Sonia St-Gelais est conseillère pédagogique en univers social à la

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Sonia St-Gelais est conseillère pédagogique en univers social à la
UNE COMMUNAUTÉ DE PRATIQUE POUR FAVORISER
LA RÉUSSITE DE L’ÉPREUVE D’HISTOIRE DE 4E SECONDAIRE
Sonia St-Gelais est conseillère pédagogique en univers social à la Commission scolaire du
Pays-des-Bleuets. Catherine Duquette est chercheuse en didactique de l’histoire à
l’Université du Québec à Chicoutimi. Avec le soutien du Consortium régional de recherche en
éducation (CRRE), elles mènent une étude collaborative avec des enseignants d’histoire du
2e cycle du secondaire.
La Commission scolaire du Pays-des-Bleuets est soucieuse d’augmenter le taux de réussite
à l’examen d’histoire du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. À l’échelle provinciale,
le taux de succès (77 %) est relativement faible, en comparaison avec les autres épreuves
ministérielles du secondaire. L’épreuve unique d’histoire de 4e secondaire est une étape
cruciale dans le parcours scolaire de l’élève. En effet, celui-ci doit réussir cette épreuve pour
obtenir son diplôme d’études secondaires, contrairement à l’épreuve ministérielle de français
où elle ne compte que pour une portion de la note finale.
En étroite collaboration, mesdames Duquette et St-Gelais ont cherché à comprendre les
raisons qui expliquent le faible taux de réussite à cet examen. À partir de leurs observations,
elles ont élaboré un projet de formation continue dont l’objectif est de trouver des pistes
d’enseignement pour mieux préparer les élèves à passer l’épreuve d’histoire de 4e
secondaire.
Comprendre les difficultés des élèves
La chercheuse a analysé 250 copies d’examen d’élèves de 4e secondaire de la cohorte de
juin 2014 afin d’identifier le type d’erreurs commis. Elle a constaté que ces derniers
n’utilisaient pas le dossier documentaire fourni avec l’examen, ce qui leur permettrait pourtant
de mieux le réussir. Le dossier documentaire est un ensemble de documents, tant
iconographiques que textuels, sur des sujets associés à l’épreuve. Ces documents ont pour
objectif de fournir de l’information à l’élève — desquels il tire des éléments de réponse par
inférence — pour l’aider à répondre aux questions.
La conseillère pédagogique et la chercheuse ont aussi observé que les enseignants
exploitaient peu ou pas du tout le dossier documentaire avec les élèves au cours de l’année
scolaire. La communauté de pratique leur est alors apparue comme un moyen de formation
continue pour permettre aux enseignants de trouver des pistes pour se familiariser avec le
dossier documentaire.
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Un projet de formation continue
Pour la chercheuse et la conseillère pédagogique, une plus grande réussite des élèves passe
d’abord par une meilleure formation des enseignants. « Des enseignants d’expérience qui ont
toujours enseigné dans une classe de 3e secondaire n’ont pas nécessairement adapté leur
enseignement en fonction de l’examen de 4e secondaire », explique la conseillère
pédagogique.
Elle a lancé un appel à ses collègues enseignants de 3e et de 4e secondaire en univers
social. « Les enseignants de 4e secondaire sont assez stressés parce qu’ils veulent que
leurs élèves performent bien à l’épreuve ministérielle. Ils se sentent souvent jugés sur le taux
de succès de leurs élèves à l’épreuve d’histoire. Il n’est donc pas aisé pour un chercheur
d’observer ce qui se passe dans une classe d’histoire de 4e secondaire. Même si on ne voit
pas ce que les enseignants font, ce qui est intéressant pour nous, c’est qu’ils testent des
choses en classe et nous fournissent les travaux des élèves. L’essentiel, c’est qu’il se passe
quelque chose en classe pour que les élèves réussissent mieux. » Malgré leurs
appréhensions, huit enseignants de la Commission scolaire du Pays-des-Bleuets se sont
joints à la communauté de pratique mise sur pied par les initiatrices du projet.
Trois rencontres d’une journée ont été prévues pendant l’année scolaire 2014-2015. La
chercheuse et la conseillère pédagogique ont planifié ces rencontres en étroite collaboration :
« C’est Catherine qui anime les rencontres, mais je la guide en fonction des besoins exprimés
par les enseignants, je sers de relais entre la recherche et les enseignants qui participent au
projet », soutient madame St-Gelais.
Les rencontres visent d’abord à outiller les enseignants en fonction des difficultés rencontrées
par les élèves lors de la passation de l’épreuve obligatoire. L’équipe de recherche pourra par
la suite mesurer l’effet de ces rencontres sur le rendement des élèves lors de la prochaine
épreuve ministérielle d’histoire.
Rendre les élèves plus actifs
Lors de la première rencontre, la chercheuse a présenté les résultats de l’analyse des copies
d’épreuves aux enseignants. Selon les initiatrices du projet, les données issues des épreuves
ont permis à certains enseignants de réaliser que la réussite de l’épreuve était étroitement
liée à un enseignement de l’histoire arrimé à l’épreuve ministérielle. Madame St-Gelais cite
un enseignant qui admet que : « Si mes élèves passent les examens, c’est de la pure
chance ».
Selon la chercheuse, les enseignants d’histoire adoptent souvent une approche pédagogique
magistrale, où l’élève reçoit de l’information, la mémorise et la relate lors d’examens. « Les
enseignants d’histoire sont habituellement de bons conteurs, ils sont intéressants à écouter.
Les enseignants de la communauté se sont rendu compte que les élèves échouent parce
qu’ils n’ont pas été assez actifs en classe. »
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Après avoir pris connaissance des difficultés de leurs élèves, les enseignants de la
communauté ont décidé de créer des activités d’apprentissage au cours desquelles l’élève
doit utiliser le dossier documentaire pour répondre à des questions. De retour à l’école, les
enseignants ont expérimenté ces activités avec les élèves. Ils ont par la suite envoyé les
travaux d’élèves à l’équipe de recherche pour qu’elle puisse les étudier. « L’analyse des
travaux d’élèves a montré qu’ils étaient plus performants avec les textes qu’avec les images
du dossier documentaire » affirme Madame Duquette.
Ce constat a posé les jalons de la 2e rencontre où la chercheuse et la conseillère
pédagogique ont accompagné les enseignants dans l’élaboration d’activités d’apprentissage
axées sur l’analyse des images du dossier documentaire.
Des résultats au rendez-vous
Lors de cette deuxième rencontre, la chercheuse et la conseillère pédagogique ont remarqué
un changement dans le discours des enseignants qui participent au projet. « Ils semblent
conscients d’avoir un pouvoir sur la réussite de leurs élèves », explique la conseillère
pédagogique. Des enseignants ont admis que les activités qu’ils avaient proposées en classe
avaient fonctionnées, « ce qui a motivé tout le monde », poursuit-elle. C’est le cas d’une
enseignante qui a utilisé la stratégie 3QPOC (qui, quoi, quand, pourquoi, où, comment) pour
amener les élèves à analyser le dossier documentaire. Chaque cours, l’enseignante accorde
du temps aux élèves pour qu’ils utilisent la stratégie afin de mieux se l’approprier.
Mesdames Duquette et St-Gelais se réjouissent de l’engagement des enseignants dans la
recherche. La chercheuse en didactique souligne aussi leur grande générosité : « Grâce à
eux, j’ai accès à des données précieuses qui me permettent de mieux comprendre leurs
besoins, ce qui m’aide à les aider ».
Les enseignants semblent apprécier leur participation à la communauté et le fait qu’ils soient
« dégagés » de leur tâche d’enseignement pendant les rencontres. « Le Consortium nous
permet de dégager des enseignants, ce qui est un élément-clé pour la réussite d’un tel projet
de formation continue », soutient la chercheuse.
Une troisième rencontre de la communauté aura lieu en mai. D’ici là, les enseignants vont
envoyer les travaux des élèves à l’équipe de recherche pour qu’elle puisse les analyser.
Mesdames Duquette et St-Gelais planifieront le contenu de la troisième rencontre en fonction
des données recueillies.
Les résultats de la recherche feront l’objet de plusieurs articles scientifiques et de
vulgarisation qui seront publiés au cours de la prochaine année.
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Quand on leur demande quelles seront les retombées de la recherche à son issue, la
conseillère pédagogique et la chercheuse sont d’avis que ces retombées devraient dépasser
les limites de la communauté de pratique. « Notre projet semble avoir un effet de spirale
ascendante auprès des enseignants. Les plus convaincus se sont lancés, ce qui semble
inspirer les autres », terminent-elles.
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