RETRAITE SUR LA MEDIATION DE LA FRANCOPHONIE A l
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RETRAITE SUR LA MEDIATION DE LA FRANCOPHONIE A l
RETRAITE SUR LA MEDIATION DE LA FRANCOPHONIE (Genève, 15-17 février 2007) Synthèse, conclusions et recommandations A l’attention de S. E. Monsieur Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie Février 2007 Délégation à la Paix, à la Démocratie et aux Droits de l’Homme (DDHDP) Sommaire SYNTHESE PRESENTEE PAR M. HUGO SADA, DELEGUE A LA PAIX, A LA DEMOCRATIE ET AUX DROITS DE L'HOMME -DDHDP- (OIF) : LES PERSPECTIVES ET BESOINS POUR LA MEDIATION DE LA FRANCOPHONIE --------2 RELEVE DE CONCLUSIONS DE LA RETRAITE SUR LA MEDIATION FRANCOPHONE ---------------------------------------7 INTERVENTION DE S.E. M. PIERRE-ANDRE WILTZER SUR LES « LEÇONS APPRISES DES CAS PRATIQUES ET DEFIS POUR LA MEDIATION DE LA FRANCOPHONIE » --------------------------------------------------------------------- 11 INTERVENTION DE S.E. MONSIEUR AMBASSADEUR JEAN-PIERRE VETTOVAGLIA, REPRESENTANT PERSONNEL DU PRESIDENT DE LA CONFEDERATION SUISSE POUR LA FRANCOPHONIE : «INVENTAIRE ET PISTES POUR LE RENFORCEMENT DES INSTRUMENTS (PROCESSUS ET RESSOURCES) A DISPOSITION DES MEDIATEURS DE LA FRANCOPHONIE » -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 13 « EXPOSE DE PROBLEMATIQUE : LA PRATIQUE DE L’ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE EN MATIERE DE MEDIATION » COMMUNICATION INTRODUCTIVE DE MME CHRISTINE DESOUCHES CONSEILLER SPECIAL DU SECRETAIRE GENERAL DE LA FRANCOPHONIE CHARGE DES AFFAIRES POLITIQUES ET DIPLOMATIQUES -------- 22 PROGRAMME -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 37 LISTE DES PARTICIPANTS------------------------------------------------------------------------------------------------------ 42 Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 1 Synthèse présentée par M. Hugo SADA, Délégué à la Paix, à la Démocratie et aux Droits de l'Homme -DDHDP- (OIF) : Les perspectives et besoins pour la médiation de la Francophonie Nous voici donc arrivés à la phase finale de nos travaux après deux journées denses d’interventions et de débats. Je voudrais avant tout vous remercier et vous féliciter pour la richesse et la haute qualité de vos contributions. Et surtout pour votre franchise, et pour avoir restitué sans fards vos expériences et les leçons que vous en tirez. C’était là tout le but recherché par cet exercice de retraite et je crois que l’objectif a été, de ce point de vue, tout à fait atteint. L’ordre du jour de cette Retraite avait été établi sur la base de l’examen des expériences francophones, des expériences de l’OIF en matière de médiation, expériences qui se sont développées et multipliées depuis plus d’une décennie et qui ont été un élément important du développement du volet politique de l’action de l’OIF, de l’ensemble des activités liées à la Paix, aux Droits de l’Homme et à la Démocratie. Ce constat, Mme DESOUCHES l’a bien rappelé dans sa communication introductive, avait bien été établi à Saint-Boniface en mai 2006. Je rappelle une nouvelle fois les termes exacts de la Déclaration de Saint-Boniface, parce qu’en peu de mots ils expriment très clairement la raison pour laquelle nous nous sommes retrouvés ici à Genève : l’objectif recherché est « de renforcer les capacités et l’expertise francophones en matière de facilitation et de médiation, notamment par l’identification et la mobilisation des compétences et des acteurs engagés, ainsi que par l’échange d’expériences et la mise en œuvre de programmes de formation ». Avant de tenter modestement de restituer de manière très synthétique ce qui ressort de vos interventions et de vos contributions au cours de ces deux jours, je souhaiterais insister sur un point lié au constat et aux recommandations formulées à Saint-Boniface. Je crois très sincèrement que si la Francophonie aujourd’hui apparaît comme un acteur international utile dans ce domaine d’activité complexe et difficile mais nécessaire, que recouvre la médiation et la facilitation, c’est précisément parce qu’à travers toutes les expériences que nous avons réexaminées ces deux derniers jours, elle a su forger à partir de ses valeurs, de sa spécificité, de l’apport inestimable de ses médiateurs, de ses envoyés spéciaux, des éminentes personnalités et des experts francophones reconnus qui ont directement participé à ses actions politiques, un mode d’intervention original en matière de facilitation, et que c’est bien à partir de cet acquis que nous devons aujourd’hui travailler, en le valorisant. Mais surtout ne cherchons peut être pas à vouloir trop bien faire et ne nous fixons pas forcément sur les manières de faire d’autres acteurs. Nous devons nous attacher à ne pas dénaturer cet acquis francophone, et ce mode d’intervention original, qui n’est Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 2 sûrement pas parfait mais qui reste le fondement de notre spécificité, de ce que certains appellent « la valeur ajoutée de la Francophonie. » Tout au long de cette Retraite, nous avons donc pu, avec le recul nécessaire, prendre la mesure de la place qu’occupe désormais la médiation en francophonie, son importance en matière de prévention des conflits et de règlements des différends, ainsi que la richesse des expériences menées jusque là dans l’espace francophone. Il est vrai qu’en peu de temps, comme nous le rappelait hier Mme Christine DESOUCHES, la Francophonie, s’est lancée dans des médiations pionnières dès 1998 au Togo, aux Comores, au Burundi et en RDC. L’implication politique de la Francophonie et l’organisation de missions de médiation, sous diverses appellations et à divers titres, exprimaient bien la détermination de notre Organisation à contribuer pleinement à la sortie de crise, à la stabilité et à la paix de nos Etats membres. L’engagement de la Francophonie en faveur de la paix est devenu une réalité effective grâce à une évolution significative qui a, tout d’abord, doté la Francophonie du dispositif normatif qui est désormais le sien. La Charte rénovée de Hanoi en 1997, la Déclaration de Bamako, la Déclaration de Saint-Boniface, la Charte d’Antananarivo, et les apports des symposiums de Cotonou et de Bamako+5 : l’établissement du dispositif normatif aura illustré cette volonté d’aller de l’avant en se donnant les moyens institutionnels de l’action. Récemment encore, à Antananarivo, en 2005, l’intérêt pour la Francophonie de se pencher sur les aspects et les domaines non militaires des opérations de maintien de la paix a été exprimé de manière intéressante. Mais à côté du corpus normatif, ce sont les activités de l’OIF dans les domaines de l’observation, de l’alerte précoce mais aussi de l’observation des élections, de l’appui aux institutions et de l’accompagnement des sorties de crises qui ont donné à la Francophonie ses lettres de noblesse et ses brevets en matière de renforcement des capacités institutionnelles des Etats. Il existe à présent des secteurs entiers dans lesquels l’apport francophone est reconnu. Cet apport va au-delà, et perdure par delà, le règlement des conflits puisque, comme dans le cas des Comores ou de la République de Centrafricaine, la demande de renforcement des capacités institutionnelles, par exemple dans le domaine de la justice continue d’être fortement exprimée. Enfin, et c’est là un atout certain pour le rôle politique que joue notre Organisation : le réseau des institutions gouvernementales et celui des Instituts et centres de recherche francophones sur la paix, la démocratie et les droits de l’Homme (RIF) est pour nous un vivier de compétences et d’expertise où nous devrions mieux pouvoir à tout moment puiser pour venir renforcer les capacités de nos Etats et gouvernements, et bien sûr, l’action de nos facilitateurs. Avec nos partenaires des Organisations internationales, nous participons à un certain nombre de médiations internationales, à des « groupes internationaux de travail », et à de multiples « comités de suivi » où notre contribution, nos compétences et notre expertise sont reconnues et souhaitées. Or, nous sommes là devant un paradoxe : la reconnaissance externe acquise aujourd’hui ne s’accompagne pas encore des moyens internes, financiers et en ressources Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 3 humaines qui seraient nécessaires pour atteindre nos objectifs et renforcer le champ de notre expérience. Notre partenariat est apprécié, notre utilité – en toute modestie est reconnue, nos actions de médiation de plus en plus fréquemment sollicitées, mais il est clair que, et cela a bien été souligné, nos moyens ne connaissent pas la progression correspondante. Plus préoccupant cependant : notre action souffre d’un appui trop timide de la part des Etats et des gouvernements membres de la Francophonie, et notamment de ceux dont les moyens sont étendus et la diplomatie puissante. Nous avons puisé dans un potentiel vaste et riche pour répondre aux vœux de nos Etats et gouvernements et aux attentes des populations pour tout ce qui relève des règlements des différends et de la consolidation de la paix mais notre place reste fragile et peu visible et notre rôle peu apparent et parfois ambigu. Notre action ne bénéficie pas de l’appui plus significatif et plus systématique qu’elle pourrait avoir de la part de nos grands Etats. Nous devons nous poser la question de savoir quelle place, en effet, la Francophonie occupe dans la diplomatie de nos pays francophones ? Quelle visibilité nos pays accordent-ils à leur appartenance francophone en général et à la médiation de la Francophonie quand elle a lieu en particulier ? Pour développer la médiation francophone, nous avons besoin de mobiliser les ressources de notre espace francophone, de l’appui de nos Etats et gouvernements et surtout de leur solidarité active lorsque des médiations sont entreprises. La médiation de l’OIF sera d’autant plus forte qu’elle sera perçue comme bénéficiant de l’appui de tous les Etats de la Francophonie. Sans ambiguïté ni restriction. Le poids de la médiation francophone, sa visibilité et sa portée, seront d’autant plus forts que les Etats se tiendront fermement aux côtés de la Francophonie dans ses médiations. Comment dès lors œuvrer au développement de notre potentiel et comment développer nos capacités et nos moyens dans le domaine de la médiation ? Trois grandes voies s’ouvrent à nous. 1. D’abord, c’est clair, beaucoup d’entre vous l’ont dit : il est nécessaire de renforcer et de mieux structurer nos ressources et nos compétences. La Francophonie peut compter, et c’est un atout très précieux, sur les compétences de hautes personnalités francophones de la diplomatie, de la politique, de l’administration, de la communication, de l’université dont l’expérience est patente, dont l’autorité respectée et l’expertise reconnue. Il faut donc, sur cette base, travailler à renforcer et à valoriser notre corps de médiateurs francophones : - en dotant d’un statut reconnu de « Facilitateur » les médiateurs francophones, ce qui leur permettrait d’avoir toute la place qu’ils méritent dans le dispositif institutionnel de la Francophonie et en les faisant davantage participer à la vie de la Francophonie, bénéficiant de leurs avis et les associant aux réflexions en cours sur la gestion des crises et le règlement des différends; - en travaillant à élargir et à renforcer le premier cercle des médiateurs, notamment en développant la concertation entre les hautes personnalités issues des différentes régions de la Francophonie ; Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 4 - en réfléchissant avec eux et sur la base de leur expérience aux principes et aux lignes directrices de la médiation en Francophonie en fonction du dispositif francophone de règlement des crises et des conflits et à la lumières des pratiques utiles dégagées des actions politiques de la Francophonie ; - en renforçant l’articulation entre les réseaux de la Francophonie et l’action des médiateurs de sorte qu’ils puissent disposer de ressources et de l’expertise et de l’appui de ces réseaux francophones. 2. Je pense qu’il faut ensuite poser franchement la question du développement des moyens nécessaires au déroulement des médiations - Comment mobiliser toutes les ressources et les compétences que devraient apporter les Représentations permanentes et les bureaux régionaux de l’OIF et les associer de manière plus étroite au déroulement et au suivi des médiations ? - Comment organiser cette présence nécessaire sur le terrain dans la durée dont beaucoup parmi vous ont souligné la nécessité ? - Comment évaluer de manière plus précise les conditions matérielles et les moyens adéquats en vue du renforcement des infrastructures et de la logistique nécessaire au bon déroulement des médiations où la réalisation dans de bonnes conditions de travail du facilitateur ? - Comment identifier et développer de manière systématique les domaines d’expertise et de compétences propres à la Francophonie de manière à former, sous l’égide des médiateurs, une équipe apte à les seconder dans leur travail de médiation, et dans les secteurs qui apparaissent comme les clés de la réussite de la facilitation ? 3. En troisième lieu, vous l’avez également évoqué, il est très important de renforcer les synergies et les collaborations avec les autres organisations internationales concernées par la médiation. La multiplicité des médiations est une réalité dont il faut tenir compte. Echangeons en sachant garder nos marques. Et bien entendu sans se laisser entraîner dans la « kermesse». - C’est une évidence, il faut en permanence coordonner et mieux articuler les relations de la Francophonie avec les autres partenaires internationaux afin de mieux organiser les rapports entre ces médiateurs multiples et mieux penser la complémentarité des expertises et du savoir-faire propres à la Francophonie, faisant ainsi ressortir la plus-value francophone ; - Il faut s’appliquer à mettre en œuvre les accords conclus avec d’autres organisations prévoyant notamment des échanges entre Facilitateurs et médiateurs, à l’instar des dispositions prévues par le mémorandum signé en 2005 avec l’Union Africaine ; Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 5 - Il faut aussi, par exemple travailler à renforcer la coordination francophone au sein de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies afin de rendre plus présente et plus active la participation francophone au renforcement de la paix et à la reconstruction post conflit. En résumé : quatre lignes directrices pour le suivi de cette Retraite sur lequel nous allons, je l’espère, continuer de travailler ensemble : - - - d’abord la place dans le dispositif francophone de nos médiateurs et facilitateurs qui doit être clarifiée et valorisée ; en deuxième lieu la nécessité de mobiliser et d’organiser des capacités et des moyens intellectuels, matériels, et financiers pour rendre plus performantes les missions de facilitations francophones ; en troisième lieu, le besoin de développer les synergies avec les acteurs francophones compétents en matière de médiation dans nos pays, ainsi que les synergies avec nos partenaires internationaux ; enfin, la nécessité pour nos Etats et gouvernements de s’impliquer et de s’associer aux actions de l’OIF pour consacrer la légitimité de nos actions et leur visibilité sur le plan international. En définitive, cette Retraite nous a permis de mesurer le potentiel de la Francophonie. Ce potentiel doit pouvoir bénéficier de toutes les conditions pour se développer dans ce domaine des médiations. Mes remerciements vont d’abord au gouvernement suisse représenté par Madame Heidi TAGLIAVANI, Secrétaire d’Etat adjointe ainsi que qu’a l’Ambassadeur JeanPierre VETTOVAGLIA, représentant personnel du Président de la Confédération helvétique auprès de la Francophonie, ainsi qu’a Monsieur Jean- François PAROZ, Chef de la coordination ONU et du service de la Francophonie au département fédéral des Affaires étrangères. A tous, je voudrais exprimer notre reconnaissance et nos remerciements pour leur accueil et la préparation de cette Retraite. De même, je voudrais exprimer mes remerciements aux hauts responsables des Organisations partenaires qui ont accepté de participer à nos travaux, soucieux qu’ils sont de raffermir les liens de coopération avec l’OIF. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 6 Relevé de conclusions de la Retraite sur la médiation francophone ___________________________ Répondant à l’invitation des autorités suisses, l’Organisation internationale de la Francophonie a tenu à Genève, du 15 au 17 février 2007, une Retraite sur la médiation de la Francophonie, au Centre politique de sécurité. A l’ouverture des travaux le vendredi 16 février 2007, après avoir souhaité la bienvenue aux participants, Mme Heidi Tagliavini, Secrétaire d’Etat adjointe au département fédéral des affaires étrangères a souligné l’excellente collaboration entre la Suisse et l’OIF qui a marqué le processus de préparatoire engagé dès avril 2006. Organisée conjointement par la Suisse et l’OIF, la retraite a été coprésidée par Mme Heidi Tagliavini et Monsieur Hugo Sada, Délégué à la paix, aux droits de l’Homme et à la démocratie de l’OIF. La séance qui réunissait de hauts représentants du gouvernement suisse, de hautes personnalités des Etats et gouvernements membres de la Francophonie, des envoyés spéciaux du Secrétaire général de la Francophonie ainsi que des experts de l’OIF et des organisations internationales a été marquée par trois temps forts : • • • Une session introductive posant la problématique de la médiation ; Des témoignages fondés sur des cas pratiques ; Enfin les leçons et perspectives pour relever les défis de la médiation. 1. Session introductive sur la problématique de la médiation Dans son exposé de problématique sur la pratique en matière de médiation de l’Organisation internationale de la Francophonie, Mme Christine Desouches, Conseiller spécial du Secrétaire général de la Francophonie a tout d’abord transmis aux participants les salutations et les encouragements du Secrétaire général de la Francophonie qui attend de cette rencontre des recommandations pertinentes permettant d’éclairer les orientations destinées à conforter l’action de l’OIF dans ce domaine. Mme Desouches a ensuite retracé les différentes étapes du parcours de l’organisation en citant notamment les décisions des Sommets de la Francophonie, particulièrement le Sommet de Dakar qui adopta en 1989 une résolution sur les droits fondamentaux dans l’espace francophone assortie d’une décision créant un nouveau champ d’action de coopération : la coopération juridique et judiciaire. Par la suite, en adoptant en novembre 1997 une nouvelle charte de la Francophonie, le Sommet de Hanoi devait affirmer encore davantage la dimension politique de la Francophonie avec un Secrétaire général élu, chargé de mettre en œuvre les objectifs prioritaires énoncés dans la charte rénovée en matière du développement de la démocratie, la prévention des conflits, le soutien à l’Etat de droit et aux droits de l’Homme. Ainsi, devenue partenaire significatif de la construction de l’espace démocratique francophone, la Francophonie s’est attachée à mettre au point des mécanismes propres au service du règlement des crises et des conflits, et ce, dans le plein Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 7 respect de la souveraineté des Etats et en observant la plus stricte neutralité dans les questions de politique intérieure. Plus tard, en novembre 2000, la Francophonie devait se doter d’un instrument normatif et de référence lors d’un symposium tenu à Bamako. Destiné à approfondir le dialogue entre les pays membres sur la pratique de la démocratie des droits et des libertés dans l’espace francophone, la Déclaration de Bamako et le plan d’action annexe ont marqué une nouvelle étape structurant les actions de la Francophonie au service des de la démocratie et de la paix, ainsi que la collaboration avec les organisations internationales. Le mouvement de rénovation et d’amplification de l’action politique de la Francophonie s’est poursuivi, notamment à travers la nouvelle charte adoptée à Antananarivo en novembre 2005, ainsi que la Déclaration de Saint Boniface sur la prévention des conflits et la sécurité humaine, faisant de la responsabilité de protéger une obligation des Etats concernés. Enfin, après avoir explicité la démarche et le champ d’application de la facilitation francophone, Mme Desouches a dégagé les atouts ainsi que les difficultés rencontrées et les perspectives destinées à renforcer les capacités de l’organisation. Deux autres exposés liminaires ont complété cette session introductive, l’un sur la médiation politique internationale et l’autre sur l’expérience des Nations unies en matière de médiation. Ces exposés ont tenté de saisir les contours du concept de la médiation, appréhendée dans son acception la plus large incluant la facilitation. A partir des tendances observables, l’on note depuis quelques années que les conflits sont devenus en majorité des conflits internes, avec souvent une dimension régionale marquée. Leur caractère unique, leur relative longueur et la multiplicité des acteurs et des intervenants accentuent la complexité des processus de médiation qui comportent plusieurs étapes incluant les phases de pré-négociation, de négociation, de mise au point et de la signature des accords, de mise en œuvre et du suivi des accords. 2. Les cas pratiques La retraite a été illustrée par différents témoignages vécus et fondés sur les actions de médiation conduites au cours de ces dernières années, souvent par les médiateurs eux-mêmes, aux Comores, au Togo, en Côte d’Ivoire, à Haïti, en République démocratique du Congo et au Burundi. Les témoignages ainsi que les échanges ont permis de dégager les éléments explicatifs du phénomène multiplicité qui caractérise les actions de médiation, à savoir : • • • • • Les missions des organisations internationales comportant le volet prévention et résolution des conflits ; La complémentarité des actions des organisations internationales impliquées ; Les exigences des parties à la médiation ; La situation de fait procédant d’initiatives propres des organisations internationales ; Les problèmes de coordination voire de compétition entre les médiateurs ; Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 8 • Les phénomènes de « marchandisation » de la médiation par une « faune qui parasite la médiation». Les échanges ont également permis de faire émerger les principales conditions de réussite d’une médiation : • • • • • • • • • • La bonne volonté et l’attitude d’ouverture des parties au dialogue sincère ; L’instauration de relations de confiance entre les parties à la médiation et les médiateurs ; L’existence de relation de confiance entre les médiateurs eux-mêmes ; L’existence d’un coordonateur consensuel doté d’une forte personnalité capable d’écoute et de synthèse ; L’application du principe d’inclusivité dans la détermination des parties ; L’appui de la communauté internationale dans une perspective de synergie et de complémentarité ; Une bonne compréhension des termes et enjeux du conflit (la frontière entre les notions de crise interne et régionale n’est pas toujours facile à délimiter) ; La prise en compte du rôle adjuvant ou nocif que peuvent jouer les technologies de l’information et de la communication dans le processus de médiation ; Les exigences de publicité ou de discrétion dans le processus de médiation ; Les impératifs de neutralité et d’impartialité des médiateurs. A propos de la médiation francophone, les participants ont partagé les acquis sur la spécificité et l’originalité de la démarche francophone fondées principalement sur les caractéristiques suivantes : • • • • • • Partage des valeurs de la Francophonie, notamment celle de la solidarité ; Recherche de solutions consensuelles sur l’ensemble du continuum de sortie de crise, de transition et de consolidation de la paix : prise en compte des questions de développement et de lutte contre la pauvreté, l’OIF pouvant dans ce cadre jouer un rôle de catalyseur ; Prise en compte des dynamiques endogènes, chaque conflit étant unique et spécifique ; Instruments normatifs et de référence affirmés (Charte de la Francophonie, Déclaration de Bamako et Déclaration de St Boniface) ; Prise en compte des questions de justice pour mieux asseoir la dynamique de la paix ; Réseau de compétences avérées, diversifiées et de haut niveau. 3. Leçons et perspectives pour relever les défis de la médiation Les participants ont reconnu unanimement la légitimité politique de l’OIF à s’impliquer dans la dynamique de la médiation en concertation avec les partenaires internationaux et régionaux. Ceci pose le problème de la cohérence de la démarche collective, avec la nécessité d’un chef de file dans cet exercice collégial. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 9 A cet égard, les participants ont considéré que le respect dont jouit désormais l’OIF en tant qu’autorité morale et le capital d’expériences engrangées peuvent lui permettre de jouer un rôle accru, dès lors qu’elle pourra disposer de moyens plus importants, ainsi que d’une reconnaissance renouvelée et d’une adhésion plus forte des Etats et gouvernements. De même, un engagement plus fort et plus concret des instances de la Francophonie aux côtés du Secrétaire général dans la mise en œuvre de l’action politique constitue un des défis que les Etats et gouvernements membres doivent relever. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 10 Intervention de S.E. M. Pierre-André WILTZER sur les « Leçons apprises des cas pratiques et défis pour la médiation de la Francophonie » Intervenant sur ce point, M. Pierre-André Wiltzer, Haut représentant pour la sécurité et la prévention des conflits, ancien Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie français, remercie avant tout l’Organisation internationale de la Francophonie et la Suisse pour l’organisation de cette Retraite et cette occasion d’échanges fructueux. En se félicitant particulièrement de la richesse des débats et des analyses sur les différents cas de conflits et de crises retenus, il tire quatre conclusions principales de ces travaux. Il souligne tout d’abord la vocation légitime de l’OIF à s’impliquer dans les crises survenant dans son espace géographique. Cette action s’inscrit au cœur de la mission politique de l’Organisation et se justifie par la place qu’elle a réussi à prendre sur la scène internationale. L’OIF dispose pour ce faire de deux atouts essentiels : d’une part une composition diversifiée qui apporte une variété de points de vue et d’expériences tout en confortant sa légitimité et son poids et, d’autre part, une légitimité basée sur des principes fondamentaux inscrits dans sa Charte et ses divers textes solennels, auxquels l’ensemble des membres ont souscrit. Il observe ensuite que l’OIF est appelée à travailler avec d’autres organisations et partenaires internationaux, comme l’Union africaine qui possède une légitimité dans le domaine de la paix et de la sécurité, l’Union européenne et les pays impliqués dans la crise visée. Cet état de fait pose cependant le problème de la cohérence dans la démarche collective et de la répartition des rôles, qui doivent s’appuyer sur une méthodologie fondée sur la transparence et l’échange d’information ; la pluralité des acteurs exige, de plus, l’identification du chef de file de cette médiation. Il est capital, dans ce cadre, de bien déterminer la nature du conflit, les partenaires à inclure dans le processus et le cadre de la mission de médiation. Malgré l’absence de moyens militaires et les ressources financières limitées, le Ministre Wiltzer affirme que l’OIF est une organisation respectée et légitime, ne pratiquant pas d’ingérence excessive et forte à la fois de compétences réelles en matière d’expertise et d’un vivier de personnalités de haute qualité susceptibles d’être mobilisées pour des actions de médiation. Evoquant, par ailleurs, les conditions à réunir pour donner les meilleures chances de succès à la médiation, le Ministre Wiltzer mentionne le fait d’être accepté par toutes les parties en présence, le bon choix du moment de l’initiative et une connaissance approfondie de la situation et de l’histoire du pays ainsi que du contexte dans lequel chaque crise s’inscrit. Il invite, en outre, à ne pas se disperser en s’engageant dans trop de crises à la fois, mais à bien identifier les choix et priorités. Il fait part de son impression que, dans certains cas, le médiateur n’est pas suffisamment soutenu. Il souligne enfin la nécessité d’intégrer dès le départ la notion de durée, faisant le constat que le triptyque ouverture du dialogue/signature des accords/processus électoral ne suffit pas toujours à régler les crises de façon durable. Plaidant, par conséquent, pour un accompagnement de plus long terme, en restant présent après Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 11 la période aigüe de la crise pour éviter les rechutes, il appelle à un effort plus appuyé de la part de la communauté internationale pour consolider la phase de reconstruction, de restructuration voire d’installation de l’Etat visé. Cette implication renforcée pose toutefois la question de savoir jusqu’où pousser l’ingérence. En conclusion, le Ministre Wiltzer constate que les questions de crises et de médiation comportent une série de paradoxes : - bien que justifiée voire urgente dans certains cas, la démarche n’est pas toujours possible et quand elle l’est, elle s’avère parfois lente et laborieuse à mettre en œuvre et ce d’autant que les parties au conflit ne sont pas toujours prêtes à la médiation ; - si des règles et des lignes directrices claires sont nécessaires, l’expérience montre que chaque cas est particulier et demande une approche adaptée à ses spécificités ; - en dépit de la nécessaire empathie face à la situation du pays en crise et de sa population, il est essentiel de faire preuve d’objectivité et de lucidité, en intégrant la notion de durée afin de donner sa chance à la médiation ; - s’il est vrai que les crises contemporaines prospèrent sur la pauvreté et le sous-développement, l’on observe aussi que les populations sont de plus en plus conscientes de leur situation qu’elles aspirent à améliorer. Le Ministre Wiltzer considère enfin que l’OIF peut jouer un rôle de catalyseur auprès des autres organisations internationales dotées de moyens plus importants. En réaffirmant la légitimité de la Francophonie, que tous reconnaissent, il déplore cependant que les succès obtenus par elle soient peu connus, compte tenu du fait que « les médiations réussies ne font pas de bruit ». Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 12 Intervention de S.E. Monsieur Ambassadeur Jean-Pierre Vettovaglia, Représentant personnel du Président de la Confédération suisse pour la Francophonie : «Inventaire et pistes pour le renforcement des instruments (processus et ressources) à disposition des médiateurs de la Francophonie » Introduction Sans remonter trop loin dans le temps, relevons que le Sommet de Beyrouth qui marquait à l’automne 2002 la fin du mandat du premier Secrétaire général de la Francophonie, M. Boutros Boutros-Ghali, avait été marqué par une affirmation forte de la dimension politique de l’Organisation internationale de la Francophonie. Les Chefs d’Etat y avaient confirmé leur engagement à renforcer le rôle de la Francophonie en faveur de la consolidation de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme, notamment en cas de crises ou de ruptures de la démocratie. Ce fut un moment fort d’affirmation de la vocation de l’OIF en tant qu’acteur dans la prévention et le règlement des conflits. La Francophonie politique est donc montée progressivement en puissance, aidée en cela par les deux grandes personnalités qui furent et sont ses SG. Reste, comme on le verra, une très grande disparité entre les potentialités de l’Organisation et les moyens modestes avec lesquels elle est contrainte de travailler. 1.- Inventaire des processus Les débuts de la Francophonie politique remontent déjà à la Conférence de Cotonou de 1995 mais cette évolution a connu son véritable point d’orgue avec la désignation du premier Secrétaire général de l’Organisation par les Chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Hanoï pour leur 7ème Sommet en 1997. Un Secrétaire général, en l’occurrence M. Boutros Boutros-Ghali, coiffait ainsi pour la première fois une Agence de coopération culturelle et technique. Cette charte de 1997 a été révisée par une Conférence ministérielle de la Francophonie le 23 novembre 2005 à Antananarivo, Madagascar. Cette charte amendée définit les responsabilités politiques du Secrétaire général, désormais à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie. Comme vous le savez, ces responsabilités sont exercées depuis 2003 par l’ancien Président du Sénégal, M. Abdou Diouf. L’article 7 de la nouvelle Charte définit les fonctions politiques du Secrétaire général. Il y est dit en particulier qu’il conduit l’action politique de la Francophonie, dont il est le porte parole et le représentant officiel au niveau international. L’article 7 stipule également que le SG se tient informé en permanence de l’état des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l’espace francophone. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 13 Et enfin, le même article mentionne qu’en cas d’urgence, le SG saisit le Conseil permanent et, compte tenu de la gravité des événements, le Président de la Conférence ministérielle, des situations de crise ou de conflit dans lesquelles des membres peuvent être ou sont impliqués. Il propose des mesures spécifiques pour leur prévention, leur gestion et leur règlement, éventuellement en collaboration avec d’autres organisations internationales. L’on voit déjà que le rôle du SG est éminemment politique et que la personnalité du Président Abdou Diouf l’entraîne tout naturellement à se tenir informé sur une base régulière et dans le détail de l’évolution des situations de crise dans l’espace francophone. Il est évident que la personnalité même du SG, ancien Président estimé du Sénégal, le prédispose à entretenir des contacts étroits au plus haut niveau avec les chefs d’Etat des pays membres de l’OIF, et particulièrement dans un contexte de crise. Le Secrétaire général peut s’appuyer, au terme de quelque vingt ans d’engagement de la Francophonie dans l’accompagnement des processus de démocratisation et au-delà des Déclarations des Sommets, sur un texte normatif, celui de la Déclaration de Bamako de décembre 2000, ainsi que sur les travaux de la Conférence dite de Bamako+5 en 2005 sans oublier ceux de la Conférence de Saint-Boniface dans le Manitoba en 2006. Comme vous le savez, des engagements ont été pris par les Etats et gouvernements : - pour la consolidation de l’Etat de droit - pour la tenue d’élections libres, fiables et transparentes - pour une vie politique apaisée - pour la promotion d’une culture démocratique intériorisée et le plein respect des droits de l’homme. Le chapitre 5 de la Déclaration de Bamako recommande un certain nombre de procédures qui sont au cœur des préoccupations de cette retraite et je ne mentionnerai que celles-là sans chercher à être absolument exhaustif puisque le SG dispose d’une grande liberté d’initiative et d’action lui ouvrant la porte à des capacités d’ingénierie diplomatique favorisées encore par la jeunesse de l’Organisation et le caractère souvent expérimental de ses actions, ce qui constitue aussi une richesse. 1.- Le SG se tient informé en permanence de la situation de la démocratie, des droits et libertés dans l’espace francophone ; 2.- Le SG pratique une évaluation permanente de ces pratiques à des fins de prévention ; 3.- Cette évaluation l’amène à définir les mesures les plus appropriées en matière d’appui à l’enracinement de la démocratie, des droits et ders libertés ; 4.- Le SG apporte aux Etats et gouvernements qui le souhaitent l’assistance nécessaire en ces domaines ; Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 14 5.- Le SG met en place un système d’alerte précoce ; 6.- Face à une crise de la démocratie ou en cas de violations graves des droits de l’homme, le SG peut procéder à l’envoi d’un facilitateur susceptible de contribuer à la recherche de solutions consensuelles. Bien sûr, cette facilitation doit faire l’objet de l’acceptation préalable du pays concerné. Il est important de noter que la facilitation s’effectue en liaison étroite avec le Conseil Permanent de la Francophonie, soit avec les Représentants des Etats ; 7.- Dans le cas de procès suscitant la préoccupation de la communauté francophone, le SG peut envoyer des observateurs judiciaires en accord avec le CPF et le pays concerné ; 8.- en cas de rupture de la démocratie ou de violations massives des droits de l’homme, le SG saisit le Président de la Conférence ministérielle de l’OIF et met la question à l’ordre du jour du CPF ; 9.- Le SG peut envoyer sur place une mission d’information et de contacts qui fera rapport au CPF ; 10.- Lorsque s’amorce le retour à l’ordre constitutionnel et que cessent les violations massives aux droits de l’homme, le SG détermine les mesures d’accompagnement de ce processus de retour au fonctionnement régulier des institutions. Ce court exposé démontre bien l’étendue des interventions possibles du Secrétaire général de l’OIF. J’ai pu constater moi-même la qualité de son information d’une part et celle de ses contacts avec les protagonistes d’une situation de crise d’autre part. Le SG est parfaitement à même de tirer parti de ses relations directes et privilégiées avec les Chefs d’Etat pour leur faire parvenir soit des messages d’encouragement ou des appels à adopter des mesures spécifiques de nature à contribuer au règlement des tensions ou toute autre mesure susceptible de favoriser des tensions ou une réconciliation durable. C’est ainsi qu’il peut envoyer des messages à l’occasion de mission d’information et de contacts, d’une mission d’amitié ou de bonne volonté. Il possède deux avantages : un accès direct aux Chefs d’Etat et des liens culturels étroits avec les zones de crises. Même si le dispositif instrumental à sa disposition ne mentionne pas expressément la médiation mais la facilitation seulement, il est évident que les textes de référence de la Francophone ne l’excluent pas. Les cas pratiques que nous avons examinés le démontrent suffisamment. La Francophonie est parfaitement fondée à mettre en avant la présence d’un joueur clé, d’une personnalité de marque, autour de qui les efforts de prévention ou de solution de la crise peuvent être mis en œuvre. L’existence de ressources adéquates pour appuyer l’intervention augmentent les chances de réussite d’une telle Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 15 démarche. L’avantage de l’OIF est de pouvoir mobiliser des médiateurs renommés et familiers des zones de crises. L’OIF a l’obligation morale d’user de son pouvoir de nommer des situations contraires aux pratiques positives reconnues par la communauté internationale et d’appeler à leur correction tout en offrant son appui. Elle a pour elle la rapidité de ses décisions, une grande réactivité presque sans intermédiaire. L’OIF est l’organisation la plus pragmatique et la moins bureaucratique de toutes. 2.- Inventaire des ressources L’OIF dispose dans son programme budgétaire B.2.2. de quelque 1,6 million d’euros annuellement pour couvrir la programmation relative à la prévention des crises ainsi qu’au règlement des crises et des conflits. De façon plus détaillée, ce montant couvre les activités politiques et diplomatiques du SG, le coût de la représentation sur le terrain de l’OIF en Côte d’Ivoire (0,5 mio) ainsi que la stratégie francophone en matière de paix et de sécurité humaine. Il n’est pas nécessaire d’insister beaucoup. Ces fonds ne permettent le financement que d’un seul bureau en zone de crise et difficilement de deux. Ils limitent considérablement les programmes d’appui sur d’autres zones. Les limites aux activités du SG sont vite atteintes comme est rapidement atteinte la crédibilité de l’OIF lorsque ses partenaires, le cas échéant, réalisent la modestie de ses moyens. Comment ne pas y voir une formidable dichotomie avec les déclarations engagées et énergiques, régulièrement confirmées et répétées, de nos chefs d’Etat. L’on pourrait objecter que l’OIF possède dans sa programmation d’autres moyens que ceux spécifiquement prévus pour la prévention, la gestion et le règlement des crises. C’est vrai mais cela ne change rien à leur nature modeste. Il y aurait aussi des synergies à chercher dans la mise en commun des moyens du côté de ses opérateurs et des réseaux institutionnels. Ainsi, si l’OIF voulait établir un pôle de coopération, autrement dit un dispositif renforcé, autour de la prévention des conflits et la gestion des crises, elle pourrait créer un pôle « paix et démocratie » dans lequel seraient impliqués diverses directions de l’OIF chargées de la coopération francophone, l’APF, l’AIMF et différents réseaux de partenariat. Il existe donc des pistes, nombreuses en fait, à étudier sous forme d’opérations conçues comme des co-financements, avec d’autres auteurs étatiques et d’autres organisations. Haïti est un exemple de collaboration biet tripartite. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 16 3.- Pistes pour le renforcement des processus et des modes de financement L’on entre ici dans le vif du sujet. Et je voudrais vous suggérer un certain nombre de pistes que j’avais soit identifiées de mon côté ou qui me sont venues à l’esprit en écoutant les travaux de ces deux derniers jours, voire en relisant les travaux de Jean-François Paroz du temps où il oeuvrait auprès du SG BBG. La médiation, tout comme l’intervention sur le terrain des organisations internationales en général, subit hélas également, et de plus en plus, les aléas de la concurrence internationale. Et cette concurrence peut être féroce. Les grandes institutions « snobent » les plus petites, même bien placées, et prétendent toujours conduite et coordonner. Une médiation francophone ne sera consolidée que dans un contexte d’adhésion des Etats membres bien plus fort qu’aujourd’hui à l’idée que la Francophonie peut occuper une place de choix dans ce secteur. Le renforcement de la médiation francophone passe d’abord par la conviction des Etats membres que l’OIF dispose pour ce faire d’atouts crédibles. Sans cette confiance, il sera difficile d’avancer. Les Etats ont souvent affirmé et confirmé ce point de vue lors des Sommets. Mais il y a souvent loin de la coupe aux lèvres…Il s’agit de souligner aussi qu’il appartient avant tout aux Etats concernés par des crises de faire appel à la Francophonie pour les aider dans la recherche de solutions. Alors, me direz-vous, comment accroître cette confiance, sans laquelle les moyens financiers ne suivront pas non plus ? L’OIF doit démontrer qu’elle est une source parfois incomparable de renseignements sur des situations de crise, pour l’essentiel sur le continent africain. Elle sera d’autant plus appréciée par les chancelleries que ces dernières prendront conscience des trésors de connaissance que l’on peut y trouver. Il faut donc que l’OIF se fasse plus partageuse ; sa crédibilité en dépend. Le SG doit impérativement trouver les moyens de tenir ses membres mieux informés de l’évolution des situations de crises. Il dispose pour ce faire de nombreux moyens : informer la Commission politique en lui faisant parvenir des rapports de situation, intégrer davantage les représentants spéciaux et facilitateurs dans les travaux des instances à des fins d’information et de dialogue, recourir plus souvent au Comité ad hoc consultatif restreint du SG, en bref assurer la passation de l’information de la Rue de Bourgogne aux instances de la Francophonie. Dans le même ordre d’idée, force est de dire que seul l’établissement d’une liaison étroite, opérationnelle et équilibrée entre le Secrétaire général et les instances de la Francophonie peut permettre à l’OIF de donner sa pleine mesure en matière de prévention et de règlement des conflits ainsi qu’en matière de consolidation de la paix. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 17 L’établissement de mécanismes renforcés et équilibrés de dialogue, d’information, de concertation et de décision entre le SG et les Représentants personnels est seul garant d’une action optimale de la Francophonie. La Charte l’avait bien saisi , elle qui place le SG sous l’autorité des instances. Les Etats doivent se sentir impliqués. Il faut les amener à se sentir impliqués. Le Secrétaire général verrait son action considérablement renforcée s’il pouvait davantage s’appuyer sur les Etats. La Charte et la Déclaration de Bamako ont tous les deux prévu ce partage subtil des compétences entre le SG et les instances. Il est possible qu’une façon d’obtenir cet engagement soit le recours bien plus fréquent à l’adoption de résolutions politiques sur les situations de conflit par le CPF. Le SG Boutros Boutros-Ghali avait maintes fois attiré l’attention des instances sur ce point spécifique. Les résolutions sont essentielles pour l’affirmation de l’OIF en tant qu’acteur dans le règlement des conflits. Elles confèrent à l’action du SG la légitimité d’un mandat confié par les Représentants des Etats membres. Ceci pourrait aboutir également à améliorer la représentativité des Etats à la Commission politique. Elles sont un instrument central du dialogue entre le SG et les Représentants étatiques. Et la Francophonie sera d’autant plus forte que son action se fonde sur une résolution des instances et donc sur un mandat confié par l’ensemble de ses Etats membres. Le Plan d’action du Sommet de Moncton ne s’y était pas trompé en septembre 2001 en inscrivant les dispositions suivantes : « Nous renforcerons et systématiserons le dialogue entre le SG et nos représentants sur la préparation et le déroulement de ses actions » en faveur du maintien de la paix et du règlement des crises » et encore « le rôle des Etats doit être renforcé au sein des instances, particulièrement dans les commissions du Conseil permanent qui devront faire l’objet d’une réflexion approfondie ». Beaucoup reste donc à faire pour favoriser les échanges approfondis et une véritable prise de décision multilatérale dans le cadre des instances sur les actions de l’OIF en appui à ses Etats affectés par des crises. Cette information devrait amener la prise de conscience de la part des Etats et gouvernements que l’OIF a ses spécificités et donc des atouts propres. Et aussi, bien sûr, un financement adéquat. La Suisse réclame, mais elle est bien seule, la création d’un fonds d’intervention de la Francophonie, en dehors de la programmation générale qui, si l’on peut dire, s’occupe de démocratie, des droits et des libertés par beau temps. Une programmation annuelle totalement engagée par ailleurs ne peut pas, par définition, tenir compte de l’inattendu. D’où la nécessité d’un fonds de réserve. N’oublions pas que dans le contexte de concurrence que j’évoquais tout à l’heure, une médiation aura d’autant plus de pouvoir d’attraction qu’elle peut être adossée à des moyens financiers sous forme de programmes de soutien à la restauration du dialogue et à la reconstruction des institutions démocratiques. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 18 La question posée là est celle de l’apport concret qui peut être celui de la Francophonie en appui au médiateur/facilitateur. Quelle est la boîte à outils que l’OIF peut déployer pour donner du poids à l’action de son représentant sur place, par exemple L. Kouyaté en Côte d’Ivoire. Les mesures d’appui à un retour à une vie politique apaisée ou des mesures en amont d’une observation électorale jouent un rôle important dans la manière dont est perçue l’organisation intervenante. Les Etats et gouvernements membres devraient être encouragés à faire une contribution annuelle à un fonds d’action préventive au profit du SG qui devrait l’utiliser pour élargir la réserve de candidats aux fonctions de facilitateurs ou médiateurs et fournir les réserves nécessaires pour la formation et l’appui de ces missions. Le SG devrait organiser au moins une des prochaines réunions des instances pour discuter de cet aspect des choses. Les Etats et les gouvernements ne sont d’ailleurs pas les seuls à être visés. Des entreprises sont peut-être également intéressées… Le SG pourrait songer à établir un comité consultatif émanant du secteur privé pour tirer systématiquement parti de l’expertise et des connaissances des firmes actives sur place. Le milieu des affaires commence à reconnaître en effet son intérêt et sa responsabilité dans la prévention des situations pouvant entraîner des conflits meurtriers. Il s’agit à la fois de tirer parti de la connaissance du pays et du savoir des gens d’affaires et également de leur intérêt à éviter la déstabilisation des pays dans lesquels ils travaillent. D’où leur intérêt à des médiations. C’est un domaine à étudier. Un important travail reste à faire en interne et dans cinq directions : L’OIF n’est d’ailleurs pas seule à essayer de s’améliorer dans ce domaine. L’ONU développe des efforts notoires en matière de réforme du maintien de la paix au plan de la doctrine, des ressources du personnel, de l’organisation et des partenariats. 1.- Ce premier point concerne les ressources, le personnel et l’organisation. Il n’est guère concevable d’envoyer un facilitateur ou un médiateur sur le terrain sans des équipes d’accompagnement, de soutien ou d’assistance. Ces équipes n’existent pas pour l’heure et les moyens financiers pour les mandater non plus. Sans experts et consultants, la DDHDP ne saurait faire face à ses tâches. Mais un important travail de formation doit être entrepris si l’on veut étoffer quelque peu l’offre de médiation francophone. Or, la présente conjoncture faite de resserrements et d’économies d’échelle ne se prête guère à ces développements. Il n’est pas inintéressant de faire le parallèle avec l’ONU et la récente proposition du nouveau Secrétaire général de diviser le Département des opérations de maintien de la paix entre un Dpt des opérations et un Dpt du soutien logistique. Dans le cas de l’OIF, nous avons identifié le renforcement des capacités comme une priorité dans le cadre de Saint-Boniface. Pour ne pas limiter la logistique de l’OIF à une régie de billets d’avion, de « per diem » et de procès-verbaux de réunions. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 19 2.- L’OIF devrait dans cet esprit, suite à cette retraite, réaliser un guide, le plus exhaustif possible, des « bonnes pratiques » en matière de médiation, un corps de pratiques utiles. Cette remarque a plutôt trait à la doctrine. Beaucoup a été dit ces deux derniers jours sur les vertus du dialogue national, par exemple. Au sein de l’ONU, il existe une pléthore inouïe de règlements où une chatte ne retrouve plus ses petits. C’en est devenu ingérable d’où l’idée de créer une « doctrine cap » regroupant les règles d’engagement essentielles. Au sein de l’OIF, c’est le contraire. Il y a sans doute un manque de doctrine et de règlements qu’un sens louable du pragmatisme ne suffit pas entièrement à pallier. L’approche comparative est toujours instructive. Quelles sont les modalités pour établir une mission et un bureau de facilitation/médiation en OIF ? Quelles sont les règles pour une « exit strategy » ? Qui décide et comment ? Les Etats membres ou le seul Secrétaire général dans l’exercice de son mandat ? S’il devait en décider seul, est-ce que le financement extérieur n’est pas compromis ? Comme corollaire, l’implication des Etats membres est-il un préalable nécessaire ? Ce sont des questions importantes qui sont posées. 3.- L’OIF devrait également mettre au point et faire évoluer sa liste de médiateurs sous référence. Elle comptera pour ce faire sur son réseau d’instituts ou centres de recherche avec lesquels des accords de coopération doivent être formalisés et développés. Bien sûr, une initiative du SG de l’OIF doit impérativement bénéficier d’une vraie conjonction des efforts et d’une complémentarité avec les engagements des pays membres de l’OIF. 4.- Les obligations des médiateurs de l’OIF devraient être précisées en particulier en ce qui concerne la présentation de leurs rapports de mission et de fin de mission. 5.- Un dernier point pour évoquer les partenariats avec les autres organisations internationales d’une part et d’autre part avec les Etats qui pratiquent leur propre politique de médiation, raison d’être de notre initiative et de la présence conjointe de représentants des gouvernements français et canadiens. Il est important que les articulations entre ces différents efforts soient bien définies et les responsabilités clairement établies par l’OIF Conclusion Au-delà des questions de dotation de fonds d’urgence (qui avait été créé lors du Sommet de Cotonou mais n’a jamais reçu de financement ) et de consolidation des moyens à disposition de l’OIF dans le champs de la médiation, la question posée reste celle de l’adéquation des moyens de l’Organisation avec ses ambitions et peut-être surtout avec les besoins des pays membres victimes de crises graves. Comment être efficace dans l’accompagnement d’un processus, comment assurer une présence valable et un suivi sérieux sans un bureau sur place. Or, Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 20 aujourd’hui un tel bureau fait au sein des instances de la Francophonie l’effet d’une muleta rouge sous le nez du taureau dans l’arène. Celui d’Abidjan est attaqué en permanence par certains Etats et gouvernements au nom des économies financières à réaliser. Depuis 9 ans, depuis Hanoï, l’action politique et diplomatique de la Francophonie a été surtout celle du SG, suivie à distance en quelque sorte par les Etats et gouvernements. Cette action doit devenir celle de l’OIF, c’est-à-dire celle du SG et des instances. C’est ainsi seulement que l’OIF n’engagera pas qu’elle-même mais aussi l’ensemble des Etats et gouvernements qui la composent. Elle marquera alors non seulement sa présence épisodique mais sa marque. Paris, le 14 février 2007 Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 21 « Exposé de problématique : la pratique de l’Organisation Internationale de la Francophonie en matière de médiation » Communication introductive de Mme Christine DESOUCHES Conseiller spécial du Secrétaire général de la Francophonie chargé des Affaires politiques et diplomatiques Madame le Secrétaire d’Etat, Messieurs les Anciens Chefs d’Etat, Messieurs les Ministres, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants spéciaux, MM. les Représentants des Organisations Internationales et régionales, Mesdames et Messieurs les participants, Chers amis, Il m’est particulièrement agréable d’intervenir à l’ouverture de ces travaux sur la médiation en Francophonie qui, nous en sommes tous convaincus, sont appelés à constituer une étape significative dans la dynamique francophone en faveur de la paix. D’abord, en ce qu’ils nous permettent de nous retrouver, ensuite, parce qu’ils nous donnent l’occasion d’approfondir les prolégomènes d’une réflexion méthodologique collective, engagée avec humilité, dans le cadre de l’Observatoire des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés. A ce titre, c’est avec un intérêt marqué que S.E. Monsieur Abdou DIOUF, Secrétaire général de la Francophonie, qui m’a chargée de vous transmettre tous ses encouragements, prendra connaissance des recommandations pertinentes qui ne manqueront pas de lui être soumises dans ce cadre. Cette Retraite se présente, en effet, comme une première réponse à la volonté, soulignée dans la Déclaration adoptée à St Boniface, le 14 mai 2006, au terme des travaux de la CMF sur la prévention des conflits et la sécurité humaine, « de renforcer les capacités et l’expertise francophones en matière de facilitation et de médiation, notamment par l’identification et la mobilisation des compétences et des acteurs engagés, ainsi que par l’échange d’expériences et la mise en œuvre de programmes de formation ». Aussi souhaiterais-je remercier très vivement, par votre intermédiaire Madame le Secrétaire d’Etat, les Autorités et les personnalités de la Confédération suisse pour une telle initiative menée en partenariat étroit avec l’OIF, ainsi que pour les facilités et l’accueil si chaleureux qu’elles ont réservés à l’ensemble des participants. A cet égard, mes remerciements s’adressent particulièrement à Monsieur l’Ambassadeur Jean-Pierre VETTOVAGLIA qui, en tant que Représentant personnel du Président de la Confédération Suisse au Conseil Permanent de la Francophonie, Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 22 n’a de cesse de déployer ses talents et ses convictions pour donner à notre Organisation une impulsion déterminante dans ces domaines, tout comme à l’équipe de Jean-François PAROZ, avec laquelle nous entretenons, depuis le Symposium de Bamako, une complicité amicale et intellectuelle si constructive. De même, je veux saisir cette occasion pour saluer les éminentes personnalités qui ont accepté de s’associer à cette réflexion stratégique et grâce auxquelles la Francophonie a pu acquérir tout au long de ces dernières années, ses lettres de noblesse au service de la démocratie, des droits de l’Homme et de la paix, en s’appuyant sur leur engagement, voire leur combat, éclairé par leurs convictions et la pertinence de leurs analyses. Comme je tiens à exprimer toute ma gratitude aux hauts responsables des Organisations partenaires, qui nous honorent de leur présence, marquant ainsi la considération qu’ils portent à la Francophonie ainsi que leur désir d’asseoir mieux encore les termes de notre collaboration Je suis, enfin, particulièrement sensible à la responsabilité qui m’est conférée, dans ce contexte, d’introduire ces débats de haute portée, m’incitant à vous livrer les premiers éléments d’appréciation et de bilan portés sur cette dynamique stimulante par un des acteurs directement impliqués, depuis 1990, dans la conception et le déploiement de ce volet essentiel des activités de la Francophonie que représente la médiation, qui connaît un accroissement notable et permanent. Il s’agit là d’un simple témoignage, illustré par les précieux documents d’information et d’analyse élaborés par la Délégation à la Paix, à la Démocratie et aux Droits de l’Homme (DDHDP), sur les trajectoires suivies dans plusieurs de nos pays membres et que viendront bien évidemment enrichir et circonstancier les interventions des tout premiers acteurs de ces processus, Facilitateurs francophones et partenaires à la médiation. Dans ce sens je me propose de structurer mes propos autour de six points : la genèse et les fondements de la médiation en Francophonie ; la démarche et le champ de son déploiement ; les acquis et les atouts ; les difficultés rencontrées et, enfin, les perspectives. I – GENESE ET FONDEMENTS 1. Les prémisses (1989-1997) a) Le contexte Comme vous le savez, la Francophonie politique est née du projet fondateur conçu par le Président Léopold Sédar SENGHOR, qui, dès l’origine, avait conçu le rassemblement des pays utilisant la langue française sur le modèle d’un « Commonwealth à la française », destiné à institutionnaliser la concertation et la solidarité entre eux, que ce soit en matière politique, économique ou linguistique, afin d’en faire une force spécifique et novatrice de mobilisation au sein de la communauté internationale. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 23 Ce projet qui a d’abord généré, en 1970, à Niamey, la création de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique, « le plus petit dénominateur commun » des ambitions et des attentes à l’œuvre, a pris sa pleine forme en 1986, à l’occasion de la tenue, à Versailles, du premier Sommet des pays ayant le français en partage, puis a connu une première traduction concrète avec l’adoption, par le 3ème Sommet, à Dakar, en mai 1989, d’une Résolution sur les droits fondamentaux dans l’espace francophone, ainsi que de la Décision portant création d’un nouveau champ de coopération, la coopération juridique et judiciaire. Dès lors, et à partir de 1990, la Francophonie s’est engagée, de façon déterminée, dans l’accompagnement des processus de retour au pluralisme et à l’Etat de droit qui ont, dans un mouvement historique, caractérisé l’évolution d’un très grand nombre de ses pays membres, tant en Afrique, notamment à l’occasion des Conférences nationales, qu’en Europe centrale et orientale, après la chute du Mur de Berlin. Porté par les résolutions des différents Sommets de Chaillot, en 1991, de Maurice, en 1993, de Cotonou, en 1995, cet accompagnement a concerné principalement, en réponse aux espoirs suscités et en appui aux politiques nationales développées, et sous la forme de programmes progressivement diversifiés, mais complémentaires, la tenue des consultations électorales pluralistes, qui ont symbolisé la rupture avec les systèmes monopartisans et autoritaires, la mise en place des Institutions de l’Etat de droit, judiciaires, mais aussi celles de contrôle, de régulation et de médiation, la promotion et la défense des droits de l’Homme, l’émergence d’une société civile citoyenne. Dans ce contexte, et en s’appuyant sur la structure créée à cet effet au sein de l’Agence, soit la Délégation à la Coopération Juridique et Judiciaire, devenue en 1996, Délégation générale à la Coopération Juridique et Judiciaire, travaillant également sous l’autorité du Président du Conseil Permanent de la Francophonie, la Francophonie, dans un dialogue permanent avec l’ensemble des acteurs sur le terrain, comme lors du Symposium de Cotonou, en septembre 1991, a développé de façon pragmatique une méthodologie et un savoir faire, reposant largement sur une similarité des systèmes juridiques et institutionnels. Elle s’est aussi dotée des textes (Déclaration et Plan d’action du Caire, adoptés par les ministres francophones de la justice, en 1995, Principes Directeurs régissant l’observation des élections, adoptés en 1992, puis révisés en 1996, etc …) et des mécanismes appropriés pour répondre à ces objectifs (Plans d’action pour la justice, missions d’observation des élections, concertations à l’occasion des Conférences internationales, comme la Conférence mondiale sur les Droits de l’Homme, à Vienne, en 1993, ou comme la Conférence mondiale sur les Femmes, à Pékin, en 1995). b) Les premières initiatives Toutefois et dans le même temps, confrontée aux soubresauts qui ont très vite émaillé les processus démocratiques ainsi engagés, liés notamment aux graves Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 24 dysfonctionnements constatés dans le déroulement des élections ou dans le fonctionnement des régimes et des Institutions, avec des déficits notables de la culture démocratique, la Francophonie, devenue un partenaire significatif de la construction de l’espace démocratique francophone et bénéficiant de la confiance des protagonistes, s’est attachée à mettre au point de nouveaux mécanismes, au service du règlement des crises ou des conflits, essentiellement d’ordre interne, résultant de ces difficultés d’enracinement, trait constant jusqu’à ce jour. Citons, à titre d’exemple, les élections contestées au Togo, en août 1993, ayant entraîné la suspension de la coopération de l’Union Européenne, l’assassinat, en 1993, du Président du Burundi, élu quelques mois auparavant, le coup d’Etat perpétré en janvier 1996 par M. BARRE Mainassara, au Niger, ou, encore, les blocages constatés à l’occasion du 2ème cycle des élections au Mali, en 1997. Ainsi en a-t-il été de l’envoi d’une mission d’appui à la paix, en avril 1995, au Burundi, en application de la décision de la Conférence ministérielle extraordinaire convoquée en mars 1995, et conduite par le Président de la CMF, le Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Bénin, S.E. Maître Robert DOSSOU, associant, en outre, des représentants de l’APF et des Ministres en exercice. Cette mission s’est efforcée de susciter le dialogue entre les différentes parties, responsables politiques, formations, représentants de la société civile. Une deuxième mission, conduite par le Président du Conseil Permanent de la Francophonie, le Dr. Emile-Derlin ZINSOU, s’est de même rendue à Bujumbura, en septembre 1997, à partir des travaux d’un groupe de travail spécifique mis en place autour de la question des Grands Lacs. Dès février 1996, la Francophonie a également dépêché une mission d’accompagnement du retour à la légalité constitutionnelle, au Niger, après la condamnation, par la CMF de Bordeaux, du coup d’Etat, suivie d’une mission d’observation des élections présidentielles de juin 1996, elles-mêmes fortement contestées, en raison du coup d’Etat électoral intervenu à l’occasion de cette consultation. Enfin, et à l’occasion de l’observation soutenue des différentes élections, législatives et présidentielles, du premier semestre 1997, au Mali, les missions d’observation ont joué, comme dans la plupart des cas, un rôle non négligeable dans la recherche ou le maintien du dialogue entre les parties et les structures impliquées dans ces processus. Ainsi étaient campés les éléments qui, par la suite, vont continuer à caractériser la démarche francophone : le lien entre ses activités au service de la consolidation de l’Etat de droit et de la démocratie et celles afférentes à sa contribution à la paix, autour de conflits d’ordre interne ; le caractère multicentré de l’expression de cette contribution à la paix ; le caractère informel de ces démarches reposant essentiellement sur l’expérience et le savoir faire des Envoyés spéciaux. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 25 2. L’affirmation de la dimension politique de la Francophonie : le Sommet de Hanoï et la Charte rénovée de la Francophonie a) Les textes Forte de cette expérience, la communauté francophone a décidé de donner une expression institutionnelle au consensus acté par le Sommet de Cotonou, en 1995, destiné à reconnaître et à promouvoir la pleine dimension politique de la Francophonie, en adoptant, lors du Sommet de Hanoï, en novembre 1997, une Charte rénovée de la Francophonie, consacrant dans son article premier, au titre des objectifs prioritaires, et en se fondant sur « les liens que crée entre ses membres le partage de la langue française et souhaitant les utiliser au service de la paix, de la coopération et du développement », l’aide « à l’instauration et au développement de la démocratie, à la prévention des conflits et au soutien à l’Etat de droit et aux droits de l’Homme », ce, dans le respect de la souveraineté des Etats, de leurs langues et de leurs cultures, en observant la plus stricte neutralité dans des questions de politique intérieure. A cet effet, la Charte prévoyait notamment la création d’un poste de Secrétaire général de la Francophonie, investi de fonctions politiques et doté des mandats utiles pour exercer ces dernières. L’article 7 de la Charte précisait ainsi que « en cas d’urgence, le Secrétaire général saisit le Conseil Permanent et, compte tenu de la gravité des événements, le Président de la Conférence ministérielle, des situations de crises et de conflits dans lesquelles les membres peuvent être ou sont impliqués. Il propose les mesures spécifiques pour leur prévention, éventuellement en collaboration avec d’autres Organisations internationales » (alinéa 2). « Les Instances de la Francophonie donnent au Secrétaire général des délégations générales de pouvoir, qui découlent de son statut et qui sont liées aux exigences de sa fonction. Notamment, le Secrétaire général décide de l’envoi de missions exploratoires. Il propose au CPF l’envoi de missions d’observation d’élections. Il en rend compte ». (alinéa 3) De même, le Plan d’action adopté par le même Sommet, en son article 4, précisait le mandat donné par les Chefs d’Etat et de Gouvernement au Secrétaire général, soit celui de « développer les initiatives politiques susceptibles de contribuer au règlement pacifique des conflits en cours, par le canal des Opérateurs directs et reconnus des Sommets et autres acteurs de la Francophonie », en lui demandant « d’intensifier la coopération avec les Organismes régionaux et internationaux oeuvrant notamment dans le domaine des droits de l’Homme » et en lui confiant « la mission de contribuer, en tant que de besoin, par l’entremise des instruments de l’Agence mis à sa disposition, à cet effet, à la consolidation de l’Etat de droit et du processus démocratique ». b) La pratique C’est sur le fondement de ces dispositions que le premier Secrétaire général élu, M. Boutros BOUTROS-GHALI, a développé, en s’appuyant sur la Délégation générale à la Coopération Juridique et Judiciaire, puis, à partir de 1998, sur la Délégation aux Droits de l’Homme et à la Démocratie, les initiatives donnant corps Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 26 à cette nouvelle dynamique, en y apportant toute son expérience, dans la continuité aussi de la doctrine progressivement forgée sous son égide en tant que Secrétaire général des Nations Unies, au service de la démocratie, du développement et de la paix. Désireux de mettre en pratique la démarche qu’il avait engagée pour rapprocher dans ces domaines l’ONU et les Organisations régionales, en particulier à l’occasion des réunions de haut niveau, bi-annuelles, tenues à New York, et auxquelles la Francophonie a désormais participé, le Secrétaire général a donné ainsi une impulsion décisive à l’implication de l’OIF dans des actions de médiation. Il convient de citer ici les démarches qui se déploieront au Togo, après les élections contestées de juin 1998, l’ayant amené à nommer un Envoyé spécial en la personne de Monsieur Moustapha NIASSE, chargé d’une mission de bonne volonté auprès des différents acteurs, rapidement transformée, dès décembre 1998, en une mission de facilitation au sein d’un collège quadripartite de Facilitateurs, dûment installé et dont l’action permettra la signature, à la fin du mois de juillet 1999, des Accords intertogolais. Cette facilitation, confiée par la suite, successivement, à M. Idé OUMAROU, ancien Secrétaire général de l’OUA, à partir de mars 2000 jusqu’à son décès en février 2002, puis à M. Lansana KOUYATE, s’éteindra formellement en mai 2002. De même, la Francophonie s’attachera-t-elle à accompagner les modalités de sortie de crise, aux Comores, par la désignation, en octobre 2000, du Professeur André SALIFOU, chargé d’une mission d’informations et de contacts auprès des protagonistes de la crise institutionnelle et politique, marquée par le coup d’Etat du 30 avril 1999 opéré par le Colonel AZALI, et qui trouvera une issue positive par la signature, en février 2001, de l’Accord de Fomboni, complété en décembre 2003, par l’Accord sur les dispositions transitoires de Moroni. Au Burundi, le Secrétaire général dépêchera M. Hacen OULD LEBATT, Ancien Ministre des affaires étrangères de Mauritanie, en décembre 1998, pour une mission de bonne volonté et d’information auprès du Président BUYOYA, puis, en tant qu’Observateur lors des négociations d’Arusha, qui se sont traduites par la signature en août 2000 de l’Accord d’Arusha. En République Démocratique du Congo, le Secrétaire général allait désigner le Président ZINSOU comme Envoyé spécial en vue de contribuer, après l’arrivée au pouvoir du Président Joseph Désiré KABILA, à la conception des termes de l’ouverture et du dialogue national, à travers plusieurs missions de bons offices, d’octobre 1998 à la fin de l’année 1999. Les destinées de ce dialogue seront finalement présidées par le Facilitateur désigné, l’ancien Président MASIRE, auprès duquel le Secrétaire général de la Francophonie nommera, à partir de février 2001 M. Hacen OULD LEBATT, en tant que Chef du Bureau de la Facilitation en RDC, d’abord au titre de la Francophonie, puis de l’ONU, et qui œuvrera, dans ce cadre à la négociation de l’Accord de Pretoria, sur la base de l’Accord de Lusaka. 3. La Déclaration de Bamako Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 27 a) Le corpus Conformément à la décision du Sommet de Moncton, de septembre 1999, qui avait recommandé la tenue d’un Symposium international, destiné à approfondir le dialogue entre les pays membres de la Francophonie autour de la culture démocratique et de l’Etat de droit, le Symposium de Bamako, sur les pratiques de la démocratie des droits et des libertés dans l’espace francophone, a été organisé du 1er au 3 novembre 2000, au terme d’un processus préparatoire exigeant et participatif, ayant mobilisé tous les acteurs impliqués dans les processus démocratiques et de paix. La Déclaration de Bamako adoptée le 3 novembre par les Ministres et Chefs de délégation, puis confirmée dans sa portée par le Sommet de Beyrouth, en octobre 2002, qui a également adopté le Plan d’action annexe, se présente comme l’instrument normatif et de référence, tout à la fois de promotion et de sauvegarde, inspirant et structurant depuis les actions de la Francophonie au service de la démocratie et de la paix. En cela, la Francophonie s’est inscrite dans un mouvement général partagé par la plupart des Organisations internationales. Le mécanisme de suivi prévu en son chapitre 5, de nature à garantir la mise en œuvre effective des principes proclamés aux chapitres 2 et 3, ainsi que des engagements souscrits au chapitre 4, en matière de consolidation de l’Etat de droit, de la tenue d’élections libres, fiables et transparentes, de la gestion d’une vie politique apaisée, de l’intériorisation de la culture démocratique et du plein respect des droits de l’Homme, considérés comme éléments constitutifs de la démocratie et facteurs d’une paix et d’un développement durable, en écho aux difficultés constatées dans le chapitre 1, comporte deux volets complémentaires : a. Le premier (alinéa 1) consiste en la mise en place d’un dispositif d’observation et d’évaluation permanentes des pratiques, à même de contribuer, dans un souci de prévention et de progrès concertés, à établir les grandes tendances de l’évolution des situations, à adapter sur cette base les actions de coopération, mais aussi à poser les jalons d’une alerte précoce. Sur cette base, le Secrétaire général, en liaison avec les Instances, prend les mesures appropriées. b. Le deuxième volet (alinéas 2 et 3) prévoit une réaction spécifique et collective de l’Organisation en cas de crise ou de violations graves des droits de l’Homme, ou en cas de rupture ou de violations massives des droits de l’Homme. Le recours à la facilitation est ici (alinéa 1) expressément prévu, en cas de crise ou de violations graves des droits de l’Homme, dans une démarche tant préventive que réactive afin que la situation ne se dégrade pas plus ou, surtout, qu’elle connaisse un règlement pacifique. Dans ce cas, « le Secrétaire général peut procéder à l’envoi d’un Facilitateur susceptible de contribuer à la recherche de solutions consensuelles. L’acceptation préalable du processus de facilitation par les Autorités du pays concerné constitue une condition du succès de toute action. Le Facilitateur est choisi par le Secrétaire général après consultation du Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 28 Président de la Conférence Ministérielle, en accord avec l’ensemble des protagonistes. La facilitation s’effectue en liaison étroite avec le CPF ». Dans la deuxième alternative (alinéa 2), la procédure est minutieusement énoncée, associant le Secrétaire général et les Instances, ainsi que l’envoi possible d’une mission d’information et de contacts, et peut entraîner l’adoption, par le CPF, de sanctions graduées, tout en mettant l’accent sur l’accompagnement souhaitable pour le retour à une vie politique apaisée, en se fondant sur les prescriptions du chapitre 4. b) La pratique Sur les applications pratiques spécifiques de ce dispositif, depuis 2000, et sans omettre le surcroît de légitimité conféré par ces textes aux actions déjà engagées et qui s’y sont dès lors référées, il convient de citer la désignation, par le Secrétaire général, d’un Envoyé spécial en Côte d’Ivoire, l’Ambassadeur Lansana KOUYATE, à la suite de la grave crise de septembre 2002, ayant entraîné la partition de fait du pays, qui sera confirmé en tant que Représentant permanent de l’OIF au sein du Comité de suivi des Accords de Marcoussis du 23 janvier 2003, transformé en Groupe de Travail International d’accompagnement du processus de transition et Chef du Bureau de l’OIF en Abidjan, jusqu’à ce jour. Les démarches engagées, en revanche, à l’initiative du nouveau Secrétaire général, le Président Abdou DIOUF, ancien Chef d’Etat du Sénégal, sur la base de l’alinéa 2 et 3 du chapitre 5 de la Déclaration, et qui ont toutes concerné, hormis le cas spécifique de Haïti, à la suite du départ du Président ARISTIDE, des cas de rupture de la démocratie, à l’occasion du coup d’Etat en Centrafrique, ayant porté au pouvoir le Général BOZIZE, en mars 2003, du coup d’Etat au Togo, en février 2005, lors du décès du Président EYADEMA, et, enfin, du coup d’Etat intervenu en Mauritanie, en août 2005, se sont traduites par des condamnations, suivies de l’envoi de missions d’information et de contacts conduites par de hautes personnalités (M. Jacques LEGENDRE et Mme Madina LY TALL, M. MASCARENHAS MONTEIRO, M. l’Ambassadeur VETTOVAGLIA), avec pour mandat de s’informer sur les mesures prévues par les nouvelles Autorités pour renouer avec le processus démocratiques et la légalité, ou gérer la transition, étant entendu que dans le cas du Togo et de la Mauritanie, le CPF a, sans attendre, prononcé des sanctions qui ont été par la suite levées, selon une procédure similaire. Si ces missions ne sont pas qualifiées de médiation en tant que telle, il n’en demeure pas moins que les hautes personnalités désignées pour les conduire, comme celles ayant dirigé les multiples missions d’évaluation, d’assistance électorale et constitutionnelle, les missions d’observation qui ont ponctué tout le processus d’accompagnement enclenché, se sont toujours entremises, dans une fonction d’écoute, pour faciliter la poursuite du processus, rapprocher les acteurs, proposer les voies de solutions possibles, à l’apparition d’obstacles, etc. 4. La Charte de la Francophonie adoptée à Antananarivo en novembre 2005 Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 29 Si la formulation des objectifs consacrés dans cette nouvelle Charte demeure en partie inchangée par rapport à 1997, l’article 1 réceptionne toutefois les acquis engrangés durant cette période en matière de règlement et de gestion des crises et des conflits, qui s’adjoignent désormais dans ce texte à la démarche de prévention. L’article 7 traitant des fonctions politiques du Secrétaire général, mentionne en outre, intégrant de ce fait le dispositif de Bamako, qu’il « se tient informé en permanence de l’état des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l’espace francophone », en étant aussi habilité, en cas d’urgence, à saisir les Instances des situations de crise ou de conflits, en proposant les mesures spécifiques dans un champ d’intervention élargi, allant de la prévention, au règlement et à la gestion de telles situations. 5. La Conférence de St Boniface sur la prévention des conflits et la sécurité humaine en mai 2006 Conçue à la fois pour conforter le dispositif de Bamako et contribuer aux mutations tant politiques que normatives en cours au sein de la Communauté internationale, la Conférence de St Boniface s’est attachée, dans la Déclaration adoptée le 14 mai 2006, à souligner d’abord les moyens appropriés pour conforter l’action préventive de l’OIF, telle que prévue par la Déclaration de Bamako et dans son Programme d’action, par « une utilisation optimale de ses capacités, afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle spécifique dans l’observation, l’alerte précoce, la diplomatie préventive, la gestion des crises, l’accompagnement des transitions et la consolidation de la paix, et, ce, dans le cadre d’une coopération systématique et rationnalisée avec les Organisations internationales et régionales ». A cet égard, la Conférence a particulièrement insisté sur l’intensification des instruments et des mécanismes à la disposition du Secrétaire général, sur la pleine opérationnalité du dispositif d’observation et d’évaluation, en particulier sur les fonctions d’analyse de l’Observatoire et l’implication des Etats et Gouvernement, sur le renforcement des capacités de la médiation. La Déclaration, par ailleurs, a consigné le principe de la responsabilité de protéger, déjà mentionnée dans la Déclaration de Ouagadougou, en novembre 2004, faisant obligation à l’Etat de protéger les populations vivant sur son territoire et, en cas de défaillance de ce dernier, subrogeant la Communauté internationale dans cette responsabilité, selon les règles édictées par le Conseil de Sécurité, et sous son égide. Ce principe vient donner plus de force encore au mécanisme prévu dans la Déclaration de Bamako en cas de violations graves et massives des droits de l’Homme. Elle a enfin décliné les domaines liés à la sécurité humaine, dans lesquels les Etats et Gouvernements se sont engagés à agir, en mutualisant leurs ressources et leurs compétences, comme en promouvant leur concertation au sein des nouveaux Organes des Nations Unies, comme le Conseil des droits de l’Homme et la Commission de consolidation de la paix. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 30 II – LA DEMARCHE ET LE CHAMP D’APPLICATION On le constate, à travers les textes et la pratique évoqués, la Francophonie s’est impliquée dans une démarche qui relève plutôt de la facilitation que de la médiation, si on adhère à la distinction selon laquelle le Facilitateur s’entremet dans une posture d’intercession de nature à faciliter le dialogue entre les parties et l’émergence d’un consensus, contrairement à la médiation qui met en avant un projet de règlement de la crise ou du conflit, même si l’on sait toutefois que les frontières entre ces deux exercices sont relativement artificielles et que la facilitation peut souvent évoluer en une médiation. Cette démarche est d’ailleurs conforme à la philosophie qui sous-tend l’action de la Francophonie, fondée, comme le proclame la Déclaration de Bamako, loin de l’imposition d’un modèle, sur la prise en compte de la diversité des réalités historiques, politiques, sociales et culturelles et le souci de favoriser les dynamiques endogènes et l’implication principale des acteurs nationaux. Dans le même sens, témoigne le soutien résolu et constant de l’Organisation à la recherche des voies propices au dialogue national, comme pour la Côte d’Ivoire, avec la réunion des Intellectuels africains, tenue à Cotonou, en décembre 2002, puis en août 2003, à Abidjan, en RCA, en septembre 2003, en Haïti, à l’occasion de la Table ronde sur les transitions démocratiques, en mars 2005, en Mauritanie, à l’occasion des Journées nationales de concertation, en octobre 2005. Il faut noter, par ailleurs, que si la facilitation s’est exercée en priorité dans le cadre de la recherche de solutions consensuelles exprimées à travers un accord politique de paix ou de réconciliation, cette fonction continue à s’appliquer durant tout le continuum de sortie de crise, de transition et de consolidation de la paix, comme l’illustrent l’activité quotidienne du Représentant permanent en Côte d’Ivoire, ou encore, tout récemment, la mission conduite par le Président BUYOYA en Centrafrique, dans le but de marquer la disponibilité de la Francophonie à apporter son soutien à la nouvelle dynamique de dialogue enclenchée par les acteurs eux-mêmes pour conforter le processus, ou encore la mission conduite par le Ministre AUAJJAR aux Comores, au début de l’année 2007, pour tenter de contribuer au règlement des différences d’interprétation sur la répartition des compétences. Enfin, il convient de souligner que l’exercice de facilitation à proprement parler s’inscrit dans une dynamique globale d’accompagnement que la Francophonie a toujours privilégiée et qui s’est traduite, d’une part, durant la phase des négociations, comme au Togo ou en Centrafrique, mais aussi durant la période de mise en œuvre des Accords, comme au Togo, ou aux Comores, par un appui financier, technique et scientifique aux Organes chargés de la préparation ou de la mise en œuvre du dialogue, et, d’autre part, par un appui durant toute la période de transition, au renforcement des capacités des acteurs et des Institutions, dans la perspective de la tenue des élections appelées à parachever la phase formelle de ces processus. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 31 Citons ici les actions menées au Togo pour la préparation des élections législatives de 2001, notamment en ce qui concerne les listes électorales informatisées, les multiples actions concernant l’élaboration des textes fondamentaux aux Comores (réunions de novembre 2002 et mai 2003, à Paris, sur l’élaboration des Lois Organiques sur la répartition des compétences entre l’Union et les Iles), et en RDC (élaboration du code électoral), incluant aussi le renforcement des capacités des Institutions de la transition, dans ces deux pays (Séminaire international à Kinshasa, en avril 2004), mais aussi en RCA (Cour constitutionnelle de la Transition et CEMI), ou en Mauritanie (séminaires d’appropriation des textes et d’échanges d’expériences, à l’intention du Conseil constitutionnel, de la CENI et du Ministère de l’Intérieur), etc. Dans chacune de ces configurations, l’idée maîtresse aura été d’être à l’écoute des acteurs et, sur la base du diagnostic des besoins et des attentes prioritaires, d’identifier les voies appropriées pour y répondre, dans une démarche créatrice et inclusive, mettant en évidence, la nécessité d’un accord politique global et renouvelé en permanence. A chacune de ces étapes, la volonté de faciliter le consensus entre les parties, aura généré des médiations que l’on peut qualifier de « dérivées ou secondaires », à l’instar des réunions de Paris sur les Lois Organiques, aux Comores, ou des séminaires d’appropriation et de répartition commune des tâches respectives entre les institutions, comme pour la RDC, la Mauritanie ou la Centrafrique. IV – LES ATOUTS ET LES SUCCES DE LA MEDIATION EN FRANCOPHONIE Dans la plupart des pays accompagnés, la Francophonie peut se féliciter de l’évolution positive des processus de règlement et de sortie de crise, voire de consolidation de la paix, concrétisée par la tenue d’élections présidentielles et législatives et même municipales non contestées, confirmant la pertinence de sa démarche, aux côtés de celle des autres partenaires internationaux avec lesquels elle s’est inscrite résolument dans une relation de partenariat et de complémentarité. A cet égard, il convient de rappeler que la Francophonie a eu le souci constant de privilégier la concertation, formellement traduite dans sa participation aux comités de suivi du respect des accords souscrits comme les Comités déjà évoqués en Côte d’Ivoire ou au Togo, ou le COPESPE en Centrafrique ou le Comité de suivi en Haïti, ou encore à travers les rencontres d’information et d’évaluation partagée qu’elle suscite, comme en Mauritanie et en RDC, parfois consacrée par la signature d’accords de coopération, comme en RDC avec le PNUD. Il appert aussi que la Francophonie représente désormais un acteur écouté et de plus en plus sollicité. Sans doute faut-il à cet égard évoquer la démarche utilisée, mais aussi certainement un certain nombre de facteurs déterminants : - l’expérience et l’autorité morale qui s’attachent à la personnalité des deux premiers Secrétaires généraux de l’Organisation ; Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 32 - la qualité des hommes et des femmes qui ont accepté de s’impliquer, au nom de la Francophonie, dans l’exercice complexe de ces médiations ou de ces facilitations, chacun disposant d’une expérience politique, nationale et internationale avérée, comme d’une connaissance approfondie des systèmes et des acteurs nationaux et régionaux concernés. La Francophonie dispose ainsi d’un Réseau informel de compétences animées des mêmes valeurs, mobilisées en outre collectivement dans le cadre de mécanismes de réflexion ad hoc ou permanents, comme le Groupe de réflexion sur la Côte d’Ivoire, mis en place au lendemain de Marcoussis, les divers Rencontres ou Symposiums de bilan et de prospective réunis dans le cadre du suivi de Bamako, le Comité consultatif pour l’Observatoire des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés dans l’espace francophone ; - l’existence d’un corpus précis d’engagements et de normes propres à guider et à structurer les diagnostics et les propositions de facilitation ; - l’existence de mécanismes et d’instruments, comme les Bureaux permanents, les Comités ad hoc consultatifs restreints, les débats du Conseil Permanent autour d’un point régulier sur l’état des pratiques de la démocratie, des droits et des libertés ; - l’existence de réseaux institutionnels et de compétences, suscités ou soutenus par la Francophonie, et mobilisables en tant que de besoin pour l’échange d’expériences et de pratiques utiles dans le respect des données nationales, que ce soit en matière d’élaboration des textes fondamentaux, d’organisation des dialogues, de renforcement des capacités des institutions ou d’organisation des élections ; - la capacité de réaction rapide de l’Organisation. V – LES DIFFICULTES RENCONTREES ET LES DEFICITS DANS L’ACTION - le caractère pragmatique de « l’invention » de la médiation en Francophonie, avec des ressources très limitées, même si dès le départ la volonté de soutenir l’action des facilitateurs s’est traduite par des mandats précis et la décision, souvent contestée par les Instances, de mettre à leur disposition des moyens minima, tant financiers que d’ordre logistique (accompagnateurs, honoraires, etc) ; - l’absence, aujourd’hui encore, de statut spécifique pour les Envoyés spéciaux, même si le Chef du Bureau de l’OIF en Abidjan s’est vu conférer un statut d’agent de l’OIF, très récemment ; - les moyens toujours limités dont dispose l’Organisation : • d’abord au niveau des ressources humaines : même si la Délégation, en effet, aujourd’hui à la Paix, à la Démocratie et aux Droits de l’Homme, a connu depuis 2003 un accroissement non négligeable de ses effectifs, les différentes tâches afférentes à la préparation et à la Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 33 mise en œuvre des misions de facilitation ou de médiation sont très exigeantes et lourdes et sont assumées par les mêmes personnes affectées aux autres actions relatives aux domaines de la paix, de la démocratie et des droits de l’Homme ; • ensuite au niveau des ressources financières : en dépit, dans ce domaine aussi, d’une augmentation significative des crédits globaux affectés à cette mission, depuis 2002 en particulier, grâce à une contribution complémentaire du Gouvernement français, les frais afférents au déploiement de telles activités de médiation ou de facilitation, intégrant les déplacements des Envoyés spéciaux, mais aussi le fonctionnement des Bureaux ad hoc, comme celui d’Abidjan, représentent, même strictement limités, un volet important de l’enveloppe globale, tout en demeurant loin des besoins nécessaires ; - une présence contrastée sur le terrain compte tenu du dispositif actuellement prévalant pour la représentation de l’Organisation dans les Etats et Gouvernements, avec, comme conséquence, un suivi inégalement satisfaisant des actions menées, induisant un certaine précarité dans la participation aux structures collectives nationales ou régionales d’accompagnement, ainsi qu’un manque de continuité dans le dialogue avec les acteurs nationaux, contrairement à la grande majorité des autres partenaires disposant de représentations permanentes ; - une reconnaissance, toujours insuffisante, de la part des pays membres de la Francophonie, voire un doute permanent sur la plus-value de l’action de la Francophonie dans ce domaine. VI – PERSPECTIVES Comment renforcer les capacités de l’Organisation au service de la prévention effective des crises et des conflits ou de leur règlement efficace et durable ? Renforcer l’intensité et la réalité d’une politique véritablement à l’œuvre en faveur de la paix, dans la mesure où la démarche de la facilitation ne constitue, comme on l’a constaté, qu’un des volets et un des moyens, certes essentiels, d’une action plus globale dans ce domaine. o - - C’est particulièrement vrai pour la facilitation ou la médiation dans la phase préventive, fondée sur l’efficacité d’un système d’alerte précoce. De même, la systématisation de cette démarche en tant que modalité de règlement d’une crise est conditionnée par le recours plus régulier aux mécanismes prévus au chapitre 5 de la Déclaration de Bamako, conforté par la reconnaissance du principe de la responsabilité de protéger. Cela implique également un saut qualitatif important pour mieux appréhender les événements susceptibles de déclencher ces mécanismes, à l’instar des réflexions engagées à Cotonou et à Bamako+5, autorisant de ce fait, une explicitation de la procédure générale de ce texte dans lequel la facilitation trouve toute sa place. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 34 S’interroger aujourd’hui sur les conditions optimales de l’intervention de la Francophonie, dans sa mise en perspective avec la présence des autres partenaires internationaux, avec lesquels la collaboration doit être mieux précisée et, en tout état de cause, toujours plus rationalisée, notamment en ce qui concerne : o - - le moment le plus opportun pour son implication, au regard des compétences premières, de plus en plus affirmées, des Organisations régionales, puis de celles, finales, de l’ONU, créant un certain flou sur les conditions optimales de la démarche francophone, la répartition des tâches, en tenant compte des spécificités du savoir faire francophone. Mettre en œuvre plus systématiquement les Accords conclus avec d’autres Organisations impliquées, prévoyant notamment des échanges entre les Facilitateurs ou Médiateurs respectivement dépêchés, comme l’a arrêté, au titre du dialogue politique, le Mémorandum conclu en mai 2005, entre le Secrétaire général de l’OIF et le Président de la Commission de l’Union Africaine, disposition qui devrait se traduire par la tenue d’une telle Commission mixte, avant la fin du premier semestre 2007 ; Renforcer les ressources humaines et financières de l’Organisation dans ces domaines, Entreprendre une mobilisation plus systématique des compétences relevant des Représentations permanentes et des Bureaux régionaux, peu associés jusqu’à ce jour, à une véritable stratégie de conception et de suivi. Identifier, en vue de leur mutualisation progressive, les ressources des pays membres de la Francophonie, tant humaines et financières, qu’au niveau des instruments et des acquis des politiques de médiation menées ; Enrichir le Réseau des personnalités associées à la démarche de facilitation et de médiation, par un travail collectif d’identification et d’écoute, à l’instar de la réunion organisée par l’OIF en partenariat avec le Club des Balkans, structure regroupant des anciens hauts responsables des pays de cette région et qui a engagé un dialogue fructueux avec les personnalités africaines présentes, dont certaines participent elles-mêmes à d’autres lieux d’échanges et de réflexion, comme le Comité regroupant les anciens Chefs d’Etat d’Afrique, et auquel appartient, par exemple, le Président BUYOYA ; Tenir régulièrement des rencontres entre ces personnalités, autorisant l’échange des expériences et la confrontation des appréciations et la mise en lumière des pratiques utiles et en tirer les enseignements de façon plus systématique, comme d’ailleurs devrait être mieux exploités les rapports des Envoyés spéciaux. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 35 Engager une réflexion sur un statut plus précis des Facilitateurs, mettant notamment l’accent sur leur place dans le dispositif institutionnel de la Francophonie (Instances, Secrétaire général, etc) ; Concevoir des formations adaptées à l’attention des agents qui seraient à même d’appuyer les facilitateurs, en mobilisant notamment le Réseau des Instituts des droits de l’Homme de la démocratie et de la paix, en liaison avec l’AUF ; Entreprendre la publication d’un ouvrage de référence sur la pratique de la médiation en Francophonie telle que déployée jusqu’à ce jour, afin d’en tirer les enseignements pertinents ; S’essayer à la rédaction d’un document faisant valoir pour l’avenir la démarche, les principes et les lignes directrices de la médiation en Francophonie, en dépit de la singularité des trajectoires et donc, en conséquence, de l’approche requise. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 36 Programme Jeudi 15 février 2007 18h00-20h00 Accueil et enregistrement 19h30-21h00 Allocutions de bienvenue et cocktail dinatoire Ambassadeur Blaise GODET, Représentant permanent de la Suisse auprès de l'Office des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève Dr. Fred TANNER, Directeur du Centre de politique de sécurité Genève (Suisse) Le cocktail a lieu au Centre de politique de sécurité - Genève (adresse ci-dessus) Vendredi 16 février 2007 8h30-9h00 Accueil et enregistrement 9h00-9h15 Ouverture Mme Heidi TAGLIAVINI, Secrétaire d'Etat adjointe, ancien Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Géorgie, Département fédéral des affaires étrangères (Suisse) 9h15-10h30 (20') (20') (20') Session introductive - Exposé de problématique : la pratique de l'Organisation internationale de la Francophonie en matière de médiation Mme Christine DESOUCHES, Conseiller spécial du Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) - La médiation politique internationale aujourd'hui : acteurs et pratiques Ambassadeur Thomas GREMINGER, Chef de la Division politique IV (Sécurité humaine), Département fédéral des affaires étrangères (Suisse) - Expérience des Nations Unies en matière de médiation politique M. Ahmedou OULD-ABDALLAH, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest (ONU) (15') - Discussion générale 10h30-11h00 11h00-12h30 Pause café Cas pratique : la médiation aux Comores - L'expérience de médiation de l'Organisation internationale de la Francophonie aux Comores Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 37 (20') (20') (20') (30') M. André SALIFOU, Représentant personnel du Chef de l’Etat du Niger au Conseil Permanent de la Francophonie, ancien Envoyé spécial du Secrétaire général de l'OIF aux Comores, ancien Représentant de l'Union Africaine en Côte d'Ivoire (Niger) - L'expérience de médiation de l'Union africaine aux Comores M. Francisco Caetano MADEIRA, Envoyé spécial du Président de la Commission de l’UA aux Comores (Union africaine) - La collaboration entre différentes organisations internationales dans les actions de médiation : Spécificités et complémentarités M. Ntolé KAZADI, Conseiller à la Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l'homme - DDHDP (OIF) - Discussion générale 12h30-14h00 14h00-15h30 (15’) (15’) Déjeuner Cas pratique : la médiation au Togo - L'expérience de médiation de l'Organisation internationale de la Francophonie au Togo (La phase initiale de la médiation) Mme Christine DESOUCHES, Conseiller spécial du Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) - L’expérience de médiation de Sant'Egidio au Togo Père Matteo ZUPPI, Communauté Sant'Egidio - L’expérience de médiation de l’Organisation internationale de la Francophonie (La phase finale de la médiation de l'OIF (15’) M. Norbert RATSIRAHONANA, ancien Président de la République malgache (15’) - Discussion générale (30’) 15h30-16h00 16h00-17h30 (20') Pause café Cas pratique : la médiation en Côte d'Ivoire - L'expérience de médiation de l'Organisation internationale de la Francophonie en Côte d'Ivoire Mme Christine DESOUCHES, Conseiller spécial du Secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) - L'expérience de médiation des Nations Unies en Côte d'Ivoire M. Albert TEVODJERE, ancien Représentant spécial du Secrétaire Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 38 (20') (20’) général des Nations Unies en Côte d’Ivoire et ancien Chef de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire - Différenciation des rôles et avantages comparatifs entre acteurs de différente portée de la médiation M. Julian HOTTINGER, Expert en médiation, Département fédéral des affaires étrangères (Suisse) - Discussion générale (30’) 18h30-22h30 Programme culturel et dîner Visite du Musée International de la Croix-Rouge et du CroissantRouge Dîner au Restaurant Vieux-Bois Samedi 17 février 2007 9h00-9h30 Accueil et enregistrement nouveaux arrivants 9h30-11h00 Cas pratique : la médiation en Haïti (20') (20') (20’) - L'expérience de médiation de l'Organisation internationale de la Francophonie en Haïti M. Ridha BOUABID, Conseiller à la Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l'homme - DDHDP (OIF) - Les processus de médiation en Haïti M. Colin GRANDERSON, Secrétaire général adjoint de la CARICOM, ancien Directeur exécutif de la MICIVIH (Mission internationale civile ONU – OEA en Haïti) - L'expérience de médiation du Canada en Haïti M. Ferry DE KERCKHOVE, Directeur général, Direction générale des Organisations internationales, Ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (Canada) - Discussion générale (30’) 11h00-11h30 Pause café Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 39 11h30-13h00 (15') (15') (15') (15’) (15') (15') Cas pratique : la médiation en République démocratique du Congo et au Burundi - L'expérience de médiation de l'Organisation internationale de la Francophonie en RDC M. El Hacen OULD LEBATT, Ambassadeur de la République Islamique de Mauritanie en Afrique du Sud, ancien Ministre des affaires étrangères de Mauritanie, Ancien Envoyé spécial du Secrétaire général de l'OIF en RDC - L'expérience de médiation des Nations Unies en RDC M. Ibrahima FALL, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les Grands Lacs Prof. Alain SIGG, expert en médiation auprès du Département fédéral des affaires étrangères (Suisse) - Initiatives bilatérales de médiation en Afrique centrale M. Jean PING, Ministre d'Etat, Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération, de la Francophonie et de l'Intégration régionale (Gabon) - Médiations à multiples niveaux et traitement du passé1 Mme Mô BLEEKER, Chargée du programme traitement du passé, Division politique IV (Sécurité humaine), Département fédéral des affaires étrangères (Suisse) - Discussion générale 13h00-14h30 14h30-16h00 (15') (15') (15') Déjeuner Bilan et perspectives : Leçons apprises des cas pratiques et défis pour la médiation de la Francophonie - Médiation et processus de paix : phases clés de l'intervention de la Francophonie M. Pierre BUYOYA, ancien Président du Burundi M. Pierre-André WILTZER, Haut Représentant pour la sécurité et la prévention des conflits, Ancien Ministre Délégué à la Coopération et à la Francophonie (France) - Inventaire et pistes pour le renforcement des instruments (ressources et processus) à disposition des médiateurs de la Francophonie Ambassadeur Jean-Pierre VETTOVAGLIA, Représentant personnel du Président de la Confédération auprès de l'Organisation internationale de la Francophonie (Suisse) 1 Médiations comprises comme englobant "accords de paix /cessez-le-feu", "accords de paix et suivi des accords", "accords de paix et constitution", "accords de paix et traitement du passé et état de droit", "autonomies locales et accès aux ressources", etc. Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 40 (15’) (15’) - Pistes pour une collaboration renforcée avec d'autres acteurs de la médiation internationale M. Luis JIMENEZ-MCINNIS, Spécialiste des questions politiques, Groupe de planification des politiques et de l'appui à la médiation, Département des affaires politiques (ONU) (15') - Discussion générale 16h00-16h30 16h30-17h00 Pause café Synthèse : perspectives et besoins pour la médiation de la Francophonie M. Hugo SADA, Délégué à la Paix, à la Démocratie et aux Droits de l'Homme - DDHDP (OIF) 17h00-17h30 Conclusion et clôture M. Jean-Daniel BIELER, Ambassadeur en mission spéciale pour les questions de sécurité humaine, Division politique IV (Sécurité humaine), Département fédéral des affaires étrangères (Suisse) 18h30-22h30 Programme culturel et dîner Visite guidée de la vieille ville de Genève Dîner traditionnel suisse au Restaurant Les Armures Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 41 Liste des participants Personnalités et intervenants Titre Prénom Nom de famille Fonction Ambassadeur Libère BARARUNYERETSE Représentant permanent Mme BLEEKER Mô Institution (1) Délégation permanente de l'OIF à Genève Chargée de programme, Division politique traitement du passé IV (Sécurité humaine) Ambassadeur en mission Division politique spéciale pour les questions IV (Sécurité de sécurité humaine humaine) Ambassadeur Jean-Daniel BIELER M. Ridha BOUABID Conseiller S.E.M. Pierre BUYOYA Ancien Président du Burundi Directeur général Institution (2), Pays Organisation internationale de la Francophonie Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Délégation à la Organisation paix, à la internationale de la démocratie et aux Francophonie droits de l'Homme Burundi Ambassadeur Ferry DE KERCHOVE Mme DESOUCHES Conseiller spécial chargé des affaires politiques et diplomatiques Ambassadeur Blaise GODET Représentant permanent de la Suisse auprès de l'Office des Nations Unies et des autres organisations internationales à Genève Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Ambassadeur Colin GRANDERSON CARICOM Ambassadeur Thomas GREMINGER Secrétaire général adjoint de la CARICOM; ancien Directeur exécutif de la MICIVIH (Mission internationale civile ONU – OEA en Haïti) Chef de division M. Ibrahima FALL M. Julian HOTTINGER M. Luis JIMENEZ-McINNIS Christine Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour les Grands Lacs Expert en médiation Spécialiste des questions politiques Direction générale Ministère des des Organisations Affaires étrangères internationales et du Commerce international, Canada Cabinet du Organisation Secrétaire général internationale de la Francophonie Division politique IV (Sécurité humaine) Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Nations Unies Division politique IV (Sécurité humaine) Groupe de la planification des politiques et de Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Organisation des Nations Unies Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 42 M. Ntolé KAZADI Conseiller Mme Sophie LACHAT Correspondante nationale auprès de l'OIF S.E.M. Francisco Caetano MADEIRA Prof. Joseph MAÏLA Ancien Ministre; Envoyé spécial du Président de la Commission de l’UA aux Comores Directeur M. Ahmedou OULD ABDALLAH S.E.M. El Hacen OULD LEBATT M. JeanFrançois PAROZ S.E.M. Jean PING S.E.M. Norbert RATSIRAHONANA M. Hugo SADA S.E.M. le Professeur André SALIFOU M. Matthias SIEGFRIED Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest Ambassadeur de la République Islamique de Mauritanie en Afrique du Sud; Ancien Ministre des Affaires étrangères; ancien Envoyé spécial du Secrétaire général de l'OIF en RDC Chef de la Coordination ONU et du Service de la Francophonie Ministre d’Etat, Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération, de la Francophonie Ancien Président de la République malgache; Ancien Premier Ministre; Ancien Président de la Haute Cour constitutionnelle Délégué l’appui à la médiation, Département des affaires politiques Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l'Homme Service de la Francophonie, Division politique III Organisation internationale de la Francophonie Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Union Africaine Centre de Recherches pour la paix Université Catholique de Paris, France Organisation des Nations Unies Mauritanie Division politique III, Service de la Francophonie Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Gabon Madagascar Délégation à la Organisation paix, à la internationale de la démocratie et aux Francophonie droits de l'Homme Ancien Ministre des affaires Niger étrangères; Représentant personnel du Chef de l’Etat auprès du Conseil Permanent de la Francophonie; ancien Envoyé spécial du Secrétaire général de l'OIF aux Comores; ancien Représentant de l'Union Africaine en Côte d'Ivoire Coordinateur de projet Projet de soutien Fondation suisse Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 43 à la médiation M. Alain SIGG Expert en médiation Mme Heidi TAGLIAVINI Dr. Fred TANNER Secrétaire d'Etat adjointe, ancien Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en Géorgie Directeur M. Albert TEVODJERE Ambassadeur Jean-Pierre VETTOVAGLIA Ambassadeur Patrick VILLEMUR Division politique IV (Sécurité humaine) Ancien Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Côte d’Ivoire; Médiateur de la République du Bénin Représentant personnel du Division politique Président de la III, Service de la Confédération auprès de la Francophonie Francophonie S.E.M. Pierre-André WILTZER Haut Représentant pour la sécurité et la prévention des conflits; ancien Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie Père Matteo ZUPPI Médiateur pour la paix swisspeace, Suisse Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Centre de politique de sécurité Genève, Suisse Bénin Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Centre de politique de sécurité Genève, Suisse Ministère des affaires étrangères, France Communauté de Saint'Egidio, Italie Suisse Titre Prénom Nom de famille Fonction Institution (1) Mme Sophie LACHAT Correspondante nationale auprès de l'OIF M. Murezi MICHAEL Mme Carol MOTTET Mme AnneCaroline PISSIS Coordinatrice de projets Programmes & Outreach M. Philippe RUDAZ Stagiaire Projet de soutien Service de la Francophonie, Division politique III Chargé de programme, Division politique médiation IV (Sécurité humaine) Chargée de programme, Division politique aspects francophones de la IV (Sécurité gestion civile des conflits humaine) Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme Institution (2), Pays Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Département fédéral des affaires étrangères, Suisse Centre de politique de sécurité Genève, Suisse Fondation suisse 44 à la médiation M. Matthias SIEGFRIED Coordinateur de projet Projet de soutien à la médiation pour la paix swisspeace, Suisse Fondation suisse pour la paix swisspeace, Suisse Organisation internationale de la Francophonie (OIF) Titre Prénom Nom de famille Fonction M. Antoine BAWA Chef Mme Marie-Cécile BOGUO Chargée d’analyses et des rapports M. Boubacar ISSA ABDOURHAMANE Responsable de projets Mme Sandra COULIBALY LEROY Représentant permanent adjoint M. Georges NAKSEU Responsable de projets M. Andrianaivo Ravelona RAJAONA Responsable de projets Institution (1) Institution (2), Pays Division Instances Organisation internationale de la Francophonie Organisation internationale de la Francophonie Délégation à la Organisation paix, à la internationale de la démocratie et aux Francophonie droits de l'Homme Délégation Organisation permanente de internationale de la l'OIF à Genève Francophonie Délégation à la Organisation paix, à la internationale de la démocratie et aux Francophonie droits de l'Homme Délégation à la Organisation paix, à la internationale de la démocratie et aux Francophonie droits de l'Homme Délégation à la paix, à la démocratie et aux droits de l’Homme 45