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Lettre L’instructeur Numéro 7 Mars 2009 Serrer les rangs. Edito................................p1 L’édito de Jean Claude Roussel L’ Euope et les Fi (A) p2 et 3 Michel Rocca L’EASA / Vol IMC.............p3 Pierre Podeur S écurité des vols............p4 Daniel Vacher I nstruction et accidents p5 Daniel Vacher L a prise de décision p6 et 7 Jean-Gabriel Charrier I ASA.................................p8 Alain Jamet O rganismes de formation homologués.......feuillet central Contact : [email protected] La création de « La lettre de L’instructeur » correspondait à une attente des instructeurs eux-mêmes, comme la définition d’une assurance spécifique instructeur, comme la mise en place de stages de recyclages, etc… J’ai quelquefois entendu le reproche fait à la Fédération de se désintéresser des instructeurs. Ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, d’aucuns, du coté de l’ANPI en particulier, nous font le reproche de nous en occuper trop. Et si je n’ai pas su convaincre les dirigeants de l’ANPI en une mandature de la nécessité de travailler ensemble, ce n’est pas une question d’hommes, c’est une question de philosophie. Nous n’avons pas la même conception du positionnement des instructeurs au sein de leur aéro-club. Pour l’ANPI, les instructeurs, bénévoles ou rémunérés sont prestataires de services du club, extérieurs aux clubs. L’ANPI se positionne donc comme une association de défense des instructeurs, face aux dirigeants des clubs, se considérant parfois comme le syndicat, sans en avoir ni le statut, ni la représentativité, ni les droits, ni les devoirs. Pour la FFA, l’instructeur est membre à part entière de l’aéro-club. S’il y occupe une place singulière qui doit être connue et reconnue, il s’inscrit dans l’élan commun qui porte les membres et les dirigeants bénévoles. Il s’agit donc d’abord pour les dirigeants de s’assurer que l’instructeur a les moyens pour mener à bien sa tâche d’instruction, de veiller à asseoir son autorité, de lui apporter tout le soutien et la confiance nécessaire, de l’accompagner dans sa propre formation continue... Mais il appartient aussi à l’instructeur de s’inscrire dans la politique de développement, d’accueil, de formation et de sécurité du club… A l’heure où se négocient à Bruxelles et à Cologne des décisions majeures pour l’instruction en aéro-club, personne ne doit se tromper de combat, choisir la mauvaise cible. La place de l’ANPI, dont nous savons reconnaître la qualité de ses actions de formation en direction des instructeurs, est aux côtés de la FFA. La puissance d’une fédération, qui plus est, associée à d’autres Fédérations – CNFAS en France, Fédération Européenne et Europe Air Sport en Europe - est seule capable de défendre au niveau national et européen l’intérêt des pilotes et tout particulièrement des FI. Dans ce combat, l’ANPI a sa place. C’est le moment de serrer les rangs. Bons vols. Jean Claude Roussel Président de la FFA Instructeur Recueil des adresses mail instructeurs Pour plus de réactivité et d’efficacité, nous envisageons une version électronique de La lettre de L’instructeur. Merci de nous communiquer votre adresse mail à : [email protected] L’Europe et les Fi(A) – quatrième épisode Dans la Lettre de l’Instructeur n°6, je vous ai résumé les propositions de l’Agence Européenne pour la Sécurité Aérienne (EASA) relatives aux licences « privées » de pilote. Comme vous le savez, tout citoyen européen, tout pilote, tout spécialiste, tout aéro-club, toute organisation peut formuler des commentaires sur le site de l’EASA depuis le 5 juillet. Même les bloggeurs et les journalistes sont invités à commenter la NPA 2008-17. Date limite désormais fixée au 15 avril 2009 A trois semaines de cette échéance, ce sont plus de 4.200 commentaires qui ont déjà été déposés. Parmi ceux-ci, figurent ceux préparés par la FFA, dont nous tenons à vous faire part dans les grandes lignes. Ils peuvent cependant encore évoluer jusqu’à la date limite. N otre Fédération défend de façon globale le nouveau cadre réglementaire européen qui se dessine pour l’aviation légère et sportive : la certification ELA 1 et ELA 2, le concept d’avion non complexe, le concept d’une licence de loisir (Basic LPL et LPL), la création d’un certificat d’instructeur LAFI, le certificat d’instructeur FI accessible aux pilotes PPL, la périodicité des examens médicaux. Tout se tient. Notre Fédération milite pour la mise en place d’un dispositif progressif du Basic LPL au PPL via le LPL permettant aux nouveaux adhérents de satisfaire leur passion à la mesure de leurs ambitions, de leurs moyens financiers et de leur disponibilité. Mais elle milite aussi pour que ce dispositif puisse être régressif du PPL vers le Basic LPL via le LPL permettant à nos anciens de continuer à vivre leur passion là encore à la hauteur de leurs ambitions et de leurs moyens. Notre Fédération relève que la structure et la numérotation des différents textes rendent difficile la recherche de l’ensemble des dispositions réglementaires applicables à une catégorie de pilote. La FFA réclame une table des matières détaillée, une recherche par mot-clé, ainsi que la publication de recueils règlementaires gratuits par thèmes, comme par exemple pour le PPL. Concernant l’âge minimal requis pour débuter une formation, notre Fédération accepte qu’il soit fixé à 16 ans, même si l’expérience nous a montré qu’il pourrait être fixé à 15 ans. S’agissant de la licence de loisir, notre Fédération soutient vivement les projets de licence Basic LPL et LPL. Si ces projets sont finalement validés par la Commission Européenne, nous pourrons tirer quelque satisfaction d’avoir fait accepté par trente Etats, l’EASA et la Commission Européenne les concepts de notre actuel BB et de notre ancien TT (qui a des homologues en GB et CH). Notre Fédération demande que le pilote Basic LPL ait le privilège d’atterrir et de décoller, après reconnaissance pendant la formation, de tous les aérodromes situés dans un rayon de 50 km. Notamment pour lui permettre de faire face à une soudaine indisponibilité de son aérodrome d’attache. Elle accepte que le pilote LPL ne puisse emporter plus de 3 passagers, mais elle demande qu’il soit autorisé à le faire sur des avions de cinq voire six places. Pour des raisons de sécurité des vols, comme de mise en œuvre pratique, notre Fédération propose que, pour le Basic LPL comme pour le LPL, le test en vol avec un FE prévu tous les six ans, soit remplacé par un vol d’instruction d’une heure avec un FI tous les deux ans. Enfin, elle ne s’oppose pas à la proposition d’examen théorique unique pour les deux licences, se réservant le droit d’y revenir après quelques années d’expérience. Précisons qu’une opposition sur ce point ne serait recevable qu’accompagnée d’une proposition de programme de formation théorique adaptée au Basic LPL, impossible à préparer dans les délais impartis. S’agissant de la licence PPL, notre Fédération a fait le choix de soutenir, dans son principe, la proposition de l’EASA qui offrira la possibilité de verser une « rémunération » aux FI n’ayant qu’une licence PPL. La FFA ne sous-estime pas la difficulté de l’application en France d’un tel principe, mais, tout en réaffirmant son attachement au bénévolat, elle l’accepte car cette proposition pourrait permettre de redynamiser l’activité des clubs. Elle encourage l’EASA à poursuivre ses travaux en vue d’aboutir à une qualification IFR privée. Concernant l’exigence linguistique en anglais pour les pilotes IFR, notre Fédération demande qu’elle ne soit pas obligatoire pour les pilotes PPL volant exclusivement dans leur espace aérien national. Pour le PPL, notre Fédération s’inquiète de la proposition de prorogation des qualifications (SEP comprise) par un vol de contrôle avec un FE tous les six ans. Cette proposition découle du mandat donné par la Commission Européenne à l’EASA, la FFA en prend acte et préconise la création d’une nouvelle catégorie de FE : les FE ne détenant qu’une licence PPL, dont les prérogatives seraient limitées aux licences VFR PPL et LPL. Des FE de loisir en quelque sorte. S’agissant du LAFI, notre Fédération souligne que les candidats à ce certificat d’instructeur de loisir devront détenir au moins la licence LPL. S’agissant du FI, notre Fédération soutient la proposition ouvrant l’accès à ce certificat d’instructeur aux PPL, sous réserve d’une expérience d’au moins 200 heures de vol. S’agissant des FE, notre Fédération s’oppose très fermement à l’exigence du CPL, tout au moins pour les FE se limitant aux pilotes privés. En revanche, elle se réjouit de la proposition visant à libérer les FE de l’emprise de l’Etat à condition que ce dernier mette en place un cadre de responsabilité et de protection juridique clair. Et la suite ? A partir du 16 avril 2009, l’EASA va compiler les commentaires déposés dans un Comment Response Document (CRD). Ce CRD sera examiné par un groupe de revue, dont les membres auront été choisis au préalable par l’EASA après consul- tation de deux comités permanents consultatifs, l’AGNA et le SSCC. Ces étapes seront finalisées au 15 juillet au plus tôt. Deux mois seront encore nécessaires pour que l’EASA émette une « Opinion » à destination de la Commission Européenne, qui doit ensuite, après analyse finale, donner son feu vert à l’EASA pour la rédaction des textes définitifs. Ce processus devrait aboutir à une publication et à une mise en application courant 2010 de cette nouvelle réglementation européenne sur les licences de pilote. Autant d’étapes à venir au cours desquelles beaucoup de choses peuvent encore évoluer, et pas uniquement dans le bon sens… Michel Rocca Instructeur Chargé de mission Europe à la FFA L’EASA s’intéresse à une qualification pour le vol en iMC pour les pilotes privés L ’EASA a entrepris de réviser l’actuelle licence de pilote privé PPL. C’est l’objet de la NPA17 pour laquelle tous les intervenants de l’aviation légère sont aujourd’hui appelés à apporter leurs commentaires. Dans le cadre de cette rénovation, une majorité de ces intervenants a indiqué à l’Agence que la mise en place d’une qualification plus simple que l’actuel FCL-IR permettant le vol en condition IMC devait être créée. Cela devrait avoir un impact favorable sur la sécurité. L’actuel FCL-IR, par sa complexité et par son coût, a été jugé trop peu accessible aux pilotes privés. L’EASA a donc décidé de mettre en place un groupe de travail chargé de proposer rapidement de nouvelles règles concernant l’accès au vol en conditions IMC pour les pilotes privés. Ce groupe composé de 9 personnes dont 2 français a pour mission : De prendre en compte les commentaires reçus à l’Agence concernant la A-NPA 14-2006 « un concept pour une meilleure réglementation de l’aviation générale » De revoir la réglementation actuelle JAR-FCL-IR D’étudier la réglementation britannique de l’IMC Rating et les autres spécifications nationales permettant le vol en condition IMC De prendre en compte les contraintes liées à l’ATC D’amender les propositions actuelles concernant la qualification IFR Le groupe a eu sa première réunion le 12 décembre 2008. Il doit rendre ses conclusions au plus tard le 28 février 2009. Lors de cette première réunion, le travail a consisté à faire un constat de la situation actuelle en Europe : Environ 5% des titulaires du PPL européens ont une qualification IFR Probablement plus nombreux sont ceux qui disposent d’un IFR américain Aux USA, 27% des PPL ont une qualification IFR (plus de 5 fois plus) Selon les écoles européennes, une majorité de candidats à la qualification abandonne durant la formation théorique Les éléments suivants ont été relevés comme freins actuels au développement de l’IFR privé : La complexité des exigences actuelles (théoriques et pratiques) Le coût L’organisation de la formation : non-utilisation de simulateur simple, nécessité pour le théorique de passer par une FTO En conclusion, le travail du groupe devrait aboutir à la proposition d’une qualification IR européenne, conforme aux exigences de l’OACI, dont le contenu de la formation tant théorique que pratique serait adaptée au besoin d’un pilote volant sur un avion non complexe. Le groupe pourrait être également amené à proposer à l’Agence une sorte de qualification IMC européenne qui pourrait servir d’étape vers l’IR européen. Le besoin des pilotes de planeurs autorisés à voler dans certains pays et sous certaines conditions en IMC fera aussi l’objet d’analyses et de propositions. Pierre Podeur Instructeur Secrétaire général de la FFA Sécurité des vols Sécurité des vols S ous l’impulsion du Conseil National des Fédérations Aéronautiques et Sportives et de la Mission Aviation Légère Générale et Hélicoptère de la DGAC, le premier séminaire sécurité inter-fédérations s’est tenu le 24 janvier 2009 au Musée de l’Air du Bourget et a rassemblé 80 correspondants sécurité régionaux toutes fédérations confondues. Maxime Coffin, Directeur de la nouvelle MALGH, son adjoint, Patrice Moreau, Dominique Méreuze et Jean Claude Roussel, respectivement Président de la FFPLUM et de la FFA, Délégué Général et Secrétaire Général du CNFAS, Catherine Dartois, présidente du RSA, ont eu l’occasion d’intervenir tout au long de la réunion. La journée a permis de faire le point sur l’organisation de la Sécurité en France à travers les présentations successives du BEA, de la Revue de Sécurité, de l’IASA (Institut pour l’Amélioration de la Sécurité) et des commissions de sécurité de chaque fédération. Le BEA a rappelé sa contribution qui se traduit par des statistiques, des analyses d’accidents et d’incidents sans proposition de solutions. La Revue de Sécurité et l’IASA sont deux institutions récemment créées. Elles sont directement issues du rapport d’avril 2007 sur la sécurité de l’activité Vol Moteur réalisée par l’inspection générale de l’Aviation Civile. de certains outils développés par les fédérations. La première, animée par la MALGH, s’inscrit dans le Plan de Sécurité de l’Etat (PSE) dont l’objectif est de promouvoir la sécurité. Elle s’appuie sur une forte représentation des usagers et de leurs expériences. Se voulant résolument concrète, la Revue de Sécurité est à l’origine de la tenue de ce premier séminaire inter-fédéral. L’exemple d’Aérodiagnostic est significatif. Ce système d’audit inspiré du système de mise en conformité des entreprises et mis au point par Daniel Bolot (*), se révèle être un remarquable outil sécurité qui pourra être décliné par toutes les associations qu’elle soit avion, ULM ou vélivole. L’IASA (Institut pour l’Amélioration de la Sécurité Aérienne) a pour objet de concourir à la prévention des accidents et à l’amélioration du niveau de sécurité de l’aviation générale. C’est une structure placée sous l’égide de l’Aéro-Club de France. La stratégie de l’IASA vise à sensibiliser les pratiquants et à faire des recommandations à l’administration, aux industriels et aux fédérations. Les fédérations ont présenté leur propre politique en matière de sécurité. Si toutes les trois ont la même démarche générale (analyser, informer, sensibiliser), il apparaît des différences d’appréciation. Ainsi la FFPLUM, à l’inverse de la FFA, remarque que la pratique individuelle de l’ULM est moins accidentogène que la pratique en club. De nombreux points de convergence sont apparus notamment dans le cadre de la mutualisation Autre exemple : la FFPLUM a conçu et diffusé à tous ses licenciés un mémo sécurité. Dans le même esprit, la commission sécurité FFA est en train de concevoir un mémo adapté au pilote d’avion. Dernier exemple : la FFA a élaboré à l’intention de ses dirigeants une check-list : « Que faire en cas d’accidents ?» à partir de témoignages recueillis auprès de présidents de club qui ont vécu cette réalité. Ce document peut avec quelques adaptations s’appliquer à un club de vol à voile ou d’ULM. Mettre en commun les pratiques, les réflexions, les analyses : tel était l’objectif de ce premier séminaire qui a entièrement rempli sa mission. (*) : Président du Comité Régional Aéronautique Nord-Pas-de-Calais Daniel Vacher Instructeur Président de la commission Sécurité/Formation/Instructeurs BILAN DE L’ACCIDENTOLOGIE 2008 EN VOL MOTEUR, VOL A VOILE ET ULM (source MALGH) Accidents mortel Décès Avion ULM Vol à voile Instruction et accidents L a formation au pilotage est au cœur de l’activité FFA. Elle joue un rôle primordial dans la promotion et le dynamisme des aéro-clubs. Elle représente à elle seule 40% des heures réalisées par les 600 clubs de la fédération. Environ 250 000 heures de vol sont réalisées chaque année. Elles permettent de délivrer 2500 brevets en moyenne par an. Compte tenu de l’importance du volume d’heures de vol réalisé, il est apparu intéressant d’étudier quel était le taux d’accident rencontré dans cette activité spécifique comparé à celui du régime général. Dans le cadre du séminaire instructeurs FFA organisé fin 2007 à Rueil Malmaison nous avons présenté une étude qui portait sur 687 accidents et incidents intervenus en instruction sur 10 ans de 1997 à 2007. Durant cette période, 30 accidents corporels ont entraîné 42 décès et 30 blessés. Plus récemment, les statistiques FFA portant sur 2007 et 2008 font apparaître successivement 16 et 20 accidents en rapport avec des vols d’instruction. Cela représente d’une année à l’autre environ 1/5 des accidents annuels toutes activités confondues. A noter pour les deux années un accident mortel qui a fait une victime en 2007 (solo) et deux en 2008 (instructeur et élève). Il ressort des deux études plusieurs points communs : ► Le taux d’accidents rapporté au nombre d’heures de vol est inférieur à celui des accidents hors formation ► La majorité des accidents et des incidents en formation sont d’ordre matériel ► Une grande partie des accidents, particulièrement en vol solo, intervient en phase d’atterrissage et dans une moindre mesure au décollage ► Les accidents en double commande sont plus nombreux que ceux en vol solo Enfin d’une façon générale l’examen des accidents en instruction montre clairement que le statut d’instructeur ne met pas leurs auteurs à l’abri d’erreurs qui sont à l’origine de la plupart des accidents : obstination, perte de contrôle, mauvaise gestion des pannes. Daniel Vacher Instructeur Président de la commission Sécurité/Formation/Instructeurs La prise de décision du pilote L es accidents aéronautiques sont principalement (environ 80%) liés à l’élément humain. Les articles ou les analyses qui les expliquent font très souvent état de décisions inappropriées ou inadaptées face à des circonstances inhabituelles ou imprévues. Certaines de ces circonstances et la décision erronée qui en découle sont parfois appelées « chaîne de l’erreur ». Un événement Un pilote a planifié un vol de navigation avec des amis. Le jour venu la météo n’est pas particulièrement propice au voyage. L’analyse des documents lors de la préparation confirme un plafond bas et une mauvaise visibilité à destination à l’arrivée d’un front. Le pilote décide malgré tout de partir après avoir estimé son atterrissage à destination avant la dégradation. Il n’arrivera jamais. L’enquête montrera qu’il n’avait pas tenu compte du vent de face et de l’ampleur de la dégradation. Face à celle-ci, il avait la possibilité de se dérouter voir d’interrompre son vol, ce qu’il n’a pas fait. On comprend après que ce pilote a été confronté à un contexte particulier qui l’a conduit à faire plusieurs erreurs de jugement. Nous pouvons citer la pression qu’il s’est mis de vouloir effectuer son vol en compagnie de ses amis. Cette même pression dans un contexte défavorable génère du stress que nous savons être nuisible aux bonnes pratiques. Sans pouvoir l’affirmer, il est peut être la cause d’une analyse superficielle de la météorologie avant son départ. Une fois en vol, le pilote a persisté dans sa volonté d’atteindre sa destination malgré la dégradation. Il n’était pas préparé mentalement à une autre alternative. A plusieurs reprises le pilote aurait pu rompre ce scénario catastrophe. Depuis la veille de son départ en prévenant ses amis d’une annulation possible, lors de la préparation de son vol jusqu’à la rencontre des conditions dégradées. Le rapport du BEA « Objectif : destination » nous donne un éclairage très précis sur ce type d’événement. Il évoque l’importance de la prise de décision du pilote. Historique Les compagnies aériennes ont été confrontées aux mêmes problèmes de jugement avec des prises de décisions peu opportunes voire une absence de prise de décision là où elles s’imposaient. Elles ont alors développés des programmes de formation à la prise de décision basés sur la gestion des ressources du pilote. L’impact sur la sécurité s’est avéré immédiatement positif. Et nous avons donc vu s’étendre logiquement ce type de formation vers l’aviation légère. Nous trouvons aujourd’hui ces cursus principalement dans les pays anglosaxons. Qu’est-ce que la prise de décision ? C’est un processus mental qui consiste à analyser une situation déterminée et prendre une décision. Cette réflexion ou analyse est alimentée par : ► Des compétences techniques comme la connaissance des limitations de son avion, l’analyse de la météorologie, son habilité au pilotage etc. C’est ce qui est enseigné aujourd’hui dans les formations ► Et des compétences non techniques qui font l’objet d’une formation à la Prise de Décision dont voici une synthèse. Contenu Le contenu de cette formation cible les principales ressources des pilotes et leurs fragilités éventuelles. Il peut varier suivant les pays ou les organisations, nous trouverons toutefois assez systématiquement les items suivants : ► La gestion des risques, c’està-dire la prise en considération des quatre composantes de l’activité qui sont : le pilote, sa machine, l’environnement et l’activité considérée. Cela passe par la connaissance des dangers (c’est la confrontation aux dangers qui crée les risques). Concernant le pilote, on notera l’importance de la connaissance de son niveau de compétence. On lui fournit par exemple des éléments d’appréciation afin qu’il puisse déterminer les conditions météorologiques minimums raisonnables pour voler en fonction de son expérience : visibilité, plafond, vent. ► La conscience de la situation qui va découler en grande partie de l’item précédent et des compétences techniques. Nous savons que c’est la combinaison de circonstances particulières qui génère la plus grande partie des accidents. Or, ces circonstances sont souvent les mêmes, elles sont donc listées et mises à la disposition du pilote : nous avons cité la pression extérieure, les conditions propices à la perte de contrôle en vol, « La première fois », la pression du temps en vol qui renvoie à la nécessité d’anticiper certaines actions etc. ► Les comportements ou attitudes dangereuses. Il existe des comportements à risque qui sont clairement identifiés mais pas forcément par le pilote lui-même : antiautorité, sentiment d’invulnérabilité etc. ► Le stress est souvent abordé dans ces programmes du fait de son impact négatif sur la performance du pilote. On remarquera que certains de ces aspects se retrouvent dans l’événement relaté ci-dessus. La durée de la formation varie d’une demi-journée à deux ou trois jours suivant les pays. Certaines d’entre elles sont modulaires avec des rubriques indépendantes (bien que ce soit l’ensemble qui constitue un tout cohérent). Une approche systématique Tous les pilotes et leur encadrement mettent déjà en place peu ou prou cette approche. On demande au pilote débutant en navigation solo de prendre 30 mn de réserve supplémentaire afin de le préserver du risque non négligeable de tomber en panne sèche s’il venait à se perdre. En instruction, ce sont les mises en situation qui font office de formation à la prise de décision : «Et si». Et si tu as un avion qui est immobilisé au milieu de la piste ? Et si ta jauge de carburant te donne telle indication ? Le « Et si » qui renvoie à un scénario est souvent complété par un «Pourquoi ?» qui permet de vérifier le bien fondé de la décision. La formation à la Prise de Décision du Pilote a pour but de mettre en place une approche systématique de ce concept avec les outils nécessaires qui soient communs à tous. Résultats Les études menées ont démontré que les pilotes qui ont suivi le cours de prise de décision et reçu la documentation associée obtenaient de meilleurs résultats lors des contrôles en vol et leur taux d’erreurs lors de la prise de décisions était de 10 à 50 % moins élevé (source Transport Canada). Or, 50% des accidents ont pour origine une mauvaise prise de décision. Les résultats semblent prometteurs ce qui s’explique par la prise de conscience des pilotes de leurs fragilités et de leurs vulnérabilités face à certaines situations ou certains contextes. Cette prise de conscience entraîne alors un comportement de prudence basé sur de bonnes pratiques. Elles existent déjà chez certains pilotes ou dans certaines organisations, nous devons les encourager et les systématiser. Jean-Gabriel Charrier Pilote Inspecteur