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Septembre 2015
N°12
Le bulletin
d’information
Dans ce numéro :
 Réforme : la formation BAFA/BAFD
La participation et l’implication
des enfants en Accueil de Loisirs
La maltraitance des mineurs
 Les actions à venir
www.animation-enfance-haut-rhin.fr
La rentrée scolaire représente toujours un moment fort pour les
familles, les enseignants, les équipes d’animateurs et bien sûr pour les
enfants !
Mais cette période est aussi l’occasion d’impulser une nouvelle
dynamique, de nouveaux projets et objectifs. Ce moment fort devient
alors très positif.
Pour cette rentrée, Animation Enfance du Haut-Rhin vous propose
différentes actions dans cet état d’esprit. A commencer par ce nouveau
numéro du Bulletin d’information, dans lequel vous trouverez la
réforme de la formation BAFA/BAFD, deux articles et les dates des
prochaines actions d’Animation Enfance du Haut-Rhin.
Animation Enfance du Haut-Rhin et tous ses partenaires vous
souhaitent une année scolaire riche en projet et en épanouissement.
Lauren Lindenschmidt,
coordinateur Animation Enfance du Haut-Rhin
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 La réforme de la formation BAFA/BAFD
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 La participation et l’implication des enfants en ACM
 La maltraitance des mineurs
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------------------------------------------------Actu & Infos
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 La Réforme de la Formation BAFA/BAFD
Annoncée depuis plusieurs mois, la réforme du BAFA et du BAFD entrera en
application le 1er octobre 2015. Le décret réaffirme que le BAFA et le BAFD
sont destinés à permettre d’encadrer à titre non professionnel, de façon
occasionnelle, des mineurs en accueils collectifs dans le cadre d’un
engagement social et citoyen et d’une mission éducative. Dans le sens de cette
mission éducative et citoyenne, il est procédé à une redéfinition des fonctions
de l’animateur et du directeur.
La redéfinition des objectifs de la formation BAFA et BAFD :
*En bleu: les points qui ont été ajoutés ou reformulés par rapport aux textes
de 2007 .
La formation BAFA a pour objectifs :
1 de préparer l'animateur à exercer les fonctions suivantes :
• assurer la sécurité physique et morale des mineurs et en particulier les sensibiliser,
dans le cadre de la mise en œuvre d'un projet pédagogique, aux risques liés, selon les
circonstances aux conduites addictives ou aux comportements, notamment ceux liés à la
sexualité ;
• participer à l'accueil, la communication et au développement des relations entre les
différents acteurs ;
• participer, au sein d'une équipe, à la mise en œuvre d'un projet pédagogique en
cohérence avec le projet éducatif dans le respect du cadre réglementaire des accueils
collectifs de mineurs ;
• encadrer et animer la vie quotidienne et les activités ;
• accompagner les mineurs dans la réalisation de leurs projets.
2 d’accompagner l’animateur vers le développement d’aptitudes lui
permettant :
• de transmettre et de faire partager les valeurs de la République, notamment la laïcité ;
• de situer son engagement dans le contexte social, culturel et éducatif ;
• de construire une relation de qualité avec les membres de l’équipe pédagogique et les
mineurs, qu’elle soit individuelle ou collective, et de veiller notamment à prévenir toute
forme de discrimination ;
• d’apporter, le cas échéant, une réponse adaptée aux situations auxquelles les mineurs
sont confrontés.
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La formation BAFD a pour objectifs de préparer le directeur à exercer
les fonctions suivantes :
• élaborer et mettre en œuvre avec son équipe d’animation, dans le
respect du cadre réglementaire des accueils collectifs de mineurs, un
projet pédagogique en cohérence avec le projet éducatif et prenant
notamment en compte l’accueil de mineurs atteints de troubles de la santé
ou porteurs de handicaps ;
• situer son engagement dans le contexte social, culturel et éducatif ;
• coordonner et assurer la formation de l’équipe d’animation ;
• diriger les personnels et assurer la gestion de l’accueil ;
• développer les partenariats et la communication.
La formation au Bafd doit permettre d’accompagner le directeur vers le
développement d’aptitudes lui permettant de transmettre et de faire
partager les valeurs de la République, notamment la laïcité.
Les nouvelles conditions de stage pratique
Les stagiaires Bafa et Bafd ne pourront plus effectuer leur stage pratique
au sein d’un accueil de jeunes et ne pourront l’effectuer au sein d’un
accueil de loisirs périscolaire déclaré que dans la limite de 6 jours effectifs
soit 12 demi-journées d’au moins 3 heures (fractionné possible sur la
journée).
Le stage pratique a une durée d’au moins 14 jours effectifs en deux
parties au plus et se déroule obligatoirement sur le territoire national.
La durée minimale d’une période de stage est de 4 jours.
Pour être déclarée valable, une journée effective de stage pratique
comprend au minimum 6 heures. Elle peut être scindée en demi-journées,
d’au minimum 3 heures consécutives chacune.
De nombreux autres points font partis de cette réforme, pour aller plus
loin, consultez les textes officiels :
http://www.legifrance.gouv.fr – décret
http://www.legifrance.gouv.fr - Arrêté
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La participation et l’implication
des enfants en Accueil de Loisirs
Dans le dictionnaire, la participation est « l'action de participer, part prise à
quelque chose » (action volontaire, qui sous-entend l'implication).
La Convention Internationale des Droits de l'Enfant (CIDE) adoptée par l'Assemblée
générale des Nations Unies le 20 novembre 1989 a marqué une étape essentielle.
Les droits dits de participation qui n'existent pas nominativement dans le texte de
la convention, font essentiellement référence aux articles 12 et 13 (liberté
d'expression), 14 (liberté de pensée, de conscience et de religion) et 15 (liberté
d'association).
Force est de constater que la participation de l'enfant aux décisions qui le
concernent reste trop rare dans les différents lieux de vie qu'il fréquente. Or,
lorsque la CIDE affirme que les enfants doivent avoir le droit de s'associer, elle
reconnaît en fait aux enfants la capacité à devenir des être sociaux et solidaires, à
devenir citoyens. C'est pourquoi les enfants devraient se voir offrir davantage
d'occasions de coopérer...
La manière dont se concrétise aujourd'hui la
participation n'est pas entièrement satisfaisante. Tout le
monde affiche la volonté de faire participer, mais qu'en
est-il dans la réalité ?
On ne met pas toujours les mêmes concepts sous ce
mot.
Si la participation est d'abord une mise en situation des
jeunes, il faut aussi les accompagner dans la démarche.
Un pays est démocratique dans la mesure où ses
citoyens participent à la vie de la société, notamment
au niveau communautaire. La confiance et les
compétences nécessaires à la participation s'acquièrent
progressivement par la pratique, et cela concerne tous
les acteurs (organisateur, élus, équipe, parents, ....).
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La participation peut se concevoir selon plusieurs niveaux dans
les accueils de mineurs
- Le projet est initié par des adultes, les enfants sont consultés et informés : le
projet est conçu et dirigé par des adultes, mas les enfants en comprennent le
processus et leurs opinions sont prises au sérieux. Il s'agit du niveau minimum de
participation des enfants pour une action éducative pertinente.
- Le projet est initié par des adultes, les décisions sont prises en concertation
avec des enfants : Bien que la plupart des projets collectifs soient destinés à être
partagés par tous, ils devraient cependant, tout en s'adressant à tous, accorder
une place particulière aux enfants et aux jeunes dans le processus de décision.
- Le projet est initié et dirigé par des enfants : nous avons tous des dizaines
d'exemples où les enfants conçoivent et exécutent des projets complexes lors de
leurs jeux. Il est cependant plus difficile de trouver des exemples de projets
communautaires initiés par des enfants. Il semble que les adultes n’ont pas
toujours les clés pour donner suite aux initiatives prises par des enfants.
- Le projet est initié par des enfants, les décisions sont prises en accord avec les
adultes : les projets de ce genre, qui sont les plus féconds en terme
d'apprentissage de la responsabilité et d'implication, sont malheureusement trop
rares. Peut-être parce que les adultes ne sont pas intéressés et/ou ne
comprennent pas les intérêts particuliers des enfants.
La participation va de pair avec l'autonomie, la socialisation et donc la
responsabilisation : prendre conscience de l'effet de ses actes, de ses actions sur
soi, sur les autres, sur l'environnement est primordial dans le développement du
vivre ensemble et de la priorité à l'intérêt général. La peur de la sanction n'a pas
les mêmes conséquences. La participation est réelle quand il y a un respect
réciproque des personnes, dans un climat propice (confiance) : j'acquiers des
compétences et je les mets à la disposition des autres, et pas en concurrence avec
celles des autres.
Les accueils de loisirs sont des lieux privilégiés pour développer la participation et
rendre les enfants acteurs de leurs loisirs.
Ainsi, les enfants et les jeunes peuvent être informés du projet éducatif, du projet
pédagogique et du règlement intérieur. Plus encore, les enfants et, surtout, les
adolescents peuvent être associés à la conception de ces documents.
Ceci est particulièrement pertinent concernant le projet pédagogique et le
règlement intérieur qui permettent d'associer les mineurs à l'élaboration et à la
mise en œuvre des règles de vie quotidienne
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Par ailleurs, il est important de faire participer les enfants au choix potentiel des
activités et les laisser s'impliquer dans leur préparation, leur organisation, leur
mise en œuvre. Il ne faut plus que les enfants soient simples consommateurs, mais
réellement acteurs et décideurs de leurs loisirs. Mais attention, la concertation ce
n'est pas de dire aux enfants : "Qu'est-ce que vous préférez coller sur votre dessin,
des nouilles ou des lentilles ?"
L'exercice de la responsabilité est une façon de prendre des risques, activité
indispensable à la construction de l'individu. Il n'est pas sûr que la société des
adultes reconnaisse aux enfants et aux jeunes la possibilité de cette prise de
risque. En particulier, la peur que les adolescents suscitent chez les adultes tend à
transformer toute nouvelle liberté qui leur serait accordée en une menace
supplémentaire ; or, c'est précisément la société qui prend des risques quand elle
confine les jeunes dans un statut de « mineur incapable ». Pourquoi ne pas leur
donner les moyens de prendre des risques socialement valorisés plutôt que de le
condamner à exprimer sa liberté et son besoin de reconnaissance par la seule
transgression des règles ?
Bien entendu l'exercice de ces libertés doit être encadré. La reconnaissance de ces
libertés ne dédouane évidemment pas les adultes de leurs responsabilités de fixer
des limites et des interdits aux mineurs dont ils ont la charge, bien au contraire.
La concertation avec les enfants, un élément essentiel pour
permettre la participation
L’accueil de loisirs doit donc mettre en place un ensemble de moyens permanents
de participation des enfants sur tous les aspects de son fonctionnement (temps de
bilans réguliers, conseil d'enfants). Il existe de nombreux moyens pour recueillir la
parole de l'enfant.
La concertation est une politique de consultation des enfants ou des jeunes. C'est
donc, d'une part, la phase précédant les prises de décision avant une action
commune démocratique, et d'autre part, la phase de bilan de cette action.
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La concertation avec les enfants est une priorité, une nécessité pour permettre à
l'enfant de devenir un citoyen responsable et actif dans une société solidaire.
Ceci veut dire qu'il faut permettre aux enfants et aux jeunes de faire des choix, leur
demander leur avis, leur donner la possibilité de s'exprimer et de critiquer, donc
les considérer comme des personnes différentes les unes des autres avec leurs
besoins et leurs désirs propres. La concertation, c'est donner les moyens aux
enfants de construire leurs loisirs et d'avoir des loisirs différents les uns des autres
au même moment.
On utilise la concertation dans deux cas :
- pour décider d'une action ou d'un projet,
- pour en faire le bilan et en tirer les enseignements.
La concertation est un moyen pour s'exprimer, elle n'est donc valable que si toutes
les personnes y participent. Il faut donc être vigilant dans sa menée, et utiliser des
outils de concertation.
En dehors des enfants, quels sont les acteurs de la participation ?
1. La participation au niveau de l'organisateur (élus associatifs ou municipaux)
Les accueils de loisirs sont également des lieux où doivent s'exercer la participation
d'autres acteurs : les organisateurs, l'équipe d'animation et les familles.
Cette mobilisation passe par :
La fréquence des conseils d'administration - pour les centres de loisirs associatifs ou des commissions municipales concernées pour les centres de loisirs municipaux.
La mise en place et le suivi du projet éducatif : l'organisateur doit, à cet effet,
mettre en place des outils lui permettant d'être informé des conditions de
déroulement de chaque accueil.
La mise en place d'instances de dialogue entre le directeur et les organisateurs : ex
: présence du directeur au conseil d'administration/à la commission municipale.
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2. La participation au niveau de l'équipe d'animation
La qualité du fonctionnement d'un centre de loisirs passe par une réelle
appropriation du projet pédagogique par l'équipe qui sera chargée de sa mise en
œuvre. Cette démarche suppose une attention particulière :
lors du recrutement des animateurs, au moment de l'ouverture du centre avec la
préparation du projet d'animation, lors de l'évaluation au sein de l'équipe, avec les
parents et les organisateurs.
A noter : Le projet doit être partagé par toutes les catégories de personnels
intervenant au sein du centre (économe, cuisiniers, personnels de service…).
3. La participation au niveau des familles
Impliquer les parents, comme prévu dans le projet éducatif, est difficile dans la
mise en pratique. Il ne s'agit pas de se limiter à une simple information des parents
sur les modalités de fonctionnement de la structure mais d'établir une véritable
relation de confiance. Les familles doivent être positionnées comme partenaires,
afin de permettre aux parents de rester investis des loisirs de leurs enfants.
Les facteurs qui influent sur la participation
des enfants sont de deux ordres
Les facteurs individuels :
niveau d'information sur le sujet,
intérêt (motivation),
volonté,
capacités, compétences,
âge et expérience (maturité).
Les facteurs collectifs :
existence et qualité de l'information,
sollicitation de la part des adultes,
possibilités offertes par les adultes (lieux de rencontre, de discussion,
temps où l'on peut s'informer, délibérer, mettre en commun).
Source : Guide-accueil-mineurs-01.fr
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 La maltraitance des mineurs
La maltraitance, quelles que soient les formes sous lesquelles elle se
manifeste, ne se limite pas au seul milieu familial. On la retrouve
aussi au cœur des institutions. Intervenir auprès d’un enfant, c’est
d‘abord se poser la question des limites à ne pas dépasser dans sa
relation avec lui : comment participer à l’œuvre de co-éducation, en
répondant au mieux à ses besoins ? Le quotidien est éloigné de l’idée
idyllique que l’on se fait parfois de l’animation. Les mauvais réflexes
acquis tout au long de sa propre histoire ou de son expérience
professionnelle et/ou les réactions souvent déstabilisantes du public
encadré peuvent favoriser les dérapages. Savoir repérer où commence
la maltraitance institutionnelle et savoir comment la prévenir et
comment y répondre sont les thèmes abordés dans cet article.
La maltraitance dans tous ses états
Le monde des institutions constitue à côté du
milieu familial l’autre espace où se manifestent les
mauvais traitements constitués eux-mêmes par des
attitudes diversifiées. Un petit rappel apparaît
nécessaire pour savoir de quoi l’on parle
exactement.
Dans notre pays, la préoccupation portée à la
prévention de la maltraitance des enfants et des
personnes vulnérables est très récente. Elle remonte
aux années 1980, la loi votée en 1989 proposant le
premier véritable dispositif prenant en compte ce
fléau.
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On retient traditionnellement quatre formes de maltraitance, concernant
les mineurs (d’autres peuvent être identifiées à l’égard des personnes âgées
ou des personnes porteuses de handicap). C’est, d’abord, la violence
physique dans sa version la plus grave : coups de ceinture ou de bâton,
brûlures de cigarette ou de fer à repasser, tortures variées (comme tenir, à
genoux, sur un balai posé au sol)… Mais aussi, dans sa forme bien plus
ordinaire : gifles, coups de pied et autres fessées. Seconde modalité de
mauvais traitement, les agressions sexuelles, qualifiées par le code pénal
soit comme « atteintes » (attouchements, caresses), soit comme viols (dès
lors où il y a pénétration). Troisième forme, celle que l’on appelle
« psychologique » : rabaisser l’enfant, l’insulter, l’humilier, le dénigrer
systématiquement, le menacer de rejet et/ou d’abandon, le priver de
l’affection et de l’attention bienveillantes dont il a besoin, pour grandir
sereinement. Enfin, la quatrième manière de maltraiter un petit d’homme,
c’est de le négliger : absence de soins, d’attention ou d’intérêt, carence dans
cette considération permettant de répondre à ses besoins primaires.
Certains évoquent une cinquième forme de maltraitance, qui concerne les
enfants pris en étau dans le conflit parental (notamment lors d’une
séparation). Cette typologie est appliquée à ce qui peut se dérouler au sein
du milieu familial. Mais, les familles ne sont pas les seuls espaces recevant
des mineurs susceptibles d’être maltraités..
Maltraitance en ACM : état des lieux
Les espaces où s’exercent les activités de loisirs n’ont aucune raison
d’échapper aux conduites maltraitantes des adultes sur les enfants. Même si
de tels actes sont plutôt rares, il convient de les reconnaître précisément.
Illustration dans les ACM.
les violences en « relief » ou en « bosses » (sous forme d’actes ou de
comportements explicites) des violences en creux (par omission ou
abstention). Que peuvent représenter ces catégories en ACM ?
De la violence en relief…
Les agressions sexuelles et physiques y sont plutôt rares.. Ils n’en restent
pas moins toujours possibles. Peu fréquents sont aussi les violences
physiques ou punitions attentatoires à l’intégrité des enfants : coups,
claques ou agressions sont rares, à ne pas confondre avec des actes de
contention cherchant à immobiliser un enfant en pleine crise de nerf qui se
met en danger ou menace les autres enfants.
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Non, ce qui est sans doute le plus à craindre, ce sont les situations de
maltraitance psychologique : humiliation, stigmatisation, rabaissement.
Cela peut simplement commencer par un humour qui dérape en cruelle
moquerie ou un trait d’esprit qui devient un sarcasme vexatoire,
transformant rapidement celle ou celui qui en est le destinataire en bouc
émissaire ou en tête de turc. Tous ces comportements relèvent de la
violence en relief à l’origine de traumatismes pouvant occasionner des
effets délétères dans l’évolution ultérieure de l’enfant.
…A la violence en creux
Pour ne pas être toujours formulés délibérément ou ne pas se manifester
ouvertement, il est des comportements qui sont, pour autant, destructeurs.
Cela peut aller du plus grave au plus banal. Comme cet enfant gravement
blessé lors d’un jeu qui, à son retour de l’hôpital, doit se voir prodigué des
soins qui ne le sont pas : l’assistant sanitaire a pris son jour de congé. Il
traîne dans le centre la plaie exposée à l’infection, après avoir perdu le
pansement que personne ne semble vouloir lui changer. Comme cet enfant
vivant particulièrement mal la séparation d’avec ses parents et qui se fait
rudoyer par l’animatrice convaincue qu’en prenant en compte son
angoisse, elle ne fera qu’encourager son chagrin. Elle pense qu’en
l’ignorant, il finira par s’arrêter. Comme cet enfant à qui l’animateur
n’adresse plus la parole, pendant plus d’une semaine, pour le punir de son
comportement insupportable. Mais, ce peut tout autant être cet enfant
dont on n’écoute jamais la parole et qui subit passivement sa journée,
réduit à obtempérer à ce que l’adulte décide pour lui. Le petit d’Homme
est un être en développement qui demande pour grandir, dans les
meilleures conditions, que l’on satisfasse un certain nombre de ses besoins
: être nourri, protégé du froid, soigné certes, mais tout autant écouté,
encouragé dans l’apprentissage de l’autonomie, accompagné dans la
gestion de sa liberté comme de ses erreurs, reconnu dans ses compétences,
positivé dans ses progrès, enfin et surtout aimé pour ce qu’il est. Toute
attitude éducative allant à l’encontre de ces ambitions mérite d’être
interrogée comme contraire à ce qui permet de transformer l’enfant en
futur citoyen équilibré et épanoui, trouvant à l’âge adulte sa juste place.
On est en droit, dès lors, de se poser la question d’une violence en creux.
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Interdiction ou tolérance ?
Dès 1887, une circulaire ministérielle interdit les châtiments corporels à
l’école. En 1889, un arrêt de la Cour de cassation y tolère gifles et soufflets,
dès lors qu’il n’y a pas excès et que la santé de l’enfant n’est pas
compromise. Une circulaire, en date de 1991, réitère l’interdiction faite aux
maîtres de « tout comportement, geste ou parole qui traduirait indifférence
ou mépris à l’égard de l’élève ou de sa famille ou qui serait susceptible de
blesser la sensibilité des enfants ». Toutefois, l’enfant « momentanément
difficile pourra être isolé, pendant le temps, très court, nécessaire à lui faire
retrouver un comportement compatible avec la vie du groupe. »
De l’acte isolé…
Qui n’a pas, dans une situation de tension, laissé échapper une phrase
malheureuse ou commis un acte brutal ? Aucun professionnel de l’enfance
n’est à l’abri de tels excès. La pression de la charge de travail, la fatigue
accumulée, la confrontation à un groupe d’enfants ou d’ados
particulièrement difficiles peuvent amener à « craquer ». La maltraitance
institutionnelle ne peut être confondue avec ce type de débordement
ponctuel. Pour autant, s’il ne s’agit pas de nier que derrière tout
professionnel, il y a toujours un être humain avec ses limites et ses fragilités,
cette réalité ne saurait excuser tout dérapage. La première réaction consiste
à surtout ne pas légitimer son acte ou le justifier, en cherchant de « bonnes
raisons ». Il est toujours étonnant de constater le degré de mansuétude de
l’enfant ayant subi la mauvaise humeur de l’animateur, quand celui-ci lui
présente des excuses. Loin d’affaiblir l’autorité de l’adulte, cette posture,
parce qu’elle s’inscrit dans la réciprocité, ne fait que la renforcer. Il est tout
aussi important que le directeur et l’équipe interviennent, dans une
dynamique de médiation et de soutien, tant envers l’enfant qu’envers
l’animateur à l’origine du comportement répréhensible. L’adulte en tort
reconnaîtra d’autant plus son acte, qu’il saura que la réprobation de ses
pairs ne se traduira ni par la stigmatisation, ni par le rejet. La conscience de
sa propre erreur suffira souvent, servant de leçon à tout le monde. C’est
cette capacité de transparence dans la reconnaissance de ce qui a été commis
et d’auto critique du rôle que chacun a pu jouer qui évite de s’enfermer dans
un dysfonctionnement récurrent.
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… A la conduite habituelle
Bien plus complexes, sont les situations où l’auteur de comportements
problématiques les considère comme conformes à la meilleure manière
d’agir, les naturalisent en estimant que cela s’est toujours passé comme cela
ou encore ne faisant que reproduire, sans aucun esprit critique, ce qu’il a luimême vécu. Si l’équipe peut être confrontée à l’un de ses membres agissant
d’une manière régulièrement maltraitante, l’inverse peut aussi se trouver :
un animateur arrivant dans une institution qui tolère, quand elle ne les
valide pas, des comportements maltraitants. Tous les efforts doivent alors
être déployés, pour faire évoluer la situation et faire prendre conscience tant
aux personnes qu’aux institutions de ce qui est en train de se passer. Mais
peut alors se poser un problème éthique : peut-on continuer à laisser
travailler un professionnel qui ne s’amende pas ou poursuivre son propre
contrat de travail dans une institution maltraitante qui persévère, au risque
de cautionner ce que l’on réprouve ? Il revient alors à chacun(e) de décider
d’une information transmise à la hiérarchie et/ou d’un signalement à
Jeunesse et Sport. Il n’est pas facile, dans une période marquée par le
chômage et la précarité, de décider de sacrifier un employé ou son propre
emploi, au nom de l’intérêt supérieur de l’enfant. Mais, est-il acceptable de
laisser des mineurs placés sous l’autorité de personnes dûment chargées par
la société de veiller sur eux, être soumis à des comportements relevant de la
maltraitance ? La solidarité entre adultes, le refus de faire licencier un
collègue ou la peur de perdre son propre travail doivent-ils l’emporter ?
C’est à ces questions éthiques, que chacun se doit de répondre.
Source : Jacques Trémintin.
Pour effectuer un signalement
2 possibilités :
La DDCSPP 68 au 03.89.24.83.74 ou
Bibliographie
« Abécédaire de la bien-traitance en multi-accueil : Guide pratique »
Arnaud DEROO, Chronique Sociale, 2009
« Les enfants maltraités » Pascal VIVET, Les essentiels de Milan n°113, 2007
« Enfants, adolescents maltraités-maltraitants. Comment peuvent-ils s’en sortir ? »
Brigitte Tison, Ed. Chronique Sociale, 2011
« L'enfant proie : Dysfonctionnements et dérives de la protection de l'enfance » Pascal
VIVET, Samuel LURET, Seuil, 2005
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Actu & Infos
Le prochain Bulletin d’information
paraîtra en février 2016.
Les formations continues : différentes
thématiques de formation vous seront proposées
entre octobre et décembre 2015.
Les prochaines rencontres de secteurs en
octobre 2015.
Le prochain Numéro du Billet paraîtra en
novembre 2015.
Pour vous tenir informé de toutes nos
actualités, consulter le site Internet
www.animation-enfance-haut-rhin.fr
Nouveauté
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par thématique.
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