Février 2007

Transcription

Février 2007
j
érusalem
BULLETIN DIOCESAIN DU PATRIARCAT LATIN
FLe
désert dans notre vie spirituelle
de Terre Sainte
FL’Archevêque
de Paris à la tête d’un
grand Groupe de Pèlerins Français
FLe
Comité permanent des Evêques
Allemands en Terre Sainte
FLa Déclaration du Cardinal Lehmann
sur la situation actuelle de Terre Sainte
2
ANNÉE 73
FÉVRIER 2007
Sommaire
Jérusalem
La Voix du Saint-Père
- Message du Pape Benoît XVI pour le Carême 2007 33
____________________________________________________________________________________________
La Voix du Pasteur
- Message du Carême 2007
35
Activités de S.B. le Patriarche
- Célébrations liturgiques - Audiences
37
38
Nouvelles du Patriarcat
- Réunions 39
43
Nouvelles du Vicariat de Nazareth
44
48
____________________________________________________________________________________________
Année 73 - n. 2
Février 2007
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Patriarcat Latin
B.P. 14152
Jerusalem 91141
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Sociales du Patriarcat
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IMPRIMERIE DU PATRIARCAT LATIN
BEIT JALA — 2007
____________________________________________________________________________________________
Une paroisse « œcuménique », Mouqueibleh
- Interview du Bulletin Diocésain
avec Mgr William Shomali)
____________________________________________________________________________________________
Documents
- ANNEXE,
1- Déclaration du cardinal Karl Lehmann,
président de la Conférence épiscopale allemande
à l’issue de son pèlerinage en Terre Sainte
52
2- Mot d’accueil de S.E. Mgr Fouad Twal, Coadjuteur,
à l’Archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois,
et au groupe d’Evêques et de Pèlerins Français 55
____________________________________________________________________________________________
Février 2007
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La Voix du Saint Père
Message du Pape Benoît XVI
pour le Carême 2007
« Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé.» (Jn 19, 37)
BENEDICTUS PP. XVI 13/02/2007
Chers frères et sœurs !
« Ils regarderont celui qu'ils ont
transpercé. » (Jn 19, 37). C’est le
thème biblique qui guidera cette année
notre réflexion quadragésimale. Le
Carême est une période propice pour
apprendre à faire halte avec Marie et
Jean, le disciple préféré, auprès de Cell
lui qui, sur la Croix, offre pour l’Huml
manité entière le sacrifice de sa vie (cf.
Jn 19, 25). Aussi, avec une participatl
tion plus fervente, nous tournons notre
regard, en ce temps de pénitence et de
prière, vers le Christ crucifié qui, en
mourant sur le Calvaire, nous a révélé
pleinement l’amour de Dieu…
La Croix révèle la plénitude de
l’amour de Dieu.
C’est dans le mystère de la Croix
que se révèle pleinement la puissance
irrésistible de la miséricorde du Père
céleste. Pour conquérir à nouveau
l’amour de sa créature, Il a accepté
de payer un très grand prix : le sang
de son Fils Unique. La mort qui, pour
le premier Adam, était un signe radicl
cal de solitude et d’impuissance, a été
ainsi transformée dans l’acte suprême
d’amour et de liberté du nouvel Adam.
34
Aussi, nous pouvons bien affirmer,
avec Maxime le Confesseur, que le
Christ « mourut, s’il l’on peut dire,
divinement parce que il mourut libreml
ment » (Ambigua, 91, 1956)…
« Celui qu’ils ont transpercé »
Chers frères et sœurs, regardons
le Christ transpercé sur la Croix ! Il
est la révélation la plus bouleversante
de l’amour de Dieu, un amour dans
lequel eros et agape, loin de s’opposl
ser, s’illuminent mutuellement. Sur la
Croix c’est Dieu lui-même qui mendie
l’amour de sa créature : Il a soif de
l’amour de chacun de nous. L’apôtre
Thomas reconnut Jésus comme « Seigl
gneur et Dieu » quand il mit la main
sur la blessure de son flanc. Il n’est
pas surprenant que, à travers les saints,
beaucoup aient trouvé dans le cœur de
Jésus l’expression la plus émouvante
de ce mystère de l’amour.
Le sang et l’eau.
« Ils regarderont celui qu'ils ont
transpercé ». Regardons avec confiancl
ce le côté transpercé de Jésus, d’où
jaillissent « du sang et de l’eau » (Jn
19, 34) ! Les Pères de l’Église ont
considéré ces éléments comme les
symboles des sacrements du Baptême
et de l’Eucharistie. Avec l’eau du Baptl
tême, grâce à l’action du Saint-Esprit,
se dévoile à nous l’intimité de l’amour
trinitaire. Pendant le chemin du Carêml
me, mémoire de notre Baptême, nous
sommes exhortés à sortir de nous-mêml
mes pour nous ouvrir, dans un abandon
confiant, à l’étreinte miséricordieuse
du Père (cf. saint Jean Chrysostome,
Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
Catéchèses 3,14). Le sang, symbole
de l’amour du Bon Pasteur, coule en
nous tout spécialement dans le mystèrl
re eucharistique : « L’Eucharistie nous
attire dans l’acte d’offrande de Jésus…
nous sommes entraînés dans la dynaml
mique de son offrande » (Encyclique
Deus caritas est, 13). Nous vivons alors
le Carême comme un temps « eucharl
ristique », dans lequel, en accueillant
l’amour de Jésus, nous apprenons à le
répandre autour de nous dans chaque
geste et dans chaque parole. Contempl
pler « celui qu’ils ont transpercé »
nous poussera de manière telle à ouvrir
notre cœur aux autres en reconnaissant
les blessures infligées à la dignité de
l’être humain ; cela nous poussera, en
particulier, à combattre chaque forme
de mépris de la vie et d’exploitation
des personnes, et à soulager les drames
de la solitude et de l’abandon de tant
de personnes. Le Carême est pour chaql
que chrétien une expérience renouvell
lée de l’amour de Dieu qui se donne à
nous dans le Christ, amour que chaque
jour nous devons à notre tour « redonnl
ner » au prochain, surtout à ceux qui
souffrent le plus et sont dans le besoin.
De cette façon seulement nous pourrl
rons participer pleinement à la joie de
Pâques. Marie, Mère du Bel Amour, tu
nous guides dans ce chemin du Carêml
me, chemin d’authentique conversion
à l’amour du Christ. A vous, chers frèrl
res et sœurs, je souhaite un chemin du
Carême profitable, et je vous adresse
affectueusement à tous une spéciale
Bénédiction Apostolique. ■
Benoît XVI
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La Voix du Pasteur
Message du Carême 2007
Frères et Sœurs
La grâce et la paix de Notre Seigneur Jésus-Christ
soient avec vous.
Nous commençons le Carême. Avec Jésus nous
allons au désert de Jéricho, qui nous dit aujourd’hui
deux choses : premièrement, le désert qui l’entoure
encore est le même où Jésus a voulu jeûner et prier
avant de porter sa mission au monde ; deuxièmement,
Jéricho est une petite ville prison, comme toutes
les villes palestiniennes, symbole de la situation de
conflit qui est devenue notre milieu de vie, génération
après génération et jour après jour. D’un côté, dans ce carême, nous voulons prier et
rencontrer Dieu dans la solitude, et de l’autre, nous voulons rencontrer les hommes
pour surmonter le conflit et voir le visage de Dieu en tous.
Au désert, nous nous libérons, pour un temps, du poids de nos soucis dans notre
vie privée ou publique pour pouvoir jouir d’un moment de liberté intérieure qui
nous permette de voir : voir Dieu et voir, dans les profondeurs de nous-mêmes, le
bien ou le mal que nous portons, afin de pouvoir nous purifier et de mieux connaître
la vocation à laquelle Dieu nous appelle dans notre Eglise et dans notre société.
L’Eglise nous invite durant le carême à nous abstenir de la nourriture, non pour
le but de nous abstenir de certaine ou de toute nourriture, mais comme moyen par
lequel nous nous exerçons à nous abstenir d’une chose pour arriver à une autre
meilleure, et comme moyen de retrouver notre liberté. Nous nous libérons des pressl
sions du corps et de la matière, et des sentiments qui nous poussent à haïr et à déml
molir, afin de pouvoir ranimer la force de l’Esprit qui est en nous et qui nous aide à
vivre la vie abondante que Jésus est venu nous donner, faite d’épreuves, il est vrai,
« qui veut me suivre qu’il porte sa croix et me suive » (Mc 8,34), mais faite aussi
d’un amour qui rend la vie abondante : «Je suis venu pour qu’ils aient la vie et la vie
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Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
en abondance. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 10,10 ;
Jn 13,35).
Nous jeûnons pour devenir capables de nous réconcilier avec Dieu, comme nous
le dit St Paul : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5,20). Et la réconcill
liation avec Dieu ne peut pas se faire sans la réconciliation avec tous les enfants de
Dieu, nos frères et sœurs, amis ou ennemis.
Nous jeûnons, pour renouveler l’acceptation de notre foi avec toute sa force
libératrice et ses exigences. Car avoir la vocation du levain, du sel et de la lumière,
est une vocation à une vie difficile. Mais Jésus nous dit aussi : « Si vous avez la
foi, vous pouvez transporter les montagnes » (cf Mt 21,21). La foi authentique,
pleinement acceptée et vécue, compense le petit nombre, écarte la peur, et rend le
croyant, même s’il est seul dans sa société, capable de contribuer à la construction
commune. La vocation du levain dans la pâte dans la Terre même de Jésus nous
demande de rester dans cette terre, bien que la vie dans d’autres terres puisse être
plus commode. La vocation du levain est la vocation à vivre le commandement de
l’amour, afin de pardonner, tout en réclamant tous les droits perdus, et de faire de la
vie un partage de biens et de sacrifices qui nous rend tous, avec toutes nos différencl
ces de religion ou de nationalité, de véritables constructeurs de la nouvelle société
qui doit naître en Terre Sainte pour tous, juifs, druzes, musulmans et chrétiens.
Nous sommes appelés à une vie difficile dans le conflit qui dure toujours en
Palestine et qui a ses répercussions dans d’autres pays de notre diocèse, Israël et
Jordanie : l’occupation et tout ce qui s’en suit, limitation de la liberté, le mur, les
barrières militaires, les privations, les militaires israéliens qui, à tout moment, entl
trent dans les villes palestiniennes, tuent des personnes, emmènent des prisonniers,
déracinent les arbres, et démolissent les maisons… Ajouter à cela, le manque de
vision à l’intérieur de la société palestinienne, et le manque de sécurité, exploité
par certains qui se permettent de violer les lois et d’opprimer leurs frères, surtout
ceux qui portent des armes et qui les emploient pour opprimer et voler l’argent des
autres. Et les luttes intestines qui hésitent à disparaître… A cela s’ajoute la nonréponse ou l’incapacité de la communauté internationale à répondre aux multiples
voix de paix qui partent de la région. Et les prières, multiples, qui s’élèvent de
partout et persévèrent, dans ce temps d’épreuve : en elles et dans toute personne de
bonne volonté, nous mettons notre espérance.
Face à cela, le carême rappelle au chrétien que cette situation peut être une
situation de mort ou de vie nouvelle et qu’il est appelé à la convertir en une situatl
tion de vie nouvelle. Ainsi notre jeûne a pour but : premièrement de méditer et de
rechercher la volonté de Dieu et sa Providence dans les épreuves que nous vivons.
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Deuxièmement, renouveler notre amour les uns pour les autres : en ajoutant le poids
des soucis de nos frères à nos propres soucis, Dieu devient présent parmi nous,
selon la parole de Jésus : « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis
au milieu d’eux » (Mt 18,20). Nous devenons ainsi trois à porter nos soucis, nous,
notre frère et Dieu. Avec cela, nous devenons plus forts et le poids sera plus léger.
Troisièmement, avec la présence de Dieu parmi nous, nous arriverons à voir le sens
des événements que nous vivons, nous verrons comment convertir les épreuves et
les oppressions en amour les uns pour les autres, et donc en plus de force pour plus
d’unité et pour une véritable résistance qui a pour but non de démolir l’adversaire
ou de remplir nos cœurs de rancune contre lui, mais de mettre fin au mal de l’occupl
pation, avec toutes ses oppressions, et commencer ainsi une vie nouvelle pour tous,
occupés et occupants.
Frères et soeurs, je demande à Dieu pour vous toute grâce et bénédiction. Que
votre jeûne soit béni et agréé, et soit une source de renouvellement de l’esprit en
vous. Je demande à Dieu Très-Haut de vous donner la grâce d’aimer la vie malgré
les circonstances dures dans lesquelles il vous a envoyés pour construire une vie
nouvelle et une société nouvelle pour tous. Amen ■
+ Michel Sabbah, Patriarche
Jérusalem, Mercredi des Cendres,
21 février 2007.
Activités de S.B. le Patriarche
Célébrations liturgiques
Le dimanche 4 février, le Patriarche Michel Sabbah inaugure, à Jifnah, l’église
paroissiale Saint-Joseph, renouvelée grâce à la générosité de M. Jiries Sharbain,
libraire, originaire de Jifnah et résidant à Ramallah, qui a offert $US 150.000 pour
la restauration de l’église. Il sera bientôt promu Chevalier du Saint-Sépulcre. Accl
compagné de S.E. Mgr Michael Evans, évêque de East Anglia, et de son secrétaire,
l’abbé Paul Madison, hôtes du Patriarcat pour une semaine, ainsi que des PP. Huml
mam Khzouz, chancelier, et Shawqi Baterian, économe général, le Patriarche est
Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
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accueilli par le curé, P. Emile Salaytah, et une grande foule de fidèles. Il célèbre la
messe, bénit l’église et a un moment d’échange avec la paroisse après la messe.
Le dimanche 18 février, dans la paroisse de Wahadneh (région de Ajloun, patrie
de St Elie, au nord de la Jordanie), S.B. Mgr Michel Sabbah, accompagné de D.
Humam Khzouz, chancelier, célèbre la messe avec le curé, D. Bassam Ed-Deir, et
confère le sacrement de confirmation à sept jeunes et la première communion à neuf
enfants. Après leurs messes du samedi soir, les curés des paroisses voisines sont
venus saluer le Patriarche et partager avec lui le dîner : D. Francis Shahin, les PP.
Gabriel, Simon et Luis, religieux du Verbe Incarné, desservant la paroisse de Anjarl
rah ; il y avait aussi les religieuses du Rosaire et les religieuses de N.D. de Matarà,
du Verbe Incarné, présentes elles aussi dans la paroisse de Anjara.
Le 21 février, mercredi des Cendres, à la Concathédrale, le Patriarche Sabbah
célèbre la messe des Cendres pour la Confrérie des Mères chrétiennes.
Le 23 février, chez les Sœurs de N.D. de Sion, à l’Ecce Homo, S.B., accompagné
de LL.EE. Kamal Bathish et Fouad Twal, célèbre l’eucharistie traditionnelle du
vendredi après les Cendres, commémorant la Couronne d’Epines.
N N N
Audiences
Le vendredi 2 février, le Patriarche Sabbah reçoit M. Aaron Pina, des Affaires
Etrangères des Etats-Unis, qui mène une enquête sur la liberté religieuse.
Le lundi 4, il accueille une délégation œcuménique de Suède, accompagnée de
l’évêque Mounib Younan, évêque luthé­rien à Jérusalem, en vue d’une action dirl
recte pour la paix et la réconciliation entre les peuples et les religions de la Terre
Sainte, et d’un soutien efficace aux Eglises locales de Jérusalem (institutions et
personnes).
Le jeudi 7, il accueille un groupe de pèlerins japonais. Un missionnaire français,
d’ori­gine polonaise, P. Edouard Brzostowski, au Japon depuis 1963, accompagne
le groupe et sert d’interprète.
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Le vendredi 9, il accueille un groupe épiscopalien des Etats-Unis, conduit par S.E.
Rev. Stephen Conway, évêque de Ramsbury (diocèse de Salisbury) et du chanoine
Peter Eaton. Dans la même matinée, il reçoit un groupe de prêtres chinois, formatl
teurs de séminaristes, faisant un stage de trois semaines, organisé et financé par la
Fédération biblique catholique mondiale (Stuttgart). Ils sont accompagnés du P.
Thomas Maier, p.b., de Sainte-Anne ; l’un d’eux assure la traduction du chinois en
anglais.
Le lundi 19, il accueille, avec S.E. Mgr Fouad Twal, Coadjuteur , et le P. Bernt
Besch, S.A. la Princesse Begum, allemande, épouse de l’Agha Khan, invitée en
Terre Sainte par le Centre « Peres ». Dans la même journée, il reçoit le Pasteur
Trond Backevik, venu pour préparer une rencontre interreligieuse, qui sera plus
tard annulée à cause de l’absence de la partie islamique, le cheikh Tamimi. Celui-ci
doit en effet comparaître le même jour devant un tribunal israélien pour « violation
de la loi », parce qu’il est entré à Jérusalem sans permis.
Le mardi 20, il accueille un groupe du Canada et un autre de la Pologne, du diocl
cèse de Rzreszów, avec son évêque, S.E. Mgr Kazimierz Górny, et quatre-vingt
prêtres.
Le vendredi 23, il accueille un groupe de séminaristes allemands, en propédeutl
tique, de Freiburg. Il reçoit aussi une délégation du COE, des volontaires du progl
gramme « Accompagnement œcu­mé­nique en Palestine et en Israël ». Vingt-six
d’entre eux se trouvent dans une dizaine de postes dans les Territoires Occupés. Ils
sont accompagnés par M. Youssef W. Daher, directeur du nouveau bureau du COE
(Conseil œcuménique Eglises), du CEMO (Conseil des Eglises du Moyen-Orient)
et des Patriarches et Evêques de Jérusalem.
Le mercredi 28, il accueille un groupe espagnol de Cordoue, avec S.E. Mgr Juan
José Asenjo Pelegrina, et un groupe italien d’Alessandria, avec l’évêque Mgr Fernl
nando Charrier.
VOYAGE AU LIBAN
Le mardi 13, après la rencontre mensuelle des prêtres de la Jordanie chez les Pèrl
res Jésuites à Jabal Hussein, Sa Béatitude prend l’avion pour Beyrouth en vue de
la prochaine réunion des Patriarches Catholiques d’Orient à Notre-Dame du Mont
(à Fatka, Jounieh). Mgr Sabbah rencontre le P. Khalil Alwan, secrétaire du CPCO
(« Conseil des Patriarches Catholiques d’Orient »). Le jeudi 15, Sa Béatitude est
interviewé par Télélumière. La ren­contre est transmise le surlendemain.
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Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
NOUVELLES
DU PATRIARCAT
Journée des Malades
Le dimanche 11, la Journée des Maladl
des est célébrée à Taybeh . Le curé, D.
Raed Abu­sahlieh, avec la communauté
paroissiale, et beaucoup de délégations
venues des autres territoires palestinl
niens, ont participé à la Messe, présidée
par S.E. Mgr Camillo Balin, Vicaire
Apostolique de Koweit, en visite à Jérl
rusalem.
Nomination de S.E. Mgr Fouad Twal
comme Membre du Conseil Pontifical
pour le dialogue interreligieux
Le 13 février, par une lettre (n. de protl
tocole 176/07), S. Em. le Cardinal Poupl
pard, informe S.E. Mgr Twal de sa noml
mination, de par le Saint-Père, comme
membre du Conseil Pontifical pour le
Dialogue interreligieux. Ce choix, qui
honore le Patriarcat en la personne du
Coadjuteur, est une reconnaissance pontl
tificale de la sagesse, de la compétence
et de l’expérience de Mgr Twal en ce
domaine. En date du 1 er mars, Mgr
Twal écrit au Cardinal Poupard expriml
mant sa gratitude à l’égard du Souverain
Pontife et sa disponibilité au service de
la Chaire de Pierre pour une meilleure
collaboration et compréhension entre les
croyants des religions monothéistes.
Visite de l’Archevêque de Paris
à la tête d’un groupe d’évêques
et de pèlerins
Le 15, un groupe d’évêques et de pèlerl
rins français guidés par S.E. Mgr VingtTrois, Archevêque de Paris, célèbre
la Messe à l’église Sainte Catherine,
Bethléem. Ils sont reçus par S.E. Mgr
Fouad Twal, Coadjuteur, qui prononce
un mot d’accueil où il souligne le Mystl
tère de l’Incarnation, par lequel la Parl
role de Dieu n’est plus seulement écrite
mais « s’est faite chair » , en assumant
vraiment la nature humaine, hormis le
péché. Le Coadjuteur attire l’attention
sur le drame de Bethléem, séparée de Jérl
rusalem par un mur qui l’isole et limite
tragiquement la liberté et les possibilitl
tés de gagne-pain pour les citoyens. Il
demande les prières des Evêques et des
autres Pèlerins pour la Ville de la Nativl
vité.
Incident au monastère de l’Assomptt
tion et de Saint Bruno à Beit-Jemal
Le soir du mercredi des Cendres, 21
février, les Sœurs et les Frères sont réunl
nis pour la prière à l’église du monastèrl
re. Soudain apparaissent deux hommes
en cagoule, masqués, l’un portant un revl
volver et l’autre une lame de rasoir. On
Février 2007
ne sait pas comment ils sont entrés dans
la propriété. Ils demandent de l’argent et
parlent hébreux avec un accent arabe. Fr.
Sylvain s’approche de l’homme au revl
volver et lui demande, calmement, de se
retirer. Les deux intrus finissent par partl
tir sans rien obtenir. La police les cueille
sur le chemin du retour. Il semble que
le but de l’intrusion ait été de faire peur
aux moniales, afin qu’elles abandonnent
le terrain convoité par d’autres entités
en vue d’investissements importants.
Pax Bank en Terre Sainte
Le samedi 24, le Patriarche Sabbah, en
la présence de S.E. Mgr Fouad Twal,
Coadjuteur, reçoit M. Hinzin, directeur
de la Pax Bank, qui a l’intention d’ouvrir
une filiale en Terre Sainte. Pour le moml
ment, le directeur a nommé M. Arvid,
représentant du Deutscher Verein (« Assl
sociation allemande de Terre Sainte »),
afin de préparer le terrain. M. Hinzin espl
père que la filiale fonctionnera en 2009
sous l’égide d’une banque locale.
Association AGEH allemande
pour le développement
Le même jour, le Patriarche reçoit M.
Martin Verenberg, responsable de l’Assl
sociation AGEH (« Arbeitsgemeinscl
chaft für Entwicklungshilfe »), pour
l’aide au développement, un service de
personnel des catholiques allemands
pour la coopération internationale, une
variante du DCC français. Il est accompl
pagné de Mme Barbara Schneider et de
Brigit Henseler, coordinatrice résidant
à Jérusalem, au Schmidt’s Girls’ Colll
lege. L’Asso­ciation, déjà présente dans
le pays, cherche à établir des liens plus
étroits avec le diocèse.
41
Rapports interreligieux à Jérusalem
La matinée du lundi 26, les patriarches
Sabbah et Théophilos III participent,
au Consulat français, à la « Jerusalem
Conference », qui se tient du 25 au 27,
avec une série d’auditions sur les Lieux
Saints, l’avenir des Chrétiens locaux et
le Statut de la Ville Sainte. Ils écoutent
les conférences de personnalités juives,
musulmanes et chrétiennes.
Le Comité permanent
des Evêques Catholiques Allemands,
en Terre Sainte
Le mardi 27, le Comité Permanent des
Evêques Catholiques Allemands tient sa
réunion annuelle en Terre Sainte : trois
jours à Tabgha et trois jours à Jérusall
lem. La Messe est présidée par S. Em.
le Cardinal Meissner de Cologne. Y ont
assisté Sa Béatitude Mgr Michel Sabbl
bah, LL.EE. Fouad Twal, Coadjuteur,
Boulos Marcuzzo, Vicaire patriarcal à
Nazareth, Kamal Bathish, Auxiliaire,
Elias Chacour, archevêque melkite de
Galilée, Boutros Mouallem, archevêque
melkite émérite de Galilée, ainsi que des
curés des parois­ses voisines melkites et
latines.
Après la Messe, la première pierre
est posée pour un monastère bénédictin
à Tabgha, où existait déjà une succursall
le de l’Abbaye de Sainte-Marie du Mont
Sion (Dormition) à Jérusalem.
Le groupe des Evêques allemands a
visité l’Université de Bethléem, accueilli
par S.E. Mgr Fouad Twal qui en est le
Président. Le Coadjuteur a présenté la
situation de l’Eglise et de la Terre sainte
en général, et celle de l’Université – ainsl
si que son rôle, en particulier. Ensuite,
les Evêques ont rencontré les Etudiants.
42
Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
En visitant Jérusalem, Bethléem et
d’autres régions de la Cis-Jordanie, les
Evêques Allemands sont fort impressl
sionnés par le « Mur de séparation »
qui leur rappelle celui de Berlin. Ils se
rendent compte des conditions minables
du peuple palestinien, enfermé dans une
grande prison et privé de beaucoup de
ses droits fondamentaux. C’est pouquoi
ils se sont exprimés en termes clairs qui
ont stigmatisé la situation ce qui leur a
attiré de fortes réactions israéliennes.
Une lettre d’excuse de la part des évêql
ques s’en suivit. Mais ce qui devait être
dit était dit, sur la réalité vécue par la
personne humaine en Palestine. Les
Prélats ont exprimé leur solidarité avec
l’Eglise de Jérusalem.
bles d’une grande communauté de travl
vailleurs indiens (dans les trois mille)
des diocèses de Bombay (Maharashtra)
et de Mangalore (Karnataka), viennent
voir le Patriarche en vue de la coordinl
nation du travail pastoral. La plupart
travaillent dans la région de Jaffa-Tel
Aviv ou s’y retrouvent pour les fins de
semaine. Bien organisés, ils ont une
caisse commune et font venir à leurs
frais (visa, voyage d’avion et séjour) un
prêtre de l’Inde pour les fêtes de Noël et
de Pâques. Ils assistent à une messe hebdl
domadaire à Herzliah, dans les locaux
de l’école américaine, messe célébrée
par un prêtre franciscain de la paroisse
Saint-Antoine de Jaffa, dont le P. Arturo
Vasaturo, o.f.m., est le curé.
A Jaffa Tel-Aviv,
communauté d’Indiens
Deux laïcs indiens, MM. Brian Desl
souza et Melwin Fernandes, responsabl
Visite de Solidarité au Haram
Le samedi 10 février, à 10.00 h., les
représentants des Eglises de Jérusalem
viennent au Patriarcat latin afin de partl
Février 2007
43
tir ensemble au Haram, pour la question
des fouilles qui y ont lieu et risquent de
provoquer une explosion, une troisième
Intifada. Dans la délégation se trouvent,
le Patriarche Sabbah, LL.EE. l’archevêql
que Aristarchos (du Patriarcat grec ortl
thodoxe), l’arche­vêque Aris Shirvanian
(du Patriarcat arménien orthodoxe), Mgr
George Bakar (vicaire patriarcal melkil
ite), l’évêque luthérien Mounib Younan,
l’évêque anglican Riah Abul Assal, ainsi
que des moines coptes, syriens et éthiopl
piens ortho­doxes. Le convoi descend de
la Porte de Jaffa et traverse le souk jusql
qu’à la Porte de la « Silsilah », accompl
pagné de la police israélienne. Les alentl
tours sont pleins de soldats. Pendant ces
jours de tension, l’accès au Haram (espl
planade des Mosquées) est interdit aux
non-musulmans comme aux jeunes musl
sulmans. Aux salons du Haram, la délégl
gation est accueillie, par le mufti, cheikh
Muhammad Hussein, ainsi que par le
cheikh Abdul-Aziz Salhab et d’autres
dignitaires musulmans. Ce fut une visite
de solidarité pour le maintien de la paix
et de la tranquillité à Jérusalem, car l’espl
planade des Mosquées est un endroit expl
plosif. Ce fut la visite de M. Ariel Sharl
ron à ce lieu saint, en septembre 2000,
qui fit éclater la deu­xième Intifada. Le
message de cette visite des autorités
chrétiennes est le devoir de respecter les
sensibilités religieuses et de sauvegarder
le statu quo dans tous les lieux saints,
afin de les garder comme des lieux de
prière et de ne pas les transformer en
lieux de guerre et de mort. ■
N N N
Réunions
Le mardi 6 février a lieu au Patriarcat la retraite mensuelle des prêtres du Patriarcl
cat et des autres curés religieux de Terre Sainte. Le lundi 12, le Patriarche préside
à Amman la réunion du Conseil presbytéral de la Jordanie. Le samedi 17, il préside
la réunion de la Commission pour les écoles de Jordanie ; y participent DD. Hanna
Kaldani (directeur général des écoles du Patriarcat), Farouk Bassir (curé de Naour),
Anton Emil (curé de Marka) et Yaqoub Rafidi (curé de Misdar, Amman). Le jeudi
22, il préside la réunion du Comité directeur de la Société Saint-Yves pour la défl
fense légale des pauvres. ■
❈ ❈ ❈
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Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
Nouvelles
du Vicariat de Nazareth
Le 1er février
Rencontre au Vicariat avec les membres du « Board of Trustees » du Campus Uni­­
versitaire d’Ibilline. L’échange de points de vue se concentre surtout autour de la néces­
sité de préparer des jeunes qualifiés pour assurer l’avenir de l’Église en Terre Sainte.
Le 4 février
Célébration de la «journée de la vie consacrée» à Haïfa, organisée par l’Union des religl
gieuses de Galilée, dont la présidente est Sr Margherita Giaccone. Après l’eucharistie,
présidée par le Vicaire patriarcal et concélébrée par un certain nombre de religieux, a
lieu une rencontre amicale, au cours de laquelle plusieurs religieuses expliquent leur
présence et leur activité en Terre Sainte, tandis que les fidèles de Haïfa, surtout les jeunl
nes, posent des questions sur la vie consacrée.
Messe de saint Jean Bosco chez les Salésiens de Nazareth, célébrée cette année
par le curé maronite de Nazareth, en présence du Vicaire patriarcal. Comme toujours
cette messe très populaire attire beaucoup de fidèles, spécialement beaucoup d’anciens
élèves des Salésiens.
Le 8 février
Rencontre avec 17 « ministres d’Église » américains, provenant de différentes
dénominations, dont la visite est organisée par l’ AJC (American Jewish Committee).
Le dialogue s’oriente tout naturellement vers les problèmes de justice et de paix en
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Terre Sainte, la situation de l’Église en Israël, et le dialogue œcuménique et interreligl
gieux.
Le 10 février
Messe solennelle de sainte Scolastique à Abu Ghosh, dans la communauté des Bénédl
dictins et des Moniales Bénédictines, présidée par le Vicaire patriarcal et concélé­brée
par le Père Abbé Charles Galichet, les prêtres de la communauté et d’autres hôtes comml
me le Vicaire apostolique du Kuweit, Mgr Camillo Ballin, et D. Gianmario Biemmi,
directeur de Deir Rafat.
A Maghar, messe pour la paix, présidée par l’archevêque Elias Chacour, entouré
des évêques Boutros Mouallem et Giacinto-Boulos Marcuzzo, devant une grande foule
de fidèles, deux ans après les événements tragiques qui ont troublé ce village en 2005.
Pendant une réunion populaire après la messe, les représentants de la population insistl
tent sur la nécessité de retrouver les chemins de la réconciliation dans le village et sur
la responsabilité des autorités d’assurer l’ordre, la loi et la protection légale pour tous
les citoyens.
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Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
Le 13 février
Arrivée à Nazareth de 600 pèlerins français, conduits par l’archevêque de Paris, Mgr
André Vingt-Trois, deux évêques et 20 prêtres. La visite comprend l’accueil à la fon-
taine de Marie, la procession, la messe solennelle à la Basilique de l’Annonciation – au
cours de laquelle le Vicaire patriarcal présente l’Eglise de Terre Sainte – et une réceptl
tion dans un hôtel de Nazareth organisée par la mairie.
Le 15 février
Rencontre très amicale des évêques Elias Chacour, George Bakar (grec catho­lique),
Boulos Marcuzzo (latin), Kyriakos, (grec orthodoxe), Boulos Sayah (maronite), dans la
maison de l’évêque émérite Boutros Mouallem à Eilaboun. Les rencontres de ce genre
n’ont pas de caractère officiel, mais deviennent presque une tradition et donnent toujl
jours lieu à un dialogue spontané entre les évêques des différentes communautés.
Février 2007
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Le 19 février
Le Vicaire patriarcal reçoit un groupe de 20 prêtres chinois, le même déjà reçu par
S.B. le Patriarche à Jérusalem. Ce pèlerinage était vraiment spécial parce que c’est la
première fois qu’un groupe de prêtres chinois arrive en Terre Sainte et qu’un groupe
de professeurs de séminaire vient pour des sessions de recyclage biblique « sur le terrl
rain ».
Le 20 février
Visite du Vicaire patriarcal à Jaffa de Nazareth pour quelques nouvelles constructions
érigées dans la paroisse. Le curé, Don Louis Hazboun, a restauré un hangar devant le
tombeau de Don Sante Visentin, aménagé une salle pour la paroisse dans l’ancienne
église et, dans la partie supérieure de la celle-ci, la bibliothèque pour l’école.
Le 22 février
Visite aux nouvelles découvertes arcl
chéologiques dans la prison de Megl
giddo, organisée par le ministère du
Tourisme. Le groupe de visiteurs compl
prend des évêques, des prêtres, des
religieux, des religieuses et d’autres
chrétiens de toute la Terre Sainte,
mais surtout de Jérusalem et de Nazl
zareth. Ils sont intéressés surtout par
la mosaïque chrétienne qui remonte
probablement à la fin du IIe siècle et
où nous lisons l’inscription en grec «A
notre Dieu Jésus-Christ».
Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
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Le dimanche 25 février
S.E. Mgr Fouad Twal visite pour la première fois la communauté
catholique d’expression hébraïque de Jérusalem. Le Coadjuteur
assiste à la Messe du premier dimanche du Carême célébrée
par le Custode, P. Pierbattista Pizzaballa, Vicaire Patriarcal
pour les communautés de langue hébraïque.. Dans son homélie,
en français, traduite par le P. David Neuhaus, S.J., Mgr Twal
souligne la nécessité de la pénitence qui nous rapproche du
Seigneur et du prochain.
Le 28 février
Rencontre des trois évêques catholiques de Galilée avec les 30 évêques de la Conférl
rence épiscopale allemande au « Pilgerhaus » à Tabgha. La rencontre, très vivante et
animée de nombreuses questions de la part des évêques allemands, a été introduite par
une intervention de chaque évêque local sur l’Eglise en général en Israël, ses institutl
tions et activités et le dialogue que cette Eglise entretient avec les autres religions.
N N N
UNE PAROISSE « OECUMENIQUE », MOUQUEIBLEH
(Interview du Bulletin Diocésain avec Mgr William Shomali)
En date du 5 novembre 2006, Sa Béatitude Mgr Michel Sabbah
a inauguré la nouvelle église paroissiale de Mouqueibleh,
un village en Israël, près du Mur construit devant la ville
palestinienne de Jenin. A cette occasion, le Bulletin Diocésain
(BD) a interviewé Mgr William Shomali, Recteur du Séminaire
Patriarcal, qui était à l’époque l’économe général du
Patriarcat Latin et a surveillé les travaux de construction.
BD- Quelle est l’identité de la communauté catholique de Mouqueibleh?
Mgr W. Shomali : Mouqueibleh est un petit village du nord d’Israël à un kilomètre
du checkpoint de Jenin, la fameuse ville palestinienne qui a connu, il y a 4 ans, une
bataille fort sanglante entre l’armée israélienne et les réfugiés du camp de Jenin.
La petite communauté chrétienne de Mouqueibleh compte une trentaine de
familles, latines, grecques catholiques et orthodoxes. Mais c’est un prêtre latin qui
les dessert toutes depuis 20 ans. Le premier a été le père Théodore Samama, de la
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49
Congrégation du Sacré-Coeur
de Bétharram. Des années
après sa mort, ses paroissiens
se rappellent toujours sa bonté
et son zèle missionnaire. Après
lui, c’est le curé de Jenin qui a
continué à visiter cette paroissl
se et les autres succursales de
Jenin comme Sabah Elkheir,
Koufr Koud, Jalameh, Beit
Imrin… où quelques familles
chrétiennes restent encore, fidl
dèles à leurs terres.
Le curé actuel de Jenin, D. Alphonse Salah, aidé par les religieuses, les « Filles
de Sainte Anne », a desservi la paroisse depuis douze ans environ. Mais le passage
de Jenin vers Mouqueibleh est devenu particulièrement pénible. Le checkpoint, qui
sépare les Palestiniens des Israéliens, est l’un des plus difficiles. Il faut un permis
spécial pour y passer. Du côté inverse, les habitants de Mouqueibleh, qui pouvaient
venir à Jenin dans les années 80-90, ne le peuvent plus à cause des restrictions militl
taires qui empêchent les Israéliens même arabes d’accéder aux Territoires Occupés
ou « Autonomes ».
BD- Comment est née l’idée de construire l’église?
Mgr Shomali : Pendant l’une des visites de S.B. le Patriarche Sabbah au nord de
la Terre Sainte, les paroissiens de Mouqueibleh, appartenant aux trois confessions
mentionnées, lui ont demandé d’avoir leur propre église et un prêtre résident, proml
mettant de trouver eux-mêmes le terrain pour la construction. Plus tard, ils ont écrit
une pétition, signée par leurs notables, exprimant le même désir.
L’une des premières tâches que Sa Béatitude m’a confiée, tout de suite après
ma nomination comme économe général du Patriarcat, était la construction de
l’église de Mouqueibleh. Il voulait une petite église. Mais, les paroissiens en voull
laient une plus grande, surtout parce qu’ils devaient justifier le fait d’avoir demandé
un grand terrain aux autorités compétentes.
BD- Qui a aidé à la construction de cette église?
Mgr Shomali : D’abord, c’est le Conseil municipal qui a donné un terrain de
4000m2, pour une période de 99 ans, car, en Israël, chaque vente de terrain est un
contrat pour 99 ans. L’un des paroissiens, M. Mizher Saad, travaillait comme ingénl
nieur au Conseil municipal régional de Mou­queibleh. Grâce à ses bonnes relations
avec le président et d’autres membres juifs et musulmans du Conseil municipal, il
50
Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
a pu obtenir le permis pour la construction de l’église. Normalement, un tel permis
n’est pas facile à obtenir.
Le terrain et les permis étant prêts, le Patriarche a senti la nécessité de passer
à l’action. La première somme disponible est arrivée : elle provenait d’un Chevl
valier italien de Monza, Ales­sandro Barlassina, parent de Mgr Luigi Barlassina,
cinquième Patriarche latin de Jérusalem. La première somme fut vite suivie d’une
autre. C’était un signe que la Providence allait bénir le projet. Vite après, d’autres
contributions s’ajoutaient : de l’Italie, de l’Angleterre, des Etats-Unis et même de
l’Australie. Nous avons reçu aussi une aide du Ministère israélien des Affaires religl
gieuses. Les Chevaliers anglais, spécialement le lieutenant Michael Wheelan, Roy
Putt et le Chanoine Jim Pannett ont pris le projet à coeur et se sont mis à organiser
des collectes pour Mouqueibleh. Le Grand Magistère a aussi participé avec une
somme de 100.000 $ pour terminer le presbytère. Un prêtre italien, D. Gian Luigi
Carminati, a envoyé une belle somme héritée de sa mère. Un autre prêtre italien,
D. Constantino, a contribué avec sa paroisse. Il faut dire que la Providence n’a pas
manqué. L’argent venait au fur et à mesure. Nous avons reçu ce qu’il fallait, ni
plus ni moins. Le projet a coûté en tout 600,000.00 $US environ. Le résultat était
merveilleux. L’architecte Nader Srouji, homme de confiance de Mgr Boulos Marcl
cuzzo, Vicaire patriarcal latin à Nazareth, et l’entrepreneur Mizher Saad ont bien
travaillé.
Le jour de la consécration de l’église et de l’autel, des centaines de personnes
sont venues. Etaient présents LL.EE. Kamal Bathish, auxiliaire à Jérusalem, Boulos
Marcuzzo, et l’archevêque melkite émérite, Mgr Boutros Mouallem, ainsi qu’un
groupe de Chevaliers anglais et américains, D. Carminati, le Séminaire de Beit Jala,
les paroissiens de Mouqueibleh et leurs amis de Nazareth. Pendant la messe, le Patl
triarche a conféré le titre de Chanoine d’honneur du Saint-Sépulcre à trois prêtres:
D. Carminati (Italie), P. Jim Pannett (Angleterre) et P. Donald Fraser (Etats-Unis),
tous bienfaiteurs du Patriarcat latin de Jérusalem. Etait présent aussi M. César Marjl
jieh, directeur du bureau israélien des Affaires religieuses pour les relations avec les
Chrétiens. C’est un chrétien de Jaffa de Nazareth qui a facilité le travail et trouvé
des fonds pour finir l’église.
BD- Quels résultats ont été obtenus?
Mgr Shomali : L’église actuelle peut contenir facilement 250 personnes, beaucoup
plus que les habitants chrétiens de la paroisse. Mais c’est nécessaire pour les grandl
des occasions comme les mariages ou les funérailles. A côté de l’église ont été
construites une petite salle paroissiale et une maisonnette pour le futur curé résidl
dent. L’église est bâtie en pierre blanche ; l’autel, l’ambon et les fonts baptismaux
ont été construits avec la pierre d’Hébron. La terrasse a été couverte de dallage pour
empêcher l’infiltration de l’eau pendant l’hiver.
Février 2007
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BD- Quel est le titulaire de l’église?
Mgr Shomali : Face à l’église actuelle, on voit le Mont Thabor. Sa Béatitude a souhl
haité dédier l’église au mystère de la Transfiguration. C’est pourquoi, nous avons
demandé à un artiste de Bethléem, M. Johny Andonié, de peindre sur toile la scène
de la Transfiguration qui couvre une grande partie de l’abside. C’est la première
église paroissiale du Patriarcat latin à être dédiée à ce mystère.
BD - Quelles sont les relations entre les diverses communautés chrétiennes de
Mouqueibleh?
Mgr Shomali : Elles sont bonnes. L’église, bien que construite par le Patriarcat
latin, servira pour toutes les communautés présentes.
Tous les habitants ont fortement exprimé leur reconnaissance au Patriarcat
latin qui ne les a jamais abandonnés. Maintenant un prêtre de Nazareth, D. Marco
Riva (de l’œuvre de Don Guanella), est nommé administrateur de la paroisse. Il
vient chaque semaine pour célébrer la messe et faire le catéchisme. Le curé de Jenl
nin, actuellement malade, a des difficultés pour passer le checkpoint. Les Soeurs de
Jenin continuent à visiter la paroisse et à y travailler. Elles aussi étaient très favorabl
bles à la construction d’une église et ont pourvu une belle somme reçue d’un prêtre
italien, D. Con­stantino, qui a pris à coeur d’aider ces missionnaires italiennes dans
leur travail difficile.
BD - Quelles sont les relations avec les musulmans?
Mgr Shomali : Mouqueibleh compte 3000 musulmans. Les deux communautés vivl
vent en paix et respect mutuel. Même l’imam de Mouqueibleh était présent. Son
discours était favorable à la présence chrétienne à Mouqueibleh. Au souper qui
a suivi la messe d’inauguration de l’église, beaucoup de musulmans et de juifs
étaient présents. Le Patriarche a remercié les membres du Conseil municipal régionl
nal, composé de juifs et de musulmans, d’avoir offert le terrain pour la construction
de l’église. En signe de reconnaissance et d’appréciation, Sa Béatitude leur a offert
une médaille commémorative.
Pendant les travaux, les chrétiens travaillaient avec les musulmans pour
construire l’église. Tout se faisait dans un respect mutuel exemplaire.
BD - Quel avenir a cette paroisse?
Mgr Shomali : Les jeunes de Mouqueibleh travaillent à Nazareth, Afoula et les
autres villes voisines. Ils ont un gagne-pain et tiennent à rester dans leur village.
Pour le moment, ils sont satisfaits. Ils souhaitent seulement un curé résident et un
jardin d’enfants, ce qui est difficile pour le moment. Le Patriarcat latin doit répondl
dre à beaucoup de demandes d’autres paroisses. Par ailleurs, la construction du
jardin d’enfant de Jenin et de sa nouvelle salle paroissiale vient de se terminer. ■
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ANNEXE
Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
Documents
1-Déclaration du cardinal Karl Lehmann,
président de la Conférence épiscopale allemande
à l’issue de son pèlerinage en Terre Sainte(*)
Nous montons maintenant dans l’avion pour rentrer en Allemagne après avoir passé
en Terre sainte des journées intenses, riches en expériences. Il faudra un certain recul
pour assimiler ces nombreuses impressions. Aussi me contenterai-je aujourd’hui d’un
résumé provisoire.
C’était la première fois que le Conseil permanent de la Conférence épiscopale
allemande, c’est-à-dire les évêques des 27 diocèses allemands, effectuait un pèlerinage
en Terre sainte. Il s’agit en outre, abstraction faite d’une réunion à Rome, de la preml
mière réunion du Conseil permanent à l’étranger. Je crois pouvoir parler au nom de mes
frères en disant que nous ne regrettons pas cette expérience. Au contraire, nous sommes
heureux d’avoir fait ce pèlerinage. Il importe beaucoup aux évêques allemands de vivre
et de rénover leur communauté, expérience qui leur donne un nouvel élan et davantage
de force dans la poursuite quotidienne de leur mission.
C’est essentiellement en tant que pèlerins que nous avons foulé la Terre sainte.
Nous désirions remonter aux sources de la foi biblique, de la foi chrétienne. Il est enrl
richissant pour nous évêques de renouveler notre croyance et notre mission à partir de
ses fondements, et cela non pas individuellement mais en commun. Aussi avons-nous
célébré la sainte messe et lu le bréviaire de l’Eglise dans d’importants lieux de pèlerinl
nage chrétien, dans l’église de la Multiplication des Pains et des Poissons et dans celle
de la Primauté de Pierre à Tabgha, devant la grotte de l’Annonciation à Nazareth, dans
l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, dans l’Eglise Sainte-Catherine, près de la grotte
de la Nativité à Bethléem et, aujourd’hui, avec les bénédictins allemands, dans la basill
lique de la Dormition sur le mont Sion à Jérusalem. Ainsi nous ne sommes pas entrés
en contact uniquement avec les sanctuaires témoins du christianisme, mais nous avons
également ressenti la présence salutaire de Dieu à notre époque.
Je voudrais insister sur le fait que, tout au début de notre voyage, on nous avait
donné l’occasion de participer à la bénédiction de la première pierre d’une annexe du
monastère des Bénédictins. Nous sommes heureux que la communauté bénédictine
puisse accueillir continuellement des novices.
(*) Communiqué du cardinal Karl Lehmann, président de la Conférence épiscopale allemande, à l’issue du
pèlerinage du Conseil permanent de la Conférence épiscopale allemande en Terre sainte, du 26/2 au 4/3/07.
Communiqué de presse de la Conférence épiscopale allemande du 4/3/07 (traduction Horizons et débats).
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Au cours de notre voyage, nous avons attribué une grande importance au dialogue avec
les chrétiens vivant sur place et à la visite de leurs institutions et écoles. Nous avons
dit combien nous nous sentions liés aux chrétiens vivant en Terre Sainte, minorité qui
ne représente qu’environ 2% de la population. Ils vivent souvent dans des conditions
difficiles, particulièrement en ces temps de conflits violents où les minorités souffrent
de leur marginalité sociale. En Israël, étant à la fois arabes et chrétiens, ils sont doubl
blement marginalisés. Dans les territoires palestiniens, ils sont exposés à un islamisme
croissant. Le nombre élevé de ceux qui quittent la région continue de nous inquiéter.
En Galilée, à Bethléem, à Nazareth, à Ramallah et à Jérusalem, nous avons
rencontré des chrétiens et des paroisses chrétiennes qui nous ont fait partager leurs
expériences quoti­diennes. Nos frères épiscopaux, Mgr Elias Chacour, archevêque de
l’Eglise grecque catholique, Mgr Paul Sayah, évêque de l’Eglise maronite, Mgr Giacl
cinto Marcuzzo, Mgr Antonio Franco, archevêque, Nonce Apostolique du Saint-Siège
en Israël et à Chypre et Délégué Apostolique à Jérusalem et en Palestine, Mgr Michel
Sabbah, patriarche latin de Jérusalem, aussi bien que de nombreux prêtres et membres
d’ordres religieux nous ont décrit la situation des chrétiens de manière très évocatrice.
Nous avons appris qu’en Terre sainte, l’Eglise catholique est vivante et qu’elle
se manifeste non seulement par ses activités culturelles mais par son travail social. A
l’Ecole salvatorienne de Nazareth, à l’Ecole Schmidt de Jérusalem-Est et à l’Universl
sité catho­lique de Bethléem, nous avons été témoins de la collaboration entre étudiants
chrétiens et musulmans. Le Caritas Baby Hospital à Bethléem, où l’on s’efforce, dans
des conditions difficiles, d’apporter une assistance médicale efficace aux familles pall
lestiniennes et à leurs enfants, est un exemple de l’engagement social de l’Eglise. On
constate à quel point l’Eglise, en Terre sainte, apporte sa contribution à la vie sociale
grâce à ses écoles et à ses institutions sociales.
A cet égard, la question de la situation juridique de l’Eglise et de l’imposition des
organisations et des biens ecclésiastiques importent beaucoup, comme nous l’avons
clairement exposé lors d’un entretien avec Shimon Peres, Vice-Premier ministre d’Isrl
raël. Il a assuré notre délégation – et nous nous en réjouissons – qu’il ferait accélérer
les négociations en cours entre Israël et le Vatican.
Quant à nous, nous continuerons de faire notre possible pour témoigner notre soll
lidarité à la minorité chrétienne vivant sur place. Nous voulons contribuer à ce que les
chrétiens vivant ici aient un avenir. La Terre sainte ne doit pas se transformer en musée
de plein air du christianisme. Le libre accès aux sanctuaires doit être garanti aux adeptl
tes de toutes les confessions. Nous encouragerons donc expressément tous les croyants
à entreprendre des pèlerinages en Terre sainte.
Une des stations les plus importantes de notre voyage fut la visite du mémorial
de la Shoah de Yad Vashem. Ce fut un moment bouleversant pour nous tous. Là-bas,
nous avons souligné que le devoir s’impose à tous les Allemands, et en dernière analyse
à l’humanité tout entière, de réfléchir au génocide du peuple juif, et cela aussi bien à
l’avenir qu’aujourd’hui. C’est cette idée que j’ai voulu exprimer en écrivant dans le livre
d’or: « Personne ne peut être libre s’il cherche à se libérer du souvenir de la Shoah.»
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Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
C’est dans cette perspective que je suis particulièrement reconnaissant de l’accl
cueil chaleureux que le Grand Rabbin ashkénaze d’Israël, Yona Metzger, a réservé à
notre délégation, emmenée par le président de notre Commission pour les relations
juives à Jérusalem. Cela montre que nous avons pu commencer, au cours des dernières
décennies, de nouveaux chapitres du dialogue entre chrétiens et juifs.
Il est évident qu’un but important de notre voyage consistait aussi à nous informl
mer sur la situation politique en Terre sainte. Du côté israélien, nous avons eu des entl
tretiens avec Shimon Peres et Avi Primor, ancien ambassadeur d’Israël en Allemagne.
De l’autre côté, nous avons rencontré Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinl
nienne, de même que des hauts fonctionnaires. Au cours de ces entretiens, il est apparu
clairement à quel point la situation actuelle était dans l’impasse et combien précaire
était l’espoir d’aboutir à une solution viable pour les deux parties. Les Israéliens ne cessl
sent d’insister sur la sécurité qu’ils voient menacée continuellement par des terroristes.
De l’autre côté, les Palestiniens voient dans l’occupation des territoires palestiniens par
Israël l’unique source du conflit. A la suite de nos rencontres, il nous est apparu que la
confiance entre les deux parties en conflit, qui a toujours été ténue, s’était encore amenl
nuisée. Nombreux sont ceux qui pensent que cette perte de confiance sera irréparable.
On se trouve là dans une impasse dangereuse. C’est ce qui nous a attristés le plus, en
dépit de quelques lueurs d’espoir, surtout après nos rencontres avec des jeunes gens.
De plus, chez les Palestiniens, l’impression s’est accentuée qu’avec l’extension
des colonies, la construction du Mur, la création de réseaux routiers séparés et le systl
tème des postes de contrôle, on a créé des faits accomplis qui tendent à consolider le
statu quo. Il nous a semblé que l’ensemble des mesures a certes amélioré la sécurité
d’Israël mais qu’elle ne sert pas la paix à longue échéance.
Notre statut d’évêque nous défend de jouer les médiateurs politiques ou de propl
poser des solutions à la crise. En revanche, nous pouvons, nous devons même, attirer
sans cesse l’attention sur les souffrances humaines. Nous sommes conscients des peurs
des Israéliens face aux menaces terroristes et au fait que le droit de leur Etat à exister
est toujours nié par certains. Nos visites en Cisjordanie nous ont appris dans quelles
conditions catastrophiques vivent les Palestiniens: chômage atteignant environ 60%,
impossibilité absolue de circuler librement, ce qui sépare en permanence beaucoup
de familles, traitement vécu par beaucoup de Palestiniens comme humiliant lors du
passage des postes de contrôle, tout cela désespère de nombreux Palestiniens, poussant
certains vers l’extrémisme politique et religieux. A cet égard, la situation à Bethléem
nous a semblé particulièrement alarmante: la population a l’impression, face au tracé
du Mur, d’être encerclée.
Toujours est-il que nombreux sont ceux qui, également au sein de l’Eglise, nourrl
rissent un certain espoir eu égard à la reprise des efforts du Quartet et à la présidence
allemande du Conseil européen. Mais face à la réalité, ces espoirs doivent rester modestl
tes. Cela vaut également quand l’on considère ce que l’Eglise peut faire pour contribuer
à la solution du conflit sur place et dans le monde. Et pourtant notre foi nous pousse
fondamentalement à garder l’espoir. L’occasion nous en est donnée par le courageux
Février 2007
55
témoignage des Eglises en Terre sainte, notamment des ordres religieux, qui contribl
buent fortement aux efforts en vue d’une réconciliation.
Nous adressons ici même un grand merci à Harald Kindermann, ambassadeur
d’Alle­magne en Israël, et à Jörg Ranau, directeur de la Représentation permanente de
la République fédérale d’Allemagne à Ramallah. Nous remercions également le Deutscl
cher Verein vom Heiligen Lande qui a grandement contribué à la réussite de notre
pèlerinage.
N N N
2-Mot d’accueil
de S.E. Mgr Fouad Twal, Coadjuteur,
à l’Archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois,
et au groupe d’Evêques et de Pèlerins Français
(Basilique de la Nativité, le 15 février 2007)
Excellences, chers Pères et chers pèlerins,
Je suis heureux de vous accueillir en cette Basilique de la Nativité. Au nom de la comml
munauté chrétienne en Terre Sainte, au nom de tous les habitants de Bethléem, je vous
souhaite la bienvenue.
Nous sommes heureux de pouvoir célébrer avec vous, de pouvoir prier ensemble
en ce lieu saint, comme une seule famille internationale, comme membres d’une même
Eglise Universelle. Vous savez que tout a commencé ici à Bethléem par l’Incarnation
de notre Dieu. Tout est parti d’ici, de cette Crèche de Bethléem. La Parole n’est plus
seulement écrite, ni seulement commentée dans d’interminables commentaires, mais
elle prend visage humain « en tout semblable à nous, sauf le péché ». Son visage était
celui de tout enfant, de tout jeune, de tout adulte. Avec comme conséquence, qu’on
pouvait Le méconnaître, Le repousser, L’accueillir et même passer de côté.
Croire en l’Incarnation, n’est-ce pas aussi accepter d’être bousculé, d’être poussé
au concret, à voir de près les situations et les personnes ? Même l’analyse politique,
quand elle est bien menée, ne nous éloigne pas de l’Incarnation !
Avec vous nous prions : « Ouvre nos yeux Seigneur aux merveilles de ton
amour ».
Avant nous, des Mages sont venus de très loin, désireux de rencontrer l’Enfant de
Bethléem. Ils ont dû supporter les difficultés de leur voyage, de leur déplacement, de
leur questionnement. Ils ont dû subir l’incompréhension de leur entourage. Mais enfin
ils ont trouvé l’Enfant, ils ont offert leur solidarité à la Sainte Famille, et ils sont rentrés
Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin
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chez eux, par une autre route, avec une autre mentalité, une autre richesse et une autre
connaissance de la réalité de Jérusalem.
Aujourd’hui l’histoire se répète.
Excellence et cher Ami Mgr. André Vingt Trois,
En arrivant à l’aéroport de Ben-Gurion lundi dernier, vous avez manifesté votre joie
d’être en Terre Sainte et vous avez bien dit que la ville de Jérusalem est le centre des
Religions et elle doit unir toute les Religions dans la paix et la tolérance. Merci Monsl
seigneur pour ces paroles.
Mais comme vous le savez, chers Pèlerins de France, Bethléem est une ville
qui souffre et nous souffrons avec elle. Quelques fois nous avons l’impression d’être
seuls et abandonnés, sans une solution à nos problèmes. Pour nous comme pour vous,
Bethléem ne peut pas être séparée de Jérusalem malgré tous les murs que les hommes
peuvent ériger. Le mystère de l’Incarnation ne peut pas être séparé de celui de la Croix
et de la Résurrection.
Vous vous rendrez compte de cette situation dramatique en passant à travers
les rues de la ville, en voyant les boutiques fermées. Complètement enfermée dans de
hautes murailles, c’est toute la vie sociale et économique qui s’éteint petit à petit. Les
habitants, comme la Sainte famille qui s’est réfugiée en Egypte, n’ont qu’un désir :
émigrer pour échapper à une mort lente, et éviter une situation qui ne leur laisse que peu
d’espoir d’avenir. Comme vous l’avez bien dit, Excellence, à Tel-Aviv : « la recherche
de la sécurité ne peut pas faire abstraction d’une exigence éthique : « sécurité et respect
de la justice ne peuvent être séparées ».
Chers Pèlerins de France, merci d’être avec nous.
Votre présence ici est un signe éloquent d’une communion ecclésiale, qui nous fait sentl
tir moins seuls. Et nous n’aimons pas être seuls dans notre mission ni être oubliés des
autres Eglises soeurs. En parcourant Israël, grâce aux efforts du Ministère du Tourisme
israélien, vous ne pouviez pas ne pas rencontrer vos frères Chrétiens, en particulier à Bethléem. Noblesse oblige et la charité fraternelle l’exige. Vous portez avec vous un message
d’espoir pour tous les habitants de Terre Sainte. En union avec vous, avec les chrétiens
du monde entier et tous les hommes de bonne volonté, nous redonnerons à Bethléem la
force d’espérer, pour un avenir plus humain, plus digne dans la paix et la justice.
Chers Pèlerins, en rentrant chez vous, plus enrichis spirituellement, plus conscients
de la situation dramatique que vivent les habitants de Terre Sainte, n’oubliez pas dans
vos prières la ville de Bethléem, la petite communauté chrétienne, tous les habitants de
la Terre Sainte, juifs, musulmans et chrétiens, pour que les efforts et les gestes couragl
geux de ceux qui croient à la justice, arrivent un jour, à réaliser la paix, cette paix tant
désirée et qui ne semble pas être si proche…
Chers Amis, pèlerins de France, Merci pour votre présence parmi nous, que le Seigl
gneur vous bénisse. ■