Le vocabulaire concernant l`extermination des Juifs d`Europe par les
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Le vocabulaire concernant l`extermination des Juifs d`Europe par les
Le vocabulaire concernant l’extermination des Juifs d’Europe par les nazis Le régime nazi a, de 1941 à 1945, mis en œuvre sa décision planifiée de destruction des populations juives d’Europe. L’objectif était l’élimination totale à l’échelle de la planète. Ce crime portait en lui-même le déni et sa négation par ses auteurs : les nazis ont tenu secrète leur décision et ils utilisaient des euphémismes pour désigner certains actes ; cela présentait divers « avantages » : ne pas informer les victimes du sort qui les attendait, ne pas culpabiliser les bourreaux, innocenter les coupables et les témoins… Les termes sont nombreux et leur usage était systématique : les déportations étaient « réinstallation ou transfert à l’Est » ou encore mobilisation de main d’œuvre », on n’assassinait pas, mais « nettoyait », « désinfectait », la chambre à gaz était « la douche » ou « himmelweg », le « chemin du ciel »… Par ailleurs, les Juifs eux même étaient souvent désignés par les nazis comme des insectes, des parasites, des bacilles, des choses : ce lexique participait à la déshumanisation des victimes.1 La négation du génocide commence donc par les mots, ces mots sont encore utilisés aujourd’hui par les négationnistes pour minimiser ou nier le crime. C’est pourquoi nous devons être très attentifs à notre champ lexical, et veiller à ne pas transmettre sans le savoir les « mots des bourreaux ». La première question qui se pose est donc quel mot utiliser pour désigner l’extermination des Juifs d’Europe par les nazis ? « La solution finale » : c’est est le terme nazi. Utiliser ces mots, c’est parler comme les criminels. Le mot « solution » sous entend un problème, ce qui nous situe dans le registre antisémite. « Génocide » C’est le terme générique. Il a été forgé en 1944, par le juriste juif d’origine polonaise Raphael Lemkin, à partir de la racine grecque « genos » -origine, espèce- et du suffixe latin cide, de « cadere »-tuerCe terme a été utilisé pour la première fois dans l’acte d’accusation du procès de Nuremberg, mais on lui a préféré dans ce cadre le terme "crime contre l’humanité »2. Passé aujourd’hui dans le langage courant, il reste un terme juridique encadré par les textes du droit international. Est défini comme génocide le « … refus de droit à l’existence de groupes humains entiers » et, par extension : « tout acte commis dans l'intention de détruire méthodiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux". Il définit ainsi la décision d’un Etat de détruire de manière méthodique et systématique un groupe cible. L’histoire du 20ème siècle retient le génocide des Herero (1904), des Arméniens (1915), des Juifs (1042) et des Tutsis du Rwanda (1994) « Holocauste » C’est le terme en vigueur dans les pays anglo-saxons. D’origine hébraïque, il signifie étymologiquement « brûlé jusqu’au bout » et désigne une pratique antique de sacrifice, d’offrande. Ce terme est très décrié en France parce qu’il sous entend la soumission et la passivité des victimes de nazis : un sacrifice est un acte consenti ou volontaire, or les Juifs d’Europe exterminé par les nazis n’ont fait aucun choix. Par ailleurs, qu’auraient-ils eu à « expier » ? Ce terme, utilisé dans le langage international est parfois celui de certains textes officiels en France. « Shoah » C’est un mot hébreu- qui rend ainsi la parole aux victimes en puisant dans leur langue originelle- qui signifie « catastrophe », mais ce n’est pas un terme religieux à proprement parler. Il s’agit bien d’une « catastrophe » à l’échelle de l’humanité. C’est, semble-t-il le terme le mieux adapté. 1 À signaler à ce propos, l’ouvrage du linguiste Victor Klemperer , rédigé d’après ses « carnets secrets » durant la guerre et publié sous le titre : « LTI. La langue du IIIème Reich » Albin Michel 1996 Civisme et Démocratie – CIDEM Janvier 2005 Glossaire3 : - Antisémitisme Terme apparu en Allemagne à la fin du XIXème siècle destiné à caractériser en terme « racial » et pseudo scientifique une hostilité aux Juifs, jusqu’alors perçue en termes religieux et culturels (antijudaïsme). De manière plus générale, ce synonyme de judéophobie désigne l’hostilité particulière envers un groupe de personnes considérées, à tort ou à raison, comme « juives ». À noter que ce terme n’a jamais concerné un autre peuple que le peuple juif. - Aryanisation Fait de confisquer une entreprise ou un commerce appartenant à un Juif et de la donner ou de le vendre à bas prix à un non-Juif ou « Aryen ». Les différents Etats collaborateurs ont tous procédé à l’aryanisation, politique ou économique. - Camps de concentration Les camps de concentration nazis regroupaient des opposants politiques, des détenus de droit commun, des Juifs, des homosexuels, des prisonniers russes. Ravensbrück, Buchenwald, Dachau ou encore Mauthausen étaient des camps de concentration. Les Juifs y furent nombreux dès 1938 et majoritaires à partir de 1945. - Centres d’extermination Qualifiés souvent à tort de camp d’extermination. Ce terme désigne les six « centres de mise à mort » créés en Pologne dès 1941 pour l’extermination systématique des seuls Juifs et occasionnellement de Tsiganes. Si Auschwitz et Maidanek furent des camps mixtes, Belzec, Chelmno, Sobibor et Treblinka furent avant tout des terminaux ferroviaires. - Camps d’internement Camps français ouverts sur l’ensemble du territoire national dès 1938 afin d’accueillir des réfugiés républicains espagnols mais également des réfugiés allemands et autrichiens fuyant le nazisme, mais considérés comme ressortissants ennemis de la France. Ils servirent ensuite de centres de regroupement pour les Juifs avant que ceux-ci soient acheminés vers les camps de Beaune-La-Rolande, de Pithiviers, de Drancy, eux-mêmes camps d’internement d’où partirent les convois vers les camps de la mort. 3 - Ressources : Documents à destination des enseignants, Mémorial de la Shoah- Musée, Centre de Documentation Juive Contemporaine, Joël Kotek et Iannis Roder, (2004) Documentation Cidem Extraits : - Guide républicain Scéren [CNDP] Ministère de l’éducation nationale, de la recherche et de l’enseignement supérieur Civisme et Démocratie – CIDEM Janvier 2005 - Crime contre l’humanité C’est une notion juridique encadrée par des textes. La première définition en a été fournie par le tribunal militaire international de Nuremberg chargé par les alliés de juger les plus grands criminels nazis en 1945 : « Atrocités et délits, y compris mais sans être limités à l’assassinat, à l’extermination, la mise en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain commis contre toute population civile, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux, lorsque ces actes ou persécutions, qu’ils aient constitué ou non une violation du droit interne des pays où ils ont été perpétrés, ont été commis à la suite de tout crime rentrant dans la compétence du tribunal. » La convention des nations Unies de 1968 « sur l’imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité » y a ajouté : « l’éviction par attaque armée ou l’occupation et les actes inhumain découlant de la politique d’apartheid, ainsi que le crime de génocide.» En résumé, un crime contre l’humanité est le déni d’humanité à certains groupes humains, déni de leurs droits élémentaires tels que définis par les Droits de l’homme, ainsi que les comportements inhumains vis à vis des personnes constituant ces groupes. La déportation, l’esclavage, le génocide, l’ « épuration ethnique »... sont des crimes contre l’humanité. À noter que ce terme juridique qui trouve sa source dans les textes visant à la qualification des crimes nazis a permis de porter un regard nouveau sur des évènements antérieurs à la période nazie: la traite négrière et l’esclavage, reconnus crimes contre l’humanité (en France depuis 2001), le génocide Arménien (2001)... Dans le droit français, les crimes contre l’humanité sont, depuis la loi du 26 décembre 1964, « imprescriptibles », c’est à dire qu’ils peuvent être punis sans limite dans le temps. - Einsatzgruppen Groupes d’extermination, créés en mai 1941. Ce sont de petites unités mobiles formées de policiers allemands chargés d’exécuter les « ennemis » des nazis, c'est-à-dire principalement les Juifs et les communistes, dans les territoires conquis lors de l’invasion de l’URSS en 1941. Les statistiques évaluent que chaque SS membre des Einsatzgruppen tua 700 personnes en moyenne. - Étoile jaune Le port de l’étoile jaune obligatoire pour les Juifs de plus de 7 ans fut une mesure prise par les nazis en Allemagne en 1941 et en juin 1942 en France occupée. - Eugénisme Ce mot qui vient du grec eu (bien) et gennaân (engendrer) signifie littéralement « bien naître ». Chez les nazis, il fut uniquement utilisé pour désigner la politique d’assainissement et d’amélioration de la « race ». - Euthanasie Le mot euthanasie vient du grec eu (bon) et thanatos (mort) : il signifie littéralement « bonne mort ». Il s’agit de ‘laide que l’on peut apporter à quelqu’un pour l’aider à mourir quand tout espoir est perdu et que l’agonisant souffre beaucoup. Cette euthanasie est pratiquée à la demande du mourant, ou s’il ne peut le demander, à la demande de l’un de ses proches. Les nazis ont transformé ce mot pour désigner l’extermination des malades, sans leur consentement et contre l’avis de leur famille (Programme T4) Civisme et Démocratie – CIDEM Janvier 2005 - Génocide C’est un terme générique forgé en 1944, par le juriste Raphael Lemkin, juriste Juif d’origine polonaise, à partir de la racine grecque « genos » -origine, espèce- et du latin « cadere »-tuerUtilisé pour la première fois dans l’acte d’accusation du procès de Nuremberg, on lui a alors préféré le terme "crime contre l’humanité ». Passé aujourd’hui dans le langage courant, le génocide reste un terme juridique encadré, par les textes du droit international : est défini comme génocide le « … refus de droit à l’existence de groupes humains entiers » et, par extension : « tout acte commis dans l'intention de détruire méthodiquement un groupe national, ethnique, racial ou religieux". - Gestapo (Geheime Staatspolizei) Police secrète de l’Etat nazi. Ce nom générique de Gestapo a été utilisé par les Français occupés pour désigner à tort des organismes très différents tels que la Sipo (Sicherheiddienst ou Police de sûreté) ou le SD ( Sicherheidspolizei ou service de renseignement du parti). En réalité, la gestapo n’a été que l’organe exécutif du SD et de la Sipo. Créée par décret de Goering en 1933, passée en 1934 sous l’autorité de Himmler, Reichsführer SS, et en fait sous celle de son redoutable adjoint Heydrich, elle est dirigée du commencement à ma fin du IIIème Reich par Heinrich Müller. La gestapo était composée, au départ, non de nazis mais de policiers professionnels qui avaient servi la République de Weimar et qui sont passés au service de l’Etat nazi. La Gestapo était la pièce maîtresse de l’appareil de répression aux mains des nazis. - Ghetto Mot d’origine italienne qui désigne durant la seconde guerre mondiale les quartiers dans lesquels étaient regroupés les Juifs d’Europe centrale et de l’Est et dont ils ne pouvaient sortir. Les Nazis mirent en place des conseils juifs, instances communautaires censées diriger les ghettos. - Justes Des milliers d’hommes, femmes et surtout d’enfants juifs ont été cachés, aidés, protégés durant la Shoah. Ils doivent leur survie à des non-juifs qui ont su, durant ces heures noires, conserver leur humanité. Ces « résistants » à la folie antisémite ont un nom : on les a appelé des Justes . Pour chacun d’entre eux, un arbre a été planté dans la vallée des Justes à Yad Vashem, en Israël. Parmi eux, Schindler, connu depuis le film qui lui a été consacré (La liste de Schindler) et Miep Gies qui a aidé Anne Frank…pour n’en citer que deux parmi des milliers ! - NSDAP Abréviation de National-Sozialistische Deutsche Arbeiter Partei, parti national-socialiste des ouvriers allemands, parti nazi (abréviation de nazional) - Rafle du Vel’ d’hiv’ Les 16 et 17 juillet 1942, à la demande des autorités d’occupation, 12 352 Juifs ont été arrêts par 4 500 policiers parisiens. Enfants, hommes et femmes de tous âges sont d’abord regroupés au Vélodrome d’hiver, dans le XVème arrondissement de Paris, puis détenus dans les camps de Drancy, Pithiviers et Beaune-La-Rolande avant d’être déportés et gazés à Auschwitz. Civisme et Démocratie – CIDEM Janvier 2005 - SA Abréviation de Sturm Abteilung, section d’assaut, troupes de choc du parti nazi jusqu’en 1933 - Shoah Mot hébreu qui signifie « catastrophe ».C’est sous ce terme que l’on désigne le plus souvent en France, en Israël et dans les pays francophones, l’extermination des Juifs d’Europe par les nais. C’est, semble-t-il, le terme le plus souvent choisi et le mieux adapté car il n’a pas (contrairement au mot Holocauste en vigueur dans le monde anglo-saxon) de connotation religieuse. - « Solution finale » Endlösung en Allemand. Expression codée des nazis( afin de conserver secret leur objectif) désignant la planification et la mise en oeuvre de l’extermination des Juifs d’Europe. - SS Abréviation de l’Allemand Schutz Staffel : section de protection. Les SS étaient sélectionnés avec grand soin sur des critères politiques (des nazis fanatiques) et soidisant raciaux. Ils ont formé, à partir de 1922 une police militarisée du Parti nazi, sous les ordres d’Himmler, chargée de la protection du Führer. L’organisation était composée de trois branches distinctes : le service de renseignement du parti (le SD) qui absorba en février 1944 le service de renseignement de l’armée (Abwehr), puis les polices, groupant les polices régulières et la police secrète d’Etat : la Geheime Staaspolizei (Gestapo) et enfin la Waffen SS (section de protection armée) dont le nom n’apparaît qu’en 1940. - Wehrmacht Armée allemande - Nuit de cristal Nuit du 9 au 10 novembre 1938 où éclatent dans toute l’Allemagne des pogromes antisémites. - Sonderkommando Commandos spéciaux constitués de prisonniers juifs chargés de la crémation des victimes du gazage. Ces commandos étaient régulièrement renouvelés et leurs membres assassinés. - Statut des Juifs Lois des 3 octobre 1940 et 2 juin 1941 décidées par le gouvernement de Vichy, excluant les Juifs de la vie politique, économique et sociale de la nation. Civisme et Démocratie – CIDEM Janvier 2005