Février 2007
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Février 2007
j érusalem BULLETIN DIOCESAIN DU PATRIARCAT LATIN FLe désert dans notre vie spirituelle de Terre Sainte FL’Archevêque de Paris à la tête d’un grand Groupe de Pèlerins Français FLe Comité permanent des Evêques Allemands en Terre Sainte FLa Déclaration du Cardinal Lehmann sur la situation actuelle de Terre Sainte 2 ANNÉE 73 FÉVRIER 2007 Sommaire Jérusalem La Voix du Saint-Père - Message du Pape Benoît XVI pour le Carême 2007 33 ____________________________________________________________________________________________ La Voix du Pasteur - Message du Carême 2007 35 Activités de S.B. le Patriarche - Célébrations liturgiques - Audiences 37 38 Nouvelles du Patriarcat - Réunions 39 43 Nouvelles du Vicariat de Nazareth 44 48 ____________________________________________________________________________________________ Année 73 - n. 2 Février 2007 ____________________________________________________________________________________________ Patriarcat Latin B.P. 14152 Jerusalem 91141 ____________________________________________________________________________________________ Office des Communications Sociales du Patriarcat Tél. +972-(0)2-628 23 23 +972-(0)2-627 22 80 Fax +972-(0)2-627 16 52 Abonnement de soutien Israël, Palestine, Jordanie, Chypre Etranger (Par Avion) 25$ 35$ VERSEMENT Acct. No. 17-638-980-013-311383 Mercantile Bank West-Jerusalem IMPRIMERIE DU PATRIARCAT LATIN BEIT JALA — 2007 ____________________________________________________________________________________________ Une paroisse « œcuménique », Mouqueibleh - Interview du Bulletin Diocésain avec Mgr William Shomali) ____________________________________________________________________________________________ Documents - ANNEXE, 1- Déclaration du cardinal Karl Lehmann, président de la Conférence épiscopale allemande à l’issue de son pèlerinage en Terre Sainte 52 2- Mot d’accueil de S.E. Mgr Fouad Twal, Coadjuteur, à l’Archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois, et au groupe d’Evêques et de Pèlerins Français 55 ____________________________________________________________________________________________ Février 2007 33 La Voix du Saint Père Message du Pape Benoît XVI pour le Carême 2007 « Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé.» (Jn 19, 37) BENEDICTUS PP. XVI 13/02/2007 Chers frères et sœurs ! « Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé. » (Jn 19, 37). C’est le thème biblique qui guidera cette année notre réflexion quadragésimale. Le Carême est une période propice pour apprendre à faire halte avec Marie et Jean, le disciple préféré, auprès de Cell lui qui, sur la Croix, offre pour l’Huml manité entière le sacrifice de sa vie (cf. Jn 19, 25). Aussi, avec une participatl tion plus fervente, nous tournons notre regard, en ce temps de pénitence et de prière, vers le Christ crucifié qui, en mourant sur le Calvaire, nous a révélé pleinement l’amour de Dieu… La Croix révèle la plénitude de l’amour de Dieu. C’est dans le mystère de la Croix que se révèle pleinement la puissance irrésistible de la miséricorde du Père céleste. Pour conquérir à nouveau l’amour de sa créature, Il a accepté de payer un très grand prix : le sang de son Fils Unique. La mort qui, pour le premier Adam, était un signe radicl cal de solitude et d’impuissance, a été ainsi transformée dans l’acte suprême d’amour et de liberté du nouvel Adam. 34 Aussi, nous pouvons bien affirmer, avec Maxime le Confesseur, que le Christ « mourut, s’il l’on peut dire, divinement parce que il mourut libreml ment » (Ambigua, 91, 1956)… « Celui qu’ils ont transpercé » Chers frères et sœurs, regardons le Christ transpercé sur la Croix ! Il est la révélation la plus bouleversante de l’amour de Dieu, un amour dans lequel eros et agape, loin de s’opposl ser, s’illuminent mutuellement. Sur la Croix c’est Dieu lui-même qui mendie l’amour de sa créature : Il a soif de l’amour de chacun de nous. L’apôtre Thomas reconnut Jésus comme « Seigl gneur et Dieu » quand il mit la main sur la blessure de son flanc. Il n’est pas surprenant que, à travers les saints, beaucoup aient trouvé dans le cœur de Jésus l’expression la plus émouvante de ce mystère de l’amour. Le sang et l’eau. « Ils regarderont celui qu'ils ont transpercé ». Regardons avec confiancl ce le côté transpercé de Jésus, d’où jaillissent « du sang et de l’eau » (Jn 19, 34) ! Les Pères de l’Église ont considéré ces éléments comme les symboles des sacrements du Baptême et de l’Eucharistie. Avec l’eau du Baptl tême, grâce à l’action du Saint-Esprit, se dévoile à nous l’intimité de l’amour trinitaire. Pendant le chemin du Carêml me, mémoire de notre Baptême, nous sommes exhortés à sortir de nous-mêml mes pour nous ouvrir, dans un abandon confiant, à l’étreinte miséricordieuse du Père (cf. saint Jean Chrysostome, Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin Catéchèses 3,14). Le sang, symbole de l’amour du Bon Pasteur, coule en nous tout spécialement dans le mystèrl re eucharistique : « L’Eucharistie nous attire dans l’acte d’offrande de Jésus… nous sommes entraînés dans la dynaml mique de son offrande » (Encyclique Deus caritas est, 13). Nous vivons alors le Carême comme un temps « eucharl ristique », dans lequel, en accueillant l’amour de Jésus, nous apprenons à le répandre autour de nous dans chaque geste et dans chaque parole. Contempl pler « celui qu’ils ont transpercé » nous poussera de manière telle à ouvrir notre cœur aux autres en reconnaissant les blessures infligées à la dignité de l’être humain ; cela nous poussera, en particulier, à combattre chaque forme de mépris de la vie et d’exploitation des personnes, et à soulager les drames de la solitude et de l’abandon de tant de personnes. Le Carême est pour chaql que chrétien une expérience renouvell lée de l’amour de Dieu qui se donne à nous dans le Christ, amour que chaque jour nous devons à notre tour « redonnl ner » au prochain, surtout à ceux qui souffrent le plus et sont dans le besoin. De cette façon seulement nous pourrl rons participer pleinement à la joie de Pâques. Marie, Mère du Bel Amour, tu nous guides dans ce chemin du Carêml me, chemin d’authentique conversion à l’amour du Christ. A vous, chers frèrl res et sœurs, je souhaite un chemin du Carême profitable, et je vous adresse affectueusement à tous une spéciale Bénédiction Apostolique. ■ Benoît XVI Février 2007 35 La Voix du Pasteur Message du Carême 2007 Frères et Sœurs La grâce et la paix de Notre Seigneur Jésus-Christ soient avec vous. Nous commençons le Carême. Avec Jésus nous allons au désert de Jéricho, qui nous dit aujourd’hui deux choses : premièrement, le désert qui l’entoure encore est le même où Jésus a voulu jeûner et prier avant de porter sa mission au monde ; deuxièmement, Jéricho est une petite ville prison, comme toutes les villes palestiniennes, symbole de la situation de conflit qui est devenue notre milieu de vie, génération après génération et jour après jour. D’un côté, dans ce carême, nous voulons prier et rencontrer Dieu dans la solitude, et de l’autre, nous voulons rencontrer les hommes pour surmonter le conflit et voir le visage de Dieu en tous. Au désert, nous nous libérons, pour un temps, du poids de nos soucis dans notre vie privée ou publique pour pouvoir jouir d’un moment de liberté intérieure qui nous permette de voir : voir Dieu et voir, dans les profondeurs de nous-mêmes, le bien ou le mal que nous portons, afin de pouvoir nous purifier et de mieux connaître la vocation à laquelle Dieu nous appelle dans notre Eglise et dans notre société. L’Eglise nous invite durant le carême à nous abstenir de la nourriture, non pour le but de nous abstenir de certaine ou de toute nourriture, mais comme moyen par lequel nous nous exerçons à nous abstenir d’une chose pour arriver à une autre meilleure, et comme moyen de retrouver notre liberté. Nous nous libérons des pressl sions du corps et de la matière, et des sentiments qui nous poussent à haïr et à déml molir, afin de pouvoir ranimer la force de l’Esprit qui est en nous et qui nous aide à vivre la vie abondante que Jésus est venu nous donner, faite d’épreuves, il est vrai, « qui veut me suivre qu’il porte sa croix et me suive » (Mc 8,34), mais faite aussi d’un amour qui rend la vie abondante : «Je suis venu pour qu’ils aient la vie et la vie 36 Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin en abondance. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 10,10 ; Jn 13,35). Nous jeûnons pour devenir capables de nous réconcilier avec Dieu, comme nous le dit St Paul : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5,20). Et la réconcill liation avec Dieu ne peut pas se faire sans la réconciliation avec tous les enfants de Dieu, nos frères et sœurs, amis ou ennemis. Nous jeûnons, pour renouveler l’acceptation de notre foi avec toute sa force libératrice et ses exigences. Car avoir la vocation du levain, du sel et de la lumière, est une vocation à une vie difficile. Mais Jésus nous dit aussi : « Si vous avez la foi, vous pouvez transporter les montagnes » (cf Mt 21,21). La foi authentique, pleinement acceptée et vécue, compense le petit nombre, écarte la peur, et rend le croyant, même s’il est seul dans sa société, capable de contribuer à la construction commune. La vocation du levain dans la pâte dans la Terre même de Jésus nous demande de rester dans cette terre, bien que la vie dans d’autres terres puisse être plus commode. La vocation du levain est la vocation à vivre le commandement de l’amour, afin de pardonner, tout en réclamant tous les droits perdus, et de faire de la vie un partage de biens et de sacrifices qui nous rend tous, avec toutes nos différencl ces de religion ou de nationalité, de véritables constructeurs de la nouvelle société qui doit naître en Terre Sainte pour tous, juifs, druzes, musulmans et chrétiens. Nous sommes appelés à une vie difficile dans le conflit qui dure toujours en Palestine et qui a ses répercussions dans d’autres pays de notre diocèse, Israël et Jordanie : l’occupation et tout ce qui s’en suit, limitation de la liberté, le mur, les barrières militaires, les privations, les militaires israéliens qui, à tout moment, entl trent dans les villes palestiniennes, tuent des personnes, emmènent des prisonniers, déracinent les arbres, et démolissent les maisons… Ajouter à cela, le manque de vision à l’intérieur de la société palestinienne, et le manque de sécurité, exploité par certains qui se permettent de violer les lois et d’opprimer leurs frères, surtout ceux qui portent des armes et qui les emploient pour opprimer et voler l’argent des autres. Et les luttes intestines qui hésitent à disparaître… A cela s’ajoute la nonréponse ou l’incapacité de la communauté internationale à répondre aux multiples voix de paix qui partent de la région. Et les prières, multiples, qui s’élèvent de partout et persévèrent, dans ce temps d’épreuve : en elles et dans toute personne de bonne volonté, nous mettons notre espérance. Face à cela, le carême rappelle au chrétien que cette situation peut être une situation de mort ou de vie nouvelle et qu’il est appelé à la convertir en une situatl tion de vie nouvelle. Ainsi notre jeûne a pour but : premièrement de méditer et de rechercher la volonté de Dieu et sa Providence dans les épreuves que nous vivons. Février 2007 37 Deuxièmement, renouveler notre amour les uns pour les autres : en ajoutant le poids des soucis de nos frères à nos propres soucis, Dieu devient présent parmi nous, selon la parole de Jésus : « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20). Nous devenons ainsi trois à porter nos soucis, nous, notre frère et Dieu. Avec cela, nous devenons plus forts et le poids sera plus léger. Troisièmement, avec la présence de Dieu parmi nous, nous arriverons à voir le sens des événements que nous vivons, nous verrons comment convertir les épreuves et les oppressions en amour les uns pour les autres, et donc en plus de force pour plus d’unité et pour une véritable résistance qui a pour but non de démolir l’adversaire ou de remplir nos cœurs de rancune contre lui, mais de mettre fin au mal de l’occupl pation, avec toutes ses oppressions, et commencer ainsi une vie nouvelle pour tous, occupés et occupants. Frères et soeurs, je demande à Dieu pour vous toute grâce et bénédiction. Que votre jeûne soit béni et agréé, et soit une source de renouvellement de l’esprit en vous. Je demande à Dieu Très-Haut de vous donner la grâce d’aimer la vie malgré les circonstances dures dans lesquelles il vous a envoyés pour construire une vie nouvelle et une société nouvelle pour tous. Amen ■ + Michel Sabbah, Patriarche Jérusalem, Mercredi des Cendres, 21 février 2007. Activités de S.B. le Patriarche Célébrations liturgiques Le dimanche 4 février, le Patriarche Michel Sabbah inaugure, à Jifnah, l’église paroissiale Saint-Joseph, renouvelée grâce à la générosité de M. Jiries Sharbain, libraire, originaire de Jifnah et résidant à Ramallah, qui a offert $US 150.000 pour la restauration de l’église. Il sera bientôt promu Chevalier du Saint-Sépulcre. Accl compagné de S.E. Mgr Michael Evans, évêque de East Anglia, et de son secrétaire, l’abbé Paul Madison, hôtes du Patriarcat pour une semaine, ainsi que des PP. Huml mam Khzouz, chancelier, et Shawqi Baterian, économe général, le Patriarche est Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin 38 accueilli par le curé, P. Emile Salaytah, et une grande foule de fidèles. Il célèbre la messe, bénit l’église et a un moment d’échange avec la paroisse après la messe. Le dimanche 18 février, dans la paroisse de Wahadneh (région de Ajloun, patrie de St Elie, au nord de la Jordanie), S.B. Mgr Michel Sabbah, accompagné de D. Humam Khzouz, chancelier, célèbre la messe avec le curé, D. Bassam Ed-Deir, et confère le sacrement de confirmation à sept jeunes et la première communion à neuf enfants. Après leurs messes du samedi soir, les curés des paroisses voisines sont venus saluer le Patriarche et partager avec lui le dîner : D. Francis Shahin, les PP. Gabriel, Simon et Luis, religieux du Verbe Incarné, desservant la paroisse de Anjarl rah ; il y avait aussi les religieuses du Rosaire et les religieuses de N.D. de Matarà, du Verbe Incarné, présentes elles aussi dans la paroisse de Anjara. Le 21 février, mercredi des Cendres, à la Concathédrale, le Patriarche Sabbah célèbre la messe des Cendres pour la Confrérie des Mères chrétiennes. Le 23 février, chez les Sœurs de N.D. de Sion, à l’Ecce Homo, S.B., accompagné de LL.EE. Kamal Bathish et Fouad Twal, célèbre l’eucharistie traditionnelle du vendredi après les Cendres, commémorant la Couronne d’Epines. N N N Audiences Le vendredi 2 février, le Patriarche Sabbah reçoit M. Aaron Pina, des Affaires Etrangères des Etats-Unis, qui mène une enquête sur la liberté religieuse. Le lundi 4, il accueille une délégation œcuménique de Suède, accompagnée de l’évêque Mounib Younan, évêque luthérien à Jérusalem, en vue d’une action dirl recte pour la paix et la réconciliation entre les peuples et les religions de la Terre Sainte, et d’un soutien efficace aux Eglises locales de Jérusalem (institutions et personnes). Le jeudi 7, il accueille un groupe de pèlerins japonais. Un missionnaire français, d’origine polonaise, P. Edouard Brzostowski, au Japon depuis 1963, accompagne le groupe et sert d’interprète. Février 2007 39 Le vendredi 9, il accueille un groupe épiscopalien des Etats-Unis, conduit par S.E. Rev. Stephen Conway, évêque de Ramsbury (diocèse de Salisbury) et du chanoine Peter Eaton. Dans la même matinée, il reçoit un groupe de prêtres chinois, formatl teurs de séminaristes, faisant un stage de trois semaines, organisé et financé par la Fédération biblique catholique mondiale (Stuttgart). Ils sont accompagnés du P. Thomas Maier, p.b., de Sainte-Anne ; l’un d’eux assure la traduction du chinois en anglais. Le lundi 19, il accueille, avec S.E. Mgr Fouad Twal, Coadjuteur , et le P. Bernt Besch, S.A. la Princesse Begum, allemande, épouse de l’Agha Khan, invitée en Terre Sainte par le Centre « Peres ». Dans la même journée, il reçoit le Pasteur Trond Backevik, venu pour préparer une rencontre interreligieuse, qui sera plus tard annulée à cause de l’absence de la partie islamique, le cheikh Tamimi. Celui-ci doit en effet comparaître le même jour devant un tribunal israélien pour « violation de la loi », parce qu’il est entré à Jérusalem sans permis. Le mardi 20, il accueille un groupe du Canada et un autre de la Pologne, du diocl cèse de Rzreszów, avec son évêque, S.E. Mgr Kazimierz Górny, et quatre-vingt prêtres. Le vendredi 23, il accueille un groupe de séminaristes allemands, en propédeutl tique, de Freiburg. Il reçoit aussi une délégation du COE, des volontaires du progl gramme « Accompagnement œcuménique en Palestine et en Israël ». Vingt-six d’entre eux se trouvent dans une dizaine de postes dans les Territoires Occupés. Ils sont accompagnés par M. Youssef W. Daher, directeur du nouveau bureau du COE (Conseil œcuménique Eglises), du CEMO (Conseil des Eglises du Moyen-Orient) et des Patriarches et Evêques de Jérusalem. Le mercredi 28, il accueille un groupe espagnol de Cordoue, avec S.E. Mgr Juan José Asenjo Pelegrina, et un groupe italien d’Alessandria, avec l’évêque Mgr Fernl nando Charrier. VOYAGE AU LIBAN Le mardi 13, après la rencontre mensuelle des prêtres de la Jordanie chez les Pèrl res Jésuites à Jabal Hussein, Sa Béatitude prend l’avion pour Beyrouth en vue de la prochaine réunion des Patriarches Catholiques d’Orient à Notre-Dame du Mont (à Fatka, Jounieh). Mgr Sabbah rencontre le P. Khalil Alwan, secrétaire du CPCO (« Conseil des Patriarches Catholiques d’Orient »). Le jeudi 15, Sa Béatitude est interviewé par Télélumière. La rencontre est transmise le surlendemain. 40 Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin NOUVELLES DU PATRIARCAT Journée des Malades Le dimanche 11, la Journée des Maladl des est célébrée à Taybeh . Le curé, D. Raed Abusahlieh, avec la communauté paroissiale, et beaucoup de délégations venues des autres territoires palestinl niens, ont participé à la Messe, présidée par S.E. Mgr Camillo Balin, Vicaire Apostolique de Koweit, en visite à Jérl rusalem. Nomination de S.E. Mgr Fouad Twal comme Membre du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux Le 13 février, par une lettre (n. de protl tocole 176/07), S. Em. le Cardinal Poupl pard, informe S.E. Mgr Twal de sa noml mination, de par le Saint-Père, comme membre du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux. Ce choix, qui honore le Patriarcat en la personne du Coadjuteur, est une reconnaissance pontl tificale de la sagesse, de la compétence et de l’expérience de Mgr Twal en ce domaine. En date du 1 er mars, Mgr Twal écrit au Cardinal Poupard expriml mant sa gratitude à l’égard du Souverain Pontife et sa disponibilité au service de la Chaire de Pierre pour une meilleure collaboration et compréhension entre les croyants des religions monothéistes. Visite de l’Archevêque de Paris à la tête d’un groupe d’évêques et de pèlerins Le 15, un groupe d’évêques et de pèlerl rins français guidés par S.E. Mgr VingtTrois, Archevêque de Paris, célèbre la Messe à l’église Sainte Catherine, Bethléem. Ils sont reçus par S.E. Mgr Fouad Twal, Coadjuteur, qui prononce un mot d’accueil où il souligne le Mystl tère de l’Incarnation, par lequel la Parl role de Dieu n’est plus seulement écrite mais « s’est faite chair » , en assumant vraiment la nature humaine, hormis le péché. Le Coadjuteur attire l’attention sur le drame de Bethléem, séparée de Jérl rusalem par un mur qui l’isole et limite tragiquement la liberté et les possibilitl tés de gagne-pain pour les citoyens. Il demande les prières des Evêques et des autres Pèlerins pour la Ville de la Nativl vité. Incident au monastère de l’Assomptt tion et de Saint Bruno à Beit-Jemal Le soir du mercredi des Cendres, 21 février, les Sœurs et les Frères sont réunl nis pour la prière à l’église du monastèrl re. Soudain apparaissent deux hommes en cagoule, masqués, l’un portant un revl volver et l’autre une lame de rasoir. On Février 2007 ne sait pas comment ils sont entrés dans la propriété. Ils demandent de l’argent et parlent hébreux avec un accent arabe. Fr. Sylvain s’approche de l’homme au revl volver et lui demande, calmement, de se retirer. Les deux intrus finissent par partl tir sans rien obtenir. La police les cueille sur le chemin du retour. Il semble que le but de l’intrusion ait été de faire peur aux moniales, afin qu’elles abandonnent le terrain convoité par d’autres entités en vue d’investissements importants. Pax Bank en Terre Sainte Le samedi 24, le Patriarche Sabbah, en la présence de S.E. Mgr Fouad Twal, Coadjuteur, reçoit M. Hinzin, directeur de la Pax Bank, qui a l’intention d’ouvrir une filiale en Terre Sainte. Pour le moml ment, le directeur a nommé M. Arvid, représentant du Deutscher Verein (« Assl sociation allemande de Terre Sainte »), afin de préparer le terrain. M. Hinzin espl père que la filiale fonctionnera en 2009 sous l’égide d’une banque locale. Association AGEH allemande pour le développement Le même jour, le Patriarche reçoit M. Martin Verenberg, responsable de l’Assl sociation AGEH (« Arbeitsgemeinscl chaft für Entwicklungshilfe »), pour l’aide au développement, un service de personnel des catholiques allemands pour la coopération internationale, une variante du DCC français. Il est accompl pagné de Mme Barbara Schneider et de Brigit Henseler, coordinatrice résidant à Jérusalem, au Schmidt’s Girls’ Colll lege. L’Association, déjà présente dans le pays, cherche à établir des liens plus étroits avec le diocèse. 41 Rapports interreligieux à Jérusalem La matinée du lundi 26, les patriarches Sabbah et Théophilos III participent, au Consulat français, à la « Jerusalem Conference », qui se tient du 25 au 27, avec une série d’auditions sur les Lieux Saints, l’avenir des Chrétiens locaux et le Statut de la Ville Sainte. Ils écoutent les conférences de personnalités juives, musulmanes et chrétiennes. Le Comité permanent des Evêques Catholiques Allemands, en Terre Sainte Le mardi 27, le Comité Permanent des Evêques Catholiques Allemands tient sa réunion annuelle en Terre Sainte : trois jours à Tabgha et trois jours à Jérusall lem. La Messe est présidée par S. Em. le Cardinal Meissner de Cologne. Y ont assisté Sa Béatitude Mgr Michel Sabbl bah, LL.EE. Fouad Twal, Coadjuteur, Boulos Marcuzzo, Vicaire patriarcal à Nazareth, Kamal Bathish, Auxiliaire, Elias Chacour, archevêque melkite de Galilée, Boutros Mouallem, archevêque melkite émérite de Galilée, ainsi que des curés des paroisses voisines melkites et latines. Après la Messe, la première pierre est posée pour un monastère bénédictin à Tabgha, où existait déjà une succursall le de l’Abbaye de Sainte-Marie du Mont Sion (Dormition) à Jérusalem. Le groupe des Evêques allemands a visité l’Université de Bethléem, accueilli par S.E. Mgr Fouad Twal qui en est le Président. Le Coadjuteur a présenté la situation de l’Eglise et de la Terre sainte en général, et celle de l’Université – ainsl si que son rôle, en particulier. Ensuite, les Evêques ont rencontré les Etudiants. 42 Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin En visitant Jérusalem, Bethléem et d’autres régions de la Cis-Jordanie, les Evêques Allemands sont fort impressl sionnés par le « Mur de séparation » qui leur rappelle celui de Berlin. Ils se rendent compte des conditions minables du peuple palestinien, enfermé dans une grande prison et privé de beaucoup de ses droits fondamentaux. C’est pouquoi ils se sont exprimés en termes clairs qui ont stigmatisé la situation ce qui leur a attiré de fortes réactions israéliennes. Une lettre d’excuse de la part des évêql ques s’en suivit. Mais ce qui devait être dit était dit, sur la réalité vécue par la personne humaine en Palestine. Les Prélats ont exprimé leur solidarité avec l’Eglise de Jérusalem. bles d’une grande communauté de travl vailleurs indiens (dans les trois mille) des diocèses de Bombay (Maharashtra) et de Mangalore (Karnataka), viennent voir le Patriarche en vue de la coordinl nation du travail pastoral. La plupart travaillent dans la région de Jaffa-Tel Aviv ou s’y retrouvent pour les fins de semaine. Bien organisés, ils ont une caisse commune et font venir à leurs frais (visa, voyage d’avion et séjour) un prêtre de l’Inde pour les fêtes de Noël et de Pâques. Ils assistent à une messe hebdl domadaire à Herzliah, dans les locaux de l’école américaine, messe célébrée par un prêtre franciscain de la paroisse Saint-Antoine de Jaffa, dont le P. Arturo Vasaturo, o.f.m., est le curé. A Jaffa Tel-Aviv, communauté d’Indiens Deux laïcs indiens, MM. Brian Desl souza et Melwin Fernandes, responsabl Visite de Solidarité au Haram Le samedi 10 février, à 10.00 h., les représentants des Eglises de Jérusalem viennent au Patriarcat latin afin de partl Février 2007 43 tir ensemble au Haram, pour la question des fouilles qui y ont lieu et risquent de provoquer une explosion, une troisième Intifada. Dans la délégation se trouvent, le Patriarche Sabbah, LL.EE. l’archevêql que Aristarchos (du Patriarcat grec ortl thodoxe), l’archevêque Aris Shirvanian (du Patriarcat arménien orthodoxe), Mgr George Bakar (vicaire patriarcal melkil ite), l’évêque luthérien Mounib Younan, l’évêque anglican Riah Abul Assal, ainsi que des moines coptes, syriens et éthiopl piens orthodoxes. Le convoi descend de la Porte de Jaffa et traverse le souk jusql qu’à la Porte de la « Silsilah », accompl pagné de la police israélienne. Les alentl tours sont pleins de soldats. Pendant ces jours de tension, l’accès au Haram (espl planade des Mosquées) est interdit aux non-musulmans comme aux jeunes musl sulmans. Aux salons du Haram, la délégl gation est accueillie, par le mufti, cheikh Muhammad Hussein, ainsi que par le cheikh Abdul-Aziz Salhab et d’autres dignitaires musulmans. Ce fut une visite de solidarité pour le maintien de la paix et de la tranquillité à Jérusalem, car l’espl planade des Mosquées est un endroit expl plosif. Ce fut la visite de M. Ariel Sharl ron à ce lieu saint, en septembre 2000, qui fit éclater la deuxième Intifada. Le message de cette visite des autorités chrétiennes est le devoir de respecter les sensibilités religieuses et de sauvegarder le statu quo dans tous les lieux saints, afin de les garder comme des lieux de prière et de ne pas les transformer en lieux de guerre et de mort. ■ N N N Réunions Le mardi 6 février a lieu au Patriarcat la retraite mensuelle des prêtres du Patriarcl cat et des autres curés religieux de Terre Sainte. Le lundi 12, le Patriarche préside à Amman la réunion du Conseil presbytéral de la Jordanie. Le samedi 17, il préside la réunion de la Commission pour les écoles de Jordanie ; y participent DD. Hanna Kaldani (directeur général des écoles du Patriarcat), Farouk Bassir (curé de Naour), Anton Emil (curé de Marka) et Yaqoub Rafidi (curé de Misdar, Amman). Le jeudi 22, il préside la réunion du Comité directeur de la Société Saint-Yves pour la défl fense légale des pauvres. ■ ❈ ❈ ❈ 44 Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin Nouvelles du Vicariat de Nazareth Le 1er février Rencontre au Vicariat avec les membres du « Board of Trustees » du Campus Uni versitaire d’Ibilline. L’échange de points de vue se concentre surtout autour de la néces sité de préparer des jeunes qualifiés pour assurer l’avenir de l’Église en Terre Sainte. Le 4 février Célébration de la «journée de la vie consacrée» à Haïfa, organisée par l’Union des religl gieuses de Galilée, dont la présidente est Sr Margherita Giaccone. Après l’eucharistie, présidée par le Vicaire patriarcal et concélébrée par un certain nombre de religieux, a lieu une rencontre amicale, au cours de laquelle plusieurs religieuses expliquent leur présence et leur activité en Terre Sainte, tandis que les fidèles de Haïfa, surtout les jeunl nes, posent des questions sur la vie consacrée. Messe de saint Jean Bosco chez les Salésiens de Nazareth, célébrée cette année par le curé maronite de Nazareth, en présence du Vicaire patriarcal. Comme toujours cette messe très populaire attire beaucoup de fidèles, spécialement beaucoup d’anciens élèves des Salésiens. Le 8 février Rencontre avec 17 « ministres d’Église » américains, provenant de différentes dénominations, dont la visite est organisée par l’ AJC (American Jewish Committee). Le dialogue s’oriente tout naturellement vers les problèmes de justice et de paix en Février 2007 45 Terre Sainte, la situation de l’Église en Israël, et le dialogue œcuménique et interreligl gieux. Le 10 février Messe solennelle de sainte Scolastique à Abu Ghosh, dans la communauté des Bénédl dictins et des Moniales Bénédictines, présidée par le Vicaire patriarcal et concélébrée par le Père Abbé Charles Galichet, les prêtres de la communauté et d’autres hôtes comml me le Vicaire apostolique du Kuweit, Mgr Camillo Ballin, et D. Gianmario Biemmi, directeur de Deir Rafat. A Maghar, messe pour la paix, présidée par l’archevêque Elias Chacour, entouré des évêques Boutros Mouallem et Giacinto-Boulos Marcuzzo, devant une grande foule de fidèles, deux ans après les événements tragiques qui ont troublé ce village en 2005. Pendant une réunion populaire après la messe, les représentants de la population insistl tent sur la nécessité de retrouver les chemins de la réconciliation dans le village et sur la responsabilité des autorités d’assurer l’ordre, la loi et la protection légale pour tous les citoyens. 46 Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin Le 13 février Arrivée à Nazareth de 600 pèlerins français, conduits par l’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, deux évêques et 20 prêtres. La visite comprend l’accueil à la fon- taine de Marie, la procession, la messe solennelle à la Basilique de l’Annonciation – au cours de laquelle le Vicaire patriarcal présente l’Eglise de Terre Sainte – et une réceptl tion dans un hôtel de Nazareth organisée par la mairie. Le 15 février Rencontre très amicale des évêques Elias Chacour, George Bakar (grec catholique), Boulos Marcuzzo (latin), Kyriakos, (grec orthodoxe), Boulos Sayah (maronite), dans la maison de l’évêque émérite Boutros Mouallem à Eilaboun. Les rencontres de ce genre n’ont pas de caractère officiel, mais deviennent presque une tradition et donnent toujl jours lieu à un dialogue spontané entre les évêques des différentes communautés. Février 2007 47 Le 19 février Le Vicaire patriarcal reçoit un groupe de 20 prêtres chinois, le même déjà reçu par S.B. le Patriarche à Jérusalem. Ce pèlerinage était vraiment spécial parce que c’est la première fois qu’un groupe de prêtres chinois arrive en Terre Sainte et qu’un groupe de professeurs de séminaire vient pour des sessions de recyclage biblique « sur le terrl rain ». Le 20 février Visite du Vicaire patriarcal à Jaffa de Nazareth pour quelques nouvelles constructions érigées dans la paroisse. Le curé, Don Louis Hazboun, a restauré un hangar devant le tombeau de Don Sante Visentin, aménagé une salle pour la paroisse dans l’ancienne église et, dans la partie supérieure de la celle-ci, la bibliothèque pour l’école. Le 22 février Visite aux nouvelles découvertes arcl chéologiques dans la prison de Megl giddo, organisée par le ministère du Tourisme. Le groupe de visiteurs compl prend des évêques, des prêtres, des religieux, des religieuses et d’autres chrétiens de toute la Terre Sainte, mais surtout de Jérusalem et de Nazl zareth. Ils sont intéressés surtout par la mosaïque chrétienne qui remonte probablement à la fin du IIe siècle et où nous lisons l’inscription en grec «A notre Dieu Jésus-Christ». Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin 48 Le dimanche 25 février S.E. Mgr Fouad Twal visite pour la première fois la communauté catholique d’expression hébraïque de Jérusalem. Le Coadjuteur assiste à la Messe du premier dimanche du Carême célébrée par le Custode, P. Pierbattista Pizzaballa, Vicaire Patriarcal pour les communautés de langue hébraïque.. Dans son homélie, en français, traduite par le P. David Neuhaus, S.J., Mgr Twal souligne la nécessité de la pénitence qui nous rapproche du Seigneur et du prochain. Le 28 février Rencontre des trois évêques catholiques de Galilée avec les 30 évêques de la Conférl rence épiscopale allemande au « Pilgerhaus » à Tabgha. La rencontre, très vivante et animée de nombreuses questions de la part des évêques allemands, a été introduite par une intervention de chaque évêque local sur l’Eglise en général en Israël, ses institutl tions et activités et le dialogue que cette Eglise entretient avec les autres religions. N N N UNE PAROISSE « OECUMENIQUE », MOUQUEIBLEH (Interview du Bulletin Diocésain avec Mgr William Shomali) En date du 5 novembre 2006, Sa Béatitude Mgr Michel Sabbah a inauguré la nouvelle église paroissiale de Mouqueibleh, un village en Israël, près du Mur construit devant la ville palestinienne de Jenin. A cette occasion, le Bulletin Diocésain (BD) a interviewé Mgr William Shomali, Recteur du Séminaire Patriarcal, qui était à l’époque l’économe général du Patriarcat Latin et a surveillé les travaux de construction. BD- Quelle est l’identité de la communauté catholique de Mouqueibleh? Mgr W. Shomali : Mouqueibleh est un petit village du nord d’Israël à un kilomètre du checkpoint de Jenin, la fameuse ville palestinienne qui a connu, il y a 4 ans, une bataille fort sanglante entre l’armée israélienne et les réfugiés du camp de Jenin. La petite communauté chrétienne de Mouqueibleh compte une trentaine de familles, latines, grecques catholiques et orthodoxes. Mais c’est un prêtre latin qui les dessert toutes depuis 20 ans. Le premier a été le père Théodore Samama, de la Février 2007 49 Congrégation du Sacré-Coeur de Bétharram. Des années après sa mort, ses paroissiens se rappellent toujours sa bonté et son zèle missionnaire. Après lui, c’est le curé de Jenin qui a continué à visiter cette paroissl se et les autres succursales de Jenin comme Sabah Elkheir, Koufr Koud, Jalameh, Beit Imrin… où quelques familles chrétiennes restent encore, fidl dèles à leurs terres. Le curé actuel de Jenin, D. Alphonse Salah, aidé par les religieuses, les « Filles de Sainte Anne », a desservi la paroisse depuis douze ans environ. Mais le passage de Jenin vers Mouqueibleh est devenu particulièrement pénible. Le checkpoint, qui sépare les Palestiniens des Israéliens, est l’un des plus difficiles. Il faut un permis spécial pour y passer. Du côté inverse, les habitants de Mouqueibleh, qui pouvaient venir à Jenin dans les années 80-90, ne le peuvent plus à cause des restrictions militl taires qui empêchent les Israéliens même arabes d’accéder aux Territoires Occupés ou « Autonomes ». BD- Comment est née l’idée de construire l’église? Mgr Shomali : Pendant l’une des visites de S.B. le Patriarche Sabbah au nord de la Terre Sainte, les paroissiens de Mouqueibleh, appartenant aux trois confessions mentionnées, lui ont demandé d’avoir leur propre église et un prêtre résident, proml mettant de trouver eux-mêmes le terrain pour la construction. Plus tard, ils ont écrit une pétition, signée par leurs notables, exprimant le même désir. L’une des premières tâches que Sa Béatitude m’a confiée, tout de suite après ma nomination comme économe général du Patriarcat, était la construction de l’église de Mouqueibleh. Il voulait une petite église. Mais, les paroissiens en voull laient une plus grande, surtout parce qu’ils devaient justifier le fait d’avoir demandé un grand terrain aux autorités compétentes. BD- Qui a aidé à la construction de cette église? Mgr Shomali : D’abord, c’est le Conseil municipal qui a donné un terrain de 4000m2, pour une période de 99 ans, car, en Israël, chaque vente de terrain est un contrat pour 99 ans. L’un des paroissiens, M. Mizher Saad, travaillait comme ingénl nieur au Conseil municipal régional de Mouqueibleh. Grâce à ses bonnes relations avec le président et d’autres membres juifs et musulmans du Conseil municipal, il 50 Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin a pu obtenir le permis pour la construction de l’église. Normalement, un tel permis n’est pas facile à obtenir. Le terrain et les permis étant prêts, le Patriarche a senti la nécessité de passer à l’action. La première somme disponible est arrivée : elle provenait d’un Chevl valier italien de Monza, Alessandro Barlassina, parent de Mgr Luigi Barlassina, cinquième Patriarche latin de Jérusalem. La première somme fut vite suivie d’une autre. C’était un signe que la Providence allait bénir le projet. Vite après, d’autres contributions s’ajoutaient : de l’Italie, de l’Angleterre, des Etats-Unis et même de l’Australie. Nous avons reçu aussi une aide du Ministère israélien des Affaires religl gieuses. Les Chevaliers anglais, spécialement le lieutenant Michael Wheelan, Roy Putt et le Chanoine Jim Pannett ont pris le projet à coeur et se sont mis à organiser des collectes pour Mouqueibleh. Le Grand Magistère a aussi participé avec une somme de 100.000 $ pour terminer le presbytère. Un prêtre italien, D. Gian Luigi Carminati, a envoyé une belle somme héritée de sa mère. Un autre prêtre italien, D. Constantino, a contribué avec sa paroisse. Il faut dire que la Providence n’a pas manqué. L’argent venait au fur et à mesure. Nous avons reçu ce qu’il fallait, ni plus ni moins. Le projet a coûté en tout 600,000.00 $US environ. Le résultat était merveilleux. L’architecte Nader Srouji, homme de confiance de Mgr Boulos Marcl cuzzo, Vicaire patriarcal latin à Nazareth, et l’entrepreneur Mizher Saad ont bien travaillé. Le jour de la consécration de l’église et de l’autel, des centaines de personnes sont venues. Etaient présents LL.EE. Kamal Bathish, auxiliaire à Jérusalem, Boulos Marcuzzo, et l’archevêque melkite émérite, Mgr Boutros Mouallem, ainsi qu’un groupe de Chevaliers anglais et américains, D. Carminati, le Séminaire de Beit Jala, les paroissiens de Mouqueibleh et leurs amis de Nazareth. Pendant la messe, le Patl triarche a conféré le titre de Chanoine d’honneur du Saint-Sépulcre à trois prêtres: D. Carminati (Italie), P. Jim Pannett (Angleterre) et P. Donald Fraser (Etats-Unis), tous bienfaiteurs du Patriarcat latin de Jérusalem. Etait présent aussi M. César Marjl jieh, directeur du bureau israélien des Affaires religieuses pour les relations avec les Chrétiens. C’est un chrétien de Jaffa de Nazareth qui a facilité le travail et trouvé des fonds pour finir l’église. BD- Quels résultats ont été obtenus? Mgr Shomali : L’église actuelle peut contenir facilement 250 personnes, beaucoup plus que les habitants chrétiens de la paroisse. Mais c’est nécessaire pour les grandl des occasions comme les mariages ou les funérailles. A côté de l’église ont été construites une petite salle paroissiale et une maisonnette pour le futur curé résidl dent. L’église est bâtie en pierre blanche ; l’autel, l’ambon et les fonts baptismaux ont été construits avec la pierre d’Hébron. La terrasse a été couverte de dallage pour empêcher l’infiltration de l’eau pendant l’hiver. Février 2007 51 BD- Quel est le titulaire de l’église? Mgr Shomali : Face à l’église actuelle, on voit le Mont Thabor. Sa Béatitude a souhl haité dédier l’église au mystère de la Transfiguration. C’est pourquoi, nous avons demandé à un artiste de Bethléem, M. Johny Andonié, de peindre sur toile la scène de la Transfiguration qui couvre une grande partie de l’abside. C’est la première église paroissiale du Patriarcat latin à être dédiée à ce mystère. BD - Quelles sont les relations entre les diverses communautés chrétiennes de Mouqueibleh? Mgr Shomali : Elles sont bonnes. L’église, bien que construite par le Patriarcat latin, servira pour toutes les communautés présentes. Tous les habitants ont fortement exprimé leur reconnaissance au Patriarcat latin qui ne les a jamais abandonnés. Maintenant un prêtre de Nazareth, D. Marco Riva (de l’œuvre de Don Guanella), est nommé administrateur de la paroisse. Il vient chaque semaine pour célébrer la messe et faire le catéchisme. Le curé de Jenl nin, actuellement malade, a des difficultés pour passer le checkpoint. Les Soeurs de Jenin continuent à visiter la paroisse et à y travailler. Elles aussi étaient très favorabl bles à la construction d’une église et ont pourvu une belle somme reçue d’un prêtre italien, D. Constantino, qui a pris à coeur d’aider ces missionnaires italiennes dans leur travail difficile. BD - Quelles sont les relations avec les musulmans? Mgr Shomali : Mouqueibleh compte 3000 musulmans. Les deux communautés vivl vent en paix et respect mutuel. Même l’imam de Mouqueibleh était présent. Son discours était favorable à la présence chrétienne à Mouqueibleh. Au souper qui a suivi la messe d’inauguration de l’église, beaucoup de musulmans et de juifs étaient présents. Le Patriarche a remercié les membres du Conseil municipal régionl nal, composé de juifs et de musulmans, d’avoir offert le terrain pour la construction de l’église. En signe de reconnaissance et d’appréciation, Sa Béatitude leur a offert une médaille commémorative. Pendant les travaux, les chrétiens travaillaient avec les musulmans pour construire l’église. Tout se faisait dans un respect mutuel exemplaire. BD - Quel avenir a cette paroisse? Mgr Shomali : Les jeunes de Mouqueibleh travaillent à Nazareth, Afoula et les autres villes voisines. Ils ont un gagne-pain et tiennent à rester dans leur village. Pour le moment, ils sont satisfaits. Ils souhaitent seulement un curé résident et un jardin d’enfants, ce qui est difficile pour le moment. Le Patriarcat latin doit répondl dre à beaucoup de demandes d’autres paroisses. Par ailleurs, la construction du jardin d’enfant de Jenin et de sa nouvelle salle paroissiale vient de se terminer. ■ 52 ANNEXE Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin Documents 1-Déclaration du cardinal Karl Lehmann, président de la Conférence épiscopale allemande à l’issue de son pèlerinage en Terre Sainte(*) Nous montons maintenant dans l’avion pour rentrer en Allemagne après avoir passé en Terre sainte des journées intenses, riches en expériences. Il faudra un certain recul pour assimiler ces nombreuses impressions. Aussi me contenterai-je aujourd’hui d’un résumé provisoire. C’était la première fois que le Conseil permanent de la Conférence épiscopale allemande, c’est-à-dire les évêques des 27 diocèses allemands, effectuait un pèlerinage en Terre sainte. Il s’agit en outre, abstraction faite d’une réunion à Rome, de la preml mière réunion du Conseil permanent à l’étranger. Je crois pouvoir parler au nom de mes frères en disant que nous ne regrettons pas cette expérience. Au contraire, nous sommes heureux d’avoir fait ce pèlerinage. Il importe beaucoup aux évêques allemands de vivre et de rénover leur communauté, expérience qui leur donne un nouvel élan et davantage de force dans la poursuite quotidienne de leur mission. C’est essentiellement en tant que pèlerins que nous avons foulé la Terre sainte. Nous désirions remonter aux sources de la foi biblique, de la foi chrétienne. Il est enrl richissant pour nous évêques de renouveler notre croyance et notre mission à partir de ses fondements, et cela non pas individuellement mais en commun. Aussi avons-nous célébré la sainte messe et lu le bréviaire de l’Eglise dans d’importants lieux de pèlerinl nage chrétien, dans l’église de la Multiplication des Pains et des Poissons et dans celle de la Primauté de Pierre à Tabgha, devant la grotte de l’Annonciation à Nazareth, dans l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, dans l’Eglise Sainte-Catherine, près de la grotte de la Nativité à Bethléem et, aujourd’hui, avec les bénédictins allemands, dans la basill lique de la Dormition sur le mont Sion à Jérusalem. Ainsi nous ne sommes pas entrés en contact uniquement avec les sanctuaires témoins du christianisme, mais nous avons également ressenti la présence salutaire de Dieu à notre époque. Je voudrais insister sur le fait que, tout au début de notre voyage, on nous avait donné l’occasion de participer à la bénédiction de la première pierre d’une annexe du monastère des Bénédictins. Nous sommes heureux que la communauté bénédictine puisse accueillir continuellement des novices. (*) Communiqué du cardinal Karl Lehmann, président de la Conférence épiscopale allemande, à l’issue du pèlerinage du Conseil permanent de la Conférence épiscopale allemande en Terre sainte, du 26/2 au 4/3/07. Communiqué de presse de la Conférence épiscopale allemande du 4/3/07 (traduction Horizons et débats). Février 2007 53 Au cours de notre voyage, nous avons attribué une grande importance au dialogue avec les chrétiens vivant sur place et à la visite de leurs institutions et écoles. Nous avons dit combien nous nous sentions liés aux chrétiens vivant en Terre Sainte, minorité qui ne représente qu’environ 2% de la population. Ils vivent souvent dans des conditions difficiles, particulièrement en ces temps de conflits violents où les minorités souffrent de leur marginalité sociale. En Israël, étant à la fois arabes et chrétiens, ils sont doubl blement marginalisés. Dans les territoires palestiniens, ils sont exposés à un islamisme croissant. Le nombre élevé de ceux qui quittent la région continue de nous inquiéter. En Galilée, à Bethléem, à Nazareth, à Ramallah et à Jérusalem, nous avons rencontré des chrétiens et des paroisses chrétiennes qui nous ont fait partager leurs expériences quotidiennes. Nos frères épiscopaux, Mgr Elias Chacour, archevêque de l’Eglise grecque catholique, Mgr Paul Sayah, évêque de l’Eglise maronite, Mgr Giacl cinto Marcuzzo, Mgr Antonio Franco, archevêque, Nonce Apostolique du Saint-Siège en Israël et à Chypre et Délégué Apostolique à Jérusalem et en Palestine, Mgr Michel Sabbah, patriarche latin de Jérusalem, aussi bien que de nombreux prêtres et membres d’ordres religieux nous ont décrit la situation des chrétiens de manière très évocatrice. Nous avons appris qu’en Terre sainte, l’Eglise catholique est vivante et qu’elle se manifeste non seulement par ses activités culturelles mais par son travail social. A l’Ecole salvatorienne de Nazareth, à l’Ecole Schmidt de Jérusalem-Est et à l’Universl sité catholique de Bethléem, nous avons été témoins de la collaboration entre étudiants chrétiens et musulmans. Le Caritas Baby Hospital à Bethléem, où l’on s’efforce, dans des conditions difficiles, d’apporter une assistance médicale efficace aux familles pall lestiniennes et à leurs enfants, est un exemple de l’engagement social de l’Eglise. On constate à quel point l’Eglise, en Terre sainte, apporte sa contribution à la vie sociale grâce à ses écoles et à ses institutions sociales. A cet égard, la question de la situation juridique de l’Eglise et de l’imposition des organisations et des biens ecclésiastiques importent beaucoup, comme nous l’avons clairement exposé lors d’un entretien avec Shimon Peres, Vice-Premier ministre d’Isrl raël. Il a assuré notre délégation – et nous nous en réjouissons – qu’il ferait accélérer les négociations en cours entre Israël et le Vatican. Quant à nous, nous continuerons de faire notre possible pour témoigner notre soll lidarité à la minorité chrétienne vivant sur place. Nous voulons contribuer à ce que les chrétiens vivant ici aient un avenir. La Terre sainte ne doit pas se transformer en musée de plein air du christianisme. Le libre accès aux sanctuaires doit être garanti aux adeptl tes de toutes les confessions. Nous encouragerons donc expressément tous les croyants à entreprendre des pèlerinages en Terre sainte. Une des stations les plus importantes de notre voyage fut la visite du mémorial de la Shoah de Yad Vashem. Ce fut un moment bouleversant pour nous tous. Là-bas, nous avons souligné que le devoir s’impose à tous les Allemands, et en dernière analyse à l’humanité tout entière, de réfléchir au génocide du peuple juif, et cela aussi bien à l’avenir qu’aujourd’hui. C’est cette idée que j’ai voulu exprimer en écrivant dans le livre d’or: « Personne ne peut être libre s’il cherche à se libérer du souvenir de la Shoah.» 54 Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin C’est dans cette perspective que je suis particulièrement reconnaissant de l’accl cueil chaleureux que le Grand Rabbin ashkénaze d’Israël, Yona Metzger, a réservé à notre délégation, emmenée par le président de notre Commission pour les relations juives à Jérusalem. Cela montre que nous avons pu commencer, au cours des dernières décennies, de nouveaux chapitres du dialogue entre chrétiens et juifs. Il est évident qu’un but important de notre voyage consistait aussi à nous informl mer sur la situation politique en Terre sainte. Du côté israélien, nous avons eu des entl tretiens avec Shimon Peres et Avi Primor, ancien ambassadeur d’Israël en Allemagne. De l’autre côté, nous avons rencontré Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinl nienne, de même que des hauts fonctionnaires. Au cours de ces entretiens, il est apparu clairement à quel point la situation actuelle était dans l’impasse et combien précaire était l’espoir d’aboutir à une solution viable pour les deux parties. Les Israéliens ne cessl sent d’insister sur la sécurité qu’ils voient menacée continuellement par des terroristes. De l’autre côté, les Palestiniens voient dans l’occupation des territoires palestiniens par Israël l’unique source du conflit. A la suite de nos rencontres, il nous est apparu que la confiance entre les deux parties en conflit, qui a toujours été ténue, s’était encore amenl nuisée. Nombreux sont ceux qui pensent que cette perte de confiance sera irréparable. On se trouve là dans une impasse dangereuse. C’est ce qui nous a attristés le plus, en dépit de quelques lueurs d’espoir, surtout après nos rencontres avec des jeunes gens. De plus, chez les Palestiniens, l’impression s’est accentuée qu’avec l’extension des colonies, la construction du Mur, la création de réseaux routiers séparés et le systl tème des postes de contrôle, on a créé des faits accomplis qui tendent à consolider le statu quo. Il nous a semblé que l’ensemble des mesures a certes amélioré la sécurité d’Israël mais qu’elle ne sert pas la paix à longue échéance. Notre statut d’évêque nous défend de jouer les médiateurs politiques ou de propl poser des solutions à la crise. En revanche, nous pouvons, nous devons même, attirer sans cesse l’attention sur les souffrances humaines. Nous sommes conscients des peurs des Israéliens face aux menaces terroristes et au fait que le droit de leur Etat à exister est toujours nié par certains. Nos visites en Cisjordanie nous ont appris dans quelles conditions catastrophiques vivent les Palestiniens: chômage atteignant environ 60%, impossibilité absolue de circuler librement, ce qui sépare en permanence beaucoup de familles, traitement vécu par beaucoup de Palestiniens comme humiliant lors du passage des postes de contrôle, tout cela désespère de nombreux Palestiniens, poussant certains vers l’extrémisme politique et religieux. A cet égard, la situation à Bethléem nous a semblé particulièrement alarmante: la population a l’impression, face au tracé du Mur, d’être encerclée. Toujours est-il que nombreux sont ceux qui, également au sein de l’Eglise, nourrl rissent un certain espoir eu égard à la reprise des efforts du Quartet et à la présidence allemande du Conseil européen. Mais face à la réalité, ces espoirs doivent rester modestl tes. Cela vaut également quand l’on considère ce que l’Eglise peut faire pour contribuer à la solution du conflit sur place et dans le monde. Et pourtant notre foi nous pousse fondamentalement à garder l’espoir. L’occasion nous en est donnée par le courageux Février 2007 55 témoignage des Eglises en Terre sainte, notamment des ordres religieux, qui contribl buent fortement aux efforts en vue d’une réconciliation. Nous adressons ici même un grand merci à Harald Kindermann, ambassadeur d’Allemagne en Israël, et à Jörg Ranau, directeur de la Représentation permanente de la République fédérale d’Allemagne à Ramallah. Nous remercions également le Deutscl cher Verein vom Heiligen Lande qui a grandement contribué à la réussite de notre pèlerinage. N N N 2-Mot d’accueil de S.E. Mgr Fouad Twal, Coadjuteur, à l’Archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois, et au groupe d’Evêques et de Pèlerins Français (Basilique de la Nativité, le 15 février 2007) Excellences, chers Pères et chers pèlerins, Je suis heureux de vous accueillir en cette Basilique de la Nativité. Au nom de la comml munauté chrétienne en Terre Sainte, au nom de tous les habitants de Bethléem, je vous souhaite la bienvenue. Nous sommes heureux de pouvoir célébrer avec vous, de pouvoir prier ensemble en ce lieu saint, comme une seule famille internationale, comme membres d’une même Eglise Universelle. Vous savez que tout a commencé ici à Bethléem par l’Incarnation de notre Dieu. Tout est parti d’ici, de cette Crèche de Bethléem. La Parole n’est plus seulement écrite, ni seulement commentée dans d’interminables commentaires, mais elle prend visage humain « en tout semblable à nous, sauf le péché ». Son visage était celui de tout enfant, de tout jeune, de tout adulte. Avec comme conséquence, qu’on pouvait Le méconnaître, Le repousser, L’accueillir et même passer de côté. Croire en l’Incarnation, n’est-ce pas aussi accepter d’être bousculé, d’être poussé au concret, à voir de près les situations et les personnes ? Même l’analyse politique, quand elle est bien menée, ne nous éloigne pas de l’Incarnation ! Avec vous nous prions : « Ouvre nos yeux Seigneur aux merveilles de ton amour ». Avant nous, des Mages sont venus de très loin, désireux de rencontrer l’Enfant de Bethléem. Ils ont dû supporter les difficultés de leur voyage, de leur déplacement, de leur questionnement. Ils ont dû subir l’incompréhension de leur entourage. Mais enfin ils ont trouvé l’Enfant, ils ont offert leur solidarité à la Sainte Famille, et ils sont rentrés Jérusalem Bulletin Diocesain Du Patriarcat Latin 56 chez eux, par une autre route, avec une autre mentalité, une autre richesse et une autre connaissance de la réalité de Jérusalem. Aujourd’hui l’histoire se répète. Excellence et cher Ami Mgr. André Vingt Trois, En arrivant à l’aéroport de Ben-Gurion lundi dernier, vous avez manifesté votre joie d’être en Terre Sainte et vous avez bien dit que la ville de Jérusalem est le centre des Religions et elle doit unir toute les Religions dans la paix et la tolérance. Merci Monsl seigneur pour ces paroles. Mais comme vous le savez, chers Pèlerins de France, Bethléem est une ville qui souffre et nous souffrons avec elle. Quelques fois nous avons l’impression d’être seuls et abandonnés, sans une solution à nos problèmes. Pour nous comme pour vous, Bethléem ne peut pas être séparée de Jérusalem malgré tous les murs que les hommes peuvent ériger. Le mystère de l’Incarnation ne peut pas être séparé de celui de la Croix et de la Résurrection. Vous vous rendrez compte de cette situation dramatique en passant à travers les rues de la ville, en voyant les boutiques fermées. Complètement enfermée dans de hautes murailles, c’est toute la vie sociale et économique qui s’éteint petit à petit. Les habitants, comme la Sainte famille qui s’est réfugiée en Egypte, n’ont qu’un désir : émigrer pour échapper à une mort lente, et éviter une situation qui ne leur laisse que peu d’espoir d’avenir. Comme vous l’avez bien dit, Excellence, à Tel-Aviv : « la recherche de la sécurité ne peut pas faire abstraction d’une exigence éthique : « sécurité et respect de la justice ne peuvent être séparées ». Chers Pèlerins de France, merci d’être avec nous. Votre présence ici est un signe éloquent d’une communion ecclésiale, qui nous fait sentl tir moins seuls. Et nous n’aimons pas être seuls dans notre mission ni être oubliés des autres Eglises soeurs. En parcourant Israël, grâce aux efforts du Ministère du Tourisme israélien, vous ne pouviez pas ne pas rencontrer vos frères Chrétiens, en particulier à Bethléem. Noblesse oblige et la charité fraternelle l’exige. Vous portez avec vous un message d’espoir pour tous les habitants de Terre Sainte. En union avec vous, avec les chrétiens du monde entier et tous les hommes de bonne volonté, nous redonnerons à Bethléem la force d’espérer, pour un avenir plus humain, plus digne dans la paix et la justice. Chers Pèlerins, en rentrant chez vous, plus enrichis spirituellement, plus conscients de la situation dramatique que vivent les habitants de Terre Sainte, n’oubliez pas dans vos prières la ville de Bethléem, la petite communauté chrétienne, tous les habitants de la Terre Sainte, juifs, musulmans et chrétiens, pour que les efforts et les gestes couragl geux de ceux qui croient à la justice, arrivent un jour, à réaliser la paix, cette paix tant désirée et qui ne semble pas être si proche… Chers Amis, pèlerins de France, Merci pour votre présence parmi nous, que le Seigl gneur vous bénisse. ■