Homélie du 1er scrutin 2015

Transcription

Homélie du 1er scrutin 2015
Homélie de Mgr Turini pour le premier scrutin des
Catéchumènes 2015
« Il faut être fou, pour rester assis sur la margelle d’un puits à midi qui est
l’heure la plus chaude de la journée. Essayez et vous verrez : c’est le coup de
soleil et l’insolation garantis.
Jésus n’est pas fou, s’il s’est assis là, malgré sa fatigue, c’est pour attendre
quelqu’un.
Retenez bien cela, il n’est pas venu à Sychar pour prendre un bain de soleil au
bord d’un puits, il est venu attendre la Samaritaine, parce qu’il savait que cette
femme viendrait puiser de l’eau pour les besoins de son quotidien.
Et elle, pourquoi vient-elle à l’heure la plus mauvaise de la journée ? Parce
qu’elle est sûre de ne trouver personne.
En général les femmes de son village viennent le matin tôt ou le soir tard avant
ou après les fortes chaleurs. Mais la Samaritaine a une vie spéciale. Elle n’est
pas une femme respectable, elle a plusieurs maris, et c’est Jésus qui nous
l’apprend dans la suite du récit, de plus le dernier avec qui elle vit n’est pas son
mari. D’ailleurs elle ne le niera pas, même, elle le confirmera puisque,
retournant dans son village, elle affirmera : « Venez voir, j’ai rencontré un
homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ».
Revenons au puits ! Oui elle vient à midi, parce qu’elle est sûre qu’à cette heurelà, elle ne subira pas les agressions verbales, voire physiques des autres femmes
de son village.
Elle pourra donc puiser en toute tranquillité et en toute sécurité !
Mais elle n’imaginait pas qu’à une heure pareille quelqu’un l’attendait pour lui
offrir une autre eau que celle qu’elle était venu puiser.
Qui plus est un étranger, homme et juif à la fois. Nous l’avons entendu : les juifs
n’ont rien à voir avec les Samaritains.
Elle ne savait pas que ce jour-là, à cette heure précise, Jésus un étranger sortirait
de ses frontières pour
 la rencontrer,
 changer totalement sa vie,
 s’offrir à elle comme la source d’eau vive qui étancherait pour toujours la
vraie soif de son cœur et de son âme.
Mes petits frères et sœurs catéchumènes ? Votre parcours personnel ne
ressemble-t-il pas à celui de la femme de Samarie ? Comme elle, vous avez
cherché l’eau qui étancherait votre soif immédiate mais vous n’avez pas trouvé
nécessairement la bonne.
Parfois le puits était tentant, mais en puisant vous avez découvert qu’il était
ensablé, qu’il n’y avait pas l’eau que vous espériez et vous avez pu avoir le
sentiment de mourir de soif !
A d’autres moments, l’eau que vous buviez vous a laissé un goût amer à la
bouche parce qu’elle était frelatée, pas très propre, mais il n’y en avait pas
d’autre et vous avez absorbé les impuretés qu’elle contenait.
Quand vous avez cru avoir enfin trouvé l’eau pure, vous vous êtes très vite
rendu compte qu’il lui manquait ce pétillant, cette force qui rendrait vos
existences, heureuses, fécondes et joyeuses. Vous êtes restés sur votre soif.
Jusque-là comme la Samaritaine, vous partiez seul pour chercher votre eau.
Vous ignoriez que quelqu’un vous attendait sur la margelle du puits, peut-être
aux heures les plus chaudes, c’est-à-dire les plus pénibles, les plus redoutables,
les plus douloureuses de votre vie.
Ces heures-là vous les évoquez dans vos lettres. Je ne les commente pas.
Vous l’avez expérimenté comme moi. L’on passe souvent à côté de l’essentiel
sans le voir. Le sage vous montre la lune, vous, vous regardez son doigt.
Mais il y a un moment dans sa vie où l’essentiel, nous ne pouvons pas le rater
comme la Samaritaine qui rencontre Jésus. Elle ne peut pas le rater. Ce Jésus qui
était jusque-là un étranger pour vous, se fait proche, devient votre ami.
D’un seul coup vos yeux se sont ouverts et il s’est produit en vous ce déclic qui
vous a permis de voir celui que vous n’attendiez pas, que vous n’imaginiez pas,
que vous ne perceviez pas et cependant il était là assis à la margelle de vos puits
d’eaux mortes pour vous abreuver de son eau vive.
En boire c’est ne plus jamais avoir soif, parce c’est en Jésus que vous puisez : à
la source même du salut. Autrefois, Il était un étranger et vous ne le connaissiez
pas, aujourd’hui vous l’avez accueilli et tout a changé.
Il est le puits d’où l’eau vive jaillit pour celles et ceux qui veulent y puiser afin
qu’en eux coule à flot la grâce du Christ qui sauve et féconde nos vies.
Oui, cette eau vive c’est celle de votre baptême vous la puisez dans le Christ. Il
vous attendait chacune et chacun. Il était là pour vous : Il vous a accueilli avec
vos soifs inassouvies, avec vos vies respectables ou pas, sans les juger
contrairement aux autres femmes qui rejetaient la Samaritaine.
Il va répandre sur vous et en vous son eau vive pour vous purifier, vous laver de
toutes souillures pardonner tous vos péchés. Ainsi comme Il le dit à la
Samaritaine « vous deviendrez vous–mêmes source, vous donnerez vous-même
la vie avec Dieu pour toujours ».
C’est-à-dire que vous serez ces témoins missionnaires qui adorent Dieu en
Esprit et Vérité et qui propagent la vie et la joie baptismales reçue du Christ au
jour de votre baptême.
C’est ce qu’a fait la Samaritaine qui laisse son récipient, qui abandonne l’eau de
son puits pour dire à ses voisins : « Venez voir ».
Le témoignage, votre témoignage auprès de tous, mes amis, tient en ces deux
mots : « Venez voir ».
Et le bonheur, la joie du missionnaire c’est de s’entendre dire de la part de celles
et ceux à qui il a témoigné « Maintenant, nous croyons, non seulement à cause
de ce que tu as raconté, mais parce, que nous l’avons entendu nous-même et
nous savons qu’il est le Sauveur du monde ».
C’est dans l’esprit de cet Evangile que vous allez vivre votre premier scrutin. Ce
mot pour nous est habituellement lié à l’ensemble des opérations électorales, à la
modalité des élections, au vote avec le bulletin que l’on dépose dans l’urne.
Mais les élections n’ont pas lieu ce week-end et vous-mêmes chers
catéchumènes vous n’avez pas à être élu, puisque je vous ai appelé
officiellement au baptême le 22 février. On ne va pas tout recommencer !!
Scruter, cela signifie : examiner attentivement, ce que l’on ne voit pas au
premier coup d’œil pour découvrir au fond de nous la présence de Jésus,
resserrez les liens qui nous unissent à Lui et rejeter tout ce qui peut nous séparer
de Lui, tous ces obstacles que le Malin met sur notre route.
Ainsi les scrutins vous invitent à discerner ce qui est ténèbres de ce qui est
lumière en vous.
C’est un combat, c’est pourquoi, je vais vous marquer de l’huile des
catéchumènes, parce que l’huile c’est le signe de la force du Christ donnée à
celles et ceux qui par le baptême veulent unir leur vie à la sienne, faisant de Lui
le Chemin, la Vérité et la Vie.
Mais les scrutins, c’est aussi Dieu qui vous visite, qui vient vous chercher au
plus profond de vous-mêmes, comme Jésus l’a fait pour la Samaritaine, en vous
disant ce soir: « Je suis le Messie, moi qui te parle ».
Avec le secours de la Vierge Marie, nous allons implorer avec vous et pour vous
cette grâce pour qu’aucun barrage ne vienne retenir les fleuves d’eaux vives qui
jaillissent de l’amour éternel du Père, du Fils et de l’Esprit ». AMEN.

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