Stabilité macroéconomique et financement

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Stabilité macroéconomique et financement
Alger, le 11 Juin 2015
Stabilité macroéconomique et financement bancaire de la
croissance
1. Stabilité macroéconomique et financière
Contrairement aux années 1990 marquées par l’ajustement structurel
(1991 et 1994-1998), l’économie algérienne s’est caractérisée au
cours des années 2000 à 2013 par un excès de l’épargne sur
l’investissement, soit quatorze années consécutives d’excédents du
compte courant de la balance des paiements, et une stabilité macro
financière renforcée, ancrée sur un stock d’épargnes du Trésor
(fonds de stabilisation) appréciable et une position financière
extérieure solide.
Durant cette période, en dépit du choc externe de l’année 2009, la
position financière externe nette est restée solide. L’accumulation
soutenue de réserves officielles de change entre 2000 et 2008 et le
remboursement par anticipation de la dette extérieure principalement
en 2006, de sorte qu’à l’avènement de la crise financière et
économique internationale, la dette extérieure était déjà à un niveau
historiquement bas (3,5 % du PIB en 2008), ont placé l’Algérie dans
une situation de créancier net sur le reste du monde. La position
extérieure nette a atteint 91 % du PIB en 2013, en situation de
poursuite d’une gestion prudente des réserves officielles de change
par la Banque d’Algérie.
Ce degré de stabilité financière externe est appuyé par la gestion
flexible du taux de change par la Banque d'Algérie au moyen de ses
interventions sur le marché interbancaire des changes. Ces
interventions visent à stabiliser le taux de change effectif réel du
dinar autour de son niveau d'équilibre fondamental de moyen terme,
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bien qu’en 2013 le taux de change effectif réel du dinar soit resté
légèrement apprécié, en contexte de désinflation. Entre 2002 et 2013,
la stabilité monétaire en Algérie a reposé sur une bonne performance
en matière d’inflation (4 % en moyenne), en dépit de l’excès
structurel de liquidité sur le marché monétaire. Après un « pic »
inflationniste en 2012, la désinflation engagée à compter de février
2013 s’est poursuivie au cours de cette année (3,26 %).
Après neuf années consécutives d’excédent des opérations du
Trésor, l’impact du choc externe de 2009 s’est traduit par un déficit
des opérations du Trésor à partir de cette même année, sous l’effet
de la forte contraction de la fiscalité pétrolière et de l’expansion des
dépenses budgétaires, même si l’année 2013 a enregistré une
consolidation budgétaire. Cependant, la capacité de financement du
Trésor constituée entre 2000 et 2008 a permis de faire face à l’impact
du choc externe sur les finances publiques, tout en demeurant
importante (34 % du PIB à fin 2013), en situation de très faible dette
publique intérieure (8 % du PIB à fin 2013).
Préalablement à la phase d’expansion des crédits à partir de l’année
2013, la révision de la loi bancaire de 2003 par l’ordonnance relative
à la monnaie et au crédit d’août 2010 a élargi les missions de la
banque centrale, en lui assignant explicitement l’objectif de stabilité
financière en sus du mandat de stabilité des prix. La contribution de
la politique monétaire à la stabilité monétaire et financière reste
décisive, vu la prédominance des banques dans le système financier
en Algérie et leur rôle potentiellement important dans le
développement de l’intermédiation financière. Cette contribution revêt
une importance d’autant plus particulière au vu de la persistance de
l’excès de liquidité sur le marché monétaire depuis 2002.
Eléments déterminants pour la stabilité financière, le cadre et les
instruments de la politique monétaire ont été renforcés au cours des
années 2008 à 2010, particulièrement avec l’objectif explicite
d’inflation consacré par la loi bancaire de 2010. La conduite de la
politique monétaire par la Banque d’Algérie est demeurée prudente,
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contribuant à la bonne tenue de l’inflation (4 % entre 2002 et 2013,
2,92 % en 2014).
La loi bancaire de 2010 a mis plus particulièrement en avant le rôle
de la Banque d’Algérie dans le domaine de la stabilité du secteur
bancaire puisqu’elle doit s’assurer de sa sécurité et de sa solidité.
Pour ce faire, elle est dotée depuis 2010 de prérogatives plus larges
pour effectuer toute investigation au niveau des banques et
établissements financiers permettant une plus grande capacité de
détection précoce des vulnérabilités. Cela a amené la Banque
d’Algérie à intensifier les contrôles micro-prudentiels et à en
améliorer l’efficacité. Pour une prise en charge globale de la stabilité
du secteur bancaire, la Banque d’Algérie évalue périodiquement la
solidité de ce secteur au moyen de stress tests, développés à partir
de 2007 et renforcés en 2013-2014. Les résultats de ces tests
permettent d’anticiper les risques éventuels de fragilisation du
secteur.
Au plan macro-prudentiel et en contexte d’excès de liquidité, des
instruments en vigueur faisant partie de la réglementation microprudentielle, tels que le niveau du crédit hypothécaire par rapport à la
valeur de la propriété donnée en garantie par les particuliers, les
réserves obligatoires - par ailleurs, un instrument de politique
monétaire -, et le ratio service de la dette par rapport aux revenus
des demandeurs de crédits hypothécaires, peuvent être modulés en
fonction du risque systémique éventuel. En outre, un renforcement
des outils macro prudentiels a été engagé dès début 2013,
notamment par la mise en place de nouveaux outils permettant des
analyses horizontales des risques ainsi que des tests de résistance.
Pour développer davantage le cadre opérationnel de la stabilité
financière, une réglementation en matière d’identification, de mesure,
de gestion et de contrôle du risque de liquidité a été édictée par le
Conseil de la monnaie et du crédit en mai 2011. Un coefficient de
liquidité minimum de court terme que les banques et les
établissements financiers doivent respecter à tout moment a été
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institué ; de même qu’a été mis en place un système de surveillance
interne et de limitation par contrepartie des encours de prêts et
d’emprunts interbancaires, notamment ceux opérés sur le marché
monétaire. A titre indicatif, l’évaluation réalisée par la Banque
d’Algérie au titre de l’année 2013 montre que les banques de la place
satisfont à l’exigence en matière de coefficient de liquidité (169,87 %
à fin 2013), même si l’année 2013 a enregistré une relative
stabilisation de la liquidité bancaire.
Sous l’angle de la profondeur du secteur bancaire, il est utile de noter
que le ratio ressources collectées (dépôts à vue et à terme hors
dépôts hydrocarbures) par rapport au PIB hors hydrocarbures a
progressé entre 2012 (62,39 %) et 2014 (66,48 %), après une
stabilisation à 61,44 % en 2011. Le trend haussier du ratio crédits
bancaires au secteur privé par rapport aux dépôts en dinars du
secteur privé entre 2008 et 2014, en contexte de transformation
financière accrue, est un autre indicateur pertinent de profondeur du
système bancaire. Par ailleurs, le ratio total des crédits par rapport au
PIB hors hydrocarbures qui est resté stable entre 2011 et 2012, a
augmenté à 44,77 % en 2013 et à 52,47 % en 2014 ; les crédits au
secteur privé ayant progressé à 25,33 % en 2014, relativement au
PIB hors hydrocarbures, contre 23,76 % en 2013 et 21,50 % en 2012.
En dépit de la forte expansion des crédits à l’économie au cours des
années 2013 et 2014, et tout en poursuivant leurs efforts en matière
de provisionnement, les banques ont consolidé leurs indicateurs de
solidité financière.
Une évaluation du secteur bancaire et financier en 2013, effectuée
par le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, a aidé à
dégager des axes d’approfondissement de la réforme du secteur
bancaire et de consolidation additionnelle de la stabilité financière en
Algérie, avec une mise en œuvre effective à partir du premier
trimestre 2014. Dans ce cadre, le dispositif réglementaire prudentiel a
été réformé pour une conformité des règles prudentielles aux
nouveaux standards et normes du Comité de Bâle. En effet, trois
règlements ont été édictés par le Conseil de la monnaie et du crédit
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au premier trimestre 2014, avec effet à partir d’octobre, portant ratios
de solvabilité, grands risques et participations, et classement et
provisionnement des créances et engagements par signature. Dans
cette nouvelle réglementation, le ratio de solvabilité minimum par
rapport au « tier one » est fixé à 9,5 %, soit un ratio supérieur au
minimum recommandé par le Comité de Bâle, et celui par rapport aux
fonds propres règlementaires autour de 12 %.
Une estimation des indicateurs de solidité financière à fin 2013
montre que la solidité du secteur bancaire est ancrée sur des ratios
de solvabilité élevés, par rapport aux risques de crédit, environ 14 %
par rapport aux fonds propres de base et 20 % par rapport aux fonds
propres réglementaires en 2013, une rentabilité confortable et une
liquidité appréciable. En outre, avec un ratio des crédits non
performants nets des provisions constituées évalué à 3,36 % en
2013, la diminution des crédits non performants se poursuit de
manière plus résolue. Ces indicateurs de solidité financière sont en
phase avec ceux des pays émergents comparables. A fin 2014, ces
indicateurs seraient inférieurs, car la nouvelle règlementation
prudentielle porte aussi sur la couverture des risques opérationnels et
de marché.
Par ailleurs, dans le cadre de prérogatives plus larges instituées en
2010, englobant le fonctionnement, la surveillance et la sécurité des
systèmes de paiements, la Banque d’Algérie a complété en 2014, la
mise à jour de l’infrastructure moderne des systèmes de paiement
(système de paiement en temps réel de gros montants et paiements
urgents et système de télé compensation), répondant aux standards
internationaux et mise en place en 2006. Cette action de
modernisation des systèmes des paiements favorise davantage
l’inclusion financière au profit des ménages, notamment en
permettant une application fluide du dispositif en la matière mis en
place en décembre 2012.
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2. Structure du secteur bancaire
A fin 2014, le système bancaire se compose de vingt (20) banques dont
six (6) banques publiques et quatorze (14) banques privées, filiales ou
succursales de grandes banques internationales. Il comprend également
neuf (9) établissements financiers dont six publics.
Les indicateurs globaux montrent que le niveau de l’intermédiation
bancaire s’améliore progressivement sous l’angle du développement du
réseau, du nombre des comptes, du niveau des dépôts collectés et des
crédits distribués, bien qu’il reste en deçà des niveaux atteints par
certains pays méditerranéens voisins. Le rythme d’implantation
d’agences des banques privées s’accélère ces dernières années
contribuant au développement de la concurrence, aussi bien au niveau
de la collecte des ressources qu’au niveau de la distribution de crédits et
de l’offre de services bancaires de base à la clientèle. Cependant, le
potentiel en matière d’inclusion financière demeure important, qu’il
s’agisse de services bancaires de base à la clientèle ménages ou de
distribution de crédits aux petites et moyennes entreprises. Cela signifie
la portée de l’inclusion financière pour le développement de
l’intermédiation bancaire en Algérie.
L’activité des banques en termes de collecté des ressources et de
distribution de crédit progresse régulièrement, pendant que l’activité de
distribution de crédits des établissements financiers reste très faible. Une
part importante des crédits octroyés par ces derniers le sont au titre des
opérations de crédit-bail (85,9 % contre 78 % en 2013), alors qu’ils ne
sont pas autorisés à collecter les dépôts et à gérer les moyens de
paiements.
L’année 2014 a enregistré une forte hausse des actifs des banques
(16,5 % contre 6,8 % en 2013), alors que les actifs des établissements
financiers sont en hausse plus modérée (7,4 % contre 9,2 % en 2013) et
ne représentent que 0,6 % du total des actifs du secteur bancaire. Dans
le total des actifs des banques, les banques publiques restent
prédominantes avec une part relative de
86,8 % à fin 2014 contre
13,2 % pour les banques privées. La progression des actifs de ces
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dernières est moins soutenue en 2014, aussi bien sous l’angle de la
distribution des crédits que de la mobilisation des ressources.
Le ratio actifs bruts du secteur bancaire (banques et établissements
financiers)/produit intérieur brut a atteint 69,6 % en 2014 contre 62,5 %
en 2013. Le ratio actifs bruts du secteur bancaire (hors dépôts du
secteur des hydrocarbures)/produit intérieur brut hors hydrocarbures a
également progressé en 2014 à 89,9 % contre 84,8 % en 2013.
L’activité de collecte des ressources des banques auprès des résidents
(dinars et devises) est en augmentation appréciable au rythme de
17,2 % en 2014 contre 7,6 % en 2013 et 7,5 % en 2012. Indicateur de
pénétration du marché, le ratio dépôts hors hydrocarbures/produit
intérieur brut hors hydrocarbures s’établit à 66,5 % à fin 2014 contre
62,7 % à fin 2013. L’activité de distribution de crédits des banques est
aussi en forte hausse en 2014 (26,3 %), après les rythmes élevés
enregistrés en 2013 (20,3 %) et 2012 (15,1 %).
L’activité de distribution de crédits (crédits aux résidents) des banques et
établissements financiers, y compris les créances non performantes
rachetées par le Trésor par émission de titres (titres non échus),
représentent 55,4 % du produit intérieur brut hors hydrocarbures contre
48,9 % en 2013.
3. Intermédiation bancaire et perspectives de financement de la
croissance hors hydrocarbures
En contexte d’excès structurel de l’épargne sur l’investissement, la
structure du financement des investissements en Algérie, pour les
neuf dernières années, montre un niveau très élevé de
l’autofinancement (84 %) et ce, sous l’effet principalement de
l’autofinancement des investissements de l’Etat et de l’entreprise
nationale des hydrocarbures.
Les investissements dans l’économie nationale (hors secteur des
hydrocarbures) ont aussi été fortement autofinancés, à hauteur de
59,7 % pour les neuf dernières années, pendant que l’épargne
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financière des entreprises privées et des ménages s’est fortement
accrue. En particulier, les années 2010 et 2011 ont enregistré une
forte croissance de l’autofinancement, à des rythmes de 71,4 % et
24,1 % respectivement, ce qui a certainement contribué à la reprise
significative des investissements dans les secteurs hors
hydrocarbures. Quant aux crédits bancaires internes à moyen et long
termes, en progression appréciable durant les trois dernières années,
leur part relative au financement des investissements dans les
secteurs productifs hors hydrocarbures a atteint 45,2 % en 2014
contre 38,4 % en 2012.
La part des crédits à moyen et long termes distribués au secteur de
l’énergie et de l’eau à fin 2014 représente 47 % du total des crédits
distribués aux entreprises contre 44 % en 2013. En particulier, la
distribution des crédits à long terme à ces secteurs est très
importante, soit 65 % du total des crédits à long terme distribués aux
entreprises contre 63 % en 2013. Ces crédits à moyen et long termes
alloués aux secteurs de l’énergie et de l’eau visent à accélérer le
développement des investissements dans ces secteurs stratégiques,
décidé par les pouvoirs publics, afin de répondre à la demande des
entreprises productives et des ménages.
Tiré par le dynamisme des crédits à moyen et long termes, les crédits
à l’économie ont enregistré un fort rythme de progression en 2013
(20,3 % contre 15,1 % en 2012) et 2014 (26,3 %). L’amélioration des
conditions de crédit conjuguée au dispositif de soutien de l’Etat au
titre des crédits aux PME qui a amélioré davantage leur accès au
crédit bancaire à partir de 2011, est venu consolider les crédits au
secteur privé dont le taux d’accroissement moyen est de 19,4 % pour
les treize dernières années (2001-2013). En contexte de forte
expansion des crédits à l’économie au cours des deux dernières
années, surtout en termes réels, le flux net de crédits distribués aux
entreprises privées a plus porté sur les crédits à moyen et long
termes distribués pour financer les investissements que sur les
crédits d’exploitation. Globalement et hors crédits rachetés par le
Trésor, les crédits bancaires au secteur privé (entreprises privées et
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ménages) atteignent un encours de 3120,1 milliards de dinars à fin
2014, en situation d’augmentation de la part relative des crédits à
moyen et long termes à 64,3 % contre 62,3 % à fin 2013 et 61,3 % à
fin 2012.
Le dynamisme des crédits bancaires à l’économie, notamment au
profit des entreprises privées, traduit clairement l’amélioration de la
structure et des conditions de financement (taux d’intérêt et maturité),
sous l’effet des mesures prises par les pouvoirs publics (soutien
financier) pour stimuler les crédits à moyen et long termes aux PME,
notamment les mesures de facilitation de l’accès des PME au crédit
bancaire mises en œuvre en 2013.
Six années après le début de la crise économique et financière
internationale, l’économie algérienne subit, à l’instar des autres pays
exportateurs de pétrole, la baisse drastique des prix du baril à partir
du second semestre 2014. En dépit de la reprise de la croissance,
estimée à 4 % en 2014 contre 2,8 % en 2013. Cela constitue une
source de vulnérabilité pour la balance des paiements et les finances
publiques.
Après quatorze années d’excédents, la balance des paiements
extérieurs a enregistré un déficit en 2014, entraînant une baisse des
réserves officielles de change dès le second semestre 2014, après
une longue période d’accumulation soutenue. Cependant, leur niveau
reste adéquat, s’établissant à plus de 30 mois d’importations de
biens et services à fin 2014. De même, compte tenu du niveau
historiquement bas de la dette extérieure (3,735 milliards de dollars à
fin décembre 2014), la position financière extérieure nette demeure
solide à fin 2014. Cela devrait contribuer à atténuer l’effet du choc
externe en 2015. En outre, le très faible endettement en devises des
entreprises du secteur des hydrocarbures et des banques contribue à
limiter les conséquences financières du choc externe. Cependant, il
est désormais nécessaire de maîtriser le niveau de l’absorption afin
de préserver la viabilité à terme de la balance des paiements.
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L’impact de la chute des prix du pétrole s’est également traduit par
une contraction de la capacité de financement du Trésor au cours de
l’année 2014, après plusieurs années consécutives d’accumulation
d’épargnes budgétaires. Cependant, l’élargissement du déficit
budgétaire au cours de l’année 2014, sous l’effet du profil haussier
des décaissements au titre des dépenses budgétaires, notamment
d’équipement, en contexte de baisse des recettes de la fiscalité
pétrolière encaissée, n’a pas contrarié l’objectif de maîtrise de
l’inflation.
En outre et en dépit de ce choc externe, l’expansion des crédits à
l’économie s’est poursuivie au cours de l’année 2014 à un rythme
élevé en termes réels, notamment en direction des entreprises
privées, témoignant du dynamisme de l’intermédiation financière et
de la promotion de l’inclusion financière en direction des PME.
Ancré sur le caractère relativement stable des ressources des
banques, en situation de persistance de l’excès de liquidité sur le
marché monétaire et des perspectives de réactivation du
refinancement par la Banque d’Algérie, le canal crédits bancaires
reste potentiellement important en matière de financement de
l’investissement productif et du potentiel de croissance hors
hydrocarbures. D’où la portée d’une intermédiation bancaire effective
au profit d’une croissance hors hydrocarbures de nature inclusive,
dans l’objectif d’atteindre sur le moyen terme un ratio cible de crédits
à l’investissement et aux PME relativement au PIB hors
hydrocarbures. Dans cet objectif, les banques devront diversifier
leurs instruments de financement, tout en poursuivant de manière
effective l’amélioration de l’analyse, de la mesure, du suivi et de la
maîtrise des risques de crédit.
Dans le même temps, et dans ce nouveau contexte marqué par le
choc externe de nature durable qui pourrait rapidement affecter leurs
ressources, les banques doivent développer leurs moyens d’action à
terme par la promotion de produits financiers attractifs, notamment en
termes de rendements réels.
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La réalisation du potentiel de croissance hors hydrocarbures devra
être portée par des investissements productifs, notamment du
secteur privé, en situation de poursuite du programme
d’investissements publics à un rythme approprié. Une amélioration
soutenue du climat des affaires est nécessaire pour dynamiser la
contribution du secteur privé à une croissance hors hydrocarbures
forte et inclusive.
Dans le nouveau contexte de gap entre épargne et investissement à
partir de l’année 2014, il est attendu une contribution soutenue des
exportations nettes à l’accélération de la croissance, à travers
notamment la valorisation, à partir de l’année 2015, de l’important
potentiel de diversification des exportations.
En fonction de l’évolution des fondamentaux, la Banque d’Algérie
poursuivra une politique de change favorisant la compétitivité externe
et la stabilité. Après les mesures de soutien des exportations hors
hydrocarbures prises en 2011, la Banque d’Algérie prendra au cours
de l’année 2015 de nouvelles mesures pour développer le marché
interbancaire des changes et promouvoir la couverture à terme par
les banques de la place au profit des opérateurs. La réactivation des
opérations sur le marché monétaire interbancaire, dans la
perspective du retour des banques au refinancement auprès du
prêteur en dernier ressort dès 2015, contribuera à cette dynamique.
Dans le même temps, la politique monétaire conduite par la Banque
d’Algérie demeurera prudente pour contribuer à la bonne tenue de
l’absorption. L’entrée en vigueur au quatrième trimestre 2014 du
nouveau dispositif prudentiel, corrélativement à l’orientation risques
de la supervision, contribueront à mieux calibrer le canal crédit, car il
importe de préserver la qualité des crédits.
En outre, dans le cadre du développement des outils de contrôle et
de supervision, un modèle de micro et macro stress testing, prenant
en compte notamment les risques de crédit, de liquidité et de taux
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d’intérêt, est opérationnel depuis début 2015 au niveau de la Banque
d’Algérie. Le volet macro prudentiel de ce modèle est
particulièrement pertinent dans ce contexte de choc externe de
grande ampleur. La mise en place de la nouvelle centrale des risques
avant fin 2015 constituera un autre outil d’aide à la gestion des
risques qui vise à renforcer la stabilité du secteur bancaire en
Algérie.
La préservation de la stabilité et de la solidité du système bancaire
demeure une priorité. Dans la perspective du développement du
marché financier, la mobilisation par les banques des ressources
d’épargne intérieure revêt une importance particulière. En la matière,
et afin de mieux asseoir la résilience de l’économie algérienne aux
chocs externes, le développement de l’épargne financière à terme
par les banques reste potentiellement important et doit être le socle
du nouveau schéma de financement de la croissance hors
hydrocarbures. Le développement des secteurs productifs hors
hydrocarbures, notamment l’activité des PME, nécessite désormais
des fonds prêtables plus conséquents au profit de l’investissement.
Dans le cadre de la nécessaire diversification économique, cela
contribuera au développement du potentiel en matière d’exportations
hors hydrocarbures.
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