P`tite Parenthèse - Université du Québec à Rimouski

Transcription

P`tite Parenthèse - Université du Québec à Rimouski
P’tite Parenthèse n°1
Hiver 2016
P’tite Parenthèse
Le journal des étudiant.e.s
du programme en
Développement social,
régional et territorial!
Numéro 1 – Hiver 2016
Sommaire
p. 2
La P’tite parenthèse de la rédac’
p. 3-6
Rappelons-nous l’Île Verte !
p. 7-8
Un colloque étudiant en
développement social et territorial se
tiendra bientôt à l'UQAR
p. 9-10
Le développement au cœur des
régions
p. 11-12
L’égotourisme. Une nouvelle forme
de construction identitaire ?
p. 13-14
La portée des territoires virtuels
p. 15-16
Retour photo de la sortie terrain
d’avril dans les Basques
p. 17
Théâtre communautaire : kossé-ça ?
p. 18-19
La non-mixité au sein du mouvement
féministe : un espace pour les
femmes, par les femmes
p. 20-21
Osti de straight !
p. 22-23
Make Haute-Gaspésie great again !
p. 24-26
Forum Social Mondial 2016
Salut ben!
Vous tenez présentement dans vos mains la
première édition de la P’tite Parenthèse, le
journal sociologique du département en
Développement social et régional.
Dans cette publication semestrielle, vous
trouverez des textes originaux des étudiants
du programme qui vous éclaireront sur nos
intérêts, nos travaux et ce qu’on fait dans ce
département parfois mystérieux. Parfois
divertissant et peut-être même choquant, les
articles
suivants
ne
vous
laisseront
certainement pas indifférents.
Bon assez parlé, mais avant de passer au
sujet principal, j’ouvre une p’tite parenthèse…
DOSSIER: Rappelons-nous l’Île Verte!
Un bref retour en couleurs de notre séjour sur l’Île Verte en septembre
2015 !
p. 3-6
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P’tite Parenthèse n°1
Hiver 2016
La p’tite parenthèse de la rédac’
Bienvenue à toi, ami.e développeux.euse
Cher lecteur, chère lectrice,
C’est avec un grand plaisir que nous vous
présentons le tout premier numéro de la P’tite
Parenthèse, le journal des étudiant.e.s du
programme de Développement social et
régional !
Dedans, vous aurez la joie de découvrir un bref
aperçu de notre séjour sur l’Île Verte datant du
mois de septembre 2015, à travers des photos,
des affiches sur l’art en milieu insulaire…
… et des articles rédigés par les étudiant.e.s du
programme. Chaque article a été écrit par un.e
ou plusieurs étudiant.e.s, que ce soit dans le
cadre d’un travail universitaire ou spécialement
pour ce numéro. Vous le verrez très vite, les
thèmes sont très variés, à l’image des sujets de
société
qui
nous
passionnent.
Certains
étudiant.e.s traitent de sujets inhabituels, tels
que les territoires virtuels, ou l’égotourisme.
Coordination
Katia Bacher
Jade Cloutier
Léandre Lecomte
Correction
Léandre Lecomte
Infographie
Katia Bacher
D’autres encore se laissent aller au coup de
gueule, entre trois, quatre travaux sérieux. Place
aux gros mots, coups de gueule et autres
références douteuses. Quoiqu’il en soit, tout le
monde a mis la main à la pâte pour que vous ne
restiez pas indifférents !
Toute l’équipe espère que vous apprécierez ce
numéro, car la deuxième édition est déjà prévue
pour l’automne 2016…
Nous remercions le programme pour la
confiance
et
le
soutien
financier.
Nous remercions également Yann, pour nous
avoir inspiré le titre du journal.
Bonne lecture !
Crédits photos
Katia Bacher
Raymond Beaudry
Mélanie Marier
Danie Royer
La gang de sociologues
Rédaction
Christian Duguay
Charles Gagné
Audrey-Anne Gauthier
Geoffroy Lambert
Jean-Philippe Lambert-Larocque
Léandre Lecomte
Luce Lemieux-Huard
Guillaume Perrier
Danie Royer
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Rappelons-nous l’Île Verte
L’une des petites joies qui peuvent exister dans un
programme axé sur les études pragmatistes, c’est
que ça permet de sortir un peu des murs scolaires
pour explorer la réalité du monde et tenter de la
comprendre. C’est ce qui a apporté une cohorte
d’étudiant.e.s tant en développement social qu’en
développement régional sur une petite île colorée où
le thème principal est « la liberté ». L’Île Verte est
un petit milieu dans la municipalité de Notre-Damedes-Sept-Douleurs qui vit dans une dynamique
sociale bien particulière : elle ne peut pas accueillir
de traversier ni de bateau pendant la saison froide.
Ces habitants vivent donc une situation où le
tourisme est fleurissant pendant l’été et
complètement absent l’hiver. Comment ces
personnes vivent-elles l’île? La question est fort
pertinente et elle fut d’ailleurs le sujet principal de
cette sortie. Il y a différentes manières d’y
répondre : l’attachement au territoire, le sentiment
de liberté et de sécurité, etc. Dès que l’on met les
pieds sur l’Île Verte, on peut déjà sentir un poids
de moins sur ses épaules. Des sorties
inoubliables, des gens inoubliables, que demander
de plus comme travail que d’avoir la chance de
vivre un milieu avec ceux qui l’habitent?
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Un colloque étudiant en
développement social et
territorial se tiendra bientôt
à l’UQAR
Par Danie Royer,
Doctorante à l’UQAR
Le colloque étudiant Territoire(s) et expérience(s)
du commun : de la tragédie au renouveau s’est
tenu les 7 et 8 avril derniers à l'UQAR. Il a mis
en perspective des réflexions et des analyses sur
les expériences territoriales qui questionnent le
mode de développement actuel. L'événement,
qui est une initiative d'étudiantes - y compris
l'auteure de ces lignes! - du département
Développement, Sociétés et Territoire, aura été
l'occasion de réfléchir collectivement sur les
questions du développement social et territorial,
et plus particulièrement à travers la valorisation
du commun comme processus social menant à
un possible avenir post-capitaliste.
Nous nous sommes inspirés des travaux du
chercheur français André Torre et de ceux de
Marie-José
Fortin
et
Yann
Fournis,
professeur.e.s à notre département, pour
revisiter les activités qui se déroulent sur les
territoires à travers la lunette des conflits qui
laissent entrevoir une remise en cause le
modèle de développement. Travaillant moimême sur les impacts des oppositions locales
aux grands projets énergétiques au Québec, je
trouvais intéressant d'inviter mes collègues à
réfléchir le développement par la perspective
des acteurs territoriaux.
En guise d'invitation à participer au colloque,
nous postulions qu'une véritable « révolution du
développement » provient des territoires, à
travers une multitude d'actions et de pratiques
qui reconfigure la vie sociale sur de nouvelles
bases. Les résistances sociales et les conflits
d'usage se jouant sur les territoires mettent en
lumière un désir de « développement territorial
alternatif ». Alors que les sciences sociales se
penchent habituellement davantage sur les
milieux urbains pour observer les innovations
sociales en tout genre, nous observons que les
territoires
ruraux
ou
non
métropolitains
fourmillent également d'expériences créatives et
subversives. Outre un simple « réservoir de
matières premières » auquel on associe souvent
les régions périphériques, les espaces non
métropolitains peuvent aussi être porteurs de
changements sociaux dans la façon d'habiter le
territoire.
Nous invitons à réfléchir l'avenir des territoires à
travers le prisme des expériences sociales qui
s'inscrivent en rupture avec l'ordre économique et
politique actuel. Nous employons le concept de «
commun », au singulier, comme le proposent le
philosophe Pierre Dardot et le sociologue
Christian Laval, pour comprendre le lien social
créé à travers les expériences des acteurs
sociaux. Le commun comporte certes une lourde
charge symbolique en terme d'alternative au
capitalisme, que nous pensions en terme de
système politique, tel que le communisme
étatique marqué par des échecs successifs, ou
encore dans sa visée écologiste ou relevant du
patrimoine collectif par la question des « biens
communs », souvent compris comme des
éléments de la nature (eau, forêts, etc.). Le
commun perçu en terme de processus social,
comme l'entendent Dardot et Laval, tend plutôt à
regarder au sein de nos sociétés actuelles les
organisations et les activités issues des forces
collectives qui questionnent le système de normes
hérité du néolibéralisme, notamment au sein des
institutions publiques (régulation des projets de
développement, systèmes politiques municipaux,
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organisations des services sociaux et de
l'enseignement, etc.). Le commun ouvre alors la
voie vers les possibilités de renouveau par la
prise en charge des acteurs territoriaux sur leur
milieu de vie, notamment en créant de nouvelles
formes institutionnelles. En d'autres termes, nous
cherchons à comprendre ce qu'il se passe sur les
territoires en dehors de la logique marchande
capitaliste et de l'emprise de l'État sur les
institutions de la gouvernance.
s'ajoutent à ce colloque, dont celui de rencontrer
des futur.e.s chercheur.e.s d'un peu partout au
Québec qui ont intérêt l'avenir des milieux de vie
en dehors des métropoles. Nous sommes très
heureuses
qu'une
grande
diversité
de
perspectives et que des personnes de différents
milieux ainsi que de plusieurs régions aient
manifesté leur intérêt de participer avec nous à
cette réflexion collective qui s'annonce des plus
intéressantes.
Une quinzaine de personnes, principalement des
étudiantes
et
des
étudiants
de
divers
programmes de 2e et 3e cycle universitaire de
diverses provenances, ont répondu à l'appel et
sont venu nous partager un aperçu théorique et
empirique de leurs travaux de recherche. Le
colloque fût divisé en quatre blocs thématiques.
Le premier a porté sur les processus de
négociation et les conflits de développement,
notamment dans les rapports conflictuels de
négociation entre les entreprises et les acteurs
territoriaux, ainsi que dans les façons de
réclamer une réapparition de la gouvernance
locale. Le deuxième bloc a abordé les concepts
théoriques jugés rassembleurs et leur application
concrète pour une nouvelle matrice territoriale,
soit par un ancrage féministe ou par l'entremise
du municipalisme pour une émancipation sociale.
Le troisième bloc compris des présentations
théoriques et empiriques visant à soulever les
critiques et les défis du développement alternatif
sur les territoires. Le quatrième et dernier bloc a
porté sur les expériences empiriques du
commun, soit par des pratiques économiques ou
des applications dans le milieu culturel et
artistique.
Ce lieu d'échange se veut inclusif avant tout.
Cela dit, tout le monde fût invité à prendre part
aux discussions qui suivront les présentations
tout au long de ces deux jours. Notez que le
colloque s’est déroulé du jeudi matin à 8h30 et
s’est terminé le vendredi à midi. Un 6 à 8
convivial a aussi été organisé le jeudi soir au
Bercail.
L'organisation du colloque a compté sur un
réseau de solidarité local permettant de faciliter
les déplacements des collègues de l'extérieur du
Bas-St-Laurent et de rendre le tout plus agréable
possible (comme un bon café le matin en
arrivant!). Nous tenons à souligner la
collaboration
du
Groupe
de
recherche
interdisciplinaire sur le développement régional,
de l'Est du Québec (GRIDEQ), le généreux
soutien logistique et financier du Regroupement
des étudiantes et étudiants en développement
sociale (REEDS) ainsi que l'appui financier du
Syndicat des professeurs et des professeures de
l'UQAR (SPPUQAR) et de l'Association générale
étudiante du campus de Rimouski de l'UQAR
(AGECAR).
Nous avons aussi eu la chance d'avoir la
projection d'un documentaire, Et maintenant, nos
terres, vers la fin de la première journée du
colloque. En collaboration avec le Comité d'action
internationale
CIBLES-UQAR
qui
organise
l'activité, une discussion a suivi le court-métrage
portant sur la résistance à l’accaparement des
terres en Afrique de l'Ouest.
Ce colloque a répondu à plusieurs objectifs
pédagogiques, soient la mise en pratique de nos
habiletés en recherche et la communication des
résultats de façon synthétique et enrichissante
pour les personnes présentes qui évoluent dans
différentes
disciplines.
D’autres
objectifs
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Le développement
au cœur des régions
Article paru sur le site du Mouton Noir
(23 janvier 2016),
écrit par Christian Duguay (étudiant en
Développement social) et Yann Fournis
(enseignant et chercheur au GRIDEQ)
Le développement des régions reste une épine
dans le pied de la société québécoise. En
témoignent la méthode (encore nébuleuse) pour
créer une croissance économique régionale ou
les hésitations historiques du gouvernement, qui
a appliqué successivement des mesures
contradictoires pour développer les territoires
du Québec. Malgré certains succès, ces
tentatives ont donné des résultats assez
mitigés, allant jusqu’à susciter récemment une
réorientation sévère. Avec un optimisme qui ne
convaincra que les convaincus, le gouvernement
parie désormais sur une concentration des
ressources sur les maillons forts du système
territorial (les villes et régions centrales) – à
charge, pour les autres territoires, de trouver la
solution miracle pour réconcilier austérité et
développement. Or, les territoires font face avec
dynamisme à ce coup de tabac politique.
réfléchir à la diversité des innovations
nécessaires
au
développement
territorial.
Déclinée en cinq piliers (culturel, économique,
environnemental, politique et social), cette
définition dynamique des territoires rappelle que
la mobilisation citoyenne est sans doute
meilleure conseillère que l’austérité comptable.
Nous avons retenu quelques-unes de ces
tendances et idées novatrices.
Deux
piliers
développement
social
des
territoires
ruraux :
culturel et développement
Repenser le développement territorial
Illustrant certaines des lignes de la redéfinition
actuelle de ce qu’est la ruralité au Bas-SaintLaurent, deux conférences ont mis en évidence
la présence de ressources qui, discrètes,
peuvent s’avérer précieuses pour les territoires
périphériques.
Au Bas-Saint-Laurent, les acteurs territoriaux
travaillent leur potentiel de développement pour
tenter de compenser par leurs propres forces
les contraintes nouvelles posées aux territoires
périphériques. Le récent colloque sur les
« potentiels de développement », dont la
quatrième édition était organisée par la MRC de
la Mitis à Mont-Joli le 14 novembre 2015, va en
ce sens. Placé sous le signe des enjeux
nouveaux du développement rural, le colloque
entendait réunir les acteurs du territoire pour
D’abord, le développement culturel recèle sans
doute des pépites si l’on sait les découvrir. Ainsi
du paysage qui, au Bas-Saint-Laurent, est un
atout fort : il est reconnu comme partie
intégrante de son développement économique
par nombre d’acteurs locaux présents au
colloque. Pour peu que l’on sache penser
l'impact visuel du développement, les paysages
seront un vecteur majeur pour le tourisme,
offrant une expérience visuelle unique qui
marque souvent les souvenirs des visiteurs. Plus
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largement, ils sont aussi au cœur des territoires,
entre
identité
positive
et
patrimoine
à
sauvegarder. Cette prise de conscience a ainsi
donné naissance à la charte des paysages du
Bas-Saint-Laurent en 2015, qui a entamé une
revalorisation symbolique de leur rôle dans le
développement économique et social des
territoires.
Hiver 2016
qui prennent l’austérité pour une politique, ce
n’est pas rien.
Ensuite, la thématique sociale peut aussi être
comprise comme composante du développement
régional ou, mieux, d’une occupation imaginative
du territoire. Le projet initié par le fonds foncier
communautaire TerraVie (P. Casavant et N.
Fafard)
propose
des
formes
d'habitation
alternative, dont l’approche écologique préserve
l’environnement.
Divers
procédés
de
construction, écologiques et autonomes, peuvent
désormais conférer aux constructions une
autonomie énergétique totale et assurer la
préservation des habitats naturels. Par leurs
plans d'urbanisme, les municipalités pourraient
ainsi devenir des moteurs d’une nouvelle
approche d'aménagement urbain, verte et
durable, dans le sens de la réduction des espaces
utilisés par les activités humaines pour
maximiser les espaces verts (avec en hypothèse
un impressionnant ratio d'espace naturel, autour
de 75%).
Ce colloque offre une définition finalement
ambitieuse du développement en train de se
faire. Le développement est la concrétisation de
l'imaginaire dans un espace réel partagé et qui
vise à transformer la réalité présente pour
l’adapter aux besoins de la communauté. En ce
sens, l'objectif du développement est de répondre
aux besoins vitaux d’une communauté. Sans être
quantifiables, ces besoins sont primordiaux en ce
qu’ils
engagent
la
communauté
comme
imaginaire collectif porté par des actions
humaines. L'imagination reste cet outil singulier
de qui veut le développement, parce que son
potentiel est illimité : tant qu'elle animera les
personnes soucieuses de l’avenir de leurs
territoires, le pire n’est pas sûr. Et, face à ceux
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L’égotourisme. Une nouvelle
forme de construction
identitaire ?
Par Audrey-Anne Gauthier,
Etudiante en Développement social
Les touristes ont horreur de regarder.
L'appareil regarde pour eux.
Quand ils ont fait clic-clac, ils ont amorti leur voyage.
Les piles de photos qu'ils conservent
Sont autant de diplômes certifiant qu'ils se sont
déplacés.
- Jean Dutour
Partir à l’aventure. Découvrir le monde. Chercher
un ailleurs qui n’est pas ici. Vouloir découvrir de
nouvelles cultures et s’en imprégner jusque dans
le fond de son être. Comprendre que le bout du
monde existe. Qu’il est accessible. S’ouvrir aux
autres, s’ouvrir à soi à la fois.
Depuis la nuit des temps, que ce soit par motifs
économiques, politiques ou afin de conquérir de
nouveaux territoires, les individus cherchent à
explorer les quatre coins du monde afin de
découvrir des lieux jusqu’ici inconnus. Les
nombreux récits de voyages des explorateurs, des
rois, des philosophes ou encore des écrivains, ont
laissé de multiples traces de leurs périples
décrivant ainsi un Ailleurs rempli de différences.
Ce désir d’aventures et de découvertes devient
alors un désir de rencontrer l’Autre, de faire des
rencontres inspirantes et de transcender les
mœurs et coutumes du pays d’origine.
Au milieu du XIXe siècle, les discours sur le
voyage changent et une nouvelle façon de le faire
s’impose : le tourisme. Selon Jean Cassou (1967),
cette époque est marquée par ce nouveau
phénomène des sociétés occidentales qui
introduit le voyage de masse, c’est-à-dire que la
mode est au groupe de voyageurs foulant le sol
d’un autre pays, tentant d’observer le plus
d’attractions et de lieux possibles en un court
laps de temps. La tentative de compréhension
d’un autre monde et la découverte de l’Autre se
perd
tranquillement
dans
les
déboires
architecturaux et muséaux des principales villes
du monde. L’essence même du voyage se dissipe et
la curiosité de l’Autre se perd. Mais qu'est-ce que ce
rapport à l'autre? Ce concept est polysémique. Il
peut changer de sens selon la situation et le
moment dans lequel il s'insère. On se rapporte
souvent à la définition de différence; « est autre ce
qui n'est pas la même personne ou la même chose »
(Jodelet, 2005 : 11). Cette vision de l'autre est
basée historiquement sur un ensemble de
conditions reliées à la temporalité, à la culture et à
l'environnement :
[…] l'autre étant défini en regard de «
l'identité d'un observateur occidental
archétypique », soit par sa localisation
dans un ailleurs géographique et dans un
lointain culturel, soit par sa position de
retrait ou de retard sur la trajectoire d'une
évolution historique dont les étapes
seraient censées conduire à une identité
de civilisation (Jodelet, 2005 : 12)
En ce sens, un article de presse d’Émilie FolieBoivin (2015) paru dans Le Devoir le 26 janvier 2015
explique l’influence de la technologie dans notre
façon de faire du tourisme. Aujourd’hui, tout bouge
à une vitesse fulgurante. Les réseaux sociaux et les
technologies ne sont pas étrangers à ce
mouvement. Les technologies mobiles sont si
présentes
dans
notre
quotidien,
qu’elles
transforment concrètement la manière de voyager et
la représentation du monde que l’on se fait. Paul
Arsenault, professeur à l’ESG-UQAM et cité dans
l’article du Le Devoir, explique que « la mise en
scène de soi est devenue extrêmement dominante.
[…] Pour certains voyageurs, il importe plus de se
prendre en photo devant un endroit photogénique et
spectaculaire que de visiter une destination et d’en
comprendre la culture » (Folie-Boivin, 2015). Cette
manière de voyager a maintenant un nom :
l’égotourisme. Les réseaux sociaux et les appareils
mobiles ont nettement contribué à développer ce
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genre de tourisme : un tourisme dont le voyageur
est le principal intérêt, le personnage principal de
son histoire, une sorte de héros de l’aventure et où
la proximité avec la culture d’accueil devient
superficielle et secondaire.
Reconnaissance et identité
Selon Claude Dubar (1992), l'identité se rapporte à
un ensemble de caractéristiques personnelles et
provenant de l'environnement social, qui nous
définissent en tant qu'être unique et différent et qui
compose la personnalité. L'identité est un mélange
à la fois influencé par ce qui est extérieur à soi et ce
qui se retrouve en nous, puis grâce aux relations
sociales qui font partie de nos vies. Cette identité
est donc en partie construite par soi et par les
autres. Vincent de Gaulejac (2002) distingue trois
différentes composantes à la structure de l'identité :
[…] d'abord une identité objective héritée
(de la famille par exemple) et qui est très
difficile à transformer. Puis, on retrouve
l'identité acquise, celle qu'on enrichit jour
après jour avec les apprentissages que
l'on fait en lien avec notre environnement
et les interactions quotidiennes. La
dernière est l'identité subjective désirée,
c'est-à-dire celle qu'on souhaiterait avoir
ou qu'on aspire à devenir tout en étant
parfois un peu idéaliste (De Gaulejac,
2002 : 176)
Cette identité multiple nous définit en tant qu'être
unique et nous permet d'évoluer et de trouver
l'équilibre entre ce que nous avons été, ce que nous
sommes et ce que nous voulons devenir et/ou
accomplir. L'influence de nos interactions sociales
joue un rôle sur ce que nous sommes ou voulons
être. La reconnaissance par les pairs devient un
enjeu central dans le développement de notre
identité. La reconnaissance est un échange de
valorisation entre l'individu et la société qui permet
de mieux s'adapter à son environnement et d'être
reconnu soi-même comme un autre (Coutu, 2015).
Dans cette quête de désir de reconnaissance (pour
prendre sa place, pour augmenter sa valeur
personnelle, pour être mieux compris etc.), on peut
aussi se confondre dans la masse et tenter de faire
comme tout le monde. En voulant parfois se faire
reconnaître par ses pairs, n'y a-t-il pas un danger
qui ferait en sorte qu'au final l'identité unique ferait
place à une identité uniformisée?
Hiver 2016
Égotourisme
La reconnaissance des pairs dans la construction
identitaire peut se faire par plusieurs moyens et le
phénomène nouveau de l'égotourisme peut en être
un. L'égotourisme est donc cette manière de
voyager qui renvoie toujours à soi-même sans se
soucier de l'Autre. La culture locale du pays visité
devient accessoire. Les égotouristes prennent des
photos sur des lieux historiques sans même les
visiter, en tentant de découvrir le plus de choses
possibles en un court laps de temps, sans jamais
oublier d'immortaliser chacun des lieux. Ces photos
permettent de prouver à quel point la vie d'un
individu peut-être enviable et donc d'une certaine
façon reconnue par les pairs puisque c'est quelque
chose auquel plusieurs personnes aspirent. Cette
façon de faire du tourisme, cette manière qu'ont les
individus de s'approprier des lieux sans même les
connaître seulement pour montrer aux autres leur
exploit ou leur bonheur, dénature complètement
l'idée du tourisme et du voyage, qui est partie d'une
volonté de découvrir l'histoire et la culture d'un
pays. Or, l'égotourisme empêche cette découverte
de la différence qui structure les relations sociales
et qui diversifie les interactions sociales et l'échange
de savoir. Cette recherche constante de la
découverte de soi, de son identité propre et de la
reconnaissance des autres de sa personne, entrave
l'ouverture au monde, à l'Autre et à la différence. À
force de désirer ardemment la reconnaissance de
l'autre, finit-on par oublier qui nous sommes
vraiment? En recherchant constamment l'équilibre
identitaire entre ce que nous représentons devant
les autres et ce que nous voulons paraître, y'a-t-il
une perte au niveau du sens que l'on donne à notre
identité?
En analysant ce nouveau courant du tourisme, on
peut se poser la question à savoir si cette façon de
voyager conduit réellement à la construction d'une
identité à ce type de voyageurs où si c'est seulement
une façon de se faire valoir par les pairs. Des photos
qu'on prend comme une sorte de trophée qu'on
expose à tout le monde. Il y a certes une
problématique avec ce type de tourisme puisque
l'essence même de la culture et de l'histoire
disparaît en dépit de l'individualisme et du rapport à
soi qui devient plus important que le rapport à
l'Autre.
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La portée des
territoires virtuels
Par Geoffroy Lambert,
Étudiant en Développement social
Ceci est un court essai sur l'existence et la portée de
territoires immatériels auxquels les facteurs les
caractérisant se présenteraient exclusivement dans un
univers virtuel. L'objectif est d'établir un portrait des
potentialités d'un tel territoire, de sa forme et de son
contenu.
Pour commencer, qu'est-ce qu'est le virtuel? Le virtuel
signifie l'univers des abstraits. Rapportons-nous à la
définition de Rob Shields, professeur de sociologie à
l'Université de l'Alberta et fondateur de la revue Space
and culture qui se spécialise dans les espaces sociaux,
qu'il développe à partir de dictionnaires; « that which is
so in essence but not actually so » (2003 : 2). Le virtuel
représente une idée ou un concept qui n'a pas
nécessairement de matérialité, ou encore qui n'a pas de
facteurs de représentations concrets. Établissant la
notion de manière aussi large, le virtuel est partout dans
notre culture, dans notre économie et dans une grande
partie des aspects de la vie de tous les jours. Une
majorité des flux économiques se font maintenant
virtuellement, la monnaie scripturale ayant largement
dépassée en terme de montant la monnaie physique,
fiduciaire. Des mouvements de mobilisations naissent et
s'épanouissent sur des réseaux sociaux. Mais le virtuel
ne se résume pas qu'aux univers informatiques. Le
virtuel compose une majorité des vecteurs de la culture
par la langue, les symboliques religieuses ou encore les
romans et les pièces de théâtre (Poulin-Lamarre et
Saucier, 2013 : 10). Bien que les deux termes soient
comparables, l'opposition entre le virtuel et le réel n'est
pas systématique. Il est parfois plus compliqué de
séparer et d'opposer les deux termes que de les
considérer comme inter-reliés. Le fonctionnement des
grands commerces, notamment, se fait généralement
en constante interaction entre le matériel et le virtuel.
Un article peut à la fois être physiquement présent sur
une étagère d'entrepôt, comptabilisé dans une liste
d'inventaire électronique et être affiché sur le site web
du commerçant comme disponible à la livraison. Trois
versions, virtuelles ou réelles, qui ensemble donnent une
utilité complète à l'article. Si l'article est affiché
disponible sur internet mais que par une quelconque
erreur, n'est pas présent en magasin, le virtuel a perdu
son utilité. Le contraire est aussi possible; si un article
est présent en entrepôt mais n'apparaît pas sur la liste
d'inventaire, il y a de bonne chance qu'aucun employé
ne le cherche puisqu'il en ignore son existence. Le
matériel perd alors son utilité, du moins jusqu'à ce que
quelqu'un retrouve l'article par hasard. Il serait donc
possible d'observer des facteurs physiques ainsi
qu'immatériels qui caractériseraient un territoire.
Cependant, pour approfondir la comparaison, il faut
davantage comprendre ce qui compose un territoire.
Il est probable que des biologistes, des géologues, des
politicologues et des historiens n'aient pas la même
définition. On peut penser à la quantité de ressources
ainsi que leur valeur monétaire, aux limites du territoire
ainsi qu'aux politiques le gérant, aux populations y
habitant et à leur culture ou encore au climat et à la
diversité naturelle qui y habitent. Puisqu'il faut bien
arrêter son choix quelque part, prenons une définition
sociologique que George Benko résume bien par trois
composantes; « le pouvoir, qui est lié à un espace; une
aire, dominée par le contrôle territorial; les limites, les
frontières, soit entre les espaces terrestres, soit entre
les activités sociales » (Benko, 2007 : 105). Si un acteur
au plan des univers virtuels remplit ces 3 concepts,
pourrait-on
alors
considérer
un
ensemble
d'immatérialités comme d'un territoire? L'internet
présente un espace fertile pour de telles hypothèses.
Les administrateurs d'un site internet paient pour rester
propriétaire du nom de domaine qui représente l'URL du
site. C'est à eux de délimiter les conditions d'utilisation
de leur site, représentant ainsi une forme de pouvoir.
Les domaines du www (signifiant world-wide web) sont,
comme leurs noms signifient, internationaux. La
clientèle à laquelle elle s'adresse et la portée de leurs
services peuvent par contre être territorialisées. Par
13
P’tite Parenthèse n°1
exemple, certains commerçants ne livrent que dans un
pays ou certaines régions proches de leur point de
distribution. Plusieurs des services offerts sur le site de
Revenu Québec ne s'adressent qu'à la population
québécoise. Certains organismes publicisent aussi leurs
services localisés sur internet tels que les organisateurs
d’événements ou de spectacles. Il y a la barrière
linguistique à prendre en compte; traduire un site
internet complet et mettre à jour régulièrement une
deuxième page dans une langue différente peut
demander
beaucoup
de
ressources
et
les
administrateurs doivent être certains que l'apport de la
nouvelle clientèle compensera pour les efforts requis (la
Société de l'assurance de l'automobile du Québec n'offre
toujours pas de traduction complète de leur site en
portugais). Ainsi, même un site internet international
peut couvrir ou « occuper » un espace virtuel précis.
Benko inclut dans sa définition de l'aire ou de l'espace
occupé la matérialité et les ressources disponibles dans
un territoire donné. L'équivalent immatériel et virtuel
des ressources existe aussi. Le quotidien d'actualité Le
Devoir a notamment commencé à rendre certains de ses
articles exclusifs aux abonnés de leur site internet. Des
distributeurs de logiciels, de musique et de jeux vidéos
comme la plateforme Steam ou iTunes offrent des
produits et des ressources disponibles uniquement sur
leur site ou par des distributeurs secondaires, encore
une fois virtuels, certifiés. Bien sûr, ces opérations
nécessitent tout de même des supports matériels
localisés; il est impossible de programmer et de vendre
en ligne un jeu vidéo si on ne possède pas un
ordinateur, un routeur internet et un clavier (et
préférablement au même endroit). Tout comme il est
impossible d'écouter une chanson télécharger sur son
portable sans haut-parleurs ou écouteurs. Ceci crée
néanmoins une ressource avec un potentiel économique
ou social propre au domaine virtuel. Chaque domaine
internet a une fonction précise déterminée par ses
administrateurs ou propriétaires, cernant ainsi des
limites aux activités, sociales ou économiques, de
l'espace virtuel. C'est pour cela que, généralement, on
ne demande pas à un commerçant sur Ebay installé en
Russie de remplir son formulaire de changement
d'adresse au gouvernement du Canada. Chaque
domaine qui offre des services ou qui établit des
échanges commerciaux à l'échelle internationale doit se
soumettre aux lois internationales sur les droits de
l'homme et n'opère donc pas hors de certaines limites
législatives. Certains espaces virtuels possèdent une
forme de distribution du pouvoir, concernent un aire ou
un territoire précis et détiennent des limites établies
entre ses activités sociales, remplissant ainsi la
14
Hiver 2016
définition bon sommaire de Benko sur le terme de
« territoire ». Un bon exemple serait les jeux vidéos
massivement multijoueur (ou MMO) où un monde virtuel
complet est, 24h sur 24 et 7 jours sur 7, en ligne. Les
joueurs peuvent se connecter à toute heure de la
journée et rencontrer n'importe quel autre joueur qui est
connecté en même temps et sur le même serveur. Pour
certains jeux, ce sont plusieurs centaines ou milliers de
personnes qui sont connectées à toutes heures de la
journée. Des personnes qui ont un avatar virtuel, qui
accomplit des tâches et rentre en interactions avec
d'autres individus, qui gère et échange à travers un
marché d'articles fictifs et tous utilisent un langage avec
des références et des expressions exclusives à l'univers
du jeu. Il me semble que tous ces facteurs peuvent être
associés à des indices de culture territoriale, bien que
ce soit pour un territoire qui n'est que virtuel.
Mon objectif était d'évoquer la possibilité de l'existence
de territoire virtuel. Les exemples énoncés cherchent à
prouver qu'il y a un contenu, comprenant des facteurs
de gouvernance, des ressources et des frontières qui
sont exclusifs à l'univers virtuel. Dans son article
« Territoire
physique/Territoire
virtuel :
quelle
cohabitation », Yann Bertacchini établit déjà un certain
portrait d'espace de communications et d'échanges
virtuels, mais garde son analyse détaillée pour les
processus de communication, de socialisation ainsi que
la formation des communautés virtuelles sur les bases
d'intérêts. Sa définition garde une territorialité physique
et s'exprime par l'ensemble des échanges virtuels
établis sur un territoire donné. Je suis bien conscient
que les définitions sur lesquelles je me base sont plutôt
limitées et peu exhaustives, mais puisque justement les
termes de « territoire » et de « virtuel » ont des
implications très larges, n'est-ce pas réaliste de penser
qu'il y a une place pour l'idée des territoires virtuels? Et
si oui, à quoi se découpent-ils? Est-ce à leur portée
géographique, ou serait-ce par domaine?
14
P’tite Parenthèse n°1
15
Hiver 2016
Retour photo sur la sortie terrain d’avril 2016
L’année 2016 s’est également ponctuée d’une
sortie de terrain sur la journée du 5 avril dans le
Haut-Pays des Basques. Les étudiants du
programme ont donc eu l’occasion de rencontrer
des acteurs de trois villages (Saint-Clément, SaintJean-De-Dieu et Saint-Rita) en charge du devenir
de leur territoire, à travers des expériences vécues
comme l’installation d’un chauffage au biomasse, la
création d’une Maison Familiale Rurale (MFR), la
lutte pour un bureau de poste ou encore la gestion
et le développement d’une érablière locale.
La journée s’est terminée autour d’un repas à la
cabane à sucre et d’une partie de tire sur neige.
15
P’tite Parenthèse n°1
16
Hiver 2016
16
17
Crédit Mélanie Marier
P’tite Parenthèse n°1
Hiver 2016
Le théâtre communautaire :
kossé-ça ?
Par Stéphanie Beaudoin,
Étudiante en Développement régional
Saviez-vous que… le théâtre communautaire
Un projet tout récent
Le théâtre communautaire peut parfois être
confondu avec théâtre social, théâtre engagé,
théâtre d’intervention, théâtre amateur etc.
cependant, le théâtre communautaire présente un
nombre de caractéristiques qui, combinées, lui
confère sa spécificité. Chaque projet se réclamant
du théâtre communautaire en intègre un nombre
différent. Ce qu’on retrouve le plus souvent, c’est
une collaboration entre artistes formateurs
professionnels et citoyennes et citoyens, de tous
âges, qui en sont à leurs premières expériences
théâtrales. Ce sont les citoyennes et citoyens,
appelés
voisins
acteurs
dans
l’imposant
mouvement de théâtre communautaire sudaméricain, qui détermine les thématiques
collectives au cœur de la création collective, et ce
sont aussi elles et eux qui sont au premier plan de
la représentation théâtrale.
Partant de leurs envies et de leurs talents, elles et
ils participent au jeu, à la musique, aux
mouvements, à l’élaboration et la construction des
décors, et parfois même à la mise en scène.
Idéalement, un projet de théâtre communautaire
émerge d’un besoin énoncé par la communauté
elle-même, en lien avec des préoccupations
sociales,
culturelles,
environnementales,
politiques, économiques, etc. La communauté
participante correspond souvent à un groupe
social marginalisé, ou écarté par le système
dominant. Le théâtre communautaire servirait
donc à ouvrir un espace de dialogue, de réflexion,
et à donner une voix, ainsi qu’un public pour
l’écouter, à des gens qui en ont moins souvent
l’occasion.
Les projets de théâtre communautaire cherchent
aussi souvent l’implication d’autres acteurs du
milieu, ou de l’extérieur : des groupes
communautaires, des instances de la santé, des
municipalités, qui peuvent apporter leurs idées,
leur soutien professionnel et financier, etc.
Dans une perspective de prise en charge du tissue
social par les communautés, un projet de theater
communautaire dans le haut-pays de la MRC des
Basques a eu lieu de février à mars dernier, mise en
oeuvre par UTIL, Unité théâtrale d’interventions
locales, avec des citoyennes et citoyens des
municipalités de Ste-Rita, St-Clément, St-Médard et
St-Jean-de-Dieu.
Après
une
première
série
d’exercices théâtraux et de réflexion sur les enjeux
avec lesquels leurs communautés sont aux prises,
les participantes et participants ont, de façon
commune, déterminé les sujets qui leur tenaient le
plus à coeur. C’est donc autour du sujet d’un pont
qui a été brisé entre les jeunes et les aînés, ainsi
que les rêves et la réalité, que s’est orchestrée la
représentation d’un Tribunal-théâtre, le 18 mars
dernier.
Voici les commentaires d’une étudiante en
développement social qui s’est déplacée jusqu’à
Saint-Jean de Dieu pour assister à l’évènement, qui
soit dit en passant a rassemblé plus de 100
personnes !
Très agréablement surprise ! Je trouve que le dosage entre
ressenti / partage d'une réalité vécue et le côté drôle de la pièce
était très bien géré ; par ailleurs, je trouvais ça super que ça soit
les habitants qui jouent la pièce (théâtre communautaire en
même temps) (et pis inter générationnel), mais ce qui était fou
c'est qu'en même temps on savait que c'était pas professionnel,
et que y avait une sorte de nonstress, pas de pression, mais en
même temps un professionnalisme naturel... Pas de temps mort,
le rythme était bon : enchainement des scénettes, utilisation de
l'espace et du décor. Enfin, l'espace donné pour le public de
s'exprimer, même si la première intervention est la plus dure à
lancer, y a eu un respect des prises de parole, qui étaient
vraiment intéressantes, spontanées et assez variées notamment
dans les âges). Bref, très belle expérience qui donne un gout de
"revenez-y" (comme on dit chez moi) !
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P’tite Parenthèse n°1
18
Hiver 2016
La non-mixité au sein du
mouvement féministe : un
espace pour les femmes,
par les femmes
Par Luce Lemieux-Huard,
Etudiante en Développement social
Les mobilisations féministes peuvent prendre des
formes diverses. Dans le but de combattre
l’oppression patriarcale, les groupes militants
s’organisent parfois en mixité...parfois en nonmixité. C’est le cas du nouveau comité féministe
de l’UQAR qui a choisi de se réunir entre femmes
et personnes s’identifiant comme telles. Les
réactions se sont montrées multiples :
questionnement,
colère,
incompréhension,
enthousiasme, soulagement. Or, la non­mixité
n'est pas phénomène nouveau et plusieurs
groupes féministes en revendiquent l'importance.
Comment comprendre la non-mixité dans les
cercles militants?
Mise en contexte
Que ce soit des regroupements de féministes
radicales tel que les Hyènes en jupons ou les
Centres de Femmes des différentes régions du
Québec, la non­mixité féminine est vue comme
une nécessité politique par plusieurs. Les
premières traces de non-mixité féminine au sein
de
mouvements
sociaux
occidentaux
se
rapportent à la Révolution française avec la
Société
des
citoyennes
républicaines
révolutionnaires (Mayer, 2014). Cependant, ici au
Québec, c'est lors de la Révolution tranquille que
les femmes féministes ont commencé à se réunir
entre elles et pour elles dans le contexte de la
non-mixité.
Les
soucis
d'empowerment,
d'autoémancipation et de création d'un espace
sécuritaire sont les principaux arguments
nommés par les féministes pour justifier leur
besoin de se retrouver entre femmes.
Empowerment et autoémancipation
Les Hyènes en Jupons, collectif montréalais de
féministes radicales, affirment : «Nos bâillons,
nous les retirerons nous­mêmes». C'est dans cet
esprit que les groupes féministes défendent la
non-mixité dans leurs cercles. Pour les membres
et les intervenantes des Centres de Femmes du
Québec, la non­mixité fait consensus (L'R des
Centres de Femmes du Québec, 2014). Ainsi,
elles avancent que les luttes féministes doivent
être menées d'abord par les femmes. Elles
doivent en être les principales actrices,
puisqu'elles sont les expertes de leur vécu et de
l'oppression qu'elles vivent quotidiennement. Ce
sont, toujours selon l'R des Centres de femmes,
les femmes elles- mêmes qui ont le pouvoir de se
donner les outils pour s'émanciper et pour
atteindre leurs idéaux féministes. Les femmes
s'offrent alors un milieu où les discours, le
vocabulaire utilisé, les priorités des luttes sont
choisis par elles pour elles. Ceci s'avère un besoin
pour bien des féministes, car au sein des groupes
mixtes, les combats des femmes se trouvent
souvent au second plan (Mayer, 2014).
Espace sécuritaire
La création d'un espace sécuritaire est l'une des
principales raisons qui incitent les femmes à se
réunir entre elles. En effet, ceci leur permet de
18
P’tite Parenthèse n°1
pouvoir partager leur vécu et leurs opinions en
limitant leur crainte d'être jugée, catégorisée
comme étant trop ci ou pas assez ça, ridiculisée
ou sous-estimée. En ouvrant ces groupes de
discussions féministes aux hommes, tant
pro­féministes qu'ils puissent l'être, les femmes
craignent de voir les enjeux féministes diminués
ou encore de voir les hommes prendre plus de
place que les femmes. Ainsi, la non­mixité permet
de fermer la porte aux discours antiféministes et
machistes qui auraient un effet oppressif pour les
femmes du groupe (L'R des Centres de Femmes,
2014). Elle permet aussi aux femmes de se réunir
dans un espace où les jeux de séduction et de
hiérarchie sont diminués, sans toutefois être
anéantis.
La place des hommes dans les mouvements
féministes?
Mais alors, quelle est la place des hommes qui
soutiennent les valeurs féministes? Pour les
Centres de femmes, les hommes peuvent être des
compagnons de luttes qui donnent un coup de
main au combat sans le mener eux-mêmes. Il
semble aussi qu'il soit nécessaire que les
hommes
se
disant
proféministes
soient
conscients de leurs privilèges masculins avant
toute chose. Francis Dupuis-Déri, professeur au
département de Sciences politiques à l'UQAM et
professeur
responsable
du
Groupe
interdisciplinaire de recherche sur l'antiféminisme
(GIRAF), a tenté, lui aussi, d'expliquer la place
des hommes dans les mouvements féministes. En
s’appuyant sur les écrits de différentes auteures
féministes,
Dupuis­Déri
prône
un
«disempowerment» des hommes sur les femmes.
C'est­à-dire qu'ils devraient eux-mêmes réduire
volontairement leur pouvoir de domination
(individuel et collectif) qu'ils exercent sur les
femmes et prendre par eux­mêmes la place de
soutien secondaire. Ceci a pour objectif de ne pas
recréer au sein même du mouvement féministe
les
schèmes
d'oppression
patriarcale
(Dupuis­Déri, 2008).
19
Hiver 2016
Les critiques féministes de la non­mixité
La non-mixité est, parfois, une question de
dissensus dans l'ensemble des mouvements
féministes. Deux critiques seront abordées ici.
D'abord, une première critique vient de la part
des féministes racisées qui ne se considèrent
pas représentées par le «Nous Femmes»
proclamé par les féministes majoritairement
blanches. En effet, ce «Nous Femmes» sousestimerait l'oppression raciste qui se multiplie à
l'oppression sexiste. La seconde critique vient de
la part des féministes Queer et trans qui ne se
sentent pas à l'aise dans cette séparation
drastique des genres, les poussant soit à
invalider le genre auquel illes s'identifient ou à
choisir entre deux identités qui ne leur
conviennent pas ou leur conviennent toutes les
deux (Mayer, 2014). Ces critiques sont
essentielles et devraient être le sujet d'une
réflexion approfondie de la part des cercles
féministes.
Page Facebook : Comité féministe de l’UQAR
19
P’tite Parenthèse n°1
20
Hiver 2016
Osti de straight
Par Guillaume Perrier,
Étudiant en Développement social
Votre orientation sexuelle n’est jamais utilisée
comme une insulte ? Celle-ci vous protège de tous
harcèlements ou d’agressions sur la voie
publique ? Vous n’avez pas à avoir peur de révéler
votre sexualité ? Vous êtes peut-être atteint-e du
trouble de la personne hétérosexuelle. Ce
syndrome
se
manifeste
parfois
par
la
méconnaissance de plusieurs privilèges vous
distinguant de vos homologues trans, bisexuels ou
homosexuels.
Dans
plusieurs
cas,
cette
méconnaissance de votre statut privilégié mène à
un comportement hétérosexiste. L’effet secondaire
principal est ici l’oppression systématique de
« toute
forme
non
hétérosexuelle
de
comportement, d’identités [ou] de relations »
(Bénibgui et Hastings, dans Julien et J.-Lévy,
2007 : 116)
Vous l’aurez compris, ce ton subversif ne vise
pas à culpabiliser les straight, mais plutôt à
remettre en lumière une violence invisible
envers les fif-tapettes-gouines-butch de ce
monde. Malheureusement, cette oppression
demeure toujours actuelle en 2015, au BasSaint-Laurent comme ailleurs. L’hétérosexisme,
c’est ce à quoi chaque individu se situant à
l’extérieur des normes sociales de la majorité
straight
est
confronté
au
quotidien.
L’hétérosexisme, c’est l’ensemble des préjugés
et discriminations favorisant les personnes
hétérosexuelles aux dépens des personnes
trans,
bisexuelles
et
homosexuelles.
L’hétérosexisme,
c’est
ce
qui
alimente
l’homophobie et la transphobie, tant dans la
sphère publique que privée. Eh oui. Parce que
ça existe. Parce que, même en 2016, je suis une
de ces (trop) nombreuses victimes d’actes
homophobes à Rimouski. Parce que la violence
psychologique et physique à l’égard des minorités
de l’orientation et du genre fait partie des réalités
tant urbaines que régionales.
Parce qu’effectivement, trop peu semble être fait
pour briser l’isolement et l’exclusion sociale de la
communauté
LGBTQ+
(lesbienne,
gaie,
bisexuelle, trans, queer et autres minorités du
genre et de l'orientation) au Bas-Saint-Laurent. La
stigmatisation
sociale
et
les
différentes
expériences de « discrimination, de victimisation
et de stress chronique » (Tremblait, Julien et
Chartrand, dans Julien et J.-Lévy, 2007 : 166)
chez les jeunes LGBTQ+ les rendent plus
susceptibles de développer des problèmes reliés
à la détresse psychologique comparativement aux
jeunes hétérosexuels. J’en profiterais pour offrir
une pensée à la mémoire de Leelah Alcorn, cette
jeune fille transgenre de l’Ohio qui s’est enlevée la
vie le 28 décembre 2014. Sa lettre de suicide
soulève que son geste est une réponse à la
pression familiale et sociétale à laquelle elle
faisait face (Fantz, 2015).
Or, quel est le portrait de la diversité sexuelle au
Bas-Saint-Laurent ? Au-delà de la stigmatisation
quotidienne, ajoutons à cette oppression l’aspect
régional
:
les
jeunes
LGBTQ+
sont
proportionnellement plus nombreux à réaliser
leur coming out dans les grands centres comme
Montréal ou Québec que dans les régions
comme le Bas-Saint-Laurent. Les jeunes LGBTQ+
20
P’tite Parenthèse n°1
en milieu périphérique soulèvent un malaise plus
élevé face à leur orientation, alimenté par un
faible anonymat, par l’invisibilité et la dispersion
des communautés LGBTQ+ ainsi que par
l’inexistence de lieux de rencontre (Chamberland
et Paquin, dans Julien et J.-Lévy, 2007). En
d’autres mots, il s’agit ici d’un cocktail propice à
l’isolement social. Plusieurs jeunes et moins
jeunes répondent ici à leur exclusion sociale par
l’exode vers les centres urbains (Ibid.). Le défi est
de taille : comment faire du Bas-Saint-Laurent un
espace
sécuritaire,
libre
de
toutes
discriminations, harcèlements et oppressions,
permettant l’émancipation de toutes et tous ?
Réfléchir le développement social et régional,
c’est aussi tenter de théoriser le changement
social. La mobilisation entourant la lutte à
l’austérité et aux hydrocarbures constitue
probablement un terreau fertile à la germination
de plusieurs idées portant sur l’avenir de notre
région. Toutefois, le cœur de celle-ci concerne
majoritairement la redistribution de la richesse,
invisibilisant toute question sur la reconnaissance
identitaire (mis-à-part la défense de notre identité
collective territoriale). On aime bien crier « Fuck
l’austérité ! » au nom de la messianique justice
sociale. Oui, mais encore ? Mais qu’en est-il des
femmes ? Des Premières nations ? Des minorités
culturelles ? Et, évidemment, des LGBTQ+ ? Doiton privilégier la lutte contre le néolibéralisme et
l’austérité budgétaire au nom de la oh sainte
justice sociale? Ou enfin se regarder le nombril et
se questionner sur notre rôle et notre place dans
l’émancipation
des
différences
culturelles,
sexuelles et de genre? Les derniers mois ont été
teintés
de
nombreuses
manifestations
rimouskoises
à
l’égard
des
politiques
économiques du gouvernement Couillard, mais
parallèlement, le sexisme, l’hétérosexisme et le
cissexisme1 frappent toujours. Les militantes et
militants qui s’activent à éveiller les consciences
sur ces systèmes d’oppression se font
malheureusement trop souvent répondre que
leurs causes ne sont pas urgentes, qu’il faut
21
Hiver 2016
d’abord sauver nos services publics, que de
toute
façon
l’égalité
sociale
a
été
institutionnalisée ou que les luttes féministes et
LGBTQ+ ne sont plus d’actualité… Wait a minute.
Comme si effacer les mesures d’austérité du
gouvernement
Couillard
créerait
automatiquement
un
espace
sécuritaire
d’émancipation pour toutes les femmes et les
minorités de l’orientation et du genre victimes
de la violence de notre cher hétéropatriarcat.
Laissez-moi en douter.
En attendant l’éveil collectif des consciences, le
17 mai prochain se déroulera la Journée
internationale de lutte contre l’homophobie et la
transphobie. Comme les dernières années, la
Ville de Rimouski hissera probablement le
drapeau arc-en-ciel en guise de solidarité avec
les communautés LGBTQ+. Ce geste rappelle
qu’il devient de plus en plus impératif que le
développement social et régional de nos
collectivités tienne en compte l’aspect de la
diversité des orientations sexuelles et des
identités de genre si l’on désire réellement, en
tant que communauté, instaurer une justice
sociale qui tienne compte de la reconnaissance
identitaire de toutes et tous. Or, d’ici là, chers
camarades straight, il faudra bien plus qu’un
drapeau pour ébranler, un temps soit-il,
l’hétérosexisme ambiant.
1
Le cissexisme est le phénomène de considérer comme
norme sociale la concordance entre le sexe biologique et le
genre correspondant aux attentes sociales, invalidant de ce
fait le genre d’identification des personnes trans.
21
22
P’tite Parenthèse n°1
Hiver 2016
Make Haute-Gaspésie
great again !
Par Luce Lemieux-Huard et Charles Gagné,
étudiants en Développement social
Le Conseil du patronat du Québec souhaite la
fin de la Gaspésie parce qu’elle n’est pas assez
rentable pour le reste de la province. Le rêve :
le plus grand parking du Québec, à flanc de
montagne! Des personnes se lèvent afin de
montrer leur majeur à Yves-Thomas Dorval et sa
gang. Une seule solution : Vive la HauteGaspésie LIBRE!
On va se le dire : ça va mal à shop! La
Haute-Gaspésie perd son IGA. La chaine
canadienne de supermarchés Sobeys décide de
fermer boutique, pour de bon, après 40 ans.
C’est à peu près 50% des supermarchés dans le
territoire nord-gaspésien. De l’autre côté de la
rue, le Metro-GP s’en lèche déjà les babines avec
son futur monopole. Non seulement la
population locale perd de nombreux emplois,
elle perd également un symbole parce que, 40
ans, c’est pas rien. Mais ce n’est qu’une longue
suite d’événements tristes et enrageants pour la
Haute-Gaspésie.
En effet, la municipalité régionale de comté
(MRC) est atrophiée d’une de ses deux
travailleuses de milieu. On souhaite « bonne
chance » à celle qui reste. Il s’agissait pourtant
d’une personne qui se dévouait à la région
depuis 11 ans. L’endroit souffre de divers maux
démographiques, économiques et sociaux. Son
départ ne fera qu’accélérer un processus de
dévitalisation du territoire nord-gaspésien. Elle
brise l’isolement. Les jeunes sont évidemment
peu nombreux, raison de plus pour ne pas
retirer aux adolescentes et aux adolescents de
la région toute la vitalité qu’elle apporte de par
son travail.
Parlant de vitalité, Exploramer risque de
fermer, pour de bon. Le pôle de la connaissance
scientifique en Haute-Gaspésie, la fierté des
citoyennes et des citoyens de la place. Mais ce
n’est pas grave puisque de toute façon, avec les
nombreuses coupes chez Orléans Express, les
gens ne pourront même plus se rendre par
autobus dans la MRC.
La rapine économique dans laquelle nous
sommes empêtrés n’a rien à foutre de la HauteGaspésie. Elle ne prône que l’hégémonie
économique des gros sur les petits. Montréal vs
Gros-Morne, watch out! Et le gouvernement lui? Il
s’en lave les mains. Tel Luka Rocco Magnotta, il
coupe partout. Surtout là où ça fait mal, dans
les régions dévitalisées. Bref, il souhaite lui
aussi la fin de la Haute-Gaspésie.
Pour une Haute-Gaspésie… libre!
Comment faire pour contrer un État
corrompu qui couche dans le même lit que le
Conseil du patronat du Québec, la mafia, les
banques… bref, ceux qui ne partagent pas ben
ben la couverte? Comment faire pour cesser le
montréalo-centrisme qui écrase sans arrêt les
régions périphériques : phénomène qui pille les
ressources des régions pour enrichir la
métropole
gloutonne
du
Québec?
Ces
questionnements et les autres problématiques
préalablement cités ont toutes la même
constante : l’abandon des régions comme la
Haute-Gaspésie par les gouvernements du
Québec bleu et du Canada rouge. Dans une telle
22
P’tite Parenthèse n°1
23
Hiver 2016
optique, il n’y a qu’une solution.
Par
la
présente,
nous
réclamons
l’indépendance de la Haute-Gaspésie, brune!
C’est simple, un pays, de Capucins à SainteMadeleine-de-la-Rivière-Madeleine.
Avec
les
montagnes, la forêt et la mer à perte de vue, il
s’agirait du plus meilleur pays du monde. La HauteGaspésie possède les ressources naturelles : du
vent pour l’énergie électrique, du bois, un
potentiel minier, des rivières, des lacs, une faune
ainsi qu’une flore diversifiées et le fleuve SaintLaurent. On y compte également des personnes
motivées qui sont prêtes à développer de
nombreuses initiatives. Par exemple, il y a la
Coop du Cap à Cap-au-Renard avec ses huiles, ses
savons, ses graines, etc. Ou encore le Sea Shack,
une auberge festive à Sainte-Anne-des-Monts bien
connue par les jeunes. Des entrepreneurs et des
entrepreneuses développant différentes activités
économiques telles que le cannabis (Clin d’œil à
Justin). Les ressources naturelles et humaines
sont là, il ne manque que les instances politiques
pour avancer.
Y’en a marre des politicailleries, des
parlementeurs et des parlementeuses qui ne
servent que l’intérêt des big shot amis des partis
politiques et qui saccagent les ressources hautegaspésiennes. Quand on accuse nos régions de
ne pas être rentables, nous devons cesser de
répliquer par la logique marchande. Pas rentable?
Fuck off! La Haute-Gaspésie a plus à offrir. Pour
éviter de répliquer un système corrompu où une
autre élite zélée déciderait de tout, le système
politique de la Haute-Gaspésie libre sera le
municipalisme libertaire. Avec ce système
autogestionnaire, toutes les citoyennes et tous les
citoyens auront une voix, même les personnes
muettes. À travers des assemblées municipales
démocratiques, les individus décideront de leur
devenir, ensemble. En Français (ou pas)!
Tabarnack!
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Hiver 2016
SUPER!! Tu connais maintenant l’existence du
Forum social mondial! MAIS…
Il existe aussi le Comité FSM 2016 du Bas-Saint-Laurent, à Rimouski, qui a comme
objectifs de faire la promotion du FSM 2016, ainsi que de susciter et faciliter la
mobilisation de la population bas-laurentienne en organisant une délégation régionale,
où l’organisation de transport et d’hébergement des plus accessibles possibles, font
aussi partie du mandat du Comité. Ce Comité est essentiellement composé à la base de
gens s’étant impliqués dans le Comité de suivi du Forum Bas-Laurentien, qui s’est
déroulé en 2014 à Saint-Mathieu-de-Rioux et en 2011 à Esprit-Saint.
Il existe plusieurs moyens de s’informer et/ou de participer au FSM 2016, ou encore
même sur le Comité FSM 2016 du Bas-Saint-Laurent, via les différents liens cidessous :
•
•
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Le site web du Forum social bas-laurentiens : forumsocialbaslaurentien.org
La page Facebook du « Comité FSM 2016 du Bas-Saint-Laurent »
Le site web du Forum social mondial 2016 : fsm2016.org
Vous pouvez aussi écrire à la boîte courriel du Forum social bas-laurentien
([email protected]) pour avoir de plus amples informations sur les
modalités d’inscription pour la participation aux ateliers qui se dérouleront pendant le
FSM à Montréal, ou même pour présenter un atelier, et si vous souhaitez faire partie de
la liste d’envoi du Comité FSM 2016 du Bas-Saint-Laurent, afin de vous informer sur
l’avancement de ces démarches (promotion, transport, hébergement, etc.), des
dernières infos mises à jour sur le FSM 2016 ou pour connaitre les prochaines
rencontres du Comité.
UN AUTRE MONDE EST NÉCESSAIRE.
ENSEMBLE, IL DEVIENT POSSIBLE! (FSM 2016)
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P’tite Parenthèse n°1
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Hiver 2016
Références bibliographiques
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P’tite Parenthèse n°1
Hiver 2016
L’année 2015/2016 en photos