I. Pourquoi étudier Le Cid en classe de Quatrième
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I. Pourquoi étudier Le Cid en classe de Quatrième
NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 59 — Z27481LECI — Rev 18.02 XVIIe SIÈCLE Une pièce de théâtre Nouvelle édition à paraître en août 2008 CORNEILLE Le Cid (1637) (ISBN : 9782081208209 – 2,70 €) I. Pourquoi étudier Le Cid en classe de Quatrième ? L’étude du genre théâtral figure dans les programmes officiels du cycle central. En cinquième, « on lit une pièce de théâtre brève du Moyen Âge, farce ou comédie (La Farce de maître Pathelin, La Farce du Cuvier, etc.) que l’on peut mettre en relation avec un mystère. On peut préférer une comédie du XVIIe siècle. » En Quatrième, les textes officiels invitent à lire « une pièce de Molière, et éventuellement une autre pièce du XVIIe siècle. On peut aborder la tragédie, afin de faire ressortir par confrontation les traits de la comédie. Cette étude s’ouvre aussi au travail comparatif : rapprochant une pièce de Molière et une comédie d’Aristophane ». Le Cid figure dans les documents d’accompagnement pour la classe de Quatrième, seule pièce inscrite au côté des comédies de Molière. Il s’agit d’une reconnaissance de fait : la pièce de Corneille plaît aux enseignants et aux élèves. La construction de l’intrigue y est sans doute pour beaucoup. Sa relative simplicité, malgré les intrigues secondaires, permet de surmonter aisément les difficultés de compréhension liées à la langue et à l’usage de l’alexandrin. Les annotations de l’édition « Étonnants Classiques » privilégient l’explicitation du sens et la paraphrase plutôt que des développements trop longs Le Cid 59 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 60 — Z27481LECI — Rev 18.02 et fastidieux sur l’étymologie. La compréhension du texte et l’autonomie des élèves dans leur lecture sont un des enjeux de la séquence. Au début, l’enseignant prend en charge la lecture et l’explicitation du sens, puis les élèves sont amenés à lire une ou deux scènes, voire un acte, et à répondre à un questionnaire destiné à expliciter le sens. Les thèmes développés dans l’œuvre, tels l’honneur, la famille, le respect de l’autorité, sont à même de captiver un lectorat adolescent demeuré très sensible à ces valeurs, quoi qu’on dise à ce sujet. De plus les valeurs « chevaleresques » mises en scène dans Le Cid permettent une habile liaison avec le programme de Cinquième où elles ont été plus longuement abordées. La pièce se prête à des approches diverses. D’un point de vue historique, son étude est l’occasion de voir ou de revoir avec les élèves une période souvent méconnue de l’histoire de France. Le contexte politique et militaire est très prégnant dans l’œuvre et pourra être l’occasion d’un travail interdisciplinaire intéressant avec le professeur d’histoire (et peut-être d’espagnol, si les élèves ont fait le choix de cette langue). Du point de vue de l’histoire littéraire, Le Cid marque un tournant intéressant entre le « baroque dompté » et le classicisme naissant. La version du Cid choisie pour l’étude est celle de 1637, antérieure à la querelle du Cid et aux modifications apportées par Corneille, elle reflète au mieux les enjeux de la pièce. C’est ici l’occasion de voir ou revoir avec les élèves les codes du théâtre classique qui seront fréquemment réinvestis tout au long de leurs études. Du point de vue de l’analyse littéraire et de l’étude des formes du discours, on ne peut que constater l’extrême diversité du Cid. Son étude est l’occasion d’approfondir la connaissance du dialogue et d’initier les élèves à l’argumentation. Elle permet aussi de revoir les connaissances liées à la narration (voir notamment le récit de Don Rodrigue) et de parfaire la maîtrise de la métrique. La pièce de Corneille est riche en morceaux de bravoure et d’anthologie qui se prêtent notamment à l’exercice de la récitation et à la mise en scène en classe. 60 Une pièce de théâtre du XVIIe siècle NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 61 — Z27481LECI — Rev 18.02 II. Tableau synoptique de la séquence Séances 1 Scène d’exposition (version 1637) 2 Un morceau de bravoure Supports Objectifs Acte I, scènes 1-3 Étudier une scène d’exposition Acte I, scène 5 : le monologue de Don Diègue Lire et réciter l’alexandrin 3 Rédaction — Évaluer la compréhension du texte — Changer de point de vue 4 Études des personnages L’ensemble de la pièce Établir, lire et étudier un tableau de présence scénique 5 La figure du Roi dans Le Cid L’ensemble de la pièce Étudier le contexte historique Acte III, scène 4 — Initier les élèves à l’argumentation — Exprimer la supposition Acte IV, scène 3 (v. 12671339) Étudier un récit épique 6 Duel d’amour 7 Le récit de Rodrigue, la naissance d’un héros 8 Les conditions de représentation 9 Un dénouement obscur 10 Corneille et les règles, la querelle du Cid Décrire une salle de spectacle au XVIIe siècle Acte V, scène 7 Étudier une scène de dénouement au théâtre L’ensemble de la pièce Connaître et étudier les règles du théâtre classique III. Déroulement de la séquence Séance no 1 : la scène d’exposition Objectif → Étudier une scène d’exposition. Supports → Acte I, scènes 1-3. La scène d’exposition a une triple fonction : informative, incitative et générique. Le Cid 61 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 62 — Z27481LECI — Rev 18.02 Fonction informative : la scène d’exposition a pour but de fournir au spectateur et au lecteur les principales informations nécessaires à la compréhension de l’histoire (personnages principaux, cadre spatio-temporel, premiers éléments de l’intrigue). Fonction incitative : la scène d’exposition doit mettre en place les premiers éléments de l’intrigue afin de susciter l’intérêt et la curiosité du spectateur. Fonction générique : dès la scène d’exposition, le spectateur comprend, s’il n’était prévenu, le genre dramatique du spectacle auquel il va assister (comédie, farce, tragédie...). Sur combien de scènes s’étend la scène d’exposition ? Quels personnages sont évoqués dans la scène d’exposition ? Grâce à la liste des personnages et après avoir lu les textes, précisez la nature des relations entre les personnages en distinguant les relations familiales, sociales et amoureuses. Quels premiers éléments de l’intrigue sont mis en place ? À quels développements s’attend le spectateur ? Reportez-vous à la page de titre. Quel genre figure sous le titre ? Cherchez dans un dictionnaire la définition du genre et indiquez ce à quoi le spectateur doit s’attendre. La tragi-comédie est un genre à la mode au moment où Le Cid est joué pour la première fois sur scène. Elle se caractérise par « une action souvent complexe, volontiers spectaculaire, parfois détendue par des intermèdes plaisants, où des personnages de rang princier voient leur amour ou leur raison de vivre mis en péril par des obstacles qui disparaîtront heureusement au dénouement ». On se reportera pour plus de détails à l’ouvrage de Roger Guichemerre (La Tragi-comédie, PUF, 1981). ■ Lecture du texte Demandez aux élèves de lire seuls la scène 4 de l’acte I et de répondre aux questions suivantes : Quel lien unit le Comte et Don Diègue ? Quel poste convoitaient-ils tous deux ? Qui a finalement obtenu ce poste ? Comment chacun d’eux explique ce résultat ? Observez l’évolution de la longueur des répliques. À quoi correspond la brièveté des répliques à la fin de la scène ? Relevez les deux didascalies. Qu’annoncentelles ? Comment s’achève l’affrontement ? 62 Une pièce de théâtre du XVIIe siècle NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 63 — Z27481LECI — Rev 18.02 NB : il pourra être utile de rappeler aux élèves les définitions de « réplique » et « didascalie ». Séance no 2 : un morceau de bravoure Objectif → Lire et réciter l’alexandrin. Support → Acte I, scène 5. Ce texte est probablement l’un des plus célèbres du Cid. Il sera l’occasion de revoir avec les élèves les règles de la métrique, peut-être déjà étudiées en Cinquième, et d’évaluer leur connaissance et leur compréhension du texte par le biais de la récitation. Même si l’exercice a parfois été critiqué en raison de sa systématicité et même s’il suscite souvent des réactions hostiles de la part des élèves, il apparaît qu’il valorise ces derniers lorsqu’ils sont en difficulté ; en outre, il participe à l’acquisition d’une culture littéraire. ■ Connaissance de la scène — Combien de personnages sont présents sur scène ? Don Diègue est seul sur scène et seul à parler. On distingue au théâtre le monologue où le personnage parle seul sur scène et la tirade où un personnage monopolise la parole alors que d’autres personnages sont sur scène. — Qu’est-ce qui justifie que Don Diègue se retrouve seul ? — De quelle « infamie » (v. 2) est-il question ? — Expliquez le désespoir de Don Diègue. Le véritable défi est bien sûr pour l’acteur qui doit rendre crédible le monologue, retenir l’attention du spectateur et l’émouvoir à lui seul. Il est ici guidé dans son interprétation par le fait que la pièce est écrite en vers. ■ Les règles de la métrique La poésie obéit jusqu’au XIXe siècle à des règles strictes qui commandent son écriture. Dans la tradition française, le vers se définit par une majuscule initiale non justifiée par la ponctuation, un nombre déterminé de syllabes et la présence de la rime Le Cid 63 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 64 — Z27481LECI — Rev 18.02 qui unit plusieurs vers entre eux. Pour évaluer le nombre de syllabes d’un vers (généralement un nombre pair compris entre 8 et 12), il faut prendre en compte les e à la fin des mots. Il existe trois règles : lorsque le mot qui suit commence par une voyelle, le e ne se prononce pas, on dit qu’il est « muet » (exemple : « Ô rage, ô désespoir ! ») ; lorsque le mot qui suit commence par une consonne, le e se prononce, on dit qu’il est « sonore » (exemple : « toute l’Espagne admire ») ; enfin, lorsque le e se trouve à la fin du vers, il est toujours muet. Ces règles ne concernent pas les mots d’une seule syllabe. Indiquez les e muets et les e sonores dans les huit premiers vers du monologue de Don Diègue. Combien de syllabes compte chaque vers ? Chaque vers compte douze syllabes, on nomme ce vers l’alexandrin en souvenir d’un poème du Moyen Âge composé en l’honneur de l’empereur Alexandre. C’est le vers le plus long et le plus proche de la prose. L’alexandrin possède un rythme particulier créé par une courte pose après la sixième syllabe, que l’on nomme césure et qui délimite deux moitiés de vers appelées hémistiches. Situez l’hémistiche dans chacun des huit premiers vers. ■ L’interprétation Tout l’art de l’acteur consiste à respecter les règles de la métrique, c’est-à-dire à faire entendre les e sonores, à ne pas prononcer les e muets, à marquer une courte pause à la césure... tout en respectant le sens du texte. Le rythme de l’alexandrin peut très vite devenir mécanique, si l’on n’y prend garde, et faire ainsi perdre l’émotion que le dramaturge a voulu exprimer dans ses vers. Pour la séance prochaine apprenez par cœur les vers 1 à 14. Vous serez évalués sur votre connaissance du texte, votre respect des règles de la métrique et votre interprétation du texte. On met au point avec les élèves une grille d’autoévaluation qui récapitule les trois axes – connaissance de la scène, métrique et interprétation – et rappelle les règles de la métrique à respecter. Selon le calendrier des séances, on pourra ramener cet exercice 64 Une pièce de théâtre du XVIIe siècle NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 65 — Z27481LECI — Rev 18.02 à une simple lecture du texte et laisser un délai supplémentaire pour l’apprentissage. ■ Lecture du texte Demander aux élèves de lire les scènes 6 et 7 (acte I) et de répondre aux questions suivantes : Que demande Don Diègue à son fils ? Cherchez dans un dictionnaire le sens du mot « dilemme ». Face à quel dilemme se trouve Don Rodrigue ? Relevez, dans la scène 7, le champ lexical du sentiment et du cœur. Par quels sentiments passe Don Rodrigue ? Quelle est sa décision finale ? On profitera de la correction de ces questions (simples) pour comparer le monologue de Don Rodrigue avec celui de Don Diègue préalablement étudié en classe. On fera constater aux élèves l’hétérométrie (hexasyllabe, octosyllabe, alexandrin), occasion d’apprendre ou de réapprendre le nom de certains vers fixes et l’importance de l’expression des sentiments et du lexique du cœur qui tous deux définissent les stances. On pourra réinvestir ces connaissances lors de l’étude de l’acte V (V, 2 : stances de l’Infante). Séance no 3 : rédaction Objectifs → Vérifier la lecture et la compréhension du texte. → Changer de point de vue. → Respecter les codes du texte théâtral. Sujet de rédaction : Vous imaginerez que Léonor (la suivante de l’Infante) a pu assister au duel entre Rodrigue et le Comte et que, au moment où elle va en annoncer l’issue à la princesse, elle rencontre Don Diègue. Elle fait alors au père de Rodrigue le récit du combat. Rédigez le dialogue qui s’ensuit en respectant la présentation du texte théâtral mais en utilisant la prose. Le Cid 65 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 66 — Z27481LECI — Rev 18.02 Séance no 4 : étude des personnages Objectif → Établir, lire et étudier un tableau de présence scénique. Support → L’ensemble de la pièce. Il peut paraître un peu prématuré d’apprendre à des élèves de collège à établir et analyser un tableau de présence scénique. Toutefois, il présente un triple intérêt. D’une part, il permet de vérifier l’aptitude des élèves à respecter une méthode. La réalisation du tableau de présence scénique sur une feuille A4 ou A3, à l’aide de l’édition du texte, d’une règle et de crayons est l’occasion de découvrir chez certains élèves des blocages que l’on ne soupçonnait pas et dont on peut discuter avec eux. D’autre part, il permet aux élèves de réaliser combien au théâtre la présence d’un personnage fonde son existence. Le personnage de théâtre, à la différence du personnage de roman dont l’existence est souvent médiatisée par le narrateur, existe parce qu’il parle ou agit sur scène. Quitter l’espace scénique c’est déjà mourir un peu. Enfin, l’étude du tableau permet d’introduire les élèves à la notion d’analyse. Même s’il ne s’agit pas d’arriver à une analyse littéraire aboutie, au moins peut-on faire comprendre aux élèves qu’analyser, c’est observer et produire du sens à partir d’une observation grâce à des outils (en l’occurrence le tableau). ■ Réalisation du tableau de présence scénique Prendre une feuille blanche, si possible non perforée, format A4, dans le sens de la largeur. Dessiner un tableau à double entrée. Indiquer verticalement le nom des personnages tels qu’ils apparaissent au début de la pièce dans la liste des personnages. Indiquer horizontalement les scènes numérotées (chaque acte est séparé par un double trait). NB : il est important (chose que réalisent rarement les élèves) de compter le nombre total de scènes afin de prévoir la taille des colonnes. Réserver une ultime colonne à la fin du tableau que vous intitulerez « total ». Griser chaque scène où apparaissent les personnages. 66 Une pièce de théâtre du XVIIe siècle NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 67 — Z27481LECI — Rev 18.02 ■ Étude du tableau de présence scénique L’étude se déroule en deux temps : l’étude quantitative et l’étude relative. La première consiste à évaluer la présence totale des personnages dans la pièce et à distinguer les personnages principaux des personnages secondaires. La seconde consiste à étudier la présence des personnages en fonction des autres personnages et, donc, de mieux comprendre les relations qu’ils entretiennent et les enjeux dramatiques liés à ces relations. Étude quantitative Additionner le nombre de scènes par personnage et indiquer le résultat dans la dernière colonne. NB : on pourra pousser le raffinement jusqu’à calculer le pourcentage pour chaque personnage et avoir recours au professeur de mathématiques. Quel personnage totalise le plus de scènes ? La première surprise vient de la supériorité numérique de Chimène par rapport à Don Rodrigue qui n’arrive qu’en troisième position après Don Diègue. Elvire totalise elle aussi quinze apparitions qui sont à mettre au compte de sa fonction de suivante de Chimène. Cette disproportion, justifiée par le respect de la vraisemblance, s’explique, en partie, par les absences répétées de Don Rodrigue. Impossible de représenter sur scène le duel et la mort du Comte. De même, pour le combat contre les Maures. En fait, Chimène et Don Rodrigue partagent le même conflit intérieur entre l’amour qu’ils se portent et l’honneur qu’ils doivent à leur famille (Chimène le doit à son père tué par Rodrigue, et ce dernier à Don Diègue qui lui a réclamé vengeance). La présence scénique majoritaire de Chimène met aussi en valeur l’importance de la parole. La femme ne peut avoir recours aux armes pour défendre son honneur ; c’est par la parole qu’elle doit le faire. Qu’il s’agisse d’un dialogue délibératif avec soi-même, d’une plaidoirie devant le Roi ou d’une joute oratoire avec son amant, Chimène use de toutes les ressources du langage. De ce point de vue, on peut la rapprocher du personnage de l’Infante qui combat son amour « déshonorant » par la parole. Elvire et Léonor, conformément à la tradition, jouent ici le rôle de catalyseur de la parole de leur maître. Elles justifient et permettent la libération de la parole. Constat Le Cid 67 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 68 — Z27481LECI — Rev 18.02 similaire pour Don Diègue, que l’âge a privé du secours des armes. Pour lui aussi la parole est une arme face au Comte, face à son fils, face au Roi. Pour Chimène, l’Infante et Don Diègue, la parole est un enjeu d’honneur. Elle obéit aux codes de l’honneur. Elle est directe, franche et sans dissimulation. De ce point de vue, on pourra l’opposer à la parole agressive du Comte ou fourbe de Don Sanche. Étude relative Il s’agit d’étudier ici la coprésence des personnages, c’est-àdire d’observer les personnages qui sont systématiquement présents en même temps, ceux qui se rencontrent, ceux qui s’évitent et ceux qui se cherchent. ■ Maîtres et valets Léonor et Elvire totalisent à peu près le même nombre de scènes que leurs maîtresses. À la différence de la comédie, où le personnage du valet acquiert une certaine indépendance par rapport à son maître, ce qui est une source inépuisable d’effets comiques, dans la tragédie le domestique est un suivant chargé de recueillir la parole du maître et d’encourager ses confidences. On remarquera toutefois ici les libertés prises par Corneille dans la version de 1637 à l’égard de la tragédie. Acte I, scène 1, le Comte discute avec Elvire, suivante de Chimène, ce qui parut bien peu crédible. Plus loin, au début de l’acte III (scène 1) elle fustige Rodrigue. L’Infante est présente une fois de plus que sa suivante Léonor (voir les stances de l’Infante, V, 2, pendant féminin de celles de Rodrigue ; elles prolongent le débat entre l’amour et l’honneur, ici lié à la condition de l’Infante, femme et épouse du monarque). ■ Duos d’amour Hormis le couple formé par l’Infante et Don Fernand, questionné par l’amour que celle-ci porte à Rodrigue, la pièce ne met aucun autre couple constitué en scène. La pièce commence par l’hésitation entre deux hommes – Don Sanche et Don Rodrigue – qu’Elvire prête à Chimène. Très vite le spectateur connaît la préférence de la jeune femme. Pourtant les deux 68 Une pièce de théâtre du XVIIe siècle NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 69 — Z27481LECI — Rev 18.02 amants ne se rencontrent sur scène qu’au troisième acte, alors que Rodrigue a tué le père de Chimène et qu’il ne semble plus possible à cette dernière de lui accorder son amour. Cette scène (III, 4) se trouve au centre de la pièce et s’apparente à un duel plus qu’à un duo d’amour. Rodrigue développe un long argumentaire afin de faire fléchir Chimène. Seule la présence du Roi et de sa cour permettra de les rassembler deux nouvelles fois, à la fin de l’acte IV et à la fin de l’acte V. La pièce s’achève sur l’annonce de leur union, mais jamais les deux amoureux n’auront échangé sur scène leurs vœux. Il en va de même pour l’Infante qui doit taire son amour et qui, tout au long de la pièce, doit éviter la présence de Rodrigue. Elle recherche au contraire la présence de Chimène comme substitut à la présence de l’être aimé. Elle ajoute à la douleur de renoncer à son amour celui d’encourager et d’aider sa « rivale » dans la réalisation de son union. Ce n’est qu’en présence du Roi et lorsque ce dernier a définitivement rendu son jugement que l’Infante paraît sur scène en même temps que Rodrigue. Lorsque sur scène l’amour est avoué, il n’est pas partagé (voir Don Sanche). Travail préparatoire de recherches documentaires : en vous aidant de la présentation et de la chronologie de l’édition, de dictionnaires et d’encyclopédies, répondez aux questions suivantes. Quelles sont les dates de naissance et de mort de Corneille ? Quel était le régime politique en France à cette époque ? Qui était à la tête de la France du vivant de Corneille ? Que désigne dans l’histoire de France « la Fronde » ? Qu’est-ce que « la guerre de Trente Ans » ? Séance no 5 : la figure du Roi dans Le Cid, enjeux politiques de la pièce Objectif → Étudier le contexte historique. Support → L’ensemble de la pièce. Il s’agit ici de remettre en contexte la pièce de Corneille et d’étudier le caractère politique autant qu’amoureux de l’intrigue. L’histoire, notamment politique, de la première moitié du XVIIe siècle est souvent méconnue des élèves qui ne retiennent du Le Cid 69 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 70 — Z27481LECI — Rev 18.02 Grand Siècle que la figure de Louis XIV. Ce travail sera l’occasion, en interdisciplinarité avec le professeur d’histoire, de donner des repères historiques aux élèves et d’ouvrir sur une autre interprétation de la pièce. Quels points communs pouvez-vous établir entre la situation politique de la France en 1637 et l’intrigue du Cid ? ■ La situation extérieure de la France La pièce a pour cadre l’Espagne. Or, en 1636, un an avant la première représentation du Cid à Paris, la France avait déclaré la guerre à ce pays et, après avoir perdu Corbie, venait de la reprendre. L’ennemi était aux portes de Paris, et l’on peut raisonnablement penser que les vers de Corneille résonnaient d’une troublante actualité pour le public de l’époque : « La flotte qu’on craignait dans ce grand fleuve entrée/Vient surprendre la ville et piller la contrée,/[...] La Cour est en désordre et le peuple en alarmes » (III, 6). La tirade de Rodrigue racontant sa victoire contre les Maures est l’occasion d’exalter le sentiment de fierté nationale du public. ■ La situation intérieure de la France La pièce de Corneille se fait aussi l’écho de la situation intérieure de la France. Devenu chef du Conseil du Roi en 1624, le cardinal Richelieu s’attache à rabaisser la superbe des grands seigneurs et à consolider la monarchie. Il n’hésite pas à recourir à des exécutions exemplaires : Montmorency fut exécuté en 1632, et Gaston d’Orléans en 1636. Dans Le Cid, le pouvoir du Roi est remis en question par le Comte, mais aussi par Rodrigue qui part combattre les Maures sans recours à l’autorité royale et par Chimène qui refuse le jugement du Roi et prétend se faire justice elle-même. L’interdiction par Richelieu des duels était un autre moyen de maîtriser la fougue aristocratique. Ne pouvant faire justice eux-mêmes, c’est au Roi qu’ils devaient s’en remettre. Là encore, la pièce de Corneille est d’actualité puisqu’elle met en scène plusieurs duels et développe des arguments pour et contre le maintien de cette ancienne coutume. En vous référant au tableau de présence scénique et en adoptant la méthode vue en cours, étudiez le personnage du Roi dans Le Cid. 70 Une pièce de théâtre du XVIIe siècle NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 71 — Z27481LECI — Rev 18.02 Le personnage du Roi, Don Fernand, apparaît à sept reprises dans la pièce. Il intervient pour la première fois à la fin de l’acte II (scènes 6 et 7). Il est significatif que sa première apparition sur scène corresponde à la remise en cause de son autorité par le Comte, rapportée par Don Arias, et que le jugement rendu à la scène 7 n’aboutisse pas à l’acte suivant. Ces autres apparitions se trouvent systématiquement à la fin des actes et en présence de sa cour, plus pour enregistrer les actes des personnages que pour les initier. Séance no 6 : duel d’amour Objectif → Étudier et exprimer la supposition. Support → Acte III, scène 4. Chimène a-t-elle revu Don Rodrigue depuis le meurtre du Comte ? Quelle est sa première réaction en découvrant son ancien amant ? Que vient lui offrir Rodrigue ? Comment réagit-elle à cette offre ? Étudiez la rigueur avec laquelle s’enchaînent ses idées, v. 905-932. Montrez que Chimène fait preuve de lucidité et de fermeté. À partir de quel moment semble-t-elle fléchir ? Comment ce changement d’attitude se manifeste-t-il dans le texte ? Comment la scène se clôt-elle ? Chimène revoit Rodrigue pour la première fois, ce qui explique sa surprise. Réalisant qu’elle doit faire face à son destin et résoudre le dilemme qui se présente à elle, elle exprime le désespoir puis l’indignation et le reproche. Rodrigue a entendu la dernière réplique de sa maîtresse dans la scène précédente (« Pour conserver ma gloire, et finir mon ennui,/Le poursuivre, le perdre, et mourir après lui »). Il est certain de l’amour de Chimène mais reprend sa proposition et lui offre sa vie. On peut se demander s’il y a, de la part de l’amant malheureux, calcul ou habile dialectique. En fait, c’est surtout un moyen pour Corneille d’accroître l’intensité dramatique de la situation de Chimène. Alors que Rodrigue a accompli une partie de son devoir (il a satisfait son honneur), Chimène est toujours partagée entre deux devoirs également impérieux. C’est, ici, le rôle de Chimène qui concentre l’intensité dramatique de la scène. La lucidité et la dignité de sa réponse renforcent ce sentiment. Le Cid 71 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 72 — Z27481LECI — Rev 18.02 L’insistance de Rodrigue à lui offrir sa vie semble la faire fléchir. La stichomythie du vers 973 en porte la trace, comme celles qui suivent dans le reste de la scène. S’y expriment les regrets éternels et surtout l’amour infini. Le duel est devenu duo d’amour. Les deux amants se quittent sans que le dilemme de Chimène ait été résolu. Les deux héros semblent dans une situation inextricable. Rodrigue aime Chimène, mais a finalement dû se résoudre à sauver l’honneur de son père. Pour Chimène, le dilemme reste entier puisqu’elle peut encore choisir entre son amour pour Rodrigue et l’honneur familial. Tous deux multiplient les suppositions comme s’ils voulaient réécrire l’histoire et pouvoir vivre leur amour. Relevez dans le texte les tournures qui expriment une supposition. — « Je le ferais encor, si j’avais à le faire » (v. 888). — « Et ta beauté sans doute emportait la balance,/Si je n’eusse opposé contre tous tes appas/Qu’un homme sans honneur ne te méritait pas,/Qu’après m’avoir chéri quand je vivais sans blâme/Qui m’aima généreux, me haïrait infâme,/ Qu’écouter ton amour, obéir à sa voix,/ C’était m’en rendre indigne et diffamer ton choix » (v. 896-902). — « Si quelque autre malheur m’avait ravi mon père,/Mon âme aurait trouvé dans le bien de te voir/L’unique allégement qu’elle eût pu recevoir,/Et contre ma douleur j’aurais senti des charmes/Quand une main si chère eût essuyé mes larmes » (v. 928-932). — « Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre ? » (v. 951). — « Si l’on te voit sortir, mon honneur court hasard » (v. 986). — « Si j’en obtiens l’effet, je te donne ma foi/De ne respirer pas un moment après toi » (v. 1005-1006). La majorité des suppositions sont exprimées dans le texte par le biais d’une subordonnée conjonctive introduite par « si ». Identifiez les temps dans la proposition subordonnée conjonctive et la proposition principale. On observe quatre cas : — cas no 1 : si + présent de l’indicatif, présent de l’indicatif (la condition est considérée comme réalisée) ; 72 Une pièce de théâtre du XVIIe siècle NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 73 — Z27481LECI — Rev 18.02 — cas no 2 : si + imparfait de l’indicatif, conditionnel présent (l’action est incertaine, mais réalisable – potentiel) ; — cas no 3 : si + plus-que-parfait de l’indicatif, conditionnel passé (condition non réalisée dans le passé – irréel du passé) ; — cas no 4 : si + subjonctif passé, imparfait de l’indicatif (même valeur que précédemment). Il existe deux autres combinaisons possibles : si + présent, futur (condition réalisable dans le futur et réalisation certaine), et si + présent ou imparfait, conditionnel présent (condition non réalisée dans le présent – irréel du présent). Exercice no 1 : complétez les phrases hypothétiques suivantes. Attention à la concordance des temps. Si tu m’offrais ta tête, [être] à moi de la prendre ? Si j’en avais obtenu l’effet, je te [donner] ma foi. Si j’ai à le faire, je le [faire] encore. Si je n’avais pas opposé toutes ces raisons, ta beauté [emporter] la balance. Exercice no 2 : conjuguez les verbes entre crochets en respectant la nuance de sens demandée. Si ton père [ne pas offenser] le mien, je ne [devoir] venger mon honneur (irréel du passé). Si tu [me le demander], je me [tuer] (condition considérée comme réalisée). Si tu [me le demander], je me [tuer] (condition réalisable dans le futur). Si tu [me l’ordonner], je [t’obéir] (irréel du présent). Séance no 7 : le récit de Rodrigue, la naissance d’un héros Objectif → Étudier un récit épique. Support → Acte IV, scène 3 (v. 1267-1339). La séance a pour but d’étudier le récit épique. L’épopée a très souvent été abordée par les élèves en Cinquième. On pourra donc prendre appui sur les connaissances des élèves tout en leur fournissant de nouveaux outils, notamment stylistiques, qui Le Cid 73 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 74 — Z27481LECI — Rev 18.02 leur permettront de structurer leur réponse. Ce texte pourra être l’occasion d’un nouvel exercice de récitation (v. 1266-1286). ■ Un récit dramatisé Identifiez la composition du récit. La bataille contre les Maures ne peut pas être représentée sur la scène du théâtre. Corneille a donc soin de faire de la bataille un récit détaillé. Le récit des préparatifs est réalisé en trois étapes : la marche des combattants (v. 1267-1272), l’arrivée au port et la mise en place du stratagème, et enfin l’arrivée des Maures. Quels éléments dans le texte permettent de dramatiser la scène ? La progression chronologique est soulignée par la mise en valeur des connecteurs temporels « aussitôt » et « enfin ». Les verbes d’action sont très nombreux et animent la narration. L’expression des sentiments des différentes parties permet de dramatiser le récit. Par quels procédés le narrateur réussit-il à rendre son récit plus vivant ? Le narrateur anime son récit par le recours à de très nombreux verbes d’action et à l’hypotypose qui permet aux spectateurs de vivre la scène : passage du passé simple au présent de narration, succession rapide des actions, sentiment de vivacité grâce au champ lexical de la rapidité (« prompt », « aussitôt », « impatience », « courent »), accélération du rythme notamment à partir du vers 21, où les propositions sont simplement juxtaposées et de plus en plus brèves. Le récit crée ainsi le suspens et accroît l’intensité dramatique. ■ Un récit épique Qu’est-ce qu’une épopée ? Le mot « épique » vient du grec epos. L’épopée est le récit d’une grande action, mettant en jeu ou symbolisant les grands intérêts d’un peuple. Il met en scène un héros confronté à des forces qui le dépassent. Il a souvent une signification symbolique. Montrez que le récit de la bataille oppose nettement deux camps. Le contexte guerrier est clairement mis en valeur par le champ lexical de la guerre. De nombreuses figures d’amplification et 74 Une pièce de théâtre du XVIIe siècle NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 75 — Z27481LECI — Rev 18.02 d’opposition servent à souligner le statut de héros de Rodrigue et renforcent une opposition manichéenne entre les Maures et les Espagnols. Relevez les procédés d’insistance. Figures d’insistance : hyperboles (pluriel, grands nombres, superlatif) – « Nous partîmes cinq cents, [...] nous nous vîmes trois mille » ; répétitions (anaphores) – « Point de soldats au port, point aux murs de la ville », « Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons sur terre », « Ô combien d’actions, combien d’exploits célèbres ». Relevez les procédés qui consistent à amplifier la scène. Figures de construction qui servent l’amplification : énumération – « Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port » ; parallélismes – « Nous les pressons sur l’eau, nous les pressons sur terre », « Le flux les apporta, le reflux les remporte », « Leur courage renaît, et leurs terreurs s’oublient » ; amplification du rythme – « Et la terre, et le fleuve et leur flotte et le port/Sont des champs de carnages où triomphe la mort ». Relevez les figures d’opposition. Figures d’opposition : antithèses – « flux »/« reflux », « épouvanté »/« courage », « impatience »/« demeure », « le silence »/ « mes cris » ; oxymore – « cette obscure clarté ». Quel est l’effet produit par l’utilisation conjointe des figures d’insistance, d’amplification et d’opposition ? Séance no 8 : les conditions de représentation Objectif → Connaître les conditions de représentation au début du XVIIe siècle → Décrire une représentation. La première partie de la séance pourra prendre la forme d’un cours magistral et donner lieu à une initiation à la prise de note. Dans ce cas, les élèves pourront être conduits à compléter un texte à trou afin d’évaluer leur compréhension. Une pièce de théâtre est écrite pour être représentée sur une scène de théâtre devant un public. Elle est pensée en fonction des conditions de représentation de l’époque. Le Cid 75 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 76 — Z27481LECI — Rev 18.02 ■ Les comédiens Au début du XVIIe siècle, le comédien fait encore l’objet de vives critiques de la part de l’Église catholique. Le diocèse de Paris les menace même d’excommunication. Il faudra attendre le 16 avril 1641 pour que Louis XIII les relève de cette déchéance : « Nous voulons que leur exercice, qui peut innocemment divertir nos peuples de diverses occupations mauvaises, ne puisse leur être imputé à blâme, ni préjudice à leur réputation dans le commerce public. » Quatre troupes d’acteurs dominent le monde du théâtre au XVIIe siècle : la troupe de l’Hôtel de Bourgogne, à laquelle Louis XIII accorde le titre de « Troupe royale » et une pension de 12 000 livres ; la troupe du théâtre du Marais, qui créa les premières pièces de Corneille ; la troupe des Italiens, qui travaillent sur le modèle de la commedia dell’arte ; la troupe de Molière qui s’installera à Paris à partir de 1658, d’abord au Petit-Bourbon, puis au Palais-Royal (elle devient troupe du roi en 1665). ■ Les salles Les salles comprennent des galeries ou loges, pour les gens de qualité et un parterre où le public s’entasse debout. À partir de 1637, date de la première représentation du Cid, des banquettes sont installées sur la scène pour un public de privilégiés qui, à défaut de bien voir la pièce, se fait voir de la salle. ■ Les représentations Le spectacle commençait souvent à 4 ou 5 heures de l’aprèsmidi. Le décor était constitué par des toiles peintes qui représentaient un carrefour où se situaient les maisons des principaux personnages. Plus tard, pour la tragédie, le décor ne représentera plus qu’« un palais à volonté ». Les costumes ne prétendent à aucune vérité historique. Il y a un rideau sur scène, mais on ne le baisse pas à la fin de chaque acte. 76 Une pièce de théâtre du XVIIe siècle NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 77 — Z27481LECI — Rev 18.02 ■ Sujet de rédaction Vous avez été invité à assister à une représentation du Cid et vous êtes assis sur une banquette sur la scène face à la salle. Décrivez ce que vous voyez. Vous décrirez notamment la salle (organisation, ambiance...) et les acteurs sur scène (costume, apparence...). Séance no 9 : un dénouement obscur Objectif → Étudier une scène de dénouement au théâtre. Support → Acte V, scène 7. Les scènes 6 et 7 de l’acte V constituent le dénouement de la pièce. — La scène de dénouement a pour but de mettre fin aux diverses intrigues. Chimène a-t-elle finalement résolu son dilemme ? Chimène croit avoir résolu son dilemme. La scène 5 s’est terminée sur un extraordinaire quiproquo. Chimène a vu dans le geste de Don Sanche qui lui tendait son épée l’aveu du meurtre de Rodrigue. Dès lors, son dilemme n’a plus de raison d’être et elle peut exprimer librement son amour pour le Cid. Elle est immédiatement détrompée par le Roi et Don Sanche. Don Fernand, avec bienveillance et autorité, l’invite à obéir à sa loi et à épouser Rodrigue. — Quel aveu Chimène fait-elle au Roi au début de l’acte VI ? Montrez le ton pathétique de cet aveu. — Comment le Roi et l’Infante tentent-ils de fléchir la volonté de Chimène ? — Don Rodrigue n’est pas réapparu depuis la scène 1 de l’acte V. Où est-il ? — Quel est, à son retour, son statut aux yeux du Roi ? aux yeux de l’Infante ? aux yeux de Chimène ? — Comment réagit-il en présence de Chimène ? — Montrez que le ton de sa réplique passe de la fougue juvénile à une tristesse grave. — Quelle solution propose le Roi pour que Chimène puisse accepter cette union tout en ayant le sentiment de conserver son honneur ? Le Cid 77 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 78 — Z27481LECI — Rev 18.02 La solution est obscure. Il invite Chimène à attendre un an et enjoint Rodrigue de combattre pour lui pendant cette période. La scène se clôt sur l’espoir d’une union : « Sire, ce m’est trop d’heur de pouvoir espérer » (v. 1862) et « Espère en ton courage, espère en ma promesse » (v. 1863). La pièce finit-elle bien ? Séance no 10 : Corneille et les règles, la querelle du Cid Objectif → Connaître et étudier les règles du théâtre classique. Support → L’ensemble de la pièce. L’écriture d’une pièce de théâtre obéit dès le début du XVIIe siècle à des règles précises qui prendront force de lois à l’apogée du classicisme dans la seconde moitié du Grand Siècle. Corneille se réserve le droit de prendre certaines libertés. Il préfère toujours le jugement du public à celui des doctes, qui le lui rendront bien lors de la querelle du Cid où ils lui reprochent son mépris des règles. — La première de ces règles est celle des trois unités – de lieu, de temps et d’action –, ainsi formulée par Boileau : « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli/Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli. » À la lumière de votre lecture du Cid, indiquez si Corneille a respecté la règle des trois unités ? Aucune des trois unités n’est vraiment respectée. Tout d’abord, l’unité de lieu. L’action doit se dérouler en un seul lieu. L’intrigue se déroule à Séville, mais les changements de lieu se multiplient : demeure de Chimène, appartement de l’Infante, salle du Conseil royal. L’action doit se dérouler en vingt-quatre heures. On a du mal à imaginer que Rodrigue ait pu, après son duel, se rendre au combat et remporter la victoire dans un laps de temps si court. L’unité d’action voudrait qu’il n’y ait qu’une seule intrigue principale. Or, il y a deux intrigues amoureuses (Chimène/ Rodrigue et l’Infante/Rodrigue) auxquelles il faut ajouter la menace d’une invasion barbare. 78 Une pièce de théâtre du XVIIe siècle NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 79 — Z27481LECI — Rev 18.02 — La seconde règle est la vraisemblance. Le poète tragique s’interdit de représenter sur scène des faits qui ne présentent pas un caractère de vérité pour le public. L’action du Cid respecte-t-elle cette règle ? Les opposants du dramaturge ont eu tôt fait de relever l’invraisemblance du dénouement de la pièce qui annonce le mariage de Chimène avec le meurtrier de son père. Corneille oppose à la vraisemblance la vérité du fait historique et se retranche derrière sa source (Mariana, Historia de Espana, livre IX, chapitre V). On lui reproche aussi sa scène d’exposition qui met en scène une servante (Elvire) discutant avec un grand seigneur (le Comte). Corneille supprimera cette scène en 1660 (voir dossier de l’édition). — La troisième règle est la bienséance. Les paroles et les actes des personnages ne doivent pas heurter la morale. Toute référence à la sexualité, le spectacle de la violence, les propos qui contreviendraient aux principes de la foi chrétienne sont donc proscrits. Est-ce le cas dans Le Cid ? Dans la version de 1637, Corneille contrevient, à de nombreuses reprises, à la règle de la bienséance. Acte V, scène 7, Chimène parle du « lit » qu’elle doit partager avec Rodrigue. Acte IV, scène 4, le Roi conseille à Don Diègue : « Contrefaites le triste. » Procédé qui n’est pas exactement digne de sa fonction. Le dénouement qui annonce l’union de Chimène avec le meurtrier de son père achève de bafouer la bienveillance. Évaluation finale Traitez au choix un des deux sujets de rédaction suivants : Sujet no 1. Expliquez cette maxime : « Fais ce que dois, advienne que pourra. » Montrez par des exemples comment la conduite des héros de Corneille est l’application de cette maxime. Sujet no 2. Le directeur d’un théâtre environnant décide de monter Le Cid. Il souhaite transposer l’action à l’époque actuelle. Quelles propositions de mise en scène (lieu, costumes, rang social des personnages, professions...) lui feriez-vous ? Vous essaierez de justifier vos choix par votre connaissance du texte. Le Cid 79 NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 178 — 19-02-08 09:44:52 127481KNH - Flammarion - Fiche pédagogique - Le Cid - Page 80 — Z27481LECI — Rev 18.02 IV. Orientations bibliographiques Éditions du Cid CORNEILLE, Pierre, Le Cid, 1637-1660, éd. Georges Forestier, Société des textes français modernes, 1992. CORNEILLE, Pierre, Le Cid, avec un choix de documents sur la querelle du Cid, éd. Boris Donné, GF-Flammarion, 2002. Ouvrages généraux BÉNICHOU, Paul, Morales du Grand Siècle, Gallimard, 1988. FORESTIER, Georges, Introduction à l’analyse des textes classiques, Nathan, 1993. GUICHEMERRE, Roger, La Tragi-comédie, PUF, 1981. KIBEDI-VARGA, Aron, Le Classicisme, Seuil, 1998. MESNARD, Jean, La Culture du XVIIe siècle, PUF, 1992. SCHERER, Jacques, La Dramaturgie classique en France, PUF, 1997. Études sur Corneille COUTON, Georges, Corneille et la tragédie politique, PUF, 1984. FORESTIER, Georges, Corneille, le sens d’une dramaturgie, SEDES, 1998. SWEETSER, Marie-Odile, La Dramaturgie de Corneille, Droz, 1977. Études sur Le Cid COUPRIE, Alain, Pierre Corneille, « Le Cid », PUF, 1989. FORESTIER, Georges, Corneille, « Le Cid », Nathan, 1991. GASTÉ, Armand, La Querelle du « Cid », Slatkine, 1970. MOLINIÉ, Georges, « Le Cid baroque », L’Information grammaticale, no 39, 1988. Filmographie MANN, Anthony, Le Cid, (1961), Les films de ma vie, 2007. FONTAN, Didier, Le Cid, Alpa Media/Janus diffusion, 2000. Discographie MASSENET, Jules, Le Cid (1885), Sony, 1989. Frédéric MAGET.