LE JURASiSIQUE DE L`ALGARVE (PORTUGAL): ESQUISSE

LE JURASiSIQUE DE L'ALGARVE (PORTUGAL):
ESQUISSE STRATIGRAPHIQUE ET EVOLUTION
PALEOGEOGRAPIDQUE (*)
l'OR
R. B. R.OCHA (**) e B. MARQUES (**)
RESUMO
o Algarve corresponde a orla de uma bacia sedimentar meso-cenoz6ica,
situada no extremo suI de Portugal. Urn esbo<;o cronostratignifico e Iitostratigrafico dos terrenos jurassicos e apresentado.
o Jurassico compreende sucessoes estratigraficas variadas, correspondentes
a dominios paleogeograficos diversos. 0 primeiro cicIo sedimentar inicia-se com 0
Liasico inferior, pouco fossilifero, pelitico e dolomitico, a que se seguem caIcarios
com silex do Carixiano inferior e medlO e uma serie de caIcarios e caIcarios margosos do Carixiano superior - Toarciano inferior.
No inicio do Jurassico medio pode p6r-se em evidencia, no Algarve ocidental, urn recife que separava urn dominio interior de facies lagunar ou anterrecifal
de urn dominio transrecifal largamente aberto as faunas pelagicas. 0 Caloviano
de facies pelagica esta presente em todo 0 Algarve.
o Jurassico superior esta separado do Jurassico medio por importante
lacuna; urn nivel de ressedimenta<;ao, datado do Oxfordiano medio, forneceu
formas calovianas (zonas de Athleta e Lamberti) e oxfordianas (zonas de Mariae,
Cordatum e Plicatilis ).
Durante 0 Oxfordiano medio inicia-se, no :\lgarve central (Albufeira-Loule-Tavira), novo cicIo sedimentar, agora de facies margo-calcaria pelagica; esta
regiao constituia a epoca urn golfo aberto em direc<;ao ao oceano. A partir do
Kimeridgiano inferior urn episodio regressivo conduz a instala<;ao de regime
laguno-marinho instavel; no Algarve ocidental 0 Jurassico superior e representado apenas p~r depositos laguno-marinhos, com alguns episodios de infiuencias
continentais.
( *) Comunica<;ao apresentada ao II Coloquio de Estratigrafia y Paleogeografia del Jurasico de Espana, Granada Outubro de 1979.
(**) Centro de Estratigrafia e Paleobiologia da Universidade Nova de
Lisboa, Quinta do Cabe<;o, 1899 LISBOA Codex. Trabalho realizado no ambito da
Iinha de ac<;ao «Cartografia do Algarve central e oriental ».
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RESUME
L'Algarve correspond it la bordure d'un bassin sedimentaire de terrains meso-cenozoiques situe it l'extreme sud du Portugal. L'esquisse chronostratigraphique
et litostratigraphique des terrains jurassiques de l'Algarve est presentee.
Le Jurassique comprehd des successions stratigraphiques variees correspondant it des domaines paleogeographiques divers. Un premier cycle sedimentaire
debute avec Ie Lias inferieur, peu fossilifere, pelitique et dolomitique, qui est surmonte par des calcaires it silex du Carixien inferieur et moyen, et par une serie de
calcaires et calcaires marneux du Carixien superieur-Toarcien inferieur.
Au debut du Jurassique moyen on peut mettre en evidence, en Algarve
occidentale, un recif qui separait un domaine interne, de facies lagunaire ou arriere-recif, d'un domaine externe largement ouvert aux faunes pelagiques. Le Callovien
de facies pelagique est present partout en Algarve.
Le Jurassique superieur est separe du Jurassique moyen par une importante
Iacune: un niveau de remaniement date de l'Oxfordien moyen a livre des formes
calloviennes (zones it Athleta et it Lamberti) et oxfordiennes (zones it Mariae, it
Cordatum et it PlicatiIis).
Un autre cycle sedimentaire debute par des facies marno-calcaires pelagiques, d'age Oxfordien moyen, localises dans l'Algarve centrale (Albufeira-Loule-Tavira); cette region constituait it l'epoque un golfe ouvert vers l'Ocean. A partir
du Kimmeridgien inferieur un episode regressif evolue vers un regime laguno-marin
instable; en Algarve occidentale Ie Jurassique superieur n'est represente que par
des depots laguno-marins avec quelques episodes it influences continentales.
L'Algarve correspond en partie a la bordure d'un bassin sedimentaire de terrains meso-cenozolques, situe a 1'extreme Sud-Ouest de la Peninsule Iberique, Ie long de la cote, depuis Ie Cap
de S. Vicente jusqu'au-delft de la frontiere luso-espagnole. La structure est celle d'un monoclinal tres etendu, incline vers Ie Sud et
affecte par un reselm de failles N-S et surtout par deux flexures
longitudinales W-E.
P. CHOFFAT (1887) a presente une premiere synthese sur Ie
Jurassique de l'Algarve dont les elements concernant la chronostratigraphie sont remarquables pour l'epoque. Un deuxieme travail d'ensemble est du a J. PRATSCH (1958) qui a etabli les rapports
entre l'Algarve et les regions limitrophes; ses conclusions d' ordre
chronostratigraphique se sont revelees pas tres exactes.
'Ces dernieres annees, une serie de travaux de geologues portugais ou etrangers, universitaires ou petroliers (R. Mouterde,
C. Palain, B; Parant, M. Ramalho, J. Rey, P. Riche, R. Rocha,
C. Ruget, H. Tintant, G. Zbyszewski) ont fait faire de nouveaux
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progres a nos connaissances. En ce moment, plusieurs equipes de
chercheurs des Universites de Lisbonne et des Servi90s Geol6gicos de Portugal travaillent sur la geologie du Meso-Cenozolque
de l'Algarve; des etudes concernant la cartographie, la stratigraphie,
la paleontologie (Ammonoidea, microfaune) et l'hydrogeologie des
terrains jurassiques sont en cours. Cette note presente une
synthese des connaissances actuelles de la chronostratigraphie et
de l'evolution paleobiogeographique du Jurassique de l'Algarve.
ESQUISSE STRATIGRAPHIQUE
Lias
Les formations de la base du Mesozorque correspondent aux
«Gres de Silves» (sensu P. CHOFFAT), epaisse serie detritique terrigene ou ont ete definies deux unites lithostratigraphiques, de bas
en haut:
a) les <<Arenites de Silves», ensemble de gres rouges a stratification entrecroisee dates par des Esth6ries du Trias superieur
(Keuper);
, b) Ie «Complexe marno-carbonate de Silves», epaisse serie
pelitique, marneuse et calcareo-dolomitique (80-200 m), a roches
vertes intercalees, date du Trias superieur-Hettangien.
La malacofaune presente dans les assises de calcaires dolomitiques feuilletes et dans des pelites sous-jacentes est d'age hettangien (FISCHER et PALAlN, 1971).
Des determinations d'age absolu (K-Ar) dans les roches vertes
sus-jacentes aux calcaires dolomitiques ont conduit a des valeurs
de 188 ± 4 MA (FERREIRA et MACEDO, 1977), ce qui confirme l'age
hettangien.
L'ab~nse de fossiles dans la partie superieure du Complexe
marno-carbonate ne permet pas de determiner, son age.
Les Gres de Silves sont surmontes par les Dolomies et calcaires
dolomititiques d'Espiche; generalement massive, finement cristalline ou saccharorde, cette formation constitue des reliefs importants
partout en Algarve. Leur epaisseur peut etre estimee a 60 metres
au minimum.
L'age sinemurien de la base de la serie dolomitique est fonde
sur sa position geometrique et sur la similitude lithologiqu~ avec
140
Ie complexe carbonate du bassin au Nord du Tage. Par comparaison
avec ce complexe, on peut penser que les premiers niveaux dolomitiques ne sont pas synchrones; ce fait est sans doute en rapport
avec les ,mouvements de la mer au moment de la transgression
liasique.
De meme la limite superieure du facies dolomitique se place
tantot au cours du Carixieninferieur (Cap de S. Vicente, Belixe,
Ferrel), tantot a la base du Toarcien (Baia de Arma9ao Nova),
tantOt meme dans Ie Dogger inferieur (Vila do Bispo, Figueira,
Matos?).
L'etude microscopique de la dolomie no us montre qU'elle
est, sans do ute, d'origine secondaire et precoce, c'est-a-dire un peu
plus recente que l'age de la formation. Les phenomenes de dolomitisation secondaire tardive que l'on observe dans la region de
Vila do Bispo sont probablement lies a la fracturation de la region
au cours de l'installation du massif de Monchique (Cretace superieur - Paleogene).
Au debut du Lias moyen, les ammonites penetrent dans la
plate-forme de l'Algarve. En effet c'est dans la partie inferieure
des calcaires dolomitiques a nodules de silex du Cap de S. Vicente
que l'on a recueilli Platypleuroceras sp., Uptonia gr. jamesoni?,
Metaderoceras sp. nov., et M. gr. venarense; Ie Carixien superieur n'a pas ete reconnu jusqu'a present.
Le Domerien lui, est ici franchement calcaire et sa partie inferieure (zone a Stokesi) est bien marquee par une importante faune
de Protogrammoceras (P. celebratum, P. marianii, P. exiguum) et
Fuciniceras (F. isseli surtout). Un seuI exemplaire d'Argutarpites
montre la presence du Domerien superieur, ce qui est confirme
par la presence de Pecten (Pseudopecten) acuticosta et Belemnites
(Passaloteuthis) bruguierianus.
Comme partout au Nord du Tage, les Dactylioceras (EodactyUtes) pseudo-commune de la base de la zone a Semicelatum sont
deja presents au sommet du facies domerien.
Le Toarcien inferieur, seul present, calcareo-marneux ou marneux, est tres fossilifere (D. semicelatum, Paltarpites pa/tus, Aulacothyris resupinata, Spiriferina a/pina, S. tumida et ses varietes,
Chlamys (Aequipecten) prisca, Plicatula (P.) spinosa, Pentacrinus
scalaris, P. subsulcatus, Frondicularia sulcata, Fo pulchra, F. cari-
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nata, Dentalina terquemi, Lingulina carinata, L. tenera, Marginulina prima, M. spinata, Nodosaria obscura, Tristix sp.). La microfaune, typiquement domerienne, ne monte cependant que jusque
dans la zone a Semicelatum comme l'a deja montre C. RUGET
(in MOUTERDE et RUGET, 1977, p. 346).
Les niveaux toarciens plus recents sontdes calcaires marneux
a Harpoceratoides sp. et Harpoceratides indeterminables specifiquement, de la zone a Serpentinus.
L'absence du Toarcien moyen et superieur et peut-etre meme
celle d'une partie de I'Aalenien ne se comprend que par des raisons tectoniques.
Dogger
Les premiers depots du Dogger correspondent a des formations recifales qui se sont developpees sans doute pendant l'AaIenien-Bajocien inferieur. Ces formations recifales, visibles aujourd'
hui seulement a la plage de Mareta sous la forme de deux biostromes, ont une direction generale WSW-ENE et doivent se poursuivre en profondeur vers I'Est.
Dans I'arriere-recif, se sont developpes des facies de· calcaires
oo]ithiques ou sont visib1es des elements issus de la destruction
du recif, de calcaires a polypiers, de calcaires pisolithiques, de
calcaires graveleux et de calcaires dolomitiques que I'on connait
depuis Ie Cap de S. Vicente jusqu'au Nord de Faro; leur epaisseur
depasseparfois 50 m. lIs sont atribues a Aalenien-Bathonien
a I'aide d'une microfaune pas tres riche: Protopeneroplis striata,
Mesoendothyra croatica, Dictyoconus caieuxi, Kilianina sp. var.,
Pseudocyclammina lituus, Nautiloculina oolithica, Rhapydionina
sp., Girvanella sp., Nubecularia sp., Taumathoporella sp.
Dans Ie domaine externe, Ie recif de la plage de Mareta, deja
karstifie, est surmonte par des calcaires sableux a Zoophycos (10 m)
et des marnes grisatres (30 m). Les premiers sont dates du Bajocien
superieur (zone a Subfurcatum, sous-zone a Aplous) par une
association identique a celle que G. PAVIA et C. STURANI (1968,
p. 313) ont signale dans les Alpes de Haute Provence et qui comprend les derniers Normannites, Itinsaites, Stemmatoceras et Teloceras et les premiers Perisphinctidae [Leptosphinctes (Cleistosphinc-
142
tes) et Caumontisphinctes]; ils sont surmontes par une surface
d'arret de sedimentation ou la presence d'un Ebrayiceras sp. a
permis de dater la reprise de la sedimentation du debut du
Bathonien. L'unite marneuse a ete datee du Bathonien moyen
a superieur a l'aide de tres rares ammonites [Polyplectites compressus et Tulites (Rugiferites)? a la base, H. (Prohecticoceras) et Hemigarantia au sommet]; la microfaune, tres riche,
ne parait pas suffisamment caracteristique [Lenticulina (Lenticulina) pi. sp., L. (Planularia) pi. sp., L. (Astacolus) algarviensis,
Vaginulina pI. sp., Saracenariapl. sp., Nodosaria pI. sp., Tristix
pi. sp., Citharinella pi. sp.; Marginulina pI. sp., Dentalina pI. sp.,
Lingulina pi. sp., Eoguttulina pi. sp.] (RUGET, 1973).
Le facies callovien semble identique partout en Algarve; a
l'occident i1 affleure surtout dans la cote depuis Ie Fort de Belixe
jusqu'a Zavial, dans la region de LouIe-Faro i1 est connu seulement au coeur de plusieurs structures diapiriques (LouIe, Guilhuim, Telheiro, Cancela). A la base ce sont surtout des
marnes grisatres avec lits centimetriques de calcaire compact
brun rougeatre a pistes; ces marnes vont se charger peua peu de
bancs decimetriques de calcaires marneux jaunatre. Au sommet,
Ie facies callovien se termine par des bancs de calcaire marneux
compact, de plus en plus dHritique, ou sont frequents des phenomenes de «slumping». En Algarve centrale, l'unite marneuse de
la base est plus epaisse (50 a 60 ill contre 20 m en Algarve occidentale). Par contre, l'ensemble calcaire et marnocalcaire est plus
epais en Algarve occidentale (70 a 75 m a Mareta contre 25 a 30 m
au Nord de Faro); i1 faut noter cependant que jusqu'a present
on ne connait pas de Callovien superieur en Algarve centrale ou
les series peuvent etre reduites ttctoniquement.
Seules quelques zones du Callovien ont pu etre datees:
-la zone a Macrocephalus a l'aide de quelques nucleus de
Macrocephalites (Macrocephalites) sp., Bullatimorphites sp., Choffatia sp.;
-la zone a Coronatum par des Hecticoceras (Brightia)
metomphalum, H. (B.) salvadorii, R. (Reineckeia) sp.;
-la zone a Athleta par des H. (Orbignyiceras) trezeense,
Orionoides sp., Taramelliceras suevicum, Peltoceras baylei, Kellawaysites falcatus.
143
L'etude des associations faunistiques nous montre a I'Ouest
une plus grande abondance de fossiles pyriteux et, par contre, a
rEst, une plus grande richesse de formes planctoniques (Bositra
buchi tres abondante a Telheiro et Cancela, au N de Faro).
La regression callovienne est bien marquee par Ie ravinement
qui coupe en biseau Ie Callovien moyen (Benayoitao, Telheiro)
et superieur (Belixe, Cilheta, Mareta, Baleeira); en Algarve occidentale l'existence de depots phosphates ou ferrugineux au-des sus
de la surface de discontinuite fait penser a une persistance du
regime marin plutOt qu'a une emersion.
Dans cet horizon a fossiles phosphates ou ferrugineux (0,50
a 2 m) il y a une richeassociation fossilifere que ron peut diviser
en trois groupes distincts:
1) des formes calloviennes, inconnues a la base de I'Oxfordien [Paracenoceras calloviense, H. (Sublunuloceras) nodosulcatum,
Kosmoceras (K.) spinosum, K. duncani, K. compressum, K. spoliatum,
K. gemmatum, Alligaticeras indicum, Choffatia (Grossouvria). variabilis, C. (G.) ophioides, Rursicerascaprinum, Subgrossouvria sp.,
Binatisphinctes sp.];
2)
des formes oxfordiennes
a) des zones a Mariae et a Cordatum (Mirosphinctes
mirus, Prososphinctes sp., Properisphinctes sp.); .
b) de la zone a Plicatilis ou qui debutent dans la zone
a Plicatilis [Po (Arisphinctes) plicatilis, Dichotomos~
plinctes, Pachyceras (Tornquistes) helvetiae morphotype kobyi];
c) de I'Oxfordien inferieur a moyen (Tararnelliceras
minax);
3) des formes connues depuis Ie Callovien superieur jusqu'a
I'Oxfordien moyen [Pseudaganides aganiticus, Sowerbyceras protortisulcatum, Parawedekindia arduennensis, Euaspidoceras (Paraspidoceras) sp.].
Ce niveau de remaniement a ete date de l'Oxfordien moyen,
zone a Plicatilis, en Algarve occidentale. Dans l'Algarve centrale
144
(Telheiro, Cancela), des travaux recents de cartographie ont permis
de mettre en evidence la presence d'un ravinement qui coupe en
biseau Ie Callovien moyen it Reineckeides.
Maim
La base du Jurassique superieur (Oxfordien inferieur? -Kimmeridgien inferieur) presente des facies distinctes it l'Ouest et au
centre de l' Algarve.
Ainsi I'Oxfordien inferieur (?) it superieur, de type bassin, it
cephalopodes, est connu seulement en Algarve centrale depuis
Albufeira jusqu'it Tavira, avec des facies de calcaires marno-sableux et sublithographiques plus ou moins compacts, jaunatres it grisatres et marnes plus ou moins greseuses. Seuls quelques
banes calcaires sont riches en fossiles; on a pu mettre en evidence
la presence de:
-la zone it Cordatum it Telheiro (un seul fragment de Campylites sp. en association avec Lissoceratoides erato et des Phylloceratides pas caracteristiques);
-Ie sommet de la zone it Plicatilis - base de la zone it Transversarium au Moinho do Cotovio, it Barracha et it Albufeira rassociation de Perisphinctes (Dichotomosphinctes) antecedens, P. (D.)
buckmani, P. (D.) dobrogensis, P. (D.) elisabethae, P. (D.) wartae,
P. (Otosphinctes) birmensdorfensis, P. (0.) siemiradzkii, Euaspidoceras
oegi, Taramelliceras argoviense, Ochetoceras canaliculatum, O. hispidum, entre autres];
-la zone it Bifurcatus au Barranco de S. Miguel [avec l'indice
de la zone, P. (Dichotomoceras) bifurcatus];
-la zone it Bimammatum it Peral, Moncarapacho, Barranco
de S. Miguel, Barracha, Vale da Burra et Fazenda Nova [presence
de Orthosphinctes (0.) tiziani, o. (0.) wemodingensis, o. (0). laufenensis, o. (0.) gredingensis, o. (0.) virgulatus, o. (0.) delgadoi,
o. (Pseudorthosphinctes) alternans, Epipeltoceras bimammatum, E.
berrense, Taramelliceras costatum];
-la zone it Planula it Vale de Burra, it Fazenda Nova et it
Barracha [association de Idoceras sp., o. (0.) polygyratus, o. (0.)
145
fraybergi, O. (Pseudorthosphinctes) evolutus, O. (Ardescia) triplex,
Aspidoceras (Physodoceras) altenensis)].
Le Kimmeridgien a cephalopodes est connu a Alfarrobeira,
a MalMo, a Albufeira, a Barracha et a Vale da Burra, normalement sous des facies marneux. On y a recoite Nebrodites sauteri,
N~ (N.) pelto ides, Progeronia breviceps, Taramelliceras (T.) compsomum. A Alfarrobeira B. ZIEGLER (1971, p. 67) avait deja cite
Nebrodites cafisii, N. hospes, N. peltoideum, Ataxioceras sp., A.
oppeli et Aspidoceras longispinum.
Localement (Moinho do Cotovio, Albufeira) se developpent
ensuite des facies recifaux qui montrent Ie retrait de la mer vers
Ie Sud, et des facies greseux grossiers qui indiquent des apports
detritiques d'un rivage proche.
ParalleIement, en Algarve occidentale, I'Oxfordien moyen (?)
et superieur est represente par des calcaires compacts, cryptocristallins, avec des niveaux a «cailloux.noirs» et intercalations marneuses pauvres en fossiles: crinoldes, quelques ostracodes, characees
(Porochara sp., Dictyoclavator n. sp.), quelques foraminiferes
(Ophthalmiidae), codiacees (Arabicodium sp.) (1), spicules. Cet
ensemble est surmonte par une autre serie de calcaires a «cailloux
noirs», compacts, parfois conglomeratiques, a spicules, miliolides,
Pseudocyclammina parvula, Kurnubia palastiniensis, Salpingoporella annulata et de rares A lveosepta jaccardi, Clypeina jurassica
et «Vaginella» striata, avec quelques niveaux a Stromatoporides
dans la partie superieure; il est attribue au Kimmeridgien.
Les deux ensembles lithologiques de l' Algarve occidentale
et de l' Algarve centrale sont surmontes par des dolomies et calcaires
dolomitiques plus ou moins massifs, crista.llins, dont l'epaisseur
peut depasser 70 metres. La dolomitisation, secondaire sans doute,
coupe la serie du Jurassique superieur en biseau; ses limites sont
donc heterochrones tant a la base qu'au sommet et son importance, tres variable, peut meme etre nulle. Les dolomies ont ete
attribuees, en Algarve occidentale (Ponta de Sagres, Martinhal,
Vale da Torre) au Kimmeridgien terminal- base du Portlandien
(RAMALHO, 1972-73, p. 466).
A I'Ouest de LouIe (Vale Judeu), en Algarve centrale, l'etude
(1)
M.
La microfaune citee pour Ie Jurassique superieur a ete etudiee par
(1972-1973).
RAMALHO
146
d'un . sondage a montre une· centaine de metres de calCaires du
sommet du Kimmeridgien non atteint par la dolomitisation (2).
Les facies dolomitiques sont partiellement correlatifs des calcaires sublithographiques, compacts, en sequences negatives, riches
de coraliaires, de radioles d'oursins, de gasteropodes et d'une
microfaune dont l'etude est en cours.· Cette serie est particulierement developpee Ie long de la tiviere de Quarteira, au Sud de
Paderne.
La serie jurassique se termine par des calcaires compacts,
cryptocfistallins, intrac1astiques a Anchispirocyclina lusitanica,
Freixialina planispiralis, Trocholina alpina-elongata et Salpingoporella annulata, association identique a celIe du Portlandien superieur de Sintra et d'Arnibida (RAMALHO, op. cit., p. 470).
Le passage au Cretace (facies «purbeck») est bien visible en
Algarve occidentale (coupe de Almadena) et parait etre present
a Fontainhas sur la route nationale entre Ferreiras et Boliqueime;
il se fait dans une serie de calcaires marneux compacts et marnes
a «cailloux noirs», avec une microfaune de Anchispiroc,vclina lusitanica, A. maynci, F. planispiralis et surtout des charophytes (Dictyoclavator fieri, Perimneste horrida, Globator maillardi et Nodosoclavator bradleyi).
EVOLUTION ·PALEOBIOGEOGRAPHIQUE
Au cours du Jurassique, Ie Portugal se situait sur la marge
(nord? nord-ouest?) d'un massif emerge, la Meseta Iberique, en
bordure d'une mer d'ou partaient des transgressions tres localisees qui ne s'etendent jamais tres loin vers l'interieur. C'est tout
Ie long· de cette mer, qui prefigure l'Atlantique actuel, que les faunes boreales et· mesogeennes· se melangent, d'ou l'importance
paleobiogeographique de notre pays pendant les temps jurassiques.
Au Mesozoique, les premieres influences marines, tres tenues,
se sont manifesrees dans les depots d'abord detritiques, puis argileux fins («Gres de Silves» sensu CHOFFAT) associes a des evaporites (LouIe), ce qui indique une premiere intervention nette de
Ia mer; ces depots sont attribuesau Trias superieur (Keuper) et
a la base du Lias inferieur.
(2)
Information orale de G.
MANUPPI:LLA.
147
Tous les representants de la faune sont marins et si certaines
formes (mollusques, serpules) ont pu vivre dans un milieu euryhalin, d'autres (echinodermes, polypiers) n'ont pu se deve10pper
que dans des conditions franchement marines. Le milieu de sedimentation devait constituer un domaine marin tres littoral encore
soumis a des influences plus ou moins importantes du continent.
Differentes phases de coulees doleritiques et de tuffites ,(probablement sous-marines) se situent a l'interieur de la serie argileuse.
Vers la fin de l'Hettangien, debut du Sinemurien, la sedimentation carbonatee dolomitique devient continue dans tout l'ensemble
du bassin et ces facies suggerent une vaste plate-forme ou les influences marines sont encore precaires et ou les sels de magnesium precipitaient souvent a cote des sels. de calcium. Ces dolomies et calcaires dolomitiques ont des limites heterochrones partout; la
presence de rares fossiles (lamellibranches, gasteropodes, oursins)
montre que cette plate-forme s'ouvrait peu a peu aux influences
marines.
Au debut du Lias moyen, un petit golfe a sedimentation pelagique a du s'installer dans l'extremite occidentale de l'Algarve
et il s'est maintenu, au moins, jusqu'au Toarcien inferieur.
En effet c'est dans des facies de calcaires dolomitiques a nodules de silex qu' on ete recoltees les. premieres ammonites; ce facies
n'est pas connu au Nord du Tage, par contre, c'est un facies courant en Mesogee (Andalousie, Moyen Atlas, Provence, region
meridionale des Alpes franc;aises).
Les quelques Deroceratides recoltes en Algarve sont differents de ceux du Nord du Tage; ils rentrent bien dans Ie domaine
de la variabilite de ceux recoltes par J. Faugeres dans les Rides
Sudrifaines. Nous sommes done en presence d'une faune de caractere mesogeen.
La migration des Hildoceratidae mesogeens (Protogrammoceras, Fuciniceras) en direction de l'Europe boreale est bien
marquee en Algarve et au Nord du Tage ou ils sont typiques de
l'extreme base du Domerien.
Ces faits, associes a la migration connue des Phylloceras et
des Amaltheus no us montrent que les communications entre l'Europe boreale et la Mesogee, qui n'existaient presque pas au CarL
148
xien inferieur et moyen, sont devenues faciles pendant Ie Domerien
iriferieur. L'etranglement au niveau de Gibraltar pendant Ie Lias
dont nous padent J. AUBOUIN (1975, p. 558) et S. ELMI et alli
1974, p. 79) parait avoir bien fonctionne jusqu'a la fin du Carixien.
Pedant les premiers temps pliensbachiens on peut donc
definir deux mers au large de la Meseta: une mer epicontinentale
a fa~nem~soge~nne,l developpe~ver$ Ie tudet Ie $ud-E~t,et,ve~s
Ie Nord, une mer boreale dont les episodes transgressifs amenent
des faunes dans Ie bassin au Nord du Tage (on ne les connait pas
en Algarve). Pendant Ie Carixien superieur - Domerien inferieur
des transgressions conjugees de ces deux mers vont faciliter les
migrations des faunes Ie long des plates-formes epicontinentales
bordant les massifs herites de 1'0rogenese hercynienne.
Le bassin de l' Algarve appartient sans doute, pendant Ie Lias,
a la province submediterraneenne.
Tandis qu'au Nord du Tage, I'Aalenien et Ie Bajocien sont
bien representes, en Algarve, aussi bien qu'en Espagne (bassin
basco-cantabrique, Chaines Iberiques) on connait a cette epoque
des reductions d'epaisseur systematiques, meme des lacunes contemporaines de perturbations de la sedimentation que R. MouTERDE (1971, p. 28) a traite comme la «crise aalenienne». C'est
alors que 1'0n peut mettre en evidence l'existence, en Algarve occidentale, d'un recif qui separait un domaine interne, de facies lagunaire ou arriere-recif, d'un domaine externe largement ouvert aux
faunes pelagiques. Ce regime recifal a du se maintenir dans la
region jusqu'a la fin du Bathonien.
Les affinites des associations fauniques du Bajocien-Bathonien sont nettement mesogeennes (association de CleistosphinctesCaumontisphinctes- Nannolytoceras-Phylloceras; association de
H emigarantia - Prohecticoceras); la presence d 'Ebrayiceras montre
cependant des affinites boreales.
Le Callovien presente partout des facies identiques, d'abord
argileux, puis de plus en plus calcaires; ces sediments se sont deposes dans une vasiere cotiere sans courants, sans doute appartenant
a la zone infralittorale, et plus ferme en Algarve centrale qu'a 1'0ccident. En Algarve centrale, la seule presence du Callovien au coeur
de quelques structures anticlinales diapiriques est due a l'augmentation de la profondeur des formations meso-cenozo'iques au Sud
149
de la flexure Sagres-Algoz-Queren9a; cet accident de direction
E-W, constitue probablement la suite de la flexure du Guadalquivir
(ROCHA, 1976, pp. 148-149).
Pendant Ie Callovien inferieur et moyen la presence de faunes
mesogeennes [Macrocephalites, Kamptokephalites, Oppelia, Hecticoceras (Brightia) , Reineckeia], l'absence de faunes boreales et
l'abondance de Phylloceratides, Holcophylloceras particulierement,
permettent de rattacher l' Algarve a la province submediterraneenne.
A partir du Callovien moyen se marque dans la Peninsule
(Nord du Tage, Algarve, Asturies, Navarre, Chaines Iberiques,
Chaine Betique) l'ebauche d'une importante regression, bien marquee en Algarve par Ie ravinement qui coupe en biseau Ie Callovien
moyen et superieur; i1 y aurait persistance du regime marin entre
Ie Callovien et l'Oxfordien (cf. niveau a fossiles ferrugineux ou
phosphates de la base de I'Oxfordien).
L'abondance de Kosmoceratidae dans ce niveau marque bien
la migration de ces faunes vers Ie Sud, mais e1les demeurent toujours minoritaires (20 %) par rapport aux elements mesogeens autochtones (60 % de l'ensemb1e de la faune correspondent a des Phylloceratides). L'Algarve appartenait bien a cette epoque a la province submediterraneenne; par contre, Ie bassin au Nord du Tage
serait d'affinite sub-boreale: Cependant les echanges demeuraient
possibles entre les deux bassins, sans doute par un «Proto-Atlantique» situe plus a l'Ouest; c'est sans doute par cette voie qu'ont
pu descendre jusqu'en Algarve, les Kosmoceras d'age Callovien
superieur, qui marquent l'extension maximale vers Ie Sud de cette
famille.
A l'Oxfordien inferieur une nouvelle transgression se manifeste et elle debute un nouveau cycle sedimentaire. Les facies pelagiques a cephalopodes connus seulement en Algarve centrale, dessinent un golfe ouvert vers Ie S; en Algarve occidentale, Ie regime
laguno-marin instable est represente par des formations de plate-forme tres littorale a oncholites et par des formations saumatres
ou continentales (calcaires a «cailloux noirs» et fragments de charbon), debutant par une breche (breche d'Odiaxere ou breche d'AIcantarilha) d'age Oxfordien moyen a superieur.
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Le golfe centre dans la region de LouIe persiste jusqu'au debut
du Kimmeridgien mais i1 se reduit rapidement a partir du Kimmeridgien inferieur et les facies deviennent partout en Algarve marino-saumatres a abondants oncholites et charophytes.
L'ensemble lithologique qui surmonte les dolomies du Kimmeridgien-Portlandien montre encore des influences marines de petite
profondeur (A. lusitanica, dasycladacees et autres) alternant avec
des influences continentales (charophytes et ostracodes saumatres).
Le cycle sedimentaire qui avait debute a l'Oxfordien inferieur voit
ici sa fin.
Les elements concernant la paleo biogeographie du Jurassique
superieur sont en cours d'etude mais dans l'ensemble la faune
d'ammonites appartient encore au domaine mesogeen.
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