J`ai toujours été nature à fond

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tendances&loisirs
Stève Ravussin (43 ans) au bord du Léman. Son trimaran «Race for Water» (photo ci-contre), qui est le fruit de toute son expérience de
«J’ai toujours été
nature à fond»
L’invité. Le 7 juillet à New York,
Stève Ravussin lancera à la fois sur
l’Atlantique son nouveau trimaran,
«Race for Water», et un championnat
qui à travers le monde informera
le public sur la préservation de l’eau.
Rencontre pleine d’enthousiasme
à Morges.
INTERVIEW FLORENCE MICHEL
PHOTOS CHARLY RAPPO/ARKIVE.CH
Coopération. Le 7 juillet,
au pied de la statue de la
Liberté, vous prendrez le
départ d’un sprint très
particulier. Racontez-nous…
Stève Ravussin. Je suis impatient! Pour cette première
Krys Ocean Race, entre New
York et Brest, je serai le
skipper du Race forWater, un
trimaran d’exception conçu
par la société que j’ai créée
en 2009 avec Marco Simeoni
et Franck David. Cette société, Multi One Design (MOD),
a lancé la réalisation d’une
série de douze multicoques
de 70 pieds (21 m) de long,
absolument
identiques.
Pour le moment il y en aura
cinq au départ. Nous serons
vraiment à armes égales, ce
qui est rare pour des bateaux
de course au large.
Cette transat est aussi le
début d’un championnat…
Oui, le circuit des MOD 70,
appelé le Multi One Championship. Il aura lieu sur des
cycles de trois ans. Le premier cycle (2012-2014) débute avec la transat. Puis
le European Tour, avec six
étapes, aura lieu en septembre 2012, et l’Ocean
World Tour – cinq ou six
étapes – se déroulera d’octobre 2013 à avril 2014. Puis
le cycle recommencera.
Coopération
N° 27 du 3 juillet 2012
de la planète. Soutenue par
la Commission océanique
intergouvernementale de
l’Unesco, la fondation est itinérante et se sert du championnat Multi One Design
pour communiquer sur son
action.
Par quels moyens?
On travaille beaucoup avec
les enfants. Lors des escales,
comme à Brest à la mi-juillet, un pavillon sera monté pour accueillir le public
«Les gamins,
ce sont eux qui
vont faire évoluer
la planète»
navigateur, l’attend à New York.
Ce trimaran, c’est votre
bébé?
Le MOD 70 est le fruit de
toute mon expérience. Les
problèmes que j’ai rencontrés pendant plus de vingt
ans, j’ai pu les gommer lors
de la conception de cette
machine fantastique, très
rapide. Le bateau est l’œuvre
du fameux bureau d’architectes français VPLP (Marc
Van Peteghem et Vincent
Lauriot-Prévost), qui a notamment signé Oracle et Primagaz. C’est une construction solide, faite pour durer.
Pourquoi votre bateau
s’appelle-t-il «Race for Water» (Course pour l’eau)?
C’est le bateau ambassadeur
de la Fondation Multi One
Attitude, dont la mission
est de sensibiliser le public
à la préservation de l’eau, la
ressource la plus précieuse
et l’informer. Nous avons
conçu une brochure pour
les enfants illustrée par Zep,
qui transforme Titeuf en
«super Hér’eau» et propose
des gestes quotidiens et
simples. Les gamins, ce sont
eux qui vont faire évoluer
la planète. Ils comprennent
vite et ils agissent. Je l’ai vu
l’hiver passé quand j’ai donné des conférences dans des
écoles suisses et françaises.
Mais il y a encore beaucoup
de travail à faire pour sensibiliser à la préservation de
l’eau douce et des mers, ici
et partout dans le monde. La
mer est encore trop souvent
utilisée comme poubelle.
Vous avez dû en voir, des
déchets dans l’eau!
Les déchets plastiques, notamment, sont très problématiques. On dit que 10% du
plastique produit est jeté à la
mer! Pour l’écosystème, c’est
une catastrophe.
Vous-même, enfant, quel
rapport aviez-vous avec
la nature?
J’étais nature à fond, mes copains, c’étaient des paysans,
on allait au foin et traire les
vaches… A Epalinges il y a
quarante ans, il y avait beaucoup de paysans! Je n’aimais
pas du tout l’école, d’ail-
leurs je courbais deux jours
et demi par semaine pour
aller faire des cabanes dans
les bois. Mes parents ne savaient pas, j’étais assez bon
dans les petits mensonges!
Votre père naviguait beaucoup sur le lac, est-ce que
vous aimiez l’accompagner?
Oui quelquefois, mais à
12 ans j’étais plus intéressé par la planche à voile.
C’était le début de ce sport
ici. Je me souviens que Fittipaldi, le pilote brésilien
champion de Formule 1, habitait au-dessus de Morges
et faisait aussi de la planche
à voile sur le lac. Après, j’ai
aussi fait du snowboard,
du parapente et du kitesurf
– j’en fais toujours.
Toujours en mouvement!
Etes-vous quelquefois tranquille à la maison?
Pas souvent! Depuis qu’on a
lancé ce nouveau projet, j’ai
peu de temps libre. Je suis
souvent à Lorient, en Bretagne, où les bateaux sont
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mis à l’eau. Là-bas je bosse
beaucoup en bloc pour pouvoir ensuite rentrer à la maison et être avec ma copine.
Comment vous imaginezvous dans dix ans?
Je pense que je ne serai plus
dans ce métier. Je ne sais pas
encore ce que je ferai, je serai peut-être encore dans
le projet Multi One Design
mais de manière plus détachée. Je veux donner l’opportunité aux plus jeunes de
se lancer dans ce sport.
Stève Ravussin aurait-il
envie de se poser?
J’ai une vie à mille à l’heure,
je fais beaucoup de voyages.
A 43 ans, je sens qu’il me faudra bientôt autre chose.
Fonder une famille, par
exemple?
J’adore les gamins, j’ai des
neveux et des filleuls super,
mais si je n’en ai pas à moi,
ce ne sera pas grave du tout.
Si ma copine en veut un jour,
alors pourquoi pas?
Une vie de marin
Très loin et très vite
Racines. Né à Lausanne le 23 décembre 1968,
Stève Ravussin a grandi à Epalinges (VD) dans
le foyer de Jacqueline et François. Il a une
sœur, Pascale, et deux frères, Sébastien et
Yvan (lui aussi navigateur, qui sera dans son
équipage du Race For Water). Il vit à Aclens
(VD) avec son amie Emilie Serain, deux fois championne suisse
de skicross (et trois podiums en Coupe du monde).
Victoires. En 1998, il gagne la Route du Rhum en solitaire. En
2001 et 2007, la Transat Jacques Vabre en double avec Franck
Cammas.
Tour du monde.
En 2010, Trophée
Jules Verne sur
Groupama
(record de vitesse
en équipage
autour du
monde). En 2011,
son frère Yvan le
bat sur Banque
Populaire V.
Fondation. Pour
en savoir plus:
!
" lien www.multioneattitude.com/fr