Dossier DRAMES DE PRINCESSES

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Dossier DRAMES DE PRINCESSES
DRAMES DE PRINCESSES
La Jeune fille et la Mort I-V
Elfriede JELINEK
Mise en scène : Matthieu Roy
La Compagnie du Veilleur
(Le Théâtre des Cendres)
Compagnie associée à la Comédie de Reims
DRAMES DE PRINCESSES
La Jeune fille et la Mort I-V
Elfriede JELINEK
Traduit de l’allemand par Magali Jourdan et Mathilde Sobottke
Adaptation de Mariette Navarro et Matthieu Roy
L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté
Mise en scène : Matthieu Roy
Dramaturgie : Mariette Navarro
Scénographie et costumes : Céline Perrigon
Création lumières : Manuel Desfeux
Création vidéo : Matthieu Silberstein
Création son : Géraldine Foucault
Régie son : Camille Houard
Régie plateau et Régie Générale : Maëlle Payonne
Maquillage : Corinne Cavélius
Administration : Jean-Baptiste Pasquier
Distribution :
Philippe Canales : Le Chasseur, Jackie
Brice Cousin : Fulvio
Sarah Lepicard : Blanche-Neige, Sylvia
Aurélie Messié : Rosamunde
Sébastien Pouderoux et Laurent Charpentier (en alternance) : Le Prince
Marie Rémond : La Belle au Bois dormant, Inge
Création 2008 et Tournée :
- 11 janvier : Théâtre de la Tête Noire à Saran
- 7 et 8 février : Théâtre de l’Ephémère au Mans
- 22, 23, et 24 mai : Comédie de Reims
Production : La Compagnie du Veilleur (Le Théâtre des Cendres), associée à la Comédie de
Reims, en co-production avec le Théâtre de Thouars, Scène conventionnée, avec le soutien du
Théâtre National de Strasbourg (TNS), la participation artistique du Jeune Théâtre National
(JTN) et le concours du Ministère de la culture et de la communication (Aide à la création –
DICREAM).
Une première version du spectacle a été présentée en décembre 2006, dans le cadre d’un atelier d’élèves du
groupe XXXVI de l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National de Strasbourg
La Compagnie du Veilleur (Le Théâtre des Cendres) - Association loi 1901 - Licence n°2 127686
Matthieu Roy - 36 rue Cardinal Lemoine 75 005 Paris - 06 20 25 66 36 - [email protected]
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En 2000, alors que le parti d’extrême-droite de Jörg Haider (FPÖ) entre au gouvernement en
Autriche, Elfriede Jelinek écrit les Drames de Princesses, une variation en cinq tableaux
autour du thème La Jeune fille et la Mort. En donnant la parole à des femmes de légende,
princesses des contes de notre enfance, comme Blanche-Neige ou La Belle au Bois Dormant,
ou encore à des figures de nos mythologies contemporaines, comme Jackie Kennedy,
l’auteure dénonce avec un humour provocateur l’antagonisme entre ceux qui détiennent le
pouvoir et ceux qui le subissent. C’est avant tout par une exploration de la langue et de ses
clichés que Jelinek orchestre les confrontations entre ces princesses et l’autorité arbitraire de
leurs charmants princes, et nous demande comment une artiste engagée peut encore faire
entendre sa voix pour maintenir en alerte la vigilance politique de ses concitoyens.
Rosamunde : Ma voix. Ma voix. Ma voix. Ma voix. Ne dit rien.
Comment faire entendre en France la voix d’une auteure aussi controversée que l’est
effectivement Elfriede Jelinek dans son Autriche natale ?
Certains savent qu’elle a obtenu le Prix Nobel de littérature en 2004 pour le flot musical de
voix et contre-voix dans ses romans et ses drames qui dévoilent avec une exceptionnelle
passion langagière l’absurdité et le pouvoir autoritaire des clichés sociaux. D’autres, ont pu
apprécier l’adaptation cinématographique de La Pianiste, réalisée par Michaël Haneke avec
Isabelle Huppert. Mais qui connaît véritablement l’œuvre de cette femme qui se présente ellemême comme une musicienne de la langue ?
Quand j’ai découvert ces Drames de Princesses, alors en cours de traduction pour les éditions
de l’Arche, je me souviens d’avoir eu à affronter un flot de parole dont les remous n’ont pas
encore fini de résonner. Si Jelinek invente sa propre langue, sur le plateau de théâtre nous
devons pouvoir entendre cette voix si singulière. Nous devons pouvoir sentir le mouvement
de cette pensée qui se cherche, qui se heurte et qui finit par s’embarquer sur cette voie dont on
pensait qu’elle était au fond sans issue. Dans l’impasse, ces princesses ne peuvent se défaire
ni de leur statut de femme vis-à-vis des hommes, ni de l’image que le miroir de la société veut
bien leur tendre pour les figer en une seule représentation. Contraintes et soumises par ce
schéma, ces jeunes filles ont donc rendez-vous avec la mort : une mort qui vous attend vous
aussi, sauf qu’elle ne sera pas aussi géniale, je le crains ! précise Jackie.
Voilà comment Elfriede Jelinek se représente la société moderne. Elle en démonte les rouages
afin que nous ne perdions pas la conscience nécessaire au démantèlement des discours
aliénants qui se terrent derrière chaque mot, chaque slogan, chaque rengaine désormais
convenus. Décomposer le processus de la parole et de son utilisation quotidienne, tel pourrait
être l’un des enjeux de ce théâtre contemporain : les acteurs doivent montrer le travail. Ils
doivent dire ce qui se passe, mais qu’on ne prétende jamais qu’il se passe en eux autre chose
qu’on pourrait indirectement lire de leur visage et de leur corps. Suivant ce conseil de
l’auteure, j’ai donc choisi de placer le spectateur de théâtre dans un studio de cinéma et de
suivre le processus de création d’une œuvre cinématographique. Il voit l’image se construire
dans le cadre avec ses différents plans, la prise de vue en direct, certains effets de montage et
le ballet de toute l’équipe hors-champ.
Une jeune artiste tente donc de tourner un film d’auteur dans un contexte politique bien
précis. Ce traitement renforce ainsi la tension entre le poétique et le politique, sans laquelle
aucune œuvre d’art ne saurait être conçue.
Matthieu Roy, mai 2007
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Synopsis de la pièce
Nous sommes sur un plateau de tournage. Rosamunde, la réalisatrice, est entourée de son
équipe pour réaliser une variation sur le thème « La Jeune fille et la Mort ».
La jeune Fille et la Mort I : Blanche-Neige
Rosamunde commence par tourner Blanche-Neige. La scène se déroule sur un rond-point,
qui sera la forêt où se perd cette Blanche-Neige contemporaine, à la recherche des nains et de
la vérité. Elle y rencontre un chasseur, qui est là pour « décimer ce qui existe ». Il fait usage
de son pouvoir de vie et de mort sur les créatures de la forêt et tue la jeune fille de façon
totalement arbitraire. Avec une ironie grinçante, la réalisatrice nous montre que les nains que
cherchait Blanche-Neige étaient de l’autre côté du rond-point, mais elle tenait sa carte de
randonnée à l’envers. Le paysage urbain permet à Rosamunde de créer un arrière-plan public
et politique : elle place dans le décor une affiche électorale où sourit un certain Fulvio.
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La jeune Fille et la Mort II : La Belle au bois dormant
Le deuxième tournage a lieu dans la foulée du premier. L’équipe change le décor, tandis que
la comédienne commence à répéter son texte et vient s’installer dans le cercueil de verre pour
la première prise: celle du baiser. Le Prince, à qui l’on a dit qu’il devait embrasser une
princesse, comprend la position de pouvoir dans laquelle cela le place : maintenant qu’il a
réveillé cette jeune fille, elle est sa créature et sa création. Sous une « haie de chez M.
Bricolage », il explique à la Princesse ce qu’elle lui doit et à quoi va ressembler leur vie de
stars people. Puis il se déshabille, découvrant un corps aux muscles artificiellement soulignés
et un faux sexe. La haie s’effondre, on découvre un slogan publicitaire lumineux : « Visitez
notre beau pays », sur fond de toile peinte de montagne. Tout en s’accouplant de façon
animale, les deux personnages vantent, sous forme de carpe diem cynique et souriant, les
mérites de la vie superficielle qu’ils mènent.
Crédit photo : Elisabeth Carecchio.
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La jeune Fille et la Mort III : Rosamunde
Après le tournage de ces deux premiers films, on range le plateau pour la nuit. Rosamunde,
restée seule au milieu de son décor, est prise d’une véritable crise d’angoisse. Tout à coup,
Fulvio fait irruption sur le plateau. Une confrontation a lieu entre eux, vécue ou fantasmée,
d’autant plus violente qu’elle passe par une position de séduction de Fulvio, et une
soumission ambiguë de Rosamunde. Elle finit par perdre connaissance et au cours d’un rêve,
les personnages de ses films viennent la hanter.
Crédit photo : Elisabeth Carecchio.
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La jeune Fille et la Mort IV : Jackie
Un nouveau tournage commence avec Jackie, où la réalisatrice va explorer une dimension
plus intime, nouvelle dans son œuvre. Elle choisit un décor d’intérieur, celui d’une petite
chambre meublée, dans laquelle habite un homme seul. On le voit rentrer du travail, allumer
la télévision, puis se déshabiller, faire sa toilette et se rhabiller en Jackie Kennedy, tandis que
la voix de Rosamunde se mêle à la sienne pour dire le monologue de Jackie. On sent la
fascination de la réalisatrice pour cet homme qui se rêve en femme de pouvoir pour mieux
composer avec sa propre fragilité.
Crédit photo : Elisabeth Carecchio.
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La jeune Fille et la Mort V : Le Mur
On change le décor et glisse sur le dernier tournage, celui du Mur. La réalisatrice met en
scène deux femmes auteurs, Sylvia Plath et Ingeborg Bachmann. Tout en parlant, elles
émasculent un bélier et cherchent par leurs actions sanglantes à se rapprocher du royaume
des ombres, et particulièrement d’une voyante aveugle du nom de Thérèse.
Rosamunde utilise et détourne le réel pour construire son regard sur le monde, et terminer
son film par cette surenchère bouffonne et désespérée.
Crédit photo : Elisabeth Carecchio.
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Elfriede Jelinek
Elfriede Jelinek est née en 1946 dans le Land autrichien de Styrie. Elle grandit au sein
d’une famille viennoise. Son père, juif socialiste ayant survécu aux camps de concentration,
sombre très vite dans la folie. Sa mère, une femme catholique très autoritaire, prend en main
l’éducation de sa fille, l’astreint à l’étude de la musique plusieurs heures par jour. Sa santé se
fragilise alors qu’elle est étudiante, elle fait ce qu’elle appelle des « crises de panique » à
répétition. C’est à cette époque que naît sa peur démesurée des lieux publics et des foules, à
cette époque aussi qu’elle entre en écriture. Jelinek découvre des auteurs qui resteront
importants pour son travail littéraire : le Groupe de Vienne, dont Ernst Jandl et Friederike
Mayröcker ; la poésie concrète ; la littérature expressionniste et dadaïste ; l’écrivain et
sémiologue français Roland Barthes. Le point commun entre tous les auteurs qu’elle lit est
leur intérêt particulier pour la langue. Mais elle dévore également des romans policiers, des
romans à l’eau de rose, des magazines et des bandes dessinées. Ces lectures alimentent la
critique qu’elle fait de la société de consommation et de ses symboles. En 1967, elle publie
son premier recueil de poésie Lisas Schatten (L’ombre de Lisa).
A 23 ans, Elfriede est invitée à la vingtième Semaine Autrichienne de la Culture pour
la Jeunesse à Innsbruck où elle remporte le prix de la prose pour un extrait de son deuxième
roman, wir sind lockvögel baby ! (nous sommes des happeaux baby !). Pour la première fois,
ses écrits suscitent une polémique. Le FPÖ interpelle le Parlement autrichien et dénonce les
« poèmes cochons » de Jelinek. Ses apparitions publiques créeront toujours, par la suite,
rumeurs, agitations et scandales.
Au cours des années soixante-dix, elle s’engage dans des mouvements étudiants,
collabore avec d’autres auteurs engagés comme Peter Handke. En 1974 elle entre au KPÖ,
parti communiste autrichien, et le quitte en 1991. En 1974, son roman Les Amantes marque le
début d’une reconnaissance littéraire pour Jelinek. C’est un premier geste de protestation
contre le statut des femmes et leur exclusion du pouvoir. Le thème de la femme ne disparaîtra
jamais de l’œuvre de Jelinek, mais au milieu des années 1980, elle commence à se préoccuper
aussi du passé nazi de l’Autriche, et plus largement des différents visages du fascisme. En
Autriche, le parti populiste FPÖ siège au Parlement depuis 1956 et son plus célèbre leader,
Jörg Haider, y est entré en 1979. En 2000, le FPÖ participe à une coalition gouvernementale
aux côtés du parti conservateur ÖVP. C’est la première fois qu’un parti d’extrême-droite
accède à la tête du pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cet arrière-plan
politique est présent dans tous ses romans, ce qui lui vaut d’être surnommée « die
Nestbeschmutzerin », « celle qui souille le nid », sobriquet également attribué à Thomas
Bernhard.
En 2004, elle obtient le prix Nobel pour « le flot musical de voix et contre-voix dans ses
romans et ses drames qui dévoilent avec une exceptionnelle passion langagière l’absurdité et le
pouvoir autoritaire des clichés sociaux. » Elle vit actuellement retirée dans sa maison de Vienne,
mais reste en lien avec le monde, communiquant avec l’extérieur par le biais d’internet et par ses
textes toujours au plus proche des questions d’actualité.
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L’entretien
Elfriede Jelinek/Christine Lecerf,
Le Seuil/France Culture, Paris 2007
Christine Lecerf : Durant ces années d’intense exploration formelle, un thème court comme
un fil rouge, pour ne pas dire sanglant, dans tous vos textes : celui de la femme, dont vous
explorez sous toutes les facettes la tragique volonté d’affirmation.
Elfriede Jelinek : Oui, et comme pour la plupart des écrivains femmes, tout est né du
sentiment d’être méprisée. Je parle ici du mépris culturel dans lequel on tient les femmes.
Notre vie n’est pas en danger, bien sûr, et encore, on pourrait évoquer certaines menaces
indirectes… Quoi qu’il en soit, le travail des femmes, en particulier le travail artistique des
femmes, est soumis à des critères d’évaluation spécifiquement masculines. Et c’est une forme
de violence faite aux femmes. Même si mon mari ne me bat pas, même s’il me donne de
l’argent et s’il ne tape pas sur mes enfants. C’est une forme d’humiliation de se permettre de
juger mon travail selon des critères masculins. Il n’existe aucun critère esthétique du jugement
artistique qui soit émis par des femmes. Et rares sont celles qui parviennent à graver leur nom
dans l’univers froid des chefs-d’œuvre masculins. Regardez Ingeborg Bachmann brûlée dans
sa chemise de nuit en nylon ! Regardez Sylvia Plath la tête dans la gazinière ! Regardez
comment ces femmes ont fini ! J’ai d’ailleurs écrit sur elles une série de « drames de
princesses » (prinzessinendramen).
(…)
Elfriede Jelinek : L’acte d’écriture a évidemment quelque chose d’agressif en soi parce qu’il
naît de la transformation d’une frustration en agression. Tout ce que la femme ne cesse
d’endurer, cette façon d’être méprisée, de ne pas être prise en considération, d’être exclue,
tout cela se transforme en agression. C’est un procédé fondamental bien connu de la
psychologie. Je me suis toujours demandé pourquoi le sang ne giclait pas davantage dans les
textes de femmes. Cette agressivité est justement ma façon à moi de m’opposer à ma
condition. J’ai moi-même été élevé par une femme qui a voulu faire de moi une princesse.
C’est aussi pour cela que j’ai écrit mes Drames de princesses. Cette femme m’a fétichisée,
considérée comme un génie capable de tout faire et de tout réussir. Et puis une fois dans la
société, la princesse a découvert qu’elle n’était qu’un objet, y compris dans ses relations avec
les hommes, et qu’elle devait se faire toute petite. Quand on voit le mépris avec lequel on
traite les femmes ! Un mépris qui va jusqu’à l’extinction, la lapidation, le bâillonnement, la
mise à mort, l’éradication totale de tout ce qui est féminin ! Il faut une dose folle d’agressivité
en soi pour garder la tête hors de l’eau. Et c’est un combat qui vous vide complètement, je
vous l’avoue, surtout dans le domaine artistique ou il faut structurer cette agressivité. Car cela
ne m’aurait guère intéressé de cracher simplement les choses. En tant que femme, on doit
évidemment élaborer des méthodes subversives que les hommes ne puissent pas facilement
détourner. On récolte alors leur mépris. Cela m’est arrivé plus d’une fois. Surtout la dérision
qui est la forme suprême du mépris. C’est une chose très difficile à mettre de côté.
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Franza,
Ingeborg Bachmann,
Traduction de Miguel Couffon,
Actes Sud, 1985.
Il est devenu aujourd’hui infiniment difficile de commettre des crimes, et cela les rend
tellement subtils que nous pouvons à peine en prendre conscience et les comprendre, bien
qu’ils soient commis quotidiennement autour de nous, dans notre voisinage. En effet je
prétends, et j’essayerai seulement d’en apporter une première preuve, qu’aujourd’hui encore
un grand nombre d’êtres humains ne meurent pas mais qu’ils sont assassinés. Car rien n’est
sinon plus puissant, cela je l’admets, du moins plus monstrueux que l’être humain, si vous me
permettez le ton scolaire de ce propos. Dans les crimes qui requièrent de l’esprit, qui touchent
à notre esprit et moins à nos sens, dans ceux donc qui nous atteignent le plus profondément, le
sang ne coule pas et le carnage n’a lieu qu’à l’intérieur du licite et des usages, à l’intérieur
d’une société dont les nerfs faibles frémissent devant les manifestations de bestialité. Mais les
crimes n’en sont pas devenus moindres pour autant, ils demandent seulement un plus grand
raffinement, un autre degré d’intelligence, et ils sont terribles.
« La guerre par d’autres moyens »,
Elfriede Jelinek.
Revue Europe, n°892-893, « Ingeborg Bachmann » août-septembre 2003.
Ingeborg Bachmann est la première femme de la littérature de l’après-guerre dans les
pays de langue allemande qui, par des moyens radicalement poétiques, a décrit la continuation
de la guerre, de la torture, de l’anéantissement, dans la société, à l’intérieur des relations entre
hommes et femmes.
(…)
Une telle littérature est écrite contre tous ceux qui, retroussant résolument leurs
manches, s’engagent dans la voie de la nouvelle positivité. Les êtres anéantis qu’elle évoque
sont toujours des femmes. Ces façons de mourir sont subies par des femmes, ces nonpersonnes qui n’ont pas de voix, et auxquelles le fascisme, dans sa cohérence alla jusqu’à
retirer leurs droits civiques, quand elles n’étaient pas mariées (Bachmann : « Le mariage est
une institution impossible. Impossible pour une femme qui travaille, qui pense et veut ellemême quelque chose. »)
La haine de soi, le mépris de soi qui en résultent, Bachmann les a décrits. Car l’amour
est la continuation de la guerre par d’autres moyens. Sur ce champ de bataille a lieu
l’anéantissement souvent sanglant, parfois non sanglant, de la femme qui n’a jamais le droit
de devenir sujet, mais doit toujours rester objet, objet de contrats de travail non reconnus
socialement appelés « mariages ».
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Matthieu Roy, metteur en scène et directeur artistique
de La Compagnie du Veilleur (Le Théâtre des Cendres)
Diplômé de l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique du Théâtre National de Strasbourg
(TNS) dans la section Mise en scène/dramaturgie (groupe XXXVI, 2004/2007), il suit
régulièrement des ateliers de mise en scène et de jeu dirigés par Stéphane Braunschweig et de
dramaturgie avec Anne-Françoise Benhamou. Il effectue des stages auprès de Stéphane
Braunschweig (Brand, Jenufa) Matthias Langhoff (Dona Rosita) , Emmanuel Demarcy-Mota
(L’Autre Côté, Homme pour Homme), Jean-François Peyret, Kristian Lupa et assiste Joël
Pommerat sur Je tremble (1) créé à la Scène Nationale de Chambéry en mai 07.
Au cours de sa scolarité, il met en espace Little Boy, de Jean-Pierre Canet et met en scène les
deux premiers actes de Macbeth de Shakespeare, Léonce et Léna, de Büchner et il crée
Drames de princesses, La jeune fille et la mort I-V, d’Elfriede Jelinek.
Matthieu Roy a été assistant à la mise en scène de Jacques David sur le spectacle Quand nous
nous réveillerons d’entre les morts, d’Ibsen, créé en résidence au Gallia Théâtre, Scène
conventionnée de Saintes en octobre 2007.
Depuis octobre 2007, il intervient auprès des élèves de Terminale, option Théâtre, au Lycée
Victor Considérant de Salin-les-bains ainsi qu’au Lycée Jean Vallin de La Rochelle sur
l’œuvre de Jean-Luc Lagarce, au programme du Baccalauréat 2008.
La Compagnie du Veilleur
(Le Théâtre des Cendres)
En 2002, Matthieu Roy crée sa compagnie Le Théâtre des Cendres en région PoitouCharentes et met en scène Amphitryon de Kleist avec Sébastien Pouderoux. Soutenu par le
Centre Dramatique Poitou-Charentes, il est lauréat du Projet Jeunes Talents.
Aujourd’hui, La Compagnie du Veilleur s’implante à la Rochelle, en région Poitou-Charentes.
La Compagnie du Veilleur (Le Théâtre des Cendres) est associée à la Comédie de Reims,
Centre Dramatique National de Champagne-Ardenne.
La Compagnie du Veilleur (Le Théâtre des Cendres) - Association loi 1901 - Licence n°2 127686
Matthieu Roy - 36 rue Cardinal Lemoine 75 005 Paris - 06 20 25 66 36 - [email protected]
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Les projets à suivre…
Maquette
L’amour conjugal d’après le roman d’Alberto Moravia, un récit sensible et violent d’un
homme qui tente de trouver à travers l’écriture de sa propre histoire une réponse à la trahison
de son amour conjugal, sera présenté le 18 décembre 2007 à la Comédie de Reims, dans le
cadre du Festival Reims à Scène Ouverte.
Résidence
Une résidence de travail aura lieu du 10 mars au 4 avril 2008 à la Maison du Comédien
Maria Casarès à Alloue (16), pour la préparation d’un prochain projet de création de la
Compagnie : Peer Gynt, d’Henrik Ibsen. Ce temps de travail nécessaire à l’élaboration
d’un projet théâtral aussi ambitieux, sera l’occasion d’entamer une réflexion dramaturgique
nourrit de l’expérience concrète du plateau qui réunira de jeunes acteurs autour d’Evelyne
Didi.
Présentation du travail en cours : les 2 et 3 avril 2008, à la Maison du Comédien à Alloue.
Création 2008/2009
Une maquette d’Histoire d’amour (Derniers chapitres) de Jean-Luc Lagarce a
été présentée le 3 juillet 2007, dans le cadre de la première édition du Forum pour la nouvelle
mise en scène "Champ libre - Freiraum" au Théâtre National du Luxembourg (TNL).
Le jury, présidé par Frank Hoffman, directeur du TNL a décerné une mention spéciale à
Matthieu Roy : « pour son interprétation de l'oeuvre de Lagarce — une interprétation dont
la précision, l'élégance épurée et le langage formel réduit, mais efficace ont enthousiasmé
le public. »
La maquette a été représentée dans le cadre du Fringe Festival, les 11 et 12 octobre 2007, au
Théâtre National du Luxembourg (TNL).
Histoire d'amour (Derniers chapitres) sera créé à la Comédie de
Reims à l’automne 2008 et disponible en tournée à partir d’octobre 2008.
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Revue de Presse
La Voix, 15/10/07
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Die Wort, 18/10/07
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