intégration européenne; tous plaident pour le retour dans le giron moldave de la Transnistrie, région séparatiste soutenue par Moscou depuis 1991. En période de crise, la course électorale avait donc pris une coloration populiste: les communistes ont promis une hausse des retraites de 20 % dès le mois d'avril; les libéraux ont répliqué en annonçant un salaire moyen "de 500 euros par mois", contre 174 actuellement. "La campagne la plus sale depuis dix ans" Mais à ce jeu, les communistes ont été plus convaincants. Résultat, l'opposition s'est retrouvée le soir des élections avec moins de 35 % des voix. "Mieux vaut faire avec les communistes de Voronine et les pousser à ce qu'ils se rapprochent de nous, petit à petit, plutôt que de se retrouver devant un interlocuteur incertain", reconnaissait un diplomate européen en poste à Chisinau. L'éclatement de l'opposition n'est pas la seule explication au raz-de-marée électoral des communistes. L'utilisation des "ressources administratives" de l'Etat et l'emprise du PCM sur la plupart des médias lui a permis de dominer ses adversaires. "C'était la campagne la plus sale depuis dix ans", lance une journaliste de Pro-TV, filiale d'une télévision roumaine et principale chaîne de l'opposition, dont la licence d'exploitation a failli ne pas être renouvelée en décembre 2008. Dès l'annonce des résultats, le taux de participation de 60 % annoncé par les autorités lors du scrutin a d'ailleurs été présenté comme une preuve de falsification. Des centaines de milliers de Moldaves à l'étranger n'ayant pas pu voter, faute de représentation diplomatique dans leur pays, la participation annoncée signifierait que 80% des électeurs résidant en Moldavie se seraient rendus aux urnes. Un taux jugé farfelu par l'opposition. Certes, l'électorat communiste traditionnel - notamment les retraités et les ruraux - est resté fidèle à ses couleurs. Mais l'intelligentsia de la capitale et les étudiants se sentent de plus en plus à l'étroit dans la Moldavie de Vladimir Voronine, déroutés par les louvoiements diplomatiques du régime entre Bruxelles et Moscou. Pour eux, les promesses de "stabilité" du PCM ne sont que synonyme d'inertie. Le lendemain des élections, ils ont fourni les bataillons de manifestants qui ont envahi les rues de Chisinau, mis à sac le Parlement et caillassé la présidence. Alexandre Billette (Le Monde) 5 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie l BAIA MARE l ORADEA l ARAD l JUCU l l SIBIU TIMISOARA IASI TARGU MURES l l CHISINAU l BACAU BRASOV BRAILA PLOIESTI l l CRAIOVA l n BUCAREST CONSTANTA l Les Moldaves pourront devenir plus facilement Roumains 6 Connaissance et découverte côté face ukrainien… sépare les deux Maramures l l PIATRA NEAMT l La Moldavie est elle roumaine ? BOTOSANI l SUCEAVA l La petite république comprend Les NOUVELLES de ROUMANIE Après le discours du président Traian Basescu devant le Parlement roumain et son appel au gouvernement pour un changement de la loi sur la citoyenneté, le Premier ministre Emil Boc a annoncé une simplification des procédures. Désormais, les Moldaves d'origine roumaine pourront obtenir la citoyenneté roumaine plus facilement, et plus rapidement. L'entretien, qui avait pour but de vérifier la connaissance de la langue, n'aura plus lieu pour ceux qui ont eu par le passé la citoyenneté roumaine. Et le degré de filiation nécessaire pour prouver ses origines roumaines a été étendu jusqu'au troisième degré (arrières grands-parents). Par ailleurs, le délai maximum de vérification du dossier sera désormais de 5 mois à partir de son enregistrement. Ces mesures, qui ne sont pas encore entrées en application, concernent entre 800 000 et un million de Moldaves, soit le quart de la population. Elles provoquent une large inquiétude à Bruxelles et dans plusieurs pays membres de l'UE qui redoutent de voir affluer des immigrants dotés d'un passeport roumain leur donnant libre accès à la Communauté européenne et qu'elles n'entraînent une déstabilisation de la Moldavie. a Moldavie est-elle roumaine? Vaste question a laquelle Marcelin, retraité français vivant en Moldavie se garde bien d'apporter une réponse tranchée sur son site Internet, repris par Rue 89 (http://www.rue89.com), tout en soulignant ci-dessous, qu'elle renferme l'origine de tous les problèmes de la petite république (nos photos: les manifestations). L Ballottée au gré des appétits des voisins "Un peu d'histoire. La République de Moldavie est composée des trois quarts de ce qui était la Bessarabie (territoire compris entre le Prout à l'ouest et le Dniestr ou Nistru à l'est) et un sixième de la Podolie (territoire ukrainien à l'est du Dniestr). Le sud de la Bessarabie appartient à l'Ukraine, ce qui prive la Moldavie d'accès à la mer. La partie "Podolie" de la Moldavie est constituée d'une bande de terre le long du Dniestr, longue de 300 km et large de 30 km. Pour l'heure, cette partie est sécessionniste, sous le nom de République de Peridnistrova ou Transnistrie, sans aucune reconnaissance internationale. Côté Histoire, les deux parties ont eu des destins très différents. Au XVe siècle, la Podolie passe sous domination turque, et ce jusqu'à sa libération par les Russes en 1780. Elle finit rattachée à la Moldavie en 1945. L'histoire de la Bessarabie est plus complexe: à l'origine peuplée par des Thraces appelés Daces, les Romains ayant créé en Moldavie occidentale (aujourd'hui roumaine) la province de Dacie, les Bessarabiens seront connus comme les daces libres. En 1350 est créée une principauté de Moldavie avec la Moldavie roumaine et la Bessarabie. Pendant un siècle et demi elle résiste aux Tatars et aux Huns avant d'imploser et de tomber aux mains de l'empire ottoman. La Bessarabie deviendra russe après une guerre turco-russe en 1812. En 1918, la Roumanie entre en Bessarabie appuyée par des troupes du Général Berthelot et l'annexe. En 1939 suite au pacte Molotov-Ribbentrop les troupes soviétiques l'occupent. En 1940 les troupes roumaines appuyées par les troupes nazies la libèrent et vont jusqu'a Odessa. Pendant cinq ans, la région servira à déporter les tsiganes et les juifs roumains (400 000 personnes dont 230 000 juifs disparus). En 1948, les Russes réoccupent la Moldavie. Depuis 1920, il a toujours existé une RSSM (République socialiste soviétique de Moldavie), de 1920 à 1939 sur le territoire de la Bessarabie, de 1939 à 1945 sur des territoires de Podolie (afin de montrer la persistance de la revendication soviétique), enfin de 1945 à 1991 sur le territoire de Bessarabie amputée au sud et une partie de la Podolie. Sarmale, ail, huile et cognac pour les uns pilmeni, crème fraîche et vodka pour les autres A ce jour la Bessarabie est peuplée à 70% de roumanophones et de 30% de slaves russophones, ce à condition de préciser que l'énorme majorité des roumanophones parlent aussi russe alors que quasiment aucun russe ne parle correctement le roumain. Enfin, dans la capitale, la répartition avoisinerait les 50-50. En Transnistrie, la proportion est inversée: 60% de slaves et 40% de roumanophones. Depuis sept-huit ans, Kiev a lâché du lest. Trois associations roumaines ont pu voir le jour. Les programmes de radio et télévision comprennent quelques heures d'émission en roumain, mais il n'existe toujours pas de journal dans cette langue. L'université d'Oujgorod forme des professeurs de roumain. C'est un premier pas, même si on est loin des facilités accordées à ses minorités par Bucarest, avec un lycée ukrainien, des lycées hongrois, des publications, des médias, des églises, etc. D'ailleurs, et paradoxalement, puisque le Maramures historique est davantage ukrainien, c'est côté roumain que tout ce qui a trait à l'ethnographie, l'expression culturelle de la province, est le mieux conservé, encouragé et développé. Car, malgré sa résistance, le premier a dû subir le brassage de population inhérent à la période soviétique, accueillant des kazakhs, Ouzbeks, Russes, devenant une sorte de Babylone où il n'est pas rare de rencontrer des gens parlant cinq langues. Divorce sous la menace de l'Armée rouge Lors de la conclusion des traités de Versailles, Saint-Germain en Laye et du Trianon, en 1919-1920, les Roumains ont vu s'envoler l'espoir soulevé lors de la Grande Assemblée d'Alba Iulia, le 1er décembre 1918, de voir s'intégrer tout le Maramures à la Grande Roumanie qui naissait. L'envoi d'une délégation conduite par la reine Marie pour plaider cette cause auprès des Alliés fut vain. Ceux-ci, sur les lambeaux de l'Empire austro-hongrois tout juste démantelé, choisirent d'attribuer le nord de la région à la Tchécoslovaquie qu'ils venaient de porter sur les fonds baptismaux. Les circonstances d'une réunification étaient beaucoup moins favorables en 1945. Sous la menace de l'Armée rouge, les Soviétiques redessinant l'Europe à leur avantage, firent pression sur la population et manipulèrent un référendum qui leur attribua l'ensemble du Maramures via l'Ukraine. Une révolte des paysans les amena cependant à revoir leur copie et à le scinder en deux, suivant un découpage que l'on retrouve pratiquement actuellement… Hormis pour la partie orientale roumaine, au fort potentiel économique, qui fut grignotée en 1950 au profit des judets voisins, à la suite de manœuvres orchestrées par les dirigeants communistes de Suceava. Grande comme la France (600 000 km2 et 50 millions d'habitants), l'Ukraine n'est pas prête à renoncer à sa portion de Maramures, laquelle constitue sa seule partie montagneuse avec la Crimée, fréquentée l'hiver par les touristes polonais et tchèques. Pile ou face, le Maramures doit continuer à vivre comme les deux côtés d'une seule pièce, condamnés à ne jamais se rencontrer. A moins que l'Europe, dans vingt ou trente ans… Dossier réalisé par Henri Gillet avec la collaboration d'Adela et Teofil Ivanciuc Kosmatch, village Houtsoul magique K osmatch est un village Houtsoul de six mille âmes, caché dans les Carpates ukrainiennes. Divisé en 32 lieux-dits, il s'étale sur près de quatrevingt dix kilomètres carrés. C'est un endroit magique imprégné de traditions ancestrales où chaque maison renferme des secrets folkloriques. Dans les années quarante jusqu'au milieu des années cinquante Kosmatch fut le centre de la résistance de "l'armée insurrectionnelle ukrainienne" UPA (Ukraïnska Povstantcha Armia). Cette armée (entre autres), a lutté contre l'invasion soviétique en Ukraine occidentale. Ce n'est pas étonnant qu'aux dernières élections le Président pro-occidental Youchtchenko ait recueilli ici un score de 4001 voix contre 40 pour son adversaire pro-russe Yanoukovitch. 47 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Tourisme l l l DEVA l l TIMISOARA IASI l SIBIU l l SUCEAVA TARGU MURES CLUJ ARAD l l CRAIOVA BACAU BRAILA l PITESTI l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Le calendrier agricole hors des sentiers battus 46 70 % de roumanophones et 30 % de russophones Vaste question... et source de bien des problèmes l BRASOV PETROSANI l Un pont loin sur la Tisa l l BAIA MARE ORADEA Coté pile roumain, Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Le Maramures est un pays de fêtes et traditions qui sont fort bien décrites dans les guides "Lonely Planet" et "Le Routard", deux ouvrages indispensables aux touristes et qui se complètent. Toutefois, hors des sentiers battus, il existe d'autres rendez-vous, rarement évoqués, et qui donnent pourtant toute sa mesure à la région. Ils figurent à ce qu'on pourrait appeler "le calendrier agricole", martelant le rythme de la terre. Les premier et deuxième dimanche de mai, les bergers se retrouvent dans les vallées pour mesurer la quantité de lait de brebis que chacun a produit et qui est mise en commun. L'évènement est d'importance car il décidera du quota de fromage reçu. C'est l'occasion d'une grande fête et le prêtre vient bénir les hommes et leurs troupeaux. Une semaine auparavant, on a procédé à la tonte des moutons donnant lieu aussi à des réjouissances pittoresques, au son de la musique. ertains de nos lecteurs s'apprêtent à prendre cet été le chemin de la Roumanie et bon nombre feront un détour par le Maramures. Pour guider leurs pas hors des sentiers battus, et les aider dans leur découverte de cette région, "Les Nouvelles de Roumanie" lui consacrent un dossier dans les pages suivantes… destiné également à faire voyager en rêve ou à donner des idées à ceux qui n'auront pas eu l'opportunité d'en prendre le chemin. Si la dernière véritable culture paysanne d'Europe y est encore bien vivante, le visiteur ne doit pas oublier que le véritable Maramures historique se trouve aujourd'hui aux deux tiers en Ukraine. Sur les 10 300 km2 qui le forment, 3381 sont sous administration de Bucarest et 7000 de Kiev. En Roumanie, son caractère authentique n'éclate que dans le nord du judet du même nom, près de la frontière entre les deux pays. Le sud s'apparente davantage aux spécificités de la région de Bistritsa-Nasaud. Les méandres de l'histoire ont suivi ceux de la rivière Tisa qui séparent Roumanie et Ukraine, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et auparavant Roumanie et Tchécoslovaquie, entre les deux guerres. En fait, le Maramures ne connut son unité que sous l'empire autrichien des Habsbourg. Aujourd'hui, la Tisza est devenue la frontière extérieure de l'Union Européenne, depuis que la Roumanie l'a rejointe, aggravant encore la séparation. Ukrainiens et Roumains doivent montrer patte blanche et visas d'un coût de 30 € pour les premiers, pour se rendre visite. Seul point de passage, le pont en bois de Sighet fait immanquablement penser à celui de Glienicke qui a longtemps séparé les deux Berlin en enjambant la Havel, auquel il ressemble beaucoup, et qui a été rendu célèbre pour avoir été utilisé lors de la plupart des échanges d'espions capturés pendant la guerre froide. Refait dernièrement grâce à des fonds de l'UE, il est emprunté quotidiennement par 3000 personnes, lesquelles doivent patienter trois heures côté roumain pour le franchir et cinq heures, côté ukrainien. Au-dessous, les 3-4 m de largeur de la rivière font sérieusement douter qu'ils soient imperméables à l'immigration clandestine. C Après une tentative d'assimilation, Kiev lâche du lest Toujours en mai et un dimanche, on célèbre l'époque des semailles. A Hoteni, près de Ocna Sugatag, à 20 km de Sighet, la population se retrouve pour une incantation très spectaculaire au soleil et au rythme de la terre, au cours de laquelle un jeune garçon est amené pour être lavé dans la rivière. (Suite page 48) Le Maramures ukrainien forme un comitat, équivalent du judet roumain. On y dénombre neuf communes et au total treize villages pour une population de 35 000 habitants d'après les autorités, chiffre plus proche de 40-42 000. Kiev a longtemps traîné les pieds avant de reconnaître officiellement cette entité et a tenté longuement l'assimilation de la population: école soviétique, enseignement de l'ukrainien, bannissement de la langue roumaine… remplacée par le moldave. Mais ce processus d'ukrainisation a renforcé par réaction le caractère roumain autochtone, armant cette communauté d'une psychologie de minorité, comme chez les Houtsouls, communauté plus ancienne que les Ukrainiens du crû. Les fêtes traditionnelles, notamment celles de la Pentecôte et l'Ascension, n'en ont été que davantage suivies. La séparation physique en deux entités du Maramures n'a cependant pas altéré les traits communs de ses habitants. De tout temps, de chaque côté de la frontière on s'est montré dur à la besogne. Côté roumain, on louait ses bras pour aller travailler sur les gros chantiers du Banat; côté ukrainien on prenait le chemin des combinats de Novosibirsk, en Sibérie. Au retour, avec le pécule accumulé, chacun se faisait construire une grosse maison, ce qui était inhabituel dans l'ex-URSS. S'influençant l'une l'autre, les deux communautés gardent encore des différences culturelles sur des points mineurs. Les Slaves mangent volontiers des pilmeni (espèces de raviolis) auxquels les roumanophones préfèrent les sarmale (feuilles de vigne farcies). De manière générale, la cuisine des roumanophones est plus méditerranéenne (ail, huile et grillades) que celles des slaves (à base de crème fraîche). De même, si l'on se retrouve volontiers pour boire ce sera davantage du "cognac" pour les roumanophones et de la vodka pour les slaves. Enfin, si vous êtes invités a un mariage vous pouvez dire sans hésiter à quelle communauté vous avez à faire. Cependant ces différences (qui s'estompent) ne doivent pas cacher que les slaves locaux ont acquis de nouvelles coutumes et que celles des Moldaves sont différentes de celles de la Moldavie roumaine. Un seul exemple: la "ciorba de burta" plat national roumain que l'on trouve dans tous les restaurants est introuvable en Moldavie. Près de 80% des industries et des sources d'énergie (barrage hydro électrique sur le Dniestr) se trouvent en Transnistrie. Le reste de la Moldavie est essentiellement agricole avec vignes et vergers, à quoi on peut ajouter quelques industries agro alimentaires de transformation. L'explication du phénomène est simple: toute l'industrialisation a été le fait de l'Union Soviétique qui a préféré la faire dans une région non contestée. Deux langues et deux alphabets en concurrence Aspect linguistique. Les roumanophones locaux parlent ils le moldave ou le roumain ? En d'autres termes existe-t-il une langue moldave ? Jusqu'en 1860, le parler roumain recouvrait le territoire de la Roumanie et de la Bessarabie, mais était écrit en alphabet cyrillique. La Roumanie décida alors de passer à l'alphabet latin ce qui créa quelques divergences avec la langue de la Bessarabie alors sous occupation russe. A l'époque soviétique, l'alphabet cyrillique a été maintenu en Moldavie, mais lors de l'indépendance, en 1991, l'alphabet latin fut institué alors que la Transnistrie restait toujours à l'alphabet cyrillique. Enfin, plus récemment, le parlement moldave (contre l'avis de tous les linguistes) a décidé que la langue officielle était le moldave régi par l'Assemblée des sciences de Chisinau et non le roumain… bien qu'il s'agisse pour l'essentiel de la même langue. Il faut aussi préciser que la Moldavie n'a qu'une langue officielle d'état même si le russe est reconnu comme langue de communication privilégiée, par contre la Transnistrie a pour langues officielles le russe, l'ukrainien et le moldave. Peurs croisées et spectre d'un rattachement à la Russie Tout se joue depuis quinze ans sur l'opposition des deux communautés qui vivent dans un climat paranoïde. La communauté slave entretient sans trop de raison la peur de ne pas être reconnue comme étant moldave et de devoir partir, la communauté roumanophone la peur d'être dominée par la minorité slave comme cela a été le cas pendant cinquante ans. Cette dichotomie a culminé dans les années 90 où certains hommes politiques agitaient le chiffon rouge du rattachement à la Roumanie et où le monolinguisme était voté. En réaction, la Transnistrie faisait sécession et interdisait l'alphabet latin pour le moldave ! Même si les populations dans leur majorité ne semblent pas vouloir d'un rattachement, certains Moldaves continuent à l'évoquer tandis que les autorités de Transnistrie demandent à rejoindre la Russie. Cependant, il naît de plus en plus une conscience de peuple moldave, les enfants des russophones apprenant même tous maintenant la langue du crû. La population est aussi quasi unanime a vouloir se tourner vers l'UE tout en gardant de bonnes relations avec Moscou, ce qui passe par un refus d'une adhésion à l'Otan". Voronine : "Lénine a été un leader génial" L e Président Vladimir Voronine a rendu un vibrant hommage à Lénine lors du 85ème anniversaire de sa mort, déposant une gerbe devant l'imposant monument érigé à sa mémoire à Chisinau. Ce même jour il avait assisté aux funérailles nationales du poète Grigore Vieru, incarnation de l'esprit de résistance aux Soviétiques. "Nous ne devons pas renoncer à notre histoire" a-t-il déclaré, "dans les années qui ont suivi la fin de l'ère soviétique, beaucoup d'hommes ont voulu diffamer Lénine. Ils n'ont pas réussi et ne réussiront pas. Lénine a été un "conducator" un organisateur génial". Cet ancien secrétaire du Parti communiste moldave, formé à Moscou et nostalgique de l'époque où son pays était une république de l'URSS, devenu président de la Moldavie en 2001, a également clamé que "les idées marxiste-léninistes étaient toujours d'actualité et pourraient devenir une feuille de route pour résoudre les problèmes modernes", ajoutant "Aujourd'hui, nous construisons en Moldavie un Etat social où la prospérité des citoyens est la priorité". La Moldavie est considérée comme le pays européen le plus pauvre. 7 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE La fille du Président Politique l l SATU MARE ORADEA l ARAD SUCEAVA IASI l l CHISINAU TARGU MURES l l DEVA VASLUI l l Elena Basescu… l BAIA MARE l l TIMISOARA BRAILA BRASOV PITESTI CRAIOVA l l l PLOIESTI n BUCAREST GIURGIU l l TULCEA CONSTANTA l l Le gendre du Roi Michel en course pour la présidentielle 8 Radu Duda, 49 ans, mari de la princesse Margareta depuis 1996, fille aînée du roi Michel, se présentera à la prochaine élection présidentielle qui aura lieu en fin d'année. Il a reçu le soutien de son beau-père, aujourd'hui âgé de 87 ans et qui est le doyen des monarques ayant régné dans le monde. Nommé par le roi Michel prince de Roumanie, cet ancien comédien, né en 1960 à Iasi, a occupé les fonctions de représentant spécial du gouvernement roumain de 2002 à 2008, date à laquelle il y a renoncé, recevant environ un million d'euros pour financer les différentes missions qu'il a eues à mener sur les problèmes d'intégration de la Roumanie à l'UE, de coopération et de développement durable. En annonçant soutenir la candidature de son gendre, le roi Michel a affirmé lors d'une conférence de presse qu'il était temps que "la famille royale s'implique dans la marche du pays (...) A travers la présence aux élections démocratiques du chef de l'Etat, ma famille essaie d'unir et d'assainir la Roumanie d'aujourd'hui. Nous voulons montrer comment doit être servi un vrai peuple", a-t-il déclaré. Après l'annonce de sa candidature, Radu Duda a été vu en compagnie de Betsy Myers, une des stratèges de la campagne de Barack Obama. Les premiers sondages le créditaient de 3 % des intentions de vote. lena Basescu avait jusqu'au 2 avril pour rassembler 100 000 signatures et ainsi se présenter aux élections européennes le 7 juin prochain. Mission réussie. Gros plan par Marion Guyonvarch sur son aventure en indépendante qui focalise l'attention. Elle pourrait être l'héroïne d'une télénovela: la fille du président de la République qui, décidée à entrer dans l'arène politique, se heurte à l'opposition des intellectuels de son parti et choisit donc de se lancer dans la course à l'élection en indépendante. Mais le scénario est bien réel et fait d'Elena Basescu, "Elena de Dorobanti" comme elle s'est elle-même baptisée, la star avant l'heure de la campagne pour les Européennes. Depuis qu'elle a démissionné du PD-L (Parti démocrate-libéral, au pouvoir avec le PSD) et annoncé sa candidature en indépendante le 18 mars, la fille cadette de Traian Basescu, qui espère briser un peu son image de fille à papa et de poupée jet-setteuse, a décrété la mobilisation générale pour collecter les 100 000 signatures nécessaires à sa candidature. E Figure de la jeunesse dorée bucarestoise Via ses camarades de l'organisation des jeunes démocrates qui la soutiennent en partie, une campagne de collecte a débuté à travers tout le pays. Sous le sigle "EBA", l'ancienne mannequin de 28 ans a aussi investi le Net, en lançant son site et en prenant d'assaut les réseaux sociaux type Facebook ou Twitter, où elle publie ses dernières déclarations et recrute des volontaires. Sans oublier bien sûr qu'elle fait jouer son important carnet d'adresses : des membres du PD-L affichent leur soutien: Elena Udrea, la ministre du tourisme, proche de son père, a mis son siège de campagne à sa disposition, la député Raluca Turcan a offert sa signature et le fils de l'affairiste et politicien Silviu Prigoana fait partie des bénévoles. Certains médias ont même lancé des campagnes de soutien, distribuant des formulaires de collecte de signatures. D'autres, comme Academia Catavencu, la Canard Enchaîné roumain le font aussi mais sur un ton bien plus moqueur. Car la presse, bien sûr, se régale de ce nouvel épisode des péripéties d'Elena Basescu - figure de la jeunesse dorée bucarestoise, connue pour ses gaffes verbales, sa façon d'écorcher la langue roumaine, sa vie amoureuse agitée, sa fréquentation assidue des clubs et restaurants branchés de la capitale. Le soutien que lui apporte son ancien petit ami, Andrei Hrebenciuc Jr, fait très souvent la Une. Les journaux se délectent notamment quand son père essaie de la défendre contre ceux qui la taxent d'incompétence, affirmant qu'elle a "tout de même terminé la James Madison University". Alors qu'elle n'y a étudié que deux semestres… "Papa n'a pas menti", réplique aussitôt Elena. Qui ne joue pas vraiment les rebelles non plus: elle continue d'affirmer sa fidélité sur la durée au PD-L et a nommé sa sœur, Ioana, chef de campagne. La sexy-candidate fait merveille dans les sondages Pour l'heure, pour convaincre, Elena Basescu utilise cette posture d'indépendante, de militante fidèle qui n'a eu d'autre choix que de partir de sa formation politique, notamment à cause du mépris affiché par les intellectuels. Elle a ainsi affirmé avoir "décidé de faire le chemin jusqu'à Strasbourg à pied, tandis que les candidats des principaux partis s'y rendront eux en avion". Derrière cette posture, difficile de discerner le programme politique de la candidate Elena. Reste que la stratégie semble payante. Les campagnes de signatures fonctionnent bien, et, mieux, selon un sondage réalisé par CCSB le 19 mars, "EBA" se classerait en troisième position le 7 juin prochain, Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte un poker menteur, qui s'est transformé avant de se terminer par un effet de dominos" la chute des régimes communistes à l'Est Le général Jaruzelski, artisan principal, côté communiste, que l'opposition pouvait les gagner et plus encore que le poudes négociations en Pologne dira: "Pour Gorbatchev, l'issue de voir tolère un tel résultat. la table ronde polonaise pouvait rassurer les autres dirigeants Le 4 juin, le jour même de la victoire électorale de de l'Europe de l'Est en démontrant qu'on pouvait coopérer Solidarnosc, les communistes conservateurs de l'Europe cenavec les forces de l'opposition sans que cela tourne à la terreur trale s'accrochent encore à une alternative à la chinoise, en blanche." regardant les chars écraser sur la place Tienanmen le mouveLes Polonais essuient les plâtres, la suspicion mettra du ment réformateur. Mais il n'y a plus de retour en arrière. temps à se dissiper. Rien n'est joué d’avance. Le contexte Les audaces à venir trouvent leur source à Varsovie. En mérite d'être rappelé car septembre est donné le signal le plus imporil montre aussi les frontant. Un Premier ministre non communiste, tières cognitives à l'auTadeusz Mazowiecki, s'apprête à gouverner dace et aux stratégies dans un environnement encore largement des acteurs. soviétisé. Ainsi, le registre des possibles Au milieu des s'élargit-il de manère décisive avec le temps années 80, on est dans et les acteurs politiques de l'Europe centrale une ambiance carrément et orientale se radicalisent. pessimiste. Les théories de l'inévitable normaliConcurrence et compétition sation soviétique sont entre anciens "pays frères" plus fréquentes que les réflexions sur la fin du Depuis quelques années déjà les anciens communisme. Cela mal"pays frères" se livrent à une concurrence, gré le gorbatchévisme, plus ou moins explicite, sur qui est la plus qui a du mal à se faire La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989. grande victime des vicissitudes de l'histoire, passer pour autre chose ou sur qui a vaincu le communisme. En qu'une nième ruse du communisme. 2006, les Hongrois ont rappelé l'anniversaire de l'insurrection Se souvient-on encore des mots de Jean-François Revel de Budapest. L'année 2008 a fait monter au créneau les qui, dans un best-seller, Comment les démocraties finissent, a Tchèques pour remémorer la trahison occidentale de Munich affirmé que "la démocratie aura été dans l'histoire un accien 1938, le putsch des communistes de février 1948, l'écrasedent, une brève parenthèse qui sous nos yeux se referme". Et ment du printemps de Prague en 1968. faut-il rappeler que Henry Kissinger est allé à Moscou en plei"Poland first to figth", ("La Pologne, première à se ne débâcle des communistes polonais pour proposer, contre la battre") est le slogan adopté par le gouvernement polonais finlandisation de certains pays de l'Europe centrale, la propour contrecarrer les velléités de lui ravir ses mérites. Une messe des Etats-Unis de ne pas chercher à les attidiplomatie mémorielle rer dans l'orbite américaine. Le président Bush sous-tend cette compépère, durant son voyage en Pologne et en Hongrie tition commémorative également en 1989, se place intellectuellement dans qui s'annonce particule scénario des communistes, à savoir “le partage lièrement rude en bicéphale des pouvoirs". 2009, peu compatible avec la prescription du "La liberté est tolérable" consensus mémoriel de l'Union Euro-péenAinsi l'agenda polonais était d'une importance ne. Mais rentable. Les capitale pour "informer" les autres. L'exemple politiciens, qui se polonais vidait de son efficience l'argument légititransforment en vérimateur de la violence probable. La négociation tables entrepreneurs de polonaise avait déjà eu en avril un effet foudroyant, commémoration, Vaclav Havel, inspirateur la de la “Révolution de velours” à Prague. puisqu'elle disait aux pays voisins que la liberté l'ont bien compris. syndicale, le pluralisme syndical, la liberté d'association Cependant, même s'il est juste de reconnaître aux Polonais étaient tolérables. A cela s'ajouta la révélation qu'un journal le mérite de la primauté et de l'exemplarité, la fête ne devraitindépendant (Gazeta Wyborcza) était admissible. elle pas être universelle? Le monde entier était concerné par la En juin, on note non seulement la possibilité d'organiser disparition d'un régime honni. les élections, un peu plus libres que d'habitude, mais surtout Georges Mink, Directeur de recherche au CNRS 45 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Révolution an XX l ORADEA ARAD l CLUJ l l l l SIBIU TARGU MURES GALATI l BRASOV l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l "Roumanie, le pays du choix" 44 Printemps 1989... Commence SUCEAVA CHISINAU l BISTRITA l IASI l TIMISOARA l BAIA MARE l "Roumanie, le pays du choix"... Tel est le nouveau slogan destiné à promouvoir la Roumanie sur le marché touristique international au cours d'une campagne de promotion bénéficiant d'un budget de plusieurs millions d'euros et dont trois sportifs de réputation mondiale seront les ambassadeurs, Nadia Comaneci, l'ex-champion de tennis Ilie Nastase et le "Maradonna des Carpates" Gheorghe Hagi. Ce slogan a été dévoilé à Pâques, à l'occasion d'un concert organisé à Mamaia. Il remplace le "Simplement surprenant" qui représentait le pays depuis quelques années. Par ailleurs, le nouvel hymne du tourisme roumain - interprété entre autres par Gheorghe Zamfir - qui sera diffusé à l'étranger pour séduire les touristes, devait être révélé le 1er mai. A noter aussi que la ministre Elena Udrea s'est déclarée très satisfaite de l'affluence sur le littoral pour les fêtes de Pâques et a souhaité que cela devienne une tradition. Bucarest bientôt en autobus Les touristes devraient pouvoir bientôt visiter la Bucarest grace à un système d'autobus se succédant toutes les 25 minutes, chaque jour entre 9 h et 20 h. Le circuit passera par le monastère Casin, la place Victoria, le Palais de la Caisse d'Epargne, le boulevard Elisabeth, la place de l'Opéra, Cotroceni, le palais de Ceausescu, la Place Unirii, l'Université, Foisorul de Foc, Piata Romana, la place Charles De Gaulle et Piata Presei. La mairie de Bucarest a prévu d'affecter 4 autobus Mercedes empuntés à la Régie des Transports (RATB) de la capitale pour assurer ce nouveau service. "Cela a débuté par en un jeu d'échecs, eorges Mink, directeur de recherche au CNRS, enseignant à Sciences-Po et au Collège de l'Europe évoque dans les colonnes de Libération, l'année 1989 qui, voici vingt ans, a été marquée par l'explosion du bloc de l'Est, après 45 ans de dictature communiste pour les uns et 72 pour l'ex URSS. "Dans les récits de l'année 1989, celle des révolutions de 1989, celle du démantèlement du totalitarisme soviétique, la métaphore des pièces de domino qui tombent, une à une, s'est imposée avec une étonnante facilité. Elle est pourtant trompeuse. Cela a commencé par un poker menteur, qui s'est transformé ensuite en un jeu d'échecs, avant de se terminer par un effet des dominos. "N'est-il pas alors utile de rappeler ce qui s'était passé en 1989 pour éviter d'escamoter l'histoire et en détourner sa représentation mémorielle ?" se demande ce spécialiste de l'Europe Centrale et de l'Est. G Passation des pouvoirs autour de tables rondes… sauf en Roumanie Le calendrier en soi est déjà très parlant. Tout commence par la table ronde polonaise, le 6 février, pour se conclure par la signature d'un compromis historique entre les négociateurs communistes et les représentants de l'opposition le 5 avril 1989. Les Polonais obtiennent la légalisation du syndicat Solidarnosc, des élections quasi libres au parlement et totalement libres pour le Sénat, un journal hors censure, Gazeta Wyborcza (notre photo: Lech Walesa porté en triomphe). Puis vient la double table ronde hongroise en mars 1989 et de juin à septembre 1989. Les Hongrois, instruits par l'absence de la réaction soviétique, en veulent plus et l'obtiennent: les élections libres et le référendum qui donnera la présidence du pays à un représentant de l'opposition, l'écrivain Arpad Goncz. La table ronde tchécoslovaque (ou plus exactement les) se déroule entre le 26 novembre et le 9 décembre; les opposants ne négocient plus que le changement du personnel politique, la formation d'un gouvernement non communiste, la présidence du pays pour Vaclav Havel et celle de l'Assemblée fédérale pour Alexandre Dubcek. En RDA, les négociations ont lieu après l'ouverture du Mur, à partir du 7 décembre 1989, mais très vite on se focalise sur la gestion du processus de réunification. La métaphore mobilière n'a plus autant d'importance, les événements l'ont largement rendue caduque. Alors qu'en Roumanie la justice expéditive se substitue aux négociations, seule encore la Bulgarie s'offre une vraie table ronde, relativement tardive, qui commence le 3 janvier 1990. Entre "normalisation" à la soviétique et "terreur blanche" De par sa précocité, la table ronde polonaise est soumise aux incertitudes du contexte. Tout au long de son déroulement, l'argument de la violence probable subit une lente érosion. Ce n'est pas seulement l'absence de réaction mais c'est surtout l'assentiment exprimé par Gorbatchev qui déstabilisera les conservateurs du Parti. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE se rêve en députée européenne de mannequin à femme politique avec 16% des voix contre 35% pour le PD-L et 30% pour le PSD-PC. Selon l'éditorialiste d'Evenimentul Zilei Andrei Craciun, le succès d'une candidate non politicienne atteste de l'état de la politique en Roumanie. "Parce qu'elle n'est pas politicienne, Elena Basescu reste une image construite selon les critères qui consacrent toutes les vedettes actuelles. Elle est transformée en une espèce de sexy-candidate-merveille qui attire comme un aimant la curiosité. Et les votes. Probablement." Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com - Bucarest) Maria, qu’est-ce qu’on fait avec la petite... On l’envoie apprendre la grammaire ou à Bruxelles ? (Vali)? Nouveau président du PNL, Crin Antonescu s'entoure de figures impliquées dans des affaires C rin Antonescu, 50 ans, leader du groupe Libéral à la Chambre des députés, a été élu président du Parti national libéral (PNL), fin mars, lors du congrès extraordinaire du parti. Professeur d'histoire, originaire de Tulcea, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports sous le Président Constantinescu, il remplace Calin Popescu Tariceanu à la tête du premier parti d'opposition qu’il a battu. Ludovic Orban, l'ancien ministre des Transports, qui s'était également présenté à cette fonction, avant de retirer sa candidature pour soutenir Crin Antonescu, a été nommé viceprésident du parti. S'il a voulu apparaître comme l'homme du changement, Crin Antonescu a pourtant utilisé une rhétorique bien connue de la classe politique dans son discours précédent le vote, celle du dénigrement. Sa principale cible: Traian Basescu. Selon Antonescu, le Président de la République est un "vieux maquereau", contrôlant les entrées du "bordel politique roumain…". "Bienvenue dans l'aquarium" peut déjà lui rétorquer ce dernier, sans risque de se tromper. Le nouveau président du PNL s'est en effet bien entouré. On retrouve comme vice-présidents du Parti libéral, Cristian Anghel, maire de Baia Mare depuis 16 ans, poursuivi pour abus de pouvoir et préjudice de 400 000 € au détriment de sa mairie, Mircea Muntean, maire de Deva depuis 13 ans, accusé d'avoir vendu à un prix dérisoire un terrain public à un promoteur immobilier italien, Romeo Staravache, maire de Bacau, soumis à enquête pour concussion au sujet de travaux publics. Cette équipe pourra s'appuyer sur une base tout autant solide dont fait partie Lucian Iliescu, maire de Giurgiu depuis 13 ans, ancien du Parti Communiste Roumain (PCR), reconverti dans l'ultra-libéralisme et quelques valeurs montantes prometteuses, déjà dans le collimateur de la Justice. Le bailleur de fonds et "faiseur de roi" du PNL, autrefois parti historique prestigieux, n'est autre que l'affairiste milliardaire Dinu Patricu, première fortune du pays d'après la revue américaine Forbes, ancien propriétaire de Rompetrol, patron d'un groupe de presse, plusieurs fois inquiété par la Justice, suspecté de manipulations en bourse, brièvement arrêté mais relâché. Vasile Paraschiv : l'honneur d'un dissident A 80 ans, il reste cet éternel esprit libre qui a osé refuser, le 1er décembre, la décoration suprême que voulait lui décerner le président Traian Basescu: chevalier de la Steaua României (Etoile de Roumanie). "Je ne peux accepter une distinction de la main d'un communiste", a-t-il asséné au chef de l'Etat. Tour à tour arrêté et interné en hôpital psychiatrique, Vasile Paraschiv n'a pas seulement ferraillé, durant vingt ans, contre le régime de fer de Ceausescu. Depuis la chute du régime, en décembre 1989, il a poursuivi son combat par la voie judiciaire, pour devenir, aujourd'hui, un autre symbole: celui de la lutte des victimes contre l'Etat roumain. Dure bataille... Signe que, près de vingt ans après la "révolution", le pays peine encore à digérer son passé. Avec l'aide de l'Institut de recherche et d'investigation des crimes du communisme (IICCR), créé en 2005, Vasile Paraschiv a d'abord constitué un dossier, accablant, sur la base des archives de la police politique. Puis il a attaqué en justice 67 personnes, psychiatres et exmembres du Parti ou de la Securitate. Mais, en 2008, le parquet annonce que les faits sont prescrits... "Très peu de crimes commis pendant la période communiste ont fait l'objet de condamnations pénales", confirme Raluca Grosescu, historienne et membre de l'IICCR. "Ils devraient relever de crimes contre l'humanité, imprescriptibles... Les plaignants ont déposé des recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme". L'espoir resurgit, néanmoins, dans les tribunaux civils, où les victimes peuvent enfin voir leurs souffrances reconnues, à défaut de voir leurs tortionnaires passer en jugement. Le 4 décembre 2008, Vasile Paraschiv remporte sa première victoire: l'Etat roumain est condamné à lui verser 300 000 € de dommages et intérêts pour les mauvais traitements subis entre 1968 et 1989. Mais il en réclame un million. Le verdict est attendu en appel. Marion Guyonvarch 9 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Politique l BAIA MARE ORADEA l l SUCEAVA CLUJ l TARGU MURES ARAD CHISINAU IASI l l BRASOV l l GALATI l SIBIU TIMISOARA l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l n BUCAREST GIURGIU CONSTANTA l l Minériades: Ion Iliescu "blanchi" 10 Le judet de Constantsa mis en coupe réglée par ses élus l l Une nouvelle taxe pour circuler sur les routes départementales Ion Iliescu ne sera pas poursuivi pénalement dans le deuxième dossier des minériades de 1990. Ainsi en ont decidé les procureurs du Bureau d'investigation sur le crime organisé et le terrorisme. Le président d'honneur du Parti social démocrate, ainsi que 30 autres suspects, également accusés de déstabilisation de l'Etat et d'actes de diversion, ont été blanchis de toute charge. Ion Iliescu était accusé d'avoir fait descendre les mineurs sur Bucarest pour mettre fin aux manifestations qui y avaient éclaté . Securitate: Rodica Stanoiu pointée du doigt Une analyse graphologique confirme que des notes informatives pour la Securitate ont été rédigées par Rodica Stanoiu, ministre de la Justice dans le gouvernement Nastase et proche de Ion Iliescu. Sous le pseudonyme de "Sanda" puis de “Gheorgeta”, elle aurait fourni des informations à la Securitate de 1983 à 1987. L'ancienne parlementaire conteste ce verdict de collaboration avec la police politique, déjà énoncé en 2007 par le CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives de la Securitate). L’analyse sera versée au dossier. … Et le maire de Iasi Le maire PSD de Iasi, Gheorghe Nichita, 53 ans, avait le nom de code de "Mihai" à la Securitate avec laquelle il avait signé un engagement en 1978, alors qu'il avait 22 ans, afin de surveiller ses camarades étudiants, mais on ne peut cependant pas lui attribuer le qualificatif de collaborateur de la police de Ceausescu selon le CNSAS. A la Rovinieta que les automobilistes doivent arborer sur leur pare-brise quant ils circulent sur les routes nationales du pays, les propriétaires de véhicules pouvant transporter plus de neuf personnes, de camionnettes et de camions sont désormais dans l'obligation d'ajouter une vignette départementale quant ils empruntent les routes départementales du judet de Constantsa. La décision a été prise fin 2008, à l'initiative du président du Conseil judetean, Nicusor Constantinescu, grand ami du maire de Constantsa, Radu Mazare, les deux affairistes, élus du PSD (notre photo) fréquentant également assidûment les bancs de la DNA (Direction Nationale Anti-corruption) qui les a soumis à diverses reprises à enquête. Au début, les transporteurs n'ont pas pris au sérieux cette nouvelle forme de racket, censée aidée à réparer et à entretenir les routes du département, mais les amendes commençant à pleuvoir - d'un montant de 350 à 600 € -, ils sont bien obligés de s'y soumettre. Cette nouvelle taxe annuelle est pourtant plus importante que la Rovinieta, en coûtant parfois le double et pouvant atteindre 1500 € pour les camions de plus de 20 tonnes. Les véhicules ne circulant pas régulièrement dans le judet peuvent acquitter une taxe à la journée (de un à 9 euros) ou mensuelle (de 20 à 85 €). Bien sûr, cette vignette offre aux policiers la possibilité de recevoir de nouveaux bakchichs. C'est notamment le cas pour les chauffeurs venant de Bulgarie et empruntant la route départementale 393, reliant la frontière à Techirghiol, sur laquelle il n'existe aucun endroit où on peut se la procurer. Cette taxe départementale pourrait fort bien se généraliser à travers le pays, la loi sur les finances publiques permettant aux administrations locales d'introduire des impôts spéciaux permettant de financer leurs budgets, sans en préciser le niveau maximum autorisé. La disposition a déjà été utilisée par Radu Mazare qui a introduit une taxe de visite pour les automobilistes entrant dans la station de Mamaia pendant la saison. Une taxe de transit a également été instituée par la mairie de Giurgiu, doublée par une taxe "écologique" à l'initiative de la préfecture. Les automobilistes roumains sont sans-doute "bons à tondre", l'ancien Premier ministre Tariceanu ayant montré l'exemple en instituant une taxe exorbitante sur les véhicules d'occasion qu'il a triplé le jour même où il abandonnait ses fonctions pour reprendre son tablier d'importateur de voitures neuves. Des “requins” capitalistes menacent aussi les plages Le nouveau gouvernement a également dans ses cartons un projet qui ravit le maire de Cosntantsa. Un des ses lieutenants locaux du PSD, devenu ministre de l'Environnement, Nicolae Nemirschi (il a aussi en charge le dossier Rosia Montana !) prévoit de rétrocéder aux mairies la concession des plages du littoral de la Mer Noire. 20 % d'entre-elles auraient un statut communal, avec libre accès, le reste pouvant être réparti entre les hôtels, les résidences, les clubs de sports nautiques, moyennant une redevance qui était de 3,5 € le m2, l'an passé, transformée en taxe auprès des usagers. Les fonds ainsi collectés seraient censés couvrir les frais d'entretien, de gardiennage, d'assistance médicale et de surveillance des baigneurs. D'ores et déjà, il est prévu que deux à trois sites de Mamaia deviennent des plages de luxe. Il est loin l'époque ou des millions de Roumains pouvaient se rendre pour presque rien sur la mer Noire. Un des rares bons côtés du communisme… Aujourd'hui, ce sont des “requins” convertis au capitalisme qui les mettent en coupe réglée. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE sous la dictature Antonescu mais à la manière de là-bas… artisanale Moldavie et Valachie - "le vieux royaume" ou au sud de la Transylvanie -, le régime renforça les mesures d'humiliation et de spoliation sur fond de violences sporadiques mais organisées. "Les Juifs pourront vivre, mais ils ne bénéficieront pas des ressources et des richesses de ce pays", martelait le dictateur, qui renonça finalement à mettre en œuvre l'extermination totale, voyant que le sort des armes tournait. Ainsi, à la fin de la guerre, plus de 350 000 des 750 000 Juifs roumains avaient survécu. Mais ceux qui furent tués le furent de façon artisanale et particulièrement atroce. désordonnés. "Partout le joyeux et féroce labeur du pogrom remplissait les rues et les places de détonations, de pleurs, de hurlements terribles et de rires cruels", racontait, dans Kaputt, l'écrivain journaliste italien Curzio Malaparte qui fut témoin du grand massacre de Iasi, la capitale de la Moldavie roumaine. Assimilés à des espions “rouges” Cette tuerie massive qui précéda les grands carnages effectués par les nazis en Ukraine a eu lieu au sein même de la "Le sang servait à graisser les roues de charrette" Roumanie, organisée par les autorités légales d'une ville où près d'un habitant sur "La Roumanie n'a deux était juif. L'offensive abrité sur son sol ni contre la Russie venait de chambre à gaz ni fours commencer à une vingtaicrématoires, et elle n'a pas ne de kilomètres au-delà non plus procédé à l'exdu fleuve Prut. Les ploitation industrielle des rumeurs organisées par le dents, des cheveux ou de régime évoquaient la préla graisse des victimes. sence de parachutistes Ayant adopté des soviétiques. méthodes de tueries "clas"La population a été siques", pratiquées depuis conditionnée au point de la nuit des temps, le fascroire avec une étonnante cisme roumain s'est facilité que l'intégralité de cependant singularisé Rafle des Juifs dans les rues de Iasi. Les malheureux vont être acheminés dans la population juive de la des wagons à bestiaux vers les camps de Transnistrie où beaucoup mourront. dans l'extermination des ville s'était transformée en Juifs par un certain nombre de techniques originales: “Des population espionne au profit de l'armée rouge", relevait, indihommes battus à mort ou asphyxiés dans des wagons plombés, gné, un ancien conseiller de la cour d'appel cité par Carp. On d'autres vendus au beau milieu des colonnes des marches de la tue et on pille. Des femmes et des couples participent activemort pour être tués et leurs vêtements vendus ment aux violences. Les gendarmes massaau plus offrant; d'autres littéralement coupés crent à la mitrailleuse les Juifs regroupés dans en morceaux et dont le sang servait à graisser la cour de la préfecture. Les survivants sont les roues des charrettes", écrit Matatias Carp. embarqués dans des wagons à bestiaux qui L'extermination des Juifs en Roumanie roulent des jours et des jours sans but, sans ne fut pas la plus radicale, mais celle où la ravitaillement, sans eau. participation populaire fut la plus importante, notamment dans des pogroms. Celui à Tombeaux roulants Bucarest en janvier 1941 lors du soulèvement des miliciens de la Garde de fer, la frange la Entre 5 000 et 6 000 Juifs sont morts dans plus fanatisée du régime qui fut liquidée par ces tombeaux roulants. "Par le nombre des le dictateur avec le soutien allemand. Ou, survictimes, par la sauvagerie du crime, par tout, celui de Iasi en juin 1941, qui fit entre 13 l'ampleur des pillages et des destructions et 14 000 morts. Un mélange de cruauté délimais aussi par la participation des autorités bérée et de désorganisation bureaucratique. et des forces de l'ordre, le pogrom de Iasi "Ce fonctionnement désordonné, spontamarque le point culminant d'un mal qui ronge né et irrégulier, dispersé et fantasque résulla conscience roumaine depuis plus d'un tait d'un opportunisme mêlé d'esprit destrucsiècle", note Matatias Carp. teur, d'une léthargie périodiquement interMarc Semo (Libération) rompue par des explosions de violence", notait déjà Raul Matatias Carp, Cartea Neagra, le Livre noir de la desHilberg dans son livre fondamental, la Destruction des Juifs truction des Juifs de Roumanie (1940-1944), traduit du roud'Europe, rappelant que, plusieurs fois, les Allemands intermain, annoté et présenté par Alexandra Laignel-Lavastine, vinrent pour arrêter des massacres qui leur semblaient trop Denoël, 706 pp., 27 €. 43 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Histoire l l BAIA MARE CLUJ Transnistrie l l TARGU MURES ARAD IASI l l BRASOV l l l SIBIU TIMISOARA GALATI l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l "2000 Juifs, là où on mettait 200 cochons" 42 La troisième partie de Cartea Neagra est consacrée aux massacres commis par les troupes roumaines en Bessarabie et Bucovine, reconquises à l'URSS en 1941, puis en Ukraine. "Nous nous trouvons au moment historique le plus favorable et propice de notre histoire pour procéder à un nettoyage ethnique total et à une purification de notre peuple", martelait le ministre de l'Intérieur roumain. Les tueries faites par les gendarmes roumains étaient aussi systématiques que celles des nazis. Ainsi à Czernowitz, la petite Vienne de Galicie, ville de naissance du poète Paul Celan et du romancier Aharon Appelfeld, qui assista tout gosse au massacre dans son village: "Ils utilisèrent les vieilles méthodes, fusillant un petit nombre et égorgeant les autres." Les survivants sont déportés en d'interminables marches de la mort vers les terribles camps de Transnistrie, région d'Ukraine devenue "la poubelle ethnique" de la Roumanie. Beaucoup sont d'anciennes porcheries kolkhoziennes, comme Bogdanovka, "là où on mettait 200 cochons on peut bien mettre 2 000 Juifs", éructait le patron du camp. On y mourait de froid et de faim, ou dans de régulières exécutions de masse pour faire de la place aux nouveaux arrivants. Là confluèrent aussi les Juifs ukrainiens survivants des marches de la mort et des massacres commis à Odessa par les Roumains, fusillés dans les faubourgs ou pendus par milliers en pleine ville. Ce sont tous ces aspects d'une Shoah oubliée que fait ressurgir Cartea Neagra. Economie L'horreur a été aussi roumaine, SUCEAVA l ORADEA La "solution finale" C artea Neagra, “Le livre noir de la destruction des Juifs de Roumanie" qui vient de paraître chez Denoël a l'immense mérite de faire le point sur une page sombre de la Roumanie, à l’époque où le fascisme régnait en maître sur une grande partie de l’Europe, et occultée par nombre de Roumains qui attribuent volontiers les nombreux crimes et leur cortège d'horreurs commis alors aux occupants hongrois ou soviétiques. Mais l'histoire rattrape toujours les mémoires défaillantes qui s'accrochent aux fables servies pour effacer ou justifier un passé détestable. Dans "Libération", Marc Semo fait un retour cruel sur cet épisode peu glorieux de la dictature d'Antonescu. "Livre de sang et de larmes écrit avec du sang et des larmes" "C'est un texte doublement miraculé que cette enquête sur l'extermination de plus de 350 000 Juifs roumains et ukrainiens par le régime du dictateur Ion Antonescu pendant la Seconde Guerre mondiale. Les éléments qui nourrissent ce "livre de sang et de larmes écrit avec du sang et des larmes", selon son auteur, Matatias Carp, ont été recueillis au jour le jour pendant la catastrophe elle-même, au risque de sa vie, par cet avocat juif et brillant pianiste à ses heures, fils d'une famille intellectuelle juive assimilée. Chroniqueur, mémorialiste et archiviste, il voulait montrer au quotidien la destruction de ce qui était numériquement la troisième communauté juive d'Europe. Publié juste après la guerre à Bucarest, ce document de mille pages, qui tient une place de choix dans "la bibliothèque de la catastrophe" - récits et témoignages écrits à chaud pendant la Shoah - avait été oublié, enterré par le régime stalinien. Il le serait resté sans la constance du professeur de médecine Gérard Saimot, neveu de l'auteur, et de l'historienne Alexandra LaignelLavastine, fascinée par "cette incroyable entreprise qui a consisté quatre années durant à collecter matériaux, photographies et témoignages dans des conditions extrêmement périlleuses surtout pour un Juif". Son impressionnant travail de notes et présentation se réfère à de nombreux textes littéraires et documents sortis depuis. La Roumanie obtient un prêt FMI-UE et Banque mondiale de 20 milliards d'euros L a Roumanie est devenue le 25 mars le troisième pays membre de l'Union Européenne à bénéficier d'un plan de soutien des bailleurs de fonds face à la crise économique en obtenant un prêt d'environ 20 milliards d'euros sur deux ans du Fonds monétaire international, de l'UE et de la Banque mondiale. Sur ce montant, 12,9 milliards d'euros seront abondés par le FMI, 5 milliards par l'UE, 1 à 1,5 milliard par la Banque mondiale (BM) et le reste par plusieurs autres institutions, dont la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd). Avant la Roumanie, la Hongrie et la Lettonie, également membres de l'UE, avaient obtenu un prêt de ce type pour faire face à la crise. L'argent du FMI devrait être utilisé pour couvrir les réserves en devises de la Banque centrale roumaine, tandis que le prêt de l'UE permettra de financer le déficit budgétaire. Fonctionnaires et retraités devront se serrer la ceinture La réduction du déficit public (5,28% du PIB en 2008) figure d'ailleurs parmi les conditions accompagnant ce prêt car "le gouvernement roumain ne peut plus se permettre le luxe d'un déficit important". Ce déficit devrait néanmoins rester très supérieur au taux imposé par le traité de Maastricht, soit 5,1%, avant de descendre en dessous de 3% en 2011. Le Fonds souhaite également une "réforme du système des salaires dans le secteur public", dont la facture a doublé ces quatre dernières années, ainsi que du système des retraites, qui exerce une "pression énorme" sur le budget. Il faut donc s'attendre à des restrictions dans ces domaines au détriment des fonctionnaires et des pensionnés. Le FMI table sur une reprise du crédit, en forte baisse ces derniers mois en raison d'un manque de liquidités et d'une prudence accrue des banques. Ce prêt permettra à la Banque centrale de relaxer sa politique monétaire, en réduisant graduellement le taux des réserves obligatoires, actuellement de 40%. Face aux craintes des syndicats sur un coût social trop élevé de cet accord, qui a provoqué la chute des gouvernements hongrois et lettons, le FMI a souligné que le "programme prévoit une hausse des allocations destinées aux programmes sociaux et des mesures de protection pour les retraités et les fonctionnaires les plus vulnérables". La Berd, premier investisseur institutionnel en Roumanie, s'est déclarée prête à contribuer au programme avec 500 millions à 1 milliard d'euros sur deux ans, la moitié devant aller au système financier et le reste à l'économie, notamment l'énergie et les infrastructures. A savoir Contraction du PIB de 4% Le Fonds monétaire international (FMI) table sur une contraction de 4% du produit intérieur brut de la Roumanie, en raison notamment de la baisse des exportations, et un déficit public atteignant de 3,5% à 4% du PIB. Le budget 2009 est basé sur une croissance économique de 2,5% mais le ministre des Finances Gheorghe Pogea a admis debut mars que la Roumanie pourrait entrer en récession, avec un recul du PIB de 1%. Un peu moins de la moitié des Juifs survivront Tarom se met au "low cost" Les romans et surtout les journaux intimes de Mihail Sebastian évoquaient déjà le fascisme à la roumaine, les Gardes de fer, avec leur mystique gueularde de la violence, du sol et du sang qui fascina dans leur jeunesse nombre d'intellectuels tels Emil Cioran ou Mircea Eliade. Mais sur la guerre elle-même, surtout hors de Bucarest, il n'y avait presque rien. Les persécutions contre les Juifs roumains puis l'extermination d'une partie d'entre eux ont pourtant été à la fois précurseurs et différentes de la "solution finale" mise en œuvre par les nazis. Allié de l'Allemagne, le régime du général Ion Antonescu mena sa propre politique antijuive, renforçant un antisémitisme d'Etat déjà virulent depuis des lustres. Les troupes roumaines ont commis des massacres systématiques de Juifs dans les zones reconquises de Bessarabie ou de Bucovine puis en Ukraine. Dans les régions roumaines placées sous administration hongroise (le nord de la Transylvanie) les Juifs furent systématiquement déportés vers les camps de la mort. Ailleurs dans le pays, en Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE La compagnie aérienne roumaine vient de lancer une nouvelle offre promotionnelle agressive pour contrer la concurrence des compagnies "low cost". L'opérateur aérien a mis en vente des billets aller-retour à 50 € sur toutes ses destinations internationales et des billets aller à 24 € sur tous ses vols nationaux. Ces tarifs ne comprennent cependant pas les taxes d'aéroport et sont valables jusqu'à la fin de l'année. L'objectif de la compagnie est d'augmenter le taux d'oc- cupation de ses avions. Tarom a enregistré des pertes de 28 millions de dollars en 2008. Explosion du nombre de faillites Neuf mille entreprises se sont déclarées en faillite sur l'ensemble du territoire en 2008, un chiffre en augmentation de 65 % par rapport à l'année précédente. Rien que pour janvier 2009, ce nombre est passé à 1600, soit 600 de plus qu'en janvier 2008. En 2008, 52 699 entreprises avaient été rayées du registre du commerce (+ 4,7 %). Patriciu, 397ème fortune mondiale L'homme d'affaires Dinu Patriciu, président de Rompetrol, est le seul Roumain présent dans le classement des milliardaires 2009, établi par le magazine américain Forbes. Il se classe à la 397ème position (sur 739), avec une fortune estimée à 1,8 milliard de dollars, loin toutefois derrière Bill Gates, indétronable numéro 1 avec plus de 50 milliards de dollars. "Déception" par contre pour Ion Tiriac, qui sort du classement. Selon le magazine, en 2008, les milliardaires ont vu leur fortune diminuer de 23% en moyenne. Auchan élargit son réseau Le réseau d'hypermarchés Auchan Romania (détenu par le groupe français Auchan, depuis la fin de 2008) vise pour 2009 l'inauguration de 2 hypermarchés nouveaux, dont un basé à Timisoara (au sein du centre commercial "Iulius Mall"). Automobile: la chute continue Malgré la belle embellie du constructeur Renault-Dacia, les ventes de voitures neuves en Roumanie ont chuté de 60 % au mois de février. Seules 9.082 voitures ont été vendues en février, contre 22.651 à la même période en 2008. Sur les deux premiers mois de l'année 2009, les ventes de voitures neuves enregistrent une baisse cumulée de 62% par rapport à 2008. 11 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Tribune D SUCEAVA l l ORADEA BAIA MARE l CLUJ l l l l l BACAU l l GALATI l SIBIU TIMISOARA IASI TARGU MURES ARAD l BRASOV PLOIESTI PITESTI CRAIOVA l l l n BUCAREST l TULCEA CONSTANTA l Forums sous influence 12 Comment devenir Le sénateur du Parti social démocrate (PSD) Miron Mitrea, ancien ministre des Transports a reconnu avoir organisé et payé des personnes afin qu'ils postent des commentaires sur les forums liés aux articles politiques apparaissant sur les sites Internet des journaux. Lors d'une discussion en ligne avec les lecteurs du site Hotnews.ro, cet également ancien secrétaire général du PSD a ainsi dévoilé que le sous-sol du siège du parti abrite une "cellule de réaction rapide", dont les membres ont pour mission de poster ces fameux commentaires, favorables au parti et/ou critiques envers ses adversaires. Une méthode également employée en France par les partis politiques qui abusent sans vergogne de la confiance des citoyens internautes. Droits de l'Homme: la Roumanie mauvais élève En 2008, la Roumanie a été le pays le plus lourdement condamné par la Cour européenne des Droits de l'Homme selon un rapport publié par le Conseil de l'Europe. Les juges européens ont condamné l'Etat roumain à verser au total 12,2 millions d'euros de dommages et intérêts pour des affaires où le pays n'avait pas respecté la Convention européenne des Droits de l'homme. La Roumanie est aussi le plus mauvais payeur puisque, selon le même rapport, l'Etat n'a versé que 5% de la somme due dans les délais impartis. ans la nuit du mardi au mercredi 24 mars, deux hauts cadres du ministère de l'Intérieur, Cornel Serban, directeur du service des informations et Petre Pitcovi, chef de la division générale anti-corruption, ont été placés en détention par les procureurs de la Direction nationale anti-corruption (DNA). Ils sont soupçonnés d'être intervenus et d'avoir fait pression pour empêcher l'ouverture de poursuites pénales contre l'affairiste Gabriel Popoviciu et le recteur de l'université d'agronomie de Bucarest, Ioan Alecu. L'association entre le milliardaire et l'université - qui a mis un terrain de 220 hectares à sa disposition pour un projet immobilier - faisait l'objet d'une enquête de la DNA. Contrairement à nombre de nouveaux riches au train de vie tapageur, à la fortune établie sur le dos de leurs compatriotes, Popoviciu essayait de se faire discret. Qu'il ait réussi ses Les députés viennent de voter le budget pour 2009: “Je n’arrive pas bien à comprendre affaires avec la complicité du combien il se sont proposés de voler en fixant un déficit de seulement 2 %? !” (Vali). chef de la Direction nationale anti-corruption - chargé justement d'enquêter sur les malversations faites au détriment de l'Etat! - en dit long sur la situation de délabrement moral de celui-ci. Dans la tribune ci-dessous, notre correspondant Dodo Nita fait part de son écoeurement devant la déliquescence des mœurs de la vie publique dans son pays, un sentiment partagé par une écrasante majorité de Roumains. Ah la belle vie… sur le dos du pays ! "Le gouvernement fait des gorges chaudes de l'affaire Popoviciu. "Regardez notre Justice, comme elle est libre et indépendante - Si c'était vrai, çà se saurait ! - elle a démasqué un escroc". Quel acte de bravoure… pour n'avoir fait que son boulot, surtout qu'en réalité il ne s'agit qu'un règlement de comptes entre mafieux. C'est çà la Roumanie…et comment on y devient milliardaire. La grande majorité d'entre eux ont commencé leur carrière sous Ceausescu. Si on partait de rien ou qu'on voulait préserver ses quelques privilèges, la condition sine qua non, c'était de se marier avec la fille d'un potentat du régime. On entrait ainsi dans la "famille" et on était paré pour tout changement éventuel de pouvoir… la Securitate était là pour veiller au grain en cas de coup dur. Il a suffi à la "Révolution" d'escamoter la première génération des apparatchiks, celle trop voyante des parents, beauxparents, grands parents, qui avaient construit le communisme en détruisant les valeurs de tout un peuple, et de la remplacer par celle de ses enfants, gendres, neveux, plus présentables*. Le tour était joué ! Quelques uns ont donc été envoyés en prison deux ou trois mois pour donner le change, mais heureusement, Iliescu et ses "mineurs" y ont mis vite bon ordre, bastonnant ceux qui trouvaient à redire à leur méthode. La société civile était morte avant d'être née ! Dans cette période confuse, des petits malins bien placés avaient même trouvé là prétexte à s'installer en Amérique, y demandant parfois le statut de réfugié politique. Ils préparaient "l'avenir" du pays, à la sauce communiste reconverti. Pendant qu'on se demandait où Ceausescu avait pu planquer ses comptes secrets, eux ils filaient mettre au frais l'argent du pays qu'ils avaient volé, dans des sociétés offshore aux îles Caïmans et consort. A cette descendance de construire le capitalisme… stade avancé du communisme roumain pour garantir tous ses acquis. Les belles villas, les belles voitures, la bonne bouffe... quand le peuple, ou plutôt les "mécréants" que nous étions - et sommes toujours - faisait d’interminables queues avec ses cartes de rationnement !… Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Alain Finkielkraut : Cioran à se méfier de lui-même" l'Histoire ait un sens et l'humanité un avenir. L'homme passera de difficulté en difficulté et il en sera ainsi jusqu'à ce qu'il en crève". Par là, on voit que toute son œuvre est une méditation critique sur ce délire inaugural. LFL: Comment expliquez-vous son acquiescement au préjugé antisémite ? A.F.: À l'origine de son antisémitisme, je vois d'abord la mégalomanie du citoyen d'une petite nation, qui se dit: "Nous ne sommes rien et nous allons être tout. Nous allons faire parler de nous à n'importe quel prix". Sans doute la mégalomanie d'une petite nation reléguée dans la banlieue de l'Histoire nourrit-elle une jalousie à l'égard des Juifs, petit peuple placé en pleine lumière. On sent cette jalousie à l'œuvre. Pour autant, bien que Cioran soit alors sympathisant de cette organisation monstrueuse qu'est la Garde de fer, il a une divergence fondamentale avec les légionnaires: il n'impute pas le marasme roumain aux Juifs. Il ne cède pas à la facilité de la paranoïa. C'est un élément très important pour le comprendre. Certains l'accusent pourtant de n'avoir pas changé après guerre. Il serait resté obsédé par les Juifs et se La maison natale d’Emil Cioran serait contenà Rasinari, près de Sibiu. té d'inverser les signes en passant du négatif au positif. Cette inversion ellemême témoignerait de la survivance de son hostilité fondamentale. Je pense que ce n'est pas vrai. Je pense qu'il y avait dans cette fascination pour les Juifs quelque chose qui pouvait préparer Cioran à rendre hommage aux Juifs. C'est la persistance du nom juif qui nourrira sa fascination. Il dira: "Les Juifs ne sont pas un peuple mais un destin". "Les moralistes ne sont pas les gens qui font la morale" LFL: Contrairement aux accusateurs de Cioran, vous croyez à sa conversion sincère et profonde. Comment expliquez-vous ce mouvement ? A.F.: Cioran s'est arraché de la tentation totalitaire en devenant un écrivain de langue française et en s'inscrivant en plein XXe siècle dans la lignée des moralistes classiques. Les moralistes ne sont pas des gens qui font la morale, ce sont des gens qui divulguent une vérité douloureuse. Il rejoint leur camp dès 1941, à travers le texte charnière intitulé Sur la France, qu'on découvre également. C'est un livre écrit en rou- main, mais le style est déjà français, on le voit merveilleusement dans la traduction d'Alain Paruit. Au fond, la réponse des moralistes, c'est la réponse de ceux qui ne sont pas dupes de Rousseau. D'un côté, il y a l'idée d'établir un régime sans mal en trouvant une solution politique au problème humain. Et de l'autre, une lucidité inquiète qui nous vaccine contre cette tentation. Le désespoir de Cioran ne le conduit d'ailleurs pas nécessairement à une vision noire de la nature humaine. J'ai relevé un passage extraordinaire dans ses Cahiers: "Haine et événement sont synonymes. Là où il y a haine, quelque chose se passe. La bonté au contraire est statique. Elle conserve, elle arrête, elle manque de vertu historique, elle freine tout dynamisme. La bonté n'est pas complice du temps alors que la haine en est l'essence". On n'imagine pas Cioran faire cet éloge de la bonté. Et pourtant. Lorsque s'évanouit l'idée d'établir un régime sans mal, reste ce que Vassili Grossman appelle la petite bonté, la bonté sans régime. "L'anti-intellectualisme d'aujourd'hui procède de la technologie" LFL: Pour éclairer les délires de "Transfiguration", vous avez évoqué la survalorisation de la jeunesse. Elle se double d'anti-intellectualisme quand Cioran écrit dans une lettre: "Aucun ne peut trouver son salut dans les bibliothèques". Au lieu de jouer les "rédempteurs du passé", ne ferions-nous pas mieux de nous inquiéter de voir cet antiintellectualisme à nouveau à l'œuvre ? A.F. : L'anti-intellectualisme est le grand mystère du XXe siècle. L'apologie de l'action et de la force vitale, la vie comme expansion, c'est le fascisme par excellence. Mais on retrouve de l'autre côté la même forme d'hostilité à l'intellect, apparue la première fois chez les populistes russes lorsqu'ils expliquaient: "Une paire de bottes vaut mieux que Shakespeare". Cet anti-intellectualisme non pas féroce, mais en apparence généreux, consiste à penser que l'Histoire n'est pas faite par les intellectuels, mais par la lutte des hommes entre eux. L'anti-intellectualisme contemporain est différent. Il découle non plus de l'immédiateté de l'instinct, comme celui du jeune Cioran, mais de l'immédiateté de la technique. Dans l'univers médiatique du temps réel, nulle médiation n'est nécessaire, nul effort non plus, nul savoir, nulle bibliothèque, nulle ascèse. Tout est là, tout de suite. Cette forme d'anti-intellectualisme est particulièrement pernicieuse puisque ce n'est pas une idéologie qui nous la propose, c'est une technologie qui nous l'offre. Propos recueillis par Sébastien Lapaque (Le Figaro littéraire) 41 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Littérature l l ORADEA l ARAD l TARGU MURES SIBIU l l SUCEAVA l BAIA MARE l REGHIN l l BRASOV l PITESTI PIELESTI l l IASI P. NEAMT BACAU l l TIMISOARA l TULCEA l n BUCAREST Le philosophe "Ce livre a amené CONSTANTA l CRAIOVA O n savait l'auteur de La Défaite de la pensée un lecteur passionné de l'œuvre de Cioran. Alain Finkielkraut tient ce Roumain devenu apatride pour l'un des plus grands écrivains de langue française du XXe siècle. À l'occasion de la parution de Transfiguration de la Roumanie, livre sulfureux publié à Bucarest en 1936 et traduit pour la première fois en français en intégralité, le philosophe éclaire les grandeurs et les contrariétés d'une œuvre en partie fondée sur la révocation d'une fascination initiale pour le totalitarisme. "Cioran a choisi la France pour se délivrer de l'instinct" Un thriller pour Cristi Puiu 40 Après La Mort de Dante Lazarescu, prix Un Certain Regard en 2005, le réalisateur roumain Cristi Puiu prépare son troisième longmétrage, Aurora. Ce thriller suivra les errances d'un homme de 42 ans, divorcé et père de deux enfants. Cristi Puiu jouera le rôle principal de ce film, coproduit par la France, la Suisse, l'Allemagne et la Roumanie pour un budget de 1,5 M€. Le tournage se terminera jusqu'à la mi-mai pour une sortie prévue en 2010. Poésie balkanique La ville d'Ardino, en Bulgarie du Sud accueillera du 14 au 16 mai le 2e Forum littéraire international, partie intégrante des fêtes de la culture du mois de mai, consacrées à la Journée de l'alphabet slave et de la culture bulgare. Pendant trois jours, des poètes de plusieurs pays balkaniques - la Roumanie, la Serbie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie et la Bulgarie mesureront leur talent poétique. En marge du forum littéraire sera organisé un concours de poésies, version talents en herbe sur le thème "Mon pays natal - une route vers l'avenir ". L'espoir fait vivre Parce qu'il est mécontent de la façon dont les lois sont appliquées en Roumanie, Mircea Vizitiu s'est inscrit en première année de Faculté de Droit à l'université Danubius de Galati, avec la ferme intention de décrocher sa licence. En retraite depuis 20 ans, l'étudiant a 76 ans. Le Figaro Littéraire: Quelle a été votre réaction à la lecture de "Transfiguration de la Roumanie"? Alain Finkielkraut: J'en avais déjà lu quelques extraits, notamment les plus redoutables, dans l'essai très critique qu'Alexandra Laignel-Lavastine a consacré à Cioran, Eliade et Ionesco. En découvrant la traduction intégrale de Transfiguration de la Roumanie, j'ai mieux compris le rôle de ce livre dans l'œuvre de Cioran. Les rédempteurs du passé, qui sont nombreux aujourd'hui, dénoncent une sorte de camouflage. Cioran aurait dissimulé ce péché originel. Il l'aurait occulté pour vendre à un Occident naïf une image acceptable. Personnellement, je Alain Finkielkraut pense qu'il ne s'agit pas d'un camouflage, mais plutôt d'une conversion. Pour Cioran, ce livre de jeunesse et même d'adolescence - est une honte. C'est ainsi que Transfiguration de la Roumanie l'a amené à se méfier de lui-même. L'épigraphe du Traité de décomposition emprunté à Richard III de Shakespeare est révélatrice: "Je prendrai contre mon âme le parti du désespoir et je deviendrai l'ennemi de moi-même". Cioran a expié ses enthousiasmes, il s'est converti à la forme élégante contre la force élémentaire, au scepticisme, au désespoir radical et a écrit en français. Il a choisi la France non pas comme citoyenneté, mais comme langue, pour se délivrer de l'instinct. Dans Transfiguration, il écrit: "Il faudrait supprimer les hommes que ne dévore pas la conscience d'une mission". Dans Le Précis de décomposition, il montre ce que peuvent avoir de sanguinaire les hommes possédés par cette croyance. "Son péché de jeunesse… c'est la jeunesse comme péché" LFL : Vous évoquez un péché de jeunesse. Quelle faute contre l'esprit l'a fait céder à la tentation fasciste ? Le culte de l'irrationnel, le vitalisme nihiliste, l'antihumanisme, l'historicisme ? Ou peut-être le désespoir ? A.F. : Pour reprendre le diagnostic de Cioran lui-même, je dirais que son péché de jeunesse, c'est la jeunesse comme péché. Dans un texte du début des années 1950, Cioran écrit: "À l'époque où j'étais jeune, toute l'Europe croyait à la jeunesse. Ce sont les jeunes qui promeuvent les doctrines d'intolérance et les mettent en pratique, ce sont eux qui ont besoin de sang, de cris, de tumulte et de barbarie". Il me semble que Cioran met le doigt sur ce qu'a été le grand malheur du XXe siècle. Un malheur prophétisé par Dostoïevski dans cette conversation des Possédés où Piotr Verkhovensky demande aux conjurés ce qu'ils préfèrent: patauger dans le marécage à une allure de tortue ou le traverser à toute vapeur. Un "collégien enthousiasmé" lui répond: "Moi, je suis pour le traverser à toute vapeur !". Cioran a été ce collégien enthousiasmé. Il a également cédé à l'historicisme. Il reviendra sur cette illusion dans ses Cahiers: "N'exigez pas de moi de croire que Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE milliardaire… ou se recycler depuis la "Révolution" Ah la belle vie ! Mais si c’'était certes bien pour cette nomenklatura de Ceausescu, elle n'en était pas propriétaire et il suffisait d'une lubie du maître, d'un simple décret de "rotation des cadres" pour qu'il n'en reste rien. Magouilles en tous genres Devenu président, Iliescu clamant bien haut et fort qu'il ne vendrait jamais la Roumanie aux capitalistes étrangers, pouvait alors demander à ces "exilés" de revenir pour investir au pays avec des capitaux roumains, et l'aide de la branche de la Securitate qui, depuis des lustres, avait la mainmise sur le commerce extérieur du pays. Téléviseurs couleurs, chaînes hifi, ordinateurs, appareillage électronique, bureautique… tout ce dont la Roumanie était dépourvue, aussi bien au niveau des foyers que de son administration, constitua un fabuleux marché où se bâtirent les premiers empires financiers. Le Président était fier de ses "entrepreneurs" les emmenait dans son avion au cours de ses voyages en Inde, Indonésie, etc., leur ouvrant toutes grandes les portes pour les privatisations à venir ... c'està-dire de tout le patrimoine économique du pays. Naturellement, il confia à ses économistes la tâche d'en évaluer la valeur, laquelle fut établie sur la base des bilans comptables des entreprises d'avant 1989. Firmes, usines, commerces, magasins, hôtels, restaurants Après la remise en liberté furent vendus pour du milliardaire Puiu (“Poussin”) Popoviciu, propriétaire de la chaîne une bouchée de pain. de fast-food KFC par la Direction Finalement ce qui Nationale Anti-corruption (DNA): “On a arrêté pour rien Puiu de la KFC, coûta le plus cher à on nous a dit de le laisser filer”. “Vole mon poussin, continue à voler !!!” cette nouvelle caste (Gazdaru) qui a mis le pays en coupe réglée ce sont les pots de vin qu'il a fallu verser aux fonctionnaires pour qu'ils ferment les yeux sur ces magouilles et aux politiciens pour s'assurer de leur complicité. "Tractoristes" à la tête d'empire financiers Bien sûr, pour ne pas éveiller la curiosité de quelques journalistes ou, qui sait, du fisc, la prudence la plus élémentaire exigeait, par exemple, de mettre ces nouvelles fortunes au nom de vieux parents dont le grand âge et les années d'expérience comme "tractoriste" dans les coopératives populaires… garantissaient qu'ils avaient toutes les qualités pour gérer un empire financier ! C'est ainsi que "Matusa Tamara" ("Tante Tamara"), brave enseignante à la retraite dont la pension mensuelle ne dépassait pas 50 €, est devenue célèbre malgré elle en se retrouvant soudain à la tête d'un patrimoine de plusieurs millions d'euros. Se souvenant soudain d'elle, son neveu, Adrian Nastase, Premier ministre, avait trouvé là le moyen de justifier l'existence de sa fortune - arguant qu'il s'agissait d'un héritage qu’elle lui avait transmis - aux yeux de la DNA, qui n'a d'ailleurs rien trouvé à redire et l'a finalement blanchi. Vraiment on connaît une période bénie des dieux pour les affaires en Roumanie ! Et il n'y a aucune raison pour que çà ne dure pas. Nos anciens nomenklaturistes ont de moins en moins à craindre les médias où ils se sont taillé des empires et, pour peu que l'Etat assure un minimum de pain aux Roumains, ils se chargent de leur fournir des jeux en rachetant par exemple les uns après les autres les clubs de foot, s'affichant dans les tribunes avec leur jeune maîtresse de 20 ans. Que demande de plus le bon peuple?" Dodo Nita * Héritiers et progéniture Actuellement, vingt ans après la "Révolution", on trouve les "héritiers suivants" aux postes de commande politique ou économique de la Roumanie,une liste loin d’être limitative: - Traian Basescu (Président de la République): ancien haut fonctionnaire en poste à Anvers sous Ceausescu, souvent suspecté d'avoir entretenu des liens avec la Securitate - Mircea Geoana (Président du Sénat): fils d`un général de la Securitate - Roberta Anastase (Présidente de la Chambre des Députés): fille de l`ancien directeur d'une des plus grandes entreprises de Roumanie sous Ceausescu, les usines 1er Mai de Ploiesti - Sorin Oprescu (maire de Bucarest): fils d`un général de Ceausescu Parmi les plus grosses fortunes du pays, on trouve Puiu Popoviciu et Nicolae Badea (gendres de l`ex adjoint du premier ministre de Ceausescu, Ion Dinca), Gheorghe Copos, (ancien dirigeant de l'Union des Etudiants Communistes), Dan Voiculescu (ancien directeur d'une entreprise de commerce extérieur dirigée par la Securitate dont il était informateur sous le pseudonyme de Félix), etc, etc. "Adrian… quelle malédiction pour ce pauvre peuple roumain !” Tous ces hiérarques ne cachent d'ailleurs pas leurs origines. Lors du débat télévisé précédant le second tour de l'élections présidentielle en 2004, Traian Basescu avait asséné avec cynisme à son rival Adrian Nastase, alors Premier ministre : "Adrian… quelle malédiction pour ce pauvre peuple roumain qui a à choisir entre deux anciens communistes". Faute avouée étant à moitié pardonnée, cette confession lui avait permis de remporter un scrutin indécis. 13 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Social l l ARAD l ORADEA CLUJ l l BAIA MARE l Le FMI préconise la retraite à 70 ans en 2050 SUCEAVA TARGU MURES l IASI l INEU BRASOV l l SIBIU TIMISOARA BÂRLAD GALATI l l PLOIESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l TULCEA CONSTANTA l 20 km d'autoroute pour Colas Colas Romania, filiale de Colas en Roumanie, vient de signer le contrat de conception-construction d'une section d'autoroute de 20 km entre Cernavoda et Medgidia, incluant 3 ponts dont un viaduc de 840 m de longueur. D'un montant de 150 millions d'euros, ce contrat complète la branche sud du Corridor Paneuropéen IV reliant Bucarest à la Mer Noire. Les travaux débuteront à l'été 2009 et dureront 24 mois. 14 Les Roumains devront travailler jusqu'à la mort… Routes saturées Le nombre de voitures circulant sur les routes roumaines a crû de 70 % ces 4 dernières années, entraînant une saturation de 1000 km de routes nationales, plus d'un millier d'autres étant fréquentées par environ 20 000 véhicules chaque jour, seuil qui devrait entraîner le doublement des chaussées concernées ou leur élargissement. Mais les gouvernements successifs ont repoussé puis abandonné les projets de construction de voies expresses, promettant des autoroutes qui n'ont toujours pas vu le jour. Des trous sur 60 000 km de routes Environ 60 000 km de routes sont usagées et pleines de trous relève l'Institut National de la Statistique roumain. Seulement 23 000 km sur les 82 000 que compte le pays, soit à peine un quart, ont été modernisés, souvent seulement pour recevoir un nouveau revêtement, sans garantie de qualité pour les automobilistes et de durée. Plus de 60 % des routes ont un revêtement dont la durée de service est dépassée. L a Roumanie compte actuellement 4,69 millions de retraités et 4,7 millions de salariés. Et ce rapport, presque à l'équilibre, va vite basculer en faveur des retraités qui vont représenter une part de plus en plus importante de la population dans les prochaines années. Une situation qui met en péril le système de retraite roumain, que le FMI souhaite de toute façon voir réformé. La Banque mondiale a livré son diagnostic et proposé une solution: la retraite à 70 ans. Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu Bucarest: l'emprunt accordé à la Roumanie sera conditionné à la mise en place de réformes économiques, parmi lesquelles la réforme du système de retraite. Quelques jours à peine après la signature de l'accord qui prévoit que la Roumanie recevra 19,95 milliards d'euros (tous prêts confondus), la Banque mondiale, qui contribue à hauteur de un milliard d'euros, a déjà livré ses premières recommandations au gouvernement. Des recommandations qui pourraient bouleverser profondément le système social roumain. Car le constat dressé par la Banque mondiale est pour le moins inquiétant : le déficit du système de retraite va dépasser 5% du PIB d'ici à 2020 et atteindre 6,2% en 2050, et ce alors que la proportion des retraités par rapport à la population active ne va cesser d'augmenter; en 2050 le rapport entre les plus de 65 ans et les 20-64 ans sera de 56, 6%... Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE sur les errements d'Emil Cioran à l'époque fasciste ou le refus de la facilité d'une repentance publique volume débordant d'inédits sur les différents aspects de l'œuvre, du style et de la personnalité de Cioran. Ce projet avait été ébauché encore de son vivant par Constantin Tacou, cofondateur des "Cahiers de l'Herne", lui-même d'origine roumaine, mais finalement il n'avait pas abouti. "Nous sommes amis, vous ne pouvez pas me faire une chose pareille !" s'indignait l'écrivain qui n'hésitait pas à comparer de tels volumes "à une dalle funéraire qu'on jette sur un vivant […] C'est même pire qu'un Nobel". Mais l'absence d'un "Cahier Cioran", si intimement lié à l'histoire de l'Herne, devenait absurde. C'était aussi l'occasion de revenir sur sa vie et surtout ce passé roumain, à la fois sulfureux et relativement peu connu sinon dans le livre à charge Eliade, Cioran, Ionesco: L'oubli du fascisme d'Alexandra Laignel-Lavastine (1). Rien d'équivalent pourtant à la richesse de ce "Cahier". "Nous avons voulu montrer ce Cioran préfrançais qui gênait, afin que chacun puisse juger sur pièces et non pas sur des citations tronquées, ses engagements, y compris les plus affligeants, mais aussi ses contradictions, en les remettant dans leur contexte", assure Laurence Tacou. Se considérant comme un "Juif d'honneur" Un déséquilibre remontant aux années 90 La Roumanie doit donc prendre des mesures urgentes pour sauver le fonds des retraites qui risque de faire faillite du fait de la part toujours plus importante des retraités dans la population. La Commission européenne avait déjà tiré la sonnette d'alarme dans une étude publiée mi-mars. "La Roumanie est confrontée à des défis majeurs concernant la viabilité de son système de retraite, tant sur le court que sur le long terme", notaient les experts européens. Qui ont notamment pointé du doigt la politique de mise à la retraite anticipée adoptée dans les années 1990 pour faire face au fort chômage de l'époque, et le système de retraite mis en place pendant la transition. Autre facteur explicatif de la mauvaise santé de ce système: la part importante du travail au noir. "Il y a des problèmes dus au nombre relativement faible de contributeurs au système par rapport au nombre de bénéficiaires, ceci à cause de l'existence d'un taux élevé de travail au noir (entre 20-50% du total de l'occupation de la main d'oeuvre, en fonction des critères utilisées)", avancent les experts dans leur rapport. L'espérance de vie des hommes est de 68 ans Ce que recommande la Banque mondiale pour sortir de cette impasse ? Le recul de l'âge du départ à la retraite. Actuellement, il est de 58 ans et demi pour les femmes et de 63 ans et demi pour les hommes. L'organisation préconise qu'il atteigne 70 ans d'ici à 2050 et que soit maintenu le niveau de contribution actuel. Un chiffre qui a provoqué un tollé dans la presse, qui s'est empressée de le comparer à l'espérance de vie actuelle - 68 ans pour un homme - et de décréter que désormais, "il faut travailler jusqu'à la mort". Les Roumains qui ont aujourd'hui 30 ans seraient concernés. La Roumanie, consciente de l'urgence de la situation - d'autant que les prévisions démographiques et le recul des naissances ajoutent à l'inquiétude - a déjà pris des mesures depuis son rentrée dans l'UE : les possibilités de retraites anticipées sont désormais limitées et d'ici à 2014, l'âge de la retraite va augmenter à 60 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes, comme le prévoit la loi 19/2000. Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com - Bucarest) Dans la même logique, Laurence Tacou a décidé de publier la Transfiguration de la Roumanie, son principal essai politique d'alors, hymne à l'énergie de la jeunesse et à la violence rédemptrice pour une révolution sociale et nationale. Ressorti à Bucarest avec une préface de l'auteur après la chute du régime Ceaucescu, le livre avait été amputé de son chapitre le plus violent contre les Hongrois, les Tsiganes et surtout les Juifs. Mais cet ouvrage aussi tumultueux que souvent nauséabond, aux influences complexes, annonce aussi les futurs grands livres de Cioran à venir, y compris dans le rapport ambivalent qu'il a toujours nourri vis-à-vis des Juifs. Intellectuel frustré d'une petite nation de la périphérie de l'Europe, il les hait autant qu'il les jalouse, eux "ce peuple éternel et errant […] qui survivra sans nul doute à l'Occident, haï et méprisé par tous les autres peuples qui naissent et meurent". La guerre et l'amitié pour l'écrivain juif roumain Benjamin Fondane, ensuite mort en déportation, l'installation définitive à Paris comme réfugié bouleversent son regard sur les Juifs. Il est fasciné. "L'homme est un Juif qui n'a pas abouti", écrit-il, et il se considère lui-même "un Juif d'honneur" vivant un éternel exil (Photo ci-dessous: Cioran, Ionesco, Eliade à Paris). Chacune de ses lettres était ouverte par la Securitate Avec De la France, son dernier livre en roumain jusqu'ici inédit, mélange de considérations sur le déclin de ce pays et des Français "usés par excès d'être", le nouveau Cioran apparaît. L'expiation dure tout le reste de sa vie. Mais la Roumanie était encore en lui. Il restait en contact épistolaire avec des amis restés là-bas, et surtout avec son frère. Chacune de ses lettres était ouverte, copiée et archivée par la Securitate, la police politique. Le dossier de Cioran pesait quelque 600 pages. A Paris, il était épié et mis sous pression par le régime qui espérait le faire revenir au moins pour un voyage, qui serait un hommage aux époux Ceausescu. Toujours il refusa. Cioran avait choisi le français et d'être un écrivain français, abandonnant pour toujours sa langue. "Mon père et lui parlaient toujours français ensemble", dit Laurence Tacou. A la fin de sa vie, frappé par la maladie d'Alzheimer et hospitalisé, il continuait à ne parler que français. Toujours, pourtant, il restait hanté par son pays. La "révolution" de décembre 1989 le fascina comme "la résurrection tragique d'un peuple". Mais il ne revit jamais la Roumanie et son village natal des contreforts des Carpates. Le passé devait rester le passé. M. S. (Libération) (1)PUF 2002 "Sortez de l'armoire Monsieur Cioran !" E n 2008, le dramaturge d'origine roumaine Matei Visniec a interpellé le philosophe dans "Sortez de l'armoire, Monsieur Cioran" une pièce co-produite par le Théâtre d'Etat de Constantsa et la Compagnie du Grand Désherbage (France), et mise en scène par Radu Dinulescu. Visniec y montre que la philosophie de son compatriote se voulait être un regard toujours lucide sur le non-sens de l'existence et l'absurdité de notre séjour sur la terre. Désireux d'aller au bout de ses réflexions, Cioran a toujours refusé le suicide pour pouvoir toucher, au moment de la mort, le point qui peut-être allait répondre à ses interrogations. La maladie d'Alzhzeimer l'en a empêché. Ce coup du destin est le moment qu'a choisi le dramaturge pour pénétrer la pensée vacillante du philosophe. Perdu entre ses souvenirs, ses fantasmes et la réalité, il erre entre deux mondes, deux langues, deux pays, la France et la Roumanie exécrée mais qu'il n'a jamais secrètement quittée. 39 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Retour Littérature l BAIA MARE l SIGHET l l l ARAD BISTRITA ORADEA l CLUJ l CHISINAU l C IASI TARGU MURES l TIMISOARA SIBIU BRASOV GALATI l l BRAILA CRAIOVA l n l CONSTANTA BUCAREST l (suite de la page 36) Trois jours intenses et logement chez l'habitant 38 La crise pourrait faire un million de nouveaux pauvres l l l Social Précis d'expiation IPOTESTI l SUCEAVA Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Pour leur quatorzième édition, Claude Pernin a proposé aux Rencontres de se décentraliser en Roumanie, plus exactement à Ipotesti, le village natal d'Eminescu, à 7 km de Botosani, dans le nord de la Moldavie. Du 7 au 9 août, de nombreux artistes, écrivains et autres intervenants qui ont contribué au succès des éditions ultérieures des Rencontres se retrouveront pour un hommage exceptionnel au poète national roumain. Causeries, conférences avec des spécialistes - toutes en français - dont les thèmes ne se limiteront pas à Eminescu mais seront élargis à la Roumanie d'aujourd'hui, visites, se succèderont au cours de ces trois journées ouvertes au public franco-roumain et bien sûr aux Français de passage qui auront pris la précaution d'annoncer leur présence. Le programme n'est pas encore définitivement arrêté, Claude Pernin devant jongler avec les subventions promises dont certaines se sont rétrécies avec la crise. Le Sétois, habitué à ce genre de péripéties, s'est envolé dernièrement en Roumanie pour y mettre la dernière main. Tout devrait être réglé dans la seconde quinzaine de mai. Il sera alors très prudent de réserver sa place, d'autant plus qu'un hébergement chez l'habitant est prévu. Pour plus d'informations : Association Dacia - Méditerranée B.P. 353, 34204 SETE Cedex Tél/rép/fax : 00 33 467 74 23 55 [email protected] www.dacia-mediterranee.org 'était sa part maudite, la face longtemps cachée d'un philosophe d'origine roumaine que sa maîtrise de la phrase française autant que sa misanthropie ont inscrit comme l'un des principaux héritiers des moralistes du grand siècle. Le remord de ses égarements de jeunesse a sans cesse rongé Emil Cioran, même s'il ne l'évoquait qu'à demi-mots dans sa correspondance ou ses cahiers par des formules lapidaires - "la source d'un écrivain ce sont ses hontes" - ou des aphorismes désabusés: "En tout homme sommeille un prophète et quand il se réveille il y a un peu plus de mal dans le monde." Fasciné par Spengler et Nietzsche, le jeune intellectuel complexé par sa petite Roumanie natale - "une géographie et non pas une histoire" - s'enthousiasme pour le nazisme à l'automne 1933 alors qu'il est étudiant boursier à Berlin, suivant les cours de Heidegger. Il clame son "admiration" pour Hitler. Il appelle à "une croisade terrible et impétueuse contre la pourriture humaine". Cioran affiche ses sympathies pour les fascistes roumains, les "légionnaires" de la Garde de fer, nervis ultranationalistes à l'antisémitisme virulent, unis par le culte de la violence et le dévouement fanatique pour leur chef, "le capitaine" Corneliu Codreanu, finalement tué en 1938 par la police. Dans un article accablant de bêtise dévote, Cioran saluait "ce mort qui a répandu un parfum d'éternité sur notre fange humaine". C'était en 1940, les légionnaires étaient encore Cioran, à droite, en tenue de légionnaire, ici derrière tout puissants. Quelques semaines plus tard ils “le capitaine” Corneliu Codreanu. furent écrasés par le dictateur Antonescu, allié des nazis. Emil Cioran fuyait à l'ambassade roumaine auprès du régime de Vichy. "Le malheur est le fait des jeunes" Le philosophe avait toujours refusé la facilité d'une repentance publique, préférant une longue expiation silencieuse. Quelques pages manuscrites, retrouvées après sa mort par sa femme, Simone Boué, montrent comment il a disséqué sans complaisance ses errements passés. "Ainsi il m'advint bien avant la trentaine de faire une passion pour mon pays, une passion désespérée, agressive, sans issue qui me tourmenta pendant des années. […] Je le voulais puissant, démesuré et fou comme une force méchante, une fatalité qui ferait trembler le monde, et il était petit, modeste, sans aucun des attributs qui constituent un destin", écrivait Cioran dans "Mon pays", texte datant des années 50, peu après la sortie de son célèbre Précis de décomposition. "Mon pays" est un soliloque implacable. "On n'est libéral que par fatigue, démocrate que par raison. Le malheur est le fait des jeunes. Ce sont eux qui promeuvent les doctrines d'intolérance et les mettent en pratique ; ce sont eux qui ont besoin de sang, de cris, de tumultes, de barbarie. A l'époque où j'étais jeune, toute l'Europe croyait à la jeunesse, toute l'Europe poussait la jeunesse à la politique, aux affaires de l'Etat", souligne Cioran dans ces notes restées jusqu'ici en grande partie inédites, et publiées dans le magnifique numéro des "Cahiers de l'Herne" sur Cioran. Exilé à Paris l'écrivain a trouvé une nouvelle patrie dans la langue française, épurée et logique, pour juguler ses pulsions et folies antérieures. "Le Balkanique bouillait en lui, y compris pour le pire" "S'il est un très grand auteur français, Emil Cioran est toujours resté roumain, même si on veut trop souvent l'oublier, et le Balkanique bouillonnait en lui y compris pour le pire", explique Laurence Tacou, maître d'œuvre avec Vincent Piednoir de ce L e nombre de personnes pauvres en Roumanie poursant temporairement à 20 % en 1996, reprenant son inexorable rait doubler d'ici à la fin de la crise économique ascension à plus de 30 % entre 1997 et 2000. selon une étude de l'Institut de recherche sur la quaLa croissance économique des dernières années n'a pas lité de vie de Bucarest. Actuellement, environ 50 000 pour autant fait disparaître les disparités de niveau de vie, bien Roumains perdent leur emploi chaque au contraire elle les a creusées au rythmois, les autorités prévoyant 800 000 me de 5 % l'an, si on compare les 20 % chômeurs à la fin de l'année, certaines des revenus en haut de l'échelles aux sources parlant de un million. Ainsi, 20 % situés en bas. De même, les 400 000 Roumains pourraient voir leur inégalités entre régions sont toujours niveau de vie sérieusement affecté en aussi marquées. La pauvreté est trois 2009 et passer sous le seuil de pauvrefois plus élevée en Moldavie (un quart té et, au total, plus d'un million en des pauvres) et en Olténie (la moitié) 2010. Le taux de pauvreté progresseque dans la capitale et dans les grandes rait alors de 5,7% de la population en villes où le revenu moyen est de 50 % 2008 à 7,4% en 2009 et à 9-10 % l'an plus grand que la moyenne nationale. prochain, un taux qui reste toutefois D'après la Banque Mondiale, 80 % “Voici les dernières consignes largement inférieur à celui enregistré pour ces temps de crise: tu manges de la population du globe vit avec les jours pairs... et moi les jours impairs” (Vali). moins que le nécessaire, soit dix dolpendant la transition (35,9% en 2000). En 2008, on dénombrait 1,25 million de personnes vivant lars par jour, 3 milliards de personnes devant se débrouiller sous le seuil de pauvreté*, leur nombre pourrait atteindre 1,65 avec moins de 2,5 dollars et 900 millions avec moins d'un dolmillion d'ici la fin de l'année et 2,25 millions en 2010. Malgré lar, en Afrique sub-saharienne, Asie du Sud Est et Amérique cette prévision pessimiste, le nombre de pauvres devrait être latine. Les pays riches ne sont pas épargnés : une pauvreté quainférieur de 750 000 à celui de 2006 (13,6 %) époque où la lifiée de sévère touche 20 % des Espagnols, 14 % des Roumanie était pourtant en plein boom économique et où 3 Britanniques, 12 % des Américains, 11 % des Canadiens et des millions de Roumains étaient classés dans cette catégorie. Le Allemands, 6 % des Français et des Autrichiens, 4 % des pourcentage des Roumains vivant sous le seuil de pauvreté, Norvégiens. estimé à 35,9 % de la population en 2000 - record absolu *Sont considérés comme vivant sous le seuil de pauvreté soit 8 millions de personnes, était peu à peu descendu à 28,9 en Roumanie, les personnes seules disposant de moins de 65 % en 2002, et 18,8 % en 2004. A la chute du communisme, il €/mois, les couples (120 €), les familles avec un enfant était de 7 %, affectant un quart des Roumains en 1995, bais(145 €), avec deux enfants (170 €), etc. A savoir Un climat explosif à venir Selon de nombreux experts, cités par la revue britannique The Economist, la Roumanie figure parmi les pays les plus exposés à une instabilité sociale importante, du fait de la crise. Le ralentissement économique, la montée du chômage, ainsi que le contexte politique - 2009 est une année électorale avec les présidentielles en décembre prochain - pourraient déclencher des manifestations spontanées et violentes. Les experts appuient aussi leurs analyses sur le passé roumain, mettant en avant les révoltes politiques et manifestations violentes des années 1990. L'insatisfaction croissante de la population et l'absence totale de confiance dans les institutions et les politiciens risqueraient également de favoriser des élans de colère, toujours selon The Economist. Des retraites minimum de 350 lei en 2009 Le gouvernement s'est engagé à garantir des retraites minimum de 300 lei (70 €) par mois à partir d'avril et de 350 lei (80 €) dès le mois d'octobre de cette année. Plus de 800.000 personnes devaient bénéficier de cette mesure dès mainteant, et un million en octobre, l'effort budgétaire étant chiffré à 200 millions d'euros. Fonctionnaires: primes limitées à 30 % du salaire Le Premier ministre Emil Boc a annoncé que la loi relative à la salarisation unique des fonctionnaires sera adoptée d'ici à la fin de l'année. Il a réaffirmé que cette nouvelle loi allait limiter la part des primes à 30% maximum du salaire; les primes de nuit et d'ancienneté ne seront pas affectées. Il a par ailleurs déclaré que seuls les fonctionnaires ayant de faibles salaires allaient bénéficier cette année d'une augmentation salariale, les autres vont voir leurs salaires gelés. Enfin, Emil Boc a confirmé que des réductions de personnel seraient bientôt décidées, notamment dans les ministères et les agences gouvernementales. Les femmes au four et au moulin Une enquête révèle que les femmes roumaines travaillent en moyenne 76 heures par semaine, contre 60 heures pour leurs congénères européennes, ce qui constitue le record dans l'UE. Les Roumains, eux, travaillent 60 heures contre 55 heures pour leurs homologues du Vieux continent. 15 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Mesures en faveur des chômeurs Social BAIA MARE SUCEAVA IASI TARGU MURES l ORADEA l l l BRASOV l l PITESTI CRAIOVA l FOCSANI GALATI l SIBIU TIMISOARA l BRAN BRAILA l l l TULCEA l n CONSTANTA BUCAREST l Les chiffres 16 Littérature Connaissance et découverte "Transfiguration de la Roumanie" enfin traduit dans son intégralité Le péché de jeunesse que Cioran préférait oublier l BACAU l l ARAD l CHISINAU l Les NOUVELLES de ROUMANIE Population: 21 542 000 habitants Superficie: 238 391 km 2 PIB estimé pour 2008: 139 milliards d'euros (+5,8 %) Croissance en % du PIB en 2008: 8,5 % (moyenne UE: 0,9 %) Croissance estimée en 2009: - 4,5 % PIB/habitant : 6465 € (indice: 44,3 sur la base UE de 100) Production industrielle: +5,4 % Déficit public en % du PIB en 200: 2,6 % (UE: 0,9 %) Dette publique en % du PIB en 2007: 12,9 % (UE : 58,7 %) Taux d'inflation en 2008: +7,9 % (UE: 3,7 %) Chômage en % de la population active en 2008: 5,8 % (UE: 7 %). En janvier: 5,3 % (UE: 7,6 %) Salaire moyen net: 320 € (+ 23,2 %) -Le plus élevé (finances): 966 € -Le plus faible (bois): 181 € Salaire minimum net: 150 € (employés), 285 € (cadres) Retraite mensuelle moyenne: 150 € Minimum vieillesse: 75 € Espérance de vie (hommes/femmes): 68-75 ans Moldavie* : Population: 4 350 000 habitants Population émigrée: 25 % Population sur place: 3 250 000 Superficie: 33 700 km 2 PIB: 7,2 milliards d'euros (+ 4 %) PIB/habitant: 2110 € Inflation: 12,7 % Salaire minimum: 58 € Salaire moyen: 170 € à Chisinau, 80 € dans le reste du pays Chômage (chiffre officiel) : 8 % Espérance de vie (hommes/femmes): 62-70 ans *Chiffres donnés sous réserves P ar ordonnance d'urgence, le gouvernement roumain a mis en place diverses mesures pour les personnes directement affectées par la crise économique, comme ceux qui ont déjà perdu leur emploi ou ceux qui risquent de le perdre. L'indemnisation chômage : tous les chômeurs (actuels ou en devenir d'ici le 31 décembre 2009) vont pouvoir bénéficier d'une prolongation de 3 mois de leur indemnisation. Pour rappel, les indemnisations chômage sont calculées en fonction du temps travaillé, comme suit : - 6 mois pour les personnes ayant cotisé moins d'un an; - 9 mois pour les personnes ayant cotisé moins de 5 ans ; - 12 mois pour les personnes ayant cotisé plus de 10 ans. Exonération partielle des contributions aux assurances sociales: certaines sociétés, affectées par la crise, vont devoir interrompre temporairement leur activité. Pendant cette période, les salariés resteront chez eux mais pourront percevoir 75% de leur salaire de base. Pour ces salariés, mais également pour leurs employeurs, le gouvernement a décidé d'accorder une exonération du paiement des cotisations aux assurances sociales (contribution pour les assurances sociales, l'assurance chômage, les assurances en cas d'accident du travail, contribution au fonds de garantie pour le paiement des créances salariales et contribution pour les assurances de santé), sur une période de maximum 3 mois. Cette exonération n'affectera en aucun cas la qualité d'assurés des salariés visés par la mesure de l'exécutif roumain. En ce qui concerne l'indemnisation de 75% du salaire de base accordée aux salariés dont le contrat de travail aura été temporairement interrompu, celle-ci sera exonérée d'impôts pour une somme correspondant à l'équivalent de 3 mois de suspension d'activité. Suppression des primes et autres gratifications des fonctionnaires publics: à noter par ailleurs qu'étant donné la crise, pour 2009 le gouvernement envisage de supprimer pour les salariés du secteur public les primes et autres gratifications salariales qui se rajoutaient au salaire. Cette mesure regarde l'ensemble des fonctionnaires publics des administrations centrales et locales, professeurs, médecins de l'assistance publique, etc. En pratique, toutes ces primes pouvaient parfois doubler, tripler voire quadrupler le salaire de base. Ces mesures, pas encore votées, créent actuellement de nombreuses réactions négatives de la part des syndicats des salariés du secteur public. Informations transmises par le cabinet d'avocats Dana Gruia Dufaut; e-mail: [email protected] Médicaments moins chers pour les retraités D epuis le 1er mars, les retraités les plus pauvres - disposant d'une retraite de 600 lei (140 €) maximum - bénéficient d'un remboursement de 90% sur le prix des médicaments. Près de 3 millions de retraités devaient ainsi payer beaucoup moins chers les traitements dont ils ont besoin qui jusqu'à présent étaient remboursés à 50% (ce qui reste le cas pour les retraités bénéficiant d'une retraite mensuelle supérieure). Inspections en vue de Schengen U ne délégation d'experts européens a entamé le 23 mars la première visite d'évaluation Schengen en Roumanie, alors que le pays espère rejoindre cet espace de libre circulation en 2011. La Roumanie, qui a rejoint l'UE le 1er janvier 2007, doit accueillir plusieurs visites de ce genre en 2009 et 2010, pour des évaluations dans les domaines de la protection des données privées, des visas, des frontières et des collaborations entre polices. Un rapport doit être présenté devant le Conseil de l'UE, l'organisme qui approuve l'élargissement de l'espace Schengen qui inclut 25 pays où les contrôles d'identité aux frontières ont été supprimés. ioran avait 22 ans lors de l'accession d'Hitler au pouvoir. Un Cahier de l'Herne longtemps attendu éclaire la personnalité de l'auteur de Précis de décomposition. Marquant l'importance que l'écrivain et philosophe de langue française mais d'origine roumaine occupait dans la pensée du XXème siècle, Le Figaro et Libération ont consacré une large place à cet évènement. Notre dossier complet sur cet évènement littéraire. "Certains esprits délicats s'accordent pour faire l'éloge des petites nations, sûrs que leurs proportions empêchent leurs habitants de céder à la volonté de puissance. Au cœur des années 1930, alors que s'annonçait le choc des empires, ce fut le cas de jeunes fédéralistes comme Denis de Rougemont, Alexandre Marc et d'un certain nombre de ceux que Jean-Louis Loubet del Bayle a baptisé les "non-conformistes des années 1930". Ces jeunes gens nés au début du XXe siècle qui animaient des revues avec l'ambition de renouveler la pensée politique française et européenne auraient été étonnés de savoir qu'ils avaient un cousin des Carpates qui lisait Nietzsche, Bergson, Spengler, Moeller van den Bruck, Ortega y Gasset et Keyserling en se posant sensiblement les mêmes questions qu'eux: Qu'est-ce que la culture?, Qu'est-ce que le nihilisme?, L'Histoire a-t-elle un sens?, Le destin des empires est-il la guerre?, Pourquoi les civilisations sont-elles mortelles? Ils auraient été plus étonnés encore de savoir que la naissance d'Emil Cioran dans un village de Transylvanie et son appartenance à la petite nation roumaine ne l'avaient pas rendu imperméable à l'idéologie de la démesure et de la destruction qui sévissait alors en Allemagne. C "J'ai considéré de mon devoir de supprimer certaines pages" Cioran avait vingt-deux ans au moment de l'accession d'Hitler au pouvoir. À l'automne 1933, une bourse d'étude lui a permis de se rendre à Berlin. Étrangement, ce misanthrope subtil, lecteur de Dostoïevski et des moralistes français cède à la fascination. "Je m'enthousiasme même pour l'ordre politique ici", écrit-il à Mircea Eliade. Après un séjour à Munich et un premier voyage en France, Cioran publie Sur les cimes du désespoir en 1934 puis Le Livre des leurres et Transfiguration de la Roumanie en 1936. Repris dans le volume de ses Œuvres paru chez Gallimard, les deux premiers livres étaient bien connus des amateurs du vieil écrivain solitaire de la rue de l'Odéon. On y découvre les fondations d'une œuvre que Cioran, exilé de Roumanie en 1941 et resté apatride jusqu'à sa mort, le 20 juin 1995 à Paris, a donnée en français à partir du Précis de décomposition (1949). Mais Transfiguration de la Roumanie est resté le péché de jeunesse que Cioran préférait oublier. À Bucarest, une version expurgée a été rééditée en 1990, avec une préface de l'auteur: "J'ai considéré de mon devoir de supprimer certaines pages prétentieuses et stupides". Le livre de toutes les tentations: du fascisme au collectivisme en passant par le désespoir Grâce aux Éditions de l'Herne, animée pendant trente-cinq ans par Constantin Tacou, auquel a succédé sa fille Laurence, cet objet de scandale paraît aujourd'hui en français dans son intégralité. C'est un document historique et littéraire de première importance. Il faut le lire comme la confession brûlante d'un jeune désespéré marqué par la lecture du Déclin de l'Occident d'Oswald Spengler, à la fois révolté d'être né dans un pays sans Histoire, aveuglé par le mirage totalitaire et contaminé par les théories antisémites. Transfiguration de la Roumanie est le livre de toutes les tentations: tentation fasciste, tentation anarchiste, tentation nihiliste, tentation collectiviste, tentation du désespoir. Mais le jeune Cioran n'est pas Céline ou Rebatet et Transfiguration de la Roumanie n'est pas Bagatelles pour un massacre. C'est un livre traversé par des influences complexes qui annonce les livres à venir tels que les rédacteurs du Cahier de l'Herne se sont attachés à les éclairer. Intitulé Collectivisme national, c'est le chapitre IV qui témoigne de l'antisémitisme communément partagé dans la Roumanie où paradait la Garde de fer de Corneliu Codreanu. Antisémitisme que Cioran a révoqué avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, comme Maurice Blanchot et Claude Roy, autres non-conformistes des années 1930 marqués par le préjugé antijuif. On ne peut pas lire Transfiguration… sans lire De la France, texte rédigé par Cioran en roumain en 1941 (notre photo: Cioran à cette époque) dans lequel il célèbre la mesure de la France et la France comme mesure. Contre les sombres délices de la nuit de Walpurgis et les bruyantes fureurs du nihilisme, Cioran choisit la clarté et la sourdine classique. L'art de la conversation contre le génie de la race, la culture contre la nature, la proportion contre la démesure. Cioran a trente ans. Il a tranché le nœud de ses contradictions". Sébastien Lapaque (Le Figaro) Transfiguration de la Roumanie d'Emil Cioran traduit du roumain par Alain Paruit, L'Herne, 344 p., 19 €. De la France d'Emil Cioran traduit du roumain par Alain Paruit, L'Herne, 80 p., 9,50 €. Cahier "Cioran" sous la direction de Laurence Tacou et Vincent Piednoir, L'Herne, 540 p., 39 €. En librairie depuis le 3 avril. 37 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Photos Les NOUVELLES de ROUMANIE Napoléon III et les Principautés Roumaines au musée du château de Compiègne Invitation au voyage Exposition l BAIA MARE l l IASI l CLUJ l SUCEAVA TARGU MURES l ARAD IPOTESTI l l ORADEA BRASOV l l SIBIU TIMISOARA GALATI l l BRAILA PLOIESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Du 7 au 9 août hommage à Eminescu chez lui, à Ipotesti 36 Depuis plus d'une décennie Claude Pernin, l'organisateur des Rencontres franco-roumaines de Sète, et ses amis de l'association Dacia-Méditerranée, ont tenu la gageure de faire mieux connaître la culture roumaine contemporaine au public français, jouant un rôle de précurseurs. Par leur intermédiaire, de nombreux artistes, écrivains, cinéastes, comédiens, tous hommes et femmes de grand talent, reconnus en Roumanie, mais méconnus, voire inconnus dans les pays francophones, ont eu l'occasion de s'y faire apprécier et d'être découverts par la suite par un public plus large. Ces Rencontres ont offert des moments exceptionnels et uniques en France par leur richesse et leur variété permettant au public et aux spectateurs d'approcher des noms de la culture roumaine aussi célèbres que les écrivains Dumitru Tsepeneag, Jean Cuisenier, Mircea Dinescu, Mircea Cartarescu, les cinéastes Lucian Pintilie, Nae Caranfil, et toute la nouvelle génération des metteurs en scène roumains primés de Cannes à Venise, les comédiens et hommes de théâtre Dan Puric et Matei Visniec. Mais aussi, elles ont permis de partir à la découverte de la culture de régions entières, comme le Delta du Danube. (Suite page 38) A l'occasion du 200ème anniversaire de la naissance de Napoléon III, le Musée National d'Art de Roumanie et le Château de Compiègne organisent, en liaison avec l'Ambassade de France, l'Institut français de Bucarest et le Ministère de la Culture et des Cultes, une exposition sur le thème "Napoléon III et la Roumanie". Celle-ci qui s'est tenue à Bucarest est visible au musée du château de Compiègne, depuis le 20 mars dernier jusqu'au 29 juin. Napoléon III a joué un rôle essentiel dans la naissance de la Roumanie moderne. C'est en 1856, après la victoire de l'Empereur des Français dans la guerre de Crimée, que le Congrès de Paris a levé le protectorat russe sur les principautés roumaines. Tout en reconnaissant la suzeraineté ottomane sur la Valachie et la Moldavie, le traité de Paris plaçait les deux principautés sous protection des puissances européennes, et notamment de la France. En outre, la Valachie et la Moldavie se voyaient reconnaître le droit de convoquer des assemblées pour décider de leur organisation future. Il s'agissait du premier pas vers l'Union de 1859 et la création de la Roumanie moderne. L'exposition offre une occasion unique de se pencher sur le rôle du souverain français dans l'unification des principautés roumaines et sur les débuts de l'histoire moderne de la Roumanie. Elle s'articule autour de 5 thèmes principaux, en évoquant tout d'abord les occidentaux ayant voyagé en Moldavie et en Valachie aux XVIIIe et XIXe siècles; elle rappelle ensuite la mobilisation des intellectuels français pour la question de l'union des Principautés. L'implication personnelle de Napoléon III dans la question d'Orient est illustrée par l'évocation de la guerre de Crimée et du Traité de Paris en 1856. La francophilie des premiers dirigeants des principautés unies - Alexandru Ion Cuza et Charles de Hohenzollern-Sigmaringen (le futur Carol Ier) - est illustrée par des objets personnels et des témoignages de leurs séjours en France. L'exposition universelle de 1867 à Paris représente une étape décisive pour la reconnaissance des principautés unies sur la scène internationale. Dans le domaine artistique aussi, les rapports entre la Roumanie et la France sous le Second Empire sont explorés par des parallèles entre tableaux roumains et tableaux français. Sont ainsi réunies plus de 200 pièces provenant de collections publiques roumaines et françaises ainsi que de collectionneurs privés. De nombreuses œuvres attireront l'attention: les portraits de Napoléon III et Eugénie en tapisserie des Gobelins d'après Winterhalter; des objets français ayant appartenu à Cuza et à Charles de Hohenzollern, les séjours de ce dernier à Compiègne et à Paris avec la reconstitution d'une partie de son appartement à Compiègne et sa visite à l'Opéra; l'affirmation des principautés unies sur la scène internationale à l'exposition universelle de 1867 avec plusieurs pièces du trésor de Pietroasa prêtées par le musée national d'histoire de Roumanie; la confrontation entre artistes roumains et français notamment Grigorescu et Millet; enfin, quelques personnalités roumaines acteurs de la vie artistique parisienne, notamment Georges de Bellio, qui acquit une importante toile de Monet, La rue Montorgueil, fête du 30 juin 1878, prêtée par le musée d'Orsay. Napoléon III et les Principautés Roumaines au Musée du château de Compiègne, jusqu'au 29 juin Nombre de nos lecteurs auront la chance de retrouver la Roumanie cet été, certains prenant le chemin du Maramures. Ils en trouveront un avant-goût dans notre dossier spécial en fin de numéro et pour ceux qui restent, cette invitation au voyage... 17 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Evénements l BAIA MARE l SUCEAVA ORADEA l TARGU MURES l ZALAU ARAD l l IASI Gigi Becali met à mal l'indépendance des juges CHISINAU l BACAU l l BRASOV HUNEDOARA l FOCSANI l l PITESTI CRAIOVA l l l l PLOIESTI TULCEA n BUCAREST CONSTANTA l Séisme de 5,3 Richter dans le Vrancea 18 Le milliardaire se fait justice lui-même et se retrouve en prison Une secousse tellurique d'une mag-nitude de 5,3 sur l'échelle de Richter a été enregistrée le samedi 25 avril vers 20 h 20 locales en Roumanie, sans faire de victime ou de dégâts, a indiqué l'Institut sismologique de Buca-rest. L'épicentre du séisme a été localisé à 120 km de profondeur, dans la zone à haute activité sismique de Vrancea (Focsani). La secousse a également été fortement ressentie dans la capitale mais aussi à Chisinau (République de Moldavie) et au nord de la Bulgarie. Le dernier tremblement de terre enregistré par les sismogra-phes roumains a eu lieu le 2 mars dernier, toujours dans la région de Focsani (et a atteint un degré de 3,6 sur l'échelle de Richter. Un rapport de l'ONU, rendu public juste après le terrible tremblement de terre qui a frappé l'Italie, classe la Roumanie parmi les pays les plus exposés à un séisme de grande ampleur. Selon les experts, dans les 3 à 4 prochaines années, un tremblement de terre supérieur à 7 sur l'échelle de Richter pourrait toucher le pays. Incompréhension Près de 2000 curieux, dont beaucoup d'anciens et actuels employés de l'usine Dacia de Movieni-Pitesti, ont assisté, ébahis, à la destruction par implosion contrôlée du siège social historique de l'entreprise pour faire place à un parking d'une capacité de 600 véhicules. Le bâtiment de huit étages avait été construit en 1973 et nombre de Roumains n'ont pas compris la décision des patrons français de Renault-Dacia de faire disparaître ce qu'ils considèrent comme un symbole de leur industrie automobile. L e 2 avril dernier, la police a arrêté George "Gigi" Becali dans sa propriété de Pipera (nord de Bucarest) ainsi que six autres personnes, pour une affaire de règlement de comptes. L'affairiste et patron du Steaua Bucarest soupçonné de "privation de liberté illégale" a été emprisonné pour 28 jours reconductibles, dans l'attente de son procès, conformément à la législation roumaine. Fin janvier, il aurait séquestré trois hommes durant plusieurs heures, enlevés au préalable par ses gardes du corps, puis enfermés dans le coffre d'une voiture avant qu'ils ne soient conduits dans un immeuble de son quartier. Becali les accusait de lui avoir volé sa voiture et, mortifié qu'on ose s'en prendre à lui, aurait voulu leur donner une leçon. Double humiliation pour le milliardaire: toutes les caméras de télévision étaient là pour filmer son arrestation. L'affaire a occupé pendant plusieurs jours le devant de la scène médiatique, conduisant à des débordements, le Conseil national de l'audiovisuel (CNA) envisageant de sanctionner trois postes de télévision. La justice et le président Basescu - pourtant ami jusque là avec Becali - étaient montrés du doigt pour avoir instrumentalisé toute l'affaire afin de faire oublier leurs insuffisances dans la lutte contre la corruption ou de mettre un frein à ses ambitions politiques. Rameutant ses supporters du fond de sa cellule Du fond de sa prison, Gigi Becali a tout de suite rameuté les supporters du Steaua. Des dizaines de personnes se sont réunis devant le tribunal pour demander sa libération. Deux autobus ont notamment amené une cinquantaine d'habitants de Vadu Rosca, le village reconstruit par l'homme d'affaires à la suite des inondations de 2005. Sur les pancartes, on pouvait lire "Qui va nous aider maintenant ? Les sinistrés". A l'église de Pipera, les prêtres disaient prier pour le milliardaire. Malgré cette pression médiatique et sociale, les juges ont décidé une semaine plus tard de maintenir Becali en détention provisoire jusqu'au 2 mai, dans un premier temps. Des magistrats de tout le pays ont exprimé leur solidarité avec leurs collègues de Bucarest sur un forum Internet. Drapés dans leur dignité, tous ont souligné le fait qu'une décision de justice ne doit pas être discutée, même si chaque inculpé a droit à la présomption d'innocence. Pendant deux semaines, le milliardaire a remué ciel et terre pour obtenir sa libération, dépensant sans compter. C'est surtout sur le ciel que misait l'ancien berger ne pouvant imaginer que celui-ci abandonnerait une de ses brebis, alors qu'il a créé un parti politique, le PNG (Parti de la Nouvelle Génération) directement inspiré par Dieu. Plus l'échéance des fêtes de Pâques - le 19 avril - se rapprochait, plus sa colère grandissait à la perspective de les passer derrière les barreaux… A en devenir pathétique. "Même Barrabas a été libéré par les Romains, alors que moi on me fait endurer le calvaire du Christ" s'indignait-il à la veille du vendredi Saint. Ses juges ont-il été soudain touchés par la grâce divine du pardon ou bien faut-il chercher une raison plus prosaïque ? En tous les cas, Gigi Becali est sorti libre de sa prison quelques heures avant que ne commencent les cérémonies pascales. Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte vraiment pas le moment de faire la noce vive les mariés !" Cette séquence pourrait rester mythique, comme celle du Festin de Babette. Une ode au bien-manger et à la liberté de s'offrir un minimum de plaisir, parenthèse conviviale dans une vie d'austérités. Bruits de bouche, gag de la mouche, mimes d'engueulades et d'applaudissements, téléphone arabe, paillardises plus ou moins mal étouffées. La tristesse de la mariée va transformer cette liesse furtive en provocation et la noce en deuil. Jean-Luc Douin (Le Monde) Entraînés dans la vie simple d'un village roumain en 1953 R oumanie, de nos jours. Une équipe de tournage arrive dans un village isolé pour un reportage sur des phénomènes paranormaux. A la surprise de tous, seules de vieilles femmes en deuil habitent ce village. Quelle est donc leur histoire ? Roumanie, 1953. Ana et Iancu sont sur le point de se marier. Tout le village s'atèle aux préparatifs de la noce. C'est un véritable festin qui attend tous les convives. Alors que la fête bat son plein dans le jardin de la maison, le maire du village et le commandant du régiment font irruption pour annoncer la mort de Staline ainsi qu'une semaine de deuil national prenant effet sur le champ. Toutes les festivités sont interdites. Malgré l'interdiction, les mariés et leurs invités feront preuve d'ingéniosité pour poursuivre la fête... Ce film est difficilement classable tant il mélange les genres: il est aussi drôle que violent, aussi émouvant que grossier. Et pourtant, l'ensemble est cohérent: un village où chaque personnage joue un rôle bien précis. Nous retrouvons donc la prostituée, le maire collabo, le nain, la belle et le beau gosse suivis de près par les familles respectives. Cette reconstitution peut paraître de prime abord un peu caricaturale. Néanmoins, chacun prend sa place, la petite ville s'éveille sous nos yeux, et on les suit de la maison où les femmes ne se laissent pas bousculer par leurs hommes, au bistrot où chacun se retrouve pour boire une tsuica dans la journée. Les deux tourtereaux ont une belle fraîcheur et on croit à leur histoire et à ce mariage décidé à la va vite. D'ailleurs, la moitié du long métrage se situe avant la noce. Le réalisateur nous entraîne dans cette vie simple d'un village roumain en 1953. Bien que ce soit son premier film, Horatiu Malaele est un artiste reconnu en Roumanie en tant que comédien, metteur en scène de théâtre ou encore caricaturiste. On le sent ainsi plutôt à l'aise avec la caméra comme le montre l'arrivée du cirque, un joli moment de poésie qui rappelle étrangement Big Fish de Tim Burton. Poésie et résistance à l'ombre du totalitarisme Horatiu Malaele a su distiller cette poésie tout au long de la pellicule et l'une des dernières scènes, cet homme volant enfin vers un monde meilleur est peut être le moment le plus fort du film, celui où l'on se rend compte que dans une telle dictature, on ne peut pas s'en sortir autrement qu'en fuyant ou qu'en se soumettant. Le drame est là: ce contexte historique est sans cesse rappelé par Malaele qui dans chaque phrase fait sentir l'ombre du totalitarisme. Pourtant, la résistance existe bel et bien: ces villageois qui se voient refuser le bonheur de marier deux de leurs enfants décident malgré tout de célébrer les noces. Et d'une bien curieuse manière ! La scène du repas tient du burlesque. Elle est vraiment réussie et nous ramène tous en enfance au temps où on jouait au téléphone arabe en classe. Mais la violence resurgit au moment où on s'y attend le moins. Le film est ainsi émaillé de cet héritage bien réel que la Roumanie tente d'oublier: la politique de l'URSS brisa les pays de l'Est et Horatiu Malaele nous le remet en mémoire. Iris Gaillardet (www.commeaucinema.com) "Au diable Staline, vive les mariés !" Film roumain d'Horatiu Malaele avec Meda Vic. Né en 1952 à Târgu Jiu, Horatiu Malaele est l'un des comédiens et metteurs en scène de théâtre les plus populaires en Roumanie. Il travaille depuis plus de dix ans au sein du prestigieux Théâtre Bulandra, de Bucarest, que l'on pourrait comparer au Théâtre de l'Odéon à Paris. Il y a monté et interprété les grands auteurs, de Tchekhov à Goldoni, de Ionesco à Molière. Il a également été l'interprète de plusieurs récitals poétiques. Horatiu Malaele a tourné dans plus de 50 films roumains, apparaissant également dans Amen de Costa Gavras, en 2002. Il est aussi caricaturiste: ses quelques 3000 portraits ont été l'objet de plus de trente expositions en Roumanie comme à l'étranger. Au diable Staline, vive les mariés ! est son premier film comme réalisateur. 35 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Cinéma SATUMARE l l SUCEAVA CLUJ l TARGU MURES l l TIMISOARA IASI l l ROMAN GALATI l BRASOV l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Lelouch va tourner à Buftea 34 A quatorze ans, après avoir vaincu l'Aconcagua, "Coco" rêve d'Everest l BISTRITA l ARAD La plus jeune championne mondiale d’alpinisme s'entraîne dans les Carpates Evénements "Au diable Staline, l ORADEA Le dictateur est mort et ce n'est Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Claude Lelouch a choisi de tourner une partie de son prochain film, "Ces amours-là", en Roumanie. Le tournage débutera au mois de juin prochain et se déroulera dans les studios Media Pro situés à Buftea, au nord de Bucarest. Le reste du film de Claude Lelouch sera tourné en France, à Beaune, ville dans laquelle il a déclaré récemment vouloir créer une école du cinéma. De ce prochain long métrage, le cinéaste a annoncé qu'il s'agira d'une "histoire unique dans l'histoire du cinéma", dans laquelle il intégrera des scènes de ses anciens films. Deux films roumains à Cannes "Souvenirs de l'époque dorée", un film collectif écrit et produit par Cristian Mungiu et "Policier, adjectif" de Corneliu Porumboiu ont été sélectionnés pour participer au prochain festival de Cannes, qui aura lieu du 13 au 24 mai. Les deux films vont concourir dans la catégorie "Un certain regard". Ionesco interdit de version roumaine A en croire Nicolae Manolescu, représentant de la Roumanie à l'Unesco, la fille du célèbre écrivain Eugène Ionesco, Marie-France Ionesco, refuse que les pièces de son père soient jouées en roumain. Dans un entretien accordé à Evenimentul Zilei, il précise qu'elle "est arrivée à l'idée que son père n'avait aucun lien avec la Roumanie et était un écrivain français". Le centenaire de Ionesco sera célébré en Roumanie, à la mimai, par une représentation, en allemand, de "La cantatrice chauve". L e cinéma roumain vient de nous proposer un nouveau petit bijou qui a fait sa sortie sur les écrans français en février. Nunta muta (La noce muette), dont le titre s'est transformé en France, pour des impératifs commerciaux, en Au diable Staline, vive les mariés, est le premier long métrage d'Horatiu Malaele, l'un des comédiens et metteurs en scène les plus populaires de Roumanie. Non seulement son film ne dépare pas les dernières grandes réussites du cinéma roumain, comme 4 mois, 3 semaines et 2 jours ou le magnifique California dreamin' de Cristian Nemescu, mais on serait de dire qu'il les surpasse par son originalité, son romantisme mêlé à son côté crû. Surtout, emprunté à un évènement authentique, il évoque l'une des époques les plus tristes et méconnues vécues par les Roumains au cours de leur histoire récente. Si ce film passe encore dans votre région, précipitez vous pour le voir. Voici ci-dessous, l'avis de deux critiques de cinéma. Truculences à la Kusturica sur l'occupation soviétique Après le tonique coup de fouet donné au cinéma roumain par “4 mois, 3 semaines et 2 jours”, de Cristian Mungiu (Palme d'or à Cannes en 2007) et des films comme “La Mort de Dante Lazarescu” ou 13h10 à l'est de Bucarest, "Au diable Staline, vive les mariés!" fable antitotalitaire nous ramène quelques années en arrière, à l'heure des chroniques de l'occupation communiste et des truculences à la Kusturica. A 56 ans, Horatiu Malaele (notre photo) signe là son premier film: c'est l'un des acteurs et metteurs en scène de théâtre les plus populaires du pays, également caricaturiste. Il travaille depuis dix ans au fameux Théâtre Bulandra de Bucarest, une institution. Son projet n'est pas de s'interroger sur la situation actuelle de son pays et les traces des lâchetés d'hier dans la société d'aujourd'hui, comme ses jeunes compatriotes, mais de glorifier la résistance de ceux qui osèrent rester fidèles à leur culture sous le joug soviétique. Le reportage d'une équipe de télévision dans un village où ne subsistent que des ruines et des vieilles apeurées est prétexte à un long flash-back, récit de ce qui arriva jadis, en 1953, à ces gens que l'on extermina avant de raser leurs maisons. A 14 ans, Crina Popescu, "Coco" pour son père, est devenue une icône de l'alpinisme roumain. Son dernier exploit, repris abondamment par la presse, a impressionné ses compatriotes. En décembre dernier, elle a été la première Roumaine, mais aussi la plus jeune alpiniste du monde, à gravir le Mont Ojos de Salado, plus haut volcan de la planète (6893 m), qui domine le désert d'Atacama au Chili. L'expédition a duré plusieurs jours, les températures passant de 30° à -20° pendant la nuit. La fillette faisait partie d'un groupe de quatre adultes, compatriotes aguerris à la montagne. Son père, Ovidiu, fut le premier à lâcher prise à 5200 m, n'arrivant plus à respirer, craignant un oedème pulmonaire et rejoignant finalement le camp de base. Un autre membre du groupe, Daniela, abandonnait peu après. Finalement Crina et son dernier coéquipier, Radu, continuèrent seuls la course, mais séparant leurs pas, celui de la fillette étant moins rapide. Dans son chemin solitaire, la jeune Roumaine croisa un couple d'alpinistes allemands qui avait renoncé et redescendait, puis ce fut au tour de Radu, victime aussi de troubles respiratoires et jetant l'éponge. "Papa, j'ai fait le sommet" Il était une fois… en Roumanie Il était une fois, donc, ce hameau peuplé de personnages à faconde, prompts à l'invective, en particulier au bistrot. Un cinéma ambulant s'installe sur la place, pour projeter un film à la gloire du camarade Staline. Les ventrus boivent sec, les volailles piquent un sprint et les hâbleurs en font des tonnes pour faire sentir leur mépris au maire collabo des Soviétiques pendant que les jeunes s'envoient en l'air dans les foins. Cette peinture haute en couleur de la vigueur tonitruante des mâles locaux est assez convenue, mais le film prend de l'intérêt quand il bascule dans le burlesque. Au moment même où l'un des fermiers du coin s'apprête à fêter les noces de sa fille avec un joli-cœur, un officier soviétique vient annoncer la mort de Staline et imposer une semaine de deuil national. Toute liesse et festin sont interdits. Le morceau de bravoure d'Au diable Staline, vive les mariés! est constitué par le banquet clandestin que les familles organisent en cachette, de nuit, dans une grange: une cène païenne où les musiciens sont condamnés au faire-semblant, les convives à la dégustation discrète et à la conversation muette. L'intrigue est tirée d'un fait divers réel. Elle s'impose en métaphore d'une Roumanie réduite au silence par les communistes, mais qui, si on l'empêcha de parler à haute voix, apprit à chuchoter pour rester elle-même et à prendre son asservissement avec humour. Laissée seule à elle-même à 6500 mètres d'altitude, dans les nuages puis le brouillard, Crina ne se découragea pas. En bas, le moral était tout autre. Ovidiu, bien que connaissant les capacités de sa fille, était de plus en plus rongé par l'inquiétude, d'autant plus que les batteries de la radio s'étant déchargées il n'arrivait plus à communiquer avec elle. Privée de conseils, la fillette décida pourtant de continuer, bien qu'ayant à escalader des murs de glace et des surplombs impressionnants, dont certains de plus de 50 m. Finalement, la jeune Roumaine réussit à franchir les derniers obstacles, s'installant sur le toit du volcan, tout juste quatre mètre carrés bordant un précipice vertigineux, pour souffler un peu. Couronnant son effort, la liaison radio put reprendre et Coco, annoncer triomphalement : "Papa, j'ai fait le sommet". C'était le dixième en quatre ans, Coco ayant déjà "vaincu" - entre autres - la Dent du Géant dans les Alpes (4014 m), alors qu'elle avait dix ans, le Mont Blanc (4810 m), le Mont Ararat en Turquie (5165 m), le Mont Kazbek au Caucase (5047 m), le Mont Damavand (5671 m) en Iran, réalisant le plus souvent des premières en temps que Roumaine ou plus jeune alpiniste du monde. Prise dans la tourmente A peine redescendue, et le temps de passer les fêtes, Coco décidait de s'attaquer, début janvier, au plus haut sommet d'Amérique, septième dans la hiérarchie mondiale, l'Aconcagua (6963 m). Refusant la facilité, elle prit la voie la plus dure, empruntant le passage du "Glacier polonais". La fillette se battit pendant quatre jours contre des conditions atmosphériques désastreuses, le massif étant balayé par des vents de neige, étant encore la première Roumaine et le plus jeune alpiniste mondiale à vaincre cette montagne prestigieuse, éprouvant une grande fierté en y plantant le drapeau de son pays (notre photo). Au cours de cette période, huit alpinistes argentins trouvèrent la mort, dont un sous ses yeux, Coco en découvrant un autre enfoui dans la neige après avoir succombé au froid quatre plus tôt. Ces drames ne l'ont pas dissuadée de continuer sa quête des sommets. Elle prépare activement son premier 8000 mètres, le Cho Oyu (8201 m) dans l'Himalaya. Les Carpates sont le terrain d'entraînement de la jeune Roumaine. Elle y parcourt au pas de course les neuf kilomètres séparant Rasnov, où elle habite, de Poiana Brasov, nageant, skiant, effectuant des parcours bi-cross, sans oublier les sept heures quotidiennes consacrées à ses études. Cela a un prix: Coco ne regarde jamais la télé, par contre elle dévore les livres qui tombent sous sa main. Cela a aussi un coût, malgré la participation des sponsors. Pour pouvoir payer les droits d'escalade de la dernière expédition, son père a vendu sa voiture. Mais à travers sa fille, Ovidiu Popescu réalise son rêve d'une vie plus saine. Il a vendu tout ce qu'il possédait à Bucarest voici une quinzaine d'années pour venir respirer l'air la montagne avec sa femme, dénichant une maison dans un journal de petites annonces. La venue au monde de Crina, en décembre 1994, ancra la volonté du couple de fonder une famille de montagnards. Le bébé apprenait à manier un piolet en même temps que marcher. A six ans, inscrite dans un cours d'alpinisme avec son père, les murs d'escalade et leurs prises n'avaient plus de secrets pour elle. A dix ans, elle s'attaquait à son premier sommet. Crina "Coco" a aussi ses rêves de jeune fille. Ils l'emportent au-delà des nuages et portent un nom: l'Everest. 19 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Evénements l SATU MARE l l l IASI l TARGU MURES NADLAC Sex call l SUCEAVA ORADEA BACAU l l l VASLUI ARAD l l TIMISOARA HUNEDOARA BRASOV l PITESTI BRAILA l l l TULCEA l TARGOVISTE n l CRAIOVA BUCAREST l CONSTANTA Le château de Bran vidé de ses meubles 20 Les confessions d'Elena, étudiante Dominique de Habsbourg, petit-fils de la reine Marie de Roumanie, qui doit récupérer le château de Bran le 18 mai prochain, a eu la mauvaise surprise de découvrir fin mars que le palais avait été vidé de son mobilier. Un acte qu'il a qualifié de "vandalisme". Ion Narcis, directeur du château, a pour sa part expliqué que cette "évacuation" s'était faite sur ordre du ministère de la Culture, affirmant que toutes les pièces de mobilier appartiennent à l'Etat roumain. Les grands perdants sont les touristes, qui peuvent accéder à un bâtiment désormais vide. Le château restera ouvert au public après sa rétrocession à Dominique de Habsbourg. Le Golden Blitz démoli Le Golden Blitz, le célèbre restaurant de la capitale, du Boulevard Razaore, à la fois snob et populaire et où il était bon ton de se montrer, a été démoli fin janvier, afin de le doter de parkings. Il devrait rouvrir ses portes à la fin de l'année. Propriété des affairistes Sorin Volpescu et Dan Besciu, l'établissement était fréquenté par des personnalités comme le Président Basescu, sa "conseillèrevamp" devenue ministre du tourisme, Elena Udrea - qui fut un temps une de ses actionnaires par l'intermédiaire de son mari-, et l'ancien bergermilliardaire, propriétaire du Steaua, Gigi Becali. Voici un an, il avait été victime d'un incendie provoqué par un "gratar de mici" (grillade de boulettes de viande hachée). I l existe des numéros surtaxés permettant de "faire l'amour" par téléphone. Officiellement, les jeunes filles qui répondent sont des Françaises célibataires qui cherchent un petit copain. Dans la réalité, ce sont des Roumaines qui travaillent pour un call center*, comme le révèle Julien Trambouze, reporter et pigiste à Radio France International, et animateur sur le réseau local France Bleu. Arte Radio vient de reprendre sur ses ondes une enquête du journaliste, spécialiste des pays d'Europe centrale, qui explore et enregistre la Roumanie depuis plus de sept ans. Oreilles chastes s'abstenir… Pour payer ses études "Le soir à la TV, il y a souvent ces publicités pour des N° de téléphone en 08 90 pour "sortir avec une fille chaude": "Viens je t'attends", "tu aimes mon petit minou" et autres teasers assortis de mimiques vulgaires… Ni une ni deux, si vous composez le N° vous tombez sur une jeune fille fraîche qui se met à causer de "cul". Qui est-elle? Généralement, une étudiante vivant à Prague ou Bucarest et finançant ses études à l'aide d'un boulot d'appoint. Prenez Elena, par exemple. Etudiante en sciences politiques, Elena a longtemps travaillé dans un centre d'appel pornographique à Bucarest (Roumanie). Trois nuits par semaine, elle émoustillait ses clients français via le téléphone ou le net. Et son témoignage en live, sidérant de bonne humeur, a été enregistré sur Arte Radio qui dévoile les coulisses de cette étrange industrie. L'auteur du reportage, Julien Trambouze, explique: "Elena était une amie d'ami. A l'époque où elle a travaillé (quelques mois) dans le centre d'appel, elle ne se vantait pas trop de ce boulot. C'était pour payer ses études. J'ai mis plusieurs semaines à la convaincre de s'enregistrer sur son lieu de travail. Elle ne se préoccupait pas de l'image que ça renvoyait d'elle ("Un job un peu trashy dans un pays pourri", ce sont ses mots), mais davantage de perdre son travail si on découvrait qu'elle était enregistrée. J'ai donc décidé de lui poser un micro-cravate très discret et un petit enregistreur qu'elle devait glisser dans la poche." Enregistrement clandestin Plusieurs nuits de suite, Elena enregistre donc des bouts de dialogues "hot" qu'elle commente d'une voix flûtée. Son travail, essentiellement, consiste à flatter: "Je suis sûre que tu es un gars plein de douceur qui sait bien faire jouir les filles." "Oh, j'adore ton prénom, Antoine, il est très classe". Après quoi, Elena encourage: "J'aimerais bien que tu me dises comment tu caresses". Suivent des échanges aux propos crûs dont la jeune femme, se prêtant au jeu, ne s'offusque pas, attisant les fantasmes de son interlocuteur pour faire durer la conversation et son coût. Parfois, s'il se montre trop exigeant, elle le rabroue, "Je suis pas extra-terrestre moi", mais se rattrape aussitôt, l'entraînant dans des contrées étranges et prometteuses d'une voix innocente. Quand l'appel s'achève, Elena enchaîne sur un autre ou bien envoie des SMS. Parfois les deux en même temps. Le centre d'appel porno pour lequel elle travaille possède aussi un système de dialogue "pour trouver ta petite copine", ainsi que des webcams permettant à la fois de voir et de parler à une beauté de rêve. La plupart des webcams sont des montages habiles. La beauté, généralement, ne sait pas parler Français. C'est Elena, hors champ, qui fait du doublage de voix. Tandis que la strip-teaseuse se déshabille devant la caméra, elle traduit les messages du voyeur - "Il veut voir tes fesses" -, puis répond à la place de la fille, afin que l'illusion soit sauve: de l'autre côté de son écran, le client doit rester persuadé qu'il a affaire à d'authentiques voisines de palier. Dans ce centre d'appel, une usine à gaz, les mâles en chaleur font tourner la machine à raison de plusieurs centaines d'appel par jour. C'est du sex call industriel. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Savoir se faire respecter ! Insolite F in mars, à l'issue d'un match de ligue départementale dans le judet de Calarasi, remporté 2-1 par l'Unirea Dragalina sur le terrain du Conpet Stefan cel Mare, un des deux juges de touche, tancé par les spectateurs mécontents de ses décisions, a sorti un pistolet de son short et a tiré un coup de semonce en l'air ! Un des spectateurs a alors filmé la suite de son retour aux vestiaires, puis l'a envoyé au journal Gazeta Sporturilor, qui diffuse la vidéo où l'on voit les arbitres revenir aux vestiaires sous les menaces et les insultes de la foule. Les problèmes de corruption sont importants dans le football roumain, même dans les ligues inférieures, et les arbitres sont souvent victimes de représailles, parfois violentes, de la part des spectateurs voire des joueurs, tandis que la police s'occupe de moins en moins de ce genre d'affaires. Neuf joueurs aux urgences et 81 matchs de suspension pour une seule rencontre L a Fédération roumaine a infligé un total de 81 matches de suspension après les bagarres qui ont entraîné le samedi 11 avril l'arrêt prématuré de la rencontre Dinamo Bucarest-Constantsa. 7 joueurs du Dinamo ont été chacun suspendus pour 10 matches au plus et le club privé de deux matches à domicile. Le président du Farul Constantsa a été sanctionné pour 12 matches et deux joueurs georgiens du club pour respectivement 10 et 7 rencontres. Le match a tourné au pugilat après six minutes de jeu, les Bucarestois semblant concentrer leur agressivité sur les joueurs géorgiens de Constantsa. Six joueurs du Farul et trois du Dinamo ont été transférés aux urgences. Solution M aire d'Alexandru cel Bun (Alexandre le Bon), bourgade de 3000 habitants du judet de Neamt, Ion Rotaru pense avoir trouvé le moyen de boucher le trou du budget communal. Dès le vote de la loi dépénalisant la prostitution, il envisage de construire un "bordel" municipal, sur le modèle du quartier rouge d'Amsterdam, où des femmes proposent leurs charmes dans des vitrines, tirant le rideau dès qu'elles font affaire. L'édile compte sur le passage de la DN 15, l'une des routes les plus fréquentées du judet, conduisant de Bicaz à Piatra Neamt, pour attirer un maximum de clients. Huile de jambe E stimant que l'huile de jambe revenait moins cher que l'électricité, deux administrations publiques roumaines ont trouvé un nouveau moyen de réduire leurs dépenses en cette période de crise économique: limiter l'usage des ascenseurs à seulement quelques heures dans la journée. Cristian Roman, préfet du judet de Botosani (nord), a décidé que les ascenseurs ne fonctionneraient qu'entre 7h et 9h et 15h et 17h au siège de la collectivité territoriale ainsi que dans ses locaux, qui sont situés dans le même bâtiment. Le préfet a expliqué que la mesure permettrait de réduire la facture d'électricité. Environ 200 personnes travaillent dans l'immeuble de cinq étages. Le préfet montre lui-même l'exemple… Son bureau se trouve au rez de chaussée. Villa du quartier ultra-chic de Pipera à Bucarest ... après la crise ! Rendement L es 84 contrôleurs de bus de Iasi ont assigné en justice leur direction pour abus de pouvoir et harcèlement répressif. Ils lui reprochent de les obliger à faire du chiffre en dressant au minimum 3360 contraventions par mois aux fraudeurs, soit 40 chacun s'ils veulent toucher intégralement leur salaire. Si les objectifs ne sont pas atteints, celui-ci est réduit de 25 %, et au bout de trois mois… c'est la porte ! Au parfum D eux fois par semaine, les rues du centre de Baia Mare sont aspergées de solutions liquides lavantes parfumées, importées de Hollande. Au choix: pomme, sapin, citron, lavande, muguet, lilas, magnolia ou pamplemousse. Valer Simon, le gérant de la société qui a en charge le nettoyage de la ville, a emprunté cette idée à Salzbourg où il passait ses vacances voici deux ans. Il cherchait désespérément un moyen de chasser les odeurs pestilentiels qui planaient sur Baia Mare, envahie chaque année par des monceaux de détritus après la fête des châtaignes, l'emploi de l'eau de Javel se révélant inefficace. Dispositif anti-pipi U n bricoleur du judet d'Alba, Ioan Holom, qui a déjà à son actif plusieurs inventions brevetées, notamment dans le domaine médical, a mis au point un appareil anti-énurésie qui aide à résoudre le problème des enfants qui font pipi au lit. Celui-ci contient un système de diagnostic basé sur la mesure des bio-courants de l'organisme ainsi qu'une sonde que l'on place dans le pyjama de l'enfant et qui se met à sonner ou à vibrer dès les premières gouttes décelées. 33 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Sports l l BAIA MARE SUCEAVA l ORADEA ARAD l l l TIMISOARA TG. JIU l l IASI TARGU MURES A. IULIA l l l l P. NEAMT l l COPSA MICA BOTOSANI BRASOV TÂRGOVISTE l l n CRAIOVA l TULCEA CALARASI CONSTANTA BUCAREST l l Déjà sous Ceausescu… 32 Cible du parquet anti-corruption (DNA), le football roumain vit les pires heures de son histoire, ou les meilleures pour ceux qui attendent enfin un grand nettoyage. "Le pire, c'était quand on devait se contenter de rumeurs et soupçons sur les arbitres et dirigeants, et le meilleur c’est qu'on a désormais la chance de faire la lumière sur des cas qui pourrissaient notre football", a déclaré Radu Naum, rédacteur en chef de la chaine sportive GSPTV, regrettant "que le nettoyage ne soit pas fait de l'intérieur mais par le DNA". Au-delà des soupçons et accusations verbales presque quotidiennes, rien n'avait vraiment abouti depuis l'ère Ceausescu, lorsque la police politique de l'ex-dictateur avait mis des arbitres derrière les barreaux, comme l'ont rappelé certains medias roumains. "Le génie des Carpates" n'était pourtant pas trop regardant en la matière. Son fils adoptif et aîné, Valentin, avait fait inverser le résultat d'une finale de coupe de Roumanie qui avait vu la défaite du Steaua, le club de l'armée créé par son père, face à son éternel rival de la police, le Dinamo. Cette fois-ci, les dossiers sont sortis au grand jour, la DNA tentant de faire le ménage dans la corruption pour répondre à la demande de l'UE. D es enquêteurs de la Direction Nationale anti-corruption (DNA) ont effectué le 13 avril une descente au siège de la Fédération Roumaine de Football, visant le bureau du responsable de la commission d'arbitrage et saisissant 250 pages de documents. L'enquête de la DNA porterait sur plusieurs matches suspects de la saison impliquant le FC Arges (1re div.), dont le siège a également fait l'objet d'une descente des enquêteurs, et dont le patron, Cornel Penescu (notre photo), a été retenu 24 heures par la DNA. Celui-ci est suspecté d'avoir versé jusqu'à 125 000 € à plusieurs arbitres du championnat roumain, avec la complicité du président de la Commission roumaine des arbitres de football, Gheorghe Constantin auquel il aurait remis 70 000 € pour qu'il "désigne des arbitres agréés". Les deux hommes ont été placés en état d'arrestation. Les enquêteurs affirment en outre que, durant la période octobre-décembre 2008, Penescu aurait viré 54 000 dollars à plusieurs arbitres de première division afin de "bénéficier d'arbitrages favorables", ainsi que 3000 € à un observateur fédéral. Selon les procureurs, d'autres personnes font l'objet d'enquêtes dans ce dossier. Le football roumain est dans le collimateur du DNA pour deux autres dossiers qui font l'objet de procès: le premier porte sur des transactions illégales dans le cadre d'une douzaine de transferts de joueurs suspects. Le 10 janvier 2008, des poursuites pénales ont été engagées pour escroquerie, évasion fiscale et blanchiment d'argent contre des agents de joueurs et des dirigeants de clubs comme Gheorghe Copos (Rapid Bucarest) et Cristian Borcea (Dinamo Bucarest). Le second porte sur une affaire de corruption impliquant le patron du Steaua Bucarest, Gigi Becali, accusé - enregistrements téléphoniques à l'appui - d'avoir proposé 1,7 million d'euros à un adversaire afin d'influencer un match décisif pour le titre. Champions du monde de la mafia sportive Le président de la FRF, Mircea Sandu, s'est autorisé une comparaison avec l'Italie, en déclarant que son pays pourrait "devenir le nouveau champion du monde de la corruption sportive, comme ce fut le cas pour l'Italie après le scandale du "Calciopoli", une affaire de matches truqués qui avait éclaté dans la péninsule au printemps 2006. Il a estimé que d'autres arrestations pourraient intervenir dans le milieu des paris sportifs. "Si les accusations sont confirmées, ce sera difficile de croire que tout ça fut possible sans qu'au moins un haut dirigeant ne soit pas au courant", lui a répliqué le journaliste sportif Adrian Soare. Sandu, à la réputation sulfureuse, a rejeté tout lien avec le scandale, assurant qu'il avait tiré la sonnette d'alarme par le passé et promettant l'ouverture d'une enquête. Première décision positive: la désignation par tirage au sort des arbitres pour les matches de première division et non plus sur choix du président et d'autres membres de la Commission d'arbitrage. Une affaire à suivre à quelques semaines des 100 ans de la FRF, anniversaire pour lequel sont annoncés les présidents de la FIFA et de l'UEFA, Stepp Blatter et Michel Platini... Ilie Nastase a été fait chevalier de la Légion d'honneur L qui téléphone de Bucarest en France et fait oublier son accent les dessous du business BACAU l ROVINARI Des arbitres mis en cause par le parquet anti-corruption Société Les NOUVELLES de ROUMANIE e célèbre tennisman Ilie Nastase, 62 ans, a été fait chevalier de la Légion d'honneur par l'ambassadeur de France en Roumanie, Henri Paul. Celui qui fit, aux côtés de Ion Tiriac, les beaux jours du tennis roumain dans les années 1970, a été récompensé pour sa francophilie et son impressionnant palmarès: numéro un mondial, vainqueur notamment de Roland-Garros, il a remporté au total 87 tournois professionnels au cours de sa carrière. Plusieurs personnalités roumaines assistaient à la cérémonie, comme l'ex-étoile de la gymnastique Nadia Comaneci, la légende du football Gheorghe Hagi, et l'ancien président de la Roumanie Ion Iliescu. Nastase s'est retiré de la compétition en 1985 à l'âge de 39 ans. Il a ensuite été président de la Fédération roumaine de tennis pendant 10 ans avant de démissionner l'an dernier. "Le système est bien organisé, explique Julien Trambouze. Il y a des postes de travail, style box. Sur l'ordinateur, les filles reçoivent les SMS, et elles y répondent via l'interface d'un logiciel. Au même moment elles peuvent dialoguer au téléphone, soit en laissant des messages par répondeur interposé ou en dialoguant en direct. Les deux activités sont différentes, et le but aussi, le SMS c'est pour des pseudos "relations sérieuses", du genre on flirte par SMS en faisant connaissance, le client pense un jour rencontrer une vraie femme. "Un film porno, çà ne donne pas de réponse" Pour le téléphone c'est du sexe. Donc oui, d'une certaine manière c'est une ambiance de rédaction. Pour la webcam, c'est différent, c'est dans une pièce à part. Il y a un matériel pour faire du direct sur Internet, Elena, elle, s'occupe de traduire en off, les désirs de l'homme derrière sa webcam. Elle fait aussi de la post-synchronisation pour le direct ". Les hommes qui appellent sont-il vraiment dupes de cette grossière illusion? Pensent-ils vraiment qu'Elena s'est branchée sur les lignes chaudes parce qu'elle a très envie de sexe? Qu'elle est Française, qu'elle habite Villeneuve sous bois et qu'elle rêve de trouver un petit copain? Elena dit: "Ils m'appellent uniquement parce que c'est mieux que de regarder un film porno parce que le film porno ça donne pas de réponse". * (centre d'appel téléphonique commercial, souvent installé à l'étranger, d'où des opératrices démarchent des clients ou répondent à leurs demandes) "Les filles sont étudiantes, niveau maîtrise et leur français doit être irréprochable" A la suite du reportage diffusé par Arte Radio, Julien Trambouze a répondu aux questions suivantes du journaliste: Arte Radio: Qui dirige ce genre de business? Julien Trambouze: Le patron de la boîte en question a un parcours plutôt insolite, je ne le connais pas directement, mais il est connu à Bucarest. C'est un Français qui a été pendant deux ans volontaire international au SAMU social de Bucarest. Il a décidé de rester sur place pour monter sa boîte de Call Center porno; il a dans la même branche un call center de dépannage informatique, donc pour lui c'est juste le moyen de faire de l'argent. A priori les patrons de ce genre d'entreprise sont des investisseurs lambdas qui n'ont pas de lien avec le monde de la prostitution ou de la mafia en particulier. En tout cas pas à ma connaissance… A.R: Qui sont les filles? J.T.: Les filles sont étudiantes, souvent avec un très bon niveau scolaire, l'équivalent de la maîtrise, car forcément leur français doit être irréprochable. Il y a des femmes au foyer qui arrondissent leurs fin de mois (elles ne travaillent que de deux à quatre soirées maximum par semaine). Et plus, il y a des actrices pornos pour les web cam. A.R.: Pourquoi Elena a-t-elle accepté de témoigner? J.T.: Elena était étudiante en dernière année en sciences politiques quand je l'ai rencontrée et enregistrée. Elle a passé un an en France (Montpellier) pendant ses études, ce qui explique son niveau de français et le fait qu'elle n'a pas d'accent. Elle a accepté d'être enregistrée, je pense, pour ne pas oublier ce moment de sa vie. Elle avait une distance très particulière avec son "travail", sans traumatisme particulier et, avec beaucoup de détachement. Elle acceptait d'en parler régulière- ment, comme un ouvrier qui sort du boulot. Le seul risque était de se faire pincer et de perdre son travail. A.R.: Elle gagnait combien de l'heure ? J.T.: En gros de ce que j'en sais, elle touchait pour 3 nuits par semaine environ 400 € par mois, soit g 4 € de l'heure. A.R.: le client sait qu'il appelle l'étranger quand il fait un numéro de téléphone rose? J.T.: Tout le business est sur ça ; les appels viennent de France, et les gens qui appellent pensent que ce sont des femmes françaises à l'autre bout du fil. Je pense que les lignes sont reliées par Internet ce qui permet de faire des économies sur les lignes téléphoniques. Je ne suis pas très au courant du système. Les gens ne savent pas qu'ils appellent à Bucarest, ils doivent pouvoir le savoir avec les annonces éditeurs obligatoires sur ce genre de ligne. Les enfants fans du Net 6 0% des enfants roumains âgés de moins de 14 ans utilisent quotidiennement Internet, selon une étude réalisée par Intuitext et Itsy Bitsy FM. Le rapport révèle que 43% des enfants vont sur Internet pour jouer en ligne, 19% pour parler sur Messenger, des "chats" ou des forums, et seulement 23% pour chercher des informations pour leurs devoirs scolaires. L'étude met aussi en avant l'inquiétude des parents face à cette omniprésence d'Internet dans la vie de leurs enfants: 40% craignent notamment les messages vulgaires et inadaptés et 37% ont peur de l'impact des jeux violents. Mais malgré ces craintes, seuls 25% des parents surveillent leur enfant quand il surfe sur le Net, 47,4% ne le font qu'occasionnellement, les 26% restants jamais. L'étude a été réalisée auprès de 3559 parents. 21 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Vie quotidienne l BAIA MARE l IASI l ARAD CLUJ SIBIU TIMISOARA BACAU l l l l GALATI l l PLOIESTI n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Palais de Tsiganes 22 La Roumanie pratiquement éliminée du Mondial 2010 d'Afrique du Sud Limogé, le sélectionneur Piturca veut aussi son parachute doré l SINAIA CRAIOVA l BRASOV l PITESTI l l TARGU MURES Sports Les paysans bretons ont la cote auprès des Roumaines SUCEAVA l ORADEA Crise et xénophobie en Italie aidant… Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Jumelée depuis seize ans avec Timisoara, Mulhouse a fourni à sa partenaire roumaine une liste de mendiants tsiganes qui opèrent dans la ville alsacienne et ont sollicité de sa mairie une aide sociale, lui demandant de vérifier s'ils y possédaient des biens immobiliers. En visite, des élus mulhousiens s'étaient montrés surpris de découvrir les palais kitsch que certains s'étaient faire construire, les comparant aux villas de "Beverly Hills". La vérification n'est cependant pas facile à faire, des propriétaires ne les ayant pas déclarés sous leur nom et les clans familiaux auxquels ils appartiennent ayant de nombreuses ramifications. Chaque mendiant peut rapporter jusqu'à 3000 € par mois au réseau auquel il appartient. La "guinessite" de Pâques La Roumanie n'en finit pas avec sa "guinessite". La fièvre d'entrer dans le livre des records est devenu une ambition nationale. C'est ainsi qu'à l'occasion de la Pâque orthodoxe le record du plus grand oeuf de Pâques, qui mesure 7,25 m de haut et pèse 1,8 tonne, a été établi dans le centreville de Suceava. Construit en fibre de verre et décoré d'autocollants, il présente un diamètre de 4,6 m, a été béni par des prêtres, puis mesuré par un représentant du Guinness Book, qui a remis au maire de la ville un diplôme. Dans ce même département, les habitants de la ville de Radauti espéraient en cette journée pascale recevoir un document similaire, après avoir préparé un cozonac, traditionnelle brioche au fromage, pesant 140 kilos et d'un diamètre de 2,5 m. L es agences matrimoniales du Banat (Timisoara) auprès desquelles s'inscrivent des jeunes femmes roumaines rêvant d'un avenir autre que dans leur pays ont noté un net changement de tendance ces derniers mois. Le "prince charmant" rêvé n'est plus le riche Italien quadragénaire, propriétaire de son entreprise, portant beau des costumes Armani au volant de sa voiture de luxe… mais le paysan breton, vieux gars célibataire au maillot de corps trempé de sueur quant le soir il rentre avec son tracteur son chargement d'artichauts et de choux-fleurs. La crise est passée par là et l'Italie paraît un pays moins sûr que la France pour y faire sa vie. Mais aussi, les Roumaines sont indignées à l'idée du sort que pourraient leur réserver les Italiens, à la suite de la vague de xénophobie que connaît ce pays: "Je ne veux pas me faire traiter sans arrêt de putain, de voleuse, qu'il y ait du scandale dans la rue autour de moi, que ma belle famille ait honte parce que je suis Roumaine" se révolte Miruna, une professeur de 40 ans qui recherche toujours l'âme sœur, concluant "je préfère aller en France où c'est plus tranquille pour nous, même si parler le français est plus difficile… mais je me débrouillerai". Alina est du même avis, tout en se montrant beaucoup plus terre à terre : "Si tu vis à la ferme, t'es sûre au moins de manger. Une poule est une poule, les légumes poussent dans le jardin, les vaches donnent du lait et se fichent bien de la crise". Dans les agences matrimoniales, on note que les fermiers bretons sont de plus en plus une valeur recherchée : ils ont leur propre affaire, agricole - et non pas des actions en bourse -, avec des vaches, moutons, des hectares de terre cultivable ou de vergers, ce qui garantit une vie décente. Laura, 35 ans, a décidé de franchir le pas, conseillée par une amie. "Celà n'a pas été facile de prendre une décision parce que la vie à la campagne ici est misérable" confie-t-elle, "mais j'ai vu des films, et en France on ne vit pas comme çà; les différences sont grandes. Tout est automatisé, on a les machines qu'on veut… on trait même les vaches par ordinateur", avant de se convaincre "je crois que le fermier français est une variante très bonne. Surtout maintenant ! çà n'a rien à voir avec le tractoriste de chez nous". Aujourd'hui, l'offre masculine sérieuse vient de France Adriana, qui dirige une agence matrimoniale de Timisoara est formelle : "La peur de la crise a changé radicalement le regard des Roumaines en quête d'un mari et sollicitant ses services. D'emblée, la majorité tourne leurs regards vers l'étranger et les propositions viennent surtout d'Italie et de France. Si le partenaire présenté a une maison et un travail, l'affaire est déjà bien engagée. En outre, s'il a une protection sociale, c'est très sécurisant psychologiquement pour la jeune femme". Adriana reconnaît qu'il y a peu de romantisme dans cette démarche, la motivation étant maintenant surtout économique. Elle note aussi que les Roumaines du Banat se sont un peu lassées des frimeurs italiens que l'on voit draguer au volant de leurs décapotables dans les rues de Timisoara ou d'Arad. Les pizzas, les pâtes, la canzonetta ou la dernière mode de Milan ont moins d'attrait. "Aujourd'hui, l'offre masculine sérieuse vient de France" constate-t-elle. Adriana, qui n'a jamais entendu parler du film "Je vous trouve très beau" (notre photo) a déjà formé quelques couples franco-roumains. Plusieurs de ses clientes avaient effectué préalablement le déplacement en Bretagne pour visiter la ferme de leur prétendant, lequel avait payé le voyage. D éfaite en mars 23 à Constantsa devant la Serbie, cinq jours avant un nouvel échec devant l'Autriche (2-1) à Klagenfurt, et ainsi prati“Le toupet de Piturca n’a pas de limite” pour ce caricaturiste qui quement éliminée de la courn’apprécie pas ses prétentions. se à la qualification pour le mondial 2010 en Afrique du Sud, l'équipe de football de Roumanie fait pâle figure. Seule l'équipe finissant en tête du groupe est qualifiée automatiquement, le second devant disputer des barrages. Avant dernière du groupe 7 à huit points de la Serbie, la Roumanie en totalise seulement quatre, six points derrière la France, deuxième, qu'elle doit rencontrer en septembre (2-2 à Constantsa l'an passé). Outre leur rencontre à Paris, la suite du programme des Roumains prévoit des déplacements en Lituanie, en Serbie, et deux matches à domicile contre l'Autriche puis les Iles Féroé. "L'homme à abattre" en Roumanie La première victime de ce parcours calamiteux a été le sélectionneur Victor Piturca, limogé deux semaines plus tard, et dont on attend de connaître son successeur qui devrait être Gheorghe Hagi. Le traitement réservé en France à son collègue Raymond Domenech, lui aussi menacé, lui a semblé sans doute bien doux en cette fin de mars, en comparaison de celui qui lui a été accordé dans son pays, où il est devenu le véritable "homme à abattre". Les médias roumains n'ont pas manqué de souligner qu'il a fallu un cordon de gendarmes pour le protéger des supporters roumains, lors de sa sortie du stade en Autriche. "Piturca a réussi à enterrer définitivement la Nationale", titrait le quotidien Gazeta Sporturilor, dont un éditorialiste estimait que le sélectionneur avait plongé l'équipe dans "le noir total" et qu'il "était urgent de le remplacer". "Dehors Piturca", clamait à la Une le quotidien Adevarul, considérant que le football roumain n'a "jamais vécu une telle humiliation", en référence au parcours des qualifications (1 victoire, 3 défaites et 1 nul), et que "ce calvaire devait prendre fin". Romania Libera allait même jusqu'à suggérer le lancement d'une "quête publique" pour réunir les 600 000 euros figurant dans la clause de départ de Piturca avant la fin de son mandat prévu au terme de ces qualifications. Car, sans-doute inspiré par les stock-options et autres prébendes que se sont accordés les banquiers de Wall Street, de la City ou de Paris et les dirigeants de grandes entreprises, le sélectionneur s'est accroché becs et ongles à son "parachute doré", clamant partout qu'il ne démissionnerait jamais. De longues négociations avec sa fédération, pour l'amener à raison, n'ont rien donné dans un premier temps. Piturca menaçait de procès ses anciens employeurs, lesquels lui faisaient valoir que l'objectif de qualification fixé dans le contrat n'avait pas été atteint. Finalement, les deux parties semblaient s'être mises d'accord sur la somme de 300 000 €, mais Piturca a ensuite démenti pour faire monter les enchères. La Fédération a finalement désigné Razvan Lucescu, 40 ans, entraîneur du FC Brasov pour lui succéder. Il s'agit du fils de l'entraîneur des Ukrainiens du Shakhtar Donetsk Mircea Lucescu. Il percevra 250 000 euros par an et, en cas de qualification pour l'Euro, un bonus de 500 000 euros. Symbole de la dérive du football roumain Outre son échec sportif dans la course à la qualification pour 2010, Victor Piturca symbolise la dérive du football en Roumanie. L'ex-sélectionneur est impliqué dans une affaire de corruption remontant à l'an passé. Gigi Becali, le dirigeant du Steaua, avait alors fait remettre à une équipe de Cluj une valise de billets d'un montant de 1,7 millions d'euros afin d'arranger le résultat d'un match et permettre ainsi à son club de remporter le championnat. Piturca avait servi de faux témoin à Becali devant la Justice, affirmant que cette valise devait servir à acheter un terrain. Lazlö Boloni, l'entraîneur roumain qui opère en France et en Belgique ne s'est pas trompé sur l'état du football dans son pays natal, en refusant sèchement la proposition de sa fédération d'origine de prendre la succession du sélectionneur. Prostituées offertes à deux arbitres danois de hand-ball D eux arbitres danois ont refusé une offre de 30 000 euros chacun et les services de deux prostituées pour favoriser la Roumanie au détriment du Monténégro en juin 2008, a annoncé le président de la Fédération danoise, Per Rasmussen. Selon le quotidien danois JyllandsPosten, les deux arbitres Martin Gjeding et Mads Hansen, désignés pour ce match de qualification au Mondial 2009, ont ainsi été accueillis à l'aéroport d'Oradea par le sélectionneur roumain, Omer Aihan, et le vice-président de la Fédération roumaine Paleu Petre. Ces derniers leur auraient ensuite proposé l'argent et les services de deux jeunes femmes. Les arbitres ont immédiatement rejeté la tentative de corruption et adressé un rapport à la Fédération européenne de handball. "Nous n'avons eu connaissance de cette affaire que huit mois plus tard, ce qui est très insatisfaisant car nous aurions dû être informés depuis longtemps", a déclaré M. Rasmussen, ajoutant qu'il avait ordonné une enquête. La Roumanie avait finalement remporté le match (29-24) et s'était qualifiée pour le Mondial en Croatie. 31 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Les succès d'un paysan roumain exilé sur YouTube Emigration l BAIA MARE IASI l TARGU MURES ARAD Adrian donne de ses nouvelles sur Internet l ORADEA BACAU l l l l l SIBIU TIMISOARA l CRAIOVA l l BRASOV GALATI BRAILA PITESTI n BUCAREST l l l TULCEA CONSTANTA l Solidarité 30 Réagissant à la vague de xénophobie anti-roumaine qui déferle sur l'Ita-lie, la maire de Milan, Letizia Moratti, a acquitté sur ses propres deniers l'amende de 100 € infligée par la police à un artiste ambulant roumain, dûment autorisé, qui proposait son spectacle de plein air dans une rue du centre-ville, à quelques dizaines de mètres en dehors du périmètre réservé à cet effet. Outré par ce comportement des policiers locaux, le romancier et metteur en scène Dario Fo, lauréat du prix Nobel de littérature, avait également offert de payer le PV. 10 à 15 000 Tsiganes étrangers vivraient en France Entre 10 000 et 15 000 Tsiganes étrangers vivraient en France, selon les estimations. Dans leur très grande majorité, ils sont originaires de Rou-manie et de Bulgarie et sont donc devenus, le 1er janvier 2007, citoyens européens. A ce titre, ils bénéficient de la liberté de circulation. Mais ils de-meurent soumis à des dispositions particulières en matière d'emploi. S'ils n'obtiennent pas l'autorisation de travailler, ce qui est fréquent, ils doivent justifier de "moyens de subsistance suffisants". Faute de quoi, ils sont susceptibles d'être expulsés. En 2008, sur les 29 796 étrangers expulsés, 10 072 Roumains et Bulgares ont été renvoyés dans leur pays avec une aide au retour dite "humanitaire" (300 euros par adulte et 100 euros par enfant), développée depuis l'été 2007. A drian Tudor raconte sur YouTube (site Internet d'hébergement de vidéos sur lequel les utilisateurs peuvent envoyer, visualiser et se partager des séquences vidéos) comment son émigration a réussi. Il vient de se payer une Audi, "incredibil"! La séquence fait le tour du monde, créant du lien social entre les Roumains en exil et leurs compatriotes restés au pays. Adrian Tudor a émigré dans le sud de l'Espagne pour y cueillir les fraises. Il donne de ses nouvelles chez lui par une vidéo postée sur YouTube. Il rassure tout de suite, les nouvelles sont bonnes, son projet a réussi, il vient de se payer une Audi, oui, parfaitement, une Audi. Il la montre en commentant la sensation: le volant en cuir, les jantes argentées, la place pour un siège d'enfant: "incredibil !", ("incroyable !"), dit-il à tout bout de champ. Il fait le tour du véhicule, caresse le carénage, s'arrête devant la plaque d'immatriculation authentique, "incredibil !". Il sort les papiers à son nom et à chaque ligne s'exclame, "c'est à moi, c'est ma voiture… Incredibil !". A la fin, il se moque: "Non, c'est une blague, l'Audi n'est pas à moi, elle est à la banque et les traites sont chères… Ne m'enviez pas, soyez heureux !" D’Espagne, du Canada, de Dubaï Son village visionne le message qui fait rire tout le monde. Ses camarades montent à leur tour des vidéos pour se moquer. L'un d'eux présente sa charrette à bois comme si c'était une Audi, sur le même ton, en ponctuant chaque détail par cet "incredibil !" qui a eu tant de succès. Un autre présente son motoculteur "décapotable". Un autre encore la niche du chien "rouge Ferrari" dont il fait visiter l'intérieur et l'extérieur avec le même enthousiasme que celui d'Adrian Tudor. Puis, comme on est sur YouTube, les immigrés roumains d'ailleurs entrent dans le jeu: du Canada, des Etats-Unis, de Zurich, du Congo, de Dubaï, chacun en rajoutant dans le dérisoire. Cent vingt répliques parodiques qui décrivent avec humour la situation plutôt précaire des migrants roumains et dénoncent métaphoriquement les clichés qui leur collent à la peau… voleurs, menteurs, tricheurs. La série culmine par la vidéo d'un immigré chinois en Roumanie, qui bien sûr est fier lui aussi de sa voiture, une "bagnole" plutôt basique en réalité. "Taran in Spania" ("Paysan en Espagne") est devenu le lieu de rencontre dans la dérision de milliers de Roumains de Roumanie et d'ailleurs et son héros, Adrian Tudor, s'est fait une réputation. Papy fait connaissance avec son petit fils sur le Web Autre exemple d'usage du Web 2.0. Un grand-père resté en Roumanie joue tous les soirs avec son petit-fils installé avec ses parents aux Etats-Unis. Ils ne se sont jamais vus, leur relation s'est nouée grâce à Skype (logiciel qui permet de se téléphoner gratuitement entre deux ordinateurs, tout en se voyant à l'écran). Ils connaissent la forme de leur corps, leurs gestes, leur voix. Mais pas l'odeur ni le toucher. L'histoire dira de quel genre de relation il s'agira. On connaît aussi des papis ou même des papas éloignés pour cause de travail qui jouent aux échecs avec leurs enfants à travers la Toile, à l'image de ces innombrables clubs de jeux qui se sont créés par Internet depuis quelques années. A part cette communication privée sur le Web, on ne compte plus le nombre d'agoras électroniques créées par les migrants dans de nombreuses villes du monde, soit pour s'entraider, soit pour fabriquer des liens, soit encore pour se faire connaître dans la société d'accueil. Le Romanian Portal à Toronto, par exemple, véhicule toutes les informations nécessaires à la vie des Roumains dans cette ville. Joëlle Kuntz (Le Temps) Les Roumains sont parmi les plus dépensiers du monde Vie quotidienne L'alimentation "mange" le budget des familles SUCEAVA l Société Les NOUVELLES de ROUMANIE L e Département d'Etat américain pour l'agriculture a publié une étude faisant le point sur le coût de l'alimentation dans 71 pays du monde. C'est aux USA que celle-ci prend la place la moins importante dans le budget familial, représentant 5,7 % des dépenses et une somme de 1935 dollars par an et par personne. L'Irlande figure en seconde position, loin derrière (8,2 %, 2160 dollars). Ce classement permet aussi d'évaluer le niveau de vie des populations dans la mesure où il détermine les ressources restant à leur disposition pour d'autres dépenses. La Roumanie se retrouve au 56ème rang, avec 34,3 % (1834 dollars), l'Azerbaïdjan occupant la dernière place (50 %). Il apparaît donc que les Roumains dépensent pratiquement autant pour manger que les Américains dont les revenus sont entre 6 à 10 fois supérieurs. Cette différence se retrouve en comparant avec les pays européens occidentaux où les salaires sont également nettement plus élevés: Grande Bretagne, 2351 dollars, Pays Bas, 2224 dollars, Allemagne, 2500 dollars… Les voisins de la Roumanie dépensent beaucoup moins en étant plus riches: République Tchèque, 29ème (16,2 %, 1356 dollars), Hongrie, 30ème (17 %, 1508 dollars), Pologne, 37ème (20,6 %, 1375 dollars). Même la Bulgarie, considérée comme plus pauvre fait mieux, 35ème (20 %, 735 dollars). Les analystes mettent en cause deux facteurs pour expli- quer la mauvaise situation roumaine: la carence de l'Etat qui s'est désintéressée de l'agriculture depuis 20 ans et l'a laissée péricliter, les pratiques archaïques des agriculteurs, incapables de se moderniser, privilégiant une agriculture individuelle de survie sur quelques hectares à un mode de production coopératif et professionnel. Les paysans roumains produisent peu et cher Il n'en fallait pas plus pour voir l'agriculture s'effondrer, la Roumanie être obligée d'avoir recours à l'importation pour assurer l'alimentation de sa population, phénomènes entraînant l'explosion des prix. Les paysans roumains produisent peu, cher et sans respecter les standards de qualité. Les distributeurs et les grandes surfaces préfèrent importer qu'avoir à signer des contrats avec des milliers de petits producteurs. C'est ainsi que les Roumains doivent se contenter de manger les tomates sans goût des hypermarchés alors que celles des jardins, gorgées de soleil, sont délicieuses… mais les paysans préfèrent jeter leurs légumes que les vendre à bas prix. Le rapport américain indique également qu'avec 5% de leur budget familial consacré à la boisson et aux cigarettes, les Roumains sont parmi ceux qui se laissent le plus tenter par les "paradis" artificiels. Le petit ramoneur fait école M ircea Balsoianu aime tout ce qui est moderne et enrage de voir la Roumanie à la traîne dans bien des domaines. Originaire de Petelea, près de Pitesti, cet employé de Distrigaz a décidé de se mettre à son compte… en se faisant ramoneur. Un métier qui n'existe pratiquement plus en Roumanie, dont l'image renvoie aux contes d'Andersen. Les installations de chauffage d'aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec les cheminées pleines de suie d'autrefois et on peut exercer cette profession sans rentrer chez soi en étant noir des pieds à la tête, pour peu que l'on s'équipe de manière adéquate. Le Muresan s'est donc formé par luimême, en suivant des cours sur Internet et a voulu parfaire sa formation en Allemagne. Rétif à la mentalité d'OutreRhin, trop rigide à son goût, il a finalement émigré en Italie où le climat de dialogue et de convivialité lui convenaient nettement mieux. Depuis son retour, Mircea Balsoianu ne manque pas de travail. Des administrations ont recours à ses services et il doit faire la navette entre Brasov et Bucarest où on fait souvent appel à lui. Au point qu'il a dû embaucher une ramoneuse… qui n'est autre que sa femme. Cette demande lui a donné l'idée de créer une école de ramonage, en 2007, qui a toute de suite rencontré un vif succès, 70 personnes s'inscrivant à la première session pour un coût de 110 €. La formation est sanctionnée par un diplôme qu'il délivre, reconnue par la profession des chauffagistes, assurant un débouché aux élèves. Porte-bonheur dans les mariages Pour autant Mircea Balsoianu (notre photo) n'échappe pas à la tradition collant à la peau des ramoneurs et qui veut que toucher leur main porte bonheur. Quelque soit l'entreprise où il intervient, le patron ne manque pas de venir le saluer. Croisant sa camionnette lors de la dernière campagne électorale, le député sortant de sa circonscription a fait demi-tour sur la route… pour s'assurer de sa réélection. L'an dernier, le capitaine de l'équipe nationale de foot, Cristian Chivu, s'est plié à la coutume avant une rencontre internationale… et a marqué le but victorieux des Tricolores. Cette notoriété fait l'affaire du ramoneur, de plus en plus demandé dans les noces pour porter bonheur aux jeunes mariés, ce qui est devenu un autre volet de son activité. 23 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Récit d'une adoption Vie quotidienne l ORADEA l l ARAD l l l BRASOV FOCSANI l l SIBIU GALATI l LUGOJ BUZAU CRAIOVA l n BUCAREST l l l TULCEA CONSTANTA l l Calvaire pour chameaux 24 alouettes à Ploiesti, la cité du pétrole IASI l GIURGIU de consommation tend à être dupliqué à l'Est, avec les mêmes erreurs l TARGU MURES CLUJ l TIMISOARA Dans le Gers, Ioan s'éclate SUCEAVA SATU MARE Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Un camion en provenance d'une des 21 républiques russes, la Kalmoutie, transportant 20 chameaux à destination d'un cirque bulgare installé à Sofia, a été bloqué pendant 48 heures à la frontière entre la Moldavie et la Roumanie, à Abita (judet de Iasi) à la mi-février. Ses documents étant en russe, la douane roumaine les a envoyés à traduire avant de donner son feu vert. Il s'agissait d'une étape de plus dans le calvaire de ses animaux, partis un mois plus tôt de leur république caucasienne (76 000 km 2, 300 000 habitants, capitale: Elista), la seule faisant partie du continent européen à avoir une population à majorité boudhiste. La camion avait déjà été bloqué pendant 15 jours à la frontière entre la Russie et l'Ukraine, les chameaux se trouvant dans des conditions précaires, souffrant du froid, l'un d'entre eux mourant d'asphyxie, d'autres se blessant. Plus d'un million de litres de vin confisqués Les policiers ont saisi plus d'un million de litres de vin contrefait à la mimars dans le judets de Vrancea (Focsani). L'opération a été menée après que du vin composé d'autres ingrédients que du raisin ait été découvert dans des supermarchés de Bucarest. Plus de 50 producteurs de Vrancea ont été contrôlés et la majorité de leur production ne répondait pas aux normes. Ces vins sont faits avec de l'eau, du sucre, des ferments sélectionnés et autres arômes et colorants. Ces boissons ont été retirées du marché et des poursuites pénales ont été lancées à l'encontre de 16 personnes pour falsification et évasion fiscale. L 'adoption d'enfants roumains a suscité de nombreuses controverses à la suite de dérives et de trafics, entraînant sa quasi-interdiction. Il ne faut pourtant pas oublier que dans l'immense majorité des cas, elle a apporté d'immenses bonheurs aussi bien pour les enfants qui ont eu ainsi la chance de trouver un foyer aimant et un avenir, qu'aux parents adoptifs. Le témoignage émouvant d'une famille condomoise du Gers (notre photo) dans le quotidien La Dépêche du Midi est là pour le rappeler. Récit d'une adoption réussie, il y a 8 ans, en Roumanie. Tout n'est pas noir pour autant! Les initiatives pour préserver l'environnement existent même si elles sont difficiles à mettre en place. J'ai rencontré Sabina et Lucian, les vice-présidents de la jeune association ZAPODIA. Ils développent la sensibilisation auprès des jeunes et moins jeunes pour préserver le cadre de vie. Des jeunes refusent de rester les bras croisés "À 4 ans, j'ai commencé à avoir beaucoup de questions sur ma naissance" "Au récent carnaval de l'école, Ioan n'a pas eu à forcer le trait pour ressembler à Harry Potter. Tout mignon derrière ses "binocles" rondes, Ioan Laborde, 10 ans et demi, s'amuse de cette ressemblance autant qu'elle ravit Bernard et Dody, ses parents adoptifs. "En avril 2001, 18 mois à peine après notre demande d'agrément, nous rentrions de Roumanie avec Ioan dans les bras" rappelle le couple. C'est par hasard qu'il s'était tourné vers la Roumanie où, après avoir satisfait en France aux différentes enquêtes psychologiques et sociales, il se rendit pour la première fois en novembre 2000. Sans enfant, Bernard et Dody souhaitaient en adopter un, de moins de 4 ans, en bonne santé. Ce fut Ioan alors âgé de 2 ans et demi et placé en famille d'accueil par les autorités roumaines qui géraient le cas de ce bébé abandonné. Son adoption plénière se fit en Roumanie: Ioan est donc arrivé "Laborde", à Condom. Malicieux, plein de vie, câlin, sportif (judo, tir à l'arc) et abonné à la ludothèque municipale, Ioan très prévenant pour les vieux os de Sam le "pépé" chien (17 ans) de la maison, fait le bonheur de ses parents. Et tout indique que la réciproque est vraie. "À 4 ans, j'ai commencé à avoir beaucoup de questions sur ma naissance et sur mon pays d'origine", affirme le garçonnet qui annonce en s'esclaffant que "grand, je serai banquier, trois jours par semaine à New York, les quatre autres à Bucarest". Où il a séjourné l'été dernier ainsi qu'à Arad, la ville où il a vu le jour. Rassuré sur son passé "Très tôt Ioan a manifesté de l'intérêt pour son passé". Ses parents attendirent qu'il soit "plus grand" pour satisfaire cette attente, comblée l'an passé. Quinze jours en Roumanie avec la (bonne) surprise d'être attendu par la famille d'accueil à l'aéroport. "Heureusement qu'avec maman on a feuilleté l'album photos avant de partir sinon je ne savais qui c'était", s'amuse le gamin qui retrouva de la sorte, "mon frère". En l'occurrence un garçon de 8 ans, placé lorsqu'ils étaient bébés dans la même famille d'accueil et qui n'a jamais été adopté. "J'aurai bien voulu qu'il devienne mon frère pour de bon", ajoute le petit Condomois. Un frère ou une sœur pour Ioan ? Bernard et Dody y ont songé un temps. Mais pour eux, ça n'aurait pu être qu'un autre enfant roumain "or, en matière d'adoption, ce pays s'est totalement fermé peu après, l'arrivée de Ioan". Il sera donc très vraisemblablement l'enfant unique des époux Laborde. Selon eux, ce retour en Roumanie a "rassuré" Ioan moins en questionnement depuis qu'il a vu son pays", avec ses yeux d'enfant de 10 ans. "Juste après la visite de château de Bran, celui de Dracula, j'ai perdu une canine" se plaît à ajouter le sosie de Harry. L'histoire débute il y a trois ans au lycée, où une bande de copains (notre photo) décident qu'il n'est pas possible de rester les bras croisés face à toutes ces pollutions, et qu'ils ne doivent pas attendre que la municipalité ou le gouvernement agissent. Les premières actions se répandent d'un lycée aux autres puis aux collèges. Le groupe grandis à une vingtaine de membres actifs et sors des murs des établissements scolaires. La première action du groupe sera de nettoyer les abords de l'hôpital départemental. Situé à la limite de la ville, le terrain vague qui jouxte le bâtiment accueille toutes sortes de déchets : plastique, textile, métal, gravats... Des semaines d'actions sont également organisées, par exemple à Poiana Brasov, une station de ski réputé. Des messages incitant à ne pas jeter les déchets dans la nature sont placardés le long des pistes. Peu à peu, des partenariats se créent. Des séances de deux cours d'éducation à l'environnement ont eu lieu l'an dernier et un concours a été organisé entre les écoles de Ploiesti. C'était une première pour les enfants qui pouvaient de plus réagir sur un blog créé pour l'occasion. ZAPODIA a également fait un sondage dans la rue pour demander à leur concitoyen ce qu'ils connaissent des actions de leur mairie dans les domaines de l'eau et des déchets par exemple. Une société devenue méfiante envers les campagnes de sensibilisation Les freins à de telles initiatives sont cependant nombreux. Le principal reste l'héritage communiste. La dictature réclamait un quota de verre et de papier à rapporter pour chaque habitant. Le mot recyclage n'existait par, il s'agissait de réutiliser les ressources disponible dans un pays fonctionnant en partie en autarcie. Les ressources étaient utilisées pour des projets pharaoniques, comme le creusement d'un canal reliant le Danube à la mer noire ou le palais de Ceausescu. La population était rationnée pour les produits alimentaires comme le pain, le sucre, l'huile, la viande etc... Le gouvernement menait des campagnes incitant à économiser l'eau ou le gaz, des ressources disponibles seulement quelques heures par jours. Cette époque pas si lointaine a laissé des traces dans la mentalité roumaines. Les campagnes actuelles de protection de l'environnement ont un but différent, mais le message reste à peu près le même et il est difficile de le faire passer. On retrouve finalement la problématique du développement. Notre société occidentale est un miroir aux alouettes. La prospérité de l'Ouest est déversée à l'Est par les médias. Notre modèle polluant de société de consommation tend à être répliqué, avec les mêmes erreurs. Espérons que les roumains se réveilleront plus tôt que nous et qu'ils arriveront à développer leur bien être sans l'accompagner du pillage et de la destruction des ressources naturelles qui les environnent". Benoît Kubiak (www.Médiaterre) *Géographe de formation, originaire de Autun en Bourgogne, Benoît Kubiak a 30 ans. Il a décidé de partir en voyage et de présenter sur son site web www.avenirclimat.info les témoignages de celles et ceux qui luttent quotidiennement contre le changement climatique: Son périple l'emmène pendant 2 ans à travers une trentaine de pays sur deux continents: plus de 40 000 km sans avion car "celui-ci est le mode de déplacement le plus polluant par passager transporté". Taxi, bus, bateau, cargo, train ou auto-stop, tous les moyens de transports en communs sont utilisés. Le manque de culture peut coûter cher N e pas connaître la Roumanie peut coûter cher. Lors de l'émission "Devenez millionnaire" de RTL Allemagne, un candidat n'a pas su répondre à la question: "Quelle capitale d'Europe de l'Est n'est pas traversée par le Danube?", perdant du coup 16 000 €. Il avait demandé le renfort de sa mère qui lui avait soufflé Belgrade au lieu de Bucarest et a dû se contenter de 500 €, se vengeant en lui confiant que s'il avait eu la bonne réponse, il l’aurait l'emmener en vacances à Hawaï. Quelques mois plus tôt, un autre can- didat interrogé pour 32 000 € pour savoir dans quel pays se situait actuellement l'ancienne province de Dacie, et conseillé… par un professeur de géographie, avait répondu le Maroc, ayant aussi le choix entre Roumanie, Estonie et Pakistan. 29 v Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Environnement l l l IASI ORADEA TIMISOARA l l BACAU l SIBIU l CRAIOVA l l BRASOV PLOIESTI PITESTI l n BUCAREST GALATI l l TULCEA CONSTANTA l Recyclage: la Roumanie peut mieux faire 28 réussie, il y a 8 ans, en Roumanie et fait le bonheur de ses parents l TARGU MURES l DEVA l Miroir aux SUCEAVA SATU MARE ARAD l Le modèle polluant des sociétés Société Les NOUVELLES de ROUMANIE En matière de recyclage, la Roumanie se situe à l'avant dernière place en Europe, juste devant la Bulgarie, où l'on ne recycle aucun déchet, selon une étude de l'Institut des statistiques européen Eurostat, effectuée sur des données récoltées en 2007. Un roumain génère 379 kg de déchets par an et n'en recyclerait qu’environ 1%. Les "restes" seraient directement jetés dans les poubelles classiques. Juste devant la Roumanie figure la Lituanie, qui recycle annuellement 4% de ses déchets, puis Malte (7%) et la Pologne (10%). Aux premières places de ce classement, on trouve l'Allemagne qui trie 99% de ses ordures ménagères, les Pays-Bas (97%), la Belgique et la Suède (96%) et à la cinquième place le Danemark (95%). Le palais de Ceausescu plus écolo Les députés ont voté la création d'un groupe de travail pour l'élaboration d'un projet dont le but est de rendre le Palais du Parlement (appelé aussi palais de Ceausescu) plus écologique. L'idée: transformer le plus gros consommateur d'énergie électrique de Bucarest en une construction 100% écologique à l'aide de panneaux solaires et photovoltaïques ou encore de petites éoliennes. Le Palais de Parlement ne devrait plus fonctionner à terme que grâce à l'énergie renouvelable. loiesti, ville de 250 000 habitants à 50 km au nord de Bucarest n'a assurément rien de touristique. Elle s'est développée autour de l'industrie du pétrole, ou plutôt l'inverse: puits de pétrole et raffineries l’encerclent de toutes parts. Les maisons aux façades sculptées construites à l'âge d'or rappellent que la région a été aussi riche que la Suisse. Quelle est la place de l'écologie dans cette ville qui se relève tout juste de la période communiste ? De son passage dans cette ville, Benoît Kubiak*, sur le site Internet www.Médiaterre d'information mondiale pour le développement durable, tire des enseignements tout aussi valables pour nombre de pays de l'Est qu'il a traversés. P Un air irrespirable un jour sur deux "Certaines zones industrielles de Ploiesti sont maintenant abandonnées, laissant des friches parcourus par les tsiganes à la recherchent de métal à revendre. Les raffineries en fonctionnement ont obtenu une dérogation jusqu'en 2012 pour se mettre aux normes européennes. Résultat: un air irrespirable un jour sur deux lors de mon séjour. Une odeur de souffre et une poussière noire envahie la ville jusqu'à l'intérieur des appartements. L'or noir pollue également le sol. La zone Sud de la ville repose sur une couche de pétrole enfouis à un mètre de profondeur. Une partie provient des bombardements américains de 1943 qui visaient les raffineries, une autre provient des stocks déversés par les allemands pour éviter qu'il ne tombe aux mains de l'armé alliés qui progressait. Un individualisme tape à l'oeil Même si la Roumanie reste un pays pauvre par rapport à l'Europe de l'Ouest, les salaires sont en hausse. Mon hôte français travaille depuis 5 ans dans le pays, le salaire moyen étaient de 150 € par mois et atteignent actuellement les 350 €. Débarrassé de la dictature de Ceausescu et du collectivisme, les roumains sont passé dans un individualisme tape à l'oeil. En quelques années, les vieilles Dacia font places aux voitures étrangères les plus grosses possible pour lesquelles les familles s'endettent sur des dizaines d'années. Les déchets sont collectés par une entreprise française en délégation de service public. Le service fait ce qu'il peut face à l'indiscipline des habitants qui n'hésitent pas à jeter leurs déchets un peu n'importe où. Mon immeuble a été construit à l'époque communiste pour héberger les membres de la Securitate, la terrible police politique, et bon nombre de policiers de la zone, et leur famille. L'immeuble est prévu pour environs 600 habitants. Une ouverture par étage permet aux habitants de se débarrasser de leurs ordures qui atterrissent dans un local sans poubelle dont la porte reste ouverte. Les tsiganes viennent effectuer leur activité traditionnelle de récupération des matériaux recyclables (métaux et bouteilles en PET), et aussi les restes de nourriture qui peuvent servir aux cochons. On constate hélas que des personnes très pauvres et même sans domicile viennent régulièrement y trouver de quoi manger ou de quoi revendre. Enfin, les chiens viennent fouiller les restes à la recherche de nourriture. La Roumanie, "un beau pays" dit-il, "j'espère que la prochaine fois, je visiterai le delta du Danube avec sa plus grande variété de pélicans d'Europe". Une prochaine fois qui se présentera sans doute bien avant que Ioan ne soit… banquier à New York. Bernard et Dody Laborde ne veulent rien exclure notamment pas qu'un jour l'appel de la Roumanie soit le plus fort pour leur fils. Ils lui ont ouvert leur cœur pour son bonheur et le leur. Quelque soit son destin, son bonheur fera le leur. Les Laborde sont aujourd'hui engagés activement dans l'association EFA 32 (Enfance et Famille d'Adoption du Gers) où leur expérience leur permet d'écouter, conseiller les personnes qui souhaitent adopter. "Nous souhaitions rendre à EFA 32 ce qu'elle nous a donné, lorsque nous nous sommes trouvés dans leur situation" confient-ils. A savoir La météo roumaine prévoit un bel été souriants et les vendeuses de magasins n'oublient plus de rendre la monnaie… Les températures pour le mois de mai devraient osciller entre 12 et 16°, selon les prévisions de l'Administration nationale de météorologie (ANM), rendues publiques fin mars. Ce dernier mois du printemps sera également marqué par des envolées du mercure pouvant dépasser 30° et, dans certaines régions, par des températures nocturnes très proches de zéro, voire négatives. Pour les mois de juin, juillet et août, le mercure sera audessus des normales saisonnières avec des périodes de canicule très courtes. Mis à part ces pics de chaleur, les moyennes devraient se situer entre 18 et 22° en juin et juillet, et entre 18 et 24° en août. Qui est le débiteur roumain? La crise joue sur le psychisme Depuis quelques mois et le début de la crise financière, les Roumains sont de plus en plus nombreux à souffrir de troubles psychiques: le nombre de patients a augmenté de 30% en moyenne dans les services de psychiatrie de Roumanie. Principaux maux: troubles dépressifs, attaques de panique et dépression avec tendances suicidaires. Le nord est du pays semble la région la plus affectée par ce phénomène. … Mais a de bons côtés Le quotidien Adevarul note que la crise a aussi des bons côtés. Il rapporte que dorénavant les taxis de la capitale acceptent de faire des petites courses, comme se rendre de la place Victoria à la Place Romana, les firmes de nettoyage ne rechignent plus aux tâches modestes, les serveurs de restaurant se montrent plus C'est un homme, il a entre 18 et 20 ans, et vit dans le judets de Giurgiu. Tel est le portrait robot du débiteur roumain, en retard dans le paiement des traites de son crédit à la banque. Selon l'étude réalisée par le Bureau du crédit, il doit généralement rembourser une somme restante peu importante, qu'il a empruntée dans le cadre d'un crédit à la consommation. Hackers sous les barreaux La police roumaine a arrêté 22 personnes à Timisoara, Caransebes, Lugoj, Pitesti et Hunedoara. Elles sont soupçonnées d'avoir mis en ligne des pages Internet "clones", copies-conformes de sites officiels de banques afin de collecter les informations confidentielles des clients et de vider leurs comptes. Cette cyber-fraude a fait des victimes notamment en Italie et en Espagne et aurait rapporté aux pirates plus de 350000 €, selon les estimations de la section contre le crime organisé de Timisoara. Ces réseaux étaient surveillés depuis près d'un an. Par ailleurs un réseau de cinq hackers roumains âgés de 20 à 32 ans qui ont causé des préjudices d'un montant de 800 000 dollars à plusieurs compagnies pharmaceutiques aux Etats-Unis a été démantelé en collaboration avec le FBI, après des perquisitions menées à Bucarest, Constanta et Timisoara. Arrêtée à 120 reprises A 14 ans à peine, Nadia, une jeune tsigane Roumaine qui vit en Espagne, affiche un "palmarès" pour le moins impressionnant: en un an, la jeune fille a été arrêtée 120 fois par la police madrilène pour vol. Elle a également été placée en centres pour adolescents en difficulté à plusieurs reprises mais récidive à chaque fois. Surnommée "la reine des pickpockets", elle est devenue le cauchemar des policiers espagnols et surtout le symbole de l'incapacité de la police et du système social de prendre en charge les mineurs sous la dépendance de réseaux criminels. Plaques d'égout Les riverains de la strada Viitorului (rue de l'Avenir) de Buzau ont été réveillés le 31 mars dernier par une odeur pestilentielle qui avait envahi leur quartier. Toutes les plaques en fonte des bouches d'égout du secteur avaient disparu dans la nuit. Leurs soupçons se sont portés vers certains Tsiganes, coutumiers de ce genre de vols, qui opèrent avec des charrettes tirées par des chevaux et vendent ensuite leur butin auprès des ferrailleurs. Fils électriques et traverses de voies ferrées sont également l'objet de leur attention. 280 millions d'euros de bakchich Une étude de la Banque mondiale situe à 280 millions d'euros le total annuel des sommes versées par les malades hospitalisés en Roumanie sous forme de bakchich. Elle précise qu'en cas d'hospitalisation, le patient doit débourser les trois quarts des revenus familiaux pendant cette période et payer au moins trois ou quatre dessous de table. Le document a été publié sous le titre "En Roumanie, le bakchich est un problème de santé. 25 Les NOUVELLES de ROUMANIE Société Enseignement l l SATU MARE ORADEA ARAD CLUJ l l IASI TARGU MURES l l SIBIU SF. GHEORGHE l TIMISOARA PLOIESTI TÂRGOVISTE l GALATI l n CRAIOVA BUCAREST l l l l TULCEA CONSTANTA l ALEXANDRIA L'homosexualité a toujours du mal à passer 26 Minorités Seuls 11% des Roumains (contre 82% des Hollandais ou 69% des Danois) se déclarent en faveur du mariage entre deux personnes du même sexe, selon un rapport sur la situation sociale des homosexuels et transexuels dans l'UE. Cette étude réalisée par l'agence pour les droits fondamentaux constate, plus globalement, que la situation reste très problématique dans les pays de l'Est. Ainsi, 36% des Roumains ne voient aucun problème à avoir un voisin homosexuel, alors que le pourcentage aux Pays-Bas, pays le plus ouvert sur la question, est de 91%. Ce rapport, commandé par les institutions européennes, relève que l'homophobie et les pratiques discriminatoires sont plus importantes en Europe de l'Est qu'ailleurs. Il rappelle aussi que les manifestations comme la Gay pride y sont interdites ou mal tolérées, les participants pouvant être attaqués, comme ce fut souvent le cas en Roumanie. Immigration: restrictions en Belgique Le gouvernement belge a annoncé qu'il maintenait les restrictions d'immigration pour les travailleurs roumains et bulgares pour une période de trois ans, alors qu'il s'apprête à lever les restrictions imposées aux citoyens de huit pays membres, entrés dans l'UE depuis cinq ans. La Belgique grossit ainsi le rang des pays - 11 - qui ont choisi de maintenir l'obligation de permis de travail et des restrictions pour les Roumains et les Bulgares. L es "meditatii", ces cours particuliers dispensés par les professeurs à leur domicile en marge des cours classiques, pourraient disparaître. C'est en tout cas ce que souhaite la ministre de l'Education, Ecaterina Andronescu, qui veut interdire la tenue de ces heures particulières payantes. Elle souhaite que l'aide éducative et le soutien scolaire soient dispensés au sein de l'école, après les cours, dans le cadre du programme "After School" qu'elle compte mettre en place à la rentrée prochaine. Créant des inégalités dans un pays où les différences de revenus sont gigantesques, la pratique des "meditatii" est souvent contestée car elle génère bakchichs, favoritisme, passe-droits, meilleurs classements, trucage d'examens au profit des élèves ayant des parents fortunés, et au détriment des plus modestes qui, bien que souvent plus talentueux et méritants, passent derrière. Mais elle assure des revenus plus confortables à des enseignants qui ont des salaires très bas… créant également des inégalités entre eux: seuls les professeurs de disciplines importantes (maths, roumain, anglais) sont assurés d'en bénéficier. Certains professeurs qui organisent des cours collectifs à leur domicile dès la fin de la journée scolaire, par vacations de plusieurs heures successives le soir et le samedi, peuvent tripler, voire décupler leurs revenus, l'heure étant facturée jusqu'à 8 €. Plusieurs ministres successifs ont déjà claironné leur volonté de mettre un terme aux "meditatii" en prenant leurs fonctions, n'allant pas plus loin que la déclaration d'intention. Alors que les salaires sont bloqués à cause de la crise, que le climat social menace de se dégrader, il serait étonnant, en cette veille d'élection présidentielle, qu'Ecaterina Andronescu persévère dans son projet. "Business is business" Un lecteur du petitjournal.com donne son avis sur ce sujet : "D'abord, les cours particuliers ne se font que dans les matières au Bac ou à la Capacitate (brevet des collèges). Les professeurs qui font des cours particuliers ont plusieurs techniques: ne pas faire de cours pour que les élèves soient obligés de rattraper leur retard par des cours particuliers, obliger leurs élèves à faire des cours particuliers pour recevoir des bonnes notes et passer au niveau supérieur. Business is Business. Comment sera-t-il possible de contrôler l'interdiction de ces heures particulières payantes ? Les professeurs accepteront-ils de faire ces heures à l'école, pour une somme moins importante et payer des impôts sur ces heures? J'en doute. Certains élèves, habitués à acheter les notes, puis les diplômes, ne préfèrent-ils pas cette solution de facilité ? Même s'il faut faire un crédit auprès de la banque. Moralité: on peut acheter une note, un diplôme mais pas les connaissances ! Les conséquences se verront plus tard, trop tard. Jusqu'à présent, l'emploi était très basé sur le diplôme et les relations. Pour être compétitif et productif, il risque d'y avoir une sélection naturelle au sein des entreprises". Faux diplômes C inq personnes dont deux anciens professeurs universitaires d'Alexandria ont été inculpés pour avoir fabriqué et délivré quelques 15 000 faux diplômes. Ils avaient opéré au sein des universités privées Hyperion et Gheorghe Cristea de Bucarest, mais aussi des universités d'Etat, Pétrole et gaz de Ploiesti, Valahia de Târgoviste, Université de l'Ouest de Timisoara. Bénéficiant de complicités, ils monnayaient leurs services entre 600 et 3500 €, et certains membres de leur bande remplaçaient parfois des candidats lors d'examens. Le ministère de l'Education nationale ne s'est pas prononcé sur la validité des faux documents décernés, ni sur sa possibilité de pouvoir distinguer ceux qui étaient authentiques. La philosophie de Dimitrie Rachita, patriarche des Tsiganes de Dorohoi "C'est à nous d'aider les Roumains à travailler et pas à eux de nous aider à mendier" l BACAU l l l DOROHOI l SUCEAVA La ministre de l'Education promet la fin des "meditatii" Société Les NOUVELLES de ROUMANIE L e leader de la communauté rom de Dorohoi, dans le nord-est de la Roumanie, est devenu la coqueluche de la presse. Rencontre. Etre tsigane n'est pas une mauvaise chose. A condition d'en être un vrai: à savoir honnête, travailleur, respectueux." Qui le dit? Dimitrie Rachita, de Dorohoi (Judet de Botosani), une localité de 30 000 habitants, dans le nord-est du pays. Joueur de cymbalum à l'origine, il a fait tous les métiers: mécanicien dans l'aéronautique, ouvrier du BTP (il a travaillé sur des chantiers de centrales électriques en Roumanie, en Syrie et en Irak), patron de bar, administrateur d'orphelinat… Aujourd'hui, en tant que président du Parti rom de Dorohoi, il jouit d'un prestige et d'une autorité sans pareils dans la communauté. En 2005, il a réussi à négocier, avec des fonds européens, le relogement de centaines de Tsiganes du centre historique délabré de Dorohoi vers un beau quartier de la périphérie, Drochia. A 75 ans, marié à une femme de trente-quatre ans sa cadette, celui qu'on appelle "mos Rachita" (grand-père) ne chôme pas: il sculpte (à commencer par son propre buste), peint, distille son eau-de-vie, décore des maisons et bricole toutes sortes d'installations. Il est fier d'avoir élevé les huit enfants de ses trois épouses… dont il n'est le père d'aucun. Il leur a construit de ses propres mains une maison à chacun, pour qu'ils "se souviennent toujours" de lui. Envoyé en stage à Marseille Assis à même le sol près du poêle, il débite une bûche tout en racontant des bribes de sa vie passée à Bella (en fait, Daniela), sa dernière épouse. L'histoire commence invariablement avec ses parents, qui se sont démenés pour que leurs enfants fassent des études. Son premier métier, joueur de cymbalum, il l'a hérité de son père: dès l'école élémentaire, Dimitrie Rachita joue dans les fêtes, les bals et les mariages. A sa mort, son père lui lègue l'instrument et des cordes de rechange. Dimitrie entre ensuite à l'école des arts et métiers de Târgoviste, où il apprend entre autres choses la mécanique, la peinture et la couture. Pendant son service militaire, effectué dans l'armée de l'air, il se spécialise dans l'entretien des moteurs de Mig. A la quille, il se fait embaucher dans une usine de verre et de porcelaine. L'Etat roumain ayant fait l'acquisition de machinesoutils françaises, Rachita est détaché pendant six mois à Marseille pour apprendre leur fonctionnement. Parallèlement, il se spécialise dans les chaudières industrielles; le voilà travaillant sur le chantier de la centrale thermique de Holboca-Iasi. Une expérience qu'il répétera en Irak et en Syrie, pour le compte de l'Etat roumain. Avec l'argent qu'il a mis de côté, Dimitrie ouvre, à la fin des années 1980, un bar, "Chez Mitica", un des premiers à Dorohoi. Il n'a alors plus besoin de la musique pour vivre, mais chez lui il frappe encore les cordes de son cymbalum en chantant : "Oy, oy ! je me meurs encore et encore / Sur le sein de celle que j'adore". "Un Tsigane sans chapeau n'est pas vraiment un Tsigane" Comme l'exige son statut de leader de la communauté tsigane de Dorohoi (qui compte plus de 430 familles), grand-père Rachita soigne toujours son apparence: costume de gangster, cravate, moustache à la Al Capone, pipe, lunettes et chapeau. "Sans élégance, il n'y a pas de charme. Un Tsigane sans chapeau n'est pas vraiment un Tsigane", dit-il. "Nous sommes minoritaires et si nous ne respectons pas ceux qui sont majoritaires, comment pouvons-nous exiger qu'ils nous respectent ? Le glaive ne tranche pas la tête baissée. C'est à nous de les aider à travailler et pas à eux de nous aider à mendier. C'est comme cela que nous nous rapprocherons les uns des autres", poursuit-il. Malgré son âge avancé, grand-père Rachita continue de travailler. En un été, il peut même gagner quelques milliers d'euros, en réparant des chaudières et en effectuant des travaux de maçonnerie. Bella, qui l'aide souvent sur les chantiers, se vante à qui veut l'entendre que son mari a bâti la moitié de Dorohoi. Gabriela Dobos (Gândul, traduction Le Courrier International) Emblèmes nationaux qui disparaissent L es autorités roumaines ont remarqué que dans les judets à majorité hongroise, les emblèmes nationaux comme le drapeau tricolore ou le sigle RO avaient disparu des pancartes distinctives de la poste roumaine dans certaines communes. Elles ont noté que cet "oubli" récent datait de l'époque où le ministère de la communication était dirigé par un Magyar, Nagy Zsolt, ministre du gouvernement de Calin Popescu Tariceanu jusqu’en décembre dernier, membre de l'UDMR (Union Démocratique des Magyars de Roumanie). 27 Les NOUVELLES de ROUMANIE Société Enseignement l l SATU MARE ORADEA ARAD CLUJ l l IASI TARGU MURES l l SIBIU SF. GHEORGHE l TIMISOARA PLOIESTI TÂRGOVISTE l GALATI l n CRAIOVA BUCAREST l l l l TULCEA CONSTANTA l ALEXANDRIA L'homosexualité a toujours du mal à passer 26 Minorités Seuls 11% des Roumains (contre 82% des Hollandais ou 69% des Danois) se déclarent en faveur du mariage entre deux personnes du même sexe, selon un rapport sur la situation sociale des homosexuels et transexuels dans l'UE. Cette étude réalisée par l'agence pour les droits fondamentaux constate, plus globalement, que la situation reste très problématique dans les pays de l'Est. Ainsi, 36% des Roumains ne voient aucun problème à avoir un voisin homosexuel, alors que le pourcentage aux Pays-Bas, pays le plus ouvert sur la question, est de 91%. Ce rapport, commandé par les institutions européennes, relève que l'homophobie et les pratiques discriminatoires sont plus importantes en Europe de l'Est qu'ailleurs. Il rappelle aussi que les manifestations comme la Gay pride y sont interdites ou mal tolérées, les participants pouvant être attaqués, comme ce fut souvent le cas en Roumanie. Immigration: restrictions en Belgique Le gouvernement belge a annoncé qu'il maintenait les restrictions d'immigration pour les travailleurs roumains et bulgares pour une période de trois ans, alors qu'il s'apprête à lever les restrictions imposées aux citoyens de huit pays membres, entrés dans l'UE depuis cinq ans. La Belgique grossit ainsi le rang des pays - 11 - qui ont choisi de maintenir l'obligation de permis de travail et des restrictions pour les Roumains et les Bulgares. L es "meditatii", ces cours particuliers dispensés par les professeurs à leur domicile en marge des cours classiques, pourraient disparaître. C'est en tout cas ce que souhaite la ministre de l'Education, Ecaterina Andronescu, qui veut interdire la tenue de ces heures particulières payantes. Elle souhaite que l'aide éducative et le soutien scolaire soient dispensés au sein de l'école, après les cours, dans le cadre du programme "After School" qu'elle compte mettre en place à la rentrée prochaine. Créant des inégalités dans un pays où les différences de revenus sont gigantesques, la pratique des "meditatii" est souvent contestée car elle génère bakchichs, favoritisme, passe-droits, meilleurs classements, trucage d'examens au profit des élèves ayant des parents fortunés, et au détriment des plus modestes qui, bien que souvent plus talentueux et méritants, passent derrière. Mais elle assure des revenus plus confortables à des enseignants qui ont des salaires très bas… créant également des inégalités entre eux: seuls les professeurs de disciplines importantes (maths, roumain, anglais) sont assurés d'en bénéficier. Certains professeurs qui organisent des cours collectifs à leur domicile dès la fin de la journée scolaire, par vacations de plusieurs heures successives le soir et le samedi, peuvent tripler, voire décupler leurs revenus, l'heure étant facturée jusqu'à 8 €. Plusieurs ministres successifs ont déjà claironné leur volonté de mettre un terme aux "meditatii" en prenant leurs fonctions, n'allant pas plus loin que la déclaration d'intention. Alors que les salaires sont bloqués à cause de la crise, que le climat social menace de se dégrader, il serait étonnant, en cette veille d'élection présidentielle, qu'Ecaterina Andronescu persévère dans son projet. "Business is business" Un lecteur du petitjournal.com donne son avis sur ce sujet : "D'abord, les cours particuliers ne se font que dans les matières au Bac ou à la Capacitate (brevet des collèges). Les professeurs qui font des cours particuliers ont plusieurs techniques: ne pas faire de cours pour que les élèves soient obligés de rattraper leur retard par des cours particuliers, obliger leurs élèves à faire des cours particuliers pour recevoir des bonnes notes et passer au niveau supérieur. Business is Business. Comment sera-t-il possible de contrôler l'interdiction de ces heures particulières payantes ? Les professeurs accepteront-ils de faire ces heures à l'école, pour une somme moins importante et payer des impôts sur ces heures? J'en doute. Certains élèves, habitués à acheter les notes, puis les diplômes, ne préfèrent-ils pas cette solution de facilité ? Même s'il faut faire un crédit auprès de la banque. Moralité: on peut acheter une note, un diplôme mais pas les connaissances ! Les conséquences se verront plus tard, trop tard. Jusqu'à présent, l'emploi était très basé sur le diplôme et les relations. Pour être compétitif et productif, il risque d'y avoir une sélection naturelle au sein des entreprises". Faux diplômes C inq personnes dont deux anciens professeurs universitaires d'Alexandria ont été inculpés pour avoir fabriqué et délivré quelques 15 000 faux diplômes. Ils avaient opéré au sein des universités privées Hyperion et Gheorghe Cristea de Bucarest, mais aussi des universités d'Etat, Pétrole et gaz de Ploiesti, Valahia de Târgoviste, Université de l'Ouest de Timisoara. Bénéficiant de complicités, ils monnayaient leurs services entre 600 et 3500 €, et certains membres de leur bande remplaçaient parfois des candidats lors d'examens. Le ministère de l'Education nationale ne s'est pas prononcé sur la validité des faux documents décernés, ni sur sa possibilité de pouvoir distinguer ceux qui étaient authentiques. La philosophie de Dimitrie Rachita, patriarche des Tsiganes de Dorohoi "C'est à nous d'aider les Roumains à travailler et pas à eux de nous aider à mendier" l BACAU l l l DOROHOI l SUCEAVA La ministre de l'Education promet la fin des "meditatii" Société Les NOUVELLES de ROUMANIE L e leader de la communauté rom de Dorohoi, dans le nord-est de la Roumanie, est devenu la coqueluche de la presse. Rencontre. Etre tsigane n'est pas une mauvaise chose. A condition d'en être un vrai: à savoir honnête, travailleur, respectueux." Qui le dit? Dimitrie Rachita, de Dorohoi (Judet de Botosani), une localité de 30 000 habitants, dans le nord-est du pays. Joueur de cymbalum à l'origine, il a fait tous les métiers: mécanicien dans l'aéronautique, ouvrier du BTP (il a travaillé sur des chantiers de centrales électriques en Roumanie, en Syrie et en Irak), patron de bar, administrateur d'orphelinat… Aujourd'hui, en tant que président du Parti rom de Dorohoi, il jouit d'un prestige et d'une autorité sans pareils dans la communauté. En 2005, il a réussi à négocier, avec des fonds européens, le relogement de centaines de Tsiganes du centre historique délabré de Dorohoi vers un beau quartier de la périphérie, Drochia. A 75 ans, marié à une femme de trente-quatre ans sa cadette, celui qu'on appelle "mos Rachita" (grand-père) ne chôme pas: il sculpte (à commencer par son propre buste), peint, distille son eau-de-vie, décore des maisons et bricole toutes sortes d'installations. Il est fier d'avoir élevé les huit enfants de ses trois épouses… dont il n'est le père d'aucun. Il leur a construit de ses propres mains une maison à chacun, pour qu'ils "se souviennent toujours" de lui. Envoyé en stage à Marseille Assis à même le sol près du poêle, il débite une bûche tout en racontant des bribes de sa vie passée à Bella (en fait, Daniela), sa dernière épouse. L'histoire commence invariablement avec ses parents, qui se sont démenés pour que leurs enfants fassent des études. Son premier métier, joueur de cymbalum, il l'a hérité de son père: dès l'école élémentaire, Dimitrie Rachita joue dans les fêtes, les bals et les mariages. A sa mort, son père lui lègue l'instrument et des cordes de rechange. Dimitrie entre ensuite à l'école des arts et métiers de Târgoviste, où il apprend entre autres choses la mécanique, la peinture et la couture. Pendant son service militaire, effectué dans l'armée de l'air, il se spécialise dans l'entretien des moteurs de Mig. A la quille, il se fait embaucher dans une usine de verre et de porcelaine. L'Etat roumain ayant fait l'acquisition de machinesoutils françaises, Rachita est détaché pendant six mois à Marseille pour apprendre leur fonctionnement. Parallèlement, il se spécialise dans les chaudières industrielles; le voilà travaillant sur le chantier de la centrale thermique de Holboca-Iasi. Une expérience qu'il répétera en Irak et en Syrie, pour le compte de l'Etat roumain. Avec l'argent qu'il a mis de côté, Dimitrie ouvre, à la fin des années 1980, un bar, "Chez Mitica", un des premiers à Dorohoi. Il n'a alors plus besoin de la musique pour vivre, mais chez lui il frappe encore les cordes de son cymbalum en chantant : "Oy, oy ! je me meurs encore et encore / Sur le sein de celle que j'adore". "Un Tsigane sans chapeau n'est pas vraiment un Tsigane" Comme l'exige son statut de leader de la communauté tsigane de Dorohoi (qui compte plus de 430 familles), grand-père Rachita soigne toujours son apparence: costume de gangster, cravate, moustache à la Al Capone, pipe, lunettes et chapeau. "Sans élégance, il n'y a pas de charme. Un Tsigane sans chapeau n'est pas vraiment un Tsigane", dit-il. "Nous sommes minoritaires et si nous ne respectons pas ceux qui sont majoritaires, comment pouvons-nous exiger qu'ils nous respectent ? Le glaive ne tranche pas la tête baissée. C'est à nous de les aider à travailler et pas à eux de nous aider à mendier. C'est comme cela que nous nous rapprocherons les uns des autres", poursuit-il. Malgré son âge avancé, grand-père Rachita continue de travailler. En un été, il peut même gagner quelques milliers d'euros, en réparant des chaudières et en effectuant des travaux de maçonnerie. Bella, qui l'aide souvent sur les chantiers, se vante à qui veut l'entendre que son mari a bâti la moitié de Dorohoi. Gabriela Dobos (Gândul, traduction Le Courrier International) Emblèmes nationaux qui disparaissent L es autorités roumaines ont remarqué que dans les judets à majorité hongroise, les emblèmes nationaux comme le drapeau tricolore ou le sigle RO avaient disparu des pancartes distinctives de la poste roumaine dans certaines communes. Elles ont noté que cet "oubli" récent datait de l'époque où le ministère de la communication était dirigé par un Magyar, Nagy Zsolt, ministre du gouvernement de Calin Popescu Tariceanu jusqu’en décembre dernier, membre de l'UDMR (Union Démocratique des Magyars de Roumanie). 27 v Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Environnement l l l IASI ORADEA TIMISOARA l l BACAU l SIBIU l CRAIOVA l l BRASOV PLOIESTI PITESTI l n BUCAREST GALATI l l TULCEA CONSTANTA l Recyclage: la Roumanie peut mieux faire 28 réussie, il y a 8 ans, en Roumanie et fait le bonheur de ses parents l TARGU MURES l DEVA l Miroir aux SUCEAVA SATU MARE ARAD l Le modèle polluant des sociétés Société Les NOUVELLES de ROUMANIE En matière de recyclage, la Roumanie se situe à l'avant dernière place en Europe, juste devant la Bulgarie, où l'on ne recycle aucun déchet, selon une étude de l'Institut des statistiques européen Eurostat, effectuée sur des données récoltées en 2007. Un roumain génère 379 kg de déchets par an et n'en recyclerait qu’environ 1%. Les "restes" seraient directement jetés dans les poubelles classiques. Juste devant la Roumanie figure la Lituanie, qui recycle annuellement 4% de ses déchets, puis Malte (7%) et la Pologne (10%). Aux premières places de ce classement, on trouve l'Allemagne qui trie 99% de ses ordures ménagères, les Pays-Bas (97%), la Belgique et la Suède (96%) et à la cinquième place le Danemark (95%). Le palais de Ceausescu plus écolo Les députés ont voté la création d'un groupe de travail pour l'élaboration d'un projet dont le but est de rendre le Palais du Parlement (appelé aussi palais de Ceausescu) plus écologique. L'idée: transformer le plus gros consommateur d'énergie électrique de Bucarest en une construction 100% écologique à l'aide de panneaux solaires et photovoltaïques ou encore de petites éoliennes. Le Palais de Parlement ne devrait plus fonctionner à terme que grâce à l'énergie renouvelable. loiesti, ville de 250 000 habitants à 50 km au nord de Bucarest n'a assurément rien de touristique. Elle s'est développée autour de l'industrie du pétrole, ou plutôt l'inverse: puits de pétrole et raffineries l’encerclent de toutes parts. Les maisons aux façades sculptées construites à l'âge d'or rappellent que la région a été aussi riche que la Suisse. Quelle est la place de l'écologie dans cette ville qui se relève tout juste de la période communiste ? De son passage dans cette ville, Benoît Kubiak*, sur le site Internet www.Médiaterre d'information mondiale pour le développement durable, tire des enseignements tout aussi valables pour nombre de pays de l'Est qu'il a traversés. P Un air irrespirable un jour sur deux "Certaines zones industrielles de Ploiesti sont maintenant abandonnées, laissant des friches parcourus par les tsiganes à la recherchent de métal à revendre. Les raffineries en fonctionnement ont obtenu une dérogation jusqu'en 2012 pour se mettre aux normes européennes. Résultat: un air irrespirable un jour sur deux lors de mon séjour. Une odeur de souffre et une poussière noire envahie la ville jusqu'à l'intérieur des appartements. L'or noir pollue également le sol. La zone Sud de la ville repose sur une couche de pétrole enfouis à un mètre de profondeur. Une partie provient des bombardements américains de 1943 qui visaient les raffineries, une autre provient des stocks déversés par les allemands pour éviter qu'il ne tombe aux mains de l'armé alliés qui progressait. Un individualisme tape à l'oeil Même si la Roumanie reste un pays pauvre par rapport à l'Europe de l'Ouest, les salaires sont en hausse. Mon hôte français travaille depuis 5 ans dans le pays, le salaire moyen étaient de 150 € par mois et atteignent actuellement les 350 €. Débarrassé de la dictature de Ceausescu et du collectivisme, les roumains sont passé dans un individualisme tape à l'oeil. En quelques années, les vieilles Dacia font places aux voitures étrangères les plus grosses possible pour lesquelles les familles s'endettent sur des dizaines d'années. Les déchets sont collectés par une entreprise française en délégation de service public. Le service fait ce qu'il peut face à l'indiscipline des habitants qui n'hésitent pas à jeter leurs déchets un peu n'importe où. Mon immeuble a été construit à l'époque communiste pour héberger les membres de la Securitate, la terrible police politique, et bon nombre de policiers de la zone, et leur famille. L'immeuble est prévu pour environs 600 habitants. Une ouverture par étage permet aux habitants de se débarrasser de leurs ordures qui atterrissent dans un local sans poubelle dont la porte reste ouverte. Les tsiganes viennent effectuer leur activité traditionnelle de récupération des matériaux recyclables (métaux et bouteilles en PET), et aussi les restes de nourriture qui peuvent servir aux cochons. On constate hélas que des personnes très pauvres et même sans domicile viennent régulièrement y trouver de quoi manger ou de quoi revendre. Enfin, les chiens viennent fouiller les restes à la recherche de nourriture. La Roumanie, "un beau pays" dit-il, "j'espère que la prochaine fois, je visiterai le delta du Danube avec sa plus grande variété de pélicans d'Europe". Une prochaine fois qui se présentera sans doute bien avant que Ioan ne soit… banquier à New York. Bernard et Dody Laborde ne veulent rien exclure notamment pas qu'un jour l'appel de la Roumanie soit le plus fort pour leur fils. Ils lui ont ouvert leur cœur pour son bonheur et le leur. Quelque soit son destin, son bonheur fera le leur. Les Laborde sont aujourd'hui engagés activement dans l'association EFA 32 (Enfance et Famille d'Adoption du Gers) où leur expérience leur permet d'écouter, conseiller les personnes qui souhaitent adopter. "Nous souhaitions rendre à EFA 32 ce qu'elle nous a donné, lorsque nous nous sommes trouvés dans leur situation" confient-ils. A savoir La météo roumaine prévoit un bel été souriants et les vendeuses de magasins n'oublient plus de rendre la monnaie… Les températures pour le mois de mai devraient osciller entre 12 et 16°, selon les prévisions de l'Administration nationale de météorologie (ANM), rendues publiques fin mars. Ce dernier mois du printemps sera également marqué par des envolées du mercure pouvant dépasser 30° et, dans certaines régions, par des températures nocturnes très proches de zéro, voire négatives. Pour les mois de juin, juillet et août, le mercure sera audessus des normales saisonnières avec des périodes de canicule très courtes. Mis à part ces pics de chaleur, les moyennes devraient se situer entre 18 et 22° en juin et juillet, et entre 18 et 24° en août. Qui est le débiteur roumain? La crise joue sur le psychisme Depuis quelques mois et le début de la crise financière, les Roumains sont de plus en plus nombreux à souffrir de troubles psychiques: le nombre de patients a augmenté de 30% en moyenne dans les services de psychiatrie de Roumanie. Principaux maux: troubles dépressifs, attaques de panique et dépression avec tendances suicidaires. Le nord est du pays semble la région la plus affectée par ce phénomène. … Mais a de bons côtés Le quotidien Adevarul note que la crise a aussi des bons côtés. Il rapporte que dorénavant les taxis de la capitale acceptent de faire des petites courses, comme se rendre de la place Victoria à la Place Romana, les firmes de nettoyage ne rechignent plus aux tâches modestes, les serveurs de restaurant se montrent plus C'est un homme, il a entre 18 et 20 ans, et vit dans le judets de Giurgiu. Tel est le portrait robot du débiteur roumain, en retard dans le paiement des traites de son crédit à la banque. Selon l'étude réalisée par le Bureau du crédit, il doit généralement rembourser une somme restante peu importante, qu'il a empruntée dans le cadre d'un crédit à la consommation. Hackers sous les barreaux La police roumaine a arrêté 22 personnes à Timisoara, Caransebes, Lugoj, Pitesti et Hunedoara. Elles sont soupçonnées d'avoir mis en ligne des pages Internet "clones", copies-conformes de sites officiels de banques afin de collecter les informations confidentielles des clients et de vider leurs comptes. Cette cyber-fraude a fait des victimes notamment en Italie et en Espagne et aurait rapporté aux pirates plus de 350000 €, selon les estimations de la section contre le crime organisé de Timisoara. Ces réseaux étaient surveillés depuis près d'un an. Par ailleurs un réseau de cinq hackers roumains âgés de 20 à 32 ans qui ont causé des préjudices d'un montant de 800 000 dollars à plusieurs compagnies pharmaceutiques aux Etats-Unis a été démantelé en collaboration avec le FBI, après des perquisitions menées à Bucarest, Constanta et Timisoara. Arrêtée à 120 reprises A 14 ans à peine, Nadia, une jeune tsigane Roumaine qui vit en Espagne, affiche un "palmarès" pour le moins impressionnant: en un an, la jeune fille a été arrêtée 120 fois par la police madrilène pour vol. Elle a également été placée en centres pour adolescents en difficulté à plusieurs reprises mais récidive à chaque fois. Surnommée "la reine des pickpockets", elle est devenue le cauchemar des policiers espagnols et surtout le symbole de l'incapacité de la police et du système social de prendre en charge les mineurs sous la dépendance de réseaux criminels. Plaques d'égout Les riverains de la strada Viitorului (rue de l'Avenir) de Buzau ont été réveillés le 31 mars dernier par une odeur pestilentielle qui avait envahi leur quartier. Toutes les plaques en fonte des bouches d'égout du secteur avaient disparu dans la nuit. Leurs soupçons se sont portés vers certains Tsiganes, coutumiers de ce genre de vols, qui opèrent avec des charrettes tirées par des chevaux et vendent ensuite leur butin auprès des ferrailleurs. Fils électriques et traverses de voies ferrées sont également l'objet de leur attention. 280 millions d'euros de bakchich Une étude de la Banque mondiale situe à 280 millions d'euros le total annuel des sommes versées par les malades hospitalisés en Roumanie sous forme de bakchich. Elle précise qu'en cas d'hospitalisation, le patient doit débourser les trois quarts des revenus familiaux pendant cette période et payer au moins trois ou quatre dessous de table. Le document a été publié sous le titre "En Roumanie, le bakchich est un problème de santé. 25 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Récit d'une adoption Vie quotidienne l ORADEA l l ARAD l l l BRASOV FOCSANI l l SIBIU GALATI l LUGOJ BUZAU CRAIOVA l n BUCAREST l l l TULCEA CONSTANTA l l Calvaire pour chameaux 24 alouettes à Ploiesti, la cité du pétrole IASI l GIURGIU de consommation tend à être dupliqué à l'Est, avec les mêmes erreurs l TARGU MURES CLUJ l TIMISOARA Dans le Gers, Ioan s'éclate SUCEAVA SATU MARE Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Un camion en provenance d'une des 21 républiques russes, la Kalmoutie, transportant 20 chameaux à destination d'un cirque bulgare installé à Sofia, a été bloqué pendant 48 heures à la frontière entre la Moldavie et la Roumanie, à Abita (judet de Iasi) à la mi-février. Ses documents étant en russe, la douane roumaine les a envoyés à traduire avant de donner son feu vert. Il s'agissait d'une étape de plus dans le calvaire de ses animaux, partis un mois plus tôt de leur république caucasienne (76 000 km 2, 300 000 habitants, capitale: Elista), la seule faisant partie du continent européen à avoir une population à majorité boudhiste. La camion avait déjà été bloqué pendant 15 jours à la frontière entre la Russie et l'Ukraine, les chameaux se trouvant dans des conditions précaires, souffrant du froid, l'un d'entre eux mourant d'asphyxie, d'autres se blessant. Plus d'un million de litres de vin confisqués Les policiers ont saisi plus d'un million de litres de vin contrefait à la mimars dans le judets de Vrancea (Focsani). L'opération a été menée après que du vin composé d'autres ingrédients que du raisin ait été découvert dans des supermarchés de Bucarest. Plus de 50 producteurs de Vrancea ont été contrôlés et la majorité de leur production ne répondait pas aux normes. Ces vins sont faits avec de l'eau, du sucre, des ferments sélectionnés et autres arômes et colorants. Ces boissons ont été retirées du marché et des poursuites pénales ont été lancées à l'encontre de 16 personnes pour falsification et évasion fiscale. L 'adoption d'enfants roumains a suscité de nombreuses controverses à la suite de dérives et de trafics, entraînant sa quasi-interdiction. Il ne faut pourtant pas oublier que dans l'immense majorité des cas, elle a apporté d'immenses bonheurs aussi bien pour les enfants qui ont eu ainsi la chance de trouver un foyer aimant et un avenir, qu'aux parents adoptifs. Le témoignage émouvant d'une famille condomoise du Gers (notre photo) dans le quotidien La Dépêche du Midi est là pour le rappeler. Récit d'une adoption réussie, il y a 8 ans, en Roumanie. Tout n'est pas noir pour autant! Les initiatives pour préserver l'environnement existent même si elles sont difficiles à mettre en place. J'ai rencontré Sabina et Lucian, les vice-présidents de la jeune association ZAPODIA. Ils développent la sensibilisation auprès des jeunes et moins jeunes pour préserver le cadre de vie. Des jeunes refusent de rester les bras croisés "À 4 ans, j'ai commencé à avoir beaucoup de questions sur ma naissance" "Au récent carnaval de l'école, Ioan n'a pas eu à forcer le trait pour ressembler à Harry Potter. Tout mignon derrière ses "binocles" rondes, Ioan Laborde, 10 ans et demi, s'amuse de cette ressemblance autant qu'elle ravit Bernard et Dody, ses parents adoptifs. "En avril 2001, 18 mois à peine après notre demande d'agrément, nous rentrions de Roumanie avec Ioan dans les bras" rappelle le couple. C'est par hasard qu'il s'était tourné vers la Roumanie où, après avoir satisfait en France aux différentes enquêtes psychologiques et sociales, il se rendit pour la première fois en novembre 2000. Sans enfant, Bernard et Dody souhaitaient en adopter un, de moins de 4 ans, en bonne santé. Ce fut Ioan alors âgé de 2 ans et demi et placé en famille d'accueil par les autorités roumaines qui géraient le cas de ce bébé abandonné. Son adoption plénière se fit en Roumanie: Ioan est donc arrivé "Laborde", à Condom. Malicieux, plein de vie, câlin, sportif (judo, tir à l'arc) et abonné à la ludothèque municipale, Ioan très prévenant pour les vieux os de Sam le "pépé" chien (17 ans) de la maison, fait le bonheur de ses parents. Et tout indique que la réciproque est vraie. "À 4 ans, j'ai commencé à avoir beaucoup de questions sur ma naissance et sur mon pays d'origine", affirme le garçonnet qui annonce en s'esclaffant que "grand, je serai banquier, trois jours par semaine à New York, les quatre autres à Bucarest". Où il a séjourné l'été dernier ainsi qu'à Arad, la ville où il a vu le jour. Rassuré sur son passé "Très tôt Ioan a manifesté de l'intérêt pour son passé". Ses parents attendirent qu'il soit "plus grand" pour satisfaire cette attente, comblée l'an passé. Quinze jours en Roumanie avec la (bonne) surprise d'être attendu par la famille d'accueil à l'aéroport. "Heureusement qu'avec maman on a feuilleté l'album photos avant de partir sinon je ne savais qui c'était", s'amuse le gamin qui retrouva de la sorte, "mon frère". En l'occurrence un garçon de 8 ans, placé lorsqu'ils étaient bébés dans la même famille d'accueil et qui n'a jamais été adopté. "J'aurai bien voulu qu'il devienne mon frère pour de bon", ajoute le petit Condomois. Un frère ou une sœur pour Ioan ? Bernard et Dody y ont songé un temps. Mais pour eux, ça n'aurait pu être qu'un autre enfant roumain "or, en matière d'adoption, ce pays s'est totalement fermé peu après, l'arrivée de Ioan". Il sera donc très vraisemblablement l'enfant unique des époux Laborde. Selon eux, ce retour en Roumanie a "rassuré" Ioan moins en questionnement depuis qu'il a vu son pays", avec ses yeux d'enfant de 10 ans. "Juste après la visite de château de Bran, celui de Dracula, j'ai perdu une canine" se plaît à ajouter le sosie de Harry. L'histoire débute il y a trois ans au lycée, où une bande de copains (notre photo) décident qu'il n'est pas possible de rester les bras croisés face à toutes ces pollutions, et qu'ils ne doivent pas attendre que la municipalité ou le gouvernement agissent. Les premières actions se répandent d'un lycée aux autres puis aux collèges. Le groupe grandis à une vingtaine de membres actifs et sors des murs des établissements scolaires. La première action du groupe sera de nettoyer les abords de l'hôpital départemental. Situé à la limite de la ville, le terrain vague qui jouxte le bâtiment accueille toutes sortes de déchets : plastique, textile, métal, gravats... Des semaines d'actions sont également organisées, par exemple à Poiana Brasov, une station de ski réputé. Des messages incitant à ne pas jeter les déchets dans la nature sont placardés le long des pistes. Peu à peu, des partenariats se créent. Des séances de deux cours d'éducation à l'environnement ont eu lieu l'an dernier et un concours a été organisé entre les écoles de Ploiesti. C'était une première pour les enfants qui pouvaient de plus réagir sur un blog créé pour l'occasion. ZAPODIA a également fait un sondage dans la rue pour demander à leur concitoyen ce qu'ils connaissent des actions de leur mairie dans les domaines de l'eau et des déchets par exemple. Une société devenue méfiante envers les campagnes de sensibilisation Les freins à de telles initiatives sont cependant nombreux. Le principal reste l'héritage communiste. La dictature réclamait un quota de verre et de papier à rapporter pour chaque habitant. Le mot recyclage n'existait par, il s'agissait de réutiliser les ressources disponible dans un pays fonctionnant en partie en autarcie. Les ressources étaient utilisées pour des projets pharaoniques, comme le creusement d'un canal reliant le Danube à la mer noire ou le palais de Ceausescu. La population était rationnée pour les produits alimentaires comme le pain, le sucre, l'huile, la viande etc... Le gouvernement menait des campagnes incitant à économiser l'eau ou le gaz, des ressources disponibles seulement quelques heures par jours. Cette époque pas si lointaine a laissé des traces dans la mentalité roumaines. Les campagnes actuelles de protection de l'environnement ont un but différent, mais le message reste à peu près le même et il est difficile de le faire passer. On retrouve finalement la problématique du développement. Notre société occidentale est un miroir aux alouettes. La prospérité de l'Ouest est déversée à l'Est par les médias. Notre modèle polluant de société de consommation tend à être répliqué, avec les mêmes erreurs. Espérons que les roumains se réveilleront plus tôt que nous et qu'ils arriveront à développer leur bien être sans l'accompagner du pillage et de la destruction des ressources naturelles qui les environnent". Benoît Kubiak (www.Médiaterre) *Géographe de formation, originaire de Autun en Bourgogne, Benoît Kubiak a 30 ans. Il a décidé de partir en voyage et de présenter sur son site web www.avenirclimat.info les témoignages de celles et ceux qui luttent quotidiennement contre le changement climatique: Son périple l'emmène pendant 2 ans à travers une trentaine de pays sur deux continents: plus de 40 000 km sans avion car "celui-ci est le mode de déplacement le plus polluant par passager transporté". Taxi, bus, bateau, cargo, train ou auto-stop, tous les moyens de transports en communs sont utilisés. Le manque de culture peut coûter cher N e pas connaître la Roumanie peut coûter cher. Lors de l'émission "Devenez millionnaire" de RTL Allemagne, un candidat n'a pas su répondre à la question: "Quelle capitale d'Europe de l'Est n'est pas traversée par le Danube?", perdant du coup 16 000 €. Il avait demandé le renfort de sa mère qui lui avait soufflé Belgrade au lieu de Bucarest et a dû se contenter de 500 €, se vengeant en lui confiant que s'il avait eu la bonne réponse, il l’aurait l'emmener en vacances à Hawaï. Quelques mois plus tôt, un autre can- didat interrogé pour 32 000 € pour savoir dans quel pays se situait actuellement l'ancienne province de Dacie, et conseillé… par un professeur de géographie, avait répondu le Maroc, ayant aussi le choix entre Roumanie, Estonie et Pakistan. 29 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Les succès d'un paysan roumain exilé sur YouTube Emigration l BAIA MARE IASI l TARGU MURES ARAD Adrian donne de ses nouvelles sur Internet l ORADEA BACAU l l l l l SIBIU TIMISOARA l CRAIOVA l l BRASOV GALATI BRAILA PITESTI n BUCAREST l l l TULCEA CONSTANTA l Solidarité 30 Réagissant à la vague de xénophobie anti-roumaine qui déferle sur l'Ita-lie, la maire de Milan, Letizia Moratti, a acquitté sur ses propres deniers l'amende de 100 € infligée par la police à un artiste ambulant roumain, dûment autorisé, qui proposait son spectacle de plein air dans une rue du centre-ville, à quelques dizaines de mètres en dehors du périmètre réservé à cet effet. Outré par ce comportement des policiers locaux, le romancier et metteur en scène Dario Fo, lauréat du prix Nobel de littérature, avait également offert de payer le PV. 10 à 15 000 Tsiganes étrangers vivraient en France Entre 10 000 et 15 000 Tsiganes étrangers vivraient en France, selon les estimations. Dans leur très grande majorité, ils sont originaires de Rou-manie et de Bulgarie et sont donc devenus, le 1er janvier 2007, citoyens européens. A ce titre, ils bénéficient de la liberté de circulation. Mais ils de-meurent soumis à des dispositions particulières en matière d'emploi. S'ils n'obtiennent pas l'autorisation de travailler, ce qui est fréquent, ils doivent justifier de "moyens de subsistance suffisants". Faute de quoi, ils sont susceptibles d'être expulsés. En 2008, sur les 29 796 étrangers expulsés, 10 072 Roumains et Bulgares ont été renvoyés dans leur pays avec une aide au retour dite "humanitaire" (300 euros par adulte et 100 euros par enfant), développée depuis l'été 2007. A drian Tudor raconte sur YouTube (site Internet d'hébergement de vidéos sur lequel les utilisateurs peuvent envoyer, visualiser et se partager des séquences vidéos) comment son émigration a réussi. Il vient de se payer une Audi, "incredibil"! La séquence fait le tour du monde, créant du lien social entre les Roumains en exil et leurs compatriotes restés au pays. Adrian Tudor a émigré dans le sud de l'Espagne pour y cueillir les fraises. Il donne de ses nouvelles chez lui par une vidéo postée sur YouTube. Il rassure tout de suite, les nouvelles sont bonnes, son projet a réussi, il vient de se payer une Audi, oui, parfaitement, une Audi. Il la montre en commentant la sensation: le volant en cuir, les jantes argentées, la place pour un siège d'enfant: "incredibil !", ("incroyable !"), dit-il à tout bout de champ. Il fait le tour du véhicule, caresse le carénage, s'arrête devant la plaque d'immatriculation authentique, "incredibil !". Il sort les papiers à son nom et à chaque ligne s'exclame, "c'est à moi, c'est ma voiture… Incredibil !". A la fin, il se moque: "Non, c'est une blague, l'Audi n'est pas à moi, elle est à la banque et les traites sont chères… Ne m'enviez pas, soyez heureux !" D’Espagne, du Canada, de Dubaï Son village visionne le message qui fait rire tout le monde. Ses camarades montent à leur tour des vidéos pour se moquer. L'un d'eux présente sa charrette à bois comme si c'était une Audi, sur le même ton, en ponctuant chaque détail par cet "incredibil !" qui a eu tant de succès. Un autre présente son motoculteur "décapotable". Un autre encore la niche du chien "rouge Ferrari" dont il fait visiter l'intérieur et l'extérieur avec le même enthousiasme que celui d'Adrian Tudor. Puis, comme on est sur YouTube, les immigrés roumains d'ailleurs entrent dans le jeu: du Canada, des Etats-Unis, de Zurich, du Congo, de Dubaï, chacun en rajoutant dans le dérisoire. Cent vingt répliques parodiques qui décrivent avec humour la situation plutôt précaire des migrants roumains et dénoncent métaphoriquement les clichés qui leur collent à la peau… voleurs, menteurs, tricheurs. La série culmine par la vidéo d'un immigré chinois en Roumanie, qui bien sûr est fier lui aussi de sa voiture, une "bagnole" plutôt basique en réalité. "Taran in Spania" ("Paysan en Espagne") est devenu le lieu de rencontre dans la dérision de milliers de Roumains de Roumanie et d'ailleurs et son héros, Adrian Tudor, s'est fait une réputation. Papy fait connaissance avec son petit fils sur le Web Autre exemple d'usage du Web 2.0. Un grand-père resté en Roumanie joue tous les soirs avec son petit-fils installé avec ses parents aux Etats-Unis. Ils ne se sont jamais vus, leur relation s'est nouée grâce à Skype (logiciel qui permet de se téléphoner gratuitement entre deux ordinateurs, tout en se voyant à l'écran). Ils connaissent la forme de leur corps, leurs gestes, leur voix. Mais pas l'odeur ni le toucher. L'histoire dira de quel genre de relation il s'agira. On connaît aussi des papis ou même des papas éloignés pour cause de travail qui jouent aux échecs avec leurs enfants à travers la Toile, à l'image de ces innombrables clubs de jeux qui se sont créés par Internet depuis quelques années. A part cette communication privée sur le Web, on ne compte plus le nombre d'agoras électroniques créées par les migrants dans de nombreuses villes du monde, soit pour s'entraider, soit pour fabriquer des liens, soit encore pour se faire connaître dans la société d'accueil. Le Romanian Portal à Toronto, par exemple, véhicule toutes les informations nécessaires à la vie des Roumains dans cette ville. Joëlle Kuntz (Le Temps) Les Roumains sont parmi les plus dépensiers du monde Vie quotidienne L'alimentation "mange" le budget des familles SUCEAVA l Société Les NOUVELLES de ROUMANIE L e Département d'Etat américain pour l'agriculture a publié une étude faisant le point sur le coût de l'alimentation dans 71 pays du monde. C'est aux USA que celle-ci prend la place la moins importante dans le budget familial, représentant 5,7 % des dépenses et une somme de 1935 dollars par an et par personne. L'Irlande figure en seconde position, loin derrière (8,2 %, 2160 dollars). Ce classement permet aussi d'évaluer le niveau de vie des populations dans la mesure où il détermine les ressources restant à leur disposition pour d'autres dépenses. La Roumanie se retrouve au 56ème rang, avec 34,3 % (1834 dollars), l'Azerbaïdjan occupant la dernière place (50 %). Il apparaît donc que les Roumains dépensent pratiquement autant pour manger que les Américains dont les revenus sont entre 6 à 10 fois supérieurs. Cette différence se retrouve en comparant avec les pays européens occidentaux où les salaires sont également nettement plus élevés: Grande Bretagne, 2351 dollars, Pays Bas, 2224 dollars, Allemagne, 2500 dollars… Les voisins de la Roumanie dépensent beaucoup moins en étant plus riches: République Tchèque, 29ème (16,2 %, 1356 dollars), Hongrie, 30ème (17 %, 1508 dollars), Pologne, 37ème (20,6 %, 1375 dollars). Même la Bulgarie, considérée comme plus pauvre fait mieux, 35ème (20 %, 735 dollars). Les analystes mettent en cause deux facteurs pour expli- quer la mauvaise situation roumaine: la carence de l'Etat qui s'est désintéressée de l'agriculture depuis 20 ans et l'a laissée péricliter, les pratiques archaïques des agriculteurs, incapables de se moderniser, privilégiant une agriculture individuelle de survie sur quelques hectares à un mode de production coopératif et professionnel. Les paysans roumains produisent peu et cher Il n'en fallait pas plus pour voir l'agriculture s'effondrer, la Roumanie être obligée d'avoir recours à l'importation pour assurer l'alimentation de sa population, phénomènes entraînant l'explosion des prix. Les paysans roumains produisent peu, cher et sans respecter les standards de qualité. Les distributeurs et les grandes surfaces préfèrent importer qu'avoir à signer des contrats avec des milliers de petits producteurs. C'est ainsi que les Roumains doivent se contenter de manger les tomates sans goût des hypermarchés alors que celles des jardins, gorgées de soleil, sont délicieuses… mais les paysans préfèrent jeter leurs légumes que les vendre à bas prix. Le rapport américain indique également qu'avec 5% de leur budget familial consacré à la boisson et aux cigarettes, les Roumains sont parmi ceux qui se laissent le plus tenter par les "paradis" artificiels. Le petit ramoneur fait école M ircea Balsoianu aime tout ce qui est moderne et enrage de voir la Roumanie à la traîne dans bien des domaines. Originaire de Petelea, près de Pitesti, cet employé de Distrigaz a décidé de se mettre à son compte… en se faisant ramoneur. Un métier qui n'existe pratiquement plus en Roumanie, dont l'image renvoie aux contes d'Andersen. Les installations de chauffage d'aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec les cheminées pleines de suie d'autrefois et on peut exercer cette profession sans rentrer chez soi en étant noir des pieds à la tête, pour peu que l'on s'équipe de manière adéquate. Le Muresan s'est donc formé par luimême, en suivant des cours sur Internet et a voulu parfaire sa formation en Allemagne. Rétif à la mentalité d'OutreRhin, trop rigide à son goût, il a finalement émigré en Italie où le climat de dialogue et de convivialité lui convenaient nettement mieux. Depuis son retour, Mircea Balsoianu ne manque pas de travail. Des administrations ont recours à ses services et il doit faire la navette entre Brasov et Bucarest où on fait souvent appel à lui. Au point qu'il a dû embaucher une ramoneuse… qui n'est autre que sa femme. Cette demande lui a donné l'idée de créer une école de ramonage, en 2007, qui a toute de suite rencontré un vif succès, 70 personnes s'inscrivant à la première session pour un coût de 110 €. La formation est sanctionnée par un diplôme qu'il délivre, reconnue par la profession des chauffagistes, assurant un débouché aux élèves. Porte-bonheur dans les mariages Pour autant Mircea Balsoianu (notre photo) n'échappe pas à la tradition collant à la peau des ramoneurs et qui veut que toucher leur main porte bonheur. Quelque soit l'entreprise où il intervient, le patron ne manque pas de venir le saluer. Croisant sa camionnette lors de la dernière campagne électorale, le député sortant de sa circonscription a fait demi-tour sur la route… pour s'assurer de sa réélection. L'an dernier, le capitaine de l'équipe nationale de foot, Cristian Chivu, s'est plié à la coutume avant une rencontre internationale… et a marqué le but victorieux des Tricolores. Cette notoriété fait l'affaire du ramoneur, de plus en plus demandé dans les noces pour porter bonheur aux jeunes mariés, ce qui est devenu un autre volet de son activité. 23 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Vie quotidienne l BAIA MARE l IASI l ARAD CLUJ SIBIU TIMISOARA BACAU l l l l GALATI l l PLOIESTI n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Palais de Tsiganes 22 La Roumanie pratiquement éliminée du Mondial 2010 d'Afrique du Sud Limogé, le sélectionneur Piturca veut aussi son parachute doré l SINAIA CRAIOVA l BRASOV l PITESTI l l TARGU MURES Sports Les paysans bretons ont la cote auprès des Roumaines SUCEAVA l ORADEA Crise et xénophobie en Italie aidant… Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Jumelée depuis seize ans avec Timisoara, Mulhouse a fourni à sa partenaire roumaine une liste de mendiants tsiganes qui opèrent dans la ville alsacienne et ont sollicité de sa mairie une aide sociale, lui demandant de vérifier s'ils y possédaient des biens immobiliers. En visite, des élus mulhousiens s'étaient montrés surpris de découvrir les palais kitsch que certains s'étaient faire construire, les comparant aux villas de "Beverly Hills". La vérification n'est cependant pas facile à faire, des propriétaires ne les ayant pas déclarés sous leur nom et les clans familiaux auxquels ils appartiennent ayant de nombreuses ramifications. Chaque mendiant peut rapporter jusqu'à 3000 € par mois au réseau auquel il appartient. La "guinessite" de Pâques La Roumanie n'en finit pas avec sa "guinessite". La fièvre d'entrer dans le livre des records est devenu une ambition nationale. C'est ainsi qu'à l'occasion de la Pâque orthodoxe le record du plus grand oeuf de Pâques, qui mesure 7,25 m de haut et pèse 1,8 tonne, a été établi dans le centreville de Suceava. Construit en fibre de verre et décoré d'autocollants, il présente un diamètre de 4,6 m, a été béni par des prêtres, puis mesuré par un représentant du Guinness Book, qui a remis au maire de la ville un diplôme. Dans ce même département, les habitants de la ville de Radauti espéraient en cette journée pascale recevoir un document similaire, après avoir préparé un cozonac, traditionnelle brioche au fromage, pesant 140 kilos et d'un diamètre de 2,5 m. L es agences matrimoniales du Banat (Timisoara) auprès desquelles s'inscrivent des jeunes femmes roumaines rêvant d'un avenir autre que dans leur pays ont noté un net changement de tendance ces derniers mois. Le "prince charmant" rêvé n'est plus le riche Italien quadragénaire, propriétaire de son entreprise, portant beau des costumes Armani au volant de sa voiture de luxe… mais le paysan breton, vieux gars célibataire au maillot de corps trempé de sueur quant le soir il rentre avec son tracteur son chargement d'artichauts et de choux-fleurs. La crise est passée par là et l'Italie paraît un pays moins sûr que la France pour y faire sa vie. Mais aussi, les Roumaines sont indignées à l'idée du sort que pourraient leur réserver les Italiens, à la suite de la vague de xénophobie que connaît ce pays: "Je ne veux pas me faire traiter sans arrêt de putain, de voleuse, qu'il y ait du scandale dans la rue autour de moi, que ma belle famille ait honte parce que je suis Roumaine" se révolte Miruna, une professeur de 40 ans qui recherche toujours l'âme sœur, concluant "je préfère aller en France où c'est plus tranquille pour nous, même si parler le français est plus difficile… mais je me débrouillerai". Alina est du même avis, tout en se montrant beaucoup plus terre à terre : "Si tu vis à la ferme, t'es sûre au moins de manger. Une poule est une poule, les légumes poussent dans le jardin, les vaches donnent du lait et se fichent bien de la crise". Dans les agences matrimoniales, on note que les fermiers bretons sont de plus en plus une valeur recherchée : ils ont leur propre affaire, agricole - et non pas des actions en bourse -, avec des vaches, moutons, des hectares de terre cultivable ou de vergers, ce qui garantit une vie décente. Laura, 35 ans, a décidé de franchir le pas, conseillée par une amie. "Celà n'a pas été facile de prendre une décision parce que la vie à la campagne ici est misérable" confie-t-elle, "mais j'ai vu des films, et en France on ne vit pas comme çà; les différences sont grandes. Tout est automatisé, on a les machines qu'on veut… on trait même les vaches par ordinateur", avant de se convaincre "je crois que le fermier français est une variante très bonne. Surtout maintenant ! çà n'a rien à voir avec le tractoriste de chez nous". Aujourd'hui, l'offre masculine sérieuse vient de France Adriana, qui dirige une agence matrimoniale de Timisoara est formelle : "La peur de la crise a changé radicalement le regard des Roumaines en quête d'un mari et sollicitant ses services. D'emblée, la majorité tourne leurs regards vers l'étranger et les propositions viennent surtout d'Italie et de France. Si le partenaire présenté a une maison et un travail, l'affaire est déjà bien engagée. En outre, s'il a une protection sociale, c'est très sécurisant psychologiquement pour la jeune femme". Adriana reconnaît qu'il y a peu de romantisme dans cette démarche, la motivation étant maintenant surtout économique. Elle note aussi que les Roumaines du Banat se sont un peu lassées des frimeurs italiens que l'on voit draguer au volant de leurs décapotables dans les rues de Timisoara ou d'Arad. Les pizzas, les pâtes, la canzonetta ou la dernière mode de Milan ont moins d'attrait. "Aujourd'hui, l'offre masculine sérieuse vient de France" constate-t-elle. Adriana, qui n'a jamais entendu parler du film "Je vous trouve très beau" (notre photo) a déjà formé quelques couples franco-roumains. Plusieurs de ses clientes avaient effectué préalablement le déplacement en Bretagne pour visiter la ferme de leur prétendant, lequel avait payé le voyage. D éfaite en mars 23 à Constantsa devant la Serbie, cinq jours avant un nouvel échec devant l'Autriche (2-1) à Klagenfurt, et ainsi prati“Le toupet de Piturca n’a pas de limite” pour ce caricaturiste qui quement éliminée de la courn’apprécie pas ses prétentions. se à la qualification pour le mondial 2010 en Afrique du Sud, l'équipe de football de Roumanie fait pâle figure. Seule l'équipe finissant en tête du groupe est qualifiée automatiquement, le second devant disputer des barrages. Avant dernière du groupe 7 à huit points de la Serbie, la Roumanie en totalise seulement quatre, six points derrière la France, deuxième, qu'elle doit rencontrer en septembre (2-2 à Constantsa l'an passé). Outre leur rencontre à Paris, la suite du programme des Roumains prévoit des déplacements en Lituanie, en Serbie, et deux matches à domicile contre l'Autriche puis les Iles Féroé. "L'homme à abattre" en Roumanie La première victime de ce parcours calamiteux a été le sélectionneur Victor Piturca, limogé deux semaines plus tard, et dont on attend de connaître son successeur qui devrait être Gheorghe Hagi. Le traitement réservé en France à son collègue Raymond Domenech, lui aussi menacé, lui a semblé sans doute bien doux en cette fin de mars, en comparaison de celui qui lui a été accordé dans son pays, où il est devenu le véritable "homme à abattre". Les médias roumains n'ont pas manqué de souligner qu'il a fallu un cordon de gendarmes pour le protéger des supporters roumains, lors de sa sortie du stade en Autriche. "Piturca a réussi à enterrer définitivement la Nationale", titrait le quotidien Gazeta Sporturilor, dont un éditorialiste estimait que le sélectionneur avait plongé l'équipe dans "le noir total" et qu'il "était urgent de le remplacer". "Dehors Piturca", clamait à la Une le quotidien Adevarul, considérant que le football roumain n'a "jamais vécu une telle humiliation", en référence au parcours des qualifications (1 victoire, 3 défaites et 1 nul), et que "ce calvaire devait prendre fin". Romania Libera allait même jusqu'à suggérer le lancement d'une "quête publique" pour réunir les 600 000 euros figurant dans la clause de départ de Piturca avant la fin de son mandat prévu au terme de ces qualifications. Car, sans-doute inspiré par les stock-options et autres prébendes que se sont accordés les banquiers de Wall Street, de la City ou de Paris et les dirigeants de grandes entreprises, le sélectionneur s'est accroché becs et ongles à son "parachute doré", clamant partout qu'il ne démissionnerait jamais. De longues négociations avec sa fédération, pour l'amener à raison, n'ont rien donné dans un premier temps. Piturca menaçait de procès ses anciens employeurs, lesquels lui faisaient valoir que l'objectif de qualification fixé dans le contrat n'avait pas été atteint. Finalement, les deux parties semblaient s'être mises d'accord sur la somme de 300 000 €, mais Piturca a ensuite démenti pour faire monter les enchères. La Fédération a finalement désigné Razvan Lucescu, 40 ans, entraîneur du FC Brasov pour lui succéder. Il s'agit du fils de l'entraîneur des Ukrainiens du Shakhtar Donetsk Mircea Lucescu. Il percevra 250 000 euros par an et, en cas de qualification pour l'Euro, un bonus de 500 000 euros. Symbole de la dérive du football roumain Outre son échec sportif dans la course à la qualification pour 2010, Victor Piturca symbolise la dérive du football en Roumanie. L'ex-sélectionneur est impliqué dans une affaire de corruption remontant à l'an passé. Gigi Becali, le dirigeant du Steaua, avait alors fait remettre à une équipe de Cluj une valise de billets d'un montant de 1,7 millions d'euros afin d'arranger le résultat d'un match et permettre ainsi à son club de remporter le championnat. Piturca avait servi de faux témoin à Becali devant la Justice, affirmant que cette valise devait servir à acheter un terrain. Lazlö Boloni, l'entraîneur roumain qui opère en France et en Belgique ne s'est pas trompé sur l'état du football dans son pays natal, en refusant sèchement la proposition de sa fédération d'origine de prendre la succession du sélectionneur. Prostituées offertes à deux arbitres danois de hand-ball D eux arbitres danois ont refusé une offre de 30 000 euros chacun et les services de deux prostituées pour favoriser la Roumanie au détriment du Monténégro en juin 2008, a annoncé le président de la Fédération danoise, Per Rasmussen. Selon le quotidien danois JyllandsPosten, les deux arbitres Martin Gjeding et Mads Hansen, désignés pour ce match de qualification au Mondial 2009, ont ainsi été accueillis à l'aéroport d'Oradea par le sélectionneur roumain, Omer Aihan, et le vice-président de la Fédération roumaine Paleu Petre. Ces derniers leur auraient ensuite proposé l'argent et les services de deux jeunes femmes. Les arbitres ont immédiatement rejeté la tentative de corruption et adressé un rapport à la Fédération européenne de handball. "Nous n'avons eu connaissance de cette affaire que huit mois plus tard, ce qui est très insatisfaisant car nous aurions dû être informés depuis longtemps", a déclaré M. Rasmussen, ajoutant qu'il avait ordonné une enquête. La Roumanie avait finalement remporté le match (29-24) et s'était qualifiée pour le Mondial en Croatie. 31 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Sports l l BAIA MARE SUCEAVA l ORADEA ARAD l l l TIMISOARA TG. JIU l l IASI TARGU MURES A. IULIA l l l l P. NEAMT l l COPSA MICA BOTOSANI BRASOV TÂRGOVISTE l l n CRAIOVA l TULCEA CALARASI CONSTANTA BUCAREST l l Déjà sous Ceausescu… 32 Cible du parquet anti-corruption (DNA), le football roumain vit les pires heures de son histoire, ou les meilleures pour ceux qui attendent enfin un grand nettoyage. "Le pire, c'était quand on devait se contenter de rumeurs et soupçons sur les arbitres et dirigeants, et le meilleur c’est qu'on a désormais la chance de faire la lumière sur des cas qui pourrissaient notre football", a déclaré Radu Naum, rédacteur en chef de la chaine sportive GSPTV, regrettant "que le nettoyage ne soit pas fait de l'intérieur mais par le DNA". Au-delà des soupçons et accusations verbales presque quotidiennes, rien n'avait vraiment abouti depuis l'ère Ceausescu, lorsque la police politique de l'ex-dictateur avait mis des arbitres derrière les barreaux, comme l'ont rappelé certains medias roumains. "Le génie des Carpates" n'était pourtant pas trop regardant en la matière. Son fils adoptif et aîné, Valentin, avait fait inverser le résultat d'une finale de coupe de Roumanie qui avait vu la défaite du Steaua, le club de l'armée créé par son père, face à son éternel rival de la police, le Dinamo. Cette fois-ci, les dossiers sont sortis au grand jour, la DNA tentant de faire le ménage dans la corruption pour répondre à la demande de l'UE. D es enquêteurs de la Direction Nationale anti-corruption (DNA) ont effectué le 13 avril une descente au siège de la Fédération Roumaine de Football, visant le bureau du responsable de la commission d'arbitrage et saisissant 250 pages de documents. L'enquête de la DNA porterait sur plusieurs matches suspects de la saison impliquant le FC Arges (1re div.), dont le siège a également fait l'objet d'une descente des enquêteurs, et dont le patron, Cornel Penescu (notre photo), a été retenu 24 heures par la DNA. Celui-ci est suspecté d'avoir versé jusqu'à 125 000 € à plusieurs arbitres du championnat roumain, avec la complicité du président de la Commission roumaine des arbitres de football, Gheorghe Constantin auquel il aurait remis 70 000 € pour qu'il "désigne des arbitres agréés". Les deux hommes ont été placés en état d'arrestation. Les enquêteurs affirment en outre que, durant la période octobre-décembre 2008, Penescu aurait viré 54 000 dollars à plusieurs arbitres de première division afin de "bénéficier d'arbitrages favorables", ainsi que 3000 € à un observateur fédéral. Selon les procureurs, d'autres personnes font l'objet d'enquêtes dans ce dossier. Le football roumain est dans le collimateur du DNA pour deux autres dossiers qui font l'objet de procès: le premier porte sur des transactions illégales dans le cadre d'une douzaine de transferts de joueurs suspects. Le 10 janvier 2008, des poursuites pénales ont été engagées pour escroquerie, évasion fiscale et blanchiment d'argent contre des agents de joueurs et des dirigeants de clubs comme Gheorghe Copos (Rapid Bucarest) et Cristian Borcea (Dinamo Bucarest). Le second porte sur une affaire de corruption impliquant le patron du Steaua Bucarest, Gigi Becali, accusé - enregistrements téléphoniques à l'appui - d'avoir proposé 1,7 million d'euros à un adversaire afin d'influencer un match décisif pour le titre. Champions du monde de la mafia sportive Le président de la FRF, Mircea Sandu, s'est autorisé une comparaison avec l'Italie, en déclarant que son pays pourrait "devenir le nouveau champion du monde de la corruption sportive, comme ce fut le cas pour l'Italie après le scandale du "Calciopoli", une affaire de matches truqués qui avait éclaté dans la péninsule au printemps 2006. Il a estimé que d'autres arrestations pourraient intervenir dans le milieu des paris sportifs. "Si les accusations sont confirmées, ce sera difficile de croire que tout ça fut possible sans qu'au moins un haut dirigeant ne soit pas au courant", lui a répliqué le journaliste sportif Adrian Soare. Sandu, à la réputation sulfureuse, a rejeté tout lien avec le scandale, assurant qu'il avait tiré la sonnette d'alarme par le passé et promettant l'ouverture d'une enquête. Première décision positive: la désignation par tirage au sort des arbitres pour les matches de première division et non plus sur choix du président et d'autres membres de la Commission d'arbitrage. Une affaire à suivre à quelques semaines des 100 ans de la FRF, anniversaire pour lequel sont annoncés les présidents de la FIFA et de l'UEFA, Stepp Blatter et Michel Platini... Ilie Nastase a été fait chevalier de la Légion d'honneur L qui téléphone de Bucarest en France et fait oublier son accent les dessous du business BACAU l ROVINARI Des arbitres mis en cause par le parquet anti-corruption Société Les NOUVELLES de ROUMANIE e célèbre tennisman Ilie Nastase, 62 ans, a été fait chevalier de la Légion d'honneur par l'ambassadeur de France en Roumanie, Henri Paul. Celui qui fit, aux côtés de Ion Tiriac, les beaux jours du tennis roumain dans les années 1970, a été récompensé pour sa francophilie et son impressionnant palmarès: numéro un mondial, vainqueur notamment de Roland-Garros, il a remporté au total 87 tournois professionnels au cours de sa carrière. Plusieurs personnalités roumaines assistaient à la cérémonie, comme l'ex-étoile de la gymnastique Nadia Comaneci, la légende du football Gheorghe Hagi, et l'ancien président de la Roumanie Ion Iliescu. Nastase s'est retiré de la compétition en 1985 à l'âge de 39 ans. Il a ensuite été président de la Fédération roumaine de tennis pendant 10 ans avant de démissionner l'an dernier. "Le système est bien organisé, explique Julien Trambouze. Il y a des postes de travail, style box. Sur l'ordinateur, les filles reçoivent les SMS, et elles y répondent via l'interface d'un logiciel. Au même moment elles peuvent dialoguer au téléphone, soit en laissant des messages par répondeur interposé ou en dialoguant en direct. Les deux activités sont différentes, et le but aussi, le SMS c'est pour des pseudos "relations sérieuses", du genre on flirte par SMS en faisant connaissance, le client pense un jour rencontrer une vraie femme. "Un film porno, çà ne donne pas de réponse" Pour le téléphone c'est du sexe. Donc oui, d'une certaine manière c'est une ambiance de rédaction. Pour la webcam, c'est différent, c'est dans une pièce à part. Il y a un matériel pour faire du direct sur Internet, Elena, elle, s'occupe de traduire en off, les désirs de l'homme derrière sa webcam. Elle fait aussi de la post-synchronisation pour le direct ". Les hommes qui appellent sont-il vraiment dupes de cette grossière illusion? Pensent-ils vraiment qu'Elena s'est branchée sur les lignes chaudes parce qu'elle a très envie de sexe? Qu'elle est Française, qu'elle habite Villeneuve sous bois et qu'elle rêve de trouver un petit copain? Elena dit: "Ils m'appellent uniquement parce que c'est mieux que de regarder un film porno parce que le film porno ça donne pas de réponse". * (centre d'appel téléphonique commercial, souvent installé à l'étranger, d'où des opératrices démarchent des clients ou répondent à leurs demandes) "Les filles sont étudiantes, niveau maîtrise et leur français doit être irréprochable" A la suite du reportage diffusé par Arte Radio, Julien Trambouze a répondu aux questions suivantes du journaliste: Arte Radio: Qui dirige ce genre de business? Julien Trambouze: Le patron de la boîte en question a un parcours plutôt insolite, je ne le connais pas directement, mais il est connu à Bucarest. C'est un Français qui a été pendant deux ans volontaire international au SAMU social de Bucarest. Il a décidé de rester sur place pour monter sa boîte de Call Center porno; il a dans la même branche un call center de dépannage informatique, donc pour lui c'est juste le moyen de faire de l'argent. A priori les patrons de ce genre d'entreprise sont des investisseurs lambdas qui n'ont pas de lien avec le monde de la prostitution ou de la mafia en particulier. En tout cas pas à ma connaissance… A.R: Qui sont les filles? J.T.: Les filles sont étudiantes, souvent avec un très bon niveau scolaire, l'équivalent de la maîtrise, car forcément leur français doit être irréprochable. Il y a des femmes au foyer qui arrondissent leurs fin de mois (elles ne travaillent que de deux à quatre soirées maximum par semaine). Et plus, il y a des actrices pornos pour les web cam. A.R.: Pourquoi Elena a-t-elle accepté de témoigner? J.T.: Elena était étudiante en dernière année en sciences politiques quand je l'ai rencontrée et enregistrée. Elle a passé un an en France (Montpellier) pendant ses études, ce qui explique son niveau de français et le fait qu'elle n'a pas d'accent. Elle a accepté d'être enregistrée, je pense, pour ne pas oublier ce moment de sa vie. Elle avait une distance très particulière avec son "travail", sans traumatisme particulier et, avec beaucoup de détachement. Elle acceptait d'en parler régulière- ment, comme un ouvrier qui sort du boulot. Le seul risque était de se faire pincer et de perdre son travail. A.R.: Elle gagnait combien de l'heure ? J.T.: En gros de ce que j'en sais, elle touchait pour 3 nuits par semaine environ 400 € par mois, soit g 4 € de l'heure. A.R.: le client sait qu'il appelle l'étranger quand il fait un numéro de téléphone rose? J.T.: Tout le business est sur ça ; les appels viennent de France, et les gens qui appellent pensent que ce sont des femmes françaises à l'autre bout du fil. Je pense que les lignes sont reliées par Internet ce qui permet de faire des économies sur les lignes téléphoniques. Je ne suis pas très au courant du système. Les gens ne savent pas qu'ils appellent à Bucarest, ils doivent pouvoir le savoir avec les annonces éditeurs obligatoires sur ce genre de ligne. Les enfants fans du Net 6 0% des enfants roumains âgés de moins de 14 ans utilisent quotidiennement Internet, selon une étude réalisée par Intuitext et Itsy Bitsy FM. Le rapport révèle que 43% des enfants vont sur Internet pour jouer en ligne, 19% pour parler sur Messenger, des "chats" ou des forums, et seulement 23% pour chercher des informations pour leurs devoirs scolaires. L'étude met aussi en avant l'inquiétude des parents face à cette omniprésence d'Internet dans la vie de leurs enfants: 40% craignent notamment les messages vulgaires et inadaptés et 37% ont peur de l'impact des jeux violents. Mais malgré ces craintes, seuls 25% des parents surveillent leur enfant quand il surfe sur le Net, 47,4% ne le font qu'occasionnellement, les 26% restants jamais. L'étude a été réalisée auprès de 3559 parents. 21 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Evénements l SATU MARE l l l IASI l TARGU MURES NADLAC Sex call l SUCEAVA ORADEA BACAU l l l VASLUI ARAD l l TIMISOARA HUNEDOARA BRASOV l PITESTI BRAILA l l l TULCEA l TARGOVISTE n l CRAIOVA BUCAREST l CONSTANTA Le château de Bran vidé de ses meubles 20 Les confessions d'Elena, étudiante Dominique de Habsbourg, petit-fils de la reine Marie de Roumanie, qui doit récupérer le château de Bran le 18 mai prochain, a eu la mauvaise surprise de découvrir fin mars que le palais avait été vidé de son mobilier. Un acte qu'il a qualifié de "vandalisme". Ion Narcis, directeur du château, a pour sa part expliqué que cette "évacuation" s'était faite sur ordre du ministère de la Culture, affirmant que toutes les pièces de mobilier appartiennent à l'Etat roumain. Les grands perdants sont les touristes, qui peuvent accéder à un bâtiment désormais vide. Le château restera ouvert au public après sa rétrocession à Dominique de Habsbourg. Le Golden Blitz démoli Le Golden Blitz, le célèbre restaurant de la capitale, du Boulevard Razaore, à la fois snob et populaire et où il était bon ton de se montrer, a été démoli fin janvier, afin de le doter de parkings. Il devrait rouvrir ses portes à la fin de l'année. Propriété des affairistes Sorin Volpescu et Dan Besciu, l'établissement était fréquenté par des personnalités comme le Président Basescu, sa "conseillèrevamp" devenue ministre du tourisme, Elena Udrea - qui fut un temps une de ses actionnaires par l'intermédiaire de son mari-, et l'ancien bergermilliardaire, propriétaire du Steaua, Gigi Becali. Voici un an, il avait été victime d'un incendie provoqué par un "gratar de mici" (grillade de boulettes de viande hachée). I l existe des numéros surtaxés permettant de "faire l'amour" par téléphone. Officiellement, les jeunes filles qui répondent sont des Françaises célibataires qui cherchent un petit copain. Dans la réalité, ce sont des Roumaines qui travaillent pour un call center*, comme le révèle Julien Trambouze, reporter et pigiste à Radio France International, et animateur sur le réseau local France Bleu. Arte Radio vient de reprendre sur ses ondes une enquête du journaliste, spécialiste des pays d'Europe centrale, qui explore et enregistre la Roumanie depuis plus de sept ans. Oreilles chastes s'abstenir… Pour payer ses études "Le soir à la TV, il y a souvent ces publicités pour des N° de téléphone en 08 90 pour "sortir avec une fille chaude": "Viens je t'attends", "tu aimes mon petit minou" et autres teasers assortis de mimiques vulgaires… Ni une ni deux, si vous composez le N° vous tombez sur une jeune fille fraîche qui se met à causer de "cul". Qui est-elle? Généralement, une étudiante vivant à Prague ou Bucarest et finançant ses études à l'aide d'un boulot d'appoint. Prenez Elena, par exemple. Etudiante en sciences politiques, Elena a longtemps travaillé dans un centre d'appel pornographique à Bucarest (Roumanie). Trois nuits par semaine, elle émoustillait ses clients français via le téléphone ou le net. Et son témoignage en live, sidérant de bonne humeur, a été enregistré sur Arte Radio qui dévoile les coulisses de cette étrange industrie. L'auteur du reportage, Julien Trambouze, explique: "Elena était une amie d'ami. A l'époque où elle a travaillé (quelques mois) dans le centre d'appel, elle ne se vantait pas trop de ce boulot. C'était pour payer ses études. J'ai mis plusieurs semaines à la convaincre de s'enregistrer sur son lieu de travail. Elle ne se préoccupait pas de l'image que ça renvoyait d'elle ("Un job un peu trashy dans un pays pourri", ce sont ses mots), mais davantage de perdre son travail si on découvrait qu'elle était enregistrée. J'ai donc décidé de lui poser un micro-cravate très discret et un petit enregistreur qu'elle devait glisser dans la poche." Enregistrement clandestin Plusieurs nuits de suite, Elena enregistre donc des bouts de dialogues "hot" qu'elle commente d'une voix flûtée. Son travail, essentiellement, consiste à flatter: "Je suis sûre que tu es un gars plein de douceur qui sait bien faire jouir les filles." "Oh, j'adore ton prénom, Antoine, il est très classe". Après quoi, Elena encourage: "J'aimerais bien que tu me dises comment tu caresses". Suivent des échanges aux propos crûs dont la jeune femme, se prêtant au jeu, ne s'offusque pas, attisant les fantasmes de son interlocuteur pour faire durer la conversation et son coût. Parfois, s'il se montre trop exigeant, elle le rabroue, "Je suis pas extra-terrestre moi", mais se rattrape aussitôt, l'entraînant dans des contrées étranges et prometteuses d'une voix innocente. Quand l'appel s'achève, Elena enchaîne sur un autre ou bien envoie des SMS. Parfois les deux en même temps. Le centre d'appel porno pour lequel elle travaille possède aussi un système de dialogue "pour trouver ta petite copine", ainsi que des webcams permettant à la fois de voir et de parler à une beauté de rêve. La plupart des webcams sont des montages habiles. La beauté, généralement, ne sait pas parler Français. C'est Elena, hors champ, qui fait du doublage de voix. Tandis que la strip-teaseuse se déshabille devant la caméra, elle traduit les messages du voyeur - "Il veut voir tes fesses" -, puis répond à la place de la fille, afin que l'illusion soit sauve: de l'autre côté de son écran, le client doit rester persuadé qu'il a affaire à d'authentiques voisines de palier. Dans ce centre d'appel, une usine à gaz, les mâles en chaleur font tourner la machine à raison de plusieurs centaines d'appel par jour. C'est du sex call industriel. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Savoir se faire respecter ! Insolite F in mars, à l'issue d'un match de ligue départementale dans le judet de Calarasi, remporté 2-1 par l'Unirea Dragalina sur le terrain du Conpet Stefan cel Mare, un des deux juges de touche, tancé par les spectateurs mécontents de ses décisions, a sorti un pistolet de son short et a tiré un coup de semonce en l'air ! Un des spectateurs a alors filmé la suite de son retour aux vestiaires, puis l'a envoyé au journal Gazeta Sporturilor, qui diffuse la vidéo où l'on voit les arbitres revenir aux vestiaires sous les menaces et les insultes de la foule. Les problèmes de corruption sont importants dans le football roumain, même dans les ligues inférieures, et les arbitres sont souvent victimes de représailles, parfois violentes, de la part des spectateurs voire des joueurs, tandis que la police s'occupe de moins en moins de ce genre d'affaires. Neuf joueurs aux urgences et 81 matchs de suspension pour une seule rencontre L a Fédération roumaine a infligé un total de 81 matches de suspension après les bagarres qui ont entraîné le samedi 11 avril l'arrêt prématuré de la rencontre Dinamo Bucarest-Constantsa. 7 joueurs du Dinamo ont été chacun suspendus pour 10 matches au plus et le club privé de deux matches à domicile. Le président du Farul Constantsa a été sanctionné pour 12 matches et deux joueurs georgiens du club pour respectivement 10 et 7 rencontres. Le match a tourné au pugilat après six minutes de jeu, les Bucarestois semblant concentrer leur agressivité sur les joueurs géorgiens de Constantsa. Six joueurs du Farul et trois du Dinamo ont été transférés aux urgences. Solution M aire d'Alexandru cel Bun (Alexandre le Bon), bourgade de 3000 habitants du judet de Neamt, Ion Rotaru pense avoir trouvé le moyen de boucher le trou du budget communal. Dès le vote de la loi dépénalisant la prostitution, il envisage de construire un "bordel" municipal, sur le modèle du quartier rouge d'Amsterdam, où des femmes proposent leurs charmes dans des vitrines, tirant le rideau dès qu'elles font affaire. L'édile compte sur le passage de la DN 15, l'une des routes les plus fréquentées du judet, conduisant de Bicaz à Piatra Neamt, pour attirer un maximum de clients. Huile de jambe E stimant que l'huile de jambe revenait moins cher que l'électricité, deux administrations publiques roumaines ont trouvé un nouveau moyen de réduire leurs dépenses en cette période de crise économique: limiter l'usage des ascenseurs à seulement quelques heures dans la journée. Cristian Roman, préfet du judet de Botosani (nord), a décidé que les ascenseurs ne fonctionneraient qu'entre 7h et 9h et 15h et 17h au siège de la collectivité territoriale ainsi que dans ses locaux, qui sont situés dans le même bâtiment. Le préfet a expliqué que la mesure permettrait de réduire la facture d'électricité. Environ 200 personnes travaillent dans l'immeuble de cinq étages. Le préfet montre lui-même l'exemple… Son bureau se trouve au rez de chaussée. Villa du quartier ultra-chic de Pipera à Bucarest ... après la crise ! Rendement L es 84 contrôleurs de bus de Iasi ont assigné en justice leur direction pour abus de pouvoir et harcèlement répressif. Ils lui reprochent de les obliger à faire du chiffre en dressant au minimum 3360 contraventions par mois aux fraudeurs, soit 40 chacun s'ils veulent toucher intégralement leur salaire. Si les objectifs ne sont pas atteints, celui-ci est réduit de 25 %, et au bout de trois mois… c'est la porte ! Au parfum D eux fois par semaine, les rues du centre de Baia Mare sont aspergées de solutions liquides lavantes parfumées, importées de Hollande. Au choix: pomme, sapin, citron, lavande, muguet, lilas, magnolia ou pamplemousse. Valer Simon, le gérant de la société qui a en charge le nettoyage de la ville, a emprunté cette idée à Salzbourg où il passait ses vacances voici deux ans. Il cherchait désespérément un moyen de chasser les odeurs pestilentiels qui planaient sur Baia Mare, envahie chaque année par des monceaux de détritus après la fête des châtaignes, l'emploi de l'eau de Javel se révélant inefficace. Dispositif anti-pipi U n bricoleur du judet d'Alba, Ioan Holom, qui a déjà à son actif plusieurs inventions brevetées, notamment dans le domaine médical, a mis au point un appareil anti-énurésie qui aide à résoudre le problème des enfants qui font pipi au lit. Celui-ci contient un système de diagnostic basé sur la mesure des bio-courants de l'organisme ainsi qu'une sonde que l'on place dans le pyjama de l'enfant et qui se met à sonner ou à vibrer dès les premières gouttes décelées. 33 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Cinéma SATUMARE l l SUCEAVA CLUJ l TARGU MURES l l TIMISOARA IASI l l ROMAN GALATI l BRASOV l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Lelouch va tourner à Buftea 34 A quatorze ans, après avoir vaincu l'Aconcagua, "Coco" rêve d'Everest l BISTRITA l ARAD La plus jeune championne mondiale d’alpinisme s'entraîne dans les Carpates Evénements "Au diable Staline, l ORADEA Le dictateur est mort et ce n'est Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Claude Lelouch a choisi de tourner une partie de son prochain film, "Ces amours-là", en Roumanie. Le tournage débutera au mois de juin prochain et se déroulera dans les studios Media Pro situés à Buftea, au nord de Bucarest. Le reste du film de Claude Lelouch sera tourné en France, à Beaune, ville dans laquelle il a déclaré récemment vouloir créer une école du cinéma. De ce prochain long métrage, le cinéaste a annoncé qu'il s'agira d'une "histoire unique dans l'histoire du cinéma", dans laquelle il intégrera des scènes de ses anciens films. Deux films roumains à Cannes "Souvenirs de l'époque dorée", un film collectif écrit et produit par Cristian Mungiu et "Policier, adjectif" de Corneliu Porumboiu ont été sélectionnés pour participer au prochain festival de Cannes, qui aura lieu du 13 au 24 mai. Les deux films vont concourir dans la catégorie "Un certain regard". Ionesco interdit de version roumaine A en croire Nicolae Manolescu, représentant de la Roumanie à l'Unesco, la fille du célèbre écrivain Eugène Ionesco, Marie-France Ionesco, refuse que les pièces de son père soient jouées en roumain. Dans un entretien accordé à Evenimentul Zilei, il précise qu'elle "est arrivée à l'idée que son père n'avait aucun lien avec la Roumanie et était un écrivain français". Le centenaire de Ionesco sera célébré en Roumanie, à la mimai, par une représentation, en allemand, de "La cantatrice chauve". L e cinéma roumain vient de nous proposer un nouveau petit bijou qui a fait sa sortie sur les écrans français en février. Nunta muta (La noce muette), dont le titre s'est transformé en France, pour des impératifs commerciaux, en Au diable Staline, vive les mariés, est le premier long métrage d'Horatiu Malaele, l'un des comédiens et metteurs en scène les plus populaires de Roumanie. Non seulement son film ne dépare pas les dernières grandes réussites du cinéma roumain, comme 4 mois, 3 semaines et 2 jours ou le magnifique California dreamin' de Cristian Nemescu, mais on serait de dire qu'il les surpasse par son originalité, son romantisme mêlé à son côté crû. Surtout, emprunté à un évènement authentique, il évoque l'une des époques les plus tristes et méconnues vécues par les Roumains au cours de leur histoire récente. Si ce film passe encore dans votre région, précipitez vous pour le voir. Voici ci-dessous, l'avis de deux critiques de cinéma. Truculences à la Kusturica sur l'occupation soviétique Après le tonique coup de fouet donné au cinéma roumain par “4 mois, 3 semaines et 2 jours”, de Cristian Mungiu (Palme d'or à Cannes en 2007) et des films comme “La Mort de Dante Lazarescu” ou 13h10 à l'est de Bucarest, "Au diable Staline, vive les mariés!" fable antitotalitaire nous ramène quelques années en arrière, à l'heure des chroniques de l'occupation communiste et des truculences à la Kusturica. A 56 ans, Horatiu Malaele (notre photo) signe là son premier film: c'est l'un des acteurs et metteurs en scène de théâtre les plus populaires du pays, également caricaturiste. Il travaille depuis dix ans au fameux Théâtre Bulandra de Bucarest, une institution. Son projet n'est pas de s'interroger sur la situation actuelle de son pays et les traces des lâchetés d'hier dans la société d'aujourd'hui, comme ses jeunes compatriotes, mais de glorifier la résistance de ceux qui osèrent rester fidèles à leur culture sous le joug soviétique. Le reportage d'une équipe de télévision dans un village où ne subsistent que des ruines et des vieilles apeurées est prétexte à un long flash-back, récit de ce qui arriva jadis, en 1953, à ces gens que l'on extermina avant de raser leurs maisons. A 14 ans, Crina Popescu, "Coco" pour son père, est devenue une icône de l'alpinisme roumain. Son dernier exploit, repris abondamment par la presse, a impressionné ses compatriotes. En décembre dernier, elle a été la première Roumaine, mais aussi la plus jeune alpiniste du monde, à gravir le Mont Ojos de Salado, plus haut volcan de la planète (6893 m), qui domine le désert d'Atacama au Chili. L'expédition a duré plusieurs jours, les températures passant de 30° à -20° pendant la nuit. La fillette faisait partie d'un groupe de quatre adultes, compatriotes aguerris à la montagne. Son père, Ovidiu, fut le premier à lâcher prise à 5200 m, n'arrivant plus à respirer, craignant un oedème pulmonaire et rejoignant finalement le camp de base. Un autre membre du groupe, Daniela, abandonnait peu après. Finalement Crina et son dernier coéquipier, Radu, continuèrent seuls la course, mais séparant leurs pas, celui de la fillette étant moins rapide. Dans son chemin solitaire, la jeune Roumaine croisa un couple d'alpinistes allemands qui avait renoncé et redescendait, puis ce fut au tour de Radu, victime aussi de troubles respiratoires et jetant l'éponge. "Papa, j'ai fait le sommet" Il était une fois… en Roumanie Il était une fois, donc, ce hameau peuplé de personnages à faconde, prompts à l'invective, en particulier au bistrot. Un cinéma ambulant s'installe sur la place, pour projeter un film à la gloire du camarade Staline. Les ventrus boivent sec, les volailles piquent un sprint et les hâbleurs en font des tonnes pour faire sentir leur mépris au maire collabo des Soviétiques pendant que les jeunes s'envoient en l'air dans les foins. Cette peinture haute en couleur de la vigueur tonitruante des mâles locaux est assez convenue, mais le film prend de l'intérêt quand il bascule dans le burlesque. Au moment même où l'un des fermiers du coin s'apprête à fêter les noces de sa fille avec un joli-cœur, un officier soviétique vient annoncer la mort de Staline et imposer une semaine de deuil national. Toute liesse et festin sont interdits. Le morceau de bravoure d'Au diable Staline, vive les mariés! est constitué par le banquet clandestin que les familles organisent en cachette, de nuit, dans une grange: une cène païenne où les musiciens sont condamnés au faire-semblant, les convives à la dégustation discrète et à la conversation muette. L'intrigue est tirée d'un fait divers réel. Elle s'impose en métaphore d'une Roumanie réduite au silence par les communistes, mais qui, si on l'empêcha de parler à haute voix, apprit à chuchoter pour rester elle-même et à prendre son asservissement avec humour. Laissée seule à elle-même à 6500 mètres d'altitude, dans les nuages puis le brouillard, Crina ne se découragea pas. En bas, le moral était tout autre. Ovidiu, bien que connaissant les capacités de sa fille, était de plus en plus rongé par l'inquiétude, d'autant plus que les batteries de la radio s'étant déchargées il n'arrivait plus à communiquer avec elle. Privée de conseils, la fillette décida pourtant de continuer, bien qu'ayant à escalader des murs de glace et des surplombs impressionnants, dont certains de plus de 50 m. Finalement, la jeune Roumaine réussit à franchir les derniers obstacles, s'installant sur le toit du volcan, tout juste quatre mètre carrés bordant un précipice vertigineux, pour souffler un peu. Couronnant son effort, la liaison radio put reprendre et Coco, annoncer triomphalement : "Papa, j'ai fait le sommet". C'était le dixième en quatre ans, Coco ayant déjà "vaincu" - entre autres - la Dent du Géant dans les Alpes (4014 m), alors qu'elle avait dix ans, le Mont Blanc (4810 m), le Mont Ararat en Turquie (5165 m), le Mont Kazbek au Caucase (5047 m), le Mont Damavand (5671 m) en Iran, réalisant le plus souvent des premières en temps que Roumaine ou plus jeune alpiniste du monde. Prise dans la tourmente A peine redescendue, et le temps de passer les fêtes, Coco décidait de s'attaquer, début janvier, au plus haut sommet d'Amérique, septième dans la hiérarchie mondiale, l'Aconcagua (6963 m). Refusant la facilité, elle prit la voie la plus dure, empruntant le passage du "Glacier polonais". La fillette se battit pendant quatre jours contre des conditions atmosphériques désastreuses, le massif étant balayé par des vents de neige, étant encore la première Roumaine et le plus jeune alpiniste mondiale à vaincre cette montagne prestigieuse, éprouvant une grande fierté en y plantant le drapeau de son pays (notre photo). Au cours de cette période, huit alpinistes argentins trouvèrent la mort, dont un sous ses yeux, Coco en découvrant un autre enfoui dans la neige après avoir succombé au froid quatre plus tôt. Ces drames ne l'ont pas dissuadée de continuer sa quête des sommets. Elle prépare activement son premier 8000 mètres, le Cho Oyu (8201 m) dans l'Himalaya. Les Carpates sont le terrain d'entraînement de la jeune Roumaine. Elle y parcourt au pas de course les neuf kilomètres séparant Rasnov, où elle habite, de Poiana Brasov, nageant, skiant, effectuant des parcours bi-cross, sans oublier les sept heures quotidiennes consacrées à ses études. Cela a un prix: Coco ne regarde jamais la télé, par contre elle dévore les livres qui tombent sous sa main. Cela a aussi un coût, malgré la participation des sponsors. Pour pouvoir payer les droits d'escalade de la dernière expédition, son père a vendu sa voiture. Mais à travers sa fille, Ovidiu Popescu réalise son rêve d'une vie plus saine. Il a vendu tout ce qu'il possédait à Bucarest voici une quinzaine d'années pour venir respirer l'air la montagne avec sa femme, dénichant une maison dans un journal de petites annonces. La venue au monde de Crina, en décembre 1994, ancra la volonté du couple de fonder une famille de montagnards. Le bébé apprenait à manier un piolet en même temps que marcher. A six ans, inscrite dans un cours d'alpinisme avec son père, les murs d'escalade et leurs prises n'avaient plus de secrets pour elle. A dix ans, elle s'attaquait à son premier sommet. Crina "Coco" a aussi ses rêves de jeune fille. Ils l'emportent au-delà des nuages et portent un nom: l'Everest. 19 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Evénements l BAIA MARE l SUCEAVA ORADEA l TARGU MURES l ZALAU ARAD l l IASI Gigi Becali met à mal l'indépendance des juges CHISINAU l BACAU l l BRASOV HUNEDOARA l FOCSANI l l PITESTI CRAIOVA l l l l PLOIESTI TULCEA n BUCAREST CONSTANTA l Séisme de 5,3 Richter dans le Vrancea 18 Le milliardaire se fait justice lui-même et se retrouve en prison Une secousse tellurique d'une mag-nitude de 5,3 sur l'échelle de Richter a été enregistrée le samedi 25 avril vers 20 h 20 locales en Roumanie, sans faire de victime ou de dégâts, a indiqué l'Institut sismologique de Buca-rest. L'épicentre du séisme a été localisé à 120 km de profondeur, dans la zone à haute activité sismique de Vrancea (Focsani). La secousse a également été fortement ressentie dans la capitale mais aussi à Chisinau (République de Moldavie) et au nord de la Bulgarie. Le dernier tremblement de terre enregistré par les sismogra-phes roumains a eu lieu le 2 mars dernier, toujours dans la région de Focsani (et a atteint un degré de 3,6 sur l'échelle de Richter. Un rapport de l'ONU, rendu public juste après le terrible tremblement de terre qui a frappé l'Italie, classe la Roumanie parmi les pays les plus exposés à un séisme de grande ampleur. Selon les experts, dans les 3 à 4 prochaines années, un tremblement de terre supérieur à 7 sur l'échelle de Richter pourrait toucher le pays. Incompréhension Près de 2000 curieux, dont beaucoup d'anciens et actuels employés de l'usine Dacia de Movieni-Pitesti, ont assisté, ébahis, à la destruction par implosion contrôlée du siège social historique de l'entreprise pour faire place à un parking d'une capacité de 600 véhicules. Le bâtiment de huit étages avait été construit en 1973 et nombre de Roumains n'ont pas compris la décision des patrons français de Renault-Dacia de faire disparaître ce qu'ils considèrent comme un symbole de leur industrie automobile. L e 2 avril dernier, la police a arrêté George "Gigi" Becali dans sa propriété de Pipera (nord de Bucarest) ainsi que six autres personnes, pour une affaire de règlement de comptes. L'affairiste et patron du Steaua Bucarest soupçonné de "privation de liberté illégale" a été emprisonné pour 28 jours reconductibles, dans l'attente de son procès, conformément à la législation roumaine. Fin janvier, il aurait séquestré trois hommes durant plusieurs heures, enlevés au préalable par ses gardes du corps, puis enfermés dans le coffre d'une voiture avant qu'ils ne soient conduits dans un immeuble de son quartier. Becali les accusait de lui avoir volé sa voiture et, mortifié qu'on ose s'en prendre à lui, aurait voulu leur donner une leçon. Double humiliation pour le milliardaire: toutes les caméras de télévision étaient là pour filmer son arrestation. L'affaire a occupé pendant plusieurs jours le devant de la scène médiatique, conduisant à des débordements, le Conseil national de l'audiovisuel (CNA) envisageant de sanctionner trois postes de télévision. La justice et le président Basescu - pourtant ami jusque là avec Becali - étaient montrés du doigt pour avoir instrumentalisé toute l'affaire afin de faire oublier leurs insuffisances dans la lutte contre la corruption ou de mettre un frein à ses ambitions politiques. Rameutant ses supporters du fond de sa cellule Du fond de sa prison, Gigi Becali a tout de suite rameuté les supporters du Steaua. Des dizaines de personnes se sont réunis devant le tribunal pour demander sa libération. Deux autobus ont notamment amené une cinquantaine d'habitants de Vadu Rosca, le village reconstruit par l'homme d'affaires à la suite des inondations de 2005. Sur les pancartes, on pouvait lire "Qui va nous aider maintenant ? Les sinistrés". A l'église de Pipera, les prêtres disaient prier pour le milliardaire. Malgré cette pression médiatique et sociale, les juges ont décidé une semaine plus tard de maintenir Becali en détention provisoire jusqu'au 2 mai, dans un premier temps. Des magistrats de tout le pays ont exprimé leur solidarité avec leurs collègues de Bucarest sur un forum Internet. Drapés dans leur dignité, tous ont souligné le fait qu'une décision de justice ne doit pas être discutée, même si chaque inculpé a droit à la présomption d'innocence. Pendant deux semaines, le milliardaire a remué ciel et terre pour obtenir sa libération, dépensant sans compter. C'est surtout sur le ciel que misait l'ancien berger ne pouvant imaginer que celui-ci abandonnerait une de ses brebis, alors qu'il a créé un parti politique, le PNG (Parti de la Nouvelle Génération) directement inspiré par Dieu. Plus l'échéance des fêtes de Pâques - le 19 avril - se rapprochait, plus sa colère grandissait à la perspective de les passer derrière les barreaux… A en devenir pathétique. "Même Barrabas a été libéré par les Romains, alors que moi on me fait endurer le calvaire du Christ" s'indignait-il à la veille du vendredi Saint. Ses juges ont-il été soudain touchés par la grâce divine du pardon ou bien faut-il chercher une raison plus prosaïque ? En tous les cas, Gigi Becali est sorti libre de sa prison quelques heures avant que ne commencent les cérémonies pascales. Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte vraiment pas le moment de faire la noce vive les mariés !" Cette séquence pourrait rester mythique, comme celle du Festin de Babette. Une ode au bien-manger et à la liberté de s'offrir un minimum de plaisir, parenthèse conviviale dans une vie d'austérités. Bruits de bouche, gag de la mouche, mimes d'engueulades et d'applaudissements, téléphone arabe, paillardises plus ou moins mal étouffées. La tristesse de la mariée va transformer cette liesse furtive en provocation et la noce en deuil. Jean-Luc Douin (Le Monde) Entraînés dans la vie simple d'un village roumain en 1953 R oumanie, de nos jours. Une équipe de tournage arrive dans un village isolé pour un reportage sur des phénomènes paranormaux. A la surprise de tous, seules de vieilles femmes en deuil habitent ce village. Quelle est donc leur histoire ? Roumanie, 1953. Ana et Iancu sont sur le point de se marier. Tout le village s'atèle aux préparatifs de la noce. C'est un véritable festin qui attend tous les convives. Alors que la fête bat son plein dans le jardin de la maison, le maire du village et le commandant du régiment font irruption pour annoncer la mort de Staline ainsi qu'une semaine de deuil national prenant effet sur le champ. Toutes les festivités sont interdites. Malgré l'interdiction, les mariés et leurs invités feront preuve d'ingéniosité pour poursuivre la fête... Ce film est difficilement classable tant il mélange les genres: il est aussi drôle que violent, aussi émouvant que grossier. Et pourtant, l'ensemble est cohérent: un village où chaque personnage joue un rôle bien précis. Nous retrouvons donc la prostituée, le maire collabo, le nain, la belle et le beau gosse suivis de près par les familles respectives. Cette reconstitution peut paraître de prime abord un peu caricaturale. Néanmoins, chacun prend sa place, la petite ville s'éveille sous nos yeux, et on les suit de la maison où les femmes ne se laissent pas bousculer par leurs hommes, au bistrot où chacun se retrouve pour boire une tsuica dans la journée. Les deux tourtereaux ont une belle fraîcheur et on croit à leur histoire et à ce mariage décidé à la va vite. D'ailleurs, la moitié du long métrage se situe avant la noce. Le réalisateur nous entraîne dans cette vie simple d'un village roumain en 1953. Bien que ce soit son premier film, Horatiu Malaele est un artiste reconnu en Roumanie en tant que comédien, metteur en scène de théâtre ou encore caricaturiste. On le sent ainsi plutôt à l'aise avec la caméra comme le montre l'arrivée du cirque, un joli moment de poésie qui rappelle étrangement Big Fish de Tim Burton. Poésie et résistance à l'ombre du totalitarisme Horatiu Malaele a su distiller cette poésie tout au long de la pellicule et l'une des dernières scènes, cet homme volant enfin vers un monde meilleur est peut être le moment le plus fort du film, celui où l'on se rend compte que dans une telle dictature, on ne peut pas s'en sortir autrement qu'en fuyant ou qu'en se soumettant. Le drame est là: ce contexte historique est sans cesse rappelé par Malaele qui dans chaque phrase fait sentir l'ombre du totalitarisme. Pourtant, la résistance existe bel et bien: ces villageois qui se voient refuser le bonheur de marier deux de leurs enfants décident malgré tout de célébrer les noces. Et d'une bien curieuse manière ! La scène du repas tient du burlesque. Elle est vraiment réussie et nous ramène tous en enfance au temps où on jouait au téléphone arabe en classe. Mais la violence resurgit au moment où on s'y attend le moins. Le film est ainsi émaillé de cet héritage bien réel que la Roumanie tente d'oublier: la politique de l'URSS brisa les pays de l'Est et Horatiu Malaele nous le remet en mémoire. Iris Gaillardet (www.commeaucinema.com) "Au diable Staline, vive les mariés !" Film roumain d'Horatiu Malaele avec Meda Vic. Né en 1952 à Târgu Jiu, Horatiu Malaele est l'un des comédiens et metteurs en scène de théâtre les plus populaires en Roumanie. Il travaille depuis plus de dix ans au sein du prestigieux Théâtre Bulandra, de Bucarest, que l'on pourrait comparer au Théâtre de l'Odéon à Paris. Il y a monté et interprété les grands auteurs, de Tchekhov à Goldoni, de Ionesco à Molière. Il a également été l'interprète de plusieurs récitals poétiques. Horatiu Malaele a tourné dans plus de 50 films roumains, apparaissant également dans Amen de Costa Gavras, en 2002. Il est aussi caricaturiste: ses quelques 3000 portraits ont été l'objet de plus de trente expositions en Roumanie comme à l'étranger. Au diable Staline, vive les mariés ! est son premier film comme réalisateur. 35 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Photos Les NOUVELLES de ROUMANIE Napoléon III et les Principautés Roumaines au musée du château de Compiègne Invitation au voyage Exposition l BAIA MARE l l IASI l CLUJ l SUCEAVA TARGU MURES l ARAD IPOTESTI l l ORADEA BRASOV l l SIBIU TIMISOARA GALATI l l BRAILA PLOIESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l Du 7 au 9 août hommage à Eminescu chez lui, à Ipotesti 36 Depuis plus d'une décennie Claude Pernin, l'organisateur des Rencontres franco-roumaines de Sète, et ses amis de l'association Dacia-Méditerranée, ont tenu la gageure de faire mieux connaître la culture roumaine contemporaine au public français, jouant un rôle de précurseurs. Par leur intermédiaire, de nombreux artistes, écrivains, cinéastes, comédiens, tous hommes et femmes de grand talent, reconnus en Roumanie, mais méconnus, voire inconnus dans les pays francophones, ont eu l'occasion de s'y faire apprécier et d'être découverts par la suite par un public plus large. Ces Rencontres ont offert des moments exceptionnels et uniques en France par leur richesse et leur variété permettant au public et aux spectateurs d'approcher des noms de la culture roumaine aussi célèbres que les écrivains Dumitru Tsepeneag, Jean Cuisenier, Mircea Dinescu, Mircea Cartarescu, les cinéastes Lucian Pintilie, Nae Caranfil, et toute la nouvelle génération des metteurs en scène roumains primés de Cannes à Venise, les comédiens et hommes de théâtre Dan Puric et Matei Visniec. Mais aussi, elles ont permis de partir à la découverte de la culture de régions entières, comme le Delta du Danube. (Suite page 38) A l'occasion du 200ème anniversaire de la naissance de Napoléon III, le Musée National d'Art de Roumanie et le Château de Compiègne organisent, en liaison avec l'Ambassade de France, l'Institut français de Bucarest et le Ministère de la Culture et des Cultes, une exposition sur le thème "Napoléon III et la Roumanie". Celle-ci qui s'est tenue à Bucarest est visible au musée du château de Compiègne, depuis le 20 mars dernier jusqu'au 29 juin. Napoléon III a joué un rôle essentiel dans la naissance de la Roumanie moderne. C'est en 1856, après la victoire de l'Empereur des Français dans la guerre de Crimée, que le Congrès de Paris a levé le protectorat russe sur les principautés roumaines. Tout en reconnaissant la suzeraineté ottomane sur la Valachie et la Moldavie, le traité de Paris plaçait les deux principautés sous protection des puissances européennes, et notamment de la France. En outre, la Valachie et la Moldavie se voyaient reconnaître le droit de convoquer des assemblées pour décider de leur organisation future. Il s'agissait du premier pas vers l'Union de 1859 et la création de la Roumanie moderne. L'exposition offre une occasion unique de se pencher sur le rôle du souverain français dans l'unification des principautés roumaines et sur les débuts de l'histoire moderne de la Roumanie. Elle s'articule autour de 5 thèmes principaux, en évoquant tout d'abord les occidentaux ayant voyagé en Moldavie et en Valachie aux XVIIIe et XIXe siècles; elle rappelle ensuite la mobilisation des intellectuels français pour la question de l'union des Principautés. L'implication personnelle de Napoléon III dans la question d'Orient est illustrée par l'évocation de la guerre de Crimée et du Traité de Paris en 1856. La francophilie des premiers dirigeants des principautés unies - Alexandru Ion Cuza et Charles de Hohenzollern-Sigmaringen (le futur Carol Ier) - est illustrée par des objets personnels et des témoignages de leurs séjours en France. L'exposition universelle de 1867 à Paris représente une étape décisive pour la reconnaissance des principautés unies sur la scène internationale. Dans le domaine artistique aussi, les rapports entre la Roumanie et la France sous le Second Empire sont explorés par des parallèles entre tableaux roumains et tableaux français. Sont ainsi réunies plus de 200 pièces provenant de collections publiques roumaines et françaises ainsi que de collectionneurs privés. De nombreuses œuvres attireront l'attention: les portraits de Napoléon III et Eugénie en tapisserie des Gobelins d'après Winterhalter; des objets français ayant appartenu à Cuza et à Charles de Hohenzollern, les séjours de ce dernier à Compiègne et à Paris avec la reconstitution d'une partie de son appartement à Compiègne et sa visite à l'Opéra; l'affirmation des principautés unies sur la scène internationale à l'exposition universelle de 1867 avec plusieurs pièces du trésor de Pietroasa prêtées par le musée national d'histoire de Roumanie; la confrontation entre artistes roumains et français notamment Grigorescu et Millet; enfin, quelques personnalités roumaines acteurs de la vie artistique parisienne, notamment Georges de Bellio, qui acquit une importante toile de Monet, La rue Montorgueil, fête du 30 juin 1878, prêtée par le musée d'Orsay. Napoléon III et les Principautés Roumaines au Musée du château de Compiègne, jusqu'au 29 juin Nombre de nos lecteurs auront la chance de retrouver la Roumanie cet été, certains prenant le chemin du Maramures. Ils en trouveront un avant-goût dans notre dossier spécial en fin de numéro et pour ceux qui restent, cette invitation au voyage... 17 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Mesures en faveur des chômeurs Social BAIA MARE SUCEAVA IASI TARGU MURES l ORADEA l l l BRASOV l l PITESTI CRAIOVA l FOCSANI GALATI l SIBIU TIMISOARA l BRAN BRAILA l l l TULCEA l n CONSTANTA BUCAREST l Les chiffres 16 Littérature Connaissance et découverte "Transfiguration de la Roumanie" enfin traduit dans son intégralité Le péché de jeunesse que Cioran préférait oublier l BACAU l l ARAD l CHISINAU l Les NOUVELLES de ROUMANIE Population: 21 542 000 habitants Superficie: 238 391 km 2 PIB estimé pour 2008: 139 milliards d'euros (+5,8 %) Croissance en % du PIB en 2008: 8,5 % (moyenne UE: 0,9 %) Croissance estimée en 2009: - 4,5 % PIB/habitant : 6465 € (indice: 44,3 sur la base UE de 100) Production industrielle: +5,4 % Déficit public en % du PIB en 200: 2,6 % (UE: 0,9 %) Dette publique en % du PIB en 2007: 12,9 % (UE : 58,7 %) Taux d'inflation en 2008: +7,9 % (UE: 3,7 %) Chômage en % de la population active en 2008: 5,8 % (UE: 7 %). En janvier: 5,3 % (UE: 7,6 %) Salaire moyen net: 320 € (+ 23,2 %) -Le plus élevé (finances): 966 € -Le plus faible (bois): 181 € Salaire minimum net: 150 € (employés), 285 € (cadres) Retraite mensuelle moyenne: 150 € Minimum vieillesse: 75 € Espérance de vie (hommes/femmes): 68-75 ans Moldavie* : Population: 4 350 000 habitants Population émigrée: 25 % Population sur place: 3 250 000 Superficie: 33 700 km 2 PIB: 7,2 milliards d'euros (+ 4 %) PIB/habitant: 2110 € Inflation: 12,7 % Salaire minimum: 58 € Salaire moyen: 170 € à Chisinau, 80 € dans le reste du pays Chômage (chiffre officiel) : 8 % Espérance de vie (hommes/femmes): 62-70 ans *Chiffres donnés sous réserves P ar ordonnance d'urgence, le gouvernement roumain a mis en place diverses mesures pour les personnes directement affectées par la crise économique, comme ceux qui ont déjà perdu leur emploi ou ceux qui risquent de le perdre. L'indemnisation chômage : tous les chômeurs (actuels ou en devenir d'ici le 31 décembre 2009) vont pouvoir bénéficier d'une prolongation de 3 mois de leur indemnisation. Pour rappel, les indemnisations chômage sont calculées en fonction du temps travaillé, comme suit : - 6 mois pour les personnes ayant cotisé moins d'un an; - 9 mois pour les personnes ayant cotisé moins de 5 ans ; - 12 mois pour les personnes ayant cotisé plus de 10 ans. Exonération partielle des contributions aux assurances sociales: certaines sociétés, affectées par la crise, vont devoir interrompre temporairement leur activité. Pendant cette période, les salariés resteront chez eux mais pourront percevoir 75% de leur salaire de base. Pour ces salariés, mais également pour leurs employeurs, le gouvernement a décidé d'accorder une exonération du paiement des cotisations aux assurances sociales (contribution pour les assurances sociales, l'assurance chômage, les assurances en cas d'accident du travail, contribution au fonds de garantie pour le paiement des créances salariales et contribution pour les assurances de santé), sur une période de maximum 3 mois. Cette exonération n'affectera en aucun cas la qualité d'assurés des salariés visés par la mesure de l'exécutif roumain. En ce qui concerne l'indemnisation de 75% du salaire de base accordée aux salariés dont le contrat de travail aura été temporairement interrompu, celle-ci sera exonérée d'impôts pour une somme correspondant à l'équivalent de 3 mois de suspension d'activité. Suppression des primes et autres gratifications des fonctionnaires publics: à noter par ailleurs qu'étant donné la crise, pour 2009 le gouvernement envisage de supprimer pour les salariés du secteur public les primes et autres gratifications salariales qui se rajoutaient au salaire. Cette mesure regarde l'ensemble des fonctionnaires publics des administrations centrales et locales, professeurs, médecins de l'assistance publique, etc. En pratique, toutes ces primes pouvaient parfois doubler, tripler voire quadrupler le salaire de base. Ces mesures, pas encore votées, créent actuellement de nombreuses réactions négatives de la part des syndicats des salariés du secteur public. Informations transmises par le cabinet d'avocats Dana Gruia Dufaut; e-mail: [email protected] Médicaments moins chers pour les retraités D epuis le 1er mars, les retraités les plus pauvres - disposant d'une retraite de 600 lei (140 €) maximum - bénéficient d'un remboursement de 90% sur le prix des médicaments. Près de 3 millions de retraités devaient ainsi payer beaucoup moins chers les traitements dont ils ont besoin qui jusqu'à présent étaient remboursés à 50% (ce qui reste le cas pour les retraités bénéficiant d'une retraite mensuelle supérieure). Inspections en vue de Schengen U ne délégation d'experts européens a entamé le 23 mars la première visite d'évaluation Schengen en Roumanie, alors que le pays espère rejoindre cet espace de libre circulation en 2011. La Roumanie, qui a rejoint l'UE le 1er janvier 2007, doit accueillir plusieurs visites de ce genre en 2009 et 2010, pour des évaluations dans les domaines de la protection des données privées, des visas, des frontières et des collaborations entre polices. Un rapport doit être présenté devant le Conseil de l'UE, l'organisme qui approuve l'élargissement de l'espace Schengen qui inclut 25 pays où les contrôles d'identité aux frontières ont été supprimés. ioran avait 22 ans lors de l'accession d'Hitler au pouvoir. Un Cahier de l'Herne longtemps attendu éclaire la personnalité de l'auteur de Précis de décomposition. Marquant l'importance que l'écrivain et philosophe de langue française mais d'origine roumaine occupait dans la pensée du XXème siècle, Le Figaro et Libération ont consacré une large place à cet évènement. Notre dossier complet sur cet évènement littéraire. "Certains esprits délicats s'accordent pour faire l'éloge des petites nations, sûrs que leurs proportions empêchent leurs habitants de céder à la volonté de puissance. Au cœur des années 1930, alors que s'annonçait le choc des empires, ce fut le cas de jeunes fédéralistes comme Denis de Rougemont, Alexandre Marc et d'un certain nombre de ceux que Jean-Louis Loubet del Bayle a baptisé les "non-conformistes des années 1930". Ces jeunes gens nés au début du XXe siècle qui animaient des revues avec l'ambition de renouveler la pensée politique française et européenne auraient été étonnés de savoir qu'ils avaient un cousin des Carpates qui lisait Nietzsche, Bergson, Spengler, Moeller van den Bruck, Ortega y Gasset et Keyserling en se posant sensiblement les mêmes questions qu'eux: Qu'est-ce que la culture?, Qu'est-ce que le nihilisme?, L'Histoire a-t-elle un sens?, Le destin des empires est-il la guerre?, Pourquoi les civilisations sont-elles mortelles? Ils auraient été plus étonnés encore de savoir que la naissance d'Emil Cioran dans un village de Transylvanie et son appartenance à la petite nation roumaine ne l'avaient pas rendu imperméable à l'idéologie de la démesure et de la destruction qui sévissait alors en Allemagne. C "J'ai considéré de mon devoir de supprimer certaines pages" Cioran avait vingt-deux ans au moment de l'accession d'Hitler au pouvoir. À l'automne 1933, une bourse d'étude lui a permis de se rendre à Berlin. Étrangement, ce misanthrope subtil, lecteur de Dostoïevski et des moralistes français cède à la fascination. "Je m'enthousiasme même pour l'ordre politique ici", écrit-il à Mircea Eliade. Après un séjour à Munich et un premier voyage en France, Cioran publie Sur les cimes du désespoir en 1934 puis Le Livre des leurres et Transfiguration de la Roumanie en 1936. Repris dans le volume de ses Œuvres paru chez Gallimard, les deux premiers livres étaient bien connus des amateurs du vieil écrivain solitaire de la rue de l'Odéon. On y découvre les fondations d'une œuvre que Cioran, exilé de Roumanie en 1941 et resté apatride jusqu'à sa mort, le 20 juin 1995 à Paris, a donnée en français à partir du Précis de décomposition (1949). Mais Transfiguration de la Roumanie est resté le péché de jeunesse que Cioran préférait oublier. À Bucarest, une version expurgée a été rééditée en 1990, avec une préface de l'auteur: "J'ai considéré de mon devoir de supprimer certaines pages prétentieuses et stupides". Le livre de toutes les tentations: du fascisme au collectivisme en passant par le désespoir Grâce aux Éditions de l'Herne, animée pendant trente-cinq ans par Constantin Tacou, auquel a succédé sa fille Laurence, cet objet de scandale paraît aujourd'hui en français dans son intégralité. C'est un document historique et littéraire de première importance. Il faut le lire comme la confession brûlante d'un jeune désespéré marqué par la lecture du Déclin de l'Occident d'Oswald Spengler, à la fois révolté d'être né dans un pays sans Histoire, aveuglé par le mirage totalitaire et contaminé par les théories antisémites. Transfiguration de la Roumanie est le livre de toutes les tentations: tentation fasciste, tentation anarchiste, tentation nihiliste, tentation collectiviste, tentation du désespoir. Mais le jeune Cioran n'est pas Céline ou Rebatet et Transfiguration de la Roumanie n'est pas Bagatelles pour un massacre. C'est un livre traversé par des influences complexes qui annonce les livres à venir tels que les rédacteurs du Cahier de l'Herne se sont attachés à les éclairer. Intitulé Collectivisme national, c'est le chapitre IV qui témoigne de l'antisémitisme communément partagé dans la Roumanie où paradait la Garde de fer de Corneliu Codreanu. Antisémitisme que Cioran a révoqué avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, comme Maurice Blanchot et Claude Roy, autres non-conformistes des années 1930 marqués par le préjugé antijuif. On ne peut pas lire Transfiguration… sans lire De la France, texte rédigé par Cioran en roumain en 1941 (notre photo: Cioran à cette époque) dans lequel il célèbre la mesure de la France et la France comme mesure. Contre les sombres délices de la nuit de Walpurgis et les bruyantes fureurs du nihilisme, Cioran choisit la clarté et la sourdine classique. L'art de la conversation contre le génie de la race, la culture contre la nature, la proportion contre la démesure. Cioran a trente ans. Il a tranché le nœud de ses contradictions". Sébastien Lapaque (Le Figaro) Transfiguration de la Roumanie d'Emil Cioran traduit du roumain par Alain Paruit, L'Herne, 344 p., 19 €. De la France d'Emil Cioran traduit du roumain par Alain Paruit, L'Herne, 80 p., 9,50 €. Cahier "Cioran" sous la direction de Laurence Tacou et Vincent Piednoir, L'Herne, 540 p., 39 €. En librairie depuis le 3 avril. 37 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Retour Littérature l BAIA MARE l SIGHET l l l ARAD BISTRITA ORADEA l CLUJ l CHISINAU l C IASI TARGU MURES l TIMISOARA SIBIU BRASOV GALATI l l BRAILA CRAIOVA l n l CONSTANTA BUCAREST l (suite de la page 36) Trois jours intenses et logement chez l'habitant 38 La crise pourrait faire un million de nouveaux pauvres l l l Social Précis d'expiation IPOTESTI l SUCEAVA Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Pour leur quatorzième édition, Claude Pernin a proposé aux Rencontres de se décentraliser en Roumanie, plus exactement à Ipotesti, le village natal d'Eminescu, à 7 km de Botosani, dans le nord de la Moldavie. Du 7 au 9 août, de nombreux artistes, écrivains et autres intervenants qui ont contribué au succès des éditions ultérieures des Rencontres se retrouveront pour un hommage exceptionnel au poète national roumain. Causeries, conférences avec des spécialistes - toutes en français - dont les thèmes ne se limiteront pas à Eminescu mais seront élargis à la Roumanie d'aujourd'hui, visites, se succèderont au cours de ces trois journées ouvertes au public franco-roumain et bien sûr aux Français de passage qui auront pris la précaution d'annoncer leur présence. Le programme n'est pas encore définitivement arrêté, Claude Pernin devant jongler avec les subventions promises dont certaines se sont rétrécies avec la crise. Le Sétois, habitué à ce genre de péripéties, s'est envolé dernièrement en Roumanie pour y mettre la dernière main. Tout devrait être réglé dans la seconde quinzaine de mai. Il sera alors très prudent de réserver sa place, d'autant plus qu'un hébergement chez l'habitant est prévu. Pour plus d'informations : Association Dacia - Méditerranée B.P. 353, 34204 SETE Cedex Tél/rép/fax : 00 33 467 74 23 55 [email protected] www.dacia-mediterranee.org 'était sa part maudite, la face longtemps cachée d'un philosophe d'origine roumaine que sa maîtrise de la phrase française autant que sa misanthropie ont inscrit comme l'un des principaux héritiers des moralistes du grand siècle. Le remord de ses égarements de jeunesse a sans cesse rongé Emil Cioran, même s'il ne l'évoquait qu'à demi-mots dans sa correspondance ou ses cahiers par des formules lapidaires - "la source d'un écrivain ce sont ses hontes" - ou des aphorismes désabusés: "En tout homme sommeille un prophète et quand il se réveille il y a un peu plus de mal dans le monde." Fasciné par Spengler et Nietzsche, le jeune intellectuel complexé par sa petite Roumanie natale - "une géographie et non pas une histoire" - s'enthousiasme pour le nazisme à l'automne 1933 alors qu'il est étudiant boursier à Berlin, suivant les cours de Heidegger. Il clame son "admiration" pour Hitler. Il appelle à "une croisade terrible et impétueuse contre la pourriture humaine". Cioran affiche ses sympathies pour les fascistes roumains, les "légionnaires" de la Garde de fer, nervis ultranationalistes à l'antisémitisme virulent, unis par le culte de la violence et le dévouement fanatique pour leur chef, "le capitaine" Corneliu Codreanu, finalement tué en 1938 par la police. Dans un article accablant de bêtise dévote, Cioran saluait "ce mort qui a répandu un parfum d'éternité sur notre fange humaine". C'était en 1940, les légionnaires étaient encore Cioran, à droite, en tenue de légionnaire, ici derrière tout puissants. Quelques semaines plus tard ils “le capitaine” Corneliu Codreanu. furent écrasés par le dictateur Antonescu, allié des nazis. Emil Cioran fuyait à l'ambassade roumaine auprès du régime de Vichy. "Le malheur est le fait des jeunes" Le philosophe avait toujours refusé la facilité d'une repentance publique, préférant une longue expiation silencieuse. Quelques pages manuscrites, retrouvées après sa mort par sa femme, Simone Boué, montrent comment il a disséqué sans complaisance ses errements passés. "Ainsi il m'advint bien avant la trentaine de faire une passion pour mon pays, une passion désespérée, agressive, sans issue qui me tourmenta pendant des années. […] Je le voulais puissant, démesuré et fou comme une force méchante, une fatalité qui ferait trembler le monde, et il était petit, modeste, sans aucun des attributs qui constituent un destin", écrivait Cioran dans "Mon pays", texte datant des années 50, peu après la sortie de son célèbre Précis de décomposition. "Mon pays" est un soliloque implacable. "On n'est libéral que par fatigue, démocrate que par raison. Le malheur est le fait des jeunes. Ce sont eux qui promeuvent les doctrines d'intolérance et les mettent en pratique ; ce sont eux qui ont besoin de sang, de cris, de tumultes, de barbarie. A l'époque où j'étais jeune, toute l'Europe croyait à la jeunesse, toute l'Europe poussait la jeunesse à la politique, aux affaires de l'Etat", souligne Cioran dans ces notes restées jusqu'ici en grande partie inédites, et publiées dans le magnifique numéro des "Cahiers de l'Herne" sur Cioran. Exilé à Paris l'écrivain a trouvé une nouvelle patrie dans la langue française, épurée et logique, pour juguler ses pulsions et folies antérieures. "Le Balkanique bouillait en lui, y compris pour le pire" "S'il est un très grand auteur français, Emil Cioran est toujours resté roumain, même si on veut trop souvent l'oublier, et le Balkanique bouillonnait en lui y compris pour le pire", explique Laurence Tacou, maître d'œuvre avec Vincent Piednoir de ce L e nombre de personnes pauvres en Roumanie poursant temporairement à 20 % en 1996, reprenant son inexorable rait doubler d'ici à la fin de la crise économique ascension à plus de 30 % entre 1997 et 2000. selon une étude de l'Institut de recherche sur la quaLa croissance économique des dernières années n'a pas lité de vie de Bucarest. Actuellement, environ 50 000 pour autant fait disparaître les disparités de niveau de vie, bien Roumains perdent leur emploi chaque au contraire elle les a creusées au rythmois, les autorités prévoyant 800 000 me de 5 % l'an, si on compare les 20 % chômeurs à la fin de l'année, certaines des revenus en haut de l'échelles aux sources parlant de un million. Ainsi, 20 % situés en bas. De même, les 400 000 Roumains pourraient voir leur inégalités entre régions sont toujours niveau de vie sérieusement affecté en aussi marquées. La pauvreté est trois 2009 et passer sous le seuil de pauvrefois plus élevée en Moldavie (un quart té et, au total, plus d'un million en des pauvres) et en Olténie (la moitié) 2010. Le taux de pauvreté progresseque dans la capitale et dans les grandes rait alors de 5,7% de la population en villes où le revenu moyen est de 50 % 2008 à 7,4% en 2009 et à 9-10 % l'an plus grand que la moyenne nationale. prochain, un taux qui reste toutefois D'après la Banque Mondiale, 80 % “Voici les dernières consignes largement inférieur à celui enregistré pour ces temps de crise: tu manges de la population du globe vit avec les jours pairs... et moi les jours impairs” (Vali). moins que le nécessaire, soit dix dolpendant la transition (35,9% en 2000). En 2008, on dénombrait 1,25 million de personnes vivant lars par jour, 3 milliards de personnes devant se débrouiller sous le seuil de pauvreté*, leur nombre pourrait atteindre 1,65 avec moins de 2,5 dollars et 900 millions avec moins d'un dolmillion d'ici la fin de l'année et 2,25 millions en 2010. Malgré lar, en Afrique sub-saharienne, Asie du Sud Est et Amérique cette prévision pessimiste, le nombre de pauvres devrait être latine. Les pays riches ne sont pas épargnés : une pauvreté quainférieur de 750 000 à celui de 2006 (13,6 %) époque où la lifiée de sévère touche 20 % des Espagnols, 14 % des Roumanie était pourtant en plein boom économique et où 3 Britanniques, 12 % des Américains, 11 % des Canadiens et des millions de Roumains étaient classés dans cette catégorie. Le Allemands, 6 % des Français et des Autrichiens, 4 % des pourcentage des Roumains vivant sous le seuil de pauvreté, Norvégiens. estimé à 35,9 % de la population en 2000 - record absolu *Sont considérés comme vivant sous le seuil de pauvreté soit 8 millions de personnes, était peu à peu descendu à 28,9 en Roumanie, les personnes seules disposant de moins de 65 % en 2002, et 18,8 % en 2004. A la chute du communisme, il €/mois, les couples (120 €), les familles avec un enfant était de 7 %, affectant un quart des Roumains en 1995, bais(145 €), avec deux enfants (170 €), etc. A savoir Un climat explosif à venir Selon de nombreux experts, cités par la revue britannique The Economist, la Roumanie figure parmi les pays les plus exposés à une instabilité sociale importante, du fait de la crise. Le ralentissement économique, la montée du chômage, ainsi que le contexte politique - 2009 est une année électorale avec les présidentielles en décembre prochain - pourraient déclencher des manifestations spontanées et violentes. Les experts appuient aussi leurs analyses sur le passé roumain, mettant en avant les révoltes politiques et manifestations violentes des années 1990. L'insatisfaction croissante de la population et l'absence totale de confiance dans les institutions et les politiciens risqueraient également de favoriser des élans de colère, toujours selon The Economist. Des retraites minimum de 350 lei en 2009 Le gouvernement s'est engagé à garantir des retraites minimum de 300 lei (70 €) par mois à partir d'avril et de 350 lei (80 €) dès le mois d'octobre de cette année. Plus de 800.000 personnes devaient bénéficier de cette mesure dès mainteant, et un million en octobre, l'effort budgétaire étant chiffré à 200 millions d'euros. Fonctionnaires: primes limitées à 30 % du salaire Le Premier ministre Emil Boc a annoncé que la loi relative à la salarisation unique des fonctionnaires sera adoptée d'ici à la fin de l'année. Il a réaffirmé que cette nouvelle loi allait limiter la part des primes à 30% maximum du salaire; les primes de nuit et d'ancienneté ne seront pas affectées. Il a par ailleurs déclaré que seuls les fonctionnaires ayant de faibles salaires allaient bénéficier cette année d'une augmentation salariale, les autres vont voir leurs salaires gelés. Enfin, Emil Boc a confirmé que des réductions de personnel seraient bientôt décidées, notamment dans les ministères et les agences gouvernementales. Les femmes au four et au moulin Une enquête révèle que les femmes roumaines travaillent en moyenne 76 heures par semaine, contre 60 heures pour leurs congénères européennes, ce qui constitue le record dans l'UE. Les Roumains, eux, travaillent 60 heures contre 55 heures pour leurs homologues du Vieux continent. 15 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Social l l ARAD l ORADEA CLUJ l l BAIA MARE l Le FMI préconise la retraite à 70 ans en 2050 SUCEAVA TARGU MURES l IASI l INEU BRASOV l l SIBIU TIMISOARA BÂRLAD GALATI l l PLOIESTI CRAIOVA l l n BUCAREST l TULCEA CONSTANTA l 20 km d'autoroute pour Colas Colas Romania, filiale de Colas en Roumanie, vient de signer le contrat de conception-construction d'une section d'autoroute de 20 km entre Cernavoda et Medgidia, incluant 3 ponts dont un viaduc de 840 m de longueur. D'un montant de 150 millions d'euros, ce contrat complète la branche sud du Corridor Paneuropéen IV reliant Bucarest à la Mer Noire. Les travaux débuteront à l'été 2009 et dureront 24 mois. 14 Les Roumains devront travailler jusqu'à la mort… Routes saturées Le nombre de voitures circulant sur les routes roumaines a crû de 70 % ces 4 dernières années, entraînant une saturation de 1000 km de routes nationales, plus d'un millier d'autres étant fréquentées par environ 20 000 véhicules chaque jour, seuil qui devrait entraîner le doublement des chaussées concernées ou leur élargissement. Mais les gouvernements successifs ont repoussé puis abandonné les projets de construction de voies expresses, promettant des autoroutes qui n'ont toujours pas vu le jour. Des trous sur 60 000 km de routes Environ 60 000 km de routes sont usagées et pleines de trous relève l'Institut National de la Statistique roumain. Seulement 23 000 km sur les 82 000 que compte le pays, soit à peine un quart, ont été modernisés, souvent seulement pour recevoir un nouveau revêtement, sans garantie de qualité pour les automobilistes et de durée. Plus de 60 % des routes ont un revêtement dont la durée de service est dépassée. L a Roumanie compte actuellement 4,69 millions de retraités et 4,7 millions de salariés. Et ce rapport, presque à l'équilibre, va vite basculer en faveur des retraités qui vont représenter une part de plus en plus importante de la population dans les prochaines années. Une situation qui met en péril le système de retraite roumain, que le FMI souhaite de toute façon voir réformé. La Banque mondiale a livré son diagnostic et proposé une solution: la retraite à 70 ans. Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu Bucarest: l'emprunt accordé à la Roumanie sera conditionné à la mise en place de réformes économiques, parmi lesquelles la réforme du système de retraite. Quelques jours à peine après la signature de l'accord qui prévoit que la Roumanie recevra 19,95 milliards d'euros (tous prêts confondus), la Banque mondiale, qui contribue à hauteur de un milliard d'euros, a déjà livré ses premières recommandations au gouvernement. Des recommandations qui pourraient bouleverser profondément le système social roumain. Car le constat dressé par la Banque mondiale est pour le moins inquiétant : le déficit du système de retraite va dépasser 5% du PIB d'ici à 2020 et atteindre 6,2% en 2050, et ce alors que la proportion des retraités par rapport à la population active ne va cesser d'augmenter; en 2050 le rapport entre les plus de 65 ans et les 20-64 ans sera de 56, 6%... Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE sur les errements d'Emil Cioran à l'époque fasciste ou le refus de la facilité d'une repentance publique volume débordant d'inédits sur les différents aspects de l'œuvre, du style et de la personnalité de Cioran. Ce projet avait été ébauché encore de son vivant par Constantin Tacou, cofondateur des "Cahiers de l'Herne", lui-même d'origine roumaine, mais finalement il n'avait pas abouti. "Nous sommes amis, vous ne pouvez pas me faire une chose pareille !" s'indignait l'écrivain qui n'hésitait pas à comparer de tels volumes "à une dalle funéraire qu'on jette sur un vivant […] C'est même pire qu'un Nobel". Mais l'absence d'un "Cahier Cioran", si intimement lié à l'histoire de l'Herne, devenait absurde. C'était aussi l'occasion de revenir sur sa vie et surtout ce passé roumain, à la fois sulfureux et relativement peu connu sinon dans le livre à charge Eliade, Cioran, Ionesco: L'oubli du fascisme d'Alexandra Laignel-Lavastine (1). Rien d'équivalent pourtant à la richesse de ce "Cahier". "Nous avons voulu montrer ce Cioran préfrançais qui gênait, afin que chacun puisse juger sur pièces et non pas sur des citations tronquées, ses engagements, y compris les plus affligeants, mais aussi ses contradictions, en les remettant dans leur contexte", assure Laurence Tacou. Se considérant comme un "Juif d'honneur" Un déséquilibre remontant aux années 90 La Roumanie doit donc prendre des mesures urgentes pour sauver le fonds des retraites qui risque de faire faillite du fait de la part toujours plus importante des retraités dans la population. La Commission européenne avait déjà tiré la sonnette d'alarme dans une étude publiée mi-mars. "La Roumanie est confrontée à des défis majeurs concernant la viabilité de son système de retraite, tant sur le court que sur le long terme", notaient les experts européens. Qui ont notamment pointé du doigt la politique de mise à la retraite anticipée adoptée dans les années 1990 pour faire face au fort chômage de l'époque, et le système de retraite mis en place pendant la transition. Autre facteur explicatif de la mauvaise santé de ce système: la part importante du travail au noir. "Il y a des problèmes dus au nombre relativement faible de contributeurs au système par rapport au nombre de bénéficiaires, ceci à cause de l'existence d'un taux élevé de travail au noir (entre 20-50% du total de l'occupation de la main d'oeuvre, en fonction des critères utilisées)", avancent les experts dans leur rapport. L'espérance de vie des hommes est de 68 ans Ce que recommande la Banque mondiale pour sortir de cette impasse ? Le recul de l'âge du départ à la retraite. Actuellement, il est de 58 ans et demi pour les femmes et de 63 ans et demi pour les hommes. L'organisation préconise qu'il atteigne 70 ans d'ici à 2050 et que soit maintenu le niveau de contribution actuel. Un chiffre qui a provoqué un tollé dans la presse, qui s'est empressée de le comparer à l'espérance de vie actuelle - 68 ans pour un homme - et de décréter que désormais, "il faut travailler jusqu'à la mort". Les Roumains qui ont aujourd'hui 30 ans seraient concernés. La Roumanie, consciente de l'urgence de la situation - d'autant que les prévisions démographiques et le recul des naissances ajoutent à l'inquiétude - a déjà pris des mesures depuis son rentrée dans l'UE : les possibilités de retraites anticipées sont désormais limitées et d'ici à 2014, l'âge de la retraite va augmenter à 60 ans pour les femmes et 65 ans pour les hommes, comme le prévoit la loi 19/2000. Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com - Bucarest) Dans la même logique, Laurence Tacou a décidé de publier la Transfiguration de la Roumanie, son principal essai politique d'alors, hymne à l'énergie de la jeunesse et à la violence rédemptrice pour une révolution sociale et nationale. Ressorti à Bucarest avec une préface de l'auteur après la chute du régime Ceaucescu, le livre avait été amputé de son chapitre le plus violent contre les Hongrois, les Tsiganes et surtout les Juifs. Mais cet ouvrage aussi tumultueux que souvent nauséabond, aux influences complexes, annonce aussi les futurs grands livres de Cioran à venir, y compris dans le rapport ambivalent qu'il a toujours nourri vis-à-vis des Juifs. Intellectuel frustré d'une petite nation de la périphérie de l'Europe, il les hait autant qu'il les jalouse, eux "ce peuple éternel et errant […] qui survivra sans nul doute à l'Occident, haï et méprisé par tous les autres peuples qui naissent et meurent". La guerre et l'amitié pour l'écrivain juif roumain Benjamin Fondane, ensuite mort en déportation, l'installation définitive à Paris comme réfugié bouleversent son regard sur les Juifs. Il est fasciné. "L'homme est un Juif qui n'a pas abouti", écrit-il, et il se considère lui-même "un Juif d'honneur" vivant un éternel exil (Photo ci-dessous: Cioran, Ionesco, Eliade à Paris). Chacune de ses lettres était ouverte par la Securitate Avec De la France, son dernier livre en roumain jusqu'ici inédit, mélange de considérations sur le déclin de ce pays et des Français "usés par excès d'être", le nouveau Cioran apparaît. L'expiation dure tout le reste de sa vie. Mais la Roumanie était encore en lui. Il restait en contact épistolaire avec des amis restés là-bas, et surtout avec son frère. Chacune de ses lettres était ouverte, copiée et archivée par la Securitate, la police politique. Le dossier de Cioran pesait quelque 600 pages. A Paris, il était épié et mis sous pression par le régime qui espérait le faire revenir au moins pour un voyage, qui serait un hommage aux époux Ceausescu. Toujours il refusa. Cioran avait choisi le français et d'être un écrivain français, abandonnant pour toujours sa langue. "Mon père et lui parlaient toujours français ensemble", dit Laurence Tacou. A la fin de sa vie, frappé par la maladie d'Alzheimer et hospitalisé, il continuait à ne parler que français. Toujours, pourtant, il restait hanté par son pays. La "révolution" de décembre 1989 le fascina comme "la résurrection tragique d'un peuple". Mais il ne revit jamais la Roumanie et son village natal des contreforts des Carpates. Le passé devait rester le passé. M. S. (Libération) (1)PUF 2002 "Sortez de l'armoire Monsieur Cioran !" E n 2008, le dramaturge d'origine roumaine Matei Visniec a interpellé le philosophe dans "Sortez de l'armoire, Monsieur Cioran" une pièce co-produite par le Théâtre d'Etat de Constantsa et la Compagnie du Grand Désherbage (France), et mise en scène par Radu Dinulescu. Visniec y montre que la philosophie de son compatriote se voulait être un regard toujours lucide sur le non-sens de l'existence et l'absurdité de notre séjour sur la terre. Désireux d'aller au bout de ses réflexions, Cioran a toujours refusé le suicide pour pouvoir toucher, au moment de la mort, le point qui peut-être allait répondre à ses interrogations. La maladie d'Alzhzeimer l'en a empêché. Ce coup du destin est le moment qu'a choisi le dramaturge pour pénétrer la pensée vacillante du philosophe. Perdu entre ses souvenirs, ses fantasmes et la réalité, il erre entre deux mondes, deux langues, deux pays, la France et la Roumanie exécrée mais qu'il n'a jamais secrètement quittée. 39 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Littérature l l ORADEA l ARAD l TARGU MURES SIBIU l l SUCEAVA l BAIA MARE l REGHIN l l BRASOV l PITESTI PIELESTI l l IASI P. NEAMT BACAU l l TIMISOARA l TULCEA l n BUCAREST Le philosophe "Ce livre a amené CONSTANTA l CRAIOVA O n savait l'auteur de La Défaite de la pensée un lecteur passionné de l'œuvre de Cioran. Alain Finkielkraut tient ce Roumain devenu apatride pour l'un des plus grands écrivains de langue française du XXe siècle. À l'occasion de la parution de Transfiguration de la Roumanie, livre sulfureux publié à Bucarest en 1936 et traduit pour la première fois en français en intégralité, le philosophe éclaire les grandeurs et les contrariétés d'une œuvre en partie fondée sur la révocation d'une fascination initiale pour le totalitarisme. "Cioran a choisi la France pour se délivrer de l'instinct" Un thriller pour Cristi Puiu 40 Après La Mort de Dante Lazarescu, prix Un Certain Regard en 2005, le réalisateur roumain Cristi Puiu prépare son troisième longmétrage, Aurora. Ce thriller suivra les errances d'un homme de 42 ans, divorcé et père de deux enfants. Cristi Puiu jouera le rôle principal de ce film, coproduit par la France, la Suisse, l'Allemagne et la Roumanie pour un budget de 1,5 M€. Le tournage se terminera jusqu'à la mi-mai pour une sortie prévue en 2010. Poésie balkanique La ville d'Ardino, en Bulgarie du Sud accueillera du 14 au 16 mai le 2e Forum littéraire international, partie intégrante des fêtes de la culture du mois de mai, consacrées à la Journée de l'alphabet slave et de la culture bulgare. Pendant trois jours, des poètes de plusieurs pays balkaniques - la Roumanie, la Serbie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie et la Bulgarie mesureront leur talent poétique. En marge du forum littéraire sera organisé un concours de poésies, version talents en herbe sur le thème "Mon pays natal - une route vers l'avenir ". L'espoir fait vivre Parce qu'il est mécontent de la façon dont les lois sont appliquées en Roumanie, Mircea Vizitiu s'est inscrit en première année de Faculté de Droit à l'université Danubius de Galati, avec la ferme intention de décrocher sa licence. En retraite depuis 20 ans, l'étudiant a 76 ans. Le Figaro Littéraire: Quelle a été votre réaction à la lecture de "Transfiguration de la Roumanie"? Alain Finkielkraut: J'en avais déjà lu quelques extraits, notamment les plus redoutables, dans l'essai très critique qu'Alexandra Laignel-Lavastine a consacré à Cioran, Eliade et Ionesco. En découvrant la traduction intégrale de Transfiguration de la Roumanie, j'ai mieux compris le rôle de ce livre dans l'œuvre de Cioran. Les rédempteurs du passé, qui sont nombreux aujourd'hui, dénoncent une sorte de camouflage. Cioran aurait dissimulé ce péché originel. Il l'aurait occulté pour vendre à un Occident naïf une image acceptable. Personnellement, je Alain Finkielkraut pense qu'il ne s'agit pas d'un camouflage, mais plutôt d'une conversion. Pour Cioran, ce livre de jeunesse et même d'adolescence - est une honte. C'est ainsi que Transfiguration de la Roumanie l'a amené à se méfier de lui-même. L'épigraphe du Traité de décomposition emprunté à Richard III de Shakespeare est révélatrice: "Je prendrai contre mon âme le parti du désespoir et je deviendrai l'ennemi de moi-même". Cioran a expié ses enthousiasmes, il s'est converti à la forme élégante contre la force élémentaire, au scepticisme, au désespoir radical et a écrit en français. Il a choisi la France non pas comme citoyenneté, mais comme langue, pour se délivrer de l'instinct. Dans Transfiguration, il écrit: "Il faudrait supprimer les hommes que ne dévore pas la conscience d'une mission". Dans Le Précis de décomposition, il montre ce que peuvent avoir de sanguinaire les hommes possédés par cette croyance. "Son péché de jeunesse… c'est la jeunesse comme péché" LFL : Vous évoquez un péché de jeunesse. Quelle faute contre l'esprit l'a fait céder à la tentation fasciste ? Le culte de l'irrationnel, le vitalisme nihiliste, l'antihumanisme, l'historicisme ? Ou peut-être le désespoir ? A.F. : Pour reprendre le diagnostic de Cioran lui-même, je dirais que son péché de jeunesse, c'est la jeunesse comme péché. Dans un texte du début des années 1950, Cioran écrit: "À l'époque où j'étais jeune, toute l'Europe croyait à la jeunesse. Ce sont les jeunes qui promeuvent les doctrines d'intolérance et les mettent en pratique, ce sont eux qui ont besoin de sang, de cris, de tumulte et de barbarie". Il me semble que Cioran met le doigt sur ce qu'a été le grand malheur du XXe siècle. Un malheur prophétisé par Dostoïevski dans cette conversation des Possédés où Piotr Verkhovensky demande aux conjurés ce qu'ils préfèrent: patauger dans le marécage à une allure de tortue ou le traverser à toute vapeur. Un "collégien enthousiasmé" lui répond: "Moi, je suis pour le traverser à toute vapeur !". Cioran a été ce collégien enthousiasmé. Il a également cédé à l'historicisme. Il reviendra sur cette illusion dans ses Cahiers: "N'exigez pas de moi de croire que Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE milliardaire… ou se recycler depuis la "Révolution" Ah la belle vie ! Mais si c’'était certes bien pour cette nomenklatura de Ceausescu, elle n'en était pas propriétaire et il suffisait d'une lubie du maître, d'un simple décret de "rotation des cadres" pour qu'il n'en reste rien. Magouilles en tous genres Devenu président, Iliescu clamant bien haut et fort qu'il ne vendrait jamais la Roumanie aux capitalistes étrangers, pouvait alors demander à ces "exilés" de revenir pour investir au pays avec des capitaux roumains, et l'aide de la branche de la Securitate qui, depuis des lustres, avait la mainmise sur le commerce extérieur du pays. Téléviseurs couleurs, chaînes hifi, ordinateurs, appareillage électronique, bureautique… tout ce dont la Roumanie était dépourvue, aussi bien au niveau des foyers que de son administration, constitua un fabuleux marché où se bâtirent les premiers empires financiers. Le Président était fier de ses "entrepreneurs" les emmenait dans son avion au cours de ses voyages en Inde, Indonésie, etc., leur ouvrant toutes grandes les portes pour les privatisations à venir ... c'està-dire de tout le patrimoine économique du pays. Naturellement, il confia à ses économistes la tâche d'en évaluer la valeur, laquelle fut établie sur la base des bilans comptables des entreprises d'avant 1989. Firmes, usines, commerces, magasins, hôtels, restaurants Après la remise en liberté furent vendus pour du milliardaire Puiu (“Poussin”) Popoviciu, propriétaire de la chaîne une bouchée de pain. de fast-food KFC par la Direction Finalement ce qui Nationale Anti-corruption (DNA): “On a arrêté pour rien Puiu de la KFC, coûta le plus cher à on nous a dit de le laisser filer”. “Vole mon poussin, continue à voler !!!” cette nouvelle caste (Gazdaru) qui a mis le pays en coupe réglée ce sont les pots de vin qu'il a fallu verser aux fonctionnaires pour qu'ils ferment les yeux sur ces magouilles et aux politiciens pour s'assurer de leur complicité. "Tractoristes" à la tête d'empire financiers Bien sûr, pour ne pas éveiller la curiosité de quelques journalistes ou, qui sait, du fisc, la prudence la plus élémentaire exigeait, par exemple, de mettre ces nouvelles fortunes au nom de vieux parents dont le grand âge et les années d'expérience comme "tractoriste" dans les coopératives populaires… garantissaient qu'ils avaient toutes les qualités pour gérer un empire financier ! C'est ainsi que "Matusa Tamara" ("Tante Tamara"), brave enseignante à la retraite dont la pension mensuelle ne dépassait pas 50 €, est devenue célèbre malgré elle en se retrouvant soudain à la tête d'un patrimoine de plusieurs millions d'euros. Se souvenant soudain d'elle, son neveu, Adrian Nastase, Premier ministre, avait trouvé là le moyen de justifier l'existence de sa fortune - arguant qu'il s'agissait d'un héritage qu’elle lui avait transmis - aux yeux de la DNA, qui n'a d'ailleurs rien trouvé à redire et l'a finalement blanchi. Vraiment on connaît une période bénie des dieux pour les affaires en Roumanie ! Et il n'y a aucune raison pour que çà ne dure pas. Nos anciens nomenklaturistes ont de moins en moins à craindre les médias où ils se sont taillé des empires et, pour peu que l'Etat assure un minimum de pain aux Roumains, ils se chargent de leur fournir des jeux en rachetant par exemple les uns après les autres les clubs de foot, s'affichant dans les tribunes avec leur jeune maîtresse de 20 ans. Que demande de plus le bon peuple?" Dodo Nita * Héritiers et progéniture Actuellement, vingt ans après la "Révolution", on trouve les "héritiers suivants" aux postes de commande politique ou économique de la Roumanie,une liste loin d’être limitative: - Traian Basescu (Président de la République): ancien haut fonctionnaire en poste à Anvers sous Ceausescu, souvent suspecté d'avoir entretenu des liens avec la Securitate - Mircea Geoana (Président du Sénat): fils d`un général de la Securitate - Roberta Anastase (Présidente de la Chambre des Députés): fille de l`ancien directeur d'une des plus grandes entreprises de Roumanie sous Ceausescu, les usines 1er Mai de Ploiesti - Sorin Oprescu (maire de Bucarest): fils d`un général de Ceausescu Parmi les plus grosses fortunes du pays, on trouve Puiu Popoviciu et Nicolae Badea (gendres de l`ex adjoint du premier ministre de Ceausescu, Ion Dinca), Gheorghe Copos, (ancien dirigeant de l'Union des Etudiants Communistes), Dan Voiculescu (ancien directeur d'une entreprise de commerce extérieur dirigée par la Securitate dont il était informateur sous le pseudonyme de Félix), etc, etc. "Adrian… quelle malédiction pour ce pauvre peuple roumain !” Tous ces hiérarques ne cachent d'ailleurs pas leurs origines. Lors du débat télévisé précédant le second tour de l'élections présidentielle en 2004, Traian Basescu avait asséné avec cynisme à son rival Adrian Nastase, alors Premier ministre : "Adrian… quelle malédiction pour ce pauvre peuple roumain qui a à choisir entre deux anciens communistes". Faute avouée étant à moitié pardonnée, cette confession lui avait permis de remporter un scrutin indécis. 13 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Tribune D SUCEAVA l l ORADEA BAIA MARE l CLUJ l l l l l BACAU l l GALATI l SIBIU TIMISOARA IASI TARGU MURES ARAD l BRASOV PLOIESTI PITESTI CRAIOVA l l l n BUCAREST l TULCEA CONSTANTA l Forums sous influence 12 Comment devenir Le sénateur du Parti social démocrate (PSD) Miron Mitrea, ancien ministre des Transports a reconnu avoir organisé et payé des personnes afin qu'ils postent des commentaires sur les forums liés aux articles politiques apparaissant sur les sites Internet des journaux. Lors d'une discussion en ligne avec les lecteurs du site Hotnews.ro, cet également ancien secrétaire général du PSD a ainsi dévoilé que le sous-sol du siège du parti abrite une "cellule de réaction rapide", dont les membres ont pour mission de poster ces fameux commentaires, favorables au parti et/ou critiques envers ses adversaires. Une méthode également employée en France par les partis politiques qui abusent sans vergogne de la confiance des citoyens internautes. Droits de l'Homme: la Roumanie mauvais élève En 2008, la Roumanie a été le pays le plus lourdement condamné par la Cour européenne des Droits de l'Homme selon un rapport publié par le Conseil de l'Europe. Les juges européens ont condamné l'Etat roumain à verser au total 12,2 millions d'euros de dommages et intérêts pour des affaires où le pays n'avait pas respecté la Convention européenne des Droits de l'homme. La Roumanie est aussi le plus mauvais payeur puisque, selon le même rapport, l'Etat n'a versé que 5% de la somme due dans les délais impartis. ans la nuit du mardi au mercredi 24 mars, deux hauts cadres du ministère de l'Intérieur, Cornel Serban, directeur du service des informations et Petre Pitcovi, chef de la division générale anti-corruption, ont été placés en détention par les procureurs de la Direction nationale anti-corruption (DNA). Ils sont soupçonnés d'être intervenus et d'avoir fait pression pour empêcher l'ouverture de poursuites pénales contre l'affairiste Gabriel Popoviciu et le recteur de l'université d'agronomie de Bucarest, Ioan Alecu. L'association entre le milliardaire et l'université - qui a mis un terrain de 220 hectares à sa disposition pour un projet immobilier - faisait l'objet d'une enquête de la DNA. Contrairement à nombre de nouveaux riches au train de vie tapageur, à la fortune établie sur le dos de leurs compatriotes, Popoviciu essayait de se faire discret. Qu'il ait réussi ses Les députés viennent de voter le budget pour 2009: “Je n’arrive pas bien à comprendre affaires avec la complicité du combien il se sont proposés de voler en fixant un déficit de seulement 2 %? !” (Vali). chef de la Direction nationale anti-corruption - chargé justement d'enquêter sur les malversations faites au détriment de l'Etat! - en dit long sur la situation de délabrement moral de celui-ci. Dans la tribune ci-dessous, notre correspondant Dodo Nita fait part de son écoeurement devant la déliquescence des mœurs de la vie publique dans son pays, un sentiment partagé par une écrasante majorité de Roumains. Ah la belle vie… sur le dos du pays ! "Le gouvernement fait des gorges chaudes de l'affaire Popoviciu. "Regardez notre Justice, comme elle est libre et indépendante - Si c'était vrai, çà se saurait ! - elle a démasqué un escroc". Quel acte de bravoure… pour n'avoir fait que son boulot, surtout qu'en réalité il ne s'agit qu'un règlement de comptes entre mafieux. C'est çà la Roumanie…et comment on y devient milliardaire. La grande majorité d'entre eux ont commencé leur carrière sous Ceausescu. Si on partait de rien ou qu'on voulait préserver ses quelques privilèges, la condition sine qua non, c'était de se marier avec la fille d'un potentat du régime. On entrait ainsi dans la "famille" et on était paré pour tout changement éventuel de pouvoir… la Securitate était là pour veiller au grain en cas de coup dur. Il a suffi à la "Révolution" d'escamoter la première génération des apparatchiks, celle trop voyante des parents, beauxparents, grands parents, qui avaient construit le communisme en détruisant les valeurs de tout un peuple, et de la remplacer par celle de ses enfants, gendres, neveux, plus présentables*. Le tour était joué ! Quelques uns ont donc été envoyés en prison deux ou trois mois pour donner le change, mais heureusement, Iliescu et ses "mineurs" y ont mis vite bon ordre, bastonnant ceux qui trouvaient à redire à leur méthode. La société civile était morte avant d'être née ! Dans cette période confuse, des petits malins bien placés avaient même trouvé là prétexte à s'installer en Amérique, y demandant parfois le statut de réfugié politique. Ils préparaient "l'avenir" du pays, à la sauce communiste reconverti. Pendant qu'on se demandait où Ceausescu avait pu planquer ses comptes secrets, eux ils filaient mettre au frais l'argent du pays qu'ils avaient volé, dans des sociétés offshore aux îles Caïmans et consort. A cette descendance de construire le capitalisme… stade avancé du communisme roumain pour garantir tous ses acquis. Les belles villas, les belles voitures, la bonne bouffe... quand le peuple, ou plutôt les "mécréants" que nous étions - et sommes toujours - faisait d’interminables queues avec ses cartes de rationnement !… Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Alain Finkielkraut : Cioran à se méfier de lui-même" l'Histoire ait un sens et l'humanité un avenir. L'homme passera de difficulté en difficulté et il en sera ainsi jusqu'à ce qu'il en crève". Par là, on voit que toute son œuvre est une méditation critique sur ce délire inaugural. LFL: Comment expliquez-vous son acquiescement au préjugé antisémite ? A.F.: À l'origine de son antisémitisme, je vois d'abord la mégalomanie du citoyen d'une petite nation, qui se dit: "Nous ne sommes rien et nous allons être tout. Nous allons faire parler de nous à n'importe quel prix". Sans doute la mégalomanie d'une petite nation reléguée dans la banlieue de l'Histoire nourrit-elle une jalousie à l'égard des Juifs, petit peuple placé en pleine lumière. On sent cette jalousie à l'œuvre. Pour autant, bien que Cioran soit alors sympathisant de cette organisation monstrueuse qu'est la Garde de fer, il a une divergence fondamentale avec les légionnaires: il n'impute pas le marasme roumain aux Juifs. Il ne cède pas à la facilité de la paranoïa. C'est un élément très important pour le comprendre. Certains l'accusent pourtant de n'avoir pas changé après guerre. Il serait resté obsédé par les Juifs et se La maison natale d’Emil Cioran serait contenà Rasinari, près de Sibiu. té d'inverser les signes en passant du négatif au positif. Cette inversion ellemême témoignerait de la survivance de son hostilité fondamentale. Je pense que ce n'est pas vrai. Je pense qu'il y avait dans cette fascination pour les Juifs quelque chose qui pouvait préparer Cioran à rendre hommage aux Juifs. C'est la persistance du nom juif qui nourrira sa fascination. Il dira: "Les Juifs ne sont pas un peuple mais un destin". "Les moralistes ne sont pas les gens qui font la morale" LFL: Contrairement aux accusateurs de Cioran, vous croyez à sa conversion sincère et profonde. Comment expliquez-vous ce mouvement ? A.F.: Cioran s'est arraché de la tentation totalitaire en devenant un écrivain de langue française et en s'inscrivant en plein XXe siècle dans la lignée des moralistes classiques. Les moralistes ne sont pas des gens qui font la morale, ce sont des gens qui divulguent une vérité douloureuse. Il rejoint leur camp dès 1941, à travers le texte charnière intitulé Sur la France, qu'on découvre également. C'est un livre écrit en rou- main, mais le style est déjà français, on le voit merveilleusement dans la traduction d'Alain Paruit. Au fond, la réponse des moralistes, c'est la réponse de ceux qui ne sont pas dupes de Rousseau. D'un côté, il y a l'idée d'établir un régime sans mal en trouvant une solution politique au problème humain. Et de l'autre, une lucidité inquiète qui nous vaccine contre cette tentation. Le désespoir de Cioran ne le conduit d'ailleurs pas nécessairement à une vision noire de la nature humaine. J'ai relevé un passage extraordinaire dans ses Cahiers: "Haine et événement sont synonymes. Là où il y a haine, quelque chose se passe. La bonté au contraire est statique. Elle conserve, elle arrête, elle manque de vertu historique, elle freine tout dynamisme. La bonté n'est pas complice du temps alors que la haine en est l'essence". On n'imagine pas Cioran faire cet éloge de la bonté. Et pourtant. Lorsque s'évanouit l'idée d'établir un régime sans mal, reste ce que Vassili Grossman appelle la petite bonté, la bonté sans régime. "L'anti-intellectualisme d'aujourd'hui procède de la technologie" LFL: Pour éclairer les délires de "Transfiguration", vous avez évoqué la survalorisation de la jeunesse. Elle se double d'anti-intellectualisme quand Cioran écrit dans une lettre: "Aucun ne peut trouver son salut dans les bibliothèques". Au lieu de jouer les "rédempteurs du passé", ne ferions-nous pas mieux de nous inquiéter de voir cet antiintellectualisme à nouveau à l'œuvre ? A.F. : L'anti-intellectualisme est le grand mystère du XXe siècle. L'apologie de l'action et de la force vitale, la vie comme expansion, c'est le fascisme par excellence. Mais on retrouve de l'autre côté la même forme d'hostilité à l'intellect, apparue la première fois chez les populistes russes lorsqu'ils expliquaient: "Une paire de bottes vaut mieux que Shakespeare". Cet anti-intellectualisme non pas féroce, mais en apparence généreux, consiste à penser que l'Histoire n'est pas faite par les intellectuels, mais par la lutte des hommes entre eux. L'anti-intellectualisme contemporain est différent. Il découle non plus de l'immédiateté de l'instinct, comme celui du jeune Cioran, mais de l'immédiateté de la technique. Dans l'univers médiatique du temps réel, nulle médiation n'est nécessaire, nul effort non plus, nul savoir, nulle bibliothèque, nulle ascèse. Tout est là, tout de suite. Cette forme d'anti-intellectualisme est particulièrement pernicieuse puisque ce n'est pas une idéologie qui nous la propose, c'est une technologie qui nous l'offre. Propos recueillis par Sébastien Lapaque (Le Figaro littéraire) 41 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Histoire l l BAIA MARE CLUJ Transnistrie l l TARGU MURES ARAD IASI l l BRASOV l l l SIBIU TIMISOARA GALATI l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l "2000 Juifs, là où on mettait 200 cochons" 42 La troisième partie de Cartea Neagra est consacrée aux massacres commis par les troupes roumaines en Bessarabie et Bucovine, reconquises à l'URSS en 1941, puis en Ukraine. "Nous nous trouvons au moment historique le plus favorable et propice de notre histoire pour procéder à un nettoyage ethnique total et à une purification de notre peuple", martelait le ministre de l'Intérieur roumain. Les tueries faites par les gendarmes roumains étaient aussi systématiques que celles des nazis. Ainsi à Czernowitz, la petite Vienne de Galicie, ville de naissance du poète Paul Celan et du romancier Aharon Appelfeld, qui assista tout gosse au massacre dans son village: "Ils utilisèrent les vieilles méthodes, fusillant un petit nombre et égorgeant les autres." Les survivants sont déportés en d'interminables marches de la mort vers les terribles camps de Transnistrie, région d'Ukraine devenue "la poubelle ethnique" de la Roumanie. Beaucoup sont d'anciennes porcheries kolkhoziennes, comme Bogdanovka, "là où on mettait 200 cochons on peut bien mettre 2 000 Juifs", éructait le patron du camp. On y mourait de froid et de faim, ou dans de régulières exécutions de masse pour faire de la place aux nouveaux arrivants. Là confluèrent aussi les Juifs ukrainiens survivants des marches de la mort et des massacres commis à Odessa par les Roumains, fusillés dans les faubourgs ou pendus par milliers en pleine ville. Ce sont tous ces aspects d'une Shoah oubliée que fait ressurgir Cartea Neagra. Economie L'horreur a été aussi roumaine, SUCEAVA l ORADEA La "solution finale" C artea Neagra, “Le livre noir de la destruction des Juifs de Roumanie" qui vient de paraître chez Denoël a l'immense mérite de faire le point sur une page sombre de la Roumanie, à l’époque où le fascisme régnait en maître sur une grande partie de l’Europe, et occultée par nombre de Roumains qui attribuent volontiers les nombreux crimes et leur cortège d'horreurs commis alors aux occupants hongrois ou soviétiques. Mais l'histoire rattrape toujours les mémoires défaillantes qui s'accrochent aux fables servies pour effacer ou justifier un passé détestable. Dans "Libération", Marc Semo fait un retour cruel sur cet épisode peu glorieux de la dictature d'Antonescu. "Livre de sang et de larmes écrit avec du sang et des larmes" "C'est un texte doublement miraculé que cette enquête sur l'extermination de plus de 350 000 Juifs roumains et ukrainiens par le régime du dictateur Ion Antonescu pendant la Seconde Guerre mondiale. Les éléments qui nourrissent ce "livre de sang et de larmes écrit avec du sang et des larmes", selon son auteur, Matatias Carp, ont été recueillis au jour le jour pendant la catastrophe elle-même, au risque de sa vie, par cet avocat juif et brillant pianiste à ses heures, fils d'une famille intellectuelle juive assimilée. Chroniqueur, mémorialiste et archiviste, il voulait montrer au quotidien la destruction de ce qui était numériquement la troisième communauté juive d'Europe. Publié juste après la guerre à Bucarest, ce document de mille pages, qui tient une place de choix dans "la bibliothèque de la catastrophe" - récits et témoignages écrits à chaud pendant la Shoah - avait été oublié, enterré par le régime stalinien. Il le serait resté sans la constance du professeur de médecine Gérard Saimot, neveu de l'auteur, et de l'historienne Alexandra LaignelLavastine, fascinée par "cette incroyable entreprise qui a consisté quatre années durant à collecter matériaux, photographies et témoignages dans des conditions extrêmement périlleuses surtout pour un Juif". Son impressionnant travail de notes et présentation se réfère à de nombreux textes littéraires et documents sortis depuis. La Roumanie obtient un prêt FMI-UE et Banque mondiale de 20 milliards d'euros L a Roumanie est devenue le 25 mars le troisième pays membre de l'Union Européenne à bénéficier d'un plan de soutien des bailleurs de fonds face à la crise économique en obtenant un prêt d'environ 20 milliards d'euros sur deux ans du Fonds monétaire international, de l'UE et de la Banque mondiale. Sur ce montant, 12,9 milliards d'euros seront abondés par le FMI, 5 milliards par l'UE, 1 à 1,5 milliard par la Banque mondiale (BM) et le reste par plusieurs autres institutions, dont la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd). Avant la Roumanie, la Hongrie et la Lettonie, également membres de l'UE, avaient obtenu un prêt de ce type pour faire face à la crise. L'argent du FMI devrait être utilisé pour couvrir les réserves en devises de la Banque centrale roumaine, tandis que le prêt de l'UE permettra de financer le déficit budgétaire. Fonctionnaires et retraités devront se serrer la ceinture La réduction du déficit public (5,28% du PIB en 2008) figure d'ailleurs parmi les conditions accompagnant ce prêt car "le gouvernement roumain ne peut plus se permettre le luxe d'un déficit important". Ce déficit devrait néanmoins rester très supérieur au taux imposé par le traité de Maastricht, soit 5,1%, avant de descendre en dessous de 3% en 2011. Le Fonds souhaite également une "réforme du système des salaires dans le secteur public", dont la facture a doublé ces quatre dernières années, ainsi que du système des retraites, qui exerce une "pression énorme" sur le budget. Il faut donc s'attendre à des restrictions dans ces domaines au détriment des fonctionnaires et des pensionnés. Le FMI table sur une reprise du crédit, en forte baisse ces derniers mois en raison d'un manque de liquidités et d'une prudence accrue des banques. Ce prêt permettra à la Banque centrale de relaxer sa politique monétaire, en réduisant graduellement le taux des réserves obligatoires, actuellement de 40%. Face aux craintes des syndicats sur un coût social trop élevé de cet accord, qui a provoqué la chute des gouvernements hongrois et lettons, le FMI a souligné que le "programme prévoit une hausse des allocations destinées aux programmes sociaux et des mesures de protection pour les retraités et les fonctionnaires les plus vulnérables". La Berd, premier investisseur institutionnel en Roumanie, s'est déclarée prête à contribuer au programme avec 500 millions à 1 milliard d'euros sur deux ans, la moitié devant aller au système financier et le reste à l'économie, notamment l'énergie et les infrastructures. A savoir Contraction du PIB de 4% Le Fonds monétaire international (FMI) table sur une contraction de 4% du produit intérieur brut de la Roumanie, en raison notamment de la baisse des exportations, et un déficit public atteignant de 3,5% à 4% du PIB. Le budget 2009 est basé sur une croissance économique de 2,5% mais le ministre des Finances Gheorghe Pogea a admis debut mars que la Roumanie pourrait entrer en récession, avec un recul du PIB de 1%. Un peu moins de la moitié des Juifs survivront Tarom se met au "low cost" Les romans et surtout les journaux intimes de Mihail Sebastian évoquaient déjà le fascisme à la roumaine, les Gardes de fer, avec leur mystique gueularde de la violence, du sol et du sang qui fascina dans leur jeunesse nombre d'intellectuels tels Emil Cioran ou Mircea Eliade. Mais sur la guerre elle-même, surtout hors de Bucarest, il n'y avait presque rien. Les persécutions contre les Juifs roumains puis l'extermination d'une partie d'entre eux ont pourtant été à la fois précurseurs et différentes de la "solution finale" mise en œuvre par les nazis. Allié de l'Allemagne, le régime du général Ion Antonescu mena sa propre politique antijuive, renforçant un antisémitisme d'Etat déjà virulent depuis des lustres. Les troupes roumaines ont commis des massacres systématiques de Juifs dans les zones reconquises de Bessarabie ou de Bucovine puis en Ukraine. Dans les régions roumaines placées sous administration hongroise (le nord de la Transylvanie) les Juifs furent systématiquement déportés vers les camps de la mort. Ailleurs dans le pays, en Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE La compagnie aérienne roumaine vient de lancer une nouvelle offre promotionnelle agressive pour contrer la concurrence des compagnies "low cost". L'opérateur aérien a mis en vente des billets aller-retour à 50 € sur toutes ses destinations internationales et des billets aller à 24 € sur tous ses vols nationaux. Ces tarifs ne comprennent cependant pas les taxes d'aéroport et sont valables jusqu'à la fin de l'année. L'objectif de la compagnie est d'augmenter le taux d'oc- cupation de ses avions. Tarom a enregistré des pertes de 28 millions de dollars en 2008. Explosion du nombre de faillites Neuf mille entreprises se sont déclarées en faillite sur l'ensemble du territoire en 2008, un chiffre en augmentation de 65 % par rapport à l'année précédente. Rien que pour janvier 2009, ce nombre est passé à 1600, soit 600 de plus qu'en janvier 2008. En 2008, 52 699 entreprises avaient été rayées du registre du commerce (+ 4,7 %). Patriciu, 397ème fortune mondiale L'homme d'affaires Dinu Patriciu, président de Rompetrol, est le seul Roumain présent dans le classement des milliardaires 2009, établi par le magazine américain Forbes. Il se classe à la 397ème position (sur 739), avec une fortune estimée à 1,8 milliard de dollars, loin toutefois derrière Bill Gates, indétronable numéro 1 avec plus de 50 milliards de dollars. "Déception" par contre pour Ion Tiriac, qui sort du classement. Selon le magazine, en 2008, les milliardaires ont vu leur fortune diminuer de 23% en moyenne. Auchan élargit son réseau Le réseau d'hypermarchés Auchan Romania (détenu par le groupe français Auchan, depuis la fin de 2008) vise pour 2009 l'inauguration de 2 hypermarchés nouveaux, dont un basé à Timisoara (au sein du centre commercial "Iulius Mall"). Automobile: la chute continue Malgré la belle embellie du constructeur Renault-Dacia, les ventes de voitures neuves en Roumanie ont chuté de 60 % au mois de février. Seules 9.082 voitures ont été vendues en février, contre 22.651 à la même période en 2008. Sur les deux premiers mois de l'année 2009, les ventes de voitures neuves enregistrent une baisse cumulée de 62% par rapport à 2008. 11 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Politique l BAIA MARE ORADEA l l SUCEAVA CLUJ l TARGU MURES ARAD CHISINAU IASI l l BRASOV l l GALATI l SIBIU TIMISOARA l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l n BUCAREST GIURGIU CONSTANTA l l Minériades: Ion Iliescu "blanchi" 10 Le judet de Constantsa mis en coupe réglée par ses élus l l Une nouvelle taxe pour circuler sur les routes départementales Ion Iliescu ne sera pas poursuivi pénalement dans le deuxième dossier des minériades de 1990. Ainsi en ont decidé les procureurs du Bureau d'investigation sur le crime organisé et le terrorisme. Le président d'honneur du Parti social démocrate, ainsi que 30 autres suspects, également accusés de déstabilisation de l'Etat et d'actes de diversion, ont été blanchis de toute charge. Ion Iliescu était accusé d'avoir fait descendre les mineurs sur Bucarest pour mettre fin aux manifestations qui y avaient éclaté . Securitate: Rodica Stanoiu pointée du doigt Une analyse graphologique confirme que des notes informatives pour la Securitate ont été rédigées par Rodica Stanoiu, ministre de la Justice dans le gouvernement Nastase et proche de Ion Iliescu. Sous le pseudonyme de "Sanda" puis de “Gheorgeta”, elle aurait fourni des informations à la Securitate de 1983 à 1987. L'ancienne parlementaire conteste ce verdict de collaboration avec la police politique, déjà énoncé en 2007 par le CNSAS (Conseil National pour l'Etude des Archives de la Securitate). L’analyse sera versée au dossier. … Et le maire de Iasi Le maire PSD de Iasi, Gheorghe Nichita, 53 ans, avait le nom de code de "Mihai" à la Securitate avec laquelle il avait signé un engagement en 1978, alors qu'il avait 22 ans, afin de surveiller ses camarades étudiants, mais on ne peut cependant pas lui attribuer le qualificatif de collaborateur de la police de Ceausescu selon le CNSAS. A la Rovinieta que les automobilistes doivent arborer sur leur pare-brise quant ils circulent sur les routes nationales du pays, les propriétaires de véhicules pouvant transporter plus de neuf personnes, de camionnettes et de camions sont désormais dans l'obligation d'ajouter une vignette départementale quant ils empruntent les routes départementales du judet de Constantsa. La décision a été prise fin 2008, à l'initiative du président du Conseil judetean, Nicusor Constantinescu, grand ami du maire de Constantsa, Radu Mazare, les deux affairistes, élus du PSD (notre photo) fréquentant également assidûment les bancs de la DNA (Direction Nationale Anti-corruption) qui les a soumis à diverses reprises à enquête. Au début, les transporteurs n'ont pas pris au sérieux cette nouvelle forme de racket, censée aidée à réparer et à entretenir les routes du département, mais les amendes commençant à pleuvoir - d'un montant de 350 à 600 € -, ils sont bien obligés de s'y soumettre. Cette nouvelle taxe annuelle est pourtant plus importante que la Rovinieta, en coûtant parfois le double et pouvant atteindre 1500 € pour les camions de plus de 20 tonnes. Les véhicules ne circulant pas régulièrement dans le judet peuvent acquitter une taxe à la journée (de un à 9 euros) ou mensuelle (de 20 à 85 €). Bien sûr, cette vignette offre aux policiers la possibilité de recevoir de nouveaux bakchichs. C'est notamment le cas pour les chauffeurs venant de Bulgarie et empruntant la route départementale 393, reliant la frontière à Techirghiol, sur laquelle il n'existe aucun endroit où on peut se la procurer. Cette taxe départementale pourrait fort bien se généraliser à travers le pays, la loi sur les finances publiques permettant aux administrations locales d'introduire des impôts spéciaux permettant de financer leurs budgets, sans en préciser le niveau maximum autorisé. La disposition a déjà été utilisée par Radu Mazare qui a introduit une taxe de visite pour les automobilistes entrant dans la station de Mamaia pendant la saison. Une taxe de transit a également été instituée par la mairie de Giurgiu, doublée par une taxe "écologique" à l'initiative de la préfecture. Les automobilistes roumains sont sans-doute "bons à tondre", l'ancien Premier ministre Tariceanu ayant montré l'exemple en instituant une taxe exorbitante sur les véhicules d'occasion qu'il a triplé le jour même où il abandonnait ses fonctions pour reprendre son tablier d'importateur de voitures neuves. Des “requins” capitalistes menacent aussi les plages Le nouveau gouvernement a également dans ses cartons un projet qui ravit le maire de Cosntantsa. Un des ses lieutenants locaux du PSD, devenu ministre de l'Environnement, Nicolae Nemirschi (il a aussi en charge le dossier Rosia Montana !) prévoit de rétrocéder aux mairies la concession des plages du littoral de la Mer Noire. 20 % d'entre-elles auraient un statut communal, avec libre accès, le reste pouvant être réparti entre les hôtels, les résidences, les clubs de sports nautiques, moyennant une redevance qui était de 3,5 € le m2, l'an passé, transformée en taxe auprès des usagers. Les fonds ainsi collectés seraient censés couvrir les frais d'entretien, de gardiennage, d'assistance médicale et de surveillance des baigneurs. D'ores et déjà, il est prévu que deux à trois sites de Mamaia deviennent des plages de luxe. Il est loin l'époque ou des millions de Roumains pouvaient se rendre pour presque rien sur la mer Noire. Un des rares bons côtés du communisme… Aujourd'hui, ce sont des “requins” convertis au capitalisme qui les mettent en coupe réglée. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE sous la dictature Antonescu mais à la manière de là-bas… artisanale Moldavie et Valachie - "le vieux royaume" ou au sud de la Transylvanie -, le régime renforça les mesures d'humiliation et de spoliation sur fond de violences sporadiques mais organisées. "Les Juifs pourront vivre, mais ils ne bénéficieront pas des ressources et des richesses de ce pays", martelait le dictateur, qui renonça finalement à mettre en œuvre l'extermination totale, voyant que le sort des armes tournait. Ainsi, à la fin de la guerre, plus de 350 000 des 750 000 Juifs roumains avaient survécu. Mais ceux qui furent tués le furent de façon artisanale et particulièrement atroce. désordonnés. "Partout le joyeux et féroce labeur du pogrom remplissait les rues et les places de détonations, de pleurs, de hurlements terribles et de rires cruels", racontait, dans Kaputt, l'écrivain journaliste italien Curzio Malaparte qui fut témoin du grand massacre de Iasi, la capitale de la Moldavie roumaine. Assimilés à des espions “rouges” Cette tuerie massive qui précéda les grands carnages effectués par les nazis en Ukraine a eu lieu au sein même de la "Le sang servait à graisser les roues de charrette" Roumanie, organisée par les autorités légales d'une ville où près d'un habitant sur "La Roumanie n'a deux était juif. L'offensive abrité sur son sol ni contre la Russie venait de chambre à gaz ni fours commencer à une vingtaicrématoires, et elle n'a pas ne de kilomètres au-delà non plus procédé à l'exdu fleuve Prut. Les ploitation industrielle des rumeurs organisées par le dents, des cheveux ou de régime évoquaient la préla graisse des victimes. sence de parachutistes Ayant adopté des soviétiques. méthodes de tueries "clas"La population a été siques", pratiquées depuis conditionnée au point de la nuit des temps, le fascroire avec une étonnante cisme roumain s'est facilité que l'intégralité de cependant singularisé Rafle des Juifs dans les rues de Iasi. Les malheureux vont être acheminés dans la population juive de la des wagons à bestiaux vers les camps de Transnistrie où beaucoup mourront. dans l'extermination des ville s'était transformée en Juifs par un certain nombre de techniques originales: “Des population espionne au profit de l'armée rouge", relevait, indihommes battus à mort ou asphyxiés dans des wagons plombés, gné, un ancien conseiller de la cour d'appel cité par Carp. On d'autres vendus au beau milieu des colonnes des marches de la tue et on pille. Des femmes et des couples participent activemort pour être tués et leurs vêtements vendus ment aux violences. Les gendarmes massaau plus offrant; d'autres littéralement coupés crent à la mitrailleuse les Juifs regroupés dans en morceaux et dont le sang servait à graisser la cour de la préfecture. Les survivants sont les roues des charrettes", écrit Matatias Carp. embarqués dans des wagons à bestiaux qui L'extermination des Juifs en Roumanie roulent des jours et des jours sans but, sans ne fut pas la plus radicale, mais celle où la ravitaillement, sans eau. participation populaire fut la plus importante, notamment dans des pogroms. Celui à Tombeaux roulants Bucarest en janvier 1941 lors du soulèvement des miliciens de la Garde de fer, la frange la Entre 5 000 et 6 000 Juifs sont morts dans plus fanatisée du régime qui fut liquidée par ces tombeaux roulants. "Par le nombre des le dictateur avec le soutien allemand. Ou, survictimes, par la sauvagerie du crime, par tout, celui de Iasi en juin 1941, qui fit entre 13 l'ampleur des pillages et des destructions et 14 000 morts. Un mélange de cruauté délimais aussi par la participation des autorités bérée et de désorganisation bureaucratique. et des forces de l'ordre, le pogrom de Iasi "Ce fonctionnement désordonné, spontamarque le point culminant d'un mal qui ronge né et irrégulier, dispersé et fantasque résulla conscience roumaine depuis plus d'un tait d'un opportunisme mêlé d'esprit destrucsiècle", note Matatias Carp. teur, d'une léthargie périodiquement interMarc Semo (Libération) rompue par des explosions de violence", notait déjà Raul Matatias Carp, Cartea Neagra, le Livre noir de la desHilberg dans son livre fondamental, la Destruction des Juifs truction des Juifs de Roumanie (1940-1944), traduit du roud'Europe, rappelant que, plusieurs fois, les Allemands intermain, annoté et présenté par Alexandra Laignel-Lavastine, vinrent pour arrêter des massacres qui leur semblaient trop Denoël, 706 pp., 27 €. 43 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Révolution an XX l ORADEA ARAD l CLUJ l l l l SIBIU TARGU MURES GALATI l BRASOV l BRAILA PITESTI CRAIOVA l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l "Roumanie, le pays du choix" 44 Printemps 1989... Commence SUCEAVA CHISINAU l BISTRITA l IASI l TIMISOARA l BAIA MARE l "Roumanie, le pays du choix"... Tel est le nouveau slogan destiné à promouvoir la Roumanie sur le marché touristique international au cours d'une campagne de promotion bénéficiant d'un budget de plusieurs millions d'euros et dont trois sportifs de réputation mondiale seront les ambassadeurs, Nadia Comaneci, l'ex-champion de tennis Ilie Nastase et le "Maradonna des Carpates" Gheorghe Hagi. Ce slogan a été dévoilé à Pâques, à l'occasion d'un concert organisé à Mamaia. Il remplace le "Simplement surprenant" qui représentait le pays depuis quelques années. Par ailleurs, le nouvel hymne du tourisme roumain - interprété entre autres par Gheorghe Zamfir - qui sera diffusé à l'étranger pour séduire les touristes, devait être révélé le 1er mai. A noter aussi que la ministre Elena Udrea s'est déclarée très satisfaite de l'affluence sur le littoral pour les fêtes de Pâques et a souhaité que cela devienne une tradition. Bucarest bientôt en autobus Les touristes devraient pouvoir bientôt visiter la Bucarest grace à un système d'autobus se succédant toutes les 25 minutes, chaque jour entre 9 h et 20 h. Le circuit passera par le monastère Casin, la place Victoria, le Palais de la Caisse d'Epargne, le boulevard Elisabeth, la place de l'Opéra, Cotroceni, le palais de Ceausescu, la Place Unirii, l'Université, Foisorul de Foc, Piata Romana, la place Charles De Gaulle et Piata Presei. La mairie de Bucarest a prévu d'affecter 4 autobus Mercedes empuntés à la Régie des Transports (RATB) de la capitale pour assurer ce nouveau service. "Cela a débuté par en un jeu d'échecs, eorges Mink, directeur de recherche au CNRS, enseignant à Sciences-Po et au Collège de l'Europe évoque dans les colonnes de Libération, l'année 1989 qui, voici vingt ans, a été marquée par l'explosion du bloc de l'Est, après 45 ans de dictature communiste pour les uns et 72 pour l'ex URSS. "Dans les récits de l'année 1989, celle des révolutions de 1989, celle du démantèlement du totalitarisme soviétique, la métaphore des pièces de domino qui tombent, une à une, s'est imposée avec une étonnante facilité. Elle est pourtant trompeuse. Cela a commencé par un poker menteur, qui s'est transformé ensuite en un jeu d'échecs, avant de se terminer par un effet des dominos. "N'est-il pas alors utile de rappeler ce qui s'était passé en 1989 pour éviter d'escamoter l'histoire et en détourner sa représentation mémorielle ?" se demande ce spécialiste de l'Europe Centrale et de l'Est. G Passation des pouvoirs autour de tables rondes… sauf en Roumanie Le calendrier en soi est déjà très parlant. Tout commence par la table ronde polonaise, le 6 février, pour se conclure par la signature d'un compromis historique entre les négociateurs communistes et les représentants de l'opposition le 5 avril 1989. Les Polonais obtiennent la légalisation du syndicat Solidarnosc, des élections quasi libres au parlement et totalement libres pour le Sénat, un journal hors censure, Gazeta Wyborcza (notre photo: Lech Walesa porté en triomphe). Puis vient la double table ronde hongroise en mars 1989 et de juin à septembre 1989. Les Hongrois, instruits par l'absence de la réaction soviétique, en veulent plus et l'obtiennent: les élections libres et le référendum qui donnera la présidence du pays à un représentant de l'opposition, l'écrivain Arpad Goncz. La table ronde tchécoslovaque (ou plus exactement les) se déroule entre le 26 novembre et le 9 décembre; les opposants ne négocient plus que le changement du personnel politique, la formation d'un gouvernement non communiste, la présidence du pays pour Vaclav Havel et celle de l'Assemblée fédérale pour Alexandre Dubcek. En RDA, les négociations ont lieu après l'ouverture du Mur, à partir du 7 décembre 1989, mais très vite on se focalise sur la gestion du processus de réunification. La métaphore mobilière n'a plus autant d'importance, les événements l'ont largement rendue caduque. Alors qu'en Roumanie la justice expéditive se substitue aux négociations, seule encore la Bulgarie s'offre une vraie table ronde, relativement tardive, qui commence le 3 janvier 1990. Entre "normalisation" à la soviétique et "terreur blanche" De par sa précocité, la table ronde polonaise est soumise aux incertitudes du contexte. Tout au long de son déroulement, l'argument de la violence probable subit une lente érosion. Ce n'est pas seulement l'absence de réaction mais c'est surtout l'assentiment exprimé par Gorbatchev qui déstabilisera les conservateurs du Parti. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE se rêve en députée européenne de mannequin à femme politique avec 16% des voix contre 35% pour le PD-L et 30% pour le PSD-PC. Selon l'éditorialiste d'Evenimentul Zilei Andrei Craciun, le succès d'une candidate non politicienne atteste de l'état de la politique en Roumanie. "Parce qu'elle n'est pas politicienne, Elena Basescu reste une image construite selon les critères qui consacrent toutes les vedettes actuelles. Elle est transformée en une espèce de sexy-candidate-merveille qui attire comme un aimant la curiosité. Et les votes. Probablement." Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com - Bucarest) Maria, qu’est-ce qu’on fait avec la petite... On l’envoie apprendre la grammaire ou à Bruxelles ? (Vali)? Nouveau président du PNL, Crin Antonescu s'entoure de figures impliquées dans des affaires C rin Antonescu, 50 ans, leader du groupe Libéral à la Chambre des députés, a été élu président du Parti national libéral (PNL), fin mars, lors du congrès extraordinaire du parti. Professeur d'histoire, originaire de Tulcea, ancien ministre de la Jeunesse et des Sports sous le Président Constantinescu, il remplace Calin Popescu Tariceanu à la tête du premier parti d'opposition qu’il a battu. Ludovic Orban, l'ancien ministre des Transports, qui s'était également présenté à cette fonction, avant de retirer sa candidature pour soutenir Crin Antonescu, a été nommé viceprésident du parti. S'il a voulu apparaître comme l'homme du changement, Crin Antonescu a pourtant utilisé une rhétorique bien connue de la classe politique dans son discours précédent le vote, celle du dénigrement. Sa principale cible: Traian Basescu. Selon Antonescu, le Président de la République est un "vieux maquereau", contrôlant les entrées du "bordel politique roumain…". "Bienvenue dans l'aquarium" peut déjà lui rétorquer ce dernier, sans risque de se tromper. Le nouveau président du PNL s'est en effet bien entouré. On retrouve comme vice-présidents du Parti libéral, Cristian Anghel, maire de Baia Mare depuis 16 ans, poursuivi pour abus de pouvoir et préjudice de 400 000 € au détriment de sa mairie, Mircea Muntean, maire de Deva depuis 13 ans, accusé d'avoir vendu à un prix dérisoire un terrain public à un promoteur immobilier italien, Romeo Staravache, maire de Bacau, soumis à enquête pour concussion au sujet de travaux publics. Cette équipe pourra s'appuyer sur une base tout autant solide dont fait partie Lucian Iliescu, maire de Giurgiu depuis 13 ans, ancien du Parti Communiste Roumain (PCR), reconverti dans l'ultra-libéralisme et quelques valeurs montantes prometteuses, déjà dans le collimateur de la Justice. Le bailleur de fonds et "faiseur de roi" du PNL, autrefois parti historique prestigieux, n'est autre que l'affairiste milliardaire Dinu Patricu, première fortune du pays d'après la revue américaine Forbes, ancien propriétaire de Rompetrol, patron d'un groupe de presse, plusieurs fois inquiété par la Justice, suspecté de manipulations en bourse, brièvement arrêté mais relâché. Vasile Paraschiv : l'honneur d'un dissident A 80 ans, il reste cet éternel esprit libre qui a osé refuser, le 1er décembre, la décoration suprême que voulait lui décerner le président Traian Basescu: chevalier de la Steaua României (Etoile de Roumanie). "Je ne peux accepter une distinction de la main d'un communiste", a-t-il asséné au chef de l'Etat. Tour à tour arrêté et interné en hôpital psychiatrique, Vasile Paraschiv n'a pas seulement ferraillé, durant vingt ans, contre le régime de fer de Ceausescu. Depuis la chute du régime, en décembre 1989, il a poursuivi son combat par la voie judiciaire, pour devenir, aujourd'hui, un autre symbole: celui de la lutte des victimes contre l'Etat roumain. Dure bataille... Signe que, près de vingt ans après la "révolution", le pays peine encore à digérer son passé. Avec l'aide de l'Institut de recherche et d'investigation des crimes du communisme (IICCR), créé en 2005, Vasile Paraschiv a d'abord constitué un dossier, accablant, sur la base des archives de la police politique. Puis il a attaqué en justice 67 personnes, psychiatres et exmembres du Parti ou de la Securitate. Mais, en 2008, le parquet annonce que les faits sont prescrits... "Très peu de crimes commis pendant la période communiste ont fait l'objet de condamnations pénales", confirme Raluca Grosescu, historienne et membre de l'IICCR. "Ils devraient relever de crimes contre l'humanité, imprescriptibles... Les plaignants ont déposé des recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme". L'espoir resurgit, néanmoins, dans les tribunaux civils, où les victimes peuvent enfin voir leurs souffrances reconnues, à défaut de voir leurs tortionnaires passer en jugement. Le 4 décembre 2008, Vasile Paraschiv remporte sa première victoire: l'Etat roumain est condamné à lui verser 300 000 € de dommages et intérêts pour les mauvais traitements subis entre 1968 et 1989. Mais il en réclame un million. Le verdict est attendu en appel. Marion Guyonvarch 9 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE La fille du Président Politique l l SATU MARE ORADEA l ARAD SUCEAVA IASI l l CHISINAU TARGU MURES l l DEVA VASLUI l l Elena Basescu… l BAIA MARE l l TIMISOARA BRAILA BRASOV PITESTI CRAIOVA l l l PLOIESTI n BUCAREST GIURGIU l l TULCEA CONSTANTA l l Le gendre du Roi Michel en course pour la présidentielle 8 Radu Duda, 49 ans, mari de la princesse Margareta depuis 1996, fille aînée du roi Michel, se présentera à la prochaine élection présidentielle qui aura lieu en fin d'année. Il a reçu le soutien de son beau-père, aujourd'hui âgé de 87 ans et qui est le doyen des monarques ayant régné dans le monde. Nommé par le roi Michel prince de Roumanie, cet ancien comédien, né en 1960 à Iasi, a occupé les fonctions de représentant spécial du gouvernement roumain de 2002 à 2008, date à laquelle il y a renoncé, recevant environ un million d'euros pour financer les différentes missions qu'il a eues à mener sur les problèmes d'intégration de la Roumanie à l'UE, de coopération et de développement durable. En annonçant soutenir la candidature de son gendre, le roi Michel a affirmé lors d'une conférence de presse qu'il était temps que "la famille royale s'implique dans la marche du pays (...) A travers la présence aux élections démocratiques du chef de l'Etat, ma famille essaie d'unir et d'assainir la Roumanie d'aujourd'hui. Nous voulons montrer comment doit être servi un vrai peuple", a-t-il déclaré. Après l'annonce de sa candidature, Radu Duda a été vu en compagnie de Betsy Myers, une des stratèges de la campagne de Barack Obama. Les premiers sondages le créditaient de 3 % des intentions de vote. lena Basescu avait jusqu'au 2 avril pour rassembler 100 000 signatures et ainsi se présenter aux élections européennes le 7 juin prochain. Mission réussie. Gros plan par Marion Guyonvarch sur son aventure en indépendante qui focalise l'attention. Elle pourrait être l'héroïne d'une télénovela: la fille du président de la République qui, décidée à entrer dans l'arène politique, se heurte à l'opposition des intellectuels de son parti et choisit donc de se lancer dans la course à l'élection en indépendante. Mais le scénario est bien réel et fait d'Elena Basescu, "Elena de Dorobanti" comme elle s'est elle-même baptisée, la star avant l'heure de la campagne pour les Européennes. Depuis qu'elle a démissionné du PD-L (Parti démocrate-libéral, au pouvoir avec le PSD) et annoncé sa candidature en indépendante le 18 mars, la fille cadette de Traian Basescu, qui espère briser un peu son image de fille à papa et de poupée jet-setteuse, a décrété la mobilisation générale pour collecter les 100 000 signatures nécessaires à sa candidature. E Figure de la jeunesse dorée bucarestoise Via ses camarades de l'organisation des jeunes démocrates qui la soutiennent en partie, une campagne de collecte a débuté à travers tout le pays. Sous le sigle "EBA", l'ancienne mannequin de 28 ans a aussi investi le Net, en lançant son site et en prenant d'assaut les réseaux sociaux type Facebook ou Twitter, où elle publie ses dernières déclarations et recrute des volontaires. Sans oublier bien sûr qu'elle fait jouer son important carnet d'adresses : des membres du PD-L affichent leur soutien: Elena Udrea, la ministre du tourisme, proche de son père, a mis son siège de campagne à sa disposition, la député Raluca Turcan a offert sa signature et le fils de l'affairiste et politicien Silviu Prigoana fait partie des bénévoles. Certains médias ont même lancé des campagnes de soutien, distribuant des formulaires de collecte de signatures. D'autres, comme Academia Catavencu, la Canard Enchaîné roumain le font aussi mais sur un ton bien plus moqueur. Car la presse, bien sûr, se régale de ce nouvel épisode des péripéties d'Elena Basescu - figure de la jeunesse dorée bucarestoise, connue pour ses gaffes verbales, sa façon d'écorcher la langue roumaine, sa vie amoureuse agitée, sa fréquentation assidue des clubs et restaurants branchés de la capitale. Le soutien que lui apporte son ancien petit ami, Andrei Hrebenciuc Jr, fait très souvent la Une. Les journaux se délectent notamment quand son père essaie de la défendre contre ceux qui la taxent d'incompétence, affirmant qu'elle a "tout de même terminé la James Madison University". Alors qu'elle n'y a étudié que deux semestres… "Papa n'a pas menti", réplique aussitôt Elena. Qui ne joue pas vraiment les rebelles non plus: elle continue d'affirmer sa fidélité sur la durée au PD-L et a nommé sa sœur, Ioana, chef de campagne. La sexy-candidate fait merveille dans les sondages Pour l'heure, pour convaincre, Elena Basescu utilise cette posture d'indépendante, de militante fidèle qui n'a eu d'autre choix que de partir de sa formation politique, notamment à cause du mépris affiché par les intellectuels. Elle a ainsi affirmé avoir "décidé de faire le chemin jusqu'à Strasbourg à pied, tandis que les candidats des principaux partis s'y rendront eux en avion". Derrière cette posture, difficile de discerner le programme politique de la candidate Elena. Reste que la stratégie semble payante. Les campagnes de signatures fonctionnent bien, et, mieux, selon un sondage réalisé par CCSB le 19 mars, "EBA" se classerait en troisième position le 7 juin prochain, Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte un poker menteur, qui s'est transformé avant de se terminer par un effet de dominos" la chute des régimes communistes à l'Est Le général Jaruzelski, artisan principal, côté communiste, que l'opposition pouvait les gagner et plus encore que le poudes négociations en Pologne dira: "Pour Gorbatchev, l'issue de voir tolère un tel résultat. la table ronde polonaise pouvait rassurer les autres dirigeants Le 4 juin, le jour même de la victoire électorale de de l'Europe de l'Est en démontrant qu'on pouvait coopérer Solidarnosc, les communistes conservateurs de l'Europe cenavec les forces de l'opposition sans que cela tourne à la terreur trale s'accrochent encore à une alternative à la chinoise, en blanche." regardant les chars écraser sur la place Tienanmen le mouveLes Polonais essuient les plâtres, la suspicion mettra du ment réformateur. Mais il n'y a plus de retour en arrière. temps à se dissiper. Rien n'est joué d’avance. Le contexte Les audaces à venir trouvent leur source à Varsovie. En mérite d'être rappelé car septembre est donné le signal le plus imporil montre aussi les frontant. Un Premier ministre non communiste, tières cognitives à l'auTadeusz Mazowiecki, s'apprête à gouverner dace et aux stratégies dans un environnement encore largement des acteurs. soviétisé. Ainsi, le registre des possibles Au milieu des s'élargit-il de manère décisive avec le temps années 80, on est dans et les acteurs politiques de l'Europe centrale une ambiance carrément et orientale se radicalisent. pessimiste. Les théories de l'inévitable normaliConcurrence et compétition sation soviétique sont entre anciens "pays frères" plus fréquentes que les réflexions sur la fin du Depuis quelques années déjà les anciens communisme. Cela mal"pays frères" se livrent à une concurrence, gré le gorbatchévisme, plus ou moins explicite, sur qui est la plus qui a du mal à se faire La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989. grande victime des vicissitudes de l'histoire, passer pour autre chose ou sur qui a vaincu le communisme. En qu'une nième ruse du communisme. 2006, les Hongrois ont rappelé l'anniversaire de l'insurrection Se souvient-on encore des mots de Jean-François Revel de Budapest. L'année 2008 a fait monter au créneau les qui, dans un best-seller, Comment les démocraties finissent, a Tchèques pour remémorer la trahison occidentale de Munich affirmé que "la démocratie aura été dans l'histoire un accien 1938, le putsch des communistes de février 1948, l'écrasedent, une brève parenthèse qui sous nos yeux se referme". Et ment du printemps de Prague en 1968. faut-il rappeler que Henry Kissinger est allé à Moscou en plei"Poland first to figth", ("La Pologne, première à se ne débâcle des communistes polonais pour proposer, contre la battre") est le slogan adopté par le gouvernement polonais finlandisation de certains pays de l'Europe centrale, la propour contrecarrer les velléités de lui ravir ses mérites. Une messe des Etats-Unis de ne pas chercher à les attidiplomatie mémorielle rer dans l'orbite américaine. Le président Bush sous-tend cette compépère, durant son voyage en Pologne et en Hongrie tition commémorative également en 1989, se place intellectuellement dans qui s'annonce particule scénario des communistes, à savoir “le partage lièrement rude en bicéphale des pouvoirs". 2009, peu compatible avec la prescription du "La liberté est tolérable" consensus mémoriel de l'Union Euro-péenAinsi l'agenda polonais était d'une importance ne. Mais rentable. Les capitale pour "informer" les autres. L'exemple politiciens, qui se polonais vidait de son efficience l'argument légititransforment en vérimateur de la violence probable. La négociation tables entrepreneurs de polonaise avait déjà eu en avril un effet foudroyant, commémoration, Vaclav Havel, inspirateur la de la “Révolution de velours” à Prague. puisqu'elle disait aux pays voisins que la liberté l'ont bien compris. syndicale, le pluralisme syndical, la liberté d'association Cependant, même s'il est juste de reconnaître aux Polonais étaient tolérables. A cela s'ajouta la révélation qu'un journal le mérite de la primauté et de l'exemplarité, la fête ne devraitindépendant (Gazeta Wyborcza) était admissible. elle pas être universelle? Le monde entier était concerné par la En juin, on note non seulement la possibilité d'organiser disparition d'un régime honni. les élections, un peu plus libres que d'habitude, mais surtout Georges Mink, Directeur de recherche au CNRS 45 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Tourisme l l l DEVA l l TIMISOARA IASI l SIBIU l l SUCEAVA TARGU MURES CLUJ ARAD l l CRAIOVA BACAU BRAILA l PITESTI l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Le calendrier agricole hors des sentiers battus 46 70 % de roumanophones et 30 % de russophones Vaste question... et source de bien des problèmes l BRASOV PETROSANI l Un pont loin sur la Tisa l l BAIA MARE ORADEA Coté pile roumain, Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Le Maramures est un pays de fêtes et traditions qui sont fort bien décrites dans les guides "Lonely Planet" et "Le Routard", deux ouvrages indispensables aux touristes et qui se complètent. Toutefois, hors des sentiers battus, il existe d'autres rendez-vous, rarement évoqués, et qui donnent pourtant toute sa mesure à la région. Ils figurent à ce qu'on pourrait appeler "le calendrier agricole", martelant le rythme de la terre. Les premier et deuxième dimanche de mai, les bergers se retrouvent dans les vallées pour mesurer la quantité de lait de brebis que chacun a produit et qui est mise en commun. L'évènement est d'importance car il décidera du quota de fromage reçu. C'est l'occasion d'une grande fête et le prêtre vient bénir les hommes et leurs troupeaux. Une semaine auparavant, on a procédé à la tonte des moutons donnant lieu aussi à des réjouissances pittoresques, au son de la musique. ertains de nos lecteurs s'apprêtent à prendre cet été le chemin de la Roumanie et bon nombre feront un détour par le Maramures. Pour guider leurs pas hors des sentiers battus, et les aider dans leur découverte de cette région, "Les Nouvelles de Roumanie" lui consacrent un dossier dans les pages suivantes… destiné également à faire voyager en rêve ou à donner des idées à ceux qui n'auront pas eu l'opportunité d'en prendre le chemin. Si la dernière véritable culture paysanne d'Europe y est encore bien vivante, le visiteur ne doit pas oublier que le véritable Maramures historique se trouve aujourd'hui aux deux tiers en Ukraine. Sur les 10 300 km2 qui le forment, 3381 sont sous administration de Bucarest et 7000 de Kiev. En Roumanie, son caractère authentique n'éclate que dans le nord du judet du même nom, près de la frontière entre les deux pays. Le sud s'apparente davantage aux spécificités de la région de Bistritsa-Nasaud. Les méandres de l'histoire ont suivi ceux de la rivière Tisa qui séparent Roumanie et Ukraine, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et auparavant Roumanie et Tchécoslovaquie, entre les deux guerres. En fait, le Maramures ne connut son unité que sous l'empire autrichien des Habsbourg. Aujourd'hui, la Tisza est devenue la frontière extérieure de l'Union Européenne, depuis que la Roumanie l'a rejointe, aggravant encore la séparation. Ukrainiens et Roumains doivent montrer patte blanche et visas d'un coût de 30 € pour les premiers, pour se rendre visite. Seul point de passage, le pont en bois de Sighet fait immanquablement penser à celui de Glienicke qui a longtemps séparé les deux Berlin en enjambant la Havel, auquel il ressemble beaucoup, et qui a été rendu célèbre pour avoir été utilisé lors de la plupart des échanges d'espions capturés pendant la guerre froide. Refait dernièrement grâce à des fonds de l'UE, il est emprunté quotidiennement par 3000 personnes, lesquelles doivent patienter trois heures côté roumain pour le franchir et cinq heures, côté ukrainien. Au-dessous, les 3-4 m de largeur de la rivière font sérieusement douter qu'ils soient imperméables à l'immigration clandestine. C Après une tentative d'assimilation, Kiev lâche du lest Toujours en mai et un dimanche, on célèbre l'époque des semailles. A Hoteni, près de Ocna Sugatag, à 20 km de Sighet, la population se retrouve pour une incantation très spectaculaire au soleil et au rythme de la terre, au cours de laquelle un jeune garçon est amené pour être lavé dans la rivière. (Suite page 48) Le Maramures ukrainien forme un comitat, équivalent du judet roumain. On y dénombre neuf communes et au total treize villages pour une population de 35 000 habitants d'après les autorités, chiffre plus proche de 40-42 000. Kiev a longtemps traîné les pieds avant de reconnaître officiellement cette entité et a tenté longuement l'assimilation de la population: école soviétique, enseignement de l'ukrainien, bannissement de la langue roumaine… remplacée par le moldave. Mais ce processus d'ukrainisation a renforcé par réaction le caractère roumain autochtone, armant cette communauté d'une psychologie de minorité, comme chez les Houtsouls, communauté plus ancienne que les Ukrainiens du crû. Les fêtes traditionnelles, notamment celles de la Pentecôte et l'Ascension, n'en ont été que davantage suivies. La séparation physique en deux entités du Maramures n'a cependant pas altéré les traits communs de ses habitants. De tout temps, de chaque côté de la frontière on s'est montré dur à la besogne. Côté roumain, on louait ses bras pour aller travailler sur les gros chantiers du Banat; côté ukrainien on prenait le chemin des combinats de Novosibirsk, en Sibérie. Au retour, avec le pécule accumulé, chacun se faisait construire une grosse maison, ce qui était inhabituel dans l'ex-URSS. S'influençant l'une l'autre, les deux communautés gardent encore des différences culturelles sur des points mineurs. Les Slaves mangent volontiers des pilmeni (espèces de raviolis) auxquels les roumanophones préfèrent les sarmale (feuilles de vigne farcies). De manière générale, la cuisine des roumanophones est plus méditerranéenne (ail, huile et grillades) que celles des slaves (à base de crème fraîche). De même, si l'on se retrouve volontiers pour boire ce sera davantage du "cognac" pour les roumanophones et de la vodka pour les slaves. Enfin, si vous êtes invités a un mariage vous pouvez dire sans hésiter à quelle communauté vous avez à faire. Cependant ces différences (qui s'estompent) ne doivent pas cacher que les slaves locaux ont acquis de nouvelles coutumes et que celles des Moldaves sont différentes de celles de la Moldavie roumaine. Un seul exemple: la "ciorba de burta" plat national roumain que l'on trouve dans tous les restaurants est introuvable en Moldavie. Près de 80% des industries et des sources d'énergie (barrage hydro électrique sur le Dniestr) se trouvent en Transnistrie. Le reste de la Moldavie est essentiellement agricole avec vignes et vergers, à quoi on peut ajouter quelques industries agro alimentaires de transformation. L'explication du phénomène est simple: toute l'industrialisation a été le fait de l'Union Soviétique qui a préféré la faire dans une région non contestée. Deux langues et deux alphabets en concurrence Aspect linguistique. Les roumanophones locaux parlent ils le moldave ou le roumain ? En d'autres termes existe-t-il une langue moldave ? Jusqu'en 1860, le parler roumain recouvrait le territoire de la Roumanie et de la Bessarabie, mais était écrit en alphabet cyrillique. La Roumanie décida alors de passer à l'alphabet latin ce qui créa quelques divergences avec la langue de la Bessarabie alors sous occupation russe. A l'époque soviétique, l'alphabet cyrillique a été maintenu en Moldavie, mais lors de l'indépendance, en 1991, l'alphabet latin fut institué alors que la Transnistrie restait toujours à l'alphabet cyrillique. Enfin, plus récemment, le parlement moldave (contre l'avis de tous les linguistes) a décidé que la langue officielle était le moldave régi par l'Assemblée des sciences de Chisinau et non le roumain… bien qu'il s'agisse pour l'essentiel de la même langue. Il faut aussi préciser que la Moldavie n'a qu'une langue officielle d'état même si le russe est reconnu comme langue de communication privilégiée, par contre la Transnistrie a pour langues officielles le russe, l'ukrainien et le moldave. Peurs croisées et spectre d'un rattachement à la Russie Tout se joue depuis quinze ans sur l'opposition des deux communautés qui vivent dans un climat paranoïde. La communauté slave entretient sans trop de raison la peur de ne pas être reconnue comme étant moldave et de devoir partir, la communauté roumanophone la peur d'être dominée par la minorité slave comme cela a été le cas pendant cinquante ans. Cette dichotomie a culminé dans les années 90 où certains hommes politiques agitaient le chiffon rouge du rattachement à la Roumanie et où le monolinguisme était voté. En réaction, la Transnistrie faisait sécession et interdisait l'alphabet latin pour le moldave ! Même si les populations dans leur majorité ne semblent pas vouloir d'un rattachement, certains Moldaves continuent à l'évoquer tandis que les autorités de Transnistrie demandent à rejoindre la Russie. Cependant, il naît de plus en plus une conscience de peuple moldave, les enfants des russophones apprenant même tous maintenant la langue du crû. La population est aussi quasi unanime a vouloir se tourner vers l'UE tout en gardant de bonnes relations avec Moscou, ce qui passe par un refus d'une adhésion à l'Otan". Voronine : "Lénine a été un leader génial" L e Président Vladimir Voronine a rendu un vibrant hommage à Lénine lors du 85ème anniversaire de sa mort, déposant une gerbe devant l'imposant monument érigé à sa mémoire à Chisinau. Ce même jour il avait assisté aux funérailles nationales du poète Grigore Vieru, incarnation de l'esprit de résistance aux Soviétiques. "Nous ne devons pas renoncer à notre histoire" a-t-il déclaré, "dans les années qui ont suivi la fin de l'ère soviétique, beaucoup d'hommes ont voulu diffamer Lénine. Ils n'ont pas réussi et ne réussiront pas. Lénine a été un "conducator" un organisateur génial". Cet ancien secrétaire du Parti communiste moldave, formé à Moscou et nostalgique de l'époque où son pays était une république de l'URSS, devenu président de la Moldavie en 2001, a également clamé que "les idées marxiste-léninistes étaient toujours d'actualité et pourraient devenir une feuille de route pour résoudre les problèmes modernes", ajoutant "Aujourd'hui, nous construisons en Moldavie un Etat social où la prospérité des citoyens est la priorité". La Moldavie est considérée comme le pays européen le plus pauvre. 7 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie l BAIA MARE l ORADEA l ARAD l JUCU l l SIBIU TIMISOARA IASI TARGU MURES l l CHISINAU l BACAU BRASOV BRAILA PLOIESTI l l CRAIOVA l n BUCAREST CONSTANTA l Les Moldaves pourront devenir plus facilement Roumains 6 Connaissance et découverte côté face ukrainien… sépare les deux Maramures l l PIATRA NEAMT l La Moldavie est elle roumaine ? BOTOSANI l SUCEAVA l La petite république comprend Les NOUVELLES de ROUMANIE Après le discours du président Traian Basescu devant le Parlement roumain et son appel au gouvernement pour un changement de la loi sur la citoyenneté, le Premier ministre Emil Boc a annoncé une simplification des procédures. Désormais, les Moldaves d'origine roumaine pourront obtenir la citoyenneté roumaine plus facilement, et plus rapidement. L'entretien, qui avait pour but de vérifier la connaissance de la langue, n'aura plus lieu pour ceux qui ont eu par le passé la citoyenneté roumaine. Et le degré de filiation nécessaire pour prouver ses origines roumaines a été étendu jusqu'au troisième degré (arrières grands-parents). Par ailleurs, le délai maximum de vérification du dossier sera désormais de 5 mois à partir de son enregistrement. Ces mesures, qui ne sont pas encore entrées en application, concernent entre 800 000 et un million de Moldaves, soit le quart de la population. Elles provoquent une large inquiétude à Bruxelles et dans plusieurs pays membres de l'UE qui redoutent de voir affluer des immigrants dotés d'un passeport roumain leur donnant libre accès à la Communauté européenne et qu'elles n'entraînent une déstabilisation de la Moldavie. a Moldavie est-elle roumaine? Vaste question a laquelle Marcelin, retraité français vivant en Moldavie se garde bien d'apporter une réponse tranchée sur son site Internet, repris par Rue 89 (http://www.rue89.com), tout en soulignant ci-dessous, qu'elle renferme l'origine de tous les problèmes de la petite république (nos photos: les manifestations). L Ballottée au gré des appétits des voisins "Un peu d'histoire. La République de Moldavie est composée des trois quarts de ce qui était la Bessarabie (territoire compris entre le Prout à l'ouest et le Dniestr ou Nistru à l'est) et un sixième de la Podolie (territoire ukrainien à l'est du Dniestr). Le sud de la Bessarabie appartient à l'Ukraine, ce qui prive la Moldavie d'accès à la mer. La partie "Podolie" de la Moldavie est constituée d'une bande de terre le long du Dniestr, longue de 300 km et large de 30 km. Pour l'heure, cette partie est sécessionniste, sous le nom de République de Peridnistrova ou Transnistrie, sans aucune reconnaissance internationale. Côté Histoire, les deux parties ont eu des destins très différents. Au XVe siècle, la Podolie passe sous domination turque, et ce jusqu'à sa libération par les Russes en 1780. Elle finit rattachée à la Moldavie en 1945. L'histoire de la Bessarabie est plus complexe: à l'origine peuplée par des Thraces appelés Daces, les Romains ayant créé en Moldavie occidentale (aujourd'hui roumaine) la province de Dacie, les Bessarabiens seront connus comme les daces libres. En 1350 est créée une principauté de Moldavie avec la Moldavie roumaine et la Bessarabie. Pendant un siècle et demi elle résiste aux Tatars et aux Huns avant d'imploser et de tomber aux mains de l'empire ottoman. La Bessarabie deviendra russe après une guerre turco-russe en 1812. En 1918, la Roumanie entre en Bessarabie appuyée par des troupes du Général Berthelot et l'annexe. En 1939 suite au pacte Molotov-Ribbentrop les troupes soviétiques l'occupent. En 1940 les troupes roumaines appuyées par les troupes nazies la libèrent et vont jusqu'a Odessa. Pendant cinq ans, la région servira à déporter les tsiganes et les juifs roumains (400 000 personnes dont 230 000 juifs disparus). En 1948, les Russes réoccupent la Moldavie. Depuis 1920, il a toujours existé une RSSM (République socialiste soviétique de Moldavie), de 1920 à 1939 sur le territoire de la Bessarabie, de 1939 à 1945 sur des territoires de Podolie (afin de montrer la persistance de la revendication soviétique), enfin de 1945 à 1991 sur le territoire de Bessarabie amputée au sud et une partie de la Podolie. Sarmale, ail, huile et cognac pour les uns pilmeni, crème fraîche et vodka pour les autres A ce jour la Bessarabie est peuplée à 70% de roumanophones et de 30% de slaves russophones, ce à condition de préciser que l'énorme majorité des roumanophones parlent aussi russe alors que quasiment aucun russe ne parle correctement le roumain. Enfin, dans la capitale, la répartition avoisinerait les 50-50. En Transnistrie, la proportion est inversée: 60% de slaves et 40% de roumanophones. Depuis sept-huit ans, Kiev a lâché du lest. Trois associations roumaines ont pu voir le jour. Les programmes de radio et télévision comprennent quelques heures d'émission en roumain, mais il n'existe toujours pas de journal dans cette langue. L'université d'Oujgorod forme des professeurs de roumain. C'est un premier pas, même si on est loin des facilités accordées à ses minorités par Bucarest, avec un lycée ukrainien, des lycées hongrois, des publications, des médias, des églises, etc. D'ailleurs, et paradoxalement, puisque le Maramures historique est davantage ukrainien, c'est côté roumain que tout ce qui a trait à l'ethnographie, l'expression culturelle de la province, est le mieux conservé, encouragé et développé. Car, malgré sa résistance, le premier a dû subir le brassage de population inhérent à la période soviétique, accueillant des kazakhs, Ouzbeks, Russes, devenant une sorte de Babylone où il n'est pas rare de rencontrer des gens parlant cinq langues. Divorce sous la menace de l'Armée rouge Lors de la conclusion des traités de Versailles, Saint-Germain en Laye et du Trianon, en 1919-1920, les Roumains ont vu s'envoler l'espoir soulevé lors de la Grande Assemblée d'Alba Iulia, le 1er décembre 1918, de voir s'intégrer tout le Maramures à la Grande Roumanie qui naissait. L'envoi d'une délégation conduite par la reine Marie pour plaider cette cause auprès des Alliés fut vain. Ceux-ci, sur les lambeaux de l'Empire austro-hongrois tout juste démantelé, choisirent d'attribuer le nord de la région à la Tchécoslovaquie qu'ils venaient de porter sur les fonds baptismaux. Les circonstances d'une réunification étaient beaucoup moins favorables en 1945. Sous la menace de l'Armée rouge, les Soviétiques redessinant l'Europe à leur avantage, firent pression sur la population et manipulèrent un référendum qui leur attribua l'ensemble du Maramures via l'Ukraine. Une révolte des paysans les amena cependant à revoir leur copie et à le scinder en deux, suivant un découpage que l'on retrouve pratiquement actuellement… Hormis pour la partie orientale roumaine, au fort potentiel économique, qui fut grignotée en 1950 au profit des judets voisins, à la suite de manœuvres orchestrées par les dirigeants communistes de Suceava. Grande comme la France (600 000 km2 et 50 millions d'habitants), l'Ukraine n'est pas prête à renoncer à sa portion de Maramures, laquelle constitue sa seule partie montagneuse avec la Crimée, fréquentée l'hiver par les touristes polonais et tchèques. Pile ou face, le Maramures doit continuer à vivre comme les deux côtés d'une seule pièce, condamnés à ne jamais se rencontrer. A moins que l'Europe, dans vingt ou trente ans… Dossier réalisé par Henri Gillet avec la collaboration d'Adela et Teofil Ivanciuc Kosmatch, village Houtsoul magique K osmatch est un village Houtsoul de six mille âmes, caché dans les Carpates ukrainiennes. Divisé en 32 lieux-dits, il s'étale sur près de quatrevingt dix kilomètres carrés. C'est un endroit magique imprégné de traditions ancestrales où chaque maison renferme des secrets folkloriques. Dans les années quarante jusqu'au milieu des années cinquante Kosmatch fut le centre de la résistance de "l'armée insurrectionnelle ukrainienne" UPA (Ukraïnska Povstantcha Armia). Cette armée (entre autres), a lutté contre l'invasion soviétique en Ukraine occidentale. Ce n'est pas étonnant qu'aux dernières élections le Président pro-occidental Youchtchenko ait recueilli ici un score de 4001 voix contre 40 pour son adversaire pro-russe Yanoukovitch. 47 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Ce jour-là, toute la Tourisme l l CLUJ l l TARGU MURES l IASI l BRASOV l TIMISOARA GALATI l Valea Jiului l PITESTI BRAILA CRAIOVA l l l TULCEA l n CONSTANTA BUCAREST l (suite de la page 46) Puis viennent les beaux jours et l'été qui permettent d'assister dans la montagne à des scènes rurales comme la transhumance, ici locale, les troupeaux ne se déplaçant guère que d'une cinquantaine de kilomètres car on trouve en abondance dans les parages ce dont ils ont besoin. Bétail, chevaux accompagnent les travaux des champs encore faits à la main avec les gestes augustes des paysans. Cette époque culmine avec le grand pèlerinage de Moisei, le 15 août. 48 Des jours encore plus durs à venir l BACAU l ARAD Le pays est menacé d'asphyxie économique Moldavie Le Maramures SUCEAVA SATU MARE ORADEA Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Pirita, le village qui n'existe pas Le visiteur doit cependant faire attention aux dates des festivités qui changent chaque année. L'hiver, elles sont plus stables. Ainsi peut-il assister au remarquable festival de coutumes et traditions populaires de Sighet, qui se déroule les 25 et 26 décembre. Toujours dans cette ville, il ne faut pas manquer la foire qui se tient chaque premier lundi du mois et permet de côtoyer les paysans, leurs animaux, leur étals de fruits et légumes, les fabricants de palinka… On peut aussi laisser guider ses pas vers le vieux bac (trecere cu bacu) sur la rivière Somes, près de Circalau. Et, si on est intrépide, partir à la découverte d'un village qui n'existe pas, Pirita, vers Bosanta, à 3 km à la sortie de Baia mare, en direction de Cluj. Son nom ne figure sur aucune carte pour la bonne raison qu'il est totalement clandestin. Des Tsiganes pauvres s'y sont installés, sans autorisation, sur des terrains miniers abandonnés. Il n'y a pas d'église, pas d'école, pas de magasins, pas d'eau, pas d'électricité… B ien sûr, saisir le Maramures demande du temps. Toutefois, c'est le dimanche qu'il se révèle de la manière la plus spectaculaire. Ce jour-là, dans les villages, les femmes revêtent leurs costumes traditionnels - jupe courte et fichu colorés, corsage en dentelle, bas -, les hommes arborent leur tenue des grands jours, pantalon et gilet noir sur chemise blanche et petit chapeau conique. Enfants, jeunes, parents avec leurs bébés dans les bras, grands parents, prennent le chemin de l'église, cheminant en groupes sur des kilomètres. Il ne faut surtout pas manquer la sortie de la messe. Tout au long de cette journée dominicale, le visiteur croisera des rangées de vieux, sagement assis sur le pas de leur porte, appuyés sur une canne et bavardant tranquillement, ou de femmes, filant leurs écheveaux de laine tout en devisant avec leurs voisines. Lors des fêtes religieuses, à Pâques, à la Pentecôte, à l'Assomption, le Maramures prend un éclat encore plus intense. Processions, fêtes et festivals de danse s'enchaînent, réunissant les foules. Si on veut le rencontrer, il faut alors s'enfoncer dans le pays car les villes sont désertées. Leurs habitants ont rejoint leurs familles, à moins qu'ils ne soient partis faire des "gratar" (grillades) dans les forêts environnantes ou sur les hauteurs de Cavnic et de sa montagne qui domine un superbe paysage. Imagine-t-on des étudiants bretons se promenant en coiffes, sabots et binious ? Dans les campagnes, l'étranger ne cache pas sa surprise de découvrir une multitude de jeunes portant fièrement leur tenue traditionnelle. Imagine-t-on un instant des étudiants bretons se promenant en coiffes, sabots et binious ? Ici, les jours de fête, s'habiller comme à la ville est l'exception. Voilà ce qui fait la singularité du Maramures en Europe. Certes, on n'y construit plus des maisons en bois, mais en pierre ou en brique. La physionomie des villages a également changé au cours de la dernière décennie et le Maramures authentique aurait tendance à ne plus se retrouver que dans les musées de plein air. La tradition qui voulait que l'on affiche sa richesse en coiffant les branches des arbres de faitouts colorés ou d'indiquer qu'une fille était à marier en installant au sommet une casserole rouge, n'a guère plus cours. Mais cependant, ici, les valeurs ont encore du sens: la fête, la joie, le rituel, la famille, les croyances et la religion. Elles se manifestent par une créativité populaire qui ne s'est pas démentie au fil des années, revêtant souvent un caractère anonyme: sculpture, poésie, métiers du bois, chants… Toutes relèvent du même fort désir de perpétuer les traditions. Une forme de spiritualité que chacun préserve et défend depuis l'enfance. D ans Chisinau, capitale de la petite Moldavie, le nombre de chantiers de maisons en construction est trompeur. Loin de refléter la santé économique réelle de ce pays - au bord de l'asphyxie -, les façades ravalées indiquent seulement que le propriétaire est parti travailler à l'étranger. Ce mouvement migratoire massif a maintenu la Moldavie à flot depuis l'effondrement de l'URSS en 1991. Pour combien de temps encore? Pays essentiellement agricole, l'ancien "grenier à fruits" de l'Union Soviétique risque en effet de subir de plein fouet les conséquences de la crise économique mondiale. Car la Moldavie souffre d'une hémorragie démographique. En 2008, faute d'emplois, au moins 350 000 Moldaves sont allés gagner leur vie à l'étranger, soit 10 % de la population totale, 25 % des actifs. "L'année passée, les virements bancaires en Moldavie des travailleurs à l'étranger se chiffraient à 2,72 milliard d'euros; c'est 38 % du PIB!", explique Ghenadie Credu, de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dans le monde, seul le Tadjikistan dépend davantage de ses travailleurs expatriés. Le tiers des réserves de la banque centrale aurait été dépensé pendant la campagne Or, avec la crise économique, la diminution des transferts de fonds, voire le retour des travailleurs migrants, pourraient déstabiliser ce pays enclavé entre la Roumanie et l'Ukraine. "C'est une bombe sociale à retardement, avertit Ghenadie Credu. Les Moldaves qui ont pris la route de l'Europe vont probablement y rester, mais 60 % des migrants travaillent en Russie et en Ukraine, surtout dans le secteur de la construction. Ils sont revenus cet hiver, et avec la crise qui frappe làbas, ils risquent de rester ici, faute de mieux." Mais inutile de chercher une référence à ce phénomène durant la campagne électorale pour les législatives du 5 avril, soldées par une écrasante victoire du Parti communiste moldave (PCM), au pouvoir à Chisinau depuis 2001. "Les autorités ont fait mine d'ignorer la crise", remarque Vasile Botnaru, rédacteur en chef de Radio Free Europe. Le parti du président Voronine (en portrait sur notre photo) a préféré vanter la "stabilité" de la Moldavie, "en route vers l'intégration européenne". Une stabilité qui a un coût: "Pour maintenir le leu (la monnaie nationale) stable jusqu'au scrutin, les autorités puisent dans les réserves de devises", explique Vasile Botnaru. En 3 mois, la Banque centrale aurait dépensé le tiers de ses 100 millions de dollars; certains assurent même à Chisinau que la cessation de paiement menace. L'opposition libérale aurait pu profiter de ce contexte économique dégradé. Elle s'est au contraire divisée, éclatée entre une dizaine de formations différentes. Vasile Botnaru s'interro- ge: "Et si l'opposition avait préféré laisser la main aux communistes pour ne pas devoir gérer les conséquences désastreuses de la crise ?" En mal de projet et en l'absence de leader, l'opposition libérale n'a pas su montrer sa différence. Tous les partis - y compris les communistes - sont en faveur de l'intégration européenne; tous plaident pour le retour dans le giron moldave de la Transnistrie, région séparatiste soutenue par Moscou depuis 1991. En période de crise, la course électorale avait donc pris une coloration populiste: les communistes ont promis une hausse des retraites de 20 % dès le mois d'avril; les libéraux ont répliqué en annonçant un salaire moyen "de 500 euros par mois", contre 174 actuellement. "La campagne la plus sale depuis dix ans" Mais à ce jeu, les communistes ont été plus convaincants. Résultat, l'opposition s'est retrouvée le soir des élections avec moins de 35 % des voix. "Mieux vaut faire avec les communistes de Voronine et les pousser à ce qu'ils se rapprochent de nous, petit à petit, plutôt que de se retrouver devant un interlocuteur incertain", reconnaissait un diplomate européen en poste à Chisinau. L'éclatement de l'opposition n'est pas la seule explication au raz-de-marée électoral des communistes. L'utilisation des "ressources administratives" de l'Etat et l'emprise du PCM sur la plupart des médias lui a permis de dominer ses adversaires. "C'était la campagne la plus sale depuis dix ans", lance une journaliste de Pro-TV, filiale d'une télévision roumaine et principale chaîne de l'opposition, dont la licence d'exploitation a failli ne pas être renouvelée en décembre 2008. Dès l'annonce des résultats, le taux de participation de 60 % annoncé par les autorités lors du scrutin a d'ailleurs été présenté comme une preuve de falsification. Des centaines de milliers de Moldaves à l'étranger n'ayant pas pu voter, faute de représentation diplomatique dans leur pays, la participation annoncée signifierait que 80% des électeurs résidant en Moldavie se seraient rendus aux urnes. Un taux jugé farfelu par l'opposition. Certes, l'électorat communiste traditionnel - notamment les retraités et les ruraux - est resté fidèle à ses couleurs. Mais l'intelligentsia de la capitale et les étudiants se sentent de plus en plus à l'étroit dans la Moldavie de Vladimir Voronine, déroutés par les louvoiements diplomatiques du régime entre Bruxelles et Moscou. Pour eux, les promesses de "stabilité" du PCM ne sont que synonyme d'inertie. Le lendemain des élections, ils ont fourni les bataillons de manifestants qui ont envahi les rues de Chisinau, mis à sac le Parlement et caillassé la présidence. Alexandre Billette (Le Monde) 5 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE l l BAIA MARE l SUCEAVA ORADEA CLUJ ARAD CHISINAU l l IASI TARGU MURES l l l l l BACAU BRASOV l l SIBIU TIMISOARA PITESTI CRAIOVA l GALATI l l l l TULCEA n BUCAREST (suite de la page 2) 4 Elu pour la première fois en 2001, le président communiste, Vladimir Voronine, ne peut plus se représenter, ayant atteint la limite de 2 mandats de 4 ans. En 2005, il avait été réélu avec les voix d'une partie de l'opposition. Certains lui prêtent l'intention d'imiter le scénario mis au point par Vladimir Poutine pour rester aux commandes en Russie, en se faisant nommer Premier ministre. Mais il semble contesté par une fraction du PCM qui, échaudé par les évènements postélectoraux, lui reproche de s'être comporté comme un "potentat capitaliste", préoccupé avant tout de faire la fortune de sa famille. Son fils, Oleg Voronine, est à la tête d'une des principales firmes moldaves et est considéré comme ayant accumulé une des plus grandes fortunes du pays. Moscoutaires... pro-européens Revenus au pouvoir il y a 8 ans sur un programme pro-russe, les communistes ont opéré un virage radical en se tournant vers l'UE, tout en continuant à ménager Moscou dont Chisinau reste très dépendante, notamment pour son gaz et le règlement du conflit dans la région séparatiste de Transnistrie, qui n'a pas organisé ces élections sur son territoire. Les communistes, qui ne demandent pas l'adhésion à l'UE, se disent pro-européens pour des raisons assez pragmatiques, la Moldavie percevant une aide assez importante de Bruxelles pour son développement économique. Fin 2008, la Commission européenne s'était déclarée prête à négocier avec Chisinau des accords d'association et des zones de libreéchange approfondies. (suite de la page 3) Au-delà du quadrilatère central, Chisinau retrouvait ses airs de petite ville de province. Aucun policier n'était visible dans les rues, aucun contrôle d'identité n'était effectué. Dans les commerces, sur les trottoirs, les passants restaient indifférents à la petite foule qui s'agitait à quelques centaines de mètres de là. "Mardi, c'était la soirée des casseurs… Ceux qui ont brûlé la présidence, c'était des ivrognes, des SDF… N'y cherchez pas un geste politique", assurait Alexandre, un chauffeur de taxi. "Cette semaine, c'est simplement un coup de gueule", analysait Alexandre, un étudiant en économie de 19 ans présent dans le dernier carré et ne cachant pas son amertume. "On a des salaires ridicules ou pas de boulot, il faut se battre pour obtenir le moindre visa, on s'ennuie. Et voilà!", ajoutaitil. Les manifestations de cette semaine post-électorale marqueraient-elles le début d'une "révolution orange" moldave, à l'instar de l'Ukraine en 2005, comme il l'espérait encore… ou s'acheminerait-elle vers un régime dictatorial à la biélorusse, comme le redoutait sa copine ? région revêt ses habits de fête se visite le dimanche Le soin porté aux costumes en est l'expression la plus forte. Ils sont toujours confectionnés à la maison, même si aujourd'hui on ne fabrique plus soi-même les tissus, mais on les achète. Des costumes si beaux qu'ils donneraient vie même à des troncs d'arbres Les femmes ont appris de leurs mères et enseignent à leurs petites filles à broder les corsages. Leur valeur n'est pas seulement sentimentale. Ils coûtent jusqu'à huit millions de lei (plus de 250 €) et les vestes des hommes dépassent les vingt millions, soit 600 €. Peu de gens ont les moyens de s'offrir ces tenues, véritables trésors, conservés précieusement et transmis d'une génération à l'autre. "Elles sont si belles, qu'elles donneraient vie même à un tronc d'arbre" a-t-on l'habitude d'entendre. Certains n'hésitent pas à vendre un lopin de terre, une vigne ou un cochon pour se procurer une simple chemise en dentelle. Paradoxalement, le Maramures n'a pas peur de perdre son âme avec l'Europe et la mondialisation. Au contraire même. Sur place, on y voit une chance de promotion et de défense des minorités qui risquaient autrement de se dissoudre dans l'indifférence. Pour peu que la population demeure persuadée que ses traditions et sa culture sont irremplaçables ! Une mosaïque de minorités malgré les exodes Une Roumanie attirante pour les étudiants moldaves A Bucarest, une bonne partie des étudiants moldaves venus étudier en Roumanie s'étaient réunis pour apporter leur soutien à leurs camarades restés au pays, scandant "A bas le communisme" et agitant les drapeaux étoilés de l'Union européenne. "Nous ne sommes pas là pour demander une réunification avec la Roumanie, mais nous voulons que la Moldavie fasse partie de cette Europe à laquelle la Roumanie a adhéré il y a deux ans", lançait Andreï, un jeune étudiant originaire de Chisinau, inscrit à l'Académie des sciences économiques de Bucarest. "J'aime mon pays et j'aimerais bien y vivre, mais j'ai dû le quitter pour me donner une chance en Roumanie. Tant que les communistes seront au pouvoir, la Moldavie n'a aucun espoir d'évoluer", ajoutait-il. Le jeune homme affirmait des convictions largement partagées par les dizaines de milliers de ses compatriotes qui ont émigré en Roumanie devenu encore plus attirante depuis son adhésion à l'Union Européenne. Séquence réalisée par Les Nouvelles de Roumanie à partir des reportages parus dans la presse française et roumaine et sur les sites Internet moldaves *En 2003, las des pressions de Moscou sur le statut de la république sécessionniste de Transnistrie, Vladimir Voronine avait affiché l'intégration européenne comme une priorité. Mais la politique de voisinage mise en place par l'UE n'a pas fait le poids face à la guerre du gaz et aux multiples embargos russes sur divers produits agricoles moldaves, principales ressources de ce pays. Voronine a donc opéré en 2007 un nouveau virage en se rapprochant d'une Russie déterminée à reprendre le contrôle de ses anciens satellites. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE L e Maramures compte aujourd'hui 515 000 habitants. Il a subi une hémorragie d'au moins 25 000 personnes ces dernières années, auxquels il faut ajouter 35 à 40 000 travailleurs émigrés temporaires, toujours enregistrés à l'état-civil, qui reviennent régulièrement. Cette saignée est particulièrement ressentie dans une ville comme Borsa, appelée "le petit Milan", dont la population est passée de 25 000 à 10 000 personnes, 15 000 de ses habitants s'étant installés dans la cité lombarde. Si elle est formée aux trois quarts de Roumains, la population du Maramures n'en forme pas moins une mosaïque de minorités, avec 11 % de Hongrois, 5-6 % d'Ukrainiens, 3-4 % de Tsiganes, mais aussi des Souabes, d'origine allemande, des Polonais. Des minorités qui co-existent sans problèmes particuliers, ceux-ci ne surgissant guère que lorsqu'ils sont créés par des extrémistes. L'émigration des intellectuels hongrois Aujourd'hui, les Hongrois sont concentrés autour de Baia Mare, Viseu, Sighet, Câmpulung, Coltau. En général population plutôt riche, conservatrice, elle forme une communauté assez repliée sur elle-même, bien qu'elle se soit ouverte depuis la "Révolution", sa prépondérance rurale d'aujourd'hui la rapprochant des Roumains. Cette époque récente a conduit à un nouvel exode vers la Hongrie de ses secteurs les plus cultivés, après ceux de 1918, conséquence du rat- tachement de la Transylvanie à la Roumanie, et la période communiste qui avait exacerbé le sentiment nationaliste roumain, provoquant une désaffection des Magyars. Vers le milieu du XVIIIème siècle, les Hongrois d'origine avaient reçu le renfort d'une immigration italienne qui s'était magyarisée. Cette minorité entreprenante s'était retrouvée à la tête de l'exploitation des ressources naturelles de la région, mines de sel, sources d'eau minérales… Des ukrainiens mieux intégrés Les Ukrainiens ont longtemps formé population la plus pauvre du Maramures. Peu revendicatifs, s'intégrant mieux que les Hongrois quant ils sont amenés à côtoyer les Roumains, ils sont souvent regroupés dans des villages isolés pittoresques - Poieni, Repedea, Ruscova - où leur culture a résisté et où ils continuent à cultiver leurs traditions, notamment religieuses, utilisant aussi l'alphabet cyrillique. Ces dernières années, cette minorité a connu un développement économique sensible, autour des mines de fer, de plomb, de la sylviculture et de l'élevage. Les maisons en dur ont poussé. Plusieurs villages ont été classés en zone défavorisée, au même titre que le judet, recevant des fonds européens pour la construction ou la modernisation des routes, l'aménagement des rivières et la protection des berges pour prévenir les inondations. (Suite page 50) la 49 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE (suite de la page 49) Autrefois, la deuxième communauté juive du pays l ORADEA l BAIA MARE l SUCEAVA l CLUJ l ARAD l l l l IASI TARGU MURES BACAU l BAIA DE CRIS GALATI l TIMISOARA BRASOV PITESTI CRAIOVA l l BRAILA l l TULCEA l CONSTANTA n BUCAREST l Humour Pénurie 50 A l'école, l'institutrice interroge ses élèves pour savoir s'il leur manque quelque chose chez eux que l'Etat providentiel ne leur aurait pas encore apporté. Les enfants répondent à tour de rôle: - Moi, c'est une télévision, mais Papa a dit que çà ne servait à rien avec les coupures de courant. - Moi, c'est un frigidaire, mais maman dit que comme on n’a pas le chauffage, ce n'est pas grave. - Moi, c'est une machine à laver, mais on n'a pas encore installé l'eau à la maison. - Et toi Bula, tu ne parles pas. Qu'est-ce qui vous manque à la maison? - Rien ! - Comment çà rien… Notre Parti bien aimé vous a donc tout apporté? - Non, mais l'autre jour, ma sœur a annoncé qu'elle était enceinte et Papa lui a crié dessus: "Il ne manquait plus que çà !" Déduction Gheorghe entrant dans la cuisine voit Maria donnant furieusement des coups de torchon. - Qu'est ce que tu fais ? - Je chasse les mouches - Et tu en as tuées ? - Oui, cinq ! Trois mâles et deux femelles ! Intrigué, Gheorghe demande des précisions -C'est simple. Il y en avait trois sur ta bière et deux au téléphone. Les Juifs ont pratiquement disparu. On en compte une trentaine de familles à Sighet et quelques centaines à travers le département. Dans certains villages, ils étaient pourtant majoritaires entre les deux guerres, comme à Rozavlea où seule une famille de sept nains a pu échapper dans des circonstances invraisemblables à l'Holocauste après avoir été envoyée à Auschwitz, ainsi que le raconte l'extraordinaire livre de Yehuda Koren et Eilat Negev, Nous étions des géants *. La communauté juive du Maramures, la deuxième de Roumanie, avait grossi lors des pogroms** organisés en Pologne à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, le judet accueillant alors de nombreux réfugiés. Plus proche de la culture hongroise que de la roumaine, elle s'était intégrée sans problème, se liant avec la population, tout en gardant une grande solidarité en son sein, et représentait une force économique de premier ordre, notamment dans le commerce. On estime à 39 000 le nombre des Juifs du Maramures déportés pendant la Guerre par les Hongrois de l'amiral Horthy, qui occupaient la Transylvanie. Le prix Nobel Elie Wiesel, natif de Sighet, était du nombre et, rescapé de cette terrible expérience, en témoignera dans plusieurs de ses romans. Certains Juifs communistes choisirent l'exil en URSS. Le cinéaste Radu Mihaileanu a adapté librement leur histoire dans son film "Le train de vie". * Nous étions des géants, de Yehuda Koren et Eilat Negev, éditions Payot, 2005, 285 pages, 18,50 € **Pogrom: vient du russe "po" (entièrement) et "gromit" (détruire) Un sens de la propriété que le communisme n'a pas réussi à briser A u Maramures, le sens de la propriété est sacré. Pas tant au plan économique qu'au sens patrimonial. Il s'agit d'un transfert d'une génération à l'autre. Ici, face à une très forte résistance qui a pris des allures de fronde, le pouvoir communiste n'a pu mener à bien le processus de collectivisation, d'autant plus que le relief montagneux ne s'y prêtait pas. Un paysage de bocage composé de multiples exploitations morcelées a rendu très difficile la tâche des autorités, les contraignant à fermer les yeux. D'ailleurs, Ceausescu ne s'est aventuré qu'à deux occasions dans les parages, au début des années 70 et en mai 1986. Pourtant, dans les années 50, le régime a bien tenté de mettre en place son système. A Ieud, Dragomiresti, des familles entières qui se refusaient à cour- ber l'échine ont été déportées. Une époque très sombre marquée aussi par la répression des gréco-catholiques, néoprotestants. Malgré l'athéisme officiel, les orthodoxes ont pu continuer leurs pratiques religieuses, beaucoup d'églises étant même construites, les communistes préférant pactiser avec des prêtres acceptant de collaborer, afin de ne pas se mettre à dos une population fortement pieuse. Les tentatives de collectivisation se sont traduites par un désastre, les coopératives agricoles (CAP) n'arrivant pas à assurer la survie des familles. Celles-ci y envoyaient travailler un ou deux membres, souvent les plus âgés, les jeunes partant à la ville pour servir de force de travail au régime. Bien des années plus tard, ils sont revenus au pays et y ont construit leur maison. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE et régime dictatorial à la biélorusse après des élections suspectées de fraude se sent abandonnée et en appelle à l'Europe Le lundi, mille, cinq mille étudiants affluèrent dans le centre, se retrouvant à 20 000 le mardi, rejoints par des adultes et nombres de membres de l'opposition pour une immense manifestation qui prit des allures de première révolution en direct sur Internet - tout comme la révolution roumaine avait été la première télévisée en direct - grâce aux images transmises par les portables, les autorités ayant coupé les autres moyens de communication. Les manifestants brandissaient des drapeaux européens, roumains, moldaves, clamant et scandant leur immense désir de rejoindre le destin de l'Europe, montrant que, comme l'Ukraine ou la Géorgie, la petite Moldavie désespère de rejoindre l'espace européen. Parlement en feu, Présidence saccagée… Provocation ou colère ? Les forces de l'ordre furent vite débordées, laissant cours à une violence inédite dans cette ex-république soviétique, l'une des rares à ne pas avoir connu de révolution post-communiste. Mal équipés et très jeunes, les policiers ne purent résister à la foule. Autodafés des portraits du Président Voronine et de drapeaux communistes, parlement moldave en feu, bâtiments administratifs de la Présidence de la République saccagés, laissèrent croire un moment que le Pouvoir était à l'agonie. La manifestation avait dégénéré en émeute. Elle fera deux morts et une centaine de blessés. L'opposition démocratique accusera des casseurs à la solde des services secrets russes ou moldaves d'être à l'origine de provocations qui permirent à Vladimir Voronine de justifier les mesures de répression prises ensuite et destinées surtout à briser le mouvement de protestation. Dans le plus pur style soviétique, celui-ci affirma que les manifestants, des "fascistes ivres de colère" manipulés par la Roumanie, avait tenté de "commettre un coup d'État". Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, lui apportait son soutien. L'ambassadeur roumain était sommé de quitter le pays et, dans la foulée, Chisinau introduisait un régime de visas avec la Roumanie, tandis que des manifestations de soutien aux révolutionnaires se déroulaient à Bucarest. La frontière était fermée aux journalistes, les étudiants moldaves des universités roumaines tentant de rentrer chez eux, soumis à des interrogatoires aux postes frontaliers. Environ 200 manifestants seront arrêtés, disparaîtront pour certains pendant plusieurs jours, et remis en liberté après avoir été violemment battus et sommés de se tenir tranquilles s'ils tenaient la vie. L'UE, dans l'expectative, se contentait d'appeler au dialogue. Menaces à l'encontre des lycéens Par ailleurs, les communications téléphoniques, et notamment par téléphone portable, avec la Moldavie devenaient de plus en plus difficiles et la connexion à l'Internet demeurait très instable, après l'interruption de l'accès au web via la compagnie de télécommunications nationale, Moldtelecom. Plusieurs sites d'informations indépendants étaient bloqués. Les médias publics rendaient très peu compte des évènements, les télévisions présentant des programmes de divertissement et des dessins animés. Cette répression portait ses fruits. Malgré les mots d'ordre, le nombre des manifestants se réduisait comme peau de chagrin au cours des jours suivants. Deux jours après les émeutes, les forces de police s'invitaient dans les lycées pour expliquer aux élèves qu'ils n'hésiteraient pas à faire usage de la force en cas de nouvelles manifestations. Les commissariats relevaient les noms des lycéens absents le mardi. Certains étaient interrogés. Le même jour, une vieille camionnette arpentait les rues de Chisinau en diffusant un message à l'attention des parents: "Dites à vos enfants de ne pas écouter les provocateurs qui veulent déstabiliser la République de Moldavie. La police prendra des mesures pour les en empêcher". Chisinau retrouve ses airs de petite ville de province Tout rentrait alors dans l'ordre à Chisinau. Des orateurs avaient beau continuer à se succéder devant les manifestants face au bâtiment du gouvernement, tandis qu'une rangée de policiers, plutôt débonnaires, protégeait l'accès principal de l'édifice, le moral n'y était plus. Dans les ruelles adjacentes, quelques dizaines d'entre eux, désoeuvrés, profitaient même du soleil printanier, assis sur l'herbe ou se prenant en photos avec leur uniforme anti-émeute. (suite page 4) 3 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie Entre Révolution orange Chisinau prise de vertige SUCEAVA l BAIA MARE ORADEA l l ARAD l TIMISOARA l l l l BRASOV GALATI l BRAILA CRAIOVA l l CHISINAU BACAU l SIBIU PITESTI l n BUCAREST l l TULCEA CONSTANTA l La victoire écrasante des communistes 2 La jeunesse moldave en révolte IASI TARGU MURES CLUJ l l Le Parti communiste moldave a remporté une victoire écrasante aux élections législatives du 5 avril, qui lui permet d'obtenir la majorité absolue au Parlement de cette ancienne république soviétique. Avec 50% des voix, il devait obtenir 61 des 101 sièges de l'assemblée, soit exactement la majorité des trois cinquièmes (61 députés) requise pour élire un nouveau président d'ici le 8 juin. Mais un nouveau décompte avait été décidé à la suite des émeutes déclenchées dans la capitale par les résultats; il les a confirmés à un siège prêt que les communistes ne devraient avoir aucun mal à trouver. L'opposition a refusé de participer à ce recomptage et a décidé de saisir la justice en raison des fraudes massives qu'elle a constatées. Arrivé au pouvoir en 2001, le PCM apparaît ainsi en progression de près de quatre points par rapport aux précédentes législatives de 2005, où il avait recueilli 46,1% des voix (55 sièges). Loin derrière arrivent le Parti libéral (12,75%), le Parti libéral-démocrate (12,26%) et Notre Moldavie (9,82%). Ces trois formations de droite, pro-européennes comme le PCM qui a effectué un virage voici deux ans, se répartissent les 40 sièges restants. Les autres partis n'ont pas franchi le seuil de 6% pour entrer à l'assemblée.Le taux de participation aurait été de 59,49%, chiffre très contesté. L'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a estimé que ces élections avaient été dans l'ensemble conformes aux normes internationales, mais que des améliorations étaient nécessaires, déclenchant un beau tollé, tant la manipulation du scrutin a paru évidente. e mardi 7 avril, à Chisinau, environ 20 000 jeunes, dont beaucoup n'avaient pas encore le droit de vote, sont sortis sur le boulevard Stefan Cel Mare, l'axe central de la capitale moldave, en signe de protestation contre des fraudes électorales survenues pendant les élections législatives du dimanche précédent, lesquelles ont reconduit les communistes au pouvoir à une majorité écrasante. La manifestation a pris l'allure d'une révolution pendant quelques jours, face à des autorités déconcertées, voire désemparées, le mouvement se calmant - momentanément ? - par la suite. Le coup de colère de Chisinau recouvrait un cri de désespoir d'une jeunesse sans avenir, qui ne supporte plus les privations de liberté ni la précarité et a vu partir ses parents par centaines de milliers pour fuir la misère en allant travailler en Europe ou en Russie. Une jeunesse révoltée qui se sent à l'étroit dans ce pays dont les dirigeants ne savent pas s'il doit se tourner vers l'Europe ou la Russie et a perdu patience. Une jeunesse qui ne peut plus supporter le régime et le système actuels, incarné par le Président Vladimir Voronine, un ancien apparatchik âgé de 68 ans adepte des méthodes autoritaires et proche de Moscou*. L "Il faut croire que 400 000 morts ont voté" La campagne électorale avait été émaillée de fréquentes tentatives d'intimidations d'électeurs et de candidats. Les communistes, contrôlant la grande majorité des médias auxquels les autres partis avaient peu accès, tenaient si bien la situation en mains que leur large victoire avait été claironnée à l'avance, conduisant à une forte abstention, d'autant plus que l'opposition, ayant perdu sa crédibilité, n'avait pas réussi à mobiliser l'opinion. Pourtant le Pouvoir, qui n'en n'avait nul besoin, a eu recours aux irrégularités de façon beaucoup plus importante que d'ordinaire. Arrogance, désir de tout contrôler ? Bourrage des urnes, morts qui votent ont dominé le scrutin… À son insu, le Bureau national des statistiques a confirmé ces fraudes: en deux ans, le nombre d'électeurs aurait augmenté de 10% alors que le taux de natalité est en chute libre et qu'un million de Moldaves ont quitté le pays. "Il faut croire que 400 000 morts ont voté", ironisait un observateur occidental dont l'un des amis moldaves avait découvert le jour du scrutin que 5 personnes vivaient Trois femmes sont allées voter... Deux mortes et une vivante... Combien de voix cela fait au total ? dans son studio de 28 m²." La première révolution en direct sur Internet Le lendemain duvote, jamais la Moldavie ne s'était sentie aussi abandonnée. Cette formalité accomplie, nombre d'observateurs estimaient qu'elle continuerait son chemin terne, sans espoir, accablée par la pauvreté et tiraillée entre son identité russoeuropéenne. C'était sans compter avec les jeunes Moldaves qui s'organisaient, bravant le climat de peur passive et de soumission instauré par les autorités. "Tout a été organisé par téléphone portable et Internet", expliquera plus tard Victor, un étudiant de vingt ans en relations internationales. "Après l'annonce des premiers résultats de l'élection, on a évoqué l'idée de se rassembler, sur les blogs, sur les sites de réseaux sociaux comme Facebook, par SMS. Le message s'est répandu à toute vitesse", assurait-il, surpris lui aussi de l'ampleur des événements. Infos pratiques Les NOUVELLES de ROUMANIE ABONNEMENT CHANGE* (en lei et nouveaux lei, RON**) Euro Franc suisse Dollar Forint hongrois 41 835 = 4,18 RON (1 RON = 0,24 €) 27 700 = 2,77 RON 31 447 = 3,14 RON 145 = 0,014 RON (1 € = 289 forints) *Au 30 avril 2009 ** 1 RON = 10 000 anciens lei Les NOUVELLES de ROUMANIE Numéro 53, mai-juin 2009 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 E-mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Ont participé à ce numéro : Laurent Couderc, Marion Guyonvarch, Jonas Mercier, Dodo Nita, Vali Gazdaru, Adela et Teofil Ivanciuc Alexandre Billette, Julien Trambouze Gabriela Dobos, Benoît Kubiak Joëlle Kuntz, Jean-Luc Douin Iris Gaillardet, Sébastien Lapaque Marc Semo, Georges Mink Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Entreprises, administrations : 100 € TTC / an Associations et particuliers : 80 € TTC / an Multi-abonnement Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement. Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 € à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €). Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 € Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €). Nom:………………………………………………………………………… Adresse:…………………………………………………………………….. Autres sources: agences de presse et presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, télévisions roumaines, Roumanie.com, Le Courrier des Balkans, sites internet, fonds de documentation ADICA. Code postal:.......................Ville…………………….................................... Impression: Helio Graphic 2 rue Gutenberg 44 981 Sainte-Luce sur Loire Cedex Numéro de Commission paritaire: 1112 G 80172; ISSN 1624-4699 France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA. Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire sans frais. Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros). Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie, 44 300 NANTES - France. Prochain numéro: juillet 2009 Pays:.................................Tel:………………........ Fax:…………………… E-mail:……………………………………. Cachet, signature : Paiement 51 Numéro 53 - mai - juin 2009 Les NOUVELLES de ROUMANIE L'histoire d'amour entre la France et la Roumanie pour les jeunes de 9 à 99 ans Les NOUVELLEs ROUMANIE L 52 e 1er décembre 1918, un général français entre triomphalement dans Bucarest aux côtés des souverains roumains Ferdinand 1er et son épouse, la reine Marie. Des milliers de Roumains acclament ainsi Henri Mathias Berthelot, qui, à la tête de l'armée alliée du Danube, vient de défaire les armées du général allemand von Mackensen… Belle revanche pour celui qui avait conduit la reconstruction de l'armée roumaine entre 1916 et 1917 sur le front moldave. Proclamée le même jour par l'assemblée d’Alba Iulia, la réunification des provinces roumaines qui étaient sous domination austrohongroise crée "la Grande Roumanie" dont le territoire sera confirmé par les actes du traité de Versailles. Français et Roumains dans la Grande Guerre, album-texte réunissant 164 photographies inédites, permet de saisir toute l'importance de l'évènement qui va donner une formidable impulsion aux relations entre les deux pays. Fruit de la volonté d'un collectif d'historiens français et roumains d'apporter un regard nouveau sur un théâtre méconnu de la Première Guerre mondiale, cet ouvrage est un véritable petit bijou, indispensable pour comprendre les ressorts de l'amitié indéfectible que la France et la Roumanie se vouent. Il a été publié récemment par l'ECPAD (Etablissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense) qui, depuis 1915, date de la création des Sections cinématographiques et photographiques du ministère de la Défense, collecte, conserve, décrit et enrichit ses archives audiovisuelles et photographiques. On y apprend ainsi qu'en août 1914 le roi Carol 1er, un Hohenzollern pure souche, avait demandé à ses ministres, en français - la seule langue comprise par tous à l'époque en Roumanie - l'autorisation d'entrer en guerre aux côtés de Guillaume II… contre le France et les puissances de la Triple Entente. Permission refusée par le Premier Ministre Ion Bratianu, soutenu par tout son cabinet. Persuadé de la victoire de son pays natal, le vieux roi ne s'en remettra pas et mourra autant de chagrin que de vieillesse quelques semaines plus tard. En 1916, son successeur et neveux, Ferdinand Ier engagera la Roumanie aux côtés des Alliés, changeant le destin de son pays. “Papa Berthelot” en album, bande dessinée, DVD… Un cadeaux de choix ! Dans la mission qu'il s'est fixé de rappeler qu'entre 1916 et 1919 s'est livré dans l'Est de l'Europe une guerre largement oubliée, l'ECPAD vient aussi de produire un film documentaire de 52 minutes, d'une qualité exceptionnelle, à partir d'images d'archives militaires françaises et roumaines, portant à l'écran pour la première fois le récit de l'aventure épique du général Berthelot, devenu un héros national en Roumanie. Réalisé par Marcela Feraru, ce DVD présente indistinctement deux versions, l'une en français, l'autre en roumain. Il illustre les luttes de pouvoir au plus haut niveau des monarchies européennes pour faire entrer la Roumanie en guerre à leurs côtés. Le rôle essentiel tenu par la charismatique et très belle Reine Marie (en photo avec le général Berthelot). afin que son pays ne tombe pas dans le camp des Austro-Hongrois et Allemands, jouant de l'influence qu'elle exerce sur son mari, mais aussi transcendée par ses origines russe et anglaise ainsi que par sa profonde francophilie, apparaît de manière éclatante. La détermination de la souveraine sera décisive quand la Révolution d'octobre frappera la Roumanie d'un coup de poignard dans le dos, la laissant seule face à ses puissants ennemis. Sa sollicitude aidera le général Berthelot, homme de confiance de Joffre, à conduire son armée de 1000 officiers et soldats français jusqu'à la victoire finale. Son charme vaincra également les fortes résistances de Clémenceau à la création de "la Grande Roumanie", lors des difficiles négociations du traité de Versailles. L'ECPAD prépare par ailleurs un ouvrage consacré au général Berthelot - qui a donné son nom à un village roumain, situé près de Hateg (Hunedoara) - et dont il annonce la parution prochaine. Il a également entrepris de raconter aux enfants l'histoire de cette grande figure militaire et politique ainsi que celle de l'amitié franco-roumaine née à cette époque à travers une bande dessinée La mission Berthelot. Deux cahiers interactifs joints permettent de jouer en complétant des dessins ou en identifiant des personnages célèbres dont, bien sûr, "Papa Berthelot". Petits et grands trouveront leur bonheur dans ces différentes publications cadeau de choix à faire aux amis roumains et auxamis de la Roumanie. Français et Roumains dans la Grande Guerre, album en français de 224 pages et 164 photos, 25 € Français et Roumains, la mission du Général Berthelot, DVD de 52 mn, en français et en roumain, 14,90 € La mission Berthelot, la Roumanie dans la Grande Guerre, BD pour enfants en français, comportant deux cahiers interactifs ainsi qu'un DVD de 11 mn bilingue franco-roumain, 14 €. Commander: Internet www.boutique.ecpad.fr, par courrier: ECPAD, département ventes, 2 à 8 route du Fort, 94 205 Ivry sur Seine Cedex, tel: 01 49 60 59 61, fax: 01 49 60 58 91. de SOMMAIRE Lettre d’information bimestrielle Une Moldavie qui rêve d'Europe Actualité Révolte en Moldavie Politique, Economie Tribune Social 2à7 8 à 13 14 à 16 Société Page photos Evénements Vie quotidienne Faits divers Enseignement Minorités Environnement Emigration Sports Insolite 17 18 à 21 22 à 25 26 et 27 28 à 30 30 à 32 33 Connaissance et découverte Cinéma, Expositions Littérature, Cioran Histoire Révolution 1989 Maramures, Tourisme Infos pratiques, Humour Abonnements Coup de coeur 34 à 36 37 à 41 42 à 45 46 à 50 51 52 L es Européens sont appelés aux urnes le 7 juin prochain. Enquêtes d'opinion et médias pronostiquent une très forte abstention. Même en Roumanie, où les électeurs désigneront eux-mêmes pour la première fois leurs représentants à Strasbourg, les observateurs s'attendent à une participation qui ne devrait pas dépasser les 30 %. Pourtant les Roumains, membres de l'Union Européenne depuis seulement 2007, ont piétiné à sa porte pendant près d'une quinzaine d'années, guettant avec une impatience fébrile le feu vert à leur adhésion. Sont-ils aujourd'hui déçus par leur qualité de membre à part entière de la Communauté Européenne? Non, leur ancrage au Vieux Continent les rassure, les rend fiers. Pour eux comme pour la grande majorité des Européens, si on s'en réfère aux sondages, l'Europe est synonyme d'espoir. A tous, elle apparaît même comme la seule solution aux grands défis de notre siècle. Mais pourtant, comme les Roumains déjà habitués au confort de leur récente liberté, les citoyens européens n'iront pas non plus voter. Justement… Voter, mais librement, pour décider de son avenir. Des milliers de jeunes moldaves qui ne peuvent le faire l'ont crié, réclamé, dans les rues de Chisinau, début avril, au lendemain d'élections largement truquées reconduisant au pouvoir une oligarchie d'inspiration communiste, sans imagination, régnant par la coercition, la corruption, la soumission. Rejoints par leurs aînés, ils ont fait flotter un air de révolution sur leur capitale, agitant des forêts de drapeaux étoilés aux couleurs de l'Europe. Leur révolte traduisait le désespoir d'une jeunesse sans avenir qui ne supporte plus les privations de liberté, ni la pauvreté et la précarité. Une jeunesse qui a vu partir ses parents par centaine de milliers pour fuir la misère en allant travailler dans le reste du continent ou en Russie. Une jeunesse qui ne s'est jamais sentie autant à l'étroit dans ce petit pays abandonné, à la lisière de la riche Europe, mais une jeunesse qui a osé braver le climat de peur diffuse instauré par le pouvoir. "Nous voulons l'Europe" scandaient les manifestants, comme hier en Ukraine ou en Georgie. Aujourd'hui, répression aidant, tout est rentré dans l'ordre à Chisinau où quelques optimistes s'évertuent à croire qu'ils viennent de vivre le début d'une "Révolution orange", beaucoup d'autres craignant malheureusement plutôt de voir leur pays s'acheminer vers un régime dictatorial à la biélorusse. "J'aime mon pays, mais j'ai dû le quitter pour me donner une chance" se désolait un étudiant moldave inscrit dans une université d'une Roumanie rendue plus attirante depuis son entrée dans l' UE. Comme nombre de ses jeunes compatriotes qui rèvent d’être Européens, il ne se pose même pas la question: il irait voter le 7 juin prochain. Henri Gillet