lettre de nouvelles - Paroisse Saint-Martin de Triel-sur

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lettre de nouvelles - Paroisse Saint-Martin de Triel-sur
Chers famille et amis !
Presque quatre mois que je suis parti et toujours pas de nouvelles… Je m’en excuse
et j’espère me rattraper avec cette lettre !
Je voulais commencer par vous remercier sincèrement pour tout votre soutien qui
me touche vraiment, c’est grâce à vous que je suis là aujourd’hui et je vous en suis très
reconnaissant.
Par où commencer ? L’Inde est un pays très contrasté et la culture est très éloigné de
la nôtre alors je commencerais par essayer de décrire brièvement ce que j’ai pu comprendre
et apprendre de cette région.
L’inde a une superficie environ six fois supérieur à la France (3 287 263 km² pour
ceux qui aiment les chiffres) et compte 1 267 millions d’habitants soit le deuxième pays en
termes de population après la Chine pour une densité de 377 hab/km². L’anglais et le hindi y
sont les langues officielles et la monnaie est la roupie (1 euro = 70 roupies environ). La vie
est donc très peu chère pour les occidentaux. Depuis une dizaine d’année, l’Inde voit son
taux de croissance augmenter considérablement (8,7% en 2008) et même si la crise l’a
ralenti, le taux reste bien supérieur à celui de la France. Malheureusement, les richesses
sont très mal réparties et l’extrême richesse côtoie sans cesse la plus grande pauvreté (il est
fréquent de voir sur les routes des grands panneaux payés par des familles riches sur
lesquelles ont peu voir les photos des membres de ces familles qui exposent ainsi leur
richesse, alors que les gens qui habitent sur ces mêmes routes vivent dans des conditions
très précaires…).
Ces inégalités se ressentent aussi entre les vingt-neuf États qui composent l’Inde
fédérale mais n’ayant pas voyagé en dehors de la région où je vis, je vais donc vous
épargnez l’étude comparative des différents états de l’Inde ! Je vais pour l’instant me
concentrer sur le Tamil Nadu où je réside.
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Voici où se situe le Tamil Nadu :
Et voici une carte un peu plus précise de la région :
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Le Tamil Nadu (dont le nom signifie littéralement «Le pays des tamouls ») est peuplé
d’environ 60 millions de personne et a une superficie équivalente à la Grèce. Les langues les
plus fréquentes sont l’anglais et le tamoul dont voici quelques symboles :
Pour ceux qui se poseraient la question de savoir si je me suis lancé dans
l’apprentissage du tamoul, cette photo m’a suffi à en abandonner l’idée assez rapidement !
Et pour les quelques mots que j’ai appris, ma prononciation est tellement mauvaise que
personne ne me comprend… Du coup l’anglais reste la langue la plus pratique pour
communiquer.
Je vais m’arrêter là sur le Tamil Nadu et je vais essayer de vous décrire un peu
l’endoit où je vis ! Je suis à douze kilomètres de Pondichery au sein de l’Arul Ashram qui est
un espace de vie communautaire tenu par les frères de Saint-Jean. Il a été créé en 1997
pour être proche des étudiants de l’université voisine mais la structure a vite accueilli des
adultes sidéens venus y finir leur vie. En 2006, ils ont créé Jeeva Nivas, un centre d’accueil
pour enfants qui en comporte aujourd’hui trente-six de 4 à 14 ans, suivi de Nava Jeevan qui
accueille une quinzaine d’adolescents de 14 à 20 ans. Étant tous sidéens et pour la plupart
orphelins, la structure leur permet de trouver un foyer pour grandir, leur donne accès à
l’éducation ainsi qu’à un suivi sanitaire obligatoire dans le cas du VIH. Une centaine de
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personnes se côtoient quotidiennement dans la structure entre les enfants, les adultes
sidéens, les frères et les salariés qui y travaillent.
Et alors moi qu’est-ce que je viens faire dans tout ça ?
Ma mission est de m’occuper des garçons adolescents qui vivent dans un foyer à
trois cents mètres de l’Ashram. Ils ont entre 14 et 20 ans et sont une quinzaine sachant que
les plus grands font leurs études dans d’autres villes et ne reviennent que pour le week-end
et les vacances. Pour s’occuper d’eux, il y a deux salariés indiens, et nous sommes deux
volontaires à venir de France.
Au quotidien, lorsque c’est la période scolaire, je commence à 16h30 à leur retour de
l’école pour les accueillir. Généralement, ils prennent le goûter tranquillement et font des
jeux jusqu’à 17h40 où je les envoie à la douche (ce qui n’est pas toujours facile…) À 18h00,
tout le monde doit être prêt pour l’aide aux devoirs qui a lieu jusqu’à 20h. Pendant ce
temps, chaque adulte s’occupe d’un ou deux jeunes et les font travailler. À la fin de ce
temps, les jeunes vont prendre leur médicament contre le VIH qu’ils doivent prendre
impérativement deux fois par jour à heure régulière. Après le dîner, chacun a un temps de
service (nettoyage de la maison) qu’ils font plus ou moins sérieusement, puis on reprend
l’aide aux devoirs jusqu’à 21h30 pour qu’ils puissent aller se coucher vers 22h.
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Depuis quelques semaines, mon emploi du temps a changé puisque je commence à
15h30 avec les petits pour les accueillir de l’école, leur faire prendre leur goûter et leur faire
faire des jeux jusqu’à 18h où je rejoins les grands. Ce nouvel emploi du temps me convient
car j’arrive plus facilement à proposer des jeux aux plus jeunes qui sont demandeurs alors
que les grands préféraient parler ou jouer aux billes (j’arrive toujours pas à me faire à l’idée
qu’ils puissent passer des heures à jouer aux billes à leur âge…)
Le week-end je fais des journées complètes chez les adolescents. Le samedi matin, la
plupart ont école mais on va faire courir de temps en temps ceux qui restent. L’après-midi,
c’est l’occasion de faire quelques jeux après la sieste. Ensuite ils partent faire du yoga et du
kalari (sport de combat avec des bâtons) avec un professeur qui vient leur donner des cours
sur place. La soirée du samedi soir est réservée aux films tamouls ce qui ne me passionne
pas vraiment… Concernant le dimanche, on commence avec la messe à 9h30 et la journée
ressemble à celle du samedi concernant les activités de l’après midi si ce n’est qu’il y a une
demi-heure d’adoration le soir à 20h30. Pendant les temps de vacances, je fais aussi des
journées complètes mais c’est plus simple d’organiser des activités avec eux.
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Depuis quelque temps, je donne des cours d’anglais de 8h à 9h presque chaque
matin à un des adolescents qui doit essayer de valider cette matière pour avoir son diplôme.
Je ne vous cache pas que ce n’est pas évident de donner des cours d’anglais en anglais…
mais c’est intéressant et je m’améliore en même temps.
Je donne aussi des cours de piano à un des jeunes qui a un handicap de la partie
droite de son corps. Il a du mal à faire les jeux avec les autres alors je crois que ça lui fait du
bien de s’investir dans une activité personnelle. Il ne peut jouer que de la main gauche mais
même s’il a du mal, il est assidu et progresse à force de détermination. Pour ceux qui se
demandent comment je peux donner des cours de piano sachant que je ne sais pas en
jouer… et bien j’ai appris le solfège pour l’occasion et que j’apprends à peu près en même
temps que lui. De plus, on commence par des morceaux faciles.
Alors évidemment tout cela ne se passe pas sans certaines difficultés… Tout d’abord,
la langue est quand même un obstacle puisque même si on communique en anglais, mon
niveau et celui des jeunes ne permet pas encore d’établir des conversations profondes
comme on pourrait en avoir en France. Par ailleurs, ils sont assez casaniers et c’est compliqué de les ouvrir à la nouveauté. Concernant les jeux et les activités que l’on propose, ils
sont naturellement assez réticents à essayer de nouvelles choses. Cependant, toutes les
activités novatrices que l’on a proposées leur ont tous bien plu dans l’ensemble. La
nourriture est aussi une difficulté pour tous les étrangers qui vivent ici. C’est assez peu
diversifié, on mange assez peu de fruits, de légumes et de viandes contrairement au riz et
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aux épices présents presque à chaque repas… La période de la mousson a aussi été
particulièrement difficile puisqu’un mois et demi de pluies c’est long et c’est difficile d’organiser des activités. On a quand même eu de la chance car malgré les 3-4 cyclones qui sont
passés, les dégâts ont été minimes comparés à d’autres endroits de la région qui ont
compté des milliers de sinistrés et qui ont subi d’importantes inondations.
Malgré tout cela, ma mission se passe bien, les jeunes sont tous très accueillant et le
contact passe bien. Pareil avec les salariés qui travaillent ici ainsi qu’avec l’ensemble des
gens que j’ai rencontré. Tous sont de nature très gentil et n’hésitent pas à nous aider ou
nous renseigner lorsqu’on a besoin.
Pour la suite de ma mission, j’ai l’intention de continuer à organiser des jeux pour les
jeunes même si c’est toujours compliqué du fait de leur réticence ou des innombrables
imprévus qui font le charme de l’Inde. Il faut aussi que j’insiste sur les temps d’aide aux
devoirs car les deux jeunes que je suis refusent de travailler sérieusement et vont sûrement
rater leur année. Ils se bloquent quand je leur propose de l’aide et ont tellement de lacunes
qu’ils se découragent assez vite…
Ah, j’ai oublié de vous parler de mon quotidien pendant les périodes scolaires ! Vu
que je commence à 15h30, vous devez vous demander ce que je peux faire pour occuper
mes journées ! Et bien je m’ennuie très rarement, voire jamais. Je me lève vers 6h30 pour
être prêt pour la messe à 7h, puis après le petit déjeuner, je vais donner mon cours d’anglais
de 8 à 9h. Ensuite, il y a toujours un peu de lessive à faire (à la main ça prend du temps mine
de rien…) puis je passe pas mal de temps à lire et à étudier la
philosophie. C’est pratique car je peux en discuter avec un des
frères de temps en temps. On a aussi un cours donné par les
frères chaque semaine, et qui concernent soit la Bible, soit la
culture indienne soit des thèmes un peu aléatoire de réflexion. Je
vais quelque fois à Pondichéry me balader ou faire des courses, ou
alors manger quelque chose un peu plus occidental. Le reste du
temps, je m’occupe d’un chat que j’ai adopté il y a un peu plus d’un mois et qui vit avec moi
dans ma petite chambre !
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Merci encore pour tout votre soutien et je vous souhaite à tous une excellente année
2016 ! Mes vœux vous accompagnent !
J’en profite aussi pour vous donner ma nouvelle adresse mail, mon ancienne étant
bloquée ici, j’ai un peu de mal à communiquer. [email protected]. Ainsi que mon
numéro de téléphone indien : +91944709607
À très bientôt,
Julien
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