Séjour de pêche sur le lac Derg

Transcription

Séjour de pêche sur le lac Derg
Séjour de pêche sur le lac Derg
S’il ne nous a pas livré tout son potentiel, le lac Derg, grand lac Irlandais
connu pour ses brochets record, reste une valeur sûre. Via l’agence Orchape
nous avons tenté l’aventure du 05 au 12 octobre 2010.
Cela faisait longtemps que nous attendions cela. Nous voilà désormais dans
l’avion qui nous emmène en Irlande, pour un séjour d’une semaine de pêche au
brochet. Mes trois - amis Dominique, Maurice, Freddy - et moi-même avons du une
nouvelle fois lutter pour éviter l’excédent bagage de Ryanair à l’aéroport de
Beauvais, mais après une bonne répartition du matériel sur place entre les sacs et
les tubes de transport, nous volons pour 1h30 direction Shannon.
La réservation de ce voyage s’est effectuée auprès de l’organisation Orchape,
présente à Paris au Salon de la Pêche, en février dernier. A cette occasion JeanLouis Bigot, représentant l’agence en Irlande où il vit depuis 20 ans, nous fait
connaître le lac Derg et ses gros brochets, que l’on pêche principalement aux leurres
(jerkbaits et gros leurres souples), au lancer et à la traîne.
Quelques semaines après cette rencontre parisienne, nous prenions la
décision de revenir en Irlande, et retrouver Jean-Louis quelques mois plus tard sur
place, à Killaloe dans le comté de Clare où il réside, à la pointe sud du Derg.
C’est la sixième fois que nous venons en République d’Irlande depuis 2004,
après d’agréables séjours sur l’Erne dans le Comté de Cavan, sur le fameux lac
Ramor dans le Comté de Leitrim et pour pêcher le bar dans le sud-est du pays, à
Wexford.
Les paysages qui défilent sous nos yeux pendant ces trois quarts d’heure de
taxi, depuis l’aéroport de Shannon jusqu’au Lough Derg Fishing Centre où nous
logerons, sont typiquement irlandais : un bocage verdoyant et reposant, dans un
climat très doux.
En cette fin de journée où il fait déjà presque nuit, nous arrivons au centre et
Jean-Louis nous accueille chaleureusement. La maison où nous passerons le séjour,
très spacieuse et confortable, est en bordure de lac : nous n’avons qu’à traverser
une petite allée pour nous installer dans une embarcation de la petite marina du
centre.
Le dîner de cette première journée de voyage a été préparé par Helen,
l’épouse de Jean-Louis, et servi dans notre maison de location. Nous aurons
d’ailleurs le choix entre les repas sur place, copieux et bien préparés, et aller dans un
pub de Killaloe pour la restauration du soir, également excellente et dans une bonne
ambiance, à deux kilomètres de là. Notre hôte s’occupe de tout et s’assure que nous
ne manquerons de rien, depuis le petit déjeuner jusqu’au service de taxi le soir pour
aller en ville et revenir.
L’hébergement au Lough Derg Fishing Centre
Les Experts à Killaloe !
Pendant ce séjour, nous serons guidés tous les jours par Herman Molenaar, le
guide local d’origine hollandaise, un géant de deux mètres fort sympathique dont le
rire résonne inlassablement dans les collines du Derg, qui vit à Killaloe depuis 8 ans
et pêche sur le Derg depuis 20 ans. Il possède une boutique d’articles de pêche en
centre-ville, bien fournie en jerkbaits et leurres souples de toutes tailles, petit matériel
etc. Il reçoit également des hôtes dans son B&B, souvent des pêcheurs.
Des conditions de pêche difficiles
Première journée, Herman nous informe dès le matin avant le départ que la
pêche est difficile depuis une dizaine de jours : le vent est permanent et monte au fur
et à mesure de la journée, il est prévu de bonnes averses et les brochets se sont
gavés sur la première moitié de septembre. Par contre, si les touches sont peu
nombreuses, nous avons de bonnes chances d’attraper de beaux poissons. Le plus
gros brochet pris par ce guide sur le Derg faisait 1,23m pour 16kg. Et il y a beaucoup
plus gros !
Herman Molenaar, notre guide pour
le séjour, un spécialiste du jerkbait
La pêche de prédilection en automne sur ce lac, comme partout en Irlande sur
ce type de plan d’eau à cette époque, est la traîne avec d’énormes leurres souples.
Nous y consacrerons beaucoup de temps, même si ça n’est pas une pêche des plus
passionnantes, surtout quand le poisson est peu mordeur. Mais c’est celle qui peut
nous permettre de mettre au sec un gros brochet.
Je pensais avoir déjà de très gros leurres souples pour la traîne, entre les
Twin Fins et les Bull Dawg de 200 gr. Mais Herman accroche d’entrée sur la ligne de
sa canne casting un bull dawg bien plus volumineux. Et sort sur cette première
journée un poisson d’un bon 95 cm, après de nombreux rushes. Maurice, avec un
gros shad imitant une jolie truite – bien présente sur ce lac, et dont raffole le brochet
– fait mordre un poisson de cinq livres. Le shad fait presque la moitié de sa taille ! De
mon côté, à part une belle secousse dans la canne avec un twin fins, rien ne se
présente. Et ce sera malheureusement similaire le lendemain et pratiquement la
même chose le surlendemain.
Herman et un brochet proche du mètre, pris
à la traîne au bull dawg
Sur ces trois premiers jours, nous sommes contraints de pêcher la berge
opposée au vent, c’est-à-dire la moins fructueuse. De l’autre côté du lac, à l’ouest,
les dérives sont trop rapides pour pêcher au casting, les vagues nous rendent
complètement instables dans les barques, malgré leur fond plat et leur excellente
maniabilité (Herman dispose de deux barques Alumacraft, équipées de moteur de
15CH). Cela pourrait même devenir dangereux, car il existe par endroit des têtes de
roche à fleur d’eau : au mieux on risque de dire au revoir à l’hélice, au pire on reste
planté sur la roche en subissant les vagues…
Trois jours difficiles donc, où Maurice parvient tout de même à hisser un 92cm
à la traîne. Quant à Dominique, Freddy et moi-même, c’est avec beaucoup de mal
que nous attraperons des petits brochets au casting dans les baies coupées du vent,
à raison d’à peine un brochet par jour pour chacun.
Seul Herman tire son épingle du jeu en maniant rapidement des jerkbaits, afin
de garder le contrôle de sa ligne. Sur ce séjour il sortira trois ou quatre jolis poissons
dans des conditions déplorables.
Lumières automnales sur le Derg
Jean-Louis Bigot aux nouvelles au retour des
journées de pêche.
Une météo plus clémente sur la fin du séjour
Le quatrième jour est une transition météo : matinée calme, le vent ne devrait
se lever que dans l’après-midi. Et pas de pluie. Si l’on arrive à pêcher mieux et plus
longtemps au casting, nous ne sortons pas encore de gros brochets. Et nous nous
prenons régulièrement de fortes tapes à la traîne qui ont le mérite de nous réveiller ;
on se reprend alors à rêver de sortir le poisson du séjour !
D’autant que nous sommes passés à la boutique d’Herman dès la deuxième
journée à Killaloe, et que l’on traîne avec les leurres du coin : des bull dawg king size
dont les plus gros pèsent 450gr ! Et oui, quitte à attraper peu de poissons, autant
mettre toutes les chances de notre côté pour sélectionner les beaux sujets.
Gros bull dawg que propose Herman
dans sa boutique de Killaloe
L’échosondeur est un outil indispensable sur un tel lac. Les repères que l’on
prend habituellement en surface en étang ou en rivière n’existent pas ici, et le relief
du fond reste notre meilleur indicateur. On peut pêcher très loin du bord sur un hautfond par exemple, au milieu de nulle part. Car nous évoluons sur le 3ème plus grand
lac d’Irlande, qui dépasse les 100km2 et dont la profondeur moyenne est de 7,5m.
Herman nous recommande de traîner entre 7 et 9m, c’est là il est vrai que
nous verrons le plus d’échos sur le fond.
Les deux derniers jours, le temps change radicalement : brouillard le matin,
soleil resplendissant l’après-midi, sans le moindre nuage. Plus le moindre vent le
dernier jour, une véritable mer d’huile intérieure.
Chacun va prendre de sérieux coups de nez dans sa canne à la traîne, et
même décrocher vraisemblablement de gros poissons après quelques coups de
têtes très « lourds ». Nos leurres commencent à être bien entaillés et il faut recoller la
gomme sur place ou le soir avec de la cyanoacrylate. Nous pêchons davantage au
casting en dérive, sur des fonds entre 3 et 5m.
Nous attrapons quelques poissons de petite taille, et seul Herman nous agace
à nous mettre sous le nez deux beaux brochets, dont un de 90cm.
Maurice et un poisson au casting dans une
petite baie abritée du vent
Démonstration d’Herman, un beau brochet au
buster jerk
L’avant-dernier jour, je décroche le brochet du séjour à la traîne, avec
l’énorme bull dawg orange sombre. Le poisson est ferré et l’inertie du bateau le fait
remonter en surface. Il se décroche à la deuxième chandelle, un adieu à la photo
souvenir. Nous l’avons estimé autour de 1,05m.
Le problème de ces énormes leurres est d’une part la taille de leurs triples, il
faut vraiment avoir une « trique » pour les faire pénétrer dans la gueule du brochet,
et avoir le pouce sur la bobine au ferrage. D’autre part, les hameçons sont situés sur
le tiers avant du leurre. Nous avons remarqué que la plupart des entailles étaient un
peu en arrière du second triple, à la jonction du corps et de la queue du bull dawg. Il
est donc conseillé soit d’ajouter un « triple voleur » plus en arrière, soit de revoir
entièrement l’armement.
Mauvais bilan pour la pêche, mais une destination pleine de promesses
Cette semaine peu productive en termes de pêche s’est tout de même révélée
très profitable. La petite ville de Killaloe est pittoresque, encaissée dans les vallons
qui emprisonnent ce grand lac, où le Shannon reprend son cours. Le pub où nous
allions régulièrement dîner et déguster une Guinness était très agréable, le service
parfait. Jean-Louis et Herman, toujours disponibles, ont assuré plus que toutes les
prestations annoncées (changer rapidement un anneau de canne défectueux par
exemple).
Aucune journée ne se ressemble en Irlande ; les paysages du Derg sont
grandioses et la lumière change en permanence. Il est fréquent d’être sous le soleil
d’un côté et que la berge d’en face soit sous une forte pluie. Et que cela s’inverse
rapidement.
Le printemps doit aussi être une période intéressante, où les postes sont plus
facilement marqués, où le casting est plus utilisé. On sent vraiment que ce lac recèle
de brochets record.
A expérimenter !
Le Shannon à Killaloe
Le matériel adéquat
De bons vêtements étanches et respirants sont indispensables en Irlande, et à
défaut d’avoir des bottes des chaussures type randonnée à tige haute font
parfaitement l’affaire, à condition qu’elles soient également étanches et respirantes.
La pêche ne se pratique qu’en barque sur le Derg et à aucun moment il est
nécessaire de poser les pieds dans l’eau.
Des cannes casting courtes et suffisamment raides permettent d’utiliser des
leurres lourds sans fatiguer le bras et le dos, grâce à leur bras de levier réduit. Les
moulinets doivent être garnis d’une tresse d’au moins 50 lbs pour la traîne et le
casting lourd, les bas de lignes (fluorocarbone, acier ou titanium) et agrafes de
bonne qualité.
Le matériel casting est parfaitement adapté à
la traîne et au lancer de leurres lourds
Les leurres sont typiquement ceux utilisés en Suède, et qui ont inondé le
marché français il y a maintenant quelques années (Buster Jerk, Salmo Slider, Fatso
etc.). Le bull dawg est le plus complet, utilisé à la fois à la traîne et au casting, avec
d’excellents résultats.
Et s’il manque quelque chose, Herman dispose de tout ce qu’il faut sur place.
Philippe

Documents pareils