dossier zoom - Orchestre National de Lille

Transcription

dossier zoom - Orchestre National de Lille
onlille.com
+33 (0)3 20 12 82 40
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ZOOM
PIERRE BOULEZ VS HECTOR BERLIOZ
JEU 29 OCT. & MAR 03 NOV. 20h / Lille, Auditorium du Nouveau Siècle
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Boulez Rituel in memoriam Bruno Maderna Berlioz
Symphonie fantastique
Direction Maxime Pascal
Dans le cadre de RENAISSANCE avec lille3000
Manifestation aidée par Musique Nouvelle en Liberté
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Rédaction Ghislain Abraham intervenant pédagogique o.n.l.
Crédits photos
Pierre Boulez : © Nationaal archief, Nederlands
Bruno Maderna : © INTERFOTO / Alamy/Alamy
Extrait de la partition (disposition de l’orchestre) : © Universal Edition
Maxime Pascal : Ugo Ponte © onl
Soliste cor Anglais onl (Philippe Gérard) : Ugo Ponte © onl
Cor ‘anglé’ (instrument ancien) D.R.
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orchestre national de lille – Place Mendès France, Lille (licence n°2-1083849)
Association subventionnée par le Conseil régional Nord-Pas de Calais, le Ministère de la Culture et de la Communication,
la Métropole Européenne de Lille et la Ville de Lille
➊ Pierre Boulez
Bruno Maderna
RITUEL DE BOULEZ Un dernier hommage à Bruno Maderna
Bruno Maderna était un chef d’orchestre et compositeur (tout comme Pierre Boulez) italien qui a
beaucoup œuvré pour la diffusion de la musique de son temps. C’est sous sa direction que sont créées
de nombreuses pièces pour orchestre de Berio, Stockhausen, Nono et bien d’autres… Il se lie d’une
très grande amitié avec Pierre Boulez avec lequel il évolue dans les mêmes sphères musicales d’avantgarde. Tous deux partagèrent de nombreuses recherches musicales communes. En tant qu’éminents
chefs d’orchestre, ils prirent part ensemble aux côtés de Karl-Heinz Stockhausen à la création, à 3
chefs, de sa pièce Gruppen (Cologne, 1958), pièce qui nécessite 3 orchestres jouant simultanément des
choses différentes. Boulez et Maderna furent également membres actifs de l’Université d’été de
Darmstadt (Allemagne), véritable creuset de la musique nouvelle rassemblant des étudiants de toutes
nationalités et les plus illustres compositeurs de l’avant-garde. C’est dans cette ville en 1973 que
s’éteint Maderna, des suites d’un cancer à l’âge de 53 ans. Boulez souhaite lui rendre hommage. Il
conçoit donc son Rituel pour un orchestre de 52 musiciens : 10 instrumentistes à cordes, 33
instrumentistes à vent et 9 percussionnistes. Cet ensemble est spatialisé* et réparti en 8 groupes entourant le chef d’orchestre. Les groupes
comprennent un nombre croissant de musiciens et dans chaque groupe, il y a un percussionniste (voire
2 pour le groupe 8). Les percussions font usage de nombreux tams* et gongs* aux résonnances
« asiatiques » qui donnent à ce rituel imaginaire une étrange saveur exotique.
Groupe 1 : un hautbois + un
percussionniste
Groupe 2 : deux clarinettes + un
percussionniste
Groupe 3 : trois flûtes + un
percussionniste
Groupe 4 : quatre violons + un
percussionniste
Groupe 5 : un quintette à vents
(hautbois, clarinette, saxophone, 2
bassons) + un percussionniste
Groupe 6 : un sextuor à cordes (2
violons, 2 altos, 2 violoncelles) + un
percussionniste
Groupe 7 : un septuor de bois (flûte
en Sol, hautbois, cor anglais, petite
clarinette, clarinette basse, 2 bassons)
+ un percussionniste
Groupe 8 : un groupe de quatorze cuivres (4 trompettes, 4 trombones, 6 cors)+ 2 percussionnistes
Les 9 percussionnistes apparaissent un peu comme les maîtres d’une cérémonie funéraire imaginaire
et immémoriale de quelque rite extra-européen. Le hautbois-solo qui ouvre la pièce rappelle le
hautbois tibétain. Son chant inaugural trace la ligne conductrice, sa mélodie étant progressivement
reprise et transformée par les autres instruments. Il s’agit sans doute aussi d’une personnification de
Bruno Maderna dont l’instrument de prédilection était le hautbois.
Architecture de la pièce
La mise en place progressive de cet ensemble évolue par accumulation (de plus en plus en
d’instruments entrent dans le jeu) en une alternance de sections que Boulez appelle :
« versets » : séquences impaires, sans pulsation* qui s’ouvrent par une note de gong* et se
referment par une résonance de tam-tam*
et
« répons » séquences paires, avec pulsation indépendante dans chaque groupe, marquée par le
percussionniste du groupe.
Aux deux tiers de la pièce, cette progression par accumulation s’arrête et c’est le processus inverse qui
opère. Alors qu’on aurait pu s’attendre à une apothéose puissante à laquelle prendraient part tous les
instruments, on observe au contraire un retrait, un geste de l’ordre du délitement, de la soustraction :
des silences se substituent aux tenues, de simples ponctuations des cuivres remplacent les motifs
mélodiques. On entre alors dans une « cérémonie de l’extinction » suggérée par la dédicace de la
pièce. Le silence marque l’intériorisation du rituel, l’incorporation de la perte. Les instruments se
retirent les uns après les autres laissant les groupes 7 et 8 terminer la pièce. Ce procédé rappelle la fin
de la Symphonie Les Adieux de Haydn et ce n’est sans doute pas un hasard. Une manière subtile de la
part de Boulez de dire adieu à son ami.
! UNE ÉCOUTE SUR YOUTUBE
https://www.youtube.com/watch?v=ATMhR4ILsxI ! EN BREF
Titre Rituel in memoriam Bruno Maderna
Compositeur Pierre Boulez (français), né en 1925
Date de création 2 avril 1975, Londres
Genre Musique d’ensemble pour orchestre spatialisé
Durée 25’
➋ MAXIME PASCAL
Le jeune chef qui monte !
Fondateur du Balcon en 2008,
ensemble qui se définit comme « une
joyeuse bande de talents en fusion –
musiciens, chanteurs, metteurs en
scène, vidéastes, compositeurs aussi –,
que délecte particulièrement le
répertoire du 20ème et du 21ème
Siècle (Eötvös, R. Strauss, Stockhausen, Britten, Schoenberg, Levinas) mais aussi de celui plus
ancien. » Citons par exemple les Vêpres de Monteverdi que le Balcon vient de donner à la Basilique
Saint-Denis. L’ensemble assure aussi la création de nombreuses pièces de jeunes compositeurs
d’aujourd’hui qui sont partie prenante du projet (notamment Pedro Garcia-Velasquez, Juan Pablo
Carreño et Alfonse Cemin).
La marque de fabrique du Balcon est d’opter pour une amplification de chaque instrumentiste de
l’ensemble qui permet un contrôle total du son orchestral quel que soit le lieu de concert. Maxime
Pascal, fortement influencé par la reproduction sonore enveloppante des salles de cinéma, souhaite
imprimer à la musique un « geste d’augmentation », renforçant ses effets sur des auditeurs englobés
dans un spectacle total.
Maxime Pascal est également directeur musical de l’Orchestre Impromptu. Il est en résidence à la
Fondation Singer-Polignac depuis septembre 2010. En mars 2014, il est le premier Français à
remporter le Young Conductors Award du Festival de Salzbourg, un prestigieux concours de jeunes
chefs d'orchestre.
Il n’est pas un inconnu pour le public de Lille puisqu’il était invité, en janvier 2014, à diriger l’o.n.l.,
entouré de quelques complices du Balcon (notamment Rodrigo Ferreira, contre-ténor). Il a dirigé à
nouveau l’o.n.l., en alternance avec Jean-Claude Casadesus lors de la 22ème cérémonie des Victoires de
la Musique Classique. Il a également pris la direction de l’orchestre de formation professionnelle du
Pôle Supérieur Nord-Pas de Calais dans le Chant de la Terre de Malher en décembre 2014. Enfin, il
était également en avril 2015 à l’Opéra de Lille avec son ensemble pour diriger l’opéra Le Balcon de
Peter Eötvös d’après Jean Genet. C’est cet opéra, ardemment défendu par Maxime Pascal qui lui a
inspiré le nom de son ensemble.
C’est donc en terrain connu que Maxime Pascal revient cette saison à Lille pour donner sa vision de la
musique de Boulez. On peut s’attendre aussi à une version flamboyante de la Fantastique de Berlioz,
également au programme.
➌
LE COR ANGLAIS
Le grand frère du hautbois
Au tout début du troisième mouvement de sa Symphonie fantastique
intitulé ‘Scène aux champs’, Hector Berlioz confie un grand solo* au
cor anglais en dialogue avec le hautbois. Il souhaite évoquer
musicalement un échange entre deux bergers jouant sur leurs
instruments par une belle soirée d’été à la campagne. Pour donner
l’illusion d’un son lointain, extérieur à l’orchestre, Berlioz précise
même que ces 2 solistes doivent jouer ‘en coulisse’ c’est-à-dire depuis
les couloirs qui mènent à la scène, sans être vus. Le cor anglais n’est
donc pas, comme on pourrait le croire un instrument en cuivres mais
bien un instrument de la famille des bois et plus précisément des anches* doubles. Il est le grand frère
du hautbois et sonne plus grave que lui. On le reconnaît à son bocal* courbe et à son pavillon* en
forme de poire. Son timbre* est voilé et sombre. Les compositeurs l’apprécient pour son
caractère mélancolique et lyrique. Le nom « anglais » est une déformation du mot
« anglé » car les premiers instruments mis au point à l’époque classique n’étaient pas
rectilignes mais « pliés » en forme de V, l’instrument formant donc un angle (photo cicontre). Le cor anglais est une évolution du Oboe de Caccia, très utilisé à l’époque
baroque par Jean-Sébastien Bach dans ses Cantates. Ce grand hautbois était, quant à lui,
courbe et muni d’un pavillon* en cuivre.
! EN BREF
Titre Symphonie fantastique, op.14
Compositeur Hector Berlioz (1803-1869), français
Date de création décembre 1830, Paris (première version)
Genre symphonie (en 5 mouvements)
Durée 50’
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PETIT DICTIONNAIRE MUSICAL
(retrouvez ici tous les mots signalés*)
Anche : accessoire indispensable à certains instruments à vent composé d’une lamelle de roseau
taillée de manière très fine de façon à vibrer contre un bec (anche simple). Les anches doubles sont
constituées de 2 lamelles de roseau superposées, vibrant ensemble.
Bocal : (de l’italien ‘bocca’ = la bouche) accessoire de certains instruments à anche double constitué
d’un tube de laiton qui relie l’anche à l’instrument.
Gong : disque en métal de taille variable (à partir de 20 cm de diamètre et jusqu’à 1,5m !) suspendu
verticalement est dont le centre est en relief (appelé ‘mamelon’ ). Chaque gong joue une hauteur de
note précise. En plaçant plusieurs gongs côte à côte, on peut donc jouer des mélodies.
Pavillon : extrémité d’un instrument à vent par laquelle le son « sort ». De plus souvent de forme
évasée, il sert en quelque sorte de porte-voix au son de l’instrument permettant une projection sonore.
Pulsation : rythme régulier qui sert de base à la musique.
Solo : passage musical dans lequel un instrument joue une mélodie qui ressort du reste de l’orchestre.
Spatialisation : procédé de répartition des instruments sur la scène. Le compositeur peut décider de ne
pas utiliser la disposition ‘classique’ de l’orchestre mais de répartir les instruments sur scène comme il
le souhaite.
Tam ou tam-tam : contrairement à ce qu’on imagine, le tam-tam ne désigne pas (dans l’orchestre
symphonique) un tambour africain mais un grand disque de métal suspendu verticalement originaire
d’Asie que l’on frappe avec une mailloche. Contrairement au gong, il est entièrement plat et produit
des sons riches et très résonnants mais sans hauteur de note précise.
Timbre : il s’agit du son de l’instrument, avec les caractéristiques sonores qui lui sont propres.