Dossier de présentation - Théâtre

Transcription

Dossier de présentation - Théâtre
ON A FORT MAL
DORMI
ON A FORT MAL DORMI
Spectacle pour théâtres, lieux incongrus, appartements
Adaptation et Mise en Scène : Guillaume Barbot
Avec : Jean Christophe Quenon
D’après : Les Naufragés et Le Sang nouveau est arrivé de Patrick Declerck
Coproductions
Théâtre de Chelles SC, Théâtre de Charenton, La Ferme du Buisson SN
En résidence
Les Studios de Virecourt, Théâtre de Chelles, Théâtre de Charenton
Soutiens
Réseau Act’art 77, CG 77, ARCADI, DRAC Ile de France
Tournée
Février 2016 : Théâtres de Charenton, Bagneux, Chelles, Meaux
Mars 2016 : Confluences, Studio Théâtre d’Alfortville (en appartement)
Novembre 2016 : La Ferme du buisson, La Touline – Azay sur cher
Juillet 2016 : Festival Off Avignon – La Manufacture
Février 2017 : Théâtre de Die, Théâtre du Rond Point (Paris) du 21 février au 12 mars
Compagnie Coup de poker
www.coupdepoker.org
Guillaume Barbot – metteur en scène
Administration et Diffusion – Catherine Bougerol / [email protected]
Note d’intentions – Guillaume Barbot
« Je lis « Les Naufragés » en 2006, alors encore étudiant. Coup de poing, ou coup de flingue. C’est
un livre qui marque, qui déplace, qui imprègne. Humain, sociologique, médical, philosophique,
entre témoignages, récits et études… Un livre qui marque toute une génération. Qui fait parler de
lui. Beaucoup. Patrick Declerck se met en scène avec pudeur, raconte s’être déguisé une nuit en
clochard pour se faire embarquer au centre de Nanterre, décortique ses journées de consultation
psychiatrique à recevoir des SDF, explique comment il tente de les soigner, de les suivre, essaye
de comprendre, d’analyser, avoue les aimer autant qu’il les hait. Document puissant qui laisse le
lecteur abasourdi. Penaud aussi. Que faire ? Comment agir ?
« Le sang nouveau », lui, je ne l’ouvre pas. Je le garde, de déménagement en déménagement, de
carton en carton, d’hésitation en hésitation. C’est une question de timing. Ou de hasard. Un
bouquin, on y plonge jamais vraiment quand on l’a prévu. Et durant l’été 2012, l’horreur SDF
s’impose. Je dévore l’écriture, l’humour, la férocité, le badaboum boum. Je viens de monter un
spectacle sur notre rapport au rock (« CLUB 27 » - héros du rock morts à 27 ans), sur notre
génération qui ne fait plus de choix, qui attend que nos parents nous poussent à prendre la
Bastille. J’ai envie de révolution, de politique et de poétique, et voilà que ce texte me pousse à
agir. Car ce pamphlet est bien plus féroce que Les Naufragés. Une réaction au succès médiatique
du premier. Le ton n’est plus à l’étude mais aux remarques vitriolées. Le constat est brutal. Drôle
et cinglant.
Avec cette matière, ce récit humain et médical d’un côté, ce pamphlet percutant et décomplexé de
l’autre, il y a de quoi faire un spectacle. L’évidence est là. Traduire sur scène une parole
nécessaire. Ambiguë. Touchante. Agaçante, parfois. Politique, nécessairement. Humaine, avant
tout.
Pourquoi du THEATRE ?
Parce que la langue de Declerck est totalement vivante et théâtrale. Une vraie langue pour acteur.
Parce que tout notre théâtre naît d’un choc. Et que la lecture de Declerck est un choc.
Parce que cette parole est nécessaire, et qu’il est plus qu’urgent de la partager. Je demande à
Deckerck si je suis légitime de dire ses mots, si le théâtre est le bon endroit. Il me répond : « vous
avez une tribune, des gens se déplacent pour vous écouter, la question serait plutôt dans l’autre
sens : pourquoi ne pas avoir parler des SDF plus tôt ?
‘On a fort mal dormi’ est un spectacle sur cet homme, Patrick Declerck. Sur ses choix.
Ses rencontres. Ses contradictions. C’est à travers lui que nous entrons dans cette étrange
famille des SDF : dans sa complexité, ses fureurs, ses fragilités, ses impasses, ses
urgences. Bien plus qu’un documentaire pour se rendre compte que lui, nous, les SDF,
parlons d’une même voix. Que les frontières sont si perméables.
GUILLAUME BARBOT, ENTRETIEN - Extraits
(propos recueillis par Pierre Notte pour Le Théâtre du Rond Point)
Vous avez été fasciné par ce matériau, les deux textes de Patrick Declerck, qu’avez-vous
appris que vous ne saviez déjà ?
Tout. J’ai tout appris. C’est peut être là que réside le choc. Nous côtoyons des SDF, ici, des
clochards, pour reprendre la terminologie de Declerck, tous les jours à Paris. Ils sont comme
invisibles mais nous les savons là, dans nos rues, dans leurs rues. Et donc je crois les connaître. Je
crois savoir. L’essentiel, en tous les cas. Puis je lis Declerck. Et me rends compte de mon
ignorance. En vrac : saviez vous qu’un clochard meurt d’hypothermie à partir de 16 / 17 degrés,
température extérieure ? Saviez-vous que les femmes dans la rue gardent volontairement leur
puanteur pour faire fuir les violeurs ? Que 20 pour 100 des étudiants en France vivent sous le
seuil de pauvreté ? etc. Mais l’essentiel est ailleurs. Declerck répète sans cesse que la
clochardisation est histoire de folie. Et qu’ils ont besoin de soins thérapeutiques. Et de temps.
Encore et toujours de temps. Le clochard est un fou de l’exclusion. Dormir à la rue est une
horreur, on le sait, on le pressent. Declerck va plus loin : « le clochard joue sur la scène du théâtre
social un double rôle essentiel. Celui de la victime sacrificielle. Et celui du contre-exemple. Il est
là pour enseigner cette terrible leçon : la normalité est sans issue. La souffrance des pauvres et des
fous est organisée, mise en scène, nécessaire. L’ordre social est à ce prix. » Le clochard, comme
garde fou de notre société contemporaine, c’est là que l’œuvre de Declerck nous interpelle au
plus profond de nous.
Comment sur scène, cela va-t-il prendre forme ? Est-ce une fiction ou une prise de
parole ?
(…) L’enjeu est de créer une rencontre. Que l’on ait l’illusion de ne pas assister à un spectacle, à
un objet purement théâtral, mais à une rencontre. D’humain à humain. Tout l’art du jeu d’acteur
et de sa prise de parole va résider dans cette nuance. Etre au présent, presque comme une
obsession. Alors que tout est récit, mots, mise en scène etc. Et finalement, grâce à la fiction, grâce
au théâtre, on peut faire fusionner sur scène trois identités : celle de Patrick Declerck, celle de
Jean Christophe Quenon l’acteur, et celle du clochard. Trois identités si perméables.
Comment éviter le regard complaisant ? ou le geste culpabilisateur ?
Pour le regard complaisant, il suffit de lire ou d’entendre Patrick Declerck. Il écrit au vitriol. Il est
franc tireur. Sniper. Avec les clochards, avec lui-même, avec les politiques. Il est en colère,
parfois, et ça se comprend. Mais il est surtout très honnête avec ce qu’il ressent. Les clochards ?
Oui, ça pue, oui il les hait. Et alors ? Il a tenté de les soigner pendant 15 ans. Il en a soigné
quelques uns, guéri aucun. Il est intransigeant avec le réel. Quitte à se faire des ennemis. Pour le
geste culpabilisateur ? Parce qu’on n’en sait pas plus que le spectateur. Parce que nous sommes
des spécialistes de rien. Nous avons bien sûr beaucoup lu, beaucoup rencontré, débattu. Mais
nous ne sommes qu’une poignée d’artistes citoyens. Et comme chaque spectateur nous nous
demandons où est notre place et notre champs d’action face à cette problématique. Depuis que
l’on travaille sur ce projet, je croise bien entendu des clochards chaque jour dans les rues. Je ne
sais toujours pas comment réagir. Comment agir. Je les regarde, ça oui, peut être. Je prends le
temps de les regarder. De sourire, quand j’ose. Je suis petit face à tout cela.
EXTRAIT DU TEXTE
Je vais prendre incognito avec les clochards le bus de ramassage de la police et me faire emmener
au centre d’accueil et d’hébergement de Nanterre, pour y passer la nuit. C’est là le seul moyen de
savoir ce qui s’y passe vraiment. Je ne cours finalement qu’un danger tout à fait minime. Je
crois… Mais j’ai la trouille. Et puis, je suis qui pour faire ça ? C’est pas un peu… C’est vrai, je suis
qui ?
Bonjour, je m’appelle Jean-Christophe Quenon… je suis comédien… j’ai une femme, trois
enfants… je vis à Paris… peut-être plus pour longtemps, trop cher… mais j’ai de la chance… et
je suis Belge, comme Patrick Declerck
Bonjour, je m’appelle Patrick Declerck.
J’ai passé un peu plus de 15 ans à m’intéresser aux clochards de Paris.
Anthropologue, éthnographe, philosophe, puis psychanalyste à la Mission France de Médecins du
Monde, et consultant au Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre.
En fait tout va bien. Mon souci principal, c’est les parasites. « Si on a pas de bébêtes en entrant à
Nanterre, on en a en ressortant », c’est un adage de la rue. Vous le connaissez ? Non ? En même
temps, c’est normal que vous ne connaissiez pas…
Je me suis attaché deux colliers antipuces pour chien. C’est la pharmacienne qui me l’a
conseillé… elle ne savait pas trop quoi en penser, la pharmacienne… Merde… je vais pas attraper
des allergies ? Si ? Non ? Le premier je l’ai autour du bras, le second autour d’une cheville. Vous
les voyez ? Ca se voit ou pas ? Faut pas… Vous les voyez ? Les puces m’inquiètent. Si j’en
rapporte chez moi, ma vie deviendra un enfer.
Pendant les consultations, à Nanterre, on devait mettre des chaussures montantes, genre des
Rangers… A cause des puces. A cause des milliers de poux qui dégoulinent en cascade, à terre,
lorsqu’on rase la tête d’un patient et qu’on détruit les nids.
En 88, je suis entré à Nanterre aux côtés du docteur Patrick Henry. Nous avions pensé qu’il serait
intéressant de doubler la consultation de médecine d’un regard psychanalytique. C’était une
chance, c’était pour moi l’occasion d’être témoin et d’apprendre, travailler avec ces…
Comment on pourrait les appeler ? Moi, je choisis, faute de mieux, d’utiliser le terme de
‘clochard’ pour désigner les plus gravement atteints parmi les SDF. Le clochard est un fou de
l’exclusion. C’est cette folie qui ne peut être réduite à aucune autre qu’il nous faut essayer de
mieux comprendre. Et puis, le clochard, c’est toujours l’autre et jamais soi.
Je prépare un sac poubelle pour mon retour. Une fois passé la porte, j’y mettrai mes vêtements en
les aspergeant d’insecticide, avant de refermer le tout. Ou je les jetterai… ça serait plus simple
finalement… Et je dois prendre une douche avec du produit anti-gâle deux fois par jours.
Au centre de Nanterre, il faut tenir, être là, car les patients s’en vont et reviennent des semaines
ou des mois plus tard… ils doivent pouvoir nous retrouver. Immuables. A notre poste. C’est ce
que j’ai fait. Pendant 15 ans. J’ai aidé à les soigner. 15 ans… Je pense en avoir soulagé plusieurs.
Je sais n’en avoir guéri aucun.
Mais j’ai arrêté. J’ai fini psy normal pour gens normaux… puis j’ai vraiment arrêté. Non, ça va…
ras le bol… Je nage avec une phoque maintenant… A Saint-Malo… Et j’essaie d’écrire des
romans.
La trouille, au fond, elle est là. C’est la contamination. Réelle et symbolique. Et en 15 ans, je me
suis un peu brûlé, j’en ai peur…
L’AUTEUR
PATRICK DECLERCK né en 1953 à Bruxelles est anthropologue, psychanalyste,
philosophe et romancier. Dans les années 1990, il exerce comme consultant au centre d’accueil et
de soins hospitaliers (le CASH) de Nanterre. Sa plongée tant professionnelle qu’intime dans ce
« monde » des SDF que nous fréquentons quotidiennement sans le connaître est un témoignage
rare, précieux, et précis. De cette expérience, il tire deux livres : « Les Naufragés – avec les
clochards de Paris » (livre phare des éditions Terre Humaine, de nombreuses fois récompensé), et
« Le sang nouveau est arrivé » (pamphlet sur l’horreur SDF, aux éditions Gallimard). Le prix
Victor Rossel 2012 lui a été décerné pour "Démons me turlipinant"
Lettre de soutien de Patrick Declerck
Cher Monsieur,
J'ai lu et écouté avec attention votre projet d'adaptation de mes deux livres relatifs
aux SDF. Je me retrouve tout à fait, tant dans la logique de vos choix que dans
l'audace de votre conception. Me semble, en particulier, précieuse votre volonté de
montrer, dans le spectacle à venir, la progression d'une identité de plus en plus
clairement commune entre l'acteur/vous/moi et l'Autre/lui/eux. Humanité,
pathétique et regrettable ou non, mais indiscutablement commune en tout cas.
Bien à vous,
Patrick Declerck
L’EQUIPE ARTISTIQUE
Guillaume Barbot
– metteur en scène, adaptateur
Formé en tant qu’acteur à l’ESAD (école nationale à
Paris), Guillaume Barbot fonde la compagnie Coup
de Poker en 2005 (compagnie associée au Théâtre de
Chelles en 2015). Il en assure la direction artistique.
Il y est auteur et metteur en scène de neuf créations
dont CLUB 27, NUIT, TRENET PAR LA, ON A
FORT MAL DORMI…
Il développe un travail visuel et une écriture de
plateau, à partir de matière non dramatique, mêlant à
chaque fois théâtre et musique. Il est accompagné de
différents artistes, rencontrés pour la plupart en
écoles nationales : scénographe, éclairagistes, acteurs, danseurs, musiciens… Ensemble, ils
cherchent à développer dans chacune des créations, un théâtre de sensation qui donne à penser,
un théâtre politique et sensoriel.
Il écrit également pour la littérature. Son premier roman « Sans faute de frappe » a été publié en
février 2013 aux éditions d’Empiria – travail à quatre mains avec le photographe Claude Gassian.
Il est aussi co-directeur artistique des Studios de Virecourt, lieu de résidence pluridisciplinaire
près de Poitiers qui défend la création originale.
Jean-Christophe Quenon
– comédien
Né à Bruxelles, il se forme d’abord aux
Conservatoires Royaux de Bruxelles et de
Mons, avant d’intégrer le CNSAD de Paris.
Il joue au théâtre sous la direction de,
notamment, Philippe Adrien, Jean Boillot, Julie
Brochen,
Declan
Donnellan,
André
Engel, Philippe Lardaud, David Lescot,
Nicolas Liautard, Guillaume Rannou, Pauline
Ringeade, Daniel Scahaise… Et il poursuit
depuis 1996 un important compagnonnage
avec Catherine Riboli, sous la direction de qui
il joue dans plus de dix spectacles.
Au cinéma et à la télévision, il tourne, entre autres, avec Olivier Assayas, Dante Desarthe,
Alexandre Gavras, Martin Le Gall, Katia Lewkowicz, François Royet, Rodolphe Tissot… En
2013, il tourne dans The Smell of Us de Larry Clark (sortie en janvier 2015).
Sa passion pour les textes, les poètes et la musique (il est pianiste, percussionniste et tromboniste)
l’amène à participer à des lectures publiques, des créations pluridisciplinaires et des concerts.
Enfin, depuis 2013, il a élaboré une « belge proposition », Ko’n’Rv, qu’il joue sur scène avec le
guitariste Hervé Rigaud.
…La Compagnie
Texte : Patrick Deckerck
Adaptation et Mise en scène : Guillaume Barbot
Jeu : Jean Christophe Quenon
Assistanat et Dramaturgie : Céline Champinot
Lumière : Maryse Gautier
Régie et assistant lumière : Franck Pellé
Regard costume : Benjamin Moreau
La Cie Coup de Poker est créée en 2004, en Seine et Marne. Sous la direction artistique de
Guillaume Barbot, elle a depuis dix ans proposé dix spectacles : théâtre jeune public, concerts, et
principalement théâtre contemporain mêlant texte musique et danse (sous différentes formes :
performances, théâtre concert, parcours déambulatoire…). Chaque création prend comme base
un texte non dramatique, pris en charge par Guillaume Barbot puis par les acteurs dans une
écriture de plateau, et tend vers un théâtre de sensation qui donne à penser.
Après notamment L’évasion de Kamo (plus de 120 dates), Guillaume Barbot crée CLUB 27 en 2012
à La Manufacture à Avignon, qui se reprend à la Maison des Métallos puis au Théâtre Paris
Villette. En 2014, il crée NUIT au Théâtre de Charenton, co-produit par la Ferme du Buisson,
qui remporte le prix des lycéens au Festival Impatience 2015 au Théâtre de La Colline. Il présente
également une petite forme au Théâtre La Loge et à Avignon en 2015 : ‘Trenet par là, histoire d’un
punk converti à Trenet’ .
Les créations de la compagnie sont soutenues régulièrement par de nombreuses subventions
publiques.
La Cie Coup de Poker est associée pour trois ans au Théâtre de Chelles, Scène conventionnée
théâtre depuis janvier 2015.
Elle est aussi associée à la co-programmation du lieu de résidence « Les Studios de Virecourt »,
près de Poitiers.
CONTACTS
[email protected]
Catherine Bougerol : 06 33 30 00 81
Guillaume Barbot : 06 70 56 97 84
www.coupdepoker.org