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Septembre 2015 N°12 Le bulletin d’information Dans ce numéro : Réforme : la formation BAFA/BAFD La participation et l’implication des enfants en Accueil de Loisirs La maltraitance des mineurs Les actions à venir www.animation-enfance-haut-rhin.fr La rentrée scolaire représente toujours un moment fort pour les familles, les enseignants, les équipes d’animateurs et bien sûr pour les enfants ! Mais cette période est aussi l’occasion d’impulser une nouvelle dynamique, de nouveaux projets et objectifs. Ce moment fort devient alors très positif. Pour cette rentrée, Animation Enfance du Haut-Rhin vous propose différentes actions dans cet état d’esprit. A commencer par ce nouveau numéro du Bulletin d’information, dans lequel vous trouverez la réforme de la formation BAFA/BAFD, deux articles et les dates des prochaines actions d’Animation Enfance du Haut-Rhin. Animation Enfance du Haut-Rhin et tous ses partenaires vous souhaitent une année scolaire riche en projet et en épanouissement. Lauren Lindenschmidt, coordinateur Animation Enfance du Haut-Rhin -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Le Flashs! La réforme de la formation BAFA/BAFD Page 3 -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - Les articles La participation et l’implication des enfants en ACM La maltraitance des mineurs Page 5 Page 10 ------------------------------------------------Actu & Infos Page 15 -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - La Réforme de la Formation BAFA/BAFD Annoncée depuis plusieurs mois, la réforme du BAFA et du BAFD entrera en application le 1er octobre 2015. Le décret réaffirme que le BAFA et le BAFD sont destinés à permettre d’encadrer à titre non professionnel, de façon occasionnelle, des mineurs en accueils collectifs dans le cadre d’un engagement social et citoyen et d’une mission éducative. Dans le sens de cette mission éducative et citoyenne, il est procédé à une redéfinition des fonctions de l’animateur et du directeur. La redéfinition des objectifs de la formation BAFA et BAFD : *En bleu: les points qui ont été ajoutés ou reformulés par rapport aux textes de 2007 . La formation BAFA a pour objectifs : 1 de préparer l'animateur à exercer les fonctions suivantes : • assurer la sécurité physique et morale des mineurs et en particulier les sensibiliser, dans le cadre de la mise en œuvre d'un projet pédagogique, aux risques liés, selon les circonstances aux conduites addictives ou aux comportements, notamment ceux liés à la sexualité ; • participer à l'accueil, la communication et au développement des relations entre les différents acteurs ; • participer, au sein d'une équipe, à la mise en œuvre d'un projet pédagogique en cohérence avec le projet éducatif dans le respect du cadre réglementaire des accueils collectifs de mineurs ; • encadrer et animer la vie quotidienne et les activités ; • accompagner les mineurs dans la réalisation de leurs projets. 2 d’accompagner l’animateur vers le développement d’aptitudes lui permettant : • de transmettre et de faire partager les valeurs de la République, notamment la laïcité ; • de situer son engagement dans le contexte social, culturel et éducatif ; • de construire une relation de qualité avec les membres de l’équipe pédagogique et les mineurs, qu’elle soit individuelle ou collective, et de veiller notamment à prévenir toute forme de discrimination ; • d’apporter, le cas échéant, une réponse adaptée aux situations auxquelles les mineurs sont confrontés. 3 La formation BAFD a pour objectifs de préparer le directeur à exercer les fonctions suivantes : • élaborer et mettre en œuvre avec son équipe d’animation, dans le respect du cadre réglementaire des accueils collectifs de mineurs, un projet pédagogique en cohérence avec le projet éducatif et prenant notamment en compte l’accueil de mineurs atteints de troubles de la santé ou porteurs de handicaps ; • situer son engagement dans le contexte social, culturel et éducatif ; • coordonner et assurer la formation de l’équipe d’animation ; • diriger les personnels et assurer la gestion de l’accueil ; • développer les partenariats et la communication. La formation au Bafd doit permettre d’accompagner le directeur vers le développement d’aptitudes lui permettant de transmettre et de faire partager les valeurs de la République, notamment la laïcité. Les nouvelles conditions de stage pratique Les stagiaires Bafa et Bafd ne pourront plus effectuer leur stage pratique au sein d’un accueil de jeunes et ne pourront l’effectuer au sein d’un accueil de loisirs périscolaire déclaré que dans la limite de 6 jours effectifs soit 12 demi-journées d’au moins 3 heures (fractionné possible sur la journée). Le stage pratique a une durée d’au moins 14 jours effectifs en deux parties au plus et se déroule obligatoirement sur le territoire national. La durée minimale d’une période de stage est de 4 jours. Pour être déclarée valable, une journée effective de stage pratique comprend au minimum 6 heures. Elle peut être scindée en demi-journées, d’au minimum 3 heures consécutives chacune. De nombreux autres points font partis de cette réforme, pour aller plus loin, consultez les textes officiels : http://www.legifrance.gouv.fr – décret http://www.legifrance.gouv.fr - Arrêté 4 La participation et l’implication des enfants en Accueil de Loisirs Dans le dictionnaire, la participation est « l'action de participer, part prise à quelque chose » (action volontaire, qui sous-entend l'implication). La Convention Internationale des Droits de l'Enfant (CIDE) adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies le 20 novembre 1989 a marqué une étape essentielle. Les droits dits de participation qui n'existent pas nominativement dans le texte de la convention, font essentiellement référence aux articles 12 et 13 (liberté d'expression), 14 (liberté de pensée, de conscience et de religion) et 15 (liberté d'association). Force est de constater que la participation de l'enfant aux décisions qui le concernent reste trop rare dans les différents lieux de vie qu'il fréquente. Or, lorsque la CIDE affirme que les enfants doivent avoir le droit de s'associer, elle reconnaît en fait aux enfants la capacité à devenir des être sociaux et solidaires, à devenir citoyens. C'est pourquoi les enfants devraient se voir offrir davantage d'occasions de coopérer... La manière dont se concrétise aujourd'hui la participation n'est pas entièrement satisfaisante. Tout le monde affiche la volonté de faire participer, mais qu'en est-il dans la réalité ? On ne met pas toujours les mêmes concepts sous ce mot. Si la participation est d'abord une mise en situation des jeunes, il faut aussi les accompagner dans la démarche. Un pays est démocratique dans la mesure où ses citoyens participent à la vie de la société, notamment au niveau communautaire. La confiance et les compétences nécessaires à la participation s'acquièrent progressivement par la pratique, et cela concerne tous les acteurs (organisateur, élus, équipe, parents, ....). 5 La participation peut se concevoir selon plusieurs niveaux dans les accueils de mineurs - Le projet est initié par des adultes, les enfants sont consultés et informés : le projet est conçu et dirigé par des adultes, mas les enfants en comprennent le processus et leurs opinions sont prises au sérieux. Il s'agit du niveau minimum de participation des enfants pour une action éducative pertinente. - Le projet est initié par des adultes, les décisions sont prises en concertation avec des enfants : Bien que la plupart des projets collectifs soient destinés à être partagés par tous, ils devraient cependant, tout en s'adressant à tous, accorder une place particulière aux enfants et aux jeunes dans le processus de décision. - Le projet est initié et dirigé par des enfants : nous avons tous des dizaines d'exemples où les enfants conçoivent et exécutent des projets complexes lors de leurs jeux. Il est cependant plus difficile de trouver des exemples de projets communautaires initiés par des enfants. Il semble que les adultes n’ont pas toujours les clés pour donner suite aux initiatives prises par des enfants. - Le projet est initié par des enfants, les décisions sont prises en accord avec les adultes : les projets de ce genre, qui sont les plus féconds en terme d'apprentissage de la responsabilité et d'implication, sont malheureusement trop rares. Peut-être parce que les adultes ne sont pas intéressés et/ou ne comprennent pas les intérêts particuliers des enfants. La participation va de pair avec l'autonomie, la socialisation et donc la responsabilisation : prendre conscience de l'effet de ses actes, de ses actions sur soi, sur les autres, sur l'environnement est primordial dans le développement du vivre ensemble et de la priorité à l'intérêt général. La peur de la sanction n'a pas les mêmes conséquences. La participation est réelle quand il y a un respect réciproque des personnes, dans un climat propice (confiance) : j'acquiers des compétences et je les mets à la disposition des autres, et pas en concurrence avec celles des autres. Les accueils de loisirs sont des lieux privilégiés pour développer la participation et rendre les enfants acteurs de leurs loisirs. Ainsi, les enfants et les jeunes peuvent être informés du projet éducatif, du projet pédagogique et du règlement intérieur. Plus encore, les enfants et, surtout, les adolescents peuvent être associés à la conception de ces documents. Ceci est particulièrement pertinent concernant le projet pédagogique et le règlement intérieur qui permettent d'associer les mineurs à l'élaboration et à la mise en œuvre des règles de vie quotidienne 6 Par ailleurs, il est important de faire participer les enfants au choix potentiel des activités et les laisser s'impliquer dans leur préparation, leur organisation, leur mise en œuvre. Il ne faut plus que les enfants soient simples consommateurs, mais réellement acteurs et décideurs de leurs loisirs. Mais attention, la concertation ce n'est pas de dire aux enfants : "Qu'est-ce que vous préférez coller sur votre dessin, des nouilles ou des lentilles ?" L'exercice de la responsabilité est une façon de prendre des risques, activité indispensable à la construction de l'individu. Il n'est pas sûr que la société des adultes reconnaisse aux enfants et aux jeunes la possibilité de cette prise de risque. En particulier, la peur que les adolescents suscitent chez les adultes tend à transformer toute nouvelle liberté qui leur serait accordée en une menace supplémentaire ; or, c'est précisément la société qui prend des risques quand elle confine les jeunes dans un statut de « mineur incapable ». Pourquoi ne pas leur donner les moyens de prendre des risques socialement valorisés plutôt que de le condamner à exprimer sa liberté et son besoin de reconnaissance par la seule transgression des règles ? Bien entendu l'exercice de ces libertés doit être encadré. La reconnaissance de ces libertés ne dédouane évidemment pas les adultes de leurs responsabilités de fixer des limites et des interdits aux mineurs dont ils ont la charge, bien au contraire. La concertation avec les enfants, un élément essentiel pour permettre la participation L’accueil de loisirs doit donc mettre en place un ensemble de moyens permanents de participation des enfants sur tous les aspects de son fonctionnement (temps de bilans réguliers, conseil d'enfants). Il existe de nombreux moyens pour recueillir la parole de l'enfant. La concertation est une politique de consultation des enfants ou des jeunes. C'est donc, d'une part, la phase précédant les prises de décision avant une action commune démocratique, et d'autre part, la phase de bilan de cette action. 7 La concertation avec les enfants est une priorité, une nécessité pour permettre à l'enfant de devenir un citoyen responsable et actif dans une société solidaire. Ceci veut dire qu'il faut permettre aux enfants et aux jeunes de faire des choix, leur demander leur avis, leur donner la possibilité de s'exprimer et de critiquer, donc les considérer comme des personnes différentes les unes des autres avec leurs besoins et leurs désirs propres. La concertation, c'est donner les moyens aux enfants de construire leurs loisirs et d'avoir des loisirs différents les uns des autres au même moment. On utilise la concertation dans deux cas : - pour décider d'une action ou d'un projet, - pour en faire le bilan et en tirer les enseignements. La concertation est un moyen pour s'exprimer, elle n'est donc valable que si toutes les personnes y participent. Il faut donc être vigilant dans sa menée, et utiliser des outils de concertation. En dehors des enfants, quels sont les acteurs de la participation ? 1. La participation au niveau de l'organisateur (élus associatifs ou municipaux) Les accueils de loisirs sont également des lieux où doivent s'exercer la participation d'autres acteurs : les organisateurs, l'équipe d'animation et les familles. Cette mobilisation passe par : La fréquence des conseils d'administration - pour les centres de loisirs associatifs ou des commissions municipales concernées pour les centres de loisirs municipaux. La mise en place et le suivi du projet éducatif : l'organisateur doit, à cet effet, mettre en place des outils lui permettant d'être informé des conditions de déroulement de chaque accueil. La mise en place d'instances de dialogue entre le directeur et les organisateurs : ex : présence du directeur au conseil d'administration/à la commission municipale. 8 2. La participation au niveau de l'équipe d'animation La qualité du fonctionnement d'un centre de loisirs passe par une réelle appropriation du projet pédagogique par l'équipe qui sera chargée de sa mise en œuvre. Cette démarche suppose une attention particulière : lors du recrutement des animateurs, au moment de l'ouverture du centre avec la préparation du projet d'animation, lors de l'évaluation au sein de l'équipe, avec les parents et les organisateurs. A noter : Le projet doit être partagé par toutes les catégories de personnels intervenant au sein du centre (économe, cuisiniers, personnels de service…). 3. La participation au niveau des familles Impliquer les parents, comme prévu dans le projet éducatif, est difficile dans la mise en pratique. Il ne s'agit pas de se limiter à une simple information des parents sur les modalités de fonctionnement de la structure mais d'établir une véritable relation de confiance. Les familles doivent être positionnées comme partenaires, afin de permettre aux parents de rester investis des loisirs de leurs enfants. Les facteurs qui influent sur la participation des enfants sont de deux ordres Les facteurs individuels : niveau d'information sur le sujet, intérêt (motivation), volonté, capacités, compétences, âge et expérience (maturité). Les facteurs collectifs : existence et qualité de l'information, sollicitation de la part des adultes, possibilités offertes par les adultes (lieux de rencontre, de discussion, temps où l'on peut s'informer, délibérer, mettre en commun). Source : Guide-accueil-mineurs-01.fr 9 La maltraitance des mineurs La maltraitance, quelles que soient les formes sous lesquelles elle se manifeste, ne se limite pas au seul milieu familial. On la retrouve aussi au cœur des institutions. Intervenir auprès d’un enfant, c’est d‘abord se poser la question des limites à ne pas dépasser dans sa relation avec lui : comment participer à l’œuvre de co-éducation, en répondant au mieux à ses besoins ? Le quotidien est éloigné de l’idée idyllique que l’on se fait parfois de l’animation. Les mauvais réflexes acquis tout au long de sa propre histoire ou de son expérience professionnelle et/ou les réactions souvent déstabilisantes du public encadré peuvent favoriser les dérapages. Savoir repérer où commence la maltraitance institutionnelle et savoir comment la prévenir et comment y répondre sont les thèmes abordés dans cet article. La maltraitance dans tous ses états Le monde des institutions constitue à côté du milieu familial l’autre espace où se manifestent les mauvais traitements constitués eux-mêmes par des attitudes diversifiées. Un petit rappel apparaît nécessaire pour savoir de quoi l’on parle exactement. Dans notre pays, la préoccupation portée à la prévention de la maltraitance des enfants et des personnes vulnérables est très récente. Elle remonte aux années 1980, la loi votée en 1989 proposant le premier véritable dispositif prenant en compte ce fléau. 10 On retient traditionnellement quatre formes de maltraitance, concernant les mineurs (d’autres peuvent être identifiées à l’égard des personnes âgées ou des personnes porteuses de handicap). C’est, d’abord, la violence physique dans sa version la plus grave : coups de ceinture ou de bâton, brûlures de cigarette ou de fer à repasser, tortures variées (comme tenir, à genoux, sur un balai posé au sol)… Mais aussi, dans sa forme bien plus ordinaire : gifles, coups de pied et autres fessées. Seconde modalité de mauvais traitement, les agressions sexuelles, qualifiées par le code pénal soit comme « atteintes » (attouchements, caresses), soit comme viols (dès lors où il y a pénétration). Troisième forme, celle que l’on appelle « psychologique » : rabaisser l’enfant, l’insulter, l’humilier, le dénigrer systématiquement, le menacer de rejet et/ou d’abandon, le priver de l’affection et de l’attention bienveillantes dont il a besoin, pour grandir sereinement. Enfin, la quatrième manière de maltraiter un petit d’homme, c’est de le négliger : absence de soins, d’attention ou d’intérêt, carence dans cette considération permettant de répondre à ses besoins primaires. Certains évoquent une cinquième forme de maltraitance, qui concerne les enfants pris en étau dans le conflit parental (notamment lors d’une séparation). Cette typologie est appliquée à ce qui peut se dérouler au sein du milieu familial. Mais, les familles ne sont pas les seuls espaces recevant des mineurs susceptibles d’être maltraités.. Maltraitance en ACM : état des lieux Les espaces où s’exercent les activités de loisirs n’ont aucune raison d’échapper aux conduites maltraitantes des adultes sur les enfants. Même si de tels actes sont plutôt rares, il convient de les reconnaître précisément. Illustration dans les ACM. les violences en « relief » ou en « bosses » (sous forme d’actes ou de comportements explicites) des violences en creux (par omission ou abstention). Que peuvent représenter ces catégories en ACM ? De la violence en relief… Les agressions sexuelles et physiques y sont plutôt rares.. Ils n’en restent pas moins toujours possibles. Peu fréquents sont aussi les violences physiques ou punitions attentatoires à l’intégrité des enfants : coups, claques ou agressions sont rares, à ne pas confondre avec des actes de contention cherchant à immobiliser un enfant en pleine crise de nerf qui se met en danger ou menace les autres enfants. 11 Non, ce qui est sans doute le plus à craindre, ce sont les situations de maltraitance psychologique : humiliation, stigmatisation, rabaissement. Cela peut simplement commencer par un humour qui dérape en cruelle moquerie ou un trait d’esprit qui devient un sarcasme vexatoire, transformant rapidement celle ou celui qui en est le destinataire en bouc émissaire ou en tête de turc. Tous ces comportements relèvent de la violence en relief à l’origine de traumatismes pouvant occasionner des effets délétères dans l’évolution ultérieure de l’enfant. …A la violence en creux Pour ne pas être toujours formulés délibérément ou ne pas se manifester ouvertement, il est des comportements qui sont, pour autant, destructeurs. Cela peut aller du plus grave au plus banal. Comme cet enfant gravement blessé lors d’un jeu qui, à son retour de l’hôpital, doit se voir prodigué des soins qui ne le sont pas : l’assistant sanitaire a pris son jour de congé. Il traîne dans le centre la plaie exposée à l’infection, après avoir perdu le pansement que personne ne semble vouloir lui changer. Comme cet enfant vivant particulièrement mal la séparation d’avec ses parents et qui se fait rudoyer par l’animatrice convaincue qu’en prenant en compte son angoisse, elle ne fera qu’encourager son chagrin. Elle pense qu’en l’ignorant, il finira par s’arrêter. Comme cet enfant à qui l’animateur n’adresse plus la parole, pendant plus d’une semaine, pour le punir de son comportement insupportable. Mais, ce peut tout autant être cet enfant dont on n’écoute jamais la parole et qui subit passivement sa journée, réduit à obtempérer à ce que l’adulte décide pour lui. Le petit d’Homme est un être en développement qui demande pour grandir, dans les meilleures conditions, que l’on satisfasse un certain nombre de ses besoins : être nourri, protégé du froid, soigné certes, mais tout autant écouté, encouragé dans l’apprentissage de l’autonomie, accompagné dans la gestion de sa liberté comme de ses erreurs, reconnu dans ses compétences, positivé dans ses progrès, enfin et surtout aimé pour ce qu’il est. Toute attitude éducative allant à l’encontre de ces ambitions mérite d’être interrogée comme contraire à ce qui permet de transformer l’enfant en futur citoyen équilibré et épanoui, trouvant à l’âge adulte sa juste place. On est en droit, dès lors, de se poser la question d’une violence en creux. 12 Interdiction ou tolérance ? Dès 1887, une circulaire ministérielle interdit les châtiments corporels à l’école. En 1889, un arrêt de la Cour de cassation y tolère gifles et soufflets, dès lors qu’il n’y a pas excès et que la santé de l’enfant n’est pas compromise. Une circulaire, en date de 1991, réitère l’interdiction faite aux maîtres de « tout comportement, geste ou parole qui traduirait indifférence ou mépris à l’égard de l’élève ou de sa famille ou qui serait susceptible de blesser la sensibilité des enfants ». Toutefois, l’enfant « momentanément difficile pourra être isolé, pendant le temps, très court, nécessaire à lui faire retrouver un comportement compatible avec la vie du groupe. » De l’acte isolé… Qui n’a pas, dans une situation de tension, laissé échapper une phrase malheureuse ou commis un acte brutal ? Aucun professionnel de l’enfance n’est à l’abri de tels excès. La pression de la charge de travail, la fatigue accumulée, la confrontation à un groupe d’enfants ou d’ados particulièrement difficiles peuvent amener à « craquer ». La maltraitance institutionnelle ne peut être confondue avec ce type de débordement ponctuel. Pour autant, s’il ne s’agit pas de nier que derrière tout professionnel, il y a toujours un être humain avec ses limites et ses fragilités, cette réalité ne saurait excuser tout dérapage. La première réaction consiste à surtout ne pas légitimer son acte ou le justifier, en cherchant de « bonnes raisons ». Il est toujours étonnant de constater le degré de mansuétude de l’enfant ayant subi la mauvaise humeur de l’animateur, quand celui-ci lui présente des excuses. Loin d’affaiblir l’autorité de l’adulte, cette posture, parce qu’elle s’inscrit dans la réciprocité, ne fait que la renforcer. Il est tout aussi important que le directeur et l’équipe interviennent, dans une dynamique de médiation et de soutien, tant envers l’enfant qu’envers l’animateur à l’origine du comportement répréhensible. L’adulte en tort reconnaîtra d’autant plus son acte, qu’il saura que la réprobation de ses pairs ne se traduira ni par la stigmatisation, ni par le rejet. La conscience de sa propre erreur suffira souvent, servant de leçon à tout le monde. C’est cette capacité de transparence dans la reconnaissance de ce qui a été commis et d’auto critique du rôle que chacun a pu jouer qui évite de s’enfermer dans un dysfonctionnement récurrent. 13 … A la conduite habituelle Bien plus complexes, sont les situations où l’auteur de comportements problématiques les considère comme conformes à la meilleure manière d’agir, les naturalisent en estimant que cela s’est toujours passé comme cela ou encore ne faisant que reproduire, sans aucun esprit critique, ce qu’il a luimême vécu. Si l’équipe peut être confrontée à l’un de ses membres agissant d’une manière régulièrement maltraitante, l’inverse peut aussi se trouver : un animateur arrivant dans une institution qui tolère, quand elle ne les valide pas, des comportements maltraitants. Tous les efforts doivent alors être déployés, pour faire évoluer la situation et faire prendre conscience tant aux personnes qu’aux institutions de ce qui est en train de se passer. Mais peut alors se poser un problème éthique : peut-on continuer à laisser travailler un professionnel qui ne s’amende pas ou poursuivre son propre contrat de travail dans une institution maltraitante qui persévère, au risque de cautionner ce que l’on réprouve ? Il revient alors à chacun(e) de décider d’une information transmise à la hiérarchie et/ou d’un signalement à Jeunesse et Sport. Il n’est pas facile, dans une période marquée par le chômage et la précarité, de décider de sacrifier un employé ou son propre emploi, au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant. Mais, est-il acceptable de laisser des mineurs placés sous l’autorité de personnes dûment chargées par la société de veiller sur eux, être soumis à des comportements relevant de la maltraitance ? La solidarité entre adultes, le refus de faire licencier un collègue ou la peur de perdre son propre travail doivent-ils l’emporter ? C’est à ces questions éthiques, que chacun se doit de répondre. Source : Jacques Trémintin. Pour effectuer un signalement 2 possibilités : La DDCSPP 68 au 03.89.24.83.74 ou Bibliographie « Abécédaire de la bien-traitance en multi-accueil : Guide pratique » Arnaud DEROO, Chronique Sociale, 2009 « Les enfants maltraités » Pascal VIVET, Les essentiels de Milan n°113, 2007 « Enfants, adolescents maltraités-maltraitants. Comment peuvent-ils s’en sortir ? » Brigitte Tison, Ed. Chronique Sociale, 2011 « L'enfant proie : Dysfonctionnements et dérives de la protection de l'enfance » Pascal VIVET, Samuel LURET, Seuil, 2005 14 Actu & Infos Le prochain Bulletin d’information paraîtra en février 2016. Les formations continues : différentes thématiques de formation vous seront proposées entre octobre et décembre 2015. Les prochaines rencontres de secteurs en octobre 2015. Le prochain Numéro du Billet paraîtra en novembre 2015. Pour vous tenir informé de toutes nos actualités, consulter le site Internet www.animation-enfance-haut-rhin.fr Nouveauté Consultez « l’espace article » sur notre site Internet (rubrique : Ressources Espace article) Il s’agit d’articles provenant de différentes sources et classés par thématique. La mise à jour sera effectuée au début de chaque mois. 15 Animation Enfance du Haut-Rhin Coordinateur - Lauren Lindenschmidt Tél. 03 89 33 28 36 Courriel : [email protected] Web : www.animation-enfance-haut-rhin.fr