Georg Baselitz - Musée d`art moderne et contemporain de Saint

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Georg Baselitz
Russenbilder
les tableaux russes
Musée d’art moderne de Saint-Étienne métropole
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F é v r i e r
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2 2
A v r i l
2 0 0 7
sommaire
introduction
p2
repères biographiques
p4
contexte historique: l’Allemagne divisée de l’après-guerre
p6
lecture d’oeuvres
p8
abstraction / figuration
p 12
Russenbilder: les tableaux russes
p 13
lecture d’oeuvres de la série Russenbilder
p 14
pistes de recherches pédagogiques
p 18
glossaire et bibliographie
p 20
introduction
2
Baselitz est un peintre allemand qui a connu
parmi celles de Beckett et de Lautréamont)
une célébrité tardive dans les années 1970,
et une activité fiévreuse de collectionneur
liée à un regain d’intérêt pour la pratique
(d’art africain et d’œuvres d’artistes qu’il
picturale.
ajoute à ses expositions personnelles). Ba-
L’artiste, qui s’est illustré aussi bien dans la
selitz est par ailleurs auteur de nombreux
peinture, le dessin, l’aquarelle, les estampes
textes qui n’éclairent pas sa pratique, mais
que la sculpture, jouit aujourd’hui d’une re-
qui en sont le corolaire parmi lesquels les
connaissance internationale.
manifestes Pandémonium* I 1961, Pandé-
Son approche renouvelle ces différents me-
monium* II 1962, Cher Monsieur W! 1963,
dia qu’il n’hésite pas à combiner. Lorsqu’il
Quatre murs et éclairage zénithal 1979.
travaille le bois ou le linoléum, il arrive ainsi
Manifestant une grande maîtrise des diffé-
qu’il intervienne a posteriori avec des cou-
rents media utilisés, une capacité d’invention
leurs à l’huile.
toujours renouvelée. Baselitz poursuit enfin
A cette remarquable vitalité, s’ajoutent des
son travail plastique dans une remarquable
qualités d’illustrateur (d’œuvres littéraires
indépendance d’esprit.
3
repères biographiques
23 janvier 1938
Naissance de
Hans Georg Kern à Deutschbaselitz (RDA,
près de Dresde).
1956-57
Formation en école d’art à
Berlin-Est - dont il est renvoyé pour « manque de maturité socio–politique » - puis à
Berlin-Ouest où il s’installe en 1958.
1961
Première exposition. Rédaction
du manifeste Pandémonium* I dont l’esprit
s’apparente aux textes dadaïstes et surréalistes et à l’esprit d’Antonin Artaud.
Prend le nom de Georg Baselitz en souvenir
de son village natal de Saxe.
1962
Epouse Elke Krtezchmar. Réalise
de multiples portraits de sa femme, d’autoportraits et de portraits en couple.
Vie bourgeoise en hiatus avec ce qui s’exprime dans son œuvre.
4
1963
Première exposition personnelle,
Jusqu’à la fin des années 80
à Berlin. Interdiction pour «outrage public
Peint des tableaux constitués de plusieurs
à la pudeur, pornographie et insulte à l’Alle-
panneaux, les motifs sont répétés avec des
magne». Oeuvres confisquées par la police,
variantes. Sa peinture devient plus abstrai-
puis restituées en 1965 à l’issue du procès.
te, les éléments graphiques prépondérants.
(voir La Grande Nuit foutue, p9)
(voir 45, p10)
1966-1969
Réalise les tableaux-
Au début des années 1990
fractures, première approche de la décons-
Explicite l’idée selon laquelle toute peinture
truction de la figure et du tableau. (voir Idyl-
est Bildübereins (‘Tableau sur l’autre’, repen-
le à quatre bandes, p11)
tir*). Peint au sol, piétine la toile de grand
format (traces de pas). Attaque la peinture
1969
Première peinture au sujet ren-
avec les doigts et tout le corps. Puissante ex-
versé : La forêt à l’envers, suivie de portraits
pressivité agressive que l’on a qualifiée d’ex-
de sa famille et de ses amis représentés tête
pressionniste* - terme qu’il récuse.
en bas. (voir Elke VI, p12)
A partir de 1979
Sculpte
sur
bois, à la hache et à la tronçonneuse, renouvelant ainsi la tradition de la statuaire sur
Baselitz vit et travaille aujourd’hui à Derne-
socle. (voir Torse féminin , p11)
bourg et Imperia (Italie).
5
contexte historique:
l’Allemagne divisée
de l’après-guerre
Dès la conférence de Téhéran, en
1948: les Américains et leurs alliés sou-
1943, le futur sort de l’Allemagne est étu-
haitent redonner à l’Allemagne sa puissance
dié par les Alliés convaincus de remporter la
économique d’avant-guerre (abolition des
guerre.
mesures de Postdam). Ils programment la
En 1945 les deux superpuissances envahis-
fusion de leurs trois zones et la création du
sent le pays: la partie orientale et la ville de
Deutsche Mark. Par mesure de rétorsion,
Berlin par l’Armée Rouge et la partie occi-
Staline tente de s’emparer des trois zones
dentale par les américains. Dans l’affronte-
de Berlin-Ouest, isolées en zone soviétique.
ment appelé guerre froide, que vont se livrer
Il organise un blocus destiné à empêcher
les États-Unis et l’URSS, les deux grandes
son ravitaillement. Le blocus échoue après la
puissances victorieuses, l’Allemagne et Ber-
mise en place d’un pont aérien par les Amé-
lin occupent une place particulière.
ricains.
Juillet–Août 1945: conférence de
la partition de l’Allemagne en deux états dis-
Postdam : les Alliés décident de la démilita-
tincts : la RFA et la RDA.
risation et de la désindustrialisation de l’Alle-
En 1955, la RFA entre dans l’OTAN.
magne. La défense du pays est assurée par
6
1949: les Américains et l’URSS décident
les Américains et les Soviétiques. Le terri-
De 1955 à 1969,
toire est partagé en quatre zones. La zone
idéologiques s’affrontent. Qu’en est-il de
soviétique, aux ordres de Staline, rejette le
l’Allemagne dans ce contexte ?
plan Marshall (1947), plan américain d’aide
La RFA reconnaît le capitalisme et l’écono-
à la relance économique de l’Europe.
mie de marché. À l’image des autres pays
deux modèles
occidentaux, sa population accède à la so-
Dans les années 80, suite à l’ef-
ciété de consommation. La RFA participe aux
fondrement économique du bloc communis-
prémices de la construction européenne et
te à l’est, Gorbatchev met en place en URSS
devient un des six membres fondateurs du
une politique d’ouverture à l’économie de
Marché Commun en 1957. Elle devient rapi-
marché.
dement la première puissance économique
La RDA ne peut empêcher seule les départs
de l’Europe.
massifs vers l’ouest. Les autorités annoncent
En RDA, les institutions, l’organisation éco-
le 9 Novembre 1989 l’ouverture du mur de
nomique et sociale sont identiques au mo-
Berlin. Le Parti Communiste Est Allemand
dèle soviétique. Les communistes sont seuls
organise des élections libres qui marquent
au pouvoir dès 1949, le Parti est le seul
son éviction. La réunification de l’Allema-
autorisé. L’économie est entièrement sous
gne intervient en Octobre 1990 lors du traité
contrôle et planifiée: les moyens de produc-
«4+2» signé entre les quatre puissances oc-
tion sont nationalisés; les terres sont collec-
cupantes, la RDA et la RFA.
tivisées. En 1970, la RDA est la cinquième
Berlin redevient capitale d’un État unifié.
puissance économique en Europe.
Aujourd’hui, la joie des retrouvailles passées,
Cependant une grande différence de niveau
les deux populations mesurent les difficultés
de vie sépare les deux Allemagnes. La po-
à s’unir et se comprendre tant l’imprégnation
pulation de l’Est fuit massivement vers Ber-
de deux modèles si contradictoires, de part
lin-Ouest et l’Europe occidentale (3 millions
et d’autre, a été forte.
de personnes traversent le rideau de fer à
Berlin entre 1945 et 1961). Khrouchtchev
décide alors la construction d’un mur dont
les fondations sont érigées en une seule nuit
d’août 1961. C’est une frontière infranchis-
L’oeuvre de Baselitz est née dans
sable entre les deux parties de la ville. De
ce contexte particulier de l’histoire du XX°
nombreux Allemands de l’Est sont morts en
siècle, celui de l’Allemagne d’après 39-45.
tentant de passer de l’autre côté.
Les néo-expressionnistes* allemands ou néo-
En 1969, Willy Brandt devient chance-
fauves*, mouvement auquel Baselitz est associé, vont se réapproprier l’héritage de l’art
lier de la RFA, il met en place une politique
allemand détruit par le National Socialisme
de rapprochement avec l’Europe de l’Est et
et son programme esthétique (références
la RDA, qu’il considère au même titre que
aux canons de la beauté antique, réalisme
la RFA, comme une partie de la nation al-
académique, culte du héros).
lemande. Il signe avec la Pologne et l’URSS
Dans un contexte artistique marqué par l’abs-
des traités de reconnaissance des frontiè-
traction en Europe occidentale et aux États-
res. Il se détache de la tutelle américaine.
Unis,
Il obtient pour son action le prix Nobel de la
vont opérer un retour à la figuration. Ils pui-
paix.
sent leurs références dans les racines cultu-
En 1972,
les néo-expressionnistes* allemands
relles germaniques, celle du Romantisme*
les deux Allemagnes se re-
allemand, mais aussi celle des deux grands
connaissent mutuellement, elles entrent à
mouvements de la modernité en Allemagne,
l’ONU l’année suivante.
Die Brücke* et Der Blaue Reiter*.
7
lecture d’oeuvres
8
Die grosse Nacht im Eimer,
La Grande Nuit foutue,
1962-1963 - huile sur toile, 250x180cm
Cette oeuvre réalisée à Berlin-Ouest quelques années seulement après son exil, met
en scène un homme dressé vers le spectateur, en train de se masturber. Le titre de
l’oeuvre signifie en allemand “se trouver
dans un cul de sac”. Qualifiée d’obscène et
pornographique, la toile fait scandale au
point d’être confisquée par le Ministère Public. Elle dérange car elle renvoie au trauma
de la guerre que l’Allemagne d’après 45 va
refouler pendant de nombreuses années.
Ce tableau atteste des premières influences
de l’artiste, de sa découverte de l’art informel de Fautrier et de Dubuffet. Comme ce
dernier, il s’intéresse aux travaux du docteur
Prinzhorn sur la peinture des malades mentaux, aux productions des “irréguliers”.
Le corps disproportionné de cet être sans âge
se détache d’un fond sombre, comme émergeant de la nuit de l’humanité et témoigne
de l’impossibilité de représenter un corps
dans les conventions réalistes de la peinture
humaniste après la barbarie des camps d’extermination nazis.
Ce corps de chair compact, au visage défiguré ( seuls des yeux hagards affleurent de
la matière picturale ainsi qu’une oreille suggérée par une tache rouge s’échappant des
limites de la tête ) est peint avec une palette
de couleurs évoquant la boue et le sang.
Le sexe tendu, comme en offrande semble
l’unique moyen d’arracher cet homme à la
mort, de manifester une pulsion vitale qui le
délivre de la pourriture.
Die großen Freunde,
Les Grands Amis,
1965 - huile sur toile, 250x300cm
En 1965, Baselitz découvre en Italie la peinture maniériste. Cette peinture inquiète, affectée correspond à une période de crise des
valeurs humanistes à la Renaissance. Elle se
caractérise stylistiquement «par l’emploi de
couleurs anti-naturalistes, par son goût pour
la distorsion des figures au moyen de lignes
capricieuses , ornementales, excessives».
De cette rencontre avec l’art maniériste va
naître la série d’oeuvres dites “des types
nouveaux“ dans laquelle Baselitz tourne en
dérision le mythe du héros, du surhomme
prôné par Hitler.
Ce sont en définitive pour Baselitz des hommes errants qui sillonnent des terres désolées, leurs corps massifs et lourds les clouant
dans un espace hostile. Ils ont l’air impuissant et hébété, ils sont comme bloqués dans
une situation précaire.
9
45,
1989 - oeuvre monumentale constituée de 20 panneaux de bois, 200x162 cm chacun
Baselitz use dans cette oeuvre d’un procédé
d’accrochage qu’il a déjà expérimenté à deux
reprises: rapprocher le plus étroitement des
tableaux exécutés séparément pour tester
l’effet produit, pour créer un impact émotionnel sur le spectateur.
Le motif répété ici et qui subit des variations
au sein de chaque unité de l’ensemble est
une tête de femme qui apparaît à la fenêtre.
Le phénomène de l’apparition est rendu par
l’usage d’une grille orthogonale de lignes
discontinues que Baselitz “grave” au rabot
dans le support de bois préalablement enduit d’une teinte sombre ou terreuse créant
ainsi un effet de profondeur. Le motif de la
tête suggérée par quelques traces, taches
de couleurs de même tonalité passées à la
main ou au pinceau s’inscrit sur cette grille
créant un rapport dialectique entre le fond
et la forme. Ces têtes ont dès lors un caractère fantomatique.
10
Dans cette oeuvre, le contenu est la situation
en Allemagne, juste au lendemain de la seconde guerre mondiale.
“Cette année 1945, telle que je l’ai vécueécrit baselitz -n’a pas été une année de
grande joie, nous étions libérés ! mais je ne
me souviens pas qu’il y ait eu nulle part la
moindre joie. Si j’avais été un peintre historique, j’aurais retranscrit tous ces drames,
je les aurais illustrés: le paysage ravagé, les
arbres calcinés, les maisons incendiées, les
canons hors d’usage, les charrettes, les tuiles tombées des toits.... Mais comme je ne
suis pas un peintre historique, non pas que
je n’en sois pas capable, mais je ne veux pas
le faire. Mon travail est tout autre que celui des gens de théâtre, de cinéma, ou bien
des hommes politiques qui doivent introduire
dans leur démarche des éléments impersonnels afin d’être compris par le plus grand
nombre.”
Baselitz ne nie pas le lien que cette oeuvre
entretient avec les têtes peintes et dessinées
de Giacometti réalisées entre 1945 et 1950.
Weiblicher Torso,
Torse féminin,
1993, bois de tilleul et taches de peinture rouge,
149 cm de haut
Dans les années 80 , Baselitz réalise ses premières sculptures sur bois. Comme Kirchner
et Picasso avant lui, il collectionne la statuaire africaine. Ce ne sont pas les formes de
ces sculptures qui intéressent Baselitz mais
le statut particulier de ces objets, des objets
liés à des rituels, des sculptures “qui peuvent coucher dehors, sous la pluie”.
Baselitz dit employer le bois dans ses sculptures pour son caractère brut et non construit,
en évitant «toute forme d’adresse, toute
élégance artistique manuelle».
Ce torse féminin semble à peine surgi du
tronc qui lui a donné naissance, non dégrossi. Il y a là comme une perpétuation
de la vie de la matière. Découpée à la scie
à ruban, ce qui permet d’obtenir des arêtes aiguës, l’oeuvre finale porte encore la
marque du travail, l’empreinte de l’outil. Les
entailles pratiquées au ciseau à contre sens
des veines du bois répondent à la méthode
de “l’agression immédiate“ chère à l’artiste.
La couleur rouge vient ici souligner les parties sexuées du corps féminin donnant à ce
torse la puissance magique d’une vénus archaïque de la fécondité.
Vier Streifen Idyll,
Idylle à quatre bandes,
1966, huile sur toile, 180x130cm
Dans la série des tableaux fractures, Baselitz poursuit sa logique de déconstruction du
tableau traditionnel. Il divise alors la surface
en bandes horizontales. La perception des
figures devient difficile pour le spectateur.
Ici il ménage entre les différentes parties de
la peinture des solutions de continuité. Les
lignes de contours de la jambe d’une vache
deviennent dans la partie de dessous les lignes de contours d’un bras féminin. Les correspondances sont formelles entre les différents segments du tableau; lignes, couleurs,
matières créent une unité qui n’est plus assumée par l’image aux motifs fragmentés.
11
Elke VI,
1976, huile sur toile, 200x160cm
abstraction/figuration
Pour Baselitz, il n’est pas question de choisir entre deux extrêmes. D’une part il déclare «il
serait possible pour moi d’abandonner l’image, mais je ne vois aucun intérêt à le faire parce
que je n’arrive pas à comprendre pourquoi quelqu’un devrait renoncer à ses messages privés
sous formes d’images». D’autre part l’image est pour lui «complètement in-essentielle et d’une
importance secondaire». Pour Baselitz c’est le balancement ou la simultanéité entre abstraction et figuration qui gouverne la peinture. C’est pourquoi la veine figurative de Baselitz prend
délibérément ses distances à l’égard de tout mode de restitution mimétique de la réalité. Le
traitement stylistique des sujets représentés laisse apparaître les coups de pinceau, de brosse
ou encore les marques de reprises au doigt qui témoignent au final de la trace du geste ample,
physique qui a permis la création du tableau.
L’inversion du motif, le renversement haut/bas du tableau qui apparaît dans son oeuvre à partir
de 1969 témoigne de cette tension entre abstraction et figuration.
Baselitz écrit en 1996 «ce retournement est le meilleur moyen de vider ce que l’on peint de son
contenu (...) le fait de renverser le motif me prouva que la réalité est l’image. Ainsi j’ai pu me
tourner vers la peinture en soi.»
12
Avec des huiles et des aquarelles de grands
formats, la série des Russenbilder débute en
1998 par une représentation de Lénine, figure emblématique de la Révolution russe.
Sur les plans stylistique aussi bien que thématique, les tableaux russes marquent une
rupture dans l’œuvre de Baselitz.
Autrefois chargée d’une matière picturale
très opaque, les peintures sont ici traitées de
manière très fluide, tel un jus de lavis*, ou
encore par couches transparentes de couleurs associant la technique de l’aquarelle à
celle de l’huile.
Les motifs de cette série sont par ailleurs
d’ordre autobiographique, renvoyant à la
période de l’enfance et aux années de formation que Baselitz passa à l’Est pendant la
guerre, puis sous l’occupation des troupes
soviétiques avant que l’artiste n’emmigre à
Berlin-Ouest.
L’artiste s’empare pour cette série, de tableaux réalisés par les représentants du
Réalisme socialiste* - programme esthétique
initié par Djanov sous Staline, qui prônait un
forme, gomme certains éléments présents
dans les tableaux d’origine – toujours pour
«vider les tableaux de leur contenu». C’est
dans l’espace fantomatique de la toile qu’il
isole hommes, femmes, enfants, soldats,
travailleurs, responsables du parti, portraits
de Staline et de Lénine.
D’autres œuvres de la série renvoient à la
mémoire individuelle, certains Russenbilder
ayant pour source iconographique des photographies de famille. En effet, à la même
époque, Baselitz peint des aquarelles monumentales dans lesquelles il se représente
aux côtés de sa femme Elke: les deux têtes
inscrites dans un format circulaire évoquent
le double portrait d’anniversaire de mariage
– qui, chez les peintres de la Renaissance
nordique, s’accompagnait d’une réflexion
sur l’apparence et l’illusion ainsi que sur le
thème de la vanité.
De la série des Russenbilder se dégage un
sentiment de mélancolie; comme si, se retournant sur son passé et une période de
l’histoire du XXème siècle, l’artiste tentait
Russenbilder
les tableaux russes
1998-2006
art réaliste au service de la Révolution et de
sa mémoire et qui, par ses sujets, devaient
encenser les vertus du régime. Ce programme, qui excluait la peinture abstraite considérée comme « bourgeoise » et inaccessible
au peuple, fut aussi un instrument de propagande et de falsification de l’histoire au profit
de Staline. Ces tableaux étaient populaires,
largement reproduits et diffusés en Europe
de l’Est de 1934 à 1989.
Baselitz les transpose, leur donne une autre
de ranimer, par l’acte de peindre, moments,
figures et anecdotes promises à l’oubli. Réalisant une sorte de testament artistique et
d’appropriation de l’histoire de l’art, Baselitz
met aussi en scène la rencontre de Renoir
et de Wagner, celle de Munch et de Nietzsche. Dans A ta santé, portrait de Staline qu’il
peint en 2001, il cite également Picasso, qui
brossa dans les années quarante un portrait
du petit père des peuples.
13
Brodski dessine Lénine, Moscou, 1921.
Vladimir Ilich Lenin à l’Institution de Smolny,
huile sur toile, 100 x 160 cm.
Copie de la célèbre peinture de Brodsky
lecture d’oeuvres
de la série Russenbilder
14
Lenin im Smolny I,
Lénine à Smolny I,
1998, huile sur toile, 200x165cm
Lenin im Smolny II,
Lénine à Smolny II,
1998, huile sur toile, 200x250cm
Le tableau que Baselitz détourne,
transpose, est à l’origine un portrait du peintre Brodski (18831939) représentant le père de
la Révolution russe au travail.
Le tableau de Brodski installait
Lénine dans une atmosphère de
recueillement, de concentration,
travaillant à contre jour, seul.
L’esthétique du tableau est parfaitement conforme au style du
réalisme socialiste. La palette
est naturaliste dans les tons de
ocre, la pièce baigne dans une lumière de fin de jour. L’institution
de Smolny qui fut construite par
Catherine II a été réquisitionnée
par les Bolcheviks, c’est à cet
endroit que Lénine prépara la
Révolution d’Octobre. C’est sans
doute ce moment historique que
le peintre Brodski veut saisir.
Baselitz fait du corps de Lénine,
une figure christique tragi-comique. Les traces de peinture magenta épousent la direction des
lignes noires, discontinues qui
circonscrivent le corps, mais elles peuvent également évoquer
des blessures, transformant la
figure historique imposante et
quiète de Brodski en figure religieuse. L’espace de la pièce a
été recadré par Baselitz, du mobilier a disparu (une chaise et un
fauteuil), resserrant la composition autour de Lénine.
15
Brief von der Front (Laktionov),
Une lettre du front,
1998, huile sur toile, 202x162cm
Le tableau de Laktionov peint en 1947 est caractéristique
des tableaux patriotiques réalisés en Union Soviétique
après la seconde guerre mondiale. C’est une peinture qui
se veut optimiste, elle est peinte dans une lueur chaude,
les attitudes et les expressions des personnages occultent
toute sorte de conflit ou d’inquiétude quant à la situation
du front. La lumière du deuxième plan vient éclairer un intérieur dans la pénombre. La lettre irradiée de lumière est
en accord avec le ciel bleu, les éléments atmosphériques
accompagnent la bonne nouvelle, cette théâtralisation est
caractéristique des peintures de genre du réalisme socialiste*.
Baselitz transpose ce tableau à deux reprises. La transposition de 1998 isole deux personnages de la scène initiale,
la femme et l’enfant lecteur. Baselitz reprend en les exagérant les expressions un peu niaises du tableau d’origine.
Le décor et tous les éléments
renvoyant au contexte historique ont disparu. L’enfant
et sa lettre ne sont plus au
centre de la composition du
groupe et de l’enthousiasme
collectif. On passe à la solitude de deux êtres absorbés
dans une attente rêveuse,
mélancolique. Les tonalités
violine et jaune sale renforcent ce sentiment.
16
Laktionov, Brief von der Front,
1947, huile sur toile.
Porträt des Mitglieds der
Akadémie I.P. Pawlow II
(M. Nesterow),
Portrait du membre de l’Académie
I.P. Pavlov II,
1999,huile sur toile, 202x162cm
Ce tableau est peint d’après l’oeuvre de Nesterov réalisé en 1935. À cette époque, Pavlov
était le scientifique le plus célèbre de toute
l’union soviétique et une référence incontournable pour la mécanisation de la machine humaine conforme à la domination stalinienne au
travers de sa théorie du réflexe conditionné.
Chez Baselitz, seuls des points de couleurs à
densité variable construisent la toile. Ce traitement renvoie au procédé pointilliste* de George Seurat et dissout le motif, l’atomise. Ces
petites touches de couleurs mettent en crise
l’image illusionniste, mimétique de départ. Le
support blanc de la toile reste visible, la surface du tableau est un réceptacle de petites
particules colorées.
Dans le tableau de Nestorov, le scientifique a
Mikhail Nesterov, Portrait d’ Ivan Pavlov,
1935, huile sur toile.
les bras tendus et les points crispés sur
une feuille de papier vierge, il semble
absorbé par l’observation d’un bouquet
de fleurs blanches. C’est un vieillard
qui sait qu’il va mourir et qui à l’époque
n’a plus de lien avec la science. Il est
condamné à l’inaction, d’où son regard
dans le vide.
Chez Baselitz, un vide blanc est ménagé
dans le tiers inférieur du tableau, espace qu’occupaient la table et le bouquet
dans la peinture de Nestorov, le tableau
est retourné à 45 °. Ce faisant, la figure
de Pavlov semble comme happée, attirée par ce vide blanc, cet espace où les
choses ont disparu, disparition qui le
menace aussi. La tête semble résister,
Baselitz la traite différemment, par de
petites lignes vibrantes et colorées, le
visage fatigué et résigné de la version
de Nestorov fait place à une expression
enfantine et angoissée.
17
Les schémas heuristiques (p.3) peuvent donner aux élèves du vocabulaire et des outils
utilisables pour aborder l’œuvre.
Ils sont aussi un moyen d’élargir la recherche par le biais d’artistes et d’auteurs qui
partagent de près ou de loin la même sensibilité que Baselitz:
- Munch et Van gogh, les précurseurs de
l’expressionnisme*, auxquels il se réfère explicitement,
- les néo-expressionnistes* allemands
contemporains de Baselitz: Polke, Kiefer,
Richter... (dont certaines oeuvres sont présentes au Musée d’art moderne de SaintÉtienne en parallèle à l’exposition Russenbilder)
- la peinture gestuelle abstraite et figurative, à travers des artistes qui travaillent
également le grand format (Pollock, De Kooning...)
Différentes notions présentes dans son travail sont aussi un moyen de prolonger ou de
préparer la visite:
- la transposition artistique, les variations
autour d’un même sujet (voir p.14-15)
- la distinction art figuratif / art abstrait (voir
p.12)
« De la confrontation au sein d’un même tableau de la figuration et de l’abstraction, naît
cette tension aiguë qui caractérise l’œuvre
de Baselitz. »
Juliette Laffon in catalogue d’exposition, Musée
d’Art moderne de la ville de Paris, Éditions ParisMusées, 1996, p.15
- le discrédit de la notion de beauté. En effet,
cette oeuvre immédiatement provocante,
exige du spectateur une attention particulière. Cette peinture complexe, tourmentée,
«privilégiant le maladroit, le disgracieux, le
laid, le sauvage, la démesure, s’attache à
mêler dans une alchimie étrangement superbe une réalité très prosaïque à l’imaginaire le plus inquiétant.»
Juliette Laffon in catalogue d’exposition, Musée
d’Art moderne de la ville de Paris, Éditions ParisMusées, 1996, p.16
L’étude parallèle des textes critiques de
Baselitz peut être menée de façon à cerner plus précisément les traits principaux
de son esthétique et goûter une écriture
offrant des commentaires plutôt décalés
de l’œuvre.
« Le blasphème est en nous. »
Baselitz, Manifeste pandémonique I, 1ère
version, Berlin 1961
« L’artiste travaille hors responsabilité. Son rapport à la société est asocial, son unique responsabilité est
attitude : à l’égard de son travail. »
Baselitz, Quatre murs et éclairage zénithal ou
même lieux, pas du tout de tableau au mur,
26 avril 1979
« L’objet peint à l’envers est utilisable pour la peinture, parce qu’il est
inutilisable en tant qu’objet. »
Baselitz, L’objet à l’envers, Derneburg, 12
décembre 1981
pistes de recherches pédagogiques
18
« Le surréalisme a vaincu. »
Baselitz, L’attirail du peintre, Derneburg, 12
décembre 1985
« Personne n’oblige le peintre à s’intégrer dans une société qui exige ces
tableaux mensongers où le bon dessine des exemples de la folie politique
dans le livre d’images du méchant. »
Baselitz, L’attirail du peintre, Derneburg, 12
décembre 1985
« Les Romains étaient là, ils vinrent
de l’Ouest, les tableaux n’ont pas
de points cardinaux, est- ouest, pas
même verticalement ou horizontalement. »
Baselitz, Ralf, Derneburg, 1989
« Tout mon système kaléidoscopique est concentré dans un cylindre
de carton que je refuse de donner à
qui que ce soit. J’y ai moi-même jeté
tous les petits bouts de verre, à un
moment donné. Autrefois j’ai brisé
ce cylindre en carton et j’ai tenté d’y
faire entrer de nouvelles variantes.
Puis tout s’est cassé, le système doit
donc être maintenu bien fermé. Tout
ce qui y est assemblé est comme en
fermentation et s’agite et veut sortir. La tête comme catalyseur peut
assimiler des choses qui viennent de
l’extérieur. On regarde le paysage et
on en fait un tableau. Mais ça marche
aussi dans l’autre sens. Le catalyseur
avec sa soupape, c’est l’endroit où
le récipient, moi, n’est pas étanche :
il en sort des choses sous pression.
L’imagination se répand comme les
spores d’une vesse de loup quand on
marche dessus. Cette conception de
la peinture de tableaux n’est pas pour
me déplaire. Je pense que c’est ça. »
Baselitz, Peindre de la tête, sur la tête (à l’envers) ou hors du pot ? , Derneburg, 25 novembre 1993
in catalogue d’exposition Baselitz, Musée d’Art
Moderne de la Ville de Paris 22 octobre 1996-5
janvier 1997, « Ecrits » p.159- 219
(p175 sur le motif, p178-179 se représenter la
réalité. « Ces tableaux st une cogitation sur la
peinture. », etc.)
L’observation puis le classement des titres
des tableaux russes (activité qui peut être
menée en collaboration avec les enseignants d’allemand et d’anglais) permet aux
élèves de découvrir quelques-unes des thématiques de l’exposition : images collectives (motifs historiques), familières (portrait
d’Elke), mythologiques (nymphes) etc.
Cette étude permet de créer chez les élèves
un horizon d’attente et de cerner le langage
de l’artiste. Par la suite, au cours de la visite, le décalage entre le titre et l’œuvre est
susceptible d’autres interprétations.
À ta santé, 2001
Armenische Teppichweberinnen, 1999
Peasant Petitioners meeting V. I. Lenin (Serov), 1999
In the Days of War I (Korzhev), 1998
Ein Faschist flog vorüber III, 1998
Into the New Flat (Laktionov), 1999
Eine Tochter Sovjetkirgisiens (Tschuikov), 1998
Stunde der Nachtigall VI, 1998
Stunde der Nachtigall VII, 1998
A Warm Day (Levitin), 1998
Night of the Nightingale V (Oboznenko), 1998
In the Name of Life I (Khmelnisky), 1998
In the Name of Life II, 1998
Abgesandte bei Lenin (Serow), 1998.
Night of the Nightingale IV (Oboznenko), 1998
Victory Day in Berlin II, 1998
Die Arbeiterfortbildung laüft (B. V. Joganson), 1999
La Faculté ouvrière en marche (Boris Johanson, 1928), 1999 .
Stunde der Nachtigall III, 1998
Nach der Schlacht (Neprinzew), 1999
Nach der Schlacht II, 1999
Tomato Picking (Zinaida Kovalevskaja), 1999
L’interrogatoire des communistes (Boris V. Joganson), 1998
Der Brief von der Front (Laktionov), 1998
Kazakh Woman (Tokarev), 1998.
Victory Day in Berlin, 1999
Das Parteikommitee der Fabrik (Lukomsky), 1999
Jugendliche der Kolchose hören Radio (Antonow), 1999
Porträt des Mitglieds der Akademie I. P. Pawlow(M. Nesterow), 1999
Lenin on the Tribune (A. M. Gerasimov), 1999
Eintausend Nachtigallen, 2001
Wo ist der Doktor?, 2000
Die Mexikanische Revolution II, 2001 .
Frühling, 1998
Gertruds Hut II, 1998
Lenin im Smolny I, 1998
Lenin im Smolny II, 1998
Ein Faschist flog vorüber I, 1998
Ein Faschist flog vorüber II, 1998
Victory Day in Berlin, 1998
Brief von der Front, 1999
Lovers / Liebende (Korzhev), 1999
Russentanz, 1999
Vor dem Tanz, 1999
Ilich’s Lightbulb (Troidze), 1999
Die Künstler von links nach rechts (Gerassimov), 1999
Die türkische Hose, 2001
Wie Renoir Wagner malt, nicht wie Munch Nietzsche malt, 2001
Eintausend Nachtigallen, 2001
Vor dem Tanz, 2001
Der Frühling kommt, 2001
Juri, 2001
19
Aquarelle: de l’italien « aquarello » : couleur détrempée. Les couleurs de l’aquarelle sont
constituées d’un mélange de pigments broyés et de gomme arabique. On délaye ces couleurs
dans de l’eau. On les étale ensuite au pinceau sur du papier. L’eau s’évaporant, la gomme arabique retient les pigments sur le support. L’aquarelle donne des tons très transparents. On utilise
le blanc du support comme principe de base pour rendre la lumière.
Art informel
: On regroupe sous le terme d’art informel toutes les tendances abstraites
et gestuelles qui se sont manifestées à Paris dans la période de l’après guerre (1945-1960) :
l’abstraction lyrique, le matiérisme, le tachisme. Dans cette peinture, l’artiste privilégie l’imprévu des matières (goût pour la tache et l’accident) et l’aléatoire du geste refusant le dessin
et la maîtrise.
Der Blaue Reiter
: Groupe d’artistes fondé à Munich, en 1911, qui marqua une étape
dans l’évolution de l’expressionnisme. Sans règles strictes, ce mouvement reposait toutefois
sur l’Almanach du Blaue Reiter, rédigé par ses fondateurs, Wassily Kandinsky et Franz Marc et
contenant des écrits sur la peinture et la musique. Paul Klee, August Macke se joignirent au
groupe. Comme le groupe Die Brücke, Der Blaue Reiter rejetait les conventions académiques et
la recherche d’une expression réaliste. Héritier du mouvement symboliste, le groupe célébrait
la force de l’instinct et revendiquait l’expression de ce que le catalogue de leur exposition décrivit comme leur «nécessité intérieure».
Die Brücke: Communauté d’artistes fondée à Dresde le 7 juin 1905 par quatre jeunes
étudiants en architecture : Kirchner, Heckel, Schmidt-Rottluff et Bleyl. Le travail communautaire quotidien de ces autodidactes en peinture contribue largement à la formation d’un style
collectif particulièrement représentatif de l’expressionnisme allemand. Agressifs et anti-bourgeois, ils rejettent toutes les écoles et les études. Enfreignant les lois de la représentation, ils
rendent leurs sujets au moyen d’une touche rapide, spontanée et d’un dessin simplifié, abandonnant peu à peu les empâtements pour une écriture plus fluide, aux formes anguleuses et
aux couleurs pures et dissonnantes. Le nu, symbole de l’état paradisiaque initial, est leur motif
préféré.
Expressionnisme: Une des tendances majeures de l’art dans le premier quart du XXe
siècle, qui toucha essentiellement les pays d’Europe du nord, et autant les arts plastiques que
la musique, la littérature, le cinéma et le théâtre. Esthétique du paroxysme, l’expressionnisme
se manifeste par le besoin d’épanchement d’une subjectivité marquée par le sentiment de la
souffrance et du tragique. Ses moyens plastiques sont basés sur des déformations et des stylisations qui recherchent un maximum d’intensité expressive.
glossaire et bibliographie
20
Guerre froide: rapport de force d’intensité élevée entre deux États ou deux alliances
qui ne se résout pas par un affrontement armé direct. La guerre froide de 1947 à 1990 oppose
deux grandes puissances, les Etats-unis et l’union soviétique, dotés de vastes territoires et de
moyens militaires considérables, affirmant des valeurs idéologiques rigoureusement incompatibles, fondées sur des systèmes économiques antinomiques. Dès 1949, chacune de ses deux
puissances dispose de l’arme nucléaire. Cette situation nouvelle de vulnérabilité excessive interdit à chaque partie l’affrontement direct pour tenter de dénouer un conflit radical. Dès lors,
les manœuvres indirectes (guerres périphériques limitées dans l’espace et dans l’échelle de la
violence) prennent une importance croissante.
Lavis: manière d’exécuter un dessin avec de l’encre de chine ou toute autre substance colorante étendue d’eau.
Néo-expressionnisme allemand ou Nouveaux fauves: À la fin
des années soixante-dix, un groupe de peintres, sous l’impulsion notamment de Karl Horst
Hödicke, Georg Baselitz, Markus Lüpertz et A.R. Penck, fait renaître et reconnaître internationalement l’art allemand; celui-ci avait été mis à l’écart depuis la Seconde Guerre mondiale.
Ces artistes ont une peinture très colorée, figurative et expressionniste, qui fait le plus souvent
référence à l’histoire et à la culture allemande.
Pandémonium
:
- Capitale imaginaire des Enfers, où les esprits démoniaques se rassemblent autour de Satan
- Par analogie, lieu rassemblant un grand nombre de personnes et possédant l’un ou l’autre des
caractères que l’on attribue ordinairement à l’enfer (bruit, désordre, agitation, souffrance) ou
aux damnés (corruption).
- Titre des premiers manifestes du jeune Baselitz en 1961 et 1962.
« De tous temps le démonisme vulgaire a été beauté visible. » Manifeste pandémonique II,
Berlin, 1962.
Pointillisme: technique issue du mouvement impressionniste qui consiste à peindre par
petites touches de peinture de couleurs primaires. On perçoit néanmoins des couleurs secondaires, par le mélange optique des trois différents tons. Cette technique est née en France notamment sous l’impulsion de Georges Seurat (1859-1891).
Repentir
: Partie d’un tableau qui a été recouverte par le peintre, soit pour masquer un
(des) personnage(s), des objets ou organes, soit pour modifier un aspect (position d’une main,
par exemple) ou la composition de l’oeuvre.
Réalisme socialiste: Ensemble de principes idéologiques, esthétiques et organisa-
tionnels officiellement proclamés au premier congrès de l’Union des Ecrivains (1934) et régissant la vie artistique et littéraire soviétique pendant plus d’un demi-siècle. Ce mouvement a
été préparé dès les années 20 par les Réalistes prolétariens en lutte contre les avant-gardes
(Constructivisme et Suprématisme). Le Réalisme socialiste remplit une fonction sociale, une
mission éducative et doit entretenir l’élan révolutionnaire. Ce mouvement, aux antipodes de la
modernité et qualifié souvent d’«art pompier», représente ouvriers épanouis, scènes de genre
patriotiques et dignitaires du parti communiste. Il a véritablement force de loi durant la période
dominée par Jdanov (1947-1953) - moment où le Réalisme socialiste connaît sa phase la plus
durement normative. Ce n’est qu’en 1988 qu’on assiste en URSS à sa première mise en accusation publique comme responsable de la dégénérescence de l’art soviétique moderne.
Romantisme
: Courant artistique d’Europe occidentale apparu au cours du XVIIIe siècle
en Grande-Bretagne et en Allemagne, puis au XIXe siècle en France, en Italie et en Espagne.
Le romantisme est une réaction du sentiment contre la raison, exaltant le mystère et le fantastique et cherchant l’évasion et le ravissement dans le rêve, le morbide et le sublime, l’exotisme
et le passé.
21
Documents consultables à la Bibliothèque Jean Laude du MAM et/
ou empruntables à la Bibliothèque des Beaux-arts de Saint-Étienne
et dans les Bibliothèques en Réseau Informatisé de Saint Etienne
Enseignement Supérieur (BRISE)
Georg Baselitz : [exposition], Musée d’art moderne de la Ville de Paris, 22 octobre 1996-5 janvier 1997
/ [catalogue par Suzanne Pagé, Juliette Laffon, Eric Darragon, et al.]. - Paris : Paris-musées, 1996. - 239
p. : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 28 cm + erratum.
Contient un choix de textes de G. Baselitz publ. dans des catalogues d’exposition, 1961-1994.
Bibliothèque des Beaux-arts, Bibliothèque 709.2 BAS.
Bibliothèque du Musée d’art moderne, Magasin général MAM BASE 1996 PAR.
BU DL salle libre- accès 75»19» BAS 8
Georg Baselitz : Vingt gravures et une linogravure monumentale, 1995-1999 : [exposition],
Catherine Putman, Paris. - Paris : Catherine Putman/Editions, 1999. - [28] p. : ill. ; 21 cm.
Bibliothèque du Musée d’art moderne, section Adulte, Magasin général MAM BASE 1999 PAR.
La bella maniera, la collection d’estampes maniéristes de Georg Baselitz : [exposition, Paris],
chapelle des Petits-Augustins, 22 mars-5 mai 2002 / [organisée par l’Ecole nationale supérieure des
beaux-arts de Paris] ; commissaire de l’exposition [et dir. du catalogue par] Emmanuelle Brugerolles,...
; avec la collab. de Rainer Michael Mason et Nathalie Strasser,... - Paris : Ecole nationale supérieure des
beaux-arts, 2002. - 142 p. : ill., couv. ill. ; 23 cm.
Bibliothèque des Beaux-arts, Bibliothèque 709.025 MAN
Baselitz : une seule passion, la peinture : [exposition, Fondation de l’Hermitage à Lausanne, du 30
juin au 29 octobre 2006] / Rainer Michael Mason ; avec une contribution d’Eric d’Arragon. - Lausanne :
Fondation de l’Hermitage : La Bibliothèque des Arts, 2006. - 1 vol. (179 p.) : ill. ; 29 cm.
Bibliothèque du Musée d’art moderne, section Adulte, Bibliothèque MAM BASE MAS.
Ce que tu n’es pas est un autoportrait / Georg Baselitz. - Paris : Jannink., 2002. - 45 p. : ill. ; 21
cm. - (L’art en écrit ; 55)
Bibliothèque des Beaux-arts, Médiathèque 709.2 BAS
Georg Baselitz : die monumentalen Aquarelle = aquarelles monumentales : [exposition, Albertina, Vienne, 5 septembre - 30 novembre 2003 ; FRAC Picardie, 14 février - 30 avril 2004 ] / herausgegeben von / édité par Klaus Albrecht Schröder und Yves Lecointre. - Wien : Albertina ; Wolfratshausen
: Minerva Hermann Farnung, 2003. - 131 p. : ill. ; 31 cm.
Catalogue bilingue allemand / français.
Bibliothèque du Musée d’art moderne, Magasin général MAM BASE 2003 VIE.
Georg Baselitz / Eric Darragon. - p. 12 à 40 in Ninety. 24, Avril 1997. - 1997
*Titre général : Ninety
Charabia et basta entretiens Baselitz/ Éric Darragon, Paris, l’Arche, 1996
BU DL Salle libre accès 75»19» BAS 3
Baselitz : Peintre-Graveur : Band I : Werkverzeichnis der Druckgrafik 1963-1974 / Fred Jahn ; in
Zusammenarbeit mit Johannes Gachnang. - Bern : Verlag Gachnang & Springer, 1983. - 1 vol. (228 p.)
: illustrations ; 36 cm.
Bibliothèque du Musée d’art moderne, Bibliothèque MAM BASE JAH 1.
Georg Baselitz : Druckgraphik prints estampes 1963-1983 : April-juni 1984 Staatliche Graphische
Sammlug Munchen : juin-septembre 1984 Genève Cabinet d’estampes du Musée d’art et d’histoire... /
Tate gallery (Londres) ; Siegfried Gohr. - Munchen : Prestel-Verlag, 1984. - 172 p : ill en coul ; 28 cm.
Bibliothèque du Musée d’art moderne, Magasin général MAM BASE 1984 MUN.
Baselitz : Peintre-Graveur : Band II : Werkverzeichnis der Druckgrafik 1974-1982 / Fred Jahn ; in
Zusammenarbeit mit Johannes Gachnang. - Bern : Verlag Gachnang & Springer, 1987. - 1 vol. (264 p.)
: illustrations ; 36 cm.
Bibliothèque du Musée d’art moderne, Bibliothèque MAM BASE JAH 2
22
Georg Baselitz : image : 16 juin-16 septembre 1990, Musée de l’Abbaye Sainte-Croix, Les Sablesd’Olonne / Musée de l’Abbaye Sainte-Croix (Les Sables-d’Olonne, Vendée). - Les Sables-d’Olonne : Musée de l’Abbaye Sainte-Croix, 1990. - 45 p. : ill. en noir et en coul. ; 23 cm.
Bibliothèque du Musée d’art moderne, Magasin général MAM BASE 1990 LES.
Bibliothèque des Beaux-arts, Médiathèque 709.2 BAS.
Georg Baselitz : dessins 1962-1992 : [Paris], Musée national d’art moderne, Cabinet d’art graphique,
13 octobre 1993-2 janvier 1994 / Musée national d’art moderne-Centre de création industrielle. Cabinet
d’art graphique (Paris). - Paris : Centre Georges Pompidou, 1993. - 77 p. : ill. en noir et en coul. ; 24
cm. - (Carnet de dessins)
Bibliothèque du Musée d’art moderne, Magasin général MAM BASE 1993 PAR.
Bibliothèque des Beaux-arts, Bibliothèque 709.2 BAS
BU DL Magasin W 55180
Hommage à Georg Baselitz : 12 octobre - 20 novembre 1993, [Galerie Daniel Templon, Paris] / Galerie
Daniel Templon (Paris). - Paris : Galerie Daniel Templon, 1993. - [12] p. : Ill. en coul. ; 28 cm.
Bibliothèque du Musée d’art moderne, Magasin général MAM BASE 1993 PAR
Bibliothèque des Beaux-arts, Médiathèque 709.2 BAS
Baselitz : repères contemporains / Fabrice Hergott. - Paris : Cercle d’art, 1996. - 127 p. : nombreuses ill. en coul. ; 31 cm. - (Repères contemporains)
Bibliothèque des Beaux-arts, Médiathèque 709.2 BAS
Bibliothèque du Musée d’art moderne, Bibliothèque MAM RESE B.
BU DL Magasin W 56616
Baselitz / Andreas Franzke ; conception, Edward Quinn ; [trad. de l’allemand par Jeanne Etoré]. Paris : Cercle d’Art, 1989. - 271 p. : ill. en noir et en coul. ; 32 cm.
Bibliothèque des Beaux-arts, Bibliothèque 709.2 BAS
BU DL Salle libre- accès 75»19» BAS 8 FRA
vidéos :
Schwerfel, Heinz-Peter Georg Baselitz, Paris, HPS-films, WDR , La Sept , Réunion des Musées Nationaux, cop.1995, Réunion des Musées Nationaux , Arte Vidéo , 1 vidéocassette (VHS) (45 mn)
BU DL Magasin V 3597 et BU DL Audiovisuel V 75 «19» BAS 8
Moritz, Rainer, Baselitz, Etude du célèbre tableau Les grands amis de Georg Baselitz, Munich, RM Arts,
Bonn, Inter Nationes, 1987, K7 VHS (010 mn)
BU DL Audiovisuel V 75»19» BAS 8
internet :
«http://www.mam-st-etienne.fr» www.mam-st-etienne.fr
Les collections / Videomuseum notre collection en ligne /Baselitz, Elke VI, 1976
«http://www.centrepompidou.fr» www.centrepompidou.fr
Ressources en ligne/ Collection en ligne/ Baselitz
Nombreuses œuvres de 1965 à 1995
«http://www.guggenheim.org/new_york» www.guggenheim.org/new_york
Guggenheim Collection, Artist Baselitz, The gleaner, 1978, Nostalgia in Istanbul, 1999
colloque - journée d’étude : « Baselitz : retour et continuité du pictural »
Jeudi 8 mars 2007 au Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne Métropole
Intervenants:
Jacques Beauffet, conservateur en chef du Musée d’Art Moderne;
Eric Darragon, professeur d’histoire de l’art moderne et contemporain, professeur à l’Université de Paris 1–Panthéon–Sorbonne;
Rainer Mason, historien d’art, commissaire d’exposition;
Pierre Stercks, critique à la revue Beaux-Arts Magasine, professeur-conférencier;
Cédric Loire, critique d’art à la revue Art Press et à L’art même;
Itzhak Goldberg, critique à la revue Beaux-Arts Magasine;
Renseignements et résevation : 04.77.79.70.71
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Document réalisé par le service des publics du Musée d’Art Moderne
en collaboration avec les professeurs relais de l’Éducation Nationale
CONTACTS:
Service des publics:
Loraine Roux-Philibert, responsable service des publics : [email protected]
Marie Mestre, coordonnatrice du public scolaire : [email protected]
Emma Ré, médiatrice culturelle : [email protected]
Professeur relais:
Marie-Agnès Oriol : [email protected]
Musée d’art moderne - La Terrasse - BP 80241
42006 Saint-Étienne cedex 1
04.77.79.52.52
http://www.mam-st-etienne.fr
Ouvert tous les jours de 10h à 18h sauf le mardi
Document téléchargeable sur http://www.mam-st-etienne.fr