Dossier Artistique

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Dossier Artistique
JUDITH JOSSO
Première de couverture « WALK » (2001) tirage numérique (format
variable)
Dossier Artistique / Judith Josso
Sélections d’œuvres ….
« Donner à voir le temps, c’est la promesse subjective et mélancolique qu’offre le travail
photographique et filmique de Judith Josso. Disparition, effacement, dissolution, elle prélève les
traces et les fragments de ces mémoires qui échappent. Une esthétique poétique plus que
documentariste enveloppe une œuvre inquisitrice qui cherche l’usure, la lassitude, et parvient à
créer une forme d’inquiétude intérieure. Les titres Work-in-progress (2008-2011), Au fur et à mesure
(2008) démontrent de cette obsession sentimentale pour le temps, celui harassant des travailleurs
sur un chantier qui n’en finit pas, celui inéluctable de la vieillesse sur le corps d’une grand-mère. En
guettant l’indéfinissable des temps, elle convoque la persistance de la mémoire à travers une
diversité plastique singulière. Sur les bitumes citadins, elle traque les empreintes des dates dans le
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béton tandis que Broadway s’inscrit dans une quête autobiographique de l’histoire de son arrière3
grand-mère au passé incertain. A Angers , elle invite le public à manipuler, déployer, éparpiller au
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sol vingt-trois modules de bois empilables comme des Mécanos, chacun contient deux
photographies recto-verso de cette immersion dans un chantier, tels les éléments d’un puzzle
architectural qui en défragmentant l’édifice redonne mémoire au processus de construction. A
Cholet, elle présente les onze portraits d’ouvriers qui imprimés sur bâche flottent à hauteur d’yeux et
déroule dans l’espace ainsi déstructuré les photogrammes d’un cinéma intime à l’érotisation trouble.
Par l’exploration de son désir absolu de restituer des bribes de temps et de mémoire, lentement, le
portrait sensible de l’artiste s’esquisse. »
Mai Tran, Cahier spécial 303 - Projets d’artistes en Pays de Loire, 2011
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Créés avec le concours de Metalomobil
Film documentaire, production les Films du Balibari, 52 min., 2011
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Opération Béton, exposition avec Chimène Denneulin, Ecole des beaux-arts d’Angers, 2011
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Issue de secours, exposition avec Grégory Markovic, Ecole municipale d’arts plastiques de Cholet, 2011
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MĖMOIRE
Oh Walser ! Comme toi j’arpente des lieux, je les traverse, je les hante. Je les reconnais parfois… Qu’a-t-elle
vu ici ? Qu’a-t-il regardé là-bas ? Comment retenir ce qui disparaît, comment se souvenir des paysages qui
nous marquent, comment parler de ces personnages que nous avons croisé ? Il y a des traces, des fragments
de mémoires, usure du temps, passage de l’homme. Il y a des soleils, des nuits, des paysages qui fuient, qui
se dérobent, des histoires qui se fabriquent, formes différentes expérimentales ou narratives, par série ou
unique.
« RIEN NE VIENT DE NULLE PART »
(depuis 2010) Cadrer le paysage à la fois « comme film » mais aussi comme mémoire.
Cette série est issue d’une recherche en cours sur le paysage. Quelque chose de l’ordre de la vibrance (mot
que j’ai inventé pour cette série ) au-delà du paysage photographié, toujours de voiture ou de train, il y a un
désir d’aller plus loin, de dépasser ce que je n’arrive encore à nommer. Quelque chose qui fasse écho à la
mémoire, à la peinture ?
« LANDSCAPE»
(depuis 2009) Cette série en cours est issue de paysages photographiés lors de séjours différents. Je m’échappe toujours
pour marcher seule et j’attends ou reviens sur des lieux que je hante, que j’habite…
« BROADWAY »
Film documentaire, 52mn, 2011
Avant-première au Cinématographe Nantes, diffusions TV et Festivals
Broadway un voyage entre le documentaire et la poésie.
Broadway est un film qui se met en place comme une pièce de théâtre, où tour à tour les membres d’une même
famille, très hauts en couleurs, avec des points de vue et des vies très différents, viennent essayer de reconstituer
l’histoire d’une femme extraordinaire : Rosa Schäfer leur grand-mère et mon arrière grand-mère !
Cette femme semble avoir marqué chacun d’eux de façon distincte. Chacun se l’est réappropriée de façon tout
aussi différente. Maîtresse femme, indépendante, militante pour les congés payés et les droits de la femme,
Freudienne avant l’heure, herboriste, collaboratrice pour les Allemands durant la seconde guerre mondiale ou
espionne pour le compte des Français ? S’il est « certain » que Rosa a « fuit » l’Allemagne avant la première
guerre mondiale, rien n’est sûre quant à ses motivations.
En allant visiter leurs archives familiales, patrimoine hors du commun, de plusieurs centaines de photographies
et de dizaines d’heures de films 8 je vais à mon tour tenter de la reconnaître. Dans mon parcours initiatique sur
les traces de Rosa, munie d’une valise remplie de photographies et de films comme héritage, j’éprouve la
complexité de la transmission, la valise encore, envisagée comme matérialisation du Wunderblock.
Par le biais d’une enquête qui me poussera de la mémoire familiale à la mémoire collective, de la France à
l’Allemagne ce film interrogera à la fois la petite et la grande histoire, tout ce qui constitue un individu : la
mémoire.
« LE VENT IL M’EMPORTE »
Installation vidéo, triptyque (2003-2005)
Trois vidéos réalisées à des moments différents ont été réunies ici pour cette installation.
Dans la première, un gros plan sur des herbes. On peut y “entendre” un enfant parler de la difficulté
d’avancer. Il interpelle son papa en lui demandant « papa, tu te souviens ? C’est difficile... »
Dans la seconde : un volet roulant se referme. Il fait apparaître une fenêtre qui donne sur un autre paysage en
contre-champ.
Dans la dernière vidéo : un travelling filmé d’un train. On ne devine que du feuillage. Le mouvement et le
montage brouille la direction du déplacement.
DÉPLACEMENTS
Sous l’appellation « déplacements », j’invoque les dernières séries de travaux qui sont liées aux
réalisations effectuées lors de mes « commandes ». De plus en plus, je travaille pour de grandes
entreprises. Je mets en place une série de protocoles qui me permettent de répondre à la fois à
la commande, mais aussi de me réapproprier une partie de ce que je fais pour mon propre
travail. Les déplacements c’est aussi, en psychanalyse, un mouvement de l’âme, une
sublimation. Ce travail avec le monde ouvrier (le plus souvent) et salarié, me permet donc
d’inscrire davantage mon travail dans cette recherche à mi-chemin entre fiction et documentaire
et surtout d’avancer sur cette question de la Poétique du quotidien.
« ISSUE DE SECOURS »
Exposition Galerie Ecole Municipale d’Art, Cholet, 2011
Série de 11 portraits d’ouvriers tirés sur bâche (80x180cm). Le dispositif crée un espace de circulation, où
les photographies ne se laissent pas voir toutes ensemble. Il faut les traverser, les dépasser.
Au fond, il y a une vidéo projetée directement sur le mur. La vidéo : succession de presque 300
photographies (prises entre 2008 et 2011) réalisées sur des chantiers, montées comme des images
«subliminales». Le son : bande son montée avec les prélèvements réalisés sur les chantiers : hommes qui
parlent, scie, soudure, cris, perceuses... Le montage est si rapide qu’il semble jaillir des étincelles de
derrière les portraits...
« 11 portraits d’ouvriers » (2011) impressions numériques tirées sur bâche
« work-in-progress, 2 » (2011) vidéo couleurs et sonore
« OPÉRATION BÉTON »
Exposition, Esba TALM, Angers, 2011
« Dans un style mélancolique, les films et photos réalisés par Judith Josso sur des chantiers
apportent une réponse sensible à la difficile question : comment réaliser un travail de commande
sans cesser d’être artiste. Sa stratégie consiste à isoler des moments de poésie qui émanent du
chantier lui-même. Sous son regard, les matériaux deviennent des sculptures minimales, les
échafaudages des décors oniriques, les ouvriers des acteurs de cinéma. Judith Josso trouve le
moyen d’être artiste au cœur des contraintes socio-économiques de son quotidien. Les films de
chantier prolongent en cela ses précédents travaux, par exemple lorsqu’elle cite le journal de
Virginia Wolf en confectionnant des lettres en pâte à sel – « il est essentiel d’avoir une occupation.
Et maintenant, je m’aperçois, non sans plaisir, qu’il est sept heures, et que je dois préparer le
dîner » -(sculpture, 2004) ou procède à l’inventaire de son congélateur (photos 2001-2009), des
œuvres tragi-comiques faites d’autodérision mais marquée aussi par l’angoisse de ne pas s’en
sortir. »
In Vanessa Morisset pour l’exposition Opération Béton
« 23 modules empilables » 2011
46 tirages numériques sur dibon (photos différentes recto/verso)
3 photographies issues de la série des 23 modules
« sans titre » 2011 vidéo, 3mn (fin de chantier)
« work-in-progress » , 20mn, 2007- 2010
documentaire sur des ouvriers de chantier du BTP
« EXPOSITION JUDITH JOSSO »
Exposition à la Galerie Ipso Facto, Nantes, 2006
vue de l’exposition à la Galerie Ipso Facto, Nantes
Journal intime (2004)
Farine, beurre, sucre, cannelle, sel
Lettres réalisées avec de la pâte à sablés collées sur le mur. Cette
phrase a été empruntée au Journal intime de Virginia Woolf. Elle
est certainement une des dernières qu’elle ait écrite avant de se
suicider.
Fontaine (2006)
vidéo, 3mn
Gros plan séquence sur un sein d’où sort du lait.
Mes cartes du monde (2006)
Série de 16 photographies 14x14cm
Photographies réalisées lors des débordements de lait dûs à
l’allaitement.
« LA CIGALE ET LA FOURMI »
Installation vidéo, 2001, créée et réalisée avec Adam Adach (peintre Collection Permanente Beaubourg, Musée d’Art
Moderne)
Présentée à Arsenal Galerie à Poznan
Dans la première, une projection circulaire au sol, une poupée Barbie et un Action-man semblent danser sur un
air d'opéra : musique de la cigale et la fourmi version brésilienne.
Dans le seconde, une télévision posée au sol : le travail accéléré d'ouvriers dans un atelier de couture. La
télévision est recouverte d’un monticule de chutes de tissus ne laissant dépasser que l'écran.
PORTRAITS DE FEMMES
Cette série de portraits de femmes a débuté en 1991 alors que j’étais étudiante aux beaux-arts. Elle
n’a cessé d’être interrogée, visitée sous de multiples formes : Photos, vidéo (et écriture : « Effet
boomerang », projet en cours.). Il s’agit moins, pourtant ici, d’interroger la « figure » que de créer des
micro-histoires. Ces portraits sont souvent nés de rencontres extraordinaires, prélevés sur le vif ou
remis en scène. Le travail qui les lie, est le travail du montage qui permet de mettre en exergue un
geste, une posture, un moment de « grâce »…
« AU FUR ET À MESURE… (1991-2008) »
Vidéo 15 mn, films réalisés entre 1991 et 2008
J’ai filmé ma grand-mère de 1991 à 2003, jusqu’à sa mort. Quelques années après sa disparition, la forme
poétique et le double écran, viennent questionner de nouveau notre rapport au temps qui passe mais bien
au-delà : la mémoire. Plusieurs versions de cette vidéo ont déjà été réalisées. À chaque nouvelle diffusion,
la contrainte était de faire une copie de VHS à VHS pour obtenir la perte d’une génération. S’ajoutait à
cela, un travail de réimportation d’images plus récentes pour accentuer encore plus le décalage entre
images récentes et anciennes.
« LA LUNE BLANCHE »
Diptyque vidéo 3mn , 2005
Portrait de la chanteuse lyrique internationale Brigite Lafon, au bord du Lac de St Aignan qui a débordé de
son lit. Elle entame un air, adossée à un arbre dont les racines sont sous l’eau. Son portrait très statique est
accompagné d’un travelling dans la campagne par temps de brouillard. Le travail d’étalonnage couleurs est
pour la première fois très important.
« TOUS LES C. DE CHIMĖNE »
Diptyque vidéo, 4mn, 2005
Portrait de la photographe Chimène Deneulin. Certains portraits se réalisent très vite et d’autres sont lents à
« maturer ». Il aura fallu trois ans d’observation avant de pouvoir saisir ce que je pressentais comme étant
le plus juste de cette artiste.
« HOME/NI/PRESENCE »
vidéo, 7mn35
Portrait d’une femme réalisé dans une chambre d’hôtel. Les mouvements entre danse hystérique et extase
sont emprunts aux reproductions sur l’hystérie de Charcot.
« BELLA CIAO »
vidéo 3mn15 et 3 photographies, 2003
Portraits vidéo et photographique de la performeuse Italienne vivant à Brighton, Emila Telese.
Ce portrait a été réalisé suite à notre rencontre à Brighton lors de mon exposition au Centre d’Arts Fabrica. Je lui
ai demandé de se mettre en scène habillée comme le jour de notre rencontre et d’effectuer quelques pas le long
de la mer. Comme en écho au livre de Marguerite Duras Le ravissement de Lol V. Stein. Le montage a
complètement déstructuré sa démarche. Il a poussé à son paroxysme ce que je percevais d’elle. Les
photographies ont été prises avant notre départ de chez elle.
Les deux fonctionnent ensemble ou non.
vue de l’installation durant l’exposition « Une femme peut en cacher une autre », Nantes
« RED’S CAVE »
Installation vidéo double projection en boucle, créée et réalisée avec Kate Ross
Présentée au Musée des moulages à Lyon (2000) et au Rectangle (Biennale de Lyon 2001)
Deux projections vidéo grand format installées perpendiculairement l'une à l'autre. Dans chaque projection, un
gros plan sur une bouche très rouge. Elles semblent rire à gorge déployée. Les sons qui sortent de chacune
d’elles ne semblent plus rien avoir d'humain. Ces deux bouches exercent à la fois séduction et répulsion.
« BOUCHE OUVERTE EN CERCLE, OU BIEN LĖVRES SOUDĖES »
Deux poupées en latex, polyuréthane expansif, acrylique, cheveux nylon
Moulages créés et réalisés avec Kate Ross présentés à la réouverture du Musée des moulages à Lyon (2000)
Titre tiré du « Le cinéma des familles » de Pierre Alféri. Les poupées étaient suspendues à 40 cm du sol. Ces
corps, moulages de nos corps, reprenaient l'attitude et la position d'accueil des poupées gonflables standardisées.
Mais au lieu d’être dominées, elles dominaient les spectateurs.
LE TEMPS
Même si la marque du temps opère sur les travaux précédents, c’est sans doute dans ces séries
qu’il est le plus visible.
Nécessités et contingences muées en expériences pour reprendre le titre du texte de Mo Gourmelon
sur mon travail. Rendre compte du temps. Se réapproprier le temps. Retenir ce qui fuit, ce qui nous
échappe, ce que nous ne prenons pas ou plus le temps de voir comme dans ces encombrants qui
jonchent les sols parisiens, ou bien dans l’attente d’un évènement qui va apparaître, ces œuvres
dévoilent cette volonté de l’attente et la lenteur. Tout ce qui finit dans l’oubli, où le hasard peut
parfois gagner du terrain, sans hiérarchie au départ. Ce travail se fait poétique et parfois proche de
la mélancolie. Je suis une éponge où l’étonnement revient et persiste à chaque fois.
« SOUS MES PIEDS »
série de 150 photographies (depuis 2000) Format vairable
Série de dates imprimées sur le bitume parisien. Série toujours en cours.
« PASSAGE(S) »
Série de 300 photographies (2008-2010)
Cette série a été réalisée entre 2008 et 2010. Elle a fait l’œuvre d’une édition intitulée « passage(s) ». Les
photographies étaient saisies au moment même où je passais sous les ponts. Même si l’architecture des ponts
semble le sujet principal de la photographie, ce qui importe c’est vraiment le passage sous le pont.
« TIME/LINE/TERM »
Performance en Résonance à la Biennale d’Art Contemporain de Lyon 2005 : Expérience de la durée.
Un voyage « « temporel ». (5h temps imparti pour cette proposition)
3 projections vidéo, 2 tv, 1 imprimante jet d’encre noire et blanc grand format avec rouleau de papier de 50m
de long, 2 musiciens en direct
Performance réalisée sur une durée de cinq heures. Tous les projecteurs et les tv étaient mobiles. L’espace
visuel et sonore se trouvait complètement changé durant ce temps. Les images de paysages captées depuis
plusieurs années ont été réunies pour ce projet. Elles étaient projetées suivant une partition pré-établie en
fonction du lieu et du format de projection. Les vidéos étaient lancées manuellement suivant la partition
(comme une partition musicale) « image ». Les musiciens jouaient en direct sur les images après avoir
récupéré en amont toutes mes images et mes sons. L’imprimante elle, « jouait » la partition. C’est à dire
qu’elle imprimait en temps réel une image toutes les 4 secondes de toutes les projections vidéo qui allaient
être diffusées sur cinq heures.
« BON BAISER D’ICI »
Diptyque vidéo, 1mn42, (2004-2005)
Le premier écran, gros plan sur une fourrure verte que la caméra semble caresser. Ensuite, il aura fallu une
année pour que le sol se recouvre à nouveau de givre. Il aura fallu des heures d’observation pour que ce que
j’espérais arrive. Les chevaux se sont échangés un baiser sous le regard de la caméra. Ce double écran offre
une sensualité presque palpable.
« ALL OVER »
Série de 350 photographies des Encombrants à Paris (format variable) (2000- 2003)
Casseroles, chaises, chaussures, gants, éponges, roues de voiture, canapés, frigos, lampes, fauteuils, fours,
valises, ordinateurs...
Cette série photographique est née lors de ma formation d’infographiste à Paris et du manque de temps que
j’avais alors pour créer. Donc j’ai acheté un petit appareil photo qui tenait dans ma poche afin de faire des
prises de vues lors de mes trajets entre chez moi et l’école.
Vue de l ‘Exposition Personnelle : Judith Josso « Nécessités et contingences muées en expériences » Espace Croisé à Roubaix (2001)
350 photocopies couleurs de format A2 des encombrants collées sur le mur. (co-production Ecole des Beaux-Arts de Lyon)

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