Notes aux professionnels

Transcription

Notes aux professionnels
L’APPRENTISSAGE DE L’ORTHOGRAPHE
LEXICALE
Comme en témoigne le rapport du Comité d’experts
sur l’apprentissage de l’écriture du ministère de
l’Éducation, du Loisir et du Sport (2008) les élèves
québécois éprouvent d’importantes difficultés dans
l’apprentissage du français, dont des difficultés
marquées en orthographe lexicale et syntaxique.
Cette situation n’est pas propre au Québec. En effet,
deux recherches récentes sont parvenues au même
constat en France. La difficulté de la maîtrise de
l’orthographe lexicale dépend de plusieurs facteurs
reliés notamment à la complexité de notre système
d’écriture, aux capacités cognitives de l’apprenant et
aux méthodes d’enseignement.
LE SYSTÈME D’ÉCRITURE DU
FRANÇAIS
Étant donné la complexité de notre système
d’écriture, l’apprentissage de l’orthographe est plus
difficile pour le français que pour plusieurs autres
langues (espagnol, italien, etc.). En effet, les mots
écrits sont codés selon trois dimensions en français.
1
LA DIMENSION
PHONOGRAPHÉMIQUE
La dimension phonographémique code à l’écrit les
phonèmes (sons qui composent les mots) à partir
de graphèmes (lettre ou suite de lettres). Cette
dimension est complexe en français, puisque le
seul recours aux correspondances des phonèmes
avec les graphèmes ne permet d’orthographier de
façon conventionnelle que 52,7 % des mots, alors
que l’utilisation des correspondances de chaque
graphème avec le phonème permet de lire plus de
96 % des mots. Par exemple, il existe 46 graphies
pour représenter le son /o/ (o, au, eau, etc.), mais
chacune de ces graphies ne se lit que d’une seule
façon (eau → /o/).
Notons qu’en français le nombre de graphèmes
correspondant à chaque voyelle est plus important
que le nombre de graphèmes correspondant à
chaque consonne. Plus un système d’écriture
comporte de façons de représenter un phonème,
plus ce système est qualifié d’opaque ou
d’inconsistant. La polygraphie des phonèmes
constitue une source majeure de difficultés, tant
chez l’apprenant que chez l’expert.
LA DIMENSION MORPHOLOGIQUE
DÉRIVATIONNELLE
La dimension morphologique dérivationnelle a pour
fonction de véhiculer le sens par l’ajout de suites de
lettres (préfixes et suffixes) ou d’une lettre «muette»
(de dérivation) en fin de mot (p. ex. renard), ce qui
rappelle que le mot appartient à une famille de mots (p.
ex. renard → renardeau). Les lettres muettes ne posent
pas véritablement de problème en lecture, mais elles
présentent un réel défi en orthographe, car si les enfants
ne connaissent pas l’orthographe d’un mot, ils doivent
penser à trouver un mot de la même famille afin de
trouver la consonne en fin de mot.
LA DIMENSION LOGOGRAPHIQUE
La dimension logographique a pour fonction de
distinguer le sens des homophones à l’écrit (p. ex. vers,
verre, vert, ver et vair). Elle a également pour rôle de
rappeler l’origine étymologique de certains mots. On
trouve généralement à l’intérieur ou à la fin de ces mots
des consonnes muettes dont l’orthographe ne peut
être déduite ni par l’utilisation des correspondances
phonèmes-graphèmes, ni par l’utilisation de la
morphologie dérivationnelle. L’enfant n’a d’autre choix
que de mémoriser l’orthographe de ces mots. Par
exemple, aucune règle ne permet de déduire que le mot
foulard s’orthographie à l’aide d’une lettre muette en fin
de mot, et que cette lettre est d plutôt que e, s ou t.
Le cumul des inconsistances liées à ces trois dimensions
orthographiques rend l’apprentissage de l’orthographe
lexicale particulièrement difficile. L’analyse des erreurs
orthographiques démontre en effet qu’elles portent
majoritairement sur les mots inconsistants, et ce chez les
jeunes apprenants comme chez les adultes experts.
Le système d’écriture constitue un facteur déterminant
de l’apprentissage de l’orthographe, mais il n’est pas le
seul.
2
LES CAPACITÉS COGNITIVES
DE L’APPRENANT :
LA CONSCIENCE
PHONOLOGIQUE ET LA
MÉMOIRE
Le rôle du facteur cognitif dans l’apprentissage de
l’orthographe varie en fonction du degré de consistance
des correspondances phonèmes-graphèmes du système
d’écriture de l’apprenant. Dans un système alphabétique
transparent, comme l’espagnol et l’italien, où les mots
s’écrivent presque comme ils se prononcent, la capacité
de conscience phonologique joue un rôle majeur. C’est
cette capacité qui permet d’identifier chaque son
qui compose un mot pour, par la suite, y associer le
graphème correspondant et le transcrire. Une bonne
capacité de conscience phonologique ainsi qu’une
bonne connaissance de l’ensemble des correspondances
phonèmes-graphèmes permettent d’orthographier la
quasi-totalité des mots dans les langues transparentes.
Dans les systèmes alphabétiques opaques comme
celui du français, où, rappelons-le, seulement 50 %
des mots environ s’écrivent au son, la seule utilisation
des correspondances phonèmes-graphèmes ne suffit
pas; il faut y ajouter la mémorisation des graphèmes
spécifiques à chaque phonème (/o/: o ou au ou eau,
etc.), des lettres muettes et des doubles consonnes
propres à l’orthographe de chacun de ces mots. Dans
les langues opaques, l’apprentissage de l’orthographe
lexicale sollicite non seulement la capacité de conscience
phonologique, mais également la capacité de mémoire
lexicale orthographique (mémoire des mots écrits).
En tant que facteur cognitif de l’apprentissage de
l’orthographe, cette mémoire revêt plus d’importance
dans les langues opaques que dans les langues
transparentes.
LES MÉTHODES
D’ENSEIGNEMENT
Les méthodes d’enseignement ont d’importantes
répercussions sur l’apprentissage de l’orthographe.
Certaines permettent de favoriser cet apprentissage,
tandis que d’autres au contraire se révèlent totalement
nuisibles. Parmi les méthodes ayant montré leur
efficacité, on trouve la méthode sans erreur, la méthode
des régularités orthographiques, la méthode par
exposition répétée, la méthode apprentissage/test et la
méthode visuosémantique. Dans Mots sans maux, nous
utilisons directement les quatre premières méthodes.
LA MÉTHODE D’ENSEIGNEMENT
SANS ERREUR
La méthode d’enseignement sans erreur consiste à
enseigner de nouvelles connaissances, l’orthographe
lexicale en l’occurrence, en réduisant le plus possible
l’exposition à l’erreur en cours d’apprentissage.
Plusieurs recherches ont montré que cette méthode
se révèle beaucoup plus efficace pour la mémorisation
de l’orthographe que les méthodes exposant l’enfant à
l’erreur (comme celles qui se pratiquent le plus souvent
dans les écoles). La méthode d’enseignement sans erreur
est recommandée tant pour les enfants et les adultes
qui présentent un trouble d’apprentissage que pour les
autres.
Par ailleurs, d’autres études ont démontré que
l’exposition à l’erreur nuit à l’apprentissage de
l’orthographe ainsi qu’à la rétention à long terme, et ce,
tant chez l’enfant que chez l’adulte présentant ou non
des difficultés d’apprentissage. En effet, ces études ont
montré que plus les apprenants sont exposés à l’erreur,
moins ils apprennent l’orthographe des mots. Les
exercices proposant un choix multiple d’orthographes
d’un même mot (p. ex. demain, demin, demein, demun,
etc.) ou encore demandant à l’apprenant de repérer
les erreurs orthographiques des mots d’un texte sont
par conséquent clairement déconseillés. Si l’enfant
produit des erreurs dans une dictée, il est préférable
de les corriger en présentant l’orthographe correcte
et en attirant l’attention sur la ou les lettres bien
orthographiées plutôt que sur la forme erronée. Par
exemple, si l’enfant a écrit balon au lieu de ballon, il vaut
mieux lui indiquer la forme écrite appropriée et faire
porter son attention sur la double consonne (ballon),
plutôt que sur la forme erronée (balon). Autrement, c’est
la dernière forme que l’enfant mémorisera.
L’appligogique Mots sans maux propose à l’apprenant
d’accomplir un apprentissage sans erreur à
l’aide de trois jeux (les mots cachés, la grotte et
le sudomot) qui l’exposent de façon répétée à la
bonne orthographe des mots à mémoriser. Par
la suite, l’apprenant est amené à consolider cet
apprentissage à partir de deux autres jeux (les
feuilles volantes et les boules de feu).
3
LA MÉTHODE D’ENSEIGNEMENT DES
RÉGULARITÉS ORTHOGRAPHIQUES
Comme les apprenants ne peuvent se fier aux
correspondances phonèmes-graphèmes pour
orthographier près de 50 % des mots du français, ni avoir
recours à la dérivation pour écrire un nombre important
de mots, ils doivent employer d’autres stratégies pour
orthographier les mots. Les recherches ont démontré
que, très tôt, les élèves se fondent sur l’information
relative aux régularités des mots. Ils sont sensibles à
la fréquence d’occurrence de certaines graphies plus
« régulières ». Ils savent par exemple que le phonème
/f/ est plus souvent transcrit f que ph, que les lettres
pouvant se doubler sont le plus souvent t, l et r, mais
pas x et q, et que les consonnes muettes apparaissant
le plus souvent en fin de mot sont d, s et t. Ce type
d’apprentissage se réalise par exposition répétée
aux mots écrits de façon implicite, c’est-à-dire sans
que l’enfant en ait conscience. Enseigner de manière
explicite certaines connaissances plus générales sur
l’orthographe, qui s’acquièrent habituellement de façon
implicite, est une approche efficace. Cet enseignement
permet de favoriser l’apprentissage de l’orthographe
des mots inconsistants chez tous les enfants, et plus
particulièrement chez les enfants peu exposés à
l’écrit, notamment ceux qui présentent des difficultés
d’apprentissage. Cette méthode d’enseignement, dite
méthode des régularités orthographiques ou méthode
par analogie morphologique, consiste donc à proposer
aux enfants d’apprendre de façon explicite des listes
de mots inconsistants partageant certaines régularités
orthographiques (p. ex. le son /o/ s’écrit généralement
au en début et à l’intérieur des mots) ou de s’appuyer
sur des règles (p. ex. la syllabe / t/ à la fin des noms
féminins s’écrit généralement ette). Cette méthode
d’enseignement est basée sur l’organisation, processus
essentiel favorisant la mémorisation à long terme.
4
LA MÉTHODE D’APPRENTISSAGE PAR
EXPOSITION RÉPÉTÉE
Pour favoriser la mémorisation à long terme de
l’orthographe des mots, il est important de consolider le
nouvel apprentissage en proposant à l’enfant diverses
activités, afin qu’il soit exposé à un minimum de six
reprises aux mêmes mots bien orthographiés. La
répétition d’informations organisées est indispensable
à l’acquisition d’un savoir. Plutôt que de copier les mots
à plusieurs reprises pour les apprendre, l’apprenant a
avantage à produire l’orthographe des mots de façon
répétée dans différents jeux. L’aspect ludique de ce type
d’apprentissage motive l’enfant. Les recherches ont
montré que la motivation favorise l’attention, la qualité
de l’apprentissage et la mémorisation à long terme des
nouvelles connaissances.
LA MÉTHODE D’ENSEIGNEMENT
APPRENTISSAGE / TEST
La méthode d’enseignement apprentissage/test
consiste à enseigner de nouvelles connaissances, à
évaluer l’apprentissage dans un intervalle rapproché
et à répéter cette séquence plusieurs fois. Ce type de
méthode favorise la rétention à long terme des nouvelles
connaissances.
LA MÉTHODE D’ENSEIGNEMENT
VISUOSÉMANTIQUE
La méthode visuosémantique vise à faciliter la
mémorisation des inconsistances orthographiques en
sollicitant trois types de mémoire : la mémoire visuelle
imagée (mémoire des images), la mémoire lexicale
orthographique (mémoire de l’orthographe des mots)
et la mémoire sémantique (mémoire des connaissances
sur le monde). Cette méthode consiste à illustrer par un
dessin (mémoire visuelle imagée) le concept sous-jacent
à un mot (mémoire sémantique) tout en l’intégrant à
la graphie pouvant poser problème (mémoire lexicale
orthographique).
La méthode visuosémantique renforce la mémoire
lexicale orthographique et possède un côté ludique qui
motive l’enfant. Malgré son efficacité, elle comporte des
limites, puisqu’un grand nombre de mots sont difficiles
à illustrer (p. ex. confiance). Après avoir enseigné
l’orthographe de mots à partir de l’appligogique Mots
sans maux, il est recommandé d’utiliser la méthode
d’apprentissage visuosémantique, autant que faire se
peut, pour l’orthographe des mots qui auraient posé plus
de difficultés à l’apprenant.
LES CARACTÉRISTIQUES DE
MOTS SANS MAUX
Comme nous l’avons déjà souligné, l’apprentissage
de l’orthographe met en jeu différents facteurs, dont
des facteurs liés à notre système d’écriture, aux
capacités cognitives de l’apprenant et aux méthodes
d’apprentissage. L’appligogique Mots sans maux tient
compte des plus récentes recherches sur l’apprentissage
de l’orthographe lexicale ainsi que des méthodes
favorisant l’enseignement de nouvelles connaissances et
leur mémorisation à long terme.
LE PUBLIC CIBLE
L’appligogique Mots sans maux s’adresse aux apprenants
scolarisés à partir de la deuxième année (CE1) jusqu’au
premier cycle du secondaire. Une seconde application
sera mise au point pour les élèves de première année
(CP).
5
LES ACTIVITÉS PROPOSÉES
Les 5 activités proposées amèneront l’enfant à
apprendre l’orthographe de 10 mots en opposant
2 graphies pour représenter un même son (5
mots par graphie). Les trois premières activités
visent l’apprentissage de l’orthographe à partir des
méthodes d’enseignement sans erreur, des régularités
orthographiques et par exposition répétée. Les deux
dernières activités visent la consolidation à long terme à
l’aide de la méthode d’enseignement apprentissage/test.
COMMENT JOUER ?
En ouvrant l’appligogique Mots sans maux, l’enfant
doit d’abord créer son profil ou sélectionner le profil
qu’il a déjà créé. Lorsqu’il sélectionne Jouer, il doit
choisir entre la liste de mots faciles ou difficiles.
Il est à noter que le niveau de difficulté s’applique
aux mots et non à la mécanique du jeu. Si vous avez
choisi de créer une liste de mots, l’onglet Listes
personnalisées apparaîtra sous les onglets Facile
et Difficile. Une fois le niveau de difficulté choisi,
l’enfant doit sélectionner la liste de mots avec
laquelle il souhaite faire le jeu.
Au début de chaque épreuve, le personnage
représentant le dieu de l’Olympe présente
l’activité. Cette fonctionnalité est activée la
première fois qu’un joueur (profil) active le jeu.
Si le joueur reprend le jeu avec la même liste ou
une nouvelle liste, il n’y aura pas de présentation.
Toutefois, l’enfant peut réentendre en tout temps la
présentation en appuyant sur le bouton
: ce bouton permet d’entendre le mot à l’étude
: ce bouton permet de visualiser la liste des
mots à l’étude.
: ce bouton permet de mettre le jeu en pause et
: ce bouton de quitter le jeu.
Notez que la coupe se remplit au fur et à mesure
que les mots sont réussis. Lorsqu’elle est pleine, le
jeu est terminé et l’enfant peut prendre sa coupe,
signe de son succès.
LES LISTES DE MOTS ET DE GRAPHIES
L’appligogiqe Mots sans maux propose une liste de 40
graphies fréquentes comportant 10 mots inconsistants
répartis entre 2 niveaux de difficulté : facile (5 mots)
et difficile (5 mots). Le niveau facile correspond le
plus souvent aux mots de niveau de 2e et de 3e année,
alors que le niveau difficile correspond aux années
subséquentes. Les graphies à l’étude sont de couleur
vert. Dans certains cas, nous utilisons le rose et le bleu
pour différencier le féminin et le masculin.
L’appligogique Mots sans maux offre à l’utilisateur la
possibilité de créer ses propres listes de mots et, par
conséquent, de sélectionner des mots adaptés aux
caractéristiques de chaque apprenant. (Voir la section
« Créez vos propres listes »).
LA SÉLECTION DES MOTS ET DES
GRAPHIES
La sélection des mots vise à favoriser l’apprentissage
de l’orthographe lexicale des mots qui posent le plus de
difficultés aux apprenants, soit les mots qui présentent
des graphies inconsistantes (graphèmes multiples,
lettres muettes dérivables et non dérivables, séquences
de lettres plus fréquentes et doubles consonnes).
La sélection des graphèmes à l’étude a été réalisée en
fonction de divers critères : leur complexité (simples,
c’est-à-dire d’une lettre, ou complexes, c’est-à-dire
de plusieurs lettres) ; leur contexte d’utilisation
(contextuels comme g/gu/ge; s/ss; c/ç); (ou acontextuels);
leur consistance (consistants et inconsistants) ; leur
régularité (plus ou moins réguliers) ; leur fréquence
(plus ou moins fréquents) ; leur niveau d’acquisition. Les
graphèmes devaient opposer des graphèmes simples aux
complexes, devaient être acontextuels et inconsistants,
réguliers et fréquents, et devaient opposer deux niveaux
d’acquisition (premier cycle du primaire et niveaux
supérieurs).
La sélection des graphèmes repose sur deux sources :
• Proposition de hiérarchisation des 45 graphèmes de
base de l’orthographe du français de Manuel Pérez ;
• Guide pratique de l’orthographe du français de Liliane
Sprenger-Charolles.
6
La sélection des lettres muettes et des doubles
consonnes est fondée sur leur fréquence selon la base de
données Manulex-Morpho de Ronald Peereman.
La sélection des mots de chaque catégorie de graphies
a d’abord été réalisée en fonction de leur fréquence
selon la base de données du MELS et Novlex. Les
mots les plus fréquents comportant les graphèmes
sélectionnés ont ensuite été ordonnancés en fonction
de leur niveau d’acquisition grâce à l’échelle d’acquisition
de l’orthographe lexicale (ÉOLE) de Patrice et Béatrice
Pothier. La prise en compte du niveau d’acquisition
de l’orthographe des mots est importante, car la
compétence en orthographe lexicale en fonction du
niveau des élèves ne correspond pas à la liste des mots
les plus fréquents du français écrit. Par exemple, le mot
personne est répertorié comme un mot de niveau de 1ère
année dans la liste du MELS et est de haute fréquence
dans Novlex (69980) ; selon l’ÉOLE, cependant,
l’orthographe de ce mot est acquise seulement à partir
de la 5e année.
La sélection des mots comportant des lettres finales
muettes ou des doubles consonnes a été effectuée à
partir de la base Manulex-Morpho.
Notons que nous avons délibérément intégré aux mots
à l’étude certains mots qui n’apparaissent ni dans la base
du MELS ni dans Novlex (p. ex. parallèle). En effet, la liste
de mots de ces bases de données a été construite selon
leur occurrence dans les manuels scolaires de français
uniquement. Ces bases ne fournissent donc pas tous
les mots fréquents et utiles auxquels les enfants sont
exposés dans l’étude de matières autres que le français,
telles les mathématiques, et dont ils doivent malgré tout
connaître l’orthographe.
Notons également que certains mots que nous mettons
à l’étude n’ont pas été répertoriés par les auteurs de
l’ÉOLE, soit parce qu’ils n’en ont pas tenu compte dans
leur analyse (mots outils), soit parce qu’ils étaient de
basse fréquence dans les journaux considérés. Comme
cette échelle a été construite à partir de journaux qui
étaient destinés aux adolescents et aux adultes, plusieurs
mots utilisés par les plus jeunes n’y apparaissaient pas.
Ajoutons enfin que nous proposons des mots considérés
comme non acquis en 5e année du primaire dans l’ÉOLE,
car nous ne disposons pas actuellement d’échelle
qui puisse nous fournir le niveau d’acquisition de
l’orthographe des mots chez les enfants scolarisés
au-delà de la 5e année.
LA SÉQUENCE DIDACTIQUE
SUGGÉRÉE
PREMIÈRE SÉANCE
Expliquez aux élèves comment sont codés les mots :
Correspondances phonèmes-graphèmes
Expliquez que, grâce aux correspondances sons-lettres,
nous sommes en mesure d’écrire 50 % des mots en
attribuant une ou plusieurs lettres à chaque son des
mots. Soulignez que 50 % des mots sont impossibles
à orthographier de la sorte, car certains sons peuvent
s’écrire de différentes façons (/o/ : o, au, eau, etc.) et que
d’autres comportent des lettres qui sont muettes.
Morphologie dérivationnelle
Expliquez qu’un nombre important de mots sont
construits à partir de petits mots qui véhiculent un sens,
soit les préfixes et les suffixes. Ces derniers s’écrivent
toujours de la même façon. Par exemple, le suffixe ette,
qui signifie petite, permet d’orthographier plusieurs
mots tels que pommette, maisonnette, etc. Montrez que
certains mots se terminent par une lettre muette qui sert
à écrire un mot de la même famille. Cette lettre, appelée
lettre crochet, permet d’accrocher une ou plusieurs
lettres pour former un mot de la même famille, comme la
lettre t du mot petit permet de former le mot petite.
Logographie
Expliquez qu’il existe également des mots qui se
terminent par une lettre qui est devenue muette avec le
temps. Enfin, expliquez que certains mots se prononcent
exactement de la même façon mais n’ont pas le même
sens et que, pour se distinguer les uns des autres à l’écrit,
ils s’orthographient différemment (p. ex. vert, vers, verre,
ver et vair). L’apprentissage de l’orthographe de ces mots
nécessite une bonne mémoire.
POUR TOUTES LES SÉANCES
• Présentez aux enfants les deux graphies à l’étude et
les mots qu’ils devront mémoriser. Il est important de
s’assurer que les élèves connaissent le sens de ces mots,
celui des homophones en particulier. Chaque nom devra
être accompagné de son déterminant (p. ex. le verre).
• Amenez les enfants à porter attention aux graphies à
l’étude. Celles-ci peuvent apparaître en vert, en rose ou
en bleu. De manière générale, les graphies apparaissent
7
en vert. Lorsqu’il est utile de distinguer le féminin et le
masculin, les graphies apparaissent en rose et en bleu.
• Amenez les enfants à apprendre l’orthographe
des mots et à les mémoriser en leur faisant réaliser
les activités de l’appligogique Mots sans maux. Pour
l’orthographe des mots plus difficiles à mémoriser,
utilisez la méthode visuosémantique.
• Une fois l’apprentissage réalisé, demandez aux enfants
d’écrire deux courtes histoires contenant chacune l’une
des deux graphies à l’étude.
BIBLIOGRAPHIE
Árnadóttir, Í. (2003). The effects of “errorless” training
and testing on the performances of typically developing
children during acquisition and retention
(Mémoire de maîtrise, University of North Texas,
Denton, Texas). Repéré à http://digital.library.unt.edu/
ark:/67531/metadc4441/m1/1/
Bowers, P. N., Kirby, J. R. et Deacon, S. H. (2010). The
Effects of Morphological Instruction on Literacy Skills :
A Systematic Review of the Literature. Review of
Educational Research, 80 (2), 144-179.
Brunsdon, R., Coltheart, M. et Nickels, L. (2005).
Treatment of irregular word spelling in developmental
surface dysgraphia. Cognitive Neuropsychology, 22 (2),
213-251.
Colombo-Thuillard, F. et Bobillier, M. (2000).
Rééducation de la dysgraphie chez l’adulte : présentation
d’une méthode visuo-orthographique et présentation de
cas avec pathologie acquise et développementale.Tranel,
33, 133-143.
Dehn, M. J. (2010). Long-Term Memory Problems in
Children and Adolescents: Assessment, Intervention,
and Effective Instruction. Hoboken, N.J. : John Wiley &
Sons.
Lapert, A. (2009). Morphologie dérivationnelle :
Élaboration d’un programme d’entraînement pour
l’enfant dyslexique-dysorthographique (Mémoire en vue
de l’obtention du certificat de capacité d’orthophonie,
Université Lille 2, Lille, France). Repéré à http://
wwwscd.univ-lille2.fr/fileadmin/user_upload/memoires_
ortho/2009/LIL2_SMOR_2009_002.PDF
Larsen, D. P., Butler, A. C. et Roediger, H. L. (2009).
Repeated testing improves long-term retention relative
to repeated study: a randomised controlled trial.
Medical Education, 43(12), 1174-1181.
Lété, B. (2004). MANULEX : Le lexique des manuels
scolaires de lecture. Implications pour l’estimation du
vocabulaire des enfants de 6 à 11 ans. Dans E. Calaque
et J. David (dir.), Didactique du lexique : Contextes,
démarches, supports. Bruxelles : De Boeck.
Lété, B., Sprenger-Charolles, L. et Colé, P. (2004).
MANULEX: A grade-level lexical database from French
elementary school readers. Behavior Research Methods,
Instruments, & Computers, 36 (1), 156-166.
Mavrommati, T. D. et Miles, T. (2002). A pictographic
method for teaching spelling to Greek dyslexic children.
Dyslexia, 8 (2), 86-101.
Pothier, B. et Pothier, P. (2003). EOLE : Échelle
d’acquisition en orthographe lexicale (du CP au CM2).
Paris : Retz.
Doucette, J. et Rosales-Ruiz, J. (2007). A comparison of
the effects of errorful and errorless teaching methods
on the acquisition, generalization, and retention of letter
sound discriminations in young children (Mémoire de
maîtrise, University of North Texas, Denton, Texas).
Repéré à http://digital.library.unt.edu/ark:/67531/
metadc3677/
Rey, A., Pacton, S. et Perruchet, P. (2005). L’erreur
dans l’acquisition de l’orthographe. Rééducation
orthophonique, 222, 101-120.
Dusautoir, M., et Casalis, S. (2008). Analyse morpholexicale de la base de données Manulex [Morpho-lexical
analysis of the French lexical database Manulex]. Lille,
France : Université Lille Nord de France.
Schmalzl, L. et Nickels, L. (2006). Treatment of irregular
word spelling in acquired dysgraphia: Selective
benefit from visual mnemonics. Neuropsychological
Rehabilitation, 16 (1), 1-37.
Fenouillet, F. (2003). Motivation, mémoire et pédagogie.
Paris : L’Harmattan.
Haslam, C., Bazen-Peters, C. et Wright, I. (2012).
Errorless learning improves memory performance
in children with acquired brain injury: A controlled
comparison of standard and self-generation techniques.
Neuropsychological Rehabilitation, 22 (5), 697-715.
8
Schimek, N. (1983). Errorless discrimination training
of digraphs with a learning-disabled student. School
Psychology Review, 12 (1), 101-105.