Le recrutement mondial des travailleurs des

Transcription

Le recrutement mondial des travailleurs des
Rapport d'UNI sur les
professionnels des services
clientèle et leurs syndicats
Le recrutement mondial
des travailleurs
des centres d'appel
Mois d'action sur les centres d'appel - Octobre
www.uniglobalunion.org
Juin 2006
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Le recrutement mondial dans les centres d’appel
A peine créé, voici que le bouillonnant secteur des services clientèle et des centres d'appels entame déjà
une phase de changement sous l'effet de la nouvelle révolution mondiale de la mobilité. Les emplois qui
ont été dissociés des activités centrales des entreprises et rassemblés - souvent dans des zones
industrielles en déclin - deviennent eux aussi mobiles. Ils peuvent être déplacés tout autour du monde
grâce aux câbles à fibres optiques et contribuent ainsi à l'apparition d'une main-d'œuvre mondiale
composée de travailleurs qui prennent un nouveau nom et apprennent le langage du football ou du baseball pour parler à des clients à l'autre bout du monde, dans des fuseaux horaires bien loin de chez nous.
Cette nouvelle main-d'œuvre est issue à la fois des innovations prodigieuses dans les TI et de la
mondialisation. C'est le résultat d'une reconfiguration profonde du travail, dans lequel la marge
d'initiative est réduite au strict minimum et la technologie permet de suivre les contrats d'objectifs
individuels et d'exercer une surveillance constante du personnel. C'est un secteur récent composé de
travailleurs jeunes - et surtout de travailleuses. Les centres d'appel ne ressemblent que de très loin aux
ateliers de misère d'autrefois - et pourtant, le travail y est parfois extrêmement stressant, les possibilités
de carrière y sont très réduites en raison d'une structure hiérarchique aplatie et la rotation de personnel y
est très forte. De nombreux centres d'appels constituent une activité interne à l'entreprise mais déjà,
quelques sous-traitants multinationaux de grande envergure commencent à offrir des services clientèle à
toute une série d'entreprises.
Photo couverture:
Centre d'appel de Prudential à Mumbai, Inde
Jess Hurd/reportdigital.co.uk
Photo 4e de couverture
Salariée du centre d'appel de Mumbai, Inde
Jess Hurd/reportdigital.co.uk
Dès sa création, le secteur causait des difficultés particulières aux travailleurs et à leurs syndicats. Le
travail qui se déroule dans des bâtiments situés loin des villes, 24 heures sur 24 et par équipes, est source
de difficultés sociales et exige de nouvelles méthodes de recrutement syndical. Les comités syndicaux
composés de représentants pour chacune des innombrables équipes de travailleurs offrent une base
propice à la représentation démocratique et de grande ampleur. Les syndicats ont déjà inscrit la qualité du
service et le travail décent dans leurs priorités de travail, afin de garantir la sécurité d'emploi et les droits
fondamentaux au travail dans les centres qui se créent. Le recrutement y est possible et de nombreux
centres accueillent déjà des syndicats, mais la grande masse des travailleurs du secteur reste encore en
dehors de la protection syndicale. D'ailleurs, les emplois dans les établissements syndiqués sont eux aussi
menacés par l'extension de l'externalisation vers des pays lointains - bon nombre d'emplois partent vers
les pays en développement sans consultation adéquate, sans sécurité d'emploi dans le pays d'origine et
sans garantie des droits syndicaux dans les nouveaux centres délocalisés.
Quelques données sur les centres d'appel
Rose Batt, Professeur à Cornell University
La première Conférence d'UNI sur les centres d'appel - tenue à Athènes en octobre 2005 - avait déjà pris
connaissance des résultats généraux d'une enquête menée durant deux ans dans des centres d'appel de
diverses régions du monde. Conduite par la Cornell University aux Etats-Unis, l'enquête fournira aux
syndicats des données fiables sur lesquelles ils pourront bâtir leur stratégie.
Près de 80 % du travail dans les centres d'appels s'effectue encore sur le territoire national du siège des
entreprises et les trois-quarts du travail s'effectuent encore dans le giron de l'entreprise - mais la
délocalisation gagne du terrain.
L'enquête nous fait entrer dans un monde où les travailleurs des centres d'appels traitent jusqu'à 110
appels par jour (Inde), où la marge de manœuvre sur les méthodes de travail est très limitée et où les
appels sont souvent surveillés par des moyens électroniques.
Le salarié typique d'un centre d'appel est un jeune, généralement une femme, qui ne reste pas longtemps
dans certains établissements gérés par les pires employeurs (la rotation de personnel est de 28 % par
année en Inde, 25 % aux Etats-Unis et 23 % au Royaume-Uni).
"Ces taux sous-estiment la véritable ampleur des fluctuations" avait déclaré Rose Batt, Professeur à
Cornell University lors de la conférence.
Un travailleur dans un centre d'appel d'Inde perçoit un salaire de 2400 dollars, contre 28 000 aux EtatsUnis et près de 42 000 au Danemark (quoique certains coûts occultes réduisent quelque peu cet écart).
La formation ne dure parfois pas plus de neuf semaines (Inde) et les niveaux de stress augmentent en
raison d'un calcul de la rémunération "au mérite". Cette partie variable de la rémunération peut atteindre
jusqu'à 18% du salaire (Pays-Bas). Les banques, les opérateurs de télécoms et les compagnies
d'assurances sont les plus gros "consommateurs" de centres d'appel (soit 49% du secteur) mais d'autres
y tiennent aussi une large place - notamment le commerce de détail, les voyagistes et la branche des
loisirs.
Dans certains pays européens, les syndicats sont présent dans près de la moitié des centres d'appel
(Danemark, France et Royaume-Uni) mais le chiffre tombe à 10% aux Etats-Unis et à zéro en Inde. Aux
Pays-Bas, 63% des centres d'appel sont dotés d'un comité d'entreprise.
La plupart des centres d'appel sont de modeste dimension - sauf aux Etats-Unis, où le centre d'appel
moyen emploie 254 personnes et en Inde (547). Dans ce dernier pays, l'activité du secteur des centres
d'appel est liée à la délocalisation - 75% des centres d'appel sont des entreprises en sous-traitance.
L'étude de Cornell University - qui compte des équipes de chercheurs dans 20 pays - n'en est encore qu'à
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mi-parcours et attend des chiffres en provenance de pays supplémentaires. Le projet est passé à sa
deuxième phase, qui consiste dans des entretiens avec des salariés, des personnels d'encadrement, des
syndicats et des entreprises.
"Plus les syndicats coopèrent aux niveaux national et mondial, plus ils seront à même d'influencer l'avenir
du secteur" dit le Prof. Batt.
Karthi Pillay, du CWU, Afrique du Sud, a exposé les résultats d'une étude entreprise par son syndicat sur
les principaux motifs de mécontentement chez les travailleurs des centres d'appel de son pays. Ils ont
notamment cité: les objectifs irréalistes, le travail répétitif et monotone, le manque de respect de la part
des surveillants, la rigidité du travail posté, les heures supplémentaires et l'insuffisance des pauses de
repos, la surveillance constante, les comportements abusifs des clients - et les bas salaires.
Première Conférence d’UNI sur les centres d’appel
Pas moins de 130 délégués du monde entier ont pris part à la conférence d'UNI sur les centres d'appel,
qui était co-sponsorisée par le Groupe des travailleurs de l'Organisation internationale du Travail et qui
s'est déroulée avec la participation de la Fédération internationale des travailleurs du transport.
La conférence a considéré que le stress posait un problème majeur aux travailleurs des centres d'appel au
niveau mondial, principalement en raison d'objectifs peu réalistes et multiples, et d'une surveillance
continuelle. Elle a également décidé que des mesures étaient nécessaires pour améliorer la faible marge
d'initiative caractéristique de nombreux emplois et élargir les compétences des personnels.
Les syndicats sont invités à renforcer la coopération aux niveaux national et mondial afin de recruter et
organiser les professionnels des services clientèle et les aider à obtenir un travail décent.
La conférence fut le point culminant d'une série d'initiatives et notamment le "Mois d'action" pour les
centres d'appel d'UNI (chaque mois d'octobre depuis 1999), la Charte d'UNI sur les centres d'appel, qui
définit des normes minimales en matière de conditions de travail et d'emploi, et la Charte d'UNI sur les
délocalisations (toutes deux adoptées en août 2004).
Alke Boessiger d'UNI a fait rapport sur les lignes directrices signées en juin 2004 (dans le cadre du
dialogue social) avec 42 opérateurs télécoms européens membres d'ETNO, et a instamment demandé aux
syndicats nationaux de veiller à ce qu'elles soient appliquées.
UNI a également été invitée à coopérer étroitement avec les autres syndicats mondiaux qui représentent
les professionnels des services clientèle - notamment la Fédération internationale des travailleurs du
transport, dont le porte-parole, Gabriel Craciun, a décrit les activités des centres d'appel de compagnies
aériennes et sociétés de transport.
Le renforcement des effectifs permettra aux syndicats de promouvoir le programme pour les
professionnels des services clientèle et créer du travail décent et des services de qualité dans le secteur.
Dans bien des pays, les syndicats ont élargi leurs structures afin de pouvoir s'occuper des nouveaux
centres de service clientèle. En Grèce, les salariés de COSMOTE - la branche mobile de l'opérateur
historique de télécoms OTE - ont créé leur propre syndicat. En Inde, UNI a appuyé le lancement de UNITES
en vue de rassembler les travailleurs de ces secteurs en pleine expansion que sont les centres d'appel et
les services d'infogérance dans ce pays. Les accords-cadres signés avec des multinationales, garantissant
les droits fondamentaux au travail et ouvrant la voie aux activités de recrutement, constituent une
démarche essentielle. Au Brésil, l'accord signé par UNI avec le géant multinational de télécoms, Telefónica,
a permis au syndicat de télécoms SINTETEL d'organiser des milliers de travailleurs des centres d'appel
dans ce pays.
"Les travailleurs des centres d'appel
devraient pouvoir pleinement exercer leur
droit à la liberté syndicale, quel que soit leur
type de contrat, leur lieu de travail ou tout
autre statut social" a dit Michihiro Ishibashi
(Groupe des travailleurs de l'OIT). Lorsque
les entreprises refusent de respecter les
droits au travail, il est possible de déposer
des plaintes à l'OIT, qui peut exercer des
pressions sur les gouvernements. Ceux-ci ont
le devoir de faire appliquer les conventions
et la Déclaration de l'OIT sur les principes et
droits fondamentaux au travail.
Première Conférence d'UNI pour les travailleurs
des centres d'appel, tenue à Athènes en octobre
2005 - avec l'appui du Groupe des travailleurs
de l'Organisation internationale du Travail
(ACTRAV/OIT).
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Services bancaires par téléphone: First
Direct, Leeds, Royaume-Uni Christopher
Thurmond/reportdigital.co.uk
Les syndicats progressent
Matt Goodwin a rendu compte d'une campagne victorieuse pour syndicaliser le centre d'appel de Westpac
à Launceston,Tasmanie, où 83% du personnel est maintenant syndiqué et représenté par un comité de 12
membres ayant reçu une formation.
Kleber da Silva a exposé les succès du SINTETEL dans les centres d'appel brésiliens où les travailleurs ne
perçoivent guère plus que le salaire minimal, ne reçoivent qu'une formation insuffisante sinon aucune, et
où les piètres perspectives de carrière causent une forte rotation du personnel. Près de la moitié des
centres d'appel d'Amérique latine se trouvent au Brésil et le SINTETEL - le plus grand syndicat télécoms de
la région - vient de signer une convention collective avec Atento.
"Souvent les jeunes ne voient pas les centres d'appel comme une carrière possible mais comme un lieu de
transit dans leur vie" a déclaré Kleber.
"L'attitude de l'entreprise envers ses salariés se répercute sur les clients" a-t-il signalé.
"Il existe des tas de bonnes raisons de se syndiquer" a dit Eva Scherz, du GPA Autriche, qui a mené une
campagne efficace pour les travailleurs titulaires de contrats précaires.
La conférence d'Athènes a appelé les syndicats à lancer des campagnes de recrutement et à resserrer la
coopération internationale afin d'aider les travailleurs du monde à améliorer leur qualité de vie au travail
dans ce secteur en plein essor.
Elle a également insisté sur la solidarité internationale pour éviter la course au moins-disant - alors que
les employeurs tentent de déplacer le travail d'un lieu du monde à l'autre - et de veiller tout
particulièrement à ce que les syndicats soient présents sur les lieux où le travail a été déplacé.
"Les centres d'appel font désormais partie de la chaîne mondiale de production du secteur des services" a
dit Philip Jennings, Secrétaire général d'UNI. "C'est pourquoi UNI Syndicat mondial a mondialisé ses
activités de recrutement". Les applaudissements les plus nourris ont éclaté lorsque Yacine Ndiaye du SYTS
Sénégal a annoncé que son syndicat allait mener une action dans un centre d'appel francophone
employant 800 personnes. Le recours au personnel temporaire dans ce centre cause un vrai problème de
syndicalisation. Elle a expliqué aux délégués que les salariés ont dû prendre un nom français et corriger
leur accent pour que les clients français ne puissent deviner qu'ils parlent avec quelqu'un qui se trouve au
Sénégal. "Ils ont perdu leur identité et travaillent dans de très mauvaises conditions".
La conférence d'Athènes appelle au lancement de campagnes
de recrutement et au resserrement de la coopération afin
d'aider les travailleurs du monde à améliorer leur qualité de
vie au travail dans ce secteur en plein essor.
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Santé et sécurité: un sujet primordial
La conférence a également jugé que le stress posait un problème majeur chez les travailleurs des centres
d'appel, qui sont étroitement surveillés et contrôlés au regard de leurs objectifs de rendement, souvent
contradictoires. Les durées de travail sont très longues et les horaires irréguliers, le travail est monotone et
répétitif et n'offre que peu de perspectives de carrière. "Le stress existe dans chaque centre d'appel - il n'y
a aucune exception à cette règle" dit Dimitra Makri, Présidente du syndicat des salariés de Cosmote en
Grèce (le premier syndicat du monde né dans un centre d'appel).
Les syndicats d'Australie et du Royaume-Uni ont obtenu une indemnisation pour ceux de leurs adhérents
victimes de chocs acoustiques. Le Syndicat des travailleurs des communications du Royaume-Uni a eu gain
de cause dans une centaine de procès en la matière. C'est ainsi qu'il a obtenu plus de 1 million de Livres
sterling d'indemnisation pour ses adhérents victimes de chocs acoustiques. Ce phénomène, qui frappe les
opérateurs des centres d'appel portant un casque d'écoute, est perçu comme un bruit d'explosion ou un
cri strident, ou une série de sons très aigus. Ils surviennent de manière inopinée, malgré la sécurité en
principe "intrinsèque" des casques fournis par les employeurs.
Améliorer la qualité de la vie au travail
Les délégués présents à Athènes ont appris que la qualité du travail commençait à s'améliorer
substantiellement et que des mesures avaient été prises pour lutter contre les pratiques de "cowboys"
dans ces centres, pour reprendre l'expression du délégué belge Claude Lambrecht. Chez Telefónica en
Espagne, les syndicats et l'entreprise coopèrent dans le cadre d'un programme de formation qui garantit
au moins 35 heures de formation théorique par année et permet aux employés - qui cotisent au fonds
pour la formation - de développer leurs compétences.
"Plus vous êtes qualifié, plus vous avez de possibilités de promotion" a dit Vicente Bautista, de l'UGT
Espagne.
En France, un nouvel accord de branche sur la formation a été signé dans les télécoms. Cet accord donne
priorité aux jeunes et aux femmes et offre aux agents employés dans les centres d'appels la possibilité
d'obtenir une qualification certifiée. "C'est un premier pas dans le secteur des télécoms et nous voulons
que cette certification soit étendue à d'autres branches, en particulier pour les salariés travaillant dans des
centres délocalisés", a déclaré Franca Salis Madinier, CFDT, à la conférence d'Athènes.
Les syndicats français s'occupent également du suivi d'une
initiative gouvernementale visant à attribuer un label social aux
centres d'appel qui s'efforcent d'améliorer l'image du secteur et
à encourager la responsabilité sociale des entreprises. Ce
programme comporte des mesures financières incitatives - les
entreprises recevant ce label social peuvent accéder à des
adjudications de marchés publics. "Cela ne remplace pas la
négociation collective", dit Franca, mais c'est un moyen parmi
d'autres pour éviter que les employeurs n'aillent trop loin dans
les économies de coûts".
La plupart des travailleurs des centres d'appel en France sont
employés dans des centres internes aux entreprises; ils sont
souvent couverts par la convention collective de celle-ci - mais il
existe encore 60 000 agents employés par des entreprises
gérant des centres d'appels délocalisés, qui font travailler le
personnel dans de mauvaises conditions et où le dialogue social
est des plus limités.
La qualité de l'emploi est un enjeu majeur pour le CWA
(Communications Workers of America) qui fait campagne en faveur d'un modèle de formation
professionnelle de haut niveau pour les agents des services clientèle, centré sur la résolution des
problèmes plutôt que la lecture d'un texte préétabli. Si le syndicat n'intervient pas, de nombreux
employeurs vont adopter une approche de faible rémunération et de médiocre qualité - en dressant les
salariés les uns contre les autres dans une course effrénée au moins-disant.
"Notre rôle est de promouvoir un service de première classe à la clientèle et de mettre un terme à la
médiocrité des salaires et conditions" dit Larry Cohen, du CWA - qui est également Président mondial
d'UNI Télécom. "La voie royale passe par un travail intelligent et de bons emplois syndiqués. La voie de la
médiocrité suppose une quête continue des coûts de main-d'œuvre les plus bas possibles. Entre les deux,
le choix est clair".
Depuis cette déclaration de Larry Cohen, la Lloyds TSB a donné consigne à ses employés des centres
d'appel de ne plus lire les scripts car cette méthode fâche les clients. Une enquête menée auprès des
clients fait ressortir que 90 % des personnes s'irritent dans leur conversation avec des agents de centres
d'appels qui manifestement leur parlent en lisant un texte. La plupart des clients estiment qu'avec cette
pratique, l'agent n'écoute pas les questions ou n'y répond pas correctement. Maintenant, les salariés
disposent d'une synthèse des points principaux qu'ils doivent connaître lorsqu'ils parlent avec les clients.
Mise à jour du tableau d'objectifs au centre
d'appel de Transworks, Mumbai, Inde
Jess Hurd/reportdigital.co.uk
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Agir face à la révolution de la mobilité globale
Formation des nouvelles recrues:
Infowavz Mumbai, Inde
Jess Hurd/reportdigital.org.uk
La tendance à la délocalisation des emplois de services au-delà des frontières nationales est déjà
solidement établie. L'Inde et la Chine sont en tête du peloton, mais certains autres pays de délocalisation
sont bien plus proches du pays d'origine, tandis que d'autres pays en développement comme les
Philippines commencent à afficher leur présence dans le secteur mondial des services clientèle.
UNI-Europa a lancé le projet MOOS (action pour une délocalisation
acceptable) et dans ses sept premiers mois d'existence, a suivi 15.600
emplois délocalisés et 14.300 nouveaux emplois. Ces emplois ont pour la
plupart migré vers l'Inde, l'Irlande, la Hongrie et d'autres pays de l'UE,
principalement dans le secteur des services de TI, programmation
informatique, design et comptabilité. MOOS est financé par le Fonds social
de la Commission européenne. A ce jour, les syndicats de six pays européens
communiquent régulièrement sur les activités de délocalisation. Les
prochaines étapes du projet consisteront à élaborer un manuel sur
l'infogérance et à concevoir des cours de formation pour les représentants
syndicaux.
Les multinationales mondiales (et notamment les compagnies aériennes, les
banques et les entreprises de TI) sont celles qui délocalisent la plus grande
partie des activités de service clientèle, soit dans le cadre de filiales à 100%
dans les pays d'accueil, soit en recourant à des sous-traitants. Parmi les
principaux sous-traitants mondiaux figurent Accenture (Etats-Unis), SNT
(Pays-Bas), Atento (Espagne) et Convergys (Etats-Unis).
On voit clairement apparaître une tendance à déplacer le travail des pays à
coûts élevés du monde vers des régions où les salaires sont plus bas et s'accompagnent souvent de
piètres conditions d'emploi et de peu de respect des droits des travailleurs.
UNI a élaboré sa Charte sur les délocalisations pour éviter le protectionnisme à courte vue et mobiliser les
syndicats au niveau mondial dans une campagne commune pour assurer la sécurité de l'emploi et
l'exportation des droits au travail. La Charte insiste particulièrement sur le dialogue précoce afin que les
entreprises mesurent pleinement les coûts occultes et les problèmes de qualité liés à la délocalisation, et
que les syndicats soient réellement associés à la planification menée par les entreprises. La Charte vise
également à garantir les droits des travailleurs dans les nouveaux centres qui se créent dans le monde.
Certains affiliés d'UNI - comme Connect et Amicus au Royaume-Uni - ont déjà signé des accords avec les
entreprises de télécoms et de la finance pour assurer la consultation, le redéploiement et la sécurité des
emplois lorsque le travail quitte le siège national, et pour garantir aux nouveaux personnels l'accès aux
droits syndicaux et leur exercice dans les pays où le travail a été déplacé.
Danielle Wiek-Meulman, de l'Abvakabo, Pays-Bas, a raconté la saga du centre d'appel de KPN, dont le
service clientèle était initalement intégré au siège de l'entreprise. KPN a voulu externaliser pour
économiser sur les coûts et a finalement ramené le travail au siège pour des questions de qualité. Le
syndicat s'emploie maintenant à élaborer une convention collective décente pour les personnels employés
par des fournisseurs de services néerlandophones délocalisés.
Plan d’action d’UNI
Les délégués à la conférence d'UNI sur les centres d'appel à Athènes ont adopté un plan d'action qui
inclut les points suivants:
„ Promouvoir des normes concernant le stress et améliorer les niveaux de compétences
„ Etablir des normes internationales pour les centres d'appel
„ Création, par les Syndicats mondiaux, d'une base de données multilingue sur les centres d'appel
„ Conclure davantage d'accords mondiaux avec les multinationales pour garantir les droits des travailleurs
„ Intensifier la coopération entre syndicats et entre syndicats mondiaux
„ Améliorer le réseautage entre militants en leur offrant plus de place sur le site web d'UNI
„ Publier une brochure sur la syndicalisation exposant les succès obtenus dans le monde
„ Organiser des conférences et séminaires bisannuels avec un ordre du jour ciblé pour soutenir le mois d'action
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Mois d’action, chartes et lignes
directrices
z Mois du recrutement mondial:
UNI coordonne les activités de recrutement qui se déroulent chaque mois
d'octobre depuis 1999 dans les centres d'appel du monde entier. Les
actions de recrutement et les campagnes bénéficient de synergies au
niveau mondial. Elles sont étayées par un site Internet spécial, des
bulletins de campagne ainsi que la distribution d'affiches et
d'autocollants. "Recruter devant un centre d'appel en Irlande, sous la
pluie, devient plus facile lorsqu'on sait que notre action s'inscrit dans un
mouvement mondial" nous a dit un recruteur.
z Charte d’UNI sur les centres d’appel:
Cette Charte fixe des normes minimales - pour aider les syndicats à
repérer et évaluer les bons et les mauvais employeurs, et énonce un ensemble de principes généraux
destinés au secteur des centres d'appels. La Charte donne également priorité au renforcement de la
formation et du perfectionnement afin d'élargir les compétences des professionnels des services clientèle,
ainsi qu'à la formation aux produits pour faciliter l'évolution de carrière et améliorer la qualité du service
clients. L'objectif est d'assurer aux travailleurs des compétences et un perfectionnement polyvalents,
transférables et certifiés. La Charte sur les centres d'appel exige que les contrats d'objectifs de rendement
soient guidés par le souci d'offrir à la clientèle un service de haute qualité et ne soient pas exclusivement
basés sur le décompte du nombre d'appels.
Centre d'appel d'Axa Sun Life: Coventry,
Royaume-Uni,
Paul Box/reportdigital.co.uk
z Lignes directrices européennes communes (UNI-Europa Télécoms et ETNO):
Les lignes directrices adoptées par les syndicats d'UNI-Europa Télécoms et les opérateurs européens de
Télécoms prévoient des consultations sur les stratégies et politiques relatives aux centres d'appel. Les
lignes directrices englobent les syndicats, les conventions collectives et les comités d'entreprise dans un
processus de communication sur le changement. Elles intègrent aussi le respect des normes
fondamentales du travail de l'OIT. La réussite des centres d'appels dépend aussi d'un élément essentiel, à
savoir : les employeurs doivent reconnaître que "les salariés qui éprouvent un sentiment de bien-être et de
sécurité seront probablement plus dévoués à l'entreprise et à ses clients".
z Charte d’UNI sur les délocalisations:
Pour les syndicats la délocalisation constitue l'un des défis majeurs sinon le plus grand de toute la
prochaine décennie et au-delà" peut-on lire dans un rapport d'UNI Finance ("La délocalisation des centres
d'appels et des activités administratives" - le plus grand défi pour les syndicats", rédigé par les
universitaires écossais Phil Taylor et Peter Bain). Pour relever ce défi, UNI a publié une Charte sur les
délocalisations afin de remédier aux délocalisations internationales. L'objectif est d'assurer un travail
décent pour tous - tant dans les pays d'origine du travail que dans les pays de destination - de façon à
éviter la course au moins-disant en matière de salaires et de conditions d'emploi.
La charte sur les délocalisations préconise:
„ Des négociations préalables en vue de conclure des accords de mondialisation ou de délocalisation
„ Un soutien politique public
„ La sécurité de l'emploi - pas de licenciements forcés
„ Le redéploiement des travailleurs déplacés
„ Le respect des normes internationales du travail
„ Des salaires décents.
„ Le respect des normes minimales pour les centres d'appel
„ Le réinvestissement des économies dégagées du fait de la délocalisation dans le perfectionnement des
qualifications
„ La protection des droits des consommateurs
„ Une sécurité durable de l'emploi dans les pays d'accueil
„ La gestion du changement - tant dans les pays d'origine que
dans les pays de destination du travail, avec la participation des
gouvernements, des employeurs et des syndicats.
Matt Goddwin (à g.) expose les progrès réalisés
dans le recrutement à la Conférence d'UNI sur
les centres d'appel à Athènes
Le stress - maître mot de l'action dans les centres d'appel cette année
Stop the BOSS!
Alto al BOSS!
!
Halte au BOSS!
Schluss
mit dem BOSS!
Octobre: le mois d’action dans les centres d’appel
Halte au BOSS (sigle anglais pour le "syndrome
de stress et d'épuisement”)
Cette année, l'action du mois d'octobre dans les centres d'appels est centrée sur le stress.
"Halte au BOSS" - c'est le slogan sur lequel s'appuient cette année les activités de
recrutement d'UNI, menées de concert avec la Fédération internationale des travailleurs du
transport (ITF).
Nous avons déjà entrepris la conception d'autocollants, de brochures, affiches et autres
matériels qui seront prêts à temps pour le mois d'octobre et qui pourront être téléchargés
à partir d'un site Internet dédié au mois d'action d'UNI et de l'ITF.
Nous avons prévu une trousse "antistress" qui contient une balle spéciale, des méthodes
simples de yoga pour se détendre au poste de travail, ainsi que la Charte d'UNI sur les
centres d'appels et bien entendu, les autocollants qui appuieront ce mois d'action.
Les affiliés d'UNI pourront ajouter leur propre logo à la trousse "antistress" d'UNI.
Sur le site Internet du mois d'action d'UNI et de l'ITF, on trouvera des récits illustrant les
actions de recrutement partout dans le monde et ainsi qu'un blog qui sera activé pour
l'occasion.
Il est prévu un séminaire destiné aux recruteurs, qui est à présent en cours de planification, afin de réunir les recruteurs syndicaux du monde entier, qui pourront échanger leurs
données d'expérience sur le recrutement des travailleurs des centres d'appels et acquérir
de nouvelles compétences en matière de recrutement.
Agir pour une norme de l'OIT sur les centres d'appel
UNI et l'ITF inviteront d'autres syndicats mondiaux ayant des adhérents dans les centres
d'appel - y compris l'UITA (réservations d'hôtels), l'ISP (services publics, électricité etc.), la
FIOM (TI) à se joindre à leur action de recrutement. Nous solliciterons aussi l'appui de la CISL
et de l'ACTRAV/BIT dans notre campagne pour l'adoption d'une norme de l'Organisation
internationale du Travail en faveur des travailleurs des centres d'appel.
CALL CENTRE
CHARTER
UNI’s offshoring charter
www.uniglobalunion.org/callcentres
UNI syndicat mondial, Avenue Reverdil 8-10, 1260 Nyon, Suisse
[email protected]
+41 22 365 2100

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