Adolescents adoptés : un risque psychopathologique ?

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Adolescents adoptés : un risque psychopathologique ?
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Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 63 (2015) 385–391
Article original
Adolescents adoptés : un risque psychopathologique ?
Adopted adolescents: A psychopathological risk?
R. Wuyts a , I. Duret b , V. Delvenne a,∗,b
a
Service de pédopsychiatrie, hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola, 15, avenue J.J.-Crocq, 1020 Bruxelles, Belgique
b Faculté de psychologie, université Libre de Bruxelles, Bruxelles, Belgique
Résumé
Classiquement, dans les sociétés occidentales, lorsqu’un jeune adopté présente une souffrance psychopathologique, celle-ci est mise en relation
avec l’abandon initial et les conséquences de celle-ci. Le risque est de stigmatiser l’adoption et de réduire les difficultés de l’adolescent à celle-ci.
Au moment de l’arrivée de l’enfant adopté dans la famille, une rencontre doit s’opérer nécessitant un véritable processus d’adoption réciproque
où l’histoire de la famille adoptive mais aussi les représentations d’attachement intériorisées des parents adoptifs joueraient un rôle tout aussi
essentiel dans le devenir de l’adolescent adopté. En effet, les difficultés des parents à inscrire leur enfant dans leur filiation sont souvent l’écho des
blessures de filiation propre à la question qui a été à l’origine de l’adoption. Le sentiment d’appartenance à une famille dépend de cette rencontre
entre chacun de ses membres. Dès lors, la compréhension psychopathologique des troubles des adolescents adoptés doit pouvoir être envisagée,
comme pour tous les adolescents, dans leur histoire de vie personnelle, en ce compris les évènements de vie précoces mais aussi dans leur histoire
environnementale et filiative. Elle doit aussi être comprise du côté de l’histoire de la famille adoptive, du couple des parents adoptants et de la
qualité du processus d’adoption réciproque.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Adolescence ; Adoption ; Psychopathologie
Abstract
In Western societies, psychopathological suffering of adopted teenagers is traditionally assumed to be related (only) to the initial abandonment
and its consequences. As a consequence, teenager sufferings are likely to be reduced to adoption. As for any suffering patient, psychopathological
disorder of adopted children should be actually understood from their entire personal life history – including of course the traumatic adoption
event – but also from the filiation and environmental context/history. This means that the disorder may also root from the adoptive couple and
its own history. The contribution of this paper is also to consider to which extent the encounter between the adoptive parents and their child (the
mutual adoption) does also play a role in the adopted child’s development.
© 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Adolescence; Adoption; Psychopathology
1. Introduction
L’adolescence représente pour tout un chacun une période de
remaniements et de transformations multiples tant sur le plan
∗
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : [email protected] (V. Delvenne).
http://dx.doi.org/10.1016/j.neurenf.2015.04.006
0222-9617/© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
physique que psychologique. Le processus de l’adolescence
est le même pour tous : gagner son indépendance et se séparer des objets de l’enfance afin de pouvoir se différencier de
ceux-ci, tout en restant attaché à ses parents. C’est le propre
du paradoxe adolescentaire. Ce processus se fera d’autant plus
facilement que le jeune aura introjecté, au cours de l’enfance,
des enveloppes parentales protectrices et construit un narcissisme solide [1]. Outre les transformations pubertaires et la
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montée pulsionnelle barrée de l’interdit incestueux, il doit surtout accomplir un important travail de deuil qui se décline
selon trois axes : le deuil des images parentales, le deuil de la
bisexualité et finalement le deuil de l’enfance. Il s’agit donc
d’une période faite de renoncements et de séparations multiples où se réactive la question des origines, où l’enfance
est revisitée y compris dans le fantasme originaire. Il s’agit
de s’autonomiser progressivement pour aborder le monde des
adultes.
Chez l’adolescent adopté, ce travail peut nécessiter encore
plus d’énergie. Ses parents ne le sont pas sur le plan biologique
et la barrière de l’inceste peut être plus fragile. Il n’a pas toujours
accès à son histoire, il manque souvent de repères précoces et de
représentations de ses origines. Il a parfois peur, dans ces mouvements de distanciation, d’être à nouveau abandonné. Il peut
mettre à l’épreuve ses parents afin de tester la solidité du lien.
À côté de ce vécu adolescentaire où le désir et la peur de
changer, de grandir s’entremêlent, le système familial se voit
aussi chamboulé dans ses rôles et valeurs qui lui sont propres.
La réorganisation psychique individuelle du jeune vient mettre
en tension le contenant d’appartenance groupal et généalogique.
La famille doit faire face à un dilemme : elle doit maintenir une
certaine constance des éléments qui la constituent et en même
temps soutenir le processus de séparation/individuation du jeune
[2]. Toute adolescence est aussi une adolescence familiale [3].
Les parents peuvent rencontrer des difficultés à comprendre la
mise à distance soudaine de leur enfant (ex. la mauvaise humeur,
les cris, les claquages de porte. . .) qui peut être vécue comme
une violence pour certains, un rejet ou un manque d’amour pour
d’autres. Il s’agit pourtant d’essais expérimentaux mis en place
par l’adolescent. De plus, ce mouvement de distanciation peut
réactiver, chez les parents, des blessures s’inscrivant dans leur
histoire d’origine.
Ainsi, certains parents adoptifs peuvent rencontrer des difficultés à laisser leur jeune s’autonomiser de peur de le perdre,
si leur lien est ressenti comme plus précaire car n’étant pas
de sang. Ils doivent aussi gérer les éventuelles représentations
menaçantes qu’ils peuvent attribuer aux parents géniteurs. Ils
peuvent, en retour, se culpabiliser de leur agressivité et mettre
en place des mouvements de réparation [1]. La séparation d’avec
les figures parentales peut dès lors se voir freinée tant du côté
du jeune que de ses parents et par là, entraîner une souffrance
dans le système.
Par conséquent, l’adolescence représente une crise manifeste
qu’il faut comprendre non seulement du côté de l’adolescent qui
exprime ses difficultés, mais aussi du côté de la famille dans
son ensemble. Qu’elle soit biologique ou adoptive, celle-ci est
confrontée à un changement nécessaire qui vient réactualiser
les éventuels problèmes non résolus des parents. Même si certaines particularités propres à l’adoption doivent être prises en
compte, il semble donc essentiel de ne pas réduire la famille
à l’adoption elle-même. Certes, l’enfant peut être entré dans
celle-ci par adoption alors que d’autres entrent par procréation médicalement assistée ou encore par fécondation naturelle,
mais cela n’enlève en rien la légitimité d’être une famille à
part entière, passant par les différentes étapes du cycle de vie
familial.
2. L’adoption : un abandon avant tout ?
Il n’est pas rare d’entendre un discours social centré sur les
aléas de l’adoption et la stigmatisation de son mode d’entrée dans
la famille. L’importance de la qualité des relations précoces est
universellement reconnue comme l’impact négatif d’un caregiver biologique inadéquat et indisponible émotionnellement.
Deux points de vue coexistent à l’heure actuelle dans la littérature scientifique.
Une première approche met l’accent sur la rupture du lien
entre un enfant et ses parents géniteurs favorisant dès lors la
construction de représentations d’attachement insécure chez
l’enfant. Les difficultés à l’adolescence trouveraient leur origine dans la blessure primitive liée à l’abandon. Le lien ne
commencerait pas à la naissance, mais déjà in utero. « Quand
cette évolution post-natale est interrompue par une séparation
de la mère biologique, l’expérience résultante d’abandon et
de perte est imprimée de manière indélébile dans les esprits
inconscients de ces enfants, entraînant “la blessure primitive” »
[4]. Cette blessure serait irréversible, elle ne pourrait être cicatrisée entièrement, elle ne pourrait qu’être adoucie. Les aléas
de l’adoption sont également liés au fait que l’enfant ignore
bien souvent ses origines. Il n’a que peu de données génétiques, médicales ou psychiques sur ses parents biologiques,
ce qui impliquerait des difficultés à se construire une identité positive [5]. Les enfants adoptés seraient alors plus enclins
à présenter des troubles de l’attachement, des difficultés relationnelles, des problèmes émotionnels, des troubles identitaires,
des organisations en faux-self et d’importantes failles narcissiques [4]. Pour ces auteurs, ce qui handicape lourdement
la réussite de la filiation adoptive tient des répercussions de
l’abandon et des carences initiales sur le psychisme de l’enfant
[6].
Nous pouvons constater l’influence de cette approche sur la
plupart des mesures officielles d’accompagnement qui concernent, trop souvent, uniquement l’enfant adopté et s’adressent très
peu à la famille toute entière. S’il existe un symptôme, il sera plus
susceptible d’être compris seulement du côté de l’adolescent et
de son adoption. L’aide apportée se veut encore fortement réparatrice, voire normalisatrice de l’enfant, sans que des éléments
de l’histoire des parents adoptifs agissant sur le lien ne soient
mis au travail [7].
La deuxième approche se différencie de la première en ce sens
qu’elle considère que le lien biologique n’a d’importance que si
les parents adoptifs et leur enfant lui en accordent. De plus, tout
lien de filiation nécessite une adoption : tout parent doit reconnaître psychiquement son enfant. Le sentiment d’appartenance
à une famille dépend de l’« adoption réciproque » de chacun de
ses membres. Non seulement, les parents doivent « adopter »
l’enfant, mais celui-ci devra faire de même, et ce, peu importe
qu’il soit un enfant adopté ou un enfant biologique. La filiation peut dès lors être acquise sans pour autant qu’elle soit
établie biologiquement ou par un tribunal. « La famille humaine
est avant tout culturelle. Il n’y a aucun primat du biologique.
La seule différence entre une filiation adoptive et une filiation biologique concerne la nature de l’acte formalisant l’entrée
dans le groupe » [8]. Par conséquent, cette deuxième approche
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souligne l’importance de la reconnaissance psychique réciproque de l’enfant et de ses parents et non des liens biologiques.
3. Adolescence – adoption – psychopathologie
Les études épidémiologiques tendent à montrer que
l’adoption, principalement internationale, serait statistiquement
liée à l’émergence d’une multitude de troubles psychologiques, de problèmes comportementaux et d’un risque accru
d’apparition de troubles mentaux chez les adolescents [9]. Par
ailleurs, il semble que parmi les adolescents hospitalisés, on
retrouve un pourcentage d’adoptés 5 à 10 fois supérieur à celui
de la population générale belge [10]. Ces résultats rejoindraient
ceux de la Suède, du Canada, du Royaume-Uni et des États-Unis.
D’autres auteurs encore n’hésitent pas à clamer que l’adoption
est une filiation à risque tant sur le plan médical que psychologique [5].
Nombre d’études se sont penchées sur l’influence de facteurs
propres à l’adoption et à l’enfant tels que l’âge d’adoption, le
sexe, le pays de provenance, l’âge de révélation de l’adoption. . .
Différents liens de causalité entre ces différents facteurs et les
troubles psychologiques et comportementaux des adolescents
adoptés ont été évoqués [11]. Ainsi, l’étude des enfants adoptés avant 1 an ne montre pas plus de troubles de l’attachement
insécure que les enfants non adoptés [12]. Il semble exister deux
périodes critiques lors desquelles les enfants sont plus fragiles
pour l’adoption. Il s’agit de la période de formation des relations différenciées, entre 6 et 12 mois, et de la stabilisation de
l’attachement, après 24 mois [13]. Plusieurs études ont démontré l’impact négatif des processus de carence chez des enfants
qui ont séjourné en institution avant d’être adoptés [14].
Les parents adoptifs sont influencés par ce discours et en
viennent à consulter plus rapidement pour leur enfant adopté
lorsqu’ils rencontrent des difficultés [10]. Affirmer que les
adolescents adoptés sont très présents dans les centres de consultations et les hôpitaux laisse entendre que c’est l’adoption
elle-même qui est responsable des difficultés du jeune.
Par ailleurs, à l’adolescence, les jeunes adoptés seraient plus
susceptibles de présenter des troubles des conduites agies avec
des mécanismes d’externalisation [9], que leur famille soit fonctionnelle ou dysfonctionnelle.
Le risque est de stigmatiser l’adoption et de réduire les
difficultés de l’adolescent à celle-ci. Or certaines études effectuées en Angleterre et au Canada suggèrent qu’à long terme, il
n’existerait pas de différences significatives dans la qualité de
l’attachement entre les enfants adoptés et les enfants biologiques
[15–17]. Des représentations d’attachement sécure se retrouvent
ainsi tant chez les enfants adoptés que chez les enfants toutvenant. Pourtant, de nombreux auteurs clament une plus grande
propension chez les enfants adoptés à développer des troubles
de l’attachement, des problèmes relationnels, des troubles identitaires et d’importantes failles narcissiques [4,5,18].
Ainsi, la littérature scientifique indique des résultats disparates, parfois contradictoires, ce qui peut s’expliquer par la
présence d’une multitude de facteurs tels que l’âge de l’enfant
lors de la séparation, les changements des lieux de vie, les
conditions de vie avant l’adoption, mais aussi le processus
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adolescentaire et les nombreux remaniements qu’il entraîne,
le processus d’adoption réciproque ainsi que la sensibilité
des nouveaux parents adoptifs, leur histoire familiale et leurs
propres représentations d’attachement. L’adoption expose donc
les parents adoptifs et l’enfant à un certain nombre de tâches
développementales et complexes qui peuvent perturber le développement et déterminer largement l’adaptation [11].
4. L’adoption et la famille adoptante
L’observation d’un grand nombre d’adolescents adoptés qui
se portent bien pose la question des facteurs qui sous-tendent
le développement optimal ou la survenue d’une psychopathologie. L’histoire de la famille adoptive ainsi que l’histoire du
couple (et l’éventuelle stérilité) joueraient un rôle aussi essentiel que celui de l’histoire d’origine de l’enfant adopté sur la
construction de ses représentations d’attachement. Ainsi, cellesci dépendront des représentations d’attachement intériorisées
des parents adoptifs et de la transmission inter et transgénérationnelle de leur histoire à l’enfant adopté mais aussi d’un
processus complexe qui est celui du processus « d’adoption
réciproque ». En effet, toute famille, biologique ou adoptante
présente divers organisateurs de la culture familiale, à savoir
les rituels, les scripts et les mythes familiaux, y compris les
représentations qu’elle peut se faire de l’adoption. La qualité
des représentations d’attachement des adolescents et de leurs
parents n’interfère pas nécessairement dans le succès ou l’échec
du processus d’adoption réciproque. Pour que ce processus soit
mené à bien, à l’arrivée de l’enfant adopté, une rencontre doit
s’opérer. Celle-ci conditionne ce que l’on peut définir comme
la « greffe mythique ». Elle est définie comme « un processus
imaginaire qui fait entrer un enfant dans son appartenance familiale, qui le situe dans une filiation (. . .). Les liens du sang n’ont
pas grand-chose à voir avec ce processus purement imaginaire »
[19]. Seule cette greffe pourra permettre à l’enfant de ressembler
à ses parents. Il faut donc qu’elle fonctionne dans les deux sens :
l’enfant doit aussi participer à la création du mythe familial, ou
encore s’inscrire dans la continuité de celui-ci à travers la perpétuation des différentes traditions et valeurs propres à la famille.
Par contre, d’autres types d’obstacles peuvent venir entraver le
processus : les loyautés verticales invisibles (notamment avec les
grands-parents), la précarité des liens d’appartenance (notamment dans la famille élargie), les scripts familiaux répliqués
(non dégagés du passé). Toutes ces entraves s’inscrivent dans
l’histoire de la famille adoptive dont les valeurs mythiques
semblent fragilisées.
Dans le cas des familles adoptantes, même si la transmission
génétique ne peut avoir lieu, les transmissions restent toutefois nombreuses, comme celles d’un savoir, d’un savoir-faire
et d’un savoir-être. « La famille est porteuse d’un modèle de
socialisation et de couple, d’une manière de concevoir les hiérarchies et les relations, d’un langage et donc d’une manière de
communiquer, même en se taisant » [20]. Ces formes de transmission sont davantage explicites : elles se font souvent de façon
claire et directe donnant lieu à des phénomènes intergénérationnels observables. Les enfants peuvent alors puiser dans les
récits qu’ils entendent afin d’alimenter leurs propres récits. « Ils
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peuvent s’appuyer sur les mythes familiaux garants de leurs
appartenances pour s’autoriser des variations et des constructions personnelles susceptibles d’être positives » [21]. Mais
d’autres transmissions sont davantage implicites et prennent une
forme plus énigmatique et indirecte : elles trouvent leurs origines
dans une histoire transgénérationnelle qui remonte très loin dans
les générations. Ce sont elles qui véhiculent les valeurs, les
mythes, les habitudes, les rituels, et ce, de façon majoritairement
inconsciente.
Par conséquent, si l’on veut questionner le processus adolescentaire chez un jeune adopté, il importe, comme chez tout
adolescent, de mettre en perspective son histoire avec celle de ses
parents adoptifs : l’histoire d’origine du père, celle de la mère, de
leur couple afin d’analyser leurs représentations d’attachement
ainsi que celles ayant trait à leurs figures parentales. De plus, il
est essentiel de prendre en compte la manière dont les parents
ont résolu leurs propres questions adolescentaires.
Il est certain que les séparations et les abandons précoces
peuvent avoir un retentissement direct sur l’attachement de
l’enfant, mais il est important de considérer un autre aspect
essentiel : les représentations d’attachement que les parents
adoptifs ont de leurs expériences passées dans leur famille
d’origine et qu’ils sont susceptibles de transmettre à leur enfant
adoptif. Cette transmission transgénérationnelle des représentations d’attachement peut, elle aussi, jouer un rôle important
dans le devenir de l’adolescent adopté ; dans les sphères sociale,
affective et cognitive. Il conviendrait aussi de se demander si
des troubles psychopathologiques ne trouveraient pas leur origine dans un problème d’appartenance. Il se peut que les parents
respectent trop l’origine du jeune au détriment de l’établissement
de liens solides d’appartenance, empêchant dès lors la « greffe
mythique » de prendre [19]. De plus, les difficultés des parents
à inscrire leur enfant dans leur filiation viennent souvent des
blessures de filiation propre à la question qui a été à l’origine de
l’adoption [22].
Nous observons donc une possibilité de « compenser » la
blessure primitive liée à l’abandon grâce au succès du processus d’adoption réciproque : si l’on se sent suffisamment
« adopté » et relié à un groupe d’appartenance, on sera plus
enclin à investir d’autres liens avec des personnes susceptibles de
devenir progressivement des figures d’attachement étayantes, et
ce, même quand l’adolescent s’est construit des représentations
d’attachement insécure (de type évitant ou ambivalent).
5. L’adoption : une double dette
Pour prendre place dans l’histoire familiale, dans la généalogie, l’individu doit admettre qu’il n’est pas au principe même
de son existence, il doit identifier ce qui lui a été donné. Le
don joue un rôle dans la construction du lien intergénérationnel.
Quant à l’adolescent plus spécifiquement, celui-ci se découvre
redevable : il a reçu la vie, mais aussi ce qui lui a permis de
grandir. Tout adolescent doit honorer cette dette : il restituera ce
qu’il a reçu à ses propres parents, en les rendant grands-parents.
La dette sera alors transformée en don. Mais ce processus est
loin d’être aisé. L’adolescent tentera de récuser cette dette : il ne
doit rien à personne, c’est à lui que revient ses réussites [23].
Quant à l’adolescent adopté, il s’inscrit d’emblée dans une
double filiation. Sa dette est donc double car elle concerne les
parents de naissance pour la dette de vie et les parents adoptifs,
pour l’avoir accueilli et élevé. Le jeune doit ainsi tenir compte
d’une loyauté primitive envers ses origines et d’une loyauté
acquise et méritée envers ses parents adoptifs [24]. Il peut se
trouver pris dans un conflit de loyauté qui bloque son adhésion au mythe de sa nouvelle famille lorsque, par exemple, les
parents se montrent réticents à parler des parents de naissance.
Si une tension apparaît chez le jeune incapable d’être ouvertement loyal à ses origines, les loyautés doivent être déniées et
deviennent alors invisibles. Celles-ci peuvent exercer une lourde
influence : l’investissement de nouvelles figures d’attachement
peut être entravé, tout comme l’accès à la question des origines.
Le jeune peut aussi se sentir coupable de se questionner sur
ses parents biologiques à cause d’un éventuel sentiment d’être
déloyal à ses parents adoptifs. Il peut craindre que ses parents
ne soient profondément blessés devant son désir de rechercher
la vérité sur ses parents naturels. Pour se protéger narcissiquement, il peut s’interdire d’y penser en se détachant totalement
de sa filiation biologique, ce qui peut entraîner également une
souffrance psychique [25].
Toutefois, les adolescents adoptés ne sont pas tous confrontés à un conflit de loyauté. Si la base familiale de sécurité est
présente (avec une transmission davantage intergénérationnelle
des héritages familiaux du passé, et une souplesse dans le mythe
familial, les rites, et les scripts familiaux), le jeune parvient à se
reconnaître dans le don de ses parents adoptifs, il perpétue les
valeurs familiales et participe pleinement au mythe unificateur
de la famille adoptante. Il ne se sent pas non plus déloyal lorsqu’il
s’autorise à penser et fantasmer sur ce qu’il a reçu de ses origines,
et de ses parents de naissance. Ainsi, il parvient à s’inscrire dans
une origine filiale greffée, en tenant compte de cette double dette.
6. Le mythe d’origine de l’enfant adopté
À côté du système propre à la famille adoptante, il ne faut
donc pas négliger ce qui est transmis à l’enfant du mythe de
sa famille d’origine et de la manière dont les parents adoptifs
gère la transmission de « cet ailleurs », de « cet avant ». C’est
en entretenant une bonne relation imaginaire avec les parents
de naissance que les parents adoptifs seront le mieux à même
d’aider leur enfant [6]. Les valeurs, les traditions et les codes de
la famille d’adoption peuvent être en compétition avec celle de la
famille biologique, par exemple dans les situations d’adoptions
tardives [26]. En outre, l’enfant adopté est amené à vivre un
double roman familial. L’appartenance familiale s’élabore dans
un premier roman familial aux mythes et valeurs multiples de
la famille adoptive. Une fois qu’il en aura fait sien, il pourra
secrètement vivre son roman des origines de manière essentiellement imaginaire. « Même si l’entrecroisement des deux romans
s’accompagne parfois de douleur, il est souvent source de structuration psychique et d’élaborations symboliques » [27]. C’est
dans cette rencontre entre les deux imaginaires familiaux que
l’enfant adopté acquiert son identité filiale. Si des difficultés
apparaissent, on les retrouve également chez l’enfant biologique
qui accède à l’existence dans un mythe familial parfois peuplé
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de fantômes, et dont il est parfois le dépositaire. « L’enfant de
sang doit lui aussi creuser sa propre place, et survit parfois difficilement aux déceptions qu’il impose à ses géniteurs par le fait
même qu’il est “lui”, un autre, et non le fruit d’une identification
trait pour trait que facilite souvent sa ressemblance physique »
[27].
En effet, la recherche des origines concerne le développement
de tout enfant, elle émerge en concomitance avec la curiosité
sexuelle. Cela incombe aux parents de pouvoir informer leur
enfant de la sexualité, et d’une certaine manière de leur propre
sexualité. Ce qui les renvoie à leur propre histoire infantile, à
leur roman familial [28]. Parents adoptants ou non, leur histoire et la solidité du lien avec leur enfant vient influencer leur
discours sur les origines : comment vivent-ils le roman familial de leur enfant selon lequel il aurait d’autres parents « tout
bons », qui ne frustrent jamais ? Et comment accueillent-ils tous
ces éléments auprès de leur enfant ? Lorsque les relations sont
très ambivalentes avec les parents, le jeune peut projeter tout le
négatif sur les parents adoptifs en les tenant pour responsables de
son abandon, et idéaliser plus facilement ses parents biologiques
puisqu’ils sont inconnus [1]. Il bâtit ainsi un mythe autour de ses
parents biologiques qui auraient pu être forcés de l’abandonner
malgré leur volonté de donner amour et confiance. Ceci entre
alors en conflit avec le mythe de sa nouvelle famille adoptante
et peut venir blesser narcissiquement les parents adoptants s’ils
ne se sentent pas légitimés dans leur rôle, et surtout si la greffe
mythique peine à prendre, ou est fragilisée. C’est le sentiment
d’être légitimé dans leur position de parent sans occulter le passé
et sans renvoyer d’images négatives de la filiation biologique,
qui va permettre à l’enfant de ressentir le lien de filiation et le
sentiment d’appartenance [29].
Si les liens parents/enfants sont vulnérables, les enfants
risquent de ne pas s’autoriser à imaginer, fantasmer ce roman
familial qui sera alors refoulé, oublié. Les fantasmes et projections concernant les parents de naissance peuvent alors envahir
la vie psychique de ces enfants s’ils sont tus ou niés [28].
De plus, si le mythe des origines et le mythe de la famille
adoptive ne peuvent coexister harmonieusement, les adolescents tiraillés dans un conflit de loyauté peuvent aussi refuser
toute dimension transmise, et fantasmer qu’ils se suffisent à
eux-mêmes, qu’ils sont eux-mêmes à l’origine de leur lignée.
Ces fantasmes d’auto-engendrement permettent de renouer avec
un sentiment de complétude narcissique. Toutefois, c’est dans
ce contexte de conflit de loyauté, de non-dits que des symptômes peuvent apparaître chez le jeune adopté, notamment des
troubles du comportement sous-tendus par un sentiment de
toute-puissance ou des troubles de somatisation empêchant un
travail d’élaboration sur la filiation [29].
Toutefois, les familles biologiques peuvent aussi rencontrer
des difficultés à co-construire l’histoire d’origine de leur enfant.
Dans la construction de l’histoire, les parents sont renvoyés
aux relations tissées avec leurs propres parents. Cela va donc
dépendre de leur propre histoire familiale, du type de transmission de celle-ci, de la qualité des attachements parents/enfant
et du processus d’adoption réciproque qui aide à construire un
véritable sentiment de filiation, lequel n’existe que dans la représentation psychique [29]. Si les parents ne se reconnaissent pas
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dans leur enfant, si l’écart entre l’enfant imaginaire et l’enfant
réel n’est pas aménageable, et qu’ils sont insécurisés dans leur
attachement à leur enfant, ils seront plus fragilisés face aux mouvements de distanciation de leur enfant, de désidéalisation à leur
égard, et seront donc moins enclins à surmonter les expériences
de rivalité. Des troubles des conduites agies, ou une dépressivité
peuvent alors apparaître chez l’adolescent, qu’il soit adopté ou
non.
Par conséquent, la quête des origines est un processus
d’autant plus complexe lorsque les liens tissés dans l’enfance et
les réponses de l’entourage quant à cette recherche sont fragilisés par un échec de la greffe mythique ou par des représentations
d’attachement de type insécure chez les parents et leur enfant,
et ce, qu’il s’agisse d’une filiation adoptive ou biologique. C’est
alors que des troubles psychologiques peuvent apparaître. La
spécificité du jeune adopté réside dans le conflit de loyauté,
celui d’un mythe d’origine ne pouvant coexister harmonieusement avec le mythe de sa famille adoptive. Le jeune ne peut
alors se réapproprier son histoire en interrogeant tant le désir de
ses géniteurs que la légitimité du désir de ses parents adoptifs.
Ne pas pouvoir se reconnaître dans une origine familiale greffée
peut dès lors être source de souffrance psychique.
7. Le mythe social de l’adoption : une source de
contraintes
À l’heure d’aujourd’hui, le discours social peut être fortement intrusif, voire paralysant : si l’enfant se montre difficile,
c’est normal puisqu’il est adopté ! Les dysfonctionnements de
l’adolescent amènent les parents, influencés par ce discours, à
penser à un échec de l’adoption alors qu’il peut s’agir davantage d’une atteinte aux valeurs mythiques du groupe familial,
la greffe mythique peine à prendre dans un tel contexte [19].
Certaines études suggèrent l’existence d’« un effet global de
l’adoption en elle-même, indépendamment des autres facteurs »
sur l’apparition de problèmes comportementaux à l’adolescence
[13]. Or si les valeurs dont le mythe familial est dépositaire
sont bafouées, ce n’est pas nécessairement lié à un échec de
l’adoption, mais au mythe familial lui-même fragilisé créant un
sentiment d’appartenance précaire. C’est ce que Neuburger [19]
appelle la « chute mythique » : celle-ci freine ou inhibe le processus d’individuation/séparation de l’adolescent et de sa famille.
Ceci a des répercussions sur le regard porté sur l’adoption : il
n’est pas rare d’entendre un discours social centré sur les aléas
de l’adoption et une stigmatisation de ce mode d’entrée dans la
famille. « Ce mythe d’indéfectibilité du seul lien biologique pose
la question de la légitimité des parents adoptifs, ravivant parfois
leurs failles narcissiques et renforçant leur fragilité » [25]. Ce
discours social peut aussi avoir des conséquences sur l’enfant qui
voit son inscription filiative remise en question par la société qui
l’entoure. Les parents ne sont pas les seuls à être influencés par ce
discours ; les systèmes juridiques belge et français privilégient
encore actuellement un travail avec les parents biologiques pour
(re)tisser les liens de sang, souvent au détriment de l’intérêt
de l’enfant. On observe alors un acharnement qui se pratique en
institution pour garder à tout prix le contact entre un enfant placé
et ses parents d’origine et ce, même si ce lien s’avère avant tout
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destructeur pour l’enfant. Les représentations du lien parents
biologiques-enfant paraissent être des certitudes intouchables
alors qu’en réalité, elles sont d’une totale relativité. En effet, en
Italie, en Angleterre et au Québec, l’intérêt de l’enfant n’est pas
confondu avec l’intérêt des parents. Si les parents biologiques,
et plus particulièrement la mère, ne parviennent pas à investir
leur enfant adéquatement, et ce, après une aide proposée sur une
période bien déterminée, des placements familiaux sont mis en
place sur une longue durée et peuvent se transformer en adoption
par la famille d’accueil [30]. Le discours social prônant le primat
du biologique n’est donc pas absolu puisqu’il n’est pas véhiculé
dans tous les pays.
8. Conclusion
L’adolescence génère de nombreux remaniements dans le
cycle de vie familial. Chaque génération est bouleversée dans
ses positions et ses repères. Que ce soit l’adolescent, ses parents
ou ses grands-parents, tous sont pris dans un travail de deuil et
de renoncement où les attachements construits dans l’enfance
sont remaniés en vue d’une réorganisation familiale. Ces changements concernent toutes les familles mais lorsqu’il s’agit
d’adolescents adoptés, on retrouve fréquemment une préoccupation primaire concernant leur passé d’enfant abandonné, laissant
trop souvent au second plan, l’histoire de la famille adoptive et la
transmission de celle-ci à sa descendance. D’autant plus lorsque
la société s’en mêle en voulant imposer ses propres mythes
autour du primat du biologique et de la supposée norme sur
ce que doit être une famille à l’heure actuelle.
Les difficultés de l’adolescent adopté ne sont d’abord pas une
fatalité. Si elles se présentent, elles ne doivent pas être d’emblée
associées à la situation d’adoption et à l’abandon concomitant. Elles doivent pouvoir être envisagées, comme pour tous
les adolescents, dans leur histoire de vie personnelle et environnementale. Elles doivent aussi être comprises du côté de
l’histoire de sa famille adoptive (de son type de transmission
prédominant), de l’histoire du couple des parents adoptants et
de la qualité du processus d’adoption réciproque. Autrement
dit, si l’adolescent adopté s’est construit des représentations
d’attachement de type insécure, cela pourrait venir des blessures
de filiation de la famille adoptive au même titre que l’adolescent
provenant d’une filiation biologique.
Nous ne devons, néanmoins, pas nier pour autant le passé de
l’enfant adopté. L’adoption et les conditions de vie avant celleci peuvent jouer un rôle important dans le manque de sécurité
interne de certains enfants adoptés ainsi que dans le développement de problèmes émotionnels et comportementaux. Il est
donc essentiel de tenir compte de cette variable sans, toutefois,
tomber dans une perspective de causalité linéaire.
Par ailleurs, la quête des origines peut s’avérer un processus
complexe tant pour les adolescents adoptés que pour les autres,
lorsque l’adoption réciproque se trouve fragilisée. Le jeune peut
ne pas se reconnaître dans le don, dans sa filiation et se sentir insécurisé dans le lien à ses parents adoptifs ; et les parents
peuvent ne pas se sentir légitimés dans leur rôle, ni ne reconnaître
leur enfant dans leur filiation. Cela peut alors entraver l’identité
filiale du jeune, et générer chez lui, une souffrance psychique.
Pour les adolescents adoptés, cela peut se compliquer dans la
mesure où ils sont confrontés à une double dette et à un double
roman familial. Toutefois, s’il existe une base familiale de sécurité et une adoption réciproque de qualité, le jeune adopté peut
parvenir à faire coexister harmonieusement son mythe d’origine
avec celui de sa famille adoptive, et ainsi s’inscrire dans une origine filiale greffée tout en s’autoriser à penser, fantasmer sur le
désir de ses géniteurs, sur cet ailleurs.
Nous pouvons dès lors nous détacher de la vision déterministe et réductrice selon laquelle l’adoption serait une filiation
plus à risque tant sur le plan médical que psychologique dans la
mesure où les difficultés de l’adolescent, qu’il soit inscrit dans
une filiation biologique ou adoptive, peuvent venir résonner avec
celles de ses parents, notamment à travers la transmission transgénérationnelle d’anciens scripts familiaux dysfonctionnels.
Déclaration d’intérêts
Les auteurs n’ont pas transmis de déclaration de conflits
d’intérêts.
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