namaste - Sakthi Childrens Home
Transcription
namaste - Sakthi Childrens Home
Association des Amis du Sakthi Children’s Home Bulletin trimestriel n° 11 Avril-Juin 2007 NAMASTE NAMASTE EDITORIAL A la veille des vacances d’été, il est temps de vous communiquer les nouvelles du Sakthi. A Madurai, les filles viennent de reprendre le chemin de l’école, la rentrée à sonné. Vous trouverez le récit de leur périple 2007 qui les a conduit à visiter la région de Chennai (Madras), capitale de l’état du Tamil Nadu, durant 3 jours. De nouvelles admissions sont en cours, nous allons accueillir 5 à 6 filles supplémentaires, dont la sœur de Minipriya. Ce numéro est également consacré, aux dernières nouvelles de l’orphelinat et vous présente un sujet que vous connaissez déjà : l’infanticide du fœtus féminin qui se traduit par 50 millions de femmes disparues en Inde durant ces dernières décennies. Enfin, vous trouverez en dernière page un projet qui séduit plusieurs membres de notre Association : organiser une soirée en faveur du Sakthi sous la forme d’un repas indien agrémenté d’un diaporama sur la vie du Sakthi et la vente de produits d’artisanat et épices indiens. Nous espérons que cette soirée pourra se dérouler à la rentrée. Jean-Pierre Python « Appeler les femmes "le sexe faible" est une diffamation ; c'est l'injustice de l'homme envers la femme. Si la non-violence est la loi de l'humanité, l'avenir appartient aux femmes » Gandhi Ces femmes qui ne sont jamais nees … Dans une société patriarcale et attachée aux traditions, avoir un enfant de sexe féminin est un fardeau : il faut l’éduquer et payer sa dot. L’avortement sert donc à sélectionner les fœtus mais aujourd’hui le manque de femmes est devenu si criant que le gouvernement a interdit aux médecins de révéler aux parents le sexe de l’enfant à naître … ordre que la plupart se gardent bien de respecter lorsque les parents « offrent » quelques roupies ! Et pourtant en 1994, alarmé par le nombre croissant de foeticides, le gouvernement indien a officiellement interdit aux gynécologues de révéler aux parents le sexe de leur futur enfant sous risque d’amende et de peine de prison. On les appelle les «missing women». Sur les bancs des écoles, dans les rues, dans les maternités, il manque des filles, des nièces, des cousines. Elles n’ont ni visage, ni nom, ni sépulture. Ni mortes, ni vivantes, elles ne sont tout simplement jamais nées. L’Inde devient ainsi le royaume des filles invisibles. Selon l’Unicef 50 millions de femmes disparues, niées, effacées, à la suite d’avortements sélectifs, mais aussi d’infanticides, une pratique particulièrement fréquente dans certaines régions dont le Tamil Nadu. On décide de la mort d’une personne innocente sur le critère du sexe. En Inde, c’est par le fils que se transmettent le nom, les terres, l’héritage, et c’est lui, encore lui, qui allume le bûcher à la mort des parents. Autorisé depuis 1971, l’avortement est en fait devenu une méthode de sélection des sexes, et l’échographie, une arme sexiste. Au point que l’Inde est désormais l’une des rares nations (avec la Chine et le Pakistan) où les filles demeurent moins nombreuses que les garçons (seulement 933 filles pour 1000 hommes). Aujourd’hui, il y a des villages où les hommes sont obligés d’importer des épouses des Etats voisins parce qu’ils ne trouvent plus assez de femmes chez eux. Dans certains Etats très pauvres comme le Bihar, de jeunes filles sont vendues par leur famille à des marchands d’esclaves pour 50 CHF environ, qui à leur tour les vendent à la famille du futur époux pour 500 CHF. Il s’agit là d’un réel trafic de femmes. Les mères sont persuadées qu’elles sont responsables du sexe de leur bébé. Pour la plupart, avoir une fille est une malédiction presque une preuve d’incompétence. Pour les couples, il ne s’agit pas d’un débat moral, mais d’un choix exclusivement économique alors que moyennant 1000 roupies (30 CHF) le médecin diagnostiquera le sexe du fœtus. Pour bon nombre de médecins le diagnostic prénatal représente un business très lucratif. En fait le fond du problème c’est la dot, en Inde on n’unit pas deux êtres, mais on lie deux clans. Les frais de la cérémonie, dot comprise, grimpent jusqu’à 32'000 CHF alors qu’un fonctionnaire ne gagne pas le vingtième de cette somme. La dot constitue pour le mari la seule façon de devenir riche rapidement. Les hommes sont sous le feu de la publicité vantant des réfrigérateurs, des motos, ils veulent ces produits et réclament des sommes de plus en plus élevées à leur future épouse. Les indiens choient donc leurs garçons … vous avez trois filles vous êtes ruiné, vous avez trois garçons vous êtes sauvé et riche. Les filles sont donc, si elles ont eu la « chance » de venir au monde, négligées, souvent maltraitées, mal nourries. La plupart des bébés amenés dans les orphelinats sont de sexe féminin. En moyenne 54% des filles vont à l’école contre 76% des garçons … car une femme doit savoir coudre, cuisiner, faire le ménage et s’occuper de sa bellefamille, mais également subit les violences conjugales, l’alcoolisme de leur mari. Seule l’éducation rendra inacceptable la sélection des sexes, c’est ainsi que les filles auront les mêmes droits que les garçons. Par l’éducation la femme devient résistante, elle a confiance en elle et peu ainsi apprendre à ses enfants qu’une femme vaut autant qu’un homme, que les tâches ménagères doivent être partagées et que leur corps n’appartient qu’à elle. voyage des filles a chennai Durant les vacances scolaires, les filles ont découvert la ville de Chennai (anciennement Madras), capitale du Tamil Nadu, lors de leur course 2007. Durant trois jours, elles ont eu l’occasion de visiter la ville, mais également de se rendre au temple de Melmaruavathoor, lieu de pèlerinage. Ce temple est très important dans la religion hindoue, car à cet endroit un arbre, le neem, secrète un doux nectar qui, selon les locaux, traite les infections, les fièvres et divers autres maladies. Ce temple a également la particularité d’être ouvert à toutes les castes, religions, et nationalités. Les filles, pour la première fois, ont voyagé en train de Madurai à Chennai. Ce voyage fut pour elles une découverte ! Le déplacement s’est fait avec la nourriture préparée par la cuisinière, imaginez les kilos de riz ! Mais les filles ont aussi apprécié que Latha achète, lors des arrêts dans les gares, des fruits, biscuits et boissons. Des chants et des danses ont agrémenté le trajet. Autre source de réjouissance, dormir à l’hôtel durant deux nuit ! En Inde, lorsque des groupes se déplacent et logent à l’hôtel, n’imaginez pas des chambres doubles, mais une grande pièce. Comme au Sakthi, les filles dorment sur des nattes posées sur le sol A Chennai, les filles se sont déplacées en bus et, le dernier jour, avant de reprendre le train, Latha leur avait réservé une surprise : elle les a conduite dans un marché. Les filles ont ainsi eu la possibilité de faire quelques achats de souvenirs. Ainsi les filles ont porté leur choix sur des bracelets et colliers. Les filles ont été très heureuses de ce voyage, notamment d’avoir voyagé par le train. Une nouvelle expérience ! dernieres nouvelles … De nouvelles admissions en cours … Le Sakthi vient d’accueillir une nouvelle fillette, et, à notre demande, Latha procède actuellement à l’admission de cinq autres filles. Nous devrions nous retrouver avec une trentaine de pensionnaires au Sakthi d’ici la fin de l’année. La famille sera alors complète, car il est impossible, étant donné la surface actuelle, d’accueillir plus d’enfants. Par contre, dès la construction du nouveau bâtiment nous pourrons accueillir 50 enfants. Installation d’un purificateur d’eau … Nous avons installé un purificateur d’eau au Sakthi. L’eau est fournie par le gouvernement, mais n’est pas de bonne qualité. Nous avions constaté que selon les périodes, notamment durant la mousson, l’eau était parfois trouble avec des résidus. Désormais, les enfants pourront boire une eau purifiée. Rentrée scolaire au début du mois de juin … Une bonne nouvelle : toutes les filles ont réussi leur année scolaire et passent ainsi au degré supérieur. Latha a organisé, fin mai la rentrée, c’est-à-dire fait confectionner de nouveaux uniformes, acheté les fournitures (livres, cahiers, crayons, stylos, craies, ardoises) car l’école ne remet pas ces fournitures aux enfants. Ainsi pour la rentrée, le coût total s’élève à 26'640 roupies (environ 800 francs). Une nouvelle commune genevoise apporte sa contribution … Au moment d’éditer ce numéro, une bonne nouvelle vient de nous parvenir, la commune de Plan-Les-Ouates, dont nous avions sollicité l’aide, participe cette année à assurer la pérennité du Sakthi, par un versement de 5'000 francs. Soirée en faveur du Sakthi Nous sommes plusieurs désireux d’organiser une soirée en faveur du Sakthi sous la forme d’un buffet indien, ponctué de danses indiennes et d’une présentation de la vie au Sakthi sous la forme d’un diaporama. Par la même occasion, nous mettrons en vente de l’artisanat ainsi que des épices. Nous aurions ainsi l’occasion de parler et de partager nos joies et soucis tout en trouvant par ce biais le moyen d’assurer la pérennité de notre action. A cet effet, nous annexons à ce journal un coupon d’inscription avec proposition de plusieurs dates durant le mois de septembre 2007. Si vous êtes intéressé à prendre part à cette manifestation, merci de nous communiquer votre réponse ; nous espérons que beaucoup répondront favorablement et que nous pourrons ainsi aller de l’avant dans l’organisation de cette soirée. Association des Amis du Sakthi Children’s Home – case postale 40 – CH-1253 Vandoeuvres