taine alarme
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taine alarme
LETTRES DE HOLLANDE lune et le soleil. Une simple promenade en pleine Europe, sans quitter la terre ferme et sans s'écarter des ligne»de chemins de fer, ce serait pour eax qui révélation iBe notre correspondant particulier) pourtant serait et une ce repos; un amèneraitl'apaisement, le rapprochement des es- Une nouvelle brochure de poétique internationale. prits. M, Verne n'a pas « vu » le livre qu'on lui deLa Haye, 30 décembre. mandait, et il l'a dit nettement et brièvement à son correspondant accidentel. « Nous autres Hollandais, disait un jour le baron Si nous ne connaissons pas assez l'Allemagne, X. à l'un de •mes amis, nous ressemblons à la nous connaissons trop les Allemands, et nous tourbe, qui s'allumelentement, mais quibrûle longavons eu l'occasion trop récente de les connaître temps. » Cette image, plus expressive que noble, sous leur aspect le moins attrayant. Un roman de m'est revenue à l'esprit en voyant paraître la broM. Jules Verne n'y ferait rien. Pour prendre à tâ- chure de Friso, Geeft acht! ce qui peut se traduire che de nous présenter nos vainqueurs sous des de- par Attention! Cet anonyme frison, me suis-je dit, hors aimables et séduisants, il lui faudrait sans au- est bien un Hollandaisauthentique. Il y a cinq mois cun doute beaucoup se contraindre, et il n'arrive- qu'a paru la brochure tapageuse d'Aldegonde Face rait qu'à indisposer contre lui son public sans le contre la France! persuader. S'il se bornait à faire passer, sous le Tout le bruit qu'elle a fait peu à peu s'est apaisé, couvert d'aventures romanesques quelconques,une on pourrait même dire s'est éteint. Elle semblait description de sites et de monuments, un choix de définitivement tombée dans l'implacable oubli. notions géographiques, on ne voit pas bien en quoi Mais, voilà, dans l'ombre une réponse se préparait, la réconciliationréconcourir à pourrait la tourbe s'allumait lentement, et c'est ainsi son livre vée par le docteur berlinois, et, de plus, il serait que nous avons aujourd'hui cette brochure qui solparfaitement superflu. Nous avons sous la main licite l'attention et qui l'obtient. Décidément, la tout ce que nous pouvons désirer pour étudier la Hollande n'est pas la France, la Haye n'est pas Pagéographie de l'Allemagne; nous avons des ma- ris. Vous dévorez les idées, les faits, les hommes; nuels, des cartes, des guides et même des indica- ici nous vivons sans nons presser, réfléchissant à teurs de chemins de fer; un roman n'y ajouterait loisir, n'oubliant rien et laissant, sans nous trourien. bler, tourner la terre. et nos moulins. 11 est vrai que l'Allemagne est le pays de l'EuLa brochure d'Aldegonde était d'un stratégiste rope, et l'un des pays du monde sur lequel il pa- qui semblait avoir été chercher ses idées et parfois rait n notre époque, chez nous, le moins d'impres- son style au delà des frontières, ce qui a permis au sions de voyage et surtout de séjour, le moins d'é- général Booms de l'appeler un faux frère à la voix ludcs faites sur place et d'après nature. On ne peut mal déguisée. Celle de Friso est d'un politique qui citer en ce genre qu'un petit nombre de livres fran- s'inspire de la plus pure tradition hollandaise. On y çais contemporains encore en citerait-on plus d'un trouve un peu de tout aperçus de sociologie généà qui nos voisins ont le droit d'appliquer cette rale, considérations diplomatiques sur la triple alépithèto de superficiel qu'ils aiment tant à liance, la guerre de 1870, les rapports de la Holnous prodiguer ce sont des notes hâtives prises lande avec la Prusse dans le passé. Mais à travers au cours d'excursionsrapides faites comme à regret tous ces développements,qui sont un peu des dist a la dérobée. Mais cela ne fait que démontrer gressions, l'auteur marche à son but, comme ces que nous ne voyageons pas volontiers en Allema- fleuves de Hollande qui, à travers tous leurs méangne et que nous ne nous soucions guère d'y résider. dres, pourtant vont à la mer. Il veut renverser la Ce n'est pas de ce côté que se portent nos pensées thèse d'Aldegonde, que la Hollande, pour assurer quand nous rêvons d'un voyage d'agrément la son avenir, a besoin dès maintenant d'une alliance, frontière commence trop près, et nous avons trop et que cette alliance ne peut être que celle de l'Alde froissements à attendre pour nos sentiments et lemagne. Contre cette thèse, il fait valoir une foule d'obpour nos souvenirs. Même quand on est disposé à passer là-dessus, que l'on veut voyager pour s'in- jections plus ou moins nouvelles qui paraîtront déstruire ou s'installer quelque temps à l'étranger, on cisives à quiconque n'est pas incurablement gerest retenu d'aller de ce côté par la crainte de tribu- manophile. S'il y a un danger qui menace la Hollations. La vie n'a pas toujours été rendue facile à lande, il est du côté de l'Allemagne. Ce danger, le nos compatriotes en Allemagne,et il est indéniable, premier devoir de la Hollande, c'est de travailler par exemple, que les correspondants do la presse à le conjurer. Eh bien « tout fait supposer que française à Berlin ne s'y sont jamais sentis aussi à l'Allemagne n'osera pas violer notre neutralité si l'aisn pour communiquer au lecteur toutes leurs elle sait que nous considérerons une telle violation sensations que les correspondants allemands chez comme un casus belh. Se déclarer neutre et tenir ferme à cette déclaration, c'est donc pour la nous. Les relations qui se forment par des échanges de Hollande la seule manière rationnelle de réduire au vues sur des sujets scientifiques ou de recherches minimum les dangers qui menacent son indéen faveur de l'humanité sont celles d'où il est le pendance. Jamais nous n'irons nous jeter, par plus facile de bannir l'aigreur et que les frontières crainte et par lâcheté, dans les bras du parti qui arrêtent le moins. Des médecins français ont eu nous menace le plus. 'Notre bon sens et le sentil'occasion de se rendre en Allemagne lors du récent ment de notre honneur national se soulèveraient congrès, puis pour juger de l'invention du docteur contre une pareille conduite. » Koch, et il eût fallu, de part ou d'autre, un grand On le voit, à l'alliance avec l'Allemagne Friso manque de tact pour que les conversations sur de n'oppose pas l'alliance avec la France, mais la neupareils sujets ne prissent pas aisément le tour le tralité, une neutralité hautement proclamée et séplus courtois. Des communications naturelles se rieusement armée. En cela, il est bien l'organe de sont établies de tout temps entre savants des deux l'opinion publique; en effet, personne ici ne songe nations, s'adonnant à des recherches sur des sujets aune alliance avec la France en dehors, cela va semblables de chimie, de philologie, d'archéologie. sans dire, des éventualités d'une guerre européenne Sur tous les terrains, d'ailleurs, quand on vit et dans laquelle la Hollando se trouverait entraînée. veut vivre en paix, le mieux est de garder les Mais cette neutralité, dont il est le partisan conformes mais la cordialité ne se décrète pas et ne vaincu, n'empêche nullement l'auteurd'exprimer dépend pas d'un livre de plus ou de moins. les plus vives sympathies pour la France. Et en Les Allemands connaissent mieux la France que cela il est aussi l'organe de l'opinion publique. On nous né connaissons l'Allemagne Depuis la guerre a 'parfois parlé de l'existence d'un parti allemand et môme, ils voyagent plus volontiers chez nous que d'un parti français en Hollande; l'expression est nous chez eux, et surtout la proportion de ceux qui absolument inexacte. Il existe en Hollande des symvivent en France est infiniment supérieure à celle pathies allemandes que l'on rencontre çà et là, et des Français qui vont demander des moyens d'exis- des sympathies françaises que l'on trouve un peu tence à l'Allemagne. Il ne semble pas que cela ait partout. Les Hollandais peuvent jusqu'à un certain sensiblement atténué leur gallophobie. Il est dési- point admirer l'Allemagne contemporaine, ils n'airable que nous connaissions mieux l'Allemagne, ment pas cette Allemagne que la Prusse a faite à que nous nous rendions mieux compte par nous- son image. La France, au contraire, a pour eux un mêmes, non seulement des progrès qui se font dans attrait dont ils s'étonnent eux-mêmes, mais auquel ses universités, dans ses laboratoires, dans ses hô- ils se laissent aller. pitaux, mais des mouvements de son industrie, de Il faut voir comme Friso sait prendre la défense son commerce, que la concurrence qu'elle nous fait de ce peuple français dont Aldegonde avait parlé sur les marchés du monde nous soit moins sou- avec un mépris tout germanique. vent une surprise, que nous tâchions d'être aussi Vous appelez la Franco une nation conquérante. parfaitement au courant de ce que les Allemands Mais non la France a pu avoir des princes {ont qu'eux de ce que nous faisons; ce n'est pas un conquérants, elle-même n'a pas l'esprit de conquête. En 1870, le peuple français ne voulait pas la guerre; fom an géographique qui peut tenir lieu de cette vigilance. ce fut un coup de dé de Napoléon III. Et Friso cite les admirables brochures quo publiait après Sedan MARITIMES M. Groen van Prinsterer, un des plus nobles esprits et des plus beaux caractères que la Hollande ait produits en ce siècle, brochures dont le refrain était Sont nommés aux commandements nationfrançaise n'est pas responsable do la guerre. Du cuirassé d'escadre Y Amiral- Boudin dans l'cs- La hypocrisie de lui en faire eadre de la Méditerranée, M. Maréchal, capitaine C'est une iniquité et une de vaisseau. un crime et de lui en imposer le châtiment. La Hollande, dites-vous, doit à l'Allemagne de Du croiseur le ChdtcaurenauU, M. Littré, capitaine de vaisseau. grandes personnalités et do grands exemples. AsDe l'aviso-transportle Drac, M. Douzans,capitaine surément, mais elle en doit aussi aux autres nade frégate. tions, à la France en particulier. « Est-ce que les De l'avisol'Actif an Sénégal, le lieutenant de vais- réfugiés français n'ont pas exercé une heureuse inseau de Ramcy de Sugny. développement de la civilisation dans De la canonnière Y Etoile, à Obock, le lieutenant de fluence sur le tous les pays où ils se sont établis Est-ce que la vaisseau Guillou. France, si cruellement frappée, grâce à ses ressourM. Barbey, ministre de la marine, a reçu la plu- ces presque inépuisables, grâce surtout à l'énergie part des rapports des chambres de commerce sur de ses habitants, ne s'est pas, au grand étonnement la création d'écoles navales commerciales. à l'envie de tous, rapidement relevée au Le ministre va constituer une commission mixte point qu'elle est aujourd'hui plus puissante qu'aucomposée de membres du Parlement, de fonction- trefois et que depuis la paix de Francfort, Paris, naires et d'officiers pour examiner ces rapports. par son Exposition universelle, est devenu le foyer de la lutte pacifique pour la civilisation et le progrès dans le domaine intellectuelet matériel ? » L'AFFAIRE PARNELL Plusieurs des grands intérêts de l'Allemagnesont d'accord avec les nôtres. Sans doute, mais d'auMM. Justin Mac Carthy, Sexton et Condon, tres leur sont contraires pêche du saumon, amémembres du Parlement, sont arrivés à Boulogne- lioration du cours du Rhin, commerce de transur-Mer, à une heure, ce matin, pour reprendre sit, etc. leurs conférences avec M. William O'Brien. C'est avec le peuple allemand que le peuple holLe correspondant de Londres du News lutter, de landais la plus grande conformité de caractère, a Belfast, annonce que M. Mac Carthy a décidé, sans mœurs, de genre de vie. Oui, c'est ce qu'on tenir compte d'aucun arrangement intervenu ou à do intervenir entre MM. Parnell et O'Brien, de con- dit là-bas. Notre langue y est considérée comme session du Parlement une sorte de dialecte de l'allemand et notre pays server pendant la présente les fonctions de leader auxquelles il a été élu par comme une partie de l'Allemagne(Voir les livres de la majorité du parti nationaliste irlandais. Il envi- géographie à l'usage des écoles). Mais, pour parler sagerait comme son devoir de ne se prêter à aucun ainsi, il faut bien peu nous connaître, nous et notre marché avec le chef déposé. langue. Un télégramme do New York annonce que M. me rappelle une anecdote qui ne manque pas John DiJlon, avant reçu un câblegramme de ses deCela piquant. Un jour à Berlin, dans un dîner diplocollègues lui demandant son avis sur la crise, aurait répondu qu'il ne pouvait se prononcer de loin matique, le comte Bismarck, il n'était pas enet se préparerait à partir aujourd'hui même 10 jan- core prince, avec cette franchise familière et vier pour la France. Il aurait dit à un correspon- quelque peu brutale qu'on lui connaît, interpellait le dant de l'agence Dalziel: ministre des Pays-Bas pour lui dire: « Vous, vous « Pondant les conférences entre MM. Parnell et n'avez pas même une langue qui soit à vous votre O'Brien, certaines difficultés ont surgi qui ne sau- hollandais C'est n'est qu'un patois allemand. raient être rendues publiques et que l'on me de- possible, répliqua le comte de mais cela ne nous mande de résoudre. Pour ce faire, il ost nécessaire craignant Tout la France. a pas empoché d'avoir une littérature avant que en » que je parte pour grammaire. eussiez de rétablissement nuisent une difficultés » vous au ne que ces Pour en revenir à notre auteur, après avoir ainsi Punion, M. Dillon espère qu'à son arrivée en France les conférences pourront être reprises et que le ré- élevé ce qu'Aldegondeabaissait et abaissé ce qu'il sultat tinal pourra être satisfaisant pour tout Irlan- élevait, il termine par cette conclusion qui ne mandais sincèrementdésireux de voir conjurer la crise. que pas d'une certaine fierté 11 a télégraphié à ses collègues pour leur recombientôt nos forces militaires être mises « Puissent mander de suspendre jusqu'à son retour la reprise ne soyons pas seulement un des hostilités en Irlande. On sait que M. Parnell eu un tel état que nous devait rouvrir lundi prochain sa campagne oratoire peuple qui aime la liberté, mais un peuple qui sait contre ses anciens collègues. M. Dillon espère que la défendre. peuple libre, serré auen son conseil sera suivi. 11 se propose de revenir » Alors nous resterons un Amérique reprendre sa tournée dès qu'un accord tour de notre maison royale, même au milieu des aura été conclu. plus sombres tempêtes. Interrogé sur la question de savoir s'il endossait u Alors celui qui voudra nous attaquertrouvera les projets de M, O'Brien, il a répondu «Je ne vois qu'aussi sur le sol néerlandais se tient ferme et pas d'inconvénient à dire que M. O'Brien et moi une garde sui' le Rhin » sommes en plein accord et y resterons vraisembla- fidèle Les Hollandais commencent aussi à prendre blement. Je suis convaincu que M. O'Brien agira et consciencedu rôle qu'ils pourraient avoir à jouer, pour le mieux dans l'intérêt du peuple irlandaisd'oJe le cas échéant, dans les affaires de l'Europe. Voilà ne vois guère de possibilitéd'une divergence pinion surgissant entre nous. » à quoi servent les brochures germanophiles Ici h'Eveniny Telegrapk, de Dublin, annonce que le ailleurs, on s'occupe de philosophie de l'hisgouvernement a lancé deux cents mandats d ame- comme quelle peut être, dans le monde, où il débar- toire, on cherche ner contre M. JW. O'Brien pour le cas de chaque peuple. Eh bien le profesquerait dans un port quelconque du Royaume-Uni. la mission de l'Université d'Utrecht, a trouvé que On fait remarquer que, par contre, M. Harrison, seur Brie, député parnelhste, égalementcondamné par le tri- la mission spéciale de la Hollande est d'empêcher formation bunal de Tipporary, est toujours en liberté et a pu la en Europe d'un empire universel. Au prendre part, sans être molesté, à la campagne do seizième siècle, la puissance qui menaçait d'écraser M. Parnell. l'Europe, c'était l'Espagne de Philippe II: elle renLe correspondant de Londres du Mercure de Li- contra devant elle la Hollande du Taciturne. Au verpool, amplifiantles inventions de la Saint-James dix-septième siècle, c'était la France de Louis XIV Gazette, croit savoir que si M. Gladstone se montre elle vint briser contrela Hollande de Guillaume III. se 8i favorable à la cause irlandaise, c'est, d'une part, Aujourd'hui on sait fort bien que la puissance enthousiastes parce que les applaudissements plus l'enivrent da- qui menace d'écraser l'Europe n'est ni au Sud ni à des députés celtes plus émotionnels vantage que l'approbation plus contenue des dépu- l'Ouest, et l'on se dit que, s'il n'y a plus d'Orangede d'autre à et, part, tés anglo-saxons, ses Nassau, il y a encore une Hollande, une Hollande cause prédilections cachées pour le catholicisme. On cite petite, mais brave et résistante, et que, dans ces ces sottises on ne les réfute pas. sanglantes parties d'échecs d'où dépendentles destiLe iloming Post, organe tory, somme M. Glad- nées du monde, il suffit parfois d'un pion pour gastone do déclarer s'il considère la retraite définitive de M. Parnell comme nécessaire ou s'il exige sim- gner la bataille. plement une retraite temporaire pour apaiser les scrupules incommodes d'une partie de ses adhéBULLETIN DE L'ÉTRANGER rents. Répondantlui-mémo d'avance aune question à laquelle il est fort douteux que M. Gladstone daigne répondre, le journal conservateur affirme {dépèches HAVAS ET RENSEIGNEMENTS particuliers) qu'il ne se peut agir dans la pensée du chef libéral que d'un ostracismeà temps, et part de là pour fléAutriche-Hongrie trir « l'hypocrisie dégradante qui caractérise » l'ilIS Indépendance belge publie udo dépêche devienne lustre homme d'Etat. qui contient une nouvelle à sensation, qu'on ne peut 11 est évident que cette attaque a pour but d'oxerqu'avec la plus grande réserve. Voici cer une pression sur le résultat des négocations accueillir engagées à Boulogne et de semer la zizanie entre cette dépêche le parti libéral anglais et le parti nationaliste irlanJ'apprends qu'une convention secrète a été signée dais, dont l'union, cimentée par les derniers événe- tout récemment entre le cabinet de Vienne au sujet de ments, irrite vivement les ministériels. -AFFAIRES ou »»i B. l'occupation éventuelle de Salonique. En vertu de cette convention, l'Angleterre s'engage à ne pas faire opposition éventuellement à la prise de possession du grand port macédonien par l'Autriche. Jusqu'en ces derniers temps, les projets de l'Autriche sur ce point avaient rencontré l'hostilité de l'Angleterre. On ignore quelles compensations offertes par l'Autriche ont amené le cabinet de Londres à céder. On suppose que ces compensations consistent dans l'appui sans réserve promis par l'Autricheà l'Angleterre dans sa politique en Turquie, en Arménie et en Egypte. Une certaine agitationreligieuse règne en ce moment en Dalmatie; L'évêqùe de Spalato avait publié un mandement pour interdire dans son diocèse la célébration de la messe en langue slave et en langue italienne, et il avait été formellement approuvé par le Saint-Siège. Cette nouvelle a causé un grand trouble dans le clergé. La Dalmatie catholique publie une protestation signée par trois cents prêtres environ, déclarant qu'ils refusent de se soumettre à cette décision. • Les journaux annoncent que le parti ouvrier viennois a décidé de célébrer encore cette année le 1" mai. Dans la matinée, on tiendra des réunions en faveur de la journée de travail de huit heures et du suffrage universel. Dans l'après-midi, fête au Prater. spécifie que la démonstration aura Le programme un caractère entièrement pacifique. fi' Angleterre !Í Les grévistes des lignes d'Edimbourg, Dundee, Perth, Stirling, Greenock cherchent à entrainerles employés du Glasgow South Western railway. Le premier magistrat de Glasgow a organisé un grand meeting en vue d'arriver à une entente entre les employés et les compagnies. Dans ce meeting, qui a été très tumultueux, on a adopté une résolution déplorant les résultats désastreux de la grève recommandant instamment aux grévistes et aux compagnies d'arriver le plus rapidement possible à une entente. Un comité, sous la présidence du premier magistrat, a été nommé à cet effet. On disait hier à Londres que M. Blaine suggérait l'idée de nommer une commission mixte qui étudierait sur les lieux les conditions du litige relatif de la mer du Behring. Deux commisaux pêcheries désignés. Les Etats-Unis seraient resaires étaient présentés par M. Henri Elliott, et la Grande-Bretagne par M. C.-H. Tupper, ministre du Dominion. Belgique La Gazette officielle annonce la nomination de M. Pety de Thozée au poste d'agent consulaire de Belgique à Sofia. Ce poste se trouvait être vacant de- puis plusieurs années à la suite de difficultés avec le gouvernement. La princesse Henriette, fille aînée du comte de Flandre, est atteinte d'unebronchiteaiguë. La maladie présente un certain caractère de gravité. Le prince Albert, second fils du comte de Flandre, est également obligé de garder la chambre. · On nous écrit d'Anvers •" On s'occupe beaucoup de la situation critique que fait aux ouvriers du port d'Anvers la persistance des glaces dans les bassins et aux abords. La navigation h voiles est interrompue sur l'Escaut depuis le 12 décembre, et la navigation à vapeur depuis le 31. En ce moment sont retenus à Flessingue une centaine de navires à destination d'Anvers. Un nombre égal de navires est bloqué dans les bassins. Il faut y ajouter environ 800 chalands ou allèges. Les préjudices causés dans le monde du négoce sont considérables, mais la détresse de la population laborieuse est immense. Celle-ci représente 15,000 ouvriers réguliers et 10,000 ouvriers d'occasion et de renfort au service de 46 corporations ou « nations u. r-i.ù-L' <• .". :)!. Uh- Suisse .?, ,;• ;•; > y-j M Knenzli n'a pas donné sa démission de commissaire au Tessin; il a simplement informé le Conseil fédéral qu'il ne peut demeurer plus longtemps au Tessin. Dans une réunion tenue à Bcllinzona les délégués radicaux ont décidé que leur parti devrait s'abstenir aux élections pour la Constituante. Une tentative a été faite en vue de l'ajournement des élections à la Constituante elle n'a pas abouti. Le Rhône est gelé à Genève, et la rade du lac est prise par les glaces. Le service des bateaux est suspendu. Le lac de Zurich est également gelé, et la circulation est interrompue. Italie -ï'4i1wn- Italie. ;\)1' i: Un journal écossais, le Glasgow Herald, raconte l'incident suivant qui s'est passé dernièrement à Rome Lord Dufferin, ambassadeur d'Angleterre, vint un matin rendre visite à M. Crispi. Celui-ci était assis à son bureau, et. sans se lever de son fauteuil, souhaita le bonjour à l'ambassadeur et lui désigna de la main siège. Lord Dutïerin. s'arrêta sur le seuil sans dire un mot. M. Crispi répéta son geste invitant Vambassaun deur à s'asseoir, mais celui-ci restait toujours immobile et muet. Alors le président du conseil finit par comprendre qu'il devait se lever pour recevoir l'ambassadeur d'une grande puissance, et il ^e fît. Saint-Siège M. Lehoux, peintre français, ancien pensionnaire de la villa Médicis vient de terminer la décorationde la basilique Santa-Croce in Gerasalommo. il y a représenté les sept œuvres de la Miséricorde, le Serles oumon sur la montagne, le Christ accueillant vriers de la miséricorde,les Saints et les Souverains mêlés à l'histoire de cette église. Dans le bas sont gardant les armes de Léon XIII, des figures d'anges du du cardinal-vicaire, pape Benoit XIV et de l'ordre des Cisterciens dont Santa-Croco est la maison mère.1-. ,• . •»: •> Espagne :i,,<•. La Gazette officielle publie le décret relatif aux fêtes du quatrième centenaire de la découverte de l'Amérique. Une commissionest nommée, dans laquelle le Portugalet l'Amérique sont représentés. L'ouverture du congrès des américanistes aura lieu à Huelva le jour anniversaire du départ de Christophe Colomb. Deux expositions auront lieu à Madrid au mois de.septembre. Elles concerneront: une, l'art rétrospectif, l'autre, les instruments de travail usités en Amérique au moment de la découverte. Une neige abondante est tombée à Grenade. Le thermomètre marquait hier six degrés au-dessous de zéro. Trois personnes sont mortes gelées une grande misère règne dans les villages. "< Portugal ••><«'].• crise minis- On parle à Lisbonne d'une prochaine térielle et d'un remaniement du cabinet en faveur des progressistes.j( Serbie Une dépêche de Vienne au Times porte que les conditions aujourd'hui proposées à la reine Nathalie par le gouvernement serbe sont les mêmes qui lui lurent faites en juillet 1889. C'est M. Ristitch qui vient do les lui soumettre do nouveau au nom de la régence et du ministère. Elles peuvent se résumer ainsi La reine résiderait à l'étranger. Elle serait autorisée à faire deux ou trois visites par an à son fils elle habiterait alors le palais royal et tous les honneurs royaux lui seraient rendus. La reine n'a pas encore répondu, dit la dépêche du Tintes, mais il est probable qu'elle fera verbalement connaître sa décision au jeune roi quand elle ira le voir mardi, premier do l'an du calendrier serbe. Afrique orientale On mande de Berlin au Morning Post qu'à l'insti- gation de l'ex-sultan de Vitou, Fumo Bakari, dont la tête est mise à prix, une insurrection a éclaté à Lamou. En présence de la gravité de la situation, le consul général britannique, sir C. Evan Smith, a réquisitionné des troupes du sultan de Zanzibar. M. Fowell Buxton, un des directeurs de la Compagnie britannique de l'Afrique orientale, vient d'adresser au Times une lettre dans laquelle il proteste contre l'oeuvre de destruction à laquelle s'est livrée, à Vitou, l'expéditionanglaise chargée de châtier les habitants de cette région à la suite du meurtre de l'Allemand Kunzel et de ses compagnons. M. Buxton fait remarquer que les représailles exercées ont été cruellement exagérées et qu'elles portent un coup funeste au prestige de l'Angleterre près des populationsnoires, prestige basé principalement sur la réputation de justice et d'humanité des Anglais. Cette dernière phrase, rapprochée des faits allégués par M. Buxton lui-même, des révélations sur Yambouya, de celles du Trulh sur le massacre de Bornéo, ne manque pas d'une certaine naïveté. Etats-Unis Les dernières nouvelles reçues de Pine Ridge confirment que plusieurs dos principaux chefs sont décidés à se rendre. Mais tandis que l'insurrection des réserves du Dakota parait toucher à sa fin, la situation s'assombrit au sud du Kansas. Les colons qui se sont, l'année dernière, jetés sur l'Oklohama éprouvent de très vives craintes. Divers indices feraient, en effet, redouter que les Indiens de ces régions ne se soulevassent à leur tour. D'autre part, des nouvelles du Canada disent quo les bandes d'Indiens du Dakota qui se sont réfugiées sur le territoire canadien y causent une certaine Un télégramme de New York annonce que YAngelus de Millet a été transporté hier à bord de la Gascogne qui devait appareiller aujourd'hui pour la France. Le colis contenant le tableau est adressé à M. Austin Robertson ouidoit le remettreà M. Chauehard. alarme... Chili tine (la Hija de Celestina), qui fut imprimée crédits demandés par le ministre" de la guerre. lor? Les dernières nouvelles venues du ChUi confir- pour la première fois à Saragosse, chezla veuve de la discussiondu budget, ont été, on le sait, augment que des troubles ont éclaté et donnent pour de Lucas Sanchez, en 1612. mentes dune somme de 250,000 francs* destinée accroître le taux des gratifications de réforme. Laà De la sorte, Molière prit à Scarron cause un conflit entre le général Balmaccda, présibien répartition dent de la République et les Chambres. Le prési- qui n'appartenaitpas à celui-ci. Cela un de cette somme permettra d'élever le est cer- taux des gratifications dans les conditions suivandent voudrait, parait-il, appliquer à 1891 le budget tain. Mais il reste à savoir si le grand comique de 1890, parce que les Chambresont refusé de voterr fourragea chez Scarron tes Adjudant, 310 francs au lieu de 280; sergentou chez Barbadillo lui- major et maréchal des logis le projet financier qu'on leur soumettait. L'armée chef, 260 lieu de n'a pas encore pris part à la lutte; mais la flotte même. Les poètes français du dix-septièmesiècle 230; sergent ou maréchal des logis, 230 au lieu de s'est prononcée pour le Parlement et a quitté Val- tiraient quelque vanité des larcins qu'ils faisaient 205; caporal ou brigadier, 210 au lieu deau190; solparaiso pour une destination inconnue. en Espagne, et il y avait plus d'honneur, sans dat, 200 au lieu de 180. Ces nouveaux tarifs sont mis en vigueur à dater doute, à mettre à contribution le seigneur BarOcéanie du 1« janvier, mais badillo que ce pauvre diable de Scarron. Corne s'appliquent point aux arrérages quoique payés échusnon 31 neille disait-il décemUne dépêche de la Nouvelle-Guinée annonce que an ne pas avec une préciosité sula tribu des Chasseurs de Têtes (Hcadhunters)ont perbe « J'ai cru que, nonobstant la guerre des bre 1890. massacré quarante colons et menacent un village deux couronnes, il m'était permis de trafiquer Suppression de l'arrondissement d'artillerie de voisin de la résidence du gouverneur, où se trouve en Espagne. Si cette sorte de commerce était Louai. dater A du 1er janvier, la direction d'arun actuellement M. Cameron, magistrat du district oc- crime, il y a longtemps que je serais coupable. tillerie do Lille ne comprendra plus qu'un arroncidental. Ceux qui ne voudront pas me pardonner cette dissement (Lille) et deux places comptables, Lille et Des troupes ont été envoyées à son secours. intelligence avec nos ennemis approuveront du Arras. moins que je pille chez eux. » Les congés d titre de soutien» de famille. loi Molière, dans le cas que nous examinons, de recrutement n'a pas indiqué le quantum deLaconpilla-t-il en Espagne ou chez le cul-de-jatte de gés à titre de soutiens de famille à attribuer aux la rue des Deux-Portes ? corps de troupe recevant moins de cent homme? C'est ce qu'il n'est pas très facile de discerner par année. L'article 22 stipule simplement que le DU PLAGIAT toutd'abord.On peut croire qu'il lisait l'espagnol nombre de ces congés ne pourra excéder 1 0/0 de de la classe. Il en résulte qu'un régiment Nous disions la semaine passée, à propos du comme la plupart des écrivains français de son l'effectif recevant, trois années de suite, quatre-vingt-dixFou et de l'Obstacle, que la recherche du pla- temps. Un de ses ennemis disait neuf hommes de chaque classe ne pourrait jamaia giat conduit toujours plus loin qu'on ne croyait accorder de congé à titre de soutien de famille. Or, muse en campagne aller et qu'on découvre le plus souvent que le il existe un certain nombre de corps ou services ne Vole dans mille.auteurs les sottises d'Espagne. prétendu volé était lui-même un voleur. (J'enpas cent hommes par classe et se trouEt remarquez en passant qu'on lui reproche, recevant vant dans cette situation peu privilégiée de ne tends voleur innocent et bien souvent voleur dans ce vers, non de voler, mais de voler des voir jamais accorder de congés de ce genre. Ilpouya sans le savoir.) Un érudit tourangeau, M. P. sottises. C'est là le plagiat comme on l'enten- là une lacune évidente de la loi. Pour la combler, d'Anglosse, nous en fournit à point un excellent dait siècle prendre le mau- le ministre de la guerre a ordonné de grouper, par exemple dans une notice que je viens de rece- vais au dix-septième arme et par service, tous les régiments, compaavec le bon, la balle avec le grain. voir. C'est de Molière et de Scarron qu'il s'agit. Quoi qu'on puisse penser de cette censure, à gnies, escadrons, sections se trouvant dans le cas Et, comme je trouve dans cette notice de quoi tout de ne pouvoir bénéficier des dispositions de l'armoins le impertinente, qui vise surtout les compléter et corriger ce que je disais tantôt, Plaisirs de l'île enchantée, imités d'une pasto- ticle 22 de la loi de recrutement et de lui adresser les demandes qui seraient soumises à ces corps ou comme l'une des œuvres en cause est cette mer- rale de Moreto, on voit que Molière passait, de services. Il sera statué par les directeurs du minisveilleusecomédie dont on ne cesse de disputer son temps, pour un auteur très versé dans la tère, sur ces demandes, d'après le degré d'interé* passionnément depuis plus de deux siècles littérature espagnole, Il est très possible qu'il qu'elles présentent. et qui vient d'être remise à l'ordre du jour ait connu la Hija de Celestina. de la critique par la Comédie-Française qui Et c'est une supposition dans laquelle on est nous montre M. Got s'essayant pour la pre- confirmé quand MOU PETIT JOURNAL on a lu l'opuscule de M. P. d'Anirière fois, après tant de créations heureuses, glosse. Il en effet, dans la nouvelle de Bardans ce traître de rôle de Tartuffe, comme enfin badillo y a, un trait que Scarron a rendu très inles moindres particularités des chefs-d'œuvre Il y a cinquante ans, si l'on avait écrit en tête par cette phrase « Il (Montufar) intéressent, nous remonterons, en suivant les exactement livre Dieu, patrie, liberté, on n'aurait fait d'un bougeait prisons. des ne » indices qui nous sont fournis, jusqu'aux vériL'original dit « Il (Montufar) demandait que rappeler à tous les lecteurs des croyances tables sources où le grand comique puisa l'idée pour les pauvres prisonniers. » Ce qui qui leur étaient chères. de la sixième scène de son troisième acte, cette l'aumône Je sais bien que Lamennaisavait déjà écrit son scène si forte dans laquelle l'imposteur, pour correspond exactement à ces vers de Tartuffe Essai sur l'indifférence en matière de religion. Je vais aux prisonniers détruire l'effet d'une juste accusation, s'accuse que plus d'une école communiste avait comDes aumônes que j'ai partager les deniers. lui-même, loin de se défendre, et feint de ne battu le patriotisme au nom de l'humanité et voir dans la révélation de son infamie qu'une On a noté aussi dans le texte espagnol un que les droits et les bienfaits de la liberté étaient épreuve que Dieu lui envoie et dont il bénit trait excellent qui n'est pas dans la copie fran- contestés par tes royalistes exaltés et par les l'humiliation salutaire. Les spectateurs de 1664 çaise, et que Molière semble avoir connu. Après jacobins. avaient bien quelque idée d'avoir déjà vu cela avoir rapporté l'épisode du gentilhomme maMais la religion dont Lamennais déplorait la quelque part, chez Scarron, sans doute. A cette drilène qui pense être écharpé par la foule pour décadence n'était pas la religion naturelle; ou, date de 1664, le pauvre Scarron avait fini de avoir démasqué le traître, Barbadillo ajoute du moins, le sentiment religieux subsistait ensouffrir et de se moquer. Lui qui n'avait pu Ce gentilhomme resta confondu et si plein dans la plupart des hommes après la ruine dormir de sa vie, il dormait depuis quatre ans de«dépit de cette aventure que, sans terminer core religions positives; l'esprit cosmopolite et dans une petite chapelle très propre de l'église les affaires qui l'avaient appelé à Séville, il re- des les doctrines des ennemis de la liberté étaient Saint-Gervais. Ses livres faisaient, après sa partit le soir même pour Madrid, persuadé que regardés comme des sacrilèges par l'immense mort, les délices des laquais, des chambrières, le diable seul pouvait lui avoir joué ce tour et majorité de nos concitoyens. et des gentilshommes de province. Ils étaient se repentant beaucoup de s'être fié aux appaTout le monde s'inclinait devant le nom de fort méprisés des honnêtes g-ens mais il y rences. Car,jie pouvant pas concevoir que de Dieu ceux mêmes qui, au fond, ne croyaient avait bien à la ville et même à la cour un pareils sentiments d'humilité se fussent logés plus qu'au des sens, cachaient leur petit nombre de curieux qui avouaient avoir dans l'âme de Montufar, il demeura convaincu incrédulité témoignage et respectaient les symboles de ia lu dans certain recueil de nouvelles tragi-comi- qu'il avait été la dupe de ses yeux, le sens de foi qu'ils avaient perdue. Il n'y avait pas de mot ques, que le cul-de-jatte,avait donné de son vi- la vue étant, comme tous les autres, fort sujet plus populaire que celui de liberté. On le metvant, une histoire espagnole des Hypocrites, où à l'erreur. tait les discours dans tous et dans toutes les » Il y a là une ironie forte, qui passait de beau- chansons. Quand il était prononcé à la tribune un Montufar agissait et parlait précisément comme Tartuffe, notamment dans ce que Scarle génie du pauvre Scarron. On est tenté ou sur la scène, on le saluait par des applaucoup ron appelle si bien « un acte d'humilité con- de voir dans ces dernières lignes l'original des dissements. On ne parlait que de mourir pour trefaite ». deux vers dits avec un si plaisant sérieux par la patrie on voulait tout au moins travailler Et il n'était point jusqu'au nom qui n'eût une Mme Pernelle pour elle. On regardait comme une sanglante sorte de ressemblance, Tartuffe sonnant un peu injure d'être accusé de ne pas être patriote. Mon Dieu, le plus souvent l'apparence déçoit; comme Montufar. Quand une école socialiste essayait de faire reIl ne faut pas toujours juger sur ce qu'on voit. Ce Montufar était un dangereux fripon. Asso(Acte V, sc. III.) vivre la sentence de Sénèque « Je ne suis pas né cié a une vieille femme galante, il prenait la qui traduit librecontre, Scarron, très pour un coin de terre l'univers est ma patrie »-; Par mine d'un dévot personnage et, sous le nom de quand un grand citoyen écrivait, dans son frère Martin, faisait de nombreuses dupes à Sé- ment, a ajouté au caractère de l'hypocrite un ou exil, en guise de consolation ou de bravade, ces ville. D'aventure, un gentilhomme de Madrid, trait qui manquait à l'original. Il dit que Mon- mots « Où est la liberté, lit est la paqui le connaissait pour ce qu'il était, le rencon- tufar « baissait les yeux à la rencontre des trie, célèbres » et on pourrait dire, à la rigueur, que » ils soulevaient autour d'eux des protestatra un jour au sortir d'une église. Montufar et femmes tions indignées. la coquine,qui ne le quittaitpoint,étaient entou- c'est au cul-de-jatte que Molière a pris le mouIl semble que le sentiment patriotique a dû dont Tartuffe veut couvrir le sein de Dorés d'une foule de personnes qui baisaient leurs choir Mais être ravivé rien n'est moins certain. Il vrai par nos désastres. On dit que les est vêtements et les suppliaient de ne les point ou- rine. de Scar- mères préfèrent à tous les autres leur enfant blier dans leurs prières. Le gentilhomme, ne qu'on retrouve encore une nouvelle Molière. infirme et souffreteux; qu'elles s'efforcent de pouvant souffrir que ces méchantes personnes ron dans les sources de AvareledeChâtiment le consoler, par un redoublement de tendresse, un conte picaresque intitulé abusassent de la crédulité de toute une ville, C'est de la nature. Quel est celui de fendit la presse et, donnant un coup de poing à de l'avarice. Je ne doute pas qu'un savant versé des disgrâces dans la littérature espagnole, M. Morel Fatio, nous qui n'a pas pensé, en 1871, que de toutes Montufar connaisse l'original. M. Paul nos provinces, celles qu'il aimait le plus étaient Malheureux fourbes, lui cria-tril, ne crai- par exemple, n'enrelevé dans son excellente édi- l'Alsace et la Lorraine? Quel est celui qui ne Mesnard, qui a gnez-vous ni Dieu ni les hommes ?`I senti le cœur serré en regardant ces s'est tion les emprunts faits par Molière aux anciens pas Je cite ce qui suit textuellement -.<, et aux modernes ne nomme pas même le Châti- cartes de France mutilées, où Metz et'Stras11 en voulut dire davantage, mais sa bonne intende l'avarice. C'est dédain et non point igno- bourg figurent comme villes allemandes? Que tion à dire la vérité, un peu trop précipitée, n'eut ment de pages relues dans Michelet et nos autres parle la nouvelle dont je étant rance, assez conpoint tout le succès qu'elle méritait. Tout le peuple M. CharlesLouandrel'a insérée, si je ne me historiens, pour y retrouver notre ancienne se jeta sur lui, qu'ils croyaient avoir fait un sacri- nue. et notre ancienne puissanceNous disons lège en outrageant ainsi'leur saint. Il fut porté par trompe, dans ses vieux conteurs français. Le gloire que la France s'est relevée, et nous en terre, roué de coups, et y aurait perdu la vie, si texte que j'en ai sous les yeux date de 1668, c'est- souvent éprouvons un juste orgueil; disons aussi, avec Montufar, par une présence d'esprit admirable, n'eût à-dire de l'année même où parut l'Avare. de écarle couvrant pris sa protection, Que Molière ait connu cette nouvelle ou l'ori- orgueil et reconnaissance, que l'Alsace s'est son corps, tant les plus échauffés à le battre et s exposant p ginal dont elle est la traduction, cela est très conservée, qu'elle se souvient 1 même à leurs coups. On dit quelquefois que les ouvriers allequi probable. On rencontre, trouve nous ce ne se y « Mes frères, s'écriait-il de toute sa force, laisdans la Marmite de Plaute et ce qui est le mands, français, anglais sont prêts à s'unir sez-le en paix pour l'amour du Seigneur; apaisez- point sujet même de la pièce de Molière, le risible sans distinction de nationalité pour combattre vous, pour l'amour de la sainte Vierge. » le capital et que, dans le cas d'une guerre nouCe peu do paroles apaisa cette grande tempête, amour d'un thésauriseurbarbon. L'avare de Scarron se nomme don Marcos et velle, on les rencontreraitdans les rangs de nos et le peuple Si place à frère Martin qui s'approcha du malheureux gentilhomme.bien aise en son âme passe à Madrid pour gentilhomme. Il a coutume ennemis s'ils croyaient arriver plus rapidement de le voir si maltraité, mais faisant paraître sur son de dire « qu'une femme ne peut être belle si à leur but par le fratricide. Je n'en crois rien, visage qu'il en avait un extrême déplaisir il le re- elle aime à prendre, ni laide si elle donne ». même pour les communistes. Mais quant à la leva de terre où on l'avait jeté, l'embrassa et le En dépit de ces maximes, il tombe dans le masse des ouvriers, des vrais ouvriers, de ceux baisa, tout plein qu'il était de sang et de boue, et panneau que des coquines lui tendent. Un Ga- qui travaillent, je n'ai qu'une chose à dire, c'est fit une rude réprimande au peuple. courtier de toutes marchandises », le que je voudrais que ceux qui les calomnient mara « méchant, disait-il qui le le suis à ceux Je vou« entendre lurent je suis le pécheur, je suis celui vient voir et lui vante la beauté, la sagesse et fussent aussi bons patriotes qu'eux. Jules Simon. qui n'a jamais rien fait d'agréable aux yeux de les grands biens de dame Isidore, qui n'est en Dieu. Pensez-vous, continuait-il, parce que vous réalité qu'une vieille courtisane édentée, plus me voyez vêtu en homme de bien que je n'aie pas pauvre que Job. L'avare consent à la voir et été toute ma vie un larron, le scandale des autres s'éprend d'elle dans un festin qu'elle lui donne. et la perdition de moi-même? Vous vous êtes tromA l'issue du festin, don Marcos (je cite littéralement pés, mes frères faites-moi le but de vos injures et mon auteur) avoua à Gamara, qui l'accompagna de vos pierres, et tirez sur moi vos épées. » Le Journal officiel publie aujourd"hui l'ordre du Après avoir dit ces paroles avec une fausse dou- chez lui, que la belle veuve lui donnait dans fa vue Chamceur, il s'alla jeter avec un zèle encore plus faux et que de bon cœur il aurait donné un doigt de sa iour des séances de rentrée dans les deux se réunit, conformémain pour être déjà marié avec elle, parce qu'il bres. On sait que le Parlementprochain aux pieds de son ennemi, et les lui baisant, non n'avait 13 janvier. jamais trouvé de femme qui fût plus son ment à la Constitution,mardi seulement il lui demanda pardon, mais aussi, il L'ordre du jour de la séance du Sénat porte la quoiqu'à vérité prétendît celle-là, il qu'afait que alla ramasser son épée, son manteau et son chavivrait d'osmariage elle tant le près pas ne avec les qui s'étaient perdus dans la confusion. 11 publique. deux heures, séance A peau, rajusta sur lui, et 1 ayant ramené par la main jus- tentation et de luxe. Tirage au sort des bureaux, Elle vit plutôt en princesse qu'en femme d'un Fixation de l'ordre du qu'au bout de la rue, se sépara de lui après lui avoir donné plusieurs embrassements et autant de particulier, disait le prudent don Marcos au dissi'' L'ordre du jour de la Chambre bénédictions. Le pauvre homme était comme en- mulé Gamara, et elle ne considère pas que les meuA deux heures, séance chanté et de ce qu'il avait vu et de ce qu'on lui bles qu'elle a, mis en argent, et que cet argent 1. Installation du président d âge et des secrétaires avait fait, et si plein de confusion qu'on ne le vit joint à celui que j'ai nous peuventfaire une bonne d'âge. rente que nous pourrons mettre en réserve, et, par pas paraître dans les rues, tant que ses affaires le l'industrie sort bureaux. des Tirage 2. au donnée, Dieu m'a faire fonds un que en retinrent à Séville. Montufar cependant y avait 3. Scrutin pour la nomination du président définitif. gagné les cœurs de tout le monde par cet acte considérable pour les enfants que Dieu nous doni. Scrutin pour la nomination de quatre vice-présid'humilité contrefaite. Le peuple le regardait avec nera. dents. Don Marcos entretenait Gamara de ces dis5. Scrutin pour la nomination de huit secrétaires. admiration, et les enfants criaient après lui Au 6. Scrutin pour la nomination de trois questeurs. Saint! au Saint comme ils eussent crié au renard, cours ou de semblables,quand il se trouva devant de lui avoir 7. Fixation de l'ordre du jour. lui Gamara prit porte. congé après les sa après son ennemi, s'ils l'eussent trouvé dans donné parole que, dès le lendemain,il conclurait son rues. la séance de la Chambre des députés lui dit-il, que les af- neIl parait que mariage avec Isidore, à pas présidée comme ces dernières années, Voilà bien, ce semble, l'original delà scèflé 6 faires de cette nature-làcause, se rompaient autant par parsera M. Pierre Blanc, député républicain d'Alberparties. de 1 des retardement la Tartuffe mort du troisième acte de que par une (Savoie), qui est âgé de quatre-vingt-unans. Don Marcos embrassa son cher entremetteur, ville On annonce, en effet, que le vénérable doyen de la Ah laissez-le parler, vous l'accusez à tort, qui alla rendre compte à Isidore de l'état auquel il Chambre a fait savoir au secrétariat général de la Et vous feriez bien mieux de croire son rapport. venait de laisser son amant. Et cependant notre questure qu'il ne pourrait rentrer à. Paris pour la Pourquoi, sur un tel fait, m'être si favorable? amoureux ôcuycr tira de sa poche un bout de boude rentrée, soit qu'il fût un peu souffrant, Savez-vous, après tout, de quoi je suis capable? gie, le piqua au bout de son épée, et, l'ayant allu- séance soit à cause de la saison qui a été particulièrement ricrucifix devant le lampe qui brûlait mé à puune Oui, mon cher fils, parlez, traitez-moi de perfide, goureuse en Savoie. En l'absencede M. Pierre Blanc, blic d'une place voisine, non sans faire une ma- le Chambre est M. le vicomte Emile la de doyen D'infâme,de perdu, de voleur, d'homicide; -• nière d'oraison jaculatoire, pour la réussite de son de Kermenguy, député de Morlaix, âgé de quatreAccablez-moi de noms encore plus détestés; mariage, il ouvrit avec un passe-partout la porte de ans, né à Saint-Paul-de-Lôon,le 1er décemJe n'y contredis point, je les ai mérités, la maison où il couchait et s'alla mettre dans son vingts bre 1810. Et j'en veux à genoux souffrir l'ignominie méchant lit plutôt à que amour son pour songer Depuis 1871, date de son élection à l'Assemblée Comme une honte due aux crimes de ma vie. pour dormir. nationale, vicomte de Kermenguy n'a jamais M. le La ressemblance étant manifeste, fut signalée de représenter le Finistère au Parlement. Il Il se rend le lendemain chez sa future femme cessé dans le Molière de la Collection des grands écriappartient à la droite royaliste. vains qui, commencé par le regretté E. Despois, et lui déclare comment il entend vivre Le fauteuil présidentiel ne saurait échapper, pour s'achève les soins plus continue et du mardi, députation du Finistère; la de la à séance par se suis bien aise qu'on couche de bonne consciencieux des éditeurs, M. Paul Mesnard. heureJedans ma maison et que se la nuit elle soit bien car, si M. de Kermenguy est absent, il sera remCet habile homme, à qui rien n'échappe, ne fermée. Les maisons où il se trouve quelque chose placé par son collègue de la tro circonscriptiondo M. Joseph-Alexandre-Adélaïde de Gasté, né pouvait négliger un rapprochementdéjà signalé no peuvent être trop à couvert des larrons. Et, pour Brest, août le 30 1811. moi, je ne me consolerai jamais si un fainéant de à Alençon, par divers critiques et, si je ne me trompe, par larron, Au Sénat, la séance de rentrée sera présidée par M. Charles Louandre, dans ses Conteurs fransans autre peine que celle qu'il y a à prendre ce qu'on trouve, m'ôtait en un instant ce qu'un M. le comte H. de Lur-Saluces, républicain, doyen çais. On pouvait se demander toutefois si Paul grand travail ne m'a donné qu'en beaucoup d'an- d'âge. Scarron était bien l'auteur de la nouvelle des nées. Plusieurs députés ont, parait-il, l'intention d'a. Hypocrites et s'il ne l'avait pas prise à un conL'avare de Scarron, c'est déjà l'avare de Modes questions au gouvernement dans les teur d'au delà des monts, comme c'était assez lière, l'avare amoureux et riche. Ce coquin de dresser premiers jours de la session. Ainsi M. L. Barthou son habitude. « Scarron, dit l'abbé de Longue- Gamara, c'est exactement cette coquine de dit dans le Siècle qu'il a l'intention d'adresser une rue, copiait beaucoup les auteurs espagnols, Frosine. Dom Marcas épouse Isidore, qui peu question au ministre des affaires étrangères sur la mais ils gagnaient beaucoup à passer par ses après s'enfuit avec ses complices, emportant révocation de M. l'abbé Puyol, supérieur de SaintLouis-des-Français,à Rome. mains. » A l'origine, le volume qui contient l'argent et les meubles du pauvre homme. les Hypocritesavait pour titre, à ce que l'on Lui aussi, il pleure sa cassette. Mais le reste m'assure, Nouvelles tragi comiques tirées n'a plus la moindre ressemblance avec la coHier soir, au Cercle républicain, un punch a été" des plus fameux auteurs espagnols. Cette médie de Molière. C'est une suite d'aventures offert à M. Etienne, sous-secrétaire d'Ktat aux comention fut retranchée depuis, et j'ai sous burlesques ou tragiques. J'en ai dit assez. lonies. MM. Tirman, Letellier et de nombreusesnoles yeux une édition de 1717, chez Michel Ces recherches que j'ai résumées de mon tabilités y assistaient. Répondantà MM. Letellier et Tirman, M. Etienno David, où l'on ne lit rien de semblable. Mais mieux tendaient à rendre au malheureuxScarpolitique coloniale. M. Guillemin, cela n'importe guère. Si l'indication concer-. ron le bien que Molière lui avait pris. Mais on a préconisé la ensuite un toast à M. Carnot et a a porté nant la publication originale est exacte (ce s'est aperçu que Scarron, lorsqu'il fut dépouillé, maire, souhaité que le voyage projeté du président de la qu'il est très facile de vérifier), Scarron avouait portait le bagage des autres. Il y a grande chance République s'accomplisse pour le bien de l'Algérie. emprunts, forme l'avarice appartienne de lui-même ses vague que le Châtiment sous une ne lui qui ne nous contenterait pas aujourd'hui, mais pas plus que les Hypocrites. Quant à Molière, Le cardinal archevêque de Paris vient d'adresser qui était très convenable pour un temps où l'au- tout ce qu'il prend lui appartient aussitôt, parce aux curés de son diocèse une lettre pour les prier teur d'un livre inspirait moins de curiosité que qu'il y met sa grande marque. de communiquer aux fidèles la lettre du pape en fale livre lui-même. Jl se déclarait redevable de veur des missions africaines. ANATOLE FRANCE. ces nouvelles à des conteurs espagnols qu'il ne « nommait point et que le lecteur ne se souciait ACTES point de connaître par leurs noms. H semble AFFAIRES MILITAIRES bien qu'on n'ait point pris garde à cet aveu, qui retenir. était bon à pourtant M. Jay (Gilbert-Albert) est nommé agent de changa Cavalerie. Le lieutenant-colonel Mutation. Les Hypocritespassèrent pour une œuvre oride Planta, du 20» régiment de chasseurs, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), en remplacement ginale de Scarron, jusqu'au jour où M. P. d'An- Kiergener désigné pour commander le 5° régiment de de M. Jay (Louis), son père, décédé. glosse, de Blois, montra que ce conte était tiré est chasseurs d'Afrique. Le ministre du commerce a retiré à M. Victor tout entier d'une nouvelle de Alonzo Geronimo Martin, agent d'émigration à Marseille, l'autorisation Augmentation de la gratification de réforme. Les d'entreorendre les opérations d'émigration qui toi de Salas Barbaduîo, intitulée la Fille de Céles- LA VIE LITTÉRAIRE Sa «p.. ^.J l' .> NOUVELLES DU JOUR* joué. ' publique. porte OFFICIELS