N° 38 • Mai 2005
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N° 38 • Mai 2005
CHICAGO - D D W May, 14-19, 2005 www.cregg.org association régie par la loi de 1901 N° 38 • Mai 2005 Spécial AGA Secrétariat du CREGG : 23, cours Gouffé • 13006 Marseille • [email protected] TOUS ENSEMBLE SOMMAIRE C Zoom et nouveautés opto-électroniques ............................. p.2 ’est grâce à vous, c’est grâce à nous, hépato-gastroentérologues libéraux, membres du CREGG ou non, que nous avons pu mener à terme, tous ensemble, l’Observatoire MICI. Ce travail de qualité a été récompensé cette année par l’acceptation d’un poster à la DDW sur la pratique de l’endoscopie dans les MICI en milieu libéral, permettant d’échanger des informations avec des hépato-gastroentérologues du monde entier (mais si, il y a même eu des questions d’un collègue australien…). Dans cette belle ville qu’est Chicago, merveille d’architecture, au bord du lac Michigan, point de départ de la mythique route 66 et ville polyethnique, le mélange d’hépato-gastroentérologues témoigne du besoin de travailler tous ensemble. Tous ensemble c’est également une nécessité au niveau européen illustrée par la réussite croissante du Congrès Européen. La construction de l’Europe de l’hépato-gastroentérologie rencontre toutefois des embûches à l’image des difficultés que rencontre la délégation française au sein de l’UEMS en passe nous l’espérons d’être résolues. Que dire plus généralement de l’affrontement actuel autour du référendum ou une divergence sur les moyens voit s’opposer les supporters de l’Europe, avec le risque que l’Europe seule, soit la grande perdante. Tous ensemble enfin et surtout c’est à notre niveau hépato-gastroentérologues libéraux français une nécessité vitale. Il faut faire preuve de suffisamment d’intelligence et de conciliation entre nous pour mettre nos énergies en commun. Les acteurs sont multiples et ont tous un rôle essentiel : sociétés savantes, syndicats, associations professionnelles… Le travail commence toutefois au niveau individuel avec un échange et un partenariat entre le monde libéral, hospitalier, hospitalouniversitaire, nos autorités de tutelle et l’industrie. Beaucoup de chemin a déjà été parcouru même si la route est parfois semées d’ornières comme récemment la < DIGESTS STORY > qui ne doit pas nous faire perdre de vue les vrais enjeux. Echanger, promouvoir des soins de qualité, mettre en relation des partenaires d’horizons divers, tel est le rôle du CREGG et nous continuerons à nous y employer de toutes nos forces pour avancer tous ensemble, tous ensemble. Patrick LEVY Président du CREGG NOTE DE LA REDACTION L’APA a-t-il encore un avenir ? .......p.2-3 La FMC à la sauce américaine .......... p.3 Proctologie ......................................... p.4 Incontinence fécale ............................ p.5 Learning center .................................. p.5 Traitement endoscopique du reflux Gastro-Oesophagien........... p.6 La vidéo capsule endoscopique ........ p.7 Colorations vitales et endoscopie...... p.7 Evaluation des pratiques professionnelles aux USA .................. p.8 Impact de la presse médicale aux USA ............................................. p.8 Ulcères gastriques et duodenaux : que reste-til ? ..................................... p.9 TFI ...................................................... p.10 L’obésité : un problème qui nous concerne ............................. p.11 C ette année, après Prague et l’UEGW 2004, marquée par la disparition de notre ami Gérard Schénowitz, le CREGG récidive avec l’AGA 2005 en publiant dès le retour de Chicago (grâce à l’aide d’Astrazénéca France) une lettre spéciale du CREGG. Celle-ci a pour but de communiquer à nos membres les faits marquants du congrès américain sous la forme d’un “pot pourri” d’impressions de congrès. Vous trouverez dans ce numéro le vécu de chaque membre de la délégation du CREGG (qui s’est déplacée à Chicago grâce au partenariat du laboratoire Beaufour Ipsen Pharma) au fil des couloirs, des rencontres, des présentations de poster ou des communications plénières sans oublier bien sûr l’exposition et son gigantisme. Ces rapports n’engagent que leurs auteurs et cherchent avant tout à informer brièvement le lecteur sur les acquis les plus récents…Bonne lecture !!! Philippe HOUCKE Directeur de la rédaction Les MICI, la RCH surtout, l’infliximab encore ! ............................ p.12 Echoendoscopie biliopancréatique.... p.13 Cancer colo-rectal : news ............. p.14-15 Endobrachyoesophage encore ! Et encore ! ....................... p.14-15 Abstract .............................................. p.16 Agenda ............................................... p.16 Le CREGG à l’AGA , ZOOM ET NOUVEAUTÉS OPTO-ÉLECTRONIQUES L’APA A-T-IL ENCORE UN l’ASGE à préconiser une recommandation d’un temps minimum de 6 mn pour le retrait au cours de la coloscopie. Que penser des autres techniques : jouets ou faire valoir pour la carrière de certains ? Les communications se passent en cercle fermé entre experts et la participation n’attire pas, pour l’instant, les foules. L e but de l’évolution technologique de l’endoscopie est d’améliorer la détection des cancers au début et des lésions pré cancéreuses. L’évolution de la technologie va-t-elle dans ce sens et quelle est la place des zooms et autres «nouveautés» ? Le premier point important de l’endoscopie consiste à voir les lésions, et pour cela, il convient d’utiliser des endoscopes à haute résolution avec des moniteurs à haute définition. La seule technique qui permette d’augmenter la détection des lésions est l’auto-fluorescence. Elle permet de repérer des zones de mucosectomies sur EBO long avec une sensibilité de 80 % et une spécificité de 57 % (Haringsma). Cette technique entraîne 50 % de faux positifs, dans ce cas, l’association avec le Naroband Imaging permet de diminuer le nombre de faux positifs à 10 % (Paul Fockens). Le deuxième point important consiste à connaître les lésions pour les reconnaître. En effet, on peut avoir toute la technologie possible, voir des lésions, mais ne pas les reconnaître. Dans ce cas, toutes les technologies ne sont d’aucune utilité car la méconnaissance de ces lésions peut amener à louper des cancers. 2 à 6 % des cancers colo-rectaux ont été loupés par la coloscopie effectuée dans les trois ans qui ont précédé le diagnostic (Bressler). Le troisième point essentiel consiste en la qualité de la réalisation de l’endoscopie et une très belle communication à corréler le temps passé au nombre de polypes détectés. Plus le temps de retrait est long, plus le nombre de polypes retrouvés est important et c’est la même chose pour les cancers. Cela a amené Le zoom optique permet de grossir 100 fois, d’étudier les cryptes et par conséquent de différencier les polypes hyperplasiques des polypes adénomateux, repérer des lésions en hyperplasie de haut grade et cela avec une différence significative. L’étude de la vascularisation avec un zoom a permis de prédire la possibilité d’envahissement ganglionnaire de lésions superficielles classées T1 sur une série de 50 cas rapportée par Mitooka. L’endomiscroscopie confocale nous amène au niveau de la cellule avec un grossissement multiplié par 1000. Il y a de très belles communications avec de belles corrélations entre l’anapath et les images. Cela nécessitera certainement une éducation à l’anatomopathologie des endoscopistes, voire la présence d’un anatomopathologiste dans les salles d’endoscopie. Enfin la spectroscopy raman a une bonne spécificité et sensibilité par rapport aux biopsies pour différencier les dysplasies de bas grade des dysplasies de haut grade entre les mains de leur auteur. En conclusion, notre souci essentiel est de ne pas méconnaître des lésions au début. Pour cela il faut mieux voir (plus de pixels, plus de lignes, plus de temps) et connaître les lésions pour les reconnaître. Une fois les lésions vues et reconnues, on peut, dans un second temps les étudier grâce au zoom, à l’endoscopie confocale, au Narrowband Imaging, à la spectroscopy raman dont l’utilisation pour l’instant est confidentielle et ne s’adresse qu’à certains malades ciblés (endo brachy œsophage, surveillance de colite ulcéreuse, polypose familiale…). Jean-Marc CANARD Membre de la Commission Endoscopie la lettre du CREGG 2 L a piètre qualité des travaux sur la désinfection des endoscopes n’a d’égale que l’obsolescence des automates de désinfection présentés à l’exposition. L’ozone molécule largement utilisée dans l’eau de distribution a été proposé comme désinfectant de dispositifs médicaux. Le Koréen T Hwang tente de comparer des résultats d’une procédure automatisée à l’ozone (7 minutes à 0,45ppm) à des procédures automatisées à l’acide peracetique (EW30-OLYMPUS) et à l’eau hydrolysée acide (CLEANTOP-KAIGEN) ainsi qu’a une procédure manuelle à l’acide peracétique (PERSAFE) Les résultats de ce travail sont inexploitables du fait de la faiblesse de méthodologie utilisée : • Pas de validation de la méthode de prélèvement des canaux. • Pas d’indication sur les différents types de micro-organismes identifiés. La conclusion tirée par les auteurs d’une supériorité de l’ozone sur les autres méthodes testées apparaît donc hâtive et non étayée. Enfin l’ozone est connue pour son caractère corrosif dont l’évaluation n’a pu être faite sur les 10 procédures réalisées pour cette étude. L’hydrolyse d’une solution de NaCl permet d’obtenir un désinfectant. Cette technologie a fait l’objet de différentes applications dont 2 consacrées à la désinfection en endoscopie. La première anglaise connue sous le nom de STERILOX, la seconde plus répandue en particulier au Japon développée par KAIGEN (CLEANTOP). Le désinfectant, obtenu par hydrolyse, agit grâce à son potentiel REDOX>900mv à pH<3 malgré une concentration très basse en chlore (environ 10ppm). Le Travail de Pereira-Filho qui compare l’efficacité de l’EAW à la glutaraldéhyde à 2 %, présente des carences (absence de validation de la méthode de prélèvement et de neutralisation du désinfectant, pas de filtration sur membrane de l’échantillon mais simple inoculation directe sur milieu Le CREGG à l’AGA AVENIR ? LA FMC A LA SAUCE AMERICAINE nutritif) qui rendent les résultats obtenus très discutables. Hélas parmi les posters présentés, il y a pire encore et l’on doit s’interroger sur les critères de sélection, la valeur scientifique doit passer loin derrière les considérations économiques. Un travail thaïlandais se propose de comparer l’efficacité antibactérienne de 2 procédures l’une utilisant un détergent enzymatique plus du glutaraldéhyde, l’autre de la Chlorhexidine plus glutaraldéhyde. La Chlorhexidine étant un antiseptique on est très surpris de la retrouver dans cette utilisation. Le seul travail correct est présenté par un confrère californien sur le contrôle microbiologique des endoscopes. Les contrôles d’environnement sont mis en œuvre aux USA qu’en cas de contamination d’un ou de plusieurs patients et ce dans le cadre de l’enquête épidémiologique. Aussi les données rapportées sont très intéressantes malgré là encore quelques faiblesses dans les méthodologies de prélèvement et de traitement des échantillons. Le pourcentage global d’endoscopes contaminés est de 27 % avec un chiffre de 43 % pour les coloscopes, 16 % pour les gastroscopes et plus inquiétant 20 % pour les duodénoscopes. L’auteur, après mesures FORMATION et EVALUATION. Une exigence : L a compétence en endoscopie. P.B.Cotton propose que les praticiens s’engagent à atteindre le niveau de compétence que leurs patients croient qu’ils ont effectivement. L’idée générale est que l’objectif devra être atteint pour l’ensemble de notre compétence en hépatogastroentérologie avant que d’autres n’imposent leurs critères. correctives afin d’améliorer les procédures Des moyens : de désinfection, constate lors des contrôles Une pédagogie au service de l’adulte. Les bases telles que détaillées par S.Rose, reposent sur la théorie de Knowles. L’apprentissage de l’adulte doit être autodirigé, basé sur la prise de décision et la responsabilité. De ce fait les étapes devront être : identification des besoins, instruction basée sur les futurs problèmes et leur solution, avec un apprentissage basé sur les faits réels. D’où en corollaire le développement du travail de groupe, les études de cas et le rôle de facilitateur de l’enseignant (Il faut cependant noter que ces méthodes développées au niveau de la Harvard Business school sont un peu critiquées dans les milieux du management. On peut dire aussi que nous les connaissons déjà bien.). ultérieurs des duodénoscopes une nette amélioration de la qualité microbiologique, la contamination n’est retrouvée que sur 8 % de ces endoscopes. Il faut encourager à l’avenir des auteurs français à présenter les résultats de leur étude et de leur expérience afin d’aider les endoscopistes d’outre atlantique à améliorer le «reprocessing» des endoscopes. Bernard MARCHETTI Membre de la Commission Endoscopie la lettre du CREGG 3 L’implication de l’AGA dans un processus de recertification offert à la profession (ABIM recertification course). Un accès à l’information amélioré par l’open access (T. Lamont). En fait la révolution internet reposant pour la publication médicale sur une conservation du copyright par l’auteur du texte autorisant ainsi une diffusion sur le net. De nouvelles méthodes d’évaluation des compétences. D’abord la prise en compte pour l’endoscopiste du facteur santé en commençant par les tests de coordination main-oeil. Ensuite une revue de l’activité, une revue des connaissances et plus original même si pas tout à fait récent une évaluation sur simulateur. CONCLUSION Une orientation nette de la réflexion vers la nécessité à venir d’une recertification, ceci pour répondre à la pression du public et aux pressions juridiques, la profession souhaitant avant tout garder la maîtrise des moyens. Jacques CORALLO Membre de la Commission Evaluation Le CREGG à l’AGA PROCTOLOGIE bien définis : fistule complexe, trajet long correctement drainé sans diverticule secondaire, avivement des parois avant la mise en place de la colle et l’encollage doit être délivré sur l’ensemble du trajet. L’équipe de Chicago met les malades au repos complet pendant 8 jours avec un régime sans résidu pour essayer d’éviter la fuite de la colle. Les indications a priori les plus intéressantes qui sont les fistules recto-vaginales et les fistules au cours des maladies de Crohn sont en fait celles qui sont génératrices des plus mauvais résultats. U n symposium organisé par la société américaine de chirurgie du tube digestif concernait les nouveautés dans la prise en charge des maladies anales. Stamos a fait une revue de la littérature sur l’hémorroïdopexie. Il a repris l’ensemble des études de la littérature soit 24 essais contrôlés depuis 2000 regroupant 1815 patients. Le design des essais est très hétérogène ce qui rend difficile les métaanalyses. Le suivi des patients est d’une manière générale plutôt court. En matière de résultat la constante est de confirmer le caractère moins douloureux de la chirurgie par pince automatique associé à un retour plus rapide au travail. En revanche cela confirme que si les résultats sont identiques à un an versus Fergusson dans une métaanalyse parue dans DCR en 2004 regroupant 17 centres, pour les prolapsus permanents la chirurgie par Longo donne de moins bon résultat que l’hémorroïdectomie pédiculaire avec des récidives précoces à un an. Le deuxième topic concerné était le traitement chimique de la fissure anale. Mac Lean a repris l’ensemble de la littérature aussi bien sur les dérivés nitrés que sur les calciums bloquants ainsi que l’analyse de la toxine botulique confirmant les chiffres bien établis à 50 % de cicatrisation environ avec l’ensemble de ces traitements alors que les études françaises aussi bien sur les dérivés nitrés que sur la toxine botulique n’ont pas mis en évidence de différence significative par rapport au placebo. Les calciums bloquants sont mieux tolérés administrés par voie locale que par voie générale. Les dérivés nitrés sont générateurs de céphalées souvent génératrices d’arrêt du traitement. La toxine botulique peut être répétée. Il n’y a pas eu de nouvelle présentation à propos des gomiotoxines qui avaient été présentées à l’AGA 2004 avec des chiffres qui étaient tout à fait impressionnants. Les études avec le gel de L-Arginine restent préliminaires. Lors de la discussion du panel les différents intervenants ont confirmé qu’ils pratiquaient tous une tentative de traitement médical avant de recourir à un traitement chirurgical généralement par sphinctérotomie latérale interne avec une escalade thérapeutique qui débute par des dérivés nitrés ou un calcium bloquant suivi d’une injection de toxine botulique et de chirurgie en cas d’échec. Le troisième topic concernait l’utilisation de la colle dans le management des fistules. Le premier résultat est en fait une efficacité comparable des colles autologues versus les colles synthétiques avec dans les études ouvertes hors maladie de Crohn des taux de succès d’environ 60 % sur des suivis moyens de 12 mois. Il faut savoir que la récidive peut survenir tardivement par rapport à l’utilisation de la colle jusqu’à un an. Les critères d’utilisation de la colle sont assez la lettre du CREGG 4 Le dernier topic de la session concernait la prise en charge des fistules complexes dans le cadre des maladies de Crohn. Le protocole de cette prise en charge est bien établi avec drainage premier associé à une antibiothérapie et au drainage de tous les abcès et diverticules secondaires. L’utilisation précoce en cas de fistule haute d’un traitement par Remicade avec trois injections, le Séton étant retiré après la deuxième et troisième injection s’il semble y avoir une efficacité clinique. L’utilisation de Remicade localement à des doses entre 16 et 20 mg ne semble pas apporter d’amélioration par rapport au traitement par voie générale. En cas d’échec du traitement, on peut proposer un recours à un Séton perdu laissé en place, éventuellement l’utilisation de colle lorsque l’aspect de la fistule s’y prête avant de réaliser un lambeau rectal d’avancement dont le succès est entièrement dépendant de l’état du rectum, (71 % dans les fistules sans atteinte rectale associée versus 29 % en cas d’atteinte rectale associée). La discussion a conforté pour tous la difficulté de prise en charge de ces lésions de Crohn en réinsistant sur la nécessité d’un traitement conservateur car les fistulotomies intempestives ou les échecs de lambeau muqueux exposent à un risque de protectomie secondaire tout à fait majeur. Philippe GUYOT Membre de la Commission Proctologie Le CREGG à l’AGA INCONTINENCE FÉCALE LEARNING CENTER Manométrie ano-rectale (MAR) et Endosonographie anale (ESA) : peut-on ne retenir qu’un seul examen ? ’ancien “Video Corner” (Espace d’Enseignement Electronique aux journées francophones) a été rebaptisé «Learning Center», car la consultation des vidéo films ne représente plus la seule activité d’enseignement, s’y ajoute maintenant un espace d’enseignement interactif (ASGE Satellite Interactive Training et Technology Center) associant démonstrations de matériel, entraînement sur organes animaux, etc., dont l’importance s’accroît d’année en année. La place des examens complémentaires dans l’exploration d’une incontinence fécale reste un problème difficile. Dans une étude rétrospective, LeBlanc et al. ont repris les résultats d’explorations effectuées chez 56 patients souffrant d’incontinence fécale. La corrélation entre rupture sphinctérienne et chute des pressions en manométrie est bonne. En revanche, l’étude de l’épaisseur des sphincters, du siège et de l’étendue des ruptures donne de moins bons résultats, ce qui conduit les auteurs à retenir les 2 examens (MAR et ESA) dans l’exploration d’une incontinence fécale. Traitement : à l’ouest rien de nouveau ? Après échec des traitements médicaux, le biofeedback est une option thérapeutique souvent retenue dans la prise en charge de l’incontinence fécale. Benes et al. ont étudié les bienfaits d’un biofeedback simplifié (6 séances à 1 semaine + auto-entretien). Les bons résultats manométriques et sur la qualité de vie (80% des patients améliorés) en font une option thérapeutique à retenir. Après l’UEGW 2004 où nous avions pu vanter les mérites de la neuromodulation, l’AGA 2005 enfonce le clou avec l’étude française de Mion et al. . A court et à moyen terme, 6 patients sur 10 en ont retiré un bénéfice. Il semble, en revanche, qu’une rupture sphinctérienne en ESA soit un facteur de mauvaise réponse au traitement. Enfin, dans la rubrique pharmacologie, Nisar et al. ont montré les bienfaits des alpha stimulants (gel de methoxamine) avec des effets secondaires qui semblent très limités. Affaire à suivre … Franck DEVULDER Président de la Commission Proctologie L Learning center stations Les postes de ce centre comportent 39 vidéo films (endoscopie haute, coloscopie, cathétérisme rétrograde et écho endoscopie) et 9 programmes interactifs sur CD roms dont un superbe Atlas d’endoscopie haute et basse, réalisé par Julio A. Mura-Saca du Salvador (2005 ASGE Audio Visual Award Runner-Up ). 14 vidéo films sont consacrés à l’endoscopie haute dont l’Audio Visual Award Winner 2005 – Diagnosis and Treatment of Early Gastric Cancer, Hisanao Hamanaka. Cela témoigne de l’importance, dans le nombre et la qualité, de la participation japonaise. A noter la présence d’un film d’origine française – Recent Methods of Endoscopic Diagnosis of Barret’s Esophagus, Jean-François Rey et al. – faisant partie de l’Encyclopédie Européenne d’Endoscopie Digestive. L’endoscopie basse fait l’objet de 11 films, dont le magnifique – Contrast Chromoscopy and Magnifying Colonoscopy for Colonic Lesions, Hideki Mitooka. Le chapitre CPRE comporte également un film européen - très classique –Endoscopic Management of Chronic Pancreatitis, Michael Cremer et al. Par contre, le reste de la présentation dans ce domaine était relativement décevante, les explications poussives, les images parfois indignes d’un congrés international. 4 films sur l’écho endoscopie sont présentés mais l’on regrette l’absence de gestes thérapeutiques, les films d’écho endoscopie radiale ou linéaire étant essentiellement consacrés au diagnostic. la lettre du CREGG 5 Enfin, 9 postes informatiques (CD roms) complètent ce fort impressionnant plateau technique. Mais comme en France, ce secteur est relativement peu fréquenté, ce médium à lecture personnelle se prête mal à l’assistance des congrès car il est peu convivial et convient surtout au travail personnel. En conclusion, le Learning Center Chicago 2005 fut un cru de bonne qualité, sans être exceptionnel. Les productions anglo saxonnes certes didactiques, pèchent par la qualité souvent médiocre des images et l’absence de renouvellement. Incontestablement le dynamisme provient des productions japonaises et européennes ! ASGE Satellite Interactive Training and Technology Center Cette partie de l’espace d’enseignement électronique a connu un important développement cette année et cela continuera. C’est une astucieuse association de différentes techniques d’enseignement multimedia (de la simple utilisation d’organe animal à la réalisation sur régie vidéo numérique) à la démonstration de techniques nouvelles de matériel endoscopiques ou autres. L’on peut ainsi assister à des démonstrations de vidéo capsule, de pose de prothèses, de technique de mucosectomie, parfaire ses connaissances dans l’utilisation de coagulateurs, monter un film d’enseignement, etc. C’est évidemment une occasion unique pour les industriels de présenter sous le couvert d’un expert démonstrateur, la plupart du temps leurs dernières productions. A signaler, l’initiative judicieuse de Pentax d’installer un atelier destiné à la capture et au stockage de l’image fixe et animée, technique à laquelle les gastroentérologues sont souvent peu habitués mais qui risque de devenir indispensable, voire obligatoire, étant donné la nécessité de fourniture de documents à des fins médico légales., sans compter l’intérêt des documents d’imagerie de bonne qualité dans la formation initiale ou continue. Jean Stéphane DELMOTTE Membre de la Commission Endoscopie TRAITEMENT ENDOSCOPIQUE DU REFLUX GASTRO-OESOPHAGIEN de dégradation des prothèses à 36 mois chez les animaux sacrifiés. c) le Stretta : la diminution significative (p<0,05) de la distensibilité de la jonction oeso-gastrique explique les bons résultats symptomatiques du Stretta, malgré l’absence de modification d’exposition acide. d) L’ Endocinch : l’étude LEHMAN (# 327). La comparaison des résultats symptomatiques de la suture et du Stretta sont équivalent dans les deux groupes de patients traités par chacune des deux techniques 3°) les complications Résultat à long terme ... Trop tôt pour juger ! Objectif : Obtenir un arrêt ou une diminution d’au moins 50 % de la consommation d’IPP chez les patients IPP dépendants depuis au moins 3 mois, en excluant l’oesophage de Barrett et les hernies hiatales supérieures à 5 cm. 1°) Mécanisme d’action a) Entéryx : L’injection intra-musculaire augmente la longueur du SIO et pourtant ne procure pas de modification ni de la manométrie ni de la pH métrie. b) Le système Gatekeeper : l’implantation de polymères modifie la pression du SIO, avec une augmentation significative de celle-ci et semble réduire l’exposition acide de l’oesophage. c) Le Stretta : (électro-coagulation cardiale) diminue les relaxations transitoires ainsi que la sensibilité acide de l’oesophage et diminue la distensibilité de la jonction oeso-gastrique, en modifiant le contrôle neuro-musculaire, expliquant vraisemblablement l’amélioration symptomatique. d) Les Sutures : (endocinch et plicator) tentent à reproduire le montage chirurgical. Elles surviennent généralement dans les 3 premiers mois et à 95 % dans les 7 premiers jours ! la plus fréquente est l’odynophagie et la dysphagie transitoire. 2°) Les résultats a) Dans une étude avec un bras fantôme par rapport aux patients traités par entéryx Jacques DEVIERE (# 324) rapporte les résultats à 12 mois chez 64 patients (32+32) avec 85 % des patients ayant interrompu ou diminué la prise d’IPP, avec disparition et diminution des risques des signes fonctionnels, malgré l’aggravation de certaines oesophagites chez les patients asymptomatiques ! A 36 mois, 65 % des patients ont diminué de 50 % la prise d’IPP, avec un niveau de signes fonctionnels équivalent à celui recueilli sous IPP, tandis que 48 % ont interrompu une prise quotidienne. b) Le Gatekeeper (Fockens) permet à 24 mois une réduction des prises des IPP supérieure à 60 % et une prise de poids des patients, témoignant une amélioration symptomatique et d’un élargissement du régime ! L’étude expérimentale chez le porc CLUBB (# 325) permet d’affirmer l’innocuité des prothèses sur le plan histologique. Les micro-particules restent localisées dans la capsule, dont les parois s’épaississent en péri-capsulaire. Ceci explique l’absence la lettre du CREGG 6 Les perforations restent rares, même si on en recense 5 pour le stretta et 6 pour le plicator, tout au début de l’expérience. 3 décès sous stretta et 3 décès sous entéryx restent cependant à déplorer ... CONCLUSION : La synthèse de ce forum de Gary FALK conclue à une efficacité certaine à 3 ans, avec une bonne tolérance des dispositifs. Cependant, beaucoup d’incertitude subsiste quant aux mécanismes d’action des différentes techniques et on peut regretter l’absence d’étude comparative avec les techniques chirurgicales. Les accidents sont surtout liés à la courbe d’apprentissage de l’opérateur. Ceci tente à prouver que ces techniques ne puissent pas encore prétendre à une application clinique de routine… Philippe HOUCKE Membre de la Commission Endoscopie Le CREGG à l’AGA LA VIDÉO CAPSULE ENDOSCOPIQUE L ’augmentation régulière du nombre de publications et de la taille du stand de GIVEN IMAGING témoignent du développement de la vidéo capsule endoscopique (VCE) à travers le monde. Dans le Postgraduate Course tout d’abord David R. Cave a fait le point, se basant sur les réunions de Consensus de Miami, sur les avantages et les limites de la VCE avec des algorithmes décisionnels en cas de saignements digestifs. Il a insisté sur les situations qui sans constituer des contre indications nécessite la prudence. Ce sont les patients présentant une maladie de Crohn (MC), des antécédents de chirurgie du grêle ou d’irradiation et une prise au long cours d’AINS, plus rarement, une achalasie, une gastroparésie, un diverticule de Zencker, un diverticule du grêle sont des contre indications relatives. Plus personne ne discute de l’intérêt de la VCE après un premier bilan négatif dans les saignements digestifs occultes ou non. La seule question est : à quand le remboursement enfin ? Une question essentielle est celle de l’impact de la VCE au niveau thérapeutique et sur l’évolution des patients. Plusieurs travaux ont montré un impact dans plus de la moitié des cas mais avec une grande hétérogénéité selon l’indication et avec COLORATIONS VITALES ET ENDOSCOPIE des pourcentages au-delà de 50 % en cas de saignements mais de 0 à 6 % en cas de VCE effectuées pour douleurs abdominales chroniques qui semblent donc une mauvaise indication. L’impact thérapeutique pourrait se situer à un niveau intermédiaire autour de 30 % en cas de MC avec de grandes variabilités selon la situation clinique. A l’extrême une présentation a reporté l’opinion d’un groupe de 68 experts Nord Américains sur la MC qui, dans un nombre de situations cliniques données, ont mis en doute tout intérêt de la VCE. Aucun de ces experts n’était toutefois utilisateur de la technique. Plus intéressant est le travail de la MAYO CLINIC qui a comparé dans une étude prospective, en aveugle et sur 42 patients l’intérêt du transit du grêle, de l’iléo coloscopie, de l’entéro scan et de la VCE. La VCE et l’entero scan avaient la meilleure sensibilité avec respectivement une vision prédominante de la muqueuse et de l’extension transmurale. J e n’ai noté aucune communication orale ni aucun poster sur les colorations vitales habituelles versus l’absence de coloration. Soit parce qu’elles sont considérées comme acquises et utilisées en routine (ce dont je doute mais sans preuve) soit leur intérêt est dépassé au profit d’autres méthodes faisant intervenir en plus les endoscopes de haute résolution et les zoom, sans parler des méthodes en cours d’évaluation comme la microscopie confocale en fluorescence. Au niveau oesophagien et plus précisément sur l’œsophage de Barrett une étude contrôlée multicentrique correcte chez 56 patients (Abstract S1768) démontre que l’utilisation d’endoscopes grossissant et l’indigo carmin à 0.4/0.8% permet de diriger les biopsies efficacement et évite les biopsies multiples étagées dans la recherche de la dysplasie sévère. Un autre étude (abstract S1762) signale que l’utilisation du zoom est suffisante pour détecter les irrégularités muqueuse suspectes à biopsier et que ni l’indigo carmin ni la NBI (narrow band imaging) associées dans un deuxième temps n’améliorent la performance du zoom seul. N. Krauss et R. de Franchis ont rapporté les résultats de 2 études multicentriques européennes sur la maladie coeliaque dont les résultats préliminaires avaient déjà été présentés à Miami. Il existe une bonne corrélation entre VCE et histologie. R. de Franchis conclut même que les excellentes sensibilité (94,4 %) et spécificité (85,7 %) pourraient même dans certains cas nous amener à terme à nous passer d’histologie. Pour la pratique la VCE apparaît d’emblée utile sur le plan diagnostic en cas de dissociation entre les marqueurs sérologiques et l’histologie et en cas de suspicion de complications (non répondeurs au régime, suspicion de lymphome…). Au niveau gastrique , et chez les gastrectomisés, l’utilisation du bleu de méthylène (dilution non indiquée) permet de mieux diriger les biopsies sur les zones de métaplasie intestinale et de dysplasie associée éventuelle et qui représentent un risque de dégénérescence (S 1764). Patrick LEVY Jean CASSIGNEUL Président du CREGG la lettre du CREGG 7 Au niveau colique, l’équipe française de JP Galmiche (M Le Rhun) a présenté un poster (S1753) où sont comparées la coloscopie classique (100 patients) à la coloscopie de haute résolution + coloration colique avec indigo carmin à 0.4% (103 patients), 36 patients ayant accepté les 2 procédures simultanées. La coloration et la haute résolution améliorent le diagnostic en terme de nombre de polype découvert (presque significatif), et en particulier pour les polypes hyperplasiques, mais n’améliorent pas le diagnostic des adénomes. Cette méthode n’est pas recommandée en routine car elle augmente notablement la durée de la coloscopie. La même équipe travaille sur la microscopie confocale en fluorescence (S1754) et ex vivo, cette méthode différencie bien le tissus néoplasique bénin et malin. A suivre… Bref pas de grande révolution mais n’oubliez pas le Lugol dans les œsophages à risques Membre du CREGG Le CREGG à l’AGA EVALUATION DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES AUX USA 1°) Constat : 3°) D’où la notion de Compétence La Qualité des Pratiques en Gastro-entérologie (Quality in GI Practice : Response to a National Mandate Sp 329) faisait la pléniére du premier matin du congrès avec une déclaration d’intention de la «Task Force» de l’A.G.A. ( BROTMAN M. : AGA Quality Task Force Report Sp 332). On observait également un symposium de recertification animé par l’A.B.I.M. (American Board of Internal Medicine) agissant en partenariat avec l’A.G.A. (METZ D.C & DELEGGE M.H. : ABIM Recertification made easy Sp 483 à 486). Enfin notons le troisième événement : Une session spéciale de l’A.S.G.E. conduite par Peter COTTON et consacrée à la notion de compétence en Endoscopie. discutée par FAIGEL D. Sp718 : La compétence serait le niveau minimal de connaissance, d’habileté dans les pratiques et d’expertise. A ceci s’ajoute la capacité éthique d’accomplir les procédures. Mais comment savoir si le gastro-entérologue est compétent ? La Certification, ou recertification, implique un contrôle des connaissances, une évaluation du savoir faire selon des techniques analogues à STEP (méthode développée en France par l’AFORSPE) et par l’observation sur 24 heures de l’habileté technique. Nous sommes donc au delà de ce qui s’ébauche en France avec notre EPP appuyée sur quelques référentiels). Des principes aux réalités, il y a cependant un certain nombre de grands pas : Il est demandé aux USA de se recertifier si la certification date de 1989 ou avant, donc après plus de quinze ans de pratique ce qui est long et au delà des dix anx affichés. Pour des raisons pratiques, l’A.G.A. s’oriente vers une pluralité de solutions : partenariat avec l’A.B.I.M. ou la D.D.S.E.P. (Digestive Disease Self Evaluation of Pratiques). La soumission aux régles semblent varier selon la nature des pratiques (hôpital, ambulatoire.). Enfin l’évaluation de l’habileté peut se faire par la surveillance sur site par un expert ou avec l’aide de simulateurs (Virtal Reality, Live Pig Models, Ex-Vivo Models, etc..). Si le marché de ce type de produit peut être financièrement important, l’évaluation de leur pertinence reste à venir et quelques notes discordantes sont perceptibles : Effets négatifs de leur usage en coloscopie selon SEDLACK R.E. S1122, Expertise des adolescent abreuvés de Videogames analogue à celle des Experts en CPRE selon GANESANA N/M. & al. S1075. 2°) Pourquoi un tel remue ménage (remue méninges..) ? COTTON P.B. (Sp 717) répond que : 1. D’une part, le consumérisme veut que l’usager soit clairement informé de la valeur du professionnel auquel il a affaire. 2. D’autre part, les organismes payeurs s’orientent vers une un paiement à la performance qui n’est pas sans rappeler la notion de la HAS du «service rendu». 3. Et qu’enfin l’évolution de la société fait apparaître d’autres «drivers» poussant résolument la pratique vers la qualité : a. Le coût des pratiques (ex : Ne pas savoir retirer un polype implique une nouvelle coloscopie et pose le problème de la justification du coût de la première effectuée), b. Les litiges en augmentation de fréquence et de coût (les experts commis demandent les preuves de compétences et ne se satisfont pas d’une lettre de complaisance qui d’ailleurs entraine celui qui l’a rédigé dans le procès. BROTMAN M. Sp332 rappelle les 44000 à 98000 morts/an aux USA dues aux erreurs médicales et mauvaises pratiques), c. L’éducation par les Médias (ce qui conduit l’Usager a demander le pedigree de son médecin dont la formation et les actions doivent être tracés sur une «Report Card». 4°) Conclusion : Tout ceci pour dire que Certifications et Recertifications sont onéreuses, discutables et compliquées mais il est de plus en plus clair qu’il vaut mieux gagner ses points de validation que de surpayer son assureur pour les conséquences légales de ses défauts de pratique. IMPACT DE LA PRESSE MÉDICALE AUX USA M algré les progrès incontestables d’Internet, la presse papier occupe encore une place prépondérante aux USA. La presse médicale n’échappe pas à cette règle. • Les livres abondent. Chaque thème donne souvent lieu à plus d’une dizaine de signatures. • Les revues scientifiques sont souvent complétées par des revues à prétention journalistique limitées à l’essentiel de l’information utile à connaître. Les scientifiques qui publient dans des revues à notoriété affirmée ont l’obligation de décliner leur appartenance d’intérêt, ou non, à l’industrie pharmaceutique. Enfin, nous ne saurions trop insister sur l’existence d’une presse destinée aux malades. Celle-ci peut provenir : 1. des sociétés savantes qui diffusent des notions élémentaires des principales maladies et de l’attitude qu’ils peuvent attendre de la part de leur médecin. 2. d’éditeurs indépendants 3. ou même, et surtout, des nombreuses associations de malades qui occupent pratiquement le terrain de toutes les affections individualisées : cancers coliques, polypes, maladie cœliaque, T.F.I., Crohn, hépatite C, obésité, addictifs, etc., etc. Ces associations, outre le fait de produire une presse ciblée, favorisent une collecte de fonds destinés à la recherche de l’affection intéressée. Cette presse médicale américaine omniprésente est-elle transposable en France ? Les mentalités et surtout la législation sont, à tel point, différentes que nous ne pensons pas une transposition directe et similaire possible dans l’état actuel de notre culture européenne. Il sera intéressant, dans l’avenir, de continuer à analyser l’évolution, et surtout essayer de mesurer l’impact de cette profusion de presse médicale écrite sur la conduite du corps médical et la prise en charge des patients ainsi informés. Jean LAURENT Fernand VICARI Membre de la Commission Evaluation Membre Honoraire du CA du CREGG la lettre du CREGG 8 Le CREGGà l’AGA ULCERES GASTRIQUES ET DUODENAUX : QUE RESTE-T-IL ? L es études épidémiologiques des dernières années (2002-2004-2005) ont surtout mis en évidence, en rétrospective sur les années 90, une décroissance de l’incidence des ulcères. Gordon, (UK) et collaborateurs reprennent l’évolution des hospitalisations et de la mortalité par UGD en Ecosse : globalement les admissions et la mortalité baissent de plus en plus de 10 % sauf pour la population de plus de 75 ans et consommatrice d’Aspirine à faibles doses et d’anti-coagulants. A l’AGA, les publications sur les UGD se sont donc raréfiées et cette année, il fallait remarquer surtout : - des précisions de Recherche Fondamentale et d’Epidémiologie sur Hélicobacter Pylori ; - des précisions (encore et toujours) sur les effets secondaires des AINS. - un attrait vers la dyspepsie (cousine des UGD ?). Dès le post graduate du Loren A. LAINE (Los Angeles USA) a tenté de préciser : Une «inconnue physiopathologique» : les UGD non HP+, non induits par les AINS, sans maladie de l’acide et non révélateurs ni de maladie de CROHN, ni de cancer ; leur fréquence serait plus importante aux USA qu’en Europe (jusqu’à 20 % contre 3 %) et plus la maladie ulcéreuse devient rare, plus il y a en proportion d’ulcères HP -non induits par les AINS. Mais même les recherches bactériologiques sont parfois en défaut sur les prélèvements biopsiques (Kink K. Lin ; Hong Kong) et, surtout, le CLO. TEST est parfois faussement négatif jusqu’à plus de 40 % des cas (Xiang V.Meng). Les ulcères qui se compliquent (hémorragie, perforation) auraient une moindre contamination par HP ; mais la contamination mycosique serait le facteur favorisant de la complication perforative (Tetsuya Nakamura ; Japon). Beaucoup de spécialités pharmaceutiques contiennent des AINS sans l’avouer et l’interrogatoire doit être policier … à moins que l’on envisage des dosages plasmatiques. Les Données épidémiologiques et leurs conséquences (Brin Xia ; Taiwan) : la prévalence de la maladie ulcéreuse en 1998 était de 2,5 % aux USA avec une mortalité de moins de 0,2 %. Le coût direct est de 3,1 Mds de dollars (pour 2/3 en hospitalisation) et avec une augmentation de 30 % en 10 ans : cela représente la 4e cause de dépenses en matière de pathologie digestive après le RGO, la lithiase biliaire et le cancer colo-rectal. Pourtant, le nombre des complications et des hospitalisations a décru (139 597 en 2001 contre 166 725 en 1998). Les hémorragies sont plus rares et de moindre abondance ; la mortalité a chuté. 4) ne pas sous estimer le risque de cancer. Il faut réaliser 250 gastroscopies pour trouver un K gastrique. Cela coûte 125 000 dollars pour faire un diagnostic, 250 000 dollars pour assurer la guérison mais le coût d’une année de vie sauvée n’est que de 5 000 dollars. Il faut savoir répéter les biopsies. Le profil des ulcéreux qui se compliquent est le même que celui de l’athérosclérose (Koji Yakata ; Japon) ; l’athérosclérose seraitelle un cofacteur de l’ulcérogénèse associée électivement à la prise d’AINS ? Par contre, l’obésité n’y participe pas (Pedri Ano). Les progrès de l’éradication d’HP passent sans doute par une meilleure utilisation de l’antibiothérapie (avec recours aux quinolones) et de surcroît la cicatrisation dépend de l’état antérieur sans atrophie de la muqueuse gastrique (Z. Nurgaleva). Quid enfin de la ghreline ? peptide intra-muqueux qui joue un rôle paradoxal dans l’ulcérogénèse et dans la cicatrisation. Quid de la mise à disposition de marqueurs sériques prédisant ou non l’atrophie gastrique associée ? AU TOTAL : L’utilisation des IPP (oméprazole) réduit même au stade d’hémorragie et le taux de transfusion (1.9 culot contre 2.2) et le recours à la chirurgie (1 sur 4) et la récidive même à moyen terme (James Y-LAV). Les 4 risques essentiels de la PRATIQUE vis-à-vis des UGD : 1) avoir méconnu la cause (cf supra) ; 2) ne pas avoir à l’esprit les imperfections techniques ; 3) ne pas avoir évoqué le Zollinger Ellison ; son incidence reste faible (0.5 à 3 cas/millions H/an). Le tableau clinique s’est modifié et on doit seulement le rechercher s’il y a de UD réfractaires et multiples, s’il existe une diarrhée et/ou l’émergence d’une endocrinopathie. la lettre du CREGG 9 Quand l’incidence des ulcères décroît, traduisant l’efficacité de la diffusion des IPP, des antibiothérapies, les complications sont plus rares, mais le taux d’UGD HP – AINS – est en proportion plus élevé. Les ulcéreux qui se compliquent cumulent causes et tares viscérales dont l’athérosclérose. Rechercher le ZE n’est pas toujours coût efficace (rechercher le K gastrique est envisageable si l’on juge sur le coût d’une année de vie gagnée). Jean-Luc FRIGUET Membre de la Commission Pratiques Professionnelles Le CREGG à l’AGA TFI dant, que ce médicament avait provoqué des cas de colites ischémiques dans les premiers essais. § Notons, par ailleurs, que les Américains insistent toujours sur les T.F.I. post infectieuses et laissent une place assez importante à l’antibiothérapie. D epuis l’an dernier, en particulier dans le domaine thérapeutique, peu de progrès ont été faits. § Cependant, la prise en charge de ces troubles liés aux T.F.I. fait encore appel à nos vieilles habitudes : § Des nouveaux médicaments toujours à l’étude : - Tout d’abord, une hygiène de vie (à la fois dans notre diététique et nos comportements) est à prendre en compte avant toute médication ; 1. Le tégasérode (Novartis) : réservé aux femmes constipées, pour Patrick DL et coll., améliore la qualité de vie. - Antispasmodiques, antidiarrhéiques, laxatifs, adsorbants, antidépresseurs ont, plus que jamais, leur place ; 2. L’alosetron (GSK) : réservé à la femme diarrhéique, est toujours d’indication très limitée avec consentement écrit du malade et prescriptions médicales. - Les probiotiques donnent lieu à des publications de plus en plus nombreuses mais leur efficacité est difficile à prouver ; 3. Le cilansetron (Solvay) : pour James S. Novick et coll., il apporte également une amélioration de qualité de vie dans tous les domaines. N’oublions pas, cepen- - L’hypnose entre les mains de rares spécialistes peut s’avérer utile. Enfin, un certain nombre des médications quotidiennement utilisées dans les T.F.I. voient leur efficacité mise en doute et, par la lettre du CREGG 10 conséquent, leur taux de remboursement discuté par les pouvoirs publics. Nous ne saurions trop insister sur la nécessité de mettre en œuvre des études scientifiques afin de juger objectivement de la valeur d’une telle prise de position. L’exemple récent des travaux menés par P. Ducrotté de Rouen à propos de l’efficacité de la montmorillonite beidellitique (BEDELIX®) en est un exemple. Même si l’efficacité, selon les critères scientifiques pour ces médicaments classiques, est objectivement limitée, l’effet placebo ne doit, en aucun cas, être considéré comme un effet nul mais contributif à l’amélioration des symptômes et de la qualité de vie de cette affection à composante psychosomatique forte, sinon par quoi pourrait-on les remplacer ? Pierre COULOM Membre de la Commission Pratiques Professionnelles Fernand VICARI Membre Honoraire du CA du CREGG Le CREGG à l’AGA L’OBÉSITÉ : UN PROBLÈME QUI NOUS CONCERNE 23 millions d’américains US obèses (BMI > 35), dont 8 millions atteints d’obésité morbide (BMI > 40)… I l s’agit d’un problème de santé publique et dès 1998 des recommandations ont été formulées par le National Health Institute. L’AGA 2005 à Chicago a été l’occasion de faire le point des approches médicales et chirurgicales de l’obésité et de la surcharge pondérale avec co-morbidités. Sur le plan médical, trois stratégies ont été étudiées (Kushner R.). L’approche comportementale combine le respect d’une diététique hypocalorique, une augmentation de l’exercice physique et une thérapie comportementale. Cette première stratégie a une efficacité démontrée (niveau de preuve A), avec comme résultat une perte de poids de 8 à 10 % à un an, mais les résultats se détériorent un peu avec le temps, et surtout il y a peu d’études à long terme. Une méta analyse avait été présentée en 2001 (Anderson et al BMJ 2001) qui montrait en moyenne le maintien d’une perte de poids de 2 à 6 % sur une durée de quatre ans. La deuxième stratégie repose sur une diététique à très basse calorie. Si la réponse initiale est plus rapide, les résultats à long terme sont décevants et ne font pas mieux que la première, avec en outre un risque de malnutrition. Enfin la prescription d’un traitement repose sur deux molécules : la Sibutramine et l’Orlistat. Là encore les différentes études rapportées montrent des résultats très modestes à un an. La stratégie médicale pure est donc décevante que pour les grandes obésités. En revanche elle reste indispensable pour la prise en charge des co-morbidités (diabète, HTA, dyslipémies, apnée du sommeil, hépatopathies de surcharge par exemple). En ce qui concerne la chirurgie bariatrique, Bruce Wolf a présenté une série de gastroplastie par anneau modulable, avec de bons résultats à court terme ; il retrouve les complications classiques : hernie et distension du réservoir gastrique, bascule ou luxation de l’anneau qui le plus souvent, nécessite l’ablation du dispositif ; assez fréquente mais plus bénigne, la bascule du réservoir placé sous la peau. Il n’y a pas de résultat à long terme et on sait dans les séries européennes que le résultat se dégrade avec le temps. La présentation de Portes W. de Greenville était plus intéressante, avec une importante série de By-pass (122 malades suivis à 12 ans) avec une technique originale : confection d’un petit réservoir gastrique au-dessus d’un anneau de calibrage et gastroentéro-anastomose d’une anse jéjunale en Y sur ce réservoir avec anastomose duodéno-jéjunale au pied de l’anse sans exclusion du duodénum, donc avec une anse assez courte, sans switch duodénal. Il a une mortalité opératoire réduite de moitié par rapport aux séries habituelles ( 0,5 %) ; de très bons résultats la lettre du CREGG 11 qui se maintiennent à 12 ans en insistant sur la nécessité d’une surveillance pour éviter les dérives alimentaires fréquentes, sources de troubles métaboliques voire de malnutrition. A signaler également le poster d’une équipe Italienne de Naples ( T.Bruni & col) portant sur 2775 patients avec un BMI > à 43,2 (+/- 7,9) chez lesquels ils mettent un ballon gastrique Bioentérics + régime à 1000cal/J , laissé en place 6 mois ; il y a 4 perforations (0,14 %), et 5 obstructions gastriques ; bons résultats à l’issue de l’ablation du ballon : 53 % ont des co-morbidités qui régressent chez 44,9 % d’entre eux, un pourcentage de perte de poids de 33,6 % (+/- 18,7), mais des résultats qui ne se maintiennent pas , aussi ils conseillent de faire pratiquer une chirurgie ( By-pass ) dans les semaines qui suivent l’ablation du ballon. Bruno RICHARD-MOLARD Membre de la Commission Hépatologie Alain VERDIER Membre de la Commission Proctologie Le CREGG à l’AGA LES MICI, LA RCH SURTOUT, L’INFLIXIMAB ENCORE ! L e dépistage de la dysplasie au cours de la RCH reste un problème essentiel dans la prise en charge. Des nombreuses publications sur ce point, nous avons retenu celles qui nous ont paru les plus novatrices. R Kiesslich (Mayence) a montré que grâce à l’utilisation d’un laser microscope confocal miniaturisé inclus dans un endoscope, l’endomicroscopie (ou coloscopie confocale par laser) deviendra, dans les années à venir, un outil indispensable dans le dépistage de la dysplasie. Dans une étude prospective portant sur 153 RCH en rémission, il a comparé l’efficacité de la chromoendoscopie avec endomicroscopie à la chromoendoscopie classique pour détecter les dysplasies. L’endomicroscopie permet de déceler les anomalies des structures cellulaires, vasculaires et du tissu conjonctif. La comparaison des images avec les biopsies réalisées montre une sensibilité de 94,7 %, une spécificité de 98,3 % et une précision de 97,8 % permettant de faciliter la surveillance des RCH, de limiter les biopsies aux zones suspectes. On est surpris qu’avec cette technique, la durée d’examen ne soit, en moyenne, que de 42 minutes !!! Jusqu’à présent, le bénéfice des biotechnologies dans la RCH semblait limité. Plusieurs publications montrent des progrès tangibles. PB Miner et al (Oklahoma City) et SJ van Deventer (Amsterdam) ont rapporté 2 essais multicentriques révélant l’intérêt de l’alicaforsen chez 271 RCH. Cet inhibiteur de l’ICAM-1, utilisé quotidiennement en lavement pendant 6 semaines dans les RCH gauches en poussée, permet d’obtenir un taux de rémission clinique plus élevé et plus durable que la mésalazine en lavement à la dose quotidienne de 4g. Sans conteste, le fait marquant de cette AGA en ce qui concerne les MICI a été la publication des 2 essais randomisés, en double aveugle, réalisés pour évaluer l’efficacité de l’infliximab (IFX) dans le traitement de la RCH modérée à sévère. L’essai ACT 1, coordonné par P Rutgeerts (Louvain), a inclus 364 patients ayant résisté aux corticoïdes et aux immunosuppresseurs. L’essai ACT 2, coordonné par W. Sandborn (Rochester), a inclus le même nombre et le même type de patients mais certains n’avaient résisté qu’à un traitement par 5-ASA. Les patients ont reçu soit un placebo, soit de l’IFX à la dose de 5 ou 10 mg/kg à l’inclusion (S0), à S2, S6 puis toutes les 8 semaines. Les résultats de ces 2 essais sont comparables montrant que l’IFX, quelle que soit la dose utilisée, permet l’obtention d’une réponse et/ou une rémission clinique, d’une cicatrisation muqueuse et la possibilité de réduire la corticothérapie. Ces résultats apparaissent dès S8 et se maintiennent à S30. Reste à connaître l’évolution ultérieure avec et sans la poursuite des injections…. Dans la séance des late-breaking abstracts, un essai contrôlé et randomisé belge et néerlandais portant sur 130 patients porteurs de maladie de Crohn (MC) a com- la lettre du CREGG 12 paré les techniques du «top-down » et du «step-up ». Les patients ayant bénéficié du «top-down » recevaient 3 perfusions d’IFX à S0, S2 et S6 et de l’azathioprine (AZA) à la dose de 2,5 mg/kg/j, tandis que ceux du groupe «step-up » recevaient de la prednisolone (CS) à la dose de 40 mg/j jusqu’à l’obtention de la rémission ; de l’AZA était ajouté en cas de rechute après 2 cures de CS ou en cas de cortocorésitance. Dans le groupe «step-up », 64 % sont en rémission à 12 mois mais 18,8 % sont corticodépendants tandis que 77 % des MC qui ont bénéficié de la technique du «top-down » sont en rémission à 12 mois sans CS. Ainsi les auteurs suggèrent que les CS ne sont pas nécessaires pour mettre en rémission les MC modérées à sévères. Par ailleurs, aucune fistule n’est apparue dans le groupe «top-down » contre 2 dans le groupe «step-up ». On peut simplement regretter que le traitement initial du groupe «step-up » n’ait pas comporté une association CS-AZA. Gilbert TUCAT Membre de la Commission MICI Le CREGG à l’AGA ECHOENDOSCOPIE BILIOPANCRÉATIQUE immédiate (bleu de toluidine, Diff-Quick) on montré que les échoendoscopistes pouvaient, après une courte formation, apprécier la cellularité de leur prélèvement avec pour objectif d’améliorer le ratio nombre de passages-efficacité. 3) avance t’on dans les traitements antitumoraux par injection sous EE ? À suivre… 1) le pancréas serait-il ponctionnable plus largement ? Peut-être, à confirmer… P lusieurs séries ont proposé l’utilisation de la true-cut (215, W1188, W1242) dans les biopsies pancréatiques. L’objectif est de permettre un diagnostique histologique quand la cytologie standard est limitée (PC, tumeurs kystiques, Pancréatite autoimmune) paraît possible au prix d’une faible morbidité (1 PA, 2 douleurs abdominales). Les séries sont cependant petites (30 patients au total) et les indications restent à confirmer. Une série originale (218) a rapporté la ponction vidange du Wirsung dilaté (≥ 3 mm) en cas d’obstruction par une masse suspecte, en complément de la ponction de la masse. Si l’analyse cytologique du liquide est décevante, le dosage de l’ACE a été prometteur permettant de conclure 2 fois à une tumeur alors que la ponction de la masse avait été négative. Aucune complication notable n’était relevée chez les 35 patients. 2 nouvelles méthodes semblent pouvoir apporter un regain d’intérêt à ce domaine de recherche. Dans une étude menée chez l’homme (W1219) l’injection intratumorale de cellules dendritiques immatures (immunothérapie) a permis une survie moyenne de 8 mois chez 6 patients porteurs d’un adénocarcinome pancréatique métastatique échappant à la gemcitabine. Une chimiothérapie locale (paclitaxel) couplée à un gel permettant une action prolongée sur le site d’injection paraît également prometteuse dans une étude chez l’animal (W1252). Pas de nouvelles en revanche des autres techniques décrites ces dernières années… 2) l’avenir est-il à la lecture cytologique par l’opérateur ? On y croit… Si l’intérêt de la lecture sur site des lames par un cytologiste se confirme (W1234, W 1265) c’est l’analyse du prélèvement par l’échoendoscopiste lui-même qui s’avère prometteuse. 3 séries (W1211, W1259, W1281) utilisant un colorant d’action la lettre du CREGG 13 4) TIPMP Canaux Secondaires suivies : quel constat ? On suit en EE… Un résultat attendu et espéré : les performances de l’EE pour surveiller les patients porteurs d’une probable TIPMP canaux secondaires sans facteurs de dégénérescence initiale (pas de nodules muraux). Cette très belle étude japonaise (W1289) qui aurait mérité une communication orale a montré que sur un suivi moyen de 5 années l’EE a noté l’apparition de nodules dans 8 % des cas (5 patients sur 65), confirmés comme adénome ou cancer in situ en chirurgie . Aucun cas de cancer invasif n’est survenu. L’EE a été plus performante que le CT ou l’IRM pour détecter les nodules. L’attitude de surveillance actuellement souvent choisie dans cette situation paraît donc acceptable sous réserve d’une adhésion du patient à la surveillance par EE. Bertrand NAPOLÉON Membre de la Commission Endoscopie Le CREGG à l’AGA CANCER COLO-RECTAL : NEWS L es CCR génétiques sont-ils sousestimés ? La vision traditionnelle du CCR, maladie sporadique dans 95 % des cas, a progressivement évolué et il est admis aujourd’hui qu’une composante génétique doit être systématiquement recherchée dans certaines circonstances ; HNPCC et Polyposes héréditaires : quand faut-il les suspecter et comment les rechercher (When to consider and how to test for them? ). Le syndrome HNPCC est lié à des erreurs de réplications de l’ADN qui ne sont pas réparées à cause de mutation de certains gènes (MLH1, MSH2, MSH6 ou PMS2) ; ces erreurs de réparations sont plus fréquemment observées sur de courts segments d’ADN appelés microsatellites d’où le concept d’instabilité microsatellitaire définissant le phénotype MSI. Dans le cas de la PAF, le facteur génétique incriminé est la perte d’un gène suppresseur (gène APC), véritable «gatekeeper» du colon qui évite normalement la formation d’adénomes. Il existe aujourd’hui dans les deux cas un diagnostic génétique. Pour le syndrome HNPCC, les critères d’Amsterdam (I puis II) et les Bethesda guidelines permettent d’identifier les patients à risque ; à côté des critères classiques d’associations de cancers et d’antécédants familiaux, il faut systématiquement évoquer un syndrome HNPCC devant tout CCR survenant avant l’age de 50 ans (ce qui est loin d’être rare) ! Dans ce cas la première étape est la recherche du phénotype MSI sur la pièce histologique : un phénotype MSI (-) permet d’exclure un syndrome HNPCC lié à une mutation des gènes MLH1 et MSH2 (90 % des syndromes HNPCC); une alternative est le marquage immunohistochimique des proteïnes liées aux ENDOBRACHYOESOPHAGE : ENCORE ET ENCORE ! L ’Oesophage de BARRETT (OB), «endobrachyoesophage» des auteurs français : encore et encore ! A CHICAGO cette année, plusieurs mises au point lors des Postgraduate Courses de l’AGA et de l’ASGE, plus de 100 communications orales et écrites : l’OB fait toujours couler autant d’encre et de salive, et pourtant… Nicholas SHAHEEN rapporte que «chaque année aux USA, 25 000 personnes disent avoir été enlevées par des Extra-terrestres, 10 000 avoir vu Elvis PRESLEY, tandis que 5 à 7000 seulement se voient diagnostiquer un adéno-carcinome (ADK) sur OB : alors, maladie ou distraction ?». L’ OB représente la pire forme évolutive du RGO et fait le lien entre la symptomatologie la plus répandue du haut appareil digestif et le type de cancer dont l’augmentation de fréquence est la plus importante au cours des 30 dernières années. Il faut donc reconnaître l’OB, identifier la Dysplasie de Haut Grade (DHG) et proposer un algorithme thérapeutique. Un dépistage de masse dans la population générale ou dans la population des sujets reflueurs n’est pas «coût-efficace». Il faut donc privilégier ce dépistage chez les sujets dont les facteurs de risque suivants ont été identifiés : âge avancé, sexe masculin, race blanche, RGO chronique, obésité, tabagisme, histoire familiale d’OB. L’argument principal avancé contre le dépistage est la fréquence malgré tout la lettre du CREGG 14 gènes potentiellement défectueux. Lorsque l’un de ces tests est positif le patient doit bénéficier d’un test génétique sur lymphocytes circulants permettant d’identifier la mutation responsable. A partir de ce cas index, une recherche spécifique de la mutation peut être directement effectuée chez tous les membres de la famille qui le désirent permettant d’adapter la stratégie de dépistage et de prévention. Au cours de la PAF les adénomes commençent à apparaître vers 10 à 12 ans et le CCR inéluctablement vers la quarantaine ; la recherche d’une mutation du gène APC doit être réalisée avant la 10è année lorsqu’il existe un contexte familial connu (mais dans 20 à 30 % des cas il s’agit de mutation « de novo » sans antécédants familiaux) ; en l’absence de mutation l’enfant présente un risque de CCR identique à celui de la population générale et ne doit pas faire l’objet d’une surveillance particulière. Il existe par contre des formes atténuées de PAF caractérisées par une apparition plus tardive, un nombre moindre de polyadénomes (<100) et un risque de CCR vers 55 ans ; la mutation du gène APC est différente mais peut être identifiée par séquençage. La polypose liée au gène MYH est une affection autosomique faible des ADK ainsi détectés : 1 cancer pour 250 à 600 patients-années selon les séries. Cependant 10 à 30 % des patients ayant une DHG sur OB vont développer un ADK dans les 5 ans. L’endoscopie reste la méthode diagnostique de référence de l’OB, de la DHG et de l’ADK «débutant» : pas n’importe quelle endoscopie cependant. Il faut préconiser la vidéo-endoscopie de haute résolution, la magnification et la chromoendoscopie (bleu de méthylène, acide acétique). De nouvelles technologies font jour pour détecter la DHG et l’ADK «débutant» : Near-Infrared Raman Spectroscopy, Autofluorescence Imaging (zones métaplasiques), Reflectance Spectroscopy (anomalies du stroma), Light Scattering (anomalies du noyau), Narrow Band Imaging (arrangement microvasculaire), Endoscopic Le CREGG à l’AGA récessive relativement fréquente qu’il faut savoir rechercher; le gène MYH répare les lésions de l’ADN : lorsque son altération empèche la réparation de l’ADN du gène APC il s’ensuit une polypose d’expression phénotypique proche des PAF atténuées. Faut-il se méfier des polypes hyperplasiques ? Les polypes hyperplasiques (PH) sont généralement considérés comme des lésions bénignes sans potentiel évolutif. Plusieurs problèmes restent cependant posés : 1) une composante adénomateuse peut apparaitre au sein de certains PH (polypes mixtes) favorisée par des mutations génétiques à l’origine de tumeurs exprimant le phénotype MSI : le risque de dégénerescence des PH existe donc bien, 2) il est souvent difficile de différencier un polype hyperplasique des autres polypes plans notamment les Serrated Adenomas sessiles (SSA) (importante variabilité inter-observateur) : il faut se méfier des PH du cœcum et du colon ascendant, surtout lorsqu’ils sont multiples (polypose hyperplasique) et de grande taille (>10mm), Confocal Microscopy (magnification par 1000). L’échoendoscopie assure le staging de l’ADK en précisant le degré de pénétration dans la paroi et l’existence de métastases ganglionnaires. La lecture histologique reste difficile car il existe une variabilité inter-observateurs, même pour des Pathologistes experts. C’est pourquoi l’étude des biomarqueurs se développe, car la dysplasie n’est jamais que la traduction histologique des modifications de l’ADN qui vont précéder le cancer : l’étude associée de différents biomarqueurs (aneuploïdie, surexpression Cycline D1, p 53) a donc une meilleure valeur prédictive de la progression néoplasique. Des études expérimentales chez l’animal et sur du matériel cellulaire ont été rapportées, tentant d’expliquer les différents stades de progression de la muqueuse 3) il n’y a pas de nomenclature histopathologique standardisée permettant de classifier de manière rigoureuse toutes ces lésions. Des guidelines sont necessaires pour optimiser les pratiques. Place de la coloscopie virtuelle dans le dépistage des CCR. Une méta-analyse de 31 études (5731 patients) montre une bonne spécificité quelle que soit la taille du polype mais une grande variabilité dans la sensibilité (entre 48 et 100 % ; 60 % en moyenne) y compris pour les polypes de 10 mm et plus (moins de 6mm : 0.48, entre 6 et 9 mm : 0 .70, plus de 9mm : 0.85); cette hétérogénéïté ne semble pas s’expliquer par l’ancienneté du travail, la population étudiée ou le traitement informatique des données. Sur ces constatations la coloscopie virtuelle ne peut être recommandée à ce jour comme méthode de dépistage du cancer colorectal (rejoignant en cela les recommandations de l’ANAES de 2OO3) ; elle peut s’avérer utile par contre en cas de coloscopie incomplète ou pour les grosses lésions. L’impact de la coloscopie virtuelle peut être estimée à 20 % de coloscopies en moins si l’objectif est de dépister les lésions de plus d’1 cm ; il est quasi nul pour un objectif inférieur. depuis l’état normal jusqu’au cancer, sous l’effet de l’agression par les sécrétions gastriques et bilio-pancréatiques. Dans le processus général de l’inflammation, l’expression de la Cyclo-Oxygénase augmente avec la progression néoplasique de l’OB, une supplémentation en PGE 2 majore le potentiel néoplasique et son inhibition par Sulindac ou Aspirine pourrait réduire ce risque. Les stratégies thérapeutiques proposées pour la DHG incluent l’oesophagectomie, les traitements endoscopiques et la surveillance endoscopique intensive. Les traitements endoscopiques sont représentés par la thérapie photodynamique (PDT), la mucosectomie (EMR), la coagulation par plasma d’argon (APC), la coagulation bipolaire. Ces traitements peuvent se révéler inefficaces si des cellules néoplasiques ont la lettre du CREGG 15 En bref. 1) Le risque de récidive de polypes persiste dans le temps ; une surveillance endoscopique doit être maintenue même lorsque les coloscopies intermédiaires sont normales, 2) malgré une prévalence supérieure (13% après 80 ans vs 3 % avant 50 ans), le dépistage du CCR chez les personnes agées ne s’accompagne que d’un gain d’espérance de vie très modique à mettre en balance avec les risques de la coloscopie, 3) la fréquence des CCR plan ou déprimés dans une population américaine est de 15 % ; à stade histologique égal les lésions planes ou déprimées sont de plus petite taille que les lésions polypoïdes, 4) en matière de chimioprévention, seuls le calcium, l’Aspirine™ et les AINS ont une efficacité démontrée mais modeste sur la récidive de polypes mais insuffisante pour remplacer le dépistage. Patrice PIENKOWSKI Membre de la Commission Cancérologie envahi la sous-muqueuse ou disséminé à travers les canaux lymphatiques, laissant ainsi des foyers néoplasiques sous-jacents à la zone traitée. Quelques études suggèrent que la surveillance endoscopique intensive est une approche raisonnable chez les patients âgés ou débilités ayant une DHG, mais certains patients ainsi surveillés ont développé un cancer incurable. SPECHLER propose ainsi un algorithme fondé sur l’existence ou l’absence d’une dysplasie, son caractère bas grade ou haut grade, l’opérabilité du patient. Nul doute que l’an prochain à LOS ANGELES, nous reparlerons de tout cela ! Arsène PAPAZIAN Membre de la Commission Endoscopie ABSTRACT The role of endoscopy in the management of inflammatory bowel disease in french gastro enterological private practice: a study based on a sample of 1175 patients. AIM: The aim of this study was to evaluate the use of endoscopy for the management of inflammatory bowel disease (IBD) in private practice in France. Liste des Commissions Cancérologie Président : Patrick LEVY E. VAILLANT - 59000 LILLE [email protected] J. LAPUELLE - 31400 TOULOUSE [email protected] 6, rue des cigognes 67000 STRASBOURG Tél : 03 88 75 53 54 Fax : 03 88 75 15 21 [email protected] Evaluation (EPP) Trésorier : Thierry HELBERT Endoscopie J.LAURENT - 54000 NANCY [email protected] P. DELASALLE - 06130 GRASSE [email protected] 23, cours Gouffé 13006 MARSEILLE Tél : 04 91 90 77 70 Fax : 04 91 56 66 90 [email protected] Informatique Secrétaire Général : Franck DEVULDER M. MAHE - 22000 SAINT BRIEUX [email protected] G. TUCAT - 75017 PARIS [email protected] 38 bis, rue de Courlancy 51100 REIMS Tél : 03 26 77 20 60 Fax : 03 26 77 20 71 [email protected] Motricite & Nutrition Conseil d’administration : METHODS: The entire group of 2,039 French gastroenterologists in private practice was invited by mail to take part in this study. They had to collect data from all patients with Crohn’s disease (CD), ulcerative colitis (UC) or indeterminate colitis (IC) between the 13th and the 25th of October 2003. Hépatologie RESULTS: 375 practitioners (18,4%) invited to take part in this study participated actively ;1175 files were collected of which 1065 were fully exploitable which corresponded to 533 CD (50%), 498 UC (47%) and 34 IC (3%). Almost all the patients (96%) had had a colonoscopy. Sigmoidoscopy was performed in 333 patients (31 %), more frequently in UC and IC than in CD (respectively 50%, 29% and 13%). Colonoscopies were performed for diagnosis. The median range was 1,79 colonoscopies per patient (1,59 for UC, 1,97 for CD, 1,56 for IC). Half of the sample had only one colonoscopy. An upper endoscopy was performed in 294 CD (55%). From the 1065 IBD, 881 (82%) had a colonic localisation of their disease. Among them 427 (48%) had a left colitis, 59 (7%) a pancolitis. Three hundred and seventy seven patients (35%) had suffered from the disease for more than 8 years. A colonoscopy was used to research dysplasia for 166 patients (105 UC, 55 CD, 6 IC). Forty five per cent in this group had 1 colonoscopy for screening dysplasia, 20% had 2, 12% 3 and 22% more than 3. Endoscopic dilatations for benign strictures were performed in 17 patients (4 UC, 12CD, 1 IC): 9 once and only one more than three times. CONCLUSION: Considering the methodology of this survey, the significant number of patients examined, from this study, two things can be drawn. We can note: In France, colonoscopy is mainly used for diagnosis (low number of therapeutic colonoscopies) and that this examination is rarely done more than twice during the course of the disease. There is a lack of surveillance colonoscopies for screening dysplasia in patients with long disease duration. J. LAPUELLE, G. TUCAT, P. GUYOT, P. LEVY, P. HOUCKE, B. RICHARD-MOLARD MICI A.-L. TARRERIAS - 63400 CHAMALIERES [email protected] Pharmacologie J.-P. JACQUES - 31000 TOULOUSE [email protected] Proctologie F. DEVULDER - 51100 REIMS [email protected] Pratiques Professionnelles J.-F. ROQUES - 49000 ANGERS [email protected] Agenda 2005 1er octobre AG du CREGG Hôtel Ambassador 16, boulevard Haussmann 75009 PARIS Jean-Marc CANARD, Jean CASSIGNEUL, Jacques CORALLO, Pierre COULOM, Franck DEVULDER, Jean-Luc FRIGUET, Michel GREFF, Philippe GUYOT, Thierry HELBERT, Philippe HOUCKE, Jean-Paul JACQUES, Jean LAPUELLE, Jean-Christophe LETARD, Patrick LEVY, Bernard MARCHETTI, Bertrand NAPOLEON, Laurent PALAZZO, Arsène PAPAZIAN, Michel PELLETIER, Patrice PIENKOWSKI, Jean-François REY, Bruno RICHARD-MOLARD, Gilbert TUCAT, Alain VERDIER. La lettre du CREGG est réalisée et diffusée avec le soutien des laboratoires ASTRAZENECA dépôt légal DENV 5635 - 2005/05 Directeur de la publication : P. LEVY Directeur de la rédaction : Ph. HOUCKE Directeurs associés : J. LAURENT Secrétaire de la rédaction : Céline HUGOT Ont participé à ce numéro : JM. CANARD, J. CASSIGNEUL, J. CORALLO, P. COULOM, JS. DELMOTTE, F. DEVULDER, JL. FRIGUET, G. GUYOT, PH. HOUCKE, J. LAURENT, P. LEVY, B. MARCHETTI, B. NAPOLEON, A. PAPAZIAN, P. PIENKOWSKI, B. RICHARD-MOLARD, G. TUCAT, A. VERDIER, F. VICARI. Comité de rédaction : P. LEVY (Strasbourg), TH. HELBERT (Marseille) F. DEVULDER (Reims), J. LAPUELLE (Toulouse) Photos : Ph. HOUCKE, J. LAURENT, B. RICHARD-MOLARD Edition : ALN Nancy Conception - Impression : ARRAS - Tél. 03 21 07 07 18 Editions ALN ref : Gastrointest Endosc 2005 ; 61:B258 ISBN : 2-914703-14-7 EAN : 9782914703147