Édition 2012-07-01 (PDF document)
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Numéro 72 - juillet - août 2012 Les NOUVELLEs ROUMANIE de SOMMAIRE Elections locales Analyse, Portraits Résultats Lettre d’information bimestrielle 2 à 10 L Actualité Crise gouvernementale Politique Economie Social Moldavie 11 à 13 14 15 16 et 17 18 et 19 Société Evénements, Carnet Dossier Expatriés Santé, Minorités Sports, Insolite Tour de Roumanie 20 et 21 22 à 25 26 et 27 28 et 29 30 à 40 Connaissance et découverte Cinéma, Musique Littérature, Mémoire Explorateurs roumains Carnet de route Tourisme, Patrimoine Humeur Humour Abonnement Coup de coeur La Roumanie en pleine confusion 41 42 et 43 44 à 46 47 à 55 56 à 59 60 et 61 62 63 64 a Roumanie n'a pas échappé au cycle qui veut qu'en cette période de crise les gouvernants en place soient écartés au profit de leurs adversaires. Mais, si dans les autres pays de l'Union Européenne, ce changement s'opère dans la foulée d'élections, en Roumanie, il s'est effectué par le biais d'une "révolution de palais"… une motion de censure surprise adoptée après que quelques députés de la majorité aient déserté leur camp, suivie de la nomination au poste de Premier ministre d'un des deux chefs de l'Opposition, le socialiste Victor Ponta, son complice libéral, Crin Antonescu, visant le fauteuil suprême. Non pas que ce vote du Parlement soit illégitime, représentant tout à fait l'état d'une opinion à l'égard de ses anciens dirigeants, qui ont malmené le pays, imposant sans discernement des mesures de rigueur appauvrissant encore davantage les plus démunis, ne laissant aucun espoir aux autres et préservant les plus riches. Les élections locales de juin, véritable référendum anti-Basescu, ont mesuré le gouffre qui sépare désormais le chef de l'Etat de la population et celles à venir, à l'automne prochain, concernant les parlementaires, ne peuvent que le creuser davantage. Mais pour autant, le changement intervenu fin avril, n'a rien de rassurant. Carriéristes, ambitieux, prétentieux, les nouveaux dirigeants sont aussi éloignés du peuple que proches de la nomenklatura communiste - manière Iliescu - dont ils sont issus. Leurs premières mesures, épuration de l'administration, mise sous tutelle des intellectuels, laissent supposer leur intention de confisquer le pouvoir pour s'y installer durablement. La seule ligne politique tangible du duo Ponta-Antonescu repose sur la haine inextinguible vouée au chef de l'Etat, le second rêvant de prendre sa place. Les deux compères, qui se sont partagé les rôles, veulent le faire destituer d'ici la fin de l'année par un référendum, entraînant les Roumains dans ce règlement de comptes. Pour l'instant, ils dénient au président en place tout droit de représenter le pays à l'étranger, un véritable affront qui bafoue l'esprit de la constitution. Et ne parlons pas de l'exemplarité dont le nouveau pouvoir entendait faire preuve: deux de ses ministres de l'Enseignement pressentis ont été obligés de renoncer à leurs ambitions pour avoir plagié leur thèse de doctorat, Victor Ponta étant lui-même mis en cause à ce sujet. A ce rythme, Traian Basescu a beau jeu de vouloir se refaire une santé. D'autant plus que la Justice cédant aux pressions de plus en plus insistantes de l'UE, vient de lui rendre un fier service en décidant de faire enfin emprisonner les "gros poissons" de la corruption. Pris dans les mailles du filet, Adrian Nastase, l'ancien Premier ministre d'Ion Iliescu, a tenté d'y échapper en se tirant une balle dans la tête. Réflex d'orgueil ou simulacre ? En tous les cas, la classe politique roumaine nage en pleine confusion! Henri Gillet 1 Elections locales du 10 juin Les NOUVELLES de ROUMANIE Analyse l l ORADEA CLUJ l BAIA MARE ARAD IASI Une classe politique KO CHISINAU l l SIBIU l TIMISOARA GALATI l BRASOV PITESTI CRAIOVA l l l l TULCEA n BUCAREST La déliquescence de la classe politique roumaine s'est accélérée au cours des dernières semaines, laissant le pays désemparé. Renversement surprise du gouvernement Ungureanu, élections locales désastreuses pour le président Basescu, conflit de pouvoir au sommet de l'Etat, faux pas répétés des nouveaux dirigeants… et pour corser le tout, tentative de suicide de l'ancien Premier ministre Adrian Nastase, sur fond de corruption. T La peur de la sanction 22 2 Basescu, nouvelle majorité sonnée par la tentative de suicide d’Adrian Nastase debout incapable de gouverner un pays désemparé l l l l SUCEAVA TARGU MURES Défaite écrasante pour le Président Elections locales du 10 juin Les NOUVELLES de ROUMANIE Adrian Nastase, 62 ans, ancien Premier ministre de Ion Iliescu (2000-2004), a essayé de se tirer une balle dans la tête le mercredi 20 juin dans la nuit, alors que les policiers étaient venus l'arrêter pour le conduire en prison, afin de purger sa peine. Intervenant à temps, ils ont dévié le coup de feu, la balle ne provoquant qu'une blessure légère à la gorge. Hospitalisé, le Premier ministre a été opéré le lendemain matin, avec comme seule séquelle, une cicatrice. Quelques heures auparavant, la Cour Suprême de Bucarest avait rendu définitive la condamnation à deux ans de prison ferme à son encontre, pour avoir récolté des fonds illégalement lors de sa campagne électorale à l'élection présidentielle de 2004, où il avait été battu par Traian Basescu. Son procès avait déjà été repoussé cinq fois pour divers motifs et Adrian Nastase est sous le coup d'autres procédures pour corruption. Ses avocats tentent de trouver une porte de secours lui évitant une incarcération: raisons médicales, recours en annulation, grâce présidentielle, Cour Européenne des Droits de l'Homme… alors que ses détracteurs prelent d’une mascarade pour échapper à son sort. out a commencé par le renversement du gouvernement de droite de MihaiRazvan Ungureanu, à la suite du vote surprise d'une motion de censure par l'opposition, fin avril, trois mois seulement après sa nomination par Traian Basescu. En remplaçant dans l'urgence, début février, le Premier ministre Emil Boc par le jeune chef des services secrets roumains, le Président prenait acte alors de l'impopularité et de l'échec de la politique qu'il avait imposé depuis 2008 et s'était révélée insupportable pour une grande partie de la population, conduisant nombre de Roumains à se révolter et descendre dans la rue au début de l'année. Les fonctionnaires avaient vu leurs salaires baisser de 25 %, alors que la TVA augmentait de 19 % à 24 %. Ces mesures drastiques étaient le prix que la Roumanie avait dû payer pour un emprunt de plus de 20 milliards d'euros obtenu en mars 2009 auprès du FMI, de la Banque mondiale et de l'UE. Appliquées sans discernement et sans aucun sens de justice sociale, les classes possédantes étant épargnées, elles ont fait le lit d'une contestation à travers toute la société roumaine que le nouveau Premier ministre n'a pas eu le temps d'endiguer, la confiance des Roumains lui faisant irrémédiablement défaut. L'alliance PSD-Libéraux a raflé la quasi-totalité des judets En cette année électorale - élections locales en juin, parlementaires à venir en novembre - l'opposition a eu alors beau jeu de retourner quelques élus et de faire tomber le gouvernement, fin avril. Le Président Basescu, en fonction jusqu'à fin 2014, s'est immédiatement incliné, et a confié à ses opposants, farouches adversaires qui prônent sa destitution le plus tôt possible, les clés du pouvoir. Non sans arrière-pensée. Mariage de la carpe et du lapin, la nouvelle majorité regroupe sous la bannière de l'USL (Union Sociale Libérale) les ex-communistes du PSD (Iliescu) et les capitalistes du Parti national Libéral. En fait, à l'image de l'ensemble de la classe politique roumaine, des carriéristes issus de la nomenklatura, dont les chefs, ambitieux, pressés et prétentieux jusqu'à la caricature, se sont déjà partagés les rôles, avant, un jour, de se déchirer ? A Victor Ponta (PSD) la fonction actuelle de Premier ministre, à Crin Antonescu (PNL) celle de futur Président… quand le duo se sera débarrassé de Traian Basescu. Le calcul des deux compères a bien fonctionné au niveau des élections locales. Raflant la quasi-totalité des judets et la majorité des grandes villes, l'USL (50 % des suffrages) s'impose à nouveau comme la force politique dominante du pays. Elle contrôle Bucarest, l'Est, l'Ouest, le Sud de la Roumanie et le Sud-Ouest de la Transylvanie, ne laissant que des miettes au PDL qui connaît un véritable désastre électoral (15 %), lequel ne conserve que quelques fiefs en Transylvanie. Un leitmotiv: destituer le président Basescu Cette Bérézina risque bien de se transformer en Waterloo, lors des élections parlementaires de l'automne, le nouveau gouvernement Ponta s'efforçant de prolonger l'état de grâce par des mesures populaires. Crin Antonescu se voit président et appelle déjà à un référendum pour libérer le poste, ayant fait voter par le Parlement une loi permettant dans l'avenir de destituer le chef de l'Etat si la moitié des votants en décident ainsi… même s'ils ne sont que 10 % ! Pourtant, le tableau n'est pas aussi rose que cela pour les deux hommes qui ont surtout fait preuve d'incompétence depuis qu'ils sont aux commandes. Plusieurs des ministres qu'ils ont nommés, notamment ceux chargés de l'Enseignement, ont été invalidés pour avoir triché afin d'obtenir leurs diplômes universitaires. Victor Ponta est lui-même mis en cause pour avoir copié sa thèse de doctorat. Il s’oppose désormais tà ce que le chef de l'Etat représente le pays à l'étranger, le faisant encadré par le ministre des Affaires étrangères lors du sommet de l'OTAN à Chicago et lui a dénié le droit de participer à celui de l'UE à Bruxelles. Les "gros poissons" enfin inquiétés Mais un coup de tonnerre… suivi d'un coup de feu a ravagé le paysage politique, rajoutant à la confusion. Après des années de tergiversation, de nombreuses échappatoires, et sur injonction d'une UE exaspérée, la Justice roumaine a enfin décidé de mettre sous les verrous les "gros poissons" de la corruption. L'ancien premier ministre Adrian Nastase, condamné définitivement à deux ans de prison, vient d'en faire les frais et a tenté de se suicider en se tirant une balle dans la gorge, pour éviter l'incarcération. Son geste a soulevé une grande émotion dans le pays, non dénuée de scepticisme, certains y voyant là une mise en scène pour retarder l'échéance dans l'attente d'une grâce qu'un futur Président et ami pourrait lui accorder. Dans la foulée, la Justice roumaine a également jeté en prison l'escroc Sorin Ovidiu Vântu, proche du PSD, condamné à de multiples reprises et toujours en liberté… pour raisons médicales. Difficile dans ce contexte électoral, de ne pas y voir aussi une tentative de Traian Basescu de reprendre la main, en rappelant les turpitudes de ses adversaires et montrer à son opinion qu'il peut laver plus blanc. Les élections en chiffre Participation: 57,46 % Votants : 8.910.442, USL : 4 437 985 (49,8%), PDL: 1 362 797 (15,29%), PP-DD : 798 583 (8,96%) Nombre de mairies: 3186 USL : 1322 (+ 378) PD-L: 498, UDMR: 203 Nombre de conseillers municipaux: 40 294 (PSD: 13 148, PDL: 6.354, PSD : 4.110, PNL: 3150, PP-DD: 3126) Maires des capitales de judets: - Le PDL compte 10 maires de préfectures de judets (- 5), le PSD 18 (+ 6), le PNL 9 (+ 2), l'UDMR (Magyars) 2 (- 1), le FGDR (Forum Démocrate des Allemands de Roumanie) 1 (idem), les Indépendants 1 (Bucarest, - 1) - PD-L: Alba Iulia, Arad, Brasov, Cluj, Piatra Neamt, Suceava, Targoviste, Târgu Mures, Tulcea, Turnu Severin - PSD: Alexandria, Bistrita, Botosani, Buzau, Braila, Constantsa, Craiova, Focsani, Giurgiu, Iasi, Pitesti, Ploiesti, Resita, Satu Mare, Slatina, Slobozia, Târgu Jiu, Vaslui - PNL: Bacau, Baia Mare, Calarasi, Deva, Oradea, Zalau, Timisoara, Râmnicu Vâlcea, Galati - UDMR: Miercurea Ciuc, Sfântu Gheorghe - FDGR : Sibiu - PC : Deva - Indépendants : Bucarest Présidents et conseils des judets Le PSD obtient 22 présidences de conseils de judets (+ 4), le PDL, 2 (-12), le PNL 13 (+ 8), l'UDMR, 2 (-2), le PC, 1 (+1), le FDGR, 0 (- 1) PDL: Alba, Arad PSD: Arges (Pitesti), Bacau, Bistrita-Nasaud, Braila, Constanta, Dâmbovita (Târgoviste), Dolj (Craiova), Galati, Gorj (Târgu Jiu), Ialomita (Slobozia), Mehedinti (Turnu Severin), Olt (Slatina), Prahova (Ploiesti), Salaj (Zalau), Sibiu, Suceava, Teleorman (Alexandria), Timis, Tulcea, Vâlcea, Vaslui, Vrancea (Focsani) PNL: Bihor (Oradea), Botosani, Brasov, Buzau, Calarasi, Caras-Severin (Resita), Cluj, Giurgiu, Hunedoara (Deva), Iasi, Ilfov (Bucarest), Mures, Satu Mare UDMR: Covasna (Sfantu Gheorghe), Harghita (M. Ciuc) Les principaux partis en lice USL: Union Sociale Libérale, formée des trois partis suivants, qui se sont présentés parfois aussi séparément: -PSD (Parti Social-Démocrate): héritier de la nomenklatura communiste reconvertie; leaders: V. Ponta (Premier ministre) Ion Iliescu, Adrian Nastase. -PC (Parti Conservateur): issu du PSD et regroupement des anciens de la Securitate. -PNL (Parti National Libéral): héritier du grand parti libéral de l'EntreDeux Guerres; leader: Crin Antonescu. PD-L (Parti Démocrate-Libéral): parti soutenant le président Basescu. Leader: Emil Boc, maire de Cluj qui vient de démissionner de ses fonctions au PDL, ainsi que toute la direction.. UDMR (Union Démocratique des Magyars de Roumanie): présent dans les judets hongrois. Leader: Marko Bela. PCM (Parti Civique Magyar): issu d'une scission de l'UDMR. Plus radical. PP-DD (Parti du Peuple Dan Diaconescu): parti ultra populiste du propriétaire de la chaîne de télévision OTV Dan Diaconescu. PRM (Parti de la Grande Roumanie): parti ultra-nationaliste dirigé par Corneliu Vadim Tudor, dont les membres sont issus de l'ancien Parti communiste et de la Securitate. FDGR (Forum Démocrate des Allemands de Roumanie): parti identitaire des Allemands. Présent à Sibiu. UNPR (Union Nationale pour le Progrès de la Roumanie) : parti du centre gauche issu du PSD et du PNL, soutient Traian Basescu. 22 3 Elections locales du 10 juin Les NOUVELLES de ROUMANIE Maires des grandes villes et conseils des judets JUDET MAIRE ALBA Alba-Iulia ARAD Arad ARGES Pitesti BACAU Bacau RESULTATS PRESIDENT CONSEIL de JUDET Mircea Hava (PDL), maire sortant (ms), 49,61% Catalin Potor (PNL) 36,32% Gheorghe Falca (PD-L), ms 47,5% Lia Ardelean (PC) 29,08% Tudor Pendiuc (PSD), ms 69,25% Daniel Dragomir (PDL) 17,18% Romeo Stavarache (USL), ms 57,93% Dumitru Sechelariu (Indépendant) 14,09% 4 BIHOR Oradea BISTRITANASAUD Bistrita BOTOSANI Botosani BRASOV Brasov USL: PSD + PNL + PC PSD (Parti Social-Démocrate) PNL (Parti National Libéral) PC (Parti Conservateur) PDL (Parti Démocrate-Libéral) Ilie Bolojan (PNL), ms, 66,8% Cseke Attila (UDMR) 18,87% Ovidiu Cretu (PSD), 47,83% Vasile Moldovan (PDL) 29,38% Ovidiu Portariuc ( (PSD) 47,27% Catalin Flutur (PDL) ms, 39,99% George Scripcaru (PDL), ms 44,29% Catalin Leonte (PSD) 40,16% UDMR (Union Dém des Magyars de Roum.) PCM (Parti Civique Magyar) PP-DD: Parti du Peuple-Dan Diaconescu PRM (Parti de la Grande Roumanie) FDGR (Forum Dém des Allemands Roum.) Ion Dumitrel (PDL), président sortant, 41,94% Conseillers: PDL 15, USL 14, PPDD 3 Maires: PDl 45,USL 29 PNL 12, PSD 1, UDMPR 1 N. Iotcu (PDL), ps, 38 % Cons.: USL 14, PDL 13 PPDD 3, UDMR 2 Maires: PDL 40,USL 22, UDMR 5, PNL 5,Indep. 2 Constantin Nicolescu (USL) 59,56% Cons.: USL 60,36%, PDL 19,44%, PPDD 11,22% Maires: USL 65, PDL 24, PSD 4 Dragos Benea ( ), ps, 56% Cons.: USL 22, PDL 7 PPDD 5, PER 2 Cornel Popa (USL) 48,37% Cons.: USL 18, UDMR 7, PDL 7, PPDD 2 Maires: UDMR 24, PDL 23, PNL 22, USl 18 PSD 12, PPDD 1, PC 1 Emil Radu Moldovan (PSD) 45,26% Cons.: USL 44,33%, PDL 37,58%, PPDD 6,25% Maires: PDL 26, USL 16, PSD 11 Florin Turcanu (USL) 51,62% Cons.: USL 18, PDL 11, PPDD 3 Maires: USL 50, PDL 28 Aristotel Cancescu (PNL) ps, 46,15% Cons.: USL 44,89, PDL 27,98, PPDD 6,35 Maires: PDL 18, PNL 11, PSD 10 PNTCD (Parti National Paysan Chrétien Démocrate) PNG-CD (Parti de la Nouvelle GénérationChrétien Démocrate) Ind (Indépendants) Elections locales du 10 juin Les NOUVELLES de ROUMANIE JUDET BRAILA Braila MAIRE RESULTATS Aurel Simionescu (USL), ms 51% Simona Draghincescu (Indépendant) 17,3% PRESIDENT CONSEIL de JUDET Bunea Stancu (USL), ps 46,49% Cons.: USL 45,82%, PDL 21%, PPDD 18% Maires: USL 21, PDL 13, PSD 5 Marian Cristinel Bîgiu (PNL), 43,70% Cons.: USL 55,31%, PDL 23,51%, PPDD 10,30% Maires: PSD 44, PNL 26, PDL 14 Sorin Frunzaverde (PNL) ps, 47,8% Cons.: USL 50,4%, PDL 14%, PPDD 12,48% Maires: USL 30, PNL 17, PDL 17 Gh. Raducu Filipescu (PNL), ps, 51,59% Cons.: USL 50,9%, PDL 28,59%, PPDD 10,47% Maires: USL 26, PDL 14, PNL 9 BUZAU Buzau Constantin D. Boscodeala (USL), ms, 47,97% Paul Negoita (Indépendant) 30,5% CARASSEVERIN Resita Mihai Stepanescu (USL) ms 64,25% Valentin Blanariu (PP-DD) 16,57% CALARASI Calarasi Daniel S,tefan Dragulin (PNL), 56,45% Nicolae Dragu (UNPR) ms, 30% CLUJ Cluj-Napoca Emil Boc (PDL), ms 40,03% Marius Nicoara (PNL) 38,97% Horea Uioreanu (PNL), 37,43% Cons.: USL 39,8%, PDL 31,16, UDMR 12,72 Maires: USL 33, PDL 26, UDMR 8 CONSTANTA Constanta Radu Mazare (PSD), ms 62,76% Cristian Gigi Chiru (PDL) 13,49% Nicusor D. Constantinescu (PSD), ps, 49,6% Cons.: USL 26, PDL 7, PPDD 3 COVASNA Sf. Gheorghe Antal Arpad (UDMR), 79,91% Madalin Guruianu (PNL) 11% Sandor Tamas (UDMR) ps, 56,69% Cons.: UDMR 54%, PPM 10,65%, PSD 9,31%Maires UDMR 35, PSD 4, PPM 2 DÂMBOVITA Târgoviste Gabriel Boriga (PDL), ms 43,90% Gabriel Grozavu (PNL) 40,93% Adrian Tutuianu (USL) 52,78% Cons.: USL 18, PDl 13, PPDD 3Maires: PDL 38, USl 31, PSD 19 DOLJ Craiova Lia Olguta Vasilescu (PSD) 45,6% Antonie Solomon (UNPR) ms 40,8% Ion Prioteasa (PSD), ps 59,20% Cons.: USL 55,65%, PDL 20,14%, UNPR 12,17%, Maires: PSD 38, PDL 28, USL 23 22 5 Elections locales du 10 juin Les NOUVELLES de ROUMANIE JUDET GALATI Galati GIURGIU Giurgiu GORJ Târgu Jiu HARGHITA Miercurea Ciuc 6 HUNEDOARA Deva IALOMITA Slobozia IASI Iasi MARAMURES Baia Mare MEHEDINTI Turnu Severin MAIRE RESULTATS Marius Stan(PNL) 48,7% Nicusor Ciumacenco (Indépendant) 22,3% Nicolae Barbu (Indépendant), 60,3% Lucian Iliescu (PNL) ms 32% Florin Carciumaru (PSD) ms, 72,23% Gheorghe Pecingina (PP-DD) 12,26% Raduly Robert Kalman (UDMR) ms, 64 % Petru Marginean (PC) 52,3% Dorin Gligor (PDL) 23% PRESIDENT CONSEIL de JUDET Nicolae Bacalbasa (USL) 58,3% Cons.: USL 22, PDL 8, PPDD 4; Maires : USL 37, PDL 10, PSD 9, PNL 4, PPDD 1,PRM 1, Parti des Roms "Pro Europa" 1 Vasile Mustatea 55,68% (PNL) Cons.: USL 65,28%, PP-DD 13,95%, PDL 12,51% Maires : PNL 22, USL 12, PSD 9 Ion Calinoiu (USL), ps 58,60% Cons.: USL 58,8%, PDL 16,86%, PP-DD 13,12% Maires: USL 55, PDL 8, PPDD 2, UNPR 2 Csaba Borboly (UDMR) ps, 64,91% Cons.: UDMR 61,43%, Parti Civique Maghiar 13,27%, Partidul Popular Maghiar de Transylvanie 10,60%; Maires: UDMR 51, PCM 4, USL 3 Mircea I. Molot (PNL), ps 44,24% Cons.:USL 45,65%, PDL 30,27%, PP-DD 11,28% Maires: USL 47, USP 16, PNL 1, PRM 1, PSD 1, Indépendants 3 Elections locales du 10 juin Les NOUVELLES de ROUMANIE JUDET MAIRE RESULTATS PRESIDENT CONSEIL de JUDET MURES Târgu Mures Dorin Florea, (PDL), ms 50,07% Gyorgy Frunda (UDMR) 37,26% Ciprian Minodor Dobre (PNL) 40,64% NEAMT Piatra Neamt Gheorghe Stefan (PDL) ms 44,58% Catalin Vasile Dragusanu (PC) 38,68% Culita Tarata (UNPR) 41,53% OLT Slatina Darius Vilcov(PSD) ms 69,4% Liviu Moisu (PP-DD) 11,7% Paul Stanescu (PSD), ps 76,44% Cons.: USL 22, PP-DD 4 PDL 4, UNPR 2 PRAHOVA Ploiesti Iulian Badescu (PSD) 45,13% Andrei Volosevici (PDL) 43,64% Mircea Cosma (USL), ps 47,66% SATU MARE Satu Mare Dorel Coica (PSD), 48,28% Iuliu Ilyes (UDMR) ms 37,43% SALAJ Zalau Radu Capalnasiu (PNL) 58,15%, ms Ioan Abrudan (PDL) 13,73% Cons.: USL 35,27%, UDMR 33,34%, PDL16,59%, Maires: USL 45, UDMR 38, PDL 10 Cons.: USL 15, PDL 14, PPDD 5 Maires: USL 40, PDL 36, PSD 6 Cons.: USL 19, PDL 13, PPDD 3 Maires: USL 59, PDL 41, PP-DD 2, PER (écologistes) 1 Mihai Adrian Stef (PNL) 38,80% Cons.: USL 37,9%, UDMR 34,19%, PDL 14,26% Maires:USL 27,UDMR 19, PDL 9 Tiberiu Marc (PSD), ps 41,81% Alexandru Stoica (PSD) 45 % Vasile Silvian Ciuperca (PSD), ps, 65,27% Cons.: USL 59,24%, PDL 19,4%, PP-DD 9,58%,Maires: PSD 20, USL 20, PDL 15 Gheorghe Nichita (PSD) ms, 59,4% Tudor Ciuhodaru (UNPR) 14,3% Cristian Adomnitei (USL) Cons.: USL 25, PDL 7, PPDD 4 SIBIU Sibiu Klaus Johannis (FDGR) ms, 77,9% Dragos Floarea (PC) 9,06% Ioan Cindrea (PSD) 36,69% Cons.: USL 13, FDGR 9 PDL 7, PP-DD 3 Maires: USL 39, PDL 21 FDGR 2, PP-DD 1 Catalin Chereches (USL), 86,03% Stefan Pop (PDL) 5,41 % Zamfir Ciceu (USL) Cons.: USL 20, PDL + UNPR 9, PP-DD 3, UDMR - 2 SUCEAVA Suceava Ion Lungu (PDL) ms 45,09% Alexandru Baisanu (PNL) 42,65% Constantin Gherghe (PDL), ms, 49,9% Liviu Moisu (PP-DD) 11,7% Adrian Duicu (USL) 45,20% Cons.: USL 46,77%, PDL 39,84%, PPDD 5,84% TELEORMAN Alexandria Victor Dragusin (PSD) ms 84,38% Stelica Talpiga (PP-DD) 10,48% Catalin Ioan Nechifor (PSD) 44,22% Cons.: USL 37,9%, UDMR 34,19%, PDL 14,26% Maires : PDL 59, USL 46, PSD 4 Liviu Dragnea (USL), ps 64,94% Cons.: USL 41,60%, UDMR 20,86%, PDL 19,45% Maires: USL 18, UDMR 14, PDL 12 Cons.: USL 63,68%, PDL-PNTCD - 22,90% PP-DD 7,23% Maires : USL 63, PDL 22 PNL 5, PSD 4, PP-DD 2 7 Elections locales du 10 juin Les NOUVELLES de ROUMANIE JUDET MAIRE RESULTATS TIMIS Timisoara Nicolae Robu (PNL) 49,76% Adrian Orza (PNTCD) 23,39% TULCEA Tulcea Constantin Hogea (PD-L) ms 52,95% Trifon Belacurencu (PSD) 30,2% VASLUI Vaslui Vasile Paval (PSD) ms, 79,3% Marius Arcaleanu (PDL) 8% VÂLCEA Râmnicu Vâlcea Emilian Frâncu (PNL) 39,6% Romeo Radulescu (PDL) 24,1% PRESIDENT ILFOV Bucarest Deux personnages, opposés à l'extrême, ont marqué les élections locales. L'un, Dan Nicusor, candidat indépendant à la mairie de Bucarest, un peu rêveur mais opiniâtre, se bat depuis plusieurs années contre la corruption, la spéculation immobilière qui sévissent dans la capitale, avec toutes les injustices qu'elles entraînent. L'autre, Dan Diaconescu, jeune loup sans scrupules et aux dents longues, propriétaire d'une chaîne de télévision à scandale, a patronné les candidats de son propre parti, le PP DD (Parti du Peuple - Dan Diaconescu), ne se présentant pas lui-même, se réservant pour les élections nationales. Ses propositions démagogues ont dépassé tout ce que les Roumains avaient pu entendre jusqu'ici. Tous les deux ont obtenu le même score: entre 8 et 9 % des suffrages. Horia Teodorescu (USL) Cons.: USL 16, PDL 11, PPDD 3 Maires: USL 29, PDL 17, PSD 2 Dumitru Buzatu (PSD) 57,07% Cons.: USL 37,9%, UDMR 34,19%, PDL 14,26% Maires: USL 53, UNPR 11, PSD 9 Ion Cîlea (PSD), ps 69,08% Cons.: USL 22, PDL 6, PPDD 3, UNPR 2 Maires: USL 77, PDL 8, UNPR 2 Marian Oprisan (USL), ps 69,08%, Cons.: USL 21, PDL 6, PPDD 4 Maires: USL 60, PDL 9, Indépendants 4 Bacinschi Decebal Gabriel, ms (USL) - 53,97 % Alin Trasculescu (PDL) 21,26 % Sorin Oprescu (indep., ms) 54,79%, Silviu Prigoana (PNL) 17,12% Marian Petrache (PNL) 67,27 % Cons.: USL : 37, PDL, 11, PP-DD 7 Sector 1 Sector 3 Sector 5 Andrei Chiliman (PNL), ms 74,20% USL: 19 PDL: 5 PP DD: 3 Robert Negoita (USL), 56,53% USL: 20 PDL: 7 PP DD: 4 Marian Vanghelie (USL) ms 54,83% USL: 18 PDL: 5 PP DD: 4 Sector 2 Sector 4 Sector 6 Neculai Ontanu (UNPR), ms 47,21% USL: 14 PDL: 5 UNPR: 5 PP DD: 3 Cristian Popescu Piedone (USL) ms 80,69% USL: 20 PDL: 5 PP DD: 4 Rares Manescu (USL), 49,97% USL 11 conseillers PDL: 6 PP DD: 3 Elections locales du 10 juin De la société juste à l'arnaque Candidats Titu Bojin (PSD) 47,61% Cons.: USL 46,66%, PDL 25,76%, PP-DD 9,35% Maires: USL 56, PDL 35, UDMR 3, Union pour Timis 2, PP-DD 2 8 VRANCEA Focsani CONSEIL de JUDET Les NOUVELLES de ROUMANIE Don Quichotte à l'assaut des requins de l'immobilier de la capitale S es amis l'ont baptisé Don Quichotte. Un surnom qui lui va comme un gant quand on le voit briser des lances avec les requins de l'immobilier qui sévissent à Bucarest, s'emparent de tous les emplacements où ils peuvent élever leurs buildings, les espaces verts et demeures classées passant à la trappe, enlaidissant encore plus une capitale qui a déjà beaucoup souffert par le passé. Mais Dan Nicusor n'est pas habité par la folie du héros de Cervantès. Son "petit grain" à lui c'est son audace et son opiniâtreté. Ce qui l'a décidé à partir à l'assaut de la mairie de la capitale. Sans succès puisqu'il n'a recueilli qu'un peu moins de 9% des voix, mais en espérant avoir réveillé sa société civile. Depuis 2006, quand Dan Nicusor est devenu la figure de proue des "indignés" de la capitale, révoltés par le désastre urbanistique qui la menace, ce mathématicien de 43 ans s'attaque à tous les "gros", affairistes, maires de secteurs, qui s'entendent comme larrons en foire pour faire main basse sur la ville. Il a été rejoint par des architectes, des sociologues, des jeunes, constituant une amorce de société civile au sein de l'association "Salvati Bucaresti" ("Sauvez Bucarest"). En son nom, Dan Nicusor a entamé 67 procès contre la mairie ou des projets défigurant la capitale. Il en a gagné 23, perdu 7, les autres étant en instance de jugement. Autant dire que cet empêcheur de tourner en rond n'est pas apprécié par les promoteurs et l'administration municipale, obligés de refaire leurs plans. Mais les résultats sont là. "Salavati Bucurestiul" a empêché la destruction de 7 hectares d'espaces verts du parc Tineretului, d'édifices classés chaussée Kissileff, fait stopper la construction d'un immeuble de 13 étages du centre-ville qui menaçait une vieille église. Sa plus belle victoire est cependant, en 2009, d'avoir obtenu du parlement une réglementation de l'urbanisme qui ne permet plus de faire n'importe quoi et limitant la hauteur des buildings… à la grande fureur de nombreux maires qui ont vu de juteuses affaires leur passer sous le nez. Actuellement, l'association se bat pour empêcher que le plus grand mall (centre commercial à l'américaine) d'Europe, dévoreur d'espaces verts, ne voit le jour. Grâce à elle, les Bucarestois ont découvert les mérites de l'action civique et, dès qu'ils ont un problème relevant de son domaine, certains n'hésitent pas à faire appel à ses services. D'ailleurs, ils peuvent lui être reconnaissants à un autre titre: en gagnant un procès contre des promoteurs, "Salvati Bucurestiul" a épargné à la mairie de la capitale de leur verser 20 millions d'euros de dommages et intérêts à la suite de l'annulation de leurs projets. Elève de l'Ecole Normale Supérieure et docteur en mathématiques à Paris XIII Dan Nicusor a basculé dans l'engagement civique à son retour de France, en 1998. Ce natif de Fagaras, ne parlant pratiquement pas un mot de français, avait décroché, un peu par hasard, une bourse pour l'Ecole Normale Supérieure de Paris. Il restera six ans en France obtenant un doctorat en mathématiques à Paris XIII et s'activant auprès de ses compatriotes pour qu'ils s'investissent dans la vie démocratique. S'abstenant pendant plusieurs années d'entrer dans le jeu politique, pour se consacrer à sauvegarder le cadre de vie de la capitale roumaine, le mathématicien se rendra compte finalement que les politiciens profitaient de sa naïveté, comme lors des élections de 2008 où ils s'étaient tous engagés à faire voter une réglementation de l'urbanisme à Bucarest, proDan Nicusor en campagne messe non tenue bien sûr. Cette désillusion l'a amené à présenter sa candidature au poste de maire général de la capitale, le 10 juin dernier, en tant que candidat indépendant. (suite page 10) 9 Les NOUVELLES de ROUMANIE Elections locales du 10 juin Candidats l SATU MARE l IASI l TARGU MURES l Dan Diaconescu n'a pas l SUCEAVA ORADEA BACAU l l l VASLUI ARAD BRAILA l l BRASOV TIMISOARA PITESTI l l CRAIOVA l l TULCEA l TARGOVISTE n BUCAREST GIURGIU l l CONSTANTA (suite de la page 9) Course contre la montre 10 Métro gratuit, 20 000 euros à tous La démarche n'a pas été facile car tout est fait dans le code électoral pour favoriser les grands partis. Dan Nicusor devait recueillir 36 000 signatures dans les 40 jours précédant la clôture du dépôt des candidatures. A deux semaines de l'échéance, il lui en manquait encore 18 000. La société civile, notamment les jeunes, se sont mobilisés. 16 formations musicales ont organisé un concert géant gratuit dans le parc Carol, un samedi, réunissant 10 000 personnes et collectant 6000 signatures. Le jeudi 26 avril, dernier jour autorisé, un ultime appel a permis d'en recueillir 10 000 autres. D'immenses queues se pressaient dans les points de collecte. Du jamais vu… depuis Ceausescu ! Au total, 53 000 Bucarestois se sont engagés pour Dan Nicusor. Un mouvement civique à la suite d'un combat électoral qui prenait ainsi valeur pour l'avenir. Même si, finalement, il n'a pas réussi à enlever la mairie de Bucarest, le candidat, élu conseiller municipal devrait avoir désormais accès aux dossiers de la mairie, s'étant toujours insurgé contre l'absence totale de transparence, permettant aux élus de "voler en toute impunité". Jusqu'ici Dan Nicusor devait acter en justice pour les consulter. Mais, malgré son résultat, on lui conteste ce droit en jouant sur son statut de candidat indépendant… dont le score devrait être 2 à 3 fois plus élevés que celui de son concurrent présenté par un parti. Un nouveau procès en vue… et de nouvelles lances à briser pour Don Quichotte ? Fort de la propagande orchestrée par sa chaîne de télévision à scandale OTV et d'une intense campagne à travers tout le pays, chaque commune étant bariolée de ses banderoles, Dan Diaconescu - qui ne se présentait pas personnellement, se réservant pour les échéances nationales - et son parti, le PPDD (Parti du Peuple Dan Diaconescu) espéraient terminer en troisième position, derrière les inaccessibles PSD et PNL, mais devant le PDL de Basescu. Peu avant le scrutin, les intentions de vote en leur faveur se situaient entre 12 et 14 %. La formation du charlatan, arrivée quatrième, a dû se contenter finalement de 9,21 % et 845 000 voix à travers le pays, enregistrant cependant l'élection de 3126 conseillers municipaux. S 'il n'existait pas déjà, il est certain que quelqu'un inventerait une formation avec les aspirations et le profil du PPDD (Parti du Peuple -Dan Diconescu), qui se déclare centriste, créé en 2011 par Dan Diaconescu. Cette formation politique du patron d'OTV, chaîne de télévision privée, est très en vogue en Roumanie. Mais qui sont les leaders du PPDD? Il s'agit essentiellement d'hommes d'affaires douteux, de fonctionnaires malhonnêtes, carriéristes notoires ou personnages mondains. Tout à l'image de Diaconescu, qui a construit sa fortune à partir d'OTV, chaîne spécialisée dans le chantage, menaçant contre espèces trébuchantes quiconque a une dimension médiatique de révéler ses turpitudes. Cela a marché et plait, même si sa télé a été interdite de diffusion à dix jours des élections locales. Son patron ne s'est pas présenté luimême, mais des banderoles vantant le mérite de ses candidats barraient l'entrée de toutes les communes importantes du pays. Le "patron", lui, se réservait pour les élections générales de l'auAccusé de chantage auprès de personnalités, en utilisant sa chaîne de télévision OTV, tomne pour se préserver par une immuDan Diaconescu a déjà été arrêté pour 24 heures, se servant de cet épisode pour nité parlementaire de tous les procès soigner sa popularité auprès des téléspectateurs. qui le menacent, et surtout en vue de la présidentielle de fin 2014. Comment expliquer toutefois l'ascension de son parti ? Pour répondre à cette question, il faut se souvenir des mots même de Dan Diaconescu. En 2009, dans une interview accordée au quotidien Gandul, le patron d'OTV avait été prié d'expliquer le succès de son émission: Oglinda TV (Miroir TV). Il affirmait que, en général, il essayait d'attirer des gens qui font de l'Audimat. "Définissez ces gens...", a demandé le journaliste, "qui gesticulent, crient, parlent grossièrement et font des fautes, dans lesquels les téléspectateurs se reconnaissent", a répondu Diaconescu, expliquant que "en général, ce sont ceux qui gagnent les élections en Roumanie, ceux qui s'érigent en tant que leaders d'opinion ou analystes, ceux qui ont prétendument quelque chose à dire dans ce pays”. Et il est vrai que dans ce registre, au fil des années, le studio TV de Diaconescu a vu défiler des personnages de premier ordre, comme le président Traian Basescu, le maire de Bucarest, Sorin Oprescu, Victor Ponta, le nouveau premier ministre, Silviu Prigoana (le candidat PDL pour la mairie de la capitale) ou l'ancienne ministre du Tourisme, Elena Udrea. Le fruit d'un électorat inculte, frustré… et de calculs politiques Et, avec le temps, porté par l'amour public dont il a été entouré, tant par les téléspectateurs que par les invités, Dan Diaconescu s'est transformé en un monstre politique. Son arrestation pour extorsion de fonds en 2010 ne fut qu'un épisode dans sa carrière, ce qui, considéré avec recul, semble avoir eu comme seul effet de renforcer son image de martyr du peuple. Elections locales du 10 juin Les NOUVELLES de ROUMANIE "pour refaire sa vie" et un logement offert à ceux qui n'en n'ont pas... hésité à se payer la tête de ses concitoyens Maintenant, Diaconescu ne peut plus être traité avec la facilité avec laquelle il l'était quelques années auparavant. De la tribune du "Parti du peuple" se déverse un nationalisme dément, des vagues d'injures et de calomnies abjectes à l'adresse de ses adversaires réels ou imaginaires, mais tout cela, au lieu de révolter, semble plaire à une bonne partie de la population. L'ascension de Diaconescu rappelle celle de Corneliu Vadim Tudor (leader du Parti de la Grande Roumanie, "frère" de Le Pen et aujourd'hui député européen) arrivé au second tour de l'élection présidentielle en l'an 2000. Mais on ne peut comparer entièrement les deux cas. Dan Diaconescu est en même temps la création d'une partie importante de l'électorat, généralement inculte et frustrée, mais aussi celle d'une classe politique qui a encouragé le patron d'OTV, espérant récolter au moins quelques miettes de son succès. Lors des dernières élections, Dan Diaconescu a promis tout à la fois une maison ou un appartement à tous ceux qui n'ont pas de logement… commençant à en distribuer deux ou trois, sur ses propres sous, devant les caméras de la télévision. Chaque Roumain devait recevoir 20 000 euros, pris sur "les richesses nationales" pour refaire sa vie… et, si son parti remportait le poste de maire de la capitale, les Bucarestois étaient assurés, dès le lendemain matin d'utiliser gratuitement le métro. Le Premier ministre renversé par une motion de censure Crise politique Mihai Razvan Ungureanu : trois petits mois… et puis s'en va A peine trois mois après la mise en place de son gouvernement, le Premier ministre Mihai Razvan Ungureanu a été renversé par une motion de censure, fin avril. Le président Basescu a été contraint de faire appel à l'opposition pour le remplacer. C'est le jeune Victor Ponta, 39 ans, chef de file du PSD (socialistes) et vice-président de l'USL (alliance avec les libéraux de Crin Antonescu), qui a été appelé à lui succéder à quelques mois des élections législatives prévues en novembre. F in avril, 235 députés ont voté la motion renversant le gouvernement Ungureanu, soit quatre voix de plus que nécessaire. L'opposition a reçu le renfort d'une dizaine de députés du PDL, (formation soutenant Traian Basescu), membres de la coalition gouvernementale. Au-delà de ces défections d'élus soucieux de s'assurer un nouveau mandat lors des élections parlementaires de novembre prochain, le fond du problème était la politique d'austérité menée par les autorités pour faire face à la crise économique . Si celle-ci a évité à la Roumanie un scénario à la grecque, la bataille est loin d'être gagnée, les socialistes roumains ayant parlé de tout sauf de cette perspective. "Nous espérons que la Roumanie respectera ses engagements vis-à-vis de ses partenaires internationaux, a indiqué le FMI dans un communiqué rendu public après la chute du gouvernement Ungureanu. Une politique macroéconomique prudente et des réformes structurelles restent essentielles pour assurer une croissance économique à long terme". Reste à savoir si le chef du nouveau gouvernement roumain entendra ces avertissements. Car la chute d'Ungureanu est intervenue en pleine mission d'évaluation du Fonds monétaire international et de l'Union européenne, alors que Bucarest s'était engagé à privatiser plusieurs compagnies énergétiques afin d'attirer des capitaux pour leur modernisation, des réformes justement critiquées par Victor Ponta et ses amis, alors dans l'opposition. La motion de censure adoptée accusait le gouvernement d'avoir favorisé les maires appartenant aux partis au pouvoir dans l'allocation des fonds publics à l'approche des élections locales du 10 juin. Elle critiquait également le "manque de transparence" dans la concession de plusieurs périmètres au groupe américain Chevron en vue d'exploiter des réserves de gaz de schiste, ainsi que la gestion du projet de privatisation d'une mine de cuivre. Victor Ponta, nouveau Premier ministre, ambitieux et pressé Juriste de formation et procureur jusqu'en 2001, Victor Ponta (notre photo, avec sa femme) a été l'un des plus jeunes députés de Roumanie. Il a brièvement occupé à deux reprises la fonction de ministre, chargé du contrôle des programmes européens en 2004, puis des relations avec le Parlement en 2008. En 2001, Adrian Nastase alors Premier ministre, 11 Accusé tage condamné à deux ans de prison ferme en janvier dernier pour corruption… lui avait proposé le poste de chef du département anticorruption du gouvernement, poste qu'il occupera pendant quatre ans. Chef du parti social-démocrate depuis deux ans, Victor Ponta a créé en février 2011 l'Union sociale-libérale, une alliance politique qui s'est donné comme principal objectif de faire tomber le président Basescu, quitte à en passer par sa destitution. Admirateur de Che Guevara, Victor Ponta, père de deux enfants, aime la bonne chère, les vacances à Dubaï et les rallyes, qui lui ont valu plusieurs scandales dans la presse locale. Considéré comme un jeune loup de la politique, particulièrement ambitieux, il est marié avec la fille d'un baron de l'ex PSD de Ion Iliescu, Daciana Sîrbu, 35 ans, eurodéputée élevée dans le sérail. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Crise politique l SATU MARE l IASI l TARGU MURES l Les ministres "copier-coller" qui déconsidèrent l'enseignement l SUCEAVA ORADEA BACAU l l l VASLUI ARAD BRAILA l l BRASOV TIMISOARA PITESTI l l CRAIOVA l l TULCEA l TARGOVISTE n BUCAREST GIURGIU l l CONSTANTA Sept ans de prison pour l'ancien ministre 12 Deux démissions en moins d'un mois L'ancien ministre de l'Agriculture, Ioan Muresan, a été condamné à sept ans de prison ferme par la Haute cour de justice pour détournement d'argent public. Les cinq juges en charge du procès ont ainsi confirmé en appel une condamnation prononcée en avril 2011. Membre du gouvernement de centre-droit au pouvoir entre 1996 et 2000, Muresan avait été le premier ex-ministre postcommuniste condamné par la justice roumaine en 2011 après huit ans de procédures. Deux autres hauts fonctionnaires du ministère ont été condamnés dans le même dossier. Ils ont été accusés d'avoir provoqué un préjudice d'environ 29,5 milliards de lei à l'Etat, soit plus de 6,6 millions d'euros. Présidentielles françaises en Roumanie 928 Français sur 1908 électeurs inscrits (49,8 %) sur les listes électorales de l'ambassade de France en Roumanie ont voté, lors du second tour de la présidentielle française. Suffrages exprimés: 908, Nicolas Sarkozy: 580 (63,9 %), François Hollande: 328 (36,1 %). Au premier tour, les résultats avaient été les suivants: 850 votants (44,5 %) Suffrages exprimés : 842, 1.Nicolas Sarkozy : 403, 2.François Hollande : 178, 3.François Bayrou : 109, 4.Jean-Luc Mélenchon : 52, 5.Martine Le Pen: 46, 6.Eva Joly : 39, 7.Nicolas Dupont-Aignan : 7, 8.Philipe Poutou : 4, 9.Jacques Cheminade : 3, 10.Nathalie Arthaud : 1. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Le nouveau gouvernement Politique L e gouvernement Ponta a été investi par le Parlement le 7 mai par 284 voix. Il comprend 20 membres dont 8 PSD (y compris le Premier ministre), 9 PNL, 2 indépendants, 1 PC et, au total, 2 femmes. Il faut noter, qu'après la démission en moins d'un mois, à la suite de scandales, de deux ministres de l'Education nationale, pressenti ou nommé, ce poste est occupé provisoirement par Liviu Marian Pop, également ministre pour le dialogue social. En moins d'un mois, une professeur émérite proposée au poste de ministre et un ministre de l'Education ont été accusés de faux ou de plagiat. Ces accusations au plus haut niveau jettent à nouveau le trouble sur l'ensemble du système d'enseignement. D’autant plus que le nouveau Premier ministre, Victor Ponta, vient d’être accusé à son tour de tricherie. L es ministres n'ont désormais qu'à bien se tenir, leur CV sera systématiquement passé à la loupe. "Il semble qu'il y ait une chaise électrique au ministère de l'Education", déclarait le Premier ministre Victor Ponta le jour de la démission de son ministre de l'Education, Ioan Mang, le mardi 15 mai. Accusé d'avoir plagié plusieurs articles scientifiques, sa réputation de brillant universiIoan Mang, pris la main dans le sac, a dû abandonner sa fonction taire a été définitivement entachée par ces de ministre de l'Enseignement. suspicions. Celles-ci ont été confirmées par des chercheurs japonais, taïwanais et israéliens spécialisés en informatique, qui ont confié à la presse roumaine avoir reconnu des passages entiers de leurs travaux dans des articles publiés par Mang. Même s'il s'agit d'"attaque politique" pour le principal intéressé, le mal est fait. Mang est désormais surnommé le ministre "copier-coller". Nommée par Victor Ponta dans sa première liste ministérielle puis écartée, Corina Dumitrescu a elle aussi été montrée du doigt pour le même genre de "mauvais comportement". Recteur de l'université privée Dimitrie Cantemir et représentante de la société civile auprès du Conseil supérieur de la magistrature, la presse a mis en relief des fautes d'orthographes dans son CV, et surtout un diplôme fictif de l'université de Stanford - Corina Dumitrescu assurant de son côté qu'elle y a bien suivi des "cours". Avec son mari, elle avait déjà été accusée de plagiat quelques années auparavant. Victor Ponta Premeir ministre Florin Georgescu, PSD, ministre des Finances, vice premier ministre, 59 ans, ancien ministre sous Ion Iliescu. Ioan Rus, PSD, ministre de l'Intérieur, 57 ans, ancien ministre Victor Paul Dobre, PNL, ministre de l'Administration, 61 ans, ancien ministre Daniel Chitoiu, PNL, ministre de l'Economie, 47 ans, économiste Corneliu Dobritoiu, PNL, ministre de la Défense, 57 ans, ancien ministre 13 Mariana Câmpeanu, PNL, ministre du Travail, 64 ans, ancien ministre Liviu Marian Pop, Indép., ministre pour le dialogue social, et ministre intérimaire de l'Education nationale, 38 ans. Andrei Marga, PNL, ministre des Affaires étrangères, 66 ans, ancien ministre Titus Corlatean, PSD, ministre de la Justice, 44 ans, juriste Eduard Hellvig, PNL, ministre du Développement et du Tourisme, 38 ans Ovidiu Silaghi, PNL, ministre des Transports, 51 ans, ancien ministre Dan Nica, PSD, ministre des communications, 60 ans, ancien ministre Daniel Constantin, PC, ministre de l'Agriculture, 34 ans Vasile Cepoi, PSD, ministre de la Santé, ancien ministre Rovana Plumb, PSD, ministre de l'environnement, 52 ans, ancien ministre Puiu Hasotti, PNL, ministre de la culture, 59 ans Le Premier ministre à son tour soupçonné Mais voilà, qu'à sont tour, le Premier ministre est lui aussi accusé par le journal allemand Frankfurter Allgemeine ainsi que le magazine américain Nature d'avoir plagié près de la moitié des pages de son doctorat sur la Cour pénale internationale, publié en 2003, empruntées aux professeurs de droit Dumitru Diaconu et Vasile Cretu. Ce que l'intéressé dément, parlant d'une cabale politique montée par le Président Basescu. Mais voilà qui la fiche plutôt mal. Depuis 2003, neuf ministres se sont succédés au portefeuille de l'Education, un par an en moyenne. L’'Education se trouve depuis quelques années dans une continuelle réforme. Chaque ministre souhaite modifier le système selon sa propre vision, imposant pratiquement tous les ans des changements profonds aux élèves. Et comme si cela ne suffisait pas, c'est aussi dans ce domaine que le problème du plagiat est le plus présent. Il touche l'ensemble de l'éducation roumaine et particulièrement les "fabriques à diplômes" que représentent beaucoup d'universités privées, estime le sociologue Mircea Kivu: "En engageant de nombreux politiciens à professer dans leurs universités pour obtenir les agréments nécessaires, et en leur offrant de gros salaires, les directeurs de ces universités ont des soutiens au niveau politique et gardent un levier de pression". A noter que selon l'Institut national de la statistique (INS), plus de 40% des étudiants roumains étaient inscrits dans des universités privées pendant l'année universitaire 2009-2010, les plus laxistes. Et cette proportion serait en augmentation. Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) Leonard Orban (indép.): ministre des Affaires Européennes (secrétaire d'Etat sortant), 51 ans, né à Brasov OTAN et UE : couac au sommet de l'Etat S Mircea Dusa, PSD, ministre délégué aux relations avec le Parlement, 57 ans Lucian Isar, PNL, ministre délégués aux affaires économiques, 35 ans ur ordre de Victor Ponta, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Andrei Marga, a été envoyé aux côtés du Président Basescu au sommet de l'OTAN de Chicago, à la mi-mai, pour l’encadrer. Le premier ministre a fait ensuite voter dans la foulée, par le Parlement, une motion lui reconnaissant le droit de représenter son pays à l’étranger et lors des sommets des chefs d’Etat et de gouvernement, humiliant encore plus Traian Basescu, auquel il voue une haine féroce et qu’il espère bien faire destituer après les élections parlementaires de l’automne prochain. Mi-juin, le Chef de l’Etat ne figurait toujours pas sur la liste de la délégation représentant la Roumanie au Conseil européen du 28 juin, envoyée à Bruxelles. Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Politique l SATU MARE l l l l Les candidats arrivés en tête rafleront tout SUCEAVA ORADEA l l IASI JUCU CLUJ BACAU l l VASLUI ARAD BRAILA l l BRASOV TIMISOARA PITESTI l l CRAIOVA l l TULCEA l TARGOVISTE n BUCAREST GIURGIU l l CONSTANTA Bucarest condamné pour les Minériades 14 Instauration du système de vote uninominal majoritaire à un tour La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a condamné la Roumanie à verser 60 000 euros en dédommagement du préjudice moral subi par les familles de deux jeunes, tués lors des "minériades" de 1991. Aurica Crainiceanu, 27 ans, et Andrei Frumusanu, 24 ans, avaient été tués par balles le 25 septembre 1991. Plus de vingt ans après les faits, l'enquête n'a toujours pas été finalisée, motif pour lequel la CEDH a décidé de condamner la Roumanie. En 2003, le Parquet militaire avait informé les familles des deux victimes que les accusations à l'encontre d'un major soupçonné d'avoir tiré sur les deux jeunes gens étaient levées et le dossier refermé, avant qu'il ne le rouvre fin 2011. La Roumanie a également été condamnée par la CEDH pour la non-résolution des crimes de la révolution de 1989. Liberté de la presse laissant à désirer Selon le rapport "Freedom of the Press 2012 : A Global Survey of Media Independence", la Roumanie occupe la 86ème place sur 197 pays analysés sur la liberté de la presse. Au même niveau, plus ou moins, on retrouve la République dominicaine, l'Italie, la Bulgarie, la Serbie, la république de Moldavie et la Hongrie. Selon cette étude, la Roumanie occupe la treizième place dans le classement des pays d'Europe centrale et de l'Est; l'Estonie, la République Tchèque, la Slovaquie, la Lituanie, la Pologne, la Slovénie et la Lettonie étant considérés comme ayant une presse libre. Le parlement a adopté fin mai le projet de loi soutenu par la nouvelle majorité pour la mise en place d'un système électoral uninominal. Mais cette loi, votée à six mois des prochaines élections législatives, suscite bien des critiques de la part de la société civile. L a loi prévoyant la mise en place du système de vote uninominal majoritaire à un tour était voulue depuis longtemps par le Premier ministre Victor Ponta. La Chambre des députés l'a adoptée à 180 votes "pour", 30 "contre" et 26 abstentions. Auparavant, les parlementaires étaient élus par un vote uninominal mixte, soit un système électoral à la proportionnelle; les députés étaient choisis parmi tous les partis ayant dépassé le seuil électoral de 5% du total des suffrages exprimés. Cette modification de la loi prévoit la suppression de ce seuil électoral, et c'est le candidat avec le plus grand nombre de voix, par une majorité relative ou absolue, qui obtiendra tous les mandats en jeu dans sa circonscription. Les autres candidats qui auront moins de votes que lui ne seront pas représentés, même si leur nombre total de voix dépasse la moitié "plus un" des suffrages exprimés. L'UDMR (parti de la minorité hongroise) s'est quant à lui abstenu de voter ; pour son président, Kelemen Hunor, "cette modification de la loi électorale va détruire le système politique et électoral". La nouvelle loi électorale prévoit également que les départements où les minorités nationales représentent plus de 7% de la population au dernier recensement auront un représentant de plus à la Chambre des députés. Les députés ont par ailleurs rejeté l'amendement proposé par le PDL (Parti démocrate libéral, opposition) prévoyant la réduction du nombre de députés à 300. Les grands partis avantagés Lors du débat, des dizaines de représentants d'ONG dont Ecopolis, "Cere" ou APADOR-CH, ont manifesté sous le balcon du Parlement. "Nous voulons la démocratie réelle maintenant", "Nous serons beaucoup dans notre grande minorité", pouvait-on lire sur leurs pancartes. En effet, certaines ONG sont préoccupées des effets négatifs que pourrait avoir cette loi, à savoir le manque de représentation. Selon Cristian Pârvulescu, président de l'association Pro Democratia, "l'article 62 de la Constitution, indiquant que le Parlement est représentatif du peuple, est enfreint par la nouvelle loi. Ce système est inégal car ceux qui n'ont pas voté pour le gagnant ne seront pas représentés. Les gens iront voter, ils choisiront quelqu'un et puis au final ils ne seront pas représentés du tout". De son côté, Crin Antonescu, leader du Parti national libéral, a soutenu que la loi n'était en aucun cas anti-démocratique, anti-constitutionnelle ou non représentative. Il a d'ailleurs pris l'exemple de la GrandeBretagne où "personne ne remet en doute la solidité de sa démocratie". Néanmoins, cette loi serait surtout avantageuse pour les grands partis, à l'image précisément des dernières élections législatives britanniques de 2010 où le Parti conservateur a obtenu 36% des votes et a gagné 47% des mandats parlementaires. Quoi qu'il en soit, en attendant les prochaines élections législatives d'automne, la loi doit être validée par le Conseil constitutionnel et promulguée par le président. Julia Beurq (www.lepetitjournal.com/Bucarest) Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Economie Le traumatisme du départ de Nokia au Vietnam en passe d'être surmonté Les paysans de Jucu voient revenir les investisseurs Sur les routes défoncées, on croise encore des carrioles à cheval. Avec ses maisons modestes, le village de Jucu, au nordouest de la Roumanie, semble figé dans le temps. Pourtant, derrière l'image de ce patelin de la Roumanie profonde se joue un véritable ballet de capitaux étrangers. E n 2008, le géant finlandais de la téléphonie mobile, Nokia, a décidé de fermer l'usine allemande de Bochum pour s'implanter à Jucu. Les paysans se sont réjouis de cet investissement de 60 millions d'euros et des 2 000 emplois créés dans la région, alors que la chute du régime communiste en 1989 et la transition chaotique des années 1990 avaient anéanti le tissu industriel de la région. Mais dès la fin 2011, Nokia pliait bagages pour déménager au Vietnam, main-d'oeuvre moins chère oblige. "Nokia a fait un gros coup, lance Vladimir Margineanu, conseiller à la mairie de Jucu. Ils ont amassé un profit énorme et ils sont partis. C'est dommage"; Mais, depuis février, les paysans de Jucu reprennent espoir. Ils croyaient avoir tout perdu, persuadés que l'Asie, avec sa maind'oeuvre bon marché, allait continuer à attirer les capitaux occidentaux. Quelques mois après le départ de Nokia, le village de Jucu a reçu une bouffée d'oxygène inespérée. Le 25 janvier, l'entreprise italienne d'électroménager De'Longhi annonçait sa décision de récupérer la fabrique de Nokia pour s'y implanter. "La future usine est la clé de notre stratégie de développement dans une période de croissance accélérée, assure un communiqué. Cette nouvelle plate-forme permettra de ramener notre structure de production d'Extrême-Orient en Europe". L'Asie intéressée par les bas salaires de l'Europe de l'Est De'Longhi s'apprête ainsi à investir 30 millions d'euros à Jucu, et les autorités locales prévoient entre 600 et 1 000 nouveaux emplois. "De'Longhi aura besoin de plusieurs fournisseurs qu'on espère trouver dans notre région", affirme Viorel Gavrea, directeur du parc industriel Tetarom qui a accueilli l'ancienne usine de Nokia. "En Roumanie, ces dernières années, les salaires ont stagné ou même baissé, explique l'analyste économique Mihai Mindrutiu. En Chine par contre, ils continuent à augmenter. La production de marchandises aussi loin ne se justifie plus. Il est maintenant plus simple de produire au sein de l'Union européenne". L'implantation de De'Longhi à Jucu a donné des idées à d'autres. Bosch a confirmé, lui aussi, sa décision de construire une usine dans les champs de Jucu. L'entreprise allemande négocie l'achat d'une surface de vingt hectares pour y construire une de ses futures usines. Un bon choix, car le prix du terrain en Roumanie (2 000 euros l'hectare) est actuellement le plus bas de l'Union Européenne. Bosch va investir 77 millions d'euros dans son entreprise roumaine qui devrait créer plusieurs milliers d'emplois. "L'arrivée de De'Longhi et de Bosch n'est que le début. Nous sommes en négociation avec d'autres entreprises qui veulent investir dans notre région", assure Victor Popa, porteparole du Conseil départemental de Cluj, la ville voisine de Jucu. Le nom de Tata Motors revient sans cesse. Le constructeur automobile indien voudrait investir dans le futur pôle industriel de Cluj, attiré par le bas niveau des salaires, à environ 200 euros. De plus en plus d'entreprises asiatiques s'intéressent aux marchés émergents de l'Europe de l'Est pour écouler leur production en Europe. C'est dans cette perspective qu'en février, le constructeur automobile chinois Great Wall Motors a ouvert une usine d'assemblage à Bahovitsa, un village au nord de la Bulgarie voisine. "La Bulgarie est devenue notre base de production de voitures en Europe", a déclaré le PDG chinois Wang Feng Ying lors de l'inauguration du site. Dans la ville de Cluj, les autorités locales accélèrent la modernisation des infrastructures locales pour attirer d'autres investissements. Le petit aéroport met en place une nouvelle piste pour accueillir les vols internationaux de plus en plus nombreux. Une autoroute en construction devrait relier la ville au réseau d'autoroutes européennes et faciliter le transport des marchandises en direction de l'Europe de l'Ouest. A Jucu, les paysans ont à nouveau le sourire. Mirel Bran (Le Monde) Le métro jusqu'à Otopeni en 2018 M etrorex a annoncé la construction d'une sixième ligne de métro, permettant de rejoindre l'aéroport international Henri Coanda d'Otopeni à Bucarest. Elle s'étendra sur 14 kilomètres et ses 12 stations porteront le nom des grandes capitales internationales. Sa première station sera reliée à la ligne 4 qui joint la Gare du Nord au quartier du 1er Mai. L'appel d'offres aura lieu en septembre et les travaux d'une durée approximative de cinq ans commenceront en 2013. La valeur estimée des investissements est de 1,05 milliard d'euros. Ces travaux seront financés par un crédit de 320 millions d'euros, accordé par le gouvernement japonais, par l'intermédiaire de l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) qui a réalisé l'étude de faisabilité. 15 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Social l BAIA MARE l SUCEAVA ORADEA l ARAD l ZALAU l TARGU MURES l IASI CHISINAU HUNEDOARA BACAU BRASOV l l GALATI l TIMISOARA l PITESTI CRAIOVA l l TULCEA l n CONSTANTA BUCAREST l Avec des si… 16 Bogdan Hossu compte qui a montré à l'Europe la voie de la révolte contre les injustices sera encore à la hauteur” sur l'effet d'entraînement de la France d’après Sarkozy l l l “J'espère bien que le peuple français Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE Une absorption en proportion de 60% des fonds européens se traduirait par une avancée annuelle de 3,6% du Produit intérieur brut (PIB), selon le Centre roumain des politiques européennes (CRPE) qui a calculé l'impact des fonds structuraux sur l'économie pour les années à venir. Si la Roumanie absorbait intégralement les fonds qui lui sont alloués, elle verrait son PIB augmenter de 4%. Et si ce scénario s'avérait, cela permettrait également la création de 20 000 emplois par an. Mais sans les fonds européens, la Roumanie ne peut espérer une augmentation de son PIB supérieure à 2%. L'économie roumaine officiellement en récession L'économie roumaine est retombée en récession suite à une baisse de 0,1% de son Produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre, selon les estimations publiées par l'Office national des statistiques (INS). Ce chiffre fait suite à une précédente baisse de 0,2% au quatrième trimestre 2011. Une récession se définit par deux trimestres consécutifs de baisse du PIB. Après une croissance de 2,5% en 2011, Bucarest retrouve la situation de 2009 et 2010, quand le pays avait subi une forte récession. Le recul de l'économie pour le premier trimestre 2012 n'est toutefois pas aussi important que les prévisions des analystes, qui s'attendaient à une décroissance comprise entre 0,2 et 0,3%. Pour 2012, le Fonds monétaire international (FMI) continue de prévoir une croissance de l'économie de 1,5%. A quelques jours près, la Roumanie et la France ont connu deux changements politiques majeurs, avec l'arrivée au pouvoir de dirigeants de gauche. Bogdan Hossu, leader du syndicat de travailleurs Cartel Alfa et syndicaliste roumain le plus influent, également membre du Bureau International du Travail, à Genève, a évoqué au cours d'un entretien avec Henri Gillet, ce que lui inspire ces tournants qui modifient l'aspect de l'Europe. Henri Gillet : Qu'attendez-vous du gouvernement Ponta? Bogdan Hossu : Qu'il rétablisse le dialogue social et, par des décrets d'urgence, mette en application le code du travail négocié entre les cinq confédérations syndicales et les quatre syndicats d'employeurs. Le gouvernement Boc s'était employé à le vider de sa substance que ce soit sur les contrats collectifs, le rôle du Conseil économique et social, les relations entre patrons et employés, etc. H.G. : Quel prix ont dû payer les Roumains en cette période de crise ? B.H. : Les Roumains gardent un souvenir amer de la potion libérale du gouvernement Boc. Ils ont beaucoup souffert. On a assisté à une véritable dérive vers le néo-libéralisme et on s'est éloigné de l'Europe sociale. La Roumanie est le seul pays à avoir appliqué la totalité des cinq mesures d'austérité préconisées par le FMI : réduction très forte des salaires (25 %), des pensions (15 à 25 %), de l'assistance sociale, augmentation de la TVA à 24 %, réduction des personnels et licenciements (350 000 postes dans la fonction publique). Même en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, on n'a mis en place que 2 ou 3 de ces mesures. Cette médication a été terrible et est difficile à comprendre. Elle est profondément injuste : ainsi le régime des retraites était équilibré jusqu'en 2008. Il n'y avait pas lieu de toucher aux pensions, mais le gouvernement a baissé la participation des employeurs, créant un déficit. "Sur 240 propositions faites par le patronat et les syndicats pour relancer l'économie, le gouvernement Boc en a appliqué 3" H.G. : Quel jugement portez-vous sur le gouvernement Boc ? B.H. : La philosophie du gouvernement Boc était de compter sur la relance économique européenne pour qu'elle profite à la Roumanie, sans bouger, sans prendre de mesures pour le développement. Depuis 2008, pratiquement aucune initiative n'a été prise pour créer des emplois, booster l'économie. Patrons et syndicats ont fait 240 propositions en commun en ce sens. Le gouvernement Boc en a retenu 25…. et appliqué 3 ! Encore l'une d'elle, l'introduction du chômage technique quand une entreprise est en difficulté, n'est-elle entrée en vigueur qu'en 2010. Entre temps, des entreprises qui auraient pu survivre ont fermé leurs portes et leurs employés perdu leur travail. En 2008 et 2009, chaque année 35 000 emplois qui auraient pu être sauvés ont été détruits. Quant à la gestion de ce gouvernement, elle a été calamiteuse. Le FMI nous avait accordé une aide de 13 milliards d'euros, sous conditions. La Banque Nationale Roumaine, sous l'impulsion de son gouverneur, Mugar Isarescu, et avec l'assentiment du gouvernement et du FMI, a pris des mesures en faveur des banques étrangères, les seules qui restaient pratiquement sur la place roumaine. Elles ont profité des dispositions préférentielles accordées pour rapatrier leurs fonds dans leurs pays. En 9 mois, plus de 7 milliards de capitaux ont ainsi quitté la Roumanie si bien que la Roumanie ne s'est finalement retrouvée qu'avec un apport de 6 milliards d'euros du FMI pour sortir de la crise. Cette fuite de capitaux a en outre renchéri l'euro et creusé le déficit, créant de graves difficultés pour le budget de l'Etat. Celui-ci représente 30 % du PIB… et la fraude fiscale dans le pays est estimée à 29,6 % du PIB (pour moitié fraude sur le marché du travail avec les cotisations non payées, le travail au noir, pour l'autre moitié la fraude économique). C'est ainsi un budget entier qui ne rentre pas dans les caisses de l'Etat chaque année. H.G. : Quels sont les effets sur la population de la politique menée jusqu'ici ? B.H. : On a vu apparaître une paupérisation très nette, et pas seulement dans les campagnes. Elle touche aussi les élites, les ingénieurs, les médecins, etc., obligés de s'expatrier. La Roumanie compte actuellement 2,5 millions d'émigrés, partis essentiellement en Italie, Espagne, Portugal et un peu dans les pays scandinaves. "Nos compatriotes exilés sont prêts à revenir au pays, s'ils touchent des salaires au blanc" H.G. : Assiste-t-on à un retour des travailleurs roumains exilés avec la crise frappant l'Ouest ? B.H. : Oui. Les syndicats roumains discutent avec les pays d'émigration pour que ce retour se passe le mieux possible. Nos compatriotes sont prêts à revenir, car les salaires qu'ils touchent ici se rapprochent de plus en plus de ceux perçus à l'étranger, si on prend en compte les frais supplémentaires provoqués par l'exil. Mais à deux conditions : - qu'ils touchent des salaires "au blanc", c'est-à-dire entièrement déclarés, comme dans l'UE, et non pas au gris ou au noir, comme trop souvent chez nous. Ils veulent pouvoir compter sur leurs lendemains et faire des projets. - bénéficier des mêmes commodités minimales qu'ils ont connues pendant leur exil, avec des services publics existants dans leurs communes et villages : écoles, dispensaire, poste, etc.. Ils ont goûté à la vie occidentale. H.G. : Comment ces travailleurs ont-ils vécu leur séjour à l'étranger ? B.H. : Pas toujours très bien. Il leur a fallu parfois compter avec la duplicité d'employeurs comptant sur leur méconnaissance du droit du travail, de la législation nationale. En Espagne, certains de nos compatriotes ont été pratiquement séquestrés dans des baraquements, leurs passeports retirés, les salaires versés n'étaient pas ceux annoncés, on leur retirait le coût de leur hébergement, contrairement aux engagements pris. En Italie, nous avons entrepris une campagne d'information sur les droits de nos compatriotes par le biais d'affichettes en roumain et italien dans les bus. Quand ils reviennent chez eux, il faut bien constater qu'une rupture s'est faite avec leur ancien mode de vie. Avant, surtout à la campagne, on continuait de vivre auprès de parents, on se faisait construire une maison à proximité. C'est oublié aujourd'hui tout çà. H.G. : Que pensez-vous de l'élection de François Hollande en France ? B.H. : C'est trop tôt pour le dire (ndlr : cette interview s'est déroulée trois jours après l'élection présidentielle française). On va voir dans les six mois. Mais elle nous apporte de l'espoir. J'espère que votre nouveau président va taper du poing sur la table. Mettre à la raison les spéculateurs, réformer les banques, arrêter ce scandale des parachutes dorés, une insulte à l'égard de ceux qui ont tant de mal à subsister, bien utiliser l'argent de l'Etat au profit de tous et non de quelques uns. J'espère bien que le peuple français qui a montré si souvent la voie de la révolte contre les injustices sera encore à la hauteur pour entraîner le reste de l'Europe ! Propos recueillis par Henri Gillet Bucarest moins chère L a capitale roumaine est devenue cette année plus accessible qu'en 2011, selon une étude de la société de consultance Mercer. Sur une liste des 214 villes les plus chères du monde, Bucarest se situe à la 176ème place. A en croire le classement réalisé par Mercer, le coût de la vie dans la capitale roumaine a diminué en 2012. L'année dernière, Bucarest occupait la 152ème place dans cette même étude, soit 24 places de mieux. Cette tendance est générale dans la région selon Mercer, notamment du fait de "la dévalorisation des monnaies". Seules Sofia et Belgrade, qui se situent respectivement à la 181ème et 197ème place, sont dans la région moins chères que Bucarest. Cette étude, réalisée sur cinq continents, compare le coût de la vie en prenant compte de 200 critères différents, dont les transports, les aliments, les vêtements ou les produits de consommation courante. Energie renouvelable L a Roumanie est l'un des pays les plus intéressants au monde pour des investissements dans le domaine de l'énergie renouvelable, selon un rapport publié par la compagnie d'audit et de consultance Ernst & Young. Dans une analyse trimestrielle réalisée sur 40 pays, le pays occupe la 14ème position, devant la Pologne ou l'Irlande, et se place près de pays comme le Japon, l'Australie ou la Suède. Le leader de ce classement est la Chine. 17 Actualité Les NOUVELLES de ROUMANIE La petite usine de déchets du fermier moldave Moldavie "Initialement, je n'avais à fournir que ma bouse de vache" Un ingénieur vend à l'Etat moldave l'électricité fournie par son usine de production de gaz à partir de déchets organiques. Une première dans le pays. L 18 e biogaz en soi n'est pas une nouveauté. Découvert par le physicien Alessandro Volta en 1776 et identifié sous le nom de méthane, c'est le proProduire duit de la fermentation des matières organiques en l'absence d'oxygène. Il a 50 000 KW par mois aussi fait l'objet de recherche en Chine depuis 1920. Mais, pour un Moldave, c'est Actuellement, comme matière preaujourd'hui une source importante de revenus. mière, Vasile Moraru utilise des "Il n'existe pas de domaine d'activité qui n'ait besoin d'énergie", affirme Vasile déchets organiques, des déjections, Moraru. Suivant l'exemple de certains pays occidentaux et glanant ses informations sur du fumier, des excréments, des eaux Internet avec sa fille cadette comme traductrice, cet ingénieur électricien de formation a usées provenant de l'industrie alimené à bien la construction de la première usine de production de biogaz en république mentaire et de la zootechnie. Pour un de Moldavie. Il est fier de sa réalisation, d'autant qu'il a commencé à vendre à l'Etat molfonctionnement optimal, il faut fournir dave de l'électricité au prix de 1,73 leu (0,12 euro) le kilowatt. quotidiennement environ 40 tonnes L'idée de Vasile Moraru a germé dans les années 1999-2000, lorsqu'il a appris le de matière première, constituée d'un lancement en Moldavie d'un projet pilote néerlandais similaire. "Les Néerlandais nous mélange de ont apporté leur savoir-faire et la technologie. Notre rôle 12 % de était la construction. Initialement, l'Etat devait me soutematières nir et je n'avais qu'à fournir la bouse de vache", expliquesèches et t-il. Mais tous les ministères ont finalement retiré leurs 88 % d'eau. promesses d'aide. Il a alors commencé à chercher par luiUne petite même des moyens pour mettre en pratique le projet. Une installation visite aux Pays-Bas, en compagnie de sa fille, et les encoude ce type ragements reçus sur place, l'ont poussé à mettre l'affaire en produit 85 marche. "L'entreprise a de l'avenir, comme toute installaKW par tion de production d'énergie", lui auraient dit des spécialisheure, ce tes du pays des tulipes. qui permet Le Moldave s'est endetté pour construire l'installation: de tabler sur Vasile Moraru: "Dans un pays agraire comme la Moldavie "Quand je pense à tous les obstacles que j'ai dû surmonter le projet vaut son pesant d'or pour une entreprise agricole". !" s'exclame-t-il en regardant la bâtisse bleue qui produit une production journade l'électricité et de la chaleur. "La technologie est néerlandaise et l'équipement vient de lière de 2 000 KW par jour. Dans l'édivers pays: Allemagne, Italie, Belgique. Je suis content d'être allé de l'avant, même si tat actuel de son installation, il vend ç'a été laborieux. Depuis fin 2011, je vends enfin de l'électricité à l'Etat". Le fermier environ 7 000 KW d'électricité estime que "dans un pays agraire comme la Moldavie le projet vaut son pesant d'or pour chaque mois à l'Etat, mais, à pleine une entreprise agricole. Là où il y a des terres agricoles, il doit y avoir une ferme, et capacité, l'usine pourrait atteindre l'installation peut se caler entre les deux". jusqu'à 35 000 à 50 000 KW par Victoria Popa (Jurnal de Chisinau) mois. En lançant, en 2004, la production de biogaz, Vasile Moraru a créé une dizaine d'emplois. Et, depuis, il est même devenu conseiller dans ce domaine. Des gens intéressés par son affaire viennent dans son usine de Colonita afin de connaître ses astuces. Selon l'ingénieux Moldave, sans le soutien de l'Etat, qui s'est engagé légalement à acheter l'énergie renouvelable produite dans le pays avant d'en importer, il n'aurait pas pu mener son projet à bien. Dragon dace aux JO de Londres L a République de Moldavie a choisi le dragon dace comme emblème pour les JO de Londres, un symbole particulièrement fort de l'histoire de la petite République qui la lie à celle de ses voisins et grands frères roumains. Cet étendard, obligatoire pour le défilé des délégations des JO, servira également à leurs éditions ultérieures. Le draco ou dragon dace, est un animal fantastique dans la mythologie des Daces. Il est représenté avec un corps de serpent et une tête de loup. Il servait dans les armées antiques, comme étendard et enseigne. Il est visible sur les représentation des guerriers daces de Decebal dans les bas-relief illustrant les guerres daciques sur la colonne de Trajan à Rome. Les NOUVELLES de ROUMANIE Moldavie Actualité A 33 ans, Dorin Chirtoaca tient les rênes de Chisinau Un jeune maire sans complexes face aux communistes La renommée peut tenir à rien. A la précocité, par exemple. Dorin Chirtoaca, 33 ans, est le maire de Chisinau, la capitale moldave. Il a accédé à cette fonction à l'âge de 29 ans. Le pays était encore dirigé par le communiste Vladimir Voronine, en ligne directe avec Moscou. Mais, en avril 2009, des dizaines de milliers de personnes ont protesté contre le résultat des élections. L'étreinte du régime s'est desserrée, une coalition pro-européenne est arrivée au pouvoir. P et proroumaines. Le grand frère voisin semble toujours flotter romis à un bel avenir, Dorin Chirtoaca a été réélu au-dessus des débats politiques. Dorin Chirtoaca y est pour d'un souffle, en juin 2011, face à un candidat comquelque chose. Dans les jours qui ont suivi sa première élecmuniste. A la tête d'une ville de 750 000 habitants tion, il s'est rendu à Bucarest, à la fureur des communistes. (le pays n'en compte que 3,5 millions), il incarne une nouvelle La présence de drapeaux roumains, agités lors des rassemgénération prétendant aux plus hautes fonctions, polyglotte et blements d'avril 2009, n'a fait que renforcer leur paranoïa sur tournée vers l'Ouest. Avare de sourires, il essaie de convaincre une éventuelle absorption de la Moldavie. "La menace est son interlocuteur plutôt que de le charmer. En français, s'il peut-être éloignée mais réelle, assure Inna Supac, députée du vous plaît. PC. Certaines forces politiques ne défen"Comment fait-on pour devenir dent pas le sens de l'Etat en disant que maire à 29 ans ? c'est un héritage soviétique, qu'on est une - La motivation. nation roumaine. On tente de diffuser - En politique, tout le monde est l'esprit et l'idéologie de la "roumanité"". motivé... Sa "roumanité", le maire de Chisinau - M. Sarkozy est bien devenu maire la revendique. Sa famille a été très active de Neuilly très jeune, non ? dans la lutte pour la "libération nationa- De Neuilly, pas de Paris. le". Les grands-parents, côté paternel, ont - C'est juste à côté. Nous, on est à été déportés en Sibérie en 1949. Deux de 2 500 km de Paris." ses oncles sont des personnalités reconOn n'est pas sûr d'avoir saisi l'argunues. Fondateur du Front national patrioment, mais après tout, le maire a raison de tique, réclamant le détachement de relativiser sa précocité. L'âge n'est ni une l'Union Soviétique, Gheorghe Ghimpu a circonstance atténuante ni une garantie de été condamné à six ans de prison dans les clairvoyance. En revanche, il autorise des années 1970. Il est décédé en 2000. Mihal audaces. Dorin Chirtoaca s'était lancé, à Ghimpu, lui, est une figure de proue du peine élu, dans la bataille des arbres de Parti libéral. Après les élections de juillet Noël. Il voulut en installer un pour le 25 Dorin Chirtoaca se marie. Un gag du jeune décembre devant le siège du gouverne- maire qui en 2007 a pris pour épouse la mairie 2009, il a occupé les postes de président ment. Fureur du président communiste, de Chisinau, née en 1436, comme l'établit l'ac- du Parlement et celui de chef de l'Etat par te de mariage dressé. Le marié a alors 31 ans. intérim. "Une énergie s'est accumulée Vladimir Voronine, qui s'accrochait au dans ma famille et en moi", explique le jeune maire. calendrier de l'Eglise orthodoxe russe, qui fixe Noël au 7 janvier. Le chef de l'Etat a fait déplacer l'arbre. L'incident a résumé, de façon caricaturale, la tension entre Formé au collège franco-roumain deux puissants courants en Moldavie : le premier, russophone, alimenté par les médias diffusés en cette langue et piloté par le Dorin Chirtoaca a fait ses études de droit à l'université de Parti communiste, rassemble les habitants des zones rurales et Bucarest, tout en fréquentant le Collège franco-roumain d'étules personnes âgées ; le second, urbain, défend la souveraineté des européennes. En 2001, il commence à travailler à la télévimoldave, des liens étroits avec la Roumanie et l'intégration sion, pour l'équivalent local de l'émission "Perdu de vue". européenne. Une majorité de la population se trouve au milieu, "C'était du journalisme d'investigation. Il fallait enquêter pour moins sensible à l'embrigadement idéologique qu'au contenu vérifier que les gens ne nous mentaient pas." Au bout de deux du réfrigérateur. Avec consternation, elle a assisté à la paralyans, il revient au pays. Il s'engage au sein du Comité Helsinki, sie du Parlement, incapable pendant plus de 900 jours de désien faveur des droits de l'homme. gner un président, jusqu'au 16 mars 2012, où Nicolae Timofti Le jeune homme entre en politique en 2005. Lorsqu'il a été élu. prend les rênes de la ville en 2007, Dorin Chirtoaca découvre que l'administration précédente a laissé des trous béants dans La politique : un gène familial le budget. "Nous avons engagé une thérapie de choc pour réduire nos dépenses de 30 %. On a fait des réformes impopuOutre sa fonction de maire, Dorin Chirtoaca est aussi vicelaires, en augmentant les tarifs pour l'eau, le chauffage, la proprésident de l'une des trois formations de la coalition au poupreté. J'ai aussi remplacé un tiers des cadres". voir, le Parti libéral de Moldavie, aux positions conservatrices (suite page 20) 19 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Evénements l SATU MARE l IASI TARGU MURES l A la gloire de Trajan… ou des chiens errants ? l SUCEAVA ORADEA l BACAU l l l VASLUI ARAD BRAILA l l BRASOV TIMISOARA PITESTI l l CRAIOVA l l TULCEA l TARGOVISTE n BUCAREST GIURGIU l l CONSTANTA (suite de la page 19) Plus habile qu'efficace ? 20 Une statue fait polémique à Bucarest Aujourd'hui, la mairie de Chisinau ne reçoit plus d'argent de l'Etat ; au contraire, c'est elle qui paie le salaire des professeurs. Prochains objectifs: la station d'épuration des eaux, l'achat de nouveaux trolleybus. Toutefois, cette image de réformateur moderne est relativisée par des observateurs. Ils lui reconnaissent plus d'habileté que d'efficacité. "C'est un type bien, mais sans marge de manoeuvre", estime Ghenadie Brega, de l'ONG Hyde Park, qui fut l'un des grands animateurs de la "révolution Twitter", en 2009. "On parle souvent de structures criminelles au sein de l'administration municipale, autour de fonctionnaires en poste depuis sept, huit ans. Pourquoi cache-t-il cela ?". "Seuls les froussards paient leurs dettes !" "Le maire est une énorme déception, assure Igor Botan, politologue de renom. C'est un homme compétent mais pas concentré. Un administrateur doit être un chef, convoquant ses directeurs, fixant les tâches, demandant des comptes". Igor Botan ne reconnaît même pas au maire le fait d'avoir comblé les déficits. "En fait, les communistes alors au pouvoir ont porté plainte contre la mairie pour qu'elle rembourse ses dettes. Le tribunal a contraint Chirtoaca à dégager de l'argent dans le budget. Vous connaissez cette blague: seuls les froussards paient leurs dettes !". Piotr Smolar (Le Monde) U ne statue de l'empereur romain Trajan nu avec une louve dans les bras, inaugurée devant le Musée national d'histoire à Bucarest, fait polémique en Roumanie, un passant cité par la presse y voyant plutôt un "ivrogne portant un chien errant chez le vétérinaire". La statue en bronze du sculpteur Vasile Gorduz (1931-2008) se voulait une interprétation de la genèse du peuple roumain, issu d'une symbiose entre les Romains et les Daces, deux peuples pour qui la louve représentait un animal emblématique. Mais la posture étrange et la nudité du personnage mâle, ainsi que la rigidité de l'animal avec un foulard autour du cou censé rappeler l'étendard des Daces ont suscité l'ironie des passants comme des internautes, qui rivalisent d'imagination pour interpréter cette œuvre d'art. "Je n'ai jamais vu quelque chose de plus grotesque, une louve avec une tête de pitbull, une queue de lézard et une tumeur à la gorge, portée par un individu visiblement embarrassé par sa nudité", commente une passante qui souhaite garder l'anonymat. Le directeur du Musée, Ernest Oberlander Tarnoveanu, partage ces critiques et assure s'être opposé à ce que la statue soit installée devant ce bâtiment imposant du centre de Bucarest. "Je ne suis ni pudibond ni conservateur, mais la statue n'aurait jamais dû être installée ici en raison de sa qualité artistique discutable", a-t-il déclaré à l'AFP, ajoutant: "Les gens de la mairie ont fait pression pour qu'on l'accepte mais je pense qu'ils se rendent compte déjà eux aussi qu'il s'agit d'une erreur". Sur les sites internet, les lecteurs ne mâchent pas leurs mots à l'égard de ce que l'un d'eux appelle une "monstruosité". "Faites-moi comprendre, le type ne porte pas de slip mais le chien a bien un foulard, alors est-ce qu'il fait chaud ou il fait froid?", s'interroge un lecteur sur Hotnews.ro. "La mairie de Bucarest a inauguré le premier monument dédié aux chiens errants de Roumanie, montrant l'empereur Trajan avec un superbe exemplaire dans ses bras", s'esclaffe le site Times New Roman. Le pope se fait pompier C atastrophé à la suite de l'impuissance des habitants de sa paroisse face à un incendie ayant ravagé sept habitations en 2011 - encore le sinistre avait-il été limité par le passage fortuit d'un convoi de pompiers hongrois - Puiu Florea, pope de Cornu Luncii (jud Suceava), a décidé de prendre le taureau par les cornes. Il a décidé de vendre son tracteur personnel, consacrant les 2500 € obtenus à l'achat d'un camion de pompiers frappé par la limite d'âge (7 ans), mais en parfait état, dans une commune française. Des prêtres français ont fait les intermédiaires, finançant le transfert vers la Roumanie qui a coûté 1500 €. Sur place, l'engin a été adapté aux normes locales avec l'aide des autorités compétentes qui s'efforcent également de former des pompiers, Puiu Florea se montrant le plus assidu des élèves. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Evénements La Roumanie, cheval de Troie des OGM ? De plus en plus d'agriculteurs occidentaux s'installent en Roumanie, occupant désormais une part non négligeable des surfaces rurales exploitables du pays. Aidés financièrement par l'UE, ils apportent savoir-faire, modernisme et technologie, esprit d'entreprise et emplois à la clé, sur des terres laissées souvent en jachère… non sans provoquer un raidissement parmi une population qui ne dispose pas de leurs moyens et les voit s'approprier leur territoire. L e phénomène s'est amplifié ces dernières années, depuis l'entrée de la Roumanie dans l'UE. Quand ces nouveaux paysans venus de l'Ouest, souvent jeunes, ont choisi de venir mettre en application leur philosophie bio dans un pays qui recèle un immense potentiel dans ce domaine… c'est tout bénéfice pour la Roumanie. Mais d'autres, après être devenus détenteurs de centaines ou milliers d'hectares, par le biais de baux emphytéotiques ou de sociétés écrans, n'ont qu'en tête un accroissement exponentiel de leur production et ne reculent pas devant tous les moyens, engrais chimiques en abondance, voire OGM. Dans ce dernier domaine, la Roumanie est championne d'Europe, avec l'appui tacite ou ouvertement déclaré de ses ministres de l'Agriculture successifs. Ni vu ni connu, le pays deviendrait un banc d'essai pour les grosses multinationales de l'agro-alimentaire. L'île de Braila, sur le Danube, est devenue ainsi l'objet d'interrogations. Culita Tarata, un milliardaire, autrefois sénateur PSD (ex communistes), y a reçu, pour une poignée de lei, la concession de 60 000 ha, sur la terre la plus riche du pays, abondamment irriguée sans risque d'inondations. Considérée comme la plus grande ferme d'Europe, elle était déjà le porte-drapeau de l'agriculture roumaine sous le communisme. Les grands noms de l'outillage agricole - Johnn Deere, Mc Cormick, etc. - y procèdent aux essais de leur nouveau matériel, ce qui est sans conséquence notoire sur l'environnement. Mais l'accès à l'endroit, rendu déjà difficile par son insularité, est totalement interdit aux personnes non autorisées. Personne ne peut aller ainsi vérifier si on n'y procède pas à des recherches sur les pesticides ou les OGM. La question n'est pas fortuite. Hécatombe de chevreuils dans le Sud-Ouest Dans le sud-Ouest de la Roumanie, en janvier, on a assisté à l'hécatombe d'une centaine de chevreuils. Leur mort serait due à l'emploi en surabondance de produits chimiques par des agriculteurs occidentaux nouvellement installés. L'utilisation de produits toxiques devient d'autant plus un problème que, depuis un an, les investisseurs chinois envahissent le pays, dans tous les domaines de l'économie, y compris l'agriculture, utilisant leurs propres produits, assurés par les autorités qu'ils ne seraient pas dérangés par des contrôles tatillons. Ce qui fait dire à certains : "Voici trois ans, la moitié de nos terres étaient abandonnées… dans quinze ans, elles seront toutes pourries". Isaac Chiva (1925 - 2012) figure majeure de l'anthropologie Figure majeure de l'anthropologie sociale de l'après-guerre, spécialiste du monde rural européen, proche collaborateur de Claude Lévi-Strauss au Laboratoire d'anthropologie sociale de 1960 à 1982, Isaac Chiva, d'origine roumaine, est décédé le 30 avril 2012. Rien pourtant de par ses origines ne le prédestinait à occuper une telle position. N é en 1925 à Iasi, en Roumanie dans une famille juive de la petite bourgeoisie commerçante, Isaac Chiva est obligé, dès 1935, avec l'avènement au pouvoir des organisations nationalistes d'extrême droite, fascistes et antisémites, d'interrompre le cours normal de ses études. La situation de la communauté juive ne fit qu'empirer avec l'entrée en guerre de la Roumanie aux côté de l'Allemagne. Les 28 et 30 juin 1941, Chiva, alors âgé de 16 ans, vécut l'horreur d'une des plus sauvages tueries de masse perpétrée au début de la Deuxième Guerre mondiale. Il survécut par miracle, mais ce pogrom qui vit le massacre des Juifs de sa ville natale dont il fut le témoin terrorisé et impuissant, le marquera au long de sa vie avec une intensité telle qu'il ne pourra relater lui-même ses souvenirs par écrit. A la fin de la guerre, Isaac Chiva décide de fuir la Roumanie alors que la chape d'un autre régime totalitaire commence à s'abattre sur le pays. Il arrive en France en 1948, à 23 ans, devient le plus proche collaborateur de Claude LéviStrauss, puis son successeur. Elu directeur d'études à l'EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales) en 1970, il anime un séminaire dédié à "L'ethnologie des sociétés paysannes" qui devient le lieu de formation de toute une génération de jeunes ethnologues de l'Europe. Avec Chiva, les années 1980, constituèrent un des âges d'or de l'ethnologie de la France. L'illustration d'une conception républicaine de la nation La trajectoire de Chiva fut extraordinaire et exemplaire. Juif roumain, ayant fui son pays d'origine il est devenu un des meilleurs connaisseurs de l'ethnologie de la France, de ses coutumes, de ses paysages, de ses usages, en bref de ce monde rural européen dont l'accès lui était, dans son propre pays, interdit. Cette trajectoire illustre aussi ce que devrait être une nation ouverte, une idée qu'il défendait et incarnait. Au moment où certains prônent le repli, l'exclusion, la vie et l'œuvre de Chiva témoignent éloquemment de la pertinence d'une conception républicaine de la nation. 21 Les NOUVELLES de ROUMANIE Société Dossier expatriés "Expat" temporaire SUCEAVA l ORADEA BAIA MARE l ARAD l SIBIU IASI BACAU l BRASOV l GALATI l TIMISOARA BUZAU PITESTI CRAIOVA l l l l TULCEA l n BUCAREST l SLOBOZIA l CONSTANTA Entre nostalgie et rejet de son pays natal 22 en Roumanie, deux millions dans le monde ou émigré définitif ? l l l l l TARGU MURES ALBA IULIA Deux mille Français sont expatriés Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Julie, de Bangkok, parfaitement bilingue en thaï, estime que "maîtriser la langue, c'est incontournable, mais ça ne suffit pas pour s'intégrer: encore faut-il parler le même 'langage', notamment dans les pays très différents du sien: se reconnaître dans les mêmes valeurs, avoir grandi dans la même culture, avoir partagé le même programme scolaire, tout cela compte aussi". Entre nostalgie et rejet, que garde-t-on de son pays d'origine lorsque l'on est expatrié depuis longtemps? Jean-Luc, en Espagne depuis plus de 21 ans "5 ans comme expatrié et 16 ans comme immigré" a intégré de l'Espagne "les horaires de déjeuner à partir de 14h qui permettent de faire plus de choses durant la matinée, les tapas qui permettent de se restaurer de façon très pratique, une certaine légèreté de la vie et de la fête, l'habitude de traiter d'abord avec des personnes qui ont une fonction dans une entreprise et non comme en France avec des entreprises représentées quasi anonymement par des personnes, des mots espagnols francisés qui ponctuent maintenant mon langage français… Ce que j'ai gardé de la France c'est avant tout la rigueur du français que j'applique autant que faire se peut à la langue de Cervantès plus riche et descriptive, le goût pour la culture francophone". Zoltan, 20 ans de Maghreb, est rentré en Hongrie: "Malgré mes sympathies, je n'aurais jamais pu être totalement intégré là-bas, et les habitudes locales que j'ai adoptées sont seulement culinaires..." Comment se définissent les Français de l'étranger ? Difficile de qualifier d'un seul mot une population somme toute très hétérogène. Expatrié, résident de longue durée, voire émigré (ou immigré, c'est une question de point de vue), chacun aborde la problématique de l'intégration de façon différente. Environ 2000 Français sont établis en Roumanie et une soixantaine en République de Moldavie. P lus de deux millions de Français résident à l'étranger. Ils ont quitté la France pour du travail, un stage, un séjour de longue durée. On les appelle communément des expatriés. Dérivé du latin, ce mot signifie "hors de son pays natal". La situation d'un expat est temporaire, il n'a pas quitté son pays pour de bon et compte bien revenir vivre dans son pays d'origine un jour ou l'autre. L'immigration, elle, désigne l'entrée d'une personne dans un pays étranger pour s'y installer. Dan, du Laos, explique: "Je ne me suis jamais vraiment considéré comme un "expat" car je n'ai jamais vécu au sein de la communauté française. Si je suis parti si loin, ce n'est pas pour vivre à la française, entourés de Français! Tous mes amis, toutes mes relations de travail sont donc locales ou viennent d'autres pays. Je me suis donc toujours senti comme un candidat à la résidence, un immigré essayant de s'intégrer le plus possible dans cette nouvelle société". Bruno, à Singapour depuis 12 ans, "évite les soirées mondaines "expat" si possible car je n'ai aucun point en commun avec les Français de "passage" pour un an ou 2 qui continuent à rester avec la mentalité française". “Je n’ai aucun point en commun avec les Français de passage pour un an ou deux” Le 14 juillet à l'ambassade de France de Bucarest est un rendez-vous incontournable pour nombre de Français établis en Roumanie. Dans les faits, le mot expatrié confond souvent le salarié détaché par son employeur à l'étranger, qui bénéficie d'assurances santé et retraites, de primes d'installation et de scolarisation pour les enfants, avec celui qui organise lui-même son départ et son retour. Une erreur, selon Jean-Luc, qui vit en Espagne, pour qui "l'expatriation est un terme qui désigne exclusivement les personnes et leur familles qui sont envoyées par une entreprise française ou un organisme passer quelques années à l'étranger avec la sécurité de retrouver son emploi de retour en France. L'immigré, lui, travaille à l'étranger avec un contrat local sans autre sécurité que celle de son pays d'accueil, sans sécu française, sans cotisations aux caisses françaises de retraites…etc. Mais c'est comme ça que va la France: quand un Maghrébin vient travailler en France c'est forcément un immigré mais les Français dans la même situation à l'étranger sont des expats…c'est plus chic !" Pour Karen, en Chine depuis 9 ans: "Je me sens plus immigrée qu'expat puisque je suis venue par mes propres moyens. Je n'ai pas été envoyée en mission par une entreprise. Je pense que c'est ça qui fait la différence." Emmanuel se considère comme un immigré: "je ne retournerai pas en France, et je fais tout pour rester dans le pays ou je me suis installé, le Japon". Expats dans leur bulle ou Français voulant s'intégrer ? Les expatriés "nantis" n'échappent pas aux stéréotypes. Ils conserveraient malgré eux, un regard de touristes paisibles et bon enfant sur leur nouveau pays, et évolueraient presqu'exclusivement au sein de la communauté française, au contraire des Français de l'étranger dans une situation plus précaire, devant fournir beaucoup plus d'efforts pour s'intégrer. Ces deux populations aux préoccupations bien différentes coexistent sans toujours se rencontrer. Idem pour Xavier, qui s'est installé à New York sans billet retour pour la France. Il témoigne dans French morning sur les difficultés rencontrées lors de l'installation d'une famille expatriée sur son palier: "Je ne supporte pas la communauté française et tous les expats qui vont avec ! En faisant les efforts nécessaires pour m'immerger dans la société américaine, je suis devenu l'exemple type du parfait immigré. Mais depuis que mes nouveaux voisins de palier se sont installés, mes doutes sur mon identité et ce que je suis venu réaliser ici ressurgissent. Ce couple d'expats français est si français que j'ai l'impression de n'être jamais parti ! (…) Les expats, j'ai parfois envie de les étrangler et en même temps j'ai de l'affection pour eux car, malgré nos différences, on se ressemble. S'intégrer demande en effet beaucoup d'efforts, mais la situation est différente selon les pays. Sophie, fréquente très peu de Français à Milan, "et depuis quelques années seulement. Généralement je ne souffre pas du manque de contacts français, les Italiens étant très sociables et accueillants. Mon expérience à Prague était très différente, à l'époque on ne trouvait quasiment pas de nourriture française, ou à prix d'or. Les journaux français arrivaient avec des semaines de retard, internet n'en était qu'a ses balbutiements, j'étais donc plus isolée. Je fréquentais davantage de Français, expatriés ou non". Pour s'intégrer, il faut être deux Dans l'intégration, il y a aussi la place que les habitants veulent bien faire aux étrangers. Karen parle couramment le chinois, "mais comme tous les étrangers installés ici, je ne suis pas intégrée et ne le serai jamais. Ici, l'immigration est faible et concerne surtout les citoyens des pays limitrophes. Je serai toujours considérée par les locaux comme une laowai, une 'long nez'. Même si on adopte dans une certaine mesure bien sûr certaines de leurs habitudes, on ne peut passer inaperçu. Pour le moment, les personnes de race blanche sont plutôt bien accueillies par la population locale, surtout dans les grandes villes, mais cela ne durera pas". Et les efforts de Dan pour s'intégrer sont souvent vains: "Pour la plupart des locaux, le constat est simple: blanc = touriste". Au bout de 5 ans, Claire n'a pas non plus l'impression d'être totalement intégrée au Chili : "il m'est difficile de me faire des amis chiliens. En effet, en parlant avec d'autres étrangers, nous arrivons tous à la même conclusion: les Chiliens sont chaleureux, mais pas ouverts. Ils n'acceptent pas la différence et croient que les immigrés devraient parler l'espagnol chilien et comprendre tout, tout de suite. Ils nous disent "tu ne peux pas comprendre parce que tu es Française". Du coup, je me sens isolée dans un monde entre Chili et France. Pour ce qui est des coutumes locales, j'ai aussi tenté d'apprendre... En vain pour l'instant, mais j'ai de la bonne volonté. Au Chili par exemple, il n'est pas rare que les invités arrivent avec 1 heure de retard, qu'ils ne vous appellent pas pour prendre de vos nouvelles, c'est très frustrant. (…) En fait, je me dis souvent que mon immigration au Chili n'aurait pas été possible sans mon fiancé, chilien, mais tellement Européen: lève-tôt, sportif, et assez ponctuel ! C'est un pont entre le Chili et la France !". "Les expats vivent avec beaucoup de privilèges mais peu ou pas de droits" Sur la couverture du livre de Frédéric Amat, La drôle de vie des expatriés au Cambodge, John Burdett, célèbre auteur de polars expatrié en Thaïlande, estime que "les expats vivent avec beaucoup de privilèges mais peu ou pas de droits". Frédéric Amat renchérit: "On a beau parler la langue, être marié avec une personne du pays depuis des années, le seul droit que nous avons est celui d'avoir nos papiers en règle. En Thaïlande, il n'est pas possible d'ouvrir un business ou d'acheter un terrain en son nom. Il ne faut jamais oublier que nous ne sommes ici que des immigrés même si le mot est moins exotique qu'expatrié. Le problème est que dans certains pays, l'expatrié a l'impression de jouir d'une grande liberté, d'être un peu perpétuellement en vacances, de vivre dans un bouillonnement croissant où tout est possible, surtout au regard d'une vie en Europe de plus en plus momifiée". Autant de raisons poussent au départ... ou à rester sur place Il y a énormément de raisons différentes qui peuvent pousser au départ, et sûrement autant qui poussent à rester sur place. Alors combien sont-ils, ces Français de l'étranger, toujours plus nombreux, à se transformer en véritables immigrants? Et quel est leur véritable degré d'intégration? Après tout, le sentiment d'intégration varie surement en fonction des uns et des autres. Expatrié, résident ou immigré, on peut se sentir accepté tout en gardant sa différence. Pour Julie, "on peut se sentir chez soi à l'étranger, avec un gros plus (une vision enrichie des choses du fait d'avoir grandi ailleurs) et un gros moins (ne pas tout comprendre parce que justement on a grandi ailleurs)". L'important, c'est d'y être heureux. MPP (www.lepetitjournal.com) 23 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Dossier expatriés l ORADEA SATU MARE l CLUJ l ARAD CHISINAU l SF. GHEORGHE l BRASOV l l IASI l l l TIMISOARA SIBIU l GALATI BRAILA l l l TULCEA CRAIOVA l n BUCAREST GIURGIU CONSTANTA l l Abandonné par les autorités roumaines 24 Une leçon italienne l BOTOSANI TARGU MURES 26 millions d'Italiens ont quitté L'émigration italienne fut, des années 1870 aux années 1950, un phénomène de masse qui toucha 26 millions de personnes, de toutes les catégories sociales. Elle n'a pas empêché le développement d'un sentiment national qui dépasse les frontières. Même si l'époque a changé, avec l'Union Européenne, Internet, les facilités de déplacement, la réussite de la "leçon italienne", telle que la rapporte Caroline Douki dans la revue "L'Histoire" est à méditer avec profit par la Roumanie, autre terre de grande émigration, si elle veut conserver des liens privilégiés avec sa diaspora. D ans le Sud de l'Italie, l'émigration a bien constitué un exutoire pour les plus pauvres, pour les paysans contraints à l'exil par la misère. Mais elle a touché également des régions et des strates de la société italienne qui, loin d'être arriérées, vivaient au contraire une modernisation économique. Deux dynamiques différentes ont agi ici. Dans les campagnes du Nord, la modernisation capitaliste de l'économie agraire et l'extension des rapports salariaux a entraîné un phénomène classique d'expropriation des paysans: la prolétarisation les a incités à partir pour l'étranger. Mais ce ne sont pas uniquement les plus pauvres qui ont émigré, dans les campagnes et les bourgades du Nord et du Centre. Ce sont aussi des paysans propriétaires qui recherchaient des revenus supplémentaires, des artisans ou des commerçants qui entendaient se constituer à l'étranger une épargne leur permettant de consolider leur position, de retour au village. Dans pareils cas, l'émigration est moins une contrainte qu'un choix, visant à tirer parti des possibilités qu'offre un marché du travail qui s'internationalise. Cela signifie que le développement de l'émigration de masse peut aussi être interprété comme une forme d'adaptation active aux conditions et aux contraintes nouvelles du monde environnant. Quatre ans après le cas Crulic, citoyen roumain mort dans une prison polonaise après une grève de la faim en signe de protestation contre son incarcération, un nouveau décès soulève des interrogations sur la diplomatie roumaine. Lundi 14 mai, sur son lit d'hôpital de la prison de Lecce, en Italie, Virgil Cristian Pop est mort sans pouvoir s'expliquer devant la justice. Ce Roumain de 38 ans, en prison depuis une année pour vol, a toujours clamé son innocence. Une cinquantaine de jours auparavant, il avait entamé une grève de la faim dans le but de faire pression sur la L'Etat italien n'a pas ignoré ses émigrés justice italienne et de s'entretenir avec un magistrat. En dépit de l'importance des liens "Il refusait catégoriqueconservés par les émigrants avec l'Italie, ment de toucher à tout une ample littérature, romanesque ou type de nourriture, il voulait polémique, a dès la fin du XIXe siècle parler à un magistrat. Il composé le tableau de foules d'émigrés répétait toujours: "Le abandonnés face à l'adversité et aux magistrat doit m'écouter. dangers de l'exil. D'inspiration tantôt Lui pourra me faire libéhumaniste, tantôt nationaliste, ces écrits rer"", a déclaré le médecin soulignaient le désarroi incontestable de du pénitencier de Lecce. nombreux migrants aux prises avec les Cette demande n'a jamais difficultés matérielles du voyage transété écoutée. Espérant se Depuis 2008, il existe une Ligue des Etudiants Roumains atlantique, ou avec diverses formes à l'Etranger qui se propose de maintenir les liens entre ceux qui d'exploitation économique et de rejet faire mieux entendre, sont partis et conserver un attachement avec le pays natal. Virgil Cristian Pop a arraxénophobe à l'étranger. ché la perfusion qui le nourrissait. Une partie de l'historiographie a souscrit à ce sombre tableau, incriminant l'inaction Ce geste n'a fait qu'accélérer sa fin. de l'État et en a proposé diverses explications: État coupé des masses et se désintéresLes médecins n'ont rien pu faire. sant d'emblée de cette partie pauvre de la population; État cynique, utilisant l'émigra"Dans notre pénitencier, nous avons tion comme une soupape de sécurité et un mal nécessaire; État inefficace, enfin. Au de nombreux cas identiques, a inditotal, les émigrants ainsi abandonnés, n'auraient eu comme perspective que de glisser qué cyniquement et sans préciser alors dans un processus inéluctable de "dénationalisation" italienne. leur nationalité, le directeur du péniLà encore, il faut se départir des représentations erronées. Non seulement les émitencier de Lecce, Giuseppe Renna. grants italiens n'ont pas été abandonnés par l'État, mais, en dépit de l'éloignement, c'est Actuellement, une quarantaine de par l'expérience même de la mobilité qu'ils ont souvent connu un processus d'accultudétenus se trouvent en grève de la ration nationale italienne, plus tangible et plus rapide que pour les populations rurales faim". (suite page 26) restées dans la péninsule. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE leur sol natal en 80 ans, mais leur Etat ne les a jamais délaissés à méditer par la Roumanie d'aujourd'hui En effet, l'État italien a multiplié les efforts pour associer les émigrants à la construction de leur nation, toute jeune encore puisque fondée en 1861. Dès le début, il s'est appliqué à défendre les intérêts, de ses ressortissants à l'étranger. Lorsqu'ils reçoivent l'aide légale ou même matérielle des consulats de leur pays d'origine, les émigrants expérimentent leur appartenance à une communauté italienne plus large que leur cercle local d'origine. La répétition des contacts avec l'administration et les autorités consulaires, qu'a imposé la mobilité, a donc contribué à familiariser les émigrants avec les institutions de leur pays d'origine. Et davantage encore quand celui-ci met en œuvre, à partir de 1901, une véritable politique d'encadrement de l'émigration: par-delà la classique protection diplomatique se met en place un véritable dispositif de protection sociale et juridique des émigrants, depuis leur départ jusqu'à leur installation à l'étranger. Les jours de fêtes sont souvent l'occasion de déployer des discours d'exaltation de la grandeur historique et mythique de la culture italienne. On s'efforce aussi de diffuser ou d'entretenir la pratique de la langue italienne parmi les émigrés avec le réseau des comités Dante Alighieri, et celui des écoles italiennes à l'étranger. Créer ou consolider un sentiment d'appartenance L'institution de services administratifs dédiés (inspecteurs d'émigration, médecins à bord des paquebots transatlantiques) et d'un système d'aide juridique spécifique (en cas de conflit avec des transporteurs maritimes ou avec des employeurs étrangers) peut donner un contenu concret, et une signification positive aux yeux des émigrants, aux notions de lien juridique national, de souveraineté, de contrôle mais aussi de protection de ses ressortissants par l'État d'origine. Dans le registre culturel, à l'effort de pédagogie nationale déployé par l'État libéral à l'intérieur de la péninsule, correspond un effort identique en direction des émigrés. En fait, sous couvert de lutter contre la "dénationalisation" des émigrés, il s'agit bel et bien d'inculquer une identité collective, de créer ou de consolider un sentiment d'appartenance, de forger par-delà les frontières une "italianité", véritable "communauté imaginée", où se mêlent langue italienne, religion catholique, références historiques et pratiques culturelles (comme la sociabilité de la place publique). N'oubliez pas que vous êtes Italiens (Roumains)! Les méthodes et les outils de cette politique d'acculturation nationale appliquée aux émigrés sont désormais bien connus: au sein de structures d'assistance et d'associations récréatives à base nationale, et non plus locales, en étroite relation avec les consulats, on multiplie les occasions de rencontres (réunions, banquets, conférences, spectacles), on fait écho aux grands événements de la vie nationale italienne, on cherche à impliquer les émigrés dans la célébration des grandes fêtes nationales ou les anniversaires de la famille royale. 25 La présence d'une communauté italienne à New York remonte à plus de quatre siècles. S'ils restent inégaux selon les pays de résidence, les résultats de cette pédagogie nationale ne sont pas négligeables. Une familiarisation aux rituels et aux célébrations patriotiques, un apprentissage progressif des éléments d'une culture nationale se sont opérés peu à peu. Il faut aussi prendre en compte les effets des épreuves elles-mêmes: sous le regard de l'autre, des Français, des Américains, qui durant toute la période ont stigmatisé et rejeté les émigrés italiens, ces derniers ont pu, en retour, s'ouvrir à la propagande de leur pays d'origine et se réfugier dans une identité nationale italienne, afin de retrouver un peu de fierté et un semblant de sécurité. La mobilité a ainsi été pour les émigrants une occasion de transformer une culture d'origine le plus souvent rurale, encore fréquemment localiste, en une culture faisant plus de place aux grandes instances et aux grands cadres politiques, comme l'État ou la nation, qu'ils ont appris à connaître et dont ils ont pu intérioriser les valeurs et les contraintes, à force de passer les frontières, et de se confronter à des législations et des autorités différentes. En fin de compte, aux Italiens qui ont quitté leur pays, l'émigration a fait traverser une double expérience apparemment contradictoire: celle de la mobilité internationale en même temps que celle de la nationalisation des consciences. Caroline Douki, Maitre de conférences à Paris VII (L'Histoire) Les NOUVELLES de ROUMANIE Société Le docteur Stroiu a quitté sans regrets la Roumanie Santé l l SATU MARE ORADEA ARAD SUCEAVA TARGU MURES "Rien que pour la qualité de vie j'aurais accepté de venir ici" l IASI l BACAU l l l FOCSANI l l TIMISOARA l GALATI HUNEDOARA BRAILA BUZAU CRAIOVA l BUCAREST GIURGIU l TULCEA l l n l l l SLOBOZIA l CALARASI (suite de la page 24) Pas d'ambassadeur depuis six mois 26 "Il n'avait pas d'antécédent pénal. Sa situation aurait dû être surveillée par notre ambassade, estime Eugen Teteleac, président de l'Association des Roumains d'Italie, cité par la presse locale. Mais une institution sans chef ne peut pas fonctionner". Car la Roumanie ne dispose plus d'ambassadeur en Italie depuis décembre dernier. La "mission diplomatique" roumaine en Italie affirme, par le biais du ministère des Affaires étrangères, ne pas avoir été informée par les autorités italiennes du cas Pop et leur demande aujourd'hui des informations supplémentaires sur cette affaire. Virgil Pop n'est malheureusement pas le premier Roumain à mourir dans une prison de l'étranger en clamant son innocence. Son cas ressemble à s'y méprendre à celui de Daniel Crulic qui est décédé dans les mêmes circonstances dans une prison polonaise, il y a quatre ans. Lui aussi avait été arrêté pour vol, et lui aussi clamait son innocence et avait entamé une grève de la faim. A l'époque, cet événement avait poussé le ministre roumain des Affaires étrangères à démissionner. Autre épreuve pour la famille de Virgil Cristian Pop: elle n'a pas les moyens de faire rapatrier son corps et fait des efforts désespérés auprès de la communauté roumaine en Italie pour qu'elle lui apporte son aide. L'Etat roumain a fait savoir qu'il ne pouvait rien faire car il n'y avait pas de cadre législatif existant pour ce genre de situation. Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) R azvan Stroiu a quitté la Roumanie pour un village de Haute-Loire, Rosières, et ne regrette rien car depuis il mène une vie moins stressante. Aucun médecin français n'avait voulu s'y installer. C'est un village de 1400 âmes de Haute-Loire où un nouveau médecin généraliste a ouvert son cabinet il y a maintenant un an et demi. Au vu de la démographie médicale de la région, cette installation est exceptionnelle. Ce qui l'est moins, c'est l'identité du nouvel arrivant à Rosières: Razvan Stroiu vient de Roumanie, un pays devenu grand pourvoyeur de médecins pour les campagnes françaises. Quelque 5000 praticiens roumains se sont expatriés, dont le quart en France. Razvan Stroiu exerçait déjà en zone rurale dans son pays, avant d'être contacté par un cabinet de recrutement et la mairie de Rosières: "Je pense bien qu'ils ont d'abord essayé de faire venir des médecins français, avance-t-il. Mais ceux-ci ne veulent pas s'installer dans des petits villages et, souvent, ils ne veulent pas être en libéral. Ils préfèrent être salariés. Forcément, ici, ça n'est pas possible". A Rosières, le docteur Stroiu a rejoint une maison de santé pluridisciplinaire regroupant un dentiste, plusieurs infirmières, une psychologue et un autre généraliste. Très prisé par les politiques, qui veulent y voir une réponse à l'inégalité de l'accès aux soins, ce type de structure présente l'avantage de mutualiser une offre médicale et de maintenir un service dans des déserts médicaux. A écouter Razvan Stroiu, la vie qu'il mène en France est moins stressante qu'en Roumanie. Là-bas, il jonglait entre deux cabinets, et faisait presque 200 kilomètres par jour. Il devait aussi assurer dix à quinze gardes par mois, contre seulement cinq en France. "Je ne sais pas si vous allez me croire, mais avec le même salaire, rien que pour la qualité de vie, j'aurais accepté de venir ici", assure-til. La municipalité lui a avancé plusieurs mois de loyer, et l'a aidé dans certaines démarches. L'autre généraliste de la commune a aussi joué le jeu, et dirigé vers lui certains de ses patients. Visiblement, la greffe a bien pris. Le docteur Stroiu reçoit aujourd'hui près de quinze visites par jour, contre à peine cinq ou six le premier mois. "Je pense que pas mal de patients ont fait une visite test, pour voir comment il est, ce médecin qui vient de l'étranger", s'en amuse-t-il. Lulica poupée peu commune L a particularité de Lulica est d'être rom, et cette poupée a été conçue pour combattre les discriminations dont sont l'objet les Roms en Roumanie. Le concept a été lancé le 8 mai dernier, lors de la journée internationale des Roms, et depuis, le stock des 500 poupées Lulica est épuisé. Aux yeux de son concepteur, Florin Cioaba, le roi des Roms, "cette poupée, avec laquelle les enfants vont jouer, permettra à terme de casser le mur des discriminations et des préjugés négatifs à l'encontre de notre communauté". Lulica a les traits et le costume d'une Rom, et est inspirée de la grand-mère de son concepteur. Elle est vendue dans le premier magasin rom de Roumanie à Sibiu, qui propose aussi des produits spécifiques à cette minorité. La poupée coûte entre 80 et 150 lei (20 et 40 €), en fonction de son habillement, qui est confectionné manuellement dans ce magasin servant également d'atelier. Barculica, le partenaire de Lulica, est attendu pour cet automne. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Une scolarisation inadaptée au mode vie des Tsiganes Minorités L'échec de l'ascenseur social de la République Chacun en est persuadé, l'intégration des communautés tsiganes passe par la scolarisation. Mais, c'est plus facile à dire qu'à faire. Dans un document* dont suivent ci-dessous des extraits, l'Institut de Coopération avec l'Europe Orientale (ICEO) de Montpellier fait le point sur la question. O n sait depuis longtemps que les peuples et les cultures nomades cohabitent difficilement avec les cultures sédentaires. Les éleveurs et les agriculteurs ne développent leurs activités parallèles de façon non conflictuelle que lorsque l'espace disponible leur permet d'éviter la concurrence. On sait depuis La Fontaine que les cigales et les fourmis ont une philosophie de la vie différente. A partir des années 80, dans plusieurs grandes villes, les populations roms en voie de sédentarisation, qui vivaient dans des campements insalubres, furent relogées. A Montpellier par exemple, ceux qui vivaient dans des caravanes, dans une cité à l'extérieur de la ville, purent notamment emménager dans les coquettes maisons d'un lotissement spécialement aménagé pour eux. Grâce aux APL (Aides personnalisées au logement) les locataires furent logés gratuitement. Certains bénéficièrent même temporairement d'une aide financière supérieure au loyer demandé. Cette opération fut l'occasion d'une prise de conscience par les élus et les services sociaux de la ville de l'extrême complexité de l'exercice. Elle nécessita une longue préparation et une très longue concertation avec les familles concernées. Il fallut, au cas par cas, essayer de répondre à deux exigences contradictoires ; éviter le regroupement de tous les relogés au risque de former des ghettos et éviter l'impensable (pour les relogés) éclatement des familles. Des projets éducatifs pourtant généreux La plupart des grandes villes qui ont mis en œuvre des programmes de relogement identiques ont pu rapidement faire le même constat, malgré d'infinies précautions prises, les relogements donnèrent lieu à l'apparition de quartiers homogènes. La mixité sociale et culturelle souhaitée n'ayant pu perdurer les écoles des quartiers correspondants devinrent rapidement des écoles aux projets éducatifs de moins en moins ambitieux, désertées de ce fait par les élèves qui venaient traditionnellement. Après plus de vingt ans d'expérience, la conclusion s'impose: bien que sédentarisées dans des conditions matérielles favorables, les populations de culture générique rom ont les plus grandes difficultés à faire monter leurs enfants dans l'ascenseur social que la République essaye de mettre à leur disposition, à travers les projets éducatifs les plus généreux possibles. De multiples études tentent de rechercher les raisons de ce qu'il faut bien appeler un échec. Dans les très nombreux travaux sociologiques publiés sur les Roms, on retrouve l'impor- tance de la scolarisation ou plus exactement de leur non scolarisation. Quels que soient les pays étudiés, l'école des Gadjé est mal adaptée aux Roms, bien sûr quand ils sont nomades mais aussi quand ils sont sédentarisés. Dans l'école actuelle, les relations d'autorité maître élèves et les modes d'apprentissages sont antinomiques avec la culture et les valeurs roms. En Europe, l'école traditionnelle s'adresse aux élèves comme à des individus. Elle les invite à un apprentissage et à un travail personnel, le seul ayant une valeur à ses yeux. Pour la majorité des Roms le travail et l'apprentissage sont des tâches collectives que l'on effectue à son rythme et dans la longue durée. La résignation a peu à peu gagné les enseignants les mieux intentionnés Cette méthode, parfaitement inadaptée aux systèmes scolaires imposés par les Gadjé, a permis à des générations de Roms de devenir des virtuoses de la musique. Certes, leur virtuosité est individuelle, mais leur apprentissage a été essentiellement collectif. Les musiciens tsiganes jouent le plus souvent dans des groupes formés dès leur plus tendre enfance. Sans connaître le solfège, ils sont capables de rejouer la totalité du répertoire qu'ils ont acquis en répétant ensemble. En raison de la complexité et de la persistance des problèmes liés à la scolarisation des Roms, la résignation a peu à peu gagné le monde de l'éducation, même parmi les enseignants les mieux intentionnés. Jusqu'à maintenant, que ce soit dans les pays de l'UE en général ou en France en particulier, les résultats des politiques mises en œuvre ne poussent pas à l'optimiste. Qu'ils soient nomades ou sédentarisés, les Roms souffrent globalement d'une sous scolarisation. Celle-ci pénalise gravement leur insertion professionnelle, même dans leur pays d'origine. Quand ils vivent dans un pays dont ils ne connaissent ni la langue ni les principaux codes culturels, leur insertion est encore plus problématique. C'est donc dans les pays d'origine que l'indispensable scolarisation devrait s'effectuer prioritairement. Malheureusement dans les pays dont sont originaires massivement les Roms la priorité n'est pas à l'amélioration de leurs conditions de vie. *Cette étude a été réalisée par Pierre Chevallet (ICEO Montpellier), Nevana Dobreva (correspondante d'ICEO à Sofia), Michel Labonne (ICEO Montpellier), Ionut Popescu (correspondant d'ICEO à Bucarest). Elle a été présentée à Sofia par Pierre Chevallet en octobre 2010 au colloque du New Policy Forum "Europe looks East", présidé par Mikhaïl Gorbatchev. 27 Société Les NOUVELLES de ROUMANIE 25 000 Espagnols au National Arena Sports SUCEAVA l l BAIA MARE ORADEA CAMPULUNG BISTRITA TARGU MURES ARAD BRASOV l TIMISOARA S l l l l l l FOCSANI l l SIBIU GALATI PITESTI l l BUZAU l CRAIOVA l n BUCAREST CONSTANTA l Cluj encore champion 28 Deux ans après son dernier titre, le CFR Cluj, club des cheminots a remporté sur le fil le titre de champion de Roumanie de Ligue 1 et disputera directement la Ligue des Champions. Le classement : 1. CFR Cluj 71 pts (Ligue des Champions) 2. FC Vaslui 70 pts (qualification Ligue des Champions) 3. Steaua Bucarest 66 pts (Coupe UEFA) 4. Rapid Bucarest 64 pts (Coupe UEFA) 5. Dinamo Bucarest 62 pts (UEFA) 6. Otelul Galati 52 pts 7. Universitate Cluj 47 pts 8. Panduri Târgu Jiu 47 pts 9. FC Brasov 45 pts 10. Concordia Chiagna 45 pts 11. Ceahlaul Piatra Neamt 42 pts 12. Astra Ploiesti 41 pts 13. Gaz Metan Medias 41 pts 14. Petrolul Ploiesti 39 pts 15. Târgu Mures 35 pts (relégué en Ligue 2) 16. Sibiu 32 pts (relégué en Ligue 2) 17. Sportul Studentesc Bucarest 30 pts (relégué en Ligue 2) 18. CS Mioveni-Pitesti 12 pts (relégué en Ligue 2) Finale de la coupe de Roumanie Dinamo Bucarest 1 (Coupe UEFA) Rapid Bucarest (0) Ligue 2 Groupe A : 1. Viitorul Constantsa 61 pts (promu en Ligue 1) 2. CSM Iasi 61 pts (promu en Ligue 1) Groupe B : 1. Poli Timisoara 65 pts (promu en Ligue 1) 2. Gloria Bistritsa 65 pts (promu en Ligue 1) elon la Fédération du patronat du tourisme roumain (FPTR), la finale de la coupe de l'UEFA - disputée le mardi 8 mai au stade National Arena de Bucarest et gagnée 3 à 0 par l'Atletico de Madrid contre l'Athletic Bilbao - a généré des revenus dans le secteur touristique d'à peu près 10 millions d'euros. Les hôtels de la capitale (capacité d'accueil, environ 22 000 places) étaient pleins à 95%. Au total, plus de 10 000 touristes espagnols ont séjourné dans les hôtels de Bucarest, et 10 000 Roumains de province sont venus à Bucarest pour l'événement. Ces supporters y ont séjourné pour une durée moyenne de 2,5 nuits, dépensant 3 millions d'euros dans le logement. 15 000 autres Espagnols ont rejoint Bucarest pour une période de moins de 24 heures. Chacun de ces touristes a dépensé en moyenne 150 euros par jour - hors nuit d'hôtel - générant des revenus de 6 millions d'euros. 52 347 spectateurs ont assisté à cette finale qui s'est déroulée au National Arena. Ils auraient même pu être davantage, mais plusieurs dizaines d'entre eux se sont arrêtés à Budapest, confondant les deux villes ! Un derby très chaud L e derby de Cluj entre l'Universitatea et le CFR (club des cheminots) a été suspendu après la 27e minute de jeu, le 6 mai dernier. Alors que Cadu, joueur du CFR, chambrait les supporteurs de l'Universitatea pour fêter le but qu'il venait d'inscrire sur pénalty (litigieux, selon les sources rapportant l'affaire), Mircea Bornescu, le gardien adverse, énervé, a sauté par-dessus les panneaux publicitaires, partant à sa poursuite, le frappant violemment et le faisant rouler à terre. C'est que le gardien n'aime pas qu'on prenne ses supporteurs pour des billes ! L'ambiance est logiquement devenue délétère sur le terrain, et la rencontre a été suspendue. Mais ce n'était pas tout. Dans le tunnel ramenant les deux équipes à leurs vestiaires, la masseuse d'Universitatea , entrée dans une colère noire, s'en est également pris à Cadu l'insolent, lui envoyant un coup de pied dans des parties jugées généralement par les observateurs comme étant délicates… Les gymnastes roumaines font le plein de médailles européennes C ela faisait quatre ans que les gymnastes roumaines n'avaient pas remporté de titre européen par équipe. Mais, à Bruxelles, à la mimai, tout comme en 2008 à Clermont-Ferrand, elles ont dominé la Russie, leur principal adversaire. Catalina Ponor, Sandra Izbasa et Larisa Iordache ont ramené aussi trois autres médailles d'or. Au total, les filles entrainées par le couple mythique Mariana Bitang et Octavian Belu, qui les préparent également pour les Jeux Olympiques de Londres de cet été, ont raflé 6 médailles. Coup (de poing) dur pour Lucian Bute L a roue a tourné pour le Roumain-Canadien Lucian Bute, 32 ans, champion du monde des super-moyens (version IBF), dont le palmarès ne comportait jusqu'ici aucune défaite et 30 victoires, dont 24 par ko: le boxeur originaire de Galati, a perdu sa couronne à Londres face au Britannique Carl Froch, 34 ans, qui a ainsi conquis son troisième titre. Toujours dominé par son adversaire, acculé dans les cordes, Bute - humiliation suprême - a été mis ko technique au 5ème round. Bien qu'il ait droit à un match revanche, il n'a pas indiqué pour l'instant quelle suite il entendait donner à sa carrière. Société Les NOUVELLES de ROUMANIE Insolite C Les Roumains ont la plus grande espérance de vie… après la mort ommentant une statistique de Bruxelles qui plaçait l'espérance de vie des Roumains au dernier rang de l'UE, avec 74 ans, le Patriarche Daniel a exhorté les fidèles roumains à ne pas s'en offusquer… leur assurant que leur espérance de vie après la mort étant beaucoup plus longue, notamment pour les femmes, confinant à l'éternité, car ils étaient les plus croyants du continent. Le chef de l'Eglise orthodoxe roumaine a aussi rappelé que, dans certains pays dont le niveau de la foi était proche de zéro, l'espérance de vie après la mort était également nulle. Daniel s'est également félicité que les statistiques de l'UE montrant le degré de religiosité des Roumains indiquent qu'ils sont non seulement assurés d'une vie au-delà du trépas mais que celle-ci sera aussi de grande qualité car ils iront droit au paradis pourvu qu'ils se confessent au moins à Noël et Pâques et qu'ils se fassent pardonner leurs péchés avant de mourir, concluant "même les statistiques de Bruxelles sont capables d'annoncer des miracles". Moyens coupés G abriel Serban n'en peut plus. Le maire de Campulung Moldovenesc (Jud Suceava) est harcelé par une de ses administrées qui le rend responsable de la disparition de ses cinq pots de fleurs et d'une balance voici quatre ans, entreposés dans un immeuble en cours de rénovation. La retraitée mène depuis une campagne sans relâche contre l'élu, utilisant les médias locaux, se répandant en accusations dans les commerces, etc. "Je n'en dors plus" se plaint le maire qui a entamé une action en justice demandant 100 000 euros de dommages et intérêts pour atteinte à son image publique… et à l'équilibre de sa vie familiale. Gabriel Serban confie qu'il est tellement épuisé qu'il ne peut plus remplir son "devoir conjugal" et tente en vain depuis quatre ans de faire un enfant à sa femme, le premier du couple. Le maire affirme d'ailleurs que s'il gagne son procès, l'argent ira intégralement à un orphelinat. Nue à vélo… mais verbalisée pour non-port de casque D ébut mai, un couple se baladait à moto dans la campagne roumaine avec un détail faisant toute la différence: la passagère était entièrement nue. Bien évidemment, lorsque ce couple motard a croisé la police, il s'est tout de suite fait arrêté. Mais le plus surprenant, c'est l'amende dont la jeune femme a écopé. Elle n'a pas pris une contravention pour atteinte à la pudeur ou exhibitionnisme, mais pour non port du casque... tout simplement parce qu'il n'y aucune article du code de la route qui prohibe cette conduite. Les motards peuvent donc rouler sans rien tant qu'ils portent un casque. Par contre, attention aux gravillons en cas de chute. A 29 Pas de privilège de l'âge M ariana Pisu, 50 ans, de Brasov, est considérée comme la plus vieille prostituée en exercice de Roumanie, mais le privilège de l'âge n'a pas pour autant attendri les autorités locales qui lui réclament 35 000 € d'arriérés de contraventions non payées pour racolage sur la voie publique, au cours de ces vingt dernières années. Elle a en outre été condamnée à 120 heures de travaux d'intérêt général qu'elle devra employer à planter des fleurs sur les espaces publics de la ville. La contrevenante profite cependant de l'exécution de sa peine au vu et au su de tout le monde pour continuer son métier. En 2011, elle avait été verbalisée à 90 reprises. Mariana, qui est mariée et a un fils a cependant des principes bien ancrés: elle ne travaille pas le jour du Seigneur, lors des fêtes religieuses ou quant il pleut, n'accepte que 2 ou 3 clients par jour, et n'exerce qu'entre 9 et 17 h, rentrant ensuite chez elle pour s'occuper de sa famille. Elle prévoit de prendre sa retraite l'an prochain. Statue pour le prince Rainier lors que la municipalité de Bistrita a décidé d'ériger une statue du leader chinois Deng Xiaoping, Bucarest a programmé celle du Prince Rainier de Monaco qui sera réalisée en bronze pour un montant de 200 000 euros… en pleine crise frappant plus de la moitié de sa population ! La municipalité de la capitale n'a avancé aucune explication à cette décision, indiquant seulement que le souverain monégasque faisait partie d'un programme d'hommages à des personnalités ayant marqué leur époque ou la Roumanie, comprenant aussi cinq autres statues dédiées à l'acteur Gheorghe Dinica, aux philosophes Mircea Eliade et Emil Cioran, à la romancière Hortensia Papadat-Bengescu et au révolutionnaire Avram Iancu, le choix ayant été arrêté par le Conseil scientifique consultatif de l'administration des monuments. Sans-doute s'agit de rendre hommage aux casinos qui ont fleuri dans la capitale ? Reportage Les NOUVELLES de ROUMANIE Tour de Roumanie "La petite Boucle" SUCEAVA l ORADEA l BAIA MARE IASI l TARGU MARGHITA MURES ARAD SIBIU l l l l l TIMISOARA FOCSANI l l GALATI PITESTI T. SEVERIN l l l BUZAU l l CRAIOVA l n BUCAREST CONSTANTA l Pas de problème ! 30 de Roumanie a toujours rêvé de son grand modèle… le Tour de France doit manger encore beaucoup de soupe ! CHISINAU l BRASOV Ignoré par son propre public, le Tour Reportage Les NOUVELLES de ROUMANIE Samedi 2 juin. - "En roue" pour le Tour cycliste de Roumanie dont le départ est donné ce jour à Constantsa pour un prologue de 8 km. Ici, rien du gigantisme de la grande sœur française. Tout se fait à la bonne franquette… mais non sans sueurs froides. Je m'y suis pris dès janvier pour demander mon accréditation et mes e-mails ou coups de téléphone restant sans réponse, je me suis présenté à la Fédération Roumaine de Cyclisme, le 9 mai, dès mon arrivée à Bucarest. "Pas de problème" m'a-t-on répondu, "rendez-vous à Mamaia à l'hôtel Flora". A l'accueil de l'hôtel, aucune réservation ne figure à mon nom… mais la réceptionniste me donne une chambre immédiatement, sans autre cérémonie, et me montrant la salle où se tient le comité d'organisation me souhaite "succes !"… ce qui ne manque pas de m'inquiéter. Le lendemain matin en entendant dans les couloirs de l'hôtel des femmes de service partant faire le ménage se souhaitant la même réussite, j'en déduis qu'il ne faut pas interpréter au second degré ce vœu. D'ailleurs, preuve m'est donnée dans la foulée de l'efficacité de cette organisation "à la roumaine". Mon nom ne figure pas non plus dans la liste des journalistes embarqués dans les voitures de la course. Qu'à cela ne tienne… le responsable de la presse me fait monter dans la sienne, entassant des collègues roumains sur la banquette arrière. Après tout, je suis venu ici pour l'aventure ! Les bergers et leurs troupeaux divaguant sur les hauteurs des Carpates doivent certainement se demander ce que peuvent bien chercher ces étranges créatures pliées en deux sur leurs drôles de machines montées sur deux roues, poursuivies par une horde d'engins klaxonnant à tout va, feux allumés en plein jour… et qui s'entête à ne jamais les rattraper. Ils ne sont pas les seuls… les cigognes perchées sur les toits des maisons saxonnes de Transylvanie, les chevaux courant dans les plaines de Bucovine, les vaches broutant dans les pâturages verdoyants des vallées de l'Olt et du Mures se posent la même question: qu'ont-ils donc tous à se faire la course en long et en large à travers toute la Roumanie. Justement, ils font le Tour de Roumanie… "La Mica Bucla" comme on l'appelle sur place, en référence à "La Grande Boucle" ! Justement, les deux épreuves s'apprêtent à fêter respectivement l'an prochain leur 50ème et 100ème édition. Pour bien saisir leurs similitudes et différences, Henri Gillet a suivi l'épreuve roumaine pendant toute sa durée, huit jours, début juin ! L a Fontaine prendrait sans-doute plaisir à conter dans une de ses fables ces étranges scènes où les hommes partagent l'incrédulité des animaux au passage de la caravane. Femmes tsiganes aux tenues chamarrées qui se rangent effrayées sur le bas-côté de la route, charrettes de paysans qui se poussent vite-fait. Tous écarquillent des yeux devant ce tintamarre qui dure le temps d'un éclair pour disparaître vers d'autres horizons, les boucles du Danube, la plaine de la Dobroudja, les confins de l'Ukraine et de la Moldavie. Car, il faut le dire tout haut… même si le Tour de Roumanie est ignoré de la quasi-totalité des Roumains - guère plus de 20 30 000 personnes se pressent, au total, sur ses routes - c'est une belle épreuve qui mériterait une autre audience. Mais la "Petite Boucle", comme l'aiment à l'appeler ses promoteurs, doit manger encore beaucoup de soupe pour un jour espérer tourner son regard vers l'inaccessible grande sœur française. Ici, la "Grande Boucle" est la référence suprême et le rêve nourri par tous les participants est, pour les plus fous, de s'aligner un jour à son départ, pour les plus raisonnables, d'assister à une de ses étapes. Quatre Roumains seulement ont participé à un Tour de France. C'étant avant-guerre et ils ont abandonné dès les premières étapes. Francophilie aidant, le cyclisme roumain a toujours été à l'école de la France, depuis ses débuts. Budget: un écart parfois de un à 500 ou 1000 avec "La Grande Boucle" L'ancêtre du Tour de Roumanie, le Tour de Munténie, est né voici un siècle, inspiré alors par le tout jeune Tour de France, apparu en 1903. Aujourd'hui, son organisation est calquée sur l'épreuve reine: voiture balais pour les abandons, radio-Tour pour donner les consignes et informations, ambulances, commissaires et directeur de course, véhicules techniques, de contrôle anti-dopage, voitures de presse, et même un hélicoptère sponsorisé par Neptun TV, une chaîne de Constantsa qui, pour la deuxième année, assurait une retransmission d'une heure en différé chaque soir, de 23 h à minuit. Maillot jaune, de grimpeur, de meilleur espoir, par équipes: les trophées portent la même couleur ou la même appellation, sauf pour celui qui distingue le meilleur sprinteur, revêtu de rouge et non de vert. Bien sûr, la comparaison s'arrête là: la caravane du Tour de France compte 2400 véhicules et peut s'étendre sur 70 km, sa petite sœur, 70 s'étalant au maximum sur 3 km. Mais pour autant, l'organisation est rigoureuse et les ratés aussi le "networking". Mission réussie, car celui-ci ne se fit quasi-inexistants. La Fédération roumaine de cyclisme qui pas prier, assuré d'avoir sa photo dans les journaux locaux à s'en charge a d'ailleurs bien du mérite, devant compter avec les trois jours des élections municipales. innombrables aléas auxquels on est confronté en Roumanie, Le financement apparaît donc comme le nœud central d'un dont le moindre n'est pas celui de l'état des routes. D'ailleurs, véritable démarrage d'un Tour dont on s'accorde à reconnaître si les étapes sont relativement courtes - autour de 150 km sa valeur sportive. Si la BRD-Société Générale, principal c'est pour ménager les organismes durement mis à l'épreuve, sponsor, supprimait sa subvention de 40 000 €, l'épreuve s'arcar le circuit emprunte rarement les meilleures chaussées, celrêterait net. Mais si la Fédération Roumaine de Cyclisme ne les des routes européennes, pour ne pas se mettre à dos les trouve pas d'autres ressources, elle continuera à végéter. Fédérations de transporteurs. La "Petite Boucle" n'a pas le bras Les détracteurs de l'équipe dirigeante lui reprochent son aussi long que son aînée… immobilisme. Pourtant la course progresse. Quatorze motos Cette différence saute aux yeux lorsqu'il est question de l'encadraient cette année. On en comptait une seule en 2005. budget. Celui du Tour de France est estimé à 100 millions Quinze coureurs roumains se sont alignés au départ, ainsi que d'euros, en Roumanie, il se situe entre 100 000 et 200 000 €. 6-7 Moldaves, et la Roumanie chapeautait 4 équipes, dont Un écart parfois de un à 500 ou à 1000. Encore faut-il inclure celle, Tusnad, d'où est sorti le vainqueur… un Croate, il est dans cette enveloppe tout l'hébergement pris en charge par les vrai. L'UCI (Union Cycliste Internationale) a reconnu la villes étapes… et, contrairement au Tour de France, ces derFédération en 2009 et délègue maintenant un observateur, nières ne se bousculent pas pour accueillir l'épreuve. Ainsi, les chargé de veiller à l'application des règlements. Cette année, il organisateurs en sont-ils réduits à multiplier les transferts était Slovène. d'une arrivée à un départ le lendemain matin, une centaine de Comme dans toutes les instances, les ambitions et égos se kilomètres plus loin, histoire de racler une subvention dans les frictionnent lorsqu'il s'agit de renouveler le bureau. Les dirifonds de tiroirs des mairies. A ce petit jeu, les coureurs du Tour geants sont alors régulièrement accusés de se payer (5000 €) 2012 ont effectué 1500 km dans des voitures… et un peu plus par an… à ne rien faire. Dans la presse, on a fait des gorges de 1100 sur leur vélo. Cette année, le sprint final avait lieu à chaudes du chargement d'un camion de bouteilles d'eau minéMarghita, ville proche d'Oradea, à 700 km de Bucarest, qui rale destiné aux concurrents qui aurait disparu en route. Une avait bien voulu mettre la main à la poche, la capitale étant fois, les élections passées, les passions se calment. (suite p.32) boudée, s'étant montrée trop ladre. TOUR DE ROUMANIE 2012 TOUR DE FRANCE 2012 Mégoter des sponsors jusqu'à la dernière minute Même l'épreuve lancée, les organisateurs continuent à chercher des sponsors pour mettre un peu de beurre dans les épinards. A Iasi, ville de départ d'étape, l'un d'eux avait pris un peu d'avance sur la caravane… pour aller mégoter la fourniture de deux ou trois maillots auprès du maire, usant d'un sport national, la "pila" ou piston… que les Américains appellent Nombre d'équipes : 14 de 6 coureurs Nombre de partants : 83 Longueur du parcours : 1184 km Nombre d'étapes : 8 + prologue 22 de 9 coureurs 198 3479 km 20 + prologue Budget : entre 100 0000 et 200 000 euros Budget par équipe : Total des prix : 24 000 euros Vainqueur : 3000 euros Vainqueur d'étapes : 700 euros 100 millions d'euros entre 7 et 15 millions d'euros 3,5 M€ dont 2 M€ de primes 450 000 euros 8000 euros Caravane : 80 voitures, 200 personnes Longueur de la caravane : 500 m à 2,5 km Intendance (techniciens et accompagnateurs): 80 2400 voitures, 4500 personnes 12 km à 70 km 2100 Spectateurs : entre 15 000 et 50 000 Médias : 40 journalistes et assimilés Diffusion TV à l'étranger : aucune Nombre de licenciés : Catalin Cirnu, officier de presse, et Valeriu Andoniu, directeur de la course, deux hommes-clé du 49ème Tour de Roumanie. 12 millions 2500 journalistes et assimilés 186 pays, direct dans 60 pays 112 000 Dans ce tableau, il s'agit d'estimations ou de moyennes. Il ne faut pas confondre la disparité énorme entre les moyens dont disposent l'une et l'autre compétition, parfois de 1… à 1000 et leur valeur sportive qui, en fonction de la durée, la longueur et la dureté de l'épreuve, le niveau des concurrents, est beaucoup plus proche, de l'ordre de 1 à 3, ce qui est plutôt un bon point pour le Tour de Roumanie. 31 Reportage Les NOUVELLES de ROUMANIE (suite de la page 30) l l l IASI ORADEA l l TARGU MURES ARAD l l Dopage: le jeu en vaut-il la chandelle ? SUCEAVA SATU MARE VASLUI BACAU SF. GHEORGHE l l l l TIMISOARA BRASOV URZICENI CRAIOVA l GALATI BRAILA l n BUCAREST l l l TULCEA CONSTANTA l Pas besoin de bon de sortie 32 Quant au dopage, personne n'en parle. Un véhicule et une équipe médicale lui sont affectés pour respecter les exigences de l'UCI. Régulièrement, lors de la remise des bouquets aux vainqueurs, le speaker annonce que le gagnant de l'étape ne peut pas monter sur l'estrade, étant parti satisfaire au contrôle. Le jeu en vaut-il vraiment la peine, vue l'importance modeste de l'épreuve? De temps en temps, la Fédération révèle avec un certain décalage, un dépistage positif. Ce fut le cas pur un Ukrainien en 2007. Avec un sourire amusé, les Roumains soulignent que les équipes qui dominent le Tour de France ne sont pas-celles qui ont les meilleurs coureurs ou entraîneurs ou sponsors… mais celles qui ont déniché les meilleurs médecins. Toutefois on peut remarquer que, quinze jours après le Tour de Roumanie 2011, le seul Français a y avoir participé, le professionnel Guillaume Pont, 31 ans, avait été contrôlé positif à l'EPO, lors des championnats de France sur Route. Suspendu pour quatre ans, l'équipier de la formation grecque Tableware, très présente dans les compétitions en Espagne et habituée de la "Mica Bucla", pouvait considérer sa carrière terminée. Dimanche 3 juin.- Le Tour a vraiment du mal à se faire connaître. Déjà la veille, la présentation des équipes, le spectacle qui avait suivi, le prologue contre la montre, n'avaient attiré qu'une dizaine de spectateurs en dehors de la caravane. Les concurrents rouLe pied pour les bénévoles qui vivent une semaine folle mains qui passent devant chez eux, n'ont pas besoin de demander un bon La véritable question pour la Fédération porte sur la dimension à donner à l'épreude sortie au peloton pour passer détave. Les dirigeants en place ont choisi de privilégier le volet amateurs. Sur les quatre ché… il n'y a personne pour les équipes roumaines engagées, une seule, Tusnad, avait un statut lui permettant de dispuapplaudir ! ter des épreuves à l'étranger, les autres doivent rester à la maison. Sans le Tour de Je m'attendais à une organisation Roumanie, leur bicyclette ne leur servirait à rien, plaident-ils. "à la roumaine", dont je connais les Les cyclistes roumains ne peuvent pas vivre de ce sport soutiennent-ils aussi. Ils mécanismes de puis un certain temps: n'ont aucun moyen et ce sont des passionnés, ravis de pouvoir rouler sur des vélos on part avec en tête un plan d'une valeur de 4-5000 € fournis bien défini, mais rarement par les clubs ou les sponsors, qu'ils réalisé, compte tenu des ne pourraient jamais s'offrir autrealéas liés à la nature du ment. pays… Alors, dans la derLes accompagnateurs sont nière ligne droite, on imprologés à la même enseigne. Des vise, trouvant une solution bénévoles, fous de vélo, souvent sur le fil. En exagérant, on anciens cyclistes eux-mêmes, parpourrait dire que rien ne fois de père en fils, qui prennent sur marche comme prévu… leurs congés pour se joindre à l'émais que finalement tout preuve. Pendant une semaine, ils finit par s'arranger. C'est sont à la fête. Certains viennent bien le principal et, si on avec leur propre voiture ou leur prend çà avec un peu de moto, embarquent les journalistes, philosophie, c'est même pluse transforment en arbitres, ouvrent Andrei Nechita, terminant 5ème, n'a pu rééditer son exploit de l'an la course et la route, roulent à toute tôt sympathique ! Mais non ! passé et ramener une deuxième victoire finale à la Roumanie. Loin des clichés, ce Tour me berzingue, remontent les files de paraît parfaitement organisé et les véhicules, s'engouffrent sur la voie de gauche. Pour ces motards, c'est le pied. Ils n'auétapes à venir ne le démentiront pas. raient jamais eu l'occasion de passer une semaine à plein gaz comme celle-ci… et avec Finalement, j'atterris dans le combi la bénédiction de la police et de la gendarmerie qui assure la protection de l'épreuve. Mercedes d'un des directeurs de la Mais ne nous y trompons pas, tout est fait avec le plus grand sérieux. Leur récompencourse, délégué de l'Agence Nationale se? La Fédération leur rembourse l'essence et assure leur hébergement. L'un d'entredes Sports, un bon vivant qui se eux avait pris des congés pour venir du Koweït où il travaille. délecte à donner des consignes à son Et les organisateurs d'ajouter que le saut exigé par l'UCI pour pouvoir s'exprimer chauffeur… rien moins qu'un colonel à un niveau de compétition supérieure est hors de portée, actuellement: une garantie de gendarmerie, non moins ravi d'obancaire conséquente, pouvant dépasser la centaine de millier d'euros, un accueil dans béir les deux doigts sur la couture du des hôtels de meilleure qualité (actuellement, il s'agit de 3 étoiles, très corrects), des pantalon aux injonctions… à ne rien routes en meilleur état, des émissions en direct à la télévision… respecter du code de la route ! (suite page 34) Reportage Les NOUVELLES de ROUMANIE La course Le Croate Matja Kvasina au-dessus du lot Le Croate Matja Kvasina, 31 ans, membre de l'équipe roumaine Tusnad, a remporté la 49ème édition du tour de Roumanie au terme d'une épreuve sans grand suspense. La "Petite boucle" avait réuni 83 concurrents au départ, donné à Constantsa sur les bords de la Mer Noire, répartis entre 14 équipes. Seulement 67 ont franchi la ligne d'arrivée à Marghita, près de la Hongrie. L 'Ukraine était apparue comme la grande favorite du Tour de Roumanie. Venus en force, avec deux équipes, dont une nationale, les Ukrainiens ont certes imposé leur domination collective tout au long de l'épreuve, remportant quatre étapes dont trois revenant à leur sprinter Andriy Kulyk, plaçant leur deux formations en tête du classement par équipes… mais ils sont repartis sans avoir réussi à endosser les maillots les plus prestigieux, le jaune, bien sûr, le rouge, équivalent du maillot vert consacrant le meilleur sprinter, et le blanc attribué au meilleur grimpeur. Le Grec Tamouridis s'était promis de prendre sa revanche sur l'année précédente, où il avait terminé deuxième, ratant la victoire finale dans des conditions jugées particulières. Il s'était incliné sur le fil devant l'enfant du pays, le Roumain Andrei Nichita qui avait dominé l'épreuve grâce à une échappée lui donnant un quart d'heure d'avance, laquelle se réduisait à une peau de chagrin avant la dernière étape décisive de montagne, domaine où il ne brille pas particulièrement. En passe de perdre son maillot jaune au profit du Grec, le Roumain l'avait sauvé de justesse grâce à la complicité des coureurs italiens, pays où il s'entraîne, qui l'avait ramené sur les échappés… et à celle d'une météo défavorable, conduisant les organisateurs à écourter de dix kilomètres la montée, les plus difficiles. Pas rancunier, Ioannis Tamouridis est revenu pour l'édition 2012. S'il ne s'est finalement pas imposé, il a cependant remporté trois victoires d'étapes, a porté le maillot jaune pendant deux d'entre elles et finalement endossé le maillot rouge de la victoire aux points. Il a eu aussi la satisfaction de voir son coéquipier espagnol Gonzales de la Parte, terminé second de l'épreuve, à quelques dizaines de secondes du vainqueur final, Matia Kvasina qu'il n'avait visiblement pas les moyens de surclasser. Grand seigneur, le Croate, qui avait pris le maillot jaune dès la 3ème étape, lui a d'ailleurs laissé la victoire de la prestigieuse Transalpina, l'Alpe d'Huez du Tour de Roumanie, avec une arrivée au pic Papusa, à 2094 mètres. Après trente kilomètres d'une montée avec des côtes à 16 % et une vingtaine de lacets dans la dernière partie, les deux hommes ont terminé roue dans la roue. Décidément fâché avec la montagne, concédant quatre minutes dans la Transalpina, et relégué à la cinquième place du général, alors que la veille il était encore second à deux secondes, Andrei Nichita n'a pu rééditer son exploit de l'année précédente. Il se consolera en représentant pour la première fois la Roumanie aux Jeux Olympiques de Londres. Le Palmarès Classement général individuel : 1. Matja Kvasina (Croatie, Tusnad Cycling Team), les 1173 km en 26 h 54 mn 48 sec. (moyenne : 43,58 km/h) 2. Victor De la Parte Gonzales (Espagne, Tableware) à 23 secondes 3. Johannes Heider (Allemagne, Univega) à 2 mn 51 4. Denis Karnulin (Ukraine, ISD Lampre) à 4 mn 03 5. Andrei Nechita (équipe nationale de Roumanie) à 4 mn 16 6. Berger Henrich (Allemagne, C.S. Mazicon) à 5 mn 45 7. Iurii Leontenko (Ukraine) à 6 mn 36 8. Maksym Vasilyev (Ukraine, ISD - Lampre) à 7 mn 34 9. Enrico Franzoi (Italie, Cycling Team Friulli) à 7 mn 43 10.Martin Grashev (Bulgarie, Nessebar Shockblaze) à 8 mn 02 … 17 coureurs sur 83 au départ ont abandonné Les vainqueurs d'étapes : 2 juin: Prologue contre la montre individuel à Constantsa sur 8 km: Ioannis Tamouridis (Grèce, SP Tableware) Demi-étape Giurgieni-Galati (142 km) : Andriy Kulyk (Ukraine) 3 juin: Galati-Vaslui via Tecuci (180 km) : Maksym Vasilyev (Ukraine) 4 juin: Iasi-Botosani (117 km) : Andriy Kulyk (Ukraine) 5 juin: Siret-Suceava via Gura Humorului (161 km) : Matja Kvasina (Croatie, Tusnad Cycling Team) 6 juin: Poiana Largului-Târgu Mures via Târgu Neamt (168 km): Andriy Kulyk (Ukraine) 7 juin: Agnita-Râmnicu Vâlcea via Sighisoara (156 km): Ioannis Tamouridis (Grèce, SP Tableware) 8 juin: Râmnicu Vâlcea-Pasul Urdele (Transalpina) via Rânca, (126 km) : Victor De La Parte (Espagne, SP Tableware) 9 juin : Deva-Marghita via Stei (113 km) : Ioannis Tamouridis (Grèce, SP Tableware). Classement général par équipes: 1. Equipe nationale d'Ukraine 2. ISD Lampre (Ukraine) 3. Tusnad CT (Roumanie) Les maillots: Jaune (classement général) - Matja Kvasina (Croatie, Tusnad CT) Blanc (combativité) - Ioannis Tamuridis (Grèce, Tableware), déjà 2ème l’an passé Vert (montagne) - Johannes Heider ( Allemagne, Univega) Rouge (sprinters) - Oleksandr Golovas (Ukraine) Bleu (meilleur Roumain) - Andrei Nechita (équipe nationale de Roumanie), vainqueur l’an passé Tricolore (meilleur espoir roumain) - Valentin Plesea (Otopeni) 33 Reportage Les NOUVELLES de ROUMANIE (suite de la page 32) l l IASI ORADEA l l l BRASOV l TIMISOARA FOCSANI l l SIBIU l GALATI BRAILA R. VÂLCEA CRAIOVA l BUZAU l l l l n BUCAREST l l T. MAGURELE CONSTANTA Au régime… comme les coureurs ! 34 Reportage 50ème édition l'an prochain… et centième pour le Tour de France l TARGU MURES A. IULIA ARAD l Historique "On ne peut pas suivre" SUCEAVA SATU MARE Les NOUVELLES de ROUMANIE Ce pilote expérimenté zigzague dans le peloton, remonte le long de la caravane, rampe d'urgence et tous phares allumés, coups de sirène hululant, roulant sur la file de gauche, salué par les policiers en faction le long de l'itinéraire. Parfois notre véhicule prend de l'avance. Les voitures venant en face nous signalent que la route est truffée de contrôles. Notre colonel rigolard les remercie d'un salut amical de cette prévenance ! D'autres fois, il se rebiffe face aux ordres de son patron qui lui cloue le bec d'un impératif "Ce am spus, am spus" ("Ce que j'ai dit, je l'ai dit !")… répété trois-quatre fois avant d'être suivi d'effet. Un jeu entre les deux compères. Lundi 4 juin.- Me voilà soumis au régime sportif. Le serveur de l'hôtel me rabroue lorsque je lui demande un café au petit-déjeuner. Ce sera un thé, comme les coureurs. Hier soir, c'était des pâtes et de l'eau plate. Heureusement, un organisateur avait eu la bonne idée d'apporter une bouteille d'Evian… remplie d'une innocente tsuica de fabrication maison. Et dans les voitures de la caravane, si on cherche bien du pied sous les sièges, il n'est pas rare de tomber sur des packs de bière fraîche. A l'entrée des villes étapes, les rues sont constellées d'autant de banderoles que les arrivées du tour de France, mais là ce sont les portraits et les slogans des candidats aux élections municipales et départementales qui ont lieu le dimanche suivant qui y figurent. Le Tour a d'ailleurs été raccourci d'une journée pour ne pas se télescoper avec le scrutin. "On ne peut pas suivre, faute de sponsors" soupire-t-on à la Fédération. Ce à quoi, les opposants rétorquent que pour les séduire, il faut d'abord se faire connaître, regrettant qu'aucune publicité digne de ce nom ne soit faite pour attirer le public, les routes et les arrivées d'étapes restant désertes. Et d'y voir une volonté délibérée des dirigeants de ne pas attirer l'attention pour rester tranquillement entre eux, avançant le refus qui a été opposé à un manager italien réputé de prendre le Tour en main pour lui donner l'envergure qu'il mérite, à l'instar des tours de Pologne et de Turquie dont la notoriété a beaucoup progressé ces dernières années. L'éclaircie viendra-t-elle d'ailleurs ? La Fédération ne compte guère que 300 licenciés, contre 110 000 en France, ce qui montre à l'envi que ce sport n'y bénéficie pas de la même popularité. Pourtant, de nouvelles courses ont vu le jour ces derniers temps ou se sont renforcées: le Tour de la Dobroudja qui précède de quelques semaines celui de Roumanie, le Tour de Sibiu, disputé sur 3 jours à la mi-juillet, et le Tinul Secuiesc, épreuve qui a un goût de souffre car organisée par les Hongrois du judet de Covasna. Deux mille participants à "La Première Echappée" Pour pouvoir se dérouler, ces compétitions doivent impérativement recevoir l'agrément de la Fédération qui a la haute main sur le cyclisme. Une toute nouvelle équipe, le CS Otopeni aimerait faire bouger les choses plus vite. Emmenée par le sprinter Alexandru Ciocan, en fin de carrière, elle pense qu'on peut professionnaliser la discipline. "Mais il faudra du temps pour faire changer les mentalités, sansdoute dix ans" estime celui qui est aussi devenu depuis Embarqué dans un combi - Mercedes, dont on voit ici l'équipage au l’an passé commencomplet, Henri Gillet (au centre) a suivi pendant huit jours le Tour de Roumanie, son véhicule étant conduit par tateur à Eurosport. un colonel de gendarmerie (avec casquette) Le véritable placé "sous le commandement" d'un émissaire de l'Agence Nationale des Sports (2ème à partir de la droite). essor que connaît le VTT est à la fois plus prometteur et significatif. Organisée depuis 3-4 ans, le 2ème samedi de mai, "La Prima Evadare" ("La Première Echappée") a réuni 2000 participants entre Bucarest et Snagov, sa banlieue chic, lors de sa récente édition. Des benjamins jusqu'aux vétérans, chacun pouvait s'engager dans la catégorie adéquate contre une contribution de 10 €. Des rallyes de mountain Bike voient également le jour. Les ventes de vélos progressent régulièrement, des magasins de cycles apparaissent, un fabriquant roumain, First Bike, est même présent sur le marché. Finalement, le vélo revient un peu en grâce par l'intermédiaire de la société civile qui ne tient pas plus que çà à voir ses activités "encadrées" pour une pratique qu'elle veut ludique et individuelle. Quelque soit l'évolution du cyclisme en Roumanie, le Tour 2013 s'annonce comme un grand crû. Il pourrait partir de Chisinau en Moldavie et faire étape en Hongrie, faisant ainsi des incursions en terre étrangère, afin de célébrer avec éclat sa cinquantième édition… alors que le Tour de France, lui, fêtera sa centième édition. Décidément, entre la Roumanie et la France… c'est une histoire en boucle ! Henri Gillet L 'influence de la France sur la Roumanie du début du L'épreuve comporte aussi un classement par équipes, soit XXème siècle peut se mesurer au cyclisme. Alors nationales ou regroupant des coureurs de différents pays quand que le 1er Tour de France date de 1903, organisé ils ne sont pas assez nombreux. par le journal L'Auto (qui deviendra l'Equipe) et remporté par le Français Maurice Garin, l'ancêtre du Tour de Roumanie, 70 villes-étapes à travers le pays appelé le circuit de la Munténie (La Transylvanie fait alors encore partie de Le cyclisme a bien évolué depuis l'él'Empire austro-hongrois), de déroule dès poque pionnière d'Avant-Guerre. En 1974, août 1910. Organisé à l'initiative… de la l'étape Pitesti-Bucarest (109 km) a été Revista Automobila, revue illustrée consaremportée à la moyenne de 52,516 km… crée à l'ensemble des sports, il ne compte alors que la moyenne générale de l'édition que 18 participants et sera remporté par inaugurale de 1934 avait été de 24 km/h ! l'Italien Mario Sallo. Il faut noter que plus de la moitié des Il faudra attendre 1934 pour que le 1er quelques 470 étapes disputées depuis l'oritour de Roumanie voit le jour, cette fois-ci gine l'ont été à plus de 40 km/h… la organisé par le Journal "Sportul Zilnic", moyenne générale étant cependant de quotidien qui est le pendant roumain de 35 km/h. L'Equipe, avec le concours de la Fédération Avec 1400 km, le parcours 2012 se Roumaine de Cyclisme. La Roumanie est situe tout à fait dans la moyenne, le tour le alors le 7ème pays à disposer d'un tour plus long ayant été celui gagné par Pierre cycliste national amateur ou profesionnel, Gallien (2242 km), lors de sa 3ème édiaprès la Belgique (1906), Les Pays Bas tion, le plus court se déroulant sur 430 km (1909), la Bulgarie (1924), la Hongrie en 1991. Cette année-là le record de Vainqueur de la 3ème édition du Tour de (1925) et la Pologne (1928). Roumanie en 1936 et seul Français à moyenne horaire - toujours inégalé - de avoir remporté l'épreuve, Pierre Gallien, Le premier Tour est remporté par le né en 1911 à Paris et mort en 2009 à 42,2 km/h sera pulvérisé. Barcelone, à l'âge de 97 ans, a été un Bulgare Nicoloff, le Polonais Daniel s'impoAu total, 70 villes roumaines ont coureur cycliste français professionnel de 1935 à 1939. Il a remporté une étape du accueilli des étapes, Bucarest, évitée cette sant en 1935, et Pierre Gallien, l'année suiTour de France 1939. Il était le plus vieux vante. Il sera le seul Français vainqueur de la vainqueur d'étape du Tour de France année, venant très largement en tête (41 encore en vie en 2009. fois), suivie de Sibiu (28), Cluj (25), compétition. Le départ de l'épreuve était donné traditionnellement de la place du Théâtre national à Brasov et Buzau (23), Târgu Mures (22), Oradea et Bacau Bucarest. (18), Vatra Dornei (13), Timisoara et Deva (12), Focsani et Iasi L'an prochain, le Tour de Roumanie célèbrera sa 50ème (11). édition… alors que sa grande sœur en sera à la centième. Une 3300 coureurs ont participé à l'épreuve depuis sa création, coïncidence qui accentue sa filliation. avec une moyenne de 65-70 s'alignant au départ de chaque édition, 45-50 franchissant la ligne d'arrivée, soit une moyenne 28 victoires finales pour les Roumains d'abandons de 27 % (un peu plus de 900 depuis 1934), les premières éditions enregistrant une véritable hécatombe (1934: 61 Avec 28 victoires finales, les Roumains se taillent la part coureurs au départ, 19 à l'arrivée, 1935: 98-30, 1936: 77-18). du lion, laissant loin derrière ses premiers suivants, les Bulgares (4 victoires), et les Ukrainiens (3 victoires). A noter Deux triplés qu'un Moldave, Igor Bonciucov, a remporté l'épreuve en 1998. En 78 années, la "Mica bucla" connaîtra 29 années d'interCertains participants ont acquis une certaine notoriété, ruption, de 1936 à 1946, puis par intermittence, notamment comme Constantin Dumitrescu et Mircea Romascanu, vainentre 1974 et 1983, reprenant alors sans discontinuer jusqu'à queur à 3 reprises ou Ion Cosma et Walter Zigler, 2 victoires nos jours, sauf en 1996. finales. Marin Niculescu, bien que n'ayant remporté l'épreuve Au total, 25 nations ou leurs ressortissants ont participé au qu'une seule fois, est sans-doute un des cyclistes roumains les Tour de Roumanie depuis sa création, dont 14 de l'ancienne plus connus, forgeant son image grâce à ses 14 victoires d'étasphère d'influence soviétique: Roumanie, Bulgarie, Hongrie, pes en 6 tours disputés, dont 5 au cours d'une seule édition. Il Pologne, Albanie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Allemagne est suivi par Gabriel Moiceanu (13 victoires d'étapes, 1 victoide l'Est, URSS, Ukraine, Moldavie, Kazakhstan, Géorgie, re finale en 10 Tours) et Constantin Dumitrescu (12 victoires, Azerbaïdjan, 4 hors Europe : Syrie, Maroc, Chypre, Turquie, 3 Tours remportés en 8 participations). et 7 d'Europe occidentale : France, Allemagne, Pays Bas, La prime de la popularité… et de la longévité revient à Norvège, Suède, Grèce, Italie. Des Suisse et des Belges ont Traian Chicomban de Brasov qui a participé de la première participé à titre individuel. édition (1934) à la 9ème, en 1954 ! 35 Reportage Les NOUVELLES de ROUMANIE Tour de Roumanie l IASI TARGU MURES l l TÂRGOVISTE l PITESTI CRAIOVA l GALATI l BRAILA l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Deux Tours pour le prix d'un 36 Ioan Andoniu a dû renoncer à ses illusions pour un genou trop fragile l BRASOV l TIMISOARA l M. CIUC BACAU l SIBIU l Les casquettes d'Alexandru Ciocan l ARAD l Aujourd'hui arbitre sur le Tour, le jeune espoir se préparait pour "La Grande Boucle" Tour de Roumanie SUCEAVA SATU MARE ORADEA l Le sprinteur roumain est le seul à pouvoir vivre de son sport Reportage Les NOUVELLES de ROUMANIE Mardi 5 juin.- Une journée sur le tour suit toujours le même scénario. Au départ, commissaires et arbitres vérifient que leurs sifflets marchent bien, donnant un véritable concert. Chaque matin, ils doivent se poser avec angoisse la même question existentialiste: sifflet or not sifflet… car que seraient-ils dans ce monde sans leur indispensable instrument? Au bout de deux heures de course, la caravane commence à s'agiter. Où trouver un endroit discret pour s'arrêter et soulager les vessies ? Ces haltes donnent lieu à des scènes cocasses avec des accompagnateurs surgissant des voitures dans des claquements de portières et s'alignant au bord de la route, alors que les chauffeurs font ronfler leur moteur, histoire de faire accélérer leur débit aux retardataires. J'ai une pensée compatissante pour les consœurs journalistes qui doivent serrer… les dents jusqu'à l'arrivée. L'étape à peine terminée, la caravane essaie aussitôt de dénicher l'endroit où se trouve la secrétaire du comité d'organisation. C'est elle qui détient les petits tickets attribuant à chacun son hôtel, sa chambre et les bons de repas. Dès qu'elle est repérée, tout le monde se passe le mot et elle devient pendant quelques minutes la personne la plus courtisée de l'épreuve. J'apprend que je suis le seul journaliste étranger à avoir suivi l'épreuve depuis au moins trente ans… sinon de puis la fin de la Seconde Guerre ! Comme j'étais invité par la Fédération, cette année j'ai fait deux tours de Roumanie… pour le prix d'un ! Vainqueur du Tour de Dobrodjea fin mai, histoire de se mettre en jambes pour le Tour de Roumanie, Alexandru Ciocan, classe 4ème meilleur coureur roumain en 2011, est considéré comme le sprinter national et porte surtout sur ses épaules l'espoir d'un renouveau du cyclisme dans son pays. A lexandru Ciocan n'a pas eu besoin d'élixir pour grandir dans le sport… même si cet ancien étudiant en pharmacie, après avoir terminé l'université de sports, convient, dans un grand éclat de rire que cette discipline est souvent considérée comme la meilleure adresse de "restaurant" des coureurs. Son père, Constantin, a été un des plus grands champions roumains, participant aux JO de Tokyo en 1964, et finissant 4ème du contre la montre par équipes des championnats du monde, avant de devenir le meilleur entraîneur du pays. Quant à sa mère, Gabriela, elle a terminé 2ème du championnat d'Europe de basket avec l'équipe roumaine. Alexandru visait une victoire d'étape dans le tour 2012 et lorgnait vers le maillot rouge récompensant le meilleur sprinter. Il a dû remballer ses espoirs devant une concurrence étrangère à la fois plus jeune et supérieure. A 34 ans, le Roumain ne s'en offusque pas. Il sait que sa carrière est derrière lui et s'apprête à remiser son vélo dans son garage… mais non le cyclisme qui est sa vie. Car Alexandru Ciocan symbolise la modernité d'un sport qui demande à évoluer en Roumanie. "Il nous faut dix ans encore, un changement de génération pour parvenir au niveau continental" analyse-t-il, relevant les quelques progrès effectués depuis le début des années 2000. "Nous avons davantage de meilleurs coureurs et un peu plus d'argent, mais ce n'est pas encore suffisant" constate le champion qui convient qu'aucun coureur roumain ne peut encore vivre de son sport. Justement, Ciocan est l'exception, mais parce qu'il a su organiser sa carrière. Après avoir entraîné en second la section cycliste du Dinamo de Bucarest, parallèlement aux courses disputées, il est devenu la cheville ouvrière d'un nouveau club, le CS Otopeni, dans la banlieue de Bucarest, récupérant au passage les meilleurs éléments de son ancienne formation. Avec une ambition non cachée: en faire un club fiable entraînant le cyclisme roumain vers la professionnalisation. Commentateur pour Eurosports De le même façon le coureur a assuré non pas ses arrières… mais plutôt ses devants, en devenant depuis 2011 consultant d'Euronews Roumanie pour les grandes compétitions mondiales. Ainsi les téléspectateurs roumains peuvent-ils désormais entendre des commentaires avisés sur la Vuelta, le Giro, le Tour de France, les Jeux Olympiques, le coureur aménageant le calendrier de ses interventions en fonction de son engagement dans les courses. Une casquette de journaliste qui plait énormément au Roumain qui souhaite en faire le prolongement dans son engagement dans le cyclisme. Surtout, elle lui a permis de réaliser le rêve de tout coureur: assister en direct à la Grande Boucle. "C'est géant, plus fort encore que les JO" s'enthousiasme-t-il, s'inquiétant cependant pour la version 2012: "De grands noms comme Contador et Armstrong ont été mis hors course pour cause de dopage, mais finalement, ce sont eux qui faisaient venir le public… Maintenant, il n'y a plus de grandes pointures". L'avenir du cyclisme roumain, Alexandru Ciocan le voit donc dans la relève des générations, mais plus encore dans le développement de la pratique du vélo dans la population, comme le montre notamment le succès des épreuves de VTT ouvertes à tous. En quelque sorte, le renouveau qui s'imposera par la base. Ioan Andoniu aurait bien aimé continué sa carrière de coureur. Mais il s'est rangé sagement derrière l'avis de la faculté. Son genou ne tenant plus le choc, il devait renoncer à ses ambitions. Dur quand on a 25 ans et un père, Valeriu, qui vous a fait enfourché un vélo dès l'âge de 10 ans. A près 30 ans de désert, Ioan Andoniu a été le premier cycliste roumain à revenir courir sur les routes de France. Le "gamin" de 22 ans, avait été repéré sur Internet par un manager nantais, Serge Pineau, à la recherche de talents balkaniques. L'offre était trop tentante. Tous les frais, équipement et hébergement payés, le jeune Roumain pouvait venir tenter sa chance dans le pays de "La Grande Boucle". Pendant trois ans, Ioan a ainsi fait l'allerretour avec son pays, y revenant après des périodes d'entraînement de 3 mois. Dans l'attente de son visa de séjour, le garçon logeait dans une caravane confortablement équipée, aux Aubiers, près de Châteaubriant, en Loire-Atlantique. Pour un espoir, après avoir achevé l'université des Sports, complétée plus tard par un diplôme d'une école d'entraîneur, sa carte de visite était déjà prometteuse avant de débarquer en France, avec une sélection en équipe nationale pour disputer des épreuves en Allemagne, Grèce, Russie, Bulgarie. L'épisode français a confirmé les espoirs que Serge Pineau avait mis en lui. Ioan a remporté sept épreuves majeures de la région nantaise, connue pour être une pépinière de talents français, dont le Grand prix de Mayenne et de Craon. Aujourd'hui, à 28 ans, après avoir renoncé à sa carrière, le jeune Roumain travaille aux côtés de son père à la Fédération de Cyclisme et officie comme arbitre lors du Tour de Roumanie. Il profite aussi de son expérience française pour entraîner cinq coureurs roumains classés à l'UCI et, à son tour, repérer des jeunes talents, déjà une dizaine, qu'il confie à Serge Pineau. Avec l'espoir que l'un, un jour, participera à sa place à "La Grande Boucle"… un rêve personnel brisé pour une histoire de genou trop fragile. Prévoyants, les Moldaves ont toujours eu une longueur d'avance P our la deuxième année consécutive, les Moldaves alignaient une équipe nationale au départ du Tour de Roumanie, épreuve qu'ils ont déjà remportée à deux reprises ces vingt dernières années. Qu'on ne s'y trompe pas… la petite Moldavie, ex-république soviétique, tient la dragée haute à ses voisins quand il est question de cyclisme. Certes, elle n'a pas retrouvé le niveau d'avant la chute du communisme, mais elle fait tout y parvenir. D'ailleurs, sa fédération s'inspire de l'époque soviétique pour essayer de reprendre son rang. Elle anime des écoles de sports, financées par l'Etat, et un centre d'entrainement. Dépourvue de moyens, ses dirigeants ont décidé de faire l'impasse sur les coureurs adultes, aux prétentions financières hors de portée, pour tout miser sur les espoirs. C'est ainsi que la seule grande course organisée, "La coupe du Président", sur trois jours à la mi-juin, est réservée aux juniors. Ces jeunes, force vive des 60 licenciés que compte le pays et que la Moldavie emmène tout au long de l'année faire leurs dents dans des épreuves en Azerbaïdjan, Pologne, Ukraine, Turquie, et envoyait encore récemment se former au centre de préparation mondiale de l'Union Cycliste Internationale, à Aigle, en Suisse. La fédération moldave confie ainsi sa pépinière de talents aux équipes professionnelles étrangères, espèrant qu'elles repèreront les plus doués. Andrei Pliuschin, 25 ans, est ainsi passé pro, voici deux ans, devenant réserviste dans l'ex-équipe de Lance Armstrong et a été le premier moldave a disputé un Tour de France, en 2010. Cet été il représentera son pays aux JO de Londres lors de l'épreuve sur route, occupant la place réservée par l'UCI à la Moldavie. Andrei Tchmil champion aux cinq nationalités Mais le plus connu des coureurs moldaves est sans conteste Andreï Tchmil, né en 1963 à Khabarovsk (Russie, alors en URSS). Professionnel de 1989 à 2002, il a été d'abord soviétique, puis a eu ou pris ensuite les nationalités russe, moldave et ukrainienne, avant d'être naturalisé belge, courant pour ces cinq nations ! Grand coureur de classiques, Tchmil - Cimili en moldave - a remporté ParisRoubaix en 1994, Paris-Tours en 1997, Milan-San Remo en 1999 et le Tour des Flandres en 2000, devenant ainsi premier au classement général de la Coupe du monde de cyclisme 1999, deuxième en 1995 et 2000, troisième en 1994. Après avoir raccroché le vélo, à partir de 2004, Tchmil s'est s'attelé à la création de centres de cyclisme en Europe de l'Est, à la demande de l'Union cycliste internationale. Il a repris la nationalité moldave et a continué à se consacrer au cyclisme, occupant diverses fonctions au sein du sport moldave depuis 2005 et devenant président puis manager de l'équipe russe Katusha, le plus gros budget de la compétition mondiale financé par Gazprom, de 2008 à 2011. Aujourd'hui, le Moldave vise la présidence de l'UCI qui doit être renouvelée cette année. 37 Reportage Les NOUVELLES de ROUMANIE Tour de Roumanie SUCEAVA l ORADEA l l l l BAIA MARE TARGU MURES ARAD l IASI MARGHITA l l l l BRASOV GALATI R. VÂLCEA l CRAIOVA l PITESTI l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Abandon la veille de l'arrivée 38 Reportage Mitsa Biciclista faisait tourner la tête des rois l BACAU M. CIUC TIMISOARA Les NOUVELLES de ROUMANIE Vendredi 8 juin.- Au sein de la caravane les véhicules sont informés minute par minute par Radio Tour. Quand un coureur s'échappe: "S-a evadat" annonce la speakerine… ce qui me fait davantage penser à ceux qui tentaient de fausser compagnie à Ceausescu qu'au peloton. Mon colonel chauffeur et son chef s'amusent toujours comme des enfants à actionner sirènes et phares. Gestes impératifs à l'appui, ils intiment l'ordre de stopper net et serrer à droite. Un haut-parleur cloue sur place les récalcitrants qui se font tout petit. Les paysans sont invités à descendre de leur charrette et à tenir la bride de leur cheval. Les bergers et leurs troupeaux doivent débarrasser les lieux sur le champ. Dommage: un cliché du peloton empêtré parmi les moutons aurait sans-doute fait le tour du monde et beaucoup pour la publicité du Tour de Roumanie. Et il en a bigrement besoin. En dehors des ovins… il n'y a pas un chat sur les routes. Samedi 9 juin.- La dernière étape se déroule au nord-ouest du pays, à Marghita, non loin de la Hongrie. A près de 500 km de Râmnicu Valcea, où nous faisions étape hier soir, ce qui implique un transfert par voiture de quasiment 400 km. Au total, j'aurais dû effectuer 1200 km supplémentaires, en 24 heures, pour revenir prendre mon avion à Bucarest, lundi. Je n'ai pas voulu risquer de le rater. Piteusement, je quitte le Tour sur la pointe des pieds, abandonnant mes compagnons de route à la veille de l'arrivée. Henri Gillet Mercredi 6 juin.- Pour la première fois, à chaque étape, un spectacle est organisé dans la ville d'arrivée, mettant en scène une légende du cyclisme, "Mitsa Biciclista”. Née en 1885 à Ditesti, dans la vallée de Prahova, Maria Mihaescu, Mitsa - le diminutif de son prénom - se rendit célèbre alors qu'elle avait tout juste 13 ans, en devenant la première Roumaine osant se promener à vélo dans les rues dans la capitale. Les bourgeois, les intellectuels, les aristocrates sortaient du célèbre restaurant Capsa, le "Maxim's" roumain, pour l'applaudir quand elle descendait dans son pantalon bouffant, recouverte d'une voilette en dentelle, la calea Victoriei. Déjà provocante et femme libérée, sa beauté naissante impressionnait les hommes. Mitsa saura en jouer… Dans ses filets tomberont le Roi Ferdinand, le peintre Grigorescu, le poète et Premier ministre Octavian Goga, et même le roi Manuel du Portugal qui lui offrit le mariage et une maison. Les nombreux cadeaux qu'elle reçut de ses amants la firent surnommée "Mita (bakchich) biciclista". Mais la galante, qui se promena aussi à vélo dans les rues de Paris, n'eut qu'un véritable amour, le docteur Nicolae Minovici, même si elle choisit de se marier pour la première fois, alors qu'elle avait déjà 55 ans, avec le général Alexandru Dumitrescu. Peu de Roumains connaissent la véritable histoire de cette femme émancipée, disparue en 1968 dans son pays, mais "Mitsa Biciclista" est devenue une image et une expression poétique volontiers utilisées quand les parents encouragent leurs fillettes à donner leurs premiers coups de pédales. Sans-doute ne connaissent-il pas la suite… Nae flashe plus vite que son ombre Jeudi 7 juin.- Le Tour a ses "gueules"… et on ne peut pas manquer celle de Nae, Nichusor Stan (photo ci-contre), 56 ans, photographe officiel de la Fédération de Cyclisme, présent depuis quinze ans sur la ligne d'arrivée de chaque étape. A lui de fixer l'image du vainqueur du sprint, entre autres. Ces clichés ont longtemps fait office de juge de paix, avant qu'une caméra ne soit installée sur la ligne d'arrivée… et bien des coureurs ont été déclassés après leur examen par le jury. Formé à la vieille école, Nae est un autodidacte. "Quand j'ai fait mon premier tirage dans le petit labo que je m'étais installé, j'étais ébloui. Je ne savais pas si la photographie avait découvert Nae… ou si Nae avait découvert la photographie" confie-t-il, la modestie n'étant pas le fort de ce personnage haut en couleurs qui ne doute pas un instant être le meilleur photographe sur la place et est très fier d'être reconnu. Ce "mitica" (parigot de Bucarest), à l'accent prononcé, parle aussi vite qu'il flashe la course. Son bagout, sa spontanéité, sa dégaine, mais aussi son grand cœur en font une vedette incontestée de l'épreuve. Sans oublier son talent qui a décidé ses patrons à l'envoyer couvrir des évènements sportifs de premier ordre, comme le Mondial de football 1998 en France. La passion du métier coule jusque dans les veines de Nae. Pendant la "Révolution", il avait emmené sa fillette de quatre ans devant l'Athénée de Bucarest, au beau milieu des tirs et l'avait faite poser sur un char, entourée de soldats. La photo avait fait la une des magazines roumains. Toutefois Nae a aussi appris à savoir jusqu'où ne pas aller. Lors de la visite de Bush Junior à Bucarest, venu consacrer l'entrée de la Roumanie dans l'OTAN, il avait réussi à se faufiler à moins de cinq mètres du président américain… s'arrêtant quand plein de petits points rouge se sont concentrés sur son visage. Il était dans les viseurs laser des gardes du corps de l'illustre visiteur… 39 Reportage Les NOUVELLES de ROUMANIE Le roi des bloggeurs invité au royaume de "la Petite Reine" Tour de Roumanie SUCEAVA l l l l BAIA MARE ORADEA l IASI BACAU l l SÂNNICOLAU M. l l TIMISOARA BRASOV GALATI SLATINA l CRAIOVA l PITESTI l l n BUCAREST BUZAU l l TULCEA CONSTANTA l Quand le Tour de France passait à Sibiu 40 Cinéma Le drame du monastère de Tanacu ausculté par la Palme d'or 2007 À Cannes, le retour de Christian Mungiu l TARGU MURES ARAD Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE La connaissance du français, qu'il a passé comme épreuve principale au bac, a aussi encouragé la passion de Lucian Ionitsa et lui a permis de la partager avec un ami Belge, Michel, qui voit passer régulièrement la Grande Boucle devant sa porte. Il a fait connaissance avec ce Wallon dans le village de Vaselica, près de Buzau, où il avait atterri en 1990, dans un convoi d'OVR, y revenant sans arrêt depuis. Au cours de ses visites, Michel lui apporte des ouvrages sur le cyclisme amplifiant encore la connaissance déjà encyclopédique de son jeune ami. Il traduit également en français quelques pages du Blog "justromania.org" que Lucian a créé pour présenter son pays et le faire aimer. Le jeune Roumain est persuadé qu'il est le plus beau du monde, mais c'est justement pour s'en assurer qu'il suit toutes les compétitions cyclistes possibles… du moins sur son écran. En 2005, lors d'une étape à Sibiu du Tour de Roumanie, envoyé par son journal, Lucian a eu l'émotion de sa vie: de grandes banderoles indiquaient, en français, "Arrivée du Tour de France". Il s'agissait en fait du tournage d'un film documentaire par la RAI sur la victoire de Gino Bartali dans le Tour 1948, dix ans après son dernier triomphe. Sibiu avait été choisie par le réalisateur pour sa ressemblance avec les villes françaises d'après-Guerre. Pendant quelques instants, Lucian s'est trouvé projeté au cœur de la Grande Boucle. Simplement partie remise ? Lucian a obtenu la permission de sa femme pour suivre le Tour de Roumanie. Comment Vasilica aurait-elle pu l'empêcher de se joindre à la "Mica Bucla", connaissant sa passion pour le cyclisme, alors qu'il venait de gagner le prix du concours du meilleur blog organisé la Fédération… soit vivre intégralement la compétition au sein de la caravane, tous frais payés ? E n lançant leur concours "Pourquoi je devrais être le blogueur du Tour" en collaboration avec un portail de blogueurs, la Fédération Roumaine de Cyclisme avait aussi en tête de faire contribuer le gagnant à l'amélioration de son site internet. Elle ne pensait pas toutefois avoir la main aussi heureuse en dénichant Lucian Ionitsa, un Bucarestois de 31 ans, manager de projets informatiques dans une société multinationale. Son site est le seul à donner en direct des nouvelles du Tour et enregistre jusqu'à 300 connections par jour, presqu'un exploit dans un pays où le vélo fait figure de parent pauvre. Le "roi des blogueurs" s'est ainsi trouvé invité au royaume de "la Petite Reine". Le jeune marié est avant tout un passionné de cyclisme. En tant que journaliste sportif, il avait déjà participé à deux tours, en 2003 et 2005. Il sortait de ses études, à 21 ans, et avait déjà remporté un autre concours organisé par la Gazeta Sporturilor (La Gazette des Sports), devenu depuis le principal journal sportif du pays. En prime: un contrat de quatre ans au sein de sa rédaction, embrassant une profession à laquelle il n'avait jamais songé. Mais le journalisme ne nourrit pas son homme, et son mariage en vue, le jeune homme a opté pour un métier plus lucratif. Scotché devant la télé à regarder les étapes du Tour S'il a toujours aimé et pratiqué le sport, Lucian avait opté initialement pour l'athlétisme. Sa mère ne voulait pas le voir chuter sur les routes pleines de trous ou se faire renverser par les voitures. Mais ici, comme dans bien d'autres domaines, il fallait compter avec l'effet "Révolution". La télévision s'étant libérée, un climat d'anarchie a régné sur le paysage audio-visuel roumain dans les années 90. Les bouquets de chaines piratées à l'étranger ont fleuri… pour des téléspectateurs qui se gardaient bien aussi de payer des redevances. C'est ainsi qu'un beau jour de juin 1992, rentrant de l'école, Lucian est tombé sur la retransmission d'une étape du Tour d'Italie, retransmise par une chaîne de Berlusconi. L'écolier est resté scotché devant son poste jusqu'à la fin de l'épreuve. Il avait 13 ans, ne connaissait rien de l'étranger, comme beaucoup de Roumains à l'époque, et devra attendre 1998 pour effectuer son premier périple hors des frontières, en Grèce. Pour lui, le cyclisme devenait soudain un pays imaginaire fabuleux. Des paysages, des hommes, des émotions qui le faisaient déjà voyager. Une autre révolution bouleversera l'univers du garçon: Internet et sa mine fabuleuse d'informations. Grâce à la toile, Lucian se nourrira de toute l'histoire du cyclisme, devenant incollable, faisant remonter ses connaissances à l'origine de ce sport. Bien sûr son regard se portera sur l'épreuve reine. Ce Tour de France qu'il rêve de voir un jour de ses propres yeux et plus seulement à la télévision. Il en suit toutes les éditions et pleure encore son champion préféré, l'Italien Marco Pantani, double vainqueur en 1998 du Giro et du Tour de France… décédé à 34 ans, en 2004, sans-doute d'une overdose de cocaïne. Palme d'Or à Cannes en 2007 avec "4 mois, 3 semaines, 2 jours", Cristian Mungiu, le chef de file du nouveau cinéma roumain a fait son retour en compétition avec un film riche et puissant, "Au-delà des collines" qui a obtenu le prix du meilleur scénario, alors que ses deux principales actrices, Cosmina Stratan et Cristina Flutur se partagent le prix de la meilleure interprète féminine. Ce n'est pas seulement la Roumanie qui est ainsi à nouveau honorée, mais aussi la province de Moldavie et Iasi, dont sont originaires tous les lauréats. L auréat de la Palme d'Or en 2007 avec "4 mois, 3 semaines, 2 jours", Cristian Mungiu s'est à nouveau attaqué à un sujet difficile en évoquant un drame qui, en 2005, secoua la Roumanie entière, présenté en avant-première, lors du dernier festival, sous le titre "Au-delà des collines". Connu dans le pays comme "l'affaire de Tanacu", ce drame s'était noué autour de la mort d'une jeune femme venue rendre visite à une de ses amies, novice, dans le petit monastère du même nom, situé dans une région reculée de Moldavie. Sujette à des crises de violence, hospitalisée puis rendue au monastère, elle avait été soumise à une sorte de séance d'exorcisme, attachée sur un brancard, avant de décéder. La journaliste et écrivain roumaine Tatiana Niculescu Bran, en a tiré deux ouvrages sur lesquels Cristian Mungiu s'est beaucoup appuyé, tout en recourant librement à la fiction. Plusieurs choses frappent dans ce film de 2 h 30. D'abord, une remarquable maîtrise formelle, qui lui confère une beauté sombre et apurée, le préserve des dérives "folkloriques" qu'un tel sujet aurait pu engendrer et confirme l'exceptionnel talent de Cristian Mungiu. Ensuite, une absence de parti pris qui, même si un certain visage de l'orthodoxie roumaine ne sort pas valorisé de ce récit, préserve de toute tentative de jugement, généralisation Musique L e compositeur et pianiste de nationalité hongroise Béla Bartók est né le 25 mars 1881 à Nagyszentmiklós, dans le Banat, à l'époque où cette province faisait partie intégrante de la Hongrie. Aujourd'hui désignée sous son appellation roumaine, Sânnicolau Mare, cette petite ville propre et tranquille est située à une dizaine de kilomètres de la frontière hongroise, à 65 km au nord ouest de Timisoara. Contemporain de Georges Enesco, Béla Bartok fut sans aucun doute l'un des plus célèbres musiciens de son temps. Initié au piano par sa mère, il étudia à Presbourg - aujourd'hui Bratislava - et à ou condamnation facile. "J'essaie dans ce film de ne critiquer personne, a-t-il confié en conférence de presse. Il s'agit de personnages donnés dans une situation donnée et il n'a jamais été question de viser la religion orthodoxe dans son ensemble". L'insondable solitude des enfants grandis dans les orphelinats roumains Enfin, cette œuvre remarquablement interprétée ouvre sur des questions très profondes, touchant notamment au bien, au mal qu'on cherche à combattre, à l'amour et à ses différentes formes, au libre arbitre et aux conséquences des choix, à l'erreur, la culpabilité, la superstition… Elle parle aussi, en creux mais de manière très prégnante, d'une insondable solitude existentielle, celle que bien des enfants grandis dans les orphelinats roumains ont connue. Et brosse, chemin faisant, un portrait de la société roumaine contemporaine. Cristian Mungiu, dont le film est coproduit par les frères Dardenne, a expliqué qu'il s'attendait à ce que "Au-delà des collines" ne soit pas reçu partout et par tous de la même manière. "Il me paraît important, a-t-il répété avec insistance, que les croyants en Roumanie aillent le voir et en jugent après l'avoir vu." Arnaud Schwartz (La Croix) Le Banat, berceau de Béla Bartok l'Académie royale de musique de Budapest où il obtint par la suite un poste de professeur de piano de 1908 à 1934. C'est à partir de 1905 que Béla Bartók commence à approfondir, sous l'influence d'idéaux nationalistes, son intérêt pour la musique populaire hongroise. La même année, il découvre Paris, à l'occasion du concours Rubinstein. Le cosmopolitisme de la ville l'ouvre au monde et le marque durablement. Béla Bartok fut l'un des premiers compositeurs dits classiques à avoir réalisé un collectage très approfondi de musiques populaires, d'abord de Hongrie, puis d'autres pays d'Europe de l'Est. Il a recensé des milliers de thèmes, témoignages précieux des cultures de ces nations. Le compositeur les a exploités dans ses œuvres, de manières variées: simple harmonisation, création à partir des mélodies et rythmes, jusqu'à l'intégration totale dans sa musique originale d'un "esprit populaire". La Roumanie est entrée pour une part importante dans ses recherches et Bartók compte parmi ses œuvres des compositions tirées du folklore roumain, parmi lesquelles les danses roumaines. Béla Bartok dirigea plus de 40 concerts en Roumanie, dont à Bucarest, entre 1922 et 1936. S'opposant au nazisme, il s'exila aux Etats-Unis en 1940 et mourut le 26 septembre 1945 à New York, emporté par une leucémie. Yves Lelong 41 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Littérature L'auteur de Dracula n'avait jamais mis les pieds en Roumanie SUCEAVA l l BAIA MARE ORADEA l l IASI CHISINAU l l GHERLA l l l ARAD CLUJ l l TIMISOARA SIBIU TARGU MURES l l GALATI BRAILA l l l TULCEA l l BACAU BRASOV PITESTI CRAIOVA n BUCAREST CONSTANTA l Sighisoara primée L'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a décidé d'accorder le Prix de l'Europe à la ville de Sighisoara. Une première pour une municipalité roumaine. Selon le ministre des Affaires étrangères Cristian Diaconescu, cette distinction est une "reconnaissance des efforts déployés par Sighisoara pour promouvoir l'unité européenne". La ville de Mioveni, dans le département d'Arges, faisait également partie des lauréats. La cérémonie de remise du prix devait avoir lieu lors du festival médiéval de Sighisoara entre le 20 et le 29 juin. 42 Bram Stoker est mort voici un siècle La révolution tunisienne en BD par un Roumain Issu de la publicité, Alex Talemba est un jeune dessinateur de 32 ans de Bucarest qui vient de sortir sa première BD en français, Sidi Bouzid Kids, chez Casterman, dans la collection KSTR. Il devient ainsi le premier Roumain à être publié par la plus prestigieuse maison d'édition de la bande dessinée. Le scénario a été écrit par le français Eric Borg, qui avait repéré la qualité des dessins du Bucarestois sur Internet. L'album raconte l'histoire de la récente révolution tunisienne. Il est accessible gratuitement sur Internet pour les Tunisiens par un site qui leur est réservé et sera bientôt traduit en arabe. Alex Talamba avait déjà publié un premier album, Elabuga, mais uniquement en roumain (en passe d'être traduit en français), racontant l'histoire des prisonniers allemands dans un camp soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale. Il est à noter qu'une demidouzaine de dessinateurs roumains de BD publient actuellement en France et Belgique, alors qu'on en comptait un seul voici quatre ans. Le 20 avril 1912 mourrait Bram Stoker, écrivain anglais d'origine irlandaise, dans sa maison londonienne. Celui qui donna vie au plus célèbre des vampires était aussi un fou de littérature, un passionné de culture slave et l'un des premiers auteurs considéré comme gothique. orsque Dracula, l'homme de la nuit paraît en 1897, Bram Stoker y travaille depuis déjà 10 ans. Il n'a jamais mis les pieds en Roumanie ni dans les Carpates, où se situe l'intrigue, mais s'est énormément documenté grâce à la bibliothèque de la Royal Geographical Society qui comportait énormément de livres et de documents concernant ce qu'il appelle "l'extrême Europe" et ses croyances. C'est ainsi qu'il découvrit le personnage historique qui allait être le ciment de son œuvre: Vlad Tepes Draculea, troisième du nom, voïvode (ou commandant) de Valachie, petit royaume coincé entre l'empire Ottoman et la Transylvanie à l'époque de son règne, au 15e siècle. Plus connu sous le nom de l'Empaleur, à cause de ce qu'il faisait subir à ses ennemis, il est toujours en Roumanie un symbole de résistance acharnée contre l'invasion turque. Le tyran symboliquement assoiffé de sang l'est devenu pour de bon sous la plume de Stoker. Bram Stoker s'inscrit avec ce roman dans la mouvance des auteurs néogothiques, comme d'autres auteurs qui lui sont contemporains: Stevenson avec Docteur Jekyll et Mister Hyde, Sheridan Le Fanu avec Carmilla, Mary Shelley et Frankenstein. L'époque est à la débandade des valeurs victoriennes, qui culmine avec les crimes de Jack l'Eventreur. Le contexte est donc propice et Dracula est un immense succès populaire. Si ce roman épistolaire est son œuvre la plus connue, il en a pourtant écrit beaucoup d'autres, ainsi que des nouvelles, comme L'homme de Shorox, Les contes de minuit, Le géant invisible ou des versions alternatives de Dracula, comme L'invité de Dracula, une réécriture du premier chapitre publiée par sa femme à titre posthume, en 1914. Ce ne sera que la première d'une longue série d'adaptations du mythe, surtout au cinéma, où les films estampillés Dracula ne se comptent plus. En 2009, l'œuvre originale a même eu droit à une renaissance grâce à Dacre Stoker, l'arrière petit-neveu du créateur, qui a coécrit une suite au livre original, Dracula l'Immortel. A sa mort, Bram Stoker a demandé à être incinéré, sans doute pour s'éviter la non-mort qu'il a infligé à son personnage. Après tout... on n'est jamais trop prudent (Lire aussi en page 57). Marianne Delaforge L L'Homme sauvage A Mohacs, en Hongrie, pendant les Jours Gras, les habitants s'affublent de masques effrayants et cornus, de diable ou d'animal, certains peints avec du sang de boeuf. A Palanca, en Roumanie, au cours des fêtes du Nouvel An, les hommes remontent les rues portant des faciès d'ours, de cerf et de cheval et les peaux de ces animaux. Dans toute l'Europe se déroulent des fêtes dédiées aux animaux et à la sauvagerie: des hommes y prennent l'apparence d'un bouc, d'un cheval ou d'un cerf, nos plus vieux totems. Ils s'affublent de tenues faites de corne, de peau, d'ossements ou de branchage. Ils veulent s'"ensauvager". Exorciser leurs forces intérieures. Un livre troublant, voire dérangeant, du photographe Charles Fréger montre ces hommes décidés à renaître dans une peau de bête. Chacune des images sidère. Wilder Mann ou la figure du sauvage, photographies de Charles Fréger. Thames&Hudson, 272 pages, 32 €. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Mémoire Pour boire un verre en ville sous Ceausescu… il fallait vraiment le vouloir Bars et restaurants sous haute surveillance Avant l'heure, ce n'est pas l'heure; après l'heure, ce n'est plus l'heure. Sous Ceausescu, on ne plaisantait pas avec les horaires d'ouverture des bars et autres débits de boisson. Ils étaient très réglementés et surveillés. Ouverts de dix heures du matin jusqu'à 22 heures - minuit pour certains -, il ne fallait pas oublier de consulter sa montre pour éviter de tomber sous les foudres des contrôleurs. A cette époque, le choix des boissons était limité. Il n'empêche qu'aujourd'hui leur goût n'a d'égal que la nostalgie qu'elles peuvent susciter. L es amateurs de distractions arrosées huit heures du matin, le chef de salle passait en n'avaient accès, dans les villes, qu'à revue les ongles, les cheveux, le costume, les un nombre réduit d'établissements, ustensiles. "Et il fallait avoir en tête l'inventailesquels étaient soumis à un horaire contraint. re du bar et de la cuisine, raconte un ancien La plupart fermaient à 22 heures. "On n'avait serveur. Un trou inexpliqué dans les réserves plus le droit de servir une demi-heure avant la et la direction pouvait enlever toutes les tentufermeture. Et, à l'heure dite, le bar devait être res, y compris celles des fenêtres, pour découvide. La police faisait le tour des bars et resrager les détournements de marchandises ou taurants et soumettait les responsables contreles manœuvres malhonnêtes. Nous n'avions venants à un interrogatoire en règle", raconte droit qu'à des voilages si bien que les badauds Nicolae, barman vétéran de l'ère communiste. qui passaient sur le trottoir ne se gênaient pas Bien entendu, aucun de ces établissements pour reluquer les consommateurs à l'intérieur. n'était privé. Les contrôles de police étaient C'était assez pénible pour les clients". stricts, et pas seulement le soir. "Nous n'avions explique Relu, ancien chef de salle dans un pas le droit de servir de l'alcool avant dix heuLa sobriété d'une étiquette de restaurant de quartier. "vieille prune" sous Ceausescu res du matin. Les contrôleurs venaient le soir, "Certains soirs, les restaurants étaient à la fermeture, relevaient le stock des bouteilles et pouvaient plein à craquer. Il fallait faire cinq fois le tour de la ville pour revenir le lendemain, avant l'ouverture, pour vérifier si nous pouvoir boire une bière ", se souvient Victor, étudiant à Cluj avions commencé à servir", s'amuse Nicolae. Il admet néanNapoca dans les années 80. "Dans les établissements les plus moins que ceux qui voulaient commencer leur journée incosélects, comme celui de l'ancien hôtel Continental, on ne nous gnito, avant dix heures, en avalant un cognac* Zarea ou recevait pas si on ne connaissait pas un barman ou un serDobreta, avaient recours à diverses combines. veur". "Et de toute façon, les bars fermaient de bonne heure, Serveurs passés en revue chaque matin explique son acolyte Dan. Nous nous retrouvions ensuite au cimetière central où au jardin botanique pour continuer la soiRares étaient les établissements qui proposaient des rée. On avalait des "Vraja Marii", une boisson écœurante au alcools d'origine étrangère comme le whisky. Outre le cognac, goût d'orange, jusque tard dans la nuit". Souvent, la soirée se les Roumains devaient se contenter des traditionnelles eaux de poursuivait chez un ami… et là, on oubliait l'heure. vie - tsuica, palinca ou slibovitsa -, et de bière locale à la presYves Lelong sion ou en bouteille, souvent servies avec des cacahuètes non *Cognac: "coniac" en roumain. La production roumaine décortiquées. de "coniac" utilise le procédé français de distillation, une On ne rigolait pas non plus avec la tenue des serveurs. A mention précisée sur l'étiquette. Dialogues croisés par Mircea Udrescu et Michel Masé M ircea Udrescu, archéozoologue et paléontologue à Bucarest, puis en Belgique, et Michel Masé (pseudonyme de Michel Maes, administrateur de Bruocsella - România ASBL) ont publié aux éditions universitaires de Bucarest un petit fascicule reprenant une multitude de récits, de textes divers rédigés par les deux amis; l'un raconte ses expériences d'émigré, ses découvertes d'un monde nouveau et aussi ses relations avec ceux qui restés au pays; l'autre narre ses aventures en Roumanie lors de la conduite de convois humanitaires et en Belgique avec des expatriés roumains. Chacun s'exprime dans sa langue d'origine, suivie immédiatement par sa traduction. Ce livre n'est pas écrit comme un roman, quoique certains des textes soient romancés. Il s'agit d'un ensemble de récits n'ayant pas de rapports les uns avec les autres, certains amusants, d'autres critiques. Ce livre n'est distribué que par courrier et dans certaines librairies de Bucarest. Si un exemplaire vous intéresse, vous pouvez vous adresser à Michel Maes par mail [email protected]. Le livre coûte 8 € et les frais d'envoi pour la France se montent à 7 €. Un virement de 15 € au compte IBAN: BE20 1148 7586 4056, BIC: BKCPBEB1BKB de Michel Maes - Anderlecht et le livre vous sera envoyé dans les jours qui suivent. 43 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Explorateurs SAPÂNTA l l l BAIA MARE l CHISINAU IASI ORADEA BACAU l l l TIMISOARA GALATI PITESTI CRAIOVA l BUZAU l l n BUCAREST l l SLOBOZIA CONSTANTA l Voyageurs et explorateurs roumains méconnus 44 françaises, le Polytechnicien est devenu un grand explorateur a mis en valeur la Terre de Feu et Ushaïa l BRASOV l Connaissance et découverte l TARGU MURES ARAD Iuliu Popper SUCEAVA l Elevé par des "nounous" Les NOUVELLES de ROUMANIE Comme d'autres nations, les Roumains furent curieux du monde, qu'ils explorèrent de l'équateur presque jusqu'aux pôles. Des odyssées méconnues même en Roumanie où certains mythes tels "Maitreyi" occultent d'autres aventures. Les aspects méconnus de la Roumanie pourraient être classés en deux grands ensembles: les réalités ignorées des Roumains eux-mêmes, et les réalités inconnues aux étrangers. Il existe un merveilleux florilège de clichés occultant ces réalités; il vaut le coup d'être étudié, ne fut-ce que pour ce qu'il dévoile des enjeux sociaux, politiques, économiques et psychologiques qui gouvernent le destin des nations. Le thème des voyageurs et explorateurs roumains appartient à ces deux ensembles simultanément, car à part Emil Racovitsa, inventeur de la spéléologie (en Roumanie, l'opinion ne connaît en général que le nom), les autres restent dans l'ombre, aussi bien dans leur pays natal qu'à l'étranger. Il faut savoir qu'avant 1939 comme aujourd'hui, la Roumanie était partie prenante du processus de développement mondial et européen, sans hiatus, sans isolement à l'intérieur des frontières, sans destruction ni déstructuration sociale, culturelle et économique. Elle connaissait alors une structure politique et une évolution sociale semblables à celles des autres pays européens. Et elle était plus prospère, mieux alphabétisée et moins inégalitaire que l'Italie du Sud ou l'ouest de l'Espagne. (suite page 46) Certains commentateurs "germanopratins"* du film "Tierra del Fuego" de Miguel Littin (1999), dont le scénario est (très vaguement) inspiré par Iuliu Popper (1857-1893), auraient du mieux se renseigner sur les origines de cet explorateur, avant de le traîner dans la boue: leurs appréciations auraient peut-être été plus objectives s'ils avaient fait ce travail. Mais, le prenant pour un Roumain ordinaire (c'est-à-dire, à leurs yeux, forcément "bête et méchant"), ils se crurent obligés de le noircir… Or Iuliu Popper est tout sauf un "Roumain ordinaire"… F ils de Neftalie Popper , antiquaire fort connu dans le Bucarest de l'époque de Caragiale et d'Eminescu, Iuliu Popper a eu des nounous françaises, et dans sa famille on parlait le ladino, langue proche de l'espagnol. Cela va évidemment bien servir à notre futur explorateur, que son père envoie à Paris suivre les cours de l'École Polytechnique. Il en sort ingénieur en 1879 à 22 ans. D'où, embauche à la Compagnie du Canal de Suez, où il s'ennuie rapidement, et qu'il quitte pour prospecter les opportunités du marché du travail en Inde, en Chine, au Japon, en Sibérie, avec de fréquents retours sur Bucarest entre ses voyages. Popper n'est pas seulement un jeune ingénieur en quête d'un destin: c'est aussi un géographe, un ethnologue et un naturaliste qui envoie à ses correspondants, dont George Lahovary, président de la Société de Géographie, des comptes-rendus détaillés de tout ce qu'il observe durant des voyages. Finalement, en 1883, il travaille à la NouvelleOrléans sur les aménagements portuaires, travail qu'il poursuit ensuite à La Havane. Ce contrat fini, il publie plusieurs reportages géographiques au "Diario de las Forasteros", à Mexico. Il voyage aussi au Brésil. Le Roumain découvre des mines d'or bat monnaie et imprime des timbres Lors d'un séjour à Buenos-Aires, il est coopté membre de la Sociedad Geografica Argentina, qui lui demande de prospecter la géologie du sud du pays : Patagonie et Terre de Feu semblent prometteuses, mais restent encore très mal cartographiées. A la tête d'une expédition navale et terrestre de 18 hommes, il s'acquitte si bien de cette tâche (tout en envoyant les doubles de ses comptes rendus à Bucarest) qu'en 1886 il reçoit mandat du gouvernement argentin pour mettre en valeur la Terre de Feu. C'est l'époque (fort mal) décrite par les "westerns": installation de ranchs, mise en culture, développement des élevages, ouvertures de mines, conflits avec les autochtones amérindiens, érection d'écoles et d'églises, immigration européenne, tout y est. Popper découvrit de l'or, exploita 5 mines, battit monnaie pour payer les mineurs, imprima des timbres "Tierra de Fuego" (rarissimes), transforma la petite mission d'Ushuaia en ville et couvrit le pays de villages. Il étudia et décrivit la géologie, la flore, la faune et les peuples autochtones, envoyant des comptes-rendus au gouvernement argentin et aux Sociétés de Géographie de Buenos-Aires et Bucarest. Il donna parfois des noms roumains aux lieux (Colonia Carmen Sylva, Cabo Sinaia…). Assassiné dans sa chambre d'hôtel El senor Julio Popper n'était ni meilleur ni pire que les autres blancs. Il lui est arrivé de faire tirer sur des guerriers Onas, chasseurs de guanacos craints de leurs voisins Cauashcars e t Yaghans, et peuple de guerriers indomptables qui refusaient tout compromis, attaquant systématiquement les blancs (logique: les Onas avaient été jusque-là le peuple dominant, or les blancs tentaient de les supplanter). Mais il a aussi fait ouvrir des écoles pour les Cauashcars et les Yaghans, qui commencèrent alors à se métisser. A la fin du XIX ème siècle, rares étaient les Européens ou les Américains qui se disaient que les cultures indigènes étaient une richesse à respecter; pour tous les blancs, le meilleur bienfait à apporter aux autochtones était de les "civiliser" en les christianisant et en les européanisant… En 1890 sa mission est achevée: il rentre à Buenos-Aires, fait des conférences à la Sociedad Geografica Argentina et publie des livres sur la Terre de Feu. Simultanément, il cherche à nouveau de l'or, cette fois au nord de l'Argentine, où il entre en concurrence avec d'autres prospecteurs (déjà dans le sud, il avait eu maille à partir avec des orpaillages sauvages et des braconniers qui tentaient de contourner son mandat). En 1893, à 36 ans, il préparait une expédition antarctique à bord de l' "Explorador " lorsqu'il fut assassiné dans sa chambre d'hôtel; on ne sut jamais par qui et pourquoi, mais les suspects étaient nombreux. Ion Cepleanu (Roumanie Magazine) *Qu'est-ce qu'un "critique germanopratin" d'après Ion Cepleanu? C'est une personne qui a les moyens d'habiter à SaintGermain des Prés, qui n'aime les films à histoires d'amour que si celles-ci finissent mal, qui n'apprécie l'humour que s'il est "grinçant ", qui trouve Disney "sirupeux" bien que ses dessins animés soient pleins de sorcières et de fureur, qui parmi les Marguerites préfère Duras la cynique à Yourcenar l'humaniste, parmi les éducateurs Piaget à Freinet, et parmi les psychanalystes Lacan à Dolto. Le "critique germanopratin" ne pardonne pas aux Américains d'avoir libéré la France, "préfère se tromper avec Sartre que d'avoir raison avec Aron", et en veut davantage à ses parents et à son éditeur de n'avoir pas été marxistes, qu'à Staline et Mao d'avoir tué des millions d'innocents. D'ailleurs pour le "critique germanopratin", personne n'est innocent, à part lui-même et, peutêtre, les victimes de Hitler. Mais son aire d'habitat est réduite: la plupart des représentants sont concentrés dans le périmètre des 4 ème, 5 ème et 6 ème arrondissements de Paris. Chasseurs, photographes, ethnologues et naturalistes les Ghica-Comanesti ont inventé le safari Un père et un fils sur les traces de Rimbaud M oldaves et boyards, les Ghica-Comanesti père (1840-1889, mort à 49 ans) et fils (1875-1921, mort à 46 ans) étaient avant tout chasseurs, écumant les forêts moldaves et le delta du Danube. Là aussi il faut rappeler que de leur temps, l'homme ne connaissait encore que deux types de relations avec l'animal : domestication et exploitation, ou bien destruction et chasse. C'est à Londres que l'idée de se lancer dans un safari africain est venue aux GhicaComanesti, et c'est là qu'ils préparent leur expédition et achètent le meilleur matériel. Mais les Ghica-Comanesti ne sont pas de simples chasseurs : membres de la Société de Géographie de Bucarest, ils sont photographes, ethnologues et naturalistes notant et décrivant tout ce qu'ils voient. Partis par mer de Trieste, en 1895, ils visent le pays où Rimbaud avait fait du trafic d'armes, d'esclaves, de perles et d'épices quelques années auparavant: la Somalie, alors convoitée par la France, la Grande-Bretagne et l'Italie, mais dont l'intérieur reste insoumis. Ils débarquent à Berbera et parcourent l'arrière-pays, encore humide (il y avait des sources, de la savane arborée, et les animaux qui actuellement ne survivent plus que dans les grands parcs du Kenya et de Tanzanie). Nous avons grâce à eux une description détaillée de l'état du pays il y a 110 ans, et nous pouvons ainsi évaluer les progrès de la désertification. Une partie des collections et des animaux naturalisés du Musée Antipa de Bucarest leur est dûe. En 1899, Nicolae se rend également au Maroc, qui est alors encore un sultanat indépendant. Partout, les GhicaComanesti décrivent la géologie, la flore, la faune et les populations, précisent la cartographie, puis publient à leur retour deux livres: Un voyage en Afrique et Cinq mois au pays des Somalis, traduits aussi en français. Une quinzaine d'espèces nouvelles reçoivent des noms roumains. En 1910 et 11, Nicolae Ghica-Comanesti parcourt en tous sens l'Amérique du Nord, allant jusqu'à Kodiak en Alaska. De ces voyages aussi, il ramène une riche moisson de notes et d'observations. Il mourra dix ans plus tard, à moins de 50 ans, comme son père, les deux étant sans-doute victimes des fièvres tropicales. Ion Cepleanu (Roumanie Magazine) 45 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Basil Asan rêvait de doter la Roumanie de possessions lointaines Explorateurs SUCEAVA l l l l ORADEA CHISINAU IASI l TARGU MURES l l TIMISOARA SIBIU BACAU l l BRASOV GALATI l CRAIOVA l TULCEA l n CONSTANTA BUCAREST l (suite de la page 44) Renouveau après 1989 46 Carnet de route l l PITESTI Connaissance et découverte l CAMPULUNG M. ARAD l BAIA MARE Les NOUVELLES de ROUMANIE De 1921 à 1938, la Roumanie fut une démocratie parlementaire. Tout cela aussi fait partie des réalités peu connues de l'histoire roumaine. Et comme d'autres pays Européens, la Roumanie avait une Société de Géographie fondée en juin 1875, qui encourageait, finançait et publiait les explorateurs de l'époque. Elle cessa ses activités en 1942. Ion Cepleanu, dans les portraits qui suivront, s'est limité à la période 1850-1939 car les périples du diplomate moldave Nicolae Milescu au service du Tsar russe Alexeï, qui l'ont mené de Paris à Pékin en passant par Stockholm, sont assez connus grâce à ses nombreux ouvrages (dont un traité de théologie janséniste imprimé à Paris en 1669). Chacun sait que le demi-siècle 1939-1989 était peu propice aux voyages d'exploration des Roumains. Durant cette période, le seul explorateur d'origine roumaine qui a pu se mouvoir librement fut Ioan Dragescu, du Muséum national d'Histoire naturelle de Paris, qui parcourut l'Afrique de long en large, appareils photo et caméra au poing. Ses innombrables images remplissent les livres animaliers français des années 50, 60 et 70. De Roumanie, seuls Mihai Basescu, océanographe, et Nicolae Botnariuc, zoologiste, furent autorisés à participer exceptionnellement à des expéditions vers l'Afrique. Après 1989, les frontières roumaines s'ouvrirent à nouveau et il suffit de lire les média roumains actuels, et notamment l'édition roumaine du National Geographic, pour avoir une bonne idée des nombreux explorateurs roumains d'aujourd'hui. V oici un demi-siècle, survivait rue de l'Olympe, aux pieds de la Métropolie de Bucarest, une dame fort âgée qui fumait sans cesse à travers un portecigarettes et enseignait le français, l'allemand et la culture universelle, d'une voix éraillée, aux enfants du quartier. En échange, certains parents lui procuraient du café, des aliments, du savon, du tabac, et elle vivait ainsi, car elle n'avait pas de retraite. Le bizarre, c'était qu'il fallait l'appeler "mademoiselle" Asan. C'était une sorte de maternelle au noir. Parmi ses livres préférés, il y avait Fram, l'ours polaire de Cezar Petrescu et Le tour du monde en 80 jours de Jules Verne , "car" disait-elle, "mon père a été sur la banquise et a fait le tour du monde, lui aussi". Elle racontait aussi de nombreuses histoires d'îles, les unes glacées, d'autres exotiques. Certains pensaient qu'elle affabulait. Elle est morte dans l'isolement et la misère. Mais tout était vrai. Si mademoiselle Asan vivait de presque rien, c'est parce qu'elle était la petite-fille de George Asan, l'industriel qui avait importé la première machine à vapeur en Valachie, en 1853, et la fille de Basil Asan (1860 -1918), ingénieur et patron de meuneries et d'huileries, mais aussi explorateur, membre de la Société de Géographie et ami de la famille royale. Un véritable "ennemi du peuple", comme on le voit. En 1896 et 97, depuis la Norvège, Basil Asan parcourt l'Islande, l'île aux Ours, le Spitzberg, la Laponie et la banquise arctique; il observe, décrit et photographie les ours polaires, les phoques, les baleines (et les chasseurs de baleines), l'éclipse solaire du 9 août 1896, puis la nuit et les aurores polaires. Il participe aux préparatifs de la traversée de l'Arctique en ballon par Auguste Andrée (qui y laissera la vie) et rencontre Fritjof Nansen sur son navire le "Fram" ("en avant" en norrois). Basil Asan cartographie les zones méconnues du Spitzberg et baptise une nouvelle île "Principele Carol" (Racovitsa a aussi découvert et baptisé une île en Antarctique: c'est l'île Cobalcescu , du nom de cet éminent géologue). A son retour en 1897, il publie des fascicules abondamment illustrés et donne une série de conférences : en fait c'est Basil Asan qui inspira à Cezar Petrescu son roman Fram, l'ours polaire, basé sur l'idée que la place d'un animal sauvage est dans la nature, et que celle-ci mérite notre respect… En 1898 Basil Asan fait le tour du monde par la Mer Rouge, l'Océan Indien, Ceylan, la Malaisie, l'Indochine, la Chine orientale, le Japon, les îles du Pacifique et l'isthme de Panama où il observe les travaux du canal: il en donne des descriptions précises et des analyses pertinentes, affirmant que le Pacifique est "le futur centre du monde", que les Etats-Unis deviendront la première puissance industrielle, et qu'ils se confronteront tôt ou tard avec le Japon ou la Chine. En 1899 il suggère au roi d'envoyer le croiseur "Elisabeta" prendre possession des quelques îles encore non revendiquées des océans Indien, Austral et Pacifique, afin de monnayer les droits de pêche dans ces eaux si productives, et d'y exploiter le guano. Mais le roi lui rétorque que le coût du charbon, pour prendre possession de ces îles et les garder ensuite, grèverait trop lourdement le budget de la marine roumaine, et que par ailleurs son parent George V "roi des mers", pourrait en prendre ombrage. Finalement, non seulement la Roumanie n'aura pas d'outre-mer, mais elle devra céder même sa seule île pélagique (l'île des Serpents en Mer Noire) à l'URSS en 1948. Les Nouvelles de Roumanie sur Internet ! Les Nouvelles de Roumanie disposent désormais d'un site internet www.lesnouvellesderoumanie.eu sur lequel vous pouvez consulter sans exception tous les numéros parus depuis le premier (septembre 2000), sauf ceux datant de moins d'un an, réservés aux abonnés). Les articles parus dans nos colonnes peuvent être repris librement, sous réserve d'être ni dénaturés, ni utilisés dans un sens partisan ou à des fins commerciales, et en précisant leur source. Nous voulons ainsi répondre aux sollicitations de lecteurs qui souhaitent se servir de cette base de données pour leurs travaux, leurs bulletins, et que nous mettons volontiers à leur disposition. www.lesnouvellesderoumanie.eu 47 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Carnet de route Kolkhoze organisé pour les vacances SUCEAVA l l IASI ORADEA l ARAD TARGU MURES TIMISOARA CHISINAU l l l l FAGARAS SIGHISOARA BRASOV GALATI BRAILA PITESTI CRAIOVA l 48 l Mardi 8 mai. - L'avion d'Air-France est bien rempli. Je suis assis à côté de Josette, une arrière-grand-mère de 80 ans qui part à la découverte de la Roumanie avec Robert, son mari. Josette ne doute de rien. Hier après-midi, elle était encore hospitalisée à Chartres pour des problèmes respiratoires. N'ayant jamais consulté un médecin de sa BUCAREST vie, elle avait laissé traîner une mauvaise bronchite, nécessitant un internement d'urgence. Devant son insistance, et après un traitement de cheval, les médecins se sont résignés à la laisser sortir. Robert en a été quitte pour retourner à l'agence faire réactiver les De Budapest à Kaboul billets annulés quelques heures auparavant. Mercredi 9 mai.- Bucarest vit à Josette se sentait investie d'une responsabilité morale. Le désarroi avait déjà gagné l'heure espagnole. Ce soir le National la petite troupe de cinq voisins qu'elle avait décidée de l'accompagner dans cette avenArena accueille la finale de la coupe ture roumaine. Ces agriculteurs ou éleveurs de la Beauce consacrent leur retraite à UEFA de Foot opposant l'Atletico de voyager, au rythme de 3 ou 4 périples par an. Tous connaissent déjà le Vietnam, Madrid à Bilbao. Les supporters ont l'Egypte, la Turquie, la Thaïlande, l'Afrique du Nord, le Sénégal, le Kenya, le Mexique, envahi la capitale roumaine qui s'est le Japon, la Chine, etc. Ils ont fait des croisières, sur le Rhin, le Danube, le Nil, dans les mises au diapason. Il paraît que cerCaraïbes et effectué au moins 2 ou 3 fois le tour de toute l'Europe, du Cap Nord à tains se sont trompés et ont pris un Gibraltar, Madère, sans oublier le Parthénon ou les Pays baltes ! Mais Josette n'a découbillet pour Budapest. Les Bucarestois vert le Mont Saint Michel, pourtant à seulement deux heures de route, que l'an passé et regardent avec amusement ces n'est jamais montée en haut de la Tour Eiffel. milliers de fans qui coexistent dans la Voici une trentaine d'années, ces couples amis s'étaient mis en "kolkhoze" pour bonne humeur et remplissent d'une organiser leurs vacances. Quand l'un partait, c'est l'autre qui rentrait les foins ou trayait joie communicative les rues du vieux les vaches… idem pour le partage des week-ends ou quand il fallait aller au mariage centre. Les Roumains se montrent des cousins. "C'est pas avec notre maigre retraite qu'on peut se permettre çà" explique très fiers d'accueillir pour la première Josette, "il a fallu travailler dur pour mettre quelques sous de côté". Je pense à la tête fois un évènement sportif que feraient les paysans de cette importance. Ils roumains en comparant apprécient aussi qu'il n'y ait leur vie de misère. aucun débordement. Les L'octogénaire me Espagnols, eux, sont ravis montre le programme de payer trois fois moins qui l'attend. cher des canettes de bière Impressionnant… d'une contenance double! Tout le tour de RouPour la Fédération manie en une semaine, Roumaine de Football, il avec des étapes en car s'agit d'un examen de pasde 200 à 300 km, et 4-5 sage décisif, après le désvisites sur le trajet ! astreux Rou-manie-France Robert, qui marche d'août dernier, servant d'ipéniblement en s'apnauguration au National puyant sur ses béquilles Arena, dont la pelouse s'éne se rend pas compte tait transformée en champ de ce qui l'attend. De de pommes de terre au Une ambiance bon enfant dans les rues de la capitale lors de la finale de la coupe toutes façons, il garde de l'UEFA, opposant deux clubs espagnols, l'Atletico de Madrid et Bilbao. le moral… En rentrant, bout de dix minutes. L'examen paraît réussi… hormis la il doit passer sur le billard pour se faire opérer de la hanche. l l l BAIA MARE Par monts et par vaux l l l TULCEA l n CONSTANTA l fausse note du commentateur officiel de l'UEFA, clamant dans le micro un quart d'heure avant le coup d'envoi, histoire de chauffer l'ambiance: "Bonjour public de Budapest !". Il est vrai qu'il était à bonne école. A deux reprises, alors qu'il était en voyage officiel en Moldavie, visitant Cahul, ville du sud, Traian Basescu s'était exclamé "Je suis heureux d'être à Kaboul" ! Chauffeur de taxi tsigane qui récite Lamartine Jeudi 10 mai. - En passant devant la Bibliothèque Mihai Sadoveanu, dans le centre, une affiche attire mon regard : "A 15 heures, cénacle sur la poésie franco-roumaine et sa traduction". Comme c'est l'heure dite, je me glisse dans la petite salle de conférence. Une trentaine de personnes patientent sagement. Le plus jeune a dans les 70 ans et la majorité dépassent les 80 ans. C'est à la fois bouleversant d'attachement à la culture française et saisissant devant les limites de son audience. Pas un seul jeune (c'està-dire moins de 60 ans). "D'habitude, il y en a" me confie l'organisateur, "mais çà doit être à cause du match"… qui a eu lieu la veille. Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte en Roumanie et Moldavie Vendredi 11 mai.- Je prends un taxi à la volée. Pas la peine de se priver à Bucarest où on traverse la ville pour 4 euros (et non deux comme le prétendent, avec un certain sens de l'exagération, les Bucarestois). Mon chauffeur, un Tsigane costaud à la mine patibulaire, au crâne rasé, en maillot de corps usé et savates, n'a rien de rassurant. Apprenant que je suis Français, il devient tout à coup intarissable: Hugo, Voltaire, Alexandre Dumas, Rostand, Rimbaud, Verlaine y passent. Il regrette de ne pas parler notre langue mais récite quand même quelques vers de Lamartine, appris sans-doute autrefois par cœur. Stupéfait, je n'en garde pas moins un œil sur la circulation car son enthousiasme l'amène à se retourner fréquemment, oubliant qu'on est en plein centre de la capitale. Au moment de se quitter, il ajoute avec une pointe de fierté : "Mes deux enfants étudient actuellement en France… et eux, ils parlent bien !". "Désolé, on a reçu les bouteilles… mais pas les verres" Samedi 12 mai.- C'est l'endroit branché du moment. “Lacrimi si Sfinti” (Des larmes et des Saints), le restaurant du poète Mircea Dinescu a ouvert ses portes en janvier dernier, à 50 mètres d'Hanul lui Manuc, dans le Vieux Bucarest. Le maître des lieux assure que tous les plats sont confectionnés à partir des produits bio de la ferme qu'il a ouverte près du Danube. Dinescu s'est rendu célèbre, lors de la "Révolution", apparaissant exalté parmi les siens sur le petit écran. Beaucoup en gardent l'image d'un pseudo-révolutionnaire grotesque mais qui a su faire son chemin depuis, accumulant une fortune confortable. Son affairisme l'a amené dernièrement à être condamné à trois ans d'interdiction d'activités publiques pour avoir mélangé ses responsabilités au sein de la commission chargée d'y voir plus clair dans les archives de la Securitate et ses propres affaires. Sa table offre une carte qui ne dépare pas la réputation d'original du personnage: maquereau frivole, canard muet, filet de veau cosmopolite, oie à la juive, champignons calmants, tarte… scène de ménage. C'est assez cher, pas très copieux, mais c'est bon et le vin, servi au verre à un prix très abordable (7 lei), se boit avec plaisir, notamment le Tamaiosa, au parfum délicat, pour une fois. Dimanche 13 mai.- Sur les tables de certains restaurants de Bucarest, mais aussi dans quelques grandes villes de province (Craiova, Focsani, Brasov, Iasi, Cluj) fleurissent de pétillants dépliants, joliment faits, qui mettent… le rosé à la bouche. Intitulés "Primavara în rosé" ("Le Printemps des rosés"), ils invitent à la dégustation des meilleurs crûs rosés du pays. Au choix, à la bouteille (entre 12 et 16 €) ou au verre (de 2 à 3 €). Une bonne initiative lancée par le site en ligne Vinul.ro, relayé par le journal économique Ziarul Financiar qui permet de découvrir dix (bons) vins différents, le rosé roumain étant méconnu: Sole roze et Castel Huniade roze (cramele -cavesRecas), Rosé de Purcari (crama Ceptura), Beciul Domnesc (Vincon Vrancea), Budureasca rosé, Caloian rosé (crama Le restaurant bio du poète Mircea Dinescu, Lacrimi si Sfinti (Des larmes et des Saints) est devenu un lieu à la mode. Son propriétaire "veut réinventer et moderniser la cuisine roumaine". Oprisor), Pinot noir rosé et Byzantine Euxine rosé (cramele Halewood), Urlati roze (Domeniile Dealu Mare, Urlati), et le mousseux Bendis Brut (Petro Vaselo). Présentant les qualités du rosé, le dépliant rappelle aux non-initiés qu'il ne s'agit pas d'un mélange de vin rouge et vin blanc, pratique interdite dans le monde entier, sauf aux USA et en Australie, mais d'un processus de fabrication spécifique et, suprême fruit de la tentation, indique que son goût "est aussi affriolant qu'une belle blonde qui se refuse à vous, tout en vous faisant du pied" ! Les deux restaurants (roumain et libanais) d'Hanul lui Manuc, lieu de Bucarest le plus visité par les touristes avec le palais de Ceausescu, ont décidé de se joindre à la fête. Mais quand on demande au serveur de déguster un verre, il répond invariablement que ce n'est pas possible, alors que le dépliant, où cette possibilité est dûment mentionnée, est bien en vue sur les nombreuses tables de cet ancien caravansérail. En insistant, après l'avoir envoyé quérir une explication auprès de sa direction, il revient pour confier: "on a bien reçu les bouteilles… mais pas les verres". La Lutwaffe n'aurait pas fait mieux Lundi 14 mai.- J'entame ma traditionnelle tournée de mai-juin à travers la Roumanie. Direction Târgu Mures et le Maramures. En route, je m'arrête saluer deux jeunes français qui se sont installés près de Sighisoara pour se lancer dans l'agrotourisme. J'ai la mauvaise idée de couper par la Nationale 104 faisant la liaison entre Fagaras et Hoghiz, alors que je quitte un beau ruban de bitume qu'on ne voit pratiquement que dans les films de Walt Disney. C'est l'enfer! Trois-quatre trous au mètre carré sur une vingtaine de kilomètres. Du rarement vu en Roumanie… pourtant emprunté par nombre de camions qui se rendent à la cimenterie Lafarge, sur le parcours. Même avec ses pires bombardements, la Lutwaffe n'aurait pas réussi à faire mieux. Incompréhensible!... Comment le numéro un mondial du ciment n'a-t-il pu réussir à décider les autorités à refaire la chaussée, avec toutes les taxes versées? Une pension coquette, la seule située sur le trajet, s'insurge à l'aide d'un immense panneau contre ce désastre qui décourage à l'avance la venue des touristes, alors que l'endroit est charmant. 49 Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte Erasmus première agence matrimoniale européenne SUCEAVA l l l BAIA MARE l IASI ORADEA TARGU MURES l l ARAD l l BRASOV TIMISOARA CRAIOVA l M. CIUC SIGHISOARA l TÂRGOVISTE PITESTI l l GALATI BRAILA l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Le grand incendie de Londres, les Anglais... et le Maramures 50 Mardi 15 mai.- Me voilà donc chez le Normand Christophe, 30 ans, manipulateur en radiothérapie et le Bordelais Charly, 26 ans, ex étudiant en agronomie… qui a rencontré sa femme Anca, voici 6 ans, grâce à la première agence matrimoniale européenne… Erasmus. Son programme d'échanges universitaires l'avait conduit à Sibiu où, apparemment, il n'avait pas succombé qu'aux seuls charmes de la vieille ville. Anca l'a décidé à s'investir dans le développement de sa petite commune natale, Saschiz, 2000 habitants. Le jeune couple s'est mis à l'œuvre, se lançant dans l'agrotourisme, défrichant le terrain entourant sa ferme, se lançant dans la confection artisanale de confiture bio construisant un laboratoire aux normes. Christophe, épris de la Roumanie après l'avoir découverte grâce à une initiative européenne appelant les jeunes à aller à la rencontre des pays de l'UE en réalisant des interviews et un film vidéo, s'est joint à ses nouveaux amis, apportant son savoir-faire du bocage normand. L'équipe s'est lancée dans la fabrication de confiture de lait, totalement inconnue ici, et qui a obtenu un vrai succès, notamment à Bucarest. Les touristes de passage n'hésitent pas à faire un crochet pour venir s'approvisionner, et maintenant ils peuvent être logés dans leurs chambres d'hôte ou bien passer commande sur internet (casadepedeal.com). Jeudi 17 mai.- Si on parle beaucoup de la passion que nourrit le Prince Charles pour les villages saxons de Transylvanie, où il se rend fréquemment, y ayant acquis Bruxelles a bon dos des propriétés qu'il s'efforce de restaurer, son intérêt pour le Les jeunes gens essaient également d'animer la vie du vieux et beau village de Maramures est moins connu mais Saschiz, ayant organisé un festival du court métrage, éditant tous les 2-3 mois un jourtout aussi réel. L'héritier de la counal communal, diffusé gratuitement auprès des habitants par la mairie. Ils ont aussi ronne d'Angleterre a acheté en 2005 expérimenté la lourdeur administrative du pays. Pour chaque activité, il leur fallait prétrois maisons anciennes qu'il a fait senter un diplôme: de confection alimentaire pour les végétaux, pour les produits d'oriregrouper dans le village de Breb, sa gine animale (beurre de lait), pour l'accueil (chambres d'hôte), pour la gestion d'entrefondation "Mihai Eminescu Trust" prise, pour guider et accompagner les touristes. Pendant des mois, l'équipe a dû faire le étant chargée de les retaper. Les pied de grue dans les couloirs des administrations, deux-trois fois par semaine… réustravaux sont gelés pour l'instant, sissant à l'usure à obtenir les autorisations nécessaires. De quoi s'arracher les cheveux priorité étant donnée au projet pour Gaby qui, en France, avait créé son auto-entreprise multi-services en deux-trois saxon, mais le Prince est jours et un entretien d'un quart déjà venu deux fois sur d'heure où on l'avait encouragé à place. Il a d'ailleurs à noualler de l'avant. veau séjourné en Roumanie Encore, les jeunes gens ont-ils en mai et a été reçu par le eu la chance de tomber dans un Président Basescu. judet où leur persévérance a été Cet engouement des prise en compte, ailleurs, ils Anglais pour le Maramures auraient pu se heurter à un mur. Ils est assez rare et ils y vienont expérimenté là un des effets nent d'ailleurs assez peu, pervers de l'entrée de la Roumanie comme si l'architecture en dans l'UE en 2007 et de la mauvaibois les effrayait, se dirigeant se interprétation de la réglementaplus volontiers vers les maition européenne. L'administration sons costauds et en grosses roumaine impose une application pierres de Transylvanie. Le Normand Christophe et le bordelais Charly ont succombé au maximaliste des normes éditées, et charme tranquille du village saxon de Saschiz, près d'Hunedoara. sans délais, alors qu'en fait une cerUne réminiscence de l'incendie qui avait ravagé taine souplesse est autorisée. Evidemment, elle en fait porter le chapeau à Bruxelles… Londres en 1666? En tout cas, cela Auparavant, au début des années 2000, lorsque le gouvernement roumain a décidé d'enne dérange pas le paparazi à la courager le développement de l'agro-tourisme, les démarches étaient très simples et on retraite anglais Duncan Ridgley, a vu les pensions pousser comme des champignons dans la campagne roumaine. tombé amoureux de la région. Il y a acheté plusieurs maisons, qu'il Regarder à deux fois avant de choisir son candidat transforme en chambre d'hôtes, se transformant en ambassadeur du Mercredi 16 mai.- Des affiches fleurissent sur les murs des mairies du Maramures: Maramures, invitant à ses propres "Prenez soin de votre vue… allez la vérifier gratuitement auprès de l'opticien qui sera frais des journalistes britanniques à de passage le…. ". Les maires sont ainsi de véritables nounous pour leurs administrés… venir le découvrir. un mois avant les élections municipales. Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte La campagne est financée au niveau du judet par leur organisation, une convention lucrative ayant été signée avec le syndicat des opticiens. Il ne reste plus à l'opposition qu'à inviter les électeurs à venir subir des test auditifs. Les slogans des uns et des autres sont tout trouvés: "Regardez-y à deux fois avant de choisir votre candidat", "Il n'y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre vos revendications!". tables au petit-déjeuner, constituant un véritable réservoir de calories pour la journée, il paraît qu'elle permet à l'organisme d'assimiler cette graisse de porc ressemblant à notre saindoux. Mais, de plus en plus de Roumains possédant désormais une voiture, le verre de palinca matinal a disparu pour éviter d'être pris dans un contrôle d'alcoolémie. Du coup, les taux de cholestérol ont bondi. "Sighet est une véritable bombe!" 5000 litres dans la “palincothèque” Sighetu-Marmatiei est encore marquée par la tragédie qui a endeuillé la ville en janvier dernier. Une explosion de gaz qui a détruit une maison juste en face du Mémorial des victimes du communisme. Un mort et une vingtaine de blessés. Et, depuis, la peur habite les rues car le réseau de gaz est troué de partout. "Sighet est une véritable bombe!" n'hésite pas à affirmer une rescapée. La catastrophe s'est déroulée un samedi soir, début février. Quatre jeunes filles s'étaient réfugiées dans les toilettes au sous-sol d'un disco pour fumer, déclenchant la première explosion qui fera sept blessées. L'entreprise de gaz est venue au petit matin pour vérifier l'installation. Elle a omis de couper celui-ci, alors que les badauds s'accumulaient aux alentours, brûlant cigarettes sur cigarettes. Dépêchés sur les lieux, les pompiers avançaient dans les décombre et essayaient de détecter la fuite… en reniflant l'air. Une seconde explosion retentissait alors, plus destructrice encore, faisant un mort et 16 blessés parmi lesquels des notables de la ville, le plus gros notaire, les chefs adjoints de la police et des pompiers, plusieurs de leurs hommes. La principale victime était le chef même de l'entreprise de gaz, dont certaines sources disent qu'il a déclenché lui-même l'explosion en utilisant un détecteur hors d'usage, payant ainsi de sa vie son intervention courageuse à la tête des secours. Une injustice du sort, car il était arrivé depuis peu et s'efforçait de remettre de l'ordre dans la gestion de la compagnie, minée par la corruption et l'incompétence, se rendant très vite compte que la corruption et l'incompétence étaient ses principales caractéristiques. On lui avait remis un état des lieux affirmant que "tout va très bien, Madame la Marquise". Ses employés n'étaient pas des professionnels du gaz mais des plombiers chargés de réparer les tuyauteries d'eau. Récemment, la femme d'un ingénieur forestier qui venait de décéder, a découvert dans sa cave un véritable trésor: une "palincothèque". Tout au long de sa vie, sans le dire à quiconque, son mari avait conservé les plus précieuses palinca que lui remettaient ses obligés: paysans, bûcherons, trafiquants, etc. Des palinca de fruits sauvages - cerises, poires, pommes, pêches - qu'il classait et étiquetait soigneusement. Au total, 5000 litres pour une valeur estimée de 40 000 €. Les acquéreurs se bousculent, mais sa veuve ne tranche pas, laissant grimper les offres. Tsuica et cholestérol Vendredi 18 mai.- La palinca, tsuica doublement distillée, est la marque de fabrique du Maramures. C'est un médicament plaide-t-on sur place en remplissant votre verre. De fait, accompagnant la slanina qui trône sur de nombreuses Même les cigognes ne font plus la pluie et le beau temps Samedi 19 mai.- "Il n'y a plus de repères !" se lamentent des paysans. "Avant, on savait quel temps, on allait avoir en observant les cigognes. Si elles arrivaient tard, cela voulait dire que le printemps sera pourri, si elles partaient tôt… que l'hiver sera rude. L'été dernier, elles ont regagné l'Ethiopie dès la mi-aôut, alors que les petits cigogneaux arrivaient tout juste à voler… et l'hiver n'est venu qu'en janvier. Là, elles sont venues faire leur nid dès fin mars et le printemps n'est pas fameux". P o u r couronner le tout, les coqs qui chantaient à heures fixe, toutes les 3-4 La palinca, doublement distillée, qui coule tranquillement heures, sauf de l'alambic, meilleur remède contre le cholestérol ? quand ils annonçaient la pluie, en prennent à leur aise et poussent leur "cocorico" n'importe quand ! En route maintenant pour la Bucovine. La jolie route du nord, sauvage, est praticable sans problème jusqu'au pied oriental du col de Prislop. Les ennuis commencent lorsqu'on entre dans le judet de Suceava, avec un passage difficile sur une dizaine de kilomètres et une vingtaine plus convenables jusqu'à l'embranchement de Iacoveni. Heureusement, sur cette route, ce n'est pas la Lutwaffe qui a bombardé… mais l'armée roumaine, ce qui a permis d'épargner certains secteurs. 51 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE BAIA MARE l l ULMA l SUCEAVA l l IASI ORADEA TARGU MURES BACAU l ARAD l l BRASOV l l TIMISOARA TÂRGOVISTE PITESTI CRAIOVA l l GALATI BRAILA l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Des amis de trente ans 52 Dimanche 20 mai.- Chirurgien en Allemagne, Roméo avait quitté la Roumanie en 1988 et n'avait pas revu depuis Léonard, directeur de l'école de Manastirea Humorului, son camarade d'enfance. C'est chose faite depuis aujourd'hui, au cours d'une visite surprise. Emus et joyeux, les deux compères se sont racontés leurs souvenirs communs, dont l'un particulièrement cuisant pour Léonard. Celui-ci espérait échapper au service militaire sous Ceausescu et comptait sur sa forte tension, aux environs de 17, pour être réformé. Le règlement prévoyait qu'au-dessus de 16, les recrues étaient affectées aux bureaux et totalement exemptés au-dessus de 18. Léonard s'était retourné vers Roméo, dont le père était déjà chirurgien, lui demandant conseil pour doper un chouia son propre taux et ainsi couper à la corvée promise. Revenu avec la réponse, Romeo lui avait promis un "score" à 20-22, échappant à toute contestation, s'il absorbait un demi-litre de vermouth, la veille. Rassuré, après avoir suivi à la lettre la prescription, Léonard s'était rendu en toute confiance à la visite médicale d'incorporation. Verdict: le tensiomètre indiquait 12-7… et le jeune homme en a été quitte pour aller crapahuter pendant six mois dans les Carpates, sac sur le dos, en plein hiver. C'est ce qu'on appelle des amis de trente ans ! Les NOUVELLES de ROUMANIE Connaissance et découverte Un air "léninifiant" Le 3h10 pour Ulma n'existe plus Lundi 21 mai.- Me Voilà donc chez Leonard, dans cette bucolique Bucovine qui me fait toujours rêver, au point d'y avoir envisagé acquérir une maisonnette. Je me voyais bien là écrire sur ma terrasse, sous les grands conifères bercés par le vent, le regard vagabondant des ruisseaux descendant de la forêt aux collines verdoyantes s'étalant à l'horizon. L'hiver, près de la cheminée, entendant la neige crisser sous les pas des voisins venus me rendre visite… Leonard m'en a dissuadé: "Tu t'ennuierais vite, tu te sentirais isolé. La Bucovine ne serait plus un bonheur mais une corvée car tu te croirait obligé d'y revenir". Et dans sa sagesse de me proposer plutôt de me dénicher un petit chalet à louer pour le temps que je veux. A son tour, Leonard me parle de ses rêves d'enfants, lorsqu'il habitait Suceava et pas encore Manastirea Humorului. Près de chez lui, une immense cheminée de 200 mètres de haut dominait la ville, crachant les fumées d'une usine de cellulose servant à fabriquer des fibres artificielles, dont de la soie. L'enfant s'imaginait voir la Tour Eiffel, qu'il ne découvrira que 35 années plus tard. La réalité était plus triste. Les gaz s'en échappant étaient toxiques, attaquant le cerveau. Les autorités avaient interdit aux habitants de faire des analyses pour savoir s'ils étaient touchés. Mais le communisme avait aussi ses joyeusetés. Elena, la femme de Leonard, se souvient ainsi que son grand-père, un bel homme, qui avait encore de beaux restes et conservé quelques biens, était obligé de danser avec la femme du maire… pour payer moins de taxes locales. Jeudi 24 mai.- Tête en l'air, en venant dans le coin, j'avais loupé un panneau à une intersection, continuant ma route, au lieu de tourner. Je n'avais pas regretté le détour, découvrant un paysage magnifique, me mettant l'eau à la bouche. J'ai donc décidé de partir explorer ce chemin inconnu, au départ de mon hôtel, le Sofia, à Sucevita, merveilleux havre de paix en pleine forêt, entouré de ruisseaux. Le grand luxe avec piscine couverte, eau à 32 degrés, spa, etc… pour 37 € par nuit (50 € pour deux). Calme assuré pendant la semaine, le week-end étant réservé un an à l'avance pour des mariages. Je prends donc la route de Marginea (célèbres poteries Château Vartely a la prétention noires), puis j'oblique en direction d'Ulma, longeant pendant de concurrencer les vins français une trentaine de kilomètres la frontière ukrainienne, après un détour par le monastère de Putna. Voici 20 ans, j'avais écrit que Samedi 26 mai.- En route pour la Moldavie. Je crains le le cul de sac d'Ulma avait des allures de bout du monde. On passage de la frontière, avec ces têtes de gardien de prison des s'arrêtait net à la frontière soviétique, surveillé aux jumelles policiers et douaniers qui donnent envie de rebrousser chemin. depuis un immense mirador. Seul le train conduisait à cet Mais, bonne surprise, il n'en est rien. L'affaire est réglée en un endroit perdu, mais depuis la ligne a été supprimée… et le quart d'heure. En outre, j'ai pu changer immédiatement mes lei 3h10 pour Yuma n'existe plus. C'est un chemin de terre, assez roumains contre des lei moldaves. Pas la peine de se complicarrossable, qui le remplace. A la frontière, une douane flamquer l'existence, les taux sont pratiquement les mêmes dans bant neuve, en passe d'être achevée, devrait permettre le pastoute la petite République. Vingt kilomètres plus loin, je m'arsage en Ukraine, peut-être rête dans le premier magasin même dès cet été. Orange rencontré et, pour Sur le retour, les plus 6 euros, en à peine dix minuaudacieux peuvent obliquer tes, me voilà doté d'un nouà droite à Brodina et découveau numéro sur mon portavrir ainsi sa vallée. Un parble qui me permet de télécours fabuleux au cœur phoner une heure dans tout d'une nature sauvage, qui le pays et une autre dans le mène à Moldovita, son monde entier ! monastère, sa mocanitsa, ancien petit train des bûcheDimanche 27 mai.rons qui promène les tourisEtape au Château Vartely, tes sur une quinzaine de qui s'enorgueillit de son kilomètres le samedi et le appellation à la française. Ce dimanche, la voie ferrée domaine viticole est le plus Château Vartely, du nom d'une propriété viticole, est l'un des endroits les ayant été restaurée par des plus huppés de Moldavie, où l'on vient se marier ou faire baptiser les moderne de la Moldavie et enfants, au cours de fêtes animées par des groupes folkloriques. produit 3 millions de bouAutrichiens. On peut ensuite regagner l'hôtel Sofia par une route non moins splendide, au teilles par an, dont 90 % à l'exportation, d'un vin de grande terme d'un périple de 100-150 km qui prend la journée entière. qualité élaboré pour plaire au goût occidental. Il ne cache pas son ambition de concurrencer les crûs français. On y favorise Vendredi 25 mai.- Je me plonge dans les dépliants mis à la culture des cépages secs, merlot, chardonnay, cabernet-saudisposition des visiteurs à l'entrée du monastère de Putna, prinvignon, feteasca, blanc et rouges, à l'opposé des consistances cipal centre de l'orthodoxie roumaine, que j'ai collectés la sucrées et lourdes des vins russes, dont la Moldavie était le veille. C'est édifiant. On y apprend que prendre la pilule peut premier fournisseur. conduire les femmes au cancer du sein, de l'utérus, du foie, à Le domaine, à la table réputée, héberge aussi les touristes l'augmentation du taux de cholestérol, à l'hypertension, à l'indans de coquettes villas qui permettent un séjour reposant en farctus, à la thrombose, au diabète, à l'assèchement de la rétipleine nature, avec un merveilleux paysage que l'on peut ne, aux grossesses extra-utérines, à l'infertilité. Sans préciser apprécier des terrasses fleuries tout en dégustant un verre de toutefois si on a le choix ou s'il faut tout prendre. L'usage de la vin de glace, confectionné à partir des premiers grains de raipilule est présenté comme étant en fait une forme déguisée d'asin gelés. On peut aussi visiter la cave (compter au minimum vortement. Un argument massue est avancé en direction des une quinzaine d'euros par personne, mais on emmène avec soi "pécheresses" qui resteraient malgré tout sceptiques: "Vous risles bouteilles ouvertes; intéressant, mais on peut s'en passer). quez de perdre votre libido !". C'est un peu cher (60 € la nuit par personne, 90 € pour deux), Cette littérature abondante décrit aussi l'avortement comme dans tous les pays de l'ex URSS, mais on ne regrette comme une horreur, avec des photos choc, promet mille fléaux pas le séjour. Mardi 22 mai.Elena me confie comQuel bonheur de se perdre dans les vallées de Bucovine ! bien elle est étonnée par la décontraction des Français qui prennent pension chez eux. "Ils plaisantent toujours. On dirait des enfants heureux, sans problèmes, auxquels il ne peut rien arriver". Et c'est vrai. Estce le climat lénifiant, de la Bucovine… ou plutôt une vie sans trop d'histoires, là-bas, à l'autre bout du continent? Ici, c'est l'air "léninifiant" que l'on supporte encore, avec ses injustices, ses colères rentrées, son stress permanent de la vie quotidienne. Un chien qui a une mémoire d'éléphant Mercredi 23 mai.- Il faut se méfier des chiens de bergers, le fameux cioban moldovenesc. On aurait envie de glisser les mains dans son pelage abondant, de le caresser… Mais gare ! Ces chiens ont été dressés pour être méchants et les moutons doivent les haïr, à moins qu'ils ne soient paralysés de terreur. Leonard garde le sien enfermé pendant la journée dans un chenil de sa construction. L'hiver, quand il fait - 20 et que le village est recouvert d'un épais manteau neigeux, il le lâche dans la nature. Là, il retrouve ses "compères". Ensemble, ils font la fête, se roulent dans la neige, aboient, se battent et vont se coucher dans le foin, sous un hangar isolé. Le cioban de Leonard a, en outre… une mémoire d'éléphant. S'il est attaché, c'est qu'il se jette sur le voisin qui lui a lancé un seau d'eau froide quand il était petit, ou sur le beau-frère qui lui a donné, voici bien longtemps, un coup de pied au c…. Même le vétérinaire qui lui avait fait des piqûres de fortifiant autrefois doit subir sa vindicte. à celles qui y recourraient, présente les ravages de la pornographie comme plus graves que ceux du cancer, le divorce comme la plus triste expérience de la vie. Revenant à un registre moins culpabilisant, deux ou trois dépliants insistent sur les effets néfastes de l'usage trop intensif de la télévision et d'internet et, d'autre part, sur la présence nécessaire des parents auprès de leurs enfants. Enfin, les jeunes filles enceintes sont vivement invitées à venir prendre conseil auprès de l'Eglise et de ses associations proches pour discuter d'une solution si elles ne peuvent garder leur futur enfant… comme les abandonner dans une institution, bien que cela ne soit que suggéré. 53 Les NOUVELLES de ROUMANIE "Noi suntem Romani" Mardi 29 mai.- Les noces se succèdent au château Vartely. Deux au cours de la même soirée. Tout le monde est sur son trente et un. Impressionnants talons-aiguilles pour les filles dont les tenues élégantes soulignent encore davantage la beauté proverbiale. Les jeunes mariées sont éblouissantes dans leurs robes de tulle et leurs longs voiles. Leurs promis font un peu patauds, surtout quand ils ont le crâne rasé. 54 Moment bouleversant quand l'orchestre attaque "Noi, suntem Romani" (Nous sommes Roumains), repris avec une ferveur rentrée par toute la noce, comme une prière se lisant sur les lèvres. On en est tout remué. La Moldavie va-t-elle un jour retrouver sa grande sœur roumaine ? La réponse appartient à son ancien maître. On ne peut qu'espérer la voir rejoindre l'Union Européenne et, par ce biais, se rapprocher encore plus de sa famille de cœur. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE A Orhei, le chemin de croix de la Moldavie Un passeport bleu Lundi 28 mai.- Comme Orhei, les villes traversées se ressemblent toutes. Alignées, sur de larges boulevards proprets et ombragés, typiques de l'ancienne puissance tutélaire, on y trouve des pharmacies à profusion, des salons de coiffure pour dames bien remplis, des banques, avec l'inévitable Western Union, afin de recevoir les virements des parents partis à l'étranger, des casinos-salles de jeux. On ne risque pas de tomber en panne d'essence dans le pays… avec une station tous les 5 kilomètres. On se demande pourquoi… les voitures ne se bousculent pas. Les vieilles Lada et Moskovitch ont pratiquement disparu. Place aux berlines occidentales que conduisent fièrement ceux qui sont allés "faire fortune" à l'étranger ou reviennent pour les vacances. Choc en me promenant dans l'artère principale d'Orhei. En cinquante mètre, trois monuments aux morts se succèdent, illustrant le chemin de croix vécu par la Moldavie au cours du XXème siècle. "Gloire à nos Héros" évoque le sacrifice des plus de 500 soldats de la région tombés face à l'armée allemande de juin 1941 à 1945. Pratiquement tous les noms sont à consonance russe. Juste à côté, une stèle est dressée en souvenir des 32 enfants du pays envoyés par Moscou à Tchernobyl pour lutter contre l'incendie qui a ravagé la centrale nucléaire en avril 2006 (notre photo). La Moldavie était alors une république de l'URSS. Tous les noms de famille sont roumains. Les premiers sont décédés des radiations dès 1991, la majorité vers 2002, le dernier l'an passé… mais la liste est-elle close ? Enfin, une imposante composition somme le passant de ne jamais oublier. "Adevar istorie nemurire"! Les crimes de Staline et du communisme sont là. 1288 déportés entre 1940 et 1941, à la suite du pacte germano-soviétique qui a permis à Moscou de faire main basse sur la Moldavie, appartenant à la Roumanie à l'époque, profitant de la défaite française. Ils ne sont jamais revenus, pour la plupart morts dans des camps ou fusillés, les enfants étant transformés en petits pionniers du communisme. 3261 en 1949, lors d'un nouvel épisode de la terreur stalinienne dont 846 hommes, 1377 femmes et 1405 enfants. O, neamale tu/ Adunat gramajora/ Ai putea se incapi/ intra singura icoana (Oh toi mon Peuple/ Rassemblé tout entier/ Tu pourrais t'incarner/ dans une même icône): la citation du grand poète national Grigore Vieru, mort voici un peu moins de trois ans, y fige dans la pierre le destin tragique du pays. Jeudi 31 mai.- Bobeica me donne l'occasion de faire connaissance avec Maria, l'ancienne directrice du lycée, à la retraite depuis un an, mais qui donne un coup de pouce à ses anciens collègues de français pour suppléer, dix heures par semaine, au manque de professeurs. Le français doit énormément à cette jeune sexagénaire, pleine d'entrain, énergique et rieuse. Les échanges franco-moldaves ont été la grande aventure de sa vie, reconnue par la France, l'ambassadrice à Chisinau lui ayant remis les palmes académiques. Mercredi 30 mai.- Rencontré près de Suceava, un couple d'enseignants retraités d'Echiré, dans la région de Parthenay, dans les Deux Sèvres, m'a conseillé d'aller rendre visite à ses amis de Bobeica, à une cinquantaine de kilomètres de Chisinau. Son premier voyage en Roumanie remonte à l'époque de Gheorghiu Dej, voici près de 50 ans. La longue éclipse ceausesciste l'a tenu longtemps éloigné de la région, ses incursions y reprenant après la "Révolution". La retraite a alors conduit Jean et Mado Cantet à partager leur expérience avec leurs collègues moldaves, rejoignant ainsi l'action menée sur place par Solidarité Laïque. Pendant plusieurs années, le couple est venu passer deux mois dans cette commune rurale de la petite République. Le résultat est saisissant. Les 700 élèves du lycée continuent de choisir le français comme première langue, enseigné par quatre professeurs, dont les deux directrices qui se sont succédé. Toutes ont effectué le voyage à Parthenay, ce qui est loin d'être partagé en Moldavie, où moins d'un dixième des 2300 enseignants de français ont eu l'occasion de découvrir la France. Bobieca est même devenu la plate-forme de l'Alliance française pour le secteur et son lycée reçoit des revues pédagogiques, envoyées également depuis Echiré. Tous les ans, deux élèves ou professeurs effectuent une visite et un séjour de deux semaines, dans chaque sens et une délégation de pompiers de Parthenay était attendue en juin. Exemplaire, mais malheureusement encore trop rare en Moldavie. Les 700 élèves du lycée de Bobeica choisissent toujours le français comme première langue étrangère, grâce à l'investissement de leurs professeurs (dont Maria, au 1er rang à droite) et l'aide fournie depuis la région de Parthenay, dans les Deux Sèvres. Dans l'histoire, Maria a "perdu" une de ses filles, mariée à un Français et désormais établie à La Rochelle, le couple ayant un enfant. Etudiante brillante, parlant 5 ou 6 langues, elle a passé ses examens à La Sorbonne. Revenue au pays, son université a voulu la contraindre à recommencer son apprentissage du français… par l'alphabet. Révoltée par cette bêtise, la jeune femme est retournée en France pour être confrontée à une aberration du même genre: la "défunte" circulaire Guéant qui interdisait aux étudiants étrangers de travailler à la fin de leurs études, faisant fuir toute une élite vers d'autres cieux et nous a valu une réputation détestable dans les pays où la France faisait figure de référence. Grâce à la solidarité de Français à l'esprit plus ouvert, la Moldave a pu survivre grâce à des petits boulots… jusqu'au jour où un bateau russe, confronté à un problème d'assurance, s'est retrouvé immobilisé dans le port rochelais de La Pallice, faute d'interprète dans la région. La jeune femme a débloqué la situation à la satisfaction générale… la compagnie d'assurance, ravie, l'a embauchée sur le champ, et elle y exerce déjà des fonctions importantes. Réunies autour de moi, les professeurs de français de Bobeica me racontent leurs aventures en France. Celles qui ont la double citoyenneté moldavo-roumaine, ne rencontrent pas de difficultés aux frontières. Elles possèdent un passeport de couleur Bordeaux, comme les autres citoyens de l'UE et elles passent dans la masse des autres voyageurs. Mais les "pures" moldaves disposent elles d'un passeport bleu qui les font immédiatement repérer, les policiers leur faisant signe de Connaissance et découverte se mettre à l'écart pour une vérification plus poussée de leurs documents. Ironie de l'histoire, voici 20 ans, sous les Soviétiques, les Moldaves devaient déjà montrer "patte bleue", pour pouvoir circuler dans l'ex-URSS, alors que les citoyens russes se déplaçaient librement, avec leur passeport rouge. Chisinau à pas trop cher Vendredi 1er juin.- Il n'y a vraiment aucune raison objective à bouder la Moldavie. Les routes ne sont pas "moins bonnes" qu'en Roumanie et on se sent en sécurité dans le pays. Le seul hic réside dans l'hébergement. Contrairement à sa grande sœur, l'agro-tourisme y est encore peu développé, bien qu'un effort, encouragé par des initiatives francophones, se dessine dans cette direction. Les hôtels sont très chers à Chisinau (pas moins de 70-80 € pour une personne), mais il existe une façon d'y échapper: louer un studio ou un appartement pour un-deux ou plusieurs jours par le biais des agences qui fleurissent dans la capitale (rental.md, ou [email protected]). Ils sont toujours très confortables, bien équipés. On peut presque avoir pignon sur rue sur le Boulevard Stefan Cel Mare, les Champs Elysées locaux, pour 35 € par nuit pour deux personnes. La réservation peut se faire de France, avec un handicap: on vous demande de verser une caution à l'avance, mais le système bancaire local n'étant pas moderne, on ne peut pas utiliser le système pré-pay. L'agence exige alors un versement par la Western Union (très cher)… à moins qu'un Chisinaute de votre connaissance ne vienne régler à son siège pour vous ! Le mieux est d'expliquer que vous n'en avez pas la possibilité et, au bout de deux ou trois échanges par e-mail, l'affaire s'arrange: vous paierez sur place. Je quitte à regret cette belle capitale de l'Est, mais mon voyage dans la petite République s'achève. Direction, le Tour cycliste de Roumanie ! A chaque retour de Moldavie, je me pose invariablement la même question… qui turlupine tous ses visiteurs. Mais où se cache donc la misère dans ce pays désigné en 2005 par un rapport de la Banque Mondiale comme étant le plus pauvre du continent européen ? Henri Gillet 55 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Tourisme Le luxe à pas cher dans le seul hôtel-musée de Roumanie SUCEAVA l l l BAIA MARE l IASI ORADEA TARGU MURES l BACAU l ARAD l BRASOV l l TIMISOARA GALATI BRAILA R. VÂLCEA l l l BUCAREST CRAIOVA l n MAMAIA CONSTANTA l l Découvrir Bucarest en bus à impériale 56 Grand Hôtel Sofianu à Râmnicu Vâlcea Depuis quelques mois, il est possible de découvrir Bucarest en bus à impériale, comme dans les autres capitales européennes. Cette promenade d'une heure mérite vraiment d'être tentée. Pour 25 lei (un peu plus de 5 euros), on passe devant les principales curiosités de la capitale, 14 arrêts sont proposés, où on peut descendre, visiter et remonter dans les bus suivants qui se succèdent tous les quarts d'heure, de 10 h à 22 h, le billet, que l'on prend à bord, étant valable 24 heures après l'avoir validé. Des écouteurs commentant le circuit sont à disposition, gratuitement, malheureusement uniquement en roumain et anglais pour l'instant. Bucarest vu de haut apparaît bien différent de ce que l'on en entrevoit de la fenêtre d'un taxi. Et respirer les senteurs des tilleuls qui embaument les grandes avenues des beaux quartiers est autrement plus sympathique que celle des effluves des pots d'échappement. P as très éloignés de Bucarest, mais souvent ignorés des visiteurs, les belles vallées de la Prahova, de l'Olt ou de l'Arges méritent vraiment d'être découvertes. Paysages frais, vallonnés, gorges spectaculaires, routes splendides de montagne, monastères, coquettes stations thermales, salines souterraines, caves et propriétés viticoles, artisanat, fabriques de verres en cristal, se succèdent. De quoi occuper une bonne semaine!Au milieu de toutes ces richesses touristiques, un joyau… le grand hôtel Sofianu de Râmnicu Valcea, à deux heures et demie de la capitale, le seul quatre étoiles du judet de Vâlcea mais aussi l'unique hôtel-musée de Roumanie, d'où l'on peut rayonner dans toute la région! Dans le dédale de couloirs, dans les salles de restaurant ou de conférence, plus de mille tableaux sont exposés. Des sculptures inspirées de l'œuvre de Brancusi jalonnent les pas des clients et ornent l'agréable terrasse de l'établissement bordée par le parc central de la ville. Car l'hôtel est situé dans un écrin vert, lui garantissant le calme au cœur même de la cité. Son propriétaire, Nicu Sofianu, est un ancien journaliste, qui a accumulé une des plus grosses fortunes du sud de la Roumanie. Devenu millionnaire, il se consacre aussi à la diffusion de l'art avec sa femme, une poétesse à laquelle on doit cette atmosphère de raffinement qui imprègne l'hôtel. Car c'est le grand luxe: 64 belles chambres spacieuses, confortables, tranquilles, avec tout l'équipement que l'on peut attendre à ce niveau. Piscine, sauna, salle de fitness, soins de thalassothérapie (100 €/jour hébergement compris), etc. Des formules permettent de découvrir la région (de 45 à 75 €/jour, tout compris). Il est difficile de trouver un meilleur rapport qualité-prix: le prix de la chambre varie de 45 € par personne à 50 € pour un couple, tarifs qui tombent même à 40-45 € pendant le week-end (nuits des vendredi-samedi-dimanche). Et, il ne faut pas oublier le plaisir de la table, avec une carte très inventive : gazpacho aux crevettes poêlées, boulettes de gorgonzola truffées au noix grillées ou tout simplement une véritable gratinée à l'oignon… Grand Hôtel Sofianu, strada Stirbei Voda, entrée Parc Zavoï, Râmnicu Vâlcea, Jud Vâlcea, tel: (0040)(0)350.431.697, (0)747.768.377; fax: (0) 350.431.69; [email protected], site: www.hotelsofianu.ro. Bonnes adresses en Bucovine C asa Felicia, à Sucevita, sur la route en direction de Radauti, 500 mètres après le monastère. Coquette pension, très confortable, dans un parc paysager adorable. Felicia et Trandafir Cazac, un ancien mécanicien d'hélicoptère, y ont restauré avec amour et talent deux maisons anciennes en bois, dont l'une, située à une vingtaine de kilomètres a été entièrement démontée et réassemblée suivant la tradition de l'art… sans un seul clou! Trandafir, peut accueillir une quinzaine de personnes dans ses 8 chambres spacieuses. Le couple conseille les touristes, aux trois quarts des Francophones, leur indique des itinéraires, avec une disponibilité et un sourire qui ne le quittent jamais. Casa Felicia, tel: 0744 836 392 ou 0740 931 973, courriel: cazac.dana@ yahoo.com. 25 € par personne avec le petit-déjeuner et le repas du soir. Chez Leonard, à Manastirea Humorului, à 200 mètres du monastère. L'étape est bien connue et les habitués ne manquent pas de s'arrêter chez Elena et Leonard qui sont devenus les amis de nombre de leurs hôtes. Ah les soirées animées sous leur tonnelle à refaire le monde… et la Roumanie en français, dans leur fermette au pied des merveilleuses collines de Bucovine ! On n'a pas envie de s'en aller, et quand Léonard se met à raconter son pays, la vie du village, on est transporté dans un autre univers. Chez Leonard, tel: 0230 572 818, 0744 95 90 47, courriel: [email protected], site: http:/butucea.pers.ro. 20 € par personne, avec le petit-déjeuner et le repas du soir. Possibilité de venir avec son camping-car ou sa tente (et même sa tante !), avec accès aux commodités. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Patrimoine Bram Stoker mérite bien la reconnaissance de la Roumanie Ils veulent du Dracula ? Donnons-leur du Dracula ! M ême si la Roumanie a bien d'autres choses à offrir aux touristes, elle est d'abord vue comme le pays de Dracula, en particulier depuis que l'histoire de Vlad Tepes l'Empaleur et que le vampire inventé par Bram Stoker se sont superposés. Alors, autant en profiter, estime un mensuel roumain. Le vampire Dracula et le prince Vlad Tepes nous ont laissé un héritage que nous ne savons toujours pas faire fructifier: Dracula! Le meilleur label dans le domaine du tourisme dont peut bénéficier la Roumanie en ce moment. A quoi les étrangers associent-ils la Roumanie? D'abord à Dracula, et seulement ensuite à Nicolae Ceausescu, Nadia Comaneci, Gheorghe Hagi ou Ilie Nastase. Les étrangers veulent du Dracula, désirent en savoir plus sur Dracula, voir les endroits où Dracula a vécu, manger de l'ail en visitant le château de Bran, acheter des souvenirs de Dracula, faire la fête dans des bars ambiance Dracula. Nous nous fâchons que notre héros national, Vlad Tepes, soit devenu le symbole du vampirisme. Foutaises ! Si les étrangers veulent du Dracula, nous devons leur vendre du Dracula. Ils veulent des mythes avec Dracula, offrons-leur des mythes ! Dans un monde souffrant d'un imaginaire morbide étouffant, où les vampires, la sorcellerie et la fiction captent l'attention et font d'énormes entrées d'argent, notre orgueil national compte peu. Inconnu des Roumains jusque dans les années 70 Le tourisme à thème "Dracula" a commencé en Roumanie de manière non officielle au cours des années 1950-1960. Bien sûr, le roman de Bram Stoker n'avait pas encore été traduit en roumain, donc les guides de l'office national de tourisme des Carpates, réorganisé de fond en comble au début des années 1970, ne sont entrés en contact avec l'histoire imaginée par l'écrivain irlandais qu'à travers ce que pouvaient en dire les touristes occidentaux (principalement Américains et Britanniques) qui posaient des questions sur le "château du col de Bârgau" (Pasul Bârgaului) décrit dans le livre. Même si Dracula était encore inconnu pour la plupart des Roumains, les autorités de l'époque n'ont pas hésité à utiliser le mythe pour faire de la publicité. En 1983, un hôtel en forme de château, avec des tours, une cour intérieure accessible par une seule entrée, a été construit entre Bistritsa, ville de Transylvanie, et Vatra Dornei, ville de Bucovine. Les deux localités étant reliées par le col de Bârgau, l'hôtel a prétendument été construit à l'endroit approximatif du château décrit dans le roman. Jusqu'en 1990, il a été appelé Tihutsa (autre nom du col de Bârgau), même si un autre hôtel inventé par Stoker, La Couronne d'or, avait été construit dans la ville de Bistritsa, justement pour servir de point de référence pour les touristes étrangers. En 2006, l'hôtel rebaptisé Dracula a inauguré un buste de l'écrivain irlandais Bram Stoker. Sous l'impact de la théorie de l'identification entre Vlad Tepes l'Empaleur et le comte Dracula, élaborée à partir de 1972 par Raymond T. McNally et Radu Florescu, l'historiographie roumaine a réagi. L'anniversaire de la mort de Vlad l'Empaleur, en 1976, a suscité de nombreuses publications. Les recherches des historiens roumains ont servi ensuite comme base pour les guides touristiques afin de dissocier les deux personnages.? Puis la situation a pris de l'ampleur après 1990. La société roumaine a été outrée par la superposition du personnage du vampire et de celui du voïvode (prince) considéré comme l'un des grands héros roumains depuis le XVe siècle. Les réactions furent d'abord négatives. La Roumanie, pays associant de magnifiques paysages maritimes et montagneux avec une infrastructure relativement développée (du moins pour les étrangers) et de nombreux sites antiques, médiévaux ou modernes, se retrouvait dans la situation d'être visitée pour des raisons purement triviales. Les meilleurs circuits mêlent l'histoire avec le mythe littéraire et cinématographique Même si chez nous le mythe de Dracula est plus connu à travers le cinéma que par le biais de la littérature, l'opportunité pour le tourisme culturel est immense. Avec ou sans parc d'attractions à thème, les lieux liés à Vlad l'Empaleur et au comte Dracula sont nombreux et intéressants. Dans un monde dominé par la publicité, Dracula aurait énormément aidé une économie prédisposée aux crises. Il existe déjà des circuits proposés par diverses agences, les meilleures mêlant l'histoire avec le mythe littéraire et cinématographique. Ainsi, en suivant les traces du personnage littéraire préféré, les touristes peuvent visiter: - Curtea de Arges, première capitale de la Valachie, qui abrite aussi un monastère célèbre - le château fort de Poenari, résidence secondaire de Vlad Tepes rénovée d'après la légende par le travail forcé des boyards (nobles) qui avaient assassiné son grand frère et son père - Suceava, capitale de la Moldavie du XIVe au XVIe siècle - le monastère de Snagov, dans les environs de Bucarest, où l'on suppose que le corps de Vlad est enterré - Târgoviste, capitale de la Valachie du XIVe au XVIIIe siècle, où les époux Ceausescu ont été fusillés pendant la révolution roumaine de 1989, - Sighisoara, ville historique, lieu de naissance de Tepes, - Brasov, grande et belle ville de Transylvanie, proche du château Bran, dit "château de Dracula", tous ces lieux étant liés au voïvode médiéval et au vampire moderne. Ainsi, au lieu de nous irriter devant la question : "Où est le château du vampire Tepes ?" nous devrions saisir l'occasion d'expliquer une confusion et de montrer une Roumanie encore tellement belle. Bien qu'il n'ait pas pensé spécifiquement aux Roumains, Bram Stoker mérite leur reconnaissance. Bogdan Popa et Marius Diaconescu (Historia) 57 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Patrimoine Success story pour SUCEAVA l l BAIA MARE l TARGU MURES ARAD l IASI ORADEA l l l CHISINAU BACAU l l VISCRI l l TIMISOARA BRASOV TÂRGOVISTE PITESTI CRAIOVA l l GALATI BRAILA l l l TULCEA l n BUCAREST CONSTANTA l Des boucles d'oreille hors de prix 58 La renaissance Les boucles d'oreille offertes par Carol II à sa maîtresse Elena Lupescu ont été vendues aux enchères à Londres pour un montant de près de 2 millions d'euros, alors que le prix de départ avait été fixé à 150 000 euros et que ses vendeurs n'en attendaient pas plus de 650 000 euros. Ces bijoux, des perles rares serties dans des pendentifs en diamant, dormaient depuis 35 ans dans le tiroir de la commode d'une femme qui ne les portaient pas car ils n'étaient pas à son goût et ont été découverts par hasard par ses héritiers. Carol II, descendant de la reine Victoria a été roi de Roumanie jusqu'en1940, abdiquant au profit de son fils Michel. Il est alors parti en exil avec sa maîtresse qu'il a épousée, et est décédé à Lisbonne en 1953. Elena Lupescu lui a survécu jusqu'en 1977. Ayant une réputation de playboy, sa liaison avait fait d'autant plus scandale en Roumanie que sa maîtresse était d'origine juive. C'est l'histoire d'un restaurant de Bucarest qui, de 1899 à nos jours, a traversé le 20ème siècle contre vents et marées. Après avoir résisté à la période communiste, le Caru' cu bere réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires annuel de cinq millions d'euros et accueille à sa table des célébrités internationales. Pourtant, il est bien difficile d'y retrouver le charme désuet qui se dégageait autrefois de ce prestigieux établissement. L 'histoire du "Caru' cu Bere" (la charette de Bière) ne se résume pas aux vingt dernières années qui ont suivi la chute du régime communiste. Elle a commencé il y a 113 ans. L'établissement doit son nom à la charrette tirée par des bœufs qui, jadis, venait lui livrer la bière. Depuis la révolution, la Roumanie a connu l'invasion des fast-foods. Leur chiffre d'affaire cumulé avoisine les deux milliards d'euros. La brasserie "Caru' cu bere" fait, à elle seule, cinq millions d'euros à égalité avec les champions de la restauration rapide de la capitale comme le self du magasin Ikea ou le Mac Do de la Piata Unirii. Dès que l'on passe le tourniquet de bois massif, on est plongé dans un cadre aux relents d'entre-deux guerres. Les vieilles tables aux bords usés par les coudes, les lustres, les escaliers en colimaçon sculptés, les hautes voûtes peintes de tons verts et ocres, incrustées d'or et de rouge et les vitraux vous ramènent dans une autre époque. Mais les tenues vestimentaires des clients, les verres ou la marque des bouteilles portées sur les plateaux sont là pour rappeler la réalité du 21ème siècle… Les étudiants recevaient gratuitement un repas par jour Daniel Mischie, l'un des associés de Trotter Prim, la compagnie gérante de l'établissement, ne se lasse pas de raconter l'histoire du "Caru' cu bere". "La brasserie a été construite en 1899 au moyen d'un emprunt hypothécaire souscrit par Nicolae Mircea, un natif d'Ardeal, débarqué à Bucarest pour faire des affaires dans la bière. En peu de temps, il en fit un lieu de rencontre où venaient des retraités de la magistrature et de l'armée, des hommes de lettres et aussi des étudiants. Ceux-ci recevaient un repas gratuit par jour". Nicolae Mircea, petit-fils du fondateur, deuxième du nom, est aujourd'hui propriétaire des murs avec l'un de ses cousins. Il se souvient : "J'ai gardé beaucoup de lettres envoyées à mon grand-père par les parents de ces étudiants qui le remerciaient pour son aide. Ma famille a habité ici dès l'origine. On travaillait au Caru' cu bere jusqu'à la retraite". Au début, la brasserie était beaucoup plus petite. Le bar et la mezzanine furent ajoutés en 1926. Au-dessus, la partie habitable compte une vingtaine de chambres, inoccupées pour l'instant, dans laquelle on pourrait installer un hôtel. En 1949, les communistes réquisitionnèrent le restaurant et obligèrent, malgré tout, la famille Mircea à continuer à rembourser le crédit hypothécaire souscrit 50 ans plus tôt pour la construction. Le Caru' cu bere devint un centre de formation de l'industrie hôtelière. Les stagiaires logeaient sur place et travaillaient au restaurant. L'établissement fut rénové en 1984 ce qui n'empêcha pas son activité de décliner. Son image se ternit et suscita des commentaires ironiques. "Si l'on vient en Roumanie, il faut absolument aller au Caru' cu Bere sans s'y arrêter et sans y manger". "L'atmosphère, à cette époque, était triste à pleurer", affirme Nicolae Mircea. Le restaurant était vide. Les serveurs attendaient les clients toute la journée en regardant la télévision installée devant le tourniquet". Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE de l’un des plus vieux restaurants de Roumanie "Caru cu bere" … qui a perdu bien de son charme Le vieux Ion, seul serveur rescapé de l'époque communiste aussi déguster les "sarmale", les "mititei", les saucisses de Plescoi ou le jarret au chou, spécialité de la maison. Les démarches pour reprendre possession du restaurant "Atmosphère… Atmosphère… commencèrent dès la chute de Ceausescu en 1990. Deux ans J'ai encore une gueule d'atmosphère ?" après, la propriété en revint à Nicolae Mircea mais ne fut effective qu'en 2006. "A ce moment, j'ai reçu des offres de pluMais cette réussite a aussi ses côtés les plus détestables : sieurs millions de dollars pour racheter l'établissement, mais si le cadre a été préservé, la rentabilité règne en maitre sur les le Caru' cu bere n'élieux. On s'y bouscutait pas à vendre". le à l'entrée. Il faut L'actionnaire franchir un tournimajoritaire Dragos quet, fendre la queue Petrescu reprit la dans une foire d'emdirection de la brassepoigne pour gagner rie en février 2006. sa table, obligatoireDes travaux de rénoment réservée et que vation furent entrel'on ne peut pas choipris dans la foulée. Ils sir. Si vous êtes seul, ont duré huit mois. on vous impose un Rien n'a été modifié. temps limité pour Les murs, moisis et déguster votre demi recouverts de chaux, ou pour manger. Tout ont été lessivés et est fait pour que le repeints d'après des client sente qu'il ne photos retrouvées au doit pas s'attarder Ministère de la outre-mesure. Culture. On peut à peine 120 personnes Le pauvre Ion (à gauche), quarante ans de service, a bien du mal à s'y retrouver parler, ni s'entende dans cette foire à touristes qu'est devenu le prestigieux établissement. dans un brouhaha ont travaillé sur le chantier avec, pour certains spécialistes, l'agrément des perpétuel, couvert par une musique assourdissante, rock ou Affaires culturelles. Les cuisines ont été mises aux normes et autre, entrecoupée par l'intrusion soudaine et à intervalles équipées de matériel moderne. Coût de l'investissement : 1,3 réguliers de danses folkloriques pour Japonais ou Américains. millions d'euros. Sauf pour les meubles qui datent presque tous L'endroit est devenu une foire à touristes abrutissante, un pasde 1924. sage obligé programmé par les agences de voyage. Et la cuisiIl n'est rien resté de l'ère communiste, excepté Ion qui trane y est toujours aussi médiocre! vaille ici depuis plus de 40 ans et qui a du mal à s'adapter à la Elle est loin l'époque de l'entre deux Guerres où l'élite prise de commande électronique. "Mais le Père Ion bénéficie bucarestoise, écrivains, artistes, parlementaires, intellectuels d'un régime particulier, c'est une obligation morale pour s'y retrouvait se confiant en chuchotant les dernières rumeurs nous", assure le gérant. parcourant la capitale. "Caru cu bere" avait de la gueule alors. A l'origine, le Caru' cu Bere se fournissait en bière à "Atmosphère… Atmosphère? Est-ce qu'aujourd'hui j'ai une Bragadiru, une commune toute proche de Bucarest. gueule d'atmosphère?" rumine le pauvre Ion, qui a bien du mal Aujourd'hui, la bière maison est brassée par Tuborg Romania, à se frayer un chemin dans la bousculade, sans renverser son qui consacre 24 heures de son activité mensuelle exclusiveplateau chargé de chopes de bière maison… ment à sa production. C'est la bière la plus consommée parmi Pourtant le visiteur ne doit pas désespérer. Avec un peu d'iles treize autres sortes que propose le restaurant. magination, il peut encore se replonger dans cette ambiance Les vieilles brasseries et distilleries de Prague, Berlin, délicieuse du début du XXème siècle, laissant son regard Dublin, ou Edinburg, devenues de véritables légendes locales, vagabonder de l'immense bar en bois massif jusqu'aux loges à ont été intégrées aux circuits touristiques. Les propriétaires du peine dissimulées, rêvasser aux belles amazones, étoles en Caru' cu bere, quant à eux, assurent seuls la promotion de leur fourrure, attablées avec des sénateurs bedonnants mâchonnant établissement. Avec un succès certain. Il y a une centaine d'anleur imposant cigare… Il ne leur en coûtera qu'un euro pour nées, les clients s'asseyaient aux côtés des poètes George peu qu'ils prennent la peine de venir y boire leur café, dans la Cosbuc, Octavian Goga ou de l'écrivain Barbu Delavrancea. matinée, à l'heure où les touristes sont à peine levés. Ces dernières années, ils ont été remplacés par les Rolling Yves Lelong et Henri Gillet Stones, Demi Moore ou le Prince héritier du Japon venus euxCaru Cu Bere, 5 Strada Stavropoleos, Bucarest 59 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Pratique Le langage des voitures 60 Pour mieux connaître la géographie des judets (départements) de Roumanie voici, dans l'ordre, leurs noms, celui de leur préfecture (entre parenthèse), suivis des initiales qui leur sont attribuées et figurent sur les plaques minéralogiques des voitures: Alba (Alba Iulia): AB Arad (Arad): AR Arges (Pitesti): AG Bacau (Bacau): BC Bihor (Oradea): BH Bistrita-Nasaud (Bistrita): BN Botosani (Botosani): BT Brasov (Brasov): BV Braïla (Braïla): BR Buzau (Buzau) : BZ Caras-Severin (Resita) : CS Calarasi (Calarasi): CL Cluj (Cluj-Napoca): CJ Constantsa (Constantsa): CT Covasna (Sfântu-Gheorghe): CV Dambovita (Târgoviste): DB Dolj (Craïova): DJ Galati (Galati): GL Giurgiu (Giurgiu): GR Gorj (Târgu Jiu): GJ Harghita (Mercuriu Ciuc): HR Hunedoara (Deva): HD Ialomita (Slobozia): Il Iasi (Iasi) : IS Ilfov (Bucarest) : B Maramures (Baïa Mare): MM Mehedinti (Drobeta-Turnu-Severin): MH Mures (Târgu-Mures) : MS Neamt (Piatra Neamt) : NT Olt (Slatina): OT Prahova (Ploïesti): PH Satu Mare (Satu Mare) : SM Salaj (Zalau) : SJ Sibiu (Sibiu) : SB Suceava : (Suceava) SV Teleorman (Alexandria) : TR Timis (Timisoara): TM Tulcea (Tulcea): TL Vaslui (Vaslui): VS Vâlcea (Râmnicu-Vâlcea): VL Vrancea (Focsani): VN Les plaques minéralogiques comprennent, dans l'ordre, les initiales du département + deux chiffres + trois lettres. Exemple: PH 97 AMC (PH : département de Prahova). Humeur Vacances roumaines… Mihaela Trifa est d'origine roumaine et vit en France. Elle ne manque pas de rentrer dans son pays natal à l'occasion des vacances, ce qui l'a amenée à dresser un portrait humoristique mais aussi acide du comportement de ses compatriotes à cette époque de l'année. D e retour dans mon pays natal, la Roumanie, j'ai pu encore constater l'évolution des mœurs vacancières et de loisir de mes compatriotes roumains. Je ne cherche à faire aucune généralisation en ce qui concerne leurs comportements! Je ne vais vous décrire que les tendances - quel mot estival ! - observées souvent, voire très souvent lorsque j'y passe à mon tour, les vacances. Transformé en parking-foutoir Alors que, par goût aigu de l'aventure, par quête désespérée des sentiers solitaires, lovées dans l'herbe mousseuse des forêts lointaines couvrant ces belles Carpates, et parfois par fierté stupide d'avoir exploré des endroits dangereux et difficiles d'accès, certains jeunes, sacs à dos et sacs de couchage, se mettent à grimper et à conquérir des sommets isolés, beaucoup de leurs compatriotes se contentent, eux, des… bords de route ! C'est toujours impressionnant de les voir s'y entasser dès qu'un brin d'herbe se fait jour et que la montagne se profile au loin. Ils viennent en voiture, le coffre rempli de provisions de bouche et d'alcool. Sur des rythmes de musique souvent folklorique, ils ramassent des brins de bois. Certains, plus hardis, armés de haches, vont jusqu'à entreprendre un peu de coupe de ce bois généreux et prolixe des forêts du pays, et c'est parti. Le feu peut être lancé, les "mici" (sorte de kefta roumain) prêts à se faire rôtir le lard, la bière peut couler à flots et les gamins crier de bonheur à poil. Les baffles crachent la musique de fête, la fumée des barbecues voile cette atmosphère de vacances, d'autres voitures arrivent et bientôt la longue ligne herbeuse qui borde la route n'est plus qu'un parking-foutoir, avec automobiles garées dans tous les sens, servant de magnétophones sur roues et de repères pour les gamins dans leurs jeux de cache-cache. Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE sur le bord des routes parcelle de leurs terres (récupérées des griffes du kolkhoze à la roumaine) à quiconque de nos frères européens occidentaux voudrait construire soit une fabrique de textile, soit une fabrique de conditionnement de champignons -ah, que les forêts des Carpates en sont remplies et que les Italiens en raffolent! -, soit d'immenses bâtiments abritant des concessionnaires autos. Alors, pouvant acquérir des voitures et désireux de prendre la route en toute liberté et à toute allure, certains d'entre eux ont commencé à adorer les bords de route. Enfin, ce n'est pas tellement qu'ils adorent les bords de route; les gens qui y campent ne sont pas les plus riches du pays… loin de là, voire souvent le contraire ! Le bord de route est pratique, on n'y paie pas de place de camping, pas de chambre à l'auberge ou à l'hôtel, on peut amener sa bouffe, on ne s'enfonce pas trop dans les routes de montagne, la plupart dans un état tragicomique -on ne parle même plus de nids de poule mais plutôt de culs de vacherisquant d'y laisser la voiture. Montrer à ses compatriotes combien on gagne "là-bas" Et pour aller plus loin, il y a, je pense, une question de visibilité, de sortie de l'anonymat et de l'isolation dans laquelle le régime totalitaire a voulu enfoncer l'individu. Au bord des routes, on nous voit et on voit à notre tour. Pour ce qui est des plus riches, ils vont eux, se faire voir et regarder en Grèce, en France (sur la côte d'Azur s'il vous plaît), en Croatie, ou choisissent des destinations exotiques qui font rêver le citoyen lambda (des îles tropicales mais haute- ment touristiques, des safaris en Afrique, des virées d'excès à Dubaï). Certains restent en Roumanie, mais se prennent des chambres d'hôtel qui arborent fièrement des prix occidentaux. Concernant nos braves immigrés qui ramassent des fraises en Espagne ou lavent les vieux en Italie, de retour au pays, certains sont animés par ce désir si hautement humain de montrer aux autres combien ils gagnent là-bas, combien leur voiture est puissante, et comment ils sont gentils d'amener leurs mamans dont le dos est courbé par le travail de la terre, faire des cures de traitement de boue dans les spas de la mer Noire ou des Carpates. Ils n'oublient pas de profiter de leurs vacances pour aguicher une ou deux filles dont ils rêvent depuis tout-petits, et de leur payer une virée en discothèque et une chambre d'hôtel. Et les Roms roumains expulsés de France? Que feront-ils de leurs "vacances" roumaines ? Mihaela Trifa (http://www.rue89.com) Pourquoi cette nécessité de la foule permanente ? Je ne dis pas, la plupart des gens se regroupent par affinités, et ce sont souvent des familles amies qui investissent ainsi le bord des départementales. Mais c'est cette promiscuité qui est intrigante: les voitures se touchent, les feux emmêlent leurs fumées, les gosses se trompent de maman, les pères se frôlent les bides etc. Pourquoi recréer ce schéma que beaucoup vivent en appartement dans leurs HLM et tours grises voulus par Ceausescu et sa foutue planification de l'habitat ? Pourquoi ne pas s'isoler un peu, être au calme? Pourquoi cette nécessité de la foule permanente? Mon père m'a dit -comme tous les pères? - qu'avant, ce n'était pas pareil ! Avant, c'était pendant l'époque du communisme totalitaire de Ceausescu. Les gens avaient peu de Dacia pour investir les bords de route, et surtout, leurs vacances étaient planifiées, pour la plupart, par ce magnifique régime qui organisait parfaitement les vies des prolétaires. Ceux-ci recevaient des bons de vacances pour aller dans telle ou telle station balnéaire désignée à l'avance, dans les Carpates ou à la mer Noire, dont les plages se chargeaient alors d'humains désireux d'accéder au statut d'écrevisse (par le vide de la pensée et par la couleur de l'épiderme). Et la plupart du temps, on transportait ces prolétaires par trains. Au moins, on n'y paie pas de place de camping Après la chute de Ceausescu et l'arrivée fracassante du capitalisme, les voitures se sont multipliées, et le commun des mortels a pu, petit à petit, y accéder, grâce aux bienfaits du crédit bancaire, de la débrouille au détriment de l'autre, de la vente d'une Roumanie d'hommes et de lumières Parution O livier Bourguet, guide de voyages et écrivain, offre le fruit de son troisième reportage après l'Ethiopie, en 2006, et Chypre en 2008, sous la forme d'un magnifique album, à la présentation très soignée, qui vient de paraître "Roumanie d'hommes et de lumières". Il y condense en 224 pages et 160 photos, les images qu'il a glanées au fil des 7 mois qu'il y a passés et la synthèse de ses lectures, abondantes et érudites. Aux confins de l'Europe, la Roumanie a fait office de rempart aux hégémonies venues de l'Est, qu'elles soient byzantines ou russes. Le sort des Roumains, sous le ressac de l'histoire, n'a pas toujours été enviable. Ils ont souvent vécu l'enfer dans des contrées paradisiaques, au cœur d'espaces naturels insoupçonnables de grandeur et de beauté, au sein desquels s'épanouissent encore le loup et l'ours. Terre d'érudition, tant passée que présente, la Roumanie tire sa richesse d'un brassage culturel extraordinaire, puisque pas moins de 23 ethnies minoritaires s'y côtoient. Peuple attachant, hospitalier, généreux, les Roumains ont la verve latine, le sourire aux lèvres et toujours une rasade d'alcool de prune pour l'accueil et sceller une amitié nouvelle. Découvrir la Roumanie bucolique en leur compagnie, c'est accepter de prendre le temps. De contempler, de rencontrer, d'être freiné par l'animation agro-pastorale qui prend possession des chemins et sentiers, de respirer les odeurs d'une campagne qui avance au rythme de ses animaux et des saisons. C'est aussi parvenir à adopter un rythme nouveau, en phase avec des paysages et des traditions pas encore tout à fait rattrapés par le galop du progrès! Roumanie d'hommes et de lumières, par Olivier Bourguet, Editions Vilo. A commander directement auprès de l'auteur: Olivier Bourguet, Chaussée de Frasnes, 159, 7540 Rumillies, Belgique en adressant un chèque de 50 € (Frais de port compris) 61 Connaissance et découverte Les NOUVELLES de ROUMANIE Blagues Humour Courtoisie Une femme prend rendez-vous chez un chirurgien plasticien : -Docteur, vous voyez mon nez? Pouvez-vous m'en refaire un qui soit fin et joli ? -Pas de problème, chère madame… Avec celui que vous avez, je peux même vous en faire trois ! Pilules dures à avaler 62 - Ah bon ! Et qu'est-ce que je fais de sa moto? Vérités Un pope explique le catéchisme et l'origine de l'Humanité aux enfants : -Dieu a crée Adam et Eve est née d'une côte d'Adam. Bula lève la main : -Mon Père, Papa dit qu'on descend du singe ? -Ecoute Bula, tes histoires de famille ne m'intéressent pas, je parle en général ! Un Roumain qui veut émigrer en Amérique arrive à l'aéroport de NewYork où un douanier suspicieux commence à fouiller sa valise : -Ces pilules roses, c'est pourquoi ? -Contre la bronchite -Les blanches ? -Contre les rhumatismes -Les bleues ? -contre l'impotence -Et cette photographie de Basescu ? -Contre le mal du pays ! C'est Bula qui dit à sa maîtresse en lui rendant son carnet de notes: - Je ne voudrais pas vous inquiéter, mais ce week-end, papa m'a dit que si je n'ai pas des meilleures notes sur mon bulletin le mois prochain, "y’a quelqu'un qui va se prendre un bon coup de pied quelque part...". Question de choix Christophe Colomb Un automobiliste stoppe net quand il voit une fille prête à enjamber le parapet d'un pont et à se jeter dans le Mures. -Mais qu'est-ce que tu fais? -Je veux me suicider! Il l'attrape par le bras et l'embrasse fougueusement. Toute émoustillée, elle lui demande de recommencer. -Tu vois que la vie est belle… mais pourquoi veux-tu te suicider? -Parce que mes parents n'aiment pas que je m'habille en fille... La maitresse demande à Bula: - Bula, voudrais-tu aller au tableau, nous montrer sur la carte géographique, où se situe l'Amérique. Bula va, et pointe du doigt l'Amérique. - Maintenant que vous savez tous où se trouve l'Amérique, Bula peux-tu me dire qui l'a découverte? Toute la classe en cœur: - C'est Bula! Avertissement breuses communications du plus haut intérêt scientifique, mais la plus remarquée fut celle de la délégation roumaine. La nouvelle méthode d'extraction mise au point par les Roumains présentait en effet deux caractéristiques majeures: la performance technique et l'originalité. Il s'agissait d'introduire l'appareil par le fondement du patient, de le faire cheminer à travers les intestins, l'œsophage et le larynx; après quoi, arrivé dans la cavité buccale, le dentiste pouvait sans peine procéder à l'arrachage de la dent malade. La démonstration de la méthode est accueillie par un déluge d'applaudissements, et tous les délégués se lèvent. Curieux cependant, le secrétaire de séance demande: -Pourquoi prenez-vous le problème à l'envers et ne passez-vous pas directement par la bouche plutôt que de vous compliquer la vie ? -Ce serait effectivement une méthode, reconnaît le délégué roumain… mais par les temps qui courent, personne n'ose plus ouvrir la bouche chez nous. Dernier vœu Voilà qui promet Préjugé Maria à son médecin : - Docteur, cela fait cinq minutes que vous m'avez demandé de tirer la langue et vous ne la regardez même pas ! -C'était juste pour être tranquille pendant que je rédige ton ordonnance ! Recette - Allô Police! Je viens d'écraser un poulet. Que dois-je faire? - Et bien, plumez-le et faites-le cuire à thermostat 6. Un représentant sonne à la porte de la maison de Bula, à peine dix ans, qui lui ouvre, un cigare à la bouche, une canette de bière dans la main, alors que sa petite copine rajuste sa jupe. - Bonjour mon petit. Est-ce que ta maman est là? Bula : - Devine... Arracheurs de dents En 1979, au Congrès international des chirurgiens dentistes, il y eut de nom- Raluca, vieille paysanne "sans-parti et réactionnaire", sentant sa fin venir, réunit sa famille et demande à son fils aîné d'aller chercher le responsable local du Parti. Surpris, celui-ci s'exécute et revient avec le chef de cellule. Raluca le fait approcher de son lit et, devant toute sa famille, lui demande de l'inscrire au Parti. Le camarade, n'osant aller contre les volontés d'une mourante, l'inscrit au Parti, perçoit sa cotisation et lui remet sa carte. Dés qu'il a franchi le seuil de la maison, le fils aîné s'agenouille au bord du lit de sa mère et, des sanglots dans la voix, il lui demande : -Oh, petite mère, pourquoi as-tu fait une chose pareille ? -Voix tu, Dumitri, puisque quelqu'un doit mourir, il vaut mieux que ce soit un des leurs. Pensée -Qu’est-ce que serait le monde sans les hommes ? -Un monde plein de femmes libres, heureuses... et bien grasses ! Infos pratiques Les NOUVELLES de ROUMANIE ABONNEMENT CHANGE* (en nouveaux lei, RON**) Euro Franc suisse Dollar Forint hongrois = 4,45 RON (1 RON = 0,22 €) = 3,72 RON = 3,52 RON = 0,02 RON (1 € = 285 forints) *Au 24/06/2012 ** 1 RON = 10 000 anciens lei Les NOUVELLES de ROUMANIE Numéro 72, juillet-août 2012 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel. : 02 40 49 79 94 E-mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Entreprises, administrations : 100 € TTC / an Associations et particuliers : 80 € TTC / an Multi-abonnement Abonnez vos amis et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement. Le système en est simple: vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant ainsi de 80 € à 61 € par personne (Multi-abonnement Formule 2, 122 €). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3, 150 €), la réduction est de 40 % (tarif de l'abonnement par personne: 50 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4, 170 €) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement par personne: 42,5 €). Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter: le règlement global est effectué par une seule personne, l'abonné principal, avec un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. Abonnez vos amis roumains de Roumanie pour 30 € Ont participé à ce numéro : Laurent Couderc, Yves Lelong, Marion Guyonvarch, Julia Beurcq, Jonas Mercier, Mirel Bran, M. Trifa, Victoria Popa, Piotr Smolar, Caroline Douki, Arnaud Schwartz, Marianne Delaforge, Ion Cepleanu, Bogdan Popa, Marius Diaconescu Autres sources: agences de presse et presse roumaines, françaises, lepetitjournal.com, télévisions roumaines, Roumanie.com, Le Courrier des Balkans, sites internet. Impression: Helio Graphic 2 rue Gutenberg ZAC du Moulin des Landes 44 981 Sainte-Luce sur Loire Cedex Numéro de Commission paritaire: 1112 G 80172; ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro: sept. 2012 Chaque abonné (abonnement simple ou collectif) peut abonner un ou plusieurs amis roumains, demeurant en Roumanie. La revue leur sera expédiée directement. Le prix est de 30 € par abonnement annuel souscrit, à ajouter à celui de votre propre abonnement ou réabonnement (un lecteur ayant un abonnement normal, à 80 €, qui veut abonner un ami roumain, à 30 €, paiera donc 110 €). Nom:………………………………………………………………………… Adresse:…………………………………………………………………….. Code postal:.......................Ville…………………….................................... Pays:.................................Tel:………………........ Fax:…………………… E-mail:……………………………………. Cachet, signature : Paiement France: chèque bancaire ou postal joint à l'ordre de ADICA. Belgique et zone euro: chèque d’une banque française ou virement bancaire sans frais. Suisse et Etranger: chèque d’une banque française ou mandat-poste international. Pas de virements bancaires (commission de 20 euros). Coupon à retourner avec les coordonnées de tous les abonnés à: Les Nouvelles de Roumanie - ADICA, 8 chemin de la Sécherie 44 300 NANTES - France. 63 Les NOUVELLES de ROUMANIE La vraie vie au cœur du Maramures D ifficile d'imaginer qu'on puisse aimer tant son pays ! Adela et Teo ne quitteraient pour rien au monde leur Maramures natal. Pourtant la vie y est dure, aussi bien sur le plan matériel que moral. D'autres se seraient laissés séduire par la perspective d'une existence meilleure, loin de chez eux. Mais comment Teo aurait-il pu abandonner ses monts et vallées qu'il parcourt à pied depuis ses 15 ans ? Guide, photographe, journaliste, à quarante ans il est devenu la mémoire vivante de la région. Adela, elle, arpente les couloirs de l'impressionnant Mémorial des victimes du communisme, expliquant aux milliers de visiteurs francophones, l'atrocité d'une époque heureusement révolue. Adela et Teo ont choisi de rester au pays pour le faire valoir. Le couple rêvait d'acquérir une vieille maison en bois et d'y accueillir les touristes afin de leur faire découvrir les richesses de leur province. C'est chose désormais faite. Une seconde maison est même venue s'ajouter à ce patrimoine. Située à une trentaine de kilomètres, elle a échappé au funeste sort réservé par les "abattoirs de vieilles maison", des scieries en quête de bois de chêne, les transformant en planches, lambris, parquets, meubles anciens, expédiés en Angleterre ou en Irlande. Teo l'a entièrement démontée, pour la réinstaller sur la parcelle à flanc de colline, en pleine campagne, où le couple vit désormais. Forêt, ruisseaux, silence troublé par les seuls oiseaux, chevreuils et cerfs montrant le bout de leurs cornes, quelques fermettes au loin… Les hôtes séjournent au cœur d'un Maramures immuable, à six kilomètres seulement de Sighet. Le bonheur de dormir les fenêtres ouvertes, de sentir la nature si proche, d'entendre le vieil escalier qui grince, de s'assoir autour de la table en bois massif… tout en bénéficiant des commodités d'aujourd'hui ! Sacs à dos et porte-bagage pour transporter matériaux et sacs de ciment 64 Pour en arriver là, Teo n'a pas ménagé sa peine. Tout était à faire ou à refaire… mais en conformité avec la règle absolue qu'il s'était imposée: respecter le savoirfaire des ancêtres. Seul pour agencer les pierres de taille, soulever les lourdes poutres, il a avancé le chantier au fil des mois, des ans, allant au bout de lui-même, comme lorsqu'il a dû déplacer un bloc de 150 kg. Deux jours pour s'en remettre ! Et puis des aller-retours incessants en vélo jusqu'à la ville, parfois plusieurs fois par jour, pour acheter des matériaux, ramenés dans un sac à dos, les sacs de ciment fixés sur le porte-bagage. Tout aurait été beaucoup plus simple si, la Roumanie n'avait pas décliné la proposition de Bruxelles d'étendre les aides au développement de l'agro-tourisme aux zones rurales en périphérie des villes. Pour quelques centaines de mètres, les espoirs d'Adela et Teo de financer leurs travaux se sont envolés. Ce coup du sort ne les a cependant pas fait renoncer. Mais il leur a fallu attendre les maigres rentrées d'argent pour poursuivre le chantier, le retardant d'autant. Compter aussi avec les aléas: les hivers rigoureux qui rendent les matériaux inutilisables, les changements incessants de réglementation obligeant à tout recommencer. Fils électriques impérativement aériens un jour… aujourd'hui à enterrer. Toutes les richesses du Maramures à moins d'une demi-heure Si dans l'adversité le couple a tenu bon, il le doit aussi beaucoup à ses amis français, de la région toulousaine et de CahorsAgen, qui n'ont pas ménagé leur soutien et sont heureux aujourd'hui de constater qu'il voit le bout du tunnel. Certes, il reste beaucoup à faire dans la seconde maison, mais d'ores et déjà des touristes séjournent dans la première, d'une capacité de 6-7 personnes. Oubliant la voiture, leurs journées passent vite, entre ballade dans la forêt pour cueillir fraises des bois, champignons, la découverte des églises en bois et du musée du village, à proximité, les parties de pêche, les escapades dans les villages voisins, la visite de l'alambic à palinca. Ravis de courir dans les collines, de se mêler aux troupeaux de moutons ou d'apprendre à fabriquer des objets en bois, les enfants oublient totalement leurs jeux vidéo, ordinateurs et postes de télé. Et puis, les joyaux du Maramures, le cimetière joyeux de Sapinta, les villages de la vallée de Breb, Botiza, Calinesti, leurs fêtes religieuses, le monastère de Bârsana sont à portée de volant… à moins d'une demi-heure. Teo y guide ses hôtes… en français. La maison Amizadil, Sighetu-Mamatiei (Maramures), Adela et Teo Ivanciuc, (00 40) 0744 289 461 ou 0745 944 555, [email protected]. Nuit et petit-déjeuner: 20 € pour une personne, 30 € pour une chambre de 2 personnes.