Hollande cède à la tentation du Fouquet`s ¨20 septembre 2013 | Par

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Hollande cède à la tentation du Fouquet`s ¨20 septembre 2013 | Par
Hollande cède à la tentation du Fouquet’s ¨20 septembre 2013 | Par Laurent Mauduit
François Hollande inaugure vendredi près de Quimper une usine de Vincent Bolloré. Cette rencontre avec l'une des figures de proue du
capitalisme du Fouquet's prend valeur de symbole.
Dans l’agenda officiel de François Hollande, tel qu’il est publié par le site Internet de la présidence de la République, la rencontre n’était pas
explicitement mentionnée. Pudiquement, il était juste fait mention pour ce vendredi d’un « déplacement à Quimper », sans autres précisions
sur l’objet de ce voyage ni sur l’identité des personnalités que le chef de l’État va rencontrer à cette occasion.
Et pourtant, c’est une rencontre qui prend valeur de symbole : car c’est, en fait, à Vincent Bolloré que François Hollande va rendre hommage
– l’un des célèbres convives du Fouquet’s, qui avait offert son avion et son yacht à Nicolas Sarkozy au soir de sa victoire à l’élection
présidentielle de 2007. Alors forcément, ce choix fait par le nouveau président d’aller honorer l’un des grands patrons qui symbolise le plus
le capitalisme de connivence promu sous le précédent quinquennat, mérite qu’on s’y arrête. Car assurément, il y a là un symbole qu’il faut
s’appliquer à décrypter.
Qu’un chef de l’État aille inaugurer une usine n’a, certes, rien d’exceptionnel. On aurait donc pu être enclin à ne pas attacher d’importance à
ce que François Hollande se rende vendredi après-midi dans la petite bourgade bretonne d’Ergué-Gabéric, près de Quimper, pour y
inaugurer, comme le détaille toute la presse locale (ici, l’article de Ouest-France) l’usine « Blue Solutions », spécialisée dans la fabrication
de batteries pour voiture électrique. Seulement voilà ! Celui qui accueillera François Hollande, Vincent Bolloré, n’est effectivement pas le
premier patron venu, puisqu’il a été le grand patron qui a le plus symbolisé ces dernières années les systèmes de consanguinité promus par
Nicolas Sarkozy entre le pouvoir et les milieux d’affaires.
Que de critiques n’a-t-on pas entendues de 2007 à 2012, visant Vincent Bolloré et Nicolas Sarkozy ! Cela a effectivement commencé dès les
premiers jours de la présidence de Nicolas Sarkozy, lorsque l’on a appris que Vincent Bolloré, figurant parmi les riches convives du Fouquet’s
fêtant la victoire de leur champion, avait proposé à son « ami de 20 ans » de prendre son jet privé et d’embarquer du lundi 7 au mercredi 9
mai 2007, sur son yacht, Le Paloma, l’un des plus beaux du monde, pour faire une croisière de luxe entre Malte et la Sicile.
Toute la gauche s’est alors indignée. Et les dirigeants socialistes n’ont pas été les derniers. « Ça m'indigne », a sur-le-champ commenté sur
RTL Vincent Peillon, qui était le porte-parole de Ségolène Royal, la candidate battue. « Lorsque l'on a critiqué la société d'assistance, M.
Sarkozy semble être assisté, mais par les milliardaires qui lui prêtent leur jet privé, qui l'accueillent dans les yachts. (…) Il y a une forme
d'arrogance même d'insulte (…) à l'égard d'un certain nombre de gens. (…) On n'a jamais vu à ce point quelqu'un qui affiche de façon très
provocatrice le goût de l'argent et sa proximité avec les milieux d'affaires. »
Et même le premier secrétaire du parti socialiste, un certain… François Hollande, avait dit tout le mal qu’il pensait de cette proximité
affichée : « Ce n'est pas le même train de vie que de partir se retirer pour réfléchir, que de partir sur le yacht avec ce qui apparaîtra aux
yeux du plus grand nombre des vacances de milliardaires. (…) Quand on emploie le mot “habiter la fonction”, on fait attention à ne pas
habiter dans n'importe quel lieu avant la prise des responsabilités », avait-il ironisé au cours du “Grand journal” de Canal+.
Et puis ces polémiques ont rebondi quelques mois plus tard, quand, en décembre suivant, le même Nicolas Sarkozy est parti pour l'Égypte à
bord du même jet privé du milliardaire, pour passer de nouveau des vacances de luxe, à Louxor. Cette fois, c’est Benoît Hamon, porte-parole
du parti socialiste, qui avait fait part de son indignation, le 26 décembre 2007, au micro de RTL : « Comment M. Bolloré a réussi en
affaires ? En faisant de bons investissements. Eh bien, aujourd'hui, il continue à faire des investissements et Nicolas Sarkozy est pour M.
Bolloré un bon investissement. (…) Il est évident aujourd'hui qu'on ne peut pas sérieusement affirmer qu'il n'y a pas de contrepartie à des
voyages comme celui-là. Quand le président de la République est l'ami personnel d'hommes, de femmes qui détiennent des journaux, des
télévisions, qu'il se fait payer des vacances par eux, qui peut affirmer qu'il n'y a pas de contrepartie ? Personne. Tôt ou tard, ses amis lui
demanderont la contrepartie au service qu'ils lui ont rendu », avait-il lancé.
Le même jour, mais un peu plus tôt, sur France Inter, Arnaud Montebourg avait, lui aussi, dit tout le mal qu’il pensait de cette consanguinité
et, avec beaucoup de sévérité, s’était également interrogé sur les éventuelles « contreparties » que Vincent Bolloré pourrait attendre du
chef de l’État : « Je regrette de devoir m'interroger sur les contreparties que M. Bolloré, homme d'affaires rusé, est en droit d'attendre
de la République, car dès lors que le président de la République se met en situation de dépendre des faveurs des milliardaires, il y a
forcément des contreparties et nous nous interrogeons : lesquelles ? » avait déclaré le député socialiste de Saône-et-Loire, avant
d’ajouter : « Ce mélange des intérêts privés et publics est nuisible à l'impartialité de l'État. » « L'on ne peut mener une politique qu'à
l'écart des puissances de l'argent », avait-il conclu. Parole avisée qui, avec le recul, prend une curieuse résonance.
Critiques acerbes contre Bolloré et la « Françafrique »
Et puis, des polémiques, il y en a eu encore beaucoup d’autres. Et de plus violentes encore. Un seul exemple : les socialistes, tous en chœur,
ont crié au scandale d’État quand Alain Minc, conseiller occulte de Nicolas Sarkozy, lui a recommandé de supprimer la publicité sur les
écrans publics. À l’époque, toute la gauche a dénoncé un grave conflit d’intérêts, car dans la foulée, Alain Minc a aussi conseillé au chef de
l’État d’engager, par voie de conséquence, la privatisation de la Régie publicitaire de France Télévisions, et a intrigué dans les coulisses du
pouvoir pour que l’acquéreur soit son client Stéphane Courbit, patron d’un groupe… dont il était lui-même… actionnaire, à hauteur de 3 %.
Les socialistes ont aussi beaucoup soupçonné à l’époque le même Alain Minc de faire le jeu de son principal client, Vincent Bolloré, acteur
important de la TNT, avec notamment la chaîne Direct 8, par le jeu des transferts de publicité induit par cette réforme. Même si, à cause
des polémiques, toutes ces réformes ont finalement capoté, Vincent Bolloré n’en a donc pas moins été l’une des cibles favorites des
socialistes. Ceux-ci s’en sont d’autant plus donné à cœur joie qu’il est de notoriété publique – c’est Vincent Bolloré qui, un jour, me l’a luimême confié – que l’industriel rémunère Alain Minc à hauteur de 10 % des plus-values qu’il réalise, y compris celles dont l’idée ne provient pas
de lui.
Le Parti socialiste a aussi, durant toutes ces années, multiplié les critiques acerbes contre la « Françafrique » et les appuis dont Vincent
Bolloré aurait profité auprès du pouvoir, et de Nicolas Sarkozy lui-même, pour consolider ses positions tentaculaires, en Afrique, dans les
domaines du transport maritime ou ferroviaire, du fret et de la logistique, des plantations. À titre de rappel, et pour comprendre dans
quelles conditions Vincent Bolloré s’est construit un immense empire industriel et financier, sur les décombres des anciennes positions
coloniales françaises, on peut se plonger dans les enquêtes de ma consœur Martine Orange : Comment Bolloré s’est taillé un empire en
Afrique, Enquête sur la face cachée de l’empire Bolloré. Et au-delà, pour mieux comprendre certains des mystères du groupe, et de son
opacité, on peut aussi se replonger dans cet autre volet de cette même enquête : Dans les brouillards du Liechtenstein.
Or, d’un coup d’un seul, les socialistes sont devenus amnésiques. Celui qu’ils raillaient comme l’un des symboles du sarkozysme endogame, du
mélange des genres entre intérêt public et affaires privées, voilà qu’ils l’élèvent sur un piédestal, et le montrent en exemple, comme un
industriel énergique et entreprenant. On ne sait pas encore si Vincent Bolloré sera à François Hollande ce que Jean-Luc Lagardère a été à
François Mitterrand ou même à Lionel Jospin – un grand patron issu de la droite auquel les socialistes ont déroulé le tapis rouge, dans des
conditions qui ont parfois confiné au scandale, par exemple au sein d'EADS –, mais en tout cas, le changement de ton est spectaculaire.
Un homme a sans doute beaucoup contribué à rapprocher l’homme d’affaires de l’Élysée : c’est Bernard Poignant, maire de Quimper et poids
lourd socialiste de cette partie du Finistère. Depuis des années, ses relations avec Vincent Bolloré sont au beau fixe. Ils sont devenus amis.
Bernard Poignant s’est beaucoup mobilisé pour aider l’homme d’affaires dans ses investissements et ses projets pour maintenir et
développer l’usine d’Ergué-Gabéric, située à quelques kilomètres de sa ville. Il ne manque aucune des inaugurations ou des rencontres
organisées par l’homme d’affaires quand celui-ci vient en Bretagne.
En retour, Vincent Bolloré apporte son soutien, y compris financier, aux projets du maire de Quimper pour sa ville et sa région. Il se trouve
que Bernard Poignant est aussi un conseiller de l’Élysée, ayant accès quand il veut à François Hollande, discutant avec lui de la conduite des
affaires du pays, lui donnant la température du pays et du parti. Selon Ouest-France, c’est d’ailleurs Bernard Poignant qui lui a suggéré de
venir à Quimper pour cette inauguration. « C'était avant l'été. Le Président m'a donné un accord de principe très peu de temps après notre
entrevue », a raconté l’élu socialiste au quotidien régional.
C’est Arnaud Montebourg, qui ne fait décidément plus entendre sa différence, qui a donné le signal du revirement. Dans plusieurs
déclarations, il a salué avec enthousiasme, ces derniers temps, l’action de Vincent Bolloré. Au diable les conflits d’intérêts qu’incarnait le trio
Sarkozy-Minc-Bolloré ! Au diable aussi la critique de la « Françafrique » ! Vincent Bolloré est soudainement devenu le patron d’un groupe
« crédible et expérimenté ».
Selon un article de L’Express, publié en mai dernier, ce sont les termes exacts que le bouillonnant ministre du redressement productif a
utilisés dans une lettre datée du 26 mars et adressée à Mahamadou Issoufou, président du Niger, pour plaider la cause du groupe Bolloré,
candidat à la construction d'un chemin de fer reliant Niamey, capitale du Niger, à Abidjan en passant par le Burkina Faso, et d'une autre
ligne reliant Niamey à Cotonou, au Bénin. Le groupe français est « crédible et expérimenté », écrivait donc Arnaud Montebourg, avant
d’indiquer au président du Niger que la firme avait le « soutien de la France ».
Pour la petite histoire, on peut d’ailleurs relever que, VRP de luxe pour l’industriel en Afrique, Arnaud Montebourg l’a été aussi, de manière
ostentatoire – est-ce une coïncidence ? – pour une personnalité qui a très longtemps été le bras droit du même Vincent Bolloré. Car si l’on a
beaucoup jasé, dans les gazettes, sur le patriotisme industriel d’un Arnaud Montebourg, n’hésitant pas à s’afficher en « couverture » du
Parisien Magazine (photo ci-dessus), en octobre 2012, fièrement vêtu d’une marinière bretonne fabriquée par la PME Armor-Lux, qui a
bénéficié du même coup d’une formidable publicité, on a beaucoup moins pointé le cheminement de son patron, Jean-Guy Le Floch. Ancien
cadre dirigeant du groupe Bolloré, il est toujours resté proche de Vincent Bolloré. Il y a peu, une vidéo de Ouest-France montrait Vincent
Bolloré en train de remettre deux voitures électriques à son ami Jean-Guy Le Floch (vidéo à regarder ici).
Bolloré votera Hidalgo
Ce changement de ton n’est d’ailleurs pas que le fait d’un ministre socialiste. Visiblement, Vincent Bolloré, qui a le sens des affaires, a sans
doute compris l’intérêt qu’il pouvait avoir à cultiver ces nouvelles amitiés. Lui dont la parole est rare et qui se tient à distance des médias –
surtout ceux qu’il ne contrôle pas – a jugé utile de dire, vendredi 13 septembre, sur LCI tout le bien qu’il pense des socialistes au pouvoir.
Vincent Bolloré encense Arnaud Montebourg et... par LeLab_E1
Cela a commencé par un éloge appuyé d’Arnaud Montebourg, à faire pâlir Nicolas Sarkozy de jalousie : « Je ne suis pas taxé de socialisme, on
me connaît, mais il faut reconnaître qu'Arnaud Montebourg n'a pas arrêté de pousser les entreprises françaises, de faire cocorico, et
d'essayer de les développer. Donc on peut lui rendre hommage ! Moi je pense que des gens qui poussent, comme ça, c'est formidable », a-t-il
commencé par s’enthousiasmer.
Et ce n’est pas tout. Dans la foulée, l’industriel breton a aussi couvert d’éloges les dirigeants socialistes de la Mairie de Paris, qui lui ont
offert le marché d’Autolib, qu’il convoitait avec force. Cela s’est donc poursuivi par un coup de chapeau appuyé au maire sortant : « Je rends
hommage à Bertrand Delanoë parce que, quand même, il fallait être gonflé : un maire qui aurait pu rester tranquillement chez lui, de faire
faire 5 000 places de stationnements, de mettre 5 000 bornes de recharge, et la proposition d'Anne Hidalgo formidable de pouvoir utiliser
les couloirs de bus, c'est formidable parce que c'est comme ça que vous développerez ! »
Et cela s’est achevé – il faut se pincer pour le croire ! – par l’annonce de Vincent Bolloré qu’il voterait aux municipales de 2014 dans la
capitale non pas pour la chef de file de l’UMP Nathalie Kosciusko-Morizet, mais pour sa rivale socialiste, Anne Hidalgo : « Sûrement, oui,
sûrement », a lâché Vincent Bolloré.
L’homme d’affaires n’est pas ingrat, surtout que cela ne lui coûte pas grand-chose. Paris lui a offert la référence dont il avait besoin et a
apporté le crédit dont son entreprise avait besoin. Vincent Bolloré va pouvoir prochainement tirer le profit de son investissement : il
projette d’introduire en Bourse sa filiale Autolib.
L’inauguration en grande pompe par François Hollande de l’usine de Vincent Bolloré est donc, en quelque sorte, le point d’orgue de cette
étonnante réconciliation. Alors symbolique, elle l’est assurément. Symbolique d’abord parce que depuis mai 2012, le président socialiste a
surpris en reniant ses engagements les plus importants et en prolongeant, à quelques détails près, l’essentiel des priorités de la politique
économique de Nicolas Sarkozy. Maintien de la politique d’austérité salariale ; accentuation de la politique d’austérité budgétaire ; mise en
œuvre du « choc de compétitivité » voulu par l’ancien chef de l’État, sous des modalités à peine modifiées, et avec à la clef la hausse de la
TVA, l’un des impôts les plus injustes ; aggravation de la politique de flexibilité du travail ; mise au point d’une réforme des retraites qui
protège totalement le capital et accable le travail ; trahison des ouvriers de Florange, d’une manière aussi désinvolte que celle utilisée par
Nicolas Sarkozy à l’égard des sidérurgistes de Gandrange... Depuis mai 2012, c’est à peu de choses près (le mariage pour tous…), comme si
rien n’avait changé. Comme si la même politique économique inégalitaire se poursuivait, accommodante pour les chefs d’entreprise et le CAC
40, et harassante pour le monde du travail.
Alors, dans un tel contexte, voir réapparaître Vincent Bolloré dans ce nouveau paysage présidentiel apparaît presque logique. Puisque, sans le
moindre état d’âme, François Hollande admet être le « président des entreprises » – sous-entendu : celui des patrons – tandis que Pierre
Moscovici s’applique à être le serviable ministre du Medef (lire Ce que révèle le tango d’amour Moscovici-Gattaz), on ne saurait être
surpris que le chef de l’État aille jusqu’au bout de cette logique. Et que, symbole pour symbole, il aille jusqu’à venir rendre hommage à l’une
des grandes figures du Fouquet’s.
Et, puisque beaucoup de digues sont rompues, pourquoi François Hollande éprouverait-il la moindre gêne ? Acceptant un jour complaisamment
de faire la couverture de Paris-Match, aux côtés de sa compagne Valérie Trierweiler, une posture quasi monarchique, avec ce sous-titre
guerrier sidérant « Ensemble en première ligne » ; oubliant du même coup que les socialistes avaient reproché à Nicolas Sarkozy la
scénarisation de sa vie privée ; acceptant le lendemain de se livrer à une pantomime d’entretien sur TF1, avec la plus complaisante des
journalistes, Claire Chazal, de sorte qu’il puisse dérouler son plan de communication, sans craindre d’être interrompu ni interpellé, le chef de
l’État va, à l’évidence, jusqu’au bout du rôle qu’il s’est fixé. Loin, très loin de ce que pourrait espérer ce que l’on appelait en d’autres temps –
c’était hier, cela semble une éternité –, le « peuple de gauche »…
La spectaculaire réconciliation de Vincent Bolloré avec les dignitaires socialistes a toutefois d’autres explications que la politique
économique droitière conduite par François Hollande. D’autres explications sans doute plus secrètes.
D’abord, il faut bien prendre la mesure de l’empire industriel dont Vincent Bolloré dispose effectivement en Afrique, comme en témoigne la
carte de ses implantations figurant sur le site Internet du groupe (reproduction ci-dessous).
Sans doute François Hollande a-t-il donc pensé que, dans la politique africaine qu’il a choisi de conduire, ne s’écartant pas des canons de la
diplomatie française traditionnelle, celle de la « Françafrique », il devait avoir Vincent Bolloré comme allié. Pour des raisons d’intérêts
mutuels. S'érigeant, de nouveau, depuis l'intervention militaire au Mali, en gendarme de l'Afrique de l'Ouest, la France de François Hollande
défend ainsi une zone d'influence qui correspond très exactement aux places fortes de Vincent Bolloré.
Et puis, il y a une dernière raison, cathodique celle-là. C’est que Vincent Bolloré est devenu progressivement une puissance télévisuelle. Il
avait déjà une petite chaîne, Direct 8, que François Hollande connaît bien puisque sa compagne Valérie Trierweiler y a officié et a donc eu
Vincent Bolloré comme patron. Mais Vincent Bolloré est aussi monté progressivement au capital de Vivendi et en est devenu l’actionnaire de
référence – lequel groupe Vivendi a pour filiale Canal+. Alors François Hollande a-t-il jugé que le temps était venu de se mettre dans la poche
un patron aussi puissant ? C’est sans doute un autre argument qui a pesé. En d’autres temps, les socialistes n’ont-ils pas eu des mots très
durs contre Martin Bouygues, propriétaire de TF1, avant de mettre une sourdine à leurs critiques, laissant à François Bayrou un quasimonopole de l’indignation de ce système d’information verrouillée ?
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Ce chemin de traverse, François Hollande le suit avec méthode et détermination. Vendredi, ce chemin l’amènera donc à Ergué-Gabéric, près
de Quimper. Et dans ce stupéfiant théâtre d’ombres qu’est devenue la présidence Hollande, et qui trop souvent fait penser à la présidence
de l’ancien régime, on en vient presque à ne plus jamais être surpris. Le plus invraisemblable devient presque la routine. On en vient même à
penser qu’il n’y aurait, tous comptes faits, rien de déplacé à ce qu’Alain Minc soit de la fête d’Ergué-Gabéric, aux côtés de son richissime
client qu’il conseille pour toutes ses grandes opérations. Quand bien même il dirait jour après jour sa détestation de la gauche...
Tout cela est cohérent. Désespérant, mais profondément cohérent.