En attendant le Petit Poucet
Transcription
En attendant le Petit Poucet
Dans le cadre du Momaix, Temps fort de spectacles à voir en famille En attendant le Petit Poucet (dès 6 ans) Compagnie lʼArpenteur, Marseille Texte de Philippe Dorin Mise en scène : Hélène Arnaud Mardi 25 octobre 2011 à 19h Tarif unique : 5€ pour les enfants et leurs accompagnateurs Théâtre Antoine Vitez Saison 2011/2012 À Lʼécole des bizarres 29, avenue Robert Schuman 13 621 Aix-en-Provence Cedex 1 04 42 59 94 37 / www.theatre-vitez.com / [email protected] En attendant le Petit Poucet de Philippe Dorin Compagnie LʼARPENTEUR durée : 50 mn la Petite : Alice Huet le Grand : Carlos Martins et un petit caillou blanc mise en scène : Hélène Arnaud lumières : Léo Grosperrin musiques : Éric Vinagre création graphique : Sébastien Sarrazin costumes, accessoires et régie plateau : Claire Simonian / association Terre dʼUnion Cette création reçoit le soutien de la VILLE DE MARSEILLE (aide à la création) et du CONSEIL GÉNÉRAL DES BOUCHES DU RHÔNE dans le cadre du dispositif Saison 13. La Cie LʼARPENTEUR est également soutenue par Archipel Nouvelle Vague (accompagnement à lʼadministration culturelle). Ce spectacle a été créé du 29 au 31 octobre 2010 au Daki Ling, Le Jardin des Muses à Marseille. Les photographies de ce dossier ont été réalisées par Mathieu Bonfils. inventons le monde Il sʼappelle Le Grand, il est seul. Elle sʼappelle La Petite, elle est seule aussi. Ils viennent dʼun pays où cʼétait que des morts partout. Et voilà quʼen semant des cailloux, ils se rencontrent. Alors ils deviennent frère et soeur. Dans lʼespace vide du théâtre pareil à celui dʼune page blanche, le Grand et la Petite accompagnés dʼun petit caillou blanc décident de partir à la recherche dʼun petit coin vu en rêve. Et ensemble, ils sʼinventent des histoires… Et lʼhistoire sʼécrit. Ils croisent des grenouilles, ramassent des étoiles, sont chassés dʼune ville, font revenir leur mère, et se retrouvent devant la maison dʼun écrivain qui cherche... désespérément une histoire ! Sous nos yeux, ils réinventent le monde, au gré de leur imagination et de leur fantaisie et sʼinterrogent … ... comment donner un sens à leur histoire ? on dirait que... Le jeu et lʼécriture sont au centre de cette création. Avec quelques cailloux, un morceau de bois, une craie et des boulettes de papier, les comédiens écrivent lʼhistoire sous nos yeux, construisant et déconstruisant lʼarchitecture de la scène. Ici, le théâtre est apparition et disparition, sʼinventant sans cesse comme un jeu dʼenfant. Il suffit de nommer pour que la chose advienne. Ce qui est dit existe. Et ça marche. Pour que le miracle opère, il ne faut pas être encombré par des formules savantes. Pas dʼexercice de style, juste la logique poétique qui échappe à toute autre logique. Et les mots se succèdent et avec eux naissent des situations, des couleurs et des sons, des idées claires et des pensées sombres… La limpidité des phrases ne fait que rendre plus flagrante la profondeur du propos. Le théâtre devient ainsi un espace dʼapparition sans aucun trucage ni effets spéciaux. Avec ce nouveau spectacle, la Cie LʼARPENTEUR sʼamuse à travers la recherche dʼun langage plastique et poétique à questionner la théâtralité, tentant toujours dʼouvrir des possibles et inventer les réels. ce qui est dit, existe Chez Dorin, chaque mot devient une histoire. En très peu de mots, une situation se crée et se défait. Le Grand et la Petite sont dans lʼinstant où les choses sont dites, passant dʼune chose profonde et grave à une chose légère. Les situations nʼexistent que le temps des mots qui sans arrêt, les défont. Philippe Dorin nous invite à entrer dans un univers rempli dʼhumour, de poésie et dʼétrangeté, qui dit lʼenfance et son imaginaire, où réel et irréel ne font quʼun, au plus près du partage des enfances sincères. Il invente une écriture qui se nourrit dʼun vrai sens du jeu. Une écriture dépouillée où le silence résonne. Une écriture empreinte de rêve et de fantaisie où les mots sonnent et dissonent et font bondir les pensées. Et cette écriture est éminemment théâtrale parce quʼelle se vit au présent, dans la pensée de la réplique. Parce que le Grand et la Petite se disent frère et soeur, ils le sont. Et parce quʼils jouent, ils sont. Cʼest la magie des mots. Lʼhistoire sʼécrit sous nos yeux. il était une fois Les contes sont pour moi un modèle, car il sont arrivés à un tel état dʼépure, de limpidité, de simplicité, que tout le monde peut les entendre. Philippe Dorin aime raconter avec des mots simples, comme dans les contes. Le Grand et la Petite, comme le Petit Poucet de Perrault ou Hansel et Gretel ou encore Jeannot et Margot des Frères Grimm, sont perdus. Ils viennent dʼun monde où les oiseaux tombent comme des pierres, et errent sur un chemin à la recherche dʼun sens à donner à leur histoire. . le monde point à la ligne Philippe Dorin ne nous donne aucun repère spatial précis. Lʼespace est un déplacement. Le Grand et la Petite entrent et sortent de la page blanche de lʼauteur, au fil de sa plume. Ils apparaissent et disparaissent de la scène, comme on irait à la ligne. Lʼespace est le mouvement même des personnages et du petit chariot qui, entre chaque tableau nous rappelle le temps qui passe. Ce mouvement devient alors celui dʼune vie ou du monde. Lʼécriture joue de leitmotivs dont le(s) sens se révèle(nt) dans la répétition, comme un réseau dʼéchos. Philippe Dorin joue avec les mots, les registres de langues, les sons, les silences mais également avec la lumière et les coulisses nous renvoyant à lʼespace du théâtre et la théâtralité. Son écriture montre ses mécanismes. Une chose peut exister parce quʼun personnage la nomme, la touche ou la pense car nous sommes au théâtre. Lʼespace est celui du théâtre même. Avec ses limites mais aussi ses possibles. Et les personnages eux mêmes nʼoublient jamais quʼils sont des acteurs et que ce sont les mots qui les tiennent debout. Le Grand et la Petite peuvent ainsi rejouer une même scène et tour à tour jouer le rôle de la Mère absente, ou créer des métaphores avec leurs craies ou encore recomposer une famille en nommant simplement ses différents membres disparus. Dans cet espace vide, des objets apparaissent. Certains peuvent se substituer aux mots et sont alors les éléments déclencheurs dʼun nouveau jeu : une craie, une boulette de papier, un morceau de pain... Dʼautres, comme le petit caillou blanc, deviennent des personnages à part entière. Car comme dans le conte, lʼétrange et le merveilleux sont conviés. en attendant... Philippe Dorin ne nous donne également aucun repère temporel précis. Comme dans le conte, En attendant le Petit Poucet se situe dans un temps indéterminé. Il nʼy a pas de narration linéaire, dʼhistoire ou dʼaction à proprement parler. Cela commence par une rencontre dʼoù naîssent des situations, des jeux, des couleurs et des sons, des idées claires et des pensées sombres… qui, par petites touches dessinent les contours de notre humanité. ` 1 idée -1 mot + 1 silence 1 histoire + Philippe Dorin privilégie un théâtre de situation dans lequel les personnages meublent le temps. Et le temps lui-même devient un prétexte à jouer. Le Grand et la Petite font la pluie et le beau temps, tirant le temps au sort comme on tire à la courte-paille ou comme on effeuille une marguerite. Le titre même de la pièce nʼest dʼailleurs pas sans nous rappeler celui de Samuel Beckett : En attendant Godot. Comme Didi et Gogo envisagent la pendaison pour passer le temps, le Grand et la Petite jouent à être morts... en attendant de trouver un autre jeu qui leur fera moins mal aux bras. quand il nʼy a plus dʼR dans les mots Derrière les jeux que le Grand et la Petite inventent, apparaissent des interrogations révélant leurs peurs, la nuit, lʼabandon, la disparition... autant de questions qui rappellent lʼatmosphère un peu inquiétante des contes de notre enfance. Nous oublions trop souvent que la mort est un sujet qui préoccupe les enfants, un sujet quʼils disputent entre eux. La mort fait partie de leurs jeux. Ils jouent avec, et se jouent dʼelle. Philippe Dorin pose devant nous ces questions. Il nous montre en quelques mots empreints de poésie et dʼhumour, ces choses invisibles comme le temps qui passe, ces pensées qui nous traversent. Et le Grand et la Petite, ont "cette façon très triviale quʼont les enfants de dire tout haut et trop fort des choses quʼon ne doit pas dire, en tout cas pas comme ça ou pas à ce moment là, et qui mettent dans lʼembarras, qui laissent sans voix." Être dans le seul instant où les choses sont dites permet de toucher aux sujets essentiels, la vie, lʼamour, la mort, en plein coeur, sans complaisance et sans ménagement. Parce que dire juste, cʼest juste le dire. Et cʼest sans doute ce qui rend le mieux cette idée dʼenfance sur scène. Embarqué dans un périple plein de fantaisie mais aussi de questionnements où jeux de mots et poésie se mêlent pour offrir une fable abordant les thèmes de lʼabandon, la guerre, la mort, le jeune spectateur est posé dans un monde qui comporte sa part dʼangoisse, un monde qui le questionne, le concerne et lʼenglobe, mais également un monde qui libère les forces invisibles de lʼimaginaire. Car si Philippe Dorin nʼa ni réponse à donner ni vérité à poser, il ouvre un nouvel espace. Et cet espace est laissé au jeune spectateur pour imaginer sa propre histoire, faire son propre chemin à travers la forêt de mots. il faut tourner la page Lʼécriture met en scène lʼerrance de ces enfants partis à la recherche de ce petit coin vu en rêve. Chaque scène est une traversée. Chaque scène se compose dʼune apparition et dʼune disparition.... dʼune entrée et dʼune sortie. Une scène sans cesse recommencée. Un tour du monde en quelques mots. En quelques pages. Lʼécriture met en scène lʼécriture elle-même. Philippe Dorin, ou lʼimage de lʼauteur, sʼinsinue dans le texte. Il questionne sa place dʼauteur et son rapport à ses personnages. Dans le dernier tableau, au seuil de la maison -qui nous rappele étrangement celle de lʼogresse dans Hansel et Gretel-, on apprend quʼun homme est là et attend... cela fait des mois quʼil tourne en rond, cherchant désespérément une histoire ! Et lorsque le Grand et la Petite entrent dans cette maison qui sʼest transformée en une page blanche, ils disparaissent. Lʼauteur aurait-il fini par manger ses personnages !? ... Quelque soit la réponse, -sʼil y en a une, Philippe Dorin met en abyme lʼécriture elle-même. Lʼauteur devient lui-même un personnage en train dʼécrire, de chercher un sens et une fin à son histoire et ses personnages. Il nʼest alors pas étonnant de voir la Petite revenir sur scène, la dernière page pourtant tournée, pour dire un dernier poème au public. Comme le Grand et la Petite sèment des cailloux et finissent par suivre le petit caillou blanc jusquʼà trouver une maison, Philippe Dorin posent les mots les uns derrière les autres. Et ce sont les mots qui le guident et construisent le sens au fur et à mesure. Extrait interview recueillie par Olivier Bailly pour lʼEcole des lettres des collèges Écrire cʼest fait pour créer le silence. Le théâtre cʼest fait pour créer du vide. intentions Le jeu et lʼécriture sont au centre de cette création. Avec des cailloux, un morceau de bois, une craie et des boulettes de papier, les comédiens écrivent lʼhistoire sous nos yeux, construisant et déconstruisant lʼarchitecture de la scène. Ici, le théâtre est apparition et disparition, sʼinventant sans cesse comme un jeu dʼenfant. Ce spectacle sʼécrit en cinq tableaux ponctués de cinq intermèdes. espace Les comédiens traversent lʼespace scénique entièrement dépouillé de jardin à cour. Ce mouvement écrit le sens du texte et lʼespace. Et devient un jeu métonymique pour créer, comme dirait Derrida, une archi-écriture, une lecture incluant lʼécriture. Le mouvement du monde comme jeu. Une écriture en marche. Ils sèment les mots comme ils sèment des cailloux. Lʼhistoire se déroule sous les yeux du spectateur comme on lit un texte. Les comédiens apparaissent et disparaissent, comme on va à la ligne. Et la répétition des entrées et les sorties finit par accentuer cette impression du temps qui passe. Nous tournons en rond. mise en scène et jeu La mise en scène est née du jeu même des acteurs. Si nous avions tout dʼabord supposé que ce texte offrirait aux acteurs une grande liberté dʼinterprétation, notre travail a finalement été celui dʼeffacer. De soustraire. Pour trouver lʼessentiel. Pour être au plus près de lʼécriture de Philippe Dorin. Et toute la difficulté se trouvait là, dans cette recherche dʼauthenticité, dans notre rapport aux mots et à cette prise de parole. Car si les personnages sont des enfants, il ne sʼagit nullement de les singer ou les représenter, mais bien de chercher dʼoù part leur parole. Et cʼest dans la notion même du jeu que nous avons pu en mesurer la justesse, révélant par la même occasion toute la force poétique de ce texte. Les répliques doivent surgir. Brutes. Chaque scène devient alors un instantané de vie. Etre dans la pensée de la réplique est sans doute ce qui rend le mieux cette idée dʼenfance sur scène. Une mise en scène épurée sʼimposait. Pas de représentation réaliste de lʼespace, seulement une délimitation de lʼespace. Celui du théâtre lui-même. Seuls les mots délimitent lʼespace. Inutile donc de surcharger le texte dʼimages ou dʼintentions. Inutile également dʼen cacher les ficelles. Bien au contraire, il sʼagit dʼen montrer les mécanismes, et de jouer avec la théâtralité. sacrés silences Le découpage en séquences de la pièce fait penser aux mesures dʼune partition musicale. Nous avons alors travaillé les mots comme sʼils étaient des notes de musique et leur absence comme des silences, soupirs et suspensions. Il est donc devenu essentiel de comprendre le silence dans la partition physique et musicale des comédiens. De trouver le temps juste à ces silences. Pour laisser aux pensées la place de rebondir. Car des silences surgit le sens. traitement des didascalies Les didascalies de lʼauteur sont traitées sous forme de jeux typographiques. Elles retracent le parcours dʼun petit chariot et sont projetées sur lʼécran entre chaque tableau. Le travail graphique a consisté à jouer avec les mots Le petit chariot, avec le signifié et le signifiant. Les mots passent et repassent sur lʼécran comme ils traverseraient une page blanche. Ces intermèdes ludiques sont des respirations dans le texte. Le temps de reprendre son souffle avant de poursuivre le chemin avec nos personnages, le temps de laisser rebondir les répliques de la scène qui vient de se dérouler sous nos yeux. traitement de la musique En tant quʼélément extérieur, la musique ne pouvait pas intervenir dans le corps du texte qui occupe et préoccupe tout lʼespace. Des sons accompagnent néanmoins les différentes traversées du Petit Chariot, entre chaque tableau, lui donnant alors une dimension surréelle, fantasmagorique. Soulignons que la chanson que la Petite et le Grand chantent sous les étoiles est un ajout au texte. Cette chanson est un réarrangement de João e Maria de Chiquo Buarque, une comptine populaire portugaise et dont le titre nous a étrangement rappelé Jeannot et Margot des Frères Grimm. Les paroles réécrites sont une parabole sur lʼenfance et sa disparition. traitement de la lumière La lumière comme lʼunivers sonore ne peut survenir que par les mots. Ce sont donc les mots qui la font apparaître ou disparaitre. Seuls les mots... ou les cailloux... Cʼest en semant des cailloux que le chemin apparait au début du spectacle. Et cʼest parce que le Petit Caillou blanc indique un nouveau chemin à la Petite que lʼespace sʼouvre et que la lumière change... biographie en 3 mots (ou presque) Philippe Dorin écrit des pièces de théâtre pour les enfants depuis 25 ans mais aussi des contes, des romans pour la jeunesse ainsi que des textes radiophoniques mis en ondes sur Radio France. Il écrit également des histoires qui ne tiennent pas dans les livres, à partir de boulettes de papier et de petits cailloux blancs. Philippe Dorin élabore une oeuvre poétique où la matière (le papier, la pierre, le sel, le sable, lʼencre bleue) tient une place importante, et où les silences de lʼécriture laissent toute la place aux vagabondages de lʼimaginaire du lecteur. Figure majeure de lʼécriture jeune public, Philippe Dorin sʼest vu récompensé par le Molière 2008 du théâtre jeune public pour sa pièce Lʼhiver quatre chiens mordent mes pieds et mes mains mis en scène par Sylviane Fortuny (Cie Pour Ainsi dire) Ses pièces sont publiées à LʼÉcole des Loisirs, chez Les Solitaires Intempestifs et aux Éditions La Fontaine. bibliographie Abeilles, habillez-moi de vous, LʼÉcole des loisirs, 2010 LʼHiver, quatre chiens mordent mes pieds et mes mains, LʼÉcole des loisirs, 2008 Les Enchaînés , LʼÉcole des loisirs, 2007 Le Monde, point à la ligne, LʼÉcole des loisirs, 2007 Bouge plus ! suivi de Christ sans hache, Les Solitaires intempestifs, 2006 Ils se marièrent et eurent beaucoup, LʼÉcole des loisirs, 2005 Dans ma maison de papier, jʼai des poèmes sur le feu, LʼÉcole des loisirs, 2002 Un oeil jeté par la fenêtre, LʼÉcole des loisirs, 2001 En attendant le Petit Poucet , LʼÉcole des loisirs, 2001 Sacré Silence, LʼÉcole des loisirs, 1997 Villa Esseling monde, La Fontaine, 1989 un écrivain jardinier L'archéologie poétique et les jardins d'écriture En 1994, Philippe Dorin rencontre Sylviane Fortuny, comédienne et marionnettiste. Ensemble, ils inventent leurs premiers travaux mêlant écriture et arts plastiques, sous forme dʼateliers dʼarchéologie poétique. Boulettes de papier, encre bleue et petits cailloux blancs sont leurs instruments pour constituer des poubelles dʼécrivain, des jardins dʼécriture, des cartes du ciel. En 1997, Philippe Dorin et Sylviane Fortuny créent la compagnie Pour Ainsi Dire et leur premier spectacle : Le Monde, point à la ligne. Ensemble, de nombreux spectacles verront le jour : En attendant le Petit Poucet, puis Dans ma maison de papier, jʼai des poèmes sur le feu, Ils se marièrent et eurent beaucoup (…) Le dramaturge qui ne savait pas travailler avec les enfants, de son propre aveu, multiplie les rencontres-ateliers avec des écoliers. Philippe Dorin réalise des livres objets, de pierre et de sable, compose une grande fresque à lʼécriture-caillou, à partir de galets blancs considérés comme des boulettes de papier fossilisées, imagine des livres fossilisés qu'une tempête aurait mis à jour... Une écriture à portée de main C'est ainsi qu'ils ont imaginé "une poubelle dʼécrivain" dans laquelle, tel un archéologue, lʼenfant pouvait puiser pour faire émerger des bribes dʼhistoires du passé, ont inventé un "jardin dʼécriture", ont semé des boulettes de papier ensuite déterrées, repiquées dans des pots et arrosées dʼencre bleue. La langue venait ainsi se nourrir de la matière du monde : des feuilles de papier, un peu dʼencre, une poignée de cailloux (...) Nʼimporte quel gamin sait quʼun caillou recèle des aventures fabuleuses, il a roulé dans des eaux énigmatiques, voyagé dans dʼinnombrables poches (...) Les enfants ont besoin de cet ancrage concret pour ensuite pouvoir laisser voguer au loin leur imagination. (…) Pour Philippe Dorin “toutes les histoires du monde sont dans la matière”. Cʼest à-dire à portée de main. Revue semestrielle du Théâtre Massalia, extraits extrait I extrait II LE GRAND Comment tu t’appelles ? LA PETITE Pierre. LE GRAND T’es un garçon ? LA PETITE Non, une fille. LE GRAND Ce sont les garçons qui s’appellent Pierre. LA PETITE Non ! Pour un garçon, on dit caillou. LA PETITE Été, automne, hiver, printemps, été, automne, hiver, printemps, été, automne, hiver... LE GRAND Stop ! Il s’arrête de se boucher les oreilles. LE GRAND Alors ? LA PETITE Hiver ! LE GRAND Encore ? LA PETITE Pas de chance. LE GRAND Quel sale temps ! On n’en finira jamais ! LA PETITE Peutêtre la prochaine fois ! LE GRAND Tu triches ! Je suis sûr que tu triches. Ils disparaissent. LA PETITE Non, je triche pas. LE GRAND Menteuse ! LA PETITE Juré ! LE GRAND Allez, viens ! Ils disparaissent. extrait III La Petite sort le foulard du sac plastique. Elle le met autour de la tête. Elle sort le tablier. Elle l’enfile. Elle sort le sac à main. Elle range le sac plastique dans le sac à main. LE GRAND Maman ! LA PETITE Tu m’as reconnue ? LE GRAND Oh oui ! Mais, t’es pas morte ? LA PETITE Bien sûr que si ! LE GRAND Alors, qu’est ce que tu fais là ? LA PETITE Je suis venue vous faire une petite visite, à toi et à la Petite. Ca te fait plaisir ? LE GRAND Oh oui, maman. LA PETITE Ca va, La Petite ? LE GRAND Oh oui, maman. LA PETITE C’est vrai que tu voulais l’abandonner ? LE GRAND Oh non, maman. LA PETITE Tu sais qu’il ne faut pas la perdre. LE GRAND Bien sûr, maman. LA PETITE Elle n’a que toi au monde, tu comprends ? LE GRAND Oh oui, maman. Maman ! LA PETITE Au revoir, mon chéri. La Petite ressort le sac plastique. Elle range le foulard, le tablier et le sac à main. Le Grand est pétrifié. LA PETITE Ben alors, tu m’as jamais vue ? LE GRAND ... LA PETITE En route ! Ils disparaissent. extraits de presse autour de la création Barbe-Bleue, espoir des femmes de Dea Loher (création 2008) VENTILO, Johanne Ranson FÉVRIER 2008 Lʼhomme qui aimait les femmes [...] Henri Barbe-Bleue est ici un vendeur de chaussures pour femmes... Jambes omniprésentes, que nous voyons danser, se chausser, se déchausser et traverser les fantasmes dʼun homme condamné à tuer perpétuellement la même femme dont seuls les prénoms et les chaussures changent. Les lieux, les situations, les femmes se confondent et se répondent jusquà transporter le spectateur dans lʼatmosphère légère dʼun rêve. Servie par son texte souvent très drôle, la justesse de ses acteurs et une mise en scène sobre et poétique, Barbe-Bleue, espoir des femmes nous plonge dans un trouble enchanteur. LA MARSEILLAISE, Denis Bonneville -FÉVRIER 2009 Barbe -Bleue et ses amours démesurées, par trois comédiens au charme bouleversant Lʼadaptation quʼHélène Arnaud, sʼappuyant sur les dessins projetés de Patrick Vallot, mêle subtilement les ambiguïtés de ce Don Juan malgré lui, qui rappelle parfois lʼAntoine Doinel de Truffaut. Avec finesse, elle déroule sans trop les démêler ces attractions létales, ces aliénations amoureuses, plongeant le spectateur dans «une veille onirique», qui repose sur le décalage entre les crayonnés qui plantent les décors et le jeu des comédiens, charnels et précis. Farouchement fantasmatique. (...) A lʼinstar du dispositif de projections prégnant mais jamais pesant, quelques touches chorégraphiques viennent apporter du corps aux mots, dans la sensualité dʼun tango ou lʼalanguissement dʼune robe courte sur des talons aiguilles (...) Ce Barbe-Bleue constitue une réussite totale. Et lʼon se prend à rêver de voir ces visions sensibles et ces acteurs renversants transportés sur un plateau plus vaste... Hélène Arnaud, metteur en scène Elle commence par lʼapprentissage de la musique, puis la danse et le théâtre au Conservatoire National de Toulon avant de poursuivre une maîtrise de Lettres portant sur le théâtre contemporain et les comédies du XVIIème siècle à lʼUniversité de Provence. En 1994, elle entre au Conservatoire National de Région (Marseille) sous la direction de JeanPierre Raffaelli. Suivront diverses formations de théâtre, danse (Georges Appaix, Sylvie Kuniecow), techniques vocales, des stages de lumière et dʼassistanat à la mise en scène. Elle accompagnera différentes compagnies régionales puis travaillera au Centre International de Poésie Marseille, avant de rejoindre lʼéquipe du Théâtre de la Minoterie où elle sera chargée de la communication et des relations scolaires pendant neuf saisons. Cʼest là quʼelle y rencontrera Diana Barzeva, une jeune comédienne bulgare. Cette rencontre lʼamènera à co-écrire une adaptation et à mettre en scène LʼEnfer cʼest moi, une oeuvre inédite de Stéphane Tsanev et à la présenter au théâtre de la Minoterie en 2005. De cette aventure est née la volonté de créer un espace de travail, la compagnie LʼARPENTEUR. Au sein de cette compagnie, Hélène Arnaud a mis en scène Mon Père est un loup, pièce pour danseuse seule (2006), Barbe-Bleue, espoir des femmes de Dea Loher (2008) et En attendant le Petit Poucet de Philippe Dorin (2010) Aujourdʼhui, si Hélène Arnaud se consacre à la mise en scène et à lʼécriture : une adaptation pour la scène du roman Le Théorème dʼAlmodovar dʼA. Casas Ros, éd. NRF Gallimard est en cours dʼécriture, elle travaille néanmoins régulièrement auprès de différentes compagnies régionales (Le Théâtre du Centaure, Nuits Blanches en Cie, Trafic dʼArt...) pour lesquelles elle rédige leurs textes de communication. Elle dispense également des cours de théâtre en milieu scolaire et en direction de groupes amateurs enfants, adolescents et adultes. En 2011, elle co-écrit lʼadaptation Le Verfügbar aux Enfers de Germaine Tillion mis en scène par Danielle Stéfan et joué au Théâtre Le Gyptis, Le Comoedia à Aubagne et le Théâtre Vitez à Aix en Pce. Alice Huet, comédienne Diplomée dʼune licence en histoire, elle entre en 2004 au Conservatoire de Marseille sous la direction de J-P Raffaelli et P. Anthony. Elle a joué dans Douze soeurs slovaques de S. Chiambretto mis en scène par Hubert Colas à la Maison de théâre La Cité, Personne nʼira te rejoindre de D. Cayla mis en scène par Lucy Allard au festival Off dʼAvignon (2006), dans Tic Tac Alice au Théâtre Massalia mis en scène par Carlos Martin (2007). Elle a travaillé également avec le Théâtre de la Mer : Viens à nous et parle, nous tʻécoutons (2007), Médée Vertiges (2008), Tremblements - mes : C. Martins, à la Minoterie-Théâtre de la Joliette (2008) Le Bourgeois Gentilhomme -mes : J-P Raffaelli (2008), Le Pays de Rien de N. Papin - mes : M. Aicart et dans Barbe-Bleue, espoir des femmes de D. Loher -mes : H. Arnaud / Cie LʼARPENTEUR (2009). En 2010, elle développe sa pratique avec une formation de musique Vocale pour la Scène et un stage de jeu Clownesque. Elle intervient également dans les centres sociaux, les foyers ruraux et les écoles de la région, à lʼHôpital de Jour St Marguerite, dans le Centre de Formation Professionnel pour Animateurs. Carlos Martins, comédien Il entre en 2004 au Conservatoire de Marseille sous la direction de J-P Raffaelli et P. Anthony, après avoir suivi des cours à lʼEcole Florent (Paris) et auprès de C. Ruiz (Marseille). Il nʼattend pas la fin de sa formation pour se lancer dans des aventures théâtrales : il travaille avec le Théâtre de la Mer, joue dans La Gitation de J-Y Picq, mes : C. Ruiz au Théâtre Mazenod (Marseille) ; dans Froid de L. Noren, mes : R-M Leblanc -Didascalies and Co créé en 2006 au Théâtre des Halles (Avignon) et au TNM La Criée (Marseille) ; dans Manhattan Medea de D. Loher, mes : Y. Erafass. En 2008, il joue dans Le Bourgeois Gentilhomme de Molière produit par le TRAC et dans Luxe n°1 : investir de et mis en scène par G. Coppini, joué à Montevideo. Il a également travaillé avec le Théâtre de la Mer dans Albatros de F. Melquiot, Crieurs publics -mes : A. Akian, avec Tandaim & Compagnie,avec la Cie Parnas dans Retour au désert de et la Cie LʼARPENTEUR. Il a mis en scène une adaptation dʼAlice au pays des merveilles de L. Caroll : Tic Tac Alice joué au Théâtre Massalia en 2007 et Tremblements créé dans divers lieux de proximité et au Théâtre de la Minoterie. Léo Grosperrin, lumières Après des études en Sciences et Technologies Tertiaires, il suit des études en Arts du Spectacle à lʼUniversité dʼAix en Provence pendant lesquelles il se forme également pendant deux ans au Théâtre Antoine Vitez. Depuis, Léo Grosperrin travaille régulièrement au Merlan, Scène Nationale de Marseille, au Théâtre Le Gymnase, Théâtre Le Jeu de Paume, Théâtre Le Pavillon Noir, La Minoterie-Théâtre de la Joliette, le Théâtre Vitez et pour le Festival dʼAix en Provence. Dernièrement, il a créé les lumières pour le spectacle Rinaldo Piégé, adaptation de lʼopéra de Haendel mis en scène par Thomas Tiesohn-Cie Cosa Sento. Eric Vinagre, composition musicale et sonore Violoniste interprète de formation, Eric Vinagre aime toucher à tous les instruments. Il se consacre aujourdʼhui à la composition. Eric Vinagre a été soliste dans différentes formations musicales telles que Adjabel (musique moderne/afro-haïtienne), Sonza (musique cubaine), Mary Loo (musique Country Jazz), le Big Band de cordes dirigé par P. Blanchard (jazz), et lʼEnsemble Polyphonique dʼIle de France dirigé par M. Patard (orchestre symphonique)… Formé aux techniques du son et à lʼinformatique musicale, il est également régisseur son et créateur vidéo. Il travaille dans divers lieux : le Théâtre des Bernardines, le Toursky, la Friche Belle de mai, la Minoterie, Montevideo à Marseille... Il a réalisé la vidéo pour différentes créations (spectacle mis en scène par E. Jacobie, présenté à Montevideo, Le Boucher dʼA. Reyes -mes : A. Tobelaim…) Eric Vinagre a composé les musiques et lʼunivers sonore de Barbe-Bleue, espoir des femmes - création 2008 Cie L'ARPENTEUR. Sébastien Sarrazin, création graphique Après un deug dʼArts Plastiques à lʼUniversité dʼAix-Marseille, il prépare une Maîtrise en Sciences et Technologies Métiers de lʼImage et du Son. Infographiste-maquettiste, webmaster, concepteur et réalisateur de projets multimédias, Sébastien Sarrazin a depuis multiplié ses activités professionnelles tant dans le secteur privé quʼ au sein du Centre Régional de Documentation Pédagogique (CRDP, Marseille) de 2002 à 2007 et au sein de lʼIncubateur Multimédia Belle De Mai (Marseille) en 2000 et 2001 : conception et réalisation dʼun magazine en ligne, réalisation et maintenance de site, prise sonore et montage dʼinterviews, prises de vues, conception et réalisation de charte graphique et déclinaison sur divers supports, réalisation de livres pédagogiques au sein dʼune collection, conceptions graphiques ... Il a par ailleurs participé à lʼorganisation de formations destinées à lʼinitiation aux principaux logiciels de formation et assistance des porteurs de projets aux technologies multimédias. Claire Simonian et lʼassociation TERRE DʼUNION, création costumes et accessoires TERRE DʼUNION développe ses activités autour dʼune part la création dʼateliers culturels éducatifs et dʼautre part lʼorganisation et la promotion dʼéchanges culturels solidaires entre pays. TERRE DʼUNION a également la volonté de sʼinscrire dans la création et le spectacle vivant en sʼassociant avec des compagnies locales. Cʼest ainsi que TERRE DʼUNION est devenue au fil des créations de la Cie LʼARPENTEUR un partenaire priviligié. Claire Simonian a ainsi réalisé les costumes et accessoires des créations Barbe-Bleue, espoir des femmes en 2008 et En attendant le Petit Poucet en 2010. En attendant le Petit Poucet de Philippe Dorin Compagnie LʼARPENTEUR durée : 50 mn la Petite : Alice Huet le Grand : Carlos Martins et un petit caillou blanc mise en scène : Hélène Arnaud lumières : Léo Grosperrin musiques : Éric Vinagre création graphique : Sébastien Sarrazin costumes, accessoires et régie plateau : Claire Simonian / association Terre dʼUnion Cette création reçoit le soutien de la VILLE DE MARSEILLE (aide à la création) et du CONSEIL GÉNÉRAL DES BOUCHES DU RHÔNE dans le cadre du dispositif Saison 13. La Cie LʼARPENTEUR est également soutenue par Archipel Nouvelle Vague (accompagnement à lʼadministration culturelle). Ce spectacle a été créé du 29 au 31 octobre 2010 au Daki Ling, Le Jardin des Muses à Marseille. Les photographies de ce dossier ont été réalisées par Mathieu Bonfils. inventons le monde Il sʼappelle Le Grand, il est seul. Elle sʼappelle La Petite, elle est seule aussi. Ils viennent dʼun pays où cʼétait que des morts partout. Et voilà quʼen semant des cailloux, ils se rencontrent. Alors ils deviennent frère et soeur. Dans lʼespace vide du théâtre pareil à celui dʼune page blanche, le Grand et la Petite accompagnés dʼun petit caillou blanc décident de partir à la recherche dʼun petit coin vu en rêve. Et ensemble, ils sʼinventent des histoires… Et lʼhistoire sʼécrit. Ils croisent des grenouilles, ramassent des étoiles, sont chassés dʼune ville, font revenir leur mère, et se retrouvent devant la maison dʼun écrivain qui cherche... désespérément une histoire ! Sous nos yeux, ils réinventent le monde, au gré de leur imagination et de leur fantaisie et sʼinterrogent … ... comment donner un sens à leur histoire ? on dirait que... Le jeu et lʼécriture sont au centre de cette création. Avec quelques cailloux, un morceau de bois, une craie et des boulettes de papier, les comédiens écrivent lʼhistoire sous nos yeux, construisant et déconstruisant lʼarchitecture de la scène. Ici, le théâtre est apparition et disparition, sʼinventant sans cesse comme un jeu dʼenfant. Il suffit de nommer pour que la chose advienne. Ce qui est dit existe. Et ça marche. Pour que le miracle opère, il ne faut pas être encombré par des formules savantes. Pas dʼexercice de style, juste la logique poétique qui échappe à toute autre logique. Et les mots se succèdent et avec eux naissent des situations, des couleurs et des sons, des idées claires et des pensées sombres… La limpidité des phrases ne fait que rendre plus flagrante la profondeur du propos. Le théâtre devient ainsi un espace dʼapparition sans aucun trucage ni effets spéciaux. Avec ce nouveau spectacle, la Cie LʼARPENTEUR sʼamuse à travers la recherche dʼun langage plastique et poétique à questionner la théâtralité, tentant toujours dʼouvrir des possibles et inventer les réels. ce qui est dit, existe Chez Dorin, chaque mot devient une histoire. En très peu de mots, une situation se crée et se défait. Le Grand et la Petite sont dans lʼinstant où les choses sont dites, passant dʼune chose profonde et grave à une chose légère. Les situations nʼexistent que le temps des mots qui sans arrêt, les défont. Philippe Dorin nous invite à entrer dans un univers rempli dʼhumour, de poésie et dʼétrangeté, qui dit lʼenfance et son imaginaire, où réel et irréel ne font quʼun, au plus près du partage des enfances sincères. Il invente une écriture qui se nourrit dʼun vrai sens du jeu. Une écriture dépouillée où le silence résonne. Une écriture empreinte de rêve et de fantaisie où les mots sonnent et dissonent et font bondir les pensées. Et cette écriture est éminemment théâtrale parce quʼelle se vit au présent, dans la pensée de la réplique. Parce que le Grand et la Petite se disent frère et soeur, ils le sont. Et parce quʼils jouent, ils sont. Cʼest la magie des mots. Lʼhistoire sʼécrit sous nos yeux. il était une fois Les contes sont pour moi un modèle, car il sont arrivés à un tel état dʼépure, de limpidité, de simplicité, que tout le monde peut les entendre. Philippe Dorin aime raconter avec des mots simples, comme dans les contes. Le Grand et la Petite, comme le Petit Poucet de Perrault ou Hansel et Gretel ou encore Jeannot et Margot des Frères Grimm, sont perdus. Ils viennent dʼun monde où les oiseaux tombent comme des pierres, et errent sur un chemin à la recherche dʼun sens à donner à leur histoire. . le monde point à la ligne Philippe Dorin ne nous donne aucun repère spatial précis. Lʼespace est un déplacement. Le Grand et la Petite entrent et sortent de la page blanche de lʼauteur, au fil de sa plume. Ils apparaissent et disparaissent de la scène, comme on irait à la ligne. Lʼespace est le mouvement même des personnages et du petit chariot qui, entre chaque tableau nous rappelle le temps qui passe. Ce mouvement devient alors celui dʼune vie ou du monde. Lʼécriture joue de leitmotivs dont le(s) sens se révèle(nt) dans la répétition, comme un réseau dʼéchos. Philippe Dorin joue avec les mots, les registres de langues, les sons, les silences mais également avec la lumière et les coulisses nous renvoyant à lʼespace du théâtre et la théâtralité. Son écriture montre ses mécanismes. Une chose peut exister parce quʼun personnage la nomme, la touche ou la pense car nous sommes au théâtre. Lʼespace est celui du théâtre même. Avec ses limites mais aussi ses possibles. Et les personnages eux mêmes nʼoublient jamais quʼils sont des acteurs et que ce sont les mots qui les tiennent debout. Le Grand et la Petite peuvent ainsi rejouer une même scène et tour à tour jouer le rôle de la Mère absente, ou créer des métaphores avec leurs craies ou encore recomposer une famille en nommant simplement ses différents membres disparus. Dans cet espace vide, des objets apparaissent. Certains peuvent se substituer aux mots et sont alors les éléments déclencheurs dʼun nouveau jeu : une craie, une boulette de papier, un morceau de pain... Dʼautres, comme le petit caillou blanc, deviennent des personnages à part entière. Car comme dans le conte, lʼétrange et le merveilleux sont conviés. en attendant... Philippe Dorin ne nous donne également aucun repère temporel précis. Comme dans le conte, En attendant le Petit Poucet se situe dans un temps indéterminé. Il nʼy a pas de narration linéaire, dʼhistoire ou dʼaction à proprement parler. Cela commence par une rencontre dʼoù naîssent des situations, des jeux, des couleurs et des sons, des idées claires et des pensées sombres… qui, par petites touches dessinent les contours de notre humanité. ` 1 idée -1 mot + 1 silence 1 histoire + Philippe Dorin privilégie un théâtre de situation dans lequel les personnages meublent le temps. Et le temps lui-même devient un prétexte à jouer. Le Grand et la Petite font la pluie et le beau temps, tirant le temps au sort comme on tire à la courte-paille ou comme on effeuille une marguerite. Le titre même de la pièce nʼest dʼailleurs pas sans nous rappeler celui de Samuel Beckett : En attendant Godot. Comme Didi et Gogo envisagent la pendaison pour passer le temps, le Grand et la Petite jouent à être morts... en attendant de trouver un autre jeu qui leur fera moins mal aux bras. quand il nʼy a plus dʼR dans les mots Derrière les jeux que le Grand et la Petite inventent, apparaissent des interrogations révélant leurs peurs, la nuit, lʼabandon, la disparition... autant de questions qui rappellent lʼatmosphère un peu inquiétante des contes de notre enfance. Nous oublions trop souvent que la mort est un sujet qui préoccupe les enfants, un sujet quʼils disputent entre eux. La mort fait partie de leurs jeux. Ils jouent avec, et se jouent dʼelle. Philippe Dorin pose devant nous ces questions. Il nous montre en quelques mots empreints de poésie et dʼhumour, ces choses invisibles comme le temps qui passe, ces pensées qui nous traversent. Et le Grand et la Petite, ont "cette façon très triviale quʼont les enfants de dire tout haut et trop fort des choses quʼon ne doit pas dire, en tout cas pas comme ça ou pas à ce moment là, et qui mettent dans lʼembarras, qui laissent sans voix." Être dans le seul instant où les choses sont dites permet de toucher aux sujets essentiels, la vie, lʼamour, la mort, en plein coeur, sans complaisance et sans ménagement. Parce que dire juste, cʼest juste le dire. Et cʼest sans doute ce qui rend le mieux cette idée dʼenfance sur scène. Embarqué dans un périple plein de fantaisie mais aussi de questionnements où jeux de mots et poésie se mêlent pour offrir une fable abordant les thèmes de lʼabandon, la guerre, la mort, le jeune spectateur est posé dans un monde qui comporte sa part dʼangoisse, un monde qui le questionne, le concerne et lʼenglobe, mais également un monde qui libère les forces invisibles de lʼimaginaire. Car si Philippe Dorin nʼa ni réponse à donner ni vérité à poser, il ouvre un nouvel espace. Et cet espace est laissé au jeune spectateur pour imaginer sa propre histoire, faire son propre chemin à travers la forêt de mots. il faut tourner la page Lʼécriture met en scène lʼerrance de ces enfants partis à la recherche de ce petit coin vu en rêve. Chaque scène est une traversée. Chaque scène se compose dʼune apparition et dʼune disparition.... dʼune entrée et dʼune sortie. Une scène sans cesse recommencée. Un tour du monde en quelques mots. En quelques pages. Lʼécriture met en scène lʼécriture elle-même. Philippe Dorin, ou lʼimage de lʼauteur, sʼinsinue dans le texte. Il questionne sa place dʼauteur et son rapport à ses personnages. Dans le dernier tableau, au seuil de la maison -qui nous rappele étrangement celle de lʼogresse dans Hansel et Gretel-, on apprend quʼun homme est là et attend... cela fait des mois quʼil tourne en rond, cherchant désespérément une histoire ! Et lorsque le Grand et la Petite entrent dans cette maison qui sʼest transformée en une page blanche, ils disparaissent. Lʼauteur aurait-il fini par manger ses personnages !? ... Quelque soit la réponse, -sʼil y en a une, Philippe Dorin met en abyme lʼécriture elle-même. Lʼauteur devient lui-même un personnage en train dʼécrire, de chercher un sens et une fin à son histoire et ses personnages. Il nʼest alors pas étonnant de voir la Petite revenir sur scène, la dernière page pourtant tournée, pour dire un dernier poème au public. Comme le Grand et la Petite sèment des cailloux et finissent par suivre le petit caillou blanc jusquʼà trouver une maison, Philippe Dorin posent les mots les uns derrière les autres. Et ce sont les mots qui le guident et construisent le sens au fur et à mesure. Extrait interview recueillie par Olivier Bailly pour lʼEcole des lettres des collèges Écrire cʼest fait pour créer le silence. Le théâtre cʼest fait pour créer du vide. Intentions Le jeu et lʼécriture sont au centre de cette création. Avec des cailloux, un morceau de bois, une craie et des boulettes de papier, les comédiens écrivent lʼhistoire sous nos yeux, construisant et déconstruisant lʼarchitecture de la scène. Ici, le théâtre est apparition et disparition, sʼinventant sans cesse comme un jeu dʼenfant. Ce spectacle sʼécrit en cinq tableaux ponctués de cinq intermèdes. espace Les comédiens traversent lʼespace scénique entièrement dépouillé de jardin à cour. Ce mouvement écrit le sens du texte et lʼespace. Il devient un jeu métonymique pour créer, comme dirait Derrida, une archi-écriture, une lecture incluant lʼécriture. Le mouvement du monde comme jeu. Une écriture en marche. Ils sèment les mots comme ils sèment des cailloux. Lʼhistoire se déroule sous les yeux du spectateur comme on lit un texte. Les comédiens apparaissent et disparaissent, comme on va à la ligne. Et la répétition des entrées et des sorties finit par accentuer cette impression du temps qui passe. Nous tournons en rond. mise en scène et jeu La mise en scène est née du jeu même des acteurs. Si nous avions tout dʼabord supposé que ce texte offrirait aux acteurs une grande liberté dʼinterprétation, notre travail a finalement été celui dʼeffacer, de soustraire. Pour trouver lʼessentiel. Pour être au plus près de lʼécriture de Philippe Dorin. Et toute la difficulté se trouvait là, dans cette recherche dʼauthenticité, dans notre rapport aux mots et à cette prise de parole. Car si les personnages sont des enfants, il ne sʼagit nullement de les singer ou les représenter, mais bien de chercher dʼoù part leur parole. Et cʼest dans la notion même du jeu que nous avons pu en mesurer la justesse, révélant par la même occasion toute la force poétique de ce texte. Les répliques doivent surgir. Brutes. Chaque scène devient alors un instantané de vie. Etre dans la pensée de la réplique est sans doute ce qui rend le mieux cette idée dʼenfance sur scène. Une mise en scène épurée sʼimposait. Pas de représentation réaliste de lʼespace, seulement une délimitation de lʼespace. Celui du théâtre lui-même. Seuls les mots délimitent lʼespace. Inutile donc de surcharger le texte dʼimages ou dʼintentions. Inutile également dʼen cacher les ficelles. Bien au contraire, il sʼagit dʼen montrer les mécanismes, et de jouer avec la théâtralité. sacrés silences Le découpage en séquences de la pièce fait penser aux mesures dʼune partition musicale. Nous avons alors travaillé les mots comme sʼils étaient des notes de musique et leur absence comme des silences, soupirs et suspensions. Il est donc devenu essentiel de comprendre le silence dans la partition physique et musicale des comédiens. De trouver le temps juste à ces silences. Pour laisser aux pensées la place de rebondir. Car des silences surgit le sens. traitement des didascalies Les didascalies de lʼauteur sont traitées sous forme de jeux typographiques. Elles retracent le parcours dʼun petit chariot et sont projetées sur lʼécran entre chaque tableau. Le travail graphique a consisté à jouer avec les mots Le petit chariot, avec le signifié et le signifiant. Les mots passent et repassent sur lʼécran comme ils traverseraient une page blanche. Ces intermèdes ludiques sont des respirations dans le texte. Le temps de reprendre son souffle avant de poursuivre le chemin avec nos personnages, le temps de laisser rebondir les répliques de la scène qui vient de se dérouler sous nos yeux. traitement de la musique En tant quʼélément extérieur, la musique ne pouvait pas intervenir dans le corps du texte qui occupe et préoccupe tout lʼespace. Des sons accompagnent néanmoins les différentes traversées du Petit Chariot, entre chaque tableau, lui donnant alors une dimension surréelle, fantasmagorique. Soulignons que la chanson que la Petite et le Grand chantent sous les étoiles est un ajout au texte. Cette chanson est un réarrangement de João e Maria de Chiquo Buarque, une comptine populaire portugaise et dont le titre nous a étrangement rappelé Jeannot et Margot des Frères Grimm. Les paroles réécrites sont une parabole sur lʼenfance et sa disparition. traitement de la lumière La lumière comme lʼunivers sonore ne peut survenir que par les mots. Ce sont donc les mots qui la font apparaître ou disparaitre. Seuls les mots... ou les cailloux... Cʼest en semant des cailloux que le chemin apparait au début du spectacle. Et cʼest parce que le Petit Caillou blanc indique un nouveau chemin à la Petite que lʼespace sʼouvre et que la lumière change... biographie en 3 mots (ou presque) Philippe Dorin écrit des pièces de théâtre pour les enfants depuis 25 ans mais aussi des contes, des romans pour la jeunesse ainsi que des textes radiophoniques mis en ondes sur Radio France. Il écrit également des histoires qui ne tiennent pas dans les livres, à partir de boulettes de papier et de petits cailloux blancs. Philippe Dorin élabore une oeuvre poétique où la matière (le papier, la pierre, le sel, le sable, lʼencre bleue) tient une place importante, et où les silences de lʼécriture laissent toute la place aux vagabondages de lʼimaginaire du lecteur. Figure majeure de lʼécriture jeune public, Philippe Dorin sʼest vu récompensé par le Molière 2008 du théâtre jeune public pour sa pièce Lʼhiver quatre chiens mordent mes pieds et mes mains mis en scène par Sylviane Fortuny (Cie Pour Ainsi dire) Ses pièces sont publiées à LʼÉcole des Loisirs, chez Les Solitaires Intempestifs et aux Éditions La Fontaine. bibliographie Abeilles, habillez-moi de vous, LʼÉcole des loisirs, 2010 LʼHiver, quatre chiens mordent mes pieds et mes mains, LʼÉcole des loisirs, 2008 Les Enchaînés , LʼÉcole des loisirs, 2007 Le Monde, point à la ligne, LʼÉcole des loisirs, 2007 Bouge plus ! suivi de Christ sans hache, Les Solitaires intempestifs, 2006 Ils se marièrent et eurent beaucoup, LʼÉcole des loisirs, 2005 Dans ma maison de papier, jʼai des poèmes sur le feu, LʼÉcole des loisirs, 2002 Un oeil jeté par la fenêtre, LʼÉcole des loisirs, 2001 En attendant le Petit Poucet , LʼÉcole des loisirs, 2001 Sacré Silence, LʼÉcole des loisirs, 1997 Villa Esseling monde, La Fontaine, 1989 un écrivain jardinier L'archéologie poétique et les jardins d'écriture En 1994, Philippe Dorin rencontre Sylviane Fortuny, comédienne et marionnettiste. Ensemble, ils inventent leurs premiers travaux mêlant écriture et arts plastiques, sous forme dʼateliers dʼarchéologie poétique. Boulettes de papier, encre bleue et petits cailloux blancs sont leurs instruments pour constituer des poubelles dʼécrivain, des jardins dʼécriture, des cartes du ciel. En 1997, Philippe Dorin et Sylviane Fortuny créent la compagnie Pour Ainsi Dire et leur premier spectacle : Le Monde, point à la ligne. Ensemble, de nombreux spectacles verront le jour : En attendant le Petit Poucet, puis Dans ma maison de papier, jʼai des poèmes sur le feu, Ils se marièrent et eurent beaucoup (…) Le dramaturge qui ne savait pas travailler avec les enfants, de son propre aveu, multiplie les rencontres-ateliers avec des écoliers. Philippe Dorin réalise des livres objets, de pierre et de sable, compose une grande fresque à lʼécriture-caillou, à partir de galets blancs considérés comme des boulettes de papier fossilisées, imagine des livres fossilisés qu'une tempête aurait mis à jour... Une écriture à portée de main C'est ainsi qu'ils ont imaginé "une poubelle dʼécrivain" dans laquelle, tel un archéologue, lʼenfant pouvait puiser pour faire émerger des bribes dʼhistoires du passé, ont inventé un "jardin dʼécriture", ont semé des boulettes de papier ensuite déterrées, repiquées dans des pots et arrosées dʼencre bleue. La langue venait ainsi se nourrir de la matière du monde : des feuilles de papier, un peu dʼencre, une poignée de cailloux (...) Nʼimporte quel gamin sait quʼun caillou recèle des aventures fabuleuses, il a roulé dans des eaux énigmatiques, voyagé dans dʼinnombrables poches (...) Les enfants ont besoin de cet ancrage concret pour ensuite pouvoir laisser voguer au loin leur imagination. (…) Pour Philippe Dorin “toutes les histoires du monde sont dans la matière”. Cʼest à-dire à portée de main. Revue semestrielle du Théâtre Massalia, extraits extrait I extrait II LE GRAND Comment tu t’appelles ? LA PETITE Pierre. LE GRAND T’es un garçon ? LA PETITE Non, une fille. LE GRAND Ce sont les garçons qui s’appellent Pierre. LA PETITE Non ! Pour un garçon, on dit caillou. LA PETITE Été, automne, hiver, printemps, été, automne, hiver, printemps, été, automne, hiver... LE GRAND Stop ! Il s’arrête de se boucher les oreilles. LE GRAND Alors ? LA PETITE Hiver ! LE GRAND Encore ? LA PETITE Pas de chance. LE GRAND Quel sale temps ! On n’en finira jamais ! LA PETITE Peutêtre la prochaine fois ! LE GRAND Tu triches ! Je suis sûr que tu triches. Ils disparaissent. LA PETITE Non, je triche pas. LE GRAND Menteuse ! LA PETITE Juré ! LE GRAND Allez, viens ! Ils disparaissent. extrait III La Petite sort le foulard du sac plastique. Elle le met autour de la tête. Elle sort le tablier. Elle l’enfile. Elle sort le sac à main. Elle range le sac plastique dans le sac à main. LE GRAND Maman ! LA PETITE Tu m’as reconnue ? LE GRAND Oh oui ! Mais, t’es pas morte ? LA PETITE Bien sûr que si ! LE GRAND Alors, qu’est ce que tu fais là ? LA PETITE Je suis venue vous faire une petite visite, à toi et à la Petite. Ca te fait plaisir ? LE GRAND Oh oui, maman. LA PETITE Ca va, La Petite ? LE GRAND Oh oui, maman. LA PETITE C’est vrai que tu voulais l’abandonner ? LE GRAND Oh non, maman. LA PETITE Tu sais qu’il ne faut pas la perdre. LE GRAND Bien sûr, maman. LA PETITE Elle n’a que toi au monde, tu comprends ? LE GRAND Oh oui, maman. Maman ! LA PETITE Au revoir, mon chéri. La Petite ressort le sac plastique. Elle range le foulard, le tablier et le sac à main. Le Grand est pétrifié. LA PETITE Ben alors, tu m’as jamais vue ? LE GRAND ... LA PETITE En route ! Ils disparaissent. extraits de presse autour de la création Barbe-Bleue, espoir des femmes de Dea Loher (création 2008) VENTILO, Johanne Ranson FÉVRIER 2008 Lʼhomme qui aimait les femmes [...] Henri Barbe-Bleue est ici un vendeur de chaussures pour femmes... Jambes omniprésentes, que nous voyons danser, se chausser, se déchausser et traverser les fantasmes dʼun homme condamné à tuer perpétuellement la même femme dont seuls les prénoms et les chaussures changent. Les lieux, les situations, les femmes se confondent et se répondent jusquà transporter le spectateur dans lʼatmosphère légère dʼun rêve. Servie par son texte souvent très drôle, la justesse de ses acteurs et une mise en scène sobre et poétique, Barbe-Bleue, espoir des femmes nous plonge dans un trouble enchanteur. LA MARSEILLAISE, Denis Bonneville -FÉVRIER 2009 Barbe -Bleue et ses amours démesurées, par trois comédiens au charme bouleversant Lʼadaptation quʼHélène Arnaud, sʼappuyant sur les dessins projetés de Patrick Vallot, mêle subtilement les ambiguïtés de ce Don Juan malgré lui, qui rappelle parfois lʼAntoine Doinel de Truffaut. Avec finesse, elle déroule sans trop les démêler ces attractions létales, ces aliénations amoureuses, plongeant le spectateur dans «une veille onirique», qui repose sur le décalage entre les crayonnés qui plantent les décors et le jeu des comédiens, charnels et précis. Farouchement fantasmatique. (...) A lʼinstar du dispositif de projections prégnant mais jamais pesant, quelques touches chorégraphiques viennent apporter du corps aux mots, dans la sensualité dʼun tango ou lʼalanguissement dʼune robe courte sur des talons aiguilles (...) Ce Barbe-Bleue constitue une réussite totale. Et lʼon se prend à rêver de voir ces visions sensibles et ces acteurs renversants transportés sur un plateau plus vaste... Hélène Arnaud, metteur en scène Elle commence par lʼapprentissage de la musique, puis la danse et le théâtre au Conservatoire National de Toulon avant de poursuivre une maîtrise de Lettres portant sur le théâtre contemporain et les comédies du XVIIème siècle à lʼUniversité de Provence. En 1994, elle entre au Conservatoire National de Région (Marseille) sous la direction de JeanPierre Raffaelli. Suivront diverses formations de théâtre, danse (Georges Appaix, Sylvie Kuniecow), techniques vocales, des stages de lumière et dʼassistanat à la mise en scène. Elle accompagnera différentes compagnies régionales puis travaillera au Centre International de Poésie Marseille, avant de rejoindre lʼéquipe du Théâtre de la Minoterie où elle sera chargée de la communication et des relations scolaires pendant neuf saisons. Cʼest là quʼelle y rencontrera Diana Barzeva, une jeune comédienne bulgare. Cette rencontre lʼamènera à co-écrire une adaptation et à mettre en scène LʼEnfer cʼest moi, une oeuvre inédite de Stéphane Tsanev et à la présenter au théâtre de la Minoterie en 2005. De cette aventure est née la volonté de créer un espace de travail, la compagnie LʼARPENTEUR. Au sein de cette compagnie, Hélène Arnaud a mis en scène Mon Père est un loup, pièce pour danseuse seule (2006), Barbe-Bleue, espoir des femmes de Dea Loher (2008) et En attendant le Petit Poucet de Philippe Dorin (2010) Aujourdʼhui, si Hélène Arnaud se consacre à la mise en scène et à lʼécriture : une adaptation pour la scène du roman Le Théorème dʼAlmodovar dʼA. Casas Ros, éd. NRF Gallimard est en cours dʼécriture, elle travaille néanmoins régulièrement auprès de différentes compagnies régionales (Le Théâtre du Centaure, Nuits Blanches en Cie, Trafic dʼArt...) pour lesquelles elle rédige leurs textes de communication. Elle dispense également des cours de théâtre en milieu scolaire et en direction de groupes amateurs enfants, adolescents et adultes. En 2011, elle co-écrit lʼadaptation Le Verfügbar aux Enfers de Germaine Tillion mis en scène par Danielle Stéfan et joué au Théâtre Le Gyptis, Le Comoedia à Aubagne et le Théâtre Vitez à Aix en Pce. Alice Huet, comédienne Diplomée dʼune licence en histoire, elle entre en 2004 au Conservatoire de Marseille sous la direction de J-P Raffaelli et P. Anthony. Elle a joué dans Douze soeurs slovaques de S. Chiambretto mis en scène par Hubert Colas à la Maison de théâre La Cité, Personne nʼira te rejoindre de D. Cayla mis en scène par Lucy Allard au festival Off dʼAvignon (2006), dans Tic Tac Alice au Théâtre Massalia mis en scène par Carlos Martin (2007). Elle a travaillé également avec le Théâtre de la Mer : Viens à nous et parle, nous tʻécoutons (2007), Médée Vertiges (2008), Tremblements - mes : C. Martins, à la Minoterie-Théâtre de la Joliette (2008) Le Bourgeois Gentilhomme -mes : J-P Raffaelli (2008), Le Pays de Rien de N. Papin - mes : M. Aicart et dans Barbe-Bleue, espoir des femmes de D. Loher -mes : H. Arnaud / Cie LʼARPENTEUR (2009). En 2010, elle développe sa pratique avec une formation de musique Vocale pour la Scène et un stage de jeu Clownesque. Elle intervient également dans les centres sociaux, les foyers ruraux et les écoles de la région, à lʼHôpital de Jour St Marguerite, dans le Centre de Formation Professionnel pour Animateurs. Carlos Martins, comédien Il entre en 2004 au Conservatoire de Marseille sous la direction de J-P Raffaelli et P. Anthony, après avoir suivi des cours à lʼEcole Florent (Paris) et auprès de C. Ruiz (Marseille). Il nʼattend pas la fin de sa formation pour se lancer dans des aventures théâtrales : il travaille avec le Théâtre de la Mer, joue dans La Gitation de J-Y Picq, mes : C. Ruiz au Théâtre Mazenod (Marseille) ; dans Froid de L. Noren, mes : R-M Leblanc -Didascalies and Co créé en 2006 au Théâtre des Halles (Avignon) et au TNM La Criée (Marseille) ; dans Manhattan Medea de D. Loher, mes : Y. Erafass. En 2008, il joue dans Le Bourgeois Gentilhomme de Molière produit par le TRAC et dans Luxe n°1 : investir de et mis en scène par G. Coppini, joué à Montevideo. Il a également travaillé avec le Théâtre de la Mer dans Albatros de F. Melquiot, Crieurs publics -mes : A. Akian, avec Tandaim & Compagnie,avec la Cie Parnas dans Retour au désert de et la Cie LʼARPENTEUR. Il a mis en scène une adaptation dʼAlice au pays des merveilles de L. Caroll : Tic Tac Alice joué au Théâtre Massalia en 2007 et Tremblements créé dans divers lieux de proximité et au Théâtre de la Minoterie. Léo Grosperrin, lumières Après des études en Sciences et Technologies Tertiaires, il suit des études en Arts du Spectacle à lʼUniversité dʼAix en Provence pendant lesquelles il se forme également pendant deux ans au Théâtre Antoine Vitez. Depuis, Léo Grosperrin travaille régulièrement au Merlan, Scène Nationale de Marseille, au Théâtre Le Gymnase, Théâtre Le Jeu de Paume, Théâtre Le Pavillon Noir, La Minoterie-Théâtre de la Joliette, le Théâtre Vitez et pour le Festival dʼAix en Provence. Dernièrement, il a créé les lumières pour le spectacle Rinaldo Piégé, adaptation de lʼopéra de Haendel mis en scène par Thomas Tiesohn-Cie Cosa Sento. Eric Vinagre, composition musicale et sonore Violoniste interprète de formation, Eric Vinagre aime toucher à tous les instruments. Il se consacre aujourdʼhui à la composition. Eric Vinagre a été soliste dans différentes formations musicales telles que Adjabel (musique moderne/afro-haïtienne), Sonza (musique cubaine), Mary Loo (musique Country Jazz), le Big Band de cordes dirigé par P. Blanchard (jazz), et lʼEnsemble Polyphonique dʼIle de France dirigé par M. Patard (orchestre symphonique)… Formé aux techniques du son et à lʼinformatique musicale, il est également régisseur son et créateur vidéo. Il travaille dans divers lieux : le Théâtre des Bernardines, le Toursky, la Friche Belle de mai, la Minoterie, Montevideo à Marseille... Il a réalisé la vidéo pour différentes créations (spectacle mis en scène par E. Jacobie, présenté à Montevideo, Le Boucher dʼA. Reyes -mes : A. Tobelaim…) Eric Vinagre a composé les musiques et lʼunivers sonore de Barbe-Bleue, espoir des femmes - création 2008 Cie L'ARPENTEUR. Sébastien Sarrazin, création graphique Après un deug dʼArts Plastiques à lʼUniversité dʼAix-Marseille, il prépare une Maîtrise en Sciences et Technologies Métiers de lʼImage et du Son. Infographiste-maquettiste, webmaster, concepteur et réalisateur de projets multimédias, Sébastien Sarrazin a depuis multiplié ses activités professionnelles tant dans le secteur privé quʼ au sein du Centre Régional de Documentation Pédagogique (CRDP, Marseille) de 2002 à 2007 et au sein de lʼIncubateur Multimédia Belle De Mai (Marseille) en 2000 et 2001 : conception et réalisation dʼun magazine en ligne, réalisation et maintenance de site, prise sonore et montage dʼinterviews, prises de vues, conception et réalisation de charte graphique et déclinaison sur divers supports, réalisation de livres pédagogiques au sein dʼune collection, conceptions graphiques ... Il a par ailleurs participé à lʼorganisation de formations destinées à lʼinitiation aux principaux logiciels de formation et assistance des porteurs de projets aux technologies multimédias. Claire Simonian et lʼassociation TERRE DʼUNION, création costumes et accessoires TERRE DʼUNION développe ses activités autour dʼune part la création dʼateliers culturels éducatifs et dʼautre part lʼorganisation et la promotion dʼéchanges culturels solidaires entre pays. TERRE DʼUNION a également la volonté de sʼinscrire dans la création et le spectacle vivant en sʼassociant avec des compagnies locales. Cʼest ainsi que TERRE DʼUNION est devenue au fil des créations de la Cie LʼARPENTEUR un partenaire priviligié. Claire Simonian a ainsi réalisé les costumes et accessoires des créations Barbe-Bleue, espoir des femmes en 2008 et En attendant le Petit Poucet en 2010.